Thème 2 : L'invention de la citoyenneté dans le monde antique

EX.1

A. Ê ÊTRE Citoyen Romain : UN STATUT PRIVILÉGIÉ ?

B. > PROBLÉMATIQUE : En quoi la citoyenneté romaine confère-t-elle un statut privilègié ? <

SÉQUENCE 2 - Citoyenneté et démocratie à Athènes

fiche 1 : Une Citoyenneté Ouverte ?

La citoyenneté romaine : Droits & Devoirs

attachés à la civitas des habitants libres de l’ager romanus (territoire de Rome)

DROITS

DEVOIRS

Les droits …..………. et …………….

Les devoirs ……………. et ……………….

Jus suffragii (ou Suffragium)

- droit de vote

=> participer à la vie politique de la cité , aux assemblées du peuple romain, etc.

Census

- obligation de se faire recenser.

=> Le citoyen est rattaché à une tribu urbaine ou rustique et sa fortune est évaluée.

Jus militiae

- droit de s'incorporer dans la légion romaine,

Jus militae

- obligation de servir dans la légion romaine,

Jus Honorum

(ou Honores)

- droit d'être élu magistrat

=> accès au cursus honorum (« carrière des honneurs)

XX Hereditatium

· « vingtième des héritages »

= impôt direct de 5 % sur les héritages

(créé par Auguste, pour payer les primes de congés de fin de service des soldats.)

Jus census

- droit de propriété

Jus sacrorum

- droit de participer aux sacerdoces

nota bene : Certains citoyens sont sine suffragio : citoyens qui sont dépossédés du suffragium .

Les …………. ………….

Jus conubii (ou conubium)

- droit de mariage légal avec une Romaine

=> seul légitime.

Jus commercii (ou commercium)

- droit de posséder, d’acheter, de vendre sur le territoire romain ;

- capacité de conclure des actes juridiques dont les testaments

Jus legis actionis

- justice devant un tribunal romain

Provocatio ad populum

- droit d’appel en justice ( l’Empereur)

FICHE 1 - EX 1

QUESTIONS  :

A l’aide des documents et de vos connaissances :

1. Quels sont, d’après Suétone, les critères nécessaires pour acquérir la citoyenneté romaine ?

2. En quoi être citoyen est un statut privilégié et avantageux ?

Souligner les documents. Adopter un code couleur légendé.

Suétone (C. Suetonius Tranquillus - vers 75 .v. 160) protégé de Pline, devint le secrétaire de l'empereur Hadrien. Son oeuvre la plus célèbre est la Vie des Douze Césars, où il recueille de nombreuses traditions sur la vie et les moeurs de ceux-ci de Jules César à Domitien (81-96) .

« Comme Auguste jugeait important de maintenir le peuple romain sans mélange et intact de toute intrusion de sang étranger […], il ne distribua que chichement le droit de cité romaine […]. A Tibère qui demandait la citoyenneté en faveur d’un Grec de ses clients, il écrivit : “Je ne la lui attribuerai que si vous me démontrez de vive voix à quel point votre demande est justifiée” ; de même, il le refusa à Livie1 qui sollicitait le droit de cité pour un Gaulois qui payait un impôt, mais il offrit l’immunité fiscale en déclarant : “Il m’est plus facile de soustraire quelque chose au fisc que de brader le privilège de la citoyenneté romaine.” »

1 Livie : 3ème épouse d’Auguste et mère de Tibère, divinisée par Claude

Suétone, Auguste, XL, 5-6

Tibère

Empereur

(14 - 37)

Auguste

Empereur

(27 av.ne. - 14)

2

« (Claude) raya de la liste des juges et renvoya à sa condition de pérégrin 1 un personnage de rang équestre qui comptait parmi les notables de la province de Grèce mais qui ignorait la langue latine. »

1 pérégrin : étranger, homme libre, habitant d’une province conquise par Rome, mais ne disposant pas de la citoyenneté romaine, ni du statut juridique des Latins.

Suétone, Claude, XVI, 4

3

Paul bénéficie de la justice impériale.

Paul de Tarse, dit saint Paul (? - 67/68) est citoyen romain de naissance et juif pharisien avant de se convertir et de propager le christianisme. Lors de son troisième voyage missionnaire, les Juifs de Jérusalem se soulèvent contre lui, le font arrêter et réclament sa mort.

On allait attacher Paul pour le fouetter quand il dit au centurion de service : « Un citoyen romain, qui n'a même pas été jugé, avez-vous le droit de lui appliquer le fouet ? ». À ces mots, le centurion alla mettre son supérieur au courant : « Qu'allais-tu faire ! L'homme est citoyen romain ! ». Le supérieur revint donc demander à Paul : « Dis-moi, tu es vraiment citoyen romain ? » « Oui, dit Paul [...], je le suis de naissance ». Ceux qui allaient le mettre à la question le laissèrent donc immédiatement ; quant au chef, il avait pris peur en découvrant que c'était un citoyen romain qu'il gardait enchaîné.

Actes des Apôtres, 22, 25-29, fin du Ier siècle.

Paul répliqua : « Si vraiment je suis coupable, si j'ai commis quelque crime qui mérite la mort, je ne prétends pas me soustraire à la mort. Mais si les accusations dont ces gens me chargent se réduisent à rien, personne n'a le droit de me livrer à leur merci. J'en appelle à l'empereur ! ». Le gouverneur Festus prit alors l'avis de son conseil et répondit : « Tu en appelles à l'empereur : tu iras devant l'empereur. »

Actes des Apôtres, 25, 11-12, fin du r siècle.

Bible de Jérusalem, trad. École biblique et archéologique française de Jérusalem, Les éditions du Cerf, 1998.

Claude

Empereur

(41- 54)

Paul de Tarse

dit saint Paul,

(? - 67/68)

4

Stèle du vétéran Marcus Valerius Celerinus

(fin Ier siècle), Cologne, Romisch-Germanisches Museum.

Traduction de l'inscription :

"Marcus Valerius Celerinus, de la tribu Papiria, né à Astigi, citoyen de la colonie Agrippine (Cologne), vétéran de la Xe légion Gemina Pia Fidelis, a érigé [cette stèle] pour lui-même et pour sa femme Marcia Procula".

v

v

v

DROITS PRIVILÈGES DEVOIRS

COMPOSER  :

Répondre à la problématique au sein d’une composition.

Mobiliser et définissez les termes et notions de vocabulaires spécifiques.

Diplôme militaire de Bétique,

du Ier s. de notre ère

Cette loi est la version locale de la lex Flavia municipalis, cadre général pour les statuts des municipes mis en place par Domitien et dérivé de la lex Iulia municipalis d'Auguste réformée par Vespasien.

« L’empereur Titus Caesar Vespasianus Auguste, grand pontife en sa neuvième puissance tribunicienne , salué empereur pour la quatorzième fois, père de la patrie, censeur, consul pour la septième fois, aux vétérans qui ont fait leur service dans la flotte qui est en Egypte, qui ont accompli vingt six années ou plus et ont été mobilisés avec un certificat de bon soldat et dont les noms sont écrits ci-dessous, ainsi qu’à leurs enfants et à leur descendance a donné le droit de cité et le droit de mariage légitime avec les femmes qu’ils pouvaient avoir au moment où le droit de cité leur a été donné, ou, s’ils étaient célibataires, avec celles qu’ils pourraient épouser par la suite, pourvu qu’ils n’en aient qu’une. ».

Loi Flavia Salpensis (82), Textes cités par Rougé, Vie économique et sociale, p. 81

1

2

F1 EX.2

A. COMMENT DEVIENT-ON CITOYEN ROMAIN ?

B. > L’octroie individuel de la citoyenneté <

QUESTIONS  :

3

Loi de Salpenza (Bétique, du Ier s. de notre ère)

«  Que ceux qui ont été créés duumvir 1, édile 2 ou questeur 3, conformément à cette loi, soient citoyens romains lorsque, à la fin de l’année, ils abandonneront leur magistrature. Que soient également citoyens romains leurs parents, leurs femmes et leurs enfants nés de mariage légitime, encore sous la puissance paternelle, ainsi que de leurs petits fils et petites filles, nés de leurs fils, encore sous la puissance paternelle ; pourvu qu’il n’y ait pas plus de citoyens romains qu’il est nécessaire de créer de magistrats conformément à cette loi. »

1 duumvir : Un des deux magistrats supérieurs de la cité, élus pour un an (si 4 : quattuovirs)

2 édile : magistrats chargés du maintien de l’ordre public, de la surveillance des marchés, de l’alimentation en eaux et de l’entretien des rues et places publiques.

3 questeur : magistrats en charge des finances.

Loi Flavia Salpensis (82), Textes cités par Rougé, Vie économique et sociale, p. 100

TRAJAN

Empereur (98-117)

4

PLINE LE JEUNE écrivain latin (61-114)

 Requête de Pline Le Jeune Auprès de Trajan

Maître, je te remercie d’avoir bien voulu accorder sans retard et le droit des Quirites (1) aux affranchies d’une femme qui est mon amie et la citoyenneté romaine à Harpocras, mon médecin. Mais, comme je donnais selon tes instructions son âge et son revenu, des gens plus compétents m’ont averti que j’aurai dû obtenir pour lui la citoyenneté alexandrine, ensuite la romaine, puisqu’il était égyptien. Or moi qui croyais qu’il n’y avait aucune différence entre les Égyptiens et les autres pérégrins, je m’étais contenté de t’écrire qu’il avait été affranchi par une pérégrine et que sa patronne était décédée depuis longtemps. Je ne me plains pas de mon ignorance, puisqu’elle fait que je peux recevoir de toi plusieurs faveurs pour la même personne. Je te prie donc, afin que je puisse profiter de ton bienfait dans le respect de la loi, de lui accorder et la citoyenneté alexandrine et la citoyenneté romaine. Pour ne pas retarder encore l’effet de ta bienveillance, j’ai envoyé son âge et ses revenus à ceux de tes affranchis à qui tu m’avais dit de le faire. »

(1) Quirite : nom antique pour citoyen Lettre de Pline le Jeune à Trajan

DOC. 1

1. Qu’est-ce qu’un vétéran ?

2. Quels éléments révèlent que Marcus Valerius Celerinus est citoyen romain ?

3. En quoi cette stèle manifeste-t-elle la culture romaine de ce vétéran ?

4. Pourquoi faire figurer autant de précisions sur l’inscription sur sa stèle ?

DOCS 2 & 3

5. Dans le municipe de Salpenza, qui peut accéder à la citoyenneté et à quelles conditions ?

DOC. 4

6. Qui est Harpocras ? (origine, fonction, condition sociale).

7. Quelles citoyennetés Pline réclame t-il pour Harpocras ?

COMPOSER  : Qui peut se voir individuellement octroyer la citoyenneté romaine ? Comment ?

QUESTIONS  :

1. Qu’est-ce que la Table Claudienne ?

2. Que réclament les Gaulois ? Pourquoi ? Quels avantages et intérêts ?

3. Expliquez avec vos propres mots :

a. les arguments de Claude.

b. les arguments de ses détracteurs .

4. Comment peut-on expliquer :

CONTEXTE

L’Empereur Claude (10 av. ne – 54) règne sur l’Empire romain à la mort de Caligula. Né à Lyon, il devient empereur en 41. Grand bâtisseur, il mène une politique extérieure active (conquête de la Bretagne et protection de la Gaule des menaces germaniques) et ouvre le Sénat aux provinciaux.

La Gaule transalpine a d’abord été conquise en 121 av.ne. (Gaule Narbonnaise), puis par entre 58 et 51 av.ne. par Jules César. La Gaule Chevelue est alors transformée en provinces (Aquitaine, Lyonnaise, Belgique) et intégré à l’Empire romain. En 27 av.ne., Ludgunum, (Lyon) devient alors la capitale des Trois Gaules.

Après un siècle de romanisation, les notables gaulois demandent l’accès la citoyenneté romaine complète, dont le jus honorum, qui leur ouvrirait l’accès aux magistratures romaines et donc au Sénat.

La table claudienne, constituée de bronze, ont été retrouvé en 1528 sur la colline de la Croix-Rousse, à Lyon. Elles portent la retranscription du discours que l'empereur Claude fit au Sénat romain en 48. Il répond à une probable requête du Conseil des Trois Gaules sollicitant l’octroi aux notables de la Gaule chevelue du droit de cité romain complet. Claude fait fi de l’opposition du Sénat et une réponse positive (partielle) fut donnée aux Éduens, et par la suite élargie aux autres peuples de la Gaule chevelue.

CLAUDE

Empereur (41-54)

Plaque de bronze de 193 X 139 cm, 222 kg , mi-I s. , Musée gallo-romain de Fourvière, Lyon

1

Extrait de l’inscription du discours de Claude sur la Table Claudienne

Certes, mon grand-oncle le divin Auguste et mon oncle Tibère César 1 prirent une initiative hardie lorsqu’ils voulurent que toute la fleur des colonies et des municipes, c’est-à-dire les personnalités honorables et riches, de n’importe quelle région de l’Empire, puissent être membre de cette curie 2 [...] .Quoi donc ? Un Italien, comme sénateur, est-il meilleur qu’un provincial ? [...] Je ne pense pas, à la vérité, qu'on doive rejeter les provinciaux s'ils peuvent faire honneur au Sénat.

Voyez cette très splendide et très puissante colonie des Viennois 3, en Gaule Narbonnaise, qui fournit depuis si longtemps des sénateurs. C'est d'elle qu'est originaire Vestinus 4, pour qui j'ai une affection toute particulière et que j'occupe à mes affaires personnelles [...].

Que désirez-vous de plus, sinon que je vous montre du doigt que le sol même situé au-delà de la Narbonnaise vous envoie déjà des sénateurs, puisque nous n’avons dans notre ordre des hommes de Lyon dont nous n’avons pas à regretter la présence. Sénateurs, j'ai franchi les bornes des provinces qui vous sont habituelles et familières, mais il me faut maintenant plaider ouvertement la cause de la Gaule chevelue. Si quelqu'un considère que ces Gaulois ont mis à l’épreuve le divin César par une guerre de dix années, que le même homme mette en regard les cent années d'une fidélité et d’une obéissance sans faille en de nombreuses circonstances critiques pour nous. Mon plus illustre père Drusus en a d’ailleurs fait plus que l'épreuve lorsqu'il soumettait la Germanie : ces Gaulois lui garantirent alors, sur ses arrières, une paix profonde et assurée par leur propre tranquillité.

1. Empereur de 14 à 37.

2. Sénat de Rome

3. Vienne, ancienne capitale des Allobroges, devenue colonie latine (28-27 av.ne) puis romaine sous Caligula (37-41).

4. fut probablement celui qui devint gouverneur d’Égypte (59-62) puis chargé par Vespasien de reconstruire le temple de Capitole en 70.

Inscription Tables Claudiennes, Ier siècle, 2ème colonne

L'historien Tacite raconte le débat entre Claude et les sénateurs.

Tacite qui, dans les Annales , recompose pour la postérité le discours de Claude avec un talent littéraire qui lui permet de nous en offrir une version condensée, sans pour autant en modifier fondamentalement l’argumentation. La Table claudienne offre également l'occasion de comparer la version originale d'un discours impérial avec la restitution qui en est faite par un historien de l'Antiquité.

Comme il était question de compléter le Sénat et que les grands de la Gaule appelée chevelue, depuis longtemps en possession de traités et du titre de citoyens, réclamaient le droit d'obtenir les honneurs à Rome, il y eut beaucoup de bruit à ce sujet, et la question fut débattue passionnément et diversement devant le prince. On affirmait « que l'Italie n'était pas malade au point de ne pas pouvoir fournir un Sénat à sa capitale. [...] Quels honneurs laisserait-on à ce qui restait de nobles ou aux pauvres du Latium devenus sénateurs ? (suite page suivante)

Tacite, Annales, XI, 23-25, IIe siècle ap. J.-C. 1. Par l'armée de secours envoyée à Vercingétorix.

2

3

Ils allaient envahir tout, ces riches dont les ancêtres, à la tête des nations ennemies, avaient attaqué le divin Jules à Alésia1. [...] Qu'ils jouissent du titre de citoyens, soit : mais la fonction de sénateur, on n'avait pas à la prostituer ainsi ! »

Ces arguments ne touchèrent pas le prince : il voulut les réfuter d'abord et, ayant convoqué le Sénat, il débuta en ces termes : « [...] Regrettons-nous que des habitants de la Gaule narbonnaise soient passés chez nous ? Quelle autre cause y a-t-il eu à la ruine des Athéniens, malgré leur valeur guerrière, que leur entêtement à considérer les vaincus comme étrangers ? [...] Si l'on passe en revue toutes les guerres, il n'en est aucune qui n'ait été aussi courte que celle des Gaules ; depuis qu'elle a pris fin, la paix est constante et fidèle. Déjà les mœurs, les arts, les alliances les confondent avec nous : qu'ils nous apportent aussi leur or et leurs richesses, plutôt que d'être seuls à les posséder [...]» Le discours du prince fut suivi d'un décret du Sénat et les peuples gaulois obtinrent le droit de siéger au Sénat de Rome.

1. référence à l'armée de secours envoyée à Vercingétorix. Tacite, Annales, XI, 23-25, IIe siècle

Une ouverture du Sénat critiquée

Sénèque, (4 av.ne -65), philosophe stoïcien, dramaturge, conseiller des empereurs Caligula (37-41) puis de Néron (54-68), écrit un texte satyrique à propos de la divinisation de l’Empereur Claude par le Sénat. Dans l’Apocolonquintose (« métamorphose de la citrouille ») du Divin Claude, il raille notamment sa décision d’étendre la citoyenneté aux Gaulois.

" Claude entreprit de pousser dehors son âme, mais il n’arrivait pas à trouver la sortie. Alors Mercure, qui s’était toujours délecté de son esprit, prend à part l’une des trois Parques et lui dit : "Pourquoi, femme, tant de cruauté ? Pourquoi permettre la torture d’un malheureux ? Un si long supplice ne s’arrêtera-t-il jamais ? Il y a soixante quatre ans qu’il lutte avec son âme. Pourquoi refuser ce qu’ils demandent, lui et l’ État ?" Mais Clotho : "Moi, par Hercule, je voulais lui ajouter un petit moment, le temps qu’il fasse cadeau du droit de cité aux rares hommes qui ne l’ont pas encore : car il avait décidé de voir en toge les Grecs, les Gaulois, les Espagnols et les Bretons au complet.  "» . Sénèque, Apocolonquintose du divin Claude, II.

SÉNÈQUE

4

SÉNÈQUE

a. le choix de Claude.

b. les réticences.

5. Quelle est la conséquence de cette décision pour l’Empire.

COMPOSER  : En quoi la Table claudienne illustre-t-elle l’intégration politique des élites provinciales dans l’Empire ?

CONTEXTE

Caracalla (188-217), appelé Marcus Aurelius Severus Antoninus Augustus, est le fils de l’empereur Septime Sévère. Il naît à Lyon. Son sobriquet de Caracalla vient d'un type de vêtement gaulois, à capuchon et manches longues, qu'il avait coutume de porter dès l'âge de douze ans.

L’EDIT DE CARACALLA, 212

L’extrait ci-dessous provient du papyrus égyptien, territoire de Giessen. Ce papyrus mutilé retrouvé en 1901 en Égypte est la seule source officielle de cet édit.

« [L'Empereur César] Marc Aurèle Sévère Antonin Auguste proclame :

[Il faut donc...], après avoir reçu des pétitions (?) et des [requêtes], [chercher] avant tout comment je pourrai rendre grâces aux dieux [immortels] de m'avoir sauvé par une telle [victoire (?) ...]. Voilà pourquoi j'estime pouvoir accomplir de manière si [magnifique (?) et si pieuse (?)] un acte qui convienne à leur majesté en ralliant [aux cérémonies de leur culte (?)] [les pérégrins], toutes les fois qu'ils viendront se joindre à mes hommes. Je donne donc à tous [les pérégrins qui sont dans] l'Empire le droit de cité romaine, étant entendu [que sont maintenues les cités de toute sorte] excepté celles des déditices1 .Il se doit en effet que [la multitude... non seulement...] ... tout, mais qu'elle soit dès maintenant associée aussi à la victoire. Et le présent édit augmentera (?) la majesté du [peuple] romain, ...

[L'Empereur César] Marc Aurèle Sévère Antonin Auguste proclame :

[D'une manière générale, c'est à la divinité qu'il faut] avant tout [reporter et] les causes et les raisons (des choses) ; [et moi aussi, comme il se doit], je voudrais rendre grâces aux dieux [immortels] pour m'avoir sauvé d'un tel [complot tramé (contre ma vie )]. Voilà pourquoi j'estime pouvoir accomplir de manière si [magnifique et si digne des dieux] un acte qui convienne à leur majesté, en ralliant [à leur culte, comme Romains], [autant de fois de dizaines de milliers (de fidèles)] qu'il en viendra chaque fois se joindre à mes hommes. Je donne donc à tous [ceux qui habitent] l'Empire le droit de cité romaine, étant entendu [que personne ne se trouvera hors du cadre des cités], excepté les déditices. Il se doit en effet [que la multitude soit non seulement associée] aux charges qui pèsent sur tous, mais qu'elle soit désormais aussi englobée dans la victoire. [Et le présent édit] augmentera la majesté du [peuple] romain : [il est conforme à celle-ci] que d'autres puissent être admis à cette même [dignité que celle dont les Romains bénéficient depuis toujours], alors qu'en étaient exclus... de chaque...

Traduction par J. Modrzejewski in Girard & Senn, Les Lois des Romains, Naples, 1977, pp. 478-490, n. 21

1. déditices1 . Vient de dediticius (soumis sans condition) et de deditio (capitulation , reddition, soumission) qui désignent l’acte par lequel un peuple vaincu se plaçait sous la souveraineté de Rome, sans statut juridique individuels (ne peuvent accéder à aucun acte civil). Les deditices sont donc des hommes libres qui à la différence des autres pérégrins n’ont pas obtenu de conserver leur autonomie et leurs institutions municipales propres.

Caracalla

1

En 211, à la mort de son père, il partage le pouvoir sur les 60 millions d’habitants de l’Empire avec son frère, Geta, qu’il fait assassiner en 212. Caracalla mène plusieurs campagnes militaires, notamment en Germanie. Il est assassiné en 217 par l’un de ses officier.

ÉTUDE CRITIQUE DE DEUX DOCUMENTS :

SUJET :

En confrontant ces deux documents, vous expliquerez les motivations de l’empereur et comment cette décision est perçue par les sénateurs romains. Vous montrerez en quoi cet édit est décisif pour l ‘élargissement de la citoyenneté romaine.

ÉTAPE 1  : ANALYSER la consigne.

- Relever les verbes d’action et identifier les tâches à effectuer.

- Présenter :

> les documents.

> le contexte

ÉTAPE 2  : EXPLIQUER les arguments de l’Empereur (1ère partie de la consigne)

- Quels sont les facteurs et raisons avancées par Caracalla pour élargir la citoyenneté ?

Interprétation de l’édit par Caracalla par l’historien Don Cassius

Il [Caracalla], se fit une occupation de dépouiller, spolier et pressurer tout le reste de l'humanité, les sénateurs pas moins que les autres ... il y eut les fournitures qu'il fallut livrer en grande quantité en toute occasion, gratuitement et parfois même contraints à des dépenses supplémentaires ; il les prodiguait aux soldats ou alors les vendait au détail; il y eut les cadeaux qu'il exigea des citoyens riches et des différentes communautés, les impôts, ceux qu'il promulgua et le dixième qui remplaça le vingtième sur les affranchissements et sur les biens laissés en héritage et toute forme de legs. Il abolit, en effet, le droit de succession et l'immunité fiscale qui avait été accordée aux proches du défunt. Ce fut la raison pour laquelle il attribua à tous les habitants de son empire le droit de cité romaine, officiellement pour les honorer, en fait dans le but d'augmenter par ce moyen ses revenus, dans la mesure où les pérégrins ne paient pas la plupart de ces impôts.

Dion Cassius ( 155-229 ap JC) , Histoire romaine, Loeb, P196

2

ÉTAPE 3  : EXPLIQUER la réaction des sénateurs (2 ème partie de la consigne)

- Quelle opinion le sénateur Don Cassius a de l’Empereur ?

- Quel argument expliquerait la décision de l’Empereur selon l’historien Don Cassius ?

ÉTAPE 4  : MONTRER que cet édit est décisif pour l’élargissement de la citoyenneté romaine (3ème partie de la consigne)

Pourquoi cet édit achève sur le plan juridique la romanisation des provinces de l’Empire ? Qui était avant citoyen ? Qui accède à la citoyenneté avec cet édit ?

Quelle conception de la citoyenneté apparait à travers ces documents ?

La citoyenneté romaine : Droits & Devoirs

attachés à la civitas des habitants libres de l’ager romanus (territoire de Rome)

DROITS

DEVOIRS

Les droits ……………. et ……………..

Jus suffragii (ou Suffragium)

- droit de vote

=> participer à la vie politique de la cité , aux assemblées du peuple romain, etc.

Census

- obligation de se faire recenser. L

=> Le citoyen est rattaché à une tribu urbaine ou rustique et sa fortune du citoyen est évalué.

Jus militiae

- droit de s'incorporer dans la légion romaine,

Jus militae

- obligation de servir dans la légion romaine,

Jus Honorum

(ou Honores)

- droit d'être élu magistrat

=> accès au cursus honorum (« carrière des honneurs)

XX Hereditatium

· « vingtième des héritages »

= impôt direct de 5 % sur les héritages

(créé par Auguste, pour payer les primes de congés de fin de service des soldats.)

Jus census

- droit de propriété

Jus sacrorum

- droit de participer aux sacerdoces

nota bene : Certains citoyens sont sine suffragio : citoyens qui sont dépossédés du suffragium .

Les droits ………………………

Jus conubii (ou conubium)

- droit de mariage légal avec une romaine

=> seul légitime.

Jus commercii (ou commercium)

- droit de posséder, d’acheter, de vendre sur le territoire romain ;

- capacité de conclure des actes juridiques dont les testaments

Jus legis actionis

- justice devant un tribunal romain

Provocatio ad populum

- droit d’appel en justice ( l’Empereur)