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LA LETTRE DINFORMATION ET DECHANGE DE LA COMMUNAUTE DOCTRINALE N°33 JUILLET-AOÛT 2009 Le mot de la direction de publication D ans ce 33 ème numéro de Héraclès, la parole est donnée au Commandement des forces terrestres (CFT). Au moment où d’importantes mutations se font jour, il nous est apparu important que ce grand commandement, à la fois réservoir d’experts et noyau pour les états-majors mis sur pied pour les opérations à venir, puisse donner un nouvel éclairage sur les rôles qu’il est amené à jouer tant en matière opérationnelle que dans le cadre de l'entraînement des forces. Notre prochain numéro, le N° 34, à paraître fin septembre - début octobre 2009, donnera la parole à la 2 ème brigade blindée (2 BB). Le suivant (N° 35) sera réalisé avec la 9 ème brigade légère blindée de marine (9 BLBMa). HÉRACLÈS Directeur de la publication Général (2s) Claude Koessler Rédacteur en chef Capitaine Marie-Noëlle Bayard Diffusion, relations avec les abonnés Major Catherine Bréjeon Mise en page Christine Villey Impression EDIACAT Création de la maquette Nathalie Dujardin Héraclès en ligne : www.cdef.terre.defense.gouv.fr page 3 Le combat terrestre - GCA LECERF page 5 CFT 2010, au service de toutes les forces - GDI NAYRAL de PUYBUSQUE page 7 Fusion CFT-CFLT :- LCL LAPLACE page 15 CPF et doctrine - GBR DUMONT-SAINT-PRIEST Editorial Editorial Lire en Particulier Lire en Particulier L es Forces Terrestres comprennent l’état major de Lille, l’ensemble des grandes unités, états-majors opérationnels et corps de l’armée de terre française. Cet ensemble compte en son sein la totalité des centres d’entraînement spécialisés et détachements d’assistance à la mise en condition avant projection. Le ralliement des moyens de la logistique opérationnelle est désormais réalisé à Lille. Le CFT, qui s’exprime dans nos colonnes, constitue donc la force vive d’une partie majeure de l’outil militaire actuellement utilisé par la France. D estinées à être réunies et organisées en fonction du besoin, les Forces Terrestres remplissent leurs missions dans un milieu physique hétérogène. Certes, ce milieu est majoritairement terrestre et justifie d’abord des unités, des équipements et des modes d’actions adaptés pour tenir ou conquérir le terrain, dans la durée et l’adversité. Mais ces Forces agissent également dans le cadre d’une continuité et d’une cohérence intégrant la troisième dimension : trajectoires de munitions, actions héliportées, vols de drones tactiques, défense sol-air. E n outre, les Forces Terrestres constituent la partie centrale des engagements armés de la France avec 85% des effectifs militaires déployés sur les différents théâtres. Pour autant, elles intègrent la dimension interarmées qui donne à ces opérations leur cohérence avec un surcroît d’efficacité opérationnelle. Parfois même aux bas niveaux tactiques, et selon les actions en cours, il faut par exemple maîtriser l’intégration des appuis interarmées, les contraintes de coordination 3D, le transport tactique, la complémentarité des capteurs de renseignement. Et ceci s’effectue le plus souvent dans un cadre international de coalition, avec des procédures d’interopérabilité aussi impératives que rigoureuses. Pour tous ces aspects qui évoluent sans cesse, le professionnalisme de nos unités s’avère plus nécessaire que jamais. Le général de division Thierry OLLIVIER commandant le Centre de doctrine d’emploi des forces

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LA LETTRE D’INFORMATION ET D’ECHANGE DE LA COMMUNAUTE DOCTRINALE

N°33

JUILLET-AOÛT 2009

Le mot de la direction de publication

Dans ce 33ème numéro deHéraclès, la parole est

donnée au Commandementdes forces terrestres (CFT).Au moment où d’importantesmutations se font jour, il nousest apparu important que cegrand commandement, à la foisréservoir d’experts et noyau pourles états-majors mis sur piedpour les opérations à venir,puisse donner un nouveléclairage sur les rôles qu’il estamené à jouer tant en matièreopérationnelle que dans lecadre de l'entraînement desforces.

Notre prochain numéro, le N° 34,à paraître fin septembre - débutoctobre 2009, donnera la paroleà la 2ème brigade blindée (2 BB).Le suivant (N° 35) sera réaliséavec la 9ème brigade légèreblindée de marine (9 BLBMa).

HÉRACLÈS

Directeur de la publicationGénéral (2s) Claude Koessler

Rédacteur en chef Capitaine Marie-Noëlle Bayard

Diffusion, relations avec les abonnésMajor Catherine Bréjeon

Mise en pageChristine Villey

ImpressionEDIACAT

Création de la maquetteNathalie Dujardin

Héraclès en ligne : www.cdef.terre.defense.gouv.fr

page 3 Le combat terrestre - GCA LECERFpage 5 CFT 2010, au service de toutes les forces - GDI NAYRAL de PUYBUSQUEpage 7 Fusion CFT-CFLT :- LCL LAPLACEpage 15 CPF et doctrine - GBR DUMONT-SAINT-PRIEST

EditorialEditorial

Lire en ParticulierLire en Particulier

Les Forces Terrestres comprennent l’état major de Lille, l’ensemble des grandes unités,états-majors opérationnels et corps de l’armée de terre française. Cet ensemble

compte en son sein la totalité des centres d’entraînement spécialisés et détachementsd’assistance à la mise en condition avant projection. Le ralliement des moyens de lalogistique opérationnelle est désormais réalisé à Lille. Le CFT, qui s’exprime dans noscolonnes, constitue donc la force vive d’une partie majeure de l’outil militaireactuellement utilisé par la France.

Destinées à être réunies et organisées en fonction du besoin, les Forces Terrestresremplissent leurs missions dans un milieu physique hétérogène. Certes, ce milieu est

majoritairement terrestre et justifie d’abord des unités, des équipements et des modesd’actions adaptés pour tenir ou conquérir le terrain, dans la durée et l’adversité. Maisces Forces agissent également dans le cadre d’une continuité et d’une cohérenceintégrant la troisième dimension : trajectoires de munitions, actions héliportées, vols dedrones tactiques, défense sol-air.

En outre, les Forces Terrestres constituent la partie centrale des engagements armésde la France avec 85% des effectifs militaires déployés sur les différents théâtres. Pour

autant, elles intègrent la dimension interarmées qui donne à ces opérations leurcohérence avec un surcroît d’efficacité opérationnelle. Parfois même aux bas niveauxtactiques, et selon les actions en cours, il faut par exemple maîtriser l’intégration desappuis interarmées, les contraintes de coordination 3D, le transport tactique, lacomplémentarité des capteurs de renseignement. Et ceci s’effectue le plus souvent dansun cadre international de coalition, avec des procédures d’interopérabilité aussiimpératives que rigoureuses. Pour tous ces aspects qui évoluent sans cesse, leprofessionnalisme de nos unités s’avère plus nécessaire que jamais.

Le général de division Thierry OLLIVIERcommandant le Centre de doctrine

d’emploi des forces

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Com FT

3 Le combat terrestre

Actualités

5 CFT 2010, au service de toutes les forces 7 Fusion CFT-CFLT : une synergie renforcée entre

tactique et logistique en matière de préparation opérationnelle

8 Le GPPO, force de frappe de l’EMOT

Retour d’expérience

10 «Faire la guerre, c’est s’adapter»13 La numérisation de l’espace de bataille (NEB) :

la norme pour les brigades du CFT

Réflexions

14 Des unités en voie d’apparition les URB15 CPF et doctrine

Tribune libre

16 La culture du changement : comment éviter une défaite certaine

17 Diffuser la pensée militaire tactique : le modèle américain

19 AUFTRAGSTAKTIK, du principe aux réalités

HÉRACLÈS N°33JUILLET-AOÛT 20092 Sommaire

SÉMINAIRE TACTIQUE 2009

Le jeudi 10 décembre 2009, lecentre de doctrine d'emploi desforces (CDEF) et le collège del'enseignement supérieur de l'arméede Terre (CESAT) organisent, à l’Écolemilitaire (amphi Foch), la quatrièmeédition du séminaire tactique del'armée de Terre.

Pour cette édition 2009, le séminaireest intitulé «l'exercice du commande-ment aujourd'hui en opération». De09h30 à 17h30, les participantsassisteront à deux tables rondes surles thèmes «Quel commandementface à la complexité des engage-ments récents ?» et "Les engage-ments les plus probables appellent-ils une relecture des principes et desmodalités du commandement ?Existe-il une approche française ?".De nombreux intervenants de toushorizons français (CDEF, CICDE, EAI,EMAT, etc.) et étrangers, apporterontleur expérience et leur réflexion dansce domaine.

Inscriptions et informations :

www.cdef.terre.defense.gouv.fr ou www.cesat.terre.defense.gouv.fr(intraterre).

Le CDEF vous informe

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«Le combat terrestre»

3HÉRACLÈS N°33JUILLET-AOÛT 2009 Com FT

Comme le démontrent les opé-rations en Kapisa, nos soldatsde l’armée de Terre sont de

vrais professionnels. Ils sont bons, voi-re très bons. Ils sont au cœur de l’ac-tion de la communauté internationale.Mais bénéficient-ils de tout l’intérêtqu’il serait légitime de leur porter ?

Derrière notre engagement quotidienen Afghanistan, il y a un certain nom-bre de questions qu’il est très impor-tant de se poser. Existe-t-il unemeilleure enceinte qu’Héraclès pour lefaire ?

Le combat terrestre est-il en train dechanger de nature ou s’agit-il seule-ment de conduire de nécessairesadaptations réactives (préparation opé-rationnelle/doctrine/structures/équi-pements) requises par les spécificitésd’un théâtre, mais également par notre«désapprentissage» consciencieux de laguerre depuis l’Algérie ?

Quelle guerre sommes-nous en trainde mener ou de subir en Afghanistan ?Est-elle si spécifique qu’elle ne puisserentrer dans nos concepts de stabilisa-tion ? Que recouvre concrètementaujourd’hui la notion de combat aéro-terrestre ? La préparation opération-nelle de nos unités et de nosétats-majors restera-t-elle un « prêt-à-porter » qui ne pourrait être reproduitailleurs ?

Et plus largement enfin, l’armée deTerre, qui supporte pour l’essentiel lacharge des opérations et s’honore àremplir son contrat opérationnel coûteque coûte, au prix parfois de lourdssacrifices, bénéficie t-elle effectivement

d’un investissement à la hauteur dupoids relatif de ses engagements ?

Je n’aime ni les ayatollahs ni les muetset ne cherche pas non plus de vainespolémiques ! Je crois en revanche à lanécessité de forger nos convictions àtravers un débat pour lequel je vou-drais proposer un certain nombre depistes.

Nous réapprenons la guerre, celleque notre France a toujoursconduite dans son histoire, maisque, depuis les années 60, nousavions consciencieusement oubliée.Donc la guerre existe, maisaujourd’hui, comme ce sera le casdemain, le contexte et l’environ-nement ne sont plus les mêmes. Ilnous faut alors pouvoir distinguerles invariants de ce qui peut et doitévoluer.

Réapprenant la guerre, il nous fautretrouver notre âme de soldats, àtravers des fondamentaux, unepréparation opérationnelle refondée,une doctrine adaptée et desprocédures d’acquisition d’équi-pements réactives, allégées etrégénérées.

Nous participons donc simulta-nément à un retour à des valeursoriginelles, celles de nos anciensd’Indochine et d’Algérie, deLyautey à Gallula et de nos officiersd’affaires indigènes, adaptées aux uset coutumes de nos sociétésd’aujourd’hui. Mais il s’agit bien dese dire que la guerre existe toujours,qu’elle tue et qu’être soldat deFrance c’est un engagement indivi-

duel unique et spécifique, marquépar un tutoiement quotidien, enopérations, avec la mort.

Quelle sera la guerre de demain ?Bien malin qui peut la décrireaujourd’hui, mais est-il réaliste dedire que le modèle stabilisation, àenvergure, périmètres et effetsvariables, perdurera de nom-breuses années ? D’où, la nécessitéd’une approche réactive pour lapréparation des forces et d’unedémarche inter agences/ inter-ministérielle pour trouver unesolution durable au conflit. Làencore, faire autrement mais sansrien changer des fondamentauxissus de notre très vieille culturemilitaire.

Et l’ennemi ?L’insurrection est ce qui nous pré-occupe aujourd’hui ; demain, nousaurons des états en décomposition,des trafics en tous genres et toutesles combinaisons possibles de dés-espérance et de folie humaine.Reviendrons-nous pour autant àdes conflits symétriques ? Peu pro-bable !Je crois beaucoup plus à une natu-re hybride des conflits, combinantsymétrie et asymétrie, armes dedestruction massive et guérilladans les localités, cyber technolo-gies et toujours les medias commechamp de bataille.Mais avec une constante : les popu-lations toujours prises en otage !

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Les engagements seront donctoujours essentiellement terrestresce qui n’exclut pas l’intégration demoyens interarmées en environne-ment ou en appui direct (puissance,mobilité, renseignement et sou-tien). Il faudra toujours deshommes au sol pour, au sein decoalitions, contrôler le terrain,œuvrer au milieu et au profit despopulations, reconstruire un indis-pensable appareil étatique desécurité. Ces hommes serontd’abord et avant tout des terriens, etsurtout des fantassins, appuyés auxniveaux tactique, opératif etstratégique par l’interarmes etl’interarmées, afin de produire del’effet à partir d’une indispensablesupériorité décisionnelle grâce à lanumérisation de nos systèmesd’information et de comman-dement.

Nos états-majors, y compris auniveau tactique, devront être plusouverts à l’interarmées et àl’interministériel. Les lignesd’opérations et les opérationsbasées sur les effets ont toujourstoute leur pertinence, mais il fautau plus vite se donner les moyensde les mettre en œuvre aux niveaux3 (brigade) et 4 (régiment / groupe-ment tactique), leur conceptionrestant aux niveaux stratégique etopératif.

La guerre tue ! Nos soldats doiventêtres résistants et rustiques ; ilsdoivent être, surtout, très fortsmoralement. Eduquer, instruire etentraîner restent le cœur de lapréparation de nos cadres qui sontdes chefs de guerre et non desmanagers.

Et nos équipements ! Nous devonsavoir des mécaniques d’acqui-sition plus souples qui sachent

mieux s’affranchir des rigiditésd’un environnement par tropprocédurier, en cultivant un«médian rustique» pour le combatet les meilleures technologies pourl’efficacité de nos actions, laprotection et la mobilité de noshommes. Quant au soutien, neperdons pas de vue qu’il vient enpremière ligne et non le contraire.Enfin et surtout, accrochons-nousà l’idée qu’un matériel ou unéquipement est fait pour durer de10 à 15 ans, mais pas 20 ou 30,voire 40 ans comme c’est le cas decertains de nos matériels majeurs !

Ces différentes pistes, non exhaustivesmais étroitement liées les unes auxautres, ne constituent qu’une incitationà la réflexion : rupture ou continuité,telle est la question que l’on doit à monsens en permanence se poser, à l’aunede trois critères essentiels que sont lapréservation des équilibres, la réver-sibilité et la nécessaire adaptationréactive.

Je ne crois pas qu’il y ait, enAfghanistan, une rupture. Par contre,j’ai la conviction que le poids del’armée de Terre dans les opérationsactuelles n’est pas reconnu comme ildevrait l’être. Il en va de la sécurité denos hommes comme de leur efficacitéau combat.

GCA Antoine LECERFCommandant les Forces Terrestres

HÉRACLÈS N°33JUILLET-AOÛT 2009Com FT4

BRIGADOC 2009

En 2009, comme chaque année, leCDEF a la responsabilité d’organiserle stage BRIGADOC. D’abord destinéaux futurs commandants de brigade1,élargi aux généraux adjoints d’EMF,aux colonels adjoints et aux chefs d’é-tat-major de brigade, ce stage a unetriple ambition :- actualiser les connaissances des

participants sur la doctrine d’em-ploi de la brigade et de ses com-posantes afin de les préparer aufutur engagement opérationnel deleur unité et plus globalement àleur rôle de chef en opérations ;

- favoriser la synergie entre doctrined’emploi, préparation opération-nelle et engagement des forcesaéroterrestres ;

- saisir une opportunité d’échanges,de réflexions et d’expériences ent-re homologues, bientôt au cœur dela vie opérationnelle de l’armée deterre ;

Le stage s’est déroulé à l'écolemilitaire du 25 au 29 mai 2009sous la présidence du général dedivision OLLIVIER. Il a été l’occasion,pour le CDEF, de présenter les princi-paux enseignements tirés des enga-gements en cours et les évolutionsdoctrinales les plus significatives quien sont tirées. Ces informations ontété complétées par l’intervention deconférenciers de haut niveau (dont legénéral CEMAT) et de divers horizonsy compris interarmées. BRIGADOC apu bénéficier des témoignages d’offi-ciers engagés en opérations ouacteurs de la préparation opération-nelle.

BRIGADOC a été complété par lestage des nouveaux commandeursorganisé par le CFT à Lille au moisde juin 2009.

1 Quel que soit le type de celle-ci (BIA, BASou BL)

Le CDEF vous informe(DDo)

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Ala faveur des transformations encours au sein des armées, leCFT va voir ses compétences

largement étendues. Il pourra en effetagir sur la quasi-totalité des domainesqui participent à la préparation opéra-tionnelle des forces et sur leur mise encondition avant projection, leur suiviet soutien avant leur réintégrationdans le cycle d’activités.

De ce changement de périmètre sontattendus :- davantage de cohérence et de syner-

gie dans le montage et le déroule-ment des activités des forcesterrestres comme dans les travaux deplanification et de mise sur piedd’unités dimensionnées, équipées etentraînées en vue d’une projection,

- une symbiose désormais complèteentre opérationnels, logisticiens etmaintenanciers, si tant est qu’il failleen démontrer la réalité et le besoin,

- un renforcement des conditions d’undialogue constructif entre le niveau«politique» (l’EMAT) et le niveaude mise en oeuvre.

Profondément transformé dès le PAM2009, l’état-major du CFT conduit cevaste chantier en veillant à ne pascéder à deux tendances mortifères :- créer une «usine à gaz», incompatible

avec la nécessaire réactivité et lisibi-lité attendue d’un tel organisme.Celui-ci sera en effet en prise directeavec les opérations, exercera sonautorité sur le CRR.FR, les EMF,les brigades et le CPF et continueraà être sollicité par les niveaux supé-rieurs pour étayer leurs études deson expertise de terrain,

- mettre sur pied une structure sansâme, association de «métiers» sansliens ni ambition collective, auto-animée et éloignée des préoccupa-

tions des forces qui restent notreseule raison d’être.

Il y a donc un véritable défi à relever enrappelant au préalable que cette trans-formation devra être transparente pourles unités, et prioritairement pour cellesqui sont engagées en opérations.

L’EM CFT aujourd’hui.

L’EM CFT aujourd’hui, ce sont cinqdivisions, 450 personnes.- La division «opérations, état-major

opérationnel terre» qui est le véritablecentre du CFT et dont les travaux,comme les informations quotidiennessur ce qui se passe ou se passera enopérations, irriguent véritablementl’état-major. Cette division englobeaujourd’hui le bureau logistique.

- La division «préparation opération-nelle», responsable de toutes les acti-vités des forces (hors CFLT) quisont entreprises pour se préparer auxengagements selon le principe de lapréparation à «La guerre» (l’engage-ment immédiat), et à «Une guerre»(le fond de sac).

- La division renseignement qui coor-donne ce vaste domaine, en adapta-tion permanente, dont de nombreuxaspects dépassent les seules frontièresde l’armée de terre.

- La division SIC.AC qui elle aussi assu-re la cohérence globale d’un domainetechniquement toujours en pleineévolution, et crucial pour le comman-dement comme pour les unités avecl’appropriation de la NEB.

CFT 2010, au service de toutes les forces

5ActualitésHÉRACLÈS N°33JUILLET-AOÛT 2009

L’interarmées : une réalitédans le domaine del’appui aérien

Conformément à la PIA 03-333publiée début 2008, le pilotage dudomaine de l’appui aérien est dé-sormais confié à une nouvelle orga-nisation interarmées : - un comité directeur (CODIR) est

chargé d’élaborer la politiquegénérale. Présidé par le chef de ladivision «Emploi» de l’EMA, il estcomposé au moins d’un représen-tant de chacun des états-majorsd’armée et du directeur du CICDE.

- un comité exécutif (COEX) regrou-pe les commandements en chargede la préparation opérationnelledes forces dans le domaine del’appui aérien. Présidé par le CFA,il est chargé de la mise en œuvrede la politique arrêtée par leCODIR. L’armée de terre y estreprésentée par le général FOU-CAUD, directeur de la préparationopérationnelle du CFT.

Tout le monde s’accorde sur le faitque cette nouvelle structure a rapi-dement montré son efficacité.Dès le mois de septembre 2008,date de la première réunion duCOEX, des groupes de travail ontété créés pour étudier de manièreconjointe les différents aspects del’appui aérien par le feu. Des solu-tions interarmées se sont très vitedégagées grâce à une meilleureconnaissance mutuelle et à unecompréhension réciproque desenjeux. Ces solutions concernenten particulier la doctrine, les équi-pements, les contrats opérationnelset la formation. Dans ce dernierdomaine par exemple, la décision adéjà été prise de confier à l’EAA unepartie de la formation à l’appuiaérien par le feu dès septembre2009.

Col NAAL

Le CDEF vous informe(DDo)

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6

- La division «commandement état-major» enfin, qui assure la vie quoti-dienne de cette communautéhumaine qu’est l’état-major du CFTmais qui est également responsablede domaines plus vastes tel que lebudget des FT.

Demain, après la dissolution du CFLT,des brigades aéromobile, artillerie etgénie, compte tenu de la création duSMITER, et du fait de la disparitionannoncée des régions terre, ce seront dixdivisions ; 750 personnes qui formerontle CFT. Elles seront articulées autourde deux pôles, logistique / soutien etemploi / préparation opérationnelle.

Le CFT demainPôle emploi/préparation opéra-tionnelle

- L’état-major opérationnel terre, resterale centre de l’EM CFT avec le centreopérationnel des forces terrestres(COFT) et le bureau planificationdont les différents «G» seront souscommandement direct ou répartisparmi les autres divisions (SIC, Rens,Log, …). A terme, l’EMO.T devraitêtre colocalisé avec le CPCO sur lesite rénové de Balard.

- La division «préparation opération-nelle», couvrira l’intégralité des fonc-tions nécessaires à la programmation,au montage et au financement detoutes les activités du même nom.

- Les divisions «renseignement» et«SIC.AC», demeureront quasimentinchangées.

- La division «emploi», accueillera lesexpertises d’arme, dont celles des bri-gades Artillerie et Génie, dissoutes en2010. Elle devra être en mesure demettre sur pied des centres de mise enœuvre (CMO) Artillerie et Génie.

- La division «aéromobilité», centrée surla composante aéromobile des forces,exercera un commandement directsur les trois RHC et devra être capablede dériver un PC de mise en œuvre(PCMO).

Pôle logistique/soutien- La division «soutien», reprendra les

prérogatives du CFLT, en matière deplanification, expertises/études etmouvements, en étroite liaison avecles organismes logistiques interarmées.Elle assurera également la responsabi-lité d’ensemble du PC SNF.

- La division «logistique amont», basée àMontlhéry, prolongera l’action del’EMO.T et du COFT dans ledomaine du soutien, en étroite coor-dination avec le CICLO (Centreinterarmées de conduite de la logis-tique opérationnelle).

- La division «maintenance», recouvriraune bonne part des missions qu’effec-tuaient les DIRMAT au profit desforces.

- La division «commandement / état-major» enfin, réduite du fait de lamise sur pied de la BDD de Lille àl’horizon 2011.

- Les fonctions Santé et SEA pilotéespar deux adjoints interarmées s’ap-puieront sur des structures insérées ausein de la division «soutien».

On le voit, cet état-major aura tous lesatouts en main pour coordonner aumieux le système complexe que recou-vrent désormais les activités de prépa-ration opérationnelle et de mise surpied. Il pourra décider d’efforts visibles,impulser les changements requis, sanspour autant empiéter sur la part néces-saire d’autonomie des commandementsde proximité.

Dans les faits, cette transformation sedéroulera sur les PAM 2009 et 2010.Elle sera accompagnée par la rédaction

d’une charte de fonctionnement interneà l’état-major. Il s’agit en effet d’organi-ser avec soin, d’une part la qualité dudialogue entre les divisions, condition«sine qua non» de la cohérence globaledes travaux, et, d’autre part les circuitsd’information au profit du commande-ment des FT ainsi que les modalités deses prises de décision. Le nombre dedivisions, la diversité des métiers, les dif-férentes échelles d’urgence selon lessujets traités, la masse d’informations(écrites, numériques, orales, formelles etinformelles) créant un effet de seuil qu’ilconvient d’encadrer pour ne pas êtreconfronté à un désordre destructeurou, à l’inverse, à un ordre rigide et sté-rilisant. C’est pour cela qu’est créé leposte de «directeur d’état-major».Subordonné direct du CEM, il dispo-sera d’une cellule de management del’information (CMI) et se consacrerauniquement à la gestion du travail col-laboratif de l’état-major et de sa pro-duction.

En parallèle, un OPO, largement diffu-sé, définira pour sa part les nouvellesrelations entre le CFT et son environne-ment Terre et interarmées.

Au-delà des textes, cette transformationde l’EM CFT demandera :- une profonde acculturation du «CFT

canal historique» aux problématiqueslogistique et maintenance, plus quejamais totalement intégrées dans tou-tes les activités et études,

- une grande adaptabilité de chacun etune volonté partagée d’établir des liai-sons constantes entre les différentsmétiers de chaque division, seul gagede cohérence globale,

- une vigilance de tous les instants pourvivre au diapason du besoin des for-ces, confrontées à des opérations diffi-ciles et pour agir à leur profit avecréactivité, imagination et solidité.

GDI Paul NAYRAL de PUYBUSQUECEM du Gal Cdt les Forces Terrestres

Actualités HÉRACLÈS N°33JUILLET-AOÛT 2009

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Al’été 2009, la responsabilité dela préparation opérationnellede l’ensemble des forces

terrestres (FT) sera confiée aucommandement des forces terrestres(CFT). D’évidence, ce choixpermettra de renforcer la synergieentre tactique et logistique dansl’entraînement des FT.

Dans le domaine du soutien, lapréparation opérationnelle du CFTs’appuiera sur les dix ans d’existenceet d’expérience du commandementde la force logistique terrestre(CFLT) qui ont permis d’édifier, duniveau opératif au niveau tactique, unsocle solide d’entraînement de sesunités.Cependant, alors qu’elles étaientconstruites sur un corps commun depréparation à l’engagement, sur unehomogénéité de programmation -etmalgré un premier rapprochement en2007 qui avait privilégié l’intégrationde la logistique dans les exercices desgroupements tactiques interarmes(GTIA)-, la préparation opérationnelledu CFT et celle du CFLT avaientévolué plus en parallèle que de manièreconvergente.

En 2009, le commandant des FTdevient le seul garant, devant le chefd’état-major de l’armée de Terre, dela capacité à l’engagement opéra-tionnel des formations de l’armée deTerre mais aussi de la cohérence entretactique et logistique nécessaire à cetengagement.A cet effet, l’intégration de la brigadelogistique au CFT unifiera lapréparation opérationnelle des prin-

cipaux commandements terrestressous une même responsabilité.De plus, en évaluant les postes decommandement régimentaires desformations projetables du service dela maintenance industrielle terrestre(SMITer), le CFT certifiera la capa-cité d’engagement de l’armée deTerre dans les domaines aussi bienlogistique que soutien sur lesquels ellea compétence.Ces nouvelles attributions impo-seront au CFT de concevoir systéma-tiquement, et pour toutes sesformations, les entraînements avecdes jeux tactiques et logistiquesconcordants.De par l’unicité de programmation etde conduite ainsi créée, la synergieinitiée avec les GTIA et au sein ducentre d’entraînement des brigadessera étendue à l’ensemble desexercices des FT. Dans ce cadre, lescommandements des grandes unitéstactiques se verront attribuer, pour lesexercices, la responsabilité, tant auplan de l’emploi que du respect de ladoctrine, sur des unités logistiques.De même, lors des mises en conditionavant projection (MCP), chaqueformation se préparera en formant eten évaluant les entités qui lui serontrattachées, ce qui inclut les moduleslogistiques. Quant aux unités armantles éléments de soutien national (typeBATLOG), ils assureront leur MCPsuivant les directives et avec lesmoyens propres du CFT comme l’afait le détachement d’assistanceopérationnelle /Afghanistan.

Fusion CFT-CFLT : synergie renforcée entre tactique

et logistique en matière de préparation opérationnelle

Actualités 7HÉRACLÈS N°33JUILLET-AOÛT 2009

Le lieutenant-colonel (OLRAT) Jean-Claude LALOIRE, ancien élève del'ESSEC et de l'ISUP (Institut deStatistique des Universités de Paris),traducteur au CDEF depuis 2001,œuvrant à la réalisation en anglaisUS de la revue «Doctrine», vient depublier 2 dictionnaires français-anglais/anglais-français, à caractèreà la fois civil et militaire, respecti-vement en septembre 2008 etfévrier 2007.

Dictionnaire médical des opéra-tions humanitaires & de soutien dela paix

Préfacé par monsieur GérardLARCHER, Président du Sénat, ce dic-tionnaire recense toute la terminolo-gie utile à des intervenants médicauxou paramédicaux sur le terrain, poursecourir et soigner des personnelsmilitaires ou des populations civilesen difficulté ou en détresse :malades, blessés, choqués, victimesde combats, d'accidents, de cata-strophes naturelles…Cet ouvrage, contient environ2 000 termes et expressions ;chaque terme est accompagné, lecas échéant, de l'acronyme couram-ment utilisé, et cela dans chacunedes langues. Présenté sous un for-mat de poche, il est ainsi adapté àune consultation sur le terrain.

Dictionnaire des télécommunica-tions et de l'informatique appli-quées à la défense

Ce dictionnaire est un ouvrageexhaustif, qui couvre tous les aspects,tant dans le domaine civil que dansles domaines de la défense (interar-mées) et de la sécurité (police, gen-darmerie) : transmissions radio,réseaux, téléphonie, télédétection(incluant les radars), guerre électro-nique (et cyber-guerre).

(p. suivante)

Le CDEF vous informe(DREX)

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Le GPPO1, force de frappe de l’EMOT2

En matière de préparation opération-nelle, la fusion CFT et CFLT procèdedes principes du soutien des opéra-tions1 ; elle entraînera des change-ments importants et lourds dans lemode de fonctionnement du CFT, deson état-major ainsi que pour la briga-de logistique devenue unique. Tousdevront s’y adapter, mais elle permet-tra une prise en compte commune etcentralisée de même qu’une synergieaccrue entre tactique et logistiquedans l’ensemble des activités d’entraî-nement des FT.

Cette évolution n’en sera que plusefficace si elle se prolonge par une for-mation afférente de nos cadres et si lapréparation opérationnelle construite

par le CFT s’érige en fédérateur decelle des organismes interarmées, deplus en plus prégnants dans la logis-tique en opération.

LCL Jérôme LAPLACE Div Préparation opérationnelle/chargé de missionBureau Conduite de la préparation opérationnelle

HÉRACLÈS N°33JUILLET-AOÛT 2009Actualités8

(suite)

Il comprend aussi les termes d'infor-matique (et du Web) associés, quisont aujourd'hui nécessaires à lacompréhension de l'univers destélécommunications.

A ces termes sont associés lesacronymes usuels, lorsqu'ils existent(environ 6 000 pour la partieanglaise et 600 pour la partie fran-çaise).

Ce dictionnaire d'environ 9 000 ter-mes, s'adresse aux professionnelsde ce domaine et aux traducteurs etinterprètes, tout particulièrementdans le cadre de l'industrie ou del'OTAN. Il s'adresse aussi auxétudiants de l'enseignement supé-rieur civil et militaire dans le domai-ne des télécommunications.

Cet ouvrage est publié en deuxvolumes de 460 pages chacun,l'un pour la partie français-anglais,l'autre pour la partie anglais-français.

Le CDEF vous informe(DREX)

Bucarest, avril 2008, 59ème som-met de l’OTAN, le Présidentde la république annonce le

renforcement du dispositif françaisau sein de la Force internationaled’assistance et de sécurité (FIAS) enAfghanistan.

Vallée de la Kapisa, juillet 2008le GTIA3 Kapisa mène ses premièresopérations sur le sol afghan.

En amont de l’annonce officielle et del’arrivée des premières troupes enKapisa s’est joué un obscur mais effi-cace travail d’état-major répondant àl’acronyme barbare de GPPO.

Au cœur du processus de génération deforce, le groupe pluridisciplinaire deplanification opérationnelle de l’EMOTest l’outil qui permet à l’armée de Terrede proposer au CPCO4 la meilleurecontribution terrestre possible à uneopération.

Présentation et fonctionnement duGPPO

Le GPPO est une structure de circons-tance mise en œuvre et animée parle G5 de l’EMOT pour conduire lesplanifications opérationnelles et en

particulier les générations de force.Autour d’un noyau constitué par uneéquipe de planificateurs, sont réunisautant que de besoin les experts néces-saires.

- Les «G» de l’EMOT (G1 à G 9) sontmembres permanents du GPPO.

1 Groupe pluridisciplinaire de planificationopérationnelle.

2 Etat-major opérationnel Terre.3 Groupement tactique interarmes.4 Centre de planification et de conduite des opérations.

1 Unicité de l’organisation, unité d’action, cohérence de l’économie générale des forces, flexibilité, interopérabilité,anticipation,...

Glossaire :

BATLOG :Bataillon logistiqueCFLT : commandement de la force logistiqueterrestreCFT :commandement des forces terrestresFT :forces terrestresGTIA :groupement tactique interarmesMCP :mise en condition avant projection

Page 9: Heracles_33

- Au-delà de ce premier cercle, leGPPO s’appuie sur l’ensemble desexperts des fonctions opérationnel-les représentées au CFT. Puissancede travail du GPPO, ils analysentdans leur domaine de compétenceles besoins opérationnels pour endéduire les capacités nécessaires. Lebureau programmation, élémentclé du GPPO, se charge de veiller àl’adéquation du besoin et de la res-source.

- L’expertise ne se limite pas au CFT.Ainsi différents organismes del’armée de Terre (DCMAT,CoFAT,…) sont régulièrementassociés aux travaux du GPPO. LeGPPO peut également rechercherl’expertise dans les forces terrestres,et ce, parfois même dans les régi-ments comme ce fut le cas dans lapréparation de la FINUL II.

L’efficacité du GPPO repose sur untravail itératif et collaboratif entre lesdifférents domaines d’expertise et despécialités. En amont, sur mandat duCPCO, l’équipe de planification défi-nit un cadre de travail et les attendusde la planification. Réunions et tra-vail individuel alternent pour livrerun produit fini à la validation desautorités (CEMOT puis COMFT).Après l’ultime validation du CEMAT,ces travaux seront ensuite transmis auCPCO.

Principes d’une génération de force

Lors d’une génération de force, la pre-mière étape consiste à décrire le souhai-table sans se fixer de limitationintellectuelle. A partir des données tac-tiques (étude de la mission, analyserenseignement, terrain, …), il s’agit dedéfinir quelle serait la force idéale pourréaliser l’effet final recherché. Cetteétude est conduite en s’appuyant sur laméthode de planification de l’OTAN,la GOP5. Une première esquisse dela force est développée à partir desmodules projetables de la PIA 05-402.

Elle décrit, sous forme d’un ordre debataille, les moyens aéroterrestresnécessaires à l’accomplissement de lamission ainsi que l’architecture ducommandement et la composition dusoutien.

La deuxième étape de la générationde force consiste à passer du souhaita-ble au réalisable. Il s’agit de confron-ter cette première approche de laforce aux différentes contraintes quisont principalement d’ordre logis-tique et financier mais aussi de pro-grammation. Ces trois éléments ontdes conséquences sur le type d’unitésdéployées, sur les matériels dont ellesseront dotées et sur leurs effectifs.C’est une phase d’arbitrage quiconduit parfois le GPPO à s’affran-chir d’un certain nombre de principesd’organisation et de doctrine afin deproposer une solution de compromis,susceptible de réaliser l’effet recher-ché. A l’heure des choix, le GPPOminimise les risques d’erreur du faitdes expertises variées dont il dispose.

La clôture du GPPO se concrétise parla transmission du TUEM au G3 quia la tâche de conduire la projection(armement des TUEM, échelonne-ment de la projection, …). Le caséchéant, le G3 arme un centre opéra-tionnel de montée en puissance.

L’apport de la numérisation pourle GPPO

Dans le cadre de la génération de force,la numérisation permettra d’accélérerle cycle de décision en optimisant letravail du GPPO. Dans ce contexte, leG5 de l’EMOT met en place la suitelogicielle opérationnelle (SLoOps) ;intégration d’outils d’aide à la décision,la SLoOps est mise en œuvre par unestructure de circonstance qui travailleen parallèle du GPPO.

5 Guideline for operational planning.

Actualités 9HÉRACLÈS N°33JUILLET-AOÛT 2009

CALIPSO : démonstrateurd’aide à la planificationopérationnelle de niveau 1

Destiné aux cellules G5 et G35 desétats-majors de niveau 1, le démons-trateur CALIPSO d’aide à la planifica-tion opérationnelle doit permettre defaciliter le choix du mode d’action leplus favorable lors de l’étape deconfrontation des modes d’action(MA/ME), dans les phases d’interven-tion et de stabilisation.

Conçu initialement pour être intégré àSICF, ce démonstrateur CALIPSO n’apas vocation à «décider» à la placede l’état-major, mais, en s’appuyantsur les modes d’action élaborés parce dernier, à faciliter la prise de déci-sion en ayant recours à la simulation.

L’une des plus-values du démonstra-teur CALIPSO réside dans la prise encompte de la phase de stabilisation.La modélisation se concentre dans cecas sur les interactions entre la force,les autres acteurs présents sur le ter-rain et la population qui est repré-sentée sous forme de zones au seindesquelles se répartissent les grou-pes de population.

Le démonstrateur CALIPSO fonctionnegrâce à des indicateurs d’aide à ladécision. L’opérateur, en comparantnumériquement et graphiquement lesévolutions de la valeur de ces indica-teurs, tels que l’attrition ou les poten-tiels, propres à chaque confrontationMA/ME, et en exploitant la fonctionde «rejeu» pour visualiser l’actionsimulée en accéléré, doit pouvoiridentifier le mode d’action le plusfavorable pour la force.

Outil exploratoire, donc incomplet etimparfait à ce jour, ce démonstrateurCALIPSO doit préfigurer les outils opé-rationnels d’aide à la décision quiferont, demain, partie intégrante deSICF.

LCL Jean-Christophe REUSSNERChargé d’études au Bureau études

et recherche opérationnelle

Le CDEF vous informe(DSRO)

Page 10: Heracles_33

«Faire la guerre, c’est s’adapter»

Utilisant un langage informatiquecommun, ces outils permettent d’as-sister le GPPO dans la définition del’architecture de la force (GENE-FORCE), d’évaluer ses modes d’ac-tion possibles (APLET), de la décriresous forme de plans reposant sur lesmodules de la PIA 05-402 (DBM-Genforces), d’en décliner les TUEM(DBM-GenTUEM), de mener uneétude du terrain (AGEC6) et demodéliser les réseaux SIC (GCR7). LaSLoOps met également en œuvreADAMS8 afin d’étudier en premièreapproche la mise en place de la force.

La SLoOps sera en mesure de trans-mettre les ordres de bataille aux unitésconstituant la force pour l’initialisationrapide et sans risque d’erreur desSIOC.

Conforme à la devise du CFT, leGPPO est «au cœur de l’opération-nel» car c’est le meilleur outil qui soitpour «tailler la force» au plus près desnécessités du soldat qui réalise la mis-sion sur le terrain.

La préservation de cette culture detravail collaboratif est la clé du succèsopérationnel. Elle sera aussi un puis-sant facteur d’intégration des troisnouvelles divisions logistiques quirejoindront le CFT à l’été 2009.

G5 Etat-Major opérationnel Terre

6 Atelier de gestion et d’étude cartographique.7 Gestion cartographique des réseaux.8 Allied deployment of movement system.

HÉRACLÈS N°33JUILLET-AOÛT 2009Actualités10

RETEX

Les engagements actuels, princi-palement celui que nous vivonsen Afghanistan, ont bousculé

nos habitudes en matière d’exploita-tion du RETEX.

Le passage, dans nos opérations exté-rieures, de la gestion de crise à lacontre-rébellion impliquant des com-bats meurtriers a nécessité d’adapternotre outil de combat et sa prépara-tion dans tous les domaines, depuisl’organisation des capacités opéra-tionnelles, les équipements, la forma-tion et l’entraînement, jusqu’à la

doctrine. Pour cela, un concept d’a-daptation réactive est né en 2008, surla base de réflexions lancées par leCDEF en 2006, afin de permettre àl’armée de Terre d’obtenir, en coursd’opération et non en vue de l’opéra-tion future, la satisfaction de besoinsimmédiats exprimés par les forces ter-restres sur les théâtres. Aujourd’hui,en 2009, le COMFT dispose dans samain de tous les leviers pour les expri-mer.

Simulation et coopérationmilitaire franco-allemande

Le comité «experts simulation» dusous-groupe Terre du GFACM s’estréuni à MAILLY du 20 au 22 janvier2009. Le but de cette séance de tra-vail était de faire un point exhaustifdes moyens de préparation opéra-tionnelle fondés sur la simulation dechaque pays, de les comparer et d’endéduire certaines complémentaritéset synergies éventuelles.

Les deux armées de terre disposentd’outils complets et cohérents. Ils ontété développés dans une logiquenationale, sans volonté initiale parti-culière d’interopérabilité, aussi leurutilisation dans un cadre multinatio-nal n’est-elle pas toujours simple enpremière approche.Toutefois, certains centres allemandspourraient accueillir des unités fran-çaises ou binationales de niveau 1 ou4, tout comme des centres du CPFpourraient recevoir des unités alle-mandes, sous réserve de la résolutionde quelques difficultés techniques.

Mais surtout, les engagements lesplus probables de nos pays étantsimilaires et les problématiques étu-diées de part et d’autre du Rhin inti-mement liées, au premier rang denos préoccupations communes setrouvent ainsi la préparation aux opé-rations en zones urbanisées et la pri-se en considération de lanumérisation de l’espace de bataille.

Ces derniers points pourraient avan-tageusement donner lieu à deséchanges de vues et de retoursd’expérience fructueux. De plus, laconnaissance partagée par les deuxparties en matière de rechercheopérationnelle semble constituerune piste intéressante d’échangesà venir.

LCL Pascal FLORINChef du bureau simulation opérationnelle

Le CDEF vous informe(DSRO)

Page 11: Heracles_33

En premier lieu, l’organisation descapacités en vue d’une mission opéra-tionnelle fait l’objet de constantesadaptations, pour obtenir toujoursplus de cohérence entre l’unité proje-tée et son milieu d’action. C’est ainsique la 27ème BIM est prioritairementprojetée en Afghanistan en hiver, queles unités blindées et mécanisées serelèvent au Liban, ou encore que lesunités amphibies arment prioritaire-ment les points d’appui de Djiboutiet de Dakar.

Les GPPO1 affinent la force, l’organi-sent, en introduisant sous enveloppede nouvelles capacités (drones, appuifeu, fouille opérationnelle, hélicop-tères…), en fonction de besoins recon-nus pour les forces terrestres etapprouvés par le COMFT puis leCPCO, et proposent de nouveauxdispositifs. C’est un processus bienrodé au CFT, où cependant, en termesd’effectifs, la logique de besoin doitcomposer avec celle de ressources.

Mais c’est dans le domaine des équi-pements que l’adaptation réactivetrouve sa concrétisation la plus visi-ble. Il s’est agi en fait, dès 2007,d’adapter très rapidement nos véhicu-les, nos armements, nos effets de pro-tection, nos moyens d’acquisition,notre soutien, à la réalité des combatsen Afghanistan. Le matériel utilisédans les Balkans ou en Afrique nerépondait en effet qu’imparfaitementaux menaces rencontrées sur ce théâtre.Afin de contrebattre plus sûrementl’adversaire, le CEMAT peut déciderde déclencher des procédures rapidesd’acquisition ou d’adaptation dematériel, proposées par le CFT.

Entre septembre 2007 et août 2008,ce sont ainsi près de 107 millionsd’euros qui auront été investis au pro-fit du surblindage de véhicules, qu’ilssoient de combat ou logistiques, de laprotection des tireurs 12,7 des VAB,des moyens de vision et d’identi-fica-tion nocturne des combattants, de l’a-mélioration des FAMAS, des moyensde transmission des contrôleurs airavancés, ainsi que, et ce n’est pas lemoins important, de l’habillement etdu paquetage du combattant.

L’adaptation réactive touche égale-ment la formation et l’entraînement,les programmes et la programmationde la préparation opérationnelle. Ils’agit de se former sur un Buffalo US2,ou un tourelleau téléopéré de VAB,pour savoir servir et soutenir cesmatériels en délais contraints ; il s’agitd’acquérir ou de rafraîchir, pour unofficier général comme pour tout sol-dat, les fondamentaux et non plus lesrudiments du sauvetage de combat,du tir, etc… pour savoir dégager unvéhicule, pratiquer les premiers soinsà un blessé, défendre le véhicule et lepersonnel autour de soi avec l’arme-ment de bord ou tout simplementavec son arme individuelle.L’adaptation réactive, c’est enfin lacapacité à transmettre dans nos centresde plus en plus dédiés à la préparationde «la guerre» les savoir-faire nouveaux,les procédés tactiques inédits parcequ’appris dans la confrontation avecun ennemi qui lui aussi s’adapte (vite)et se perfectionne sans cesse.

1 Groupes Pluridisciplinaires de PlanificationOpérationnelle

2 Buffalo (ou MPCV pour Mine protected clearancevehicule): véhicule militaire du génie américain.

11RETEXHÉRACLÈS N°33JUILLET-AOÛT 2009

Janus dans les Balkans ?

Une délégation du CDEF/DSRO s’estrendue à Belgrade à la fin du mois demars 2009. Cette mission faisait sui-te à une demande de la mission mili-taire française en Serbie. En effet, lesforces armées serbes envisagent dese doter d’un centre de simulationdédié à la formation et plus particu-lièrement à la formation tactique desstagiaires de l’Ecole Nationale deDéfense qui réunit les équivalentsserbes de nos CSEM et EEM.

Cette mission avait donc pour objetde compléter l’action du coopérantfrançais du J7 serbe en présentant defaçon exhaustive aux responsablesde l’académie militaire de Belgradeles fonctionnalités détaillées du sys-tème Janus, l’organisation et le fonc-tionnement d’un centre Janus ainsique la préparation, la conduite etl’exploitation d’un exercice assistépar simulation.La visite des infrastructures pressen-ties pour le déploiement et la fourni-ture de données techniques et derenseignements particuliers ont com-plété les actions entreprises.En première approche, et sans préju-ger de la décision finale serbe, Janusapparaît particulièrement adapté auxbesoins de la partie serbe tant dansson caractère interarmes et modulai-re (du niveau SGTIA à la BIA) quedans son excellent rapport « qualité-prix » lié à son développement logi-ciel au sein de la DSRO.La communauté Janus-France pourraitdonc s’enrichir à l’horizon 2010 d’un«petit dernier» complétant les dixcentres français, libanais, tunisiens etmarocains déjà existants.

Le déploiement d’outils de simulationconstitue sans conteste un moyen derayonnement et de diffusion de notreculture militaire à l’étranger !

Colonel Olivier SALAÜNChef de la division Simulation

et recherche opérationnelle

Le CDEF vous informe(DSRO)

Page 12: Heracles_33

Pour concentrer les expertises et lamémoire des enseignements et desscénarii propres à un théâtre ou à untype d’engagement, le CENTAC deMAILLY continue de préparer l’en-semble des unités à «une guerre» etoffre des scenarii spécifiques à cellesengagées au Liban ou en Afghanistan ;le nouveau CENZUB de SISSONNEaccueille maintenant les stages d’ap-prentissage au contrôle de foules, stagesqui s’appuient sur l’expérience duKosovo, dans le même temps queCANJUERS construit actuellementson futur DAO/A3. La doctrine évolueet l’adaptation réactive doit s’appli-quer, en direct depuis les théâtres, parle biais d’un RETEX «boucle courte», ànos centres dans les scénarii qu’ils pro-posent et les procédés que peuventinsuffler les OAC4. Par eux, se fait lelien direct entre les opérations et la pré-paration opérationnelle.

L’adaptation réactive bouscule noshabitudes, nos circuits décisionnels etpeut-être aussi nos certitudes, et c’esttant mieux.

Mais c’est un processus qui n’a devaleur que par le discernement de sesacteurs. Il est en effet nécessaire que,dans ce contexte, soit posée en perma-nence la question de la pertinence descritères de choix. Toute demande éma-nant d’un théâtre est-elle forcémentjustifiée ? Doit-on la généraliser ? Faut-il par exemple 2, 3 ou 5 appareils devision nocturne par section ? Pour êtreréaliste et donc crédible, il faut recher-cher le bon équilibre entre le «tout -tout de suite» et le raisonnable.Il faut donc garder sans cesse à l’espritque nos priorités, notre énergie et not-re intelligence doivent être mises auprofit du soldat qui se bat sur de loin-tains théâtres d’opérations.

COL Michel BILLARDDiv. préparation opérationnelle

Chef du bureau capacités opérationnelles

3 Détachement d’Assistance Opérationnelle/Afghanistan

4 Observateurs Arbitres Contrôleurs

HÉRACLÈS N°33JUILLET-AOÛT 2009RETEX12

«ROADEF» 2009 : la DSROs’affiche

Deux officiers du bureau études etrecherche opérationnelle (BERO) dela DSRO ont participé du 10 au12 février au congrès annuel de lasociété française de recherche opéra-tionnelle et d’aide à la décision(ROADEF). Cette manifestation aréuni à Nancy les principaux labora-toires de recherche et sociétés deservices du domaine, et permis auxchercheurs opérationnels du CDEFd’entretenir leurs compétences théo-riques.

Cette année les uniformes ont étéremarqués, trois officiers de la MarineNationale étant également présents.La présentation par le commandantSecherre d’une étude sur le plan destationnement de l’armée de Terre aété particulièrement appréciée.Fournissant un exemple concret d’ai-de à la décision, elle se démarquaiten effet du contenu fortement théo-rique de la majorité des exposés.

Les contacts pris laissent entrevoirla possibilité de recrutement dechercheurs sous ESR et des collabo-rations avec des laboratoires publics.Des techniques prometteuses ont deplus été identifiées en vue du plande veille technologique du BERO.

Face à la crise, les chercheurs opé-rationnels des entreprises représen-tées (SNCF, EDF, Air-France...)s’appliquent à optimiser leurs pro-cessus internes. L’armée de Terrepourra de même s’appuyer sur lescompétences en modélisation duBERO pour répondre aux nombreuxproblèmes d’optimisation que soulè-vent les réformes en cours.

CBA Roland GOFFETTREChargé d’études au Bureau études et

recherche opérationnelle

Le CDEF vous informe(DSRO)

Vos réact i ons aux i nformat i onsparues dans Héracl ès sont l es bi enVenues

c.d.e.f.centre de doctrine d’emploi des forces

b.p. - 00445 armees

: 01 44 42 35 91 ou 01 44 42 48 93pnia : 821 753 35 91 ou 821 753 48 93fax : 01 44 42 52 17 ou 821 753 52 17mel : [email protected] : www.cdef.terre.defense.gouv.fr

Page 13: Heracles_33

Après une phase de montée enpuissance (2003-2008), lanumérisation des forces terrestres

entre, en 2009, dans la phase de norma-lisation et d’engagement opérationnel.Cette phase majeure de standardisationopérationnelle s’achèvera en 2015 avecl’équipement de l’ensemble de l’arméede terre.

En dépit de contraintes lourdes,l’échéancier de numérisation des forcesa pu être préservé. En effet, dans le cad-re de la cohérence et de l’homogénéitédes forces préconisées par le CFT, sixbrigades interarmes ainsi que la brigadeaéromobile sont aujourd’hui équipéesjusqu’au niveau de l’unité élémentaire,et les deux dernières brigades interarmes(11ème BP, 27ème BIM) ont commencéleur numérisation. Parallèlement, lesunités d’appui et de soutien montent enpuissance. Fin 2010, tous les régimentsde l’armée de terre seront équipés jus-qu’au niveau de la section.

Apportant une plus-value déterminanteaux forces projetées en opérations (anti-cipation, partage des situations, rapiditéd’échange, géolocalisation), la numéri-sation est progressivement déployée surles théâtres. En Côte d’Ivoire, la chaînede commandement a ainsi été numéri-sée en 2006, de la brigade à la section;l’effort suivant est concentré surl’Afghanistan et le Liban. Le BATFRAPAMIR a été équipé en 2008 et unepasserelle NFFI1 d’interopérabilité pourle suivi de position a été déployée eninterconnectant le système SIR2 françaisavec le système IFTS3 de l’OTAN.

L’objectif intermédiaire, fixé par leCEMAT, de pouvoir engager à partirde 2009, deux brigades numérisées avecleur environnement d’appui et de sou-tien, est en cours de réalisation: la 6ème

BLB a déjà effectué son exercice de cer-tification en octobre 2008, et la 2ème BBle réalisera au mois de juin 2009. Les

unités logistiques sont engagées dans lamême démarche, dans le cadre dudéploiement d’un GSD4 numérisé dontl’exercice NEB annuel est un révélateurdu chemin à suivre pour mettre en pha-se la doctrine et l’entraînement.

Cet objectif intermédiaire atteint, il seraessentiel de poursuivre les efforts pourune prise en compte générale de lanumérisation. La préparation opéra-tionnelle des unités de tous types doitêtre conçue pour un engagementnumérisé, en insistant sur le maintien àniveau des compétences acquises, quidemande aujourd’hui un effort d’en-traînement individuel et collectif per-manent. C’est là un changementmajeur et le prix à payer pour pouvoirprofiter des progrès apportés par lanumérisation.

La standardisation des procédures, lafiabilisation et la simplification dessystèmes doivent être également recher-chées pour atteindre une pleine effica-cité opérationnelle. Le CFT estrésolument engagé dans cette voie pourrendre la NEB accessible à tous ses uti-lisateurs potentiels.

Si le triple défi humain, technologiqueet opérationnel, que constitue la NEB,est en passe d’être relevé, le « nerf de laguerre » peut toutefois venir à manquer,et conduire au dilemme: la NEB certes,mais à quel prix? Question difficile, etqui dépasse les choix capacitaires,puisque la numérisation de l’espace debataille prétend multiplier les effets detoutes les capacités.

LCL Michel DILLINGERDiv SIC/Chef de section NEB

1 NFFI : Nato Friendly Forces Information2 SIR : Système d’Information Régimentaire3 IFTS : Isaf Force Tracking System4 GSD : Groupement de Soutien Divisionnaire

La Numérisation de l’Espace de Bataille (NEB) : la norme pour

les brigades du CFT !

13RETEXHÉRACLÈS N°33JUILLET-AOÛT 2009

Participation de la DSROau «Spring SISO 2009»

Du 23 au 27 mars 2009, deux offi-ciers de la DSRO ont participé à lasession de printemps de la«Simulation Interoperabil i tyStandards Organization (SISO)».Deux réunions annuelles de la SISOpermettent aux acteurs du mondede la simulation d’échanger leurspoints de vue sur les avancées tech-nologiques et surtout de définir lesstandards vers lesquels doiventévoluer les programmes.

Le thème central de cette sessionétait celui de l’interaction à distan-ce entre simulations. Si le mirageInternet laisse à penser à un publicnon averti que cette problématiqueest simple, la réalité des program-mes en cours de développement esttoute autre. Il s’agit non seulementde trouver les protocoles et archi-tectures adéquats pour relier lesapplications entre elles, mais ausside les faire converger alors qu’ellesne parlent pas le même langage etobéissent souvent à des logiquestrès différentes.

Compte tenu du grand nombre desimulateurs et de la géographie,cette problématique représente undéfi majeur pour les Etats-Unis.Derrière ce leader incontesté, laparticipation française a, cetteannée, été remarquée. Outre lenombre important de ses partici-pants, la France a présenté, souscouvert de la DGA, trois projets quipourraient à moyen terme débou-cher sur des standards adoptés parla SISO.

(p. suivante)

Le CDEF vous informe(DSRO)

Page 14: Heracles_33

Depuis l’été 2008, la presse mili-taire a souvent fait référenceaux unités de renseignement de

brigade (URB), notamment au traversd’un prisme technique (DRAC1, PVP2

…). Quel est aujourd’hui l’état d’avan-cement de ce chantier novateur ?

Constituée d’une part de la Batterie deRenseignement de Brigade (BRB)réunissant ses divers capteurs (83 person-nels), d’autre part des 12 personnels de laSection Opérations Analyse (SOA) inté-grée au B2 de sa brigade interarmes(BIA) de rattachement, l’URB est uneunité organique interarmes, placée pouremploi sous les ordres du commandantde BIA. Orientée par le B2, la BRB meten œuvre ses capteurs afin de répondreaux besoins exprimés en matière derecherches.

Comportant une section RECINF3

agissant sur le mode ROHUM4 conver-sationnel, une section DRAC5, une sec-

tion RASIT6 ainsi qu’un groupe léger deguerre électronique (GLGE), la batterietravaille soit en mode centralisé au pro-fit de l’EM de la brigade, soit en appuidirect d’un groupement tactique.Conformément à l’idée qui a présidé àsa naissance, elle optimise l’emploi deses capteurs dans le cadre d’une synergiemulticapteurs (par exemple le GLGE oules radars assurant une détection affinéepar les DRAC, précisant la localisationet la nature de l’objectif).

Les URB, encore expérimentales, pour-suivront leur montée en puissance jus-qu’en 2010, soutenues par la diffusionprochaine d’un manuel d’emploi provi-soire.

URB-pilote, celle de la 2ème brigade blin-dée a été projetée dans le cadre d’uneexpérimentation tactique au Kosovo, àl’été 2008. Employée soit aux ordresdirects du CO de la TFMN-N 7, soitadaptée à un GTIA, son action aconfirmé la pertinence de la nature descapteurs mis en œuvre et leur complé-mentarité.

Néanmoins, tant par le caractère de lacrise sur ce théâtre, que par sa superficieréduite et le nombre important de cap-teurs déjà en place, l’URB n’a pu livrertous les enseignements tactiques recher-chés ; le premier RETEX de cette expé-rimentation tactique d’une durée limitéeà 2 mois, devra être confirmé par unenouvelle projection sur un théâtre auxsituations tactiques plus révélatrices.

Ce concept, novateur pour la France,révèle logiquement des imperfectionsrequérant des mesures correctives : leDRAC doit ainsi faire l’objet d’amélio-rations techniques ; tandis que les per-formances du RASIT, liées à son âge,nécessiteront une relève prochaine,d’ailleurs à l’étude. En termes de res-

source humaine, de formation et de par-cours professionnel, il conviendra d’êtrecréatif, audacieux et attractif.

Nonobstant, l’URB, inspirée del’ISTAR8 mis en œuvre chez nos alliés,se confirme comme un outil très pro-metteur. Son arrivée dans les BIA néces-sitera également l’adaptation desméthodes de travail, mais devrait singu-lièrement accroître leurs capacités derecherche et de traitement du renseigne-ment, les faisant en quelque sorte passerde la représentation du cyclope à l’œilunique, figuré par les EEI, à celle del’hydre aux têtes multiples.

LCL Yannick AGAZZINIDiv RENS/Chef de section préparation

opérationnelle «Renseignement»

1 Drone de renseignement au contact2 Petit véhicule protégé3 Recueil de l’information4 Renseignement d’origine humaine5 Drone de renseignement au contact6 Radar d’acquisition et de surveillance intermédiaire7 Task Force Multinational Nord8 ISTAR (Intelligence, Surveillance, Target Acquisition

and Reconnaissance)

Des unités en voie d’apparition : les URB

HÉRACLÈS N°33JUILLET-AOÛT 2009Réflexions14

(suite)

La participation à ce type de mani-festation permet à la fois de condui-re une veille technologiqueapprofondie et d’influer sur lesfuturs standards. Eriger des basestechniques communes est certes unmoyen de faciliter l’export ; c’estaussi, et surtout, une possibilitéque se donnent les nations de fairecommuniquer leurs outils d’entraîne-ment afin de mieux préparer leursengagements futurs dans le cad-re de coalitions.

CBA Marc ESPITALIERChargé d’études au Bureau

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Page 15: Heracles_33

Dans la plupart des armées occi-dentales, dont les Etats-Unis,l’entraînement et la doctrine

sont étroitement liés et font même partied’un même commandement (TRA-DOC). En France les centres d’entraîne-ment sont subordonnés au Centre dePerfectionnement des Forces (CPF)donc au Commandement des ForcesTerrestres (CFT) et, par là même, nedépendent pas du Commandement de laDoctrine et d’Emploi des Forces(CDEF). Toutefois il ne faudrait pascroire que cette différence de comman-dement éloigne fondamentalement ladoctrine de l’entraînement.

En effet, le CDEF entretient des rapportsprivilégiés avec le CPF, rapports quidevraient se développer encore plusmaintenant que le CPF a la responsabili-té de tous les centres d’entraînement etde tir. Cela se traduit déjà au travers desrapports entre la DSRO, division duCDEF, et les centres, du fait de l’impor-tance de la simulation au CPF (program-mes SCIPIO, SYSIMEV, etc.). Mais, audelà de la simulation, l’objectif descontacts entre CDEF et CPF est bien denourrir une synergie intéressante pour ladoctrine, les forces et leur préparation.

Le premier domaine pour lequel la pré-paration opérationnelle et la doctrinesont liées, est celui au RETEX. En effet,les centres d’entraînement et de tir doi-vent être partie intégrante du circuitRETEX (boucles courtes et longues)pour lequel le leader est le CDEF afind’aménager les thèmes, modifier les par-cours de tir, réorganiser les exercices. Enretour, les centres, qui possèdent uneréelle expertise, participent du RETEX etdonc à la doctrine, d’une part avec lescomptes rendus du CDEF qui font suiteà chaque grand exercice, d’autre part grâ-ce à la rédaction des comptes rendusannuels qui sont riches en enseignementset que la DREX est en mesure d’exploi-ter. Car il faut se garder des effets demode qui cantonneraient la préparationopérationnelle aux seuls théâtres actuels

(bientôt on ne saura plus manœuvrerface à des blindés au prétexte qu’il n’y apas de blindés taliban).

C’est pourquoi les centres d’entraîne-ment ne se contentent pas de cette parti-cipation au RETEX ; ils représentent unlieu privilégié d’application de la doctri-ne et de recyclage régulier des cadres. Eneffet, tous les niveaux tactiques interar-mes, que ce soit dans l’hypothèse d’enga-gements génériques ou probables, sontsusceptibles d’être entraînés dans les cen-tres du CPF, et ce, de la brigade interar-mes jusqu’à la section renforcée enpassant par le GTIA ou le SGTIA.Le CPF est donc un excellent relais versles unités pour faire connaître les docu-ments d’emploi rédigés par le CDEF etles faire appliquer.Enfin, on peut considérer qu’en complé-ment des DEP, le CPF doit participer àl’écriture de la doctrine. Actuellement,seul le CENZUB dispose d’une CEP luipermettant de rédiger et de proposer ladoctrine des petits échelons pour le com-bat en zone urbaine. L’expertise des cen-tres, en particulier dans le domaineinterarmes, pourrait alors être mieuxexploitée par une contribution plus forteaux travaux doctrinaux.

Préparation opérationnelle et doctrinesont donc intimement liées.La doctrine donne au CPF les élémentslui permettant d’organiser concrètementl’entraînement. A contrario, la doctrinepeut se nourrir de l’expérience des cent-res du CPF et les utiliser pour évoluer.Il reste certainement encore beaucoup àfaire, en particulier étudier commentmieux valider sur le terrain les principesdoctrinaux. La CNCIA (commissionnationale du contrôle interarmes) quisera créée cet été aux ordres du CPFdevrait, à cet égard, représenter un atoutdans les rapports CDEF-CPF.

GBR Bertrand DUMONT-SAINT-PRIESTcommandant le Centre de préparation des forces

1 DREX : Division Retour d’EXpérience (divisionappartenant au CDEF)

Conduite générale des opérationsou des actions militaires/Globalconduct of military operations andactions

Exercice du commandement au plushaut niveau militaire (chef d’état-major des armées) permettant lamise en œuvre de la stratégieopérationnelle. Elle comprend :a - la conception ;b - la préparation ;c - la conduite proprement dite des

actions militaires.

Dans un cadre national, cetteconduite est assurée à partir duCentre de Planification et deConduite des Opérations (CPCO).Dans le cadre de l’UE la conduitedes opérations est menée par le«commandant de l’opération». Dansle cadre de l’OTAN cette fonctionest normalement assurée au niveaud’un grand commandement del’OTAN (GCO).Aussi appelée : direction généraledes opérations.

TTA 106

Centre de planification et deconduite des opérations (CPCO)/Joint operations center (JOC)

Organisme assurant en permanenceau profit du chef d’état-major desarmées, notamment pour laprévention et le traitement descrises, la conduite générale desactions militaires décidées par legouvernement.Note : il appuie le chef d’état-majordes armées dans son rôle deconseiller militaire du niveaustratégique de l’autorité politiqueet conduit les actions militaires auniveau stratégique.L’aspect pré-décisionnel du CPCOfrançais n’est pas inclus dans le«joint operations center» (OTAN).

TTA 106

Parlons définitions

15RéflexionsHÉRACLÈS N°33JUILLET-AOÛT 2009

CPF et doctrine

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«La guerre probable est d’abordune guerre d’adaptation.»

Général V. DESPORTES, «La guerre probable», 2007

Crécy 1346, Sedan 1940, offensi-ve du Têt 1968 ou plaines de laBekaa 2006 : invariablement,

de nombreuses armées échouent pouravoir préparé les guerres du passé.Aujourd’hui, comme le souligne lecolonel américain X. Hammes1, lanotion d’adaptation est de plus en plusprégnante d’autant que l’accélérationexponentielle des évolutions de laguerre réduit le temps disponible pourse transformer. La question de l’adap-tation des organisations militaires estdésormais cruciale.

Techniquement, l’armée de terre pos-sède toutes les structures pour menerde rapides mutations. A l’aune desthéories du professeur R. Downie2, ledispositif piloté par le Centre deDoctrine et d’Emploi des Forces(CDEF) apparaît en effet comme qua-siment finalisé. L’efficacité du cycled’adaptation n’est donc plus qu’unequestion d’hommes.

Les officiers et sous-officiers de l’ar-mée de terre doivent donc s’appro-prier le processus d’adaptation mis enplace par leur commandement.L’émergence d’une culture institu-tionnelle du changement peut lesaider dans leur démarche.

Dans ce cadre, les dispositions intel-lectuelles, ainsi que les styles et actionsde commandement favorisant le déve-loppement de mentalités favorables auchangement sont à mettre en avant.

Refuser le conformisme intellectuelconstitue le premier pas incontourna-ble. A cette fin, les débats d’idées et lalecture de pensées contradictoires quiaiguisent la réflexion sont à dévelop-per. De nombreuses pistes méritentd’être explorées dans ce domaine. Lacréation de groupes de discussions,éventuellement en ligne sur Intranet3,en constitue une des plus prometteu-ses. Favorisant le bouillonnement d’i-dées, cette formule permet en effet àchacun de proposer ses idées à la com-munauté qui, selon leur valeur et leurpertinence, s’en fera l’écho.

L’esprit d’innovation mérite ensuited’être encouragé. Dans ce cadre, lerespect de la liberté d’initiative dessubordonnés et le dialogue ouvert ent-re les différents niveaux de comman-dement demeurent essentiels : ilspermettent aux hommes au contactd’élaborer des solutions novatrices etd’initier le changement. De nombreuxexemples historiques viennent corro-borer ce fait. L’action du généralPétain durant la Première guerre mon-diale4 ou la victoire des Britanniqueslors du conflit de Malaisie sont lesplus éloquents.

1 «The sling and the stones», 2004.

2 «Learning from a conflict», 1998. Dans ce livre, R.Downie (ancien colonel de l’US Army) décrit lecycle et le processus d’adaptation idéaux.

3 Le site Taktika constitue un exemple en la matière.

4 Lire à ce propos «La chair et l’acier» dulieutenant-colonel Goya, 2004.

La culture du changement :comment éviter une défaite

certaine

HÉRACLÈS N°33JUILLET-AOÛT 200916 Tribune libre

Commandant de l’opération(COPER) / Operation commander

Autorité militaire désignée pourassurer la conduite ou la directiongénérale de l’ensemble d’une opé-ration. Il est responsable devantl’autorité politique. Il assure norma-lement le commandement opéra-tionnel des forces multinationalesmises à sa disposition à partir d’unposte de commandement situédans un des pays participants. Ildispose d’un état-major inter-armées, éventuellement multina-tional, dit «état-major de l’opé-ration». Pour une opération pure-ment nationale, le commandant del’opération est le chef d’état-majordes armées qui exerce son comman-dement à partir du CPCO.

TTA 106

Commandant de la force(COMANFOR) / Force commander

Autorité désignée pour assurer,sur le théâtre d’une opération, lecommandement d’une force inter-armées et éventuellement inter-alliée. Le commandant de la Forcedispose d’un état-major de forceinterarmées déployé sur le théâtrede l’opération. Il assure normale-ment le contrôle opérationnel desforces mises à sa disposition. Pourune opérat ion nat ionale, lecommandant de la force prend letitre de commandant de théâtre(COMTHEATRE). Il est désigné par lechef d’état-major des armées dont ilrelève. TTA 106

Commandant de théâtre(COMTHEATRE)/ Theater commander

Autorité désignée par le chef d’état-major des armées pour assurer lecommandement (commandement oucontrôle opérationnel) d’un groupe-ment de forces interarmées engagésur un théâtre d’opérations dans uncadre autonome ou sous respon-sabilité française.

TTA 106

Parlons définitions

Page 17: Heracles_33

La gestion du changement nécessiteenfin d’être maîtrisée. Deux écoles depensée peuvent guider la réflexiondans ce domaine : l’école de guerreallemande du général Von Seekt etcelle de l’US Army. Par des exercices àdouble action sans notion de doctrine,la première a en effet appris aux offi-ciers de la République de Weimar àdominer le changement. En dévelop-pant des bases de données tactiques enligne sur Internet6, la seconde a, quantà elle, permis aux Américains de ren-forcer considérablement leur assimila-tion de l’expérience du champ debataille. Ces deux écoles offrent doncdes voies intéressantes à découvrir.

Le changement n’a rien d’un chemi-nement vers une destination ultime : ils’agit plutôt d’un processus perpétuelexigeant un état d’esprit particulier.Dans ce cadre, l’institutionnalisation etla promotion d’une réelle culture duchangement s’avèrent indispensables. Ilconvient de ne pas oublier l’aphorismedu colonel T.E Lawrence7 : «combattreavec une armée inadaptée est commemanger sa soupe avec un couteau».

CBA Cédric FAYEAUXCESAT/CSEM/Stagiaire 122e promotion

5 Lire à ce propos «Learn to eat soup with knife» dulieutenant-colonel J.Nagl, 2002.

6 Les sites concernés sont bien entendus sécurisés etrestreints aux militaires américains.

7 «To make war against rebellion is messy and slow,like eating soup with a knife»

Diffuser la pensée militaire tactique : le modele américain

En France, nombreux sont lescommentateurs civils, institu-tionnels ou non, qui s’impro-

visent tacticiens sans en avoir ni laformation ni l’expérience. Les inter-ventions publiques faisant suite àl’embuscade d’Uzbeen en août 2008en Afghanistan en sont un exempleflagrant. Pour mieux faire comprendrela problématique de l’engagement desforces terrestres, la pensée militairetactique gagnerait à être diffusée horsdu cercle militaire.

De ce point de vue, la manière dont lapensée militaire américaine s’enrichit etse diffuse pourrait constituer un modèleintéressant. S’appuyant sur une plusgrande représentativité des militairesdans le monde civil, il consiste àpartager largement les étudestactiques internes, et à favoriserl’intégration des militaires dans lescercles de réflexion à l’extérieur del’institution.

Partager la réflexion tactique

Aux Etats-Unis, les cercles de réflexiontactique et stratégique sont multiples.L’Army est très prolifique et chaqueofficier est rapidement incité à réfléchiret à écrire. L’étude et la mise en pratiquedes Field Manual1, dont l’utilisationsystématique est parfois considérée enFrance comme un frein à l’initiative,prouvent leur utilité quelques annéesplus tard quand l’officier plus mûr peuts’appuyer sur des connaissances solidespour enrichir à son tour la réflexion. Lasociété civile, des think tanks2 auxcommissions spécialisées du congrès enpassant par les universités, participeactivement à cette réflexion.

1 Manuel d’emploi2 Groupe de réflexion

17HÉRACLÈS N°33JUILLET-AOÛT 2009 Tribune libre

Représentant de la France(REPFRANCE) / France Representative(REPFRANCE)

Dans une opération, officier désigné parle CEMA pour le représenter auprès ducommandant de l'opération et ducommandant de la force. Le REPFRANCEest placé soit auprès du commandantde l’opération soit, plus généralement,auprès du commandant de la force. Ilveille à la conformité de l’emploi desforces françaises aux options natio-nales, et assure sur ces forces desresponsabilités nationales notammentdans les domaines logistique, adminis-tratif et disciplinaire. Il peut être chargéde toute mission particulière concernantles forces françaises. Il est secondé parun responsable de la logistiquenationale appelé ADCONFRANCE. Plushaute autorité militaire française del’état-major du commandant de l’opé-ration (COPER) ou du commandant de laforce (COMANFOR) dans une opérationmultinationale. TTA 106

Commandant terre (COMTERRE)/Ground commander

Autorité désignée en tant que debesoin par le chef d’état-major del’armée de terre comme adjoint TERREd’un commandant de théâtre. Il parti-cipe à la conception de la manoeuvreinterarmées de théâtre et assure lacohérence globale de l’emploi descomposantes de l’armée de terre misesà la disposition du COMTHEATRE. Ilpeut assurer, par délégation duCOMTHEATRE, le contrôle opérationnelde forces pour une mission particulière.

TTA 106

Commandement tactique terre(COMTACTER) / Land tactical command

Autorité désignée par le CEMAT pourassurer le commandement de la forceopérationnelle terrestre engagée sur unthéâtre d’opérations. Il est responsablede la conduite des engagementsterrestres au niveau tactique. Il peutassurer, par délégation du COM-THEATRE, le contrôle opérationnel d’unensemble de forces interarmées pourune mission particulière.

TTA 106

Parlons définitions

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Le Field Manual 3-24 sur la contre-insurrection a été rédigé avec leconcours d’experts civils et largementpublié. Il illustre ce partenariat qui vise àune plus grande efficacité du soldat surle terrain, une meilleure synergie desactions civiles et militaires, et unemeilleure compréhension mutuelle.

Faire partie intégrantedes cercles de réflexions

Culturellement et structurellement, lesmilitaires américains sont mieuxreprésentés dans la société civile et dansles institutions que leurs homologuesfrançais. Les membres de la gardenationale et de la réserve, bénéficiant dela même formation tactique, du mêmeentraînement que leurs camaradesd’active, sont d’excellents vecteurs depensée militaire. En outre, le parcoursd’un officier américain débouche biensouvent sur une deuxième carrière. Denombreux officiers expérimentésrejoignent ainsi les think tanks, lesuniversités, le département d’Etat ou lecongrès, voire le gouvernement.Toutefois, cela ne garantit en rien lebon usage de l’outil militaire, commel’ont montré les premières années del’intervention américaine en Irak(2003-2006).

Ce modèle repose sur unvolontarisme individuel et collectifet l’absence de frontière entre lesmondes militaire et civil.

En France, les événements d’Algérieont provoqué le divorce entre ces deuxmondes, inaugurant une longuepériode de quasi absence des militairesde la vie publique. Pourtant, auXIXème siècle et jusque dans les années1960, les anciens militaires étaient très

présents et comptaient de nombreuxélus, jusque dans les rangs dugouvernement et de l’académiefrançaise.

Compte tenu de l’évolution desmentalités, les choses pourraientchanger. Désireuses d’en finir avec unelongue période de repli sur soi, lesgénérations montantes envisagentdésormais sereinement leur partici-pation au débat public car lesnouveaux statuts favorisent la libertéd’expression de la «grande muette». Lespublications ouvertes du CDEF3,comme les FT-01 (Gagner la bataille -conduire la paix) et FT-02 (Tactiquegénérale) nous montrent la voie et sontd’excellents vecteurs de pensée militairetactique à l’extérieur de l’institution.

Un projet récent de réforme duministère autorisera par ailleurs lesmilitaires d’active à occuper undeuxième emploi alors que dans lemême temps, la réduction du format denotre armée multipliera les carrièrescourtes de militaires. Autant dephénomènes nouveaux qu’il faut saisircomme des opportunités. Facilitonsl’intégration de nos cadres dans lessecteurs d’influence comme les médiaset pourquoi pas le monde politique...

CBA Pierrick MICHELCESAT/CSEM/Stagiaire 122e promotion

3 Centre de doctrine et d’emploi des Forces

HÉRACLÈS N°33JUILLET-AOÛT 2009Tribune libre18

Commandement opérationnel(OPCOM) / Operational command(OPCOM)

Pouvoir donné à un commandant pourassigner des missions ou des tâchesparticulières à des commandantssubordonnés, pour déployer desunités, pour réassigner des forces,conserver ou déléguer le contrôleopérationnel ou tactique comme il lejuge nécessaire. Il ne comprend pasen soi d’autorité sur le planadministratif ni de responsabilitésd’ordre logistique. Un comman-dement opérationnel peut être, soitpermanent, soit de circonstance.

TTA 106

Contrôle opérationnel (OPCON)/Operational control (OPCON)

Autorité conférée à un commandant,par un commandant opérationnel :a- de donner des ordres aux forces

qui lui sont affectées, de tellesorte qu’il puisse accomplir lesmissions ou tâches particulières,habituellement limitées géogra-phiquement ou dans le temps ;

b- de déployer les unités concer-nées ;

b- de conserver ou de déléguer lecontrôle tactique de ces unités.

L’autorité chargée du contrôleopérationnel n’a pas le pouvoird’utiliser séparément les élémentsconstitutifs des unités concernées,pas plus qu’il n’inclut en soi lecontrôle administratif ou logistique.Le contrôle opérationnel est unedélégation limitée du comman-dement opérationnel. En particulier,ne sont pas déléguées :d- la définition de la mission ;

e- l’affectation des moyens.

TTA 106

Parlons définitions

Page 19: Heracles_33

Le manuel de tactique générale(FT-02) diffusé par le CDEFréaffirme la primauté du com-

mandement «par objectif», mieuxapproprié au contexte des engage-ments actuels que le commandement«par ordre». Ces notions s’inspirent enpartie des concepts forgés à la fin duXIXème siècle par les penseurs militairesallemands, opposant Auftragstaktik etBefehlstaktik.

Le style de commandement associé àl’Auftragstaktik repose sur la parfaitecompréhension de l’intention du chef etsur l’autonomie accordée aux subordon-nés. Au-delà des affirmations doctrina-les, l’armée de terre se donne-t-elleencore les moyens d’appliquer efficace-ment ce principe ?

L’influence croissante des processus dedécisions «otaniens», les entorses fré-quentes au principe de subsidiaritéainsi que la faiblesse des moyens dévo-lus à l’entraînement des unités consti-tuent autant d’obstacles à un véritablecommandement «par objectif».

La définition française de l’effet majeur,recouvrant en partie celle duSchwerpunkt de la tradition allemande,répond parfaitement aux impératifs dustyle de commandement «par objectif».A contrario, la notion anglo-saxonned’end state, assortie d’une liste exhausti-ve de tâches, n’apparaît pas pleinementcompatible avec le processus décisionnelfondé sur l’effet majeur. La mêmeremarque s’applique aux effect based ope-rations1. Les tentatives pour combinerces méthodes relèvent d’un périlleuxexercice d’équilibrisme intellectuel.

La multiplication des contingencyplans2 ne doit pas susciter d’illusions :la préparation la plus minutieuse ne

permet pas de dissiper le brouillard dela guerre ou d’échapper aux frictions.Selon la formule célèbre, «le plan lemieux préparé ne résiste pas au premiercoup de feu». Il ne s’agit certes pas derenoncer à toute planification, mais biend’inciter nos états-majors à conserverune conscience aiguë du caractère chao-tique de la guerre. Or, cette «culture del’incertitude» ne semble pas toujoursanimer la laborieuse mécanique ota-nienne. L’Auftragstaktik ne vise pas àordonner le chaos, mais plutôt à l'ex-ploiter au détriment de l’adversaire.

Sur les théâtres d’opération, noussommes parfois loin du principe deMoltke : «nicht mehr befehlen als dur-chaus nötig3». L’imbrication fréquentedes niveaux tactique et politico-mili-taire explique sans doute les entravesimposées à la liberté d’action du sub-ordonné. L’allusion récurrente à l’ima-ge du «caporal stratégique» favoriseinsidieusement l’entrisme dans lasphère des petits échelons. La numéri-sation de l’espace de bataille, dont lesatouts sont par ailleurs incontestables,risque d’ouvrir de nouvelles perspecti-ves aux partisans des «rênes courtes».

Enfin, il n’est pas d’Auftragstaktik sansentraînement des subordonnés. Cettecondition sine qua non n’est pas évo-quée dans le FT-02. La baisse de ladisponibilité technique, la mutualisa-tion des parcs, les difficultés d’approvi-sionnement en munitions, les budgetsrestreints et le rythme d’activité ne pla-cent pas toujours les unités dans desconditions favorables à l’entretien desdrills de combats. Ces derniers consti-tuent pourtant l’un des procédés lesplus efficaces pour préparer une troupeà réagir à l’imprévu. Sans cette capaci-té de réaction, pas d’autonomie. Lacomplexité intrinsèque du combat

moderne, nécessairement interarmes,vient encore renforcer la nécessité d’unesolide préparation opérationnelle.

S’il convient donc de se féliciter duchoix doctrinal exprimé dans lemanuel de tactique générale en faveurdu commandement par objectif, ilimporte de rester lucide sur le cheminà parcourir avant de prétendre l’appli-quer efficacement.

CNE Vincent SAMSONCESAT/CSEM/Stagiaire 122e promotion

1 EBO (Effect based operations) : opérations basées surles effets. Concept américain de planification et deconduite des opérations combinant actions militaireset non militaires ; est apparu après la 1ère guerre duGolfe (1991).

2 CONPLAN (Contingency plan) : plan decirconstance. (AAP-6).

3 «Limiter les ordres au strict nécessaire» (Instructiondu 24 juin 1869).

Auftragstaktik, du principe aux réalités

Tribune libre 19HÉRACLÈS N°33JUILLET-AOÛT 2009

Commandement tactique (TACOM)/Tactical command (TACOM)

Autorité déléguée à un comman-dant pour attribuer des tâches auxforces placées sous son commande-ment, en vue de l’accomplissementde la mission ordonnée par l’autori-té supérieure. Celle-ci peut conser-ver ou déléguer le contrôle tactique.

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Contrôle tactique (TACON)/ Tactical control (TACON)

Comprend la direction et le contrôledétaillés, normalement limités auplan local, des mouvements oumanœuvres nécessaires pour exécu-ter les missions ou les tâches assi-gnées.Le contrôle tactique est, en règlegénérale, une délégation limitée ducommandement tactique à un subor-donné pour une tâche spécifique etune durée limitée.

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Parlons définitions

Page 20: Heracles_33

HÉRACLÈS N°33JUILLET-AOÛT 2009Héraclès 20

Paraîtraprochainement !