haut et fort

6
Mandataire d’UN MONDE D’AVANCE PARIS Gouverner…Par des écrans de fumée ! Le rôle des médias, l’aura du pouvoir d’Etat, les complicités des commentateurs ; le pouvoir de droite a les moyens de parler d’autre chose que de ce qui est important, de détourner les yeux de ceux qui souffrent pour leur inventer des « débats », et autres « questions à poser ». Ainsi, la priorité serait de s’interroger sur no- tre « identité nationale », la ficelle est un peu grosse. A quelques mois d’élections majeures, la droite cherche comment sortir de l’ornière du réel pour imposer son agenda, ses thèmes et tenter de ressouder son électorat tout en divisant les couches populaires. La Nation n’est certes pas une question anec- dotique et nous, militants UMA, n’avons pas peur de ce débat. Nous croyons que la Na- tion se confond avec la République car elle est avant tout une communauté de destin, un projet, disons-le, un contrat politique qui exige l’égalité sociale. La question sociale…Voilà la hantise de la Droi- te, voilà ce que sa politique crée de manière mécanique, voilà le débat qu’elle veut empê- cher pour ne pas creuser sa propre tombe. La réalité, c’est que la crise économique et sociale frappe de plein fouet, que le chômage augmente de façon massive malgré les men- songes gouvernementaux, que les PME sont exsangues et que les grandes entreprises en profitent pour « restructurer » leurs activités en les délocalisant. Pour nous la « feuille de route » est claire: face aux mystifications diverses, nous devons rappeler l’unité sociologique profonde des habitants de ce pays, salariés à plus de 80%, et travailler à leur unité politique. Celle-ci ne prendra forme qu’à partir de propositions concrètes assurant l’emploi et des salaires dé- cents. Seule la rupture avec le libre-échange est une alternative, construisons-là ! Certes, l’émiettement de la Gauche actuelle peut être à priori décourageante, les futures élections régionales renforçant ce phénomène. Ne nous trompons pas, ces divisions ne sont que le prélude à la construction de la Gauche de demain. Nous en serons des acteurs volon- taires, unitaires et disons de toutes nos forces aux socialistes, loin de petits vaudevilles sans intérêt, de ne plus faire qu’une seule chose : de la politique ! L’édito de Guillaume Balas L es initiatives se multiplient autour du développement de notre métropole. Nicolas Sarkozy a promis un grand Pa- ris pour faire de la capitale française une métropole compétitive au niveau mondial. Il a multiplié discours, communiqués de presse et a lancé à l’automne 2007 une consultation de 10 équipes composées d’architectes, urbanistes, centres de re- cherche… chargées d’imaginer la capitale post Kyoto. Ne nous y trompons pas ! Cette sur média- tisation et l’affichage des premiers travaux pour début 2012 sont en étroite corréla- tion avec les campagnes électorales à venir. Un grand Paris comme cheval de Troie pour reprendre la capitale à la gauche en 2008 et un Grand Paris remis sur le devant de la scène pour reprendre la Région. Mais s’il est important de dénoncer la manœuvre, la méthode et l’instrumenta- lisation du sujet, il convient surtout de combattre un projet conservateur, an- ti-démocratique et pouvant remettre en cause tout l’équilibre et tous les acquis du vivre ensemble de notre région capitale. UN PROJET DANGEREUX Ce projet est dangereux car il accapare tous les moyens au détriment des autres. Com- ment l’Etat, qui n’arrivait pas ces dernières années à mobiliser suffisamment de fonds pour répondre aux engagements pris sur les transports contractuellement avec la Région, pourrait-il mobiliser 35 milliards si vite ? Le risque est grand de flécher diffé- remment des moyens existants et ainsi de fragiliser d’autres projets. Il est dangereux car il va dans le sens d’une privatisation des bénéfices et d’une mutua- Grand Paris : un projet contre les franciliens Le journal d'Un Monde d'Avance Paris LA GAUCHE DECOMPLEXEE novembre 2009 | numéro 11 A la une 1-2 DOSSIER 3 A PARIS 4 LECTURE Grand Paris et Paris métropole Les sans-papiers Menaces sur l’IVG Après la démocratie, d’Emmanuel TODD

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Le journal d'Un Monde d'Avance de Paris et du 19e

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Page 1: Haut et fort

Mandataire d’UN MONDE D’AVANCE PARIS

Gouverner…Par des écrans de fumée !

Le rôle des médias, l’aura du pouvoir d’Etat,

les complicités des commentateurs ; le pouvoir

de droite a les moyens de parler d’autre chose

que de ce qui est important, de détourner les

yeux de ceux qui souffrent pour leur inventer

des « débats », et autres « questions à poser ».

Ainsi, la priorité serait de s’interroger sur no-

tre « identité nationale », la ficelle est un peu

grosse. A quelques mois d’élections majeures,

la droite cherche comment sortir de l’ornière

du réel pour imposer son agenda, ses thèmes

et tenter de ressouder son électorat tout en

divisant les couches populaires.

La Nation n’est certes pas une question anec-

dotique et nous, militants UMA, n’avons pas

peur de ce débat. Nous croyons que la Na-

tion se confond avec la République car elle

est avant tout une communauté de destin,

un projet, disons-le, un contrat politique qui

exige l’égalité sociale.

La question sociale…Voilà la hantise de la Droi-

te, voilà ce que sa politique crée de manière

mécanique, voilà le débat qu’elle veut empê-

cher pour ne pas creuser sa propre tombe.

La réalité, c’est que la crise économique et

sociale frappe de plein fouet, que le chômage

augmente de façon massive malgré les men-

songes gouvernementaux, que les PME sont

exsangues et que les grandes entreprises en

profitent pour « restructurer » leurs activités

en les délocalisant.

Pour nous la « feuille de route » est claire:

face aux mystifications diverses, nous devons

rappeler l’unité sociologique profonde des

habitants de ce pays, salariés à plus de 80%,

et travailler à leur unité politique. Celle-ci

ne prendra forme qu’à partir de propositions

concrètes assurant l’emploi et des salaires dé-

cents. Seule la rupture avec le libre-échange

est une alternative, construisons-là !

Certes, l’émiettement de la Gauche actuelle

peut être à priori décourageante, les futures

élections régionales renforçant ce phénomène.

Ne nous trompons pas, ces divisions ne sont

que le prélude à la construction de la Gauche

de demain. Nous en serons des acteurs volon-

taires, unitaires et disons de toutes nos forces

aux socialistes, loin de petits vaudevilles sans

intérêt, de ne plus faire qu’une seule chose :

de la politique !

L’édito de Guillaume Balas

Les initiatives se multiplient autour du

développement de notre métropole.

Nicolas Sarkozy a promis un grand Pa-

ris pour faire de la capitale française une

métropole compétitive au niveau mondial.

Il a multiplié discours, communiqués de

presse et a lancé à l’automne 2007 une

consultation de 10 équipes composées

d’architectes, urbanistes, centres de re-

cherche… chargées d’imaginer la capitale

post Kyoto.

Ne nous y trompons pas ! Cette sur média-

tisation et l’affichage des premiers travaux

pour début 2012 sont en étroite corréla-

tion avec les campagnes électorales à venir.

Un grand Paris comme cheval de Troie pour

reprendre la capitale à la gauche en 2008

et un Grand Paris remis sur le devant de la

scène pour reprendre la Région.

Mais s’il est important de dénoncer la

manœuvre, la méthode et l’instrumenta-

lisation du sujet, il convient surtout de

combattre un projet conservateur, an-

ti-démocratique et pouvant remettre en

cause tout l’équilibre et tous les acquis du

vivre ensemble de notre région capitale.

UN PROjET DANGEREUx

Ce projet est dangereux car il accapare tous

les moyens au détriment des autres. Com-

ment l’Etat, qui n’arrivait pas ces dernières

années à mobiliser suffisamment de fonds

pour répondre aux engagements pris sur

les transports contractuellement avec la

Région, pourrait-il mobiliser 35 milliards si

vite ? Le risque est grand de flécher diffé-

remment des moyens existants et ainsi de

fragiliser d’autres projets.

Il est dangereux car il va dans le sens d’une

privatisation des bénéfices et d’une mutua-

Grand Paris : un projet contre les franciliens

Le journal d'Un Monde d'Avance ParisLA GAUCHE DECOMPLEXEE novembre 2009 | numéro 11

A la une

1-2

DOSSIER

3

A PARIS

4

LECTURE

Grand Paris et

Paris métropole

Les sans-papiers

Menaces sur l’IVG

Après la démocratie,

d’Emmanuel TODD

Page 2: Haut et fort

Jean Naem,

Président du cabinet Maât Conseil*

Quels sont pour vous les premiers enjeux en

terme de logement en Ile-de-France ?

Quantitativement, l’Ile de France concentre

les deux tiers de la demande de logement en

France. La Région est le cœur de la produc-

tion immobilière sociale…La jeunesse est en

île de France plus qu’ailleurs victime de la

crise à travers le prix du logement. Se loger,

encore plus devenir propriétaire est si diffi-

cile, que des mouvements de population vers

l’Ouest de la France, et la grande périphérie

continuent de s’observer.

Qualitativement, les enjeux concernent la

construction neuve, le renouvellement ur-

bain, la réhabilitation de l’habitat indigne.

Qu’il s’agisse de faire de la ville sur la ville,

d’aménager des friches, valoriser les ban-

lieues, aménager du foncier, la Région vit un

paradoxe : son réseau de transport est dense

et performant, ses équipements publics sont

nombreux et malgré cela la production de lo-

gements est complexe et coûteuse. La Région

a besoin de mieux répartir les logements, or-

ganiser la solidarité des territoires, favoriser

la mixité en ouvrant des quartiers aisés au

logement social et en requalifiant les friches

et les banlieues défavorisées.

En quoi le Grand Paris peut-il répondre aux

problématiques du logement ?

Une perception « Métropolitaine » de la Ca-

pitale s’impose pour trois raisons objectives:

1 – L’extrême densité urbaine de Paris et

l’évident besoin de penser au delà du péri-

phérique.

2- La nécessité d’une solidarité avec les com-

munes limitrophes et de créer des conurba-

tions urbaines avec elles, comme entre les

Batignolles et Clichy, Tolbiac et Ivry…

3- Le rééquilibrage entre l’Est où l’on habite

et l’Ouest où l’on travaille. Il faut aussi faire

le parallèle avec la connotation sociale des

territoires qui accompagne ce déséquilibre

géographique.

Une vision Grand Paris technocratique paraît

vouée à l’échec, s’il n’y a pas l’adhésion des

collectivités locales, des habitants et des ac-

teurs économiques.

* Maât Conseil est le premier cabinet de

conseil spécialisé dans l’habitat social.

lisation des charges. Les collectivités de-

vront demain récupérer le «grand huit», la

fameuse rocade métro, et payer son exploi-

tation sans avoir été associées en amont.

Il est dangereux car il oppose les uns aux

autres. Les experts sont porteurs de la

décision, alors que le droit des citoyens

recule. La loi sur le grand Paris affiche un

régime dérogatoire dont la justification est

la rapidité. Or dans les faits ce sont les pha-

ses de concertation qui sont regroupées et

mises sous tutelle de l’Etat pour gagner du

temps. Le STIF est dépossédé alors que la

décentralisation le rendait aux collectivités

pour rapprocher la décision des usagers.

Par ailleurs ce projet oppose également

les entreprises internationales aux PME et

entreprises franciliennes, et les usagers des

transports actuels à ceux des nouvelles zo-

nes de demain. La construction d’un projet

en opposant une partie de la population à

une autre ne peut nous grandir. Quand ce

sont les franciliens eux-mêmes qui ne sont

pas entendus sur leur difficulté quotidienne

c’est notre vivre ensemble qui régresse.

Il est dangereux enfin car au-delà de

l’image et de l’infrastructure de transport

aucune autre ambition n’émerge. Depuis la

phase de consultation et l’engouement des

franciliens autour de l’exposition au palais

de Chaillot, une simple loi portant sur une

infrastructure de transport ! Qu’en est-il

de toutes ces idées, cette vie proposées

par les concepteurs ? Le déplacement des

gares de l’est et du nord à Aubervilliers de

Portzamparc ? Le Grand Paris « des poètes,

de la dérive, de la flânerie et du voyage »

qui n’en oublie pas la cohésion sociale et

les quartiers sensibles? La ville sans voiture

de Rogers ? Nicolas Sarkozy n’en dit plus

rien! Nouvelle opération de communication

certainement et un pari raté incontestable-

ment !

DES MéThODES ARChAïQUES hORS

ENjEUx

Pari raté car après un discours d’union na-

tionale au regard de l’urgence, il n’en ressort

que le régime dérogatoire revenant sur les

principales avancées démocratiques de ces

dernières années et sur la décentralisation

qui se consolidait chaque jour. S’y ajoutent

les tentatives d’étranglement financier des

collectivités locales comme la réforme de la

taxe professionnelle, les transferts de char-

ges non financés, etc.

Pari raté du grand Paris car la capitale post

Kyoto ne peut se résumer à une infrastruc-

ture desservant quelques pôles dit « de

développement » sans répondre aux en-

jeux de notre territoire. La question d’une

mobilité durable passe par une réduction

massive de la place de la voiture, ce qui

suppose d’avoir un programme massif d’in-

vestissement des transports en commun

en banlieue, qui supportent aujourd’hui

70% des déplacements quotidiens. Cela im-

plique également une desserte des territoi-

res habités et enclavés comme le propose

Roland Castro avec un tramway des zones

sensibles.

Ce projet ne répond pas à l’urgence du lo-

gement : rien pour répondre à la situation

de mal logés, des ménages étranglés par

les loyers, des sans abri, ou encore de tous

ceux qui, ne pouvant déménager, vivent

leur quartier comme un habitat de reléga-

tion. Qui pourrait croire que les futures zo-

nes urbanisables surtaxées pour financer le

grand huit pourront rester dans des coûts

compatibles avec des programmes de loge-

ments sociaux ? Comment penser que ce

gouvernement qui s’accroche au bouclier

fiscal ne favorisera pas demain les promo-

teurs au détriment des bailleurs ?

Ce projet s’oppose à un projet durable,

solidaire et concerté comme l’a initié Pa-

ris Métropole. Face à un projet porté par

une structure technocratique comme dans

les années 60, Paris Métropole réunit sur

la base du volontariat plus d’une centaine

de collectivités franciliennes de tout bord.

Syndicat d’étude aujourd’hui, structure de

projet demain telle devra être l’ambition de

cette métropole dont les premières priori-

tés doivent être le logement pour tous, la

mobilité durable, la création d’emploi, la

cohésion sociale et les péréquations finan-

cières nécessaires. Ce sont bien nos valeurs

qui permettront à Paris de grandir !

>> Suite de la page 1 | Grand Paris : un projet contre les franciliens

2 questions à ...

Page 3: Haut et fort

A deux reprises en quelques jours,

l’Elysée a suggéré aux produc-

teurs de légumes de recourir à des

contrats précaires de type Bolkenstein

pour embaucher, à vil prix, des travailleurs

d’Europe centrale.

On se souvient de la façon dont furent vili-

pendés les adversaires de la tristement fa-

meuse directive « Services » : tous ceux qui

s’opposaient à la perspective d’un dumping

social généralisé en Europe au nom de la

concurrence « libre et non faussée » et qui

souhaitaient, au contraire, une Europe du

progrès social furent traités d’anti-euro-

péens.

Il semble aujourd’hui avéré que l’Elysée fait

le forcing pour que le syndicalisme agricole

apporte sa caution à la mise en œuvre d’un

système de précarisation massive et de

sous-rémunération des salariés de l’agricul-

ture. Cette offensive pèse déjà sur les pays

qui ont transposé en droit intérieur la di-

rective Bolkenstein, amendée et finalement

votée par une majorité de parlementaires

européens, dont ceux de la droite françai-

se. Les dégâts qu’elle occasionne vont bien

au-delà de la baisse des coûts du travail

saisonnier dans les serres, les champs de

légumes et les vergers.

En Allemagne par exemple, les porcheries

industrielles, les abattoirs et leurs ateliers

de découpe fonctionnent désormais avec

de plus en plus de main-d’œuvre polonaise,

roumaine ou bulgare. L’absence de salaire

minimum dans les Länder facilite le déve-

loppement de ces pratiques. Cette main-

d’œuvre est cantonnée dans des contrats

précaires renouvelables. Elle effectue les

tâches les plus difficiles et les plus faible-

ment rémunérées. Selon une étude rendue

publique par l’Institut français du porc, le

17 février dernier, dès 2008 plus de 2/3 des

salariés de l’industrie de la viande porcine

étaient en Allemagne des travailleurs d’Eu-

rope centrale recrutés par le biais de pres-

tataires de service. Le coût de cette main-

d’œuvre était de 7 € de l’heure pour les

industriels allemands de la découpe, contre

15 € pour les nationaux et 20 € en France.

Ce système gagne actuellement plusieurs

pays européens comme l’Irlande, le Royau-

me-Uni, l’Espagne ou le Danemark.

Fort de l’argument qui fait mouche – « la

compétitivité de la France » -, Sarkozy a

demandé à son ministre de l’Agriculture,

le 27 octobre dernier à Poligny, d’examiner

comment, dans les autres pays européens,

«on organise la main-d’œuvre étrangère».

En d’autres termes, si ces derniers pro-

fitent d’un système à bas coût, la France

s’alignera pour éviter toute « distorsion de

concurrence » à l’intérieur du marché euro-

péen. Ce choix est celui de la surexploita-

tion d’une « main-d’œuvre étrangère ». En

ces temps de débat sur l’identité nationale,

l’expression n’est pas neutre.

Proposer aux agriculteurs d’implanter des

agences intérimaires qui leur fourniront

une main-d’œuvre sous-payée en Pologne

ou en Roumanie ne relève pas de la simple

provocation. Il s’agit d’un choix politique et

idéologique. Ce choix, c’est celui qui préva-

lait en 2006 quand la directive Bolkenstein

fut proposée aux parlementaires euro-

péens. Elle avait alors soulevé un tollé dans

le monde du travail. Et au-delà.

La réponse des producteurs français à cette

proposition de « faire venir des intérimaires

polonais aux conditions du pays d’origine »

pour travailler dans les champs de légumes

et dans les serres de l’Hexagone, exprimée

par la voix de Denis Digel, producteur al-

sacien et administrateur de Légumes de

France, un syndicat spécialisé de la FNSEA,

est négative. Cette proposition ne répond

pas à ce que souhaite la profession qui se

bat, avec raison, pour le développement de

l’emploi local.

Recruter des travailleurs étrangers et les

rémunérer au tarif de leur pays d’origine

serait l’équation gagnante ? Mais pour qui?

Faute de pouvoir délocaliser certaines pro-

ductions agricoles aussi facilement que des

activités industrielles et de services, l’Eu-

rope délocalise les travailleurs dans le but

de réduire encore la part des salaires dans

la valeur ajoutée. C’est le sens véritable de

la proposition faite par Sarkozy dans son

discours de Poligny.

Nous voulons, nous socialistes, une autre

Europe. Et nous revendiquons, avec force,

un salaire minimum européen et l’harmoni-

sation, par le haut, des niveaux de protec-

tion sociale.

Jean-Paul Courbebaisse

Le retour de BolkesteinA la une

novembre 2009

LES PAgES D’UN MONDE D’AvANCE 19e

Page 4: Haut et fort

5760

C’est le nombre de votants

qui ont participé à la vota-

tion citoyenne dans le 19e

arrondissement pour refu-

ser la privatisation de La

Poste. Aujourd’hui la cam-

pagne «j’écirs au président

continue» pour demander à

Nicolas Sarkozy d’organiser

un référendum national sur

cette question.

Taxer les indemnités perçues par les acci-

dentés du travail, c’est la dernière mesure

proposée par les députés UMP.

En plus d’être malades, parfois lourdement handi-

capés, reconnus en incapacité temporaire ou défi-

nitive, vivant dans l’incertitude du lendemain, ne

percevant plus que 80 % puis 60 % de leur salaire,

les accidentés du travail devraient aussi consentir

à une taxation de leur revenus.

Cela rapporterait 150 millions d’euros…une

goutte d’eau comparée aux 11 milliards pour les

réductions d’impôt prévues par le bouclier fiscal.

Une mesure d’équité ?

Ce projet est juste le reflet de la politique mise

en place par le gouvernement et notamment l’af-

faiblissement du monde du travail et, encore une

fois, la remise en cause du principe de solidarité

de notre système de protection sociale.

L’amendement relatif à cette mesure a déjà été

adopté à l’assemblée nationale le 13 novembre,

alors ne perdons plus de temps et signons la pé-

tition contre ce projet scandaleux sur www.non-

taxation-at.net.

Tous les partis de gauche se sont déjà opposés à

ce projet et se réuniront lors d’un meeting uni-

taire le mercredi 1er décembre à 19H, à la salle

Jean Dame (17 rue léopold bellan 75002 Paris),

métro sentier.

Benoit Hamon (PS), Olivier Besancenot (NPA),

Pierre Laurent (PCF), Jean-Luc Mélenchon (Pg),

Nathalie Arthaud (LO), Martine Billard (députée

écologiste) seront notamment présents.

Le PS participe aux cotés des syndicats, asso-

ciations et autres partis de gauche au col-

lectif unitaire de soutien aux sans-papiers se

battant pour leur régularisation. grâce au travail

du collectif, un vœu soutenant les sans papiers

a été proposé et voté par les élus de gauche au

conseil d’arrondissement du 16 novembre. Les

salariés de TFN (nettoyage) et de la suburbaine

(chantier du tramway) sont en grève dans le XI-

Xème. Des nuits blanches sont organisées chaque

semaine (ce vendredi 27) Porte des Lilas pour per-

mettre aux habitants de montrer leur solidarité.

Nous avons vu dimanche lors des six heures pour

le Droit des Enfants au 104 que le combat de RESF

rejoint la lutte des travailleurs sans papiers. C’est

bien toute la politique de chasse aux sans papiers

menée par la droite qui révolte une grande partie

de nos concitoyens.

Xavier Darcos propose de fermer administrative-

ment les entreprises employant des sans papiers.

Il ne faut pas tomber dans le piège du gouverne-

ment insinuant que l’emploi des sans papiers est

uniquement le fait de petites ou moyennes entre-

prises. La « rationalisation » de l’organisation des

grandes entreprises leur permet de ne pas être

responsable des sans papiers en laissant le soin

aux sous traitants de les engager.

Les donneurs d’ordre sont bien vinci, Eiffage ou

Bouygues dont un chantier emblématique, la tour

Axa à la Défense, a été réoccupé ce lundi 24.

C’est bien une délocalisation sur place qui a lieu,

permettant d’avoir des salariés sous payés et li-

cenciables à merci.

Le PS demande, aux cotés des organisations syn-

dicales, une nouvelle circulaire de régularisation

des travailleurs sans papiers.

On bosse ici, on vit ici, on reste ici ! Régularisation

de tous les sans papiers !

le CHiffre

en bref

25 novembre, Journée inter-

nationale pour l’élimination

de la violence à l’égard des

femmes

Hier, 25 novembre s’est tenu

une mobilisation devant l’as-

semblée nationale contre les

violences faites aux femmes.

En 2009, en France, elles sont

91% des victimes de violences

conjugales qui causent un

décès tous les deux jours et

demi.

L’image des femmes dans les

medias, trop souvent réduite

à celle de femme objet, dénu-

dée ou renvoyée à la sphère

domestique s’occupant de la

lessive, de préparer à manger

pour la famille.

C’est l’objet du dossier du

numéro 3 d’Osez le féminisme

à lire sur

www.osezlefeminisme.com.

www.unmondedavance.

paris-19.fr

unmondedavance .pa -

[email protected]

opposons nous à la taxation des accidentés du travail !!

le point sur la mobilisation du collectif XiXe

ConTaCTs

Mobilisations

Sans-papiers

Page 5: Haut et fort

36 à 46

milliards d’euros

C’est le montant annuel de la

fraude fiscale en France selon

la commission européenne,

soit trois fois le déficit de la

sécurité sociale...A quand de

vrais mesures contre les pa-

radis fiscaux ?

Depuis le début du mois d’octobre, 4800 tra-

vailleurs sans-papiers franciliens sont en

grève pour obtenir leur régularisation. Ce mou-

vement soutenu par un front d’associations et

de syndicats* fait écho à la grande mobilisation

d’avril 2008 qui avait vu pour la première fois

des sans-papiers recourir à la grève pour

faire valoir leurs droits. Ces mouve-

ments s’appuient sur une circulaire

de janvier 2008 qui énonce les

conditions de délivrance, au cas

par cas, d’un titre de séjour pour

les travailleurs sans-papiers.

Ces derniers, au même titre que

n’importe quel salarié, cotisent pour la

sécurité sociale, la retraite, le chômage, décla-

rent des impôts… En revanche, ils ne peuvent pas

bénéficier de la protection sociale en retour. Sans

droit, en l’absence de papiers et à cause de la po-

litique migratoire de Nicolas Sarkozy, ils doivent

faire face à une extrême précarité et sont soumis

à tous les chantages par les employeurs : heures

de travail à rallonge, heures supplémentaires non

payées, changement arbitraire de poste, licencie-

ment camouflé… Ils n’ont aucune possibilité de

se défendre à cause de la menace d’expulsion qui

pèse sur eux.

Depuis 2002, Sarkozy a multiplié les lois répres-

sives à l’encontre des immigrés. Ces lois ne ré-

duiront pas le nombre d’immigrés qui viennent

en France, mais elles criminalisent, à chaque fois

davantage, les migrants. Au-delà du calcul élec-

toral qui vise à contenter les électeurs du

Front National, cette politique migra-

toire a une réalité économique : Elle

permet d’offrir au patronat une

main d’œuvre corvéable à merci,

contrainte d’accepter des condi-

tions de travail en deçà de ce que

permet le droit du travail français.

Nicolas Sarkozy organise ainsi une

sorte de « délocalisation sur place »

avec la surexploitation des travailleurs

sans-papiers.

Avec les syndicats et les associations, nous réaf-

firmons qu’il faut régulariser tous les travailleurs

sans-papiers.

* CGT, CFDT, Union Syndicale Solidaires, la FSU, l’UNSA,

la LDh, la CIMADE, RESF, Femmes Egalité, Autremonde et

Droits devants.

Pour aller plus loin :

>> ICI, le journal des travailleurs sans-papiers en grêve

>> La pétition http://www.travailleurssanspapiers.org

Alors que les acteurs de terrain nous alertent

quant à la recrudescence de grossesse non

désirées chez les très jeunes femmes, force est de

constater que l’accès à la contraception et le droit

à l’avortement sont de plus en plus malmenés :

les fermetures de Centres de Planning familiaux

s’enchaînent, les centres IVG se raréfient.

Aujourd’hui, le principal obstacle au droit des

femmes à disposer de leur corps est la logique

financière qui gouverne la Politique de santé gou-

vernementale. Rappelons que la Loi de Finances

2009 a supprimé près de la moitié (42%) des

crédits alloués au conseil conjugal et familial : ce

désengagement de l’Etat stigmatise son abandon

du devoir de prévention, d’information et d’édu-

cation à la sexualité.

Parallèlement, le re-

groupement des sites

hospitaliers s’accom-

pagne de la disparition

progressive des cen-

tres IVG, considérés

comme peu rentables

: à Paris et en petite

couronne, 4 centres sont fermés ou sur le point

de l’être. Dans les centres maintenus, les temps

de prise en charge s’allongent mettant en danger

le respect du délai légal et ainsi le droit à l’IVG.

Ainsi en va t-il des inquiétudes qui pèsent sur le

regroupement « Trousseau-Tenon-Saint-Antoine-

Rotschild », d’autant que ces établissements as-

surent l’accueil de populations fragiles issues de

l’Est parisien mais aussi souvent des communes

limitrophes.

Si le planning familial de l’hôpital Tenon a pu être

sauvé grâce à la mobilisation des associations et

des élus, la bataille est aujourd’hui en cours pour

que le centre IVG aujourd’hui fermé soit réouvert

à la fin des travaux de rénovation du pôle ma-

ternité-gynécologie-obsétrique. De même, des

menaces pèsent sur le pôle voisin et bientôt ju-

melé de l’hôpital Saint-Antoine qui pourrait être

considérablement amputé.

Plus que jamais, nous devons rester mobilisés aux

côtés des organisations pour protéger la qualité

de l’offre de santé parisienne et contribuer ainsi à

éviter la régression des droits des femmes.

LE ChIFFRE

En baisse

Racisme décomplexé

Le Président de la République, lors

de la remise de la légion d’honneur

à Dany Boon. « fils d’un kabyle

[…] ça commençait pas terrible.

[…] Daniel hamidou, ça s’aggravait

de plus en plus. hamidou quand

même, faire carrière avec ça… ».

Après hortefeux, le chef de l’Etat

s’y met, et installe très tranquille-

ment un racisme d’Etat. Et c’est ça

notre « identité nationale » ???

En hausse

Les droits des détenus

Pour la première fois, le Tribunal

Administratif de Rouen a condam-

né l’Etat pour mauvaises condi-

tions de détention. Un jugement

qui constitue un nouveau levier

pour lutter contre le scandale des

prisons françaises.

+ d’infos : Oip.org

A suivre...

Le congrès de la CGT, du 6 au 10

décembre à Nantes. Au program-

me : une modification des structu-

res pour s’adapter aux évolutions

du monde du travail et mieux

défendre les salariés précaires, des

débats sur la stratégie syndicale

face au gouvernement.

1er décembre: meeting unitaire

contre la taxation des acciden-

tés du travail. A 19h, à la salle

jean Dame (17 rue Léopold Bellan

75002 Paris)

3 décembre: Vote sur les listes aux

élections régionales

13 décembre: Manifestation natio-

nale pour la défense de La Poste

Il faut régulariser les travailleurs sans-papiers

Menaces sur la santé et le droit des femmes

AGENDA

Mobilisations

IVG

Page 6: Haut et fort

La motion C «Un Monde d’Avance» a

rassemblé plus de 23% des militants

socialistes lors du congrès de Reims

autour de la candidature de Benoît hA-

MON au poste de 1er secrétaire.

A Paris, nous sommes présents dans

l’ensemble des sections.

Notre courant se caractérise par sa vo-

lonté d’ancrage à gauche et de renou-

vellement du Parti socialiste. Ancrage à

gauche car, à l’heure où la crise finan-

cière met à jour les ravages du capita-

lisme financier, nous considérons que

c’est la gauche qui incarne la moder-

nité, loin du diktat libéral du « toujours

moins d’Etat ». Ainsi, nous proposons

des solutions nouvelles permettant de

réarmer la puissance publique, s’articu-

lant autour de 3 piliers:

>> La nécessité de mettre des restric-

tions au libre échange au niveau euro-

péen pour lutter contre le dumping

social et fiscal et les délocalisations

>> La défense et l’extension des servi-

ces publics

>> La redistribution des richesses du

capital vers le travail pour garantir que

les nouvelles richesses produites profi-

tent aux salariés et pas aux action-

naires.

Nous voulons renouveler le parti socia-

liste pour en finir avec la notabilisation

et renouer avec les classes populaires.

Nous proposons par exemple de créer

un grand parti de gauche regroupant

l’ensemble de la gauche de gouverne-

ment, ou encore de limiter le cumul

des mandats afin d’être à l’image de

la société française.

Guillaume Balas, Sophie Binet, Sandrine

Charnoz, Virgine Daspet, Damien

Flament, Vincent jarousseau.

APRèS LA DéMOCRATIE

Un an après la crise des subprimes, alors

que les leçons de la crise semblent déjà

oubliées, la lecture du dernier livre d’Em-

manuel TODD fait du bien.

Ecrit avant la crise, l’ouvrage l’anticipe en

analysant l’élection de Nicolas Sarkozy

comme le révélateur d’une crise profonde

de la société française et d’un ébranlement

général de la démocratie.

PESSIMISME CULTUREL

L’originalité de la thèse de TODD est de

mettre en relation le développement dé-

mocratique d’une société à son niveau

éducatif. C’est la stagnation éducative qui

prévaut depuis 10 ans qui permet d’ex-

pliquer en partie la crise que nous vivons

et le « pessimisme culturel ». Bien loin de

l’objectif de 80% d’une classe d’âge au

bac, nous stagnons à 63%, avec seulement

34% de bacheliers généraux. Représentant

30% d’une génération, l’élite qui accède

aujourd’hui à l’enseignement supérieur est

suffisamment nombreuse pour vivre repliée

sur elle-même, en plein « narcissisme ».

Enrichissant son discours d’une analyse de

l’évolution des modèles religieux et fami-

liaux, Emmanuel Todd rappelle ensuite que

la démocratie achevée du milieu du xx°

siècle s’appuyait sur la nécessaire coïnci-

dence des espaces économiques, sociaux et

politiques dans le cadre national. Le libre-

échange a fait exploser ce lien régulateur

par la globalisation.

EThNICISATION OU LUTTE DES CLASSES ?

Comme en 1929, les sociétés qui sont

confrontées à une crise de leur système

économique ont toujours le choix entre ré-

gler leurs problèmes économiques ou cher-

cher des bouc-émissaires: l’Allemagne est

partie dans la direction du bouc-émissaire,

les Etats-Unis par contre ont élu Roosevelt,

et la France le Front Populaire. Ainsi en

France aujourd’hui, l’alternative est simple:

une ethnicisation de la société, portée par

Nicolas Sarkozy, conduisant à faire de l’im-

migré un bouc émissaire, ou un renforce-

ment de la logique de lutte des classes.

POUR UN PROTECTIONNISME EUROPéEN

L’enjeu pour la gauche apparaît alors clair:

recréer un front rassemblant les classes

populaires et les classes moyennes sur les

questions économiques et sociales, avec au

cœur de son projet la mise en place d’un

protectionnisme à l’échelle européenne. En

effet, la crise actuelle résulte d’une crise

de la demande intérieure, écrasée par la

baisse du pouvoir d’achat des ménages. La

mécanique fondamentale du libre-échan-

ge, c’est l’introduction dans chacun des

pays des inégalités qui existent à l’échelle

mondiale, donc l’écrasement des salaires.

Le seul moyen de sortir de cette spirale

infinie de l’alignement vers le bas, c’est la

mise en place d’outils de protection des

modèles sociaux. Ainsi, non seulement le

protectionnisme protège les populations

du dumping social, mais il force les pays

émergents à faire reposer leur croissance

sur la demande intérieure, et donc à aug-

menter les salaires.

Après la démocratie d’Emmanuel Todd

A LIRE

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