hammamet & la goulette dolphinariums - c yzoard 2009

39
, & &Potentiel de l'observation commerciale des dauphins sauvages en Tunisie Avec le soutien de: Document élaboré par Chloé Yzoard, Réseau-Cétacés © Juin 2009 Association Réseau-Cétacés 3, Rue de la Solidarité 92120 Montrouge www.reseaucetaces.fr Tél : 01 47 35 87 08 - Fax : 0 25 21 04 78 1 PROBLÉMATIQUE DES CÉTACÉS EN CAPTIVITÉ

Upload: hedi-zarkouna

Post on 24-Sep-2015

16 views

Category:

Documents


0 download

DESCRIPTION

Delphins

TRANSCRIPT

  • ,&

    &Potentiel de l'observation commerciale des dauphins sauvages en Tunisie

    Avec le soutien de:

    Document labor par Chlo Yzoard, Rseau-Ctacs Juin 2009Association Rseau-Ctacs

    3, Rue de la Solidarit92120 Montrouge

    www.reseaucetaces.frTl : 01 47 35 87 08 - Fax : 0 25 21 04 78

    1

    PROBLMATIQUE DES CTACS EN CAPTIVIT

  • Conception, rdaction et photographies:Chlo YZOARD

    Rseau-Ctacs, association franaise loi 1901, fonde en 1989:

    d'intervenir dans les runions internationales, auprs des mdias, des collectivits etc pour mobiliser l'opinion lorsqu'une menace pse sur les Ctacs ou leur environnement ou afin de diffuser une information importante.

    de mettre sur pied des campagnes afin de convaincre les gouvernements de renoncer aux pches non slectives et de soutenir des programmes de pche en harmonie avec le milieu marin.

    de mettre en place un rseau informatif afin de dnoncer les conditions de captivit des Ctacs dans le but de mettre un terme dfinitif leur capture et d'obtenir la fermeture ou la reconversion des delphinariums et la remise en libert des dauphins, orques, marsouins, blugas captifs.

    de mettre en place un plan d'action afin de lutter contre les massacres de Ctacs perptus notamment au Japon, au Prou et aux Iles Fro.

    le suivi rgulier des dauphins dits ambassadeurs , Dony/Randy & Jean-Floc'h , la diffusion de l'information leur sujet au public et aux autorits et la gestion des problmes inhrents aux particularits de ces deux dauphins.

    Membre du Comit de Vigilance et d'Action pour le bien-tre animal.

    2

  • INDEXINTRODUCTION 4

    1. LE GRAND DAUPHIN: ESPCE PROTEGE 51.1 Protection 5 1.1.1 En Tunisie 5 1.1.2. En Europe 5

    1.2 Exploitation commerciale 6 1.2.1 Rglementations 6 1.2.2 Normes 7

    2. LINDUSTRIE DU DAUPHIN-CLOWN 82.1 Un sourire fictif 82.2 Le business de la captivit 82.3 Valeur ducative 92.4 Considrations thiques 92.5 Prises de position hors-frontires 10

    3. SEVRAGE DU DAUPHIN SAUVAGE 133.1 Approvisionnement 133.2 Capture 133.3 Dsensibilisation 143.4 Confinement 15

    4. CONSQUENCES DE LA CAPTIVIT 164.1 Survie et longvit 164.2 Causes de mortalit 164.3 Stress 184.4 levage en bassin 194.5 Comportement anormal 20

    5. DELPHINARIUMS HAMMAMET & LA GOULETTE 21 5.1 Hammamet 22 5.2 Le projet " Sea World Complex " 22 5.3 Delphinarium de La Goulette 22 5.4 Delphinariums en Tunisie 23

    6. DOLPHIN-WATCHING EN TUNISIE 246.1 cotourisme et dolphin-watching 246.2 Les ctacs de Tunisie 24

    6.3 Potentiel du dolphin-watching en Tunisie 25 6.4 Mise en place et impacts 27 6.4.1 Dveloppement socio-conomique 27 6.4.2. Interaction dauphin/pcheurs 27 6.4.3. Conservation 28 6.4.4. Recherches scientifiques 28 6.4.5. ducation 29 6.4.6. Rglementations 30

    CONCLUSIONS 31

    RECOMMENDATIONS 32

    BIBLIOGRAPHIE 33

    ANNEXE. Principes gnraux pour l'observation des ctacs, CBI, 1997 37

    3

  • Dans le cadre d'un partenariat tuniso-tchque, la ralisation d'un complexe touristique, comprenant un delphinarium et un aqua-parc, a rcemment dbut Hammamet, en Tunisie. La construction du complexe vise augmenter la capacit d'hbergement et accrotre les offres rcratives sur le site touristique. Le futur complexe comprendra des structures immobilires, htelires, commerciales ainsi que des units d'animations aquatiques et un bassin dauphins. Paralllement, un groupe tunisien prvoit galement de construire un delphinarium La Goulette.

    ce jour, il n'existe aucun delphinarium en Tunisie. Certains Tunisiens ont dj formul leur opposition face l'implantation de ce type d'attraction sur leur territoire. L'tablissement de delphinariums sur le territoire tunisien va lencontre de la tendance actuelle qui voit la fermeture progressive des attractions dtenant des dauphins captifs, et lmergence de lgislations visant proscrire le futur dveloppement des delphinariums. Ce divertissement repose sur la prsentation de spectacles peu ducatifs, caractre souvent anthropomorphique, raliss par des dauphins dresses, ns a l'tat sauvage ou en captivit. Le grand dauphin (Tursiops truncatus) est le ctac le plus commun dans les parcs internationaux. Sur la base de rcentes donnes scientifiques sur cette espce, la capture et le maintien de spcimens sauvages en captivit sont dsormais discuts. Ce prdateur peut parcourir des dizaines de kilomtres quotidiennement et vit au sein de groupes sociaux la structure complexe et mobile.

    Les recherches scientifiques menes en milieux naturel et artificiel ont permis dapprofondir les connaissances sur la biologie, le comportement et les exigences cologiques du grand dauphin. Lincompatibilit de lanimal pour le confinement en bassin a t soulign par un nombre dtudes scientifiques et par le recul des soixante annes d'opration des parcs aquatiques. Elles ont mis en vidence un nombre de problmes lis au maintien de lespce en captivit. Les spcimens captifs supportent difficilement les contraintes d'espace, l'eau traite, l'alimentation base de poissons morts enrichis en vitamines, les groupes sociaux artificiels et l'obligation de prsenter les spectacles en change de rcompenses alimentaires.

    Sur la base de ces connaissances, lusage du ctac des fins commerciales est devenu moralement contestable. La prise de conscience de ces lments a engendr plusieurs prises de positions internationales contre les delphinariums. Ces dcisions s'appuient sur des travaux de commission dexperts charges dtudier la problmatique du dauphin en captivit. Les difficults dadaptation, jusquaux rpercussions des captures sur les populations sauvages amnent aujourd'hui croire que les justifications conomiques, scientifiques, ducatives, ou de divertissement, ne sont plus suffisantes pour soutenir l'ouverture de nouveaux delphinariums, comme celui de Hammamet ou de Tunis.

    Ce rapport vise fournir une synthse sur la protection du grand dauphin et sur la problmatique de l'espce en captivit. L'ouverture de delphinariums Hammamet et La Goulette implique l'usage non thique de dauphins capturs en milieu sauvage. Ce rapport dveloppe son opposition au projet et propose l'alternative du dolphin-watching responsable. Cette branche de l'cotourisme permet d'assurer l'exploitation commerciale et durable des ctacs, comme ressources halieutiques, via l'observation des spcimens sauvages dans leur milieu. Le grand dauphin, espce commune du littoral tunisien, fait l'objet de frquentes observations par les touristes et les pcheurs. Le dolphin-watching responsable reprsente une opportunit de dveloppement conomique, scientifique et ducatif long terme pour les habitants de Hammamet, de Tunis et des autres villes du littoral.

    4

    INTRODUCTION

  • 1. 1 Protection

    Les populations sauvages de grands dauphins (Tursiops truncatus) bnficient dune protection en Tunisie, en Europe, et sur le plan international. Un grand nombre de lois, de conventions, et d'accords visent assurer la protection et la conservation de lespce et de son habitat naturel.

    1.1.1 En Tunisie

    En Tunisie, les dauphins bnficient d'une protection totale de la loi dans l'ensemble des eaux territoriales. Elle est notamment assure par la Loi n 94 13 du 31 janvier 1994 sur l'exercice de la pche, et par l'arrt ministriel du 28 septembre 1995, rgissant l'organisation de l'exercice de la pche. La lgislation tunisienne interdit la capture des ctacs dans ses eaux territoriales, leur commercialisation, et leur dtention en captivit (International Workshop on bycatch within the ACCOBAMS Area, Septembre 2008). Les rglementations interdisent galement l'usage et la dtention de certains engins de pche, tels les filets drivants, responsables d'une forte mortalit chez les ctacs sauvages. Enfin, un Rseau National de Surveillance et d'chouage a t mis en place sur trois secteurs ctiers (nord, sud, est) en vue de secourir les ctacs en dtresse et d'assurer le suivi des chouages. En outre, la Tunisie a ratifi un grand nombre de conventions, d'accords, et de protocoles internationaux relatifs la protection des ctacs et de leur habitat:

    LAccord ACCOBAMS (24 novembre 1996) ratifi par la Tunisie et adopt par la Loi n 2001 - 68 du 11 novembre 2001

    Le Protocole relatif aux aires spcialement protges et la diversit biologique en Mditerrane (Barcelone, 10 juin 1995), ratifi par la Tunisie et adopt par la Loi n 98 - 15 du 23 fvrier 1998

    La Convention de Berne sur la conservation de la vie sauvage et du milieu naturel dEurope (19 septembre 1979), ratifie par la Tunisie et adopte par la Loi n 95-75 du 7 aot 1995.

    La Convention de Bonn sur les populations sauvages despces migratrices (19 juin 1979), ratifie par la Tunisie et adopte par la Loi n 86-63 du 16 juillet 1986.

    La Convention des Nations Unies sur le droit de la mer (Montego Bay, 1982), ratifie par la Tunisie et adopte par la Loi n 85-6 du 22 fvrier 1985

    La Commission Gnrale pour les pches en Mditerrane, ratifie par la Tunisie et adopte par la Loi n 2002-35 du 1 avril 2002

    La Convention sur la Diversit Biologique (Rio, 1992), ratifie en Tunisie par la Loi n 93-45 du 3 mai 1993

    Le plan daction pour la conservation des ctacs en Mditerrane (PNUE/PAM), 1991

    5

    1. LE GRAND DAUPHIN: ESPCE PROTGE

  • Les Conventions de lONU relatives la diversit Biologique. New-York,1992 La Convention relative la protection du patrimoine culturel et naturel

    (UNESCO), Paris, 1971.

    La Convention africaine pour la conservation de la nature et des ressources naturelles. Alger, 1975.

    1.1.2 En Europe

    LAccord RAMOGE (1979) entre la France, lItalie, et Monaco, vise protger la faune et flore des eaux du littoral mditerranen.

    La Directive europenne: Le grand dauphin (Tursiops truncatus) est cit dans l'annexe II de la Directive Habitats 92/43 du 21 mai 1992 sur la conservation des habitats naturels (faune et flore).

    L'Accord PELAGOS sur la cration dun sanctuaire en Mditerrane pour la protection des mammifres marins interdit "la prise dlibre ou perturbation intentionnelle" des mammifres.

    1.2 Exploitation commerciale

    1.2.1 Rglementations

    Les lgislations nationales de nombreux pays, comme la Tunisie, protgent des diverses menaces anthropogniques les populations de ctacs de leurs eaux territoriales (pche, commerce, capture de spcimens, usage d'engins de pche mortels). Inversement, certains pays voient dans la capture et la vente de spcimens sauvages une source de profit. Le Japon, Cuba, les les Salomon, ou la Russie autorisent la capture de ctacs dans leurs eaux territoriales des fins dexposition et dexportation commerciale, sans toutefois raliser les suivis systmatiques des populations cibles, et assurer lexploitation durable des stocks.

    La vente et l'exportation de ces dauphins sauvages permettent de rpondre la demande des delphinariums internationaux. Les parcs aquatiques dpendent en effet de ces apports rguliers pour compenser la mortalit et la reproduction dficiente des dauphins en bassin. L'arrive de spcimens sauvages permettent d'approvisionner les delphinariums existants en spcimens et en matriel gntique neuf pour l'levage, et de fournir des animaux aux nouveaux tablissements.

    List lannexe II de la Convention sur le commerce international des espces de faune et de flore sauvages menaces dextinction (CITES, 1973), le grand dauphin nest actuellement pas considr en voie dextinction. Le commerce des spcimens doit nanmoins tre troitement contrl pour garantir le maintien du statut actuel de lespce (CITES, article 2, 2001). L'espce fait lobjet dun commerce international autoris sous dtroites conditions: un permis d'exportation et/ou un certificat de rexportation doivent tre dlivrs par les autorits, et l'exportation ne doit pas nuire la survie de l'espce. La CITES (ratifie en Tunisie et adopte par la Loi n 74-12 du 11 mars 1974, ratifiant la JORT n 73 du 14 mai 1974, p.1002) n'a pas dlivr de quota de capture des fins commerciales des spcimens appartenant la sous-espce de la mer Noire, Tursiops truncatus ponticus. Le statut des populations de Mditerrane est dfini vulnrable sur la Liste Rouge de l'Union Internationale pour la Conservation de la Nature (IUCN/ACCOBAMS, 2006).

    6

  • 1.2.2 Normes

    La dtention des dauphins en captivit est rgule par des normes variables selon les pays. Elles dfinissent les standards minimums d'accueil, l'amnagement, la nature et les dimensions du bassin, l'enrichissement environnemental, les soins vtrinaires, l'alimentation, le transport, ou la qualit de l'eau.

    Ainsi, le Code de lenvironnement franais exige par exemple des parcs zoologiques quils satisfassent "les besoins biologiques et de conservation des diffrentes espces, en prvoyant, notamment, un amnagement adapt des enclos, en fonction de chaque espce et le maintien de conditions dlevage de qualit []." La Directive europenne "Zoos" 1999/22/CE du 29 mars 1999, relative la dtention danimaux sauvages dans un environnement zoologique, exige des tats-membres quils assurent leurs animaux des conditions de vie qui rpondent aux exigences biologiques et la conservation de leurs diffrentes espces. Parmi ces conditions, il leur faut fournir un enrichissement environnemental spcifique au sein des enclos." Elle stipule galement que tous les zoos dEurope doivent "participer des recherches qui bnficient directement la conservation des espces".

    Un rglement de la commission des communauts europennes, tablissant des conditions sur la dlivrance de permis d'importation pour les ctacs vivants, et couverts par le rglement CEE n 3626/82, dfinit la profondeur minimale du bassin 5 mtres sur 20 % de sa surface (3,5 mtres sur le reste de la surface), et le volume d'eau minimal (pour cinq dauphins de l'espce Tursiops truncatus) ne peut tre infrieur 1500 m3. Au point n 21 des normes (B), il est mentionn que "l'eau contenue dans les bassins ne doit pas pouvoir nuire la sant des animaux. L'eau doit tre claire, indolore et inodore, exception faite de la lgre odeur des composs chlors."

    "La construction d'un delphinarium doit rpondre des normes prcises fixes par la loi, conformment l'arrt du 24 aot 1981 pour la France, et au Rglement CEE n3626/82 du 3 dcembre 1982 relatif l'application de la CITES dans la communaut. Les bassins de prsentation des dauphins doivent reprsenter une superficie minimale de 800 m2, une hauteur minimale de 1,5 fois la longueur moyenne de l'espce abrite (4,5 mtres pour le Tursiops truncatus) et dans le cas des installations couvertes, d'un plafond de 5 m de hauteur. Il doit tre accompagn d'un bassin d'isolement destin "uniquement" aux contrles sanitaires et aux soins vtrinaires (...)."

    De plus, des standards minimums daccueil pour les dauphins en captivit ont t tablis par lAssociation europenne des mammifres aquatiques (EAAM). Outre les dimensions et la composition des infrastructures, les autres paramtres daccueil minimal de dauphins incluent le bruit, lenvironnement aquatique, lalimentation, le suivi mdical, lhygine gnrale, lthique, lducation et la recherche (EAAM, site officiel). Le transport des animaux doit respecter la rglementation de l'IATA sur le transport des animaux vivants.

    7

  • 2.1 Un sourire fictif

    Deux blugas furent pour les premiers ctacs exhibs au public en 1860, par le cirque Barnum, aux tats-Unis. Louverture des Marine Studio de Floride, en 1948, marqua cependant la naissance du business des parcs aquatiques avec les premiers dressages de dauphins, dont Flippy dress par le dompteur du cirque Barnum en 1956, et lexportation des premiers spectacles outre-Atlantique, en 1966. Dans les annes 1960, la srie tlvise Flipper fit connatre lespce au grand public, qui fut trs vite sduit par lapparence joueuse, altruiste, et souriante des dauphins-acteurs. Durant cette priode, les parcs exhibant les premiers dauphins, capturs dans le Golfe du Mexique, connurent un engouement sans prcdent. Le public contempla alors dans les bassins un animal visiblement attach lhomme et excutant ses tours avec adresse et plaisir.

    Cette caricature d'animal-clown et dvou l'homme, vhicule par la srie et les parcs marins n'est pas l'image du prdateur marin, la vie sociale complexe et conscient de son individualit. Lindustrie des delphinariums sest construite sur une illusion, en laquelle le public croit avec conviction; le dauphin est un animal obissant et disciplin qui prend plaisir participer aux spectacles.

    La florissante industrie se dveloppa chelle internationale, lincessant prix des spcimens sauvages approvisionnant parcs et aquariums. Aux tats-Unis, le Marine Mammal Inventory des National Marine Fisheries Services (NOAA), unique institution gestionnaire des donnes relatives aux mammifres marins captifs, confirme, elle seule, la mort de 1 127 grands dauphins durant les trente dernires annes, sur le territoire amricain. Plus de la moiti des 875 individus recenss, et dont lge a pu tre dtermin, n'atteint pas les dix ans, et 83 % sont morts avant lge de 20 ans (Kestin, 2004). Un grand nombre de publications scientifiques tablissent l'impact des captures et de la vie en captivit chez les ctacs; causes probables de l'importante mortalit des ctacs captifs (ex. Small et DeMaster, 1995a, 1995b; Clubb et Mason, 2003).

    2.2. Le business de la captivit

    Peu danimaux gnrent autant dargent que les mammifres marins. Sur le march international, la valeur dun dauphin est estime 5 millions de dollars (Kestin, 2004). Ce prix comprend les cots levs des polices d'assurances-vie, car les animaux sont frquemment dplacs pour augmenter la probabilit de se reproduire.

    La valeur dun dauphin sur le march est passe de US$ 300 dans les annes 1960 US$ 100 000 aujourdhui. Cette somme leve est justifie par le million de dollar quun seul animal peut gnrer par an. Les dauphins reprsentent une valeur si sre que les banques amricaines les acceptent comme garanties pour lobtention de prts. Mme morts, ils rapportent de largent leur propritaires qui ont contract de fructueuses polices d'assurance-vie. Les dcs mdiatiss des pensionnaires des parcs gnrent mme sympathies et profusion de dons. Le commerce lucratif des dauphins captifs profite aux multinationales, dont les recettes sont stimules par des entres aux tarifs levs et par la vente de nombreux produits drivs l'image de leurs dauphins, orques et blugas.

    8

    2. LINDUSTRIE DU DAUPHIN CLOWN

  • Durant ces dernires annes, de nombreux pays des Carabes et d'Amrique latine, ont galement ouvert des delphinariums, dans l'espoir dattirer ces touristes dsireux de voir et de nager avec les ctacs pour un prix rduit. La carence de lgislations encadrant le dveloppement des delphinariums, des installations inadquates, des soins vtrinaires inexistants et une alimentation inapproprie causent encore aujourd'hui de fortes mortalits parmi la population captive de ces tablissements.

    Lappt du gain a galement conduit des pays novices dans le domaine du commerce de dauphins, comme le Japon et les les Salomon, organiser des battues et des captures massives de groupes entiers de dauphins sauvages. Le manque de connaissances en matire de gestion des ctacs a caus la mort de dizaines dindividus dtenus dans les enclos prcaires aux les Salomon. Une rcente tude a mis en vidence limplication directe de lindustrie du dauphin captif au sein de massacres de Taiji, au Japon, lors desquels des groupes entiers de ctacs sont traditionnellement abattus chaque anne (WDCS, 2006). Outre lusuelle mise mort collective, les japonais slectionnent dsormais les plus beaux spcimens pour les exporter ultrieurement vers les parcs aquatiques nationaux et internationaux.

    2.3 Valeur ducative

    Le maintien des dauphins en captivit serait thiquement recevable, sil contribuait significativement lducation et la sensibilisation du public pour la conservation de lespce. Dans ces conditions, le bien-tre de lindividu passe en second plan face la valeur ducative de son exhibition au public.

    La justification "ducative" des spectacles de dauphins est nanmoins faible en vue des profits exceptionnels gnrs par lindustrie. De plus, aucune analyse sociologique systmatique na mis en vidence les bnfices ducatifs de lexhibition de lespce, qui sont dordre anecdotiques (Reeves et Mead, 1999; Reynolds et al., 2000). En outre, les spectacles de dauphins apparents au cirque ont une valeur ducative discutable.

    Difficile de confrer une valeur pdagogique aux tours caractre comique ou anthropomorphique qui constituent les spectacles. Les ctacs vocalisent sur demande, s'chouent sur le bord du bassin, ralisent des sries de sauts synchroniss et autres vrilles, en change de poissons. Le support pdagogique des spectacles de dauphins dans les parcs aquatiques est souvent dficient, voire absent. La nature des installations et des spectacles de dauphins captifs ne permettent pas au public de comprendre la vie des dauphins sauvages, la structure sociale complexe des ctacs et leur multiples stratgies de prdation.

    Les brves explications morphologiques des dresseurs ne constituent pas une base ducative suffisamment importante pour justifier le maintien de lespce en captivit. Lducation reue par les visiteurs des parcs exhibant les spectacles de dauphins-clowns pourrait mme se rvler prjudiciable aux connaissances gnrales du public et au respect port au monde animal, et minimiser lintrt pour la protection de lespce dans son milieu naturel (Frohoff, 2005).

    9

  • 2.4 Considrations thiques

    Les normes thiques des standards daccueil de lEAAM stipulent quaucun transfert danimal ne doit tre ralis sans laccord des autorits, sauf cas durgence, et quaucun animal ne devrait tre vendu, prt ou donn un tablissement qui ne respecte pas ces normes.

    Le maintien des mammifres marins en captivit suscite nanmoins d'autres questions dordre thique et de bien-tre animal, bien quelles soient souvent sous-estimes face aux proccupations conomiques et scientifiques (Reeves et Mead, 1999; Reynolds et al., 2000). Le confinement des fins commerciales ducatives ou scientifiques, de grand prdateurs aux espaces vitaux tendus, fut remis en question par une tude de Clubb et Mason (2003), dont lobjectif tait danalyser les problmes dadaptation et ses manifestations chez les grands prdateurs en captivit. Ils conclurent que le "confinement de grands carnivores, qui ralisent des dplacements quotidiens sur de longues distances, devrait tre fondamentalement amlior ou supprim."

    Rares sont les delphinariums qui se dfinissent comme des institutions exclusivement commerciales. Ces tablissements s'autodterminent souvent comme des centres de recherches scientifiques et de conservation. Certains utilisent les arguments de conservation ou de "programmes d'levage" pour justifier l'importation de dauphins ou l'ouverture de nouveaux delphinariums (HSUS/WSPA, 2006).

    Dans le cadre de programmes de conservation ex-situ d'espces menaces, l'levage en captivit permet d'augmenter la population de l'espce et de rintroduire postrieurement des individus dans leur milieu naturel. Nanmoins, aucun programme de rintroduction d'espces menaces de ctacs n'a connu de succs via la rintroduction en milieu sauvage d'individus ns en captivit. Les tentatives de conservation ex-situ de la sous-espce vulnrable du grand dauphin de la mer Noire (T.truncatus ponticus) ont eu des consquences dsastreuses sur les dauphins sauvages dtenus en captivit ces fins, et n'ont pas permis de contribuer la conservation de l'espce via la rintroduction en milieu naturel de spcimens ns en captivit (Entrup et Cartlidge, 1998).

    Les dauphins sont des mammifres connus pour leur forte sociabilit (Mann et al., 2000) et leur comportement complexe comme l'utilisation d'objets (Krtzen et al., 2005), la transmission de culture aux gnrations suivantes (Rendell et Whitehead, 2001), le langage dnotant l'identit individuelle (Janik et al. 2006) et la conscience de soi (Reiss et Marino, 2001).

    10

  • Les ctacs ns en captivit sont dpendants de l'apport de poissons morts et sont soumis au conditionnement de l'homme; ils sont par consquent des candidats inaptes la survie en milieu naturel. Ces individus n'ont acquis aucune des connaissances requises pour subvenir leurs besoins vitaux ou pour faire face aux menaces en milieu naturel. En outre, la captivit empche la transmission culturelle de dialectes et de stratgies de chasse spcifiques certaines proies et rgions. Enfin, les vtrinaires et biologistes s'accordent sur le fait que pour optimiser les chances de rintroduire des individus ns en captivit, ces derniers doivent voluer dans un environnement proche de leur milieu naturel, ne subir aucun conditionnement ni de processus d'habituation l'homme (HUHS/WPSA, 2006; Bremmer-Harrison et al., 2004). En conclusion, les spcimens issus de l'levage en bassin sont davantage destins la vente, aux transferts, aux exportations et l'expansion de l'industrie qu' une rintroduction en milieu sauvage pour des raisons de conservation.

    La captivit est souvent justifie par l'tablissement de programmes dtudes scientifiques, dont le but est d'amliorer la conservation des populations sauvages. En pratique, lintrt des recherches se porte souvent sur la gestion des populations captives et la mdecine vtrinaire au dtriment de la conservation de lespce (Rose, 2004). Quant aux tudes sur le comportement des animaux en captivit, elles ne semblent pas apporter dlments susceptibles damliorer la conservation des ctacs sauvages, du fait de leur caractre artificiel (Mayer, 1998).

    Bien que les populations captives soient isoles dans diffrents tablissements, la seule exposition de lanimal au public a des incidences sur la conservation de lespce (Rose, 2004). En effet, les revenus consquents gnrs par ces animaux contribuent encourager limplantation de nouvelles institutions, les prlvements dindividus sauvages sur des populations non connues et limportation de dauphins vers des structures inadaptes. Enfin, parmi tous les aspects moralement discutables du maintien des dauphins en captivit, la capture dindividus sauvages est certainement la plus difficile justifier.

    2.5 Prises de position hors-frontires

    Plusieurs pays ont pris position face la captivit des ctacs des fins commerciales. Suite la remise de rapports dexpertise sur les conditions de vie des ctacs captifs, et grce de nouvelles donnes sur les exigences biologiques des espces, de nombreux gouvernements prirent des mesures pour bannir limplantation de delphinariums, limportation de dauphins et leur dtention en captivit sur leurs territoires. La Pologne, lAutriche, le Danemark, la Hongrie, la Caroline du Sud (tats-Unis), le Brsil et lInde ont renonc lexploitation des dauphins captifs. Les cas du Royaume-Uni, de la Norvge, de la Belgique, de l'Australie et du Chili sont dtaills ci-dessous.

    Le Royaume-Uni

    Ds les annes 1980, le ministre de l'environnement sintressa au problme des dauphins en captivit. Deux experts furent alors chargs de rdiger un rapport sur la situation des delphinariums en Grand-Bretagne. Le rapport visait dterminer si "les bnfices en terme d'ducation, de recherche scientifique, ou de reproduction de ctacs en captivit, valaient que l'on importe de nouveaux dauphins sauvages pour les livrer en spectacle au public" (WDCS).

    11

  • Lenqute exposa de graves dfaillances au sein des tablissements existants. En rponse ces problmes, elle tablit une srie de standards dfinissant des conditions d'accueil qui rpondraient mieux aux besoins thologiques et sociaux des dauphins (Klinowska et Brown, 1985). Le gouvernement approuva ces normes et contraint les tablissements les suivre s'ils voulaient continuer oprer. Incapables de rpondre ces critres trs coteux, les delphinariums durent se rsoudre fermer leurs portes.

    La Norvge

    Le Conseil national pour l'thique animale valua la pertinence de l'ouverture potentielle d'un delphinarium sur le territoire. Lexpertise souligna les exigences thologiques, la structure sociale complexe, et les dplacements sur de longues distances effectus quotidiennement par les dauphins: deux paramtres difficilement reproductibles dans un environnement contrl. Le rapport constata la mortalit leve et la reproduction altre des captifs, mme dans les meilleurs tablissements. En consquence, la Norvge napprouvera pas limplantation dun delphinarium sur son territoire.

    La Belgique

    Biologiste comportementaliste amricaine et auteur de plusieurs publications sur le stress chez les mammifres marins pour la Commission baleinire internationale (CBI), Dr Frohoff a rcemment valu le cas du Boudewijn Seapark Bruges. Les rsultats rvlrent deux facteurs anxiognes susceptibles de remettre en cause le bien-tre des dauphins: des niveaux de stress aigus et chroniques et un manque d'espace de fuite susceptible daugmenter les risques dagression, de blessure et de transmission de maladies au sein de la population captive. Face au rapport alarmant rendu sur le delphinarium de Bruges, une commission ministrielle est en cours pour tudier la problmatique des ctacs en captivit.

    LAustralie (hormis l'tat du Queensland)

    En 1985, le Comit pour la protection animale du Snat australien dlivra un rapport faisant tat de la souffrance des ctacs en captivit, dont les manifestations les plus frquentes sont les anomalies comportementales, une mortalit leve, une rduction de la longvit, les problmes de reproduction et le stress. Le Comit conclut en dclarant que "les ctacs ne devraient pas tre soumis aux souffrances que la privation de libert et les conditions de vie en captivit sont susceptibles de provoquer chez eux".

    Le Chili

    Suite la mort de deux dauphins imports de Cuba peu aprs leur arrive dans des installations nationales, les autorits mirent en place un contrle strict sur les normes dimportation de lespce. Aprs avoir rejet toutes les demandes dimportation de dauphins durant cinq ans, le gouvernement interdit la capture, la dtention et lexportation des dauphins sur son territoire. Les rglementations interdisent dsormais toute exhibition de ctacs, d'otaries et de tortues marines au Chili.

    12

  • 3.1 Approvisionnement

    La mortalit leve et les difficults de reproduction de lespce en captivit sont deux facteurs qui influent sur le maintien des captures de dauphins sauvages pour approvisionner les delphinariums internationaux. Peu despces de ctacs se reproduisent avec succs en captivit, et malgr soixante annes dactivit, les gnrations se renouvellent difficilement en bassin (Rose, 2004). Seuls quelques tablissements maintiennent leurs populations captives des taux relativement stables grce aux programmes dlevage. Dun point de vue global, lindustrie dpend toujours de lapport de nouveaux dauphins capturs ltat sauvage pour alimenter ses bassins. Par consquent, une grande partie des dauphins exposs au public dans les parcs aquatiques sont des animaux sauvages (Rose, 2004).

    Lappt du gain des entrepreneurs des pays en dveloppement, dsireux de reproduire le succs conomique des parcs thmes trangers en ouvrant leurs propres tablissements, stimule davantage lintrt commercial pour la capture et le commerce de dauphins sauvages. Ces activits se sont dveloppes pour former une vritable industrie dans les Carabes, ainsi quen Asie, o le Japon et les les Salomon ont rcemment intgr ce commerce en organisant dimportantes campagnes de captures (Reeves et al., 2003). Les individus capturs dans les eaux territoriales de ces pays subissent une priode transitoire de "dsensibilisation", avant dtre exports par avion souvent sur de longues distances vers des destinations du monde entier.

    Bien que la vente de spcimens sauvages soit rgule par la CITES (cf. 1.2.1 Rglementations), les populations cibles par ces captures sont insuffisamment connues pour garantir lexploitation durable des stocks. En effet, les pays en voie de dveloppement pratiquant ce commerce, manquent souvent des moyens ncessaires la ralisation des coteux recensements des populations de ctacs sur leurs ctes. Les captures sont alors susceptibles d'avoir des consquences dvastatrices sur certains stocks: rduction des populations, dsquilibre du ratio mle-femelle, dcs collatraux, dsintgration des groupes, dsorganisation sociale, problmes de reproduction ou la sparation des femelles et de leurs jeunes.

    La sous-espce du grand dauphin de la mer Noire (Tursiops truncatus ponticus) a connu une importante diminution de ses effectifs due la chasse intensive et aux prlvements directs pour fournir les aquariums de la rgion. Aujourdhui vulnrable, aucun quota de capture n'a t dlivr depuis 2002.

    3.2 Capture

    Sur le plan international, le prlvement de grands dauphins sauvages des fins de divertissement, scientifique et culturel reprsente une menace majeure sur les populations sauvages (IUCN, 1996). Toute capture danimal sauvage rsulte stressante, quelles que soient les techniques utilises (NOAA, 2002; Curry, 1999). Les rponses physiques lies au stress engendr par les captures et le transport sont dcrites ultrieurement (4.3 Stress).

    La capture de dauphins sauvages est ralise de manire brutale laide d'embarcations rapides, de lassos et de filets. Le groupe de dauphins est dtect, puis encercl au moyen de filets tendus par des bateaux motoriss, parfois aprs

    13

    3. SEVRAGE DU DAUPHIN SAUVAGE

  • plusieurs heures de poursuite. Les dauphins slectionns, majoritairement de jeunes femelles au fort potentiel reproductif, sont initialement spars de leurs congnres puis capturs individuellement. Placs sur un brancard, les spcimens sont hisss bord dun bateau, o une quipe les sexera et effectuera un bilan de leur tat de sant.

    De nombreux animaux se blessent voire succombent aux chocs successifs causs par ces captures. Ces pratiques provoquent la sparation sociale dindividus affectivement proches. Il est frquent que des individus se noient ou se blessent dans les filets Les femelles gravides peuvent avorter et les mres tre spares de leurs petits. Les espces ou individus fragiles peuvent succomber des crises cardiaques. Ainsi, les captures sont prjudiciables lindividu comme aux populations auxquelles ils appartiennent (Lusseau et Newman 2004; Williams et Lusseau 2006). La poursuite et la capture engendrent des maladies musculaires qui affectent le statut physiologique des mammifres et la survie post-capture. Ces individus montrent alors une prdisposition la prdation et aux accidents (Williams et Thorne, 1996). Contrairement aux autres mammifres, il est difficile d'anesthsier les ctacs pour faciliter les manipulations, car ils contrlent leur respiration de manire consciente. Hors de leau, la gravit terrestre exerce une pression sur les voies respiratoires, occasionnant une gne chez le ctac. Sa peau fragile, susceptible de se desscher et de crevasser, doit tre rapidement enduite dune lotion hydratante spcifique (Hernandez et Hernandez, 2000). Les animaux dfinitivement slectionns sont placs dans des caissons individuels puis sont transports jusqu' lenclos de dsensibilisation.

    3.3 Dsensibilisation

    Le dauphin captur est spar du groupe social auquel il est affectivement attach. Il subit pour la premire fois le contact direct avec lhomme et la prsence de barrires physiques artificielles. Ltape suivant la capture consiste dsensibiliser lanimal, en lhabituant la relation physique avec lhomme, et en le maintenant dans un espace clos et rduit.

    Le sevrage alimentaire du dauphin est une phase importante du processus de dsensibilisation, qui consiste faire accepter les proies mortes au dauphin. Les animaux qui ne sadaptent pas rapidement ce nouveau rgime devront tre nourris de force par intubation afin de prvenir tout risque de dshydratation ou de dnutrition (cf. photo ci-dessus). Le dauphin sauvage est confront de nombreux facteurs stressants pendant la priode dadaptation initiale la captivit juge "critique" par les experts. Le stress, le confinement et le transport entranent souvent la mort des dauphins sauvages quelques jours ou semaines aprs leur capture (Martin, 1990). D'aprs Small et DeMaster (1995b), le risque de mortalit dun dauphin durant les trente premiers jours est dun facteur six. La forte incidence de mortalit lie aux difficults dadaptation de lespce est par ailleurs statistiquement problmatique, car elle gnre un biais significatif durant les soixante premiers jours de captivit. Small et DeMaster (1995b) y ont remdi en instaurant une priode dacclimatation reconnue comme "intervalle de temps la mortalit relativement leve, qui doit tre traite

    14

  • sparment des estimations long-terme, lors de la ralisation dvaluations daccueil des parcs aquatiques et zoologiques" (p.510). La priode de dsensibilisation nest donc pas comprise dans le calcul des taux de survie lis laccueil de lanimal dans l'tablissement. Les animaux morts durant ces 60 jours post-capture ne sont donc pas inclus dans les donnes gnrales. Certains parcs procdent nanmoins leurs propres captures ou supervisent les oprateurs de captures locaux. La mortalit cause par la capture devrait par consquent tre inclue dans les pratiques daccueil de ltablissement.

    3.4 Confinement

    En captivit, les dauphins doivent faire face un environnement trs diffrent de leur milieu naturel. Un grand dauphin parcourt jusqu' 100 kilomtres/jour sur son territoire et l'espce est capable de plonger plus de 200 mtres de profondeur. La vie en captivit impose une adaptation rapide un environnement clos par des filets ou des parois btonnes, et leau sale, traite par des substances dsinfectantes comme le chlore et lozone.

    Le dauphin est une espce sociable et grgaire. Hormis les liens troits qui unissent la mre et son jeune, les relations interindividuelles se caractrisent par une grande flexibilit (CITES, 2001). La taille et la structure sociale dun groupe peuvent prsenter dimportantes variations saisonnires et annuelles. La capture rompt les liens sociaux que les individus avaient construits avec leur groupe. La prsence dautres dauphins leur est alors impose dans lenvironnement immuable et clos des bassins.

    Quatre classes dactivits sont dfinies chez lespce: la recherche de nourriture (33%), le dplacement, le repos, et les interactions sociales. Ce prdateur carnivore montre une grande flexibilit comportementale; les techniques de chasse sont labores et variables selon les rgions et les proies cibles. En mer, 80% de leurs activits se droulent en plonge (CITES, 2001). En labsence de proies vivantes dans leurs bassins, ils dpendent du poisson mort qui leur est administr par les soigneurs, ce qui a pour effet d'augmenter considrablement leur priode dactivit en surface. Au moyen dun apprentissage tudi, les dauphins sont conditionns recevoir le poisson de la main du dresseur. Le contrle de lalimentation sera la base du dressage, qui aboutira, terme, llaboration de spectacles et leur prsentation au public. En consquence, la participation aux spectacles est fortement motive par la rcompense alimentaire.

    Le manque denrichissement des bassins provoque lennui et la dpression des animaux captifs, ce qui renforce le comportement positif envers les dresseurs. Aucun rsultat publi ne confirme que les interactions avec le public rduisent lennui des dauphins. La captivit affecte galement leur comportement acoustique (ex. Miksis et al., 2002). Les dauphins maintiennent des rapports sociaux au moyen de sifflements et de vocalisations. Des tudes ont prouv que les individus disposent dun rpertoire individuel compos de sifflements qui leur sont propres et quils imitent les sifflements d'autres individus (Janik et al., 2006). Ces travaux ont galement mis en vidence lapprentissage des vocalisations chez le dauphin.

    15

  • 4.1 Survie et longvit

    Small et DeMaster (1995a) analysrent les donnes du Marine Mammal Inventory Report gres par les National Marine Fisheries Services, en vue de dfinir les taux de survie du grand dauphin en captivit pour la priode 1940-1992. D'autres tudes ont analys les taux de survie des populations sauvages et captives de grands dauphins (Tableau 1).

    Tableau 1. Taux de mortalit annuels rciproques des grands dauphins (Tursiops truncatus) en captivit et l'tat sauvage (Source: HSUH/WSPA, 2006)

    Espce Taux de mortalit en captivit Taux de mortalit l'tat sauvage

    DeMaster & Drevenak (1988)

    Duffield & Wells (1991)

    Small & DeMaster (1995a)

    Woodley et al. (1994)

    Wells et Scott(1990)

    Tursiops truncatus 7,0 % a * 7,4 %* 5,6 % a 5,7 % a 3,9 % a

    aNon-juvniles uniquement inclus dans les statistiques *Pas de comparaisons statistiques ralises entre les donnes des dauphins sauvages et libres

    Aucune tude n'a encore dmontr que la captivit fut favorable la survie des dauphins en rduisant le taux de mortalit des captifs par rapport aux dauphins sauvages, mme chez les juvniles, malgr soixante d'ans d'activit (Woodley et al. 1997). Bien que d'aprs DeMaster et Drevenak (1988) et Duffield et Wells (1991), les dauphins captifs et sauvages prsentent des niveaux quivalents de mortalit et de longvit, d'autres tudes montrent que les taux de mortalit annuels sont plus levs chez les dauphins captifs que chez leurs congnres sauvages (Woodley et al., 1994; Small et DeMaster, 1995a). En outre, la survie des individus tous ges confondus varie selon les tablissements (Small et DeMaster, 1995a).

    Il est difficile de dterminer la longvit des dauphins captifs et libres. La dure insuffisante des recherches, les populations restreintes, les aires gographiques rduites sont des paramtres limitatifs des tudes de terrain. Le biologiste de lAssociation des Zoos et Aquariums (AZA) estime lesprance de vie des dauphins captifs 20 ans (Kestin, 2004). Aux tats-Unis, lindustrie a dclar la mort de 1 127 grands dauphins dont plus de 50% natteint jamais les 10 ans, et 83% les 20 ans. Les dauphins ns en captivit meurent plus jeunes que les individus capturs dans leur milieu naturel ou provenant dchouages (Tableau 2). Les tudes menes depuis 34 ans sur la population de 140 dauphins sauvages, Sarasota Bay, en Floride, tmoignent de la prsence de 4 dauphins gs de 50 ans.

    Tableau 2. ge moyen atteint par des dauphins morts en captivit selon leurs origines

    Origine Total Age moyenCapturs ltat sauvage 469 15,5

    Rescaps dchouages 7 9,5

    Ns en captivit 313 2,5

    Ns en captivit et survivants leur premire anne 118 6,3

    (Sources: Donnes du Marine Mammal Inventory Report (MMIR), NMFS (Kestin, 2004)

    16

    4. CONSQUENCES DE LA CAPTIVIT

  • Daprs lindustrie des parcs aquatiques, les animaux sont aujourd'hui en meilleure sant et vivent plus longtemps qu ses dbuts, grce de meilleures connaissances des espces et ladministration dune alimentation et de soins vtrinaires mieux adapts.

    En dpit des prcautions prises par les scientifiques, certains parcs nhsitent pas annoncer que les dauphins captifs vivent plus longtemps que leurs congnres sauvages. Sur son site officiel, le Marineland dAntibes dclara que "la dure de vie [des grands dauphins] est estime 35 ans et plus. Dans les parcs, la longvit est favorablement rallonge car les dangers naturels (prdateurs et maladies) sont limins ou trs rduits" (Marineland Antibes, Site officiel, 2007). Cette information, bien qu'elle ne soit appuye par aucune tude scientifique, est mieux accepte par les visiteurs. Il serait rentable pour certains parcs de diffuser de fausses informations quant la dure de vie de leurs pensionnaire.

    Daprs les experts de lindustrie, trente annes supplmentaires seront ncessaires pour dfinir la longvit exacte des dauphins en captivit. Sur la base de ces tudes, une interrogation se pose; la survie des dauphins sauvages est menace par diffrents facteurs naturellement prsents dans leur milieu; prdation, famine, intoxications, accidents et maladies (Reynolds et al., 2000). En captivit, ainsi que senorgueillit lindustrie des parcs marins, les dauphins nont pas faire face aux alas de la vie en mer. La question se pose alors sur les raisons pour lesquelles les dauphins captifs meurent dans de telles proportions en captivit.

    4.2 Causes de mortalit

    Lanalyse des donnes sur les 500 dauphins captifs morts, reports sur les registres du Service des pches amricain, passe en revue les causes de mortalit des dauphins en captivit (Kestin, 2004).

    Accidentelles (195) Pathologiques (101) Infrastructurelles (33)

    Noyade 76 Ulcres 36 Travaux 12

    Accident/Blessure 52 Stress 24 Malnutrition 9

    Ingestion dobjets trangers 37 Insolation/puisement 15 Excs de chlore 6

    Empoisonnement 9 Salmonelle/Botulisme 10 Alimentation inadapte 3

    touffement 8 Hyperthermie 7 Grves 3

    lectrocution 6 Anorexie/Inanition 6

    Obstruction daliments 4 Surmenage 3

    Attaques de chiens de garde 3

    Manipulations (45) Comportementales (29) Mdicales (66)

    Transfert/Dplacement 26 Attaque dun tiers 27 Anesthsie/Intervention 57

    Captures 19 Perte dun compagnon 1 Raction aux mdicaments 9

    Autodestruction 1

    Source: Donnes de lInventaire de Mammifres marins du Service des pches amricain.Les accidents reprsentent une cause de mortalit non ngligeable chez les

    dauphins captifs, bien quils puissent tre vits par des mesures de prvention dans un grand nombre de cas (attaque de chiens, lectrocution, ingestion d'objets).

    17

  • Daprs plusieurs publications mdicales, linfection bactriologique serait la premire cause de mortalit chez les dauphins en captivit (Dhermain et al., 2002). Les dauphins captifs sont particulirement sensibles la septicmie et aux pathologies respiratoires, comme la pneumonie bactrienne. Le rle des allergies et des dficiences immunitaires secondaires a t dtermin dans la pathogense des maladies infectieuses de ctacs (Birkun et al., 1990). De plus, les pathologies cardiaques, la dviation autiste et les complications post-partum sont frquemment reportes chez les ctacs captifs. Les ulcres gastriques reprsentent la moiti des dcs enregistrs dans les delphinariums franais (Com. SOS Grand Bleu). Bien que peu reprsents en milieu naturel, les pathognes de type Candida albicans, Trichophyton sp., ou Rhizopusmycosis, lorigine dinfections fongiques, ont t trouvs spcifiquement en captivit (Dhermain et al., 2002).

    Les dauphins ns en captivit sont frapps de mortalit prinatale cause par divers troubles mtaboliques (Garner et al., 2002). La mortalit des jeunes dauphins ns en captivit n'est pas infrieure celles des dauphins ns dans le milieu naturel (Woodley et al. 1997). Les causes de mortalit des juvniles incluent les soins maternels insuffisants, un dveloppement ftal incomplet et l'agression anormale de la part des autres dauphins prsents dans l'environnement clos et confin.

    4.3 Stress

    Les dauphins souffriraient de taux de stress maintenus, dus linter alia de la captivit, la rduction de leur espace vital, et aux groupements sociaux artificiels, qui pourraient en partie expliquer la mortalit leve en captivit (Rose, 2004). De nombreuses publications ont mis en vidence les consquences physiologiques du stress gnr par les captures, la captivit et les manipulations mdicales chez les ctacs.

    Le stress provoque limmunosuppression et augmente le risque de contraction dinfections et dallergies (St. Aubin et Dierauf, 2001), en rduisant les taux de fer, de glucose et globules blancs osinophiles, dans le sang (St. Aubin et Geraci, 1990). La qualit des dfenses immunitaires sera compromise si les virus, parasites et toxines sajoutent aux effets du stress (Romano, 1993).

    Au cours des captures, lactivit musculaire intense affecte les taux denzymes musculaires (CK et AST) causant des dommages au niveau de la musculature (Geraci et Medway, 1973; St. Aubin et Geraci, 1989), des myopathies, lhyperthermie et des lsions cardiaques (Forney et al., 2002).

    Le stress chronique provoque le dysfonctionnement des fonctions thyrodiennes chez des individus captifs (Ridgway et Platton, 1971; St. Aubin et Geraci, 1992; St Aubin et al., 1996).

    Les dauphins captifs manipuls rgulirement depuis des annes continuent montrer une rponse physiologique au stress de la capture, mme dans les conditions les plus calmes (Thompson et Geraci, 1986).

    18

  • Les pathologies lies au stress incluent les cardiomyopathies, lhyperplasie adrnocorticale (Kuiken et al., 1993), les kystes corticaux (Lair et al., 1997), une forme de stress continu aigu (Myrick et Perkins 1995) et l'artriosclrose.

    Le stress altre les fonctions reproductrices normales chez les mammifres. La prsence du public, les manipulations, le transport, la hirarchie au sein du groupe social artificiel, la dtresse psychologique, le bruit et les traumatismes physiques sont des facteurs de stress en captivit qui altrent la fertilit des animaux.

    Les femelles peuvent prsenter des anomalies reproductrices comprenant des ovulations et des rceptivits perturbes, des difficults dimplantation de lembryon, l'avortement spontan, la mortalit infantile leve et des problmes dallaitement.

    D'autres manifestations du stress sont l'anorexie, la perte de poids et le comportement antisocial.

    4.4 levage en bassinLes programmes dlevage de dauphins en bassin ne reprsentent pas un

    palliatif aux captures en milieu naturel. En effet, le renouvellement du patrimoine gntique exigera le contact rgulier de nouveaux animaux sauvages terme. De plus, llevage non contrl, et labsence de programme de rgulation de la fertilit des adultes sexuellement actifs, sont susceptibles de poser diffrents problmes dordres thique et infrastructurel. Certains tablissements, comme le Delphinarium de Bruges et le Parc Astrix, encouragent la reproduction en bassin, mais disposent dj dinfrastructures insuffisantes pour la population existante.

    SurpopulationLes dimensions du bassin dterminent la population captive maximale

    daprs les standards daccueil des mammifres marins en captivit. La reproduction des animaux peut accrotre la population captive qui finira par dpasser la population maximale autorise. Par exemple, au Parc Astrix, le bassin, initialement prvu pour huit dauphins, en accueillit onze jusqu'au transfert de trois mles adultes dans les bassins de la Cit Marine de Plante Sauvage, en novembre 2008. Face la surpopulation, lagrandissement des infrastructures et le transfert des animaux sont des mesures envisageables, mais elles sont gnratrices de stress pour les animaux transports et dlocaliss. La rgulation mdicale de la fertilit est une option privilgie et non stressante, mais qui va l'encontre des aspirations commerciales des propritaires des dauphins.

    Consanguinit Le confinement en bassin est propice aux relations incestueuses entre des membres gntiquement proches. Des dauphins sauvages "fondateurs" dun bassin, se reproduisant avec succs, sont susceptibles de saccoupler avec leur propre progniture, lorsque les jeunes auront atteint leur maturit sexuelle, et quaucune mesure de prvention naura t prise. Un cas est notamment suspect au Parc Astrix. En aot 2004, Athna, une femelle ne dans l'tablissement, donna naissance un jeune mle, dont le gniteur est probablement Pichi, son grand-pre, le mle dominant et le gniteur de tous les jeunes du bassin. Les rsultats des tests gntiques n'ont pas t publis.

    19

  • 4.5 Comportements anormaux

    Les recherches menes depuis plusieurs dizaines dannes Sarasota Bay en Floride et Shark Bay en Australie, ont soulign le caractre remarquablement social des dauphins, et ont mis en vidence leur structure hirarchique complexe (Tolley et al., 1995). Lunit sociale primaire des dauphins est un groupe muable, soumis aux dplacements et aux interactions de ses membres. La structure sociale des grands dauphins sauvages est matrilinaire avec sparation sexuelle. Les femelles forment des groupes occasionnellement changeants avec dautres femelles et leurs petits respectifs, avec lesquels elles tablissent des liens troits et durables (Shane et al., 1986; Tolley, 1995). Les mles aux tendances solitaires plus marques, forment de petites coalitions, souvent des duos et des trios. Ils ddient une grande partie de leur temps interagir et tablir des relations sociales entre diffrents groupes. Les mles rejoignent occasionnellement le groupe social principal des fins de reproduction (Shane et al., 1986).

    En captivit, lorganisation sociale est dtermine par des hirarchies de dominance (Samuels et Gifford, 1997), ce qui contraste avec la conjoncture plus dynamique en milieu naturel, au sein de laquelle les comportements agressifs sont moins prsents. Le comportement antagoniste des mles dominants vis--vis de leurs subordonns est frquemment observ chez les individus captifs (Cadwell et Cadwell, 1977; Herman, 1980). En prsence dindividus hirarchiquement suprieurs et dans lincapacit de prendre ses distances, les subordonns subissent une situation anxiogne maintenue. Ces tensions dclenchent souvent lagression interindividuelle (cf. photo ci-contre), des manifestations de stress et des blessures physiques, susceptibles de donner suite des infections bactriennes et la mort de lanimal (Waples et Gales, 2002; Buck et al. 1987). L'agressivit peut mener les dauphins blesser visiteurs et dresseurs, surtout si la nage avec les dauphins est pratique. Mme entrans, les dauphins restent des animaux sauvages imprvisibles, capables de blesser les soigneurs confirms (Norris 1967; Defran et Pryor, 1980). Mazet et al. (2004) suggre que le contact avec les dauphins implique des risques sanitaires pour l'homme.

    La captivit engendre des comportements strotyps, la nage en cercle rpte dans le mme sens, et lapathie (immobilit en surface ou au sol; cf. photo ci-dessus.) Le stress se manifeste par des coups corporels subits, rcurrents, des inspirations profondes et rptes, un comportement de sollicitation, le heurt des parois du bassin, les gestes d'ouvrir la bouche vers les visiteurs (Frohoff, 2005). La captivit modifie leur comportement acoustique. Les dauphins imitent les sifflements mis par leurs dresseurs (Miksis et al., 2002). Les mres et les tantes mettent des vocalisations agressives lencontre de leurs jeunes pour les garder leurs cts, ce qui na jamais t observ en milieu naturel, (McCowan et Reiss, 1995).

    20

  • 5.1. Hammamet

    Hammamet est une ville touristique situe au sud-est de la partie nord de la Pninsule du Cap Bon, 60 kilomtres au sud de Tunis. Sa superficie est de 3600 hectares, et sa population est de 63 116 habitants (2004).

    Destination populaire en Tunisie, Hammamet fut, durant plusieurs annes, la ville fut la plus touristique du pays. Le noyau de la ville est constitu d'une imposante mdina. La zone touristique comprend une section ancienne et rduite Hammamet nord, et le dveloppement d'une zone plus tendue et rcente Yasmine Hammamet. Les plages longeant le golfe attirent les amateurs de sable fin et de sports aquatiques. La culture locale est marque par des traditions de tissage, de fabrication de tapis, de gravure sur cuivre, de bijouterie, de vannerie, de poterie et de cramique. Un grand festival est organis annuellement Hammamet. Des activits touristiques incluent des spectacles questres, des tableaux de danses populaires, ou des dfils en vtements traditionnels et folkloriques.

    Avant puis pendant la seconde guerre mondiale, le site accueillit des visiteurs prestigieux et des clbrits, comme Jean Cocteau, le Duc de Windsor, le Gnral Eisenhower ou Winston Churchill. Suite l'indpendance de la Tunisie en 1956, un plan touristique fut mis en place Hammamet pour dvelopper les capacits d'accueil et les activits rcratives. Durant les dernires annes, la ville a connu la cration et l'expansion de la zone htelire. En consquence, un certain manque de respect du patrimoine architectural local et la pression du tourisme ont contribu une lgre dgradation du site durant ces dernires annes.

    21

    5. DOLPHINARIUMS HAMMAMET & LA GOULETTE

  • 5.2. Le projet "Sea World Complex"

    La rcente visite du couple prsidentiel de Rpublique Tchque marqua le dbut de la construction d'un nouveau complexe touristique Hammamet (Le Renouveau, 17 avril 2009). Dans le cadre d'un partenariat entre la Tunisie et la Rpublique tchque, le prsident tchque M. Vaclav Klaus. accompagn de son pouse Mme Livia Klausova, lana le dbut de la ralisation du complexe "Sea World". Hammamet accueillera le complexe touristique d'une superficie de 20 hectares. Il sera dot d'htels de haut standing d'une capacit de 5 000 lits, d'un aquaparc et d'un delphinarium. La "Sea World Residence" construite Hammamet sera compose de 596 appartements. La dure totale des travaux est estime 30 mois.

    Deux contrats ont t signs le 16 avril 2009 entre le groupe tunisien Mrabti, oprant dans le tourisme et d'industrie, et les financiers du groupe PSJ (Tunisia Online news, 15 avril 2009). Le groupe priv Mrabit fut fond en 1999 par Mohamed Faouzi Mrabit, propritaire de l'Hotel Club Bousten de Hammamet et de l'agence G.M. Travel. Le groupe tchque PSJ avait collabor prcdemment avec le groupe tunisien G.M. Constructions lors de la ralisation de l'expansion du port "La Goulette " Tunis. Suite cette collaboration positive, le groupe tchque marque nouveau son intrt pour le march tunisien en apportant une assistance financire technologique et technique la ralisation du complexe "Sea World". Le financement du projet est assur par le secteur bancaire au moyen de prts d'exportation de la Rpublique tchque vers la Tunisie (PSJ, 4 fvrier 2009).

    Le premier contrat concerne le projet de construction d'une usine de verre plat, d'un cot de 150 millions d'euros (270 millions de dinars), avec une participation tchque hauteur de 20%, qui dbutera en novembre 2009. Ce projet contribuera la cration de 1000 emplois dont 500 postes de cadres. Le second accord porte sur la construction du "Complexe Sea World", complexe htelier et immobilier, pour un investissement de 120 millions d'euros (216 millions de dinars). Le complexe " Sea World " sera situ entre la Marine Hammamet et Yasmine Hammamet. Le projet est men par " M.F.M. Tourism Resort Development ", un groupe immobilier situ Gammarth. Dans le cadre de la ralisation du complexe " Sea World ", aucune prcision n'a t apporte quant la provenance des dauphins destins au delphinarium, ou la nature des installations.

    5.3. Delphinarium de La Goulette

    Au Sea World Complex de Hammamet vient s'ajouter un second projet d'ouverture de delphinarium la Goulette, Tunis. La Socit Goulette Shipping Cruise (GSC), filiale du groupe Princesse Holding appartenant Mohamed Sakher El Materia, vient d'annoncer l'ouverture d'un delphinarium ddi la prservation de l'espce animale (Businessnews, 15.06.2009). D'une capacit de 3 000 personnes, le

    delphinarium prsentera des spectacles quotidiens de dauphins, au sein du complexe touristique. L'tablissement a pour objectif d'offrir un divertissement aux passagers des croisires dbarquant sur le port. La Goulette est en effet le premier

    22

  • port national d'entre des navires de croisire, avec 90% de l'activit croisire sur le site. Les prvisions du nombre de croisiristes La Goulette s'lvent 1 million en 2010, 1,5 millions en 2015, et 2 millions en 2020.

    Depuis 2006, la socit CGS s'investit dans le dveloppement du port de La Goulette afin de renforcer et d'augmenter la frquentation des croisiristes sur le site. GSC avait remport l'appel d'offres concernant la mise en concession de la gestion du trafic de croisire du port. Le 8 mars 2007, le terminal fut inaugur et accueillit le premier contingent de touristes. L'investissement de 40 millions de dinars de la CGS vise dvelopper la gestion et l'assistance des navires, les activits portuaires et maritimes lies au traitement des passagers, et les activits commerciales et de plaisance au sein du village touristique d'une superficie de 6 500 m2 (Site Princesse Elmareti). GSC importera dans ses installations onze dauphins cubains (Espace Manager, 15 juin 2009). Il est probable que ces dauphins soient d'origine sauvage; Cuba est en effet un pays leader dans le domaine du commerce de dauphins sauvages. Il est par consquent paradoxal que l'importation de dauphins sauvages capturs Cuba soit un argument avanc par le groupe GSC pour soutenir l'ouverture d'un delphinarium ddi divertir les touristes et prserver l'espce .

    5.4. Delphinariums en Tunisie

    Les parcs aquatiques, zoologiques et de divertissement existent dj proximit de Hammamet et de Tunis :

    Hannibal Park, situ Port Kantaoui, 10 km de Sousse, propose de multiples attractions comme des manges et un bateau pirate.

    Un tablissement de type aqua-parc existe dj Sousse, dans le Golfe de Hammamet, l'Aqua Palace Port El Kantaoui.

    Yasmine Hammamet, le parc d'attraction " Carthageland " offre aux touristes la possibilit de s'amuser sur des manges, toboggans et des parcours en barque et en bateau. Les attractions font rfrence aux pisodes de l'histoire de la Tunisie.

    Bouficha, 35 km de Hammamet, le Friguia Park et Aquarium, exhibe dans de grands enclos des crocodiles, des flins, des girafes, des autruches et des flamants roses. La partie Aquarium prsente galement des otaries au public.

    Le Parc zoologique du Belvdre de Tunis, localis 60 km de Hammamet, possde plus de 150 espces animales au public, dont 61 espces de mammifres, 94 espces d'oiseaux, et 5 espces de reptiles.

    Actuellement, aucun parc zoologique tunisien ne dtient de dauphins captifs. Les dauphins sont des espces communes et frquemment observes depuis les ctes ou les embarcations, le long du littoral tunisien. Les projets commerciaux et thiquement controverss des delphinariums de Hammamet et de La Goulette doivent tre carts au profit du dveloppement d'activits commerciales d'observation des dauphins sauvages. Le dolphin-watching est une branche de l'cotourisme est un plein essor. Le potentiel de dveloppement de ce type d'activits en Tunisie est consquent. Les activits commerciales de dolphin-watching responsable auront un impact sur le dveloppement conomique, social et scientifique des communauts du littoral tunisien.

    23

  • 6. DOLPHIN-WATCHING EN TUNISIE

    6.1 cotourisme et Dolphin-watching

    Le tourisme est la principale source de devises pour 83% des pays en voie de dveloppement, et la premire source de devises pour un tiers des pays les plus pauvres (WTO, 2005). En 2004, la croissance de l'cotourisme tait trois fois suprieure celle de l'industrie touristique dans sa globalit (WTO, 2004). Lcotourisme est dfini par la Socit Internationale de lcotourisme (1991) comme "une visite responsable dans des milieux naturels o les ressources et le bien-tre des populations sont prservs." Cette branche du tourisme doit contribuer au bien-tre des populations locales et avoir de faibles consquences environnementales. Un nombre croissant de touristes tend dsormais choisir destinations et loisirs suivant les efforts de conservation fournis par les pays et selon la possibilit d'observer respectueusement les espces dans leur environnement.

    L'observation des ctacs dans leur

    milieu naturel est une activit rcrative de l'industrie de l'cotourisme (Buglass, 1995). L'observation des dauphins, ou dolphin-watching, est dfinie comme "toute activit impliquant l'observation rcrative et commerciale des ctacs sauvages, moyennant l'usage d'embarcations nautiques et d'aroplanes, l'mission et la reproduction de sons, l'alimentation, la nage et la plonge" (ANZECC, 2000).

    Le dveloppement du dolphin-watching concide avec la popularit croissante des mammifres marins. En outre, il tmoigne d'une prise de conscience du public sur l'importance de conserver les ctacs (Spradlin et al., 2001). La rencontre avec les ctacs sauvages provoque de fortes sensations chez les observateurs. Les " dolphin-watchers " prouvent une forte surprise, une certaine gratification et beaucoup de plaisir dcouvrir ces animaux sauvages occups leur activits quotidiennes de chasse, de dplacements, de repos ou de socialisation. La simple apparition des animaux s'approchant curieusement des bateaux ou effectuant d'acrobatiques sauts ravit les adultes comme les enfants.

    Ces activits touristiques sont devenues trs importantes pour de nombreuses communauts locales, en terme de revenus directs et indirects issus des excursions de whale-watching, de l'ducation et de la recherche scientifique (Hoyt, 1995). Les dauphins et baleines sont aussi des symboles de la bonne sant de l'environnement marin, ce qui contribue renforcer l'orgueil local.

    6.2 Les ctacs de Tunisie

    Les tudes de prospections et le suivi des chouages ont permis de dterminer la prsence d'espces de mystictes (baleines fanons) et d'odontoctes (ctacs dents) dans les eaux territoriales tunisiennes.

    24

  • Les espces communes sont le rorqual commun (Balaenoptera physalus), le cachalot (Physeter macrocephalus), le grand dauphin (Tursiops truncatus), le dauphin commun (Delphinus delphis) et le dauphin bleu et blanc (Stenella coeruleoalba). D'autres espces occasionnellement observes sont le petit rorqual (Physalus acutorostrata), le globicphale noir (Globicephala melas), le dauphin de Risso (Grampus griseus), l'orque (Orcinus orca) et le marsouin commun (Phocna phocna) (ACCOBAMS, 2004).

    Le grand dauphin est l'espce la plus communment observe le long des ctes. Les dauphins frquentent les ctes de Djerba au mois de juin, juillet et aot. Un groupe suit rgulirement les bateaux et les bacs reliant la ville au continent. D'autres populations sont prsentes Sayada, Zembra, Zembretta, La Galite, Bizerte, La Goulette, et dans le golfe de la pninsule de Ras Rmal. Certaines occupent des territoires restreints prs des ctes tandis que d'autres croisant plus au large semblent migrer vers les ctes chaque t.

    La densit relative du grand dauphin a t estime 0,9 animaux/km2 (coefficient de variation de 30%), dans la bande des 15 milles nautiques, de Sousse La Chebba (Naceur et al., 2004). L'effectif estim dans cette zone est de 3 977 individus (intervalle de confiance de 1982 7584 animaux) dans cette zone. L'espce est plus abondante dans le Golfe de Gabs que dans le Golfe de Hammamet. Le grand dauphin est observ en moyenne 9,3 miles des ctes, majoritairement dans des eaux d'une profondeur infrieure 100 mtres. La grande majorit des observations concerne des groupes de 1 8 individus, avec une moyenne de 5 individus. Des dauphins sont reportes dans 25% des sorties. Dans 43% des groupes, des femelles taient accompagnes de jeunes ou de nourrissons (Naceur et al., 2004).

    Une lgende narre par Pline le jeune (crivain latin, 62-114), le neveu de Pline l'Ancien, traite de l'amiti entre un dauphin et un jeune garon Hippo, un village au nord de la Tunisie. Un jeune garon se trouvait en difficult en mer lorsqu'un dauphin le secourut et le ramena sur la rivage. Ds lors, les habitants du village se familiarisrent avec le dauphin amical. Les gens accourent Hippo pour observer et approcher le dauphin. Certains prtres virent en lui le messager des dieux. La surpopulation gnre par l'afflux de visiteurs et les dpenses croissantes qui furent imposes aux habitants finirent par entraner la mise mort du ctac.

    6.3. Potentiel du dolphin-watching en Tunisie

    La Tunisie occupe une place centrale dans la rgion mditerranenne. Son plateau continental est parsem de lagunes, d'ilots, et d'les parmi lesquelles Djerba, La Galite, Le Galiton, Zembra, Zembretta, Kuriat et Kerkennah. Cette destination touristique populaire, en particulier auprs des touristes europens, possde de nombreux atouts: une situation gographique accessible, proche de l'Europe, la stabilit politique, un dpaysement paysager et culturel garanti, le dsert et une importante diversit bio-gographique, d'cosystmes naturels, de faune et de flore.

    25

  • Les activits touristiques centres sur l'observation des dauphins consistent embarquer des touristes bord de bateaux en vue d'observer les ctacs sauvages dans leur milieu naturel, dans un but de divertissement ou d'ducation, titre commercial, associatif ou rcratif. Avec ses 1300 km de littoral, et l'observation rgulire de ctacs depuis les ctes ou les embarcations, le potentiel d'observation commerciale des dauphins sauvages en Tunisie est trs intressant.

    En dpit du dficit actuel de promotion, d'encadrement et de dveloppement des activits de dolphin-watching en Tunisie, la prsence connue et stable de certaines populations sdentaires assez importantes, proximit des ctes, fournit une garantie leve de rencontrer des dauphins lors de sorties en mer, pour des dures et des cots relativement rduits. Les conditions climatiques et maritimes sont stables durant l't. La qualit des embarcations de promenades en mer et de leur quipage sont galement favorables (Mhenni, 2005).

    L'observation des dauphins est dj pratique lors d'excursions en mer sur diffrents sites du littoral tunisien. Des promenades en mer bord de petits bateaux sont proposes aux touristes dans les ports touristiques de Monastir, Djerba, Mahdia et dEl Attaya. Les tours en mer bord de grands bateaux, d'une capacit de 200 passagers, sont aussi disponibles Yasmine Hammamet et dEL Kantaoui, Sousse (Mhenni 2005). Dans le cadre de ces excursions, les tours oprateurs utilisent la prsence des dauphins dans les zones visites comme principal argument de vente. Nanmoins, la recherche active des ctacs n'est pas systmatiquement mene en mer, et la rencontre avec les individus est souvent fortuite. La publicit promouvant ces excursions de dolphin-watching aux niveaux nationaux et internationaux est inexistante. Hoyt (1995) n'en fait pas mention dans son rapport sur le dolphin-watching international. Enfin, aucune donne n'a t publie concernant les revenus gnrs par ces activits (Mhenni, 2005).

    Divers facteurs limitatifs freinent actuellement le dveloppement des activits de dolphin-watching en Tunisie. Les populations sdentaires bien connues par les pilotes de bateaux et accessibles aux tours oprateurs sont relativement restreintes. La frquentation des bateaux devra tre gre de faon optimale afin de minimiser le drangement occasionn par le dolphin-watching, et de prvenir la surexploitation des ressources. Les groupes de femelles et leurs jeunes, sensibles au drangement, devront faire l'objet de prcautions particulires. Enfin, les conditions climatiques optimales se limitent la priode mi-juin jusqu' mi-septembre (Mhenni, 2005).

    Le dauphin faisant l'objet d'une stricte protection dans les eaux territoriales, des rglementations strictes encadrent le dolphin-watching en Tunisie. Cependant, le manque d'application des rglementations entrane parfois des abus. Les pilotes de bateaux commettent parfois des actes condamnables en s'approchant trop directement ou rapidement des groupes de dauphins. De plus, la carence d'un encadrement de guides spcialiss accompagnant les visites a t reporte. Les informations fournies aux touristes lors de ces excursions se limitent souvent aux anecdotes des pcheurs locaux (Mhenni, 2005).

    Les objectifs pour le dveloppement du dolphin-watching en Tunisie sont: Fournir une source de revenus durable aux populations du littoral; Assurer la conservation des populations cibles par ces activits; Minimiser l'impact des activits sur l'environnement marin; Valoriser la prsence du dauphins en lui confrant une valeur conomique; Amliorer l'image des dauphins chez les professionnels de la pche.

    26

  • 6.4 Mise en place et impacts

    6.4.1 Dveloppement socio-conomique

    L'cotourisme doit rpondre certains critres tablis par la Socit Internationale de l'Ecotourisme pour assurer le dveloppement local: fournir des emplois aux autochtones, partager les bnfices avec les communauts locales et solliciter leur accord pour dvelopper les activits cotouristiques. Si ces conditions sont runies, l'cotourisme peut se convertir en une force conomique et en source de revenus pour les communauts.

    Les touristes "whale-watchers" sont gnralement originaires de l'tranger. La provenance des touristes en Tunisie est majoritairement europenne. D'aprs les rcentes publications sur l'observation commerciale des ctacs, les europens sont en demande croissante des tours de dolphin-watching. Les chiffres montrent une augmentation de 8,8% de "whale-watchers" entre 1991 et 1994 en Europe. Paralllement, les revenus totaux issus de ce type d'activits ont augment de US$ 5 690 000 en 1991 US$ 21 985 000 en 1994, dans cette rgion (Hoyt, 1995). Le dolphin-watching reprsente donc une source de devises non ngligeable.

    Le dveloppement d'activits de dolphin-watching est une alternative l'exploitation commune des ressources marines. En 1993, la Commission Baleinire Internationale (CBI) reconnut le potentiel conomique de l'observation commerciale des ctacs et encourage ce type d'exploitation des dauphins et des baleines dans un esprit d'co-dveloppement.

    6.4.2 Interaction dauphin/pcheur

    Le dveloppement du dolphin-watching en Tunisie a galement pour objectif d'assurer la conservation des dauphins et de favoriser la survie conomique des pcheurs. Les observations du grand dauphin sont rcurrentes dans la rgion du Golfe de Gabs, au sud de la parallle 35 N, qui correspond la principale zone de pche de Tunisie. Les grands dauphins entrent souvent en interaction avec les activits de pche. En consquence, les professionnels de la pche ont une perception ngative des ctacs. Ils les accusent d'endommager les filets, de diminuer leur production et d'augmenter le temps consacr l'entretien et la rparation des filets. Dans le cadre de la pche aux sennes tournantes, les dauphins qui se retrouvent pigs dans les sennes s'chappent en dchirant les filets. Les dauphins y recherchent les sardines, sardinelles, anchois. Ils ciblent aussi les espces dmersales prises dans les engins de pche ctire (filets et pcheries fixes). La prdation des dauphins sur les filets pourrait tre amplifie par l'appauvrissement des ressources halieutiques et l'effondrement des stocks (Naceur et al., 2004). La surexploitation de plusieurs espces benthiques a t atteinte dans certaines zones du sud de la Tunisie (Jarboui et al., 2001).

    Les dgts engendrs par les dauphins sont susceptibles de mettre en pril la survie conomique des pcheurs traditionnels aux revenus modestes. L'implication des communauts dans le dveloppement du dolphin-watching permettra de compenser les dgts gnrs par les dauphins, en leur fournissant un revenu additionnel. L'exploitation commerciale du ctac dans un cadre co-touristique. contrl pour assurer la durabilit des activits et la protection des populations cibles, permettra de positiver la prsence du ctac sur le littoral. Paralllement, l'utilisation d'un tube dauphin, gnrateur de sons rpulsifs, l'efficacit prouve, contribue rduire les interactions entre le matriel de pche et les ctacs, en loignant ces derniers des zones de pche (ACCOBAMS, 2004).

    27

  • 6.4.3 Conservation

    \Lapproche de lcotourisme implique une exploitation durable des paysages et des espces. Les activits touristiques doivent respecter lquilibre des cosystmes, limiter lempreinte cologique du tourisme et justifier la conservation et la protection des espces et des cosystmes cibls par les activits commerciales. Le ministre du tourisme de Tunisie, Tijani Haddad estime que l'cotourisme reprsente un moyen trs puissant pour valoriser la biodiversit.

    En Tunisie, le Ministre de l'Environnement et de l'Amnagement du Territoire (MEAT) possde diffrents organismes intervenants dans le domaine de la biodiversit: l'Agence de Protection et de l'amnagement du Littoral (APAL), l'Agence Nationale pour la Protection de l'Environnement (ANPE) et le Centre International de Technologie de l'Environnement (CITET). La Tunisie accueille galement le Centre d'activits rgionales pour les aires spcialement protges (CAR/SPA). Enfin, diverses associations et organisations non gouvernementales (ONG) s'intressent la biodiversit et assurent par exemple des suivis ornithologiques ou la rhabilitation de zones humides. Les organisations gouvernementales collaborent activement avec les organismes scientifiques, l'ISTM, l'INAT et les institutions universitaires (les Facults des Sciences de Tunis, de Sfax et Bizerte). Ces partenariats contribuent la ralisation d'tudes scientifiques et la conservation de la biodiversit. L'observatoire de la mer de l'Institut National des Sciences et Technologies de la Mer (ISTM) a t cr pour collecter et grer les donnes sur les zones sensibles, littorales ou humides, en collaboration avec l'INAT et les institutions universitaires. Dans le cadre de l'ACCOBAMS, des confrences sont organises pour sensibiliser les professionnels de la pche, les lves et enseignants de la filire de la pche et les scientifiques la prservation de l'environnement marin et des espces aquatiques menaces.

    La popularit du whale-watching n'a pas uniquement des bnfices socio-conomiques. L'exploitation respectueuse des mammifres marins est susceptible de dvelopper un substrat politique et conomique favorable, sur lequel pourront s'implanter des programmes de recherche scientifique et de conservation (Agardy, 1997). Ainsi, l'tablissement de sanctuaires est souvent le rsultat du dveloppement d'activits de whale-watching (Robbins et Mattila, 2000).

    6.3.4 Recherches scientifiques Les tours-oprateurs de dolphin-watching commercial organisent des visites

    rgulires dans l'habitat des dauphins. Ils constituent par consquent d'excellentes plateformes pour collecter en mer des donnes sur les ctacs (Robbins et Matilla, 2000; Rose, 1996). Ces informations prcieuses contribueront augmenter les connaissances sur l'abondance, la distribution et les dplacements des populations de dauphins. L'augmentation des plateformes d'observation associe au dveloppement du dolphin-watching permettra de multiplier les opportunits de prospections en mer, d'accumuler les donnes sur les populations littorales et d'tablir un programme de photo-identification des individus.

    Peu donnes sont disponibles sur l'abondance et la distribution des ctacs communs en Tunisie (Naceur et al., 2004). Depuis 2001, l'ISTM et le Centre de Recherche sur les Ctacs (CRC-Marineland, d'Antibes, France) ralisent des prospections de recensement pour identifier et valuer l''abondance et la distribution en profondeur des ctacs en Tunisie (ACCOBAMS, 2004).

    28

  • 6.3.5 ducation

    L'observation des ctacs sauvages dans leur environnement possde un fort potentiel pour l'ducation (Rose, 1996). L'activit permet aux touristes d'augmenter leurs connaissances sur les ctacs et de prendre conscience de la ncessit de les conserver (IFAW et al., 1995). D'autres bnfices lis au dolphin-watching comprennent un gain ducatif pour les centres scolaires locaux et l'mergence d'un sentiment d'orgueil pour les communauts qui sont impliques dans ces activits. L'attention des mdias sur les sites d'observation et de conservation des ctacs expose l'activit chelle nationale et internationale, et vhicule une image positive et pacifique (Buglass, 1995). La prsence de naturalistes bord des bateaux de whale-watching et les centres de recherche ddis aux ctacs reprsentent des moyens excellents d'duquer le public aux efforts de conservation et la gestion respectueuse des ressources naturelles.

    Les activits de dolphin-watching en Tunisie manquent actuellement de ce composant ducatif essentiel. Le dveloppement des activits devra combler ces carences en formant des guides spcialiss et en les implmentant bord des embarcations. Les tours-oprateurs de dolphin-watching doivent imprativement jouer un rle ducatif actif et complter les observations de ctacs par des explications d'ordre informatif sur la biologie, l'cologie et le comportement des espces observes, mais aussi sur les cosystmes et leur conservation.

    6.3.6 Rglementations

    Le futur de l'cotourisme dpend de l'assurance d'une gestion adquate et de la conservation des ressources (Goodwin, 1996). Les activits de whale-watching sont susceptibles d'engendrer des effets adverses court ou long terme sur les populations cibles, si elles ne sont pas rgules (IFAW et al., 1995; CBI, 1997;Trites et Bain, 2000). Le dveloppement trop rapide ou incontrl du dolphin-watching peut gnrer une mo