guide des bonnes pratiques n°15: une communauté sans malnutrition

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Consolation, 13 mois, est allaitée par sa mère Bibiche Bavelila au Centre de Santé de Kuakua, dans le Bas-Congo. Crédit : Benoit Almeras-Martino / l’UNICEF, 2014. UNE COMMUNAUTÉ SANS MALNUTRITION La lutte contre la malnutrition chronique des enfants au Bas-Congo

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Guide des bonnes pratiqes

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  • Consolation, 13 mois, est allaite par sa mre Bibiche Bavelila au Centre de Sant de Kuakua, dans le Bas-Congo. Crdit : Benoit Almeras-Martino / lUNICEF, 2014.

    UNE COMMUNAUT SANS MALNUTRITION

    La lutte contre la malnutrition chronique des enfants au Bas-Congo

  • La malnutr it ion chronique fait courir de grands r isques pour

    la sant et le dveloppement des jeunes enfants, dans la

    mesure o el le compromet leur dveloppement mental, diminue

    leur capacit dapprentissage et favorise le dveloppement de

    maladies infanto- juvni les.

    Dans lensemble de la Rpubl ique dmocratique du Congo,

    prs dun enfant de moins de cinq ans sur deux aff icherait un retard de croissance consquent,

    rvlateur dune malnutr it ion chronique.

    Malgr les efforts fournis par le gouvernement congolais et ses partenaires, les progrs enregistrs entre 2001 et 2013, que ce soit dans les domaines de la sant, de la nutr it ion, de l ducation et de l agriculture pour ce citer que ceux-l, nont pas permis de rduire signif icat ivement la malnutr it ion chronique au sein des jeunes enfants.

    Conformment la pol it ique

    nationale de nutr it ion, et reconnaissant la part icipation communautairecomme un gage de changement durable, l UNICEF appuie la redynamisation de la Nutr it ion Assise Communautaire.

    Cette approche vise impl iquer davantage les communauts pour promouvoir les bonnes prat iques de nutr it ion des enfants, dtecter des problmes de malnutr it ion, et plus gnralement aml iorer la situation sanitaire des mnages en se basant sur la recherche de solut ions locales.

    Lexprience est actuel lement mene dans les provinces du Bas-Congo, du Bandundu, de Kinshasa et de l Equateur avec la col laboration des ONG partenaires.

    LE CONTEXTE

    FONDS DES NATIONS UNIES POUR LENFANCE Rpubl ique dmocratique du Congo

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    Une enfant de moins de deux ans se fait peser au Centre de Sant de Kuakua, dans le Bas-Congo.

  • Cinq zones de sant de la province du Bas-Congo sont concernes par l exprimentation. El les se situent dans les terr itoires de Tshela et de Seke-Banza. La moit i des vi l lages de ces zones est couverte par l exprimentation ce qui reprsente une populat ion estime 220 000 personnes.

    Le projet vise la rduction de la malnutr it ion chronique des enfants de moins de deux ans, en se focal isant sur les mil le premiers jours de leur vie1, sur les femmes enceintes et al la itantes... Les activits mises en place ont pour objectif :

    La redynamisation des communauts par trois mthodes : l lection de Relais Communautaires, la cration de Cel lules dAnimation Communautaire dans chaque quart ier ou vi l lage concerns et la relance du travai l des Comits de Dveloppement et de Sant dans les Aires de Sant. Les relais communautaires sont notamment chargs de dnombrer les bnficiaires et de sensibi l iser la populat ion sur les problmes de 1 de la conception a l ge de deux ans

    malnutr it ion.

    Le renforcement des capacits des acteurs communautaires, par des formations cibles sur la sensibi l isat ion des mnages aux problmes de malnutr it ion et le reprage prcoce de ces dernier.

    La sensibi l isat ion des mnages aux bonnes prat iques nutr it ionnel les des enfants de moins de deux ans -tels que lANJE- au travers de la communication interpersonnel le.

    L identif icat ion des problmes de nutr it ion au niveau de chaque vi l lage et quart ier, ainsi que la recherche de solut ions locales ces derniers, aussi bien au niveau des structures de sant que des communauts.

    Lautonomisation progressive des communauts dans la prvention et la pr ise en charge de la malnutr it ion ainsi que dans le suivi de la croissance des enfants.

    PETITS ANJES - LALIMENTATION DU NOURRISSON ET DU JEUNE ENFANT

    LAlimentation du Nourrisson et du Jeune Enfant, ANJE en sigle, vise assurer une croissance optimale, un dveloppement harmonieux et une sant adquate aux enfants de moins de deux ans.

    Elle repose notamment sur trois principes :

    Linitiation de lallaitement maternel ds la premire heure qui suit laccouchement

    Lallaitement maternel exclusif pendant les six premiers mois de la vie de lenfant

    Lintroduction bonne date et en quantit suffisante des aliments de complments de qualit, soutenue par un allaitement maternel continu jusqu lage de deux ans.

    Selon la revue mdicale The Lancet, lANJE permettrait de rduire la mortalit des nouveaux ns et des enfants denviron 13%.

    Dans lapproche Nutrition Assise Communautaire mise en oeuvre au Bas-Congo, lANJE est au cur des messages de sensibilisation faits aux mnages pour prvenir la malnutrition.

    COMMENT A MARCHE ?

    UNE COMMUNAUT SANS MALNUTRITION La lutte contre la malnutr it ion chronique des enfants au Bas-Congo

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  • A Vunda, dans le Bas-Congo, les relais communautaires animent des groupes de soutien destination des parents pour leur apprendre mieux prendre en charge la nutrition de leurs enfants.

    Les amis, bonjour ! Aujourdhui, on va apprendre faire une bouillie partir de farine de manioc, dhuile de palme, de pte darachides et de sucre

    Tous les dimanches, Emeda Pemba anime avec enthousiasme un groupe dinformation pour promouvoir les bonnes pratiques de nutrition des enfants auprs des familles de son quartier. Le thme du jour est lalimentation de complment. Aprs stre lave les mains, elle prend les ingrdients un un, dcompose toutes les tapes de la recette et met la prparation cuire dans une casserole pose sur un brasero.

    Il faut attendre seulement quinze minutes pour que ce soit bien cuit !

    En attendant, Emeda utilise une bote images

    pour expliquer aux parents limportance de donner des aliments de complments de qualit aux enfants:

    Cest important que lon puisse donner des aliments en plus de lallaitement quand lenfant plus de six mois, comme a il va bien grandir et tre en meilleure sant Mais il faut des aliments adapts et riches, pas seulement du manioc

    Quelques parents dcident de se confier, tout en vrifiant quils ne drangent pas trop le droulement de la classe : Nous, on aime bien le groupe de soutien parce quavec Emeda on apprend par lexemple et on aime beaucoup ses conseils

    Pour eux, cette mre de cinq enfants est loin dtre une figure inconnue... puisquelle vient rendre visite chacun deux au moins trois fois par mois depuis son lection comme Relais Communautaire dans son quartier.

    Emeda prend ce rle particulirement cur : Ce qui me donne de la joie, cest de rendre

    service aux habitants de mon quartier et dtre bien accueillie chez toutes les personnes que je visite. Il y a beaucoup de parents qui sont gns daller poser des questions aux Centres de Sant, ils restent souvent dans lignorance par rapport la nutrition de leurs enfants. Jessaie de rpondre leurs proccupations, mais jarrive surtout les convaincre daller au Centre de Sant.

    La cuisson termine, Emeda distribue la prparation aux parents participants, qui font un peu la moue. La couleur de la pure ne la rend pas trs aptissante mais les enfants, eux, nen laissent rien et avalent littralement chaque cuillre qui leur est donne.

    La runion du groupe de soutien touche sa fin les parents partent pendant quEmeda range les ingrdients et les assiettes qui lui ont servi animer cette sance Ce que je veux pour lavenir, cest que les parents puissent recevoir de bons conseils de nutrition pour quils puissent prserver la sant de leur famille et que leurs enfants vivent longtemps !

    EMEDA, UNE CONSE I LLRE POUR LUTTER CONTRE LA MALNUTR IT ION

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  • Pralablement au projet, une tude sur les connaissances, les attitudes et les pratiques en termes de nutrit ion a t mene dans les zones de sant vises, afin didentif ier les obstacles lever pour lutter contre la malnutrit ion.

    Aprs un plaidoyer auprs des autorits locales et des concertations avec les 597 communauts identif ies, des lections ont t tenues pour choisir 617 Relais Communautaires et mettre en place 597 Cellules dAnimation Communautaire au niveau des vil lages. 26 Comits de Dveloppement et de Sant ont t redynamiss au niveau des aires de sant vises par lapproche.

    Lensemble des relais communautaires ainsi que 108 agents de sant ont t forms sur la gestion communautaire de la nutrit ion et les bonnes pratiques nutrit ionnelles.

    A la suite des formations, un dnombrement des habitants des communauts a t effectu par les Relais Communautaires : i l a permis de recenser 9772 enfants de 0-23 mois (dont 2972 enfants de 0 6 mois) et 11212 femmes enceintes et al laitantes. Ce dnombrement est actualis tous les mois par les Relais Communautaires.

    Des diagnostics communautaires ont t raliss au niveau de chaque aire de sant vise pour valuer les pratiques concernant lal imentation des enfants, la production agricole, lhygine et les connaissances de la malnutrit ion.

    43 ans, Elyse Luzolo est redevenue une jeune mre avec la naissance de son quatrime enfant, Grce.

    Quand jtais enceinte, notre relais communautaire est venue me rendre visite pour me sensibiliser lallaitement exclusif. Elle ma dit que comme a lenfant grandirait bien.

    Je navais jamais fait a avant, alors jai dcid dessayer avec Grce, puis de comparer sa sant avec celle de ses grands frres.

    Jai vu que Grce tait en bonne sant et quil avait aussi mieux grandi par rapport ses frres au mme ge.

    Grce est aujourdhui un beau bb de 8 mois. Lors de sa dernire visite au Centre de Sant en aot 2014, Grce pesait prs de 11 kilos. Un motif de fiert pour sa mre:

    Ce qui me rend heureuse, cest de voir quil est en bonne sant, quil ne tombe pas malade.

    Ce que je souhaite pour lavenir, cest que les mres puissent continuer dtre bien informes comme je lai t. Je voudrais aussi que Grce soit duqu et devienne quelquun dimportant.

    T M O I G N AG ECE QUI A T ACCOMPLI

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  • Limplication des autorits et des acteurs locaux de sant a facilit lorganisation des activits au niveau des communauts.

    LLARGISSEMENT DU NOMBRE DES RELAIS COMMUNAUTAIRES, en suivant le principe Un village1 = un relais facilite le dnombrement, la sensibilisation des parents et le suivi effectif des enfants, tout en permettant aux relais de conserver une activit normale.

    En corollaire, la SYSTMATISATION DU FONCTIONNEMENT DES COMMUNAUTS permet didentifier rapidement les problmes et, si besoin, de les transmettre au niveau des Aires de Sant ou au Bureau Central de la Zone de Sant.

    LA SENSIBILISATION DIRECTE DES MNAGES, mene par les Relais Communautaires, permet de renforcer les messages transmis au niveau des Centres de Sant et de les largir aux autres membres des mnages (pre de lenfant, grands-parents), notamment sur lallaitement maternel exclusif, lalimentation de complment et les pratiques dhygine.

    Les GROUPES DE SOUTIEN, anims par les Relais Communautaires, constituent des moyens de partager des conseils entre parents et de renforcer la cohsion sociale au sein des communauts.

    LESPRIT DE SERVICE ET DE SOLIDARIT ( salongo ) qui anime les Relais Communautaires est notamment lun des facteurs facilitant la transmission des messages de prvention de la malnutrition auprs des mnages.1 Un village = 40 mnages

    Dr. Bumba MuasoMdecin Chef de la Zone de Sant Rurale dInga

    Gandhi disait Ce qui se fait sans moi pour moi, est fait contre moi. La Nutrition Assise Communautaire part dabord des communauts

    et cherche trouver des solutions locales pour prvenir la malnutrition.

    Esprance PambuRelais Communautaire du quartier Kuakua

    Pour moi, soutenir les mnages, cest ce quil y a de plus important. Les parents acceptent ma visite et ils aiment les conseils que je peux leur donner en plus de ce quils apprennent au Centre de Sant.

    Joseph GemboPrsident de la Cellule dAnimation Communautaire du

    quartier Kuakua

    Nous cultivons un champ communautaire pour diversifier les aliments des enfants et gagner

    un peu dargent pour continuer notre activit et soutenir notre quartier. On voudrait commencer

    un levage pour avoir aussi de la viande.

    Dans la zone de sant dInga, cinq aires de sant sur dix ont mis en place lapproche de la Nutrition Assise Communautaire avec lassistance de lUNICEF et de Mdecins dAfrique - son succs passera par lappropriation de lapproche par les communauts.

    LA DCOUVERTE : CE QUI MARCHE

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  • La volont dtablir une communaut sans malnutrition est la principale motivation des acteurs rencontrs. Pour y parvenir, diffrentes pistes ont t voques :

    Le changement de comportement, dabord au niveau des mnages, dans lacceptation et lapplication de pratiques alimentaires appropries - mais aussi au niveau de la production agricole, actuellement oriente vers le commerce avant de permettre la subsistance des mnages;

    Linstauration de nouvelles habitudes alimentaires avec le dveloppement dautres cultures (soja, mas) et de llevage aussi bien au niveau des mnages que de la communaut ;

    Lautonomisation des structures communautaires au travers de la mise en place dactivits gnratrices de revenus et de la mise en

    place de mutuelles de sant et de solidarit ;Suite aux diagnostics communautaires, les plans daction dfinis dans chaque aire de sant devraient permettre de trouver des solutions aux problmes de malnutrition en sappuyant notamment sur les ressources disponibles localement.

    Au-del de la question de la malnutrition, la proccupation des acteurs rencontrs est de garantir un meilleur accs leau, lducation et la sant en sappuyant les structures communautaires mises en place dans le cadre de lapproche.

    Dans lensemble de la RDC, lUNICEF vise assurer une scurit nutritionnelle pour les groupes le plus vulnrables, en particulier dans les provinces les plus affectes par la malnutrition, et rduire le retard de croissance dau moins 5% dici 2017.

    Mbongo Neka est un des relais communautaires actifs dans la local it de Vunda - son travai l l amne frquemment rendre visite aux famil les du quart ier. El izabeth Vangu, trente-deux ans, fait part icul irement l objet de son attention puisquel le entre dans ses derniers mois de grossesse.Cest dai l leurs la quatr ime visite de Mbongo El izabeth, qui apprcie sa courtoisie et sa considrat ion son gard. Mme si je sais dj ce qui l faut faire grce la Consultat ion Prnatale, j a ime bien qui l me rende visite - cest plus simple que dal ler au Centre de Sant et i l nous donne de bons consei ls sur l al la itement et l al imentation de mes enfants.

    E N I M AG E S : v i s i t e d o m i c i l e d u n r e l a i s c o m m u n a u t a i r e

    LE RVE : LA VISION DU FUTUR

    UNE COMMUNAUT SANS MALNUTRITION La lutte contre la malnutr it ion chronique des enfants au Bas-Congo

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  • Des parents du quartier Kuakua nourrissent leurs enfants la suite dune sance de leur groupe de soutien.Crdit : Benoit Almeras-Martino / lUNICEF, 2014.