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Exposition du 6 juin au 14 décembre 2009 du 6 juin Féerie Indienne Les toiles peintes, des rivages de l’Inde au royaume de France GUIDE DE VISITE

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Expo

siti

on d

u 6

juin

au

14 d

écem

bre

2009

Imprimerie Le Nohéh - Pontivy

Musée de la Compagnie des IndesVille de Lorient - Tél. 02 97 82 19 13http://musee.lorient.fr

du 6

juin

Féerie Indienne

Les toiles peintes, des rivages de l’Inde au royaume de France

GUIDE DE VISITE

Des rivages de l’Inde au royaume de France, en passant par la Perse, le musée de la Compagnie des Indes - en collaboration avec le musée de l’Impression sur étoff es de Mulhouse – invite à la découverte des indiennes. Ces cotonnades peintes ou imprimées résultent d’un savoir-faire ancestral apprécié dans toute l’Asie. A partir du XVIIe siècle, les agents des Compagnies des Indes découvrent ces marchandises, qu’ils utilisent à l’origine comme monnaie d’échange en Asie pour obtenir les épices. Mais, quand les Britanniques présentent ces joyeuses étoff es fl orales à la clientèle européenne, ils suscitent un engouement jamais démenti jusqu’à la fi n du XVIIIe siècle.

Réalisée par le musée de la Compagnie des Indes en partenariat avec le musée de l’impression sur étoff es de Mulhouse, cette exposition a été fi nancée par la Ville de Lorient, la Direction Régionale des Aff aires Culturelles de Bretagne et le Conseil Général du Morbihan.

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De l’Inde à l’Europe, en passant par la PerseL’exposition s’organise autour des pôles géogra-phiques auxquels les toiles peintes étaient desti-nées : l’Inde et les autres pays d’Asie en premier lieu, puis le royaume de Perse et enfi n l’Europe.

Les hommes les portent en robe d’intérieur ; les femmes aiment les porter en caraco, jupe ou robe, même si les lois de prohibition vont les obliger à être les plus discrètes possible. La levée de la prohibition en 1759 et le déclin de la Compagnie des Indes sont deux facteurs qui marquent le début de l’indiennage en France.

Les mordants et les colorants peuvent être appliqués sur la toile de deux façons :

- avec le calame, tige de bambou taillée fi nement et munie d’un réservoir ; dans ce cas, la toile est « peinte » - avec une planche de bois gravée selon le motif désiré ; dans ce cas, la toile est « imprimée ».Les deux techniques peuvent être utilisées sur une même toile.

L’impression d’une toile nécessite donc de très nombreuses étapes : la préparation de la toile, la pose de la cire, la pose des mordants, les passages dans les bains de couleurs, le bouillissage, un nettoyage et un séchage après chaque coloration.

Caraco de femme en indienneMISE© Musée de l’impression sur étoffes, Mulhouse, David Soyer

Semis de fl eurettes à fond beigeMISE© Musée de l’impression sur étoffes, Mulhouse, David Soyer

Les procédés d’impression sur étoff es en IndeLes mordants les plus couramment utilisés sont des oxydes métalliques : le sel de fer et l’alun. Ils permettent

de fi xer durablement la couleur sur les textiles.Quant aux deux principaux colorants, il s’agit de l’indigo, pour les teintes bleues, et la garance, pour la gamme des rouges.

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Des indiennes pour l’Inde et l’Asie

Quand les agents des Compagnies des Indes s’établissent dans les comptoirs indiens, ils découvrent un produit d’usage courant en Inde, les toiles de cotons colorées, unies ou décorées de motifs.

Utilisées dans l’habillement, notamment des femmes, les cotonnades servent également de tentures religieuses, exposées dans l’enceinte sacrée des temples.

Ces « toiles peintes » sont le produit de deux savoir-faire particuliers qui ne sont pas maîtrisés en Europe à l’époque :

- la production, en grandes quantités, du coton.Seule l’Inde sait fi ler et tisser en masse cette toile, dont l’armure simple, un croisement entre fi ls de chaî-nes et fi ls de trame, assure la planéité et la régularité indispensable à la qualité de l’impression.

- la fi xation sur les étoff es de couleurs capables de résis-ter à des lavages répétés et aux agressions du soleil.

La « folie de l’indienne » est telle que, pour protéger les producteurs de textiles français, une prohibition totale frappe ces tissus pendant trois quarts de siècle.

Mais ils continuent à circuler dans le royaume grâce à une contrebande active. Pourtant le port de ces vêtements est puni de galère perpétuelle et leur vente peut conduire à la pendaison !Dans un premier temps, c’est leurs intérieurs que les Euro-péens parent de cotonnades indiennes. Les « palempores », de l’hindi « palang » (lit) et du persan « push » (couvrir) sont utilisés comme couvre-lits mais surtout comme tentures murales.

Puis les indiennes pénètrent la sphère du costume. En eff et, les Européens voient rapidement les avantages qu’il y a à porter ces toiles fraîches, faciles à laver, décorées de motifs variés et exotiques, relevées de couleurs vives et résistantes, et fi nalement peu onéreuses.

Palempore aux poissons, détailMCI© Robert Le Gall / Service historique de la Défense, département Marine, Lorient

Fragment d’un kalamkari, épisode de la vie de KrishnaMISE© Musée de l’impression sur étoffes, Mulhouse, David Soyer

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Parce qu’ils maîtrisent depuis des siècles ces deux technologies, étroitement liées, les artisans indiens vont être en capacité de répondre à la demande étrangère, notamment celle de l’Europe et de la Perse.

La PerseA la même époque, la Perse est un grand centre textile ; en eff et, le royaume est lié à l’Inde de l’époque moghole et bénéfi cie vraisemblablement, outre des importations de textiles, d’un transfert des technologies indiennes d’im-pression sur étoff es. Au même titre que les « indiennes », on parle de « perses » pour les toiles fabriquées en Perse ou qui transitent par la Perse.

Compte tenu de ces échanges technologiques et commer-ciaux entre les deux pays, il est diffi cile de déterminer si certaines toiles ont été fabriquées en Inde par des Indiens, en Inde par des artisans persans ou encore en Perse.

Pour l’EuropeLa Compagnie des Indes profi te, à la fi n du XVIIe siècle, du morcellement de l’Etat indien et installe des loges et comptoirs dans les trois grandes régions de production textile, d’abord à Surate, dans le Gujarat, puis sur la côte de Coromandel et dans le Bengale.Le textile indien devient une préoccupation majeure des agents de la Compagnie. Les textiles de l’Inde représentent jusqu’à trois quarts des cargaisons des 1250 armements eff ectués par la Compa-gnie française de 1719 à 1769, de la côte de Coromandel au port de Lorient.

La teinture à l’indigo ne nécessite pas l’usage d’un mordant : il suffi t de plonger l’étoff e dans un bain d’indigo pour que sa surface soit intégralement colorée. L’objectif est

donc de protéger, avec de la cire, les zones qui ne doivent pas recevoir de bleu. Ce procédé est appelé « teinture à la réserve ».

Pour la garance en revanche, les mordants sont indispensables. Une fois le mordant appliqué, il faut alors passer la toile dans un bain de garance : la couleur ne se fi xe que sur les zones préalable-ment imprégnées de mordants. En jouant sur la composition des mordants, le teinturier peut obtenir toute une gamme de rouges allant du rose au brun sombre.Tapis de prière

MISE© Musée de l’impression sur étoffes, Mulhouse, David Soyer

BrassièreMCI© Robert Le Gall / Service historique de la Défense, département Marine, Lorient

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Parce qu’ils maîtrisent depuis des siècles ces deux technologies, étroitement liées, les artisans indiens vont être en capacité de répondre à la demande étrangère, notamment celle de l’Europe et de la Perse.

La PerseA la même époque, la Perse est un grand centre textile ; en eff et, le royaume est lié à l’Inde de l’époque moghole et bénéfi cie vraisemblablement, outre des importations de textiles, d’un transfert des technologies indiennes d’im-pression sur étoff es. Au même titre que les « indiennes », on parle de « perses » pour les toiles fabriquées en Perse ou qui transitent par la Perse.

Compte tenu de ces échanges technologiques et commer-ciaux entre les deux pays, il est diffi cile de déterminer si certaines toiles ont été fabriquées en Inde par des Indiens, en Inde par des artisans persans ou encore en Perse.

Pour l’EuropeLa Compagnie des Indes profi te, à la fi n du XVIIe siècle, du morcellement de l’Etat indien et installe des loges et comptoirs dans les trois grandes régions de production textile, d’abord à Surate, dans le Gujarat, puis sur la côte de Coromandel et dans le Bengale.Le textile indien devient une préoccupation majeure des agents de la Compagnie. Les textiles de l’Inde représentent jusqu’à trois quarts des cargaisons des 1250 armements eff ectués par la Compa-gnie française de 1719 à 1769, de la côte de Coromandel au port de Lorient.

La teinture à l’indigo ne nécessite pas l’usage d’un mordant : il suffi t de plonger l’étoff e dans un bain d’indigo pour que sa surface soit intégralement colorée. L’objectif est

donc de protéger, avec de la cire, les zones qui ne doivent pas recevoir de bleu. Ce procédé est appelé « teinture à la réserve ».

Pour la garance en revanche, les mordants sont indispensables. Une fois le mordant appliqué, il faut alors passer la toile dans un bain de garance : la couleur ne se fi xe que sur les zones préalable-ment imprégnées de mordants. En jouant sur la composition des mordants, le teinturier peut obtenir toute une gamme de rouges allant du rose au brun sombre.Tapis de prière

MISE© Musée de l’impression sur étoffes, Mulhouse, David Soyer

BrassièreMCI© Robert Le Gall / Service historique de la Défense, département Marine, Lorient

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Des indiennes pour l’Inde et l’Asie

Quand les agents des Compagnies des Indes s’établissent dans les comptoirs indiens, ils découvrent un produit d’usage courant en Inde, les toiles de cotons colorées, unies ou décorées de motifs.

Utilisées dans l’habillement, notamment des femmes, les cotonnades servent également de tentures religieuses, exposées dans l’enceinte sacrée des temples.

Ces « toiles peintes » sont le produit de deux savoir-faire particuliers qui ne sont pas maîtrisés en Europe à l’époque :

- la production, en grandes quantités, du coton.Seule l’Inde sait fi ler et tisser en masse cette toile, dont l’armure simple, un croisement entre fi ls de chaî-nes et fi ls de trame, assure la planéité et la régularité indispensable à la qualité de l’impression.

- la fi xation sur les étoff es de couleurs capables de résis-ter à des lavages répétés et aux agressions du soleil.

La « folie de l’indienne » est telle que, pour protéger les producteurs de textiles français, une prohibition totale frappe ces tissus pendant trois quarts de siècle.

Mais ils continuent à circuler dans le royaume grâce à une contrebande active. Pourtant le port de ces vêtements est puni de galère perpétuelle et leur vente peut conduire à la pendaison !Dans un premier temps, c’est leurs intérieurs que les Euro-péens parent de cotonnades indiennes. Les « palempores », de l’hindi « palang » (lit) et du persan « push » (couvrir) sont utilisés comme couvre-lits mais surtout comme tentures murales.

Puis les indiennes pénètrent la sphère du costume. En eff et, les Européens voient rapidement les avantages qu’il y a à porter ces toiles fraîches, faciles à laver, décorées de motifs variés et exotiques, relevées de couleurs vives et résistantes, et fi nalement peu onéreuses.

Palempore aux poissons, détailMCI© Robert Le Gall / Service historique de la Défense, département Marine, Lorient

Fragment d’un kalamkari, épisode de la vie de KrishnaMISE© Musée de l’impression sur étoffes, Mulhouse, David Soyer

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De l’Inde à l’Europe, en passant par la PerseL’exposition s’organise autour des pôles géogra-phiques auxquels les toiles peintes étaient desti-nées : l’Inde et les autres pays d’Asie en premier lieu, puis le royaume de Perse et enfi n l’Europe.

Les hommes les portent en robe d’intérieur ; les femmes aiment les porter en caraco, jupe ou robe, même si les lois de prohibition vont les obliger à être les plus discrètes possible. La levée de la prohibition en 1759 et le déclin de la Compagnie des Indes sont deux facteurs qui marquent le début de l’indiennage en France.

Les mordants et les colorants peuvent être appliqués sur la toile de deux façons :

- avec le calame, tige de bambou taillée fi nement et munie d’un réservoir ; dans ce cas, la toile est « peinte » - avec une planche de bois gravée selon le motif désiré ; dans ce cas, la toile est « imprimée ».Les deux techniques peuvent être utilisées sur une même toile.

L’impression d’une toile nécessite donc de très nombreuses étapes : la préparation de la toile, la pose de la cire, la pose des mordants, les passages dans les bains de couleurs, le bouillissage, un nettoyage et un séchage après chaque coloration.

Caraco de femme en indienneMISE© Musée de l’impression sur étoffes, Mulhouse, David Soyer

Semis de fl eurettes à fond beigeMISE© Musée de l’impression sur étoffes, Mulhouse, David Soyer

Les procédés d’impression sur étoff es en IndeLes mordants les plus couramment utilisés sont des oxydes métalliques : le sel de fer et l’alun. Ils permettent

de fi xer durablement la couleur sur les textiles.Quant aux deux principaux colorants, il s’agit de l’indigo, pour les teintes bleues, et la garance, pour la gamme des rouges.

Page 8: GUIDE DE VISITE Féerie Des rivages de l’Inde au royaume de … · 2018-07-02 · dans les comptoirs indiens, ils découvrent un produit d’usage courant en Inde, les toiles de

Expo

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14 d

écem

bre

2009

Imprimerie Le Nohéh - Pontivy

Musée de la Compagnie des IndesVille de Lorient - Tél. 02 97 82 19 13http://musee.lorient.fr

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Les toiles peintes, des rivages de l’Inde au royaume de France

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Des rivages de l’Inde au royaume de France, en passant par la Perse, le musée de la Compagnie des Indes - en collaboration avec le musée de l’Impression sur étoff es de Mulhouse – invite à la découverte des indiennes. Ces cotonnades peintes ou imprimées résultent d’un savoir-faire ancestral apprécié dans toute l’Asie. A partir du XVIIe siècle, les agents des Compagnies des Indes découvrent ces marchandises, qu’ils utilisent à l’origine comme monnaie d’échange en Asie pour obtenir les épices. Mais, quand les Britanniques présentent ces joyeuses étoff es fl orales à la clientèle européenne, ils suscitent un engouement jamais démenti jusqu’à la fi n du XVIIIe siècle.

Réalisée par le musée de la Compagnie des Indes en partenariat avec le musée de l’impression sur étoff es de Mulhouse, cette exposition a été fi nancée par la Ville de Lorient, la Direction Régionale des Aff aires Culturelles de Bretagne et le Conseil Général du Morbihan.