guide atelier "paysage" en Île-de-france

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Guide atelier "Paysage" en Île-de-France 2009 - 2011 Révéler les figures du Grand Paris Préfigurer des promenades urbaines aux regards d’artistes Transformer l’état d’esprit de nos projets d’aménagement Ministère de l’Écologie, du Développement durable des Transports et du Logement Direction régionale et interdépartementale de l'Équipement et de l'Aménagement ÎLE-DE-FRANCE Service Aménagement - Département Atelier Territoires et Métropole

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Page 1: Guide atelier "Paysage" en Île-de-France

Guide

atelier "Paysage" en Île-de-France

2009 - 2011

Révéler les f igures du Grand Paris

Préfigurer des promenades urbaines aux regards d’artistes

transformer l ’état d’esprit de nos projets d’aménagement

Ministère de l’Écologie, du Développement durable des Transports et du Logement

Direction régionaleet interdépartementalede l'Équipement et de l'Aménagement

ÎLE-DE-FRANCE

Service Aménagement - Département Atelier Territoires et Métropole

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Guide

atelier "Paysage" en Île-de-France

2009 - 2011

Révéler les f igures du Grand Paris

Préfigurer des promenades urbaines aux regards d'art istes

transformer l 'état d'esprit de nos projets d'aménagement

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2DRIEA IF / SA / DATM Atelier "Paysage" en Île de France - 2009/2011 DRIEA IF /SA/DATM/UVAT Atelier «Paysage» en île de France - 2009/2010DRIEA IF / SA / DATM Atelier "Paysage" en Île de France - 2009/2011

Images et photo de couvertureCarte en fond : "Rayonnement", Ingrid Saumur, paysagiste DPLG.Vignette 1 : "Paris Olympic",Yona Friedman, architecte, projet 2004Vignette 2 : "Borderland", Tania Moureau, artiste, FIAC2008Vignette 3 : "Métaphore du fleuve", Endo Shuhei, association Louise-Catherine, fondation Le Corbusier,2008Vignette 4 : "Expression du symposium paysage", Alain Sarfati, architecte, EPA Melun-Sénart 1986.Vignette 5 : "Stylites nocturnes/diurnes", Jaume Plensa, Vitry-sur-Seine 2011

Bandeau de page : Ingrid Saumur, paysagiste DPLG.

Pour qui ?Pour les acteurs de la ville et des territoires :

• les élus,

• les équipes techniques des collectivités,

• les professionnels de l'aménagement et de l'urbanisme,

• les étudiants.

Pourquoi ?Afin de promouvoir une approche :

• sensible de l'espace, moins portée sur les fonctions que sur les usages et la perception de la ville, du paysage,

• complémentaire des approches réglementaires et institutionnelles.

Comment ?En proposant un outil d'aide à la décision et à la conception des projets doté d'une véritable grille d'évaluation et d'appropriation du paysage qui privilégie trois axes méthodologiques.

la méthode des figuresElle vise à décrire le territoire à partir d'éléments qui constituent son paysage et se déploie sur trois types de figures et fondent l'identité même d'un territoire, dans le temps et dans l'espace :

• les figures naturelles (buttes, plaines, cuvettes, plateaux, coteaux, vallées, eau, forêt, champ...)

• les figures construites (tours, clochers, lignes électriques, voies ferrées, routes, aqueducs, réseaux de canaux, éoliennes, triages, clôtures...)

• les figures métaphoriques (symboles, repères, lieux-dits, fantômes de bâtiments démolis, légendes...)

la promenade urbaineArpenter le territoire pour mieux le comprendre et conduire les acteurs du projet vers une approche sensible de l'espace, tout en constituant un média et un lieu d'échanges "hors champ", décalé par rapport au rôle institutionnel, technique ou citoyen de ces acteurs.

La promenade urbaine doit être réalisée à la discrétion du porteur de projet mais dans l'esprit d'une démarche organisée, préparée et dont la restitution doit être formalisée.

la représentation des territoires et des projets L'apparition de la coupe urbaine, de la vue lointaine, du relief, de la visualisation de l'articulation des échelles entre elles - de la perception à l'utilisation du paysage, du reportage photographique, du croquis...paraissent autant de pistes à creuser pour échapper au plan programme à plat et à la fausse perspective du volet paysager. Il s'agit alors de multiplier les outils permettant de percevoir dans le temps et l'espace, l'intégration du développement urbain.

Carte d'identité

Une méthode d'analyse pour aborder le paysage comme un élément structurant de l'identité territoriale et du développement durable permettant de retrouver le génie des lieux, d'ancrer les projets dans la géographie et l'histoire de ces lieux, est proposée dans ce guide élaboré par l'atelier "Paysage" d'Île-de-France.

Cet atelier, depuis 2009, avec le soutien : de la DRIEE, de la DRAC, du Centre Pompidou (association les promenades urbaines) et de l'IAU Île-de-France, promeut une démarche exploratoire, innovante et expérimentale, qui doit enrichir les pratiques professionnelles.

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DRIEA IF / SA / DATM Atelier "Paysage" en Île de France - 2009/2011 3DRIEA IF /SA/DATM/UVAT Atelier «Paysage» en île de France - 2009/20103DRIEA IF / SA / DATM Atelier "Paysage" en Île de France - 2009/2011

L'équipe de l'atelier "Paysage"

• Jacques Deval Directon Régionale et Interdépartementale de l'Équipement et de l'Aménagement d'Île-de-France (DRIEA IF)

• Ingrid Saumur paysagiste DPLG

• Jean Gailly DRIEA IF

le groupe d'experts

• Frédéric Bonnet Agence Obras

• Catherine Bruant École nationale supérieure (ENS) d'architecture de Versailles

• Jean-Paul Gazeau Architecte spécialiste international en programmation

• Arnauld Laffage École nationale supérieure d'architecture de Paris-la-Villette.

• Jean-Pierre Nouhaud École nationale supérieure d'arts de Paris-Cergy

• François Petit Maison de Banlieue et de l'Architecture à Athis-Mons

• Ann-Caroll Werquin Atelier d'environnement Thalès

et le comité de pilotage

• Nathalie Barry Direction des affaires culturelles d'Île-de-France (DRAC IF)

• Catherine Bergeal Direction général de l'aménagement du logement et de la nature (DGALN)

• Christiane Blancot Atelier parisien d'urbanisme

• Yves Clerget Centre Pompidou

• Michel Collin paysagiste conseil de l'État en Seine-Saint-Denis 

• Anne Fortier-Kriegel Conseil général de l'environnement et du développement durable

• William Hayon Architecte et urbaniste en chef de l'État

• Gaëtane Lamarche-Vadel École nationale supérieure des beaux arts de Dijon

• Bertrand Lemoine Atelier international du Grand Paris et des projets architecturaux et urbains

• Jean-Pierre Le Dantec Ingénieur, professeur des écoles d'architecture

• Stéphane Lucet Directon Régionale et Interdépartementale de l'environement et de l'énergie (DRIEE)

• Pierre Oudart Direction des affaires culturelles d'Île-de-France (DRAC IF)

• Pierre-Marie Tricaud Institut d'aménagement et d'urbanisme d'Île-de-France

• Alessia de Biase École nationale supérieure d'architecture de Paris-la-Villette

• Jacqueline Varier-Gandois Conseil général du Val-de-Marne

• Bertrand Warnier Architecte urbaniste

• Chris Younès École nationale supérieure d'architecture de Clermont-Ferrand.

Et pour les directions régionales d'Île-de-France :

• Philippe Dress DRIEE

• Olivier Godet DRAC

• François Dubois DRIEA IF

Une biograghie est présente dans l'annexe

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4DRIEA IF / SA / DATM Atelier "Paysage" en Île de France - 2009/2011 DRIEA IF /SA/DATM/UVAT Atelier «Paysage» en île de France - 2009/2010DRIEA IF / SA / DATM Atelier "Paysage" en Île de France - 2009/2011

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DRIEA IF / SA / DATM Atelier "Paysage" en Île de France - 2009/2011 5DRIEA IF /SA/DATM/UVAT Atelier «Paysage» en île de France - 2009/20105DRIEA IF / SA / DATM Atelier "Paysage" en Île de France - 2009/2011

RemerciementsTout particulièrement à Evelyne Smolarsky, Caroline Briand, Daphné Boret, Laurence Courtois, Elisabeth Trévin, Arnaud Trécour, Evelyne Lucas, Patrick Urbain, Jean-Michel Vincent, Lucile Smirnov, Nicolas Laruelle, Hervé Gazel, Laurent Perrin, Stéphanie Depoorter, Nathalie Barry, Yves Clerget, Michel Collin, Claire Alliod, Pascale Dejean, Marc Gérault, Noémie Giard, Stéphane Lucet, et Pierre-Marie Tricaud qui nous ont accompagné tout au long de cette première étape, ainsi que l'association Les Promenades Urbaines, l'agence Dédale, la cité internationale universitaire de Paris.

À Hélène Peskine qui a assuré la maîtrise d'ouvrage animation/présidence des séances de l'atelier sur plus d'une année et a su orienter cette action autour d'un travail de projet lié à la consultation internationale pour l'avenir du Paris métropolitain sous l'égide du ministère de l'écologie, du développement durable, des transports et du logement et du ministère de la culture et de la communication.

À Olivier Lerude pour la précision de son suivi dans la valorisation et la restitution de ce travail, responsable du département atelier territoires et métropole/DRIEA IF.

À Philippe Masingarbe, maquetiste graphiste, DRIEA IF

et, pour leur collaboration  :  Emmanuel Acciardi, Pierre Asconchills, Joël Bye, Jean-Pierre Clarac, Denis Caulier, Claude Cottour, Aude Fauché, Bruno Gauthier, Agnès Grand, Florent Hébert, Sarah Illien, Séverine Klumbs, Sonia Laage, Éric Ladegaillerie, Dominique Le Fur, David Lefevre, Jean-Marc Lefur, Thiérry Louf, Aline Louis, Emilie Martinaud, Jean-Claude Noël, Laurent Paillard, Martine Rascle, Patrick Rigaill, Boris Tron, Sophie Lafenêtre, Philippe Treillard, Thomas Zamansky.

Enfin nous remercions nos correspondants des Conseils Généraux et les CAUE de l'Essonne, des Yvelines, du Val d'Oise, de Seine-et-Marne, du Val-de-Marne, de Seine-Saint-Denis, les départements de l'IAU, de l'ICOMOS1 (UNESCO2 France), ceux du réseau des inspecteurs des sites, des architectes des bâtiments de France, des paysagistes conseils et des architectes conseils de l'État, nos correspondants "Paysage" dans les directions départementales des territoires et les unités territoriales ; et les services des directions régionales de l'État.

L'ensemble de ces rencontres sont précisées plus particulièrement dans la bibliographie en fin d'ouvrage.

1 Conseilinternationalsurlesmonumentsetlessitespourl'UNESCO2.

2 Organisationdesnationsuniespourl'éducationlascienceetlaculture.

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6DRIEA IF / SA / DATM Atelier "Paysage" en Île de France - 2009/2011 DRIEA IF /SA/DATM/UVAT Atelier «Paysage» en île de France - 2009/2010DRIEA IF / SA / DATM Atelier "Paysage" en Île de France - 2009/2011

Préface. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 8

Préambules. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 10Philippe Dress,Olivier Godet, François Dubois,

Avant-propos . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 13Jacques Deval,

Le.grand.pari.du.paysage . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 13

De.la.construction.à.l'environnement . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 13

Le.paysage.comme.nouvelle.dynamique.de.qualité.urbaine . . . . . 14

Le.monde.du."Paysage" . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 15

1.La.démarche.."Paysage". . . . . . . . . . 17Introduction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 18Jacques Deval,

1 .1..Approche.sensible . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 20Le.paysage.:.en.un.mot…. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 20Jean Pierre Nouhaud

Spectaculaires.ou.quotidiens,.paysages.comme.milieux.habités. . 24Frédéric Bonnet

Lire.pour.le.paysage,.plaisirs.de.la.diversité . . . . . . . . . . . . . . . . 26Frédéric Bonnet

Des.constats.paysage.aux.pratiques.paysage . . . . . . . . . . . . . . . 29Jean Paul Gazeau

1 .2..Expression. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 30Paysage.et.représentation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 30Frédéric Bonnet

Interpréter.les.bases.de.données.pour.cartographier.le.paysage.36Patrick Rigaill

De.la.complémentarité.des.modes.d'expression . . . . . . . . . . . . . 38Ingrid Saumur

Une.figuration.de.l'Île-de-France.:..la.carte.des.unités.paysagères . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 46Pierre-Marie Tricaud

1 .3..Médiation.culturelle . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 49Du.parti-pris.de.la.promenade.urbaine . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 49Yves Clerget

2.Révéler..les.figures.du.Grand.Paris. . . . . . . . . 59

Introduction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 60Jacques Deval

L'éternité.sensible.des.paysages .. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 62Jean Pierre Nouhaud

2 .1..Radiales. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 64Tout.sauf.d'éternité….ou.les.mutations.d'un.paysage."grand.parisien".de.banlieue.! . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 64François Petit

Promenade.urbaine. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 68Jacques Deval

2 .2..Plateaux.ruraux-urbains. . . . . . . . . . . . . . . . . . 72Trames.vertes.et.bleues.et.hybridation.des.réseaux . . . . . . . . . . 72Ann Caroll Werquin

Le.paysage.à.Sénart,.deux.dilemmes.en.débat. . . . . . . . . . . . . . . 76Ann Caroll Werquin

2 .3..Confluences . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 80L'émergence.de.la.rivière.dans.la.ville.plutôt.que.la.conquête.des.berges.par.les.villes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 80Jean Paul Gazeau

Promenade.urbaine.en.Paris.d'Amont,.. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .Seine.Amont.en.Val-de-Marne,.confluence.Seine-Orge. . . . . . . . . 84Jacques Deval

Sommaire

Page 9: Guide atelier "Paysage" en Île-de-France

DRIEA IF / SA / DATM Atelier "Paysage" en Île de France - 2009/2011 7DRIEA IF /SA/DATM/UVAT Atelier «Paysage» en île de France - 2009/20107DRIEA IF / SA / DATM Atelier "Paysage" en Île de France - 2009/2011

3.Préfigurer.des.promenades.urbaines..aux.regards.d'artistes. . . . . . . . . . . . 93

Introduction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 94Jacques Deval,

3 .1..Programme.institutionnel. . . . . . . . . . . . . . . .96Le.Paysage.comme.programme. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 96Frédéric Bonnet

Pour.une.stratégie.du.paysage.francilien. . . . . . . . . . . . . . . . 100Jean-Michel Vincent

Paysages.ferroviaires ...Enjeux.et.défis.des.approches.patrimoniales. . . . . . . . . . . . . 103Karen Bowie

3 .2..Préfiguration.artistique. . . . . . . . . . . . . . . . 107Echelles.de.contraste. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .et.valorisation.mutuelle . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 107Arnauld Laffage

L'artiste.inventeur.de.monumentalités . . . . . . . . . . . . . . . . . . 111Jean Pierre Nouhaud

4.Transformer..l'état.d'esprit..du.travail.de.projet. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 115

4 .1..Matière."Paysage".2008-2011. . . . . . . . . . . . . . . . . 116Jacques Deval,

Le.monument.historique.garant.de.la.qualité..de.l'aménagement.d'un.territoire. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 116

Une.œuvre.d'art.donne.l'échelle.à.un."territoire.d'intérêt.national" . . 118

Vers.un.symposium.international.du.paysage. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 120

Le.travail.d'atlas.des.paysages..comme.support.de.création.de.projet. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 122

Un.champ.de.blé.comme.métaphore.d'un.campus.d'envergure.internationale. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 128

4 .2..Perspectives. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 132Le.travail.de.projet.comme.espace.de.création.du.paysage. . . . . . . . . 132

Une.promenade.urbaine.pour.comprendre.le.site.du.Grand.Roissy. . . . 136

Les.lieux.de.médiation.des.métiers.du.paysage. . . . . . . . . . . . . . . . . . 137

5.Conclusion. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 139

Annexes. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 145Bibliographies. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 147Lexique .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. . 150Index.des.cartes,.dessins.et.photographies . . . . . . . . 152Biographies. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 154

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8DRIEA IF / SA / DATM Atelier "Paysage" en Île de France - 2009/2011 DRIEA IF /SA/DATM/UVAT Atelier «Paysage» en île de France - 2009/2010DRIEA IF / SA / DATM Atelier "Paysage" en Île de France - 2009/2011

Préface

Le paysage ou l'intelligence du territoire au cœur de la réflexion de l'atelier "Paysage" en île-de-France

En Île-de-France, plusieurs grands projets d'envergure nationale, et de nombreuses politiques publiques nouvelles et très volontaristes, issues notamment du Grenelle de l'environnement et de la prise de conscience collective des enjeux environnementaux, engendreront dans les prochaines années une transformation sans précédent des paysages urbains et ruraux de la région.

Ainsi, la reconfiguration complète du réseau de transport collectif régional, avec la réalisation dans le cadre du Grand Paris de trois nouvelles lignes de métro desservant la banlieue parisienne, va créer de nouvelles centralités urbaines autour d'espaces et d'équipements publics revisités et requalifier des axes routiers pour un meilleur usage de la voirie.

Dans le même temps, la rénovation énergétique de la ville (isolation par l'extérieur, développement des énergies renouvelables...), la création de nouveaux quartiers durables, de trames vertes et bleues, la densification raisonnée de l'urbanisation, la poursuite du programme national de rénovation urbaine des grands ensembles de logement social, vont participer à la transformation de la métropole sur elle-même et à son développement, dans le cadre de normes totalement repensées.

Toutes ces transformations des pratiques en matière d'urbanisme conduisent à une prise en compte des impacts environnementaux. Il s'agit bien d'une évolution qui doit se traduire autant en amont des projets, dans le travail de conception, qu'en aval au titre de l'évaluation. Elle constitue un des défis majeurs de notre ministère, autant pour l'évolution de ses propres services que pour son rôle de partenaire local et national dans l'émergence de projets innovants.

Le Grand Paris, avec l'outil des contrats de développement territorial offre une occasion unique d'entrer dans cette nouvelle ère, autour de projets dont la gouvernance est clairement partagée.

La DRIEA en s'inscrivant dans cette nouvelle dynamique a saisi l'opportunité des réflexions territoriales autour du Grand Paris pour proposer une autre manière d'aborder la construction et la transformation des paysages.

Entre 2009 et 2011, à l'issue de la consultation internationale d'urbanisme et avec le soutien actif de la DRIEE, de la DRAC, du Centre Pompidou (association les promenades urbaines) et de l'IAU Île-de-France, la DRIEA a mis en place l'atelier "Paysage" en Île-de-France.

Cet atelier qui promeut une démarche exploratoire, innovante et expérimentale, doit enrichir les pratiques professionnelles.

Il a donc proposé une méthode d'analyse abordant le paysage comme un élément structurant de l'identité territoriale et du développement soutenable permettant de retrouver le génie des lieux, d'ancrer résolument les projets dans la géographie et l'histoire de ces lieux.

Il s'agit de promouvoir une approche sensible de l'espace, plus portée sur les usages et la perception de la ville, du paysage que sur les fonctions et complémentaire des approches réglementaires et institutionnelles qui fondent la crédibilité technique et financière des projets et leur évaluation environnementale.

Véritable grille d'évaluation et d'appropriation du paysage dans les projets, cette méthode est un outil d'aide à la décision et à la conception, mise à la disposition des acteurs de la ville et des territoires, des élus, des équipes techniques des collectivités, des professionnels de l'aménagement et de l'urbanisme, des étudiants.

Page 11: Guide atelier "Paysage" en Île-de-France

DRIEA IF / SA / DATM Atelier "Paysage" en Île de France - 2009/2011 9DRIEA IF /SA/DATM/UVAT Atelier «Paysage» en île de France - 2009/20109DRIEA IF / SA / DATM Atelier "Paysage" en Île de France - 2009/2011

Éditorial

Pour répondre au Grand Paris de demain il faut se préparer à concevoir une culture de territoire renouvelée, plus adaptée aux enjeux de la métropole mondiale post-Kyoto telle que décrite par les équipes d'architectes urbanistes lors de la consultation internationale pour l'avenir du Paris métropolitain.

Dans la construction de cette nouvelle culture de territoire, le paysage prend une place centrale. D'une part, le paysage est le lieu où convergent et se rencontrent les ambitions d'aménagement et de valorisation du patrimoine, naturel ou bâti. D'autre part, le paysage est une démarche susceptible de réunir l'ensemble des acteurs et des habitants du territoire autour de sa propre construction.

C'est pour témoigner de ces ambitions et de cette démarche que la DRIEA IdF a décidé de mettre en place un atelier « Paysage » en Île-de-France.

Le grand paysage, une fois révélé, devient la trame, évidente ou plus secrète, où s'accordent et se relient la ville du Grand Paris, sa périphérie jusqu'au confins de l'Île-de-France, avec son englobant naturel, le bassin parisien. À partir du constat de l'importance de la diversité des regards, l'atelier « Paysage » de la DRIEA trouve sa source dans la volonté de créer un espace de médiation permettant aux différents acteurs du paysage de se rencontrer. Réunis pendant plus d'une année dans un atelier en phase exploratoire, ils sont nombreux et divers : l'État en Île-de-France, incarné par trois directions régionales, la DRIEA, la DRAC et la DRIEE; un groupe d'experts accompagné par une paysagiste D.P.L.G. comprenant des historiens, architectes, géographes, paysagistes, urbanistes, ingénieurs, formateurs. Des contacts fructueux avec de nombreux partenaires ont pu être noués, notamment avec l'Association des promenades urbaines, le Centre Pompidou et l'IAU Île-de-France. Dans le même temps, en s'appuyant sur cette diversité constituée, l'atelier « Paysage » a cherché à construire les bonnes conditions du travail de projet : aux côtés des savoirs et savoir-faire de protection et de préservation des territoires, il s'est agi de faire émerger de nouveaux modes de conception de nos paysages contemporains.

Il est difficile de décrire une ambition. C'est pourtant ce qu'il nous a semblé important de faire aujourd'hui. Le travail de près de deux années de l'atelier « Paysage » en Île-de-France se retrouve ici, dans un ensemble de textes et de productions graphiques qui tente de rendre compte du foisonnement et de la complexité du domaine. Ni livre, ni étude au sens classique du terme, ce travail manifeste la diversité des postures et des engagements assemblés, formant un véritable état des lieux.

Nous souhaitons que ce travail donne envie d'agir, suscite la curiosité, provoque des interrogations et surtout crée l'envie d'aller plus loin dans la construction de la nouvelle culture de territoire. C'est dans le partage de cette vision, en développant les partenariats autour d'une conception renouvelée du projet, que la DRIEA IdF souhaite mettre cet outil à la disposition des politiques d'aménagement, à l'heure du Grand Paris.

Jean-Claude Ruysschaert,Directeur Régional et Interdépartemental de l'Équipement et de l'Aménagement d'Île-de-France

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10DRIEA IF / SA / DATM Atelier "Paysage" en Île de France - 2009/2011 DRIEA IF /SA/DATM/UVAT Atelier «Paysage» en île de France - 2009/2010DRIEA IF / SA / DATM Atelier "Paysage" en Île de France - 2009/2011

Dans la convention européenne du paysage adoptée à Florence le 20 octobre 2000, la France s'engage :

• à reconnaître juridiquement le paysage en tant que composante essentielle du cadre de vie des populations, expression de la diversité de leur patrimoine commun culturel et naturel, et fondement de leur identité ;

• à définir et mettre en œuvre des politiques du paysage visant la protection, la gestion et l'aménagement des paysages par l'adoption des mesures particulières (…) ;

• à mettre en place des procédures de participation du public, des autorités locales et régionales, et des autres acteurs concernés par la conception et la réalisation des politiques du paysage (…) ;

• à intégrer le paysage dans les politiques d'aménagement du territoire, d'urbanisme et dans les politiques culturelle, environnementale, agricole, sociale et économique, ainsi que dans les autres politiques pouvant avoir un effet direct ou indirect sur le paysage.

Le travail remarquable accompli par l'atelier "Paysage" de la DRIEA IF remplit pleinement ces engagements, et en particulier le souhait d'intégrer le paysage dans les politiques d'aménagement du territoire et d'urbanisme. Il constitue un "retour aux sources" de l'action des services de l'équipement et de l'aménagement en Île-de-France, qui souvent furent précurseurs en la matière. S'appuyant sur les actions menées par le ministère en charge de l'écologie, et en particulier l'inspection des sites, depuis une vingtaine d'années en matière de paysage, l'atelier "Paysage" peut contribuer, lui aussi, à la prise en compte du paysage dans les ambitions d'aménagements de la région Capitale.

Espérons ensemble que la production tout-à-fait intéressante et originale de cet atelier vienne nourrir les projets du Grand Paris, sans obérer la dimension naturelle et concrète du paysage sous toutes ses formes, paysage rural et paysage urbain, paysage pittoresque et grand paysage, paysage des lieux de mémoire et des lieux de savoir, paysages historiques et paysages de projet en devenir.

Philippe Dress,Chef du Service Nature, Paysage et Ressources DRIEE

Préambules

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Lieu de médiation culturelle, l'atelier "Paysage" aborde les questions d'aménagement, depuis la création artistique jusqu'au territoire. Ainsi, ces différentes approches inter-agissent et permettent la prise en compte des multiples compétences que nécessite l'aménagement.

Renforçant l'importance des textes fondateurs, la notion de paysage pittoresque du XIXè siècle et celle de monument isolé se sont enrichies des préoccupations de mise en valeur portées par le ministère de la Culture et de la Communication. La diversité des composantes du paysage se retrouve ainsi dans la diversité des professionnels qui œuvrent pour sa transmission.

Ceci éclaire la nécessité et la diversité du réseau d'experts réunis autour de cette action.

Pour leur part, les services territoriaux de l'architecture et du patrimoine agissent au plus près du terrain ; ils ont également pour tache de contribuer à la qualité de l'architecture et du patrimoine dans leurs départements. Source de connaissance des territoires, concernés par leur richesse, ils sont au coeur d'un réseau de partenaires. C'est ainsi que la DRAC peut et doit être associée à des réflexions susceptibles de faire émerger les constituants de l'Île-de-France.

On ne peut en effet ignorer l'importance de la mémoire culturelle, physique, économique et sociale. Ainsi se constituent des repères pour l'organisation du territoire.

Olivier Godet, Chef du Service de l'Architecture DRAC

Le Service de l'Aménagement de la Direction Régionale et Interdépartementale de l'Équipement et de l'Aménagement a trouvé nécessaire de réfléchir à la question du paysage en s'appuyant sur une légitimité de projet.

Pour cela, une structure dédiée a été créée au sein du Département Atelier Territoires et Métropole (DATM) : un atelier "Paysage", confié à l'un de nos chargés de mission. Pendant plus de deux années, l'atelier a pu multiplier les initiatives :

• partenariats avec les services des affaires culturelles (DRAC) et de l'environnement et de l'énergie (DRIEE),

• travaux sur les atlas réalisés par les services territoriaux en lien avec les Conseils Généraux,

• mise en place d'un Comité de Pilotage constitué de personnalités reconnues,

• animation d'un groupe d'expert constitué spécifiquement pour l'atelier,

• développement d'une réflexion sur les potentiels des outils de représentation grâce à l'intervention d'une paysagiste DPLG au sein du service,

• réalisation de promenades urbaines appuyées sur l'expertise du Centre Pompidou,

• prise de contacts avec des partenaires comme l'Institut d'Aménagement et d'Urbanisme d'Île-de-France (IAU-IdF), le Centre de Valorisation des Ressources Humaines de Paris (CVRH-Paris) ou encore l'Atelier International du Grand Paris (AIGP).

De ce foisonnement d'initiatives, nous souhaitons tout d'abord, aujourd'hui, tirer une logique d'action et de projet d'aménagement. Cette ambition, nous la voulons ensuite partagée par tous les acteurs, en établissant une médiation entre les métiers du paysage. Enfin, il s'agit aussi pour la DRIEA, à l'heure de la redéfinition de ses missions et de ses modes d'action : l'égitimité de projet, médiation entre les métiers, inscription dans la durée : c'est en prenant appui sur ces trois principes que l'atelier "Paysage" prend réellement forme.

François Dubois,Chef du Service l'Aménagement DRIEA

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Le grand pari du paysageLes années 1960, en particulier en raison de la pénurie de logement, avaient mis en exergue le monde de la construction. La première crise de l'énergie1 des années 1970 avait précisé le caractère situé des formes urbaines en regard du climat, par exemple pour les projets du quartier de la gare d'Évry et ceux du concours du Val Maubuée dans la Ville Nouvelle de Marne-la-Vallée.

Les utopies artistiques comme celle d'Archigram et les conduites poétiques des habitants révélées par Bernard Lassus2 dans les années 1960 ont été d'une influence certaine quant au changement d'état d'esprit qui a permis à l'époque de dépasser la triste résignation vers l'industrialisation lourde de la construction. Une influence porteuse des efforts d'innovations3 à travers le programme d'architecture nouvelle (modèles innovations) du Plan Construction par exemple jusqu'à l'EUROPAN aujourd'hui.

La production créative des dix équipes de la consultation internationale pour l'avenir du Paris métropolitain4 joue à ce titre le rôle d'un véritable catalyseur dans cette nouvelle représentation des grandes échelles territoriales.

Aujourd'hui, il faut aussi changer l'état d'esprit des puissants modes d'équipement et d'aménagement de nos territoires. Nous pensons que le XXIème siècle est lié au monde du paysage par la diversité des regards sensibles qu'il doit convoquer de la petite à la grande échelle et réciproquement.

De la construction à l'environnementAussi est-il essentiel de situer d'emblée la notion de paysage en regard des initiatives institutionnelles des années 1970 révélant une nouvelle sensibilité à l'environnement5 puis au développement durable6 impulsées à l'origine par les Nations Unies. Cette notion de développement durable, sinon soutenable, est plus précise que les termes "écologique" ou "vert"7.

Pour cette démarche de développement et d'aménagement durable, le milieu universitaire retient principalement les trois dimensions initiales de l'écologie, de l'économie et du social. Pourtant le "ménagement" des territoires et de la ville associé aux démarches créatives8 implique de fait la dimension culturelle pour projeter des formes urbaines et paysagères.

De la haute qualité humaine9 à la haute qualité scientifique, de la haute qualité existentielle10 à la haute qualité artistique et culturelle11, jusqu'au rôle de l'association HQE (haute qualité environnementale), il s'agit d'induire de véritables volontés qui désignent la mise en place d'une dynamique du développement urbain durable en sa définition face à l'ampleur des défis à relever.

Avant-proposJacques Deval, architecte et chargé de mission "Paysage", DRIEA IF

"… pourquoi ne sommes nous plus capables de pensée paysagère, et donc, à l'échelle globale de nos territoires, d'aménager un paysage où il fasse bel et bon vivre"

Augustin Berque, la pensée paysagère, archibooks 2008

1 "Climat, architecture et formes urbaines" appel d'offrenational initiépar Jean-PaulLesterlin,architecte,et Jean-Pierre Marie, ingénieur, respectivement du ministère dela Culture et de l'Environnement et du Plan Constructioninterministériel,1977.

2 "Les habitants paysagistes", Bernard Lassus, plasticiencitéparMichelConan,chefdelamissiondelarechercheurbainedans la préfacede l'ouvrage Série industrielle et diversité architecturale, de Bernard Hamburger et Jean-Louis Vénard, architectes collection Plan Construction ladocumentationFrançaise1977.

3 "Consultationinternationale :lesobjectifsdel'habitatetdesonindustrialisation",BernardHamburger,architectepourle ministère des affaires culturelles, 1973, jusqu'à "enfinchez soi… réhabilitation de préfabriqués", Lucien Kroll,architecte,Wogehe&l'Harmattan1996.

4 "Consultation internationale pour l'avenir du Parismétropolitain"sousl'égideduministèredelacultureetdelacommunicationetduPUCA(ex-PlanConstruction)2008.

5 SergeAntoine,énarque,encouragelacréationdupremierministère de l'environnement en 1971, avec MauriceStrongetIgnacySachs(organisateurdelaconférencedesNations Unies sur l'environnement et le développementhumain de Stockhölm en 1972) inventent ensemble lanotiond'éco-développement.

6 Gro Harlem Brundtland, figure politique norvégienne,définit cette démarche de "Sustainable development"curieusement traduit en français par développementdurable dans son rapport sur "Notre avenir en commun/Ourcommonfutur"pourlesNations-Unies,1987.

7 James Steele, architecte, professeur à l'université deCalifornie-du-Sud, "Architecture écologique  : une histoire critique",Actessud,2005.

8 Michel Huet, avocat: "l'architecture et l'urbain, ported'entrée spécifique du droit de l'environnement", petithistorique de l'éco-droit dans le premier numéro de larevueÉcologik,février/mars2008.

9 Patrick Bouchain, architecte, "Entretien sur la hautequalité environnementale", dossier "éco-quartier", revueUrbanisme,mai2006.

10 Thierry Paquot, philosophe, "De la multiplication desécoquartiers",revueUrbanismemars-avril2008.

11 StéfanShankland,artiste,"leprojetRN305/ZACduplateau,démarche pilote d'accompagnement artistique et culturelportée par la ville d'Ivry-sur-Seine et l'aménageur AFTRP(800logements)"

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De l'architecture au paysage, les politiques techniques s'adressent principalement au paysage urbain  : "la première difficulté est d'établir un cadre de définition et de reconnaître l'ambiguïté, non pas du sens et de la forme, mais de la décision, de la mesure et du temps... Rien n'est jamais véritablement définitif, puisqu'il s'agit d'une dynamique politique, d'un débat12"

Notre démarche "Paysage" s'inscrit dans l'histoire des politiques de qualité urbaine de nos ministères dans laquelle nous pouvons distinguer trois moments :

• dans les années 1950, l'ampleur de la question du logement du plus grand nombre de l'après guerre a généré des "quartiers" souvent de l'ordre de quelques dizaines de milliers de logements. Pour rapprocher l'esprit d'expérimentation de ces époques, je citerai deux avancées créatives et motivantes :

° les projets d'unités d'habitation de Le Corbusier donnant en quelque sorte la mesure, "le modulor", avec ses 337 logements avec 3,27 mètres sous plafond, 24 types de logements de 56m² et des espaces publics,

° la prise de conscience du groupement d'architectes urbaniste Team X faisant évoluer les traditionnels CIAM (congrès internationaux d'architecture moderne) vers une culture plus urbaine, plus sociale, là aussi des approches culturelles, architecturales et/ou artistiques qui font évoluer les manières de faire ; où déjà les conditions climatiques, la relation au territoire comme la participation des habitants sont au cœur des projets de Ralph Erskine comme ceux de l'atelier de Montrouge13.

• dans les années 1970, la politique technique interministérielle du Plan Construction oriente la question du logement vers l'innovation par une politique "d'industrialisation ouverte" tournée vers une plus grande diversité constructive. Face à la crise de l'énergie et sous l'impulsion du ministère de la culture, une nouvelle orientation est prise à travers des appels d'offre de recherche comme "Climat, architecture et formes urbaines14", et des réalisations expérimentales15 autour des notions d'ambiances, thermiques principalement. Une perspective de ces années 1980 était de renouveler les pratiques pédagogiques et professionnelles à travers des politiques publiques de maîtrise de l'énergie considérées alors, comme une dynamique de création de nouvelles formes architecturales et urbaines16.

• dans les années 1990, l'échelle du territoire devient plus prégnante. Le centre d'études des transports urbains 17 confronté à la répartition du domaine routier de l'État vers les collectivités locales, choisit d'associer les savoirs et savoir-faire des laboratoires urbains de deux écoles nationales supérieures d'architecture, Versailles et Paris-Belleville, afin de mener à bien à l'indispensable travail autour du paysage urbain de nos agglomérations.

Aujourd'hui, la démarche de l'atelier "Paysage" prend tout son sens. Après la maîtrise de l'énergie, celle des transports à l'échelle de la ville, la nouvelle dynamique technique du développement durable désigne le paysage comme nouveau champ d'approche des territoires, et spécifiquement ici celui du Grand Paris.

12 Frédéric Bonnet, architecte urbaniste de l'agence Obrasin "Architecture et développement durable: pour unerefondationdisciplinaire",revueUrbanismemai-juin2006.

13 "Team X" et "L'atelier de Montrouge", catalogues etexpositions à la Cité de l'architecture et du patrimoine,Paris,mai2008.

14 Jean-PaulLesterlinetJean-PierreMariedito,1977.15 REX, réalisations expérimentales financées par le Plan

Construction,ladirectiondelaconstructionetladirectiondel'architecture,respectivementauministèredelacultureetauministèredel'équipementàpartirdesannées1980.

16 "Architecture Énergie", programme de l'institut françaisd'architecture,coordinationJacquesDeval,sousl'égidedeJean-Pierre Duport, Pierre Cubaud et Georges Mercadal,respectivement directeur de l'architecture, de l'agencefrançaise de la maîtrise de l'énergie, de la construction1982-1984.

17 "Projet d'agglomération et scénario de voirie", ouvragecollectif sous la direction de Jacques Deval, avec Anne-MarieVidaletVéroniqueGonthier,CETUR1992-1994.

Le paysage comme nouvelle dynamique de qualité urbaine

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Le monde du "Paysage"Ainsi notre culture des territoires urbains18 et la haute technologie de notre époque permettent maintenant une réelle perspective de l'architecture vers le paysage bioclimatique: un témoignage vivant de l'immersion de l'approche sensible dans le travail de projet.

Le déferlement de conférences19 après le sommet de la terre à Rio de Janeiro (1992), et en particulier Habitat II à Istanbul (1996) nous rappelle cette priorité aux cultures vernaculaires comme source de penser la ville.

La production innovante des années 1990/2000 se situe souvent autour de réalisations de quelques centaines de logements20, les premiers "jalons" générés par le programme "Villa urbaine durable21" du Plan Construction urbanisme et architecture en témoignent.

Or, aujourd'hui, les projets22 sont souvent à de plus grandes échelles, 3 à 5  000 logements pour les Docks de Saint-Ouen, mais aussi, le centre urbain du Val d'Europe à Marne-la-Vallée (2  800 logements), la ZAC du bois Badeau né d'un marché de définition exemplaire (1  000  logements, avec les agences d'architectes et d'urbanistes Obras et Jam) à Brétigny-sur-Orge.

Les volontés actuelles de densifier23 autour des quartiers de gares en seraient alors une expression concrète, traitant à la fois les questions du logement et celles des transports24 dont les potentiels d'amélioration sont très différents.

Il est clair que le projet du Grand Paris ancré dans l'esprit du lieu et associé à la dynamique de développement durable pourrait construire de nouveaux paysages urbains prolongeant ainsi ces expérimentations solaires et bioclimatiques nées dans les années 1980. Le caractère aérien ou non du projet de transport, les formes urbaines de densification des dizaines de gares envisagées posent cette question de la valorisation des territoires et de la création d'un paysage contemporain.

Le travail de l'atelier "Paysage", dont nous proposons ici les premiers éléments exploratoires, cherche à révéler des figures naturelles, construites et métaphoriques du Grand Paris comme culture de territoire. Il cherche surtout à préfigurer le changement d'état d'esprit du travail de projet à travers des promenades urbaines et des regards d'artistes, garants de la nécessaire mise à distance de la maîtrise d'œuvre des projets.

Une démarche "Paysage" pour définir ainsi les points d'ancrage, les traces et les hauts lieux de nos territoires construisant les récits de ceux qui y vivent et y travaillent. Une démarche pour créer de bonnes conditions de projet pour faire naître la qualité et la beauté de nouveaux paysages contemporains.

18 "Les atlas urbains" développés par le réseau des écolesd'architecture sous l'égide de Bruno Fortier, architecte,1985-1995.

19 JamesSteele,dito.20 "Le renouveau de l'habitat intermédiaire" de Frédéric

Miallet,PUCA/CERTU2006.21 "Villaurbainedurable",bilandu2èmeappelàproposition :

"pour un habitat urbain mixte et écologique", FranckFaucheux; et actedu colloque "unurbanismedequalité,facteur d'attractivité du territoire", Luc Bousquet, PUCA2007.

22 "Lesnouveauxquartiersurbains"et"Quartierdegare",Clubdesaménageurs,avriletjuinIAURIF2006.

23 Antoine Brès, architecte urbaniste, "potentiel dedensification autour des pôles et axes de transport encommun", coordination Jacques Deval, étude DUSD/DREIF2007.

24 "La gestion de l'espace  : formes urbaines, densités etenjeux énergétiques", Jean-Pierre Traisnel, table ronde/débat,lescahiersdel'IAURIF,2007.

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1

La démarche "Paysage"

"C'est moins de l'eau que je me souviens… que de ce

brusque éclaircissement du paysage, cette soudaine

éclaircie. Pourquoi donc l'impression nous est-elle donnée

de façon plus fatale, plus ample, plus dramatique par

n'importe quel ruisseau ou quel fleuve, que par tel lac

ou bassin? Car l'horizon d'amont et d'aval est infini, et

le mouvement nous rend la chose plus présente, plus

actuelle et donc plus touchante, plus sensible."

"La Seine" Francis Ponge, La Guilde du livre Lausanne 1950

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Écrire "Paysage" n'est pas innocent car il s'agit d'éclairer cette vaste notion de paysage par la diversité des regards : poète, artiste, archéologue, géologue, géographe, architecte, paysagiste, ingénieur… pour ne citer que les métiers qui ont déjà concourus à notre réflexion.

Cet atelier "Paysage" propose une démarche ancrée sur l'approche sensible de l'espace, la recherche de nouveaux modes d'expression avec l'incontournable médiation culturelle. Cet atelier se décline en trois actions chargées de :

• révéler les figures naturelles, construites et métaphoriques du Grand Paris,

• préfigurer, des promenades urbaines aux regards d'artistes,

• transformer l'état d'esprit du projet d'environnement, d'équipement et d'aménagement.

IntroductionJacques Deval, architecte et chargé de mission "Paysage", DRIEA IF

Cette culture de territoire se constitue dans cet espace de création au caractère exploratoire. Les textes rassemblés ici construisent un nouveau regard et souhaitent impulser un travail d'atelier pour de nouvelles pratiques vers des projets futurs.

Ce regard d'artiste cherche à condenser l'esprit des lieux, à construire un nouveau regard sur ces territoires pour préparer et bien engager ce nécessaire changement d'état d'esprit du travail des projets d'environnement, d'équipement et d'aménagement à l'actualité si prégnante  : depuis les contrats de développement territorial du Grand Paris aux aires de mises en valeur de l'architecture et du patrimoine jusqu'au schéma directeur régional des éoliennes, par exemple.

Au delà des références premières de l'événement Estuaire et Emscher Park,  Daniel Buren1, éclaire ainsi une politique de l'oeuvre d'art dans l'espace public  : "...  si une grande et vraie politique de développement de l'art dans le Grand Paris devait s'établir,... (pour) une transformation radicale de l'ensemble tant du point de vue urbanistique, qu'architectural, qu'artistique... des créations spectaculaires du genre de l'Arche de Saint-Louis d'Eero Saarinen ou du méridien de Jan Dibbets... il s'agit (alors) de régler en amont une sorte de charte,... de créer un nouveau service de maintenance à l'échelle de la ville comme celui de l'éclairage,..."

Pour ce territoire du Grand Paris de l'Île-de-France, nous avons dû définir la notion de "figure", de la grande à la petite échelle et réciproquement, de même que ses premières déclinaisons génériques en radiales, confluences et lisières. L'approche sensible s'est traduite en particulier à travers un outil la promenade urbaine2 pour son rôle explicite de médiation culturelle bien en accord avec le travail engagé par l'atelier "Paysage". La diversité des regards rassemblés met à distance les figures choisies du Grand Paris sur ses différents territoires. La méthode des figures, par un travail d'expression spécifique autour de la cartographie et du dessin, permet ainsi de dépasser la fragmentation des territoires modernes. Arpenter3 est la seule façon d'imaginer, partager et construire les paysages contemporains à venir ancrée sur la réalité et sa perception attentive.

1 Daniel Buren, dans le cadre de l'équipe de Jean Nouvel,Jean-Marie Duthilleul et Michel Cantal-Dupart pour laconsultationinternationaleduGrandParis(2009).

2 "Du parti pris de la promenade urbaine", Yves Clerget,architecte développe le fruit d'une expérience de plusde vingt ans, principalement au Centre Pompidou, voir §médiationculturelle.

3 "L'artdemarcher"RebeccaSolnit,ActesSud2002.

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Il y a bien dans ce plaisir du paysage un nouvel état d'esprit à communiquer aux analyses, aux prospectives, aux programmes et au travail de projet. L'enjeu du rayonnement culturel mondial de l'Île-de-France - longtemps au premier rang et maintenant au troisième rang4 après l'Italie et l'Espagne - en regard de la douceur et la fragilité de son paysage résistera-t-il à la logique de l'actualité des projets de transport en commun? Quel paysage contemporain propose ces dizaines de nouvelles gares métropolitaines ?

Pour sortir de la seule métaphore ferroviaire à l'échelle du Grand Paris, la démarche "Paysage" propose une mise à distance primordiale pour répondre à ces puissantes dynamiques techniques comme au caractère normé du développement durable.

Les nouveaux commanditaires, sous l'égide de la Fondation de France, nous donne un bel exemple de maîtrise d'ouvrage en vue de développer une telle action. Leur philosophie est de réaliser une commande d'intérêt général qui repose fondamentalement sur la collaboration entre l'artiste, le citoyen commanditaire (isolé ou regroupé) et le médiateur culturel délégué par la Fondation de France.

Si la première étape s'appuie sur l'approche sensible, les outils de la promenade urbaine et la méthode des figures ; la seconde propose un scénario sur chacune des figures choisies du Grand Paris autour de l'établissement d'un cahier des charges pour une programmation d'un événement artistique. L'écriture sera confiée à un(e) commissaire artistique chargé(e) de préparer cette programmation et la définition d'un processus avec les habitants et les acteurs du territoire.

4 "Expériences de paysages", conférence de Michel Péna ,paysagiste,présidentdelafédérationfrançaisedupaysage,pavillondel'Arsenal,27mars2010.

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20DRIEA IF / SA / DATM Atelier "Paysage" en Île de France - 2009/2011 DRIEA IF /SA/DATM/UVAT Atelier «Paysage» en île de France - 2009/2010DRIEA IF / SA / DATM Atelier "Paysage" en Île de France - 2009/2011

Le paysage : en un mot…Jean Pierre Nouhaud historien d'art, professeur à l'ENS d'Arts de Paris-Cergy

Le paysage est dans les discours de tous, signe qu'il est dans les préoccupations de chacun  : notre environnement naturel et construit est dégradé jusqu'à l'incompréhension. L'idée de paysage exprime souvent à la fois une nostalgie patrimoniale et l'espoir d'une harmonie. Un ordre perdu, un ordre à découvrir : posés ainsi les problèmes sont simples. Fantasmes, bien sûr.

Le mot paysage s'est généralisé dans le langage par un usage trop métaphorique pour être honnête, afin d'exprimer un contexte à une idée, une situation, une réalité, ajoutant ainsi à ses sens figurés  :  paysage intellectuel, politique, sentimental, autant de "toiles de fond" qui veulent tout et rien dire. Il est désormais responsable d'une multitude de sens qui enveloppent très largement son sens propre. Une définition du paysage est-elle possible? Non. Est-ce nécessaire? Non. Seul le dictionnaire l'assume, avec naïveté et efficacité : "partie d'un pays que la nature présente à un observateur". La naïveté est dans l'extrême généralité de la définition, l'efficacité dans l'idée de fragment – espace - et celle d'observateur - un point de vue. C'est nous face à quelque chose. Lieu commun certes, mais démontrant que dans le langage comme dans la réalité le paysage s'est banalisé : autant dire qu'il n'a plus de sens ni de formes, si ce n'est celles que nous voudrons bien lui reconnaître ou lui donner. Cette banalité fait sa force culturelle.

Cette banalisation, signification partagée par tous, tient à une perception nouvelle de la réalité  :  si nous avons longtemps imaginé le paysage comme le résultat d'un projet, le confondant d'ailleurs avec le jardin et le parc, nous en sommes venus à considérer l'état des choses comme un paysage. Ce retour à la réalité est le fruit d'une culture émergente, populaire, issue du rôle poétique accordé à l'existant : le cinéma et la littérature ont, sous l'exigence de la fiction, magnifié cet état des choses qui servait le destin narratif des œuvres.

Désormais nous regardons le monde sensible qui nous entoure avec autant d'affects et de raisons que ceux d'une "lecture spectatoriale" d'un texte ou d'un film  :  nous aimons le paysage comme nous allons au cinéma. L'état des choses est devenu une esthétique opportune qui sert un récit psychologique et culturel très personnel, un investissement émotionnel, somatique, du spectateur.

Le citoyen face à tout espace, sous l'effet des émotions d'une ego-histoire, invente le paysage là ou son regard de spectateur le désire, poussant jusqu'à ses limites le dessein perspectif de l'imaginaire.

Comprendre le paysageLe paysage est un état des choses, une masse d'arbres et de pierres, une matière complexe faite de végétaux, de minéraux, de métaux dont l'organisation ponctuelle, dispersée, hétérogène, a créé une réalité qui aujourd'hui nous échappe : nous ne pouvons refaire l'histoire ni faire table rase pour privilégier des saisies de sites et conduire des projets d'ensemble. Nous sommes culturellement démunis devant cette situation.

L'environnement naturel et construit, dans chaque lieu, engendre des paysages différents et par conséquence des espoirs de paysages qui ne sont réductibles à aucun modèle et ne sont concevables que dans l'espace même de leur histoire.

Dès lors que nous ne réduisons pas les villes à leurs urbanismes et l'aménagement de leurs territoires à des programmes qui découpent l'espace et juxtaposent les aménagements, les paysages laissent encore entrevoir leurs propriétés physiques et donnent à leurs histoires particulières une identité que le seul inventaire des dégâts de la croissance urbaine a masqué. La crise de l'urbanité a imposé l'idée d'une dégradation généralisée du paysage, de la perte d'un état antérieur qui nous fait regarder tous les paysages de la même manière, dégradés. Cette vision est le symptôme d'une crise culturelle pensée comme la perte d'un jardin d'Éden où il faisait bon vivre. Nous pensons n'avoir plus de culture du paysage.

1 .1 Approche sensible

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C’est bien la perception sensible qui est le premier élément en toute figure identifiée, ainsi la perception sensible traverse tout notre mode de pensée.

citation d'atelier du 10 mars 2010

Athis-Mons,belvédèresurlaSeine,promenadeurbaineenParisd'Amont,4mai2010

Cette"image"montrecommentgrâceàuncadragequivaloriselasymétriemanifestéeparlesformesvégétalespermanentesetlesformesanecdotiques,lesvoitures,unsystèmed'espaceapparaît,révélantunpaysageéphémère,telqu'unrécitcinématographiquepourraitleconstruire :leplatbordinduitlepersonnagequilecontemple.Labanalitépeutdevenirunepoétique.JPN

Photo : Jean-Pierre Nouhaud

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22DRIEA IF / SA / DATM Atelier "Paysage" en Île de France - 2009/2011 DRIEA IF /SA/DATM/UVAT Atelier «Paysage» en île de France - 2009/2010DRIEA IF / SA / DATM Atelier "Paysage" en Île de France - 2009/201122DRIEA IF /SA/DATM/UVAT Atelier "Paysage" en île de France - 2009/2010

Imaginer le paysage comme le résultat d'une perte de substance esthétique tient à la croyance que nous regardons depuis toujours notre environnement comme un paysage : ce n'est pas le cas. L'idée de paysage, au sens moderne, est une construction intellectuelle récente, liée à la prise en compte progressive de plusieurs facteurs dont l'inflation rationnelle s'est accrue depuis la guerre : 

• la transformation des espaces de production en espaces de loisirs : là ou l'homme travaillait il reviendra se distraire ;

• la distinction entre ville et campagne n'est plus vécue comme une différence d'habitus mais comme une continuité sensible porteuse pour l'imaginaire du citadin de variété paysagère. L'exemple de la plage, analysé par Alain Corbin1, montre que la manière dont nous nous y ébattons aujourd'hui est significative d'un lointain, diffus, mais persistant désir de rivage ;

• une autre transformation des modes de vie est l'avènement des loisirs  :  la réorganisation du travail a entraîné la réorganisation du temps libre en temps des vacances ;

• le déplacement devient aussi un phénomène de masse parce que la sédentarité se dilue peu à peu dans la rationalisation des modes de production. Le déplacement, composante du travail et le voyage, composante du tourisme, sont des expériences sensibles majeures  : découvertes paysagères à pied, par la voiture à cheval, le chemin de fer, familiarisent le regard et participent à la formation de l'idée de paysage et multiplient ses points de vue particuliers. Les sensations sont corrélatives aux échelles de temps du parcours.

1 Alain Corbin, Le territoire du vide, l'Occident et le désir de rivage,Ed.Aubier1988.

Nous pouvons faire l'hypothèse que se construit ainsi une culture populaire du paysage faite à la fois des particularités physiques observées, de la mémoire des sites traversés et du souvenir biographique des circonstances. Cette voie d'affirmation de formes paysagères, liées aux émotions des nouveaux modes de vie, tout en se faisant hors de la culture savante du voyage, a cependant à faire avec selon des entrelacs complexes, exprime le glissement et la transformation de cette culture savante du voyage en comportement de masse : ce sera le tourisme contemporain.

Ces facteurs ne sont pas les seuls. Ils constituent ce qui nous semble être la voie de la conception moderne du paysage, différente d'une voie savante qui se serait appauvrie. Il s'agit d'éviter tout anachronisme dont on sait la dangerosité méthodologique pour l'établissement de la généalogie des formes qui nous entourent : elles ont été pensées avec d'autres concepts, d'autres expériences sensibles, d'autres références. Une parenthèse rapide sur les origines "picturales" de l'idée de paysage  :  ses origines sont probablement introuvables. Nous faisons "dire" aux représentations anciennes ce que l'histoire de l'art interdit : il ne s'agit pas de paysages documentant un quelconque motif, mais de paysages métaphysiques. C'est avec la modernité que la peinture de paysage s'affiche comme telle sans autre ambition que de montrer la picturalité de certains sites. Ce moment de corrélation entre la réalité et la peinture est aujourd'hui achevé : la figuration de paysage est un genre disparu.

En retour, il faut reconnaître que cet anachronisme qui nous fait interpréter les peintures anciennes avec les yeux  d'aujourd'hui, a pour effet de valider nos attraits actuels pour le paysage, la représentation picturale emblématisant le lieu représenté. Le contresens historique est alors générateur de culture.

Mais ce bénéfice est maigre en regard des ravages provoqués  :  l'origine artistique du paysage entretient l'idée perverse d'une noblesse esthétique. La recherche des conditions d'émergence d'une vision produite par les mécanismes sociaux est la seule façon d'éviter que les idéologies du déclin minent la réflexion sur les nouveaux enjeux du paysage. Dans la concurrence entre culture savante et culture populaire, l'idée de paysage fruit de nouvelles organisations sociales reste la plus opératoire.

Nous avons sûrement été très fonctionnalistes, trop techniques, toutes ces dernières décennies, l’approche sensible devrait soigner toutes les fragmentations créées.

citation d'atelier du 10 mars 2010

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DRIEA IF / SA / DATM Atelier "Paysage" en Île de France - 2009/2011 23DRIEA IF /SA/DATM/UVAT Atelier «Paysage» en île de France - 2009/201023DRIEA IF / SA / DATM Atelier "Paysage" en Île de France - 2009/2011

Le désir de paysage tient aussi à la manière dont nous protégeons des sites en inventant les parcs naturels. Une certaine idée de la nature et de l'écologie imprègne nos mentalités et modifie nos manières de voir. Ces espaces protégés sont confrontés aux excès de l'urbanisation, à la médiocrité de l'architecture urbaine opposée à celle, vernaculaire, des parcs, etc. D'une certaine façon, nos préférences vont à l'immobilité mesurée des lieux protégés contre le mouvement polluant des villes, comme si nous nous étions donné ces espaces protégés comme refuges d'une beauté naturelle qui se substituerait à l'art. Le danger de la protection patrimoniale est de conduire à l'idée de modèle à reproduire : la stabilité paysagère ainsi gagnée est culturellement anesthésiante. Le parc naturel n'est à prendre ni comme modèle ni comme solution d'aménagement mais comme une simple composante d'un espace plus vaste, d'un paysage qui l'engloberait.

La nécessaire transversalité d’aujourd’hui amène toujours une notion de figure, et la perception sensible ne peut être déconnectée de celle-ci.

citation d'atelier du 10 mars 2010

Une autre cultureLe paysage est alors une idée nouvelle issue d'une histoire culturelle, différente de la culture savante, qui n'est pas le fruit d'un long processus de déclin esthétique mais la preuve de nouvelles exigences, de nouvelles références, de nouveaux désirs d'organisation de notre environnement naturel et construit. L'architecture et la ville ne sont plus le répertoire dominant des formes et des programmes pour projeter l'avenir, mais un aspect d'une solution plus vaste, le paysage. Le paysage ne s'est pas dégradé, il n'a jamais été pensé comme tel, il est l'impensé de notre avenir, le résultat de l'apparition d'un nouveau régime des émotions : la nature, qui n'est plus considérée comme une métaphore métaphysique, comme un réservoir symbolique, fait l'objet d'un accès direct. La nature n'est plus considérée selon un philtre philosophique mais selon les émotions qu'elle suscite, pour elle-même. Ses objets symboliques sont peu à peu remplacés par les objets de l'environnement naturel et construit  :  ponts, rivières, montagnes, vallées, viaducs, tout ce que le génie civil invente participe à l'organisation de notre milieu et devient autant de constantes de nos paysages. La poésie paysagère de la peinture s'efface devant la réalité. A son tour, celle-ci conquiert un statut esthétique à travers les formes contemporaines de la fiction visuelle et textuelle  :  le paysage est aujourd'hui un personnage comme un autre au service du récit, et le spectateur se transforme en personnage de sa propre histoire.

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24DRIEA IF / SA / DATM Atelier "Paysage" en Île de France - 2009/2011 DRIEA IF /SA/DATM/UVAT Atelier «Paysage» en île de France - 2009/2010DRIEA IF / SA / DATM Atelier "Paysage" en Île de France - 2009/2011

Paris n'est pas San Francisco, Stockholm ou Buenos Aires, ni même New-York. Point de baie, de fjords, d'escarpements, de roc ou d'estuaire-mer… L'Île de France n'est pas assise sur un sol titanesque, une sorte de méga-site qui s'impose comme vision primordiale, où transparaît l'origine, la force primale du lieu de fondation. Certes, mais il est des vallées et des plateaux, et tout un réseau enchevêtré de correspondances et de lignes tracés comme pour souder les fragments épars de cette géographie. Ce que montrait la carte des chasses (ce motif unificateur d'axes en forêts, de garenne et landes) a bien été complété par des liens multiples. Le grand paysage francilien est discret dans les deux sens du terme  :  occurrences discontinues, mais insistantes de situations à la fois semblables et contrastées (les coteaux, les balcons, les rives, les lits majeurs, les émergences collinaires, les replats incurvés des bords de plateau)  ;  constellations d'histoires communes, des forêts royales aux jardins du tiers paysages des délaissés urbains  ;  liens achevés ou en attente, à l'image de cet axe du Louvre à la Défense plusieurs fois construit.

Ce mikado de correspondances subtiles finit par révéler les grands caractères de cette géographie francilienne, à commencer par l'axe des 115° du plissement qui accompagne le fleuve jusqu'au Havre, et conduit le regard de Saint-Germain aux tours de la Défense, puis les Champs-Elysées. Comme dans un vaste jeu de fils

Spectaculaires ou quotidiens, paysages comme milieux habitésFrédéric Bonnet architecte urbaniste

tirés jouant à saute mouton de colline en colline, au dessus des bois comme des villes, des terrasses comme des méandres du fleuve, la magnificence n'est pas ici dans l'immensité des pics ou la vaste courbe des golfes, mais dans les quelques mètres d'élévation, et les tracés qui mettent en rapport deux points distants de dix ou vingt kilomètres. Une sorte de léger cabossage, froissé avec soin au point de rendre parallèle les crêtes, qui démultiplie les distances.

Il y a donc bien un grand spectacle francilien, dynamique, qui alterne des lieux plus intériorisés avec des micro-paysages plus ouverts, puis de vastes ouvertures. C'est un peu ainsi que Paris même s'est construit, où l'on alterne des cadres resserrés du Palais Royal ou de Vendôme aux cours ouvertes du Louvre, aux pièces urbaines des berges de la Seine échappant vers les hauteurs ou les parcs ponctués de monuments, échappées qui utilisent à plein les replis et la générosité des courbes de la Seine.

C'est aussi ainsi que l'on passe, à Moisson par exemple, des replis d'un vallon affluent, où tout semble disparaître, à la gigantesque plaine alluviale de la boucle fluviale, que ponctuent les arêtes de craies de la Roche-Guyon. L'émotion vient de ce rythme, cette respiration  :  le paysage retient son souffle, s'amenuise, se désespère, et puis soudain s'écarte, s'amplifie, devient ciels et nuages.

Milieux habités, quand la géographie rejoint le temps quotidienCette dynamique spectaculaire est toute entière mouvement : nous ne sommes pas ici dans le point de vue, le belvédère ou le panorama, à de rares exceptions

Lesreplisdupaysage : habiterunterritoire,c'est aussi lier son paysage intime à laconscience du grand paysage (Seine Aval,paysagepossible)FB

Dessin : Frédéric Bonnet

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DRIEA IF / SA / DATM Atelier "Paysage" en Île de France - 2009/2011 25DRIEA IF /SA/DATM/UVAT Atelier «Paysage» en île de France - 2009/201025DRIEA IF / SA / DATM Atelier "Paysage" en Île de France - 2009/2011

Le territoire est toujours un plein (de culture et d’histoire), et non un vide. Tout espace aménageable est déjà plein d’un regard.

citation d'atelier du 31 mars 2010

près. Nous sommes dans l'alternance des dimensions, passant d'une gorge, d'une arche d'aqueduc au flanc d'une vallée qui à son tour s'ouvre sur un plus vaste horizon. Ou encore, traversant l'ouest en train, passant des frondaisons boisées des faubourgs chics et des friches fluviales aux ouvertures soudaines des franchissements de Seine, d'où le ciel explose. Le paysage francilien se savoure en mouvement  : par la marche, sur les routes, sur les fleuves ou sur les voies ferrées.

Ce spectacle de cinéma n'est pas en soi contradictoire avec un autre paysage, plus introverti, plus resserré, qui est celui des univers domestiques. Maillé comme un vaste motif par les principaux reliefs et les lignes qui les relient (axes, voies, monuments), le territoire est d'abord composé de paysages intermédiaires plus réduits, construits et habités, et dont les fragments épars construisent la scène la plus vaste. Les ruelles de Passy forment la masse collinaire d'où se projette le Viaduc de Biette, les sentes de Herblay se déroulent jusqu'à rejaillir sur l'horizon occidental de Saint-Germain, les jardins ou les terrasses de Juvisy s'entrouvrent sur l'étendue des confluences.

Cette impression que le système le plus magistral cohabite, collabore même avec ces paysages interstitiels les plus domestiques, comme dans un vaste milieu habité continu, est sans doute la condition pour que le

bonheur de ceux qui vivent là rejoignent l'émotion de ceux qui le traversent. Voilà le partage, et c'est sans doute l'enjeu de bien des sites "complexes", inextricables, et souvent douloureux. Il y a dans cette complicité entre la magnificence et la mesure commune une sérénité citoyenne qui manque à bien des projets.

Vers Nanterre, par exemple, un projet ne sera véritablement possible que si l'enthousiasme de celui qui découvre le skyline de la Défense depuis l'autoroute y rejoint le plaisir de celui qui réside ou travaille dans les replis de l'infrastructure. Penser les dimensions domestiques des grands ouvrages, incorporer la mesure du grand paysage dans le logement ou le bureau, est un défi croisé.

Mobilités paysagères, dans lequotidiendeceuxquisedéplacent.Ici,laSeine,alternantouverturesdesboucles(quandonpasse lesponts)etséquencesboiséesdesrives.FB

Dessin : Frédéric Bonnet

Il faut que la géographie rejoigne le temps quotidien pour que les deux paysages se réconcilient. C'est une question de tracés. C'est une question de vécu. C'est une question de programme. C'est une question foncière aussi. Pour que paysage rime avec partage ?

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Comme chaque fois que l'on cherche à découvrir un champ d'études, de compétences, explorer un domaine que l'on avait jusque alors peu parcouru se pose la question des lectures : que lire, finalement, pour mieux comprendre ce qu'est le paysage ?

Prenons le problème avec un certain détachement : il y a bien plus de mille livres à lire, que l'on n'aura pas la force, ni le temps, de détailler. Proposons ici, plutôt qu'une liste de courses interminable, une attitude de curieux et de gourmet  :  il existe une grande diversité de manières d'aborder le paysage par les textes ; un peu comme pour l'architecture ou la ville, le paysage, parce qu'il fait partie à la fois de notre quotidien et de notre culture, parce qu'il engage aussi bien les savoirs que les émotions, est omniprésent dans des champs de connaissance et des types de littérature bien contrastés. On peut donc fort utilement alterner des découvertes poétiques avec des lectures plus savantes, se documenter et s'émouvoir tout à la fois.

Limitons le champ à ce qui est publié en français , et cela ne va pas de soi : outre ce qui est traduit, ce qui est écrit directement en français se rapporte souvent à une manière de voir assez particulière, disons "culturaliste" et esthétique de la notion de paysage, qui est propre à notre univers culturel, à notre héritage. Lire un auteur finlandais ou nord-américain1, ou même italien apporte souvent bien des surprises, où l'on découvre que l'économie ou la politique, par exemple, sont plus présents dans ces autres points de vue.

Pour le paysage, on peut commencer par lire, ou relire, la littérature la plus courante, les romans ou les essais qui, souvent, sont une extraordinaire manière de rendre compte, de faire ressentir ce que sont les paysages. Certains écrivains ont même associé leurs univers littéraires à une série de lieux qui, par la lecture, nous semblent familiers quand bien même nous ne nous y sommes jamais rendus. Albert Camus nous parle d'Alger, Jean Giono de la Provence, Jim Harrison du Nord américain, Tabucchi de Lisbonne, Laxness des landes et brumes islandaises… et ces lectures sont une manière merveilleuse d'imaginer ces lieux, de rendre compte des paysages. Les poètes ne sont pas en reste, et restituent à la fois l'expérience et l'esprit du paysage. Lire Yves Bonnefoy et Francis Ponge, par exemple, ou encore Kenneth White, l'inventeur de la "géopoétique".

1 Enparticulier le créateurde la revue Landscape aux ÉtatsUnis dans les années50, JohnBrinkerhof Jackson, et sonouvragetraduitchezActesSudrécemmentÀ la découverte du paysage vernaculaire.

Lire pour le paysage, plaisirs de la diversitéFrédéric Bonnetarchitecte urbaniste

CartedeJeanBastié,géographe

voirréférencebibliographique

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La littérature est à ce point marquée par le paysage que des éditeurs dont l'essentiel du fond est le roman et la nouvelle ont publié quelques uns des textes majeurs autour du paysage. C'est notamment le cas d'Actes Sud, qui possède une excellente collection thématique sur le paysage, des guides, ou des thèses plus fondamentales comme le célèbre texte de Michel Corrajoud,Le paysage, c'est là ou la terre et le ciel se touchent. L'exigence de l'éditeur rejoint ici la curiosité du lecteur :  la qualité de l'écriture apporte un plaisir certain. Plaisir encore des récits de voyage ou d'exploration, qui furent fondateurs d'un regard sur le paysage et demeurent un des grands modes d'exploration du sujet. L'éditeur suisse Payot est dans ce registre la référence : lire les textes de Humboldt, qui consacra au tout début du 19ème siècle toute sa fortune à l'exploration de l'Amérique du sud et la publication de ces relevés patients est une illumination. De la même manière, on se délectera des textes de Chateaubriand ou de Maupassant sur le paysage des Alpes, de l'Italie ou des Appalaches… Le paysage est à ce point fascinant que ces auteurs connus pour d'autres sujets y ont consacré quelques uns de leurs plus beaux textes2.

Ces pérégrinations imaginaires se complètent par les monographies consacrées aux artistes travaillant sur le paysage ou la nature, qu'il s'agisse du Land Art ou d'approches plus personnelles. Photographies, installations paysagères, attitudes territoriales (la marche dans des grands paysages, par exemple, devient l'un des vecteurs artistiques majeurs). Gilles Tiberghien et Colette Garraud sont en France des auteurs de référence, une bonne synthèse ayant par ailleurs été publiée chez Phaidon. L'histoire des paysagistes est aussi une source prolifique, avec notamment l'excellente Histoire des jardins publiée chez Flammarion.

2 Guy de Maupassant La Sicile, ed. Poche, ChateaubriandVoyage en Italie,ed.laBibliothèquedesArts

Labyrinth,MotoiYamamoto,2009,acryliquesurpanneaudebois

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Tout un champ de textes plus savants, on dirait plus théoriques,  sont aujourd'hui régulièrement publiés  :  actes de colloques, thèses de chercheurs, et quelques textes de synthèse, incisifs et fondamentaux. Les éditions Parenthèse, les éditions de la découverte, les éditions de la Villette, Champ Vallon, par exemple, sont parmi les éditeurs qui ont conçu les ouvrages majeurs autour de la question du paysage. Dans ces ouvrages, où écrivent par exemple Jean-Pierre Le Dantec, Alain Roger, Augustin Berque ou Chris Younès, les auteurs explorent des spécificités du paysage. Les écoles de paysage publient aussi des recueils de textes, autour d'un thème généralement. Ces ouvrages ont l'intérêt d'associer des textes à des études de cas et à des présentations de projets plus récents. Mentionnons la revue Pages paysages de l'Ecole Nationale Supérieure du Paysage et de la Nature de Blois, et les excellents et réguliers Carnets du paysage de l'Ecole Nationale Supérieure du Paysage de Versailles.

En parallèle à ces textes théoriques et à ces documents de projets, qui transmettent des hypothèses, il est fructueux de lire des ouvrages de description ou d'analyse des phénomènes, ceux qui parlent de la nature, des fleuves, des sols, de la géologie. De très nombreux ouvrages sont publiés, certains assez savants, mais toujours lisibles, comme ceux élaborés par Eyrolles, ou les livres sur la botanique et l'écologie de Delachaux & Niestlé  ;  les éditions Belin publient de très courtes synthèses, très didactiques, qui permettent d'approcher l'essentiel d'un phénomène (qu'est-ce qu'un fleuve ? un lac ?). Quelques grands éditeurs ont publié des ouvrages de vulgarisation à la fois copieux, passionnants et bien écrits, à l'image de Larousse, du Seuil ou de Albin Michel (lire par exemple  L'empire des cartes , de Christian Jacob).

Les ouvrages de géographie complètent eux aussi les connaissances. Ils associent souvent autour d'un thème donné (les ports, par exemple) les caractères dynamiques d'un territoire avec les facteurs socio-économiques et politiques qui contribuent à le constituer. Il s'agit donc presque toujours d'un croisement entre des propriétés naturelles, une histoire, et un "mouvement" humain, une économie et une culture. Il est toujours bénéfique de se plonger, autour d'un sujet donné, dans quelques uns de ces ouvrages : cela donne du recul, et de la profondeur à une approche strictement paysagère qui est parfois trop scénographique ; cela donne des pistes pour comprendre de quoi est fait le paysage (l'héritage) et la part des activités humaines, mais aussi les déséquilibres et les phénomènes qui le font évoluer. Dans ce domaine, on peut mentionner les éditions de l'Aube, les Presses Universitaires de France, Belin encore.

On constate la diversité et l'hétérogénéité de ces pistes de lectures. Mais face à l'immensité des possibles, qui donne le vertige, il est raisonnable, et somme toute plaisant, d'aborder la tâche, et les envies, avec une certaine décontraction. On peut tout simplement se cultiver avec bonheur, passant des vers d'un poète aux rigueurs non moins plaisantes d'un scientifique  ;  lire Pline l'Ancien, Buffon, Elysée Reclus et Marcel Poëte éclaire et relativise la littérature plus contemporaine. En ces temps rigoristes, où l'on sépare volontiers les champs de compétences (l'artiste d'un côté, l'ingénieur de l'autre), le paysage est aussi l'occasion de relier des univers désormais lointains  :  il y a un rapport entre la manière dont le paysage (en tant que projet, en tant que regard) associe des questions très différentes et les sujets de lectures possibles.

Le paysage, c'est aussi cela : la capacité à faire le lien entre la crue d'un fleuve et la beauté d'un tableau, entre l'effort d'un paysan et la nonchalance d'un promeneur.

"Neutralemanagement",détail,œuvredeDanielZeller,encreetacryliquesurpapier,2007

Courtesy de l'artiste & Michel Soskine Inc galerie New-York

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La question des regards-Paysage et des pratiques-Paysage nouvelles soulève de nombreuses difficultés d'articulation entre la phase des constats et la phase de conception, réalisation et d'exploitation d'opérations d'aménagement urbain. Nous les limiterons ici à quelques réflexions interrogatives, forgées au fil de confrontations avec des intervenants sur des projets depuis près de 20 ans…

Si la notion de Paysage fait l'objet de nombreuses tentatives de définition, qui tendent le plus souvent à la figer dans sa dimension patrimoniale, nous proposons dans cette note d'aborder le Paysage comme un écho à un champ de cohérence que lui projette une communauté de perceptions, de regards. La structuration du regard participant du façonnage d'une culture Paysage avec les architectes paysagistes, avec les artistes, notamment les photographes, cinéastes, les peintres paysagistes, les écrivains… Le Paysage comme révélateur de "Tenségrité" spatiale entre les composantes végétales, minérales, gazeuses, vibratoires, dans une même "condensation" éphémère, de notre environnement perceptible. Le Paysage comme émergeur de tracés régulateurs le plus souvent occultes. Le Paysage favorise la mise à distance de l'objectif fonctionnel de l'aménagement projeté, il propose un contexte géohistorique et supra-territorial dans lequel les enjeux d'insertion d'un projet se révèlent pertinents. L'approche Paysage impose l'analyse rétrospective du site élargi, condition à la démarche prospective territoriale, qui contribue à la définition des caractéristiques qualitatives et des interactions de l'urbanisation projetée. L'art du Paysage va donc consister à maintenir des équilibres fragiles et à en proposer de nouveaux, sans les figer, mais en les requalifiant à chaque opération de reconstruction de la ville sur elle-même, en maîtrisant l'articulation multiscalaire et le temps, virtuose du maniement de la longue vue et de la loupe.

Des constats paysage aux pratiques paysageJean Paul Gazeau architecte et programmiste

Malgré de nombreuses études remarquables comme les Atlas Paysage des Départements, les analyses sur les Unités paysagères de la région Île-de-France (Institut d'Aménagement et d'Urbanisme), les nombreuses synthèses des CAUE, de la DIREN.., les architectes du Paysage sont peu présents en phase programmatique et aux marchés de définition des petites et moyennes opérations (ou avec une reconnaissance limitée par les Maîtrises d'Ouvrage (MAO) et les collaborateurs des équipes pluridisciplinaires, y compris par les architectes du bâtiment), ils opèrent plutôt en Maîtrise d'œuvre (MOE), en réponse à des cahiers des charges qui ont peu d'objectifs Paysage ambitieux. Souvent traité "par défaut", comme une obligation réglementaire dans les dossiers de permis de construire par les collectivités locales, la démarche Paysage se cantonne fréquemment à une posture alibi des MAO, face aux associations de défense de l'environnement et aux partenaires financiers. Bien que la sensibilisation aux démarches Paysage progresse favorablement, les logiques foncières marginalisent les objectifs ambitieux, particulièrement en secteurs fortement urbanisés de l'Île-de-France.

La démarche Paysage constitue néanmoins un support favorable de médiation entre élus, agents de l'Etat et des collectivités, associations, en construisant un diagnostic partagé, en identifiant les principaux jalons, ancrages du territoire qui font sens pour leurs occupants ou visiteurs futurs. Le Paysage devient un outil stratégique essentiel pour la requalification urbaine. L'architecture du Paysage se trouve donc en position de proposer à la concertation générale, des représentations d'un futur spatialisé.

Laisser une confluence à l’abandon, c’est nous barrer la perception du paysage pour tout un département!

citation d'atelier du 4 mai 2010

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30DRIEA IF / SA / DATM Atelier "Paysage" en Île de France - 2009/2011 DRIEA IF /SA/DATM/UVAT Atelier «Paysage» en île de France - 2009/2010DRIEA IF / SA / DATM Atelier "Paysage" en Île de France - 2009/2011

Quelles pratiques systémiques nouvelles à inventer ? quelles formations innovantes à développer ?La programmation urbaine, comme "topisme" privilégié d'élaboration d'une démarche Paysage itérative et partagée (diagnostic en marchant, promenades urbaines, confrontations sur les représentations, sur les enjeux et les questions d'intérêt général, de Patrimoine, d'orientations prospectives…). D'une montgolfière ou d'un bateau, en proposant des regards distanciés, des lectures d'un territoire à ses habitants, cet espace familier prend alors une épaisseur, un sens qui implique son occupant. Cette approche Paysage très en amont du projet, favorise l'articulation des objectifs fonctionnels, des savoirs techniques, avec les échelles territoriales et les périmètres d'interventions. Elle conjugue l'échelle du diagnostic Paysage, "périmètre de résonance et d'implication", et le périmètre foncier ou des fonctionnalités de l'aménagement. Les artistes ont un rôle primordial à jouer tout au long du processus de pré-programmation, de conception, de réalisation et d'appropriation par les usagers d'une opération urbaine. L'architecte paysagiste va donc articuler les apports du géomorphologue, de l'archéologue, de l'écologue, de l'ethno-sociologue, du photographe ou vidéaste, de l'artiste et du poète, de l'urbaniste et des ingénieurs des différentes compétences techniques, des associations locales, croisant ces analyses et regards pour enrichir le programme définitif, tout en favorisant l'aide à la décision du MAO, et de ses partenaires.

L'adaptation, à la démarche Paysage, des préconisations de la MIQCP (Mission Interministérielle à la Qualité des Constructions Publiques), en phase programmation, pourrait constituer un premier cadre méthodologique pour conforter l'approche. Les opérations en PPP (Partenariat Public Privé), amenées à se développer, devront également trouver leur cadre Paysage.

A titre d'exemple, le Domaine Public Fluvial (DPF) et les abords des rivières domaniales, ainsi que des forêts, par leurs caractéristiques transverses, continues et supra locales, pourraient constituer une formidable opportunité, pour l'Etat et ses Etablissements Publics, pour expérimenter des approches Paysage contribuant à l'émergence de nouvelles formes urbaines.

Paysage et représentationFrédéric Bonnet architecte urbaniste

L'atelier "Paysage" s'est aussi déplacé in situ sur le modèle des promenades urbaines de Yves Clerget. Voilà une approche sensible qui est aussi un point de vue : la découverte de situations et de paysages urbains n'est pas une errance mais un point de vue guidé par un "récit" élaboré préalablement. L'exploration du paysage par la marche, ainsi ou de manière plus aléatoire, marche de botaniste systémique ou de flâneur attentif, n'est pas pour autant contradictoire avec des outils plus abstraits, ceux de la cartographie contemporaine, de l'exploration numérique. Peut-on même penser de manière dichotomique, et opposer l'un à l'autre, alors même que l'histoire de la cartographie1 montre à quel point ces visions de papier sont liées à de réels parcours, parfois bien périlleux.

Ceci est d'autant plus vrai que la marche "active" comme la cartographie bénéficient aujourd'hui de techniques nouvelles, qui modifient notre rapport au paysage survolé, parcouru ou dessiné  :  repérer les photographies d'une randonnée sur Google, comparer parcours virtuels et réalisés, croiser l'expérience d'un lieu avec la connaissance de ses propriétés physiques, instruire ses découvertes par des recherches en temps réel sur internet, etc. Des croisements sont possibles, en permanence, entre des savoirs constitués et des sentiments accueillis dans les replis d'un site. Cette alliance est aussi l'occasion d'une nouvelle géopoétique2, qui n'oppose plus ce que l'on sait et ce que l'on ressent, mais suscite des connivences fertiles à partir des lieux visités.

Outils contemporainsLes outils de cartographie contemporaine, ou même les modes d'exploration, complètent fructueusement les randonnées sur site. Il s'agit des Systèmes d'Information Géographique (SIG), mais pas seulement  :  lorsque l'on travaille sur le paysage de Seine Aval, par exemple, la marche n'est pas seule conseillère, et l'hélicoptère, le bateau, la péniche ou le canot offrent de belles émotions et de meilleurs "recollements" thématiques (les rives déclinées, les horizons séquencés…)

Précisément, le travail de l'agence Obras3 mené pour l'EPAMSA sur le territoire de l'OIN de Seine-Aval et ses marges, s'est fondé sur l'alliance de ces nouveaux modes d'exploration, l'utilisation des données du SIG, et le travail de hypertexte (Animation Flash et Internet). Là encore, point de dogmatisme :  les données rendues disponibles par les SIG évitent certes les laborieuses reprises thématiques, puisqu'on peut en seul clic

1 .2 Expression

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DRIEA IF / SA / DATM Atelier "Paysage" en Île de France - 2009/2011 31DRIEA IF /SA/DATM/UVAT Atelier «Paysage» en île de France - 2009/201031DRIEA IF / SA / DATM Atelier "Paysage" en Île de France - 2009/2011

Etudedecompositionurbaineetpaysagère,avril2009

Moisson-Mantes : Unebouclespectaculaire,amplegéographie,quipourraitaussidevenirunhautlieudutourisme.

Vignette1 : FestivalsenbelvédèresurlesbouclesdelaSeine.Vignette2 : RandonnéesetgîtesàuneheuredeParis.Vignette3 : Franchir : unlienmaisaussiunémerveillementsurlefleuve.Obras

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1 LirenotammentL'empire des cartesdeChristianJacob.

2 LireàceproposLe plateau de l'Albatros,deKennethWhite.

3 Obras  :  Marc Bigarnet et Frédéric Bonnet, avec YvanOkotnikoffarchitectechefdeprojetetMarie-AudeLesieur,urbanisteIFUpourcetravaileffectuéde2007à2009pourl'EtablissementPublicd'Aménagement.

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32DRIEA IF / SA / DATM Atelier "Paysage" en Île de France - 2009/2011 DRIEA IF /SA/DATM/UVAT Atelier «Paysage» en île de France - 2009/2010DRIEA IF / SA / DATM Atelier "Paysage" en Île de France - 2009/2011

Etudedecompositionurbaineetpaysagère,avril2009

Mantes-Epône-Bouaffle-Mureaux : l'activitémétropolitaineenlienaveclepaysage.Vignette1 : UncentredeCongrèssurl'îledeMantes,nouveaurepèreencontrepointdePorchevilleetdelaCollégiale.Vignette2 : Lagare(iciEpône),paysageurbainrassemblantl'intensitéurbaine,transport,sport,commerce,vuessurlescoteaux.Vignette3 : L'activitéenmargedeschamps : unbalconsurl'étendue,quiestaussiunerichesse.Obras

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DRIEA IF / SA / DATM Atelier "Paysage" en Île de France - 2009/2011 33DRIEA IF /SA/DATM/UVAT Atelier «Paysage» en île de France - 2009/201033DRIEA IF / SA / DATM Atelier "Paysage" en Île de France - 2009/2011

étudedecompositionurbaineetpaysagère,avril2009

Triel"TirerpartiedupaysagedesbordsdeSeinejusqu'aucoeurdesbouclesdelaSeine"Vignette1 : GuinguettesetéquipementssurlesrivesdeSeine.Vignette2 : J'habiteici,àdeuxpasdufleuve,etj'enaperçoislesbergesàl'horizon.Vignette3 : Deslieuxdetravailquitirentprofitdugrandpaysage.Obras

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34DRIEA IF / SA / DATM Atelier "Paysage" en Île de France - 2009/2011 DRIEA IF /SA/DATM/UVAT Atelier «Paysage» en île de France - 2009/2010DRIEA IF / SA / DATM Atelier "Paysage" en Île de France - 2009/2011

identifier, par exemple, les rapports entre hydrographie et topographie, mais elles demeurent très incomplètes, et pas toujours accessibles. Elles sont donc toujours utilement complétées par des enquêtes in situ, comme cela fut le cas sur le terrain et auprès des communautés de communes, avec des questions très précises sur le vécu quotidien et les "aménités" de chaque partie de ce territoire.

Pour confirmer les relevés paysagers, le logiciel vertical mapper a permis, à partir d'un modèle numérique de terrain1, de calculer les "micropaysages" locaux  ;  le programme calcule depuis un ensemble de points sur la carte quelles sont les parties du reste du territoire qui y sont le mieux perceptibles : c'est une sorte de simulation de "carte des vues". A partir de chaque nuage de points, on obtient un paysage singulier  :  ce qui constitue les limites et les seuils de la boucle de Moisson, de la vallée de Tessancourt ou de la Mauldre, des coteaux de Gargenville, etc. La somme de tous ces paysages restitue le grand site du val de Seine, entre les plis du Vexin et la grande crête suivant au Sud les 115° du plissement.

A ces figures calculées sont associées des figures intuitives : images fugaces et simples, mémorisables, un peu comme une nouvelle héraldique. Au lieu d'une image unique, qui serait forcément caricaturale et réductrice sur un territoire aussi vaste, ces six pictogrammes représentent chacun un aspect de cette vallée : l'unicité orographique (ou fluvialité), les traverses des champs, les milieux naturels de part et d'autre du fleuve, les rythmes et les accents, les micro-paysages et les aires de proximité, l'échelle métropolitaine et le lien avec Paris d'autre part. Ces dessins très simples, qui résultent d'une intuition de projet, sont stratégiques : ils désignent ce qui est essentiel ici  :  l'unité (qui sera le ciment des communes), les respirations, les contrastes, les liens et continuités, les univers du quotidien… De manière très surprenante, cette abstraction, ce caractère élémentaire, malgré la distance à la complexité de la carte, est grand public. Tout le monde s'approprie avec aisance de tels pictogrammes.

1 Quel'ondésigneparl'acronymeMNT,etquiestunematrice3Ddusecteur,où l'onassocieàchaquepixelde30mpar30munealtitudemoyenne.L'ensemblerestitueuneformedemaquettenumériquesurlaquelleonpeuteffectuerdescalculs : laplusfortepente,lescourbesdeniveau,lesvuesdepuisunpoint,parexemple.

Echelles et liens, regard et projetsPlutôt que de proposer un mode d'exploration unique, nous avons à Seine Aval associé des modes de représentation et des "moments" du territoire très différents. Une interface hypertexte (comme internet, on clique avec la souris) permet à chacun de passer de l'un à l'autre mode. Il y a du texte (des commentaires, des explications, des chiffres de densité, de développement…), des pictogrammes, des cartes, des animations, des photomontages, des schémas légendés. On passe à la fois d'une vision "d'hélicoptère" à un paysage pris au ras du sol, qui simule une transformation possible du territoire. On passe d'une carte à une figure. On passe aussi d'un regard sur ce qui existe à une projection de ce qui pourrait être. Cette vision en projet se fait selon des zooms entrelacés, à partir de sept ou huit situations toutes emblématiques par la qualité de leur paysage : les balcons de Maurecourt, les pentes de Vétheuil ou de Juziers, la boucle de Chanteloup, la confluence de la Mauldre, puis d'exemple de ce qui pourrait changer notablement le plaisir d'habiter ou de parcourir le territoire : d'autres bâtiments tertiaires ouverts sur les champs, des tours-paysages dans les boucles, des gares-passages, des passerelles lancées comme autant de raccourcis dans l'immensité des boucles.

Ce mode de représentation entrelacé offre à la fois la promenade et le mouvement, puisqu'il concilie le projet, les évolutions potentielles et l'observation, la révélation de propriétés existantes des lieux. Propriétés qui sont comprises comme autant de ressources : plutôt que d'opposer les stratégies de développement (démographie, infrastructure, activité) et la qualité du paysage, on cherche à montrer à quel point ce paysage extraordinaire de Seine Aval, précisément, est un appui. Et ce n'est pas facile  :  tous s'accordent à dire que la magnificence de la vallée, et ce qu'elle apporte de fantastique de la vie quotidienne est une vraie "pépite" pour Seine-aval ; cela ne veut pas dire que tous les actes concrets le tiennent pour dit : que sera le port d'Achères, par exemple ?

Mais les débats qui ont accompagné cette étude2, s'ils n'ont pas transmis de "règles" ou de modèles, ont déplacé les priorités. A l'image de cet "éco quartier" à venir entre Rosny-sur-Seine et Mantes-la-Jolie, à la fois ouvert sur le fleuve (ce qui est en commun), partagé par deux communes qui retrouvent dans l'intervalle qui les séparait un intérêt majeur, et respectueux des grandes transversales et des vues qui font ici la splendeur du paysage.

2 à laquelleontparticipéObras,Lin/FinnGeipeletAGA /AntoineGrumbach, cesdeuxdernièreséquipesayantuneapproche contrastée et complémentaire à l'expériencenumériqued'Obras.

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Leszoomsentrelacés-étudedecompositionurbaineetpaysagère,avril2009

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36DRIEA IF / SA / DATM Atelier "Paysage" en Île de France - 2009/2011 DRIEA IF /SA/DATM/UVAT Atelier «Paysage» en île de France - 2009/2010DRIEA IF / SA / DATM Atelier "Paysage" en Île de France - 2009/2011

La DRIEA a mis à la disposition du projet un large ensemble de données géographiques et de données de gestion. Une sélection judicieuse parmi ces données, ainsi que de bonnes analyses, ont permis d'en tirer des représentations cartographiques pertinentes. Cela pose une question de méthode. Le cartographe ne dresse plus la carte directement à partir de sa connaissance du terrain. Il passe par la médiation de bases de données (voir schéma ci-dessous).

Interpréter les bases de données pour cartographier le paysagePatrick Rigaill Ingénieur géographe, DRIEA IF

Carte1,sitedeSénart-Orly,calque"route"MAPINFO

Cette façon de travailler est très puissante. D'abord parce que les progrès des outils informatiques permettent des représentations de plus en plus expressives, et parce que les bases de données sont très riches. On encourt toutefois un risque, car les bases de données n'ont pas été fabriquées spécialement pour servir à telle ou telle carte. Beaucoup de données sont des relevés topographiques très généraux. Certaines données, même, n'ont pas du tout été constituées pour les besoins de la cartographie (données sur la construction, données foncières, etc.), mais le cartographe les détourne de leur vocation d'origine.

le terrain les bases de données la carte

carte : BDTOPO PAYS® ©IGN 2006-2008

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DRIEA IF / SA / DATM Atelier "Paysage" en Île de France - 2009/2011 37DRIEA IF /SA/DATM/UVAT Atelier «Paysage» en île de France - 2009/201037DRIEA IF / SA / DATM Atelier "Paysage" en Île de France - 2009/2011

le terrainles bases de données

et leur documentationla carte

Carte2,extraitdelacartedeschassesduRoi,1/28800(1760à1800),secteurMeudon-Chaville

Les bases de données sont généralement accompagnées de documentations techniques, ou "métadonnées", quelquefois rébarbatives hélas, mais dans lesquelles le cartographe doit absolument se plonger. Il peut aussi prendre les conseils de spécialistes des différentes bases. D'une façon ou d'une autre, le cartographe du paysage doit parvenir à faire sienne une connaissance très précise de la relation entre base de donnée et réalité du terrain.

Celui qui produit une base de donnée regarde le terrain d'un certain point de vue, il en retient ce qui l'intéresse et l'enregistre dans sa base. Le point de vue du cartographe

paysagiste est d'abord très différent et son intérêt tout autre. Mais s'il comprend bien la relation entre la base et le terrain, il peut se replacer du point de vue du producteur de la base de données. C'est dans cette posture, que le cartographe peut, en toute sûreté, sélectionner dans la base les données utiles à son travail et les analyser pour ses propres besoins.

Ainsi, le cartographe ne peut faire du bon travail, que s'il connaît bien les données dont il se sert.

Il faut donc compléter notre schéma : 

carte : géocodage ® ©IGN 2010

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38DRIEA IF / SA / DATM Atelier "Paysage" en Île de France - 2009/2011 DRIEA IF /SA/DATM/UVAT Atelier «Paysage» en île de France - 2009/2010DRIEA IF / SA / DATM Atelier "Paysage" en Île de France - 2009/2011

"La carte replace les actions, géographie le deroulement, devient un extraordinaire support d'expression du projet. Elle est la synthèse d'une pensée, d'une projection et prend toute son ampleur lorsqu'on déroule sa légende à travers des récits, croquis, coupes qui viennent l'habiter." Extrait de "Le voyage, la carte et le récit", Carnets du Paysage n°20 - Ingrid Saumur

De la complémentarité des modes d'expressionIngrid SaumurPaysagiste DPLG

Si l'outil cartographique permet une vue d'ensemble du territoire, il a ses limites dans la perception sensible des "lieux". Pour exprimer l'épaisseur, il faudra recourir à d'autres moyens et oser l'immersion dans le territoire  :  promenades in situ, croquis, photos, impressions, références picturales ou littéraires.

Dessin : Ingrid Saumur © - paysagiste DPLG

Figureconstruite= aéroport+tracédeszonesagricolesd'aprèsvueaérienne+sélectioncourbe60d'aprèscarterelief+sélectiontracésforestiersd'aprèscartedesroutes.

Dessin : Ingrid Saumur © - paysagiste DPLG

AnalyseencoupesurRoissyàfairepourOrlyjusqu'àlavalléedelaSeine

Dessin : Ingrid Saumur © - paysagiste DPLG

Croquisdepuislaterrasseduchâteaud'Athis-Mons

Repéragepourlapromenadeurbaine"confluenceSeine-Orge"enParisd'Amont,4mai2010

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Décomposition des cartesIl s'agit ici d'isoler chaque couche du système d'information géographique et de s'en servir comme palette afin de recomposer des cartes exprimant des figures (naturelles, construites, symboliques). Ce procédé permet une simplification de l'expression d'un territoire, et surtout, de l'expression d'un propos

sur ce territoire. Si la carte est un outils stratégique, elle doit pouvoir exprimer clairement un projet, une vision, et donc, avoir une légende sélectionnée, pertinente. Dans ce propos, le contre exemple est la carte du 1/25 000 ème de l'institut géographique national. Elle est un outils de connaissance mais son caractère exhaustif ne sert pas un argumentaire.

Bâtiindifférencié

Relief

RoutesCarte : BDTOPO PAYS® ©IGN 2006-2008 Carte : BDTOPO PAYS® ©IGN 2006-2008

Carte : BDTOPO PAYS® ©IGN 2006-2008

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Carte topographique simplifiée La carte est orientée selon l'axe "géologique" des 115° dit de Charles Pomerol, géologue (voir références bibliographiques)

Cartetopographiquesimplifiéedel'Île-de-France

Pour parler du relief de l'Île de France, il est proposé ici de sélectionner stratégiquement 3 courbes qui révèlent ce territoire  :  60, 100, 160 mètres. Elles simplifient la perception du relief et mettent en exergue les grands plateaux, buttes, l'ampleur du bassin fluvial de la Seine.

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DRIEA IF / SA / DATM Atelier "Paysage" en Île de France - 2009/2011 41DRIEA IF /SA/DATM/UVAT Atelier «Paysage» en île de France - 2009/201041DRIEA IF / SA / DATM Atelier "Paysage" en Île de France - 2009/2011

Dessin : Ingrid Saumur © - paysagiste DPLG

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42DRIEA IF / SA / DATM Atelier "Paysage" en Île de France - 2009/2011 DRIEA IF /SA/DATM/UVAT Atelier «Paysage» en île de France - 2009/2010DRIEA IF / SA / DATM Atelier "Paysage" en Île de France - 2009/2011

Carte Rayonnement

CarteRayonnement

Rayonnement de la France grâce à la beauté de ses sites classés ou inscrits, de ses parcs naturels régionaux, de ses monuments historiques, de son patrimoine mondial UNESCO avec les sites de "Provins", "du palais et du parc de Versailles", du "palais et du parc de Fontainebleau",

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DRIEA IF / SA / DATM Atelier "Paysage" en Île de France - 2009/2011 43DRIEA IF /SA/DATM/UVAT Atelier «Paysage» en île de France - 2009/201043DRIEA IF / SA / DATM Atelier "Paysage" en Île de France - 2009/2011

Dessin : Ingrid Saumur © - paysagiste DPLG

"Rives de Seine" à Paris qui ont fait pendant longtemps de l'Île-de-France, le premier pays touristique du monde (maintenant le 3ème après l'Italie et l'Espagne! dixit Michel Péna, "Expériences de paysages" , 27 mars 2010, au Pavillon de l'Arsenal.

Dans l'esprit de l'atelier Paysage, cette carte de l'Île-de-France, tournée et repositionnée sur l'axe 115 degrés, permet de donner une orientation géologique à la région. Ainsi orientée, elle révèle les buttes, chaussée Jules César, l'axe majeur, l'axe du chateau de Versailles. Elle exprime les grandes lignes de force, naturelles ou construites, qui ordonnent ce territoire, et sont des appuis pour son développement et ses projets à venir.

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44DRIEA IF / SA / DATM Atelier "Paysage" en Île de France - 2009/2011 DRIEA IF /SA/DATM/UVAT Atelier «Paysage» en île de France - 2009/2010DRIEA IF / SA / DATM Atelier "Paysage" en Île de France - 2009/2011

Carte SeuilSeuil entre Terre et Ciel, de mise en mouvement de l'espace et du temps, et pour développer la méthode des figures :

CarteSeuil

• seuil naturel des axes à 115° de Charles Pomerol, axes nés de la dynamique de la géomorphologie des incidences du plissement pyrénéen et de l'érosion des eaux ;

• seuil construit des lignes de Gérald Hanning dites "trame foncière", fronts et corniches naturelles et/ou urbains  ; berges habités ou non  ; alignements plantés ; lisières des bois, forêts et des parcs naturels régionaux ; périmètre des opérations d'intérêt national Seine-Aval/Seine Arche/Orly-Rungis Seine Amont qui s'inscrivent naturellement dans une relation Ville Fleuve ;

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Dessin : Ingrid Saumur © - paysagiste DPLG

• seuil métaphorique comme l'axe magistral et horizontal du Louvre à l'Arche de Sprekelsen, les tracés historiques de la chaussée Jules César, celle du château de Versailles, et des étangs de Hollande/Saint-Hubert/Vaux de Cernay.

C'est une façon de définir le territoire d'Île-de-France à travers ses lisières, ses points de rupture, de frottement, ses limites de communes, de départements, de zones d'aménagement.

Les seuils sont les zones les plus riches, les plus instables, les plus ambivalentes : c'est ici qu'il faut porter toute son attention, sur ces lignes qui ont en fait une épaisseur, une consistance : ce sont des zones d'enjeux, des espaces en mouvement.

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L'Institut d'Aménagement et d'Urbanisme de la Région d'Île-de-France (IAU-îdF) partage avec les services de l'État dans la région une culture de l'aménagement née d'une origine commune  :  tous les aménageurs publics de l'Île-de-France d'aujourd'hui sont les héritiers de Paul Delouvrier. Peut-on aussi trouver en Île-de-France une culture commune du paysage ? C'est entre autres le sens du travail qui a été entrepris par les paysagistes de l'IAU-îdF et d'autres établissements de la Région (Agence des Espaces Verts) en concertation avec ceux de la Diren, des Départements, des CAUE et des Parcs naturels régionaux d'Île-de-France, pour établir une base de données "Unités paysagères".

La base de données des Unités paysagères de la région d'Île-de-France s'inscrit dans la lignée des travaux réalisés dans toute la France visant à identifier et décrire les paysages, amorcés notamment avec les atlas de paysages et les inventaires réalisés par les Départements et les Parcs naturels régionaux, et encouragés plus récemment par la Convention européenne du paysage, qui invite chaque État signataire –  dont la France  – à identifier et qualifier ses paysages.

Elle constitue la première tentative à l'échelle de toute la région de réaliser ce qui constitue la première étape de ces inventaires et atlas réalisés sur des territoires moins étendus : l'identification d'entités présentant une singularité paysagère suffisante pour les individualiser et les séparer de leurs voisines. Cette singularité provient le plus souvent d'une homogénéité "de relief, d'hydrographie, d'occupation du sol, de formes d'habitat et de végétation" (Méthode pour les atlas de paysages, Luginbühl et al. 1994. p.47), mais elle ne s'y réduit pas. Elle peut aussi provenir de limites (ruptures de pente, lisières, lignes de force…), celles-ci n'étant pas non plus nécessaires ni suffisantes pour définir ce qui est recherché ici  : des unités porteuses d'une identité, que l'on pourrait pour cette raison appeler aussi entités. Cette identité peut aussi être liée aux fonctions, usages et relations que porte l'unité paysagère, territoire habité, dont la perception n'est pas influencée que par le visible. Elle est traduite par un nom, le plus souvent reconnu traditionnellement.

Le nom est apparu dans l'élaboration de cette base de données comme le principal attribut de l'identité, synthèse de tous les autres. La nomenclature des unités s'est donc faite avec le souci de trouver des noms le plus possible porteurs d'identité et le plus possible reconnus et partagés. L'objectif d'identité a amené à éviter les appellations banales (auxquelles ont recours les territoires à l'identité peu affirmée, comme les nouvelles inter communalités), aussi bien que celles que les architectes-paysagistes auteurs du découpage seraient tentés d'inventer selon leur perception des lieux, avec leur sensibilité individuelle. La nomenclature

Une figuration de l'Île-de-France : la carte des unités paysagèresPierre-Marie Tricaud architecte paysagiste, IAURIF

a donc été basée sur la toponymie locale et sur les termes géographiques employés dans leurs sens les plus usuels (plaine, plateau, vallée, forêt…). Il a été possible de donner un nom reconnu ou au moins partageable à presque toutes les unités, d'autant plus que la difficulté à trouver un nom satisfaisant à une unité amenait à s'interroger sur la pertinence du découpage local qui avait créé cette unité.

Le découpage en unités ne prétend pas fixer des frontières dans le paysage, mais identifier, en même temps que les unités, des interfaces ou transitions qui sont autant de lieux d'enjeux  :  contacts entre espaces de nature différente, parfois différents des deux espaces qu'ils séparent (biodiversité des lisières et autres écotones, façades urbaines mises en scène sur un parc, sur l'eau ou sur un autre espace ouvert… contact qui peut être l'occasion d'échange ou au contraire de fermeture et d'appau vrissement)  ;  espaces linéaires aux caractéristiques particulières (cours d'eau, voie de communication…)  ;  lieux d'évolution, voire de conflit (progression du front urbain, altération des lisières boisées, développement le long des infrastructures, évolution des berges des cours d'eau…) ; lieux les plus visibles de loin (fronts urbains, lisières de forêts, rebords de plateau…).

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Le découpage est composé de trois niveaux  :  Petites Unités, de niveau local, qui se regroupent entièrement dans de plus grands ensembles, appelés Grandes Unités (Paris intra-muros, vallée de Montmorency, massif de Fontainebleau…), regroupées à leur tour dans des ensembles de niveau régional, appelés Pays (puisqu'ils sont à l'échelle des pays traditionnels, tels que Brie, Beauce ou Vexin). Chacun des trois niveaux forme un pavage – ou une partition – du territoire, c'est-à-dire un système complet et exclusif. On s'est efforcé d'avoir aux trois niveaux des unités d'un seul tenant et sans enclave, mais ce principe n'a pas pu être suivi systématiquement.

Cette base de données forme une couche du Système d'Information Géographique Régional, accessible par le site internet de l'IAU-îdF. Elle peut se décliner en diverses cartes. Une première version de la carte issue de cette base de données a été publiée sous le nom d'entités fonction nelles et paysagères dans le Schéma Directeur de la Région d'Île-de-France, adopté par le Conseil Régional le 25 septembre 2008 (pp. 118-119). L'ensemble de ce travail a fait l'objet d'une publication en 2010 par l'IAU-îdF, qui comprenant des éléments méthodologiques qui expliquent les principes suivis pour l'élaboration de la base de données, une notice d'utilisation illustrée qui en détaille le contenu, et enfin un atlas au 1 : 150 000 en 8 planches (http : //www.iau-idf.fr/nos-etudes/detail-dune-etude/etude/unites-paysageres-de-la-region-dile-de-france.html).

La carte des unités paysagères ne prétend pas représenter le paysage de l'Île-de-France, mais seulement une de ses figures, au sens où ce mot est employé dans l'atelier Paysage. On peut donc la considérer – dans le sens de la représentation d'une figure – comme une figuration de l'Île-de-France.

Extraitdelacartedesunitéspaysagèresdel'Île-de-France

source : IAU 'Île-de-France

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La promenade, c’est toucher le paysage.Centre Pompidou 8 mars 2010

Surl'aqueducdelaVanneàGentilly

promenadeurbainedela"radialesuduniversitaire"17juin2010

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Du parti-pris de la promenade urbaineYves ClergetArchitecte, Vice-président de l'association Les Promenades Urbaines

Avant quelques petits récits, riches en surprises, d'épisodes de l'histoire des promenades urbaines, nous voudrions insister sur la méthode du recours systématique au croisement des regards sur la ville, et sur les dispositifs créés pour l'exercice d'une démocratie participative, autonome et ouverte.

Mais d'abord, quels regards croiser lors des promenades ?

L'expérience prouve qu'il n'est pas possible de croiser de manière exhaustive tous les champs, compétences, avis sur le territoire d'une promenade même si la problématique en est bien cernée. Néanmoins le principe même de nos promenades demande que l'on affirme d'emblée la priorité de l'ouverture à ces croisements possibles, intégrant même les interventions inopinées survenant lors de la promenade.

Sont d'abord concernés les différents champs des connaissances scientifiques et techniques réquisitionnées pour comprendre, gérer et transformer la ville : architecture, géographie physique et humaine, écologie et économie, sociologie et anthropologie, psychologie de l'espace, sciences de l'éducation, sciences politiques, sciences et technologies de la représentation (cartographie, maquettes, dessins et modélisations par les NTIC etc.) ; urbanisme, art et techniques de l'ingénieur, sans oublier évidemment l'histoire, plus ou moins lisible in situ, mais néanmoins sédimentée en fond de plan dans la chair même du paysage abordé lors de la visite.

1 .3 Médiation culturelle

Mais la promenade urbaine fait aussi et d'abord appel aux acteurs de terrain, aux hommes en charge de l'action politique sur la ville  ; et surtout, pour nous, au regard des habitants et usagers, à leurs perceptions multiples  : "citadins/citoyens !", comme clamait le mot d'ordre de Citéphile, association et réseau national d'éducation à l'environnement urbain des années 90.

La méthode adoptée est cependant ouverte. La connaissance ne s'oppose pas au ressenti (surtout en cette matière qui touche à l'intime et aux identités) ou à l'interprétation toujours utile pour connaître notre point de départ. Aucun point de vue n'est a priori repoussé  ;  charge à l'aventure de la promenade de confirmer ou d'infirmer les choses…  Les principes sont donc simples : donner la parole à tous, laisser les choses advenir et ne pas bloquer sur un savoir abstrait, privilégier donc la découverte, l'investigation, l'appréciation  ;  les échanger pour rechercher les congruences et les incompatibilités ; dégager les points de vue collectifs et les appréciations singulières de chaque un, de ce à quoi cela se réfère, des mémoires subjectives d'autres lieux, ailleurs. En somme que chacun puisse comparer l'ici et l'ailleurs pour mieux comprendre son chez soi.

En effet, le rapport à la ville est d'abord un rapport sensible et subjectif, au quotidien. C'est pourquoi il est nécessaire de prendre la juste distance, ou un peu de hauteur, pour rejouer les scènes de la vie quotidienne avec tous leurs enjeux urbains omniprésents. C'est d'ailleurs le principe même de la promenade urbaine avec son sémaphore de l'espace public (le haut-parleur) qui crée l'espace de représentation nécessaire à la parole partagée.

C'est donc à juste titre que le public est très demandeur de promenades urbaines avec des artistes. Leurs œuvres, véritables prismes à travers lesquels la vision se transforme et s'aiguise, questionnent nos perceptions par le décalage d'avec le quotidien (que ce soit le roman, les arts plastiques, la musique, le graphisme, la BD, le cinéma, la photo, la danse…).

Il s'agit de participer à la construction d'opinions raisonnées et argumentées nourries de la connaissance, de l'expérience et des perceptions des uns et des autres. Parfois même, des conflits peuvent apparaître, ce qui peut nous amener à la mise en forme d'actions territoriales spécifiques, locales, relayées à l'échelle métropolitaine par notre réseau.

La promenade urbaine est un outil de formation, de partage, de démonstration permettant en effet de montrer toutes les charges culturelles, historiques.

citation d'atelier du 31 mars 2010

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Promenades urbaines : savoir-faire et faire savoir

La question du paysage

Nous ne reviendrons pas sur l'histoire de la pratique de la promenade qui a ses narrateurs, ses ouvrages philosophiques, ses récits, ses gens de lettres et ses artistes, ses multiples pratiques, du sacré (pèlerinages) à la découverte solitaire d'une nature formidable avec effroi et fascination, en passant par l'arpentage méthodique du militaire.

Quant à nous, pour répondre à nos objectifs propres nous avons opté pour une méthode qui croise trois points de vue sur la déambulation urbaine  : celui de l'histoire et de la géographie des lieux (reconnaissance du patrimoine paysager et bâti), celui de la dérive urbaine psycho-géographique chère aux situationnistes et celui de la transformation moderne de la ville (mouvement permanent dans le centre ancien comme en périphérie).

Par la traversée du territoire et son observation, la promenade met à distance le terrain pour mieux le comprendre et ouvre ainsi à la question du paysage, voire des paysages successifs, que l'on parcourt, que l'on voit et que l'on découvre sous différents angles, à différentes échelles.

Le paysan qui laboure, penché sur la terre, arc-bouté sur sa charrue, voit-il le paysage qu'il fabrique ?

Mais s'il arrête la charrue et monte sur la colline avec un groupe de visiteurs pour voir et montrer son œuvre, s'il partage et fait apprécier le travail qu'il a réalisé, il se peut qu'il transforme son pays en paysage.

De même, la promenade urbaine s'attache, dans une construction collective avec les acteurs de l'urbain, d'ici ou d'ailleurs, à faire paysage, intégrant, à des échelles de temps et d'espace très différentes, la morphologie des sites, le réseau hydrographique, mais aussi toutes les constructions, habitations, ouvrages d'art, réseaux de transport de la métropole.

Ainsi, comme le paysan de la fable, les promeneurs urbains peuvent appréhender par les sens et la marche (ce qui n'exclut pas d'y associer d'autres moyens de transport, et avec eux de découvrir le champ immense d'autres perceptions essentielles à la compréhension du paysage contemporain) les qualités de leur environnement urbain, et peut-être agir dans les transformations urbaines présentes et à venir.

La notion habituelle de paysage suppose pourtant un regard cadré et posé sur un coin de territoire souvent idéalisé et nostalgique, une image idéale de nature sauvage ou domestiquée, à l'opposé de la métropole bruyante et frénétique.

La jouissance de cette utopie régressive se réalise lors des temps de loisir, par opposition à la ville et à la vie de tous les jours, au quotidien répétitif, soi-disant privé de paysage, dans un univers bâti mutant, parfois hostile, parfois hospitalier, grandiose et banal, majestueux et ordinaire, mais que l'on ne voit plus car toujours saturé.

Dans l'espace classique du paysage, la promenade se combine bien avec le dessin du parc, des domaines, jusqu'à tout l'espace national, le "pré carré" de Vauban.

Les déambulations permettent d'y arpenter des territoires pour en saisir la quintessence, l'organisation, les perspectives, les reliefs et les lignes de fuite, en somme la composition ; nous sommes dans l'espace pictural.

Les oxymores qui sont constitués par l'ajout du qualificatif "urbain" aux deux termes de promenade et de paysage (ce qui est fort critiqué), trouvent leur justification dans l'extension sémantique du mot urbain qui relativise au XXIe siècle l'espace rural par un dépassement de la dialectique ville-campagne, ce qui change radicalement la donne quant au paysage découvert.

Au fond, aller dans la forêt de Fontainebleau est devenu une histoire de l'homo urbanicus, de même que d'aller à Biarritz ou à Megève, à Palavas-les-Flots ou Merlin-Plage. En empruntant les cordons ombilicaux des réseaux interurbains (TGV, autoroutes) on ne quitte plus l'urbain, on ne parcourt plus la campagne, le pays (la France de la Nationale 7 a disparu) on reste dans un espace canalisé qui traverse à bonne distance, quasi virtuellement, des pays/paysages de France.

Voilà donc qu'à l'époque de la mondialisation l'espace-temps éclate, les villes s'étalent, explosent et se fragmentent, les cartes isochrones ne sont plus qu'anamorphoses de l'espace réel, et les fractures sociales et territoriales se creusent, tout comme les inégalités à l'intérieur des territoires.

La ségrégation sociale et spatiale se comporte comme un phénomène fractal, se reproduisant selon les mêmes modèles à des échelles de plus en plus petites (c'est-à-dire mathématiquement grandes).

Cette complexité due à la fragmentation territoriale, ou plutôt à des fragmentations découlant des sédimentations fonctionnelles ne peut être appréhendée qu'en arpentant ces paysages contemporains en permanente mutation, difficiles à lire, combinant différentes échelles spatiotemporelles et fonctionnelles. C'est à une lecture paysagère complexe qui utilise potentiellement tous les moyens de transports, et d'abord la marche prosaïque, concrète, corporelle, que nous sommes conviés pour découvrir, apprécier, jauger ou juger, s'effrayer ou s'émerveiller des qualités paysagères et urbaines des aventures territoriales qui

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naissent aujourd'hui et qui constitueront les paysages de demain, sauvages ou domptées, avec des critères renouvelés intégrant les ruptures d'échelles, même en centre-ville. Quant aux traitements des fractures territoriales, aller voir in situ est bien utile pour se faire une idée du monde que nous construisons souvent à notre insu, avec ses délaissés, ses terrains vagues, ses zones interdites. Mais aussi pour connaître les pratiques habitantes et peut-être voir les évolutions de celles-ci quant à la responsabilité rendue aux citadins/citoyens qui devront être mieux informés, éduqués à la pratique collective et donc plus actifs dans la construction de leur cadre de vie, et dans les choix sociétaux qu'implique le traitement de ces coupures fragmentant et mettant parfois en pièces des territoires qui avaient souvent des qualités reconnues. Des solutions existent au cas par cas, il reste à les trouver et à les partager en vue de leur mise en œuvre. De nouveaux outils de représentation et de géolocalisation jouant avec le virtuel viendront nourrir les débats et susciter des solutions appropriées tout en renouvelant la perception du terrain.

Nous avons en région parisienne des expériences singulièrement réussies de la rupture d'échelle : d'abord le scandale de la Tour Eiffel, considérée comme infâme et abominable, n'ayant pas sa place pérenne dans l'univers ordonnancé et calibré de Paris, un hors d'échelle insupportable puis, dernier des grands scandales parisiens contestant l'ordre académique  :  le Centre Pompidou, surnommée la "raffinerie" ou "Notre-Dame des tuyaux"

Dans les deux cas, on y voyait une rupture supposément démesurée d'avec les règles  :  obscénité de l'échelle, et de la structure omniprésente  conjuguée à un bouleversement du rapport dedans/dehors.  Mais ces deux structures considérées comme anachroniques et anatopiques sont devenues aujourd'hui des marqueurs de l'image symbolique de Paris. Pis, elles sont Paris, sorte de filet tendu d'en haut du ciel pour la tour Eiffel et praticable géant pour le Centre Pompidou, non seulement on les voit de loin, mais on monte dedans pour voir la ville dans un mouvement ascendant à travers le prisme de leurs structures les transformant en machines uniques à voir la mégapole : des "Vision machines" qui construisent un paysage singulier.

La question des ruptures d'échelle n'est donc pas nouvelle, et leur force d'évocation en fait souvent des repères essentiels du paysage, qui peuvent même devenir des éléments phares de l'image d'un territoire.

Des mots flous ?

Il n'est pas innocent que les mots de paysage (à la polysémie foisonnante), de promenade (que l'on voudrait confiner dans le loisir et le dilettantisme de l'école buissonnière) et d'urbain (à l'expansion planétaire) aient tous des contours flous. Coquilles vides  ? Mots creux, qui cachent une idéologie dominante  ? Plutôt mots-carrefours, mots-collisions, riche fabrique de lieux communs et de représentations de soi face à et avec les autres, une invitation au partage des expériences et des jugements.

Nous allons essayer de démêler la pelote pour comprendre comment et quand ces mots prennent sens, deviennent opérationnels. Prenons l'exemple du logement social et des cités, aujourd'hui décriées, mais paradoxalement, pour certaines, reconnues par l'État comme patrimoine. Là, il s'agit de déterminer comment prennent corps les jugements qualifiant les territoires concernés et de les questionner in situ, avec les personnes concernées, c'est-à-dire les acteurs du lieu, mais aussi plus largement le public (qu'il s'agisse de modes de vie, d'esthétique, de sécurité, de propreté, d'équipement…), dans le jeu des pratiques sociales et des représentations qui les sous-tendent.

Des racines dans l'éducation populaire aux sources de la politique de la ville

Pour répondre à la question ci-dessus posée, les promenades urbaines ou d'autres pratiques d'éducation populaire ou assimilées participent à la construction de jugements de valeur étayés par la démarche et l'exercice d'une démocratie locale en marche.

Ceci nous replonge dans l'histoire des pratiques et des missions de service public dévolues depuis longtemps aux structures locales d'action culturelle et sociale, histoire qui commence avec le Front Populaire, se poursuit après-guerre avec la naissance de l'éducation populaire, puis continue dans les années 70. La mission de ces structures était de mettre en place dans les ZUP des formes de démocratie participative, déjà appelées concertation.

La mise en lumière des "besoins sociaux" des usagers nécessitait la création d'"espaces publics" (au sens fort de l'agora), lieux de débat et de confrontation, et de dispositifs de découverte des territoires et des hommes. Dans le meilleur des cas, culture savante et culture populaire se mêlaient, on réquisitionnait les savoirs et les savoir-faire des élus et experts de l'urbanisme, de l'architecture, voire des artistes ou des intellectuels, mais aussi des citoyens-habitants, reconnus comme experts de la maîtrise d'usage.

La promenade est une coupe vivante dans l’instant.

cf. conférence "corps urbains, corps humains", Centre Pompidou 8 mars 2010

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Cette expérience largement oubliée de nos jours eut un impact décisif à l'époque de la critique des grands ensembles. Des architectes tels que Bernard Köhn et Lucien Kroll montaient des ateliers participatifs comme à Louvain-la-Neuve ou à Roubaix avec le projet de l'Alma-gare piloté par l'Atelier Populaire d'Urbanisme, ou encore à Bologne où l'expérience de la restructuration du centre-ville était conçue et réalisée sous contrôle des habitants.

Ce retour à la ville déjà constituée avec son système viaire comme modèle de l'urbain n'est pas sans risque d'utopie régressive, ceci essentiellement dans le cadre d'une architecture de promoteurs. La nostalgie du passé guette et pour la guérir il faudra toute la force d'architectes innovants comme Pierre Riboulet, Jean Renaudie, Roland Simounet, Renée Gailhoustet… pour combiner les charmes de la ville ancienne avec une certaine conception de la modernité jusques et y compris dans les modes de vie, la relation au végétal et aux espaces publics.

C'était l'époque triomphante de la CSCV (Confédération Syndicale du Cadre de Vie) et de l'ADELS (Association pour la démocratie et l'éducation locale et sociale), toujours actives aujourd'hui.

Les ancêtres des promenades urbaines cherchaient à décaler le regard, à prendre de la distance, de la hauteur, pour mieux se saisir des enjeux urbains quotidiens. Il suffisait parfois de faire le tour de son quartier et d'aller rencontrer des associations d'autres quartiers de sa ville pour comprendre et prendre position sur les enjeux de sa cité. Un grand classique était par exemple le voyage à Grenoble, où le maire Dubedout avait mis en place les Groupes d'action municipaux (GAM) et créé la Villeneuve (aujourd'hui en "crise") avec le quartier de l'Arlequin aux espaces publics généreux, multifonctionnels, espérant permettre à la population de changer leur cadre de vie et de créer des liens de solidarité et de loisirs partagés.

Le paysage urbain n'était pas absent, d'ailleurs il ne l'est jamais pour les habitants participant à ces actions. Il prend corps dans les narrations mises en commun des perceptions du quartier, croisant les perceptions subjectives et les connaissances scientifiques et techniques. Dès que l'on définit un quartier et ses limites, on définit un fragment territorial, qui prend place dans un paysage plus large.

La ville dans le musée et le musée dans la ville, questions de représentation

Prendre de la hauteur pour mieux voir et comprendre son territoire, c'est aussi ce que proposa Patrick Geddes avec l'Outlook Tower, tour observatoire pour l'éducation du grand public, "sorte de musée et d'espace pédagogique créé dans la vieille ville d'Édimbourg, avec l'intention d'y mettre en place une sorte de laboratoire d'analyse du progrès social et de la compréhension sociale"1

La permanence du regard porté sur la ville depuis l'Outlook Tower montre combien est importante la relation à l'in situ pour la compréhension et les discussions sur l'urbain vécu au quotidien. Les techniques de la représentation des bâtiments et des ouvrages d'art utilisées par les professionnels puis engrangées dans les musées et les archives ne suffisent pas. Le paradoxe de la discipline de l'architecture, voire de ce tout qui concerne l'urbain, étant que la réalité tangible, matérielle, n'est pas que dans les cartons d'archives ; les œuvres construites, telle une cartographie borgésienne, se situent dans leur lieu et nulle part ailleurs, c'est-à-dire n'importe où sur la planète.

A priori, pour le public, le véritable musée des œuvres construites est l'ensemble des territoires qui les accueillent, avec leurs paysages, voire la planète entière.

Le visiteur, chaussant les bottes de sept lieues, jouant au marquis de Carabas, peut dire : "Tout ce que je vois depuis cette colline est dans mon musée", et l'horizon fuit toujours…

La structure muséale proprement dite devient le réceptacle d'objets témoins, de traces de projets réalisés ou non (dessins, maquettes, photographies, plans d'exécution…), de références en interrelation, d'un ensemble de dispositifs de représentations choisis pour faire sens et histoire de la discipline. Mais même s'ils sont partie intégrante de l'œuvre, voire œuvres en eux-mêmes, ces objets sont surtout des liens, des rappels, des informations s'inscrivant dans un hypertexte dont la localisation, au fond, importe peu  :  avec l'évolution des technologies de l'information, celles-ci pourraient très bien être numérisées et consultables à distance, pourquoi pas in situ.

1 STEELE,Tom.“EliséeReclusandPatrickGeddes : GeographiesoftheMind,theRegionalStudyintheGlobalVision”http : //raforum.info/reclus/spip.php?article236&lang=en

Notre travail est d’indiquer les possibilités d’un territoire, permettre que des traits discriminants forts puissent se réaffirmer, comme reconstruire l’idée de porte.

citation d'atelier du 21 janvier 2010

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Ainsi, l'autonomie qu'acquiert l'œuvre par les différents types de représentations conservées et consultables à distance permettrait, comme dans tout musée, de comparer, d'évaluer, de théoriser, d'apprécier le dessin/dessein de l'architecte et de comprendre la genèse des projets. Nous assistons  à une inversion de la fonction traditionnelle du musée, retourné comme un gant, le développement d'un musée virtuel venant consolider la conservation et la présentation des œuvres.

A terme, cela devrait modifier profondément les pratiques des visiteurs de musée comme sur le terrain, notamment avec les systèmes d'information géographiques et les cartographies numériques en temps réel. Pourtant, alors que "tout" devient accessible, le musée, réenchanté, est libéré de la fonction documentaire des bâtiments construits, et retrouve son rôle : présenter à l'admiration du public les œuvres matérielles de papier et de carton que sont les dessins originaux, maquettes, plans-reliefs… expériences sensibles dont la matérialité s'accommode mal d'une représentation virtuelle, et qui ne sont pas transportables in situ.

Ces questions se sont posées d'abord au Centre Pompidou, puis à la Villette, à la future Cité des Sciences et de l'Industrie, qui devait comporter un thème "Construire" et une composante transversale "Ville : Implosion, explosion urbaine, développement et avenir des mégalopoles".

L'expérience de la Villette, essais de restitution de citations de P . Delouvrier

En 1985, le président de l'Etablissement Public du Parc de la Villette, Paul Delouvrier – qui avait, en 1965, déterminé le schéma directeur de la région parisienne, avec ses parcs, ses villes nouvelles, ses infrastructures de transports,… – disait à peu prés ceci, concernant la présence des thèmes "construire" et "ville" à la Cité des Sciences en gestation (je cite de mémoire, après relecture de notes et confrontation avec des témoins de ces discutions à l'époque) : 

"Vous savez, Clerget, vous n'avez pas de chance d'être le chargé du thème "Construire", je suis passionné par les questions urbaines et l'urbanisme et j'ai accumulé quelques compétences dans ces domaines, alors si vous le voulez bien nous aurons des discussions régulières sur la façon de s'y prendre pour mettre la ville et ses habitants en exposition, ce ne sera pas facile, c'est de la vie quotidienne des gens qu'il s'agit. Vous seriez dans un autre champ, la génétique par exemple, vous auriez la paix, mais là c'est différent. J'ai une manie, utiliser le crayon rouge en marge des textes, ce ne sont pas des corrections mais des idées que je cherche à partager, j'espère que cela ne vous gênera pas. Sinon, il faudra me le dire."

Plus tard, "même si vous n'avez pas beaucoup de "manip'" au musée [éléments d'exposition interactifs] vous aurez toujours les territoires, bien ou mal aménagés, et vos visites de terrains, vos découvertes de l'environnement construit, et aussi la rencontre avec les gens qui y vivent. Mais il faut que se conjugue la vie et la ville, et cela nous en sommes responsables, il n'y aura de la ville que quand les cimetières seront pleins, l'histoire aura fait son travail. Les villes nouvelles que nous avons programmées puis commencés à construire n'en sont qu'à leurs débuts. Il y aura bien des choses qui feront leur histoire, et qui marqueront leur paysage et leur identité."

"Si le thème "Construire" se réduit au musée national des sciences des techniques et de l'industrie, qu'à cela ne tienne, vous aurez le bâtiment lui-même (l'actuelle Cité des sciences et de l'industrie) comme élément d'exposition de votre thème construire, et aussi le parc de la Villette, Pantin et Aubervilliers tout proches, la place du Colonel Fabien et Sarcelles,  ou encore le paysage sur les canaux qui traversent le parc à aller voir et à montrer  ;  il suffirait d'un lieu ressource dans le parc pour présenter les grands enjeux métropolitains, coordonné à vos visites qui doivent être très diversifiées. Il vous faut une sorte d'observatoire permanent de la métropole / mégalopole"

"Mais allons déjà rencontrer les élus des collectivités territoriales proches pour des actions communes lors du prochain Ville-été [grande fête populaire sur le chantier de la Villette] cela pourrait changer la donne  ;  les responsables culturels de ces deux communes limitrophes du même bord politique ne se connaissent même pas. Il faut désenclaver, bouger, que l'on passe allègrement le boulevard périphérique dans les deux sens, pour élargir les horizons, par exemple en faisant une simple promenade à pied ou à vélo franchissant agréablement la limite ou pour aller au travail ou faire ses courses, assister à un concert à la future Cité de la musique ou à la salle de rock prévu, ou encore assister à une pièce au théâtre d'Aubervilliers pour son plaisir, ses loisirs. L'Est parisien, assez déshérité a, lui aussi, droit de cité, de la banlieue vers Paris, ou de Paris vers la banlieue. Pour nous, c'est l'une des priorités majeures de notre mission que d'ouvrir généreusement le parc à tous, de créer des équipements centraux de grandes qualités en périphérie, d'ailleurs toute relative, y compris et d'abord pour les publics proches  :  du 19e arrondissement de Paris et des communes de la banlieue proche. Moi quand j'étais jeune, les gens de Paris passaient les boulevards des maréchaux, allaient passer du bon temps à Nogent, à Suresnes ; imaginez donc une Île-de-France avec tout ces lieux de loisirs redéployés et équipés de toutes les technologies modernes pour le plaisir de tous".

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"Il faut toujours penser que nos actions culturelles doivent s'adresser aussi bien à Boulogne qu'à Billancourt d'autant plus quand il s'agit de thèmes touchant à l'urbain  ;  vous savez bien, qu'en la matière, je tiens beaucoup à l'interdisciplinarité. Mais il faut aussi aller sur les terrains d'opération (et même en amont, avant leur programmation) pour faire les constats de ce qui marche et de ce qui ne marche pas pour changer les choses. Innover collectivement n'est pas chose facile en matière urbaine  : pour avoir de grands desseins et arriver à quelques chose, il faut se laisser le temps de la gestation, avoir une grande liberté créative avec le moins de contraintes possibles (exceptées celles que nous imposent l'inscription dans un site bien réel, bien arpenté et choisi pour sa beauté paysagère dictées par le génie du lieu, du site et de la commande pour laisser libre cours à son imagination), ne pas se laisser enfermer dans un règlement a priori, dans le carcan des idées toutes faites, laisser germer les idées neuves que l'on souhaite voir réaliser, beaucoup écouter, les uns et les autres, les faire s'écouter, tous ces acteurs d'un même projet, d'ailleurs ce mot d'acteur, très pratique, n'existait pas quand j'ai commencé à travailler sur le schéma directeur. Et bien ces acteurs, il faut tous les mobiliser. Ne  croyez pas que je parle seulement des opérations d'urbanisme, je parle de tout le monde urbain, c'est une question de culture politique et urbaine à développer chez nos concitoyens."

"Si vous emmenez des gens visiter Boulogne, n'oubliez pas Billancourt, c‘est aussi intéressant. Ce qui reste à penser, c'est l'apprentissage de la lecture de la ville, il faudrait donc que toutes ces activités puissent être connues et développées, que tous les acteurs, comme on dit maintenant, soient reconnus et entendus, il faudrait donc faire un observatoire de la ville, ou des villes, comme centre d'échange des pratiques, équipé d'outils cartographiques et fréquenté par des personnes aux compétences très différentes, tête de pont pour les promenades auxquelles vous tenez tant. J'ai l'idée de proposer un tel équipement dans le Parc de la Villette, peut être avec l'IFA".

"N'oubliez pas les médias, et la future chaîne culturelle européenne en gestation, qui pourraient suivre des itinéraires conçus par nous".

Ce projet ne vit pas le jour, plus tard, dans les années 1990, on envisagea un observatoire des villes du monde sur le toit de l'arche de la Défense, puis une fondation européenne de la ville et de l'architecture (FEVA) à Lille, qui n'eurent pas plus de suite. Paris, Bordeaux, Lyon, Lille eurent bien leur centre de présentation des projets architecturaux et urbains, mais sur le plan national, il faudra attendre la préfiguration de la Cité de l'Architecture et du Patrimoine vers 1998, pour relancer le débat, et la programmation alors que seul le Centre Pompidou continuait ses missions originelles concernant ces domaines, associé à ses partenaires dont les CAUE.

Citéphile un réseau d'éducation à l'environnement urbain

Ce furent les personnes en charge de la pédagogie de l''environnement qui reprirent le flambeau en créant les "graines", les "maisons de la nature et de l'environnement" liés aux structures d'éducation populaire comme "les petits débrouillards" pour les domaines scientifiques  ;  Beaucoup de leurs actions étaient bel et bien en milieu urbain. Mais se posait alors la question  de définir l'éducation à l'environnement urbain, s'agissait-il de prendre un sens large et d‘intégrer toutes les composantes  de l'environnement urbain ? (y compris, l'architecture, l'urbanisme, les paysages urbains, la politique de la ville, les questions sociales et de société, le vivre ensemble etc.) ou s'agissait-il de se limiter aux questions de nature en ville, d'écosystèmes, d'écodéveloppement, d'énergie et de déchets  ? L'initiative militante prise de créer Citéphile comme "réseau d'éducation à l'environnement urbain" a marqué une grande ouverture croisant les regards de plusieurs compétences ministérielles  :  l'Environnement, bien entendu, mais aussi la Culture (paysage, patrimoine et architecture) les Affaires Sociales, la politique de la Ville, Jeunesse et Sport). L'organisation du réseau était régionalisé par la création des Vivacités en région, associations qui existent toujours et sont très actives en Île-de-France et dans le Nord-Pas de Calais. De nombreux séminaires, riches en questions posées et re-problématisées ainsi que des communications sur des expériences exemplaires eurent lieu  ;  les actes en sont encore disponibles. Evidemment la question des promenades urbaines était une question récurrente dans ce mouvement fondateur d'une transdisciplinarité active et éducative. Nous leur en sommes grandement redevables que ce soit pour les contenus, la diversité des approches, les débats pédagogiques et les réflexions théoriques toujours articulées à la pratique.

Souvent, le grand élément structurant est tout simplement la déclivité naturelle d’un terrain, et celui-ci révèle par ailleurs toute sa topologie.

citation d'atelier du 21 janvier 2010

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Le Centre Pompidou, promenades architecturales, promenades littéraires et promenades urbaines, une expérience de plus de 20 ans

Les promenades urbaines actuelles sont le fruit de l'expérience acquise depuis 1987, à l'occasion de l'exposition Le Corbusier, dans la conception, l'évaluation et la valorisation de divers types de promenades. Celles-ci, organisées d'abord pour les adhérents du Centre Pompidou, par le service liaison adhésion, ouvrirent la voie à un développement, bien plus tard, vers d'autres publics (voire leur reprise dans les diverses offres pédagogiques du Centre Pompidou). Ainsi pendant les premières années furent mis en place divers programmes de promenades non renouvelables (par exemple  :  une saison de promenades littéraires sous l'égide de la Bibliothèque Publique d'Information ou encore le programme annuel des promenades architecturales sous la tutelle du service liaison adhésion) pour des adhérents privilégiés qui en étaient très satisfaits car cela correspondait évidemment à une attente très profonde d'aller sur les lieux ("l'in situ de visu" bien concret mais aussi utilisant l'imaginaire partagé des lieux ; et croisant les différents champs de la création), ainsi qu'au désir de rencontres exceptionnelles.

Ce n'est que dans un deuxième temps, vers 1994 (grande exposition "la Ville") que les promenades devinrent urbaines, et que l'on a pensé en "refaire" certaines. Mais elles devaient être retravaillées et adaptées dans le cadre de conventions avec des partenaires locaux. S'est alors posée la question de l'articulation de deux approches différentes : 

• Articuler les promenades avec l'actualité des expositions du Centre Pompidou – une évidence pour l'architecture, le design et le graphisme dont la compréhension par un détour sur le terrain n'est plus à démontrer. Les expositions d'arts plastiques, de photos, vidéos etc. ne sont pas en reste, et comme nous l'avons vu, permettent une lecture sensible, croisée/décalée, de l'environnement et des paysages urbains (paysages sonores, visuels,…).

• Mais le Centre Pompidou c'est aussi un bâtiment dans une ville, les collections du musée, la BPI et le Département du Développement Culturel qui sont tous aussi interrogés par la question urbaine et qui peuvent donc nourrir la programmation des promenades urbaines.

L'articulation fut menée à son terme et les nouvelles promenades urbaines remportèrent une grande adhésion de la part de nos partenaires pour qui le Centre était d'abord un lieu qui posait la question du mélange des genres et qui donc pouvait faire tomber les œillères des disciplines, décaler les points de vue pour apprendre à regarder le chez soi avec un autre regard.

Certaines de ces promenades furent réutilisées et valorisées à d'autres fins et avec d'autres publics, pour d'autres actions (entre autres avec des formations en direction des enseignants, des opérations de jumelages de classes 75/93 – chaque classe devait présenter son quartier à l'autre classe sous forme de promenade, après échange et préparation collective – ou encore des actions menées de concert avec des collectivités territoriales et des structures sociales et culturelles locales –  Grigny  – etc.). Outre l'intérêt pédagogique de travailler à l'insertion des arts à l'école, le Centre Pompidou poursuivait évidemment sa mission de croiser arts et cultures et donc de conjuguer, avec les enseignants et les élèves, les différentes disciplines de la création. Tout naturellement l'académie de Créteil qui était pilote sur les questions d'éducation à la ville (opération "Lire la ville" et organisation du festival de la ville dans Créteil) nous demanda d'être membre du comité de pilotage du nouveau Pôle National de Ressources (PNR) Ville - architecture – patrimoine.

Seule la promenade nous permet de faire les constats qui nous sont propres, de cibler réellement ce qui nous préoccupe, tel un événement survenant, parfois surprenant, comme dernièrement la disparition des tours.

citation d'atelier du 8 septembre 2010

Page 58: Guide atelier "Paysage" en Île-de-France

56DRIEA IF / SA / DATM Atelier "Paysage" en Île de France - 2009/2011 DRIEA IF /SA/DATM/UVAT Atelier «Paysage» en île de France - 2009/2010DRIEA IF / SA / DATM Atelier "Paysage" en Île de France - 2009/2011

C'est dans ce cadre qu'a été pensé et réalisé le DVD "Explorateurs de limites" problématisant à travers une série de promenades filmées la question cruciale des limites en ville.

Permettez-nous de décrire un peu cet exemple :

• quelles sont les limites, les frontières, les passages qui ont un sens en ville ?

• et pour qui ? Pour quoi ?

Les promenades à pied, en train, ou en bateau répondaient différemment à toutes ces questions et entre autre à la perception de la limite entre le 75 et les départements limitrophes. Cette zone, autrefois fortifications et zone non-aedificandi, a été le support de quantités de projets, la plupart du temps non-réalisés. C'est qu'elle constitua tout au long du XXème siècle la principale réserve foncière de l'agglomération, jusqu'aux projets de tours voulus par M. B. Delanoë.

La découverte de ces territoires, véritable collage de terrains vagues, de projets avortés, de parcs et jardins conformes à la volonté de réaliser une ceinture verte autour de Paris, de grands ilots de HBM et du boulevard périphérique, sans parler de tous les grands équipements qui y ont pris place (églises, stades, hôpitaux, …) est l'occasion de faire une double revue de projets, ceux que l'on voit aujourd'hui mais aussi ceux que nous ne verrons jamais, parfois meilleurs, peut-être, que ceux qui furent réalisés (exemple du projet de Le Corbusier au bastion Kellermann).

Le croisement des thématiques et des compétences qui fabriquent l'urbain se retrouve également partout où il y a des enjeux métropolitains, à la périphérie de Paris comme dans le quartier Halles-Beaubourg, ou ailleurs en l'Île-de-France, voire en des lieux plus lointains mais plus proches en temps grâce aux transformations spatiales induites par les moyens de transports rapides, qui révolutionnent la question des limites urbaines et modifient la forme même de l'espace (Sénart, Marne-la-Vallée, Senlis, Creil, Reims…).

L'association "Les Promenades Urbaines"

Dès 2001, un programme permanent de promenades urbaines ouvert à tous les publics était pris en charge par l'association de fait de l'Union régionale des CAUE, de l'Institut Français d'Architecture (préfiguration de la Cité de l'Architecture et du Patrimoine) et du Centre Pompidou. Les orientations de base respectant les principes antérieurs exposés ci-dessus  :  croisement des regards, démarche participative, active et thématiques larges incluant des domaines très diversifiés  ;  à ceci il  faut ajouter un développement des promenades vers des territoires où des associations locales pouvaient être mobilisées, autant pour servir de relais que pour une coproduction des actions menées (conventions etc.).

Le Centre Pompidou proposa alors, pour une meilleure lisibilité face au public et une meilleure répartition des tâches administratives et financières alors assumées à tour de rôle par les partenaires, de créer une association qui veillerait au développement des promenades elles-mêmes et à leur valorisation.

Celle-ci fut créée le 22 janvier 2007.

Les membres fondateurs en sont  le Centre Pompidou, la Cité de l'architecture et du patrimoine, le Pavillon de l'Arsenal, les CAUE de l'Essonne et du Val de Marne.

Ils furent rejoints par la suite par l'Association Pierre Riboulet, A travers Paris, le CAUE de Paris, Docomomo France, Guiding Architects Paris, Le Hub, Le Sommer Environnement, la Maison de Banlieue et de l'Architecture et Petit Bain.

Très vite, la demande obligeant l'association à changer d'échelle, s'est posée la question de son développement ultérieur. Celui-ci s'organisa dans un premier temps autour des deux axes majeurs : 

• Le développement du programme des promenades urbaines et leur communication, avec la mise en ligne d'un blog d'informations1, et la mutualisation de certaines actions par la mise en commun du travail déjà accompli pour réaliser les promenades, avec le soutien de la DRAC.

• Le développement d'une offre de formation, notamment via des contrats avec la Politique de la Ville à Paris (équipes de développement local et leurs partenaires associatifs).

1 www.promenades-urbaines.com

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Confrontée à de nouvelles demandes et de nouvelles propositions, l'association devait redéfinir son mode de travail et ses objectifs. En effet, la capitalisation de l'expérience collective de plus de 20 ans devait servir de base à la création d'un pôle de ressources et de compétences sur la promenade urbaine.

En outre, son développement s'inscrit dans le contexte dynamique et évolutif d'une reconnaissance de plus en plus explicite du rôle des promenades urbaines dans les processus de médiation autour de l'architecture, de la ville et du patrimoine urbain, tant dans les secteurs culturels, artistiques, touristiques que ceux relevant de l'éducation populaire, de la politique de la ville, de l'aménagement et du renouvellement urbain.

Face à ces évolutions, les missions actuelles de l'association sont : 

• Le développement de nouvelles promenades ; 

• La mutualisation d'informations, de ressources et d'outils ; 

• La capitalisation sous forme de fiches de promenades, mais aussi de photos et d'enregistrements sonores et vidéo ; 

• L'animation d'un réseau de professionnels de la médiation dans les domaines de la ville, du paysage et de l'architecture ; 

• La formation pour les professionnels  :  utiliser la démarche de la promenade urbaine pour comprendre le paysage et éclairer les problématiques posées par les changements en cours dans l'espace urbain ; 

• La recherche sur les nouveaux métiers de la ville  :  mobiliser la promenade comme atelier de découverte de la ville et de ses nouveaux métiers (Ville & mobilité, ville & éco-activité, ville & patrimoine, ville & vivre ensemble…) ; 

• Les nouvelles technologies  :  faciliter l'accès aux ressources par la mise en place d'une plateforme numérique et participer à la réflexion sur les nouveaux outils de la mobilité.

Déjà des opérations importantes ont été menées en ce sens (ou vont l'être) : 

• Un programme de promenades avec l'EPASA sur Nanterre-La Défense  (5 promenades avec une moyenne de 60 personnes par promenade) ; 

• Des visites de la ZAC Clichy-Batignolles (500 personnes pour 9 promenades en 2009, environ 150 personnes pour 3 promenades en 2010) ou de l'opération Paris Nord-Est avec la SEMAVIP  et le Pavillon de l'Arsenal (9 promenades sur un week-end, environ 300 personnes) ; 

• Le cycle "Paris-Banlieue, d'une limite à l'autre" organisé avec le CAUE de Paris pour les 150 ans de l'agrandissement de Paris (9 promenades différentes ayant lieu 3 fois soit 27 promenades au total pour environ 1000 personnes)2 ; 

• Le projet "Lire la ville à la Goutte d'Or" avec l'Inspection générale des écoles et les classes du quartier ; 

• Le projet de formation "Parcours Paysage" monté avec le Centre de Valorisation des Ressources Humaines (CVRH) du Ministère de l'Ecologie, de l'Energie, du Développement Durable et de la Mer à l'intention des personnels du ministère.

Au-delà du simple programme commun de promenades urbaines, l'association s'attelle à la valorisation et au développement d'actions spécifiques menées en partenariat avec les nombreux acteurs du monde de l'urbain.

En renouvelant les lieux, les regards et les approches, les promenades urbaines participent également à l'invention de nouvelles pratiques touristiques, éducatives et de formation.

C'est vers ces nouvelles pratiques et ces nouveaux publics que l'association entend orienter son développement.

2 www.150ans-promenades-urbaines.com

En matière de paysage, la culturation et l’esthétisation sont obligatoires donc contraire au traitement usuel car toujours le même, du sacré à la séculari-sation, jusqu’à la banalisation !

citation d'atelier du 21 janvier 2010

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2

Révéler les figures

du Grand Paris

"Mettre en vue le paysage, l'exhiber, tel est le mot

d'ordre du site qui introduit bien de la fabrication dans

le paysage, de la fabrique ... nous habituer à considérer

le territoire comme un artefact, au même titre que la

carte ... comme souvent ce sont les artistes qui font

émerger, amènent au jour les propriétés d'un outil qu'une

pratique ordinaire ne fait qu'utiliser au plus près.

Si le paysage sous la forme de "génie du lieu" revient en

force dans les théories contemporaines, c'est parce que le

paysage virtuel est là, tout proche, et qu'il représente un

danger de dématérialisation, de dé-corporéisation. Pour

autant le contemporain n'efface pas l'ancien. Je dirais

même qu'il s'en nourrit."

Anne Cauquelin, "Le site et le paysage", essai aux Presses Universitaires de France 2002.

Page 62: Guide atelier "Paysage" en Île-de-France

60DRIEA IF / SA / DATM Atelier "Paysage" en Île de France - 2009/2011 DRIEA IF /SA/DATM/UVAT Atelier «Paysage» en île de France - 2009/2010DRIEA IF / SA / DATM Atelier "Paysage" en Île de France - 2009/2011

La méthode des figures comme les promenades urbaines s'appuie d'abord sur la perception sensible des territoires. Elle révéle la continuité de l'espace, dépasse la fragmentation de fait du territoire grand parisien.

L'approche sensible de l'espace est le premier champ d'investissement d'une grande capacité opératoire. Elle sert à la construction des figures elles-mêmes.

La méthode des figures a été exposée dès les premières séances de l'atelier "Paysage" par Jean-Pierre Nouhaud s'appuyant sur un travail de réflexion commune1 avec l'architecte Patrick Berger. Tout au long de cette période de l'atelier - de novembre 2009 à juin 2010 - un travail d'expression précisera dans une belle réciprocité les savoirs et savoir-faire de Ingrid Saumur, paysagiste  ; de Frédéric Bonnet architecte et urbaniste  ; Pierre-Marie Tricaud, architecte-paysagiste de l'institut d'aménagement et d'urbanisme de la région Île-de-France  ; et Patrick Rigaill ingénieur en chef des ponts-et-chaussées, responsable du systéme d'informations géographiques de la DRIEA Île-de-France. La complicité créative permise par Frédéric Bonnet tout au long de la naissance des figures du Grand Paris est liée à son expérience sur la figure du Paris d'Aval, mais également née au préalable de son travail en résidence à l'école polytechnique fédérale de Lausanne sous la direction de l'architecte Patrick Berger.

1 Forme cachée, la ville, Patrick Berger et Jean-PierreNouhaud, presses polytechniques et universitairesromandes 2004

IntroductionJacques Deval Architecte et chargé de mission "Paysage", DRIEA IF

C'est cette conjonction qui a permis à l'atelier "Paysage" de renouveler les modes d'expression des territoires étudiés, en particulier par un travail cartographique fondé sur la géomorphologie et faisant découvrir avec un autre regard radiales, confluences et lisières du Paris métropolitain au sein du bassin séquanien.

Dans sa représentation, la figure n'est donc pas un plan mais un outil qui suggère des hypothèses, donne des lignes de cohérence. La figure est une dimension culturelle qui précise, montre et dépasse ainsi les fragmentations du territoire.

"Cartographie de l'arc lémanique en Suisse",FrédéricBonnet,enrésidenceàl'écolepolytechniquefédéraledeLausanne,2001-2002

Images : Frédéric Bonnet

Page 63: Guide atelier "Paysage" en Île-de-France

DRIEA IF / SA / DATM Atelier "Paysage" en Île de France - 2009/2011 61DRIEA IF /SA/DATM/UVAT Atelier «Paysage» en île de France - 2009/201061DRIEA IF / SA / DATM Atelier "Paysage" en Île de France - 2009/2011

Les figures ont été choisies pour leur histoire et leur actualité dans la dynamique actuelle du Grand Paris, elles matérialisent et défrichent des espaces, reliefs et points de vue à traiter dans la durée :

• l'axe magistral, qui se condense entre le Grand Louvre et l'Arche de Sprekelsen, donne la clef de la compréhension de la grande échelle en nous révélant la géométrie primordiale du bassin fluvial, les 115° nés du plissement pyrénéen et de l'érosion de la vallée fluviale, une expression magistrale de la géologie dans laquelle sont immergées nos figures historiques et urbaines du Grand Paris ;

• la radiale, épousant une courbe de niveau naturel entre Paris et Banlieue dont nous devrons montrer la continuité de fait depuis le parc des Buttes-Chaumont, à l'hôpital Robert Debré jusqu'aux coteaux de Romainville et Montreuil. Une figure justement évoquée par Michel Collin paysagiste conseil et Stéphane Lucet inspecteur des sites ;

• la radiale des Docks de Saint-Ouen à Asnières jusqu'au port de Gennevilliers, avec en continuité la chaussée Jules César, elle-même aussi épousant l'orientation des 115° qui tangente ici la vallée fluviale jusqu'à Rouen ;

• la lisière urbaine, entre ville et campagne, pour faire apparaître le balcon fluvial de l'aéroport de Roissy à la terrasse du château d'Écouen. Il s'agit de construire un nouveau regard pour une opération d'intérêt national celle du Grand Roissy, sur le Grand Paris et la vallée de la Seine d'une part et la Plaine de France d'autre part. Une clef à l'échelle du paysage d'Île-de-France ;

• les confluences qui déterminent des horizons aux multiples territoires à enjeux depuis les incidences du projet de canal Seine Nord Europe entre Picardie et Île-de-France jusqu'aux opérations fluviatiles d'intérêt national : Orly Rungis - Seine Amont, Seine-Arche et Seine-Aval. Ces promenades urbaines seront à rapprocher de celles initialement engagées de manière exploratoire sur le Paris d'Amont.

Plusieurs promenades urbaines ont déjà été réalisées et sont ici restituées :

• les premières promenades urbaines du Paris d'Amont autour du territoire d'intérêt national Orly Rungis  - Seine Amont dans le Val-de-Marne (24 janvier et 10  mars  2010), de la confluence Seine-Orge (4  mai  2010) jusqu'à la lisière urbaine du plateau de Sénart (9  août  2010). Initiées par les ateliers de création artistique de la Seine Amont avec les associations de riverains du site industriel de Vitry sur Seine, les responsables des grandes entreprises, les services de la ville et du Conseil Général du Val de Marne DREIF 2003-2005 ;

• la radiale universitaire Sud, dessinée par un grand ingénieur paysagiste Jean-Claude Nicolas Forestier, connu pour ses plans d'embellissement de Buenos Aires et de La Havane et le "systèmes de parcs" de Paris, dont la juste prémonition dans les années 1930, nous permet maintenant de relier le Quartier Latin au plateau de Saclay, promenade urbaine développée (le 17 juin 2010) sur l'aqueduc de la Vanne, entre la Vache Noire/vallée de la Bièvre et la cité internationale universitaire de Paris.

Quand on relève une axialité dominante, la question intéressante : Est-elle reproductible ailleurs ?

citation d'atelier du 4 mai 2010

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62DRIEA IF / SA / DATM Atelier "Paysage" en Île de France - 2009/2011 DRIEA IF /SA/DATM/UVAT Atelier «Paysage» en île de France - 2009/2010DRIEA IF / SA / DATM Atelier "Paysage" en Île de France - 2009/2011

Nous avons dit qu'un anachronisme malin nous inclinait à l'esthétisation du paysage, légitimant ainsi une réalité sensible qui ne prenait forme historiquement que sous les aspects du jardin, du parc, de la folie. Dans ces formes anciennes, l'artificiel est mieux considéré que le naturel, ciel, eau, végétaux, sols. Cette part naturelle est l'aspect le plus important du paysage parce qu'il est indépendant de tout projet. Pourtant l'aventure humaine s'est faite en organisant ce milieu naturel. Il nous rappelle nos craintes, nos espoirs d'y vivre. Le ciel, la mer, les fleuves et rivières, les forêts, la météorologie nous fascinent pour toutes ces raisons que nous avons de partager nos émotions.

Le rôle de l'artiste est de remettre à la perception, comme on dirait remettre à jour, ces matériaux sensibles à travers les formes et figures d'espace qu'ils saisissent dans la perception des paysages. Ces figures paysagères rendant compte de l'environnement naturel et construit ne sont pas si nombreuses. Trois grandes familles au moins : 

• Les figures naturelles définissent les caractéristiques paysagères originelles  :  points de vue, confluences, vallées, fleuves ou rivières etc. perceptibles par leurs géométries particulières. Ces caractéristiques plastiques sont les caractéristiques morphologiques des sites que l'occupation humaine saturera parfois jusqu'à leur invisibilité. Les re-découvrir est un enjeu artistique majeur pour l'intelligibilité et la construction des paysages.

• Les figures construites d'un site, qu'elles soient archéologiques, patrimoniales, contemporaines etc. Il s'agit de réunir toutes les marques signifiant l'organisation matérielle ou symbolique de l'espace au fil du temps.

• Les figures métaphoriques qui témoignent d'une relation remarquable entre des points de l'environnement et un sens symbolique.

Ces figures, qui désignent des formes, bâties ou non bâties, sont autant de systèmes d'espace complexes qui dépassent la seule matérialité des objets qui subsistent. La culture matérielle est une réalité agglutinante qui manifeste de l'histoire urbaine par accumulation. C'est la qualité de l'artiste de transformer cette relation complexe, entre réalité du subsistant et virtualité du disparu, en expérience sensible à travers l'œuvre à venir.

C'est ainsi que l'espace devient un paysage grâce au projet artistique.

L'éternité sensible des paysages .Jean Pierre Nouhaud historien d'art, professeur à l'ENS d'Arts de Paris-Cergy

CartedesfiguresduGrandParisexploréesparl'atelier"Paysage"

Page 65: Guide atelier "Paysage" en Île-de-France

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Dessin : Ingrid Saumur © - paysagiste DPLG

Page 66: Guide atelier "Paysage" en Île-de-France

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Excellente initiative qu'un atelier d'État veuille se pencher sur la question des paysages entourant la ville de Paris, le Grand Paris des années 2010 !

Paysages au pluriel  :  franciliens ou d'Île de France… d'une capitale et de sa périphérie, d'une banlieue plus ou moins dense allant de la Petite à la Grande Couronne, arrivant jusqu'aux champs, paysages plus ou moins ouverts traversés par un fleuve majeur et ses affluents, bordés de quelques bois et forêts !

Un relief avant tout de vallées, coteaux et plateaux qui détermine beaucoup d'implantations  : habitations, axes de communication, ouvrages d'arts, activités industrielles, commerciales ou agricoles.

Un ou plutôt des paysages fabriqués, de plus en plus habités, en perpétuelle mutation et qui sont… "tout sauf d'éternité", qu'il faut apprendre à décrypter, analyser par des regards différents en croisant les approches, de la petite à la grande échelle.

Développer les échanges pour créer un langage et une culture partagée, histoire de mettre en place des outils d'appréciation comme d'intervention communs, histoire de mieux sensibiliser les occupants, les différents conseilleurs et techniciens comme les décideurs amenés à prendre des mesures d'aménagements les plus "justes" et "durables" possibles !

Depuis sa création en 2001, Maison de Banlieue et de l'Architecture se définit comme centre d'interprétation de l'environnement urbain, du patrimoine en banlieue et de l'architecture. Cette association culturelle travaille sur la réduction de l'écart qui existe entre des œuvres et des publics.

2 .1 Radiales

Tout sauf d'éternité… ou les mutations d'un paysage "grand parisien" de banlieue !François Petit éthnologue, médiateur culturel, Directeur de la Maison de Banlieue et de l'Architecture

L'œuvre ici est ce territoire, inachevé, en constante mutation, et spécifique de banlieue, au nord du département de l'Essonne.

Les publics sont les habitants de ce territoire, les indigènes comme les milliers d'immigrés de l'intérieur et de l'extérieur qui ont fabriqué et transformé ce territoire. La nouvelle race d'habitant qu'est le banlieusard connaît peu ou mal son territoire d'installation.

C'est à ce niveau que veulent se situer nos actions culturelles de médiation auprès des enfants comme des adultes  :  aider à percevoir, mieux faire connaître, reconnaître un territoire méconnu, parfois stigmatisé, cet entre-deux que l'on appelle la banlieue qui n'est ni de la ville centre, dense et capitale, ni de la campagne rurale et agricole ou de la province "provinciale" !

La fabrication de ce territoire est permanente : activités agricoles autour de noyaux villageois ou urbains anciens (céréales des plateaux, vignes des coteaux et herbages des vallées), arrivée puis développement des activités ferroviaires, industrielles, canalisation du fleuve, vagues d'urbanisation en doigts de gant (axes ferroviaires ou routiers)  :  pavillonnaire de villégiature et lotissements populaires, petits, moyens et grands ensembles, notre environnement s'est urbanisé et les paysages ont constamment muté de manière plus ou moins violente.

Nous découvrons avec d'autres partenaires1 ces mutations au fur et à mesure de nos recherches (expositions, publications et animations)2.

1 CAUE 91, Centre de ressources Politique de la Ville enEssonne, AUDESO, Archives départementales, différentsservices du Conseil général de l'Essonne (culture,aménagement, environnement, Politique de la Ville…),associationsd'histoirelocale,différentsservicesmunicipauxouintercommunaux.

2 Nouspouvonsciter,entreautresthèmes : "Ducabanonaupavillonouledéveloppementdeslotissementssurleplateaud'Athis-Mons, 1896-1950" (1993) et "Mémoires et projetsdupavillonnaireennordEssonne"(2000) ; "L'hommedelameulière,extraction,miseenœuvreenEssonne"(2002) oul'histoired'unmatériauautochtoneconstitutifdenotrebâtiruralpuisurbain

La Croix Blanche, Vigneux-sur-Seine, vue depuis Athis-Mons etAblon-sur-Seineaunord-ouest

Photo : G. Paté, extrait du dossier n°5, Maison de Banlieue et de l'Architecture

Page 67: Guide atelier "Paysage" en Île-de-France

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L'approche de ces "patrimoines" variés de banlieue est progressive et se veut au plus proche de ses habitants, à différentes échelles  :  du plus local (la commune) à un territoire plus élargi (agglomération, nord du département). Nous habitons ou travaillons dans des villes d'art Modeste et d'histoires Simples.

C'est une appréhension de notre environnement quotidien, de l'ordinaire et du banal qui ne manque jamais de qualificatifs souvent dévalorisants  : c'est moche, utilitaire, c'est ni fait ni à faire, ce sont des morceaux de ville, ce n'est pas de la vraie ville ! C'est un paysage dont les occupants sont loin d'avoir été ou d'être complètement les décideurs, les fabricants comme les transformateurs. Les impositions extérieures, publiques comme privées, souvent parisiennes, ont une certaine responsabilité.

Comment prendre en compte la diversité de micros paysages habités sur un même territoire ancien de banlieue ?

L'exemple de la communauté d'agglomération Les Portes de l'Essonne regroupant les trois communes d'Athis-Mons, Juvisy-sur-Orge et Paray-Vieille-Poste peut en être une illustration même si nous ne sommes qu'à côté des "figures primordiales du Grand Paris". En voici un décryptage à travers trois fondamentaux : vallée, coteau, et plateau.

Ce qui est non transformable n’a pas d’avenir.

citation d'atelier du 08 septembre 2010

Leslieux-ditsdelaSeineAmontenVal-de-Marne,plateaudeLongboyau,lesgares,l'aqueducdelaVanne,laSeine

Toponyme : BDTopo ®© IGN 2008

Page 68: Guide atelier "Paysage" en Île-de-France

66DRIEA IF / SA / DATM Atelier "Paysage" en Île de France - 2009/2011 DRIEA IF /SA/DATM/UVAT Atelier «Paysage» en île de France - 2009/2010DRIEA IF / SA / DATM Atelier "Paysage" en Île de France - 2009/2011

Vallée (35 m d'altitude) : • Cours d'eau  :  la Seine, du fleuve sauvage au fleuve

canalisé en 1865 avec barrage écluse d'Ablon-sur-Seine (fixation des berges, disparitions des îles), axe de transport voyageurs et marchandises (pains, farines, vins, bois, matériaux vers Paris), chemin de halage rive gauche avec pont dès le XVII ème siècle pour la confluence avec l'Orge ;

• Autre cours d'eau  :  l'Orge, avec d'anciens moulins à eau, traversant d'abord une zone cultivée et de pâturages qui va ensuite s'équiper, gestion actuelle du cours d'eau par un syndicat (SIVOA) ; l'Orge recouverte en partie au centre historique de Juvisy lors de la Reconstruction ; 

• Arrivée du chemin de fer en 1841, sur talus, gare à Athis-Mons et Juvisy-sur-Orge, loin des centres anciens (Juvisy est au pied du coteau, Athis et Mons en bord de plateau) : pont ferré jeté sur la Seine en 1865 pour joindre les réseaux des sociétés Paris-Orléans-Midi sur la rive gauche et le Paris-Lyon-Marseille sur la rive droite ; nouvelles gares de voyageurs et de triage à Juvisy-sur-Orge et Athis-Mons en 1885, le triage étant actuellement désaffecté, un espace gelé en réserve !

• Création d'une zone industrielle en 1890, en reconversion (usines + cheminées + sirènes disparues) avec changement d'usages (habitat au plus près des gares) et projet d'aménagement des quais ;

• Développement des nouveaux quartiers fin XIX et début XXème (cité cheminote dès 1894), bombardés en 1944 et reconstruits après remembrement dans les années 1950, quelques grands ensembles avec tours dans les années 1960 (Cité bleue, Mozart…) ;

• La vallée est en zone PPRI ;

• La gare de Juvisy-sur-Orge sera un pôle multimodal et devrait accueillir un tramway (T7) ;

• Un seul pont à Juvisy permet les relations avec Draveil ;

• Projet gelé de pont (liaison A6-RN6) à Athis-Mons.

Coteau : • Occupé par la viticulture jusque dans les années

1860/70 et par les parcs de châteaux ou de maisons bourgeoises  ;  viticulture remplacée par des jardins et vergers  ;  puis lotissements de villégiature et populaires, une partie avec des immeubles en "résidences" comme à Athis-Mons ; parcs des maisons des champs des XVII et XVIIIèmes siècles, toujours privés (Ecole St-Charles) ou devenus municipaux : Avaucourt à Athis, de la Mairie, Ducastel, de l'Observatoire ou des Grottes à Juvisy, ou "Coteau des vignes", 22 ha en ENS (espace naturel sensible, racheté par l'agglomération et le département), en prévision d'aménagement partiel ;

• Déviation du pavé royal ou RN 7 en 1725/28 contournant le village de Juvisy avec création du pont des Belles Fontaines ; sur Mons emprise de l'État pour projet de liaison A6 et de l'autre côte de la Seine la RN6.

Le paysage est aussi système ayant son propre métabolisme et il est très complexe.

citation d'atelier du 10 mars 2010

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DRIEA IF / SA / DATM Atelier "Paysage" en Île de France - 2009/2011 67DRIEA IF /SA/DATM/UVAT Atelier «Paysage» en île de France - 2009/201067DRIEA IF / SA / DATM Atelier "Paysage" en Île de France - 2009/2011

Plateau (85 à 90 m d'altitude) : • En bordure de plateau, les noyaux anciens d'Athis

et de Mons, grande culture céréalière et champs ouverts sur le plateau de Longboyau avec quelques grandes fermes à cour carrée (Contin, Champagne et le village de Paray), camp militaire d'Orly en 1917 pour les avions puis construction des grands hangars à dirigeables de Freyssinet en 1928 détruits en 1944, aqueduc enterré des Eaux de la Vanne avec regards (architecte Belgrand vers 1854/75) ;

• RN 7, arrivée du tramway de Villejuif à Athis-Mons en 2013/14 (et projet de prolongation éventuelle vers Juvisy et Evry ?), route enterrée dans les années 1950 pour accueillir les pistes et l'aérogare international en 1961, formant obstacle et entonnoir avec 70 000 véhicules/jour, projet de Coeur d'Orly avec gare TGV ;

• Zone aéroportuaire de bruit, en bordure interne chemin de ronde et en externe, non constructible ou réservée pour centre commercial dès 1971 (Euromarché) + zones d'activités des Guyards et/ou d'équipement sportifs (centre aquatique, stades courts de tennis) + réservoirs hydrocarbure en zone SEVESO ;

• Centaines d'hectares de lotissements pavillonnaires, dès la fin XIXème mais surtout entre les deux guerres sur les trois villes…, fermeture des horizons avec les clôtures et les plantations, une Cité de l'Air en 1948/52, grand ensemble de barres en 1958/62 (Immobilière  3F) en renouvellement urbain (démolitions/reconstructions), densification sur les grands axes dont RN 7.

Autres remarques pour appréhender le paysage : 

• Tout écosystème (naturel ou artificiel) fabricant un paysage doit être entretenu  ;  le développement des végétations a quelque peu bouché les points de vue : paysages ouverts des impressionnistes des bords de Seine avec les chemins de halage (aucun arbre sur la rive pour pouvoir tirer les bateaux), belvédères des parcs non entretenus qui disparaissent (arbres non taillés, espèces invasives…) : on ne voit plus les vallées des bordures du plateau, on ne voit plus les bordures du plateau avec ses châteaux des rives du fleuve… ; plantations d'arbres et de haies pour chaque parcelle des lotissements pavillonnaires ; entretien de plus en plus aléatoire des voies ferrées du RER ou de la SNCF  ;  disparitions des cheminées des usines, de château d'eau, silos … qui ont créé des repères dans le paysage…

• La démarche de découverte n'est pas que livresque, elle est avant tout sensible : 

° un paysage est aussi bien diurne que nocturne ;

° un paysage peut se pratiquer à différentes allures : à pied, en deux roues, en voiture, en transport collectif sur des parcours souvent différents et qui peuvent donner à voir autrement ;

° un paysage c'est aussi des ambiances sonores dont la perception varie selon les sources d'émission comme de réception, le relief, les écrans, les heures du jour… (cf. Bruitparif)  ;  ce peut être aussi des odeurs, des couleurs…selon les saisons ;

° un paysage n'appartient pas seulement qu'à ses occupants.

Peut-on, et comment, conserver des traces de l'ancien paysage, dans ses aspects les plus "typiques", s'il en possède ?

Comment accompagner les mutations et les projets à venir ?

Athis-Mons,unregarddel'aqueducdelaVanne,àl'horizonduchampsdecolza,l'aéroportd'Orly

Unelisièreurbaineauxconfinsdelavilled'Athis-Mons,promenadeurbaine"confluenceSeine-Orge"enParisd'Amont,4mai2010.

Photo : Bruno Gauthier DRIEA IF

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Promenade urbaine Jacques Deval Architecte et chargé de mission "Paysage", DRIEA IF

La radiale sud universitaire dite "Jean-Claude Nicolas Forestier""À partir d'une évocation des cités-jardins et des "systèmes de parcs" américains, dont il célèbre les vertus hygiéniques et les effets sur la lutte contre la délinquance urbaine, Jean Claude Nicolas Forestier évoque directement la question de la prévision dans l'aménagement des métropoles … chaque grande ville modèle devrait être pourvu de grandes réserves et de paysages protégés, de parcs suburbains, de grands parcs urbains, de petits parcs et de jardins de quartier, de terrains de récréation et d'avenues-promenades qui connectent ensemble ces différentes emprises1".

Ainsi, en cohérence avec le plan d'extension de Paris de Léon Jaussely (1919) et celui du plan d'aménagement et d'extension des établissements de l'université par Eugène Beaudoin (1947), en 1931, le dessein de l'urbaniste Jean-Claude Nicolas Forestier, ingénieur de l'école forestière de Nancy, est d'imaginer une figure radiale universitaire du quartier Latin au plateau de Saclay. Cette vision désigne encore les nombreuses universités parisiennes et écoles normales supérieures disséminées depuis la Sorbonne jusqu'au Kremlin-Bicêtre, Cachan, Sceaux jusqu'à Orsay, avec à Chatenay-Malabry la résidence universitaire du parc de Sceaux. La cité internationale universitaire de Paris en constitue un point d'orgue dessiné grâce à ses talents de botaniste et son savoir-faire en art des jardins.

De cette grande échelle à la petite échelle du parc de la cité internationale, la promenade urbaine vécue par les participants de l'atelier "Paysage", entre la Vache Noire et le réservoir de Montsouris, nous a amenés à parcourir concrètement la continuité spatiale née du tracé de l'aqueduc de la Vanne. Ce fil conducteur de notre approche sensible, en marchant, cherche ainsi à condenser ce vaste territoire et à créer les conditions d'une préfiguration d'un futur événement artistique.

1 L'extension de Paris, contribution de Jean-Louis Cohen aucolloqueinternational"JeanClaudeNicolasForestier1861-1930,dujardinaupaysageurbain"Paris1990.

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Promenade urbaine Jacques Deval Architecte et chargé de mission "Paysage", DRIEA IF

Paris,leboulevarddesmaréchaux,interventionartistiquedeClaudeLevêquesurunregarddel'aqueducdelaVanne

Photo : Jacques Deval, DRIEA IF

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Sur le site même de la cité internationale universitaire de Paris, des œuvres d'art nous font découvrir le processus que nous souhaitons mettre en place pour construire le regard d'artiste :

• Claude Levêque évoque les reflets d'une belle eau pure venant à travers l'aqueduc depuis la rivière de la Vanne aux environs de Troyes à plus de 130 kms ;

• Ruedi Baur propose un design flamboyant renouvelant l'identité même de la Cité à travers une charte graphique qui développe un jalonnement et du mobilier urbain renouvelant le caractère de l'ensemble du parc, sinon sa relation avec les espaces intérieurs ;

• Jan Dibbets nous projette à l'échelle géographique, sinon astronomique, par le dessin du méridien de Paris grâce à quelques médaillons gravés "Arago Nord Sud" qui ponctue cette figure métaphorique avec une discrétion et une belle efficacité.

Sa grille d'analyse en coupeLa méthode de restitution et le tableau associé de la promenade urbaine inscrit notre démarche dans le Grand Paris. La diversité d'expressions – cartes, dessins, photographies - ouvre des champs de création à toutes les échelles.

A la cité universitaire de Paris, le débat qui a suivi la promenade urbaine a montré le rôle des oeuvres d'art pour créer le nouvel état d'esprit pour le travail projet autour du schéma directeur d'aménagement élaboré par Vincent Mallard, directeur du patrimoine de la cité internationale universitaire, face à la multiplicité des contraintes de ce site, du plan local d'urbanisme aux infrastructures autoroutières entre autres.

Principedegrilled'analyseencouped'unepromenadeurbaine:

DelaBièvreàArcueilàlaBièvreduparcMontsourisvialacitéinternationaleuniversitairedeParis,promenadeurbainedelaradialesuduniversitairedite"Jean-ClaudeNicolasForestier "17juin2010.Outils de lecturedespaysagesdéveloppépar l'association Les Promenades urbaines avec l'atelier "Paysage". cette grille accompagne le travail in situ,représentantleterritoireencoupe,plan,mots(problématique).Cetteméthodesertàlafoisdesupportdepromenadeetdemoderestitution.

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Situé entre le plateau de Longboyau qui est une réminiscence de la plate-forme de Brie, et l'extrémité du plateau de l'Hurepoix, l'aqueduc franchit la vallée de façon majestueuse. met en valeur le coteau concave qui porte Villejuif, l'institut Gustave Roussy et les châteaux d'eau de Chemetov. Et, de l'autre côté, souligne les coteaux convexes qui accueillent la combe de Fontenay-aux-Roses. Doit-il, malgré son ancienneté faire place nette autour de lui, ou, au contraire, laisser la ville s'épanouir à ses pieds?

La route comme les canaux porte la trace d'anciennes politiques de l'ancien régime qui voyait unifier la France â travers ses infrastructures techniques. Ici, l'eau rencontre la roule. Qui l'emporte? La route bien évidemment puisque l'aqueduc s'efface pour s'engouffrer sous elle. Au moment où nous passons, le collecteur est en réfection. Nous pouvons voir la taille d'homme de la canalisation. A partir de là, le collecteur sera invisible à l'oeil nu. Seules subsisteront ses résurgences!

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Carrefour bien plus que place, la vache Noire est une place gauche, point haut d'une noue qui plonge vers le RER. A cet endroit passe la ligne de faîtage géologique de l'anticlinal de Meudon-St Maur, moment que les géologues nomment le bord de la cuvette parisienne. Il passe à peu près dans Ie fort de Montrouge et l'immense Cimetière d Arcueil pour relier le fort du Kremlin Bicêtre. Cette ligne suit la ligne de fortification du XIXème siècle et constitue doublement une porte militaire. Le nouveau centre commercial de la place de la Vache Noire offre un panorama opportun et tout à fait novateur pour le quartier. On peut y voir l'aqueduc de loin, serpenter entre les constructions, l'institut Gustave Roussy et les châteaux d'eau de Paul Chemetov. Ces derniers éléments permettent de lire la fin du plateau de Longboyau qui débute avec Orly en passant par Massy. De l'autre côté on peut y voir les Bois de Verrières avec la ligne de crête qui relie Chatillon au Petit Clamart.

Avant que de se jeter dans le réservoir Montsouris, l'eau de L'aqueduc de la Vanne fait ici , sur les bords des Maréchaux, une dernière halte. La mise en valeur du tout nouveau tramway, a fait appel à l'artiste Claude Lévêque. L'oeuvre rapporte son admiration à regarder les reflets sur l'eau et à leurs inlassables changements. Il a posé sur le dernier regard une tôle d'inox froissée qui reflète à la manière d'une onde, le flot continuel des voitures.

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Pour la première fois, le document d'urbanisme de la Région francilienne contient l'indication de trames vertes et bleues, à respecter afin que les espaces urbains accueillent et maintiennent la diversité animale et végétale. La ville est performante par ses réseaux d'infrastructure pour relier les citadins, moins pour faire circuler la nature à l'intérieur des territoires habités. Ce programme d'échelle métropolitaine n'est-il pas une double occasion de donner l'image globale d'une métropole verte et des milieux de vie locaux diversifiés par une palette renforcée d'espaces et de paysages  ? Qui, mieux que la nature, peut former l'ossature des agglomérations toujours plus vastes ? En contrepartie de l'habitat plus concentré qui est vivement souhaité, des sols vivants et une variété végétale déployée aident à trouver un équilibre et répondent aux aspirations d'un

mode de vie où la nature devient une composante de proximité de la ville.

2 .2 Plateaux ruraux-urbains

Trames vertes et bleues et hybridation des réseauxAnn Caroll Werquinarchitecte et paysagiste

Performance des réseaux mais mono fonctionnalité des voies rapides Les citadins acquièrent difficilement aujourd'hui une représentation mentale de la métropole. Les données concrètes ou culturelles ou encore des signaux en phase avec les pensées sur l'environnement ou les demandes sociales, ne s'établissent pas comme langage à cette échelle. Le réseau des voies rapides, radiales ou circulaires, outil nécessaire des déplacements métropolitains, arbore une dimension technique sans résonance emblématique. Il s'affranchit de la compréhension des espaces, paraît insuffisant pour aider à construire une idée d'ensemble du territoire et a fortiori une appropriation. Dédié aux véhicules, se révélant plutôt étanche et mono-fonctionnel, il minore l'étendue des vues et l'accointance avec la proximité, escamote l'idée d'espaces publics, la transition entre grande échelle et quartiers habités des villes. Les utilisateurs, déconnectés des lieux qu'ils traversent, sont de plus accueillis dans un espace anonyme en lui-même. L'exemple de l'A86 est édifiant. L'anneau, fabriqué en quarante ans et par addition de morceaux, n'exprime pas au moyen d'un vocabulaire formel son rôle métropolitain et, quoique distribuant les préfectures et sous-préfectures de la petite couronne  :  Antony, Créteil, Bobigny, Saint–Denis, Nanterre et Versailles, n'en divulgue pas de représentations ou d'images signifiantes.

PlandirecteurdeRome(2000)

Ce plan établit une ceinture verte et des pénétrantes vertes, accédantleplusprèspossibleducentregrâceàdenouvellescréationsdepetitsespacesverts.L'undesdoigtsvertsmajeursaétél'occasion derestaurerlaViaAppiaAnticaetd'inscrireenparcnaturellavalléedelaCaffarellaadjacente.

Source : ville de Rome/réseau européen - Cost Green Structure and Urban Planning, 2005

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Une matière vivante, structure de ville ; l'idée de plus d'un siècle Le changement d'échelle pour l'aire urbaine de 1860, l'annexion de la banlieue s'était accompagné des avenues et boulevards "haussmanniens", lignes droites strictes surimposées sur l'existant, dotées de repères en fond de perspective et de lignes continues de grands arbres. Ce réseau d'avenues unifiait la ville, produisait un organisme économique (désengorgement de la circulation des affaires) et engendrait pour tous un système de décodage spatial. L'ensemble hiérarchisé des tracés et des grands dispositifs, l'Etoile assemblant 12 avenues, les places-carrefours de la République, de la Nation, d'Italie, comme celles bordant la Seine et d'autres, réétudiées pour fortifier le repérage, complété d'un prototype de voies démultipliées, devenaient un matériau pour

Uncorridordebiodiversité traverse l'universitédeWaningen,Pays-Bas,2005

A Wageningen, Pays-Bas, le bâtiment remarquable du centre derechercheAlterraetdel'Université.Construitdansuncorridorsecondairedebiodiversité,ilaétécalculépourlaisserpassersoussaserre-quigardel'airchaudourafraîchitselon lessaisons-uncortègedeplantesetdescirculationsd'eau.Architecte : l'allemandStefanBehnisch.

LejardinAnglaisàMunich

L'undesmaillonsd'unetrameaulongdelarivièreIsar,partantducœurdevilleetdéclinantdifférentessortesd'espacesvertsaménagésoudenature laissée spontanée jusqu'à la campagne au-delà de la ceintureverte.

Le plan du Emerald Necklace de Boston par le paysagiste américainFrédérickLaw Olmsted,dessinde1886

EmeraldNecklacedeBoston,MoodyRiver

Parc,chemins,terrainsdesportetjardinspotagers,l'undesépanchementssinueuxoccupantlelitdelarivière.

agréger les surfaces. Avenues et boulevards spacieux, autant promenade que circulations par le partage égal entre trottoirs et chaussées, facilitaient le côtoiement social et le face à face, c'est-à-dire l'expérience de la ville. Lisible, apprivoisable par l'espace public, embellie et épurée par les arbres, la ville ancienne concurrençait même l'engouement naissant pour l'habitat suburbain de type Le Vésinet. La renommée du système haussmannien pour Paris, et le fait qu'il continue à faire modèle aujourd'hui partout dans le monde, tient à ce pluralisme des fonctions, cette reconsidération totale des aspirations et des fonctionnements de la ville alors qu'on en agrandissait les limites.

Source : Institut IBN-DLO Wageningen, in Egbert Koser : Natuur onder architectuur, éditeur Schuyt & Co, 1998

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Faire circuler les espèces, l'occasion d'accorder la ville à l'époqueS'il faut requérir d'autres ressources capables de faire émerger un nouveau type d'infrastructure, aménité collective et instrument descriptif autant que réseau, c'est autour du rapport très particulier que les habitants ont désormais à la nature (réticence à la consommer, volonté de la protéger et la valoriser) qu'il faut œuvrer. Le nouveau Schéma directeur trace une piste, parlant des trames vertes et bleues, avancée assez remarquable et occasion à saisir pour changer de paradigme. Ce concept, encore désincarné, réplique à la fragmentation du territoire et lance en défi un processus pour introduire ou sécuriser la biodiversité dans les couronnes denses ou moins denses de l'agglomération. Cette nouvelle infrastructure verte se doit d'être à terme une charpente cohérente à part entière tout en combinant des variétés formelles pour lier entre eux les espaces naturels vulnérables. Elle ne pourra s'inscrire dans la fabrique de la ville que pensée et portée par différents acteurs. La difficulté de tailler dans l'existant, des tissus déjà constitués même en seconde couronne, afin d'imbriquer la ville et la nature, suggère des projets ambitieux, surtout si l'on envisage le niveau des pays pionniers (les villes scandinaves, par exemple Helsinki, ayant mis en place des doigts verts dès les années 1950, gèrent désormais des programmes annuels de protection ou de restauration1).

Ces continuités se doivent de croiser, à l'image des voiries d'Haussmann, différentes préoccupations et rôles. La gestion des eaux de ruissellement (du toit vers le parc, un principe presque systématique dans certaines villes -Malmö, Breda ou Munich-) est déjà en route dans les éco-quartiers et même ailleurs. L'inscription de nouveaux services urbains semi-privatifs de type potagers et jardins partagés, itinéraires et espaces de promenade, voire des cueillettes ou cultures maraîchères et des postes pour la vente des paniers bio, progresse mais très faiblement. L'inventivité peut être au rendez-vous. L'espace vert, même aménagé, maintient sa relation étroite à la nature pour une majorité des citadins et les aide à lutter contre le stress  ;  la nature sauvage quant à elle donne l'impression d'échapper au contrôle et à la rationalité que développe la ville. Combinées ensemble, natures sauvage et aménagée peuvent prennent en écharpe de grands linéaires urbains, installer des conditions écologiques de base, des sols poreux, des mangeoires pour les oiseaux, de nouveaux espaces publics qui rentrent dans le calcul économique de la valeur du logement et des coûts-bénéfices des projets d'aménagement.

1 Voir Werquin Ann Caroll, Des villes vertes et bleues, de nouvelles infrastructures à planifier, 2007, PUCA, ouvragedesynthèseenfrançaisdel'actioneuropéenneCOST"Greenstructureandurbanplanning"(2000/2005).

Les villes américaines avaient pris une longueur d'avance, lorsqu'elles firent appel dans la première moitié du 20è siècle au paysagiste F.L. Olmsted. Ses propositions de systèmes de parks et parkways (inspirées par les travaux d'Haussmann, et notamment l'avenue Foch à Paris, ce vaste jardin linéaire chargé d'attirer les citadins vers le Bois de Boulogne pour des exercices de santé et de sociabilité) ont doté les villes majeures de structures vertes. A Boston, il a formé à partir de 1884 le réputé Collier d'émeraude  :  des parcs publics répartis sur le pourtour de la ville d'alors, liés entre eux de parkways,  structures épaisses et irrégulières ou bien longues et larges avenues géométriques, des formes adaptées au substrat ou au contexte. Les artères résidentielles ornées de plantations (alignements et parfois terre-pleins paysagés où passe le tramway), ou encore les zones d'épanchement des crues des rivières, sinueuses et s'évasant pour offrir des terrains de jeux et de loisirs, déclinent la palette des besoins urbains.

Un parallèle s‘établit entre cette armature verte de l'Emerald Necklace, mixant les visions esthétique et fonctionnelle, restée l'une des fiertés de Boston (citée dès les premières lignes des guides touristiques) et la courte vie de la Central Artery2, voie rapide aérienne ouverte en 1956 n'ayant cessé d'engendrer des désillusions jusqu'à sa suppression au début des années 2000.

Les parkways d'Olmsted expriment aujourd'hui la durabilité : certaines villes qui avaient transformé leur assise en voies rapides, les rétablissent ou s'en inspirent (ainsi Los Angeles ou San Francisco après le dernier tremblement de terre). C'est pour la forme d'équilibre des usages, une mise en scène du piéton dans la ville et le lien physique avec le socle morphologique (le relief et le réseau des cours d'eau des villes) qu'elles sont jugées remarquables.

2 Deux fois deux voies en encorbellement, pour 12 kmde pénétration audacieuse en plein cœur de la villehistorique.En1990,elleécoulait150000véh/jour.Réaliséehâtivement, cette coupure urbaine d'environ 120 m delargeadétruitplusde1000logements, faitdisparaîtredenombreuxpetitscommercesquin'ontjamaisrouvertailleurset a déplacé 20 000 habitants, provoquant un désastreurbaindécriédès1970.L'autorouteaété immédiatementdétestéedesbostoniens,maisson remplacementaffichaitun coût exhorbitant. Elle est désormais remplacée par devoiesàmêmecapacitémaissouterraines,avecensurfaceunecoutureurbaineàbased'espacespublics,denouveauxéquipements et de jardins. C'est le plus grand chantierautoroutierdesEtats-Unis(appeléleBig Dig).

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DRIEA IF / SA / DATM Atelier "Paysage" en Île de France - 2009/2011 75DRIEA IF /SA/DATM/UVAT Atelier «Paysage» en île de France - 2009/201075DRIEA IF / SA / DATM Atelier "Paysage" en Île de France - 2009/2011

ViaAppiaAntica.

LatramevertedeAarhus,Danemark

Image du projet de trame verte destinée à ré-employer les emprisesacquises pour une autoroute urbaine dont le projet est abandonné,Aarhus,Danemark

Les"doigtsverts"d'Helsinki(Finlande)

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LeCarréSénart

Grands commerces et bureaux, inscrit dans un contexte abondammentvégétalisé(tilleulsd'alignement,pommiers).

La grande culture est souvent perçue comme un vide à occuper alors qu'il s'agit d'un espace en pleine activité et très performant, pour lequel se pose la question du devenir et des fonctionnements. La mutation urbaine englobe un autre dilemme : N'y a t-il pas lieu de repenser les logiques territoriales et de s'appuyer sur les traces de la société rurale lorsqu'on veut créer un territoire partagé, et augmenter l'habitabilité des lieux ?

Les villes nouvelles, villes de fondation, gardent un paysage longtemps marqué par l'intervention initiale tandis que le pourquoi socio-économique des choses s'oublie. Saisir quelques décennies après les multiples enchaînements à l'œuvre suppose une enquête fine et rend délicates les évaluations. Loin d'une telle démarche, et sans faire justice aux questions solutionnées par la ville nouvelle, on peut néanmoins aborder celle-ci comme objet à un moment donné et la confronter à d'autres lectures du lieu. Naît ainsi pour nous l'envie d'évoquer certains aspects de Sénart, forme et contenu, en lien avec des réflexions menées ailleurs sur sol de friches industrielles à recycler et non sur sol "vierge". Les processus originaux d'Emscher Park en Allemagne (inspiré par Thomas Sieverts1) et de requalification de la rive sud de la Tamise à Londres, en fournissent le prétexte, comme façon d'approcher des sites de projet dans leur dimension complexe d'histoire sociale.

La réflexion sur Sénart s'appuie sur deux paradoxes. S'invite comme thème actuel du développement durable la question de la pérennité de l'agricole dans l'espace urbain. L'agricole, et ses formes variées, peut-il être le moteur d'une stratégie de mutation inaccomplie des espaces et produire du paysage ?

Le débat sur "garder ou remplacer ?" est fréquent, mais moins porté lorsqu'il s'agit d'espace rural ordinaire ou de signes culturels secondaires. La faible identité de nombreux lieux de vie, souvent constatée, peut remettre en selle la question du dialogue entre les époques ainsi que celle des conditions pour l'instaurer.

Le paysage à Sénart, deux dilemmes en débatAnn Caroll Werquin architecte et paysagiste

1 Sieverts, Thomas, Entre-ville, une lecture de la Zwischenstadt,2004.Marseille,ÉditionsParenthèses.

Structurepaysagèredel'existant,lemurdepropriétésurleplateaudeSénart.

Photo : Ann Caroll Werquin

Photo : Ann Caroll Werquin

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DRIEA IF / SA / DATM Atelier "Paysage" en Île de France - 2009/2011 77DRIEA IF /SA/DATM/UVAT Atelier «Paysage» en île de France - 2009/201077DRIEA IF / SA / DATM Atelier "Paysage" en Île de France - 2009/2011

Une valeur de l'agricole ? Alors que longtemps les praticiens ont scellé des périmètres allant avec des affectations, l'idée de porosité des limites semble désormais tracer son chemin. Imbriquer l'urbain et l'agricole/le rural devient un concept de paysage. L'idée des "circuits courts" (disposer à proximité de son habitat de production légumière, déployée outre-Atlantique, en Scandinavie et en Italie notamment) n'y est pas étrangère. L'agriculture est la matière sur laquelle s'est étendue la ville nouvelle ; son espace est peu considéré comme un territoire, on le consomme et le fragmente. Il ne figure la plupart du temps qu'en blanc sur les cartes (il faudra attendre l'atlas départemental des paysages pour le voir doter d'une couleur jaune, significative d'existence en tant que structure de paysage). Pour la ville nouvelle, c'est une réserve foncière abondante. L'économie en place (des sols très fertiles, ayant même les rendements les plus élevés au monde) n'est qu'une valeur additionnelle. Pour les habitants, le plateau céréalier et betteravier, dépourvu de chemins ombragés qu'animeraient ça et là des bosquets, apparaît plutôt dissuasif pour la promenade tout en étant pointé du doigt à cause de la pollution de

la nappe phréatique. Le sentiment à son égard pourrait cependant changer plus vite qu'imaginé et un statut de valeur d'insertion être conféré au territoire agricole car il est déjà sur le chemin d'une conversion. La diversification (ventes à la ferme : entre autres cueillette à Sénart, pain bio fabriqué par un céréalier à Réau), le passage au bio, la gestion raisonnée des intrants, rencontrent du succès et font des émules2. Moyen-clé pour tisser avec les habitants des liens d'appartenance commune, faciliter l'échange et la transmission de messages, l'agriculteur d'un type nouveau peut se rapprocher du citadin. La dynamique urbaine aurait aussi à gagner d'une ouverture vers ce milieu agricole et de sa revalorisation dans le temps long de l'aménagement. En prenant l'agricole comme vecteur de paysage, les motifs issus du rural  :  la haie vive, le verger et le boqueteau qui accompagnent les grandes fermes et savent effacer tant les formes angulaires que l'aspect ingrat du plateau à perte de vue, le petit parcellaire des potagers ou encore les fourrés en creux longeant les lignes d'eau, peuvent être relancés chaque fois qu'on craint des heurts du paysage. Le processus a d'autres utilités. Le langage de double appartenance augmentant la capacité d'absorption, même les densités urbaines peuvent s'étudier différemment. 

UnelisièreurbainesurleplateaudeSénart

Betteravessucrièresdevantdupavillonnaireétaléd'undesdixvillagesdelavillenouvelle.

2 Ainsi qu'il ressort des nombreux éléments collectéspour "L'interface rural/urbain des grandes métropoles",28èmesessiondesateliersdemaîtrised'œuvreurbaine,colloque du 29 avril 2010, atelier internationaux dediplomablesdu28aoûtau24 septembre2010.

Photo : Ann Caroll Werquin

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Des signes du rural inclus dans la ville ? La démolition de la sucrerie Beghin-Say de Lieusaint, érigée en 1874, symbole d'une prospérité du département pendant trois-quarts de siècle1, est aujourd'hui un sujet d'attristement. L'idée qu'elle aurait pu faire patrimoine était absente lors de sa destruction en 1995, la presse exprimant du soulagement de voir disparaître la friche devenue verrue et remplacée par un parc de stationnement pour la gare RER de Lieusaint-Moissy. Le bâtiment, étant ordinaire, justifiait en lui-même la possibilité d'effacement  ;  et néanmoins, dans une démarche spécifique de métamorphose du territoire, il pouvait être considéré sous l'angle de sa valeur symbolique. En 1974, un an après la création de l'Etablissement public, le centenaire de la sucrerie avait donné lieu à une cérémonie festive présidée par Ferdinand Béghin. Puis en 1988 le groupe avait fermé la sucrerie, de petite taille et vétuste. Une filiation entre le territoire et ses habitants s'évanouissait lors de cette disparition. L'avoir gardé n'aurait pas affecté la valorisation du site qui accueille la ZAC Université-Gare mais aurait obligé à un programme plus compliqué pour composer avec. On ne peut s'empêcher de penser à  l'IBA2 créée en 1988, cette démarche de la Ruhr refaisant ville et parc sur les friches des hauts fourneaux et leur donnant un rôle de fil conducteur du passé au futur, de système de représentation pour les habitants. Les sites n'ont certes rien de comparable. Du côté d'Essen et de Duisbourg, une région industrielle laissant 10 000 hectares en friche d'un territoire transpercé d'autoroutes

d'où émergeaient les cheminées d'usines et les terrils miniers, alors que la Seine et Marne offre un plateau céréalier épargné par l'industrialisation. La démarche de la Ruhr est néanmoins riche d'enseignements, ayant su toiser des vestiges d'activité comme des supports d'animations et d'activités culturelles, forces suffisantes pour enrayer la dégénérescence urbaine puis faire cadre de vie et de travail. De telles impulsions sont nécessaires pour différencier un espace servant d'un territoire à qualités particulières. Il est question de temps à donner et de regard à porter, pour que de petits éléments ordinaires liés à la vie rurale et au passé trouvent place dans les desseins du futur. Dans la reconversion des friches portuaires de la rive droite de la Tamise, dirigée depuis 1988 par l'urbaniste anglais Hollamby3, la notion de l'hétéroclite a été érigée en valeur. C'est le mélange des traces et des genres en résultant, les confrontations, les disparités d'échelle, qui donnent une attractivité singulière au chemin longeant le fleuve du côté des anciens docks.

Les deux pensées pionnières de la Ruhr et de Londres se sont exprimées dans un milieu urbain et industriel en déprise, mais un tel regard ne doit-il pas s'exercer désormais également en "site vert" comme disent les anglais4 car, loin d'être un espace vide, le manteau agricole de la métropole et son cortège de traces peut apparaître précieux dès lors qu'on ré-assemble le germe urbain et la nature du site.

LasucrerieBeghin-SaydeLieusaintvers1900.

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Leplateauagricoleetunefermevusdepuisl'AlléeRoyale.

1 Labetteraveàsucre,correspondantbienauxsolsbriards,avaitfortementcontribuéàfabriquerlarichessedudépartementdepuis ledébutdu19èsiècle.Encorecultivéeenmoindreproportion, la betteraveà sucre révèledes avantages trèsactuels.Acôtéde latransformationsucrière,elleprésentedescaractéristiquestrèsintéressantesenmilieupériurbain.Cevégétalesttrèstolérantvis-à-visdespollutionsurbaines,ilaunefaibledemandeenintrantschimiquesetunefortecapacitéénergétique(1hadebetteravesabsorbeautantdeCO2que5hadeforêt) ; ilpeutservirdifférentsusages dontlaproductiond'électricité,de litièrepouranimaux, l'usagehorticole de contenants de culture, la transformation enbioéthanol,etc.(sourceDossierdel'INRP-InstitutNationaldelaRecherchepédagogique-,E.Darot).

2 IBA  de l'Emscher Park  :  au départ 10 ans d'expositioninternationale de construction (1989/1999) et fortementappuyéeetensuitepoursuivieparleLanddeRhénanie-du-Nord-Westphalie. La force d'un projet touchant 5 millionsd'habitantsadrainébeaucoupd'acteursetdefinancements.

3 Urbaniste, responsable de l'agence publique LDDC et dela promenade de Southwark conçoit un réseau piétonniercontinu le long du fleuve. Pour une description de latransformation de cette rive sud, voir Demangeon Alain,WerquinAnnCaroll, Jardins en ville, nouvelles tendances, nouvelles pratiques,2006,DominiqueCarrééditeur.

4 Par opposition aux "sites bruns" qui sont les lieux dereconversionurbaine.

L'alléeroyale,villenouvelledeSénarten2010.

L'arrivéedelavillenouvellesesignalepartoutpardesplantationsd'alignementquiapporterontdelabiodiversité,commed'ailleurslesétangsetcanauxcrééspourl'absorptiondeseauxderuissellement,AnnCarollWerquin,pilotedel'atelierinternationaldemaîtrised'œuvreurbainerural-urbaindeMelun-Sénart,été2010.

Photo : Ann Caroll Werquin

Photo : Ann Caroll Werquin

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2 .3 Confluences

L'émergence de la rivière dans la ville plutôt que la conquête des berges par les villesJean Paul Gazeau Architecte et programmiste

Constatant que la plupart des grandes villes d'Europe sont Fluviatiles ou Estuariennes, que la France a signé la Convention Européenne du Paysage qui stipule dans son article 23  : "le paysage doit devenir un sujet politique d'intérêt général parce qu'il contribue de façon très importante au bien-être des citoyens européens et que ces derniers ne peuvent plus accepter de "subir leurs paysages" en tant que résultat d'évolutions de nature technique et économique décidées sans eux. Le paysage est l'affaire de tous les citoyens et doit être traité de manière démocratique, notamment aux niveaux local et régional". Aborder le statut du Paysage dans les processus d'élaboration d'opérations urbaines riveraines de cours d'eau, notamment en Île-de-France, m'a semblé pertinent pour une contribution à l'Atelier-Paysage-DRIEA-IDF. Ces propos intègrent des réflexions, des constats partagés et des éléments d'expériences de terrain, abordés au sein de l'Atelier.

Dans le contexte actuel : d'approche de la densification urbaine (en réponse au Grenelle – aux préoccupations Climat et Biodiversité…), de restauration des écosystèmes et milieux humides, de conscientisation progressive aux risques majeurs, d'engagement d'études et d'opérations urbaines d'envergure (les OIN Seine-Amont Seine-Aval, Achères/Seine, St Ouen/Seine, Paris/Seine, Grand-Paris, Le Plan-Seine et sa Bassée, le Canal Seine-Nord-Europe, la Trans-Européenne et les Véloroutes interrégionales … La révision du SDRIF qui proclame les voies d'eau "territoires stratégiques", la Directive Européenne Eau, inondation, …), les rivières Franciliennes ont une partition déterminante à jouer, entre lits mineurs et lits majeurs, la nouvelle symphonie des eaux urbaines est à composer. A l'heure où la législation évolue sur une "amélioration" des entrées de villes, l'automobile reste encore le seul référent. Quelles démarches Paysage pour les entrées fluviales de villes ?

Bâtiments et ouvrages d'art, tchanqués dans le lit majeur des cours d'eau, se sont substitués progressivement aux figures naturelles du Paysage organique des grèves. L'accélération des emprises, avec la décision des années 60, flamboyante mais déstructurante, de l'État, d'implanter les voies automobiles dans le lit mineur du Fleuve, donne un signal fort aux générations d'ingénieurs et d'urbanistes qui suivront, mais également aux collectivités locales riveraines. Routes et voies ferrées se partagent la découpe lamellaire des berges, figure qui

domine en Île-de-France urbanisée. A Paris, ces "voies sur berges" figent durablement le Paysage, artificialisant la traversée de Paris, escamotant des ouvrages d'art emblématiques, limitant les aires de régénération et de "respiration" de la vallée, enfin troublant les dynamiques fluviales de sédimentation en corsetant "l'espace de liberté" du fleuve. On peut traverser Paris ville née du croisement d'un gué et d'un chemin d'eau sans apercevoir

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LesrivesdeSeineàParis,patrimoinemondialUNESCO

Atlasdesbiensfrançaisinscritssurlalistedupatrimoinemondial,conventionconcernantlaprotectiondupatrimoinemondial,cultureletnatureladoptéparl'UNESCOen1972.

la Seine ! sans croiser le signe d'une végétation fluviatile quelconque. Situées dans les cours moyens et inférieurs des rivières phréatiques, les villes franciliennes riveraines sont vulnérables aux aléas de crues et de grands étiages. Avec la déprise industrielle, de nombreuses aires portuaires et sites en rive, dépendant d'un approvisionnement par la voie d'eau ou de sa ressource, sont en requalification, dégageant de grandes parcelles. Des espaces récréatifs

se substituent aux quais industriels. Le projet de la Ville de Paris est un exemple inquiétant de "reconquête" par un renforcement de l'anthropisation du milieu fluvial. Le risque est de continuer le processus en l'aggravant, de faire avancer le trait de rive (Orléans, Lyon, Bordeaux…) sans débâcler les ouvrages anciens, et ceci malgré une meilleure connaissance des aléas ou de la nécessité de retrouver des corridors de biodiversité. Si la voie d'eau

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(Camargue, littoral Atlantique, Nouvelle-Orléans...). On peut s'interroger sur un aléa supplémentaire, le flux étant renforcé en cas de rupture, alors que les crues de Seine sont réputées lentes, et encadrées par un bon système d'alerte. Dans le cas des casiers, le recours à des pompes, et donc à une énergie qui n'est pas toujours disponible en périodes de crues, fragilise encore le dispositif. Des alternatives de micro bassins répartis le long des rivières amont, intégrant la topographie du Paysage localement, chaînant des milieux humides, ne semblent pas avoir été envisagées. On remarquera que ce principe de réserves d'eau, intégrées au relief, a été retenu dans un contexte fonctionnel différent, pour le soutien de l'alimentation du Bief de partage du Canal SNE (Seine-Nord-Europe).

Pour le nouveau Canal SNE, projet majeur pour le développement du transport fluvial en France, on peut se demander pourquoi les études d'impact et le processus d'enquête publique ne portent pas sur l'ensemble de l'itinéraire qui doit être façonné pour le grand gabarit de 4 400 tonnes (type Rhénan), notamment pour l'approfondissement du chenal et le rescindement partiel

Une perte de qualité de l’espace public c’est une perte de sens pouvant inoculer l’indifférence aux territoires.

citation d'atelier du 4 mai 2010

assure le transport de marchandises, c'est aussi un puissant véhicule vers des imaginaires pour les passagers et les touristes. Ces chemins d'eau décuplent, par leurs reflets, les impacts du Paysage riverain. A l'heure où Monet nous est conté, quelles mesures sont engagées pour valoriser les aires fluviatiles ? Le resserrement des champs visuels latéraux, les vues sur l'eau progressivement confisquées par des arbres envahissants qui appauvrissent la diversité de la ripisylve, garante également de la tenue des berges par le développement d'une système racinaire adapté, des talus reconstitués à 45° évoquant plus le soutènement d'une autoroute que la grève en pente douce du Fleuve, autant d'actions qui marginalisent la composante aqueuse de la ville qui ignore sa géohistoire fluviale.

Nouvelles grèves urbaines, chaînage de parcs et jardins en "Odéons", Anses et Gares d'eau, pour une hydromorphologie de la ville réconciliée. Trouver les profils d'équilibre du cours d'eau, c'est ouvrir de nouveaux axes visuels, améliorer les sections d'écoulement et les champs d'expansion. En replaçant la Rivière au Cœur de la Cité, c'est habiter une métaphore régénératrice, au plus près de notre aquosité intime.

Deux opérations en cours, en Bassin Parisien, méritent une vigilance quant aux démarches Paysage engagées.

Les "Casiers de la Bassée", situés en Petite Seine, en amont de sa confluence avec l'Yonne, ont pour fonction de provoquer un décalage de pics de crues, en stockant une importante quantité d'eau, afin d'en limiter le niveau à Paris. Outre que l'option retenue des casiers condamne une séquence de la Seine à un paysage de camps retranchés, les digues monofonctionnelles, lorsqu'elles ne procurent pas un service, une ressource régulière, comme par exemple, en réserve d'eau pour le soutien d'étiage, l'agriculture ou les loisirs, en réduisant les effets du lessivage des terres gorgées de phytosanitaires et en associant des dispositifs de lagunage biorégénérateurs, sombrent souvent dans l'oubli... Leur maintenance aléatoire pouvant alors décupler les risques pour les riverains

LesmouvementsdulitdufleuveaucoursdesâgesenVal-de-Marne.

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de courbes de la rivière Oise, dont les caractéristiques géomorphologiques sont bien différentes de celles du Rhin. Quelle démarche Paysage, identifiant les enjeux très en amont du projet, a été mise en place pour cette infrastructure d'intérêt Européen ? Comment les impacts sur le développement des plateformes portuaires, ou la création d'unités multimodales, comme à Achères, sont-ils appréhendés ?

On observe les limites des études d'impact, souvent dans une logique de compensations réduites à des micros sites. La qualité Paysage et physique de l'eau fluviatile est peu abordée dans les projets urbains, le rôle des méandres, grèves, ripisylves, corridors de biodiversité… est rarement pris en compte, malgré les nombreuses études scientifiques disponibles, notamment celles élaborées par le PIREN-Seine depuis plus de 15 ans, ou les recommandations du SDAGE (Schéma Directeur

LaconfluenceSeine-Marne,vued'AlfortvilleversCharenton-le-Pont.

d'Aménagement et de Gestion des Eaux). Le Contrat de Projets inter-régional État Régions (2007-2013), volet opérationnel du Plan-Seine, affiche la prouesse de ne pas utiliser une seule fois le mot Paysage dans le document de 14 pages fixant ses objectifs principaux. Alors que les opérations évoquées concernent de nombreux sites sensibles. Quel rôle pourrait avoir un organisme de gestion des espaces fluviatiles et aqueux, à l'image des missions du Conservatoire du Littoral ?

La Seine, comme unique "fractale" urbaine, offrant un accès aux rémanences des territoires et aux contributions créatrices des artistes, comme gage d'éternité de l'espace urbain infra-régional. Préservant des "ailleurs", dans une ville prévisible, "ceinturée", en manque d'Amont et d'Aval Paysage.

Photo : Jean-Paul Gazeau

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Promenade urbaine en Paris d'Amont, Seine Amont en Val-de-Marne, confluence Seine-OrgeJacques Deval Architecte et chargé de mission "Paysage", DRIEA IF

François Beaudoin dans son ouvrage "Paris/Seine, ville fluviale", La Martinière 1989, montre la diversité des caractères du lit et des berges de la Seine. Au delà du caractère patrimonial du bief lié à Paris "Rives de Seine" est classé patrimoine mondial de l'UNESCO, il différencie le Paris d'Amont et le Paris d'Aval.

Dans cet esprit le projet de reconquête des berges de la Seine de la ville de Paris ne peut faire l'économie d'un travail de projet sur le Genuis Locci1 du fleuve. Christian Norberg-Schulz, philosophe parle ainsi de l'exigence d'une capitale à rassembler en un seul lieu l'ensemble des paysages sur lequel elle souhaite rayonner.

À notre échelle, les promenades urbaines se sont développées en ce Paris d'Amont sur les sites industriels du Val-de-Marne, de la confluence Seine-Orge et sur la lisière urbaine de Melun-Sénart.

Entre les plateaux de Longboyau et de Brie, les voies ferrées (Paris-Orléans-Midi / RER C et Paris-Lyon-Méditerranée / RER D) ont fabriqué le territoire et apporté le caractère industriel de ce territoire fluvial.

Dans la plaine du Val-de-Marne, les travaux archéo-logiques ont montré la force des mouvements du lit du fleuve établissant ce site unique, puissant et sauvage2, en regard de la douceur des courbes de l'Amont et des méandres de l'Aval de Paris.

Pourtant le Genius Locci des sites industriels des Ardoines-Cokerie et des Grands Vœux témoigne actuellement encore de sa vocation agricole passée. La Voie d'Amour, la Voie Tortue, les Ardoines ou la Rose sont des lieux-dits qui témoignent cent ans après de la production des chaumes, des toitures du Sud de l'Île-de-France sur plus de trois cent hectares, et de la faune et la flore qui lui sont associées.

1 ChristianNorber-Schulz,Genuis Locci, paysage, ambiance, architectureMardaga,1981.

2 Philippe Andrieux, directeur de recherche au laboratoiredépartementald'archéologieduCNRS,Mille ans d'histoire du Val-de-Marne,ConseilGénéral2000.

Plus récemment, l'implosion le 16 octobre 1991, à 13h05 de la centrale Arrighi, la plus grande usine électrique d'Europe, dessinée majestueusement en 1932 (par les architectes et ingénieurs Georges-Henri Pingusson et Paul Furiet) signe l'abandon d'un projet d'ampleur à la mesure de la Tate Modern, usine électrique réhabilitée en mussée d'art contemporain à Londres. Le gazomètre riveté et téléscopique unique au monde, la passerelle Gaz-de-France sur la Seine, la fresque de Fernand Léger inscrite à l'inventaire des monuments historiques, sont – en accord avec notre démarche "Paysage" - autant de points d'ancrage, de traces et de hauts-lieux qui identifient cette figure du paysage du Paris d'Amont en Val-de-Marne.

Ils constituent une incontournable mémoire des lieux pour construire ces récits communs, pour ceux qui y vivent et y travaillent et bien orienter l'ampleur de leur inévitable mutation foncière.

Lavoied'amour,lesArdoinesoularose,promenadeurbainesurlesiteindustrieldeVitry-sur-Seine

Photo : Jacques Deval2001, DRIEA IF

QuaidelaSeineaudroitdel'anciennesuper-centraleélectrique,Arrighide Casanova,ingénieur,Georges-HenriPingusson,architecte,construiteen1932etimploséeen1991

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LesGrandsVœux,promenadeurbaineàOrly,lesdeuxVilleneuveetChoisy-le-Roi

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Dessin : Ingrid Saumur ©, paysagiste DPLG

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Dessin : Ingrid Saumur ©, paysagiste DPLG

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Ici aussi, deux événements artistiques "Jour" et "Une  fois," mise en œuvre en 1998 et 1999 par Olivier Agid montrent la bonne échelle d'intervention face à la monumentalité du site, deux événements populaires avec l'ensemble des associations de la ville de Vitry-sur-Seine pour le centre de production thermique de Vitry-sur-Seine.

Des Grands Vœux à la confluence Seine-Orge en longeant le fleuve par le chemin des pêcheurs rive droite, l'architecte Bernard Köhn rythme la promenade et donne à voir une juste et efficace expression des crues du fleuve (œuvre financée par le 1% artistique de Voies Navigables de France). La petite échelle d'un signal de crue comme expression de la monumentalité du fleuve.

Lors de la promenade urbaine du 4  mai 2010 autour de la confluence Seine-Orge, sous l'égide de la Maison de Banlieue et de l'Architecture d'Athis-Mons, toutes les perspectives menaient aux sept tours de la Croix Blanche à Vigneux-sur-Seine. Ces tours ancrent cette plaine alluviale mais n'appartiennent pas "de visu" à cette seule commune qui les accueille. Et la décision de leur destruction envisagée par le groupe immobilier 3F et la commune, ou pire leur écrêtement, ne devrait pas se prendre sans demander l'avis à tous les "regardeurs" qui se réjouissent de ce haut-lieu.

La promenade nous a aussi révélé aux Portes de l'Essonne, les délaissés1 de l'autoroute A5 autant depropriétés de l'État, prémisses d'intervention possibles, comme l'installation d'apiculteurs pour tenir ces parcelles à l'abandon depuis des décennies,en plein centre ville, d'Athis-Mons (pour certaines).

1 "Les délaissés autoroutiers", banquede données du service foncier duservice bâtiment durable et éco-construction de la direction régionaleinterdépartementale de l'équipementetdel'aménagement

"Unefois...",OlivierAgid,interventionartistiquesurlesitedesArdoines1999.

Uneinterventionartistiqueàl'échelleduterritoiredelavalléedelaSeinesur/pourlacentraleélectriqueEDFaveclesassociationssportivesetculturellesdelavilledeVitry-sur-Seine.

"Jour",OlivierAgid,interventionartistiquesurlesitedesArdoines1998.

Extrait : ouvrage éponyme, Olivier Agid, 1998

Extrait : ouvrage éponyme, Olivier Agid, 1999

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Cartederepéragedelapromenadeurbaine"ConfluenceSeine-Orge,4mai2010

Ces tours de logements sociaux qui disparaissent sont certainement à accompagner si l’on veut éviter de casser en grand la couche métaphorique de tout un site.

citation d'atelier du 10 mars 2010

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Photo : Maison de banlieue et de l'architecture, Athis-Mons

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Les promenades urbaines sont autant d'exercices de pré-diagnostic exploratoire potentiels et de "diagnostic en marchant".

Plus loin en Paris d'Amont, l'immersion sensible dans la lisière urbaine de la ville nouvelle de Sénart révèle :

• les figures naturelles du plateau de grande culture de la Brie ;

• la figure construite de l'éventail des axes routiers rayonnant depuis la ville de Melun ;

• les figures métaphoriques des hauts-lieux de l'industrie et du commerce qui ancrent le territoire comme la sucrerie Beghin-Say, les grands tracés agricoles, la forteresse active de la SNECMA, plus récemment le centre commercial du Carré Sénart.

LafiguremétaphoriquedelasucrerieàLieusaint,détruiteen1996

De l'aéroport d'Orly à la forêt de Sénart, d'Evry à Melun Sénart, jusqu'à la marche sénonaise - témoin de la puissance des villes de Sens, Provins et Troyes au moyen-âge bien avant la croissance de Paris – ces grandes échelles de territoires se répondent géographiquement et symboliquement. La mémoire est garante de la continuité dans le temps de l'esprit des lieux, la destruction radicale de la sucrerie de Lieussaint témoigne par exemple du nécessaire changement d'état d'esprit.

En 1986, Alain Sarfati architecte et Michel Conan ingénieur ont déjà initié "un symposium international du paysage pour préfigurer les projets d'aménagement" dans le cadre de l'établissement public d'aménagement de Melun-Sénart, comme mise à distance indispensable en regard des échelles en jeu.

Photo : Yvan Bourhis, 1995 © (CG de Seine-et-Marne)

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"Lesymposiuminternationaldupaysagecommeprojet"

réaliséparAlainSarfatietMichelConanpourl'établissementpublicd'aménagementdeMelun-Sénarten1986.

Dessin : Alain Sarfati © SAREA avec le laboratoire de l'école d'architecture de Paris-la-Villette, 1986

Le regard de l’artiste est lui-même rodé à construire et à reconstituer.

citation d'atelier du 31 mars 2010

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3

Préfigurer des promenades urbaines

aux regards d'artistes

"L'audace d'avoir osé et pris le risque de retourner le rejet

en projet, l'évitement du regard en attraction du regard. . .

transformant la représentation classique du bassin minier

en vastes paysages. Ainsi ces anciens terrils, emblématiques

de la mine et des sites miniers, sont-ils passés de montagnes

de déblais à sites panoramiques, découvrant la région à

elle-même, telle qu'elle ne s'était jamais vue"

Extrait de "pour-voir, Emscher Park", édition 2004, de Gaëtane Lamarche-Vadel, école supérieure des beaux arts de Genève,

professeur de philosophie esthétique à l'école nationale supérieure des arts de Dijon.

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IntroductionJacques Deval, Architecte et chargé de mission "Paysage", DRIEA IF

Deux territoires expriment aujourd'hui ce rôle prospectif de l'événement artistique comme laboratoire des projets futurs :

• l'IBA Emscher Park, exposition internationale d'architecture dédiée à la Ruhr ;

• l'événement Estuaire "le paysage, l'art et le fleuve" pour la métropole Nantes-Saint-Nazaire.

Ces premières références cherchent à montrer la perti-nence d'une direction artistique qui crée concrètement les bonnes conditions des projets d'aménagement attractifs à l'échelle d'une métropole internationale.

L'exposition internationale d'architecture de l'IBA Emscher Park s'est déroulée sur dix ans de 1988 à 1999 dans cette capitale industrielle déchue : 53 communes, 4 435 km², plus de 5 millions d'habitants. Au delà cette mutation culturelle, économique sinon sociale, aujourd'hui, le jalonnement artistique1 du paysage par des balises monumentales et des belvédères, qui sont autant de découvertes sinon de sources possibles de valorisation touristique.

D'ailleurs en 2010, la Ruhr a été choisie comme capitale européenne de la culture.

1 "L'événementvitrineoulaboratoiredelavil le?"FrançoiseMoiroux,revued'Architecture,septembre2010

Jean Blaise, directeur artistique de l'événement Estuaire 2007-2009-2012 pour la métropole Nantes-Saint-Nazaire évoque, lors de la cérémonie du grand prix de l'urbanisme du 14 décembre 2010 : "les artistes (qui) montrent ce que nous ne voyons pas,…  transforment cette relation complexe au territoire en expérience sensible à travers l'œuvre à venir". Ainsi cette métropole compense son déficit patrimonial vis à vis de Lyon ou Bordeaux par la création de nouveaux lieux, ou sites culturels formant un "monument dispersé … investissant sur la force de reconnaissance2 des espaces par les artistes qui incitent l'évolution du regard en les rendant précieux".

Ainsi, l'espace devient paysage grâce au projet artistique.

Il est intéressant de constater que Jean Blaise, suite à des directions artistiques de grande renommée – les Allumées et le Lieu Unique à Nantes, les Nuits Blanches à Paris, puis Estuaire - préside désormais les destinées de la politique touristique de l'agglomération Nantes Métropole.

2 "Le jardin étoilé/Paimbœuf, Kinya Maruyama, architecte",Anne-LaureEgg,l'impenséActesSud2010.

DétailduportdeSaint-Nazaireavantrecompositiondudessindansl'espacegrâceaupointdevuedubelvédère.

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Mais les enjeux économiques et d'emploi apparaissaient cruciaux aux décideurs de l'époque et ne facilitaient pas l'action d'envergure en cette matière. La renommée du Val-de-Marne autour de la création artistique contemporaine depuis les années 1970, dont aujourd'hui le MAC/VAL, musée d'art contemporain à Vitry-sur-Seine est le plus beau fleuron, n'a pas été un argument décisif.

À travers ces premiers éléments exploratoires sur des territoires ordinaires et/ou d'exception, des savoirs et savoir-faire autour de l'approche sensible et de mode d'expression, des promenades urbaines aux regards d'artistes, l'atelier "Paysage", doit construire cette nouvelle culture de territoire pour l'Île-de-France.

"Les paysages ordinaires ne pré-éxistent pas à leur protection, mais souffrent au contraire de graves déficits de représentation. Il n'y a rien (à aménager ou) à protéger si l'on ne construit pas d'abord un regard, qui permette de reconnaître en un pays quelconque, un paysage4"

4 Frédéric Pousin, équipe de recherche du CNRS pré-étude"PaysageindustrieldelaSeineAmont"missiond'ÉtatSeineAmont,2004.

Plus précisément, l'événement "la Nuit des Docks" en 1991 réalisé à l'initiative de Joël Batteux, le maire, par Yann Kersalé offre une mise en lumière de l'architecture et du paysage portuaire, et permet à toute une ville de renouer concrètement avec son port honni par la présence de la base navale de sous-marins allemands qui avait entraîné la destruction totale de la ville lors de la dernière guerre. Aujourd'hui, l'artiste par cet événement artistique a lancé la mise en œuvre des espaces publics de l'ensemble du quartier Ville-Port, menée sous délégation de la communauté nazéroise.

Pour ce qui concerne le Grand Paris, l'atelier de création artistique de la Seine Amont dans le Val-de-Marne a préfiguré en 2003-2004 notre atelier "Paysage" en Île-de-France. "Les territoires ordinaires comme autant de champ extraordinaire de création artistique" emblème3  de cette action "La ville, l'industrie, le fleuve" qui m'a démontré l'attention spécifique à porter aux territoires de banlieue existant. Action justement fondée, grâce à des promenades urbaines sollicitant les associations d'habitants, les industriels du site industriel de Vitry, l'architecte des bâtiments de France, et les services de la ville, heureux de découvrir leur site comme ils ne l'avaient jamais vu.

3 Ateliers de création artistique de Seine Amont  : "La ville,l'industrie,lefleuve",CatherineViolletconseillèreauxartsplastiquesde la villedeVitry-sur-Seine,et JacquesDeval,chefdeprojetàlamissionSeineAmontattachéaucontratdePlanÉtat-Région2002-2007.

Le dessin de l'artiste rassemble en son belvédère le paysage portuaire en une même figure, Felice Varini, Ville Port , Saint-Nazaire,ÉvénementEstuairemétropoleNantes-Saint-Nazaire2007-2009-2012

Photo : Jacques Deval 2007 (DRIEA IF)Montage : courtesy de l'artiste Felice Varini et galerie Verney-Caron

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Le Paysage comme programmeFrédéric Bonnet architecte urbaniste

3 .1 Programme institutionnel

Intelligences héritéesLe paysage francilien, comme les autres, n'est pas une scénographie, aussi sophistiquée soit-elle. Il y a certes des lieux singuliers, terrasses, balcons de plateaux, parcs ou ouvrages d'Arts qui semblent disposés pour le plaisir de l'œil. Mais il est beaucoup plus stimulant, et émouvant aussi, d'imaginer dans ces vues la part héritée d'un travail plus patient des hommes, ou la part héritée des propriétés de la géographie. Il existe une forme d'alliance entre ces caractères (ce qui est plat, ce qui est humide, ce qui est fertile, ce qui est pentu, par exemple) et les dispositifs qui, y prenant place avec intelligence, y ont modelé un paysage.

Il n'est ainsi pas anodin que l'aéroport d'Orly prenne sa place, en face de la forêt de Sénart, sur un plateau analogue, qui est à la fois le même héritage géologique et la même altitude. Voilà deux plateaux singuliers, qui accueillent à plus de trois siècles d'écart deux programmes bien différents, en vis-à-vis de part et d'autre de Seine Amont (ceci comme Villacoublay et la forêt de Verrières, un peu plus à l'ouest).

ArrivantàParis,depuisl'avion,lasilhouettedeParis,deMontmartreauMontValérien

Dessin : Frédéric Bonnet

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De même Paris se laisse décrypter et déguster selon la topographie cachée, mais bien ancrée sur la réalité d'un sol modelé, des rues marquant les talwegs, d'autres les crêtes ou les courbes de niveau. Ainsi l'avenue de l'observatoire, arête étirée que l'on escalade lorsque, venant de Montparnasse, on la croise pour redescendre sur le boulevard de Port-Royal. Malgré la puissance de l'effet, c'est toujours avec beaucoup d'économie que ces agencements utilisent les ressources préalables du sol.

De manière assez courante, la construction des sols et des édifices forme très souvent ce "paysage vernaculaire" francilien, toujours avec la même économie et intelligence du site. Châtenay-Malabry, Le Vésinet, les coteaux de la Frette, les "villages parisiens", les arboriculteurs de Montreuil, mais aussi les balcons de Suresnes ou les villas des coteaux de Seine Amont ont ainsi "inventé" un paysage en jouant avec les propriétés du lieu. Mais ces coïncidences heureuses ne sont pas toujours le fait de programmes ordinaires, ou d'implantations historiques. La modernité des ingénieurs n'est pas en reste : autoroutes, aéroports, ports…

VillacoublayetVerrières,OrlyetSénart : aéroportsetanciennesforêtsroyalesenvisàvisd'unevallée,surunplateaualluvialgéologiquementéquivalent,àlamêmealtitude

Dessin : Frédéric Bonnet

La manière d’aborder tout projet d’aménagement, en tenant compte de leur grande échelle.

citation d'atelier du 8 septembre 2010

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Grands programmes à venirC'est l'une des plus belles vues sur Paris et son site, en effet : lorsqu'on atterrit à Roissy par une soirée d'été et que, assis près du hublot, on découvre lors d'un virage de l'avion sur la piste la plaine de France, et, clôturant l'horizon, les tours de la Défense, la tour Eiffel, et Montmartre. Le no-man's land des pistes laisse ici tout le recul nécessaire à ce que la situation de plateau de l'aéroport contient déjà de paysage, un belvédère magnifique sur la ville, jusqu'à quinze kilomètres. C'est vraisemblablement une forme de chance et de hasard, et il est probable que cette vision ne soit pas intentionnelle, mais plutôt le résultat d'un ensemble de contraintes et de caractéristiques propres au programme : situation de plateau, grandes horizontales, marges de recul du bâti et des arbres. Mais voilà bien un paysage, d'une rare puissance.

Et cette expérience n'est pas seulement un plaisir fugace. Intrinsèquement, c'est la somme de ces émotions et de ces souvenirs qui fabrique l'image de la ville et de sa région, identifie son dynamisme et la repère parmi les autres métropoles  ; même si la mondialisation a la vie dure, et que les galeries commerciales de Roissy ressemblent étrangement à d'autres, son architecture et son site, cette minute de découverte du hublot, en font un événement bien extraordinaire. Voilà une véritable valeur ajoutée, dont la fondation fut pourtant bien économe.

Pourquoi ne pas imaginer que les grands programmes ne portent pas ainsi une part du paysage francilien, et contribuent, comme à Roissy, à l'inventer  ? Certaines autoroutes furent pionnières, comme l'A13 traversant Marly comme une ample allée dans un parc, pour déboucher de manière spectaculaire, ici sur le balcon de Saint-Cloud et la mer de zinc de Paris, là sur l'immense ouverture du val de Seine après Poissy. D'autres, tout aussi magnifiques, comme l'A6 à Villejuif, furent un peu trop altérées pour que l'on se souvienne de ce qu'elles offraient de magnifique sur le val de Bièvre et les coteaux de Bagneux, puis Clamart, Verrières, Meudon. Ne doit-on

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pas penser les grands programmes à venir comme s'il devaient eux aussi prendre une part de ce paysage : le port de la confluence Seine-Oise dévoilant les liens entre l'arête de Conflans et la boucle de Saint-Germain  ; les nouvelles grandes gares, comme à la Folie sur le faisceau de Nanterre, ouvertes à la fois sur les saules des rives de Seine et le skyline de la Défense. Le "grand paysage" doit-il s'arrêter à Le Nôtre, Haussmann ou même à Prost, ou bien n'a-t-il pas toute sa place dans les grands projets que porteront, dans les années qui viennent, les collectivités et l'État ?

Il serait bon d'intégrer dans les cahiers des charges de ces transformations cette exigence paysagère, ceci le plus en amont possible. C'est à dire que c'est aussi l'un des critères de choix fondateur entre les alternatives, et non pas simplement un accompagnement ou une "compensation". Renoncer à cela parce que l'on demeure obnubilé par les enjeux économiques de ces grands investissements serait une folie. Il y a dans ce plaisir du paysage une vraie nécessité.

Ce n’est pas le diagnostic de départ qui va changer l’état d’esprit, par contre créer l’événement artistique change l’état d’esprit pour faire ce diagnostic.

citation d'atelier du 8 septembre 2010

ConflansetAchères : Pourquoilefaceàfaced'unportàveniretduquaihistoriquedesmariniers neserait-ilpasl'occasiond'unnouveaupaysageremarquableoffertàtous? 

Dessin : Frédéric Bonnet

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Le paysage : quel intérêt ?Pourquoi faudrait-il s'intéresser au paysage ? En quoi l'aménagement urbain serait concerné, impliqué, responsable ? Qui agit sur le paysage et qui le regarde, sent, écoute, se délecte et se représente ? De quel paysage s'agit-il, celui de la rue, de l'espace public, du grand paysage, d'une fréquentation quotidienne ou exceptionnelle, du temps du travail ou de celui des loisirs ?

Le paysage est un artefact, qu'il soit urbain ou rural, fabriqué ou naturel : les Alpes, les rizières vietnamiennes, Venise, Machu Pichu sont quatre sites à grande et petite échelle, qui intéressent, que l'on visite, pour l'émotion qu'ils procurent et, pour les franciliens, pour le dépaysement, le vécu exceptionnel, le contraire du routinier qu'ils font vivre. La France est la première destination de tourisme mondial, Paris est la plus belle ville du monde, à visiter ou à vivre, inégalement, surtout quand on a vécu ailleurs. Il n'y a pas de paysage sans désir de beauté, sans émotion, voulue et le plus souvent par inadvertance, subie. Le gapençais qui sort de chez lui ne voit plus la montagne enneigée au bout de la rue, la parisien en vacances, si. La mise en situation est structurante. La disponibilité n'est pas la même, le sens non plus, pas plus que les sensations, pour l'un du quotidien, pour l'autre de l'exceptionnel. Le paysage est un résultat, de la géographie physique, de son occupation bâtie et rurale, de la mémoire et de la culture de celui qui le traverse, dans la disposition d'esprit du moment, du vécu. Le paysage est un artefact.

L'Île-de-France échappe-t-elle à ce constat banal ? Non, évidemment : Notre-Dame, la Seine, le Trocadéro, la butte Montmarte à Paris intra-muros, le parc de Versailles, la Défense, la forêt de Fontainebleau, les forts et les buttes en Île de France sont autant d'artefacts. Étagés aux trois niveaux de la Seine (à la cote 20), des plateaux (de 60 à 100 m), des buttes (autour de 120 m), ils constituent autant d'attractions, aux qualités propres, inégalement positionnées, regardées, vécues. Par leur fabrication, par leur perception, ces paysages ont du mérite. Ils intéressent par leur beauté, leur forme, leur symbolique, leur passé et l'histoire qu'ils racontent plus ou moins confusément, le plaisir et le lien social qu'ils créent, soutiennent, dans la durée, dans la succession des générations, dans l'identité et la culture qu'ils rayonnent.

Le paysage constitue le chez soi et le chez les autres. Il mérite que l'on s'y intéresse. Et pourtant il en a subi des transformations et des outrages. Emporté par certains par le désir de faire bien, de laisser une trace, de se distinguer ou d'exprimer sa puissance, ou plus prosaïquement hors du champ des mentalités par l'économie recherchée dans l'emploi, l'habitat, le transport, le paysage en a

vu de toutes les couleurs. Des plus choquants pour les contemporains mais aujourd'hui digérés, - la pyramide du Louvre, la tour Eiffel, ou la tour de Jussieu, aux plus contestés comme l'autoroute A4 et ses échangeurs dans le Val de Marne, le lotissement du plateau de Saclay par de grandes institutions closes de barbelés, ou les marées de boîtes à chaussure industrielles qui quadrillent par centaines d'hectares les zones d'activité. Les trois étages du paysage francilien ont été mis en valeur ou saccagés, comme son parcellaire historique, rural ou du tracé des grands domaines de chasse. Par qui  ? Par plusieurs générations d'aménageurs, responsables. Des aménageurs et des constructeurs d'autant plus violents, nombreux, disséminés que l'énergie fossile facile a ôté toute régulation aux multiples pouvoirs de faire, et par conséquent de nuire au paysage. Ce qui ne pouvait être que le fait du roi pour l'aménagement de Versailles, au prix contemporain de celui du port d'Amsterdam, trente ans durant, peut être le fait depuis un siècle de (trop) nombreux acteurs, à une rapidité fulgurante, dans la plus grande laideur. Le pétrole facile a permis le béton et son chemin de grue, l'acier et son hangar rouillé, c'est à dire

à peu près n'importe quoi, n'importe où, sans l'attention portée par exemple par le chemin de fer au XIXe siècle, dans le franchissement des vallées ; il suffit de faire une dizaine de kilomètres sur autoroute et mieux encore, à côté, pour mesurer l'ampleur des dégâts ; dégâts sur les trois marches de la géographie physique francilienne, dégâts sur le parcellaire, l'agriculture n'étant pas en reste avec les remembrements productivistes du tracteur, pas plus que ceux du logement social. Qui agit ? Une poignée, trop nombreuse, en regard de ceux qui parcourent le grand paysage, qui en subissent les chambardements, mais le plus grand nombre lorsqu'il s'agit de la rue, de la clôture et de la façade, les mêmes ou presque qui subissent les petites misères installées et les accumulations inégales du bord de rue emprunté. Le paysage s'emprunte, c'est même sa caractéristique. D'une génération à l'autre, comme la terre empruntée à nos enfants et que nous devons leur rendre ; le paysage s'emprunte d'un débouché ou d'une rue à l'autre, dans nos cheminements quotidiens ou exceptionnels, comme une image que l'on prend dans sa mémoire, une réalité

Pour une stratégie du paysage francilienJean-Michel VincentMission Développement Durable, DRIEA IF

Le paysage permet d’entrer autrement dans des

problématiques directes (emploi, nuisance, bruit, pollution) où le conflictuel s’impose d’emblée.

citation d'atelier du 04 mai 2010

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perçue que l'on va laisser au détour du temps qui passe et pourtant qui dure, pour autant qu'elle vaille, qu'elle signifie, qu'elle représente, qu'elle laisse sa trace dans le plaisir de vivre, la mémoire sociale, l'identité reconnue. Autant dire que chaque acteur porte une responsabilité, d'autant plus grande que son impact est grand sur le paysage, né de la géographie physique, transformé par l'occupation humaine qui est la notre. Le té et l'équerre, la clotoïde et le profil en long, le bulldozer, le béton et l'acier sont les mains du pétrole qui malaxent niveaux et parcellaires, émotions et perceptions. Demain, alors que la logique du dispositif est celle de l'économie et donc du transport reliant des pôles économiques, ponctué de 40 gares et leurs quartier, à la densité nécessaire affirmée, rien n'interdira à des tours de se poser à peu près n'importe comment, n'importe où en Île de France. Le désir de se distinguer, lieu par lieu, la volonté d'exprimer sa puissance conjuguée à l'angle mort des mentalités pourraient bien oublier le grand et le petit paysage ; celui d'une Île-de-France à la topographie fragile, sensible et pourtant évidemment capitale partout où elle a été respectée, dans les beaux quartiers, à l'ouest, pas à l'est. Avec pour conséquence une ambiance urbaine laissée à l'expression locale multiple et émiettée, passant à la trappe sa propre diversité et sa richesse locale, faute d'un regard partagé sur la beauté, la fragilité, l'identité, l'image et la symbolique de l'Île de France. Encore ces 40 quartiers ne font-ils pas tout alors qu'une soixantaine d'autres gares et leurs quartiers risquent la saturation à 20 ans d'ici et donc imposent un réaménagement hors tout contrat de développement territorial tel que prévu par la loi Grand Paris.

Plus encore, la baisse imposée par la loi Grenelle II de la consommation énergétique des bâtiments implique une isolation par l'extérieur bâtiment par bâtiment ouvrant une action massive par plusieurs millions de décideurs, sur le visage donné à la rue, aux espaces publics, à l'ambiance urbaine.

Faut-il se résigner à un territoire du quotidien, délaissé et une ville de l'exceptionnel, mise en scène ? Est-ce une question de moyens ou de sensibilité et d'intelligence collective, dans la durée ? En grand et en détail le paysage francilien, l'identité et le plaisir de vivre, de venir en Île de France, son image et son attractivité pour les créatifs et pour les autres, vont jouer gros jeu, 20 ans durant, sur une scène médiatique internationale, plus radiographiée par les autres pays qu'on ne peut l'imaginer, à la hauteur de son histoire, de sa qualité et de son prestige.

Alors une approche sensible du paysage est-elle possible dans les batailles à venir ? Curieusement, dans la fureur et le bruit des intérêts et des actes contradictoires, le paysage est pacifiant, comme une évidence, comme un lieu qui ne saurait être abimé sauf par inadvertance, comme la maison commune que seuls quelques mal dégrossis seraient susceptibles de saccager, à la réprobation générale. Le goût pour le paysage est partagé, les composantes de la société sont prêtes à le défendre dans le tumulte du quotidien, pour peu que l'on s'en donne les moyens, que l'on fasse émerger ce consensus implicite pour en faire une stratégie partagée.

Dessins : Bertrand Warnier

Élémentsdetypologie:letripleétagementdureliefenÎle-de-France

Un triple étagement du relief (comme trois grandes marches) constitue l'ARMATURE du PAYSAGE :• le lit des VALLÉES et cours d'eau,

aux cotes 25/30 mètres au dessus du niveau de la mer ;

• les larges terrasses des PLATEAUX (niveau médian) sont au cotes de 90/110 mètres, c'est-à-dire 60 à 80  m au dessus du niveau de la mer.

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Ligne d'action et outilsTrois échelles de travail se dégagent a priori de cette analyse à grands traits  :  le grand paysage, le quartier de gare, la rue ; deux types d'acteurs : les élus et leurs aménageurs, les propriétaires existants et en devenir  ; la matière première reste la géographie physique, (les 3 marches de l'Île de France, l'eau, la forêt, la faune et la flore de la biodiversité), et la géographie humaine, (le parcellaire, la production de biomasse, le bâti et les espaces publics), l'une et l'autre médiatisées par la perception et la culture de ceux qui y vivent ou y viennent, avec toutes ses conséquences en matière d'identité, de lien social, d'attractivité.

Des outils existent, en particulier le plan paysage du SDAU de 1976 et ses quelques déclinaisons opérationnelles, comme sur les versants de l'Hautil par exemple. La rareté de ce genre de déclinaisons, l'absence de liens avec ce plan d'ensemble mettent en évidence un fait bien

Lesgrandesfiguresdupaysagedel'Île-de-France

Collinesetbuttesalignéessont,àl'évidence,desélémentsdecompositionnaturelle

LePaysage de la région Île-de-France,c’est la vallée de la Seine maispasausensducoursd’eau:lefleuveacreusésonlitdanslesplateauxtraversés,tranchantenamont,paresseusementétaléenaval.Cesont les plateaux qui deviennent les arbitres du grand paysage,dominants lescoursd’eau,dominésparlesbuttesetlescollines.Etlaconfrontationestsingulièrecarl’ordren’estplusceluidelacuvettenilelacetdelaSeinemaisla rigueur des lignes directricesdictéesparlagéologieetladélicatesse des coteaux,des buttes et collinesquiendessinentlescontours.Leursprésencesdécoupentl’espacepardegrandeslignesdroitesidentifiées-quesontlesfrontsdeMarly,deMontmorency,deRomainville,etaussiduHurepoixetquelquesgrandesforêts.C’estl’horizonqu’ilfautREGARDERetnonlescartes.Celles-cirestentdesinstrumentsnécessairesmaispassuffisammentfortsetsuggestifspourquecelasoitlesseulsguidesdes« créateurs-planificateurs ».

D’ailleurs,lesgrandstracésetcertainspositionnementsmonumentauxlaissésparnosprédécesseurssontlàpourtémoigner:ilsontsuexploiter-sanscartes-cespotentielsincomparablesmaisdiscretsetnouslestransmettre.

connu  :  il n'est pas de plan sans équipe permanente, légitime, en charge de le décliner, de le faire évoluer, de le concrétiser, directement ou indirectement. D'autres outils sont aussi à créer, ne serait-ce que pour les quelques millions de propriétaires de bâti qui vont isoler leur patrimoine par l'extérieur, ce qui demande à soi tout seul une analyse et des propositions sur le comment agir et interagir.

Sans oublier l'incontournable nouveauté du développement durable et son enjeu majeur, la menace climatique, et ses enjeux seconds mais pas secondaires que sont la biodiversité, (les corridors écologiques entre autres), les ressources naturelles, (le bois construction que l'on ferait bien d'appeler le bois rénovation, le chanvre...) mais aussi l'économie soutenable, (l'économie circulaire et ses conséquences industrielles), les nuisances et les risques, mur antibruit ou ville de la vitesse raisonnée, et enfin le bien-être, somme toute ce après quoi court tout un chacun, et après quoi nous pouvons aussi courir ensemble.

Dessin et légende : Bertrand Warnier

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DRIEA IF / SA / DATM Atelier "Paysage" en Île de France - 2009/2011 103DRIEA IF /SA/DATM/UVAT Atelier «Paysage» en île de France - 2009/2010103DRIEA IF / SA / DATM Atelier "Paysage" en Île de France - 2009/2011

Les chemins de fer ont façonné notre environnement de manière structurante et continuent de le faire. Le monde ferroviaire constitue en soi un univers technique, un environnement et un paysage ; un univers dont les relations avec le monde environnant, urbain, rural ou entre-deux, sont elles aussi constitutives de paysage.

Cet univers est la matérialisation et le témoignage d'évolutions économiques et financières, techniques et industrielles, sociales et politiques dont l'importance historique capitale a été progressivement mis en lumière depuis désormais plusieurs décennies par des travaux magistraux, d'une qualité et d'une envergures exceptionnelles1. Mais si le paysage ferroviaire constitue ainsi aussi clairement un patrimoine, il n'a été reconnu en tant que tel que relativement récemment, à la suite de l'extension progressive de ce dernier champ au-delà du monument isolé prestigieux pour englober le bâti ordinaire ainsi que les témoignages l'activité industrielle. Matérialisation d'une histoire profondément marquante, ce patrimoine est particulièrement fragile, participant à un univers dynamique en évolution constante.

1 Voir enparticulier etnotamment : Louis-Maurice Jouffroy,Une étape de la construction des grandes lignes de chemins de fer en France. La ligne de Paris à la frontière d'Allemagne (1825-1852), trois tomes, Paris, 1932  ; LouisGirard,La politique des travaux publics du Second Empire,Paris, 1952  ; Yves Leclercq, Le réseau impossible, 1820-1852, Genève - Paris, Droz, 1987  ; Georges Ribeill, La révolution ferroviaire. La formation des compagnies de chemins de fer en France (1823-1870),Paris,Belin,1993 ;FrançoisCaron,Histoire des chemins de fer en France. Tome premier 1740-1883, Tome second 1883-1938,Paris,Fayard,1997,2005.

Ce n'est ainsi que depuis une dizaine d'années que le paysage ferroviaire a fait l'objet d'études proprement patrimoniales, selon une démarche d'inventaire dont les méthodes ont été mises à l'épreuve et renouvelées par les spécificités de cet environnement. Notre propos ici est de souligner la pertinence et l'intérêt de ces approches, croisant connaissance historique et appréhension sensible, pour les démarches de projet qui ne manqueront pas d'être sollicitées dans le cadre des mutations en cours de nos systèmes de transports, notamment en île de France.

Un dossier spécial "Faire l'inventaire du patrimoine ferroviaire" publié par la Revue d'Histoire des Chemins de Fer en 2009 a présenté un premier bilan sur une décennie de travaux et permis de mettre en lumière les défis spécifiques de l'approche de ce patrimoine selon une démarche d'Inventaire. Comme Paul Smith l'a précisé clairement en introduction :

"Comment saisir les éléments d'un patrimoine souvent modeste – maisons de garde-barrière, postes d'aiguillage, signalétique, garde-corps, poteaux kilométriques… – mais qui donnent aux paysages du rail leur caractère particulier ? Comment, au-delà des emprises immédiates, mesurer et rendre perceptible – et de quel point de vue ? – l'impact historique, social et paysager du chemin de fer sur les territoires qu'il traverse  : les quartiers de la gare avec leurs hôtels et cafés, les dépôts, les gares marchandises, les triages et ateliers d'entretien, les cités de cheminots, les sites industriels embranchés et induits, le relief même, sculpté par des ouvrages d'art ou ponctué de ponts et de viaducs… ?" 2

2 Paul Smith, "Faire l'inventaire du patrimoine ferroviaire  :expériencesetméthodes",RHCFn°40,2009/1,p.9-13

Paysages ferroviaires . Enjeux et défis des approches patrimonialesKaren BowieProfesseur, Histoire et cultures architecturales, Ecole nationale supérieure d'architecture de Paris La-Villette

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Les auteurs de l'ensemble de ces études soulignent l'importance des efforts nécessaires pour adapter les méthodes de l'inventaire aux spécificités de l'univers ferroviaire et plus généralement à la prise en compte des effets des réseaux dans la formation de notre environnement. Antoine Le Bas a bien précisé à propos de son étude de la ville de Juvisy :

"La démarche de l'Inventaire, consistant d'abord à rendre compte de l'état du patrimoine d'un territoire à un moment donné à partir d'une sélection d'éléments patrimoniaux, rend difficile une étude urbaine qui ne prend ici tout son sens qu'à travers une perspective historique, et qu'au regard d'une réflexion menée à l'échelle d'un territoire plus vaste, l'aménagement du sud de l'agglomération parisienne à travers ses réseaux."4

Autre difficulté de taille soulignée par les chercheurs ayant réalisé l'étude du patrimoine de la Grande Ceinture en Seine-Saint-Denis : le refus des propriétaires SNCF et RFF d'accorder l'accès au site, des études photographiques et documentaires compensant partiellement l'absence d'examen direct là où le site est bordé par des propriétés privées ou protégés par des barrières. Pour ces auteurs, l'aller-retour entre étude de terrain et recherche documentaire est au cœur de la démarche : "un bâtiment abandonné, un quai envahi par la végétation, une voie rouillée, autant de vestiges que nous avons cherché à replacer dans le contexte de cette ligne singulière."5

4 A.Lebas,art.cit.

5 ÉvelyneLohr,GérardJigaudon,art.cit.

Leregarddugéographesurlepaysagedesvoiesferrées,inLa croissance urbaine de la banlieue parisienne,PUF1964

Paul Smith y rappelle par ailleurs non seulement les missions de "recenser, étudier et faire connaître" des Services crées par André Malraux en 19641, mais souligne aussi les effets sur les méthodes de ces Services des remaniements administratifs qui ont paradoxalement coïncidé avec et accompagné la "patrimonialisation" de l'univers ferroviaire survenue au cours de ces années 2000-2010. Si rendre compte du patrimoine ferroviaire, de ligne ou de réseau, exige pour des raisons de cohérence scientifique de dépasser les aires et périmètres habituels des études topographiques, l'émergence de l'intercommunalité, la loi sur la décentralisation de 2004, ont appelé elles aussi de nouvelles approches  : "les services régionaux de l'Inventaire général jusqu'alors rattachés aux directions régionales des affaires culturelles, sont passés sous la tutelle des conseils régionaux, nouvelle donne qui donne aux inventaires du patrimoine une nouvelle actualité."2 C'est ainsi que la deuxième moitié de la décennie a vu paraître une série d'études particulièrement riches marquées par ces nouvelles configurations et ce nouveau contexte : soulignons surtout dans ce cadre La ligne de chemin de fer Paris-Rouen- Le Havre, produite conjointement par l'Inventaire général d'Île-de-France et de Haute-Normandie (2005), Juvisy-sur-Orge, un territoire, des réseaux, par l'Inventaire général Île-de-France et le Conseil général de l'Essonne (2007) ainsi qu'une étude du patrimoine ferroviaire de la Grande Ceinture dans la Seine-Saint-Denis, réalisée par le Service du patrimoine culturel de ce département.3

1 Inventaire général des monuments et des richessesartistiquesdelaFrance.

2 PaulSmith,art.cit.

3 HélèneBocardet.al.,De Paris à la Mer, la ligne de chemin de fer Paris-Rouen- Le Havre,InventairegénéralÎle-de-FranceetHaute-Normandie,2005,Images du patrimoinen°239 ;AntoineLeBas, Juvisy-sur-Orge, un territoire, des réseaux,ouvrage réalisédans le cadred'unpartenariatentre l'État(Directionrégionaledesaffairesculturellesd'Île-de-France)puislaRégionÎle-de-Franceetledépartementdel'Essonne,2007,Cahiers du patrimoine  n° 88  ; (cf. aussiAntoine LeBas"Faire l'inventairede JuvisysurOrge,carrefour routieret noeud ferroviaire de la banlieue parisienne", RHCFn° 40,2009/1,p.75à87) ;GérardJigaudonetDominiqueLarroque,"Lepatrimoineferroviairede laGrandeCeinturedansledépartementdeSeine-Saint-Denis",ConseilgénéraldeSeine-Saint-Denis,Bureaudupatrimoine–Conservatoirenationaldesartsetmétiers (CNAM),Centred'histoiredestechniquesetdel'environnement(CDHTE),2007 ;(cf.aussiÉvelyneLohr,GérardJigaudon,"L'inventairedupatrimoineferroviaire à l'échelle du département de la Seine Saint-Denis  : l'exemple de la Grande Ceinture", RHCF n° 40,2009/1,p.35-52.)

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"Delagrandeàlapetiteceinturedelarégionparisienne",carnetdeprofils,archiveinClaudeBersanoSNCF1957.

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L'enjeu des connaissances et perspectives issues de ces études est considérable dans le contexte actuel. Les auteurs de l'étude sur la Grande Ceinture soulignent bien la fragilité de son patrimoine face à l'implantation de la nouvelle Tangentielle Nord sur un tracé qui jouxte celui de la ligne historique. Surtout et plus généralement, comme l'a précisé récemment Francis Rol Tanguy, les emprises ferroviaires en Île-de-France représentent un potentiel foncier considérable qui peut se révéler stratégique pour la recomposition de l'offre de transports dans la région, en particulier pour ce qui concerne la création de nouvelles gares TGV.1 Dans ce contexte, la situation d'une ville comme Juvisy, avec son immense gare de triage désaffectée, retient particulièrement l'attention.

Comment traiter alors dans une démarche de projet  ce paysage si riche en patrimoine? Les connaissances produites par les études que nous avons signalées ici, la finesse et la richesse de ces approches qui ont été l'occasion de renouvellement des méthodes mêmes de l'inventaire, pourront, on l'espère, servir à aménageurs et concepteurs pour qu'ils interviennent en connaissance de cause.

Quelques références :

• Hélène Bocard et.al. De Paris à la Mer, la ligne de chemin de fer Paris-Rouen- Le Havre, Inventaire général Île-de-France et Haute-Normandie, 2005 (Images du patrimoine n° 239).

• Catherine Bruant. "Ainsi advient un lieu sauvage. Chemins de fer et voiries en banlieue sud de Paris" étude LéaV (Laboratoire de l'école d'architecture de Versailles), 63 p., 2010.

• Bruno Carrière et Bernard Collarday. L'Aventure de la Grande Ceinture. Paris, Éd. La Vie du Rail, (1992), 2003.

• Antoine Le Bas. Juvisy-sur-Orge, un territoire, des réseaux. Inventaire général Île-de-France, 2007 (Cahiers du patrimoine n° 88).

• Laurent Poupard , La ligne des Hirondelles. Un chemin de fer entre ciel et terre, d'Andelot à la La Cluse (Jura – Ain), Inventaire général Franche-Comté, 2008 ( Parcours du patrimoine , n° 336).

• Revue d'Histoire des Chemins de Fer n° 40, 2009/1. Dossier : faire l'inventaire du patrimoine ferroviaire.

• Michel Wienin. Le Train Jaune, un chemin de fer d'exception. Inventaire général Languedoc-Roussillon, 2000 (Itinéraires du patrimoine, n° 226).

1 http://www.gares-connexions.com/fr/gares-du-futur/les-ateliers-de-la-gare/atelier-de-la-gare-numero-7.

ProfildelaGrandeCeinturedeParisentreBobignyetValenton,carnetdeprofilsSNCF1957

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3 .2 Préfiguration artistique

Echelles de contraste et valorisation mutuelleArnauld Laffage plasticien paysagiste

La question de l'expression de la globalité d'un territoire par des événements ponctuels choisis se pose tant à l'échelle du grand territoire qu'à l'échelle de la ville, du parc ou du jardin. Le parcours commenté dans le parc de Versailles par Louis XIV est un exemple qu'il est intéressant d'articuler à des types d'interventions à l'échelle de grands territoires comme celui de l'estuaire de Nantes Saint-Nazaire.

Le jardin dans le parc, une cohérence de morceaux choisis dans un toutLors des séances de l'atelier, j'ai cité plusieurs fois le code de conduite écrit par Louis XIV lui-même pour la visite du Parc de Versailles. La proposition de parcours faite par le roi implique un choix, une sélection qui peut différer dans un même ensemble d'une proposition à une autre. Le roi offrait ainsi une visite, un parcours donnant un sens à une portion du parc.

On peut considérer cette proposition comme un "parcours paysager", sélectif et orienté dans la mise en relation des éléments choisis par le roi. Cette sélection de parcours dans le parc tend vers une certaine autonomie comme "un jardin dans le parc" offert à la contemplation, à la prise en compte du visiteur.

Les folies hors-limitesDans les parcs paysagers des 18ème et 19ème siècles les folies participaient ponctuellement à l'expression globale du jardin. Il arrivait souvent qu'elles soient situées hors du parc sur des sites éloignés, intégrées par le fait mental à l'ensemble château/parc.

Cette mise en relation éclatée, cette association "hors limite", ce changement de distance sujet/objet si important à la notion de paysage énonçait déjà les rapports au territoire élargi et donnait une importance au déplacement, à la mise en mouvement et donc à d'autres rapports avec le territoire.

L'individu n'est plus uniquement contemplatif mais devient acteur.

Le paysage n'est plus dominé par le rapport pictural mais de plus en plus il se pratique.

Quand la sculpture s'évade du jardin comme les folies du parc s'évadent dans la nature on peut s'interroger sur la place de l'objet, de la manifestation physique de l'art dans ces lieux plus ou moins ouverts sur la ville et le territoire.

Le cas de l'Isle d'Abeau En 1975 Bernard Lassus a gagné le concours du parc de la ville nouvelle de l'Isle d'Abeau en considérant que le centre ville d'une "ville nouvelle" était l'expression de l'antériorité du territoire de son implantation, en l'occurrence pour l'Isle d'Abeau : les champs et la nature agricole. Comment exprimer un tel antagonisme  :  la nature agricole comme centre urbain ?

La réponse de Bernard Lassus s'est formulée par la mise en contraste de cette différence entre les deux mondes par la création d'une limite forte, une sorte de rempart séparant la ville de son centre gelé dans une proposition de parc, mémoire de son antériorité, d'où le nom du "jardin de l'antérieur". Ce jardin devenait le centre ville, le centre ancien de cette "ville nouvelle". La valorisation de cette partie urbaine se concrétisait par la mise en place de totems, de sculptures fondues dans la "nature antécédente" exprimant les noms de lieux-dits repérés sur le secteur.

C'est un exemple déjà ancien, de l'utilisation d'évènements artistiques modifiant le rapport ville/nature. On peut s'interroger sur la non-réalisation d'un programme si innovant en 1975 et sur le constat de la réalisation d'une ville nouvelle conforme à beaucoup d'autres, sans aucune pertinence par rapport à son territoire et à ses paysages.

Desembrayeurspouruneperceptiondécuplée  :  lebancetsasituationfaceàuneboucledelaMeuse–Monthermé(Ardennes)

Photo : Arnauld Laffage ©

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108DRIEA IF / SA / DATM Atelier "Paysage" en Île de France - 2009/2011 DRIEA IF /SA/DATM/UVAT Atelier «Paysage» en île de France - 2009/2010DRIEA IF / SA / DATM Atelier "Paysage" en Île de France - 2009/2011

La métropolisation de Nantes Saint-NazairePrenons l'exemple des enjeux de développement (économiques et durables) qui poussent deux villes à s'inventer et à se définir un territoire commun par la reconnaissance de leur patrimoine paysager  : les villes de Nantes et Saint-Nazaire

Comment s'élabore le nouveau territoire d'une métropole à l'échelle européenne?

Dans cette construction quel imaginaire se met en place ?

Comment doit être perçu l'"entre-deux" de ces deux villes ?

Par la mise en place du festival "Estuaire 2007/2011 Nantes/Saint-Nazaire" les décideurs ont fait appel à des artistes pour intervenir sur des lieux non fréquentés, non "perçus" donc "non-paysage" (un lieu qui n'est pas perçu n'est pas paysage).

"Vues et vies insoupçonnées, milieux insolites et impénétrables, oiseaux rares, mortes ou vives eaux, histoires douces ou salées, laissez la Loire océane et son estuaire se révéler à vous ; vous n'en reviendrez peut-être pas …" c'est ce que propose un dépliant-programme de l'opération.

Prenons l'exemple de l'artiste japonais Tatzu Nishi qui utilise l'image de la cheminée d'une grande centrale électrique située sur le territoire, pour en faire un pied d'estal à une petite maison de type pavillonnaire (gîte à louer pour habiter les lieux sauvages des bords de Loire).

Par cette intervention l'artiste détruit les limites de la centrale qui fonctionne à côté. Les cheminées, la centrale

elle-même, sont ainsi sorties de leur grillage. La centrale n'est plus inaccessible, elle n'est plus un obstacle , elle devient une invitation à la découverte des lieux. Le chemin devient alors utilisé, des bancs et des tables de pique-nique sont installés, et par le fait d'être fréquentés ces lieux prennent sens non plus comme un morceau de ville ou de ruralité mais comme un lieu autre, fréquentable, qui donne à voir un territoire non perçu.

Ce genre de proposition décloisonne tout :  le "naturel", l'artificiel, la ville, le rural… et à partir de cet exemple on peut s'interroger sur les processus d'évolution de l'imaginaire des habitants et des usagers. Un endroit "perdu" donné à fréquenter devient un morceau de métropole, même s'il est dans la nature.

Le type d'intervention comme celui de Nantes Saint-Nazaire faisant appel à une programmation artistique permet de déstabiliser tous les individus tant au niveau de la population qu'au niveau des décideurs bouleversant ainsi les habitudes de trop raisonner l'extension de la ville. Ce processus de déstabilisation par l'intervention d'artistes sur différents sites ouvre le champ des interrogations et celui des propositions des aménageurs.

Il est intéressant de voir les lieux choisis par les artistes et ceux retenus par les experts.

En croisant les démarches artistiques avec celles des professionnels dans un processus d'accompagnement des habitants (très important), des lieux se révèlent et élargissent la reconnaissance et la pertinence d'un territoire. Des lieux emblématiques peuvent ainsi naître à un endroit où il semblait ne rien y avoir.

Installer des valeurs de nouvelles hiérarchies, les

rendre identifiables, mesurables, accessibles, tant aux politiques

qu’ à l’usager, et cela en fonction du paramètre identitaire : nous pensons que ce n’est pas donné au seul technicien, par contre il est de son métier d’en amener le débat, de l’ouvrir et l’alimenter.

citation d'atelier du 10 mars 2010

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"Villacheminée,lat.47°16/long.-1°53",

interventiondel'artistejaponaisTatzuNishiàBouée/Cordemais,ÉvenementNantes/Saint-Nazaire2009

Les paysages du quotidienDans le cas de l'estuaire de la Loire, la force de reconnaissance de l'estuaire et du fleuve aurait pu avoir tendance à effacer une multitude de sites, mais par ces pratiques, des espaces émergent, reconnus simplement pour leur aspect, une espèce de physionomie culturelle diffuse, "ambiantale", une sorte d'évolution du regard qui les rend précieux.

Derrière l'aspect "déclencheur" de la démarche artistique il y a tout un accompagnement à mettre en place. C'est le travail du paysagiste de pouvoir capter les caractéristiques, les potentialités diffuses, facteurs d'évolution et de valorisation de ces "espaces du quotidien". Prenons l'exemple du patrimoine fluvial géré par Voies Navigables de France : ce patrimoine est constitué de territoires linéaires en accompagnement des fleuves et des cours d'eau, jalonnés par des ouvrages d'art (ponts, passages d'écluses, petits ouvrages paysagers…),

par des lieux forts, par des villages. Si l'on suit la ligne du cours d'eau allant de jalon en jalon, la lenteur du véhicule engagé (la péniche) donne beaucoup d'importance aux espaces traversés et dans l'anticipation des ouvrages d'art que l'on va rencontrer il y a comme une mise en disposition pour la prise en compte de ces territoires de l'ordre du quotidien. Entre les jalons, ces espaces se chargent d'une complémentarité par leur simplicité, leur banalité, comme une respiration. Par cette vacance de particularité, d'intérêt ciblé, ils prennent une certaine valeur, une certaine qualité. Ils peuvent même devenir un patrimoine qui pourrait être recherché.

Il y a là, par une observation des comportements, matière à voir comment s'invente, comment se charge d'intérêt ce qui jusqu'à maintenant ne semblait pas digne d'être relevé, d'être nommé. S'installe une valorisation mutuelle par complémentarité entre ces jalons forts chargés de culture (d'une certaine densité d'événements, de monuments) face à leur contraire.

Les cheminées, la centrale elle-même, sont ainsi sorties de leur grillage

citation d'atelier du 04 mai 2010

Photo : Arnauld Laffage ©

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Vers l'invention, la révélation de nouveaux paysagesLà où existent des reconnaissances établies par le regard du plus grand nombre et renforcées par les différentes actions et communications mises en place par les aménageurs, on peut trouver des indicateurs d'évolution dans la médiatisation (promotion touristique), dans la localisation du petit mobilier paysager (belvédères, bancs…) jusqu'au sein des événements culturels organisés à l'échelle des villes ou des territoires comme le festival de Nantes Saint-Nazaire. Dans ces communications, les images clés et les mots emblématiques imaginés sont des embrayeurs pour de nouveaux comportements, de nouvelles appréciations des espaces. Ces indicateurs d'observation sont les instruments de l'évolution d'un imaginaire collectif.

Nous avons l'exemple des triangles de Felice Varini qui, par phénomène associatif, induisent la lecture de tout triangle rouge en relation à l'installation dans le port de Saint Nazaire (voir en introduction p 94-95).

"Un terme à trouver pour un nouveau concept à explorer" c'est ainsi que Bernard Lassus s'interroge lors de l'inauguration du Conseil National du Paysage en 2001. "Nous sommes maintenant devant une démarche autre, à l'éventail plus large que l'on peut appeler pour l'instant un "Aménagement global du Territoire", même si c'est avec prudence que j'avance le terme de global... , un territoire tout à la fois divers, mis à l'abri, promu, un habitat territoire... de plus à moins habité..."Un territoire par un paysage choisi"... un terme à trouver pour un nouveau concept à explorer".

Ce sont des démarches paysagères évolutives et non figées que nous devons chercher à établir. L'apport de nouveaux concepts pour l'évolution des pratiques d'aménagement est incontournable pour atteindre l'accomplissement d'un monde durable, pour construire un cadre de vie de qualité. Les démarches des aménageurs doivent faire preuve d'imagination et de créativité en se fondant sur des modes de création spatiale et des processus d'inventions paysagères toujours à redéfinir. L'aménagement du territoire, par l'expression de paysages reconnus et énoncés, implique l'exploration d'une approche dynamique.

Indicateurd'évolution : promotiontouristique

"Vues et vies insoupçonnées, milieux insolites et impénétrables, oiseaux rares, mortes ou vives eaux, histoires douces ou salées, laissez la Loire océane et son estuaire se révéler à vous ; vous n'en reviendrez peut-être pas …"c'estcequeproposeundépliant-programmedufestivalNantes/Saint-Nazaire

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Penser la ville est le mot d'ordre de la démocratie face à la crise qui nous rend inégaux en son sein. Planétairement, malgré leur diversité culturelle, les dirigeants des peuples "dominants" et "dominés" adhèrent aux même modèles et aux mêmes illusions urbaines en revendiquant leur part d'art comme une part de marché. Le résultat est une dissémination muséale qui ghettoïse l'art dans des espaces clos au lieu d'en faire le marqueur de l'urbanité.

L'artiste est aussi absent, au propre comme au figuré, de l'espace du paysage : c'est la conséquence d'un faisceau de préjugés culturels, concernant l'art contemporain  :  il serait à la fois incompréhensible, dérisoire et autiste. Pourtant,  "les écritures personnelles" des artistes, le biographisme universaliste de leurs enjeux, la diversité des techniques, devraient être perçus comme susceptibles de servir l'intérêt général à la façon de l'architecte, du designer ou du paysagiste. Jamais ne nous ont été proposées autant de nouvelles représentations, autant d'expériences sensibles susceptibles d'exprimer notre désir de paysage et d'urbanité.

Les actions constructives dans l'espace public sont déterminées par des programmes. Aujourd'hui aucune action ne peut être mise en œuvre si elle n'est pas juridiquement et techniquement appelée par un programme qui la définit. Ces programmes ne sont pas si nombreux : bâtiments institutionnels, services publics, voiries, transports, etc. Le sentiment est alors que rien ne devrait s'opposer à l'invention de nouveaux programmes. Pourtant la ville pensée et construite depuis la guerre montre le contraire  :  les nouveaux programmes sont relativement peu nombreux. C'est dans ces habitudes de gestion que l'impensé du paysage croit et embellit.

Aujourd'hui, rien ne devrait s'opposer à la commande d'œuvres destinées à l'espace public. L'histoire patrimoniale incline à la reproduction des attitudes culturelles, des catégories artistiques. L'histoire de l'art nous a appris les codifications successives qui ont régi

L'artiste inventeur de monumentalitésJean Pierre Nouhaud Historien d'art, professeur, ENS d'Arts de Paris-Cergy

l'inscription des œuvres dans l'espace urbain, nous avons reproduit à l'envie ces manières de penser et de faire œuvre dans la ville. Ce que la décision politique a gagné en démocratie elle l'a perdu en vision artistique  : nous sommes empêchés d'imaginer l'espace des œuvres hors d'une procédure administrative, ce qui exclut toute réflexion sur les formes urbaines. L'œuvre illustre et ne transforme pas. Cette culture de la commande est devenue un dogme paralysant, une relation perverse à l'histoire.

Nous avons oublié ce que l'artiste peut nous rappeler : le site primitif pour la fondation de la ville est le premier système d'espace, la figure géographique selon laquelle la ville va prendre forme et intelligibilité. Nous sommes toujours, malgré le temps, extrêmement sensibles à cette signification symbolique et spatiale première, les légendes y aident.

L'artiste est à la fois le gardien et l'inventeur de cette origine. Le gardien, parce que dans un univers urbain désymbolisé seul le monde sensible, dans son ensemble, perdure et porte encore, toujours détectables, les traces de l'histoire. On peut dans toutes les villes lire la manière dont l'œuvre a dépassé la commande pour provoquer une nouvelle façon d'interpréter l'espace et infléchir la suite des évènements construits. L'inventeur, parce qu'aujourd'hui l'action de l'artiste est l'occasion de penser l'avenir de la ville selon une nouvelle monumentalité, une sorte de génétique urbaine qui ne serait plus dominée par les seules formes issues des fonctionnalités sociales. Il s'agit de confier à l'artiste le soin de penser les échelles d'espace, les symboliques essentielles dont la ville d'aujourd'hui a besoin pour se libérer de tous les patrimoines, les bons comme les mauvais, qui la fétichisent et la modélisent. En un mot passer de l'allégeance esthétique à l'urbanité ambiante, à l'invention des repères monumentaux pour l'avenir de l'environnement naturel et construit.

Un artiste se doit de révéler, pas seulement le passé, mais aussi le devenir.

citation d'atelier du 7 avril 2010

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L'artiste et le paysageL'action artistique ne peut se satisfaire des conditions actuelles d'implantation des œuvres dans l'espace public, pas plus que des modalités de la commande. Quatre hypothèses peuvent permettre un renouvellement des relations entre l'art, l'artiste et le paysage : 

• Penser le paysage avec la participation d'artistes au même titre que d'autres acteurs de l'architecture, de l'urbanisme et des sciences sociales qui se fédèrent à des fins d'intelligence collective ;

• Réfléchir sur l'ensemble d'un territoire, en enjambant les limites administratives de manière à concerter les actions artistiques en évitant les anecdotes commémoratives. Pour ce faire, il faut en tirer les conséquences quant aux réserves foncières nécessaires. En outre des espaces se présentant opportunément au fil de la croissance naturelle et bâtie peuvent être inclus dans cette stratégie ;

• Envisager dans la durée ce rôle de l'art de manière à préserver l'intérêt général des lieux contre les trop ponctuelles et démagogiques expressions générationnelles ;

• Imaginer d'autres modes de commande et d'appel à concourir : l'expérience des Nouveaux Commanditaires de la Fondation de France est significative d'une autre voie que celle des concours publics.

A cela une condition  : une nouvelle culture de l'espace public doit propager l'idée que les riverains d'un lieu n'ont aucune propriété morale sur celui-ci et que chaque citoyen doit se sentir responsable de "l'ailleurs public".

En corollaire à ces recommandations il faut préciser que l'action des artistes n'est envisageable que si l'on conduit une politique d'animation culturelle qui ne subit plus la pression d'événements ponctuels, même si cette façon de faire présente des avantages. Il s'agit de bien autre chose.

Deux modes peuvent co-exister  :  le premier confie à l'artiste un rôle de révélateur du paysage. Le second met l'artiste en situation d'être un acteur de la construction du paysage par des actions durables participant au génome paysager de l'environnement. Ces deux façons poursuivent le même but  :  rendre visible les particularités morphologiques d'un site devenu illisible parce que les modes d'occupation des sols par le bâti les ont effacées, le saturant jusqu'à modifier son écologie et la rendre catastrophique. Il s'agit de réconcilier le savoir archéologique, historique, et les propriétés géographiques du site à travers ses formes propres, points de vue axialités, horizons, échelles, matières, climat, lumière, couleur.

Premier mode  :  demander à des artistes de faire un travail qui montre leur perception sensible d'un environnement naturel et construit, en jouant tout autant des formes du site primitif que des signes saillants de l'histoire matérielle et de la manière d'occuper ce site. Un travail artistique porteur des symboliques plastiques essentielles des lieux, qui par sa poétique permettra au citoyen de se situer dans les paysages de la cité et de ses entours. Aucun plan, aucune signalétique ne peuvent se substituer à la connaissance des lieux pour se situer. L'artiste est à même de le faire, à travers son œuvre, dans cette jungle de signes inclassables et juxtaposés, signifiant ainsi sa perception à un moment donné d'un lieu donné. Il devient un marqueur des espaces de l'agir artistique comme fil conducteur de la croissance d'un paysage donné.

Cette symbolisation d'un site par le travail artistique doit être affirmée dans la durée, comme s'il s'agissait d'un travail documentaire. Le fond d'œuvres constitué devient un appui pour d'autres artistes invités à décider d'actions durables pour un paysage expressif.

Second mode  :  l'artiste s'engage dans un projet qui associe librement des éléments appartenant tout autant au site géographique, à l'artificiel qu'au naturel, aux points de vue qu'aux axialités, à l'histoire qu'à l'archéologie, au patrimoine qu'a l'anecdotique, au simultané qu'à l'autrefois, à l'aujourd'hui qu'à l'avenir, à la lenteur qu'à la vitesse. Il s'agit de signifier que les catégories programmatiques, les réglementations parcellaires, les limites administratives sont dépassées, pour installer des conditions spatiales et formelles qui donnent un espoir et un avenir au paysage. Nous ne pouvons pas continuer à nous extasier sur ces cheminées d'usines, ces boulevards autoritaires bordés de platanes ou longés de murs strictement appareillés, ces ruelles chantournantes, ces modestes escaliers grimpeurs, en niant que leurs jeux géométriques dans le lointain ou la proximité nous enchantent, sans les reconnaître comme figures paysagères à la poétique prégnante.

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Nous avons notre attitude d’artiste vis à vis du site, et peut être qu’elle constitue en elle-même une prescription.

citation d'atelier du 10 mars 2010

La démarche paysage fait lien à tous nos territoires de coupures.citation d'atelier du 4 mai 2010

… pour en finirLa ville est une spatialité durable dont nous avons beaucoup de mal à admettre qu'elle impose et modèle l'expression sociétale. Nous pensons spontanément l'inverse. Pourtant dès le site primitif qui la voit naître, la perception de celui-ci guide l'installation des hommes qui la fondent. La suite est une longue histoire de destructions et de reconstructions, répétées, qui placent les occupants successifs devant les mêmes questions  :  pourquoi et comment détruire, comment reconstruire et pourquoi  ? Faire et défaire, refaire et défaire. L'imaginaire urbain est dominé par ce mouvement qui, au fil du temps, devenu autonome ne se préoccupe plus du paysage auquel il participe, des conséquences sur ce qui est ailleurs.

Tout programme est un chantier qui construit une réalité urbaine mais en détruit une autre, détruit des liens avec le reste de l'espace  :  la disparition irréversible de matériaux et de formes construites sont autant d'échelles d'espace désormais absentes qui handicapent, dégradent, parfois suppriment les caractères d'un paysage. Chaque destruction n'est jugée qu'à l'aune de son utilité locale, à l'inverse chaque construction l'est selon ses formes et leur capacité architecturale à se rapporter au paysage qui l'enveloppe. L'acte constructif n'est alors plus jugé sur le civisme programmatique qui l'a justifié, mais sur la perception sensible que nous en avons. Mais jamais aucun programme n'est porteur de la moindre exigence paysagère. L'histoire urbaine est accablée de ces exemples de ratages architecturaux qui tiennent à cette indifférence paysagère. Nous croyons que l'artiste est en mesure de stopper ce mouvement du faire et défaire ponctuel. La ville n'est plus qu'une juxtaposition de parcelles qui handicapent tout dessein plus prégnant. La construction de paysages dans la durée exigera une culture de l'aménagement selon, au moins, deux perspectives : 

Celle selon laquelle le patrimoine et l'architecture ne seront plus associés dans une vision culturelle qui entend construire l'Histoire avant d'organiser l'espace de l'avenir. La ville ne doit plus être conçue comme un musée où l'architecture s'expose en espérant devenir patrimoine. L'alternative est alors : soit les villes sont au goût du jour, soit leurs formes, parce qu'elles déterminent le paysage, deviennent l'objet premier de son expression.

La seconde interprète autrement l'état naturel et construit. La notion de périphérie est obsolète si l'on admet que l'urbain s'étend à l'échelle des régions. L'ensemble constitue un milieu où ces deux états sont entrelacés dans une commune morphogenèse. Une partie du paysage se fait sans nous parce qu'il est le solde d'aménagements collatéraux. Dès lors, les nouvelles expressions du naturel comme de l'artificiel devront participer à l'invention de formes paysagères pour de nouvelles contiguïtés où de nouvelles continuités. C'est une programmation ou le particulier tient compte de l'ensemble pour exprimer les mouvances paysagères à venir.

Les villes ne se ressemblent pas et se ressembleront de moins en moins dès lors qu'on ne les résumera pas à leur architecture et leur urbanisme. Le milieu physique qu'elles constituent par leur empreinte originelle, les particularités de leur sol, de leur climat, de leur hydrographie, les conséquences locales du changement climatique, l'état de leur agriculture dans l'étalement urbain, l'intersection des deux donne des formes et suscite des enjeux qui les identifient. Mais il y a plus encore : L'écologie générale des communes a été négligée jusqu'à ce que les sites des villes soient handicapés dans leur gestion ordinaire comme dans leur développement. Les pollutions domestiques et industrielles amplifient les catastrophes météorologiques locales. Cette écologie locale, à l'échelle du dérèglement climatique, aura des conséquences sur la morphologie des villes et l'altération des paysages. En réponse, le génie civil  bouleversera profondément les paysages et leurs biotopes : des chantiers d'une ampleur jamais envisagée seront mis en œuvre. Les nouveaux paysages dépendent des réponses que nous apporterons à ces questions.

Ce "paysage" climatique, orageux, qui s'annonce est la matière dont l'artiste peut à tout moment s'emparer parce que, par nature, depuis la révolution néolithique, il invente les représentations du monde dont nous avons besoin pour affirmer nos croyances, nos savoirs, nos arbitraires esthétiques, fabriquer les signes de notre histoire et, plus vitalement, le langage avec lequel nous organisons notre environnement sensible.

Bibliographie : • Gilles Clément, Gilles Tiberghien, Dans la Vallée,

biodiversité, art et paysage. Ed. Bayard 2009.

• François Walter, Les figures paysagères de la nation, Ed. EHESS 2004.

• Alain Corbin, L'homme dans le paysage, Ed. Textuel, 2001. L'avènement des loisirs 1850-1960, Ed. Aubier 1995. Le territoire du vide, l'Occident et le désir de rivage, Ed. Aubier 1988.

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transformer l'état d'esprit

du travail de projet

"Le monde actuel, toutefois, exige plus que la seule

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jardins publics, aussi réussis soient-ils. C'est l'urbanisme en

son entier qui doit avoir partie liée avec le jardinisme et le

paysagisme."

Extrait d'un livre, en cours de rédaction, de Jean-Pierre Le Dantec, 17 juin 2010.

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Matière "Paysage" signifie rassembler des exemples développés autour d'une pratique concrète de la démarche "Paysage" depuis 2008, au sein du service aménagement parallèlement au travail d'atelier. Cette matière a vocation à montrer la transformation de l'état d'esprit à l'œuvre dans les questions d'aménagement telles qu'elles nous sont posées aujourd'hui.

Révéler les figures du Grand Paris, préfigurer, des promenades urbaines aux regards d'artiste, et transformer l'état d'esprit de nos projets d'aménagement désignent naturellement des actions concrètes et engageantes vers :

• ceux qui agissent sur les paysages, les établissements publics d'aménagement, les établissements publics fonciers, les Conseils Généraux, le Conseil Régional, Paris métropole pour évoquer de grandes institutions.

• les corps de métiers, le paysagiste conseil, l'architecte conseil, l'inspecteur des sites, l'architecte des bâtiments de France, l'ingénieur de l'aménagement, ceux avec qui nous partageons.

• l'État dans son rôle de stratège et sa capacité d'influence, porter à connaissance, contrôle de légalité....

4 .1 Matière "Paysage" 2008-2011Jacques Deval, Architecte et chargé de mission "Paysage", DRIEA IF

Ce premier travail de valorisation cartographique, à la manière de l'atelier "Paysage", souhaite contribuer à la composition de l'atlas des monuments historiques développé par la direction des affaires culturelles d'Île-de-France.

Habité depuis 1888 jusqu'en 1960 par son propriétaire, la Maison de Fer est construite selon un prototype breveté par Joseph Danly, élève de Gustave Eiffel, un des trois seuls prototypes existants avec ceux de Jarville en Lorraine et d'Arcachon.

Cette maison est inscrite depuis 1975 à l'inventaire des monuments historiques. Acquise en 1982 par l'État, la direction départementale de l'équipement des Yvelines, après l'expropriation pour la construction de l'autoroute A14, elle a brûlé quelques mois plus tard, entraînant un arrêté de péril et une demande d'obturation des baies par l'architecte des bâtiments de France. En 1984, le ministère de la culture demande à Jean Prouvé de réaliser le relevé de la Maison de Fer. Laissé ensuite à l'abandon par les services de l'équipement, la mairie de Poissy-sur-Seine souhaitait pourtant bien conserver ce

Le monument historique garant de la qualité de l'aménagement d'un territoireLa Maison de Fer à Poissy-sur-Seine

Afin de dépasser le seul caractère réparateur du volet paysager, notre démarche "Paysage" pointe le fait que les établissements publics d'État sont des modèles de transversalité avec de véritables moyens financiers.

Il s'agit de donner une vision concrète de la pertinence d'un regard "Paysage".

La diversité des propos sur le paysage qui viennent d'être exposés constitue un véritable manifeste "Paysage", c'est un état des lieux en la matière, un point de départ en accord avec le caractère exploratoire du travail de l'atelier "Paysage".

Nous disposons maintenant d'un ensemble de positions culturelles pour faire évoluer nos modes de faire.

monument historique. Avec la Villa Savoye de l'architecte Le Corbusier, monument classé, et ses sites classé et inscrit, la Maison de Fer enrichit d'autant le patrimoine de la ville offrant les conditions d'un rayonnement culturel de haute qualité à la ville.

Le site, un objet artistique ? Cela suppose qu’il ait déjà une identité naturelle, par exemple le cas d’une confluence fluviale, et là indéniablement, l’action artistique sera de souligner cette identité.

citation d'atelier du 21 janvier 2010

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Alors, malgré l'état de l'édifice, cette conjonction offre une opportunité pour désigner ce monument historique comme lieu de création d'un événement artistique (musée de l'architecture métallique associé à un lycée professionnel, résidence d'artiste, par exemple). Cet événement créé, situé sur un délaissé autoroutier à

la lisière urbaine (comme le montre la cartographie ci-dessus) prend appui sur la qualité de monument historique et donnerait une âme aux projets futurs d'alentours, exigeant des programmes et des réalisations de qualité à nos maîtres d'ouvrages.

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Photo : Bruno Gauthier (DRIEA IF)Photo : service départemental de l'architecture et du patrimoine des Yvelines©

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Dans l'esprit du paysage, la tradition des stylites "incite les passants à les regarder, à regarder vers le haut, vers le ciel, à imaginer le chemin intérieur qui nous amène à la tolérance et au respect des autres". "Talkings  Continents", les stylites de Jaume Plensa, de Nice à Jacksonville en Floride et à Vallorbe en Suisse, s'inscrivent à l'échelle mondiale.

À Vitry-sur-Seine, dans une zone d'aménagement concerté d'envergure régionale, cette intervention souligne la perspective de cette route départementale RD  5, ancienne voie romaine et route des bourgs du Val-de-Marne reliant le plateau d'Orly à Paris. Elle confère

Une œuvre d'art donne l'échelle à un "territoire d'intérêt national"La zone d'aménagement concerté (ZAC) Concorde-Stalingrad à Vitry-sur-Seine

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une dimension territoriale aux œuvres déjà présentes, telles le mur pignon de Norman Dilworth (2010), la "Chaufferie avec cheminée" de Jean Dubuffet (1970-1996), la feuille de Ginkgo biloba en aluminium brossé de Frédérique Lucien (2008), la fontaine de Bernard Lallemand (1990) ou le signal de Piotr Kowalski 1974, face à la mairie.

A la bonne échelle, celle du Grand Paris, c'est ainsi devenu un vrai "boulevard des Arts", un lieu de référence aux projets futurs de ce territoire d'intérêt national Orly-Rungis Seine Amont.

Page 121: Guide atelier "Paysage" en Île-de-France

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Référence artistique "Désir-Rêve", œuvre de Jaume Plensa à Vitry-sur-Seine

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Vers un symposium international du paysageLe débat public autour du projet de La Bassée dans le grand provinois

Il s'agit d'introduire le "porter à connaissance" du schéma de cohérence territoriale du grand provinois et les objectifs de l'enquête publique, préalable au projet de La Bassée lié au plan Seine.

L'ampleur des transformations projetées rend l'objectif de qualité paysagère essentiel et justifié par l'application de la Convention européenne du paysage signée en 2000 à Florence sous l'égide du Conseil de l'Europe et ratifiée par la France en 2005 : "le paysage représente une composante essentielle du cadre de vie des populations, expression de la diversité du patrimoine culturel et naturel de l'Europe, contribuant à l'épanouissement des êtres humains et à la consolidation de l'identité européenne."

Ce territoire du grand provinois rassemble des figures de caractère monumental :

• les figures naturelles du plateau et coteau de La Brie, de la rivière dite de la petite Seine et du site de la Bassée, elles forment un ensemble bien exprimé notamment par l'atlas des paysages de la Seine-et-Marne ;

• des figures construites et symboliques comme les silos de Verneuil, la raffinerie de Grandpuits, la centrale nucléaire de Nogent-sur-Seine, les remparts de Provins classés au patrimoine mondial de l'UNESCO, figures dominantes du plateau ;

• des figures projetées de grande ampleur ;

° la construction de casiers pour écrêter les crues du fleuve par l'institution interdépartementale des barrages-réservoirs du bassin de la Seine ;

° la mise au grand gabarit de la petite Seine sous la maîtrise d'ouvrage de Voies navigables de France.

LaBasséeentreagricultureexploitationdematériauxetpêche

Photo : Bruno Gauthier © (DRIEA IF)

SiteUNESCO,figuremétaphoriquedugrandprovinois

Provins,villedefoiremédiévale,estinscritdepuis2001inatlasdesbiensfrançaisdelalistedupatrimoinemondial,conventionconcernantlaprotectiondupatrimoinemondial,cultureletnatureladoptéparl'UNESCOen1972.

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AtlasdespaysagesdeSeineetMarne,ConseilGénéral2007

La plupart des communes de La Bassée ont leurs territoires situés à la fois rive droite et rive gauche du fleuve, et les incidences de ces ouvrages sur la continuité paysagère perçues et vécues sont évidentes.

Deux débats publics vont être lancé fin 2011 pour la cohérence de réalisation concernant ces deux ouvrages d'art.

La démarche "Paysage" peut être un espace de médiation, d'un ensemble d'enjeux techniques souvent contradictoires : les documents techniques régionaux de planification, les politiques de l'habitat et de l'environnement, la nécessaire préservation de la qualité de l'eau et des milieux aquatiques, la limitation des conséquences des crues, la protection du milieu naturel, le développement économique des territoires et en particulier du tourisme

"vert" et "bleu", l'exploitation économe et durable des granulats alluvionnaires, des ressources agricoles, forestières, de la pratique de la chasse et de la pêche.

Les incidences du dessin de ces projets sont majeures dans la composition harmonieuse de ces figures de paysage, un dessin qui doit relier la science de l'hydraulique et l'art du paysage. Du jardin d'Este, expression des sciences les plus avancées de l'hydraulique à la Renaissance italienne en passant par les projets monumentaux sur la lagune de Venise aujourd'hui, ce sont les références qui comptent pour changer l'état d'esprit du travail de projet qui se développera de toute façon à La Bassée.

L'événement proposé par l'atelier "Paysage" serait de concevoir et construire un symposium international du paysage un travail de projet qui permettrait d'explorer les voies possibles et d'engager leur processus de création artistique pour de nouveaux paysages contemporains.

N’oublions pas qu’en activité "Paysage", nous avons le rapport suivant, celui d’un petit nombre à le porter, un grand nombre à le fabriquer.

citation d'atelier du 10 mars 2010

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"Le paysage est affaire de sensibilité, et cette dimension là est absente de la carte… c'est ce manque qui justement me révèle la singularité du paysage… Dessiner la carte à la main, passer et repasser aux mêmes endroits, cerner peu à peu les points forts, constants, tenaces, d'un territoire, voilà qui est irremplaçable… le terrain, c'est tout le plaisir de notre métier." Jacques Sgard, urbaniste paysagiste1.

L'Île-de-France recèle tout un ensemble, très divers, de travaux d'atlas2 depuis celui des Yvelines, le premier en France, dessiné par les paysagistes Mazas & Freytet en 1992, celui de la Seine-et-Marne en 2007, et celui que vient de terminer Michel Collin pour le Val d'Oise, mais aussi le plan guide de valorisation des paysages des Hauts-de-Seine ainsi que les éléments pour une politique du paysage en Val-de-Marne réalisé par l'équipe Folléa & Gautier.

1 "Grandpaysage :leprojetestdansl'écartentrelacarteetleterrain",entretienavecJacquesSgardparDenisDelbaere,lescarnetsdupaysageautomne-hiver2010-2011.

2 Voirbibliographie.

Deux références s'imposent d'emblée pour l'échelle des grands paysages régionaux :

• "Le dessin de composition urbaine" par Gérald Hanning architecte urbaniste pour le schéma directeur d'aménagement et d'urbanisme de la région d'Île-de-France (1976).

• "La carte de synthèse comme document d'appui aux démarches d'aménagement" de Jacques Sgard, paysagiste urbaniste (1996).

Le travail d'atlas des paysages comme support de création de projet

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"L'architecte-urbaniste Gérald Hanning a inventé un mode pour interpréter graphiquement l'occupation humaine d'un lieu, la trame foncière... développée ensuite par d'autres urbanistes (Pagès, Tricaud, Blumenfeld 2001). Dans leurs écrits la trame foncière apparaît comme étant la structure organisatrice de la mise en forme du paysage et conséquemment sa connaissance est jugée indispensable pour la composition des paysages urbains et ruraux" Aiala Olabérria Lopez Quintana, master ENSP de Versailles 2008.

Souvent les atlas des paysages se révèlent diff i-ci lement appropriables par les aménageurs

citation d'atelier du 10 mars 2010

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124DRIEA IF / SA / DATM Atelier "Paysage" en Île de France - 2009/2011 DRIEA IF /SA/DATM/UVAT Atelier «Paysage» en île de France - 2009/2010DRIEA IF / SA / DATM Atelier "Paysage" en Île de France - 2009/2011

En notre démarche de projet, le travail d'atlas nous confronte à un écueil, son côté inventaire des sites, en effet difficilement appropriable. Cependant, l'approfondissement des sites à enjeux tempère souvent cet écueil régulièrement signalé. Dessindesgrandspaysagesdel'Île-de-France

Cartedesynthèsedudocumentd'appuiauxdémarchesd'aménagementde Jacques Sgard, paysagiste urbaniste, en collaboration avec ClaireGautier et Bertrand Folléa , France Trébuc, paysagistes; suite au SDRIF1994,ConseilRégionaletPréfectured'Île-de-FranceIAURIF1996.

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DRIEA IF / SA / DATM Atelier "Paysage" en Île de France - 2009/2011 125DRIEA IF /SA/DATM/UVAT Atelier «Paysage» en île de France - 2009/2010125DRIEA IF / SA / DATM Atelier "Paysage" en Île de France - 2009/2011

Limite administrative de la Région Île-de-France

Normandie —> VexinNormandie —> Mantois —> Plaine de VersaillesGâtinais —> BièreLaonnais —> Soissonnais —> Valois —> Plaine de France

Vexin —>

Vallée de la Seine —>

Plaine de France

Plaine de France

Vallée de la Marne

Vallée de l'Oise

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Surface définie par le S.D.R.I.F. (Schéma Directeur de la Région Île-de-France) à l'échéance 2015 pour le développement de l'agglomération parrisiènne.

Front urbain à traiter

Continuité verte (espace ouvert + masses boisées ou plantations) à préserver

Point ou zone de coupure de l'espace ouvert par les grands équipements necessitant des mesures paliatives

Espace-clé déterminé en fonction de sa position stratégique : pénétration de l'espace régional au coeur de l'agglomération

Hauteurs de l'Hautil : lisière à dégagerCourdimanche-Menucourt : coulée vezrte à affirmerFront urbain de Cergy-Pontoise : traitement du front urbainVallée de la Viosne : continuité et largeur à sauvegarder

Coteaux de Seine - Orgeval : alternance de zones urbanisées et de coulées verte à maintenir

Plaine de Versailles : maintien d'un espace ouvert substantiel

Plateau de Saclay : espace ouvert et lisières à sauvegarder : risques de tronçonnement

Secteur de longjumeau - Montlhéry : reconstitution d'une trame verte à partir de ce qui reste de l'espace agricole

a Melun-Sénart : traiter le front urbain et les coupures de l'espace ouvert

b Vallée de l'Yerres : pénétration dans l'agglomération à préserver

c Marne-la-Vallée : traiter le front urbain et le contact avec la forêt

Colline de Vaujours, acqueduc de la dhuys continuité à sauvegarder risque de stationnement

La coulée verte du bourget : à sauvegarder à relier à la Plaine de France

Les trois forêts (Montmorency, l'Isle-Adam, Carnelle) et le secteur de Montsoult : danger d'interruption de la continuiter d l'espace ouvert

Le plateau de Pierrelay : espace ouvert à consolider

Lisière forestière en contact avec un espace ouvert rural

Espace ouvert rural à affirmer

Beauce —> HurepoixChampagne —> BriePicardie

Vallée de la Seine avalVallée de la Seine amontVallée de la MarneVallée de l'Oise

Les grandes unités paysagères régionales

Le contact des grande unités paysagères régionales avec l'agglomération parisienne

Espaces-clés

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Plus relative à une commande d'atlas des paysages de la direction départementale de l'équipement de Seine-Saint-Denis en 1999, la réponse "Projet" de Jacques Sgard apparaît utile à assimiler en ce sens.

Cette volonté de projet sur un territoire fragmenté par les infrastructures routières et ferrées le conduit à "une synthèse cartographique du territoire proposant la création d'un nouveau maillage, paysager celui-là, indépendant des infrastructures et permettant de relier les sites entre eux".

Dans le même esprit, nous observons la volonté du département de l'Essonne de réaliser un schéma départemental des paysages "qui articule la ville, la nature et les infrastructures (et devient) le bras armé d'une stratégie politique au côté des outils opérationnels".

L'exemple du plan vert du Val-de-Marne exprime bien ce caractère opérationnel qu'il est aussi possible de donner sur la base d'un travail d'atlas préalable. Ce travail spécifique, élaboré par Claire Gautier et Bertrand Folléa au sein d'un club Paysage fut initié par Catherine Bergeal, architecte et urbaniste de l'État à la direction départementale de l'équipement du Val de Marne. Ce club a réuni entre 1999 et 2002, un réseau de professionnels en la matière, initiative aboutissant à des éléments de politique1 mettant

1 "ÉlémentsdepolitiquedepaysageduVal-de-Marne"réalisépar ClaireGautier etBertrandFolléa, sous la directiondeCatherine Bergeal, chef du groupe études et prospective,DDE942002

en scène la diversité des paysages ordinaires du Val de Marne. Connaissance précise, superbement dessinée par les deux paysagistes, qui permet aujourd'hui à Jacqueline Varier-Gandois (paysagiste et directrice-adjointe des espaces verts et des paysages du Conseil Général du Val-de-Marne) de mener en toute connaissance de cause des actions d'aménagement liées au plan vert départemental 2006-2016.

À l'échelle de l'Île-de-France, le travail sur les unités paysagères réalisé par un groupe de travail régional piloté par l'Institut d'aménagement et d'urbanisme, constitue le premier inventaire des paysages. Nous noterons en particulier la finesse de cette toponymie partagée.

Encore plus précisément, l'étude récente sur les paysages urbains du Conseil Général de la Seine-et-Marne, étayée par son travail d'atlas des paysages, s'attache à apprécier les enjeux de l'urbanisation et l'influence de l'agglomération parisienne sur les paysages seine-et-marnais.

L'ensemble de ces travaux d'expression de territoires constitue un fond indispensable pour notre démarche de projet "Paysage".

Pourquoi demander à l’artiste la préservation d’une valeur patrimoniale en sens figé ? L’ambition est plutôt celle de réunir en espace, une nouvelle valeur, qui supportera elle-même toute la poésie des éléments de témoignage.

citation d'atelier du 7 avril 2010

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LadiversitédespaysagesduVal-de-Marne,2002

Néd'unclubpaysageassocianttouslespartenairesconcernésdudépartementduVal-de-Marne,cetravaild'étuderesteàvaloriser.Seul“Desélémentsdepolitiquesdupaysage”ontétédiffusés(voirbibliographiesurletravaild'atlasdespaysages)sousl'égidedeladirectiondépartementaledel'équipementduVal-de-Marne.

Del'atlasàl'actionpaysagedudépartementduVal-de-Marne,2006

Untravaild'étudesetdeprogrammationréaliséeparJacquelineVarier-Gandois,paysagiste:documentdeladirectiondesespacesvertsetdupaysage,extraitduplanvertdépartemental2006-2016.

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Extrait du dossier de programme de la consultation internationale d'idées "urbanisme et développement durable", mission de préfiguration, préfecture de la région Île-de-France 2007.

Le caractère du site est donné par ces figures monumentales :

• la figure naturelle du plateau de Saclay ;

• Un champ de blé, une étendue de plus de 2000 hectares de même échelle que le parc du château de Versailles ;

• La figure construite des grands tracés domaniaux ;

• les figures métaphoriques de la machine de Marly, avec le réseau de rigoles royales alimentant les fontaines du château de Versailles, et le synchrotron du centre à l'énergie atomique aujourd'hui.

Un champ de blé comme métaphore d'un campus d'envergure internationaleL'opération d'intérêt national du plateau de Saclay

Lepaysagecommeprogramme,plainedeVersailles,plateaudeSaclay

Élémentsde référencespour leprogrammeurbanismeetaménagementdurablede lapremièreconsultation internationaleautourde laquestionduplateaudeSaclaysousl'égidedelaPréfecturedelarégionÎle-de-France.

Jacques Dutronc nous chante "un petit champ de blé…" qui disparaît sous la pression foncière des grands ensembles dans les années 1960, cette chanson entretient la nostalgie que nous pourrions avoir du champ de blé si fragile et si convoité du plateau de Saclay.

La mémoire des lieux, le tracé et le vocabulaire existant des rigoles, doit enraciner et donner du sens et de la beauté au campus international comme souhaité pour l'opération d'intérêt national.

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Lesrigolesroyales,tracesprimordialesdupaysage,territoiredeSaclay

Lesrigolesroyalessontdesélémentsdemémoiredel'histoireetdel'actualitédelarelationentreleplateaudeSaclayetlaplainedeVersailles(voirétatdes lieux,pagesuivante)photographiesextraitesde"Paysagesterritoires,métaphoresdel'Île-de-France"deWilliamHayonet Jean-FrançoisChevrier,Parenthèses2002.

LaredoutedeSatorycommeclefdupaysage

L'inventiondupaysageparlesservitudesvisuellesnéesdelaprotectionduchâteaudeVersailles,enl'occurrencedelachambreduRoi,servicedépartementaldel'architectureetdupatrimoinedesYvelines.

la grande ceinture ferrée

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ÉtatdeslieuxdutracédesrigolessurleplateaudeSaclay",sousladirectiondeWilliamHayonarchitecteeturbanistedel'ÉtatlorsdelaréalisationduCD-Rom"Paysagesprotégés",directionrégionaledel'environnement,agencedesespacesvertsetinstitutd'aménagementetd'urbanismed'Île-de-France.

Les rigoles royalesbon état

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L'ossature paysagère préexistante dans le sud-ouest de la région Île de France,issue de l'accumulation au fil du temps de grands domaines, a constitué le support et l'accompagnement des développements urbains franciliens.

plateaudeSaclay,delapetiteàlagrandeéchelleetréciproquement.

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Lesgrandstracésdomaniauxsurlacartedeschassesduroi",BertrandWarnier,architecteurbaniste,extraitdudossiergrandexpertdelaconsultationinternationaleautourduplateaudeSaclay,préfecturedelarégionÎle-de-FranceDREIF2007.

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"L'engouement pour l'écologie et l'environnement nous fait osciller entre la recherche du bien être et l'émergence de peurs collectives. Face à ce nouvel encadrement réglementaire du développement durable, le projet de paysage propose une inversion du regard." Bernard Reichen, architecte urbaniste, membre du conseil scientifique de la consultation, extrait de la séance "Grand Paris" du pôle "Paysage" au conseil général de l'environnement et du développement durable, février 2009.

De "la continentalisation"1 à "L'architecture de la grande échelle"2 qui définissait le cadre de cette consultation internationale de recherche et de développement, le

1 "L'Europeestpournousunpaysagede l'urbanisation,uneseuleunitéurbaineàl'échelleducontinent."AlainGuilleuxdans"Lavillequifaitsignes",unouvragesoussadirection,LeFresnoy,LeMoniteur,Lille2004.

2 "L'architecture de la grande échelle", programmeinterdisciplinairederecherche,DAPA/ministèredelacultureet de la communication et, ministère de l'écologie, del'énergie,dudéveloppementdurableetdel'aménagementdu territoire, ministère du logement, sessions de 2006 à2009.

paysage doit ainsi conduire un champ de médiation afin de concevoir et construire plus complètement notre vision régionale.

Comprendre cette production de discours et d'images devient alors primordiale pour servir une perspective actuelle de débat public.

Afin de dessiner l'avenir du Paris métropolitain, les regards d'artistes et/ou de savants des dix équipes pluridisciplinaires invitées à cette consultation, enrichissent notre vision régionale, notre culture liée à ce territoire.

Ces réponses, au delà des programmations urbaines suggérées, constituent un véritable espace de création pour penser le paysage métropolitain du XXIème siècle, celui de l'après Kyoto.

Ainsi, les équipes articulent la diversité des échelles du paysage, du monumental au domestique, dans cette relation harmonieuse de la ville et de la nature : du "fleuve habité" à la "forêt urbaine", des "lisières urbaines" à "l'agriculture urbaine", par exemple.

Le travail de projet comme espace de création du paysageLa consultation internationale du Grand Paris

LefleuvehabitécommepaysagecontemporainpourleGrandParis,enréférenceaupotentieldedensificationduSDRIF2008

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Des oxymores, si caractéristiques de la notion de "Paysage", se trouveront ainsi largement développés dans les réponses. Ils offrent en effet des représentations métropolitaines pertinentes et efficaces à travers principalement :

•  "les paysages sensibles" du grand ensemble au pavillonnaire, construction de la ville sur la ville, fondés sur une évolution populaire et démocratique de cette relation ville/nature, considérée comme l'échelle la plus rapidement efficace, productrice d'emploi, de lien social ;

•  les "collecteurs métropolitains" notion empruntée à Djamel Klouche/ l'équipe AUC autour de parcs urbains, jardin botanique, espaces singuliers, lieux mythiques ;

• "le grand paysage" des territoires fluviaux, des espaces agricoles sinon naturels.

"Laforêturbaine"

"L'agricultureurbaine"

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Ce travail de projet manifeste de nouveaux savoirs et savoir-faire de programmation architecturale, urbaine et paysagère qui seront très utiles pour accompagner les volontés de planification, sinon de prospective urbaine à venir.

Le travail de "Projet" montre une approche créative et sensible "pas à pas", tel qu'il est présenté par Paola Vigano et Bernardo Secchi ;

• tissant les lisières urbaines (équipes Jean Nouvel et Finn Geipel) ;

• inventant les ouvrages d'art de vivre avec l'eau (les "wet-lands" de Paola Vigano et Bernardo Secchi) ;

• imaginant une agriculture urbaine, des clusters agricoles au service de la ville ; ou, une reforestation du territoire régional (équipe Descartes et MVRDV) ;

• rythmant le territoire de Paris Rouen Le Havre (Antoine Grumbach) ;

• suggérant des "balises urbaines" à l'échelle métropolitaine (Christian de Portzamparc) ;

• transformant les situations et substances urbaines du pavillonnaire comme celles des grands ensembles (AUC) ;

• dessinant les "armatures" de la ville de demain sur le "paysage de fer" d'aujourd'hui (équipe de Richard Rogers) ;

• Imaginant le droit à l'urbanité (Roland Castro).

Primordiale pour une bonne pédagogie du projet et de sa médiation publique, il faut remarquer le savoir faire en art graphique, en design urbain (Ruedi Baur/Fin Geipel ou de Paul Ouwerkerk/MVRDV) ; ainsi que le rôle de ces artistes pour renouveler les visions territoriales, comme l'avaient réalisé Daniel Buren ou Alain Fleischer, (directeur de l'école du Fresnoy) en introduisant la présentation de l'équipe Jean Nouvel.

Les réponses à cette consultation internationale donnent ainsi à voir les nouvelles figures de la réconciliation de la ville et de la nature. Cette "inversion du regard" assumée est certainement la caractéristique commune de ces dix réponses, qui prônent toutes une philosophie de la nature comme une culture. Nature où le végétal s'impose bien en l'un des éléments naturels de composition avec le vent, le soleil et l'eau et leurs paysages associés.

En nos multiples projets d’aménagement, manquant de façon récurrente d’insertion historique décente et d’analyse à échelle plus globale on assiste à une remise en cause de la pérennité. Cela marque un tel manque de confiance général manifesté en cet esprit : tout sauf d’éternité ! … une vraie déliquescence.

citation d'atelier du 7 avril 2010

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LanatureurbaineexpressioncréativedelaconsultationinternationaleduGrandParis

L'ensembledes imageschoisiesestextraitdutravaildeprojetdeséquipesd'architectesurbanisteschoisies lorsde laconsultation internationalepourl'avenirdelamétropoleparisienne,diteduGrandParis,PUCA/ministèredelacultureetdelacommunication.Uneconsultationmenéedanslecadredugroupementd'intérêtpublic"L'Europedesprojetsarchitecturauxeturbains"interministériel.

Fleuve Etang fleuve

Centre urbain Industrie fleuve

Jachère Restauration Agriculture ancienneEnergieAlimentaireMarchandisesMobilitéStokage du carboneBiodiversitéIdentitéBiogéochémiquecycles

Terrain arable Pâturage fleuve

Parcs Services Transit

Nature sauvage Parcs à thème

Paysage actuel

Paysage actuel

Paysage actuel

Paysage multifonctionnel

Paysage multifonctionnel

Paysage multifonctionnel

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Une promenade urbaine pour comprendre le site du Grand RoissyÉtablissement public d'aménagement de la Plaine de France

La démarche "Paysage" propose une prise de distance vis à vis du territoire de Roissy grâce aux promenades urbaines. Cet outil offre de nouveaux "points de vue", des dispositifs d'expérimentation à l'attention de l'établissement public Plaine de France.

Roissy,lacoupedubalconfluvial,duGrandParisetdelaSeine

Roissy,panoramasurleGrandParisdepuislasalled'embarquementdel'aérogare

Dessin : Ingrid Saumur © (paysagiste)

Photo : Jacques Deval © (DRIEA IF)

Écouen,panoramadesterrassesduchâteausurLaplainedeFrance

ContributionàlaréflexionsurleGrandRoissy.

Photo : Bruno Gauthier © (DRIEA IF)

L'approche sensible de ce grand territoire nous montre deux horizons:

• l'horizon de la Plaine de France vue des terrasses du château d'Écouen ;

• l'horizon de l'aérogare sur Paris et la vallée séquanienne.

La promenade se déroulera sur le lieu même d'une inversion de l'espace francilien, il le révèle dans toute son ampleur.

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Les lieux de médiation des métiers du paysageSéminaire Sites&Paysages septembre 2009

Ce séminaire est l'expression de la médiation possible entre les métiers du paysage, un moment efficace et convivial, en particulier entre les inspecteurs des sites, les architectes des bâtiments de France et le réseau des ingénieurs de l'aménagement.

Et, pour terminer sur une métaphore belle et opérationnelle ayant trait avec notre démarche "Paysage", j'évoquerai l'intervention1 sur la prévention des risques d'instabilité des falaises et des boves des coteaux de la Roche-Guyon, travail d'étude (en cours) réunissant tous les métiers du paysage.

1 Intervention de Stéphane Lucet, inspecteur des sites etde StéphanieAntoine de la directiondépartementaledesterritoiresduVald'Oiseassociéaucentred'étudetechniquedel'équipement.

Photo : Jacques Deval © (DRIEA IF)

Photo : Jacques Deval © (DRIEA IF)

ChâteaudelaRoche-Guyon,lesparticipantsduséminaireSitesetPaysages.

PanoramadespitonscalcairesdelaBoucledeMoissonàlaRoche-Guyon.

Aussi la beauté de ce paysage de la Boucle de Moisson pourrait devenir lieu d'un événement artistique, car au-delà des contraintes techniques cumulées, celles-ci ne constitueront jamais à elles seules le projet humain attendu.

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Conclusion

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Des corridors biologiques aux monumentaux transports automatiques projetés, du vélo-route transeuropéen aux champs d'éoliennes, du canal Seine-Nord Europe et ses incidences sur les aires de rives du fleuve, de grands projets se mettent en place aujourd'hui. Face à la puissance de ces projets d'environnement, d'équipement et d'aménagement, une réflexion exploratoire s'est engagée au sein de l'atelier "Paysage" en Île-de-France. Cette démarche "Paysage" s'inscrit dans les dynamiques métropolitaines, en particulier celles du Grand Paris. Il s'agit de concevoir et de construire une culture de territoire grâce à une diversité d'expertises rassemblées au sein de l'atelier afin de fabriquer un lieu de médiation pour révéler les figures du Grand Paris.

Cette approche par le projet s'appuie avant tout sur une connaissance issue d'un travail autour des atlas des paysages, travail développé par l'État et les collectivités locales depuis plus de quinze ans dans les grands territoires départementaux et régionaux franciliens.

Au delà de cette connaissance, il s'agit aussi de s'appuyer sur les métiers du paysage : architectes des bâtiments de France, inspecteurs des sites, paysagistes conseils et architectes conseils de l'État, acteurs de l'ingénierie de l'aménagement et de l'environnement.

Connaissances, métiers, méthode : la richesse de cette conjonction autour de l'atelier "Paysage" en Île-de-France a ainsi favorisé la définition des figures du Grand Paris en donnant entre autre à voir les radiales, confluences et lisières urbaines de la métropole.

Nous avons ainsi présenté la méthode des figures et des promenades urbaines. La construction d'une culture de territoire par l'approche sensible de l'espace et la recherche des nouvelles expressions montre l'efficience de la démarche "Paysage".

Le programme d'action est à construire autour des promenades urbaines choisies et le regard d'artiste à créer.

Enfin, à travers la méthode des figures et des promenades urbaines, la démarche "Paysage" participe de la création d'une culture de territoire, née de l'approche sensible de l'espace et de la nécessaire recherche de nouveaux modes d'expression. Le savoir-faire cartographique développé par l'atelier aujourd'hui est ancré spécifiquement sur la géologie, et cherche à révéler les figures naturelles, construites et métaphoriques d'un site choisi. La figure ici n'est pas un plan mais un outil qui suggère des perceptions, des points de vue et donne des lignes de cohérence. Le dessin est certainement le premier champ d'investissement de grande capacité opératoire pour construire les figures elles-mêmes. La figure devient alors une véritable dimension culturelle qui précise et montre pour ensuite révéler la continuité d'espace de nos territoires. Le repérage, les modes et outils de restitution, les expressions créatives mises en œuvre (projection collaborative, dessins, coupes et perspectives d'ambiance, photographie et vidéo) participent à la médiation culturelle souhaitée.

Page 143: Guide atelier "Paysage" en Île-de-France

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Synthèse"Paysage".

Sphères "Paysage"

Étagement des 3 niveaux

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Changer l'état d'esprit en travail de projet

Revéler Préfigurer Transformer

Les figures :dont celles du Grand - Paris

A l'aide de nos maîtrises :

la méthode des figures, les promenades urbaines en fonction des regards, outils d'expression et de

médiation.

En nos projets concrets : d'environnement, d'équipement,

d'aménagement :

DRAC, DRIEE, DRIEA, ...

Visuelle, Contemplative Métaphorique

Les rappels historiques, et selon l'esthétique visuelle :

• les regards d'artistes• les représentations,

diverses cartographies

Traiter l'identité propre du territoire par l'impact de l'œuvre

d'artiste sur un lieu, également sur les concepteurs :

• idées et projets d'aménageurs.

Les actions Humaines Construite

Vers un art d'aménagement !

• ateliers, laboratoires,• l'échelle piétonne,

• la maîtrise du foncier.

Par la médiation, faire évoluer les plans, schémas, contrats,notamment ceux d'Urbanisme( PLU – SCOT – SDRIF… CDT ).

Prérogatives du sol

Naturelle,Géographique

Le fonctionnement du paysage en tant quesystème, ayant son

métabolisme propre, complexe.

L'affaire de tous :

• L'économie domestique et circulaire, • Développement Durable,

• les Projets Locaux.

Page 144: Guide atelier "Paysage" en Île-de-France

142DRIEA IF / SA / DATM Atelier "Paysage" en Île de France - 2009/2011 DRIEA IF /SA/DATM/UVAT Atelier «Paysage» en île de France - 2009/2010DRIEA IF / SA / DATM Atelier "Paysage" en Île de France - 2009/2011

Architecture de l'atelier "Paysage"

outils guideactions prescriptions

"Horizon" "Rayonnement"

SitesLa Plaine de France : la Seine-St-Denis, le Grand Roissy - Le Paris d'Amont : la Seine Amont en Val de Marne, Melun Sénart, la Bassée -

Le Plateau de Saclay - Le Paris d'Aval : la Seine Aval, le Pinacle des boucles du Vexin.

paysage révéléPaysage nocturne, paysage des confluences, paysage en mouvement, paysage ordinaire

Figure métaphoriqueFigure construiteFigure naturelle

Page 145: Guide atelier "Paysage" en Île-de-France

DRIEA IF / SA / DATM Atelier "Paysage" en Île de France - 2009/2011 143DRIEA IF /SA/DATM/UVAT Atelier «Paysage» en île de France - 2009/2010143DRIEA IF / SA / DATM Atelier "Paysage" en Île de France - 2009/2011

Architecture de l'atelier "Paysage"

prescriptions cahier des charges

"Seuil"

Références

"Lexique

SitesLa Plaine de France : la Seine-St-Denis, le Grand Roissy - Le Paris d'Amont : la Seine Amont en Val de Marne, Melun Sénart, la Bassée -

Le Plateau de Saclay - Le Paris d'Aval : la Seine Aval, le Pinacle des boucles du Vexin.

paysage révéléPaysage nocturne, paysage des confluences, paysage en mouvement, paysage ordinaire

Travail d'atlas

des paysages

Photo : LAb [au]

Figure métaphorique Figure projetée

Page 146: Guide atelier "Paysage" en Île-de-France

144DRIEA IF / SA / DATM Atelier "Paysage" en Île de France - 2009/2011 DRIEA IF /SA/DATM/UVAT Atelier «Paysage» en île de France - 2009/2010DRIEA IF / SA / DATM Atelier "Paysage" en Île de France - 2009/2011

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Page 147: Guide atelier "Paysage" en Île-de-France

DRIEA IF / SA / DATM Atelier "Paysage" en Île de France - 2009/2011 145DRIEA IF /SA/DATM/UVAT Atelier «Paysage» en île de France - 2009/2010145DRIEA IF / SA / DATM Atelier "Paysage" en Île de France - 2009/2011

Annexes

Page 148: Guide atelier "Paysage" en Île-de-France

146DRIEA IF / SA / DATM Atelier "Paysage" en Île de France - 2009/2011 DRIEA IF /SA/DATM/UVAT Atelier «Paysage» en île de France - 2009/2010DRIEA IF / SA / DATM Atelier "Paysage" en Île de France - 2009/2011

Page 149: Guide atelier "Paysage" en Île-de-France

DRIEA IF / SA / DATM Atelier "Paysage" en Île de France - 2009/2011 147DRIEA IF /SA/DATM/UVAT Atelier «Paysage» en île de France - 2009/2010147DRIEA IF / SA / DATM Atelier "Paysage" en Île de France - 2009/2011

Bibliographies

Auteur Nom Prénom Titre Sous-Titre Éditeur Année de

publication

Nbre de

pages

Bigarnet MarcBonnet Frédéric

Palmarès des jeunes urbanisteslauréat première session - 2005

Ministère des transports, de l'équipement, du tourisme et de la mer

2007 90 p.

Bigarnet MarcBonnet FrédéricOkotnikoff Ivan

Composition urbaine et paysagère de Seine-Aval marché d'études de définitionÉtablissement public d'aménagement du Mantois Seine Aval

2009 35 p.

Bruant Catherine(participation au titre du laboratoire de l'ENS d'architecture de Versailles)

Grand Paris stimulé De la métropole héritée aux situations parisiennes contemporaines

consultation internationale pour l'avenir du Paris métropolitain

A.U.C/François Decoster, Djamel Klouche, Caroline Poulin

Une des dix équipes d'architectes-urbanistes choisies pour cette consultation

2009 271 p.

Demangeon-Werquin Ann Caroll

Chronique d'un étalement urbainétude pour l'évaluation des atteintes aux espaces paysagers et naturels

Direction régionale de l'environnement

2004 45 p.

format A3

Werquin Ann CarollDemangeon Alain

Eléments pour une politique de patrimoine dans le massif forestier de Fontainebleau

étude exploratoire, rapport de 1ère phase

Direction régionale de l'environnement

2005 123 p.

Werquin Ann Caroll

Des villes vertes et bleuesDe nouvelles infrastructures à planifier

Plan Urbanisme Construction ArchitectureMinistère de l'écologie, du développement durable, des transports et du logement

2007 149 p.

Gazeau Jean-PaulLucas Serge

Gens de rivière La Seine et ses affluentsKameleo -Maison de l'environnement

2006 309 p.

Laffage ArnauldNussaume Yann

De l'enseignement du paysage en architectureéditions de la Villette - Asia Link

2009 447 p.

Damez Jacques(photoraphie)Nouhaud Jean-Pierre (texte)

Paysage au vent d'autan Editions Belle Page 1992 47 p.

Berger PatrickNouhaud Jean-Pierre

Formes cachées la ville

Presses polytechniques et universitaires romandes

2004 221 p.

Von Conta Beatrix (photographie)Nouhaud Jean-Pierre (texte)

Coupures / Reprises Créaphis 2007 71 p.

Damez Jacques(photographie)Nouhaud Jean-Pierre (texte)

Mémoires en mutation

+ Légendes de l'eauLyon la Confluence Textuel / Anatome 2008

63 p.

+ 30 p.

Petit François Tout sauf d'éternitéOu les mutations de paysages de banlieue en Essonne

Cahier n°12 de la maison de banlieue et de l'architectureavec le concours du Conseil Général de l'Essonne

2006 107 p.

Les ouvrages de nos experts

Page 150: Guide atelier "Paysage" en Île-de-France

148DRIEA IF / SA / DATM Atelier "Paysage" en Île de France - 2009/2011 DRIEA IF /SA/DATM/UVAT Atelier «Paysage» en île de France - 2009/2010DRIEA IF / SA / DATM Atelier "Paysage" en Île de France - 2009/2011

Auteur Nom Prénom Titre Sous-Titre Éditeur Année de

publication

Nbre de

pages

/dessinCollin MichelFreytet Alain

Atlas des paysages de Seine et Marne

Conseil général de Seine et Marne - Conseil d'architecture, d'urbanisme et d'environnement de Seine-et-MarneConseil Régional Île-de-France

2007 271 p.

+ cartes

Chauvin MoniqueChevallier PascalCollin MichelEl saïr Michèle

Observatoire des paysages de Seine-et-Marne

étude des paysages urbains Conseil Général de Seine-et-Marne 2010

Hanning GéraldComposition urbaine et trame foncière

Travail extrait du schéma directeur d'aménagement et d'urbanisme de la région Île-de-France

Préfecture de la région Île-de-FranceService régional de l'équipement

1976

1 carte+

légende et notice

Sous la direction de Anne-Marie Roméra et Hervé Blumenfeld pour l'IAURIF, et Jean Dupuis pour l'IGN

Trois siècle de cartographie en Île-de-France

Volume 1 et 2

Les cahiers de l'institut d'aménagement et d'urbanisme de la région Île-de-France en partenariat avec l'institut géographique national

1997-1998270 p.

et 170 p.

Sgard Jacques Les grands paysages d'Île-de-France

Document d'appui aux démarches d'aménagement

étude

Institut d'aménagement et d'urbanisme de la région Île-de-FranceConseil régional et Préfecture Île-de-France

1996

54 p. avec

cartes en format

A3

Mazas AlainFreytet Alain

Atlas des pays et paysages des Yvelines

Conseil d'architecture, d'urbanisme et d'environnement des YvelinesÉditions Courcoux

1992 243 p.

Gautier ClaireFolléa BertrandAdam François

Plan guide pour la valorisation des paysages des Hauts-de-Seine

étude préalable à un plan de paysage

Direction départementale de l'équipement des Hauts-de-Seine

1995 224 p.

Trébuc FranceSgard Jacques

étude paysagère des coteaux du Val de Seine

rapport de synthèse: "Le parcours des hauteurs"

Syndicat mixte du Val de Seine 1997 44 p.

Besson-Girard David Entre la Boucle de la Seine et la Plaine de Versailles

Le livre blanc du 1% paysage et développement de l'autoroute A86 Ouest

Direction départementale de l'équipement des Hauts-de-Seine

2003 41 p.

Sgard Jacques Étude paysagère du département de Seine-Saint-Denis

Direction départementale de l'équipement de Seine-Saint-Denis

1999 55 p.

Gautier ClaireBertrand Folléa

Trente question pour la valorisation des paysages –

Val-de-Marne : éléments pour une politique de paysage

Direction départementale de l'équipement du Val-de-Marne

2002 57 p.

Varier-Gandois Jacqueline (sous la direction)

Plan vert départemental Val-de-Marne 2006-2016

Nature et ville :le défi du Val-de-Marne

Conseil Général du Val-de-Marne 2006 188 p.

Chauvin MoniqueChevallier PascalColas des Francs TanguyCollin MichelElsaïr MichèleWojcik Thomas

Atlas des paysages du Val-D'OiseDirection départementale des territoires, Conseil Général, Préfecture du Val-d'Oise

2010 395 p.

Pierre-Marie Tricaud (sous la direction)

Les unités paysagères en Île-de-France

étudeInstitut d'aménagement et d'urbanisme de la région Île-de-France

201080 p. avec

cartes A3

Olaberria Lopez-Quintana Aiala

La trame FoncièrePertinence actuelle de cet outil pour l'aménagement des paysages péri-urbains

Master de l'école nationale supérieure de paysage de Versailles

2008 110 p.

Voir aussi le CD-Rom "Île-de-France, paysages protégés", conçu par la direction régionale et interdépartementale de l'environnement et de l'énergie

d'Île-de-France, réalisé avec le concours de l'agence des espaces verts et de l'institut d'aménagement et d'urbanisme de la région Île-de-France 2000.

Le travail d'atlas des paysages en Île-de-France

Page 151: Guide atelier "Paysage" en Île-de-France

DRIEA IF / SA / DATM Atelier "Paysage" en Île de France - 2009/2011 149DRIEA IF /SA/DATM/UVAT Atelier «Paysage» en île de France - 2009/2010149DRIEA IF / SA / DATM Atelier "Paysage" en Île de France - 2009/2011

Auteur Nom Prénom Titre Sous-Titre Éditeur Année de

publication

Nbre de

pages

Bastié JeanLa croissance de la banlieue parisienne

Presses Universitaires de France 1964 624 p.

Amidon Jane Les paysages de Kathryn Gustafson Birkhaüser 2005 208 p.

Beaudoin François Paris / Seine Ville fluvialeson histoire des origines à nos jours

Nathan 1989 192 p.

Berque Augustin (sous la direction), Michel Conan, Pierre Donadieu, Bernard Lassus, Alain Roger

Cinq propositions pour une théorie du paysage

Pays/paysages

Champ Vallon1994 123 p.

Dagognet François (sous la direction)

Mort du paysage ?Philosophie et esthétique du paysage

MilieuxChamp Vallon

1982 240 p.

Filaire Anne-Marie Observatoire (1997-2003)

Observatoire photographique du paysage du parc naturel régional du Livradois-Forez

À compte d'auteur 2009 330 p.

Chevrier Jean-FrançoisHayon William

Paysages territoires l'Île-de-France comme métaphore

Parenthèses 2002 427 p.

Cinqualbre Olivier(sous la direction)

Architectures d'usines en Val-de-Marne

Inventaires général des monuments et des richesses artistiques de la France

L'inventaire général du patrimoine culturel

1988 144 p.

Cohen Jean-Louis André Lortie

Des fortifs au périf Paris Les seuils de la villePavillon de l'ArsenalPicard

1991 320 p.

Dewarrat Jean-Pierre/Quincerot Richard/Weil Marcos/Woeffray Bernard

Paysages ordinaires De la protection au projetArchitecture + Recherches Pierre Mardaga

2003 95 p.

Fortier-Kriegel Anne Les paysages de FrancePour une esthétique historique du modèle français

Presses Universitaires de France 1996 281 p.

Guiheux Alain (sous la direction)

La ville qui fait signesGroupe Le Moniteur

Le Fresnoy2004 280 p.

Lamarche-Vadel Gaëtane De ville en ville, l'art au présent L'Aube 2001 172 p.

Leclerc Benedicte (sous la direction)

Jean Claude Nicolas Forestier 1861- 1930

Du jardin au paysage urbain (acte de colloque)

Picard 1990 285 p.

Le Dantec Jean-Pierre Jardins et paysagesTextes critiques de l'antiquité à nos jours

Larousse 1996 635 p.

Lemoine Bertrand (sous la direction)

Paris en Île-de-France, histoires communes

Pavillon de l'Arsenal

Picard2006 243 p.

Lucan Jacques (sous la direction)

Paris des faubourgs Formation TransformationPavillon de l'ArsenalPicard

1996 223 p.

Pranlas-Descours Jean-Pierre (sous la direction)

L'archipel métropolitain Territoires partagés Pavillon de l'Arsenal 2002 390 p.

Querrien Anne (sous la direction)

Paysage en ville Les annales de la recherche urbaine 2000 127 p.

Roncayolo Marcel Territoires en partageNanterre, Seine-Arche :en recherche d'identités

Parenthèses 2007 111 p.

Spens Michaël Paysages contemporains Phaidon 2005 238 p.

Younès Chris (sous la direction de)

Ville contre-nature Philosophie et architectureArmillaireLa Découverte

1999 282 p.

Pomerol CharlesDécouverte géolologique de Paris et de l'Île-de-France

BRGM 1988

Andrieux Philippe(sous la direction)

Mémoire pour le futurArchéologie et histoire du Val-de-Marne

Conseil Général du Val-de-Marne 2000

Références bibliographiques en particulier de notre comité de pilotage

Page 152: Guide atelier "Paysage" en Île-de-France

150DRIEA IF / SA / DATM Atelier "Paysage" en Île de France - 2009/2011 DRIEA IF /SA/DATM/UVAT Atelier «Paysage» en île de France - 2009/2010DRIEA IF / SA / DATM Atelier "Paysage" en Île de France - 2009/2011

Agora  : Place publique dans la cité grecque antique, et espace piétonnier d'une ville nouvelle.

Anachronisme - Anachronique : Évènement sorti de son contexte temporel.

Anamorphose  : Image déformée retrouvant sa forme réelle par distorsion.

Anatopique : (Topos : Lieu) Absence de lieu caractéristique.

Anthropisation  : Effet des processus de dégradation du relief et des sols dus à l'action humaine.

Arpenter : Mesurer la superficie des terres, donc parcourir de long en large.

Albertien : Art de bâtir au sens "albertien" (voir Alberti).

Alberti : Un érudit, grand architecte italien du XVème, qui établit la façon de peindre et de bâtir à la Renaissance, il a aussi analysé tous les peintres et architectes de son temps.

Artefact : Structure ou phénomène artificiel rencontré en cours de l'observation d'un phénomène naturel.

Artialisation au sens de Montaigne: Le statut éthique de nous dispenser l'intervention de l'art. Processus artistique qui transforme et embellit la nature, au moyen de modèles, soit :

• In situ = Directement, en son milieu naturel.

• In visu = Indirectement, par le système de représentations visuelles.

Bioclimatique  : Etude de l'influence des facteurs climatiques sur le développement des organismes vivants.

Biodiversité  : Richesse en variété d'espèces intéressant la biologie.

Biographisme : Analyse plutôt systématique des faits par la vie de leurs acteurs.

Biomasse : Masse totale des êtres vivants subsistant en équilibre sur une surface donnée, intéressant autant un sol qu'un volume d'eau.

Biotopes : Lieu de vie spécifique d'une espèce vivante.

Bovarysme sur le motif : Mme de Bovary, héroïne d'un roman de Flaubert. Être marquée d'un comportement enclin aux rêveries ambitieuses compensant ainsi son insatisfaction profonde.

Catalyseur  : Elément ayant la propriété (chimique) de favoriser une réaction.

Cités cheminotes : Cités du chemin de fer.

Clotoïde ou Clothoïde (la) : (du grec Klothein), géométrie spécifique permettant de relier une courbe à une droite, ou autre courbe comparable, de manière harmonieuse, sinon biologique, en usage dans le tracé des autoroutes, en rapport au facteur inertiel des vitesses.

LexiqueLégendaire... le paysage en quelques mots

Confluence : Dynamique au lieu de rencontre de deux cours d'eau, un élément pilier du paysage.

Continentalisation (d'après Alain Guiheux : "La ville qui fait signes") : Plutôt que l'effet de l'affaiblissement des influences maritimes, désigne ici le fait de l'occupation continentale de l'urbanisation en une seule unité urbaine à l'échelle d'un continent.

Congruences  : Donnant des résultantes similaires soumises à même opération.

Corollaire  : Lien de cause à effet, à sens unique, entre deux domaines parallèles.

Débâcler : Débarrasser un port, une section rivière, de toute installation où de vieux bateaux pourraient provoquer des embâcles, afin que la voie d'eau retrouve son cours naturel.

Dichotomie : Division en deux, mettant en opposition.

Éco-quartiers : Construction des quartiers selon les règles de basse consommation énergétique et de respect de la biodiversité.

Éco-systèmes : Ensembles des systèmes vivants et non-vivants se liant en un même milieu.

Economie circulaire  :  Décider de respecter ce cycle naturel suivant, ne pas prendre à la terre plus quelle ne produit, et lui restituer le plus possible.

Écrêtement - écrêter  : Supprimer les crêtes, les parties les plus élevées.

Ego-histoire  : Concept d'une histoire rattachée spécialement au contexte d'une optique individualiste.

Emblématiser  : Transformer en figure symbolique, accompagnée d'une devise.

Entrelacs  : Ornementation composée de lignes entrelacées.

Géopoétiquement  :  Poésie liée à un lieu terrestre, on parle aussi de conduites poétiques.

Héraldique (nouvelle)  : Relatifs aux blasons, aux armoiries.

Hétéroclite : S'écarte des règles de l'art, fait de pièces et morceaux disparates, bizarres.

Hydraulique : Science et technique des lois régissant la stabilité et l'écoulement de l'eau - Relatif à l'eau.

Hydrologique : Science traitant les propriétés mécaniques, physiques et chimiques des eaux marines et fluviales.

Isochrone, isochronique  : De processus synchrone, temporel identique.

Jalonnement  (artistique) : Manière (inspirée) de placer des mires, végétales ou non, marquant une délimitation ou repérage le long d'un itinéraire.

Page 153: Guide atelier "Paysage" en Île-de-France

DRIEA IF / SA / DATM Atelier "Paysage" en Île de France - 2009/2011 151DRIEA IF /SA/DATM/UVAT Atelier «Paysage» en île de France - 2009/2010151DRIEA IF / SA / DATM Atelier "Paysage" en Île de France - 2009/2011

Métonymie : Phénomène par lequel un concept se désigne par un terme, désignant lui-même un autre concept qui lui est relié par une relation nécessaire. Exemple de ce type de rapprochement : Toute la ville dort (les habitants, bien sûr).

Mono-fonctionnel  : Qui s'adapte à une seule fonction exclusive.

Monographie  : Etude particulière consacrée sur un seul objet.

Morphogénèse  : Partie de la morphologie liée à la formation historique du relief.

Multiscalaire (articulation) : Articulation entre multiples mesures se définissant en fonction de leur unité propre.

Orographique  (l'unicité) : L'unité relative au relief terrestre.

Oxymores : Juxtaposition de deux termes exprimant deux idées différentes ou opposées. (exemple : ville et nature urbaine, lisière urbaine et agriculture urbaine, etc…)

Paradigme  : Ensemble des flexions d'un terme donné comme modèle.

Parkways  :  Route principale traversant un parc ou en reliant plusieurs, parfois dans l'idée d'autoroute.

Phytosanitaire  : Relatif aux soins à apporter aux végétaux.

Pictogramme  : Signe d'écriture où les concepts sont figurés par dessins, ou représentés par des symboles complexes.

Picturalité  : Selon un mode se rapportant à l'art de la peinture.

Polysémie  : La propriété d'un mot présentant plusieurs sens.

Préfigurer  : Chercher à présenter d'avance les caractéristiques d'un élément futur.

Prégnant(e) - prégnance : Force et stabilité d'une structure perceptive individuelle, privilégiée parmi toutes celles possibles.

Psycho-géographique  :  Une description des lieux vue par l'esprit.

herméneutique : Regard et approche "herméneutique" (= expliquer en Grec)  : Science qui définit les principes de la critique et de l'interprétation des textes anciens. La recherche-interprétation des signes, symboles, dans les religions et philosophies notamment au travers des langages.

Retournement de territoire : Inversion du regard sur un territoire.

Rhétorique  : Tournure de style rendant plus vive l'expression de la pensée. On distingue dans les figures

de rhétorique, des figures de mots tels : métaphore, métonymie, et figures de pensées.

Ripisylve : Formation végétale arborescente sur les rives des cours d'eau.

Sédentarité  : Le fait d'être sédentaire, adoptant le comportement ordinaire d'être non soumis aux déplacements, résidant en lieu déterminé.

Séquanien (bassin) – vallée séquanienne – Séquanaise : Tiré de la légende de la nymphe Séquana, racontant la naissance de la Seine et ses affluents.

Situationniste : Relevant du situationnisme, mouvement contestataire anarchiste des années 60, inspiré de l'anti-psychiatrie, cherchant à renverser toutes fausses situations. Exemple : l'optique partisane de dérives urbaines.

Skyline  :  Ligne de faît dessinée par les gratte-ciel des grandes villes américaines.

Substrat  : S'agissant d'une couche supportant autre structure ou système, par son métabolisme de base.

Tabula rasa : Faire table rase, qui revient à nier l'héritage historique en opérant une intervention violente dans le paysage.

Talwegs  :  Lignes reliant les points les plus bas d'une vallée, le chemin de l'eau.

Tchanqué : Terme de génie civil, se dit d'un bâtiment ou une construction dont les fondations sur pieux sont fichés dans le lit du fleuve, ou d'une zone lacustre.

Tenségrité spatiale : Synthèse convergente entre tension et intégrité dans un espace.

Topisme : De topique, théorie psychanalytique concevant le psychisme pouvant se décomposer en plans.

Topographie  : Technique de représentation sur un plan des formes et reliefs du terrain.

Toponymie : Etude linguistique de l'origine des noms de lieux.

Transversales (les) : Lignes, itinéraires, ou axes, joignant directement deux pôles.

Vernaculaire (architecture – paysage - cultures) : Au-delà de mémoire des êtres humains.

Voir aussi, "Mouvance II, soixante-dix mots pour le paysage", Pascal Aubry, Pierre Donnadieu, Arnauld Laffage, Jean-Pierre Le Dantec, Yves Luginbühl, Alain Roger sous la direction de Augustin Berque, éditions de la Villette 2006

Page 154: Guide atelier "Paysage" en Île-de-France

152DRIEA IF / SA / DATM Atelier "Paysage" en Île de France - 2009/2011 DRIEA IF /SA/DATM/UVAT Atelier «Paysage» en île de France - 2009/2010DRIEA IF / SA / DATM Atelier "Paysage" en Île de France - 2009/2011

L'aqueduc Médicis et de la Vanne à Arcueil, . . . . . . . . . . . . .14

Athis-Mons, belvédère sur la Seine, promenade urbaine en Paris d'Amont, 4 mai 2010 . . . . . . . .19

Carte de Jean Bastié, géographe . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .24

Labyrinth, Motoi Yamamoto, 2009, acrylique sur panneau de bois . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .25

"Neutrale management", détail, œuvre de Daniel Zeller, encre et acrylique sur papier, 2007 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .26

Etude de composition urbaine et paysagère, avril 2009 . . . .29

Etude de composition urbaine et paysagère, avril 2009 . . . .30

étude de composition urbaine et paysagère, avril 2009 . . .31

Les zooms entrelacés - étude de composition urbaine et paysagère, avril 2009 . . .33

Carte 1, site de Sénart-Orly, calque "route" MAPINFO . . . . . .34

Carte 2, extrait de la carte des chasses du Roi, 1/28 800 (1760 à 1800), secteur Meudon-Chaville . . . . . . . .35

Repérage pour la promenade urbaine "confluence Seine -Orge" en Paris d'Amont, 4 mai 2010 . . . . . . . . . . . . . . . . . .36

Carte topographique simplifiée de l'Île-de-France . . . . . . . . .38

Carte Rayonnement . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .40

Carte Seuil . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .42

Extrait de la carte des unités paysagères de l'Île-de-France .45

Sur l'aqueduc de la Vanne à Gentilly . . . . . . . . . . . . . . . . . . .46

Sur l'aqueduc de la Vanne à Gentilly . . . . . . . . . . . . . . . . . .56

"Cartographie de l'arc lémanique en Suisse", . . . . . . . . . . . . .58

Carte des figures explorées par l'atelier "Paysage" . . . . . . . .60

La Croix Blanche, Vigneux-sur-Seine, vue depuis Athis-Mons et Ablon-sur-Seine au nord-ouest . . .62

Les lieux-dits de la Seine Amont en Val-de-Marne, plateau de Longboyau, les gares, l'aqueduc de la Vanne, la Seine . . .63

Athis-Mons, un regard de l'aqueduc de la Vanne, à l'horizon du champs de colza, l'aéroport d'Orly . . . . . . . . .65

Paris, le boulevard des maréchaux, intervention artistique de Claude Levêque sur un regard de l'aqueduc de la Vanne .67

Principe de grille d'analyse en coupe d'une promenade urbaine :. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .68

Plan directeur de Rome (2000) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .70

Le jardin Anglais à Munich . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .71

Un corridor de biodiversité traverse l'université de Waningen, Pays-Bas, 2005 . . . . . . . . . . . . . . .71

Emerald Necklace de Boston, Moody River . . . . . . . . . . . . . .71

Le plan du Emerald Necklace de Boston par le paysagiste américain Frédérick Law Olmsted, dessin de 1886 . . . . . . . .71

Les "doigts verts" d'Helsinki (Finlande) . . . . . . . . . . . . . . . . .73

Via Appia Antica. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .73

La trame verte de Aarhus, Danemark . . . . . . . . . . . . . . . . . .73

Structure paysagère de l'existant, le mur de propriété sur le plateau de Sénart. . . . . . . . . . . . .74

Le Carré Sénart . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .74

Grands commerces et bureaux, inscrit dans un contexte abondamment végétalisé (tilleuls d'alignement, pommiers). . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .74

Une lisière urbaine sur le plateau de Sénart . . . . . . . . . . . . .75

Betteraves sucrières devant du pavillonnaire étalé d'un des dix villages de la ville nouvelle. . . . . . . . . . . . . . . .75

La sucrerie Beghin-Say de Lieusaint vers 1900 . . . . . . . . . . .76

Le plateau agricole et une ferme vus depuis l'Allée Royale. 77

L'allée royale, ville nouvelle de Sénart en 2010. . . . . . . . . . .77

Les rives de Seine à Paris, patrimoine mondial UNESCO . . . .79

Les mouvements du lit du fleuve au cours des âges en Val-de-Marne . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .80

La confluence Seine-Marne, vue d'Alfortville vers Charenton-le-Pont. . . . . . . . . . . . . . . . .81

La voie d'amour, les Ardoines ou la rose, promenade urbaine sur le site industriel de Vitry-sur-Seine .82

Carte des lieux-dits du Paris d'Amont en Val-de-Marne. . . . .83

Les Grands Vœux, promenade urbaine à Orly, les deux Villeneuve et Choisy-le-Roi . . . . . . . . . . . . . . . . . .84

Signal de crue de Bernard Köhn, intervention artistique pour Voies Navigables de France 1996 . . . . . . . . . . . . . . . . .85

"Jour", Olivier Agid, intervention artistique sur le site des Ardoines 1998. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .86

"Une fois...", Olivier Agid, intervention artistique sur le site des Ardoines 1999 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .86

Les sept tours de la Croix Blanche à Vigneux-sur-Seine. . . . .87

Carte de repérage de la promenade urbaine "Confluence Seine-Orge, 4 mai 2010 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .87

La figure métaphorique de la sucrerie à Lieusaint, détruite en 1996 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .88

"Le symposium international du paysage comme projet" . . .89

La confluence Seine-Orge à Athis-Mons . . . . . . . . . . . . . . . . .90

Détail du port de Saint-Nazaire avant recomposition du dessin dans l'espace grâce au point de vue du belvédère. . .92

Le dessin de l'artiste rassemble en son belvédère le paysage portuaire en une même figure, Felice Varini, Ville Port , Saint-Nazaire, Événement Estuaire métropole Nantes-Saint-Nazaire 2007-2009-2012 . . . . . . . . . . . . . . . . .93

Arrivant à Paris, depuis l'avion, la silhouette de Paris, de Montmartre au Mont Valérien . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .94

Index des cartes, dessins et photographies

Page 155: Guide atelier "Paysage" en Île-de-France

DRIEA IF / SA / DATM Atelier "Paysage" en Île de France - 2009/2011 153DRIEA IF /SA/DATM/UVAT Atelier «Paysage» en île de France - 2009/2010153DRIEA IF / SA / DATM Atelier "Paysage" en Île de France - 2009/2011

Villacoublay et Verrières, Orly et Sénart : aéroports et anciennes forêts royales en vis à vis d'une vallée, sur un plateau alluvial géologiquement équivalent, à la même altitude . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .95

Conflans et Achères : Pourquoi le face à face d'un port à venir et du quai historique des mariniers ne serait-il pas l'occasion d'un nouveau paysage remarquable offert à tous? . . . . . . . .97

Éléments de typologie: le triple étagement du relief en Île-de-France . . . . . . . . . . . .99

Grandes Figures du paysage de l'Île-de-France . . . . . . . . .100

Le regard du géographe sur le paysage des voies ferrées, in La croissance urbaine de la banlieue parisienne, PUF 1964 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .102

"De la grande à la petite ceinture de la région parisienne", carnet de profils, archive in Claude Bersano SNCF 1957. . . .103

Profil de la Grande Ceinture de Paris entre Bobigny et Valenton, carnet de profils SNCF 1957 . . .104

Des embrayeurs pour une perception décuplée :  le banc et sa situation face à une boucle de la Meuse – Monthermé (Ardennes) . . . . . . .105

"Villa cheminée, lat.47°16/long.-1°53", . . . . . . . . . . . . . . .107

Indicateur d'évolution : promotion touristique . . . . . . . . . . .108

Échappée d'une sente à Athis-Mons vers la Croix Blanche de Vigneux-sur-Seine . . . . . . . . . . . . .112

La méthode des figures appliquée à la "Maison de Fer", monument historique de Poissy-sur-Seine . . . . . . . . . . . . .115

Référence artistique "Stylites, nocturnes/diurnes", œuvre de Jaume Plensa à Vitry-sur-Seine . . . . . . . . . . . . . .116

La méthode des figures sur un "territoire d'intérêt national" . . . . . . . . . . . . . . . . . .117

Site UNESCO, figure métaphorique du grand provinois. . . . .118

Figure naturelle du territoire de La Bassée . . . . . . . . . . . . .119

Atlas des paysages de Seine et Marne, Conseil Général 2007 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .119

Dessin de la trame foncière à l'échelle de l'Île-de-France . .121

Dessin des grands paysages de l'Île-de-France . . . . . . . . . .122

La diversité des paysages du Val-de-Marne, 2002 . . . . . . .125

De l'atlas à l'action paysage du département du Val-de-Marne, 2006 . . . . . . . . . . . . . .125

Le paysage comme programme, plaine de Versailles, plateau de Saclay . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .126

Les rigoles royales, traces primordiales du paysage, territoire de Saclay . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .127

La redoute de Satory comme clef du paysage . . . . . . . . . . .127

Plateau de Saclay, de la petite à la grande échelle et réciproquement . . . . . .129

Le fleuve habité comme paysage contemporain pour le Grand Paris . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .130

Les lisières urbaines comme lieu de projets . . . . . . . . . . . .131

La nature urbaine expression créative de la consultation internationale du Grand Paris . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .133

Contribution à la réflexion sur le Grand Roissy . . . . . . . . . . .134

Château de la Roche-Guyon, les participants séminaire sites et paysages. . . . . . . . . . . . .135

Panorama des pitons calcaires de la Boucle de Moisson à la Roche-Guyon. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .135

Perspective sur le Grand Paris depuis la terrasse de Chennevières . . . . . . . . . . . . . . . . . . .136

Synthèse "Paysage" . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .139

La ligne Grande Ceinture à Chennevières . . . . . . . . . . . . . .142

Repérage pour la promenade urbaine "axe magistral, perspective fluviale" . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .142

Extraits des conférences de Jacques Deval architecte et chargé de mission "Paysage"lors du club aménagement (octobre 2009) et de la conférence territoriale (novembre 2009) DATM/SA/DRIEA IF. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .144

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154DRIEA IF / SA / DATM Atelier "Paysage" en Île de France - 2009/2011 DRIEA IF /SA/DATM/UVAT Atelier «Paysage» en île de France - 2009/2010DRIEA IF / SA / DATM Atelier "Paysage" en Île de France - 2009/2011

L'équipe de l'atelier "Paysage"

• Jacques Deval, architecte et chargé de mission "Paysage" à la Direction Régionale et Interdépartementale de l'Équipement et de l'Aménagement d'Île-de-France (DRIEA IF), initie un atelier de création artistique de la Seine Amont en Val-de-Marne en 2004 "le patrimoine comme dynamique territoriale de Seine Amont" in La Pierre d'Angle, ville de Vitry-sur-Seine, Préfecture du Val-de-Marne (2005), ancien enseignant-chercheur des écoles d'architecture.

• Ingrid Saumur, paysagiste DPLG pendant plus d'une année au sein du service aménagement DRIEA IF, lire son récent article "Le voyage, la carte et le récit" in Cartographie, les carnets du paysage Actes Sud, école nationale supérieure du paysage de Versailles (2011).

• Jean Gailly, secrétaire de l'atelier "Paysage" (DRIEA IF).

le groupe d'experts

• Frédéric Bonnet, architecte urbaniste au sein de l'agence Obras, remarqué pour son travail d'expression lié au marché de composition urbaine et paysagère pour l'établissement public d'aménagement de Seine Aval (2009) ; en tant que lauréat du palmarès des jeunes urbanistes (2005) et lors de l'EUROPAN "Ville Nature - Habiter l'an 2000" sur le territoire d'Orly Seine Amont.

• Catherine Bruant, architecte, historienne de l'architecture et de ses territoires, responsable de l'équipe "recherche Métropoles Architectures Politiques" du LéaV, laboratoire de l'école nationale supérieure d'architecture de Versailles, et, associée à l'équipe AUC (Djamel Klouche) pour le diagnostic prospectif sur l'articulation entre les dynamiques de la culture et celles de la nature dans la métropole héritée pour la consultation internationale "le grand pari(s) de l'agglomération parisienne" en 2009.

• Jean-Paul Gazeau, architecte de formation, spécialiste international en programmation urbaine et territoriale, particulièrement en milieux aquatiques et fluviaux. Enseignement à l'Institut Français d'Urbanisme en Master “Ville Durable”. Co-auteur de l'ouvrage sur les métiers de l'eau "Gens de rivière, la Seine et ses affluents” en 2006, fondateur de l'association "Ambassade du fleuve".

• Arnauld Laffage, plasticien paysagiste, paysagiste conseil de l'État, co-auteur de l'ouvrage "De l'enseignement du paysage en architecture" (2009) dans la lignée de la formation doctorale "jardins, paysages, territoires" ; directeur de l'équipe de recherche "architectures, milieux, paysages" à l'école nationale supérieure d'architecture de Paris-la-Villette.

• Jean-Pierre Nouhaud, historien de l'art, professeur de l'école nationale supérieure (ENS) d'arts de Paris-Cergy, atelier de recherche et de création "l'artiste et la ville"  ;  collaborateur de l'agence de Patrick Berger en particulier pour l'ouvrage "Formes cachées, la ville"  ; commissaire d'Occupation(s), manifestation d'arts plastiques en partenariat avec la scène nationale du Val d'Oise.

• François Petit, ethnologue et médiateur culturel, directeur de la Maison de Banlieue et de l'Architecture à Athis-Mons et des cahiers éponymes, dont le n°12 "Tout sauf d'éternité ... ou les mutations de paysages de banlieue en Essonne" (2006).

• Ann-Caroll Werquin, architecte paysagiste au sein de l'atelier d'environnement Thalès, "situe le paysage autant comme matière vivante qu'outil de mémoire, élément d'une dynamique d'avenir développant une géographie culturelle et une dimension d'histoire indispensable pour cette phase de consolidation urbaine comme en témoignent les équipes du Grand Paris", réflexion développée en particulier à travers un travail autour des infrastructures vertes pour une action de recherche pour la communauté européenne.

Biographies

Page 157: Guide atelier "Paysage" en Île-de-France

DRIEA IF / SA / DATM Atelier "Paysage" en Île de France - 2009/2011 155DRIEA IF /SA/DATM/UVAT Atelier «Paysage» en île de France - 2009/2010155DRIEA IF / SA / DATM Atelier "Paysage" en Île de France - 2009/2011

et le comité de pilotage

• Nathalie Barry, architecte des bâtiments de France, chef du service territorial de l'architecture et du patrimoine du Val-de-Marne (DRAC IF) ; 

• Catherine Bergeal, architecte urbaniste en chef de l'État, sous-directrice de la qualité du cadre de vie (DGALN) ; 

• Christiane Blancot architecte à l'atelier parisien d'urbanisme ; 

• Yves Clerget , responsable de la pédagogie de la ville, de l'architecture et du design au Centre Pompidou ; 

• Michel Collin, paysagiste DPLG, paysagiste conseil de l'État en Seine-Saint-Denis ; 

• Anne Fortier-Kriegel, architecte et paysagiste au pôle paysage du conseil général de l'environnement et du développement durable ; 

• William Hayon, architecte et urbaniste en chef de l'État, co-auteur de l'ouvrage "Paysages territoires métaphore de l'île-de-France" ; 

• Gaëtane Lamarche-Vadel, philosophe, professeure à l'école nationale supérieure des beaux arts de Dijon ; 

• Bertrand Lemoine, directeur général de l'atelier international du Grand Paris et des projets architecturaux et urbains ; 

• Jean-Pierre Le Dantec, ingénieur, professeur des écoles d'architecture, co-fondateur de la formation doctorale "Jardins, Paysages, Territoires" ; 

• Stéphane Lucet, inspecteur des sites du Val d'Oise et de Nord-Yvelines (DRIEE IF) ; 

• Pierre Oudart, directeur Culture / Grand Paris - Région Capitale, direction des affaires culturelles d'Île-de-France ; 

• Pierre-Marie Tricaud, architecte-paysagiste, institut d'aménagement et d'urbanisme d'Île-de-France ; 

• Alessia de Biase, architecte et anthropologue, laboratoire d'anthropologie de l'école nationale supérieure d'architecture de Paris-la-Villette ; 

• Jacqueline Varier-Gandois, paysagiste, directrice-adjointe des espaces verts et du paysage du conseil général du Val-de-Marne ; 

• Bertrand Warnier, architecte urbaniste, fondateur des ateliers internationaux de maîtrise d'œuvre urbaine de Cergy ; 

• Chris Younès, philosophe, responsable scientifique du réseau Philosophie/Architecture, école nationale d'architecture de Clermont-Ferrand.

Et pour les directions régionales d'Île-de-France :

• Philippe Dress, chef du service nature, paysage, ressources/DRIEE ; 

• Olivier Godet, chef du service architecture/DRAC ; 

• François Dubois, chef du service aménagement/DRIEA ; 

Page 158: Guide atelier "Paysage" en Île-de-France

L'atelier "Paysage" a été créé au sein du Département Atelier Territoires et Métropole du Service de l'Aménagement de la Direction Régionale et Interdépartementale de l'Équipement et de l'Aménagement d'Île-de-France. La démarche "Paysage" est dans ce cadre appliquée au travail de projet pour concevoir et construire une nouvelle culture de territoire, en particulier face à la dynamique du Grand Paris.

À partir du constat de l'importance de la diversité des regards, l'atelier "Paysage" trouve sa source dans la volonté de créer un espace de médiation autour des projets d'environnement, d'équipement et d'aménagement, permettant aux réflexions de se croiser. L'atelier se veut aussi un lieu de rencontre avec les métiers du paysage présents au sein des trois directions régionales, la DRIEA, la DRAC et la DRIEE.

Les premières initiatives sont de natures diverses : mise en place d'un comité de pilotage constitué de personnalités reconnues en la matière, animation d'un groupe d'experts constitué spécifiquement pour l'atelier, appel aux compétences d'une paysagiste DPLG, collaboration avec des partenaires comme le Centre Pompidou, le CVRH de Paris, l'IAU Île-de-France, appui sur le travail d'atlas réalisé par les services territoriaux, les Conseil d'Architecture, d'Urbanisme et d'Environnement et les Conseils Généraux. La création d'une expression renouvelée a été permise par le développement de la méthode des figures, et le savoir-faire de l'association les promenades urbaines.

Le travail de deux années de l'atelier "Paysage" en Île-de-France se rassemble ici, dans un ensemble de textes et de productions graphiques qui tente de rendre compte du foisonnement et de la complexité du travail en cours, en accord avec le caractère exploratoire de cette première étape. Ni livre, ni étude au sens classique du terme, ce travail manifeste la diversité des postures et des engagements assemblés, formant un véritable état des lieux.

www.developpement-durable.gouv.fr

Direction régionale et interdépartementale de l’Equipement et de l’Aménagement

d’Île-de-FranceService Aménagement

21-23 rue miollis - 75 732 Paris Cedex 15tél. 01 49 28 85 75

fax. 01 30 50 83 69

Document disponible au bureau des archives et de la documentation de la DRIEA IF21-23 rue Miollis - 75 732 Paris Cedex 15téléphone : 01 40 61 82 34 — télécopie : 01 40 61 83 83Bon de commande accessible sur le site internet : www.driea.ile-de-france.developpement-durable.gouv.frDans la rubrique (colonne de droite) Études, connaissance, expertise > Études et publications >> Catalogue des publicationsCote : DRE 10668 — Prix de vente : 25 €

Conception graphique - mise en page : Philippe Masingarbe (DRIEA IF)Impression : Caractère - 2, rue Monge - BP 224 - 15002 Aurillac Cedex – imprimerie ISO 14001 ouvrage imprimé sur du papier PEFC issu de forêts gérées durablement avec des encres végétalesL'autorisation écrite de la DRIEA IF est indispensable pour le reproduction, totale ou partielle, de ce document.©  2011 DRIEA IF - dépôt légal : septembre 2011 – ISBN : 978-2-11-128764-8