gueule de bois Éditorial par le buveur · vanche, on sait comment en boire! le pimm’s peut être...

4
JOURNAL DE LA DISTILLERIE ÉDITION NO.14, mAI 2010 www.DISTILLERIE.Tv JOURNAL DE LA DISTILLERIE ÉDITION NO.14, mAI 2010 hISTOIRE DE pUb ALAmbIc SympAThIqUE GUEULE DE bOIS ÉDITORIAL PAR LE BUVEUR EN-LIGNE AU WWW.DISTILLERIE.TV SURpRISE!!! AUTOUR DU TONNEAU PAR ALEXANDRE LEFEBVRE pImm’S NO.1 Au dix-neuvième siècle, James Pimm, propriétaire d’une chaîne de bars à huîtres londonien, servait un tonique, à base de gin, comme digestif à sa clientèle. Aujourd’hui, nous pouvons déguster le même breuvage sous la forme d’un « Pimm’s Cup no.1 », un cocktail légendaire d’inspira- tion anglaise, breuvage officiel du Wimbledon et signal de l’arrivée de l’été, à en croire les sujets vivants sur les ter- res de la reine Elizabeth. La recette du Pimm’s no.1, est un des secrets les mieux gardés sur la planète; seulement six personnes, «the se- cret six», en connaissent la composition exacte. Nom- breux sont ceux émettant des théories quant à la nature du Pimm’s, certains allant même jusqu’à se vanter d’être capables, à tort, d’en faire eux-mêmes. À La Distillerie, vu l’impossibilité, à l’époque, de mettre la main sur l’original, nous avons inventé, bien humblement, une recette, le « Pimp’s Cup », à base de Bombay Sapphire London Dry Gin et de Irish Mist. L’effort est convainquant, l’effet rafraîchis- sant, et comme nous détenons maintenant un inventaire de Pimm’s no.1, nous vous invitons à comparer notre création à l’original. Ce que l’on sait du Pimm’s, malgré le mystère l’entourant, c’est que son ingrédient premier est le gin, que celui-ci est infusé d’un mélan- ge d’herbes, de zestes d’agrumes, de jus de fruits et qu’on y ajoute des liqueurs; pour le reste, le débat est ouvert. D’aucuns vous diront qu’ils y décèlent une part de Vermouth Sucré, d’autres y trouveront du Triple Sec. Ce qui compte, c’est que le Pimm’s, c’est bon! On ne sait peut-être pas comment c’est fait, mais, en re- vanche, on sait comment en boire! Le Pimm’s peut être ser- vi de multiples façons, dépendant des palais de chacun. À l’origine, le Pimm’s était servi avec de la bourrache; une herbe dont les fleurs rappellent le goût des huîtres et les feuilles, celui du concombre. L’usage est maintenant de servir le Pimm’s avec du concombre – primordial – des fruits et de la li- monade. Il est possible d’ajouter du Gin à son Pimm’s, si on souhaite le muscler un peu. La maison Pimm’s a élaboré, au fil des années, 6 recettes originales, toutes nommées Pimm’s et portant des numéros permettant de les différencier. Le Pimm’s no.2 était fait à base de scotch, le no.3 à base de Brandy, le no.4 à base de rhum, le no.5 à base de rye et le no.6 à base de vodka. Aujourd’hui, Diageo, à qui appartient la marque Pimm’s, n’offre que de petites quantités de Pimm’s no.6, ainsi qu’une version saisonnière du Pimm’s no.3, connue sous le nom du « Pimm’s Winter Cup. » Les autres varian- tes se sont éteintes suite aux difficultés rencontrées par la marque dans les années 1970-1980, mais vu le retour en force occasionné par une campagne de publicité agressi- ve, allez savoir si l’on n’est pas en droit d’espérer voir re- naître la gamme complète! D’ici là, concentrons-nous sur l’original et dégustons cette mixture célèbre de par le monde. Échap- pez à la chaleur ambian- te grâce au Pimm’s no.1, léger, versatile et si ra- fraîchissant. Abreuvez le gentleman, ou la lady, qui sommeille en vous et distinguez-vous en dé- couvrant quelle varian- te du Pimm’s Cup vous convient le mieux. Tous au bar, c’est l’heure d’un Pimm’s! PAR MARIE-EVE BOURASSA Vaut mieux arriver tôt pour se tailler une place au Bar à Mojito! DU JEUDI AU SAMEDI, À LA DISTILLERIE #2 un barman attentif vous prépare des créations inédites. Offrez-vous un peu de calme dans la tempête, allez au Bar à Mojito pour y faire vos requêtes! La Distillerie #1 fête ce mois-ci ses cinq ans et nous avons cru de circonstance de vous tracer un portrait de ce qui a été, ce qui est, en rêvant à ce qui sera! Longtemps après l’ère du Red Light de Montréal, un restaurant allait fermer ses portes au 300 rue Onta- rio Est. On y servait de la nourriture végétarienne, la cuisine était située dans ce qui est maintenant une des toilettes de La Distillerie #1. Le lieu allait aussi abriter un dépanneur, servir d’atelier et de point de vente à un manufacturier de bottes de cowboys, une friperie, un café et quelques bars. Il y a d’abord eu le « Jazzons » un bar-spectacle à saveur Jazz, qui, quelque temps plus tard, devenait « Le Balafré.» En ce temps-là, nous sommes main- tenant en 2005, Phillipe Haman et son associé, David Poulin, envi- sagent d’ouvrir un bar au concept unique à Montréal. Ils prennent pos- session du local, transforment l’en- droit du tout au tout et se préparent à offrir des cocktails confectionnés selon les règles de l’art à un public qui répondra avec enthou- siasme. Chacun a son cocktail à La Distille- rie, et c’est à chacun de le décou- vrir… Dans cette quête, un allié précieux s’avère être un barman maîtrisant son métier, possédant une connaissance approfondie de ses produits et prenant plaisir à combler ses invités. Aux premiers jours de La Distillerie, ils sont trois : Philippe, Charles et Jonathan, à composer l’équipe. Cinq ans plus tard, nous sommes pas moins de quarante-deux (!) à veiller à ce que vos soifs soient épanchées avec éclat. Cette croissance, nous la de- vons, certes, à une vision claire de l’entreprise et des objectifs précis; mais c’est immanquablement grâce à l’intérêt que vous nous avez porté et les amis que vous avez amenés avec vous lors de vos visites subsé- quentes que nous avons connu un tel succès. Comment mesurer le succès? Des chiffres, ça peut toujours aider. Il faut savoir qu’en cinq ans, c’est plus de trois cent mille personnes (!!) qui ont passé les portes de La Distillerie #1 pour venir se désaltérer et pas- ser du bon temps. Pour ces bonnes âmes, plus de deux millions cinq cent mille onces de spiritueux ont été versées (!!!) afin de leur confec- tionner les cocktails les plus fins qui soient. De ces cocktails, soixan- te-quinze mille (!!!!) étaient nos fameux Mojitos. Tout cela n’a pas été servi chaud; c’est avec plus d’un demi-million de kilos de glace (!!!!!) que nous avons refroidi vos verres afin de vous les servir bien froids. Au fil des années : des amitiés ont vu le jour, des couples et des familles se sont formés, bon nombre d’entre nous ont découvert une passion et plusieurs ont choisi d’en faire une carrière. Ce fut un plaisir et honneur d’être à votre service tout ce temps. Nous vous levons bien haut nos ver- res et souhaitons vous voir et vous revoir encore longtemps entre nos murs. Santé! Un gâteau, des chandelles, des cadeaux, des chapeaux ridiculement trop petits, des amis qui chantent plus ou moins juste, avec trop ou pas d’entrain : tout ce que je n’arriverai malheureusement pas à m’éviter cette an- née. Blonde oblige. Blonde oblige, parce que blonde semble se sentir obli- gé de m’organiser un «surprise». Mais il paraît que c’est ce que ça fait, des «moitiés». Ça, c’est ce que lui m’a dit, juste après m’avoir gâché la surprise. Parce qu’il paraît que c’est ce que ça fait, des amis. «Je pouvais pas te laisser te faire faire ça sans rien dire. Je veux dire : je suis ton meilleur chum, c’était mon devoir de t’avertir.» Je ne suis pas encore tout à fait certain de la pureté de son geste. Il me connaît, «mon meilleur chum». Il sait ben trop ben que je déteste les anniversaires. Ceux des autres presque autant que les miens. Donc, non seule- ment je ne suis pas encore tout à fait certain de la pure- té de son geste, mais je ne suis vraiment pas convaincu que ce soit une bonne chose, qu’il m’ait mis au courant. C’est d’ailleurs un peu pour ça que je doute fortement de ses bonnes intentions : il n’est pas dupe et sait perti- nemment que maintenant que je suis dans le secret des dieux, il y a de foutues bonnes chances que je ne me pointe pas à ma dite-surprise. Et ça, à coup sûr, ça en- ragerait mon oiseau. C’est qu’il faut dire qu’il n’est pas fan du «moi-en-cou- ple». Et encore moins fan de mon hirondelle. Je le lui ac- corde : plus ça va, plus elle prend des allures de cou- cou en tentant pas tellement subtilement de le pousser hors du nid, c’est-à-dire hors de chez moi. Si son arrivée avait, pour moi, été annonciatrice du printemps, lui, dès le premier regard, il n’a vu en elle qu’un oiseau de mal- heur : un mauvais présage. Il est passé dix heures et on est déjà en retard, assis cô- te à côte au bar pendant que les autres attendent dans mon bordel, sur le qui-vive, notre arrivée. Je les ima- gine, à demi cachés, surveillant la fenêtre, les lumières fermées. Mon hirondelle l’avait manda- té de m’amener voir le film de 7 heures pendant qu’elle dé- corait et que les invités en- vahissaient mon apparte- ment. Au lieu de ça, il m’a traîné ici. Il avait une envie folle de siroter un Pimm’s Cup; j’avais besoin de me prendre pour Hemingway à grands coups de Mojito. J’ai aussi besoin de ce que les anglophones nomment assez juste- ment «liquid courage» pour affronter tous ces supposés amis qui sont sadique- ment venus célébrer le fait que je vieillis. «Un homme in- telligent est parfois obligé d’être saoul pour passer du temps avec les imbéciles.» Les Mojitos semblent vouloir faire leur boulot : j’ai de plus en plus la certitude que ma barbe est blanche et que je suis accoudé au bar de La Bodeguita. Et j’ai de moins en moins en- vie de partir… Ici aussi, c’est soirée d’anniversaire. Mais le genre de fête que j’aime bien. L’anniversaire d’un lieu, étrangement, ne me donne pas la même impression de lassitude que celui d’une person- ne : paradoxalement, ça me fait me sen- tir plus jeune, comme si, entre ces murs, le temps s’était arrêté. Un peu comme si j’avais cinq ans de moins… Un peu comme s’il y avait des trucs qui survivaient au pas- sage des années. Qui survivaient aux amours. Aux modes. Aux accom- plissements et aux défaites. Aux conflits et aux Présidents améri- cains. C’est sécurisant, de pou- voir compter sur certains en- droits comme on compte sur un ami. Il est tout près de onze heures et ça doit faire au moins mille fois que le nom de mon hirondelle apparaît sur l’écran de son téléphone cellulai- re. Chaque fois, il igno- re l’appel en soupi- rant. En me souriant. On sait pertinemment tous les deux qu’el- le doit commencer à s’énerver et qu’il se- rait temps d’y aller, si je tiens à mon couple, oui, le temps d’y aller avant qu’il ne batte lui aus- si de l’aile… Avant qu’elle ne débarque ici avec une rup- ture et une scène à peine emballées en guise de pré- sents. Mais je commande un autre verre; il m’imite. C’est bon, parce que j’ai quelque chose à lui dire. J’aimerais vraiment que ça fonctionne, avec mon bel oiseau. Et il faut qu’on se le dise, ça ne peut pas conti- nuer comme ça ad vitam æternam : mon appart est beaucoup trop petit. Et je commence à croire que c’est malsain, pour lui comme pour moi, qu’il dorme sur le di- van du salon. Ça ne pourra pas durer comme ça… - Va falloir qu’on se trouve un 4 et demi. Peut-être même un 5 et demi. Je pense que t’es assez grand pour avoir ta chambre à toi. C’est sécurisant, de pouvoir compter sur certains endroits comme on compte sur un ami. Tous au bar, c’est l’heure d’un Pimm’s! (voir recette page 4) ...plus de deux millions cinq cent mille onces de spiritueux ont été versées (!!!)... Coin des rues Sanguinet et Ontario

Upload: others

Post on 27-May-2020

1 views

Category:

Documents


0 download

TRANSCRIPT

Page 1: GUEULE DE bOIS ÉDITORIAL PAR LE BUVEUR · vanche, on sait comment en boire! Le Pimm’s peut être ser-vi de multiples façons, dépendant des palais de chacun. À l’origine, le

JOURNAL DE LA DISTILLERIE ÉDITION NO.14, mAI 2010 www.DISTILLERIE.Tv

JOURNAL DE LA DISTILLERIE ÉDITION NO.14, mAI 2010

hISTOIRE DE pUb ALAmbIc SympAThIqUE

GUEULE DE bOIS ÉDITORIAL PAR LE BUVEUR

EN-LIGNE AU

WWW.DISTILLERIE.TV

SURpRISE!!!

AUTOUR DU TONNEAU PAR ALEXANDRE LEFEBVREpImm’S NO.1

Au dix-neuvième siècle, James Pimm, propriétaire d’une chaîne de bars à huîtres londonien, servait un tonique, à base de gin, comme digestif à sa clientèle. Aujourd’hui, nous pouvons déguster le même breuvage sous la forme d’un « Pimm’s Cup no.1 », un cocktail légendaire d’inspira-tion anglaise, breuvage officiel du Wimbledon et signal de l’arrivée de l’été, à en croire les sujets vivants sur les ter-res de la reine Elizabeth.

La recette du Pimm’s no.1, est un des secrets les mieux gardés sur la planète; seulement six personnes, «the se-cret six», en connaissent la composition exacte. Nom-breux sont ceux émettant des théories quant à la nature du Pimm’s, certains allant même jusqu’à se vanter d’être capables, à tort, d’en faire eux-mêmes. À La Distillerie, vu l’impossibilité, à l’époque, de mettre la main sur l’original, nous avons inventé, bien humblement, une recette, le « Pimp’s Cup », à base de Bombay Sapphire London Dry Gin et de Irish Mist. L’effort est convainquant, l’effet rafraîchis-sant, et comme nous détenons maintenant un inventaire

de Pimm’s no.1, nous vous invitons à comparer notre création à l’original.

Ce que l’on sait du Pimm’s, malgré le mystère l’entourant, c’est que son ingrédient premier est le gin, que celui-ci est infusé d’un mélan-ge d’herbes, de zestes d’agrumes, de jus de fruits et qu’on y ajoute des liqueurs; pour le reste, le débat est ouvert. D’aucuns vous diront qu’ils y décèlent une part de Vermouth Sucré, d’autres y trouveront du Triple Sec. Ce qui compte, c’est que le Pimm’s, c’est bon!

On ne sait peut-être pas comment c’est fait, mais, en re-vanche, on sait comment en boire! Le Pimm’s peut être ser-vi de multiples façons, dépendant des palais de chacun. À l’origine, le Pimm’s était servi avec de la bourrache; une herbe dont les fleurs rappellent le goût des huîtres et les feuilles, celui du concombre. L’usage est maintenant de

servir le Pimm’s avec du concombre – primordial – des fruits et de la li-monade. Il est possible d’ajouter du Gin à son Pimm’s, si on souhaite le muscler un peu.

La maison Pimm’s a élaboré, au fil des années, 6 recettes originales, toutes nommées Pimm’s et portant

des numéros permettant de les différencier. Le Pimm’s no.2 était fait à base de scotch, le no.3 à base de Brandy, le no.4 à base de rhum, le no.5 à base de rye et le no.6 à base de vodka. Aujourd’hui, Diageo, à qui appartient la marque Pimm’s, n’offre que de petites quantités de Pimm’s no.6, ainsi qu’une version saisonnière du Pimm’s no.3, connue sous le nom du « Pimm’s Winter Cup. » Les autres varian-tes se sont éteintes suite aux difficultés rencontrées par la marque dans les années 1970-1980, mais vu le retour en force occasionné par une campagne de publicité agressi-ve, allez savoir si l’on n’est pas en droit d’espérer voir re-

naître la gamme complète!

D’ici là, concentrons-nous sur l’original et dégustons cette mixture célèbre de par le monde. Échap-pez à la chaleur ambian-te grâce au Pimm’s no.1, léger, versatile et si ra-fraîchissant. Abreuvez le gentleman, ou la lady, qui sommeille en vous et distinguez-vous en dé-couvrant quelle varian-te du Pimm’s Cup vous convient le mieux. Tous au bar, c’est l’heure d’un Pimm’s!

PAR MARIE-EVE BOURASSA

Vaut mieux arriver tôt pour se tailler une place au Bar à Mojito!

DU JEUDI AU SAMEDI, À LA DISTILLERIE #2

un barman attentif vous prépare des créations inédites.

Offrez-vous un peu de calme dans la tempête, allez au Bar à Mojito

pour y faire vos requêtes!

La Distillerie #1 fête ce mois-ci ses cinq ans et nous avons cru de circonstance de vous tracer un portrait de ce qui a été, ce qui est, en rêvant à ce qui sera!

Longtemps après l’ère du Red Light de Montréal, un restaurant allait fermer ses portes au 300 rue Onta-rio Est. On y servait de la nourriture végétarienne, la cuisine était située dans ce qui est maintenant une des toilettes de La Distillerie #1. Le lieu allait aussi abriter un dépanneur, servir d’atelier et de point de vente à un manufacturier de bottes de cowboys, une friperie, un café et quelques bars. Il y a d’abord eu le « Jazzons » un bar-spectacle à saveur Jazz, qui, quelque temps plus tard, devenait « Le Balafré.»

En ce temps-là, nous sommes main-tenant en 2005, Phillipe Haman et son associé, David Poulin, envi-sagent d’ouvrir un bar au concept unique à Montréal. Ils prennent pos-session du local, transforment l’en-droit du tout au tout et se préparent à offrir des cocktails confectionnés

selon les règles de l’art à un

public qui répondra avec enthou-siasme.

Chacun a son cocktail à La Distille-rie, et c’est à chacun de le décou-vrir… Dans cette quête, un allié précieux s’avère être un barman maîtrisant son métier, possédant une connaissance approfondie de ses produits et prenant plaisir à combler ses invités. Aux premiers jours de La Distillerie, ils sont trois : Philippe, Charles et Jonathan, à composer l’équipe. Cinq ans plus tard, nous sommes pas moins de quarante-deux (!) à veiller à ce que vos soifs soient épanchées avec éclat. Cette croissance, nous la de-vons, certes, à une vision claire de l’entreprise et des objectifs précis; mais c’est immanquablement grâce à l’intérêt que vous nous avez porté et les amis que vous avez amenés avec vous lors de vos visites subsé-quentes que nous avons connu un tel succès.

Comment mesurer le succès? Des chiffres, ça peut toujours aider. Il faut savoir qu’en cinq ans, c’est plus de trois cent mille personnes (!!) qui ont passé les portes de La Distillerie #1 pour venir se désaltérer et pas-ser du bon temps. Pour ces bonnes âmes, plus de deux millions cinq cent mille onces de spiritueux ont été versées (!!!) afin de leur confec-tionner les cocktails les plus fins qui soient. De ces cocktails, soixan-te-quinze mille (!!!!) étaient nos fameux Mojitos. Tout cela n’a pas été servi chaud; c’est avec plus d’un demi-million de kilos de glace (!!!!!) que nous avons refroidi vos verres afin de vous les servir bien froids.

Au fil des années : des amitiés ont vu le jour, des couples et des familles se sont formés, bon nombre d’entre nous ont découvert une passion et plusieurs ont choisi d’en faire une carrière. Ce fut un plaisir et honneur d’être à votre service tout ce temps. Nous vous levons bien haut nos ver-res et souhaitons vous voir et vous revoir encore longtemps entre nos murs. Santé!

Un gâteau, des chandelles, des cadeaux, des chapeaux ridiculement trop petits, des amis qui chantent plus ou moins juste, avec trop ou pas d’entrain : tout ce que je n’arriverai malheureusement pas à m’éviter cette an-née. Blonde oblige.Blonde oblige, parce que blonde semble se sentir obli-gé de m’organiser un «surprise». Mais il paraît que c’est ce que ça fait, des «moitiés». Ça, c’est ce que lui m’a dit, juste après m’avoir gâché la surprise. Parce qu’il paraît que c’est ce que ça fait, des amis. «Je pouvais pas te laisser te faire faire ça sans rien dire. Je veux dire : je suis ton meilleur chum, c’était mon devoir de t’avertir.»Je ne suis pas encore tout à fait certain de la pureté de son geste. Il me connaît, «mon meilleur chum». Il sait ben trop ben que je déteste les anniversaires. Ceux des autres presque autant que les miens. Donc, non seule-ment je ne suis pas encore tout à fait certain de la pure-té de son geste, mais je ne suis vraiment pas convaincu que ce soit une bonne chose, qu’il m’ait mis au courant. C’est d’ailleurs un peu pour ça que je doute fortement de ses bonnes intentions : il n’est pas dupe et sait perti-nemment que maintenant que je suis dans le secret des dieux, il y a de foutues bonnes chances que je ne me pointe pas à ma dite-surprise. Et ça, à coup sûr, ça en-ragerait mon oiseau.C’est qu’il faut dire qu’il n’est pas fan du «moi-en-cou-ple». Et encore moins fan de mon hirondelle. Je le lui ac-

corde : plus ça va, plus elle prend des allures de cou-cou en tentant pas tellement subtilement de le pousser hors du nid, c’est-à-dire hors de chez moi. Si son arrivée avait, pour moi, été annonciatrice du printemps, lui, dès le premier regard, il n’a vu en elle qu’un oiseau de mal-heur : un mauvais présage.Il est passé dix heures et on est déjà en retard, assis cô-te à côte au bar pendant que les autres attendent dans mon bordel, sur le qui-vive, notre arrivée. Je les ima-gine, à demi cachés, surveillant la fenêtre, les lumières fermées. Mon hirondelle l’avait manda-té de m’amener voir le film de 7 heures pendant qu’elle dé-corait et que les invités en-vahissaient mon apparte-ment. Au lieu de ça, il m’a traîné ici. Il avait une envie folle de siroter un Pimm’s Cup; j’avais besoin de me prendre pour Hemingway à grands coups de Mojito. J’ai aussi besoin de ce que les anglophones nomment assez juste-ment «liquid courage»

pour affronter tous ces supposés amis qui sont sadique-ment venus célébrer le fait que je vieillis. «Un homme in-telligent est parfois obligé d’être saoul pour passer du temps avec les imbéciles.» Les Mojitos semblent vouloir faire leur boulot : j’ai de plus en plus la certitude que ma barbe est blanche et que je suis accoudé au bar de La

Bodeguita. Et j’ai de moins en moins en-vie de partir…Ici aussi, c’est soirée d’anniversaire. Mais le genre de fête que j’aime bien. L’anniversaire d’un lieu, étrangement,

ne me donne pas la même impression de lassitude que celui d’une person-

ne : paradoxalement, ça me fait me sen-tir plus jeune, comme si, entre ces murs, le temps s’était arrêté. Un peu comme si j’avais

cinq ans de moins… Un peu comme s’il y avait des trucs qui survivaient au pas-

sage des années. Qui survivaient aux amours. Aux modes. Aux accom-plissements et aux défaites. Aux conflits et aux Présidents améri-cains. C’est sécurisant, de pou-voir compter sur certains en-droits comme on compte sur un ami.

Il est tout près de onze heures et ça doit faire au moins mille fois que le

nom de mon hirondelle apparaît sur l’écran de son téléphone cellulai-re. Chaque fois, il igno-re l’appel en soupi-rant. En me souriant. On sait pertinemment tous les deux qu’el-le doit commencer à s’énerver et qu’il se-rait temps d’y aller, si je tiens à mon couple, oui, le temps d’y aller avant qu’il ne batte lui aus-si de l’aile… Avant qu’elle ne débarque ici avec une rup-ture et une scène à peine emballées en guise de pré-sents. Mais je commande un autre verre; il m’imite. C’est bon, parce que j’ai quelque chose à lui dire.J’aimerais vraiment que ça fonctionne, avec mon bel oiseau. Et il faut qu’on se le dise, ça ne peut pas conti-nuer comme ça ad vitam æternam : mon appart est beaucoup trop petit. Et je commence à croire que c’est malsain, pour lui comme pour moi, qu’il dorme sur le di-van du salon. Ça ne pourra pas durer comme ça…- Va falloir qu’on se trouve un 4 et demi. Peut-être même un 5 et demi. Je pense que t’es assez grand pour avoir ta chambre à toi.

C’est sécurisant, de pouvoir compter sur certains endroits comme on compte sur un ami.

Tous au bar, c’est l’heure d’un

Pimm’s!(voir recette page 4)

...plus de deux millions cinq cent mille onces de spiritueux

ont été versées (!!!)...

Coin des rues Sanguinet et Ontario

Page 2: GUEULE DE bOIS ÉDITORIAL PAR LE BUVEUR · vanche, on sait comment en boire! Le Pimm’s peut être ser-vi de multiples façons, dépendant des palais de chacun. À l’origine, le

Don’t drink the waterPhillipe Haman est un homme spirituel, dans la mesure où il ap-précie les spiritueux. Après avoir passé, bientôt, la moitié de sa vie dans l’industrie du service de bar, il prend une courte pause pour se faire prendre le portrait.

Né en Floride, de parents francophones, il y a 33 ans, Phillipe gran-dit dans les environs de Miami pendant les sept premières années de sa vie. Lorsque les siens quittent les terres de l’Oncle Sam, pour venir s’établir en Montérégie, il est un enfant calme, observateur, qui excelle en sciences et en mathématiques.

Lorsqu’il atteint sa maturité, il entame des études en administra-tion, puis en denturologie. Au même moment, Phillipe commence à oeuvrer dans le milieu des bars, ce qui allait faire migrer son champ d’intérêt des dents vers les langues. Il travaille d’abord pour un couple de tenanciers de bars qui avaient, jadis, été musi-ciens et passé beaucoup de temps en tournée. C’est pendant leur temps sur la route que le couple s’était familia-risé avec les cocktails; leurs différen-tes compositions et la bonne façon de les préparer. Lorsqu’ils ouvrent leurs bars, nos routards portent, bien sûr, une attention particulière à la musi-que, mais aussi à ce que les cock-tails préparés dans leurs établisse-ments soient faits avec la diligence qu’il se doit. Phillipe grandit dans cet environnement, apprend beaucoup, travaille de longues heures et, sur-tout, se passionne pour son métier de barman.

Riche de quatre années d’expérience, Phillipe décide d’aller parfaire ses connaissances dans un autre établis-sement. Il commence à travailler pour une chaîne de restaurants, Jack Astors, qui porte une attention particulière au service de bar. Les heures sont toujours longues, le travail exigeant, mais un point crucial vient faire en sorte que Philippe enrichit encore son baga-ge. La chaîne en question avait décomposé ses étapes de service, clarifiant ses objectifs et ses techniques en ce qui a trait à la sa-tisfaction de la clientèle. Cette dernière notion plaît énormément à

Phillipe et lui permet de met-tre en mots ce que des an-nées d’expérience lui avaient conféré d’instinct.

Deux années plus tard, après une brève carrière de représentant, Phillipe est approché pour prendre en charge un petit pub adja-cent à un restaurant, le GlenMorgan, à Saint-Jean sur Richelieu. Phillipe saute sur l’occasion et profite de la liberté lui étant offerte pour faire d’un petit pub d’une trentaine de places un endroit où il fait bon se rencontrer et passer du temps entre amis. Cette expé-rience galvanise notre héros, et confirme que sa vision du service à la clientèle porte ses fruits.

Phillipe devient, aussi, le co-fondateur de « Atomix,» une entrepri-se offrant de la formation pour bartenders et prenant en charge la tenue d’évènements. Il s’installe à Montréal, apparaît à la télévi-sion, continue à offrir de la formation à partir de chez lui, mais doit

vite se rendre à l’évidence que d’avoir son propre bar, en bon-ne et due forme, devient une nécessité dont la réalité s’impo-se de plus en plus.

Suite à un peu de repérage et quelques tractations, le local de la rue Ontario est choisi pour abriter La Distillerie, Alambic #1; un bar cocktail, offrant une am-biance chaleureuse. Misant sur la fraîcheur et la qualité des pro-duits qu’il tient à offrir, Phillipe dé-veloppe l’idée selon laquelle cha-que individu est unique et mérite de vivre une expérience taillée sur mesure. « À chacun son cocktail »

devient la pierre angulaire de la philosophie de La Distillerie, et le reste est une histoire vive et rebondissante menant tout droit au fait que vous teniez ce journal. Le verre que vous dégustez, ou qui fait son chemin jusqu’à vous, est encore fait selon les mêmes prin-cipes, comme si Phillipe vous l’avait lui-même préparé.

JOURNAL DE LA DISTILLERIE ÉDITION NO.14, mAI 2010 www.DISTILLERIE.Tv

DESI

GN G

RAPH

IQUE

: EK

TOPL

ASM

E.CO

M LAST cALL/DERNIER SERvIcEPAR ALEXANDRE LEFEBVRE

VC’est en manquant la marche sur Sanguinet Que je me suis rendu compte Que ça faisait quand même un bout que je venais Et que j’en ai relevé le compte.

En face du petit hôtel, juste l’autre bord du CÉGEP, À côté de La Paryse, derrière la borne-fontaine Y a un des seuls bars en ville où y savent faire un Julep Pis y sont ouverts depuis deux cent soixante semaines!

J’y ai bu des Martinis, des Gimlets, des Mojitos J’y ai bu des Old Fashioned pis des Flaming Castro Mon cerveau était plein de tellement de recettes Qu’à en dresser la liste j’aurais un mal de tête Pis tous les verres, petits et gros Pis tous les bons cocktails rétro Une fois j’en ai même bu un de trop.

Y a des pompiers qui viennent, boire avec la police Quand y sont plus, ni l’un ni l’autre en service. C’est le bar des cuistots, des comptables pis des coiffeuses C’est le bar des commis, des banquiers pis des serveuses Si y a ben rien qu’une place où on te prend comme que t’es C’est mon bar, pis on te sert tant que t’es pas trop paqueté.

Ça fait cinq ans, devant mes yeux Cinq ans : c’est merveilleux! Cinq ans, c’est pas assez! Cinq ans, on vient de commencer!

UN vERS DANS LE NEzÉCRIT PAR ALEXANDRE LEFEBVRE

“ Chaque année, j’ai un an de moins que l’année d’après.

Dieu sait comment ça va finir.”- Tony Duvert -

Alexandre Lefebvre

Philippe Haman

Page 3: GUEULE DE bOIS ÉDITORIAL PAR LE BUVEUR · vanche, on sait comment en boire! Le Pimm’s peut être ser-vi de multiples façons, dépendant des palais de chacun. À l’origine, le

JOURNAL DE LA DISTILLERIE NO.14, mAI 2010 www.DISTILLERIE.Tv

UN vERS DANS LE NEzÉCRIT PAR ALEXANDRE LEFEBVRE LE cLASSE...hIc! PAR MARIE-EVE BOURASSA

On appelle «Quartier Latin» le cœur de la vie universitaire francophone d’une ville. Là où l’élite évolue. Paradoxalement, le Quartier La-tin de Montréal est aussi connu pour avoir été le pouls du district le plus chaud, non seule-ment de la Métropole, mais de toute l’Améri-que du Nord : le Red Light. Entre culture et lu-panar : quelle place le 300 Ontario Est a-t-il oc-cupée au courant des siècles derniers?

Un brin d’histoire s’impose.

C’est en 1818, entre les terres du notaire Jo-seph Papineau et celles de l’homme d’affaires Denis Viger, que s’est ouverte la rue Saint-De-nis, dominée, dès 1823, par l’Église Saint-Jac-ques (coin Sainte-Catherine). Cette dernière sera détruite deux fois par les flammes, soit en 1852 et 58. C’est suite au second incendie qu’on légifère : les constructions en bois se-ront dorénavant bannies sur l’île.

Au début du XXe siècle, l’urbanisme explose dans cette partie de la ville : après la construc-tion des maisons en rangée, typiques du sec-teur, on érige la bibliothèque Saint-Sulpice, les locaux de l’Université Laval à Montréal (1876) et l’École Polytechnique (1905). C’est en 1919 que l’Université Laval de-

vient l’Université de Montréal et, jusqu’en 1943, année de sa mi-gration vers la «Mon-tagne», elle sera un des fleurons de la culture canadienne française en «basse-ville». 1958 marque le départ de la Polytech-nique qui, elle aussi, prend le chemin d’Outre-mont. Ces changements, auxquels on doit ajouter la construction des habitations Jean-ne-Mance, entraînent alors un départ de la population.

Malgré ces apparen-ces et volontés d’éru-dition, le Quartier Latin est aussi, du début du XXe jusqu’à la fin des années cinquante, ré-puté pour ses maisons de jeux et ses bordels. Ceinturé par la rue

Sherbrooke au nord et le Vieux Montréal au sud, Bleury à l’ouest et Saint-Denis à l’est, le Red Li-ght de Montréal doit son nom aux lanternes rouges qui éclai-raient jadis l’entrée des maisons clo-ses du Vieux-Port. Durant les années folles, alors que nos voisins du Sud étaient «à sec», à Montréal, l’alcool coulait plus qu’à flot. Non seulement, la métropole était devenue le repère favori des criminels les plus recher-chés d’Amérique, mais on estimait le nombre de bordels ayant pignon sur rue dans ce quadrilatère pour-tant restreint à environ 300. Chacune

de ces maisons de pas-se comptait en moyen-ne entre 7 et 10 pros-tituées syphilitiques, et accueillait, tous les soirs, une cinquantaine de clients.

On sait avec certitude que l’une des plus im-

portantes maisons de jeux de l’époque était domiciliée au coin Ontario et Saint-Laurent. Tout comme il est de notoriété publique

que le plus grand lupa-nar du Red Light des années 1940 était si-tué au 312 Ontario Est. C’est dans cette mê-me décennie, alors que les affronts de la Deuxième Guerre mon-diale monopolisent nos hommes et met-tent un terme aux mi-sères de la Crise éco-nomique, qu’une tout autre guerre se pré-pare à Montréal : cel-le contre la corruption et le vice. D’abord, ce sont les autorités mi-litaires qui menacent d’interdire l’accès de

la dangereuse Métropole à leurs soldats si la situation demeure inchangée : selon eux, une seule prostituée montréalaise fait plus de ra-vage dans un bataillon qu’une mitraillette ja-ponaise. Il n’en faut pas moins pour fouetter l’administration de la ville, soutenue par le fu-tur maire de Montréal, Jean Drapeau, et son acolyte, Pacifique «Pax» Plante, qui livraient depuis déjà plusieurs années une véritable bataille contre le quadrilatère maudit. On fer-me la majorité, si ce n’est la totalité des bor-dels et des maisons de jeux. Resteront debout les célèbres cabarets de la métropole, ceux-

là même où les Lili Saint-Clair et Mae West de ce monde se trémoussèrent, mais les lois les régissant deviendront de plus en plus sévères et, avec le temps, eux aussi devront se résou-dre à fermer boutique.

À la fin des années cinquante, on ampute le Red Light de son cœur : de la rue Saint-Do-minique à Sanguinet, de Ontario à Sainte-Catherine, c’est tout un pâté de maisons qui s’écroule sous les armes des démolisseurs et des «vertueux». Y sera construit les Habita-tions Jeanne-Mance qui voisinent aujourd’hui encore La Dis-tillerie. Il s’en est donc fal-lu de peu pour que l’édifice où se trouve de-puis cinq ans no-tre première suc-cursale ne soit du lot!

Bien qu’il n’y ait aucune preuve sur papier, il est malgré tout sans doute assez jus-te d’affirmer que le 300 Ontario Est a, lui aussi, à une cer-taine époque, été le repère de malfrats et de femmes de pe-tites vertus. C’est di-re que ce n’est pas d’hier que l’on prend son pied à cette adresse!

DESI

GN G

RAPH

IQUE

: EK

TOPL

ASM

E.CO

M

LE mOJITO

LE bEc vERSEUR PAR MARIE-EVE BOURASSAqUARTIER ROUGE:

LA GRANDE hISTOIRE D’UN pETIT qUADRILATèRE

EN GARNITURE...À la Distillerie 1 seulement, et ce en cinq ans de servi-ce, c’est plus de 70 000 bouteilles qui ont été recyclées!

Menthé (ou Minthé) est une nymphe grecque, aimée d’Hadès, dieu des Enfers. Perséphone, conjointe de ce dernier, jalouse, maltraite la pauvre qui est alors méta-morphosée en menthe par son ancien amant.

Monica Proietti, dite «Monica la Mitraille», notre Bon-nie Parker montréalaise, est née en 1939, dans un logement de la rue Leduc, une impasse entre la rue Maisonneuve (jadis, de Montigny) et Ontario, donnant sur la rue Saint-Dominique. Ce secteur de la ville a fait aujourd’hui place aux Habitations Jeanne-Mance.

Le Théâtre Gayety, situé au 84 Sainte-Catherine Ouest, a accueilli, dans les années 1940 jusqu’en 1951, la reine du striptease, Lili St-Cyr. Cette dernière avait réussi à déjouer la loi canadien-ne voulant qu’une danseuse exotique

ne dût jamais quitter la scène moins vêtue qu’elle ne l’était à son entrée. Lili St-Cyr commençait son numéro nue, dans une baignoire, s’adonnant par la suite à un rhabillage progressif. C’est aujourd’hui le Théâtre du Nouveau Monde qui a pignon sur rue à cette adresse mythique.

Un Mojito mexicain est un cocktail à base de tequila.

Dans les années 1930, alors que la Crise économique est toujours aussi féroce, les autorités de la ville de Montréal effectuent un nombre record de descentes dans le Red Light. Une certaine fin de semaine de 1934, on procède à pas moins de 796 arrestations. Les citoyens de l’époque ne réalisent cependant pas que ces rafles ne servent qu’à renflouer les coffres de la ville qui sont alors, comme bien d’autres, à sec. À cette époque, les clients et les prostituées n’allaient pas en prison : ils devaient, par contre, payer des amendes. En une

seule soirée, on pouvait amasser jusqu’à 11000$ : une véritable fortune à l’époque!

Le Pimm’s Cup est associé aux régates, au polo et au Wimbledon – où l’on en sert entre 10,000 et 15,000 par jour!

On appelait les tenancières de bordel «Mada-me». La plus célèbre d’entre elles se nommait Anna Labelle (Beauchamp). On raconte qu’el-le accueillait les policiers à sa maison de la rue Sherbrooke Ouest afin de planifier avec

eux les descentes à venir. De 1932 à 1944, 1994 rafles ont été effectuées dans ses maisons. À sa mort, elle lègue ce qui lui reste d’empire à son intendant, Henri Forgues.

De passage à La Havane, Hemingway bu-vait ses Mojitos à La Bodeguita. Pour ce qui est des Daiquiris, il préférait le bar de La Floridita. Une statue de l’auteur, accoudé au bar, a d’ailleurs été érigée en son honneur.

PAR ALEXANDRE LEFEBVRE& MARIE-ÈVE BOURASSA

La réputation du Mojito, ce cocktail estival à base de rhum, menthe et lime, n’est certes plus à faire : com-me nous le mentionnions le mois dernier, cette mixture

est, et ce depuis les tous dé-buts de la Distillerie, le breu-

vage chouchou de nos clients. Alors, après en avoir consom-

mé assez pour connaître son goût – et ses effets! – par cœur,

que reste-t-il à savoir sur le très célèbre Mojito?

Au risque de se répéter, il nous semble toutefois indispensable de repasser par dessus les va-

gues origines du Mojito. Né en-tre 1850 et 1920 (alors que l’indus-

trie du rhum se modernise à La Ha-

vane), le cocktail serait, selon certains, l’héritier lé-gitime d’un autre altérateur de sens, le El Draque, qui, dès le 16e siècle, était composé de lime, men-the et d’une eau de vie de canne à sucre, ancêtre du rhum, de qualité très discutable. C’est d’ailleurs la piètre qualité du spiritueux qui aurait jadis pous-sé les Cubains à en camoufler le goût désagréa-ble avec un peu de verdure. D’autres sources, pour leur part, croient que c’est la popularité planétaire du Mint Julep des Américains qui aurait inspiré les habitants de la Cité des Colonnes. Un Mojito serait donc une adaptation du Mint Julep, à base de rhum.

En ce qui a trait au nom de baptême de la concoc-tion, enco-re une fois, le doute règne. D ’ a u c u n s

vous diront qu’il fait référence à «mojo», un assai-sonnement à base de lime utilisé dans la cuisine cu-baine. Plusieurs croient pourtant que «mojito» est une déformation du mot espagnol «mojodito» qui si-gnifie «un peu mouillé». Souvent, on s’entend pour dire qu’il y aurait un peu des deux dans un même verre.

C’est le bar-restaurant La Bodeguita del Medio, tou-jours à La Havane, qui aurait popularisé le cocktail, et ce, dès l’ouverture, c’est-à-dire en 1942. L’éta-blissement est encore aujourd’hui reconnu pour ses Mojitos et gageons que cette célébrité ne tient

pas seule-ment au ta-lent hors pair de ses te-nanciers de bar. En effet, La Bodegui-ta est réputé

pour avoir servi des Mojitos aux Pablo Neruda, Gabriel Garcia Marquez, Salvador Allende, Gabriela Mistral et Brigitte Bardot de ce monde. Ernest Hemingway avait, lui aussi, adopté l’endroit lors de son séjour à Cuba : sont, quel-que soixante ans plus tard, toujours affichés fièrement au dessus du bar les mots «My mojito in La Bodeguita.», si-gnés de la main de l’auteur du «Viel homme et la mer».

Et, si on en croit les rumeurs, Hemingway s’y connaissait somme toute un peu, question cocktails…

Marie-Ève Bourassa

Non seulement, la métropole était devenue le repère favori des

criminels les plus recherchés d’Amérique, mais on estimait le nombre de bordels ayant pignon

sur rue dans ce quadrilatère pourtant restreint à environ 300.

Coin des rues Sanguinet et Ontario.Rue Ste-Catherine, 1940.

Coin des rues St-Laurent et Ste-Catherine, 1914.

Page 4: GUEULE DE bOIS ÉDITORIAL PAR LE BUVEUR · vanche, on sait comment en boire! Le Pimm’s peut être ser-vi de multiples façons, dépendant des palais de chacun. À l’origine, le

JOURNAL DE LA DISTILLERIE ÉDITION NO.14, mAI 2010 www.DISTILLERIE.Tv

BITTERSWEET SYMPHONY 10,50 Bambay Sapphire, Campari, Dubonnet, Cordial d’hibiscus

EDEN 9,50 Bombay Sapphire, Calvados, jus de pomme, jus de citron, sirop d’orgeat, trait de cannelle

FRAGGLE ROCK 9,50 Cazadores, Chartreuse, nectar d’agave, jus de lime, concombre

H&H 11,50 Hendrick’s, cordial d’hibiscus, concombre

MIDNIGHT TRAIN 9,50 Campari, Kalhua, cubes ananas pilés, amers Peychaud’s, sirop simple

POIRE ASIATIQUE 8,50 Skyy, Soho, Midori, purée de poire, jus de citron, sirop simple

STRAWBERRY FIELDS 8,50Jim Beam, purée de fraise, cordial de sureau, extrait de café

WHITE LADY #2 8,50 Bombay Sapphire, Lillet, Cointreau, jus de citron, sirop simple, blanc d’œuf, verre rincé à l’Absinthe Hill’s

WORD UP! 8,50 Bombay Sapphire, Noilly Pratt, Chartreuse, purée de framboise, cordial de sureau, poivre

BACARDI MOJITO 8,50/17 Bacardi Superior, menthe, lime, sirop simple, soda

BASILIC ROMANTIQUE 9,50/19 Lillet, Bombay Sapphire, basilic, lime, purée de fraise, sirop simple, Martini Asti

BLUE HAWAII 8,50/17 Bacardi Coco, Bacardi Limon, Blue Curaçao, jus de citron, sirop simple, crème, jus ananas

COOLER LIME- GINGENBRE 8,50/17 City Dry Gin, Triple Sec, jus de lime, sirop de gingembre, amers Regan’s, Ginger Ale

HURRICANE 8,50/17 Bacardi Superior, Bacardi Black, purée de fruit de la passion, jus de lime, grenadine, jus d’orange

M’PEACHED 8,50/17 Canadian Club, pamplemousse, purée de pêche, jus de citron, sirop simple, 7up

MISSIONARY’S DOWNFALL 9/18 Bacardi Superior, Schnapp’s au pêche, cubes ananas, menthe, 7up

ROCK’A’RULA 8,50/17 Amarula, angostura, blanc d’œuf, Root Beer

YARIBA YARIBA! 9,50/19 Cazadores, Triple Sec, jus de lime, jus de citron, sirop simple, grenadine maison, 7up

ANGRY PIRATE 9,50Captain Morgan Spiced, Sortilège, cubes orange pilés, angostura, servi sur glace concassée

CASTRO FLAMBÉ 10,50 Bacardi 8 ans, sirop simple, cubes de lime pilés, angostura flambé

CHASSE & PÊCHE 8,50 Canadian Club, Triple Sec, basilic, purée de pêche, sirop simple, jus de citron

CUCUMBER RICKEY 9,50 Bombay Sapphire, jus de lime, sirop simple, amers Reagan’s concombre

HERBES D’ARANDAS 9,50 Cazadores, Apfelkorn, jus de lime, sirop d’orgeat, amers Reagan’s

MAI TAI 9,50 Bacardi 8 ans, Bacardi Gold, Triple Sec, sirop d’orgeat, jus de lime, servi sur glace concassée

OMFG 9 Jim Beam, Cynar, cubes de pamplemousse pilés, sirop simple

XEPEC KAIPIROSKA 8,50 Skyy, Xérès Fino, jus d’aloès, cubes de lime pilés, sirop simple

SEX ON THE BEACH 8,50 Skyy, Schnapp’s au pêche, Muscat, purée de pêche, grenadine maison, jus de citron)

cARTE DE LA DISTILLERIELES cOckTAILS (TypE mARTINI)

LES ALLONGÉS (chOIx DE fORmAT : 14Oz OU NOTRE fAmEUx pOT mASON)

NOUS SOMMES OUVERTS7 JOURS

À PARTIR DE 16H!

LES ShORT DRINkS (GÉNÉRALEmENT + cONcENTRÉS EN ALcOOL)

Photos par Danny Rock - photographienomade.com

DESI

GN G

RAPH

IQUE

: EK

TOPL

ASM

E.CO

M

MOJITO ROYAL 10.50/21 2 oz Bacardi Superior1 branche de menthe4 cubes de lime0.75 oz sirop simple Blanquette de Limoux

Préparation : Dans un verre Boston, piler la lime et la menthe à l’aide d’un muddler. Remplir de glace et ajouter le rhum et le sirop simple. Très bien agiter. Compléter avec la Blanquette de Limoux.

PIMM’S CUP 8.50/172 oz Pimm’s 0.75 oz citron 0.75 oz sirop simple 7up concombre

Préparation : Dans un verre Boston rempli de glace, combiner le Pimm’s, le citron et le sirop simple. Agiter légèrement. Compléter avec le 7up et garnir d’une tranche de concombre.

BEACH ICED TEA 8.50/170.5 oz Bacardi Superior 0.5 oz Skyy 0.5 oz Triple Sec 0.5 oz City Dry Gin 0.75 citron 1 oz s irop simple Jus de cannerge

Préparation : Dans un verre Boston rempli de glace, mettre tous les ingrédients et agiter au shaker une dizaine de secondes. Compléter avec le jus de canneberge.

BRANDY

Boulard (calvados) 8/11,50Cognac VS Global 7/9,50Gaston de LaGrange VS 8/12,50Gaston de LaGrange VSOP 11/19,50Grappa De Negri 7/9,50Pisco Soldeica 7/9,50Raynal VSOP Brandy 6/8,50Rémy Martin Grand Cru VS 9/13,50Rémy Martin VSOP 12/20,00

GIN

Beefeater 24 8/11,50Broker’s 7/9,50Bombay Sapphire 7/9,50Citadelle 7/9,50CITY Dry Gin 6/8,50

Hendrick’s 8/11,50Tanqueray 7/9,50Tanqueray 10 8/11,50

RHUM/SPIRITUEUX DE CANNE À SUCRE

Appleton Reserve 8/11,50Appleton V/X 7/9,50Bacardi 8 ans 8/11,50Bacardi Big Apple 7/9,50Bacardi Blanc 6/8,50Bacardi Coco 7/9,50Bacardi Gold 7/9,50Bacardi Limón 7/9,50Bacardi Razz 7/9,50Cachaça Leblon 7/9,50Cachaça Pitù 7/9,50Captain Morgan Brun 7/9,50Captain Morgan Spiced 7/9,50

Cockspur 12 9/13,50Havanah 7 ans 8/11,50Havanah Anejo 7/9,50Sailor Jerry Spiced Rhum** 8/11,50St-James agricole Ambré 8/11,50

WHISKEY ÉCOSSE

Balvenie Double Wood 11/18,50Bowmore 12 11/18,50Chivas 12 9/14,50Dewar’s 6/8,50Glenfiddich 12 8/11,50Glenfiddich 18 13/22,00Glenlivet 12 9/13,50Glenmorangie 10 12/20,00Grant’s 7/9,50Jonnie Walker RED LABEL 7/9,50Lagavulin 16 15/25,00

Macallan 12 12/20,00

TEQUILA

Cazadores Z Reposado** 7/9,50Don Julio Anejo** 15/25,00Don Julio Blanco** 11/16,50Don Julio Reposado** 13/21,00Hornitos Plata** 11/16,50Hornitos Reposado** 13/21,00Jose Cuervo Tradicional ** 8/11,50Tres Generaciones Anejo** 14/23,00Tres Generaciones Plata** 12/20,00Tres Generaciones Reposado** 13/21,00

VODKA

42 Below** 7/9,50Absolut 7/9,50

Grey Goose 9/12,50Grey Goose Citron 9/12,50Grey Goose Orange 9/12,50Grey Goose Poire** 9/12,50Ketel One 7/9,50Moskovskaya 7/9,50Skyy 6/8,50Zubrowka 7/9,50

WHISK(E)Y DU MONDE

Basil Hayden’s 9/13,50Blanton’s 9/13,50Booker’s 13/21,00Bulleit Bourbon** 8/11,50Bushmills 8/11,50Canadian Club Premium 6/8,50Canadian Club 12 ans 7/9,50Canadian Club 20 ans 12/20,00

Canadian Club 30 ans 28/45,00Canadian Club Sherry cask 11/16,50Crown Royal 7/9,50Evan William’s 10/14,50Gentleman Jack 8/11,50Jack Daniel’s 7/9,50Jack Single Barrel 9/13,50Jameson 7/9,50Jim Beam 6/8,50Jim Beam Black Label 8/11,50Knob Creek 9 ans 9/13,50Maker’s Mark** 8/11,50Wild Turkey 7/9,50Wiser’s 6/8,50Woodford Reserve 9/13,50

L’ARmOIRE à bOISSON ** IMPORTATION PRIVÉENOTEZ, LES DISPOS PEUVENT VARIER SELON LA SAQ

COCKTAILS DU MOIS. À l’occasion du cinquième anniversaire de la Distillerie 1, nous avons l’esprit à la fête et souhaitons de tout notre coeur vous faire partager notre engouement. C’est pourquoi, tout au long du mois de mai, vous aurez la chance de savourer une version «célébration» de notre plus grand vendeur: le Mojito. Profitons aussi de l’événement pour souligner l’arrivée du printemps avec notre célèbre et si rafraîchissant Beach Iced Tea, cocktail ayant longtemps occupé la vedette sur notre carte régulière. Et, tant qu’à y être, pourquoi ne pas faire une place toute particulière à notre nouveau venu, le Pimm’s, et festoyer comme on le fait lors de Wimbledon!