gueule de bois Éditorial par le buveur · prince akeem de zamunda. le pouvoir de la mous-tache....

4
JOURNAL DE LA DISTILLERIE ÉDITION NO.31, NOv. 2011 www.DISTILLERIE.Tv AUTOUR DU TONNEAU JOURNAL DE LA DISTILLERIE ÉDITION NO.31, NOv. 2011 wALkERvILLE ExpERIENcE GUEULE DE BOIS ÉDITORIAL PAR LE BUVEUR EN-LIGNE AU WWW.DISTILLERIE.TV PIQUE NOTRE MENU POUR LA MAISON! pOUR UNE hISTOIRE DE ‘STAchE LE BEc vERSEUR DIGNES mOUSTAchUS PAR MARIE-ÈVE BOURASSA La Distillerie recrute pour Movember! Pour une 3 e année consécutive, nos mâles distillateurs se laissent pousser la pilosité faciale afin de supporter une cause qui nous tient à cœur : Movember. Viens en apprendre plus sur ce mouvement international qui supporte la recherche fondamentale sur le cancer de la prostate et qui s’efforce de sensibiliser les hommes au dépistage précoce. En passant par le site, joins-toi à notre équipe Movember et récolte aussi des dons avec nous! www.mobro.co/LaDistillerie Quelque chose de grand s’apprête à vous jaillir sous le nez, Messieurs. Quant à vous, Mesdames, vous se- rez bientôt bombardées par une quantité de charme sen- suel hors du commun. C’est le mois de novembre, 30 jours pendant lesquels des hommes de partout à tra- vers le monde choisissent de conscientiser la population aux enjeux de la santé mas- culine en plus d’amasser des fonds pour la recherche mé- dicale. Comment ces braves mâles accomplissent-ils cet- te tâche capitale? Ils portent la moustache! La moustache, plus que du poil; une arme contre le cancer! Chaque sex-symbole qui se respecte a eu une moustache, et ce mois-ci, vous pouvez vous join- dre à cette riche tradition et découvrir le mâle alpha qui sommeille en vous. La moustache transcende les époques, les races et les classes socia- les, la moustache rassemble tous les hommes sous un même nez et affirme leur virilité commune. L’année dernière, plus de 115 000 personnes ont participé à la cam- pagne de Movember au Cana- da, ensemble, nous avons amas- sé plus de 22 millions de dollars! Cette année encore, nous met- tons notre testostérone à profit et souhaitons faire de 2011 une année record. La Distillerie vous invite donc à vous joindre à la cau- se de la santé masculine et à entretenir votre Stache avec nous. Comment faire? Cessez de vous raser la lèvre supérieure, voilà : le poil poussera par lui-même! Votre travail n’est pas terminé, Mes- sieurs, il vous faut choisir un sty- le, entretenir votre moustache, et la faire rayonner. Mesdames, en soutenant le port de la moustache, vous pou- vez aider vos poilus préférés à conscientiser la population sur les enjeux de la santé masculi- ne. La femme aime la moustache et la femme aime l’homme qui la brandit! La femme aide l’hom- me à assumer sa moustache et à l’entretenir avec soin. «Come on» les filles, on est allés mar- cher avec vous autres pour le cancer du sein, là, c’est à votre tour de nous aider! Ensemble, nous pouvons chan- ger le visage de la santé mascu- line. Ensemble, comme autant de poils, nous pouvons deve- nir une moustache d’espoir pour nos pères, frères, oncles et autres mâles importants dans nos vies. PAR ALEXANDRE LEFEBVRE Les 19 et 20 septembre derniers, quatre membres de l’équipe de la Distillerie ont eu la chance de visiter le Brand Center de Canadian Club, à Windsor, Ontario – formule VIP svp! Accompagnés tout le long de leur séjour par l’ambassadrice de la marque, Tish Harcus, les quatre «maudits chanceux» ont vécu une expérience non seu- lement enrichissante, mais hautement passionnante. Ce que j’en sais? J’étais une chanceuse de la «Walkerville Experience» et, même si j’en suis revenue avec quelques points de suture (ben oui, tsé…), je peux vous assurer que le déplacement valait définitive- ment le coup. Voici donc un résumé de ce qui nous est entré dans la tête et le cœur, un bel article sans aucune objectivité, comme lorsqu’on a bu trop de Whisky. 6h30 (ouch…) : l’avion qui nous amène jusqu’à l’autre avion, qui lui nous amènera à Windsor, décolle (donc oui, ça, ça veut dire qu’il nous a fallu nous lever tôt. Très tôt.) Déjà en manque de sommeil – une situation qui ne s’améliorera jamais durant le voyage de deux jours –, mais excités, nous plongeons tête première dans l’aventure Walkerville qui a été organisée au quart de tour par notre guide, Tish. Pas encore l’heure du dîner, mais nous en connaissions déjà beaucoup plus sur l’histoire riche de Hiram Walker et du whisky chouchou des Canadiens. Originaire de la banlieue de Boston, Massachusetts, Hiram Walker naît en 1816. À l’âge de 21 ans, le jeune homme qui rêve de réussir dans le monde des affaires migre vers Détroit. En 20 ans, il sera à la tête de 7 diffé- rentes entreprises, dont une épicerie, mais ce dont il a vraiment envie, c’est distiller de l’alcool. Déjà à cette épo- que, les rabat-joie des mouvements de tempérance tem- pêtent et les lois sont assez strictes en ce qui concerne la distillation de spiritueux. Walker décide donc d’acheter des terres de l’autre côté de la rivière, juste en face : au Canada. Non seulement le marché immobilier y est moins féroce, mais les lois, de même que la com- pétition, y sont plus douces. Deux ans après avoir acheté son lopin de terre, Walker ouvre sa dis- tillerie, en 1858. Rapi- dement, le Whisky qui sort de ses alambics et ses barils devient un grand favori et tous les «clubs» en achète : on lui attribue le sobriquet de «Club Whisky». Le «Hiram Walker Club Whisky» est non seulement populaire au Canada, mais il l’est aussi aux États-Unis. À mesure que le Whisky fait son chemin vers le sud, les producteurs de Bourbon et de Whiskey américain se plaignent; en 1882, Hiram Walker se voit contraint d’ajouter la mention «Whisky Canadien» sur la bouteille. C’est la naissance de CC, Canadian Club. Parlant de CC : c’est l’heure du dîner et, comme le men- tionne Tish, dès que midi sonne, le café disparaît et se transforme… en Whisky ! Sandwiches, salades, fruits, accompagnés d’un «petit» Canadian Club Sherry Cask dans la très chic salle à manger du Brand Center (une toute simple réplique d’un aussi simple palais de Flo- rence...) À peine midi donc: le Whisky est bon et je me sens comme dans une scène de Mad Men. Ça pourrait difficilement aller mieux. Et pourtant… Dès le repas terminé, nous partons à l’aventure dans cette luxueuse et immense demeure truffée de mer- veilles historiques. Œuvres d’art, certes, mais aussi reli- ques d’une autre époque qui en ont beaucoup, beaucoup à raconter. Sur les murs, d’innombrables photographies, dont la majorité nous ramène au temps de la prohibition. Parce qu’il faut savoir qu’à Windsor, beaucoup se sont mis riches aux jours secs de l’Amérique – la beauté de certaines maisons du quartier de Walkerville et en bord de rivière en fait montre. Non seulement plusieurs Amé- ricains assoiffés traversaient la frontière pour venir boire un verre ou dix en toute légitimité, mais Windsor était un des principaux ports d’exportation de spiritueux. Al Ca- pone venait personnellement en ville négocier le prix de son Canadian Club. Et un code secret existait entre Enoch Johnson et William McCoy. Le deuxième jour, nous avons d’ailleurs eu la chance de luncher dans le speakeasy où les truands de Détroit et Chicago brassaient de grosses affaires. Pas très loin de cette superbe pièce se trouve le tunnel. Oui, oui, le tunnel qu’Hiram Wal- ker avait fait construire pour se rendre plus rapidement chez lui, à «Motor Town». La pièce la plus impressionnante demeure cependant, pour tout mordu d’histoire, les archives. Des centaines de bouteilles de toutes les époques, registres des débuts jusqu’à la prohibition, photos et objets rares : un véritable musée occupe l’espace qui, jadis, l’était par la piscine. Suite à la mort par noyade d’une jeune femme, on décida à l’époque de remplir la piscine de béton, après y avoir jeté le grand piano de la salle à manger, en espérant, ainsi, s’attirer la chance. Après avoir couru, exploré, visité la distillerie, bien appris et bien bu, il était temps de manger (encore). Check in éclair au Hilton de Windsor, juste le temps d’admirer la magnifique vue sur Détroit que l’on a de la chambre, et hop ! Au resto ! Tish nous a traînés dans une petite pizzeria fort sympathique du vieux Walkerville. Nous étions 5 et, sur la table, il y avait de la bouffe pour 15 : de toute évi- dence, il fallait reprendre des forces pour la journée du lendemain qui s’annonçait tout aussi remplie! Oh oui, mesdames et messieurs : je suis maintenant de ceux qui osent la ‘stache et j’irais jusqu’à dire que je l’ose avec classe, avec brio et avec cœur – je le fais pour Movember après tout. Je suis encore saoul. Je marche, le pas léger, sur un tempo lent, comme de la musique dans ma tête. Je marche, le cœur léger, je rentre chez moi, la tê- te mi-endormie mi-ivre, marche sur le trottoir com- me on marche sur un nuage. Le matin est à peine plus réveillé que moi, les adultes s’affairent, vont travailler; moi, je rentre me coucher. J’ai envie de leur gueuler : «Je suis encore saoul!!!», mais juste à l’odeur que je dégage, parions qu’ils s’en doutent pas mal. Je suis encore saoul, donc je m’en fous, du regard rempli de reproches des grands. Ils doivent être en train de se dire : «Mais, il ne devrait pas être un adulte, lui aussi? Il en a pourtant l’âge et la pi- losité…» Non, mesdames et messieurs! Je ne suis pas un adulte. Pas aujourd’hui et, parti comme c’est là, pas demain non plus. Voyez-vous, mesdames et messieurs, c’est que je suis encore saoul, je viens de passer la nuit avec la plus belle femme du Tout- Montréal et, présentement, j’ai la ferme intention de demeurer irresponsable. Comment je suis arrivé à la faire me traîner chez elle vous vous demandez? J’imagine qu’elle devait être aussi ivre que moi. Ça, mais je mets surtout la fau- te sur mon charme irrésistible et ma toute nouvel- le moustache. Oh oui, mesdames et messieurs : je suis maintenant de ceux qui osent la ‘stache et j’irais jusqu’à dire que je l’ose avec classe, avec brio et avec cœur – je le fais pour Movember après tout. On a beau en rire, s’en moquer, la tourner en ridi- cule : quelque part, on l’aime tous. «Ein Kuss oh- ne Schnurrbart ist wie Suppe ohne Salz» - Un bai- ser sans moustache est comme une soupe sans sel, veut le proverbe! Elle habille la lèvre, faisant montre, grâce à sa taille particulière, de notre ca- ractère. Naturelle, à la Dali, Impériale, Anglaise ou Mexicaine : contrairement à la barbe, elle ne camou- fle en rien la physionomie de notre visage – la carru- re de notre mâchoire, la masculinité de nos traits –, mais réussit tout de même à l’habiller, couvrir un peu, juste assez. Juste assez pour éveiller le désir chez le sexe faible (désolé, c’est très certainement la mous- tache qui me fait parler ainsi… Ça, ou le fait que je suis encore saoul.) On a tous ri de celles des années ’70 & ’80 : Tom «Magnum» Selleck, Burt Reynolds, les gars de Village People pour l’ensemble de leur œuvre. Mais on a beau dire ce qu’on voudra, la franchi- se de «L’Arme Fatale» en a perdu beaucoup lors- que Danny Glover a perdu la sienne. Eddie Murphy n’a jamais été plus sym- pathique que dans la peau d’Axel Foley ou celle du Prince Akeem de Zamunda. Le pouvoir de la mous- tache. Point. Pensez-y deux secondes : un nombre impression- nant d’hommes tout aussi impressionnants ont fiè- rement porté d’impressionnantes moustaches. Friedrich Nietzche, Salvador Dali, Pancho Vila, Freddie Mercury, Emiliano Zapata, Edgar Allan Poe, Albert Einstein, George Brassens, Gomez Addams… Je suis encore saoul, et je m’emballe. Je suis encore saoul, et je suis bien. Je suis encore saoul, et, pour- tant, ça n’a plus rien à voir avec l’alcool que j’ai pu avoir dans le sang. Je suis encore saoul de son corps, celle de la plus belle fille du Tout-Montréal. Saoul de sa voix. Saoul de son rire et de ses baisers. Saoul de son odeur, celle qui s’est collée à la mienne et qui ne me quit- te plus, malgré le vent froid de novembre, comme un souvenir rimant avec demain. Son odeur, sur ma peau, mes vêtements, mes cheveux, mais surtout, surtout, ma moustache. Maupassant avait bien raison : «Vive la moustache!»

Upload: others

Post on 26-May-2020

4 views

Category:

Documents


0 download

TRANSCRIPT

JOURNAL DE LA DISTILLERIE ÉDITION NO.31, NOv. 2011 www.DISTILLERIE.Tv

AUTOUR DU TONNEAU

JOURNAL DE LA DISTILLERIE ÉDITION NO.31, NOv. 2011

wALkERvILLEExpERIENcE

GUEULE DE BOIS ÉDITORIAL PAR LE BUVEUR

EN-LIGNE AU

WWW.DISTILLERIE.TV

PIQUE NOTRE MENU POUR LA MAISON!

pOUR UNE hISTOIRE DE ‘STAchE

LE BEc vERSEUR DIGNES mOUSTAchUS

PAR MARIE-ÈVE BOURASSA

La Distillerie recrute pour Movember!

Pour une 3e année consécutive, nos mâles distillateurs se laissent pousser la pilosité faciale afin de

supporter une cause qui nous tient à cœur : Movember.

Viens en apprendre plus sur ce mouvement international qui supporte la recherche

fondamentale sur le cancer de la prostate et qui s’efforce de sensibiliser les hommes au dépistage précoce. En passant

par le site, joins-toi à notre équipe Movember et récolte aussi des

dons avec nous!

www.mobro.co/LaDistillerie

Quelque chose de grand s’apprête à vous jaillir sous le nez, Messieurs. Quant à vous, Mesdames, vous se-rez bientôt bombardées par une quantité de charme sen-suel hors du commun. C’est le mois de novembre, 30 jours pendant lesquels des hommes de partout à tra-vers le monde choisissent de conscientiser la population aux enjeux de la santé mas-culine en plus d’amasser des fonds pour la recherche mé-dicale. Comment ces braves mâles accomplissent-ils cet-

te tâche capitale? Ils portent la moustache!

La moustache, plus que du poil; une arme contre le cancer! Chaque sex-symbole qui se respecte a eu une moustache, et ce mois-ci, vous pouvez vous join-dre à cette riche tradition et découvrir le mâle alpha qui sommeille en vous. La moustache transcende les époques, les races et les classes socia-les, la moustache rassemble tous les hommes sous un même nez et affirme leur virilité commune.

L’année dernière, plus de 115 000 personnes ont participé à la cam-pagne de Movember au Cana-da, ensemble, nous avons amas-sé plus de 22 millions de dollars! Cette année encore, nous met-

tons notre testostérone à profit et souhaitons faire de 2011 une année record.

La Distillerie vous invite donc à vous joindre à la cau-se de la santé masculine et à entretenir votre Stache avec nous. Comment faire? Cessez de vous raser la lèvre supérieure, voilà : le poil poussera par lui-même!

Votre travail n’est pas terminé, Mes-sieurs, il vous faut choisir un sty-le, entretenir votre moustache, et la faire rayonner.

Mesdames, en soutenant le port de la moustache, vous pou-vez aider vos poilus préférés à conscientiser la population sur les enjeux de la santé masculi-ne. La femme aime la moustache

et la femme aime l’homme qui la brandit! La femme aide l’hom-me à assumer sa moustache et à l’entretenir avec soin. «Come on» les filles, on est allés mar-cher avec vous autres pour le cancer du sein, là, c’est à votre tour de nous aider!

Ensemble, nous pouvons chan-ger le visage de la santé mascu-line. Ensemble, comme autant de poils, nous pouvons deve-nir une moustache d’espoir pour nos pères, frères, oncles et autres mâles importants dans nos vies.

PAR ALEXANDRE LEFEBVRE

Les 19 et 20 septembre derniers, quatre membres de l’équipe de la Distillerie ont eu la chance de visiter le Brand Center de Canadian Club, à Windsor, Ontario – formule VIP svp! Accompagnés tout le long de leur séjour par l’ambassadrice de la marque, Tish Harcus, les quatre «maudits chanceux» ont vécu une expérience non seu-lement enrichissante, mais hautement passionnante. Ce que j’en sais? J’étais une chanceuse de la «Walkerville Experience» et, même si j’en suis revenue avec quelques points de suture (ben oui, tsé…), je peux vous assurer que le déplacement valait définitive-ment le coup. Voici donc un résumé de ce qui nous est entré dans la tête et le cœur, un bel article sans aucune objectivité, comme lorsqu’on a bu trop de Whisky.

6h30 (ouch…) : l’avion qui nous amène jusqu’à l’autre avion, qui lui nous amènera à Windsor, décolle (donc oui, ça, ça veut dire qu’il nous a fallu nous lever tôt. Très tôt.) Déjà en manque de sommeil – une situation qui ne s’améliorera jamais durant le voyage de deux jours –, mais excités, nous plongeons tête première dans l’aventure Walkerville qui a été organisée au quart de tour par notre guide, Tish. Pas encore l’heure du dîner, mais nous en connaissions déjà beaucoup plus sur l’histoire riche de Hiram Walker et du whisky chouchou des Canadiens.

Originaire de la banlieue de Boston, Massachusetts, Hiram Walker naît en 1816. À l’âge de 21 ans, le jeune homme qui rêve de réussir dans le monde des affaires migre vers Détroit. En 20 ans, il sera à la tête de 7 diffé-rentes entreprises, dont une épicerie, mais ce dont il a vraiment envie, c’est distiller de l’alcool. Déjà à cette épo-que, les rabat-joie des mouvements de tempérance tem-pêtent et les lois sont assez strictes en ce qui concerne la distillation de spiritueux. Walker décide donc d’acheter des terres de l’autre côté de la rivière, juste en face : au Canada. Non seulement le marché immobilier y est moins

féroce, mais les lois, de même que la com-pétition, y sont plus douces. Deux ans après avoir acheté son lopin de terre, Walker ouvre sa dis-tillerie, en 1858. Rapi-dement, le Whisky qui sort de ses alambics

et ses barils devient un grand favori et tous les «clubs» en achète : on lui attribue le sobriquet de «Club Whisky». Le «Hiram Walker Club Whisky» est non seulement populaire au Canada, mais il l’est aussi aux États-Unis. À mesure que le Whisky fait son chemin vers le sud, les producteurs de Bourbon et de Whiskey américain se plaignent; en 1882, Hiram Walker se voit contraint d’ajouter la mention «Whisky Canadien» sur la bouteille. C’est la naissance

de CC, Canadian Club.

Parlant de CC : c’est l’heure du dîner et, comme le men-tionne Tish, dès que midi sonne, le café disparaît et se transforme… en Whisky ! Sandwiches, salades, fruits, accompagnés d’un «petit» Canadian Club Sherry Cask dans la très chic salle à manger du Brand Center (une toute simple réplique d’un aussi simple palais de Flo-rence...) À peine midi donc: le Whisky est bon et je me sens comme dans une scène de Mad Men. Ça pourrait difficilement aller mieux. Et pourtant…

Dès le repas terminé, nous partons à l’aventure dans cette luxueuse et immense demeure truffée de mer-veilles historiques. Œuvres d’art, certes, mais aussi reli-ques d’une autre époque qui en ont beaucoup, beaucoup

à raconter. Sur les murs, d’innombrables photographies, dont la majorité nous ramène au temps de la prohibition.

Parce qu’il faut savoir qu’à Windsor, beaucoup se sont mis riches aux jours secs de l’Amérique – la beauté de certaines maisons du quartier de Walkerville et en bord de rivière en fait montre. Non seulement plusieurs Amé-ricains assoiffés traversaient la frontière pour venir boire un verre ou dix en toute légitimité, mais Windsor était un des principaux ports d’exportation de spiritueux. Al Ca-pone venait personnellement en ville négocier le prix de

son Canadian Club. Et un code secret existait entre Enoch Johnson et William McCoy. Le deuxième jour, nous avons d’ailleurs eu la chance de luncher dans le speakeasy où les truands de Détroit et Chicago brassaient de grosses affaires. Pas très loin de cette superbe pièce se trouve le tunnel. Oui, oui, le tunnel qu’Hiram Wal-ker avait fait construire pour se rendre plus rapidement chez lui, à «Motor Town».

La pièce la plus impressionnante demeure cependant, pour tout mordu d’histoire, les archives. Des centaines de bouteilles de toutes les époques, registres des débuts jusqu’à la prohibition, photos et objets rares : un véritable musée occupe l’espace qui, jadis, l’était par la piscine. Suite à la mort par noyade d’une jeune femme, on décida à l’époque de remplir la piscine de béton, après y avoir jeté le grand piano de la salle à manger, en espérant, ainsi, s’attirer la chance.

Après avoir couru, exploré, visité la distillerie, bien appris et bien bu, il était temps de manger (encore). Check in éclair au Hilton de Windsor, juste le temps d’admirer la magnifique vue sur Détroit que l’on a de la chambre, et hop ! Au resto ! Tish nous a traînés dans une petite pizzeria fort sympathique du vieux Walkerville. Nous étions 5 et, sur la table, il y avait de la bouffe pour 15 : de toute évi-dence, il fallait reprendre des forces pour la journée du lendemain qui s’annonçait tout aussi remplie!

Oh oui, mesdames et messieurs : je suis maintenant de ceux qui osent la ‘stache et j’irais jusqu’à dire que je l’ose avec classe,

avec brio et avec cœur – je le fais pour Movember après tout.Je suis encore saoul. Je marche, le pas léger, sur un tempo lent, comme de la musique dans ma tête. Je marche, le cœur léger, je rentre chez moi, la tê-te mi-endormie mi-ivre, marche sur le trottoir com-me on marche sur un nuage. Le matin est à peine plus réveillé que moi, les adultes s’affairent, vont travailler; moi, je rentre me coucher. J’ai envie de leur gueuler : «Je suis encore saoul!!!», mais juste à l’odeur que je dégage, parions qu’ils s’en doutent pas mal. Je suis encore saoul, donc je m’en fous, du regard rempli de reproches des grands. Ils doivent être en train de se dire : «Mais, il ne devrait pas être un adulte, lui aussi? Il en a pourtant l’âge et la pi-losité…» Non, mesdames et messieurs! Je ne suis pas un adulte. Pas aujourd’hui et, parti comme c’est là, pas demain non plus. Voyez-vous, mesdames et messieurs, c’est que je suis encore saoul, je viens de passer la nuit avec la plus belle femme du Tout-Montréal et, présentement, j’ai la ferme intention de demeurer irresponsable.Comment je suis arrivé à la faire me traîner chez elle vous vous demandez? J’imagine qu’elle devait être aussi ivre que moi. Ça, mais je mets surtout la fau-te sur mon charme irrésistible et ma toute nouvel-le moustache. Oh oui, mesdames et messieurs : je suis maintenant de ceux qui osent la ‘stache et j’irais

jusqu’à dire que je l’ose avec classe, avec brio et avec cœur – je le fais pour Movember après tout.On a beau en rire, s’en moquer, la tourner en ridi-cule : quelque part, on l’aime tous. «Ein Kuss oh-ne Schnurrbart ist wie Suppe ohne Salz» - Un bai-ser sans moustache est comme une soupe sans sel, veut le proverbe! Elle habille la lèvre, faisant montre, grâce à sa taille particulière, de notre ca-ractère. Naturelle, à la Dali, Impériale, Anglaise ou Mexicaine : contrairement à la barbe, elle ne camou-fle en rien la physionomie de notre visage – la carru-

re de notre mâchoire, la masculinité de nos traits –, mais réussit tout de même à l’habiller, couvrir un peu, juste assez. Juste assez pour éveiller le désir chez le sexe faible (désolé, c’est très certainement la mous-tache qui me fait parler ainsi… Ça, ou le fait que je suis encore saoul.)On a tous ri de celles des années ’70 & ’80 : Tom «Magnum» Selleck, Burt Reynolds, les gars de Village People pour l’ensemble de leur œuvre. Mais on a beau dire ce qu’on voudra, la franchi-se de «L’Arme Fatale» en a perdu beaucoup lors-

que Danny Glover a perdu la sienne. Eddie Murphy n’a jamais été plus sym-pathique que dans la peau d’Axel Foley ou celle du Prince Akeem de Zamunda. Le pouvoir de la mous-tache. Point.Pensez-y deux secondes : un nombre impression-nant d’hommes tout aussi impressionnants ont fiè-rement porté d’impressionnantes moustaches. Friedrich Nietzche, Salvador Dali, Pancho Vila, Freddie Mercury, Emiliano Zapata, Edgar Allan Poe, Albert Einstein, George Brassens, Gomez Addams…Je suis encore saoul, et je m’emballe. Je suis encore saoul, et je suis bien. Je suis encore saoul, et, pour-tant, ça n’a plus rien à voir avec l’alcool que j’ai pu avoir dans le sang.Je suis encore saoul de son corps, celle de la plus belle fille du Tout-Montréal. Saoul de sa voix. Saoul de son rire et de ses baisers. Saoul de son odeur, celle qui s’est collée à la mienne et qui ne me quit-te plus, malgré le vent froid de novembre, comme un souvenir rimant avec demain. Son odeur, sur ma peau, mes vêtements, mes cheveux, mais surtout, surtout, ma moustache.Maupassant avait bien raison : «Vive la moustache!»

JOURNAL DE LA DISTILLERIE ÉDITION NO.31, NOv. 2011 www.DISTILLERIE.Tv

DESI

GN G

RAPH

IQUE

: EK

TOPL

ASM

E.CO

M

Afin de bonifier notre panache On se fait pousser la moustache Mais est-ce qu’on connaît vraiment La nature de l’instrument?

La petite, la grande, la Belge, l’Allemande Celle qui met le poil sur le bout de la langue La jaune, la brune, la noire, la rousse Celle qui est plus dense que la brousse

Y a des moustaches qui sont distinctives Et d’autres qu’on cherche comme des détectives Trois petits poils en dessous du nez C’est un velours sans maturité

Celle de Nietszche était une bien grosse touffe Celle d’Obélix toujours pleine de bouffe Einstein en avait une qui décoiffe La moustache de Volstead a soif

Et tout ce beau poil facial Finance la recherche médicale Pour que le cancer de la prostate Puisse enfin passer date

Tout, tout, tout, j’vous dirai tout sur la moustache

UN vERS DANS LE NEzÉCRIT PAR ALEXANDRE LEFEBVRE

“ Oh! ma chère Lucie, ne te laisse jamais embrasser par un homme sans moustaches ; ses baisers n’ont aucun goût, aucun, aucun ! Cela n’a plus ce charme, ce moelleux et ce... poivre,

oui, ce poivre du vrai baiser. La moustache en est le piment”

- La Moustache, Guy de Maupassant -

LAST cALL/DERNIER SERvIcE

DES mOUSTAchES ET DES hOmmES

PAR ALEXANDRE LEFEBVRE

Charlie Chaplin n’a peut-être pas porté la mous-tache, mais il doit une bonne partie de son succès au fait que son personnage fétiche, Charlot, en ait eu une. Le maître du cinéma muet a su démontrer qu’avec la bonne moustache, et une dose de gé-nie, on peut faire : rire, pleurer, réfléchir et tenir tê-te à un tyran.

Il a galvanisé une génération en les encourageant à manger leur déjeuner et être gentils les uns avec les autres. Il nous a offert, outre un album hip-hop, des moments de lutte inoubliables en se relevant sous les acclamations alors que l’on croyait tout perdu. Hulk Hogan aurait-il pu accomplir tout cela sans sa moustache blonde? J’en doute.

Lui et son frère gèrent une entreprise de plombe-rie, mais, à temps perdu, Mario sauve des princes-

ses. Grand, petit, en grenouille ou en raton, lan-çant du feu ou se cassant la tête sur des briques, la moustache est présente et augmente son « hi-gh score »!

Groucho Marx avait un don pour tourner une conversation en farce. Son adresse, son génie, venait peut-être du fait qu’il portait la moustache.

Si une énergie existe en chaque chose du fait de leur masse, la moustache d’Albert Einstein avait le pouvoir de voyager dans le temps au carré de la vitesse de la lumière.

Il a affirmé la mort de Dieu, et tout ce qu’il avait pour tenir tête à l’Éternel était une divine mous-tache. À l’ombre de sa propre moustache, Nietzs-che était un surhomme.

Justicier à sa manière, Wild Bill Hickock est devenu une légende du Far West. On l’a abattu d’une balle dans le dos parce que lui tirer des-sus de face aurait voulu dire devoir affronter sa moustache!

Telle une moustache naissante, sa vie fut cou-pée trop court. Monsieur Layton, nous saluons votre parcours, votre œuvre, et votre vision. Votre moustache nous manque cruellement dans le visage politique canadien.

Membre du Congrès américain, Andrew Volstead aurait été un parmi les premiers à vouloir interdire le lynchage par un acte de loi. L’histoire se souvient de lui comme étant le père du « Volstead act » ayant me-né à la prohibition. En ce qui nous concerne la plus noble de toutes ses expériences a été sa moustache.

Quand il n’était pas en train de repousser les limites de son subconscient, de parler dans les parties géni-tales d’un homard-téléphone, ou en train de peindre une de ses œuvres hallucinogènes, Dali devait pren-dre soin de sa moustache signature.

Marie-Ève BourassaAlexandre Lefebvre

JOURNAL DE LA DISTILLERIE ÉDITION NO.31, NOv. 2011 www.DISTILLERIE.Tv

UN vERS DANS LE NEzÉCRIT PAR ALEXANDRE LEFEBVRE

LE cLASSE...hIc! PAR MARIE-EVE BOURASSA

DESI

GN G

RAPH

IQUE

: EK

TOPL

ASM

E.CO

M

LE FLIp

hISTOIRE DE pUB NUcky

EN GARNITURE...Prédécesseur du Flip, le «posset» anglais, composé de bière, lait et alcool, était consommé à des fins médicinales par la popula-ce aussi tôt qu’au 8e siècle. Dès 1550, il devient pourtant très à la mode. Mary I d’Angleterre avait d’ailleurs reçu des outils et verres à posset de la part de l’ambassadeur d’Espagne.

La mous-tache est à l’honneur

ce mois-ci et il serait bien triste de pas-ser sous silence celle d’Harry Johnson, d’autant plus que Johnson, alors qu’il tra-vaillait au Delmonico de New York, servit un Sherry Flip à une autre impressionnante moustache : le Grand Duc de Russie Alexei Alexandrovitch. Lors de ce même voyage en Amérique, le Grand Duc avait eu la chance de visiter Montréal, plus particulièrement le canal Lachine, et de déjeuner avec le maire.

Les trois mots qui décrivent le mieux Cana-dian Club Whisky sont : light, smooth & mel-low. «Light» grâce à la double distillation et

«smooth» car il est assemblé avant le vieillissement en fûts de chêne américain, ce qui lui octroie son caractère «mellow».

Pendant la prohibition, c’est l’équivalent de 20 000 barils qui passaient la frontière chaque mois. Il était d’ailleurs possible de se procurer légalement de l’alcool, avec une prescription de son médecin.

En 1923, une caisse de 12 bouteilles de Canadian Club coûtait à Al Capone 12$. Il revendait la même caisse 75$.

Véritable hommage à la moustache, Guy de Maupassant écri-vait, en 1883, une courte nouvelle portant le titre de (vous l’aurez deviné) : La Moustache. Sous forme de lettre, on y fait la connaissance de Jeanne, femme désespérée suite au rasage de son mari. Un incontournable !

Le premier «boardwalk» (un terrassement de bois érigé le long de la plage) fut construit en 1870, à Atlantic City.

Vous voulez en connaî-tre davantage sur la prohibition, Canadian Club, Al Capone ? Consultez nos articles

en ligne au www.pubdistillerie.com

sous l’onglet «journal». Vous pouvez aussi vous procurer l’incroyable docu-mentaire (d’une durée de 360 minutes !) «Prohibition», réalisé par Ken Burns et Lynn Novick.

Canadian Club est définitivement le whisky de choix à la télévision ces jours-ci ! Non seulement est-il le grand favori de Don Draper (Mad Men), mais il est aussi extrêmement présent sur le Boardwalk de HBO.

Les dernières années ont été particulièrement difficiles à Détroit, la ville aussi connue comme «Motor Town». Sans travail, sans argent, plusieurs familles s’exilèrent. La ville a ainsi, en très peu de temps, perdu le tiers de sa population.

Un grand nombre de maisons sont main-tenant abandonnées, décrépites, et on y détruit quotidiennement des quartiers entiers. Pour satisfaire votre curiosité (et voir de remarquables photographies), www.100abandonedhouses.com.

PAR MARIE-ÈVE BOURASSA

Qui dit «cocktail mous-tache» ne dit pas nécessairement

crème ou lait. Avant le Brandy Alexan-der et les Cafés «Co-

miques», il y avait le Flip. La richesse du

Flip (du moins la ver-sion que l’on connaît

aujourd’hui) ne lui vient pas des produits laitiers, mais bel et bien d’œuf.

Oui, oui: d’œuf entier, le jaune pis toute, pis toute.

Vous grimacez déjà? Cer-tes, nous n’avons pas tous le cœur à toute épreuve comme Rocky. Pourtant, un Flip, lors-que préparé avec soin, c’est carrément subli-me : parole de picoleur capricieux!

Toujours pas convaincus? Eh bien, dites-vous que L’Amérique boit des Flips depuis la coloni-sation et, bien avant elle, les sujets loyaux de Sa Majesté, en Angleterre, ont bien souvent porté des toasts armés d’un pareil verre (Sa Majesté aussi, d’ailleurs…)

D’après le Dictionnaire Anglais Oxford, le ter-me «flip» serait apparu une première fois en 1695 (même si, selon certaines sources, on en buvait déjà au 8e siècle!) et était alors défini comme une mixture de bière Ale, de Rhum et de sucre, chauffée à l’aide d’un «loggerhead» - un tisonnier de métal avec, à son extrémité, une boule. On pla-çait le «loggerhead» dans le feu jusqu’à ce qu’il devienne rouge puis, dans le Flip, préalablement mélangé. La mixtu-re se mettait alors à mousser, produi-re de l’écume ; el-le «flippait».

Déjà, sur les me-nus des premiers saloons et taver-nes d’Amérique, le Flip était des réguliers. À cet-te époque, celle de Jerry Thomas, on y avait ajou-

té l’œuf qui est, encore aujourd’hui, sa prin-cipale caractéristique. Dans son «How to Mix Drinks» (1862), Thomas souligne l’importance de très bien mélanger le Flip afin d’obtenir une concoction crémeuse et riche. Un autre cock-tail alors hautement populaire et souvent attri-bué – à tort – à Thomas, le Tom & Jerry, est un fidèle descendant de ce Flip anglais, tout com-

me le Egg Nog – oui, même celui de Ma-tante Monique.

Mis à part l’œuf, de quoi est constitué un Flip? D’un cô-té, il y a les es-sentiels : épices (muscade) et su-cre. Et de l’autre: l’alcool. Quel genre d’alcool? Et bien là, c’est le moment de lais-ser aller votre ima-gination! Les pre-miers Flips étaient

surtout faits à ba-se de vin forti-fié et de Bran-dy. En Améri-que, où impor-ter du Brandy était une acti-vité dispendieuse, on le faisait surtout avec du Rhum ou du Whiskey.

Toujours un peu crain-tifs? Juré craché : c’est vraiment bon! Et puis, c’est beaucoup plus nourrissant qu’un pot de Goldfish.

Pas encore certains? Il ne vous reste plus qu’à demander à votre bar-man ou à votre char-mant serveur de vous convaincre – Mes-sieurs, à vos mous-taches : Opération Charme!

Le mois dernier, sur les ondes de HBO, le deuxième opus de la remar-quable télésérie Boardwalk Empire prenait d’assaut les téléviseurs de l’Amérique, pour notre plus grand bonheur. La série, produite par Martin Scorsese et Mark Wahlberg, met en scène plusieurs figures marquantes du crime organisé et a pour théâtre la joyeuse époque connue sous le nom de « prohibition ». Sous la plume de Terence Win-ter (qui nous avait donné The Sopranos) et les traits de Steve Busce-mi, Enoch Lewis « Nucky » Johnson devient Nucky Thompson, double fictif de l’homme qui, en plein Roaring Twenties, fut à la tête d’Atlan-tic City, alors le plus grand parc d’attractions pour adulte d’Amérique.

Avant de devenir trésorier du conté d’Atlantic, Nucky Johnson occu-pa les postes de sous-shérif, shérif et secrétaire du compté. En 1911, il succède à son mentor, Louis Kuehnle, alors accusé et reconnu coupa-ble de corruption. Bien que les mouvements de tempérance et ligues anti-saloons aient le vent dans les voiles, la prohibition n’est encore qu’une idée et déjà, sous la gouvernance de Johnson, Atlantic City ac-quiert sa réputation de ville du vice : sexe, jeux et alcool sont les trois

principaux attraits sur le Board-walk. Dès son entrée au pouvoir, Nucky s’empresse de « légaliser » la vente d’alcool les dimanches, alors illégale dans tout l’État du New Jersey, tout comme la pra-tique du gambling et de la prosti-tution, en échange de pots de vin. Très politiquement actif, Nucky est aussi réputé pour avoir eu la main longue lors de certaines élections.

Sur la prostitution, l’alcool et le jeu, Nucky a déclaré : « Je ne le nierai pas, et je ne m’en excuse-rai pas non plus. Si la majorité des gens n’en voulait pas, ces prati-ques ne seraient pas profitables et n’existeraient pas. Le fait qu’elles existent me prouve que les gens les veulent. »

C’est évidemment à l’époque de la prohibition que le pouvoir de Nuc-ky atteint son zénith : à ses activités s’ajoute la très lucrative contre-bande d’alcool. Le Ritz est construit sur le Boardwalk en 1921 et aussi-tôt Nucky établit ses quartiers au 8e étage du luxueux hôtel. Il est cé-lèbre pour ses habits dispendieux, son manteau de fourrure d’une va-leur de 1200$, sa limousine bleu poudre (14 000$), sa bague au petit doigt et l’œillet rouge qui, fraîchement cueilli chaque jour, ornait tou-jours son collet. L’homme de 6 pieds 1 pouce, 250 livres, aimait les fem-mes (showgirls), l’alcool et, à ce qu’il paraît, dévorait des plats d’œufs et jambon dans sa suite du Ritz après ses nuits de débauches au Ba-bette’s, le speakeasy le plus populaire d’Atlantic City. C’est à ce mê-me endroit qu’il aurait d’ailleurs, à plusieurs reprises, ragé contre les jeunes musiciens qui, selon lui, lui volaient les meilleures filles. « Chaque fois que j’embrasse une blonde, je goûte le saxophone. »

C’est aussi à Atlantic City, en 1929, qu’eut lieu la première grande réunion regroupant les diri-geants du crime organisé aux États-Unis, qu’on surnomma « le Groupe des 7 » - « Big Seven Group ». Nucky était bien évidemment l’hôte et les convives, passant de Al « Scarface » Capo-ne à « Lucky » Luciano à Meyer « The Brain » Lansky (qui profita de l’occasion pour y tenir sa réception de mariage – ou vice-versa) eurent droit à des célébrations riches en alcool, en mu-sique et en femmes. Après avoir goulûment fes-toyé, les mobsters discutèrent de l’élimination des gangs d’Irlandais, qui dominaient alors les activités criminelles et la corruption politique, et de l’expansion des opérations illégales – mal-heureusement pour eux, la prohibition allait un jour ou l’autre se terminer. C’est la naissance du Syndicat National du Crime (National Crime Syn-dicate).

Mais ce qui caractérise davantage Nucky Jo-hnson et, du même coup, la raison pourquoi il a réussi à tenir ses activités illégales sans embuches aussi longtemps, c’est son charisme légendaire. Extrêmement généreux, il donnait sans compter : si une femme montait à sa suite en pleurant que son ma-

ri avait joué leurs derniers 20 dollars, il plaçait un billet de 100 dans la main de la pauvrette en lui promet-tant que son mari serait dès lors sur la liste noi-re des salons de jeux de la ville. Il assistait à tous les enterrements en amenant avec lui, à bord de la li-mousine, les familles en deuil. « Quand je vivais bien, tout le monde vi-vait bien. »

La Crise économique de 1929 et la fin de la pro-hibition donnent un grand coup au règne de Johnson ; c’est pourtant son amour des fem-mes qui aurait causé sa perte. Nucky aurait été un peu trop entreprenant avec une demoiselle dont s’était entiché William Hearst, le magnat de la presse. Mécontent, ce dernier a alors tout mis en son pouvoir (et du pouvoir, il en avait!) afin de détruire la vie de son rival. Dans ses journaux, il accuse publiquement le maître d’Atlantic City de participer à des activités cri-minelles et le dépeint comme un dictateur sans cœur. Il demande au Président Roosevelt, un ami, de surveiller de près Nucky Johnson. Dès 1936, le FBI est chargé d’enquêter sur place.

Malgré tout, Johnson ne sera jamais formelle-ment accusé de contrebande ou autres actes mafieux. Comme Capone, il sera reconnu cou-pable d’évasion fiscale : il déclarait un salaire annuel de 36 000$, mais gagnait, en vérité, au dessus de 500 000$. Condamné à 10 ans de pri-son, il est libéré après 4 ; l’homme qui sort du pénitencier en est un « nouveau » qui ne veut rien avoir à faire avec le crime organisé.

Il meurt en 1968, à l’âge de 85 ans, un verre de scotch à la main.

PAR MARIE-EVE BOURASSA

Un Flip, lorsque préparé avec soin, c’est carrément sublime : parole de picoleur capricieux!

Marie-Ève Bourassa

« Chaque fois que j’embrasse une blonde, je goûte le saxophone. »

www.DISTILLERIE.TvJOURNAL DE LA DISTILLERIE ÉDITION NO.31, NOv. 2011

HIPSTER 8,50Maker’s Mark, Limoncello, jus de citron, cordial gingembre et citronelle, Angostura à l’orange

JANGO’S CARESS 8,50Vodka Skyy, Prunelle de Bourgogne, pamplemousse rose en cubes, sirop d’orgeat, fleur d’hibiscus confite

LAZY LADY 8,50Vodka Skyy, Cointreau, concombre frais, purée de fruit de la passion, sirop simple, Angostura à l’orange

MANGORITA 8,50Cazadores Reposado 100% Agave, Muscat, Cointreau, purée de mangue, jus de lime, verre givré de cannelle et sucre

SAILOR’S WET DREAM 8,50Sailor Jerry, Kahlua, Crème de banane, jus d’ananas, crème, all-spice

SAM-SU-FI 8,50Southern Comfort, Triple Sec, Xérès Fino, menthe fraîche, purée de fraise

WHITE LADY #2 8,50London Dry Gin, Lillet, Cointreau, jus de citron, sirop simple, blanc d’oeufverre rincé a l’absinthe

WORD UP! 8,50London Dry Gin, Noilly PRATT Dry, Chartreuse Verte, purée de framboise, cordial de surreau, poivre moulu

CASTRO FLAMBÉ 9,50Bacardi 8 ans, lime en cubes flambés à l’Angostura et Absinthe, sirop simple

CHASSE & PÊCHE 8,50Canadian Club Premium, Triple Sec, basilic frais, purée de pêche blanche, jus de citron, sirop simple

CUCUMBER RICKEY 8,50London Dry Gin, concombre en cubes, jus de lime, sirop simple, Regan’s Bitters

ILLEGAL ALIEN 9,50Cazadores Blanco 100% Agave, Benedictine, jus de citron, purée de poire, cordial d’hibiscus maison, fleur d’hibiscus confite

MAD MAN 9,50Maker’s Mark, Sailor Jerry, Courvoisier VS, quartier d’orange, Regan’s bitters, Peychaud’s bitters, Angostura bitters,sirop simple, cerise au brandy

MAI TAI 8,50Bacardi 8ans, Bacardi Gold, Triple Sec, sirop d’orgeat, jus de limeglace concassée

OMFG 9,50Maker’s Mark, Cynar, pamplemousse rose en cubes, sirop simple

RUM RUNNER 9,50Bacardi Gold, Crème de banane, Chambord, jus de lime frais, grenadine maison, Bacardi 151 flambé

XEPEC KAIPIROSKA 8,50Vodka Skyy, Xérès Fino, jus d’aloes, sirop simple, lime en cubes

MOJITO BACARDI 8,50/17Bacardi Superior, menthe fraîche, lime en cubes, sirop simple, eau gazéifiée

BASILIC ROMANTIQUE 8,50/17Lillet, London Dry Gin, basilic frais, jus d’un quartier de lime, purée de fraise, sirop simple, Martini Asti (vin mousseux)

HURRICANE 8,50/17Bacardi Superior, Bacardi Black, purée de fruit de la passion, jus de lime, sirop simple, grenadine, jus d’orange

M’PEACHED 8,50/17Canadian Club Premium, pamplemousse rose en cubes, purée de pêche blanche, jus de citron, sirop simple, 7-UP

MTL ICED TEA 8,50/17Sailor Jerry, London Dry Gin, jus de citron, sirop simple, Angostura, Cola

ROCK’A’RULA 8,50/17Amarula, Angostura, blanc d’oeuf, Rootbeer

SOUTHERN TART 8,50/17Southern Comfort, Galliano, purée de pêche blanche, jus de lime, grenadine maison, jus d’orange, 7-UP

ULTRA VIOLET 8,50/17London Dry Gin, Blue Curaçao, Lillet, Tonic maison de La Distillerie, cordial de gingembre et citronelle, eau gazéifiée

YARIBA! YARIBA! 9,50/19Cazadores Blanco 100% Agave, Triple Sec, jus de lime, jus de citron, sirop simple, grenadine maison, 7-UP

cARTE DE LA DISTILLERIELES cOckTAILS (TypE mARTINI)

LES ALLONGÉS (chOIx DE FORmAT : 14Oz OU NOTRE FAmEUx pOT mASON)

NOUS SOMMES OUVERTS7 JOURS À PARTIR DE 16H!

LES ShORT DRINkS (GÉNÉRALEmENT + cONcENTRÉS EN ALcOOL)

Photos par Danny Rock - photographienomade.com

DESI

GN G

RAPH

IQUE

: EK

TOPL

ASM

E.CO

M

ARPEGGI 9.50

1 ¼ oz Canadian Club ¾ oz Calvados ½ oz jus de citron 1 oeuf frais 1 trait Peychaud’s Soda ½ oz Grenadine

Préparation : Dans un verre boston, réunir tous les ingrédients (à l’exception du soda et de la grenadine) et agiter énergiquement. Verser dans un verre old fashionned. Compléter d’un trait de soda. Décorer de la coquille vide, remplie de grenadine.

TREMPETTE FLAMANDE DU DR TERREUR 8.50/17

1 oz Canadian Club 1oz Amarula ½ oz sirop d’orgeat 1 oz blanc d’oeuf bière Noire Angostura

Préparation : Dans un petit pot mason, combiner tous les ingrédients, sur glace. Agiter énergiquement. Com-pléter avec de la bière noire. Décorer de quelques traits d’Angostura.

BRANDY

Boulard (calvados) 8/11,50Cognac VS Global 7/9,50Courvoisier VS 9/13,50Courvoisier VSOP 11/16,50Courvoisier XO 24Gaston de LaGrange VSOP 11/19,50Grappa De Negri 7/9,50Pisco Soldeica 7/9,50Raynal VSOP Brandy 6/8,50Rémy Martin Grand Cru VS 9/13,50Rémy Martin VSOP 12/20,00

GIN

Beefeater 24 8/11,50Bombay Sapphire 7/9,50Citadelle 7/9,50Hendrick’s 8/11,50

Oxley** 8/11,50Tanqueray 6/8,50Tanqueray 10 8/11,50

RHUM/SPIRITUEUX DE CANNE À SUCRE

Appleton Reserve 8/11,50Appleton V/X 7/9,50Bacardi 8 ans 8/11,50Bacardi Big Apple** 7/9,50Bacardi Blanc 6/8,50Bacardi Coco 7/9,50Bacardi Gold 7/9,50Bacardi Limón 7/9,50Bacardi Razz** 7/9,50Cachaça Leblon 7/9,50Cachaça Pitù 7/9,50Captain Morgan Brun 7/9,50Captain Morgan Spiced 7/9,50

Cockspur 12 9/13,50Havanah 7 ans 8/11,50Havanah Anejo 7/9,50Sailor Jerry Spiced Rhum 6/8,50St-James agricole Ambré 8/11,50

WHISKEY ÉCOSSE

Balvenie Double Wood 11/18,50Bowmore 12 11/18,50Chivas 12 9/14,50Dewar’s 6/8,50Glenfiddich 12 8/11,50Glenfiddich 18 13/22,00Glenlivet 12 9/13,50Glenmorangie 10 12/20,00Grant’s 7/9,50Jonnie Walker RED LABEL 7/9,50Lagavulin 16 15/25,00

Macallan 12 12/20,00

TEQUILA

Cazadores Anejo** 9/13,50Cazadores Blanco** 6/8,50Cazadores Reposado** 7/9,50Don Julio Anejo** 15/25,00Don Julio Blanco** 11/16,50Don Julio Reposado** 13/21,00Hornitos Plata** 11/16,50Hornitos Reposado** 13/21,00Tres Generaciones Anejo** 14/23,00Tres Generaciones Plata** 12/20,00Tres Generaciones Reposado** 13/21,00

VODKA

Finlandia 7/9,50Grey Goose 9/12,50

Grey Goose Citron 9/12,50Grey Goose Orange 9/12,50Grey Goose Poire** 9/12,50Ketel One 7/9,50Moskovskaya 7/9,50Russian Standard 7/9,50Skyy 6/8,50Zubrowka 7/9,50

WHISK(E)Y DU MONDE

Basil Hayden’s 9/13,50Blanton’s 9/13,50Booker’s 13/21,00Bulleit Bourbon** 8/11,50Bushmills 8/11,50Canadian Club Premium 6/8,50Canadian Club 12 ans 7/9,50Canadian Club 20 ans 12/20,00

Crown Royal 7/9,50Evan William’s 10/14,50Gentleman Jack 8/11,50Gibson’s Finest 7/9,50Jack Daniel’s 7/9,50Jack Single Barrel 9/13,50Jameson 7/9,50Jim Beam 6/8,50Jim Beam Black Label 8/11,50Knob Creek 9 ans 9/13,50Maker’s Mark 7/9,50Wild Turkey 7/9,50Wiser’s 6/8,50Woodford Reserve 9/13,50

L’ARmOIRE à BOISSON ** IMPORTATION PRIVÉENOTEZ, LES DISPOS PEUVENT VARIER SELON LA SAQ

VIENS FÊTER 2012 AVEC NOUS! On transforme les trois « La Distillerie » en Saloon western pour l’occasion! Billets en vente dès le 1er décembre.

PIQUE NOTRE MENU

POUR LA MAISON!

COCKTAILS DU MOIS. Claude Bonin et Olivier Dessureault ont su prendre leurs poils à deux mains pour vous offrir des cocktails angoras ce mois-ci. Parions qu’avec son “Arpeggi” et la “Trempette Flamande du Dr. Terreur” Claude saura vous mouiller le poil sous le nez. La “Moustache Brûlée” d’Olivier, quant à elle, vient mettre un peu de chaleur dans nos visages. Trois petits velours à découvrir fièrement, le nez et la moustache en l’air!

MOUSTACHE BRÛLÉE 8.50

1 ¼ oz Canadian Club ¾ oz Pimm’s 4 cubes de pamplemousse ½ oz sirop d’érable ¾ oz blanc d’oeuf

Préparation : Dans un verre boston, piler les pamplemousse avant d’y verser le reste des ingrédients, sur glace. Agiter énergiquement. Passer au tamis et verser sur glace, dans un verre old fashioned. Faire caraméliser la meringue à l’aide d’une torche.