guénon rené - les états multiples de l'être.pdf

Upload: belhamissi

Post on 03-Apr-2018

224 views

Category:

Documents


0 download

TRANSCRIPT

  • 7/28/2019 Gunon Ren - Les tats multiples de l'tre.pdf

    1/70

    Ouvrages du mme auteur:

    Introduction gnrale l'tude des doctrines hindou(''Orient et OccidentAutorit spirituelle et pouvoir temporel

    Le Symbolisme de la Croix

    Tous droits de reproduction, traduction et adaptationrservs pour tous pays.d itions Vga, 2009

    ISBN : 978-2-85829-564-7www.editions-tredan [email protected]

    REN GUNON

    LES'1\L\TS MULTIPLES

    DE L'TRE

    Cinquime dition" L'ANNEAU D'OR"

    ditions VGA19, rue Saint-Sverin75005 PARIS

  • 7/28/2019 Gunon Ren - Les tats multiples de l'tre.pdf

    2/70

    AVANT-PROPOS

    N notre prcdente tude su r Le Symbolisme,/,1/,1, Croix, nous avons expos, d'aprs les donut' tH! fournies par les diffrentes doctrines tra-

    uulltllles, une reprsentation gomtrique de l'tre1 utirement base sur la thorie mtaphysiqueln l multiples. Le prsent volume en sera cet' o.nme un complment, ca r les indicationsuouH avons donnes ne suffisent peut-tre pa s

    u ,., !)sortir toute la porte de cette thorie, qu e,,loil. considrer comme tout fait fondamentale;'" nvons d, en effet, nous borner alors ce qui

    1npportait le plus directement au but nettement' 1" ' que nous nous proposions. C'est pourquoi,1 1 """maintenant de ct la reprsentation symbo-1 l" ' 'l''e nous avons dcrite, ou du moins ne lal'l" lunt en quelque sorte qu'incidemment quand1 1111 ra lieu de nous y rfrer, nous consacrerons

    ul '' nment ce nouveau travail un plus ample'' ' ,., \opvement de la thorie dont il s'agit, soit, et'"" ' ,\'abord, dans son principe mme, soit dans cer-' ' '"" H de ses applications, en ce qu i concerne plus

    \'""' ~ l l i r e m e n t l'tre envisag sous son aspectl l l l l l l l l l l .l':n ce qu i concerne ce dernier point, il n'est peut-1 .. pas inutile de rappeler ds maintenant que le

  • 7/28/2019 Gunon Ren - Les tats multiples de l'tre.pdf

    3/70

    6 LE S TATS MULTIPLES DE L'TREfait de nous arrter aux considrations de ce t ordrt!n'implique nullement que l'tat humain occupe uHrang privilgi ans l'ensemble de l'Existence uni verselle, ou qu'il soit mtaphysiquement distingu,par rapport aux autres tats, par la possession d'uneprrogative quelconque. En ralit, cet tat humainn'est qu'un tat de manifestation comine tous lesautres, et parmi une indfinit d'autres ; il se situe,dans la hirarchie des degrs de l'Existence, la placequi lui es t assigne par sa nature mme, c'est--direpar le caractre limitatif des conditions qui le dfinissent, et eette place ne lu i confre ni supriorit niinfriorit absolue. Si nous devons parfois envisagerparticulirement cet tat, c'est donc uniquementparce que, tant celui dans lequel nous nous trou vons en fait, il acquiert pa r l pour nous, mais pournous seulement, une importance spciale ; ce n'estl qu'un point de vue tout relatif et contingent, celuides individus que nous sommes dans notre prsentmode de manifestation. C'est pourquoi, notamment,quand nous parlons d'tats suprieurs et d'tats infrieurs, c'est toujours par rapport l'tat humain prispour terme de comparaison que nous devons oprercette rpartition hirarchique, puisqu'il n'en es tpoint d'autre qui nous soit directement saisissableen tant qu'individus; et il ne faut pa s oublier quetoute expression, tant l'enveloppement dans un eforme, s'effectue ncessairement en mode indivi duel, si bien que, lorsque nous voulons parler dequoi que ce soit, mme des vrits d'ordre purement mtaphysique, nous ne pouvons le faire qu'endescendant un tout autre ordre, essentiellementrelatif et limit, pour les traduire dans le langagequi est celui des individualits humaines. On corn-

    7AVANT-PROPOS. toutes les prcautions et lesuns peme l' ' , ' table imperfection de ce''mpose Inevi ' ' l d ' tl 1 . d, at ce qu 1 Ol

    ' i m a n i f ~ s t e m e n ~ ma ae ( ;une disproportion' n pareil cas\ y dire autant pourt l 'on peut d ailleurs en , ll ' t yll lle qu e e so1 ,p r s e n t ~ t i o n f o : : : t = ~ i : S e proprement s y ~ -

    _,nr me es r ~ p r e rablement moins trm-11, pourtant mcompa rdinaire et parbornes que le langage 0 t ' n des vri, la commumca 10"'nt plus aptes' a, l'em loi qui en es t faitn il endantes, d ou . p ment possdant un1 ment. dans t o . u ~ ~ n t ~ e l ! : : et traditionnel (1).rt vraiment

  • 7/28/2019 Gunon Ren - Les tats multiples de l'tre.pdf

    4/70

    8 LE S TATS MULTIPLES DE .L'TREd'existence contingents au regard de l'Absolu ; elle

    p ~ m t donc s'accomplir partir de l'tat humain aussihien que de tout autre, et mme, comme nousl'avons dj di t ailleurs, partir de toute moda1itde ce t tat, ce qui revient dire qu'elle est notammeD;t P?ssible. pour l'homme corporel et terrestre,quOI qu en pmssent penser les Occidentaux induitsen erreur, quant l'importance qu'il c o n v i ~ n t d'at tribuer la corporit ,par l'extraordinaire insuffisance de leurs conceptions concernant la constitu.tion de l'tre humain (1). Puisque cet tat est celuio nous nous trouvons actuellement, c'est de lque nous devons effectivement partir si nous nousproposons a t ~ e i n d r e ralisation mtaphysique ,a quelque degre que ce soit, et c'est l la raison essen

    t i e ~ l ~ pour laquelle ce cas doit tre envisag pluss p e c i a l e ~ e ~ t nous ; ayant d'ailleurs dveloppces consideratiOns prcdemment, nous n'y insisterons. PB;_S davantage, d'autant plus que notreexpose meme permettra de les mieux comprendreencore (2 ) .. D'autre part, pour carter toute confusion possible, nous devons rappeler ds maintenant que,! o r ~ q ~ e nous parlons tats multiples de l 'tre,1l s a g ~ t , non pas simple multiplicit numrique,ou meme plus generalement quantitative mais biend'une multiplicit d 'ordre transcendant;! ou vritablement universel, applicable tous les domainesconstituant les diffrents mondes ou degrs del'Existence, considrs sparment ou dans leurensemble, donc en dehors et au del du domainespcial du nombre et mme de la quantit sous tous

    (') Voir L'Homme et son devenir selon le VMdnta ch. xx1v .(') Voir Le Symbolisme de la Croix, ch . xxv1 ~ x v m

    AV ANTPROPOS 9modes. En effet, la quantit, et plus forte raisonn mbre qui n'en est qu'un des modes, savoir

    1 c uun tit discontinue, es t seulement une des con-1 t.ion s dterminantes de certains tats, parmi leslU 1 le ntre ; elle ne saurait donc tre transported'outres tats, et encore moins tre applique l' 118 mble des tats, qui chappe videmment uneIl dtermination. C'est pourquoi, quand nous parI m cet gard d'une multitude indfinie, nous de-> s toujours avoir bien soin de remarquer quel' ndfinit dont il s'agit dpasse tout nombre, etUlsi tout ce quoi la quantit es t plus ou moinsir ct ement applicable, comme l'indfinit spatialeu te mporelle, qui ne relve galement que des coni ions propres notre monde (1) .ne autre remarque s'impose encore, au sujet del' mploi que nous faisons du mo t tre lui-mme,1, en toute rigueur, ne peut plus s'appliquer dans

    11 0 sens propre quand il s'agit de certains tats de11 n-manifestation dont nous aurons parler, et quiIIC t au del du degr de l'Etre pur. Nous sommesu pendant oblig, en raison de la constitution mmeelu langage humain, de conserver ce terme m ~ e1 n pareil cas, dfaut d'un autre plus adquat, maisr ne lui attribuant plus alors qu'une valeur pure

    I ll nt analogique et symbolique, sans quoi il nous111 ait tout fait impossible de parler d'une faonquelconque de ce dont il s'agit ; et c'est l un exemple

    a ne t de ces insuffisances d'expression auxquellesnous faisions allusion tout l'heure. C'est ainsi quenous pourrons, comme nous l'avons dj fait ailleurs,ontinuer parler de l'tre total comme tant en(' ) Voir ibid., p. 124.

  • 7/28/2019 Gunon Ren - Les tats multiples de l'tre.pdf

    5/70

    10 LE S TATS .MULTIPLES DE L'TREmme temps manifest dans non-manifest dans d' c e ~ t a m s de ses tats etimplique aucunement a ~ : r e s etats, sans . que celadevions nous arrter ? ' p ~ d u ' r dermers, nousrespond au de , consi eratwn de ce qu i corl'.tre (1 ). gre qui es t proprement celui de

    Nous rappellerons ces'arrter l'tre et' de n ~ r o p o s , le fait decomme s'il tait en e rien envisager au del,le plus universel d e q : o e ~ ; u : s ~ o r t e l e P r i n ~ i p e suprme,tiques de certaines ' . un des. traits caractris-tiquit et du c o n ~ e p t w n ~ occidentales de l'an-. moyen age qm t tmcontestabl ' ' ou en contenantement une part de m, t h .se retrouve plus dan l e ap ysique qu i nedemeurent grandements. es conceptions modernes, mcompltes souset aussi en ce qu'elles se , ce rapport,ries tablies pour elle - pAresentent comme des tho-, l' . s memes et non en d'rea Isatwn effective co 'd vue un ed' rrespon ante Ce ' t ,Ire, assurment, qu'il n' . . . ,n es pas aen Occident . en ce, . y ai t ne n eu d autre alors. ' :Ia, nous parlons s l dqm est gnralement eu ement e ceen faisant de louabl coffnnu, et dont certains, toutes e orts po ngation moderne on t t d u; reagir contre laet la porte faute' de en adnee a s exagrer la valeur' . se ren re compte ,.1 , .encore l que de poi t d qu I ne s agitextrieurs, et que d ~ : l e v . u ~ / o ~ m e toute assezc'est le cas une so'rt e d es CIVIIsatwns o, comme' e coupure ' t hl 'deux ordres d' s es eta Ie entre. enseignement se sJamais s'op 0 l' , . uperposant sans. P ser, exoterisme appelle l' . ,nsme comme son corn l , . esotecet

  • 7/28/2019 Gunon Ren - Les tats multiples de l'tre.pdf

    6/70

    12 LES TATS MULTIPLES DE L'TREmme de la doctrine mta h . .traire ouvr' , P ysique, qm dOit au con-' Ir, a qm es t capable de la corn re dde l assentir , des possibilits d p .n re ctseulement indfin' . e conceptiOn nonaucun abus de l Ies, mais, ,nous pouv:ons le dire sam;la V, 't , l angage, reellement mfinies commoeri e tota e elle-mme. CHAPITRE PREMIER

    L'INFINI ET LA POSSIBILIT

    )"' Ill bien comprendre la doctrine de la multipli it des tats de l'tre, il es t ncessaire denrnonter, avant toute autre considration,II H1fll 'l' la notion la plus primordiale de toutes, celle.

    lt l' lulini mtaphysique, envisag dans ses rapportsl'l ' lu Possibilit universelle. L'Infini est, suivant

    lu 1 ~ 1 1 i fi cation tymologique du terme qui le dsi-111 ', qui n' a pa s de limites ; et , pour garder

    1 1 t l 'l 'rrle son sens propre, il faut en rserver rigoureu-I ' I I I I ' I IL l'emploi la dsignation de ce qui n'a absoluartPut aucune limite, l'exclusion de tout ce qui

    ' 1 c u l m e n t soustrait certaines limitations partilllli'.rns, tout en demeurant soumis d'autres limitul ions en vertu de sa nature mme, laquelle cestltari res sont essentiellement inhrentes, comme leuul., au point de vue logique qui ne fait en somme'l'" ' traduire sa faon le point de vue qu'on peutuppdcr ontologique, des lments intervenant danslu d(:finition mme de ce dont il s'agit. Ce dernier cast il t uotamment, comme nous avons eu dj l'occasiondt l'indiquer diverses reprises, celui du nombre, deI'PHpace, du temps, mme dans les conceptions lesl'luH gnrales et les plus tendues qu'il soit possibledn s'en former, et qui dpassent de beaucoup les

  • 7/28/2019 Gunon Ren - Les tats multiples de l'tre.pdf

    7/70

    14 LES TATS MULTIPLES DE L'TREnotions qu'on en a ordinairement (1 ) ; tout cela 1111peut jamais tre, en ralit, que du domaine dt'l'indfini. C'est cet indfini auquel certains, lorsqu 'JIest d'ordre quantitatif comme dans les exemplnque nous venons de rappeler, donnent abusivem ' JII.le nom d' infini mathmatique , comme si l' n(ljonction d'une pithte ou d'une qualification dt cminante au -mo t infini n'impliquait pas pa r ell( mme une contradiction pure et simple (2 ). En fait ,cet indfini, procdant du fini dont il n'est qu'urHextension ou un dveloppement, et tant par suite

    t o u j o ~ r s rductible au fini, n'a aucune communcmesure avec le vritable Infini, pas plus que l'indi vidualit, humaine ou autre, mme avec l'intgralitdes prolongements indfinis dont elle es t susceptible,n'en saurait avoir avec l'tre total (3 ) . Cette formation de l'indfini partir du fini, dont on a un exemple trs net dans la production de la srie des no mbres, n'est possible en effet qu' la condition que Jofini contienne dj en puissance ce t indfini, et , quandbien mme les limites en seraient recules jusqu' ccque nous les perdions de vue en quelque sorte, c'est--

    (') Il faut avoir bien soin de remar(luer que nous disons gnrales "et non pas universelles , car il ne s'agit ici que des conditions spcial cHde certains tats d'existence, et rien de plus ; cela seul doit suffire 1\faire comprendre qu'il ne saurait tre question d'infinit en pareil cas,ces conditions tant videmment limites comme les tats mmes auxquels elles s'appliquent et qu'elles concourent dfinir.(') S'il nous arrive parfois de dire Infini mtaphysique , prci~ m e n t pour marquer d'une faon plus explicite qu'il ne s'agit aucunement du prtendu infini m::.thmatique ou d 'autres contrefaons del'Infini , s'il es t permis d'ainsi parler, une telle expression ne tom benullement sous l'objection que nous formulons ici, parce que l'ordremtaphysique es t rellement illimit, de sorte qu'il n'y a l aucunedtermination, mais au contraire l'affirmation de ce qui dpasse tout edtermination, tandis que qui di t mathmatique r e ~ t r e i n t pa r lmme la conception un domaine spcial et born, celui d-e la quanti t.() Voir Le Symbolisme de la Croix, ch. xxvi et xx x.

    POSSIBILITL'INFINI ET LA 15u' ce qu'elles chappent nos o r d i n a i r ~ s

    elles ne sont aucunement supprimesure, d 1 naturel . il es t bien vident, en raison e a t' . l le

  • 7/28/2019 Gunon Ren - Les tats multiples de l'tre.pdf

    8/70

    16 LES TATS MULTIPLES DE L'TREsorte que la ngation de toute limite quivaut en ralit l'affirmation totale et absolue. Ce qui n' a pa sde limites, c'est ce dont on ne peut rien nier, doncce qui contient tout, ce hors de quoi il n'y a rien ;et cette ide de l'Infini, qui es t ainsi la plus affirmative de toutes, puisqu'elle comprend ou enveloppetoutes les affirmations particulires, quelles qu'ellespuissent tre, ne s'exprime pa r un terme de formengative qu'en raison mme de son indterminationabsolue. Dans le langage, en effet, toute affirmationdirecte es t forcment une affirmation particulire etdtermine, l'affirmation de quelque chose, tandisque l'affirmation totale et absolue n'est aucune affirmation particulire l'exclusion des autres, puisqu'elle les implique toutes galement; et i l es t facilede saisir ds maintenant le rapport trs troit qu ececi prsente avec la Possibilit universelle, qui comprend de la mme faon toutes les possibilits parti-culires (1 ).L'ide de l'Infini, telle que nous venons de la poserici (2) , au point de vue purement mtaphysique,n'est aucunement discutable ni contestable, car ellene peut renfermer en soi aucune contradiction, pa r lmme qu'il n'y a en elle rien de ngatif ; elle es t deplus ncessaire, au sens logique de ce mo t (3 ) , ca r

    ( 1 ) Sur l'emploi des termes de forme ngative, mais dont la signification relle est essentiellement affirmative, voir Introduction gnrale l'lude des doctrines hindoues , pp. 140-144, et L'Homme et son devenirselon le Vdnta, ch. xvi.(') Nous ne disons pas de la dfinir, car i l serait videmment cont radictoire de prtendre donner un e dfinition de l'Infini ; et nous avonsmontr ailleurs que le poin t de vue mtaphysique lui-mme, en raisonde son caractre universel et illimit, n' es t pas davantage susceptibled'tre dfini (Introduction gnrale l' lude des doctrines hindouesz partie, ch. v) . '

    ( 3 ) Il faut distinguer cette ncessit logique, qui est l'impossibilitqu'une chose ne soit pas ou qu'elle soit autrement qu 'elle es t, et cela

    L'INFINI ET LA POSSIBILIT 1711 o. ngation qui serait contradictoire ( ~ ) . Eni l'on envisage le Tout , au sens u m ' : e r ~ e lt1

    olu il es t vident qu'il ne peut tre hmltu faon, ca r il ne pourrait l'tre. quelqu chose qui lui serait c x t ~ r i e u r , et , s'Il y .avmthtue chose qui lu i f t extrieur, ce serait pas'l' ut . Il importe de remarquer, d ailleurs, queTout en ce sens, ne doit aucunement treh il tout particulier et d t ~ r m i n ~ , c ' e s ~ - un ensemble compos de parties qm seraientlui dans un rapport dfini ; il es t p ~ o p r e m e n tle r sans parties , puisque, ces parties devant

    cessairement relatives et finies, elles ne pour:nt avoir avec lu i aucune c o m m ~ n e ~ e s u ~ e , .monsquent aucun rapport, qm revient. a du e' 11 8 n'existent pas pour lm (2) ; et ceci suffitn ntrer qu'on ne doit chercher s'en former au-conception particulire (3 )

    1 ponamment de toute condition particulire, de la ~ c e s s i t ~ ? ~ t eJlh)' lque , ou ncessit de fait, qui est simplement l.mposs1bil1t" ' 1 8 choses ou les tres de ne pas se conformer au x lo1s du monde

    11111 Ils appartiennent, et qui, pa r consquent, est subordon.ne1 l t t o n s par lesquelles ce monde est dfini et ne vaut qu' l'mtneur1 (Jomaine spcial.') rtains philosophes, ayant argument trs justement contre le'

    d r1n1 mathmatique et ayant montr toutes les contra-lill u m ' . . t d' 11 lluM qu'implique cette ide (contradictions qm d ~ p a r a . s s .a tds qu'on se rend compte que ce n'es t l de 1 n ~ ~ h m ) , ~ r 0 1 e . n .yul r )rouv pa r l mme, et en mme temps, 1 mposslbillt de 1 Infm1tll()\lysique . tout ce qu ' ils prouvent en ralit, pa r celte c o ~ f u s 1 0 L qu'ils ign'orent compltement d o n ~ . il s'agit dans d ~ r m e r cas.() En d'autres termes, le fini, meme s il est susceplible, d e : c t ~ ~ s i o ~1 l rlnle est toujours rigoureusement nul au regard de 1 Inf1m , pal

    111 11 nu'cune chose ou aucun tre ne peut tre considr comme une1, 'uo de l'Infini ., ce qui est une des conceptions errones ~ p p a r t e n a n tn wopre au p anthisme ., car l'emploi mme du mo t parlie supposel' IIMt nee d'un rapport dfini avec le tout. .

    \) .e qu'il faut viter surtout, c'est de concevoir T o ~ ~ umversel11 rn on d'une somme arithmtique, o b t e n ~ e . pa r 1 d ~ 1 t 1 0 n de se.srLI 8 prises une une et successivement. D ailleurs, meme quand il

  • 7/28/2019 Gunon Ren - Les tats multiples de l'tre.pdf

    9/70

    18 LE S TATS MULTIPLES DE - L'TRECe que nous venons de dire du Tout univerR l,dans son indtermination la plus absolue, s' y ap plque encore quand on l'envisage sous le point de Vlltde la Possibilit ; et , vrai dire, ce n'est pas 1une dtermination, ou du moins c'est le minimliTIde dtermination qui soit requis pour no1.1s le rendrractuellement concevable, et surtout exprimable 1quelque degr. Comme nous avons eu l'occasion d1l'indiquer ailleurs (1) , une limitation de la Possibilit ttotale est, au sens propre du mot, une impossibilit ,puisque, devant comprendre la Possibilit pour lu

    limiter, elle ne pourrait y tre comprise, et ce qu ies t en dehors du possible ne saurait tre autre qu'impossible ; mais une impossibilit, n'tant rien qu'umngation pure et simple, un vritable nant, ne peutvidemment limiter quoi que ce soit, d'o il rsultimmdiatement que la Possibilit universelle estncessairement illimite. Il faut bien prendre garde,d'ailleurs, que ceci n'est naturellement applicablequ' la Possibilit universelle et totale, qui n'estainsi que ce que nous pouvons appeler un aspect dol'Infini, dont elle n'est distincte en aucune faonni dans aucune mesure; il ne peut rien y avoir quisoit en dehors del'lnfini, puisque cela serait une limitation, et qu'alors il ne serait plus l'Infini. La conception d'une pluralit d'infinis est une absurdit,s'agit d'un tout particulier, il y a deux cas distinguer : un tout vritable est logiquement antrieur ses parties et en est indpendant ;un tout conu comme logiquement postrieur ses parties, dont iln'est que la somme, ne constitue en ralit que ce que les philosophe sscolastiques appelaient un ens rationis, dont l'existence, en tant que tout , est subordonne la condition d'tre effectivement pens commetel ; le premier a en lui-mme un principe d'unit relle, suprieur la multiplicit de ses parties, tandis que le second n'a d'autre unitque celle que nous lui attribuons par la pense.(') Le Symbolisme de la Croi:J;, p. 126.

    19, ET L POSSIBILITL INFINI 4, . ement de sortelimiteraient r e c l p r o q ~ . ' fini (1) .. , d'eux ne serait In 'uhte, a ~ c u n la Possibilit universelle

    Il n n . o ~ s ~ I ~ o n ~ l j ~ : t entendre par l q ~ ' e l l ~01.1 hmitee, 1 l 'I fini mme envisageo.utre chose que l n 1 ure o il,est permist rtain aspect, dans a m ~ e l'Infini. Puisquequ'il y a des aspects "l ne saut vritablement sans " [ _ l a r t i e ~ : ' p \ u s d'une. r tre questiOn n .ute rigueu ' . , Uement et

  • 7/28/2019 Gunon Ren - Les tats multiples de l'tre.pdf

    10/70

  • 7/28/2019 Gunon Ren - Les tats multiples de l'tre.pdf

    11/70

    22 LE S TATS MULTIPLES DE L'TREplus ou moins troitement borne (1 ) . C'est pourtuull, un degr ou un autre, le caractre essenl11de cette forme systmatique qui parat inhreul.n toute la philosophie occidentale moderne ; et c' Hlune des raisons pour lesquelles la pense philosophique, au sens ordinaire du mot, n' a et ne pouavoir rien de commun avec les doctrines d 'ordt npurement mtaphysique (2) .Parmi les philosophes qui, en raison de cette t eHdance systmatique et vritablement antimtaphysique , se sont efforcs de limiter d'une faon 011d'une autre la Possibilit universelle, certains,comme Leibnitz (qui es t pourtant un de ceux donLles vues sont les moins troites sous bien des rap ports), ont voulu faire usage cet gard de la distinction des possibles et des compossibles ;mais il n'est que trop vident que cette distinction,dans la mesure o elle est valablement applicabl ,ne peut aucunement servir cette fin illusoire. Eneffet, les compossibles ne sont pas autre chose qudes possibles compatibles entre eux, c'est--dire dontla_union dans un mme ensemble complexe n 'in tro duit l'intrieur de celui-ci aucune contradiction ;pa r suite, la compossibilit est toujours essentiellement relative l'ensemble dont il s'agit. Il est bienentendu, d'ailleurs, que cet ensemble peut tre, soitcelui des caractres qui constituent toutes les attributions d'un objet particulier, ou d'un tre indivi-

    (') I l est remarquer en effet que tout systme philosophique seprsente comme tant essentiellement l'uvre d'un individu, con trairement ce qui a lieu pour les doctrines traditionnelles, au regard desquelles les individualits ne comptent pour rien.( 1) Voir Introduction gnrale l'tude des doctrines hindoues, 2 pa rtie,ch. vm .; L'Homme et son devenir selon le Vdnta, ch. 1 ; Le Symbo-lisme de la Croix, ch . 1r et xv .

    POSSIBLES ET COMPOSSIBLES 23l ue chose de beaucoup plus g n ~ r ~ ~CU q' nsemble de toutes les possibilitesnc lu , le . d't" s communes et for-ertames con I wn , fi . desl mme un certain ordre de mi, un .. dans l'Existence universelle ; mais,

    1 \ : ~ : ~ : i l faut q ~ ' i l s ' a ; i s : : i d ~ ~ n d ~ ~ ~ : : ~ :lU ]. ours dtermme, san q d d' bordA. our pren re aliquerait plus. msi, P d'ordre particulier et e ~ t ~ I l l ; e m e n t s i : ~, nd es t une impossihihte, parce q1( ~ : s r ~ e u x possibles

  • 7/28/2019 Gunon Ren - Les tats multiples de l'tre.pdf

    12/70

    24 LES TATS MULTIPLES DE L'TREensemble de compossibles qu i se ralisent du11 1manifestation, ces compossibles devront t ro 11111les possibles qui satisfont certaines condition f4, liquelles caractriseront et dfiniront prcismoul 1monde dont il s'agit, constituant un des degl't 1l'Existence universelle. Les autres possibles, qu i 11sont pas dtermins par les mmes conditionM,qui, pa r suite, ne peuvent pas faire partie du m tHmonde, n'en sont videmment pas moins ralisu hlpour cela, mais, bien entendu, chacun selon le mod qui convient sa nature. En d'autres termes , loulpossible a son existence propre comme te l (1 ), ct l"possibles dont la nature implique une ralisatiou,au sens o on l'entend ordinairement, c'est- -flittune existence dans un mode quelconque de man if1tation (2), ne peuvent pas perdre ce caractre l (UIleur est essentiellement inhrent et devenir irra Ilsables pa r le fait que d'autres possibles sont a c t ument raliss. On peut encore dire que toute pos sihilit qui est une possibilit de manifestation d itncessairement se manifester par l mme, et qu ,inversement, toute possibilit qui ne doit pa s fl llmanifester es t une possibilit de non-manifestation ;sous cette forme, il semble bien que ce ne soit lt\qu'une affaire de simple dfinition, et pourtan tl'affirmation prcdente ne comportait rien d'autr n

    (' ) JI doit tre bien entendu que nous ne prenons pas ici le mo t existence dans son sens rigoureux et conforme sa drivation tym ologique, sens qui ne s'applique strictement qu' l'tre conditionn otcontingent, c'est--dire en somme la manifestation; nous n'employonijce mot, comme nous le faisons aussi parfois pour celui d' tre luimme, ainsi que nous l'avons di t ds le dbut, que d'une faon purementanalogique et symbolique, parce qu'il nous aide dans une certainemesure faire comprendre ce dont il s'agit, bien que, en ralit, i l luisoit extrmement inadquat (voir Le Symbolisme de la Croix, ch. 1 et u) .(') C'est alors l' existence au sens propre et rigoureux du mot.

    25l' 881BLES ET COMPOSSIBLES. st nullementr't axiomatique, qu i n e . uoiIf l'on demandait cependant p o ~ r q ., ' . se manifester, c est-a-l ilit ne dolt I;>as 'bTts de mani-. 1 a la fls des poss1 1 1 . 'l101\ y ' bTt ' de non-manifestatlOn, 1t, d s poss1 l l els d maine de la manifesl l' pondre que eA o '1'1 es t un ensemble\. ' t ' ar l meme qunt 1m1 e P d't' s (d'ailleurs enou d'tats con 1 lOnn p 'bTt' dfinie) ne saurait puiser la ossidi ll .m ' ' l l . dehors e Uldans sa totalit ; 1 a1sse. e.n, t ce qui. . ' ' t -due precisemen ', und1t10nne,. c es - 1 l Quant se de-t Importe e P us. .- v uu._... ..,A. 'telle possibilit ne dlt pa s

    l' urquo1 ll tr e cela reviendrait_. ,..... ussi bien que te eau . lle es t ce qu'ellent se demander o u r ~ u s o t l deone exactement tune autre c er qu es . ' i te l tre est, l'on se demandait pourquo . lU A e qui serait assur c t non un autre etre, c u'il faut. d rvue de sens. Ce q11 1 questiOn epou d , t qu'une possibilitd t 'gar c es unpren re, a ce e ' t lle aucune suprio'( t' n' a comme e ' llIl esta lOn . . '. , de non-manifestation ; e e111 .une possibihte d h x >> ou de

    l ' b' t d'une sorte e c Ol1) !\8 o le l ment d'une autrel'{ nee >> (1)' elle est seu e. . ob. ecter' au sujet des c o ~ -nuuntenant on veut l . de Lei'bnitz, ll l' xpress10n' 1" ' que, sUlvan\ e . de deux choses l'une :'lu'un m o n ~ e , I arriVe tautologie, ou ellel affirmatlOn est une pure

    . en t inustifiable, et elle ne p ~ u t1) lit\ telle ide es t ~ t a p h y s u : ! - u ~ ~ e vue :moral dans un d o ~ a 1 ~ eltlr ue d'une intruswn du p ~ m . u meilleur ., auquel L e 1 b ~ 1it ' Il tique faire; aussi le p ~ m c 1 ~ e r ~ m e n t antimtaphysique, ams11 IIJllll en cette occasion, est-11 pr pc'demment ailleurs (Le Symbo11118 l'avons dj fait remarquer m 1 11 la Croix, P 35).

  • 7/28/2019 Gunon Ren - Les tats multiples de l'tre.pdf

    13/70

    26 LE S TATS MULTIPLES DE L'TRE~ . a ~ u c ~ n sens. En effet, si par monde on en tent)1c1 l. ~ ~ ~ e r s total,. ou ~ m e , en se bornant auposs1b1htes de mamfestat10n, le domaine entier d1toutes ces possibilits, c'est--dire l'Existence uni verselle, la chose qu'on nonce est trop vidente 1

    ~ n c o r e que la ~ a o ~ ~ o n t ~ n l'exprime soit peut-trn1mpr?pre; ma1s, s1 1on n entend pa r ce mot qu'uncertam e n s ~ m ? l e de compossibles, comme on le fuil,le .plus o r d m a i r e m et comme nous venons de lefai.re nous-mme, il est aussi absurde de dire que s Ilexistence empche la coexistence d'autres mondqu'ille s ~ r a i t , pou,r r ~ p r e n d r e notre prcdent exemp:e, de dire que 1 x i s ~ e n c e d'une figure r o n d cmla coexistence d une figure carre, ou tr iangulaire, ou de toute autre sorte. Tout ce qu'on peut dl'l' l ' 'est que, comme es caracteres d'un obj et d termiuexcluent de cet objet la prsence d'autres caractre

    a ; ~ c lesquels ils seraient en contradiction, les c li d1t10ns pa r lesquelles se dfinit un monde d termiu1e x . c l u e ~ t de ce monde les possibles dont la naturen'Imphque pas une ralisation soumise ces mmtc.on.ditions ; ces possibles sont ainsi en dehors thhmltes du monde c o n ~ i ~ ~ r ~ , m a ~ s ils .ne sont pa s poucela exclus de la Possibilite, pmsqu'Il s'agit d e pO HH ibles pa r hypothse, ni mme, dans des cas plurestreints, de l'Existence au sens propre du t' ' d' 1c e s t - ~ - Ire entendue comme comprenant tout l1

    ~ o m ? m e de la m a n i f e ~ t a ~ i o n universelle. Il y a duul U n ~ v e r s des m.odes. d e x i s ~ multiples, et chtHfUtp o s s i b l ~ a celm qm convient sa propre natu

    q ~ a n t a parler, , c?rnme on l' a fait parfois, ct )ll' csement en se referant la conception de L i ln1it v,(tout en s'cart ant sans doute de sa p ns duu tllltassez large mesure ), d 'une orte d lutt pour l' c iM

    POSSIBLES ET COMPOSSIBLES 27ntre les possibles, c'est l une conceptionassurment rien de mtaphysique, et cetransposition de ce qui n'est qu'une simple

    -n .n n111.: biologique (en connexion avec les m o d e ~ -( r' cs volutionnistes ) est mme tout faitiK ible.l ti nction du possible et du rel, su r laquellephilosophes on t tant insist, n'a donc aucunem taphysique : tout possible es t rel sa

    1 t suivant le mode que comporte sa nature (1 ) ;, il y aurait des possibles qui ne seraientt. dire qu'un possible n'est rien est une contrapu re et simple ; c'est l'impos,sible, et l : ~ ~ p ~ s -nl , qui est, c ~ m m e . nous l a;o?.s . deJa dit,nt . Nier qu'Il y ai t des possibihtes de non-. . ,ar .\tion c'est vouloir limiter la PossibilitIl d'autre part, nier que, parmi les possi

    cl ~ a n i f e s t a t i o n , il y en ai t de diffrents1 t 1 et vouloir la limiter plus troitement en-nL d'o.ller plus loin, nous ferons r e m a ~ q u e r1 li u de considrer l'ensemble des conditiOnst.c tmin nt un monde, comme nous l'avons fait

    1 c tfll i prcde, on pourrait aussi, au mm.eclc u ", considrer isolment une de ces condi-1 ltll1' x mple, parmi les conditions du monde1 l'c spnce, envisag comme le contenant des

    11111 f\0 11 8 voulons dire par l, c'est qu'il n' y a pas lieu, mta-- . . . , ~ u ' " ' " " (l'oovlaager le rel comme constituant un ordre ~ i ! f r e n t1111 1111 - lb l ; mals il faut bien se rendre c o ~ p t d ~ 1 l l e u r s11111 rlJo l et par lu i-mme assez vague, smon q m v ~ q ~ e ,lllltln" (luna J'u age qui en est fait dans langage ordma1r?11 r lu plu port des philosophes ; nous ,n avons t a ~ e n ~ a.... , . .., 1 1 QIJ por o qu' Il tai t ncessaire d carter la d 1 s b n c t ~ o nliU l' li 1du r 1 ; nous ar riverons cependant , pa r la smte ,

    tnlli un 1 tLifl uUon b nu oup plus prcise.

  • 7/28/2019 Gunon Ren - Les tats multiples de l'tre.pdf

    14/70

    28 LE S TATS MULTIPLES DE L'TREp ~ s s i ? i ! i t s spatia.les ,(1 ) . Il es t bien vident que, pu 1

    d e ? m t ~ o n meme,,Il ~ y a que les possibilits spatialqm. m , s s ~ n t se reahser dans l'espace, mais il es t nonmoms e v ~ d e n t que cela n'empche pas les possibilitnon-spatiales ?e se r ~ l i s e r .galement (e t ici , 1 11 nous. b o r n ~ n t a la considratiOn des possibilits dtmamfestatwn, se raliser doit tre pris commns y n o ~ ~ m e de se manifester ), en dehors de cotl.tconditiOn ~ a r t i c u l i r e d'existence qu'est l'espa 1 ,Pourtant, SI l'espace tait infini comme certains lt1prtendent, il n'y aurait de place dans l'Univ ,.pour u ~ u n e possibilit non-spatiale, et , logiquemout 1la ~ e n ~ e e elle-mme, pour prendre l'exemple le p lu?rdmaire .et p ~ u s . connu de tous, ne pourrait alot 'Metre admise a l existence qu' la condition d' 111

    c o ~ u e comme tendue, conception dont la psycl1ol o g ~ e profane elle-mme reconnat la fausset sn 11aucune hsitation; mais, bien loin d'tre infin il' ' ' d . tespa?e n es t qu un es modes possibles de la mnui festatwn, qui elle-mme n'est nullement infi11 t1mme dans l'intgralit de son extension av ec l' itl\1

    1 1

    fi . ' d ' 'mite. es modes qu'elle comporte, et dont chn u1111l u ~ - m m ~ indfini (2 ). Des remarques s i m i l n i rs a p ~ h . q u e r a i ~ n ~ de ~ ~ e n'importe qu elle aul l 'tconditiOn speciale d existence ; et ce qui e L vrupour chacune de ces conditions prise parL l' t 11 1encore pour l'ensemble de plusieurs d 'entr ,\llt lldont la runion ou la combinaison dt cr m111 111:

    (') Il es t i m p o ~ t ~ n t de no ter qu e la condition spntiolo no ij llrrl l. (lill elle s e u ~ e , d ~ t m r un ~ o r p comme t.el ; tout co,.ps os t " "' HH dn11111 , 11 ~ e ~ ~ u , e s t ~ ~ d t r e soumts J'espace (d'o ,. sui te noto rrun o11l "" rll 1s t b ~ h t m d ~ t m e , entranant l'absurdit de ln on p ~ l o n n ~ o m lmats, ~ o n t r a t r e m ~ n t ce qu'ont pr tendu scnl't M t tl 'uulnl 1111 1stans dune physique mcani ste , l' L ndu 11 U I . u u 111111 1!1111111oute la nutul'e ou l'ossonco dos 'O Ipa.(") Voir Le ymbollsmc rio la roiw, h.

    POSSIBLES ET COMPOSSIBLES 29n va de soi, d'ailleurs, qu'il faut que les

    1 11Rconditions ainsi runies soient compatiblesllt , t leur compatibilit entrane videmmentlt possibles qu'elles comprennent respective"' ette restriction que les possibles qui sontl'ensemble des conditions considrest 111 onstituer qu'une partie de ceux qui sont,. 1lnns chacune des mmes conditions envisa-1 m nt des autres, d'o il rsulte que cesdans leur intgralit, comporteront, outre' d'.t ommune, des prolongements en IVersJIJII l't nant encore au mme degr ,de l ' E ~ i s -Ul rse lle. Ces prolongements, d extensiOnI)Orrespondent, dans l'ordre gnral et

    1 e que sont, pour un tre particulier,d cs tats, par exemple d'un tat indi-' 1111 i r intgralement, au del d'une cer- mlnlil dfinie de ce mme tat, telle que la11 :otporelle dans notre individualit hu-(')'

    x: ; cf. L'Homme et son devenir selon le Vdnta,h . X li i Ct XIV.

  • 7/28/2019 Gunon Ren - Les tats multiples de l'tre.pdf

    15/70

    CHAPITRE IIII.' !TRE ET LE NON-:TRE

    N, ,., qui prcde, nous avons indiqu la dis,, .. ,., iolt des possibilits de manifestation etri poHsibilits de non-manifestation, les unes

    11111 11 '

  • 7/28/2019 Gunon Ren - Les tats multiples de l'tre.pdf

    16/70

    32 LE S TATS MULTIPLES DE L'TREelles-mmes en tant qu'elles sont l'tat non-manifest ; et l'Etre lui-mme s'y trouve inclus, car, llilpouvant. p p a r t ~ n i r la manifestation, puisqu 'il t'lies t le prmcipe, Il es t lui-mme non-manifest. Po11 1dsigner ce qui es t ainsi en dehors et au del " ''l'Etre, nous sommes oblig, dfaut de tout au 1.1'1'te.rme.' de l'appeler le Non-Etre ; et cette expressi1 11lnegative, qm, pour nous , n'est aucun degr sy nonyme de nant >> comme elle parat l'tre dan s lt

    l ~ n g a g e de ? e r t ~ i n s philosophes, outre qu 'el1c o10directement ms pire de la terminologie de la doct 1i 111mtaphysique extrme-orientale est suffisamrrw11 1justifie pa r la ncessit ' e m p l o y ~ r u n e dnominaltlltquelconque pour pouvoir en parler, jointe la rem1 11que, dj. faite par nous plus haut, que les id es l11plus umverselles, tant les plus indtermines 111' . 'peuvent s exprimer, dans la mesure o elles Ho nlexprimables, que pa r des termes qui sont en d l ' t ~ lde forme ngative, ainsi que nous l'avons vu eu 11qui concerne l'Infini. On peut dire aussi qu e le N011Etre, dans le sens que nous venons d'indiqu c l', ,, 1p l ~ s que 1 : ~ t r e , ou, si l'on veut, qu'il es t sup l'it'lfla l tre, SI l on entend pa r l que ce qu'il compl't'lllles t au del de l'extension de l 'Etre, et qu'il conl.it lllen principe l'Etre lui-mme. Seulement, d s l111

    q u ' o ~ ~ p p o s e le Non-tre l 'tre, ou m me (J11 10IIles distmgue simplement, c'est qu e ni l'un ni l'Hil l in'est infini, puisque, ce point de vu e, ils sc Jimil tlfll'un l'autre en qu elque faon; l'infinit n'appnI Pit lqu' l'ensemble de l 'Etre et du Non -lh r , pui "" 'cet ensemble es t identique la Possibili t6 un iv1 1seJle.Nous pouvons cn e l'() .xpri nwr J, H o}ll) t'II'H tl t c< lllfaon: lu Po ssi))jJit HJJi t' fe tlll 1onti1 111. 1111

    L'TRE ET LE NON-TRE 33ln totalit des possibilits, et on peut dire quect le Non-tre sont ses deux aspects : l'tre,11L qu'elle manifeste les possibilits (ou plus111 nt certaines d'entre elles) ; le Non-tre, en

    1111' lie ne les manifeste pas. L'tre contienttuut le manifest; le Non-tre contient tout lellllnifest, y compris l'tre lui-mme ; mais lallilit6 universelle comprend la fois l'Etre et l!:tre. Ajoutons que le non-manifest com-''' que nous pouvons appeler le non-manifesta' L-dire les possibilits de non-manifestation,

    rnnnifestable, c'est--dire les possibilits de1 ntion en tant qu'elles ne se manifestentlu manifestation ne comprenant videmmentl'cil mble de ces mmes possibilits en tant

    HO manifestent (1).t' l qui concerne les rapports de l'Etre et du

    .ltt, il es t essentiel de remarquer que l'tat,.,.;r, Hation es t toujours transitoire et condi' , ol. que, mme pour les possibilits qui cornIll ln manifestation, l'tat de non-manifestationul uiHwlument permanent et inconditionn (2 ) .11111 11' propos que rien de ce qui es t manifest

    c111 1 HO perdre >J, suivant une expression assez111111nnt mploye, autrement que par le pas-

    cllltt H Jo non-manifest; et, bien entendu, ce1 111 m< (qui, lorsqu'il s'agit de la manifestaud iv icluc Il , es t proprement la transformation >>11 t tyniOiogiqu e de ce mot, c'est--dire le pas' 11 d

  • 7/28/2019 Gunon Ren - Les tats multiples de l'tre.pdf

    17/70

    34 LE S TATS MULTIPLES DE L'TREdu point de vue spcial de la manifestaliuu,

    pmsque, dans l'tat de non-manifestation, toul lchoses, au contraire, subsistent ternellemenl 1111principe, indpendamment de toutes les condi tiouparticulires et limitatives qui caractrisent t 1 ollte l mo.de ?e ~ ' e x i s t e n c e manifeste. Seulement, po 11p o u v o 1 ~ dire J _ u s ~ e m e n t que ch : x:' et xxx. ~ Ce qui vient d'tre di t doit montrer que les prtuo1111 prm?pes de la conservation de la matire et de la consorvullm1de l nergie , 9uelle que soit la forme sous laquelle on les ox po111ne sont e.n r ~ h t que de simples lois physiques tout fait r lulhet app,roXII?atlves, et qui, l'intrieur .mme du domaine spciol lliiiJIIIIelles .s ~ p p h q u e n t ~ ne peuvent tre vraies que sous certaines co nol llllolllrestrictives, conditiOns qui subsisteraient encore mutatis mulam/1 , 1l'on voulait . tendre de telles lois, en en t r a n s p ~ convcnolJlnoll; 111.termes, . tout le domaine de la manifestation. Les 11111d mlleurs. o ~ h g s de reconnatre qu 'il ne s'agit en qu elqu e so l'l,o1 1111de .cas-limites , en ce sens que de telles lois ne seraient rigourouHl ll il 'lllapplicables qu' ce qu'ils appellent des systm es clos c'oH li 1111? u e l ~ u e ch_ose qui, en. fait, n 'existe pas et ne peut pas' oxi HLtll', ' ''' '11 es.t Imp?ssible de raliser et mme de concevoir, l'in t6 rlow 11 11 lumamfestatwn, un ensemble qui soit compltement iso l de tout lu "''"sans ~ o m m u n i c a t i o n ni change d'aucune sorte avec ce qu i ost 0 11 tltIH IJ 1de lu1 ; . une solution de continuil serait une vrltab l lo lUU 1111111la t a t w n cet ensembl e tant pa r rapport nu r sl co nl li ll 'Iln'tait pas.

    L'TRE ET LE NON-TRE 35ine de l 'Etre, contrairement ce qu i a lieupossibilits de manifestation ; mais, commel'uvons di t plus haut, cela n'implique aucunet des unes sur les autres, puisque les unesuutres on t seulement des modes de ralitat et conformes leurs natures respectives ;li tinction mme de l'Etre et du Non-Etremme toute, purement contingente, puisqu'ellet lre faite que du point de vue de la manifes-

    1 Clll es t lui-mme essentiellement contingent.'1 ill urs, ne diminue en rien l'importance quei tinction a pour nous, tant donn que, danst1 actuel, il ne nous es t pas possible de nousff otivement un point de vue autre que1 qui est le ntre en tant que nous appartenonsa mes, comme tres conditionns et indivi-

    1 IHI domaine de la manifestation, et que nousvon dpasser qu'en nous affranchissant enti-l1 pnr la ralisation mtaphysique, des condillmi lutives de l'existence individuelle.1111 :xemple d'une possibilit de non-manifes-

    1 nous pouvons citer le vide, car une telle1 'St concevable, au moins ngativement,tlir par l'exclusion de certaines dterminaI J, vide implique l'exclusion, non seulement1 ul tt ibut corporel ou matriel, non seulement, d'Ul lC faon plus gnrale, de toute qualitli t 1 mais encore de tout ce qu i se rapporte un1f1111 onque de la manifestation. C'est donc1 '1 r; de pr t endre qu'il peut y avoir du vide

    ompr end la manifestation universelle,6tat qu e ce soit (1 ) , puisque le vide' t 1 1u qu o pr lenclcnt notamment les atomistes (voir L'Homme11,11_11/t Nc/1) 11 le V ~ d d pp . 112-113).

  • 7/28/2019 Gunon Ren - Les tats multiples de l'tre.pdf

    18/70

    36 LE S TATS MULTIPLES DE L'TREappartient essentiellement au domaine de la nou manifestation; il n'est pas possible de donner c1terme une autre acception intelligible. Nous devouH ce sujet, nous borner cette simple indication, cu 1nous ne pouvons pas traiter ici la question du vid 11avec tous les dveloppements qu'elle comporterait. ' , 1et qm s ecarteraient trop de notre sujet ; comHHc'est surtout propos de l'espace qu'elle condu itparfois de graves confusions (1) , les considrationqui s' y rapportent trouveront mieux leur place danl'tude que nous nous proposons de consacrer sp(

    c i a l e ~ e n t aux con?itions de l'existence corporelle (V)Au pomt de vue ou nous nous plaons prsentement ,nous devonP simplement ajouter que le vide, qunllrque soit la faon dont on l'envisage, n'est paR 1.Non-E:tre, mais seulement ce que nous pouvons apprler un de ses aspects, c'est--dire une des possibil i tl"'qu'il renferme et qui sont autres que les possibilit.lcomprises dans l'.tre, donc en dehors de celui-ci. 'mme envisag dans sa totalit, ce qu i montre hinuencore que l 'tre n'est pas infini. D'ailleurs, qua111 lnous disons qu'une telle possibilit constitue '' "aspect du Non-tre, il faut faire attention qu 'o ll ,.ne peut tre conue en mode distinctif ce modts'appliquant exclusivement la m a n i f e s ~ a t i 1 1ceci explique pourquoi, mme si nous pouvonR ,:o ucevoir effectivement cette possibilit qu'est le vi dr,ou toute autre du mme ordre, nous ne p11VOII

    (') La conception d 'un espace vide est con lmdiclo iro, cu qui ,~ o t o n s - l e en passant, collstltue une preuve suffi sa nte de Jo rou ill.(\ 1Jo1 lment thr (icsha), contrairement. lu lh.or io des u d l l l iet celle des philosophes physiciens ll' I'C s qui n'octmoltul ul, IJIIIquatre lments corporels.(') Sur v i d e el sos rapports ove l' tondue, voh Le 'IJi!llioi i N llftde la Crotx, ch. 1v .

    L'TRE ET LE NON-TRE 37n donner qu'une expression toute ngative :marque, tout fait gnrale pour tout ce qui

    pporte au Non-Etre, justifie encore l'emploitiOH faisons de ce terme (1 ).onsidrations semblables pourraient donciquer toute autre possibilit de non-manifes; nous pourrions prendre un autre exemple,1111 J silence, mais l'application serait trop facilet'r pour qu'il soit utile d' y insister. Nous nousl'ons donc, ce propos, faire observer ceci :

    1111 Je Non-:E:tre, ou le non-manifest, comprend1 v11J ppe l 'tre, ou le principe de la manifesta' Ir silence comporte en lui-mme le principeJill l'Ole; en d'autres termes, de mme que l'Unitt 1 ) n'est que le Zro mtaphysique (le Non) ullirm, la parole n'est que le silence exprim ;

    ir v rsement, le Zro mtaphysique, tout ent l' nit non-affirme, es t aussi quelque chosel'lu ( t mme infiniment plus), et de mme le11 qui en est un aspect au sens que nous venons

    1111'1'i or, n'est pas simplement la parole non-expri' 11nr i l faut y laisser subsister en outre ce qu i111 ptimable, c'est--dire non susceptible de malrrl,ion (car qui di t expression di t manifestation,

    111 1111 manifestation formelle), donc de dtermit u11 1 n mode distinctif (2 ) . Le rapport ainsi tabli'1 1 r, 'l'rro-tc-Jcing ,, ch. xiv.1'1 1 '11 t l'l noxprlmable (et non pas l'incomprhensible comme onull VIIIK''"' mont) qui est dsign primitivement par le mo t mys' 1111', 11 11 1(10 , ' t l p : o drive de p.uu, qui signifie se taire .1t l l t 1 1 1 1 1 ! u ' A ltt mme racine verbale mu (d'o le latin mu!us,lttU 1 ) Mil l'ni.Ln ho le mo t u 6 o ; , mythe , qui, avant d'tre1 111 Mlll HO IIK ju aqu' ne plus dsigner qu'un rcit fantaisiste, signi-11 1 IJIII, n'6l 1111l pua RUSC ptiblc de s'expl'imer direc tement, ne p o u ~Il Il qtw Huggin() pur uno roprso nlation symbolique, que celle-c1Il l ' !illltiiii'Mv rllol 11 rlgu1 .

  • 7/28/2019 Gunon Ren - Les tats multiples de l'tre.pdf

    19/70

    38 LES TATS MULTIPLES DE L'TRE

    entre le silence (non-manifest) et la parole (mani feste) montre comment il es t possible de concevoitdes possibilits de non-manifestation qu i correspondent, pa r transposition analogique, certaines possibilits de manifestation (1 ) , sans prtendre d'ailleurHen aucune faon, ici encore, introduire dans le NonEtre une distinction effective qui ne saurait s'trouver, puisque l'existence en mode distinctif (quies t l'existence au sens propre du mot) es t essentieJh ment inhrente au x conditions de la manifestati011(mode distinctif n'tant d'ailleurs pas ici, dans to ules cas, forcment synonyme de mode individuel, f edernier impliquant spcialement la distinction f l'meJle) (2 ).

    (') On pourra it envi sager de la mme faon les tnbres, dan s un 11 11suprieur, comme ce qu i es t au del de la manife station lu miw " "''tandis que, dans leur sens infrieur et plu s habituel, elles sont Hlllplement, dans le manifest, l 'absence ou la privation de lac'es t--dire quelque chose de pu rement ngatif; la couleur nolr 1 11d'ailleurs, dans le symbolisme , des usages se rapportant effect.i vour tHI cette double signification.(") On pourra remarquer que les deux possibilits detation que nous avons envisages ici correspondent l' Ab!me (ll uftl t )et au Silence ( ~ < p ) de certaines coles du Gnosti cisme alexunddtl ,lesquels sont en effet des aspects du N o n - ~ t r e .

    CHAPITRE IVFONDEMENT DE LA THORIE

    DES TATS MULTIPLES

    qui prcde contient, dans t m ~ t e . son u n ~ v e r -nlit , le fondement de la theone des etats .mul tiples : si l'on envisage un tre quel.conq?e"" t otalit, il devra comporter, au moms virlllt nt des tats de manifestation et des tats

    cmmunifestation, car ce n'est que dans ce sens1 11 p ut parler vraiment de totalit ; autre-1 on n'est en prsence que de quelque chose' . .1111plot ct de fragmentaue, qm ne peut pas

    1 t,uc t' vritablement l'tre total (1) . La non' ft Lu Lion avons-nous di t plus haut, possde' , dl1 1 u . tre de permanence absolue ; c es t onelt tJIII ln manifest ation, dans sa condition tranIc t ut e sa ralit; et l'on voit pa r l que, I,JI , 1 in d'tre le nant, serait e x a c t e m e ~ tlt ounlt' h , si t outefois le nant pouvaitl' 11 11 1 on ,l '!l l l' , ce qui lui supposerait encore un

    11 de ,.( dt p sitivit , alors qu'il n'est que1 tt ltiiHI IIIIII M!1uv onH ntllqu ll dbu t , si l' on veu t parler l'trellhtlll illur, fiHUqu cJ Of\ tormo no soit plus o p r applicable,

    f t i i i H r 1 1111 11 11 ll fi i! IOM It p ii!III OIIL 1111 t r , rnuto d tlVO rr un aut rejtltl rtr l qu ut. 1 '1"1111 d1Hi081 lon.

  • 7/28/2019 Gunon Ren - Les tats multiples de l'tre.pdf

    20/70

    40 LE S TATS MULTIPLES DE L'TREla

  • 7/28/2019 Gunon Ren - Les tats multiples de l'tre.pdf

    21/70

    42 LE S TATS MULTIPLES DE L'TREsont propres. Comme nous l 'avons di t ailleurs, enparlant de cette unicit de l'EJ:istence (en araboW ahdatul-wujd) suivant les donnes de l'sotrismeislamique (1) , il rsulte de l que l'Existence, dansson unicit mme, comporte une indfinit dodegrs, correspondant tous les modes de la mani festation universelle (laquelle es t au fond ]a mmechose que l'Existence elle-mme) ; et cette mult;i plicit indfinie des degrs de l'Existence imp1iqu ocorrlativement, pour un tre quelconque envisag6dans le domaine entier de cette Existence, une mul tiplicit pareillement indfinie d'tats de manifestation possibles, dont chacun doit se raliser dansun degr dtermin de l'Existence universelle. UJltat d'un tre es t donc le dveloppement d'une poRsibilit particulire comprise dans un tel degr, (degr tant dfini pa r les conditions auxquelles OH I.soumise la possibilit dont il s'agit, en tant qu ' li test envisage comme se ralisant dans le domaine dtla manifestation (2).Ainsi, chaque tat de manifestation d'un tre cot respond un degr de l'Existence, et cet tat cotnporte en outre des modalits diverses, suivan t lndiffrentes combinaisons de conditions dont es t su tceptible un mme mode gnral de manifestatiouenfin, chaque modalit comprend elle-mme tlll tsrie indfinie de modifications secondaires et (! 1mentaires. Par exemple, si nous considrons l' l,r lldans cet tat particulier qu 'es t l'individualit humaine, la partie corporelle de cette indiviunli 11

    { 1 ) Le Symbolisme de la Croix, pp . 20-21 .{') Cette restriction est ncessaire puree qu , dons SMl OHHUHHI 11 11 11manifeste, cetle mme possiblllt no pout vi(! minout l,roil do telles cond itions.

    FONDEMENT DE LA THORIE 43

    ' n est qu'une modalit, et cette modalit estt rmine, non pas prcisment par une conditioniale d'existence, mais par un ensemble de contions qu i en dlimitent les possibilits, ces candions tant celles dont la .runion dfinit le monde1111ible ou corporel (1) . Comme noUs l'avons djuliqu (2), chacune de ces conditions, considre isont des autres, peut s'tendre au del .du domainett e modalit, et , soit par sa propre extension,pa r sa combinaison avec des conditions diff-t s, constituer alors les domaines d'autres moda-

    1 faisant partie de la mme individualit intgrale.1 11 tre part, chaque modalit doit tre regardern susceptible de se dvelopper dans le parcoursn rtain cycle de manifestation, et , pour la modaCOrporelle, en particulier, les modifications secon-

    l't Hque comporte ce dveloppement seront tom; lesmc nts de son existence (envisage sous J'aspect decac ss ion t emporelle), ou, ce qui revient au mme,1 actes et tous les gestes, quels qu'ils soient,

    1 llc 1\Ccomplira au cours de cette existence e ~ ) .Il c ti L presque superflu d'insister su r le peu de''' C[u'occupe le

  • 7/28/2019 Gunon Ren - Les tats multiples de l'tre.pdf

    22/70

    44 LE S TATS MULTIPLES DE L'TREqu'il peut acqurir quand on l'envisage danH 1111intgralit (e t non pas seulement dans un e modnl11particulire comme la modalit corporelle), il "'constitue qu'un tat comme les autres, et parmi 1111indfinit d'autres, et cela alors mme qu e l'onborne considrer les tats de manifestation 111 11'en outre, ceux-ci ne sont eux-mmes, au poi111 elvue mtaphysique, que ce qu'il y a de moins lliJI'"tant dans l'tre total, pour les raisons que ntlllavons donnes plus haut (1). Parmi les tal elmanifestation, il en es t certains, autres que J'iutl1vidualit humaine, qui peuvent tre galemeJll ,1,tats individuels (c'est--dire formels), tandis 'l"d'autres sont des tats non-individuels (ou itd"'mels), la nature de chacun tant dtermine (ni11que sa place dans l'ensemble hirarchiquement 111

    n i s ~ de l'tre) par les conditions qu i lui sont p to p1, ,puisqu'il s'agit toujours d'tats conditionns, p : ~ t l1mme qu'ils sont manifests. Quant aux t.nl dnon-manifestation, il est vident que, n'tant l ''soumis la forme, non plus qu' aucune aut.n , 1111dition d'un mode quelconque d'existence ma 11 i p l ,ils sont essentiellement extra-individuels ; notJs l"'"vons dire qu'ils constituent ce qu'il y a de VI'OJtt "'universel en chaque tre, donc ce par quoi Lon 1 ' l1se rattache, en tout ce qu'il est, son princip "" Ilphysique et transcendant, rattachement sanH 1, ' l"' 1il n'aurait qu'une existence toute conLin gt :nll , 1purement illusoire au fond.

    (') On pourrait donc dire que le mo i , avec Lous los ptnillt" '" ' " 'do.nt il est. susceptible, a incomparabl emen t moins rl'intpcnl .ll nrn 'l'" "lUJ en attribuent les psychologues cL les philoeopllOA oeeldonl 111t "'"Il',nes, tout en ayant des poss ibilitl"s ind6finlrnenl. plu H 61nndn " 'il' 11ne le croient et qu'ils ne peuvent rn ll rno Jo HiPPOHH t' (volt 1 ' " " ' " 'et son devenir selon le V ~ d t i n l a , pp . 1:)-14, oL IIIIHHI c:n q11n 11o11M '"'""plus loin de s poss ibilits do lu co uH< iouco lrullvlcl""lln) .

    CHAPITRE VRAPPORTS DE L'UNITET DE LA MULTIPLICIT

    ,. N ln Non-tre, il ne peut pas tre questiond'nu e multiplicit d'tats, puisque c'est essen-1 111Pment le domaine de l'indiffrenci ett 1, ,J,. l'inconditionn : l'inconditionn ne peut111 Htmmis au x dterminations de l 'un et du

    1t 1pl , tL l'indiffrenci ne peut pas e x i s t e ~ en11l di 1 nelif. Si cependant nous parlons des etats"''" ,""ni fcstation, ce n'est pa s pour tablir dansl", 11111 une s ~ r t e s ? ' ~ t r . i e ,avec les t ~ t s, 11 1, 111 t.ion qm serait lllJUStifiee et tout a fait' f ' d'11

    1, ,, llr1 mais c'est que nous sommes oree Y

    " " ' ' ' ' ' ~ ' ~ ' quelque faon de la distinction, faute'l"" ' nott s ne pourrions pa s en parler du tout ;J, "' ' ni nous devons bien nous rendre compte, . '

    1 ,, Il distinction n'existe pas en s01, que c.est111 'l"; lui donnons son existence toute .relatiVe,, 11 ' , . 1, qu 'a insi que nous pouvons envis_ager ceIl ~ ~ " nvons appel des aspects du Non-Etre, en

    1111 d 'nilltlii'S ressortir tout ce qu'une telle expresd ' iulptoprc cLd'inadquat. Dans le ~ o n - t r ~ ,11 " I" 'H dn mu'lliplicit, ct, en toute rigueur, Il

    11 11 ,111 non plu R d'unit, ca r le Non-tre. es,t le1 11 1111', t 11 pltyHiqno, nnqncl nous sommes obhge de

  • 7/28/2019 Gunon Ren - Les tats multiples de l'tre.pdf

    23/70

    46 LES TATS MULTIPLES DE L'TREdonner un nom pour en parler, et qui est logiqn tment antrieur l 'unit ; c'est pourquoi la dooti11 hindoue parle seulement cet gard de Jl lll ldualit ( adwaita), ce qui, d'ailleurs, doit e11 111111tre rapport ce que nous avns di t plus haut. 111l'emploi des termes de forme ngative.

    I l est essentiel de remarquer, ce propos, qu o lZro mtaphysique n' a pas plus de rapports avtl 1.zro mathmatique, qui n' est que le signe dt 1q u ~ o n . p . u t a p ~ e l e r un nant de quantit, qu < l' lufi? I veritable n en a av ec le simple in dfini, c' 1 1dire la quantit indfiniment croissan te ou indr 1 1II_lent dcroissante (1 ) ; et cette ab sence de rappotl ,s1 l'on peut s'exprimer ainsi, es t exac temen t dumme ordre dans l'un et l' autre cas av e tu Il' 'eserve, pourtan t , qu e le Zro mt ap hysiqu e 11 11 1qu'un de l' In fini ; du moins, il nous est 1> ' ,.,, ,de. le o n s , I d ~ comme t el en tant qu ' il contit ll l , 11pr m c_Ipe l umte , et pa r suite t ou t le reste. EH ' l111l'unit primordiale n 'es t pas autr e chose quo J, '/,, .. ;affirm , ou, en d 'autres t ermes, l' E tre univen11 1 'l''est ce t te unit, n 'est que le Non-Etr e affi rm ll t111la mes ur e o est possible une telle f f i r r n a t i o ~ 1 q11est dj un e premire dtermination, car e li t 11 ' 1qu e la plus universelle de toutes les aHirlnHIIIIII

    i ~ s , donc conditionnes ; et ce tte prem i 11 d ,. , , ,mmatwn , pralable toute manifest ation < l 1 111111part icu larisation (y compris la poltH Anl iou , 1. e ~ s e et substance >> qui es t la JH't milt 'l d11,ht e et , comme te lle, le point d d }Hil' l. dt(' ) Ces deux cas de l' ind6finim nt roi H \ll l, tt

  • 7/28/2019 Gunon Ren - Les tats multiples de l'tre.pdf

    24/70

    48 LE S TATS MULTIPLES DE L'TRElits de manifestation, elle ne peut pas tre conuoautrement que comme telle, ca r c'est la manifesta tion qui implique l'existence distinctive ; et d'au tr1part, puisqu'il s'agit de possibilits, il faut bil \11qu'elles existent de la faon qu i es t implique pn1leur nature. Ainsi, le principe de la manifestationuniverselle, tout en tant un, et en tant mn11l 'unit en soi, contient ncessairement la multipli cit ; et celle-ci, dans tous ses dveloppements ind finis, et s'accomplissant indfiniment selon une inJrfinit de directions (1) , procde tout entire de l'unit ,,,primordiale, dans laquelle elle demeure touj ourcomprise, et qu i ne peut tre aucunement afl'cel.tlilou modifie pa r l'existence en elle de cette mu Il iplicit, ca r elle ne saurait videmment cesser d'l.l 'lelle-mme par un efl'et de sa propre nature, Plc'est prcisment en tant qu'elle es t l 'unit qu'nll11implique essentiellement les possibilits multi1d n 1dont il s'agit. C'est donc dans l'unit mme qu< lumultiplicit existe, et , comme elle n'affecte pul'unit, c'est qu'elle n' a qu'une existence toute t ' Ol ltingente par rapport celle-ci; nous pouvons rni' nlt 'dire que cette existence, tant qu'on ne la r a p p t ~ tpa s l'unit comme nous venons de le fai11', 1 1purement illusoire ; c'est l 'unit seule qui, tan . 1111principe, lui donne toute la ralit dont elle cs l. 11ceptible; et l'unit elle-mme, son tour, n'est po 1111principe absolu et se suffisant soi-mme, t' t 1du Zro mtaphysique qu'elle ti re sa propre rulill

    ( 1 ) Il va de soi qu e ce mo t de directions " cmprunt 11 l ' lill il lration de s poss ibilit s spat iales, doit t re entend u ici sylll ilollqullll lllt lcar, a u sens liltml, il ne s'appliquerait qu ' :\ un e inCirno purt.l11 d !IH l" ' 1bilits de rnanifes tal ion; le sens fJU O nous lui donuon A pl '{IM IIIIi tl llllllles t en confo rmit av ec tout c quo avo ns oxpos c.lunM .e ."f/llt lw ll mde la Crvi.c.

    L'UNIT ET LA MULTIPLICIT 49L'Etre, n'tant que la premire affirmatit n, lalnlrnination la plus primordiale, n'est pa s le prinl'' suprme de toutes choses ; il n'est, nous lel" t.ons, que le principe de la manifestation, et on111 po.r l combien le point de vue mtaphysiquel< s lreint par ceux qu i prtendent le rduiretluHivement la seule ontologie >> ; faire ainsil'Il tion du Non-tre, c'est mme proprementtout ce qu i es t le plus vraiment et le plusll 'ltH nt mtaphysique. Cela tant di t en passant,I'Onclurons ainsi en ce qu i concerne le point

    111111. venons de traiter: l 'tre es t un en soi-mme 'Jill l' 1mite, l'Existen ce universelle, qu i es t la mani-n1 on intgrale de ses possibilits, est unique dans' IIHIInce et sa nature intime ; mais ni l 'unit de1 't 11 i l' unicit n de 1'Existence n'excluent lallipli1;it des modes de la manifestation, d'o

    , fi11I. des degrs de l'Existence, dans l'ordretul ol cosmique, et celle des tats de l'tre, dansltt d

  • 7/28/2019 Gunon Ren - Les tats multiples de l'tre.pdf

    25/70

    CHAPITRE VINSIDRATIONS ANALOGIQUES

    1 ES DE L'TUDE DE L'TATDE Rf:VE

    """ quitterons maintenant le point de vuep11rnmcnt mtaphysique auquel nous nousornmcs plac, dans le chapitre prcdent,1 uvitiugcr la question des rapports de l'unit etruultipli it, ca r nous pourrons peut-tre mieux

    Il ru j 1'1 COmprendre la nature de CeS rapports'l"' lf!II

  • 7/28/2019 Gunon Ren - Les tats multiples de l'tre.pdf

    26/70

    52 LE S TATS MULTIPLES DE L'TRErelie) de son individualit, et dans lequel ccl , 1'produit un monde qu i procde tout entier df' '" 'mme, et dont les objets consistent exclusiv''"" ''dans des conceptions mentales (par opposition '' 'perceptions sensorielles de l 'tat de veille), e' 1 1dire dans des combinaisons d'ides r e v t u o1formes subtiles, ces formes dpendant d'aiti, 11substantiellement de la forme subtile de l'ind,, "111lui-mme, dont les objets idaux du rve 1wen somme qu'autant de modifications accid

  • 7/28/2019 Gunon Ren - Les tats multiples de l'tre.pdf

    27/70

    54 LES TATS MULTIPLES DE L'TREment manifeste, ou ce -qu'on pourrait appele,. 1zone centrale de cette conscience, il n'en faut l'moins admettre que, simultanment, tous les ltcl ll lrles y sont galement agis pa r lui, soit d 111d'autres modalits, soit tout au moins dans dlllrentes modifications secondaires de la m me Jlltllllit, appartenant aussi sa conscience individ 111 Ilsinon dans son tat actuel, restreint, de munirt ltttion en tant que conseience, du moins damt l' 1111queleonque de ses possibilits de manifestation , lquelles, dans leur ensemble, embrassent un oh 1111indfiniment plus tendu. Tous ces r les opp111sent naturellement comme secondaires pa r rH 'JII"'''celui qui est le principal pour l'individu , c' Al. 11 tl celui o sa .conscience actuelle es t dir< 1 1 11intresse, et , puisque tous les lments du 1n'existent que -par lui, on peut di re qu'ils 1111rels qu'autant qu'ils participent sa propc't 1tenee : c'est lui-mme qui les ralise comllH 1111lttde modifications de lui-mme, et sans co A c1 l"cela d'tre lui-mme indpendammen t d tHM 1111fications qui n'affectent en rien cc qui coct 1l'essence propre de son individualit. l>t 1d 11l'individu est conscient qu'il rve, 'm'!L II cl i11tous les vnements qui se droul nt dnn 11 1n'ont vritablement que la ralit qu ' il h 1111 ' cllui-mme, il n'en sera aucunement ufroel( nlo1 111qu'il y sera acteur en mme t rops

  • 7/28/2019 Gunon Ren - Les tats multiples de l'tre.pdf

    28/70

    56 LES TATS MULTIPLES DE L'TREses extrieures (1 ) , qui constituent le monde s "sible. Ce qui fait la ralit de ce monde du ,.,.,,c'est uniquement la conscience individuelle envisnl''dans tout son dveloppement, dans toutes les poH 'bilits de manifestation qu'elle comprend; et , d' ,tlleurs, cette mme conscience, ainsi envisage d "'son ensemble, comprend ce monde du rve au m'""titre que tous les autres lments de la manifl' 1 1tion individuelle, appartenant l'une quelconq"'' d.modalits qui sont contenues dans l'extension i" ''grale de la possibilit individuelle.Maintenant, il importe de remarquer que, si l'ttveut considrer analogiquement la manif('sl n''"universelle, on peut seulement dire que, comrr11 1conscience individuelle fait la ralit de cc ' ' ' '"' 1spcial qui est constitu par toutes ses mod " ''possibles, il y a aussi quelque chose qui fait ln "" .d 1de l'Univers manifest, mais sans qu'il soit : t iH ' ' '"ment lgitime de faire de ce ((quelque chosl' l '1' 1"valent d'une facult individuelle ou d'une l ' ond l l l l l lspcialise d'existence, ce qui serait une rollt'lll""'minemment anthropomorphique et antiulilnl'l'sique. C'est alors quelque chose qui n'est, p:11 1 ,, ,squent, ni la conscience ni la pense, mais duni 1conscience et la pense ne sont au contrair1 'l"' .1modes particuliers de manifestation ; et , s'il y 1indfinit de tels modes possibles, qui P""v' ''''regards comme autant d'attributions, dj,.,.,.,,indirectes, de l':tre universel, analog11 I'K d" " ",certaine mesure cc que sont po11r l'indi,id 1

    (') Pa r celte rcslriclion, nouH n l o n d l l r l lllll'llrtllllltllll ul, 1riorit des objets sonsilJicH, qu i l'HL 111111 l l r t q u o o ~ t "" 111111 l"' 11 1nous voulons soulornonl. indiqlllll' IJ"" rttllrH 11n lu ''Il '" i'" 1111o 1ici Jo q u c ~ l i o n 1lu dt iKr(,

  • 7/28/2019 Gunon Ren - Les tats multiples de l'tre.pdf

    29/70

    CHAPITRE VIILES POSSIBILITS

    l LA CONSCIENCE INDIVIDUELLE

    1 que nous venons de dire au sujet de l 'tatdc rve nous amne parler quelque peu,d'une faon gnrale, des possibilits que

    111pmtc l'tre humain dans les limites de son inditluulilc' , ct , plus particulirement, des possibilits11 1 .'tnt individuel envisag sous l'aspect de la

    tl 1 11 nnc , qui constitue une de ses caractristiques,. "''"'tl. nien entendu, ce n'est pas au point de1 yl10logique que nous entendons nous placer1 IJIIIIIfJII' l

  • 7/28/2019 Gunon Ren - Les tats multiples de l'tre.pdf

    30/70

  • 7/28/2019 Gunon Ren - Les tats multiples de l'tre.pdf

    31/70

    62 LE S TATS MULTIPLES DE L'TREes t qu'une portion plus ou moins considrahl t',que ce qu 'elle laisse en dehors d'elle peut la dopude beaucoup en t endue et en complexit ; mn1 ,les psychologues reconnaissent volontiers l 'exi H tllld'une subconscien ce , si m me ils en ab us Jtl. l'fois comme d'un moyen d'explica tion trop ''""mode, en y faisant rentrer indistinctement toulqu'ils ne savent o classer parmi les phnont ttqu'ils tudient, ils on t toujours oubli d' cuvi 11 'corrlativement une superconscience (1, 'H'""'si la conscience ne pouvait pas se prolongr t 1111bien par en haut que par en bas, si tant es t fJ" '' 1no t ions relatives de haut et de bas a! 111 ,un sens qu elconque, et il est vraisembl able q11 'Ildoivent en avoir un, du moins, pour le poin L d!l 11spcia l des psychologues. Notons d 'aillcut'H 'l' su bcon science et superconscience >> ne fl ottl ' tralit , l'une et l 'autre, que de simples p rolonwn111 ulde la conscienc e, qu i ne nous font nul lem tll. ct tlde son domaine intgral, et qui, par consqu! 111 , 111peuvent en aucune faon t re as simi ls l ' 1< tlt l l l tscient , c' est--dire ce qu i es t en dchorH d11 1conscience, mais doivent au contraire tro (',(11111'1dans la not ion complte de la conscience in dividu, lhDa ns ces condit ion s, la conscience inividtllllpeut su ffire rend re compte de tout ce qui, 1111 pttlnlde vue men tal, se passe da ns le domain d, t ~ t dv idualit , sans qu 'il y ait lieu de faire apJH l l'Il

    ( 1 ) Certains psychologues on t cependant emp loy6 co loonH tlt 111conscience , mais ils n'ente ndent par l ri en d'nul il"' ltt 1111 11 tl ''normale claire et distincte, par opposilion ltl sub ou Hn i>, qui, du reste? a ~ a . u : ~ t e n a n t11111 d la considration Immeritee d o ~ t . e e anil t un certain temps (a). Pour preCiser ce

    Ill 1 1/omme cl son devenir selon le V ddnta, P: 182d l Croix . h . cf Le Symbolisme e a rr , , Hpl r llc, 2 partie, c VI 1 1 . , 11 d pour une bonne part~ ~ ~ ~ " li olle lhone d eurs ais ui- tiennent direc-ljtll n'ont rien. de . ~ c l e ; 1 raisons. il estnu t rnot re nnlt lra,dli.JOnnel. srieux n' y croira plus,tjll11 1 ulors m me qu a d u c n l ~ ~ ~ ~ ~ scolaires et les ouvrages- nrn lnn"t mps ncore 11nsIM!I IItlfl ,

  • 7/28/2019 Gunon Ren - Les tats multiples de l'tre.pdf

    32/70

    64 LES TATS MULTIPLES DE L'TREpoint sans nous y tendre outre mesure, nous ft l'lillremarquer que la prtendue lo i du paralllismt tll ' o . n t ~ g n i e et de la phylognie , qui es t un d 'prmcipaux p o s ~ ? - l a t s du transformisme , suppu 1,avant t . o u ~ , qu Il y a rellement une phylogutou . fihat10n de l'espce , ce qui n'est pas un f11 1,

    n i ~ I s une hypothse toute gratuite ; le seul fai L qup m s s ~ tre constat, c'est la ralisation de certni11formes organiques pa r l'individu au cours do 011

    ~ v l o p p e m e n t embryonnaire, et , ds lors qu 'i l t\ ,hse ces formes de cette faon, il n' a pas besoi 11 tlles avoir ralises dj dans de soi-disant exis t " ''''successives, et il n'est pas davantage ncessair qul'espce laquelle il appartient les ai t ralises pou r lu

    ? a n ~ un ~ v e l o p p e m e n t auquel, en tant qu'individu ,Il n ~ u r a l t . pu prendre aucune part. D'ailleurs, 1considratiOns embryologiques tant mises pm iconception des tats multiples nous permet d' tll 1VIsager tous ces tats comme existant simultnument dans un mme tre, et non pas commt wpouvant tre parcourus que successivement au o111d'une descendance qui passerait, non seulcnwnld'un tre un autre, mais mme d'une espce 1111a ~ t ~ e (1 ). L'unit de l'espce est, en un sens, pluveritable et plus essentielle que celle de l'individ u (M),

    (') Il d ~ i t ~ r e bien ,entendu que l ' i m ~ o s s i b i l i t du changemonl, '' 'p c ~ ne s applique qu aux espces vritables, qui ne concidonL l'

    t ? ~ J o ~ r s forcment avec ce qui es t dsign comme tel dans Ic11 1hsifiCations des zoologistes et des botanistes, ceux-ci pouvant pronolltort pour des espces distinctes ce qui n'est en ralit que r aces 011rits d'une mme espce.Cette ~ f f i r ~ a t i o n peut paraitre assez paradoxale au pre mi er 11ltit olmais e l ~ e se J u s t i ~ I e suff.Isamment quand on considre le cas des 1 1 1 1et celui certams ammaux dits infrieurs, tels que les polypes '' ' 1vers, o Il est peu prs impossiQie de reconnattre si l'on se trouvt 111prsence d'un ou de plusieurs individus et de dterminer dans qu ll

    LA CONSCIENCE INDIVIDUELLE 65s'oppose la ralit d'une telle descen; au contraire, l'tre qui, comme individu,rticnt une espce dtermine, n'en est pas

    , en mme temps, indpendant de cette espcellS tats extra-individuels, et peut mme, sansuussi loin, avoir des liens tablis avec d'autres1s pa r de simples prolongements de l'indivit . Par exemple, comme nous l'avons di t plus, l'homme qui revt une certaine forme en rve 'lU \ l mme de cette forme une modalit secon-de sa propre individualit, et , par suite, il laeffectivement suivant le seul mode o cettetion lu i soit possible. Il y a aussi, ce mme

    de vue, d'autres prolongements individuelsnt d'un ordre assez diffrent, et qui prsententractre plutt organique ; mais ceci noustnerait trop loin, et nous nous bornons l'inr en passant (1). D'ailleurs, pour ce qui estrfutation plus complte et plus dtaille dess transformistes , elle doit tre rapportet l'tude de la nature de l'espce et de seslions d'existence, tude que nous ne saurionsl'intention d'aborder prsentement ; niais cK essentiel de remarquer, c'est que la simuldes tats multiples suffit prouver l'inutilitllt s hypothses, qui sont parfaitement insouteds q u ' ~ n les envisage du point de vue mtaque, et dont le dfaut de principe entrane1 irement la fausset de fait.insistons plus particulirement su r la simul-n Individus sont vraiment distincts les uns des autres, tandisllrnltes de l'espce, au contraire, apparaissent toujours assez

    f, /.' Erreur spirite, pp. 249-252.

  • 7/28/2019 Gunon Ren - Les tats multiples de l'tre.pdf

    33/70

    66 LES TATS MULTIPLES DE L' TJH:tan.it < ; ~ e s . ~ a t s d'tre, car, mme pour '' 'cati?ts m d i v i ~ u e l l e s , qui se ralisent e11 1111111

    c ~ ~ s i . ans l ordre de la manifestatioH,n. etaient pas. conues comme simultan 6( 1 Il~ l ; p e , .leur existence ne pourrait t re qu< JllllI usOire. Nous avons eu dj l'occasion tl ' '

    s u ~ s a m m e n t l-dessus (I), et nous av ons nlnl;re l' c o ' ; l l ~ m e n t des formes dau H lt 11este, a la. conditiOn de lui conserver son l ' I l lt?ut relatif .et contingent, est pleinem n1 1tihble avec la permanente actualit tl 1, 1c oses dans le non-manifest .

    (1) L'Homme et son devenir selon le Vdnta, pp. 120 1Il,

    CHAPITRE VIIILE MENTAL,

    :tMENT CARACTRISTIQUEL'INDIVIDUALIT HUMAINE

    avons di t que la conscience, entenduens son sens le plus gnral, n'est pas quelu chose qui puisse tre regard commement propre l'tre humain comme tel,usceptible de le caractriser l'exclusion1 s autres ; et il y a en effet, mme dans lede la manifestation corporelle (qui net qu'une portion restreinte du degr deo se situe l'tre humain), et de cettela manifestation corporelle qui nous envi-

    plus immdiatement et qui constitue l'exisrestre, une multitude d'tres qui n'appart pas l'espce humaine, mais qui prsenp ndant avec elle assez de similitude, sous11 rapports, pour qu'il ne soit pas permis deoser dpourvus de la conscience, mme prisedans son sens psychologique ordinaire. un degr ou un autre, le cas de toutes

    animales, qui tmoignent d'ailleurs manint de la possession de la conscience ; il aut l'aveuglement que peut causer l'esprit de

  • 7/28/2019 Gunon Ren - Les tats multiples de l'tre.pdf

    34/70

    68 LES TATS MULTIPLES DE L'TREsystme pour donner naissance une thorie oucontraire toute vidence que l 'es t la thorie cor isienne des animaux-machines . Peut-t re m 111faut-il aller plus loin encore, et, pour les a u ,l'trgnes organiques, sinon pour tous les t rcH tl 11monde corporel, envisager la possibilit d' aul1'1formes de la conscience, qu i apparat comm Ilplus spcialement la condition vitale ; ma i.R t''''n'importe pas prsentement p our ce qu e nou s 111 111proposons d'tablir.Cependant, il est assurment une form e dt 1conscience, parmi toutes celles qu 'elle p eu t r 'qui est proprement humaine, et cet te forme cl l1l' 1mine (ahankra ou conscience du moi ) es t 1111qu i est inhrente la facult que nous app clou lt mental , c' est--dire prcisment ce

  • 7/28/2019 Gunon Ren - Les tats multiples de l'tre.pdf

    35/70

  • 7/28/2019 Gunon Ren - Les tats multiples de l'tre.pdf

    36/70

    72 LE S TATS MULTIPLES DE L0 TREcette analogie, qui n'est aucun degr une identifi cation, que l'on peut en un certain sens, et sous lurserve prcdente, appeler aussi raison ce qui ,dans l'universel, correspond, par une transpositi o11convenable, la raison humaine, ou, en d'autr t1termes, ce dont celle-ci es t l'expression, comme truduction et manifestation, en mode individualis (1) .D'ailleurs, les principes fondamentaux de la connaissance, mme si on les regarde comme l ' e xsion d'une sorte de raison universelle , enten d111au sens du Logos platonicien et alexandrin, n 'oudpassent pa s moins pour cela, au del de t ou l.tmesure assignable, le domaine particulier de la rnison individuelle, qui est exclusivement une facu) l,de connaissance distinctive et discursive (2 ) , c t tlaquelle ils s'imposent comme des donnes d 'ordt ttranscendant conditionnant ncessairement tou .tactivit mentale. Cela es t vident, du reste, ds C(ll lll'on remarque que ces principes ne prsuppo s1niInlroduc!ion gnrale l'lude des doctrines hindoues, 3 parUe, h .et L'Homme et son devenir selon le Vdn!a, pp. 58-59).

    (') Suivant les philosophes scolastiques, une transposition de co Kt 11111doit tre effectue toutes les fois qu'on passe des attributs des tros r aux attributs divins, de telle sorte que ce n'est qu 'analogiquement q ll tles mmes termes peuvent tre appliqus aux uns et aux aut res , t Mhl lplement pour indiquer qu'il y a en Dieu le principe de toutes les quulll 1qui se trouvent dans l'homme ou dans tout autre t re, co utll tluu ,bien entendu, qu'il s'agisse de qualits re llement posll !Vos, ot 111111de celles qui, n'tant que la consquence d'une privation ou d'un llu tltation, n'ont qu'une existence purement ngative, qu elles qu HUit llld'ailleurs les apparences, et sont par consquent dpourvues do Jl'lnnl pt(') Connaissance discursive, s'opposant connaissance intulll vr,, 1Mau fond synonyme de connaissance indirecte et mdia te ; ce n' oR fl tll llqu'une connaissance toute relative, et en quelqu e so rte por r flnt 11 11par participation; en raison de son caractre d 'ex triorit, CJII I llol subsister la du ali t du sujet et de l' objet, elle ne snuroit trouver 11 " ' 'mme la garantie de sa vri t, mais do it la recevoir d prlrt ' IJII M ljll lla dpassent et qui son t de l'ordre de lu connnlssonco lnlull.lvt , u't l-dire purement Intellec tuelle.

    LE MENTAL 73ucune existence particulire, mais sont au conraire prsupposs logiquement comme des prmisses,u moins implicites, de toute affirmation vraie'ordre contingent. On peut mme dire que, en raiIOn de leur universalit, ces principes, qui dominenttoute logique possible, on t en mme temps, oulu t avant tout, une porte qui s'tend bienu del du domaine de la lGgique, car celle-ci, toutu moins dans son acception habituelle et philosohique (1), n'est et ne peut tre qu'une application,lus ou moins consciente d'ailleurs, des principesniversels au x conditions particulires de l'entendent humain individualis (2 ) .es quelques prcisions, bien que s'cartant unu du sujet principal de notre tude, nous ont paruessaires pour bien faire comprendre dans quelns nous disons que le mental est une facult oun proprit de l'individu comme tel, et que cetteprit reprsente l'lment essentiellement carac-ristique de l 'tat humain. C'est dessein, d'ailur , que, quand il nous arrive de parler de facul

    ))1 nous laissons ce terme une acception assezugu et indtermine ; il es t ainsi susceptible d'uneJlplication plus gnrale, dans des cas o il n'y11 o.it aucun avantage le remplacer pa r quelqueut.r terme plus spcial parce que plus nettementfini. qui es t de la distinction essentielle dud'avec l'intellect pur, nous rappellerons( ) Nou s faisons cette restriction parce que la logique, dans des civil LlonHorientales comme celles de l'Inde et de la Chine, prsente un

    c bro diffrent , qui en fait un point de vue 1 (darshana) de la doon tolno et une vritable science traditionnelle 1 (voir Introduction .() des doctrines hindoues, 3 partie, ch. 1x).() r. Le S tJmbolisme de la Croix, ch. xvu.

  • 7/28/2019 Gunon Ren - Les tats multiples de l'tre.pdf

    37/70

    74 LES TATS MULTIPLES DE L'TREseulement ceci: l'intellect, dans le passage de l'universel l'individuel, produit la conscience, maiscelle-ci, tant de l'ordre individuel, n'est aucunemen tidentique au principe intellectuel lui-mme, bienqu'elle en procde immdiatement comme rsultantode l'intersection de ce principe avec le domaine sp cialde certaines conditions d'existence, pa r lesquelles estdfinie l'individualit considre (1 ). D'autre parL,c'est la facult mentale, unie directement la con science, ,qu'appartient en propre la pense indiv j.duelle, qui es t d'ordre formel (et, suivant ce quivient d'tre dit, nous y comprenons la raison au sH ibien que la mmoire et l'imagination), et qui n'c A,nullement inhrente l'intellect transcendant ( But!dhi), dont les attributions sont essentiellement infwmelles (2 ). Ceci montre clairement quel point otufacult mentale es t en ralit quelque chose de t't ltreint et . de spcialis, tout en tant cepenJ nulsusceptible de dvelopper des possibilits indfinioelle est donc la fois beaucoup moins et beau 011 pplus que ne le voudraient les conceptions pa r I.I'OJIsimplifies, voir e mme simplistes , qui ont outparmi les psychologues occidentaux (8 ).

    ( 1) Cette intersection est , suivant ce que nous avons e x p o nlllt111 ,celle du Rayon Cleste avec son plan de rflexion (ibid., h. 1 1( 1) Voir L'Homme et son deveni r selon le Veddnta, ch. vu ot VIII ,( 1 ) C'est ce que nous avons dj indiqu plus hau t nu sujol tlnMpu lbilits du moi et de sa place dans l' tr e lola!.

    CHAPITRE IXLA HIRARCHIE

    DES FACULTS INDIVIDUELLES

    A distinction profonde de l'intellect et dumental consiste essentiellement, comme nousvenons de le dire, en ce que le premier est'ordre universel, tandis que le second est d'ordrepur ment individuel ; pa r suite, ils ne peuvent pas11 ppliquer au mme domaine ni au x mmes objets,t il y a lieu, cet gard, de distinguer de mmel'itl informelle de la pense formelle, qu i n'en es tUt l'expression mentale, c'est--dire la traduction11 mod e individuel. L'activit de l'tre, dans ces1 l ordres diffrents que sont l'intellectuel et le1 t ul o], peut, tout en s'exerant simultanment

    tv< \' se dissocier au point de les rendre c o m p l ~uunt indpendants 1'-un de l'autre quant leursui ( s tations respectives ; mais nous ne pouvons

    lt ign ler ceci en passant et sans y insister, ca rut, d v loppement su r ce sujet nous entraneraitvit11b l m nt sortir du point de vue strictementmiqtH auqu l nous entendons nous borner pr-'" ' ' 1111 n L.U'uult 'l pu t, lo principe psychique qui caractrise1 1 tl itlu nlit humain st d'une double nature :

  • 7/28/2019 Gunon Ren - Les tats multiples de l'tre.pdf

    38/70

    76 LES TATS MULTIPLES DE L'TREoutre l'lment mental proprement dit, il comprendgalement l'lment sentimental ou motif, qui , v idemment, relve aussi du domaine de la conscienecindividuelle, mais qui est encore plus loign dtl'intellect, et en mme temps plus troitement dpcndant des conditions organiques, donc plus proche J umonde corporel ou snsible. Cette nouvelle distinotion, bien ql1'tablie l'intrieur de ce qu i es t pro prement individuel, et par consquent moins fo nda mentale que la prcdente, est pourtant encore b eaucoup plus profonde qu'on ne pourrait le croire 11premire vue; et beaucoup d'erreurs ou de mpri1:11de la philosophie occidentale., particuliremen t sousa forme psychologique (1 ), proviennent de ce quc 1malgr les apparences, elle ne l'ignore gure moinau fond que celle de l'intellect et du mental, ou qu 1tout au moins elle en m connat la porte relle. 1 ,plus, la distinction, et nous pourrions mme dir lnsparation de ces facults, montre qu'il y a 1111 1vritable multiplicit d'tats, ou plus prcismenl. domodalits, dans l'individu lui-mme, quoique cclui -1 ,dans son ensemble, ne constitue qu'un seul t a L dtl'tre total; l'analogie de la partie et du to ul 11retrouve ici comme partout ailleurs (2 ) . On pt 111donc parler d'une hirarchie des facults indi iduelles, aussi bien que d'une hirarchie des t uLH dtl'tre total ; seulement, les facults de l' in div iclu elles sont indfinies dans leur extensi on pO AH ihl t1sont en nombre dfini, et le simple fait de les 1:1 1111d

    (') Nous employons cett e expression dessein, parce qu IJ I\1'111111au lieu de ne donner la psychologie que sa place lgltlrne du rln lnnospcialise, pr tend ent en faire le po in t de dpart et lo foudomt\td iltoute une pseudo-mt aphys ique, qui, bien ent endu , es t 111111111val eur.() Voir Le Symbolisme de la Croia;, pp . 25-26 ot 3436

    LA HIRARCHIE DES FACULTS 77viser plus ou moins, pa r une dissociation pousselus ou moins loin, ne leur ajoute videmmentucune potentialit nouvelle, tandis que, comme

    ous l'avons dj dit, les tats de l'tre sont vritalement en multitude indfinie, et cela pa r leurture mme, qui est (pour les tats manifests) derrespondre tous les degrs de l'Existence unireelle. On pourrait dire que, dans l'ordre indivi-ucl, la distinction ne s'opre que pa r division, et, dans l'ordre extra-individuel, elle s'opre aunt raire par multiplication ; ici comme dans touscas, l'analogie s'applique donc en sens inverse (1 ).Nous n'avons nullement l'intention d'entrer icis l'tude spciale et dtaille des diffrentesult s individuelles et de leurs fonctions ou attriutions respectives ; cette tude aurait forcment unruct re plutt psychologique, du moins tant queu nous en tiendrions la thorie de ces facults,u' il suffit d'ailleurs de nommer pour que leurshj t propres soient assez clairement dfinis pa r l

    1 rn , la condition, bien entendu, de rester dansnralits, qui seules nous importent actuelle-lill . Co mm e les analyses plus ou moins subtiles nemt pas du ressor t de la mtaphysique, et que du11 1, Iles sont ordinairement d'autant plus vainesu1tlll s sont plus subtiles, nous les abandonnons 0o]ontiers aux philosophes qui font profession'y omplaire ; d 'un autre ct , notre intention

    rt nt n 'est pas de t ra iter compltement la ques-1111 tl la constitution de l' tr e humain, que nous

    1111 dj expose dans un autr e ouvrage (2 ) , ce11 llflll6 disp nse de plus amples dveloppements(') Vnl r l/Jltl., pp . 27-28 ot 20fl-208.(' ) 1 '1/ ommn el 8011 l!evwlr se lo11 le VRddnla.

  • 7/28/2019 Gunon Ren - Les tats multiples de l'tre.pdf

    39/70

    78 LE S TATS MULTIPLES DE L1 TREsur ces points d'importance secondaire pa r rappol'lau sujet qui nous occup maintenant.En somme, si nous avons jug propos de it '"quelques mots de la hirarchie des facults indiduelles, c'est seulement parce qu'elle permet dt 1rendre mieux compte de ce que peuvent tn1 lt'tats multiples, en en donnant en quelque so rt 11111image rduite, comprise dans les limites de la pobilit individuelle humaine. Cette image ne peu . l1"exacte selon sa mesure, que si l'on tient compt< "' '' .rserves que nous avons formules en ce qUJ t ' f l l lcerne l'application de l'analogie ; d'autre part, 011111 1elle sera d'autant meilleure qu'elle sera moinH tl'treinte, il convient d' y faire entrer, conj ointlnt ulavec la notion gnrale de la hirarchie des fu) dont la conceptionprvalu, pour des causes diverses, dans les tenn es philosophiques de tout l'Occident moderne (1 ) .

    1) Voir Introduction gnrale l'tude des doctrines hindoues, pp. 137-L L'Homme et son devenir selon le VMdnta, pp. 59-61. - Commel'ovons dj indiqu, c'est Descartes qu'il faut faire remonterpnl ement l'origine et la responsabilit de ce dualisme, quoiqu'ilII UMSI reconnatre que ses conceptions on t d leur succs ce qu 'elles11 11t en somme que l'expression systmatise de tendances prexis

    elles-l mmes qui sont proprement caractristiques de l'esprit(cf . La Crise du Monde moderne, pp. 124-128).

  • 7/28/2019 Gunon Ren - Les tats multiples de l'tre.pdf

    40/70

    CHAPITRE XLES CONFINS DE L'INDFINI

    '

    TE N que nous ayons parl d'une hirarchie desfacults individuelles, il importe de ne jamaisperdre de vue qu'elles sont toutes comprises

    1111 l'extension d'un seul et mme tat de l'treulul, c'est--dire dans un plan horizontal de la1 ' ~ ' ~ ' t ' n t a t i o n gomtrique de l'tre, telle que nous111\'0IIH expose dans notre prcdente tude, tandislie Ill hirarchie des diffrents tats est marque parI ll ' t uperposition suivant la direction de l'axe vercul d1 la mme reprsentation. La premire de ces

    leu l t i c h i e s n'occupe donc, proprement parler,Il ' ' " ' place dans la seconde, puisque son ensemblen"d 1 i . un seul point (le point de rencontre de,. vctt.ic:al avec le plan correspondant l'tat1 11 t ~ l c ' ; en d'autres termes, la diffrence desudultll\H individuelles, ne se rfrant qu'au sens deutnplc tll' l> es t rigoureusement nulle suivant celui

    l' "clxtdt.nt.ion l> (1 ).Il Il l ruut. pns oublier, d'autre part, que l' ({ am-" 111 '' dun H l'panouissement intgral de l'tre, est1 llnic utt HH i hien qu e l' exaltation n; et c'est ll j l l l """ " p mw L d 0 padcr de l'indfinit des pos-

    11 lu l,.p llrlcu l loll ol ll ccK toc m oK ocnprunls l 'sotrisme isla-fil 1 " '' 1 ,.,,,,,111 11 /N r/111 tin lu ( ;rl/1 ,11 pp. :ll -32.

  • 7/28/2019 Gunon Ren - Les tats multiples de l'tre.pdf

    41/70

    82 LE S TATS MULTIPLES DE L'TREsibilits de chaque tat, mais, bien entendu,. snrHIque cette indfinit doive aucunement tre . li t'prte comme supposant un e absence de hm_l.< il ,Nous nous sommes dj suffisamment expl tqual-dessus en tablissant la distinction de l 'In fiui 1de l'indfini, mais nous pouvons faire interven it l1un e figuration gomtrique d o n ~ nous n'avons l'"encore parl : dans un plan horizontal quelconqu n,les confins de l'indfini sont marqus par le co r

  • 7/28/2019 Gunon Ren - Les tats multiples de l'tre.pdf

    42/70

    84 LE S TATS :MULTIPLES DE L'TRE

    telle de leurs modalits spciales, modalit s ulactuellement ralise pa r l'tre qui se place 1'1111ou l'autre de ces points de vue partiels don t ]1 1Mici question .Ces quelques remarques peuvent aider fni1'comprendre comment il faut envisager les dl'indfini, et comment le.ur ralisation est un fa r.L1 111important de l'unification effective de l'tre (1 ) . Ilconvient d'ailleurs de reconnatre que leur c o n < ~ JItion, mme simplement thorique, ne va pas lW 11quelque difficult, et i l doit normalement en 1 .,ainsi, puisque l'indfini est prcisment ce dont hlimites sont recules jusqu' ce que nous les p rdi1111de vue, c'est--dire jusqu' ce qu'elles chupp1t1laux prises de nos facults, du moins dans l'ex 'l llt lordinaire de celles-ci ; mais, ces facults tant t litmmes susceptibles d'une extension indfiui , ' 'n'est pas en vertu de leur nature mme qu e l' ind 1 1les dpasse, mais seulement en vertu d'une limiLul ln11de fait due au degr de dveloppement prst hl 1lla plupart des tres humains, de sorte qu 'il n'cette conception aucune impossibilit, et qu t d' 1 1leurs elle ne nous fait pas sortir de l'ordre d< pttsibilits individuelles. Quoi q}l'il en soit , pour upp111te r cet gard de plus grandes prcisions, il 1111drait considrer plus particulirement, titl' d ' '' '"ple, les conditions spciales d'un ce rtain tol. cl ' !itence, ou, pour parler plus rigoureusemcnl., tl ' 1111certaine modalit dfinie, t elle que celle qui 11 1 lul'existence corporelle, ce que nous ne pouvou fu 1

    (') Cec i doit t re rapproch de co que nous ovons di t o l l l IJIIIdans la plnitude de l'expansion que s'obllonl lo potnlt h11111" 11 1de mme que, inversement, l' extrme dlsUncUon n' Rl ru!l 111 1 1 'l" 1ll 'extrme universolil (ibid., p. 163).

    LE S CONFINS DE L' INDFINI 85ns les limites du prsent expos ; su r cette queson encore, nous renverrons donc, comme nousvons dj d le faire diverses reprises, l'tudee nous nous proposons de consacrer entirementce sujet des conditions de l'existence corporelle.

  • 7/28/2019 Gunon Ren - Les tats multiples de l'tre.pdf

    43/70

    CHAPITRE XIPRINCIPES DE DISTINCTIONENTRE LES TATS D't:TRE

    1sQu'xCI, en ce qui concerne plus spcialementl'tre humain, nous avons considr surtoutl'extension de la possibilit individuelle, qui'ulc constitue d'ailleurs l'tat proprement humain;tunis l'tre qu i possde cet tat possde aussi, au111oins virtuellement, tous les autres tats, sans les-uni s il ne saurait tre question de l'tre total. Silou envisage tous ces tats dans leurs rapportsvne l'tat individuel humain, on peut les classer11 H prhumains et

  • 7/28/2019 Gunon Ren - Les tats multiples de l'tre.pdf