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Chapitre 6 À L’ŒUVRE ! N otre inventaire personnel étant pris, que nous reste-t-il à faire maintenant ? Nous avons essayé d’adopter une nouvelle attitude envers notre Créateur, de vivre une nouvelle relation avec Lui et de découvrir les obstacles sur notre route. Nous avons admis avoir certains défauts ; nous avons, en gros, cerné le problème ; grâce à notre inventaire, nous avons identifié nos points faibles. Nous sommes main- tenant sur le point d’en être libérés. Mais pour y par- venir, il faut une action qui, si nous la menons jusqu’au bout, nous amènera à admettre la nature exacte de nos torts à Dieu, à nous-mêmes et à un autre être humain. Cela nous amène à la Cinquième Étape du programme de rétablissement dont nous avons parlé au chapitre précédent. Cette étape peut être difficile, particulièrement lors- qu’il s’agit de discuter de nos défauts avec une autre personne. On pourrait croire que se les admettre à soi- même est bien assez. Mais nous avons des doutes à ce sujet. Dans la pratique, nous trouvons, en général, l’au- toévaluation solitaire insuffisante. Beaucoup ont cru nécessaire d’aller plus loin. Nous acceptons plus faci- lement de parler de nous-mêmes avec une autre per- sonne si nous voyons de bonnes raisons de le faire. D’abord, la première et la meilleure : si nous brûlons cette étape vitale, nous pourrions ne jamais surmonter notre problème d’alcool. Combien de fois les nouveaux 81

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Chapitre 6

À L’ŒUVRE !

N otre inventaire personnel étant pris, quenous reste-t-il à faire maintenant ? Nous avons

essayé d’adopter une nouvelle attitude envers notreCréateur, de vivre une nouvelle relation avec Lui et dedécouvrir les obstacles sur notre route. Nous avonsadmis avoir certains défauts ; nous avons, en gros,cerné le problème ; grâce à notre inventaire, nousavons identifié nos points faibles. Nous sommes main-tenant sur le point d’en être libérés. Mais pour y par-venir, il faut une action qui, si nous la menons jusqu’aubout, nous amènera à admettre la nature exacte de nostorts à Dieu, à nous-mêmes et à un autre être humain.Cela nous amène à la Cinquième Étape du programmede rétablissement dont nous avons parlé au chapitreprécédent.

Cette étape peut être difficile, particulièrement lors-qu’il s’agit de discuter de nos défauts avec une autrepersonne. On pourrait croire que se les admettre à soi-même est bien assez. Mais nous avons des doutes à cesujet. Dans la pratique, nous trouvons, en général, l’au-toévaluation solitaire insuffisante. Beaucoup ont crunécessaire d’aller plus loin. Nous acceptons plus faci-lement de parler de nous-mêmes avec une autre per-sonne si nous voyons de bonnes raisons de le faire.D’abord, la première et la meilleure : si nous brûlonscette étape vitale, nous pourrions ne jamais surmonternotre problème d’alcool. Combien de fois les nouveaux

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n’ont-ils pas tenté de cacher certains faits de leur vie !Essayant de se soustraire à cette expérience humilian-te, ils ont eu recours à des méthodes plus faciles et,presque invariablement, ils ont bu. Comme ils avaientsuivi le reste du programme, ils se sont demandé pour-quoi ils avaient rechuté. Nous croyons que c’est parcequ’ils n’avaient pas fini leur ménage intérieur. Ilsavaient bien passé leur vie en revue, mais ils avaientomis les points les plus accablants. Ils s’imaginaientseulement être libérés de leur égoïsme et de leur crain-te ; ils s’imaginaient seulement avoir montré de l’hu-milité. Ils n’en avaient pas encore appris assez surl’humilité, la confiance et l’honnêteté tels que nous lesconsidérons nécessaires, tant qu’ils n’avaient pas dévoi-lé toute l’histoire de leur vie à quelqu’un.

Plus que la plupart des gens, l’alcoolique mène unedouble vie. Il est un grand comédien. Il présente à laface du monde son personnage de scène, celui qu’ilaime montrer à son entourage. Il cherche à se créerune certaine réputation en sachant au fond de lui-mêmeque ce n’est pas celle qu’il mérite.

L’écart entre sa réputation et sa conduite s’aggraveencore en état d’ébriété. Lorsqu’il reprend ses sens, lesquelques faits qui lui reviennent vaguement en mémoi-re le révoltent. Ces souvenirs sont un cauchemar pourlui. L’idée que quelqu’un ait pu le voir dans cet étatle fait trembler. Aussi vite qu’il le peut, il chasse cespensées loin au fond de lui-même en espérant qu’ellesne referont jamais surface. Il est constamment en proieà la crainte et à la tension, et cela le pousse à boiredavantage.

Les psychologues ont tendance à partager notre avis.Nous avons dépensé des milliers de dollars en examensmédicaux ; dans de rares cas seulement avons-nous

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donné aux médecins qui nous traitaient une chance denous aider. Nous leur avons rarement dit toute la véri-té, pas plus que nous n’avons suivi leurs conseils. Peudisposés à être honnêtes avec ces hommes compatis-sants, nous ne l’étions pas davantage avec les autres.Pas étonnant que tant de membres de la professionmédicale aient une piètre opinion des alcooliques etdoutent de leurs chances de se rétablir !

Nous devons être parfaitement honnêtes avec quel-qu’un si nous voulons vivre longtemps ou heureux ici-bas. Naturellement – et c’est légitime – nousréfléchissons longuement avant de choisir la ou les per-sonnes avec qui nous allons franchir cette étape inti-me et confidentielle. Ceux qui pratiquent une religionoù la confession est obligatoire voudront nécessaire-ment s’adresser à l’autorité désignée pour faire entendreces révélations. Même si nous ne sommes rattachés àaucune foi particulière, nous avons intérêt à nousconfier à un prêtre d’une religion reconnue. Souvent,une telle personne cerne vite notre problème et le com-prend. Certes, il nous arrive quelquefois de rencontrerdes gens qui ne comprennent pas les alcooliques.

Si nous ne pouvons ou ne désirons pas de cette solu-tion, nous cherchons un ami discret et compréhensif.Cet ami peut être notre médecin ou notre psychologue.Il peut également se trouver dans notre propre famil-le, mais nous ne pouvons pas dévoiler à notre femmeou à nos parents des choses qui les blesseraient ou lesrendraient malheureux. Nous n’avons pas le droit desauver notre peau au détriment d’une autre personne.Nous faisons ces confidences à quelqu’un qui va com-prendre mais qui n’en sera pas affecté. Si la règle nousimpose d’être durs avec nous-mêmes, elle nous deman-de d’être toujours pleins d’égards pour les autres.

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Malgré la grande nécessité de se livrer à quelqu’un,il peut arriver qu’un individu soit dans une situationtelle qu’il n’y ait personne qui lui convienne. En pareilcas, cette étape peut être reportée, à condition toute-fois que l’alcoolique reste disposé à se confier entiè-rement dès que l’occasion se présentera. Nous lementionnons parce qu’il est très important que chacunpuisse s’adresser à la bonne personne. Il est tout aussiessentiel que cette dernière soit capable de garder desconfidences, qu’elle comprenne et approuve entière-ment notre démarche, qu’elle n’essaie pas de changernos projets. En revanche, nous ne devons pas utilisercela comme un prétexte pour remettre l’étape à plustard.

Une fois que nous avons choisi qui recevra nos confi-dences, nous ne perdons pas de temps. Nous avons enmains notre inventaire écrit et nous sommes prêts àparler longtemps. Nous expliquons à notre partenairece que nous nous apprêtons à faire et pourquoi nousdevons le faire. La personne doit comprendre qu’ils’agit pour nous d’une question de vie ou de mort.Lorsque nous présentons les choses de cette façon, laplupart des gens acceptent avec plaisir de nous aider ;ils se sentent honorés de recevoir nos confidences.

Nous mettons notre orgueil de côté et nous y allonsde nos secrets en explicitant bien chaque repli de notrecaractère, chaque coin et recoin de notre passé. Unefois que, sans avoir rien caché, nous avons franchi cetteétape, nous sommes enchantés. Nous pouvons regarderle monde en face. Lorsque nous sommes seuls, nousnous sentons en paix et parfaitement à l’aise. Noscraintes nous quittent. Nous commençons à sentir laprésence immédiate de notre Créateur. Nous avionspeut-être jusque-là des convictions spirituelles, mais

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maintenant nous commençons à vivre une expériencespirituelle. Cette expérience est souvent accompagnéede l’impression très vive que notre problème d’alcoola disparu. Nous avons l’impression d’être sur la Gran-de Route, marchant main dans la main avec l’Esprit del’univers.

De retour à la maison, nous nous retirons dans unendroit paisible pendant une heure pour réfléchir soi-gneusement à ce que nous venons de faire. Nous remer-cions Dieu du fond du cœur pour nous avoir permisde mieux Le connaître. Reprenant ce livre, nous allonsà la page où sont énumérées les Douze Étapes. Nousrelisons attentivement les cinq premiers points, nousessayons de voir si nous n’aurions pas omis quelquechose car nous construisons une arche que nous allonstraverser pour devenir enfin un être libre. La construc-tion est-elle solide ? Les pierres sont-elles bien enplace ? Avons-nous lésiné sur les matériaux de la fon-dation ? Avons-nous essayé de fabriquer du mortiersans sable ?

Si nous pouvons répondre de façon satisfaisante àces questions, alors nous passons à la Sixième Étape.Nous avons déjà dit et répété que la bonne volonté estindispensable. Sommes-nous prêts maintenant à laisserDieu nous enlever toutes les choses que nous avionsreconnues comme répréhensibles en nous ? Peut-Ilmaintenant les prendre toutes et chacune ? Si nousnous accrochons encore à quelque chose dont nous nevoulons pas nous départir, nous demandons à Dieu denous aider à y renoncer.

Quand nous sommes prêts, nous Lui disons quelquechose qui ressemble à ceci : « Mon Créateur, je suismaintenant disposé à ce que Vous preniez tout ce queje suis, bon ou mauvais. Je Vous demande d’ôter de

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moi chacun des défauts qui m’empêche de Vous êtreutile, à Vous et à mes semblables. Accordez-moi laforce de faire Votre volonté à partir de maintenant.Ainsi soit-il. » Nous venons de faire la Septième Étape.

Nous devons encore demeurer dans l’action, sansquoi nous découvrirons que « la foi sans les œuvresest une foi morte ». Jetons un coup d’œil à la Huitiè-me et à la Neuvième Étape. Nous avons la liste detoutes les personnes que nous avons lésées et enversqui nous sommes prêts à réparer nos torts. Nous avonsdressé cette liste au moment de notre inventaire et àcette occasion, nous nous étions soumis à un examensévère. Maintenant nous allons vers nos semblablesdans le but de réparer le dommage fait dans le passé.Nous tentons de réparer les dégâts que nous avons cau-sés en voulant imposer nos volontés et diriger nous-mêmes le spectacle. Si nous n’avons pas la force de lefaire, nous prions jusqu’à ce qu’elle nous soit donnée.Souvenez-vous qu’il était entendu au début que nousne reculerions devant rien pour vaincre l’alcool.

Sans doute reste-t-il encore quelques réticences. Enrécapitulant la liste des amis et des compagnons detravail que nous avons blessés, il pourrait arriver quenous soyons peu confiants des résultats d’unedémarche à caractère spirituel auprès d’eux. Rassu-rons-nous. Il n’est pas nécessaire, et probablement pasindiqué, d’aborder certaines personnes en insistant surle caractère spirituel de notre visite. Nous pourrionséveiller des préjugés chez elles. Pour l’instant, noustentons de mettre de l’ordre dans notre vie. Cela neconstitue cependant pas une fin en soi. Notre but véri-table est de nous préparer à nous mettre en état deservir le plus possible Dieu et les personnes qui nousentourent. Il est rarement sage, en revenant vers un

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individu encore affecté par les injustices que nous luiavons fait subir, de lui annoncer que nous sommesdésormais tournés vers la religion. Dans l’arène, celaéquivaudrait à foncer sans penser aux conséquences.Pourquoi nous exposer à nous faire traiter de fana-tiques ou de raseurs religieux ? Nous pourrions gâchertoute chance éventuelle de livrer un message positif.Par ailleurs, notre interlocuteur ne pourra qu’êtreimpressionné par notre désir sincère de réparer le tortque nous lui avons causé. Il sera plus intéressé parnotre démonstration de bonne volonté que par le récitde nos découvertes spirituelles.

Il ne s’agit cependant pas d’un prétexte pour échap-per à la peur de parler de Dieu. Nous sommes prêts àexposer nos convictions avec tact et bon sens quandc’est utile. La question de notre démarche auprès dequelqu’un que nous avons détesté va surgir à son heure.Peut-être cette personne nous a-t-elle causé plus de tortque nous ne lui en avons fait ; en dépit de meilleurssentiments envers elle, nous ne sommes pas trèsenthousiastes à l’idée d’admettre nos torts. Avec unepersonne qui nous est antipathique, nous devons toutde même prendre sur nous. Il est plus difficile d’allervers un ennemi que vers un ami, mais cela nous rap-porte davantage. Nous abordons alors l’autre dans unesprit d’aide et de pardon, nous avouons notre inimi-tié passée et exprimons notre regret.

Nous évitons à tout prix de critiquer cette personneou de discuter avec elle. Nous lui disons simplementque nous ne pourrons pas surmonter notre problèmed’alcool tant que nous n’aurons pas fait tout notre pos-sible pour mettre de l’ordre dans notre passé. Noussommes là pour réparer les dégâts dont nous sommesresponsables, conscients que nous ne pourrons rien faire

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de valable tant que le passé n’aura pas été nettoyé.Nous évitons de lui dire ce qu’elle devrait faire. Seulsnos torts à nous sont mentionnés, jamais les siens. Sinous parlons avec calme, franchise et sans rien cacher,les résultats seront satisfaisants.

Neuf fois sur dix, l’inattendu se produit. Notre inter-locuteur avoue parfois ses propres fautes et l’inimitiévieille de plusieurs années s’efface en une heure. Nousréussissons presque toujours à marquer des progrès. Ilarrive que nos ennemis d’hier nous félicitent pour notredémarche et nous souhaitent bonne chance. Parfois, cer-tains nous offrent leur aide. Il ne faut cependant pasnous en faire si quelqu’un nous chasse de son bureau.Nous aurons démontré notre bonne volonté, nousaurons fait ce qu’il fallait. C’est fini.

La plupart des alcooliques doivent de l’argent. Nousne cherchons pas à échapper à nos créanciers. Nous leurexpliquons notre objectif sans faire de manières au sujetde notre alcoolisme. En général, ils sont déjà au courant,que nous nous en doutions ou non. Nous ne craignonspas non plus de révéler notre problème d’alcool sousprétexte que notre franchise pourrait nous causer desennuis financiers. Abordé sans détours, le plus dur descréanciers peut parfois nous surprendre. Tout en discu-tant du meilleur arrangement possible, nous laissonssavoir à ces gens que nous regrettons notre conduite pas-sée. Notre alcoolisme a fait de nous de mauvais payeurs.Nous ne devons pas craindre nos créanciers, aussi loinque cela doive nous mener, car l’angoisse d’avoir à leurfaire face risque de nous faire boire.

Il se peut que nous ayons commis un acte criminelpour lequel nous pourrions être mis en prison s’il étaitconnu des autorités. Peut-être le manque d’argent nousempêche de nous racheter. Nous avons déjà avoué ces

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circonstances à une autre personne, confidentiellement.Cependant, si ces gestes étaient révélés, nous serionscertainement incarcérés ou nous perdrions notre emploi.Dans d’autres cas, il peut s’agir seulement d’un délitmineur, comme d’avoir gonflé nos notes de frais. Laplupart d’entre nous avons fait des choses de ce genre.Divorcés et remariés, peut-être avons-nous cessé deverser la pension à notre première femme. Furieuse,elle a fait délivrer un mandat d’arrestation contre nous.C’est là une forme d’ennuis également répandue.

Bien que nous puissions réparer ces torts d’innom-brables façons, certains principes généraux peuventnous guider. En nous rappelant que nous avons déci-dé d’aller aussi loin qu’il le faudrait pour vivre uneexpérience spirituelle, nous demandons que nous soientdonnées la force et la lumière nécessaires pour faire cequ’il faut, quelles que soient les conséquences pournous. Cela peut signifier la perte de notre emploi oude notre réputation, ou même l’incarcération, mais noussommes prêts à tout. Il le faut. Nous ne devons recu-ler devant rien.

En général, d’autres personnes sont mêlées à nos his-toires. Nous prendrons garde de ne pas jouer le rôledu martyr qui, dans un geste aussi précipité qu’incon-sidéré, sacrifierait inutilement les autres pour échapperau piège de l’alcoolisme. Nous connaissons un hommequi s’était remarié. À cause de l’alcool et par ressen-timent, il ne payait pas de pension alimentaire à sa pre-mière femme. Elle en était furieuse. Elle s’est présentéeà la cour et l’a fait incriminer. Il avait commencé àvivre selon nos principes, il possédait un bon emploiet commençait à sortir la tête de l’eau. Il aurait faitpreuve d’un héroïsme impressionnant s’il s’était pré-senté devant le juge en disant : « Me voici. »

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Nous étions d’avis qu’il devait se montrer disposé àle faire si nécessaire. Seulement, une fois emprisonné,il ne pourrait plus pourvoir aux besoins d’aucune deses deux familles. Nous lui avons suggéré d’envoyer àsa première femme une lettre dans laquelle il admet-tait ses fautes et demandait pardon. Il a envoyé la lettreen y ajoutant une petite somme d’argent. Il lui disaitaussi ce qu’il s’efforcerait de faire à l’avenir. Il a ajou-té qu’il serait prêt à aller en prison si elle y tenait. Biensûr elle a renoncé à ses poursuites, et la situation estdepuis longtemps rentrée dans l’ordre.

Avant de prendre des mesures radicales qui pour-raient engager d’autres personnes, nous nous assuronsdu consentement de celles-ci. Après que la permissionnous a été accordée, que nous avons pris conseil auprèsd’autres personnes et que nous avons demandé l’aidede Dieu, si la mesure catégorique s’impose, alors nousne devons pas reculer.

Cela nous fait penser à l’expérience de l’un de nosamis. Du temps où il prenait un verre, il avait accep-té, sans donner de reçu, une somme d’argent d’unhomme d’affaires et rival qu’il détestait. Par la suite,il a nié avoir reçu l’argent et s’est servi de cet inci-dent pour discréditer son ennemi. Il utilisait donc sespropres méfaits pour détruire la réputation d’un autrehomme. Et, effectivement, son rival fut ruiné.

Il avait le sentiment d’avoir causé un tort qu’il seraitincapable de redresser. S’il ramenait cette affaire surle tapis, il risquait de détruire la réputation de son asso-cié, d’exposer sa famille à la disgrâce et d’être privéde son gagne-pain. Avait-il le droit de mêler à son his-toire toutes les personnes qui dépendaient de lui ?Comment pouvait-il s’y prendre pour blanchir publi-quement son rival ?

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Après avoir consulté sa femme et son associé, il envint à la conclusion qu’il valait mieux prendre tous cesrisques que de se tenir pour coupable de cette diffa-mation devant son Créateur. Il a constaté qu’il devaits’en remettre à Dieu quant à l’issue de cette affairesinon, il recommencerait à boire et tout serait perdu detoute façon. Il s’est rendu à l’église pour la premièrefois depuis des années. Après le sermon, il s’est levétranquillement et a exposé la situation à l’assistance. Ils’est ainsi attiré l’approbation générale ; aujourd’hui,c’est un des citoyens les plus respectés de sa ville. Toutcela s’est passé il y a longtemps.

Il est probable que nous ayons des problèmes deménage. Peut-être entretenons-nous avec les femmesdes relations dont nous préférons que la nature ne soitpas connue. Sur ce point, nous doutons que les alcoo-liques soient fondamentalement bien pires que lesautres. Quoi qu’il en soit, il est certain que boire com-plique les relations sexuelles avec le conjoint. Aprèsquelques années aux côtés d’un alcoolique, une femmes’use, devient amère et incapable de communiquer.Comment pourrait-il en être autrement ? Le mari com-mence à se sentir seul et à s’apitoyer sur son sort. Il semet à chercher quelque chose d’autre que l’alcool dansles boîtes de nuit ou autres endroits du même genre.Peut-être vit-il une aventure secrète passionnée avec une« femme qui comprend » ? En toute honnêteté, nousdevons dire qu’elle peut très bien comprendre. Mais quefaire devant une situation comme celle-ci ? Souvent,celui dont c’est le cas éprouve de gros remords, surtouts’il est marié à une femme loyale et courageuse qui avécu et vit littéralement l’enfer à cause de lui.

Quelle que soit la situation, nous devons générale-ment faire quelque chose pour la corriger. Si nous

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sommes certains que notre femme ne sait rien, devons-nous lui dire ce qui se passe ? Pas nécessairement. Si,dans l’ensemble, elle sait que nous avons fait bien desfolies, devons-nous lui en raconter les détails ? Certes,nous devons avouer nos fautes. Elle peut cependantinsister pour avoir tous les détails. Elle voudra savoirqui est l’autre femme et où elle habite. Nous considé-rons qu’il vaut mieux répondre que nous n’avons pasle droit de mêler une autre personne à nos problèmesde couple, que nous regrettons ce que nous avons faitet que, si Dieu le veut, cette situation ne se représen-tera pas. Nous ne pouvons pas faire plus ; nous n’avonspas le droit d’aller plus loin. Même s’il y a parfois desexceptions légitimes et bien que nous ne voulions pastracer de règle à suivre, nous avons souvent trouvé quec’était là la meilleure façon de procéder.

Notre mode de vie n’est pas à sens unique. Il estaussi bon pour la femme que pour le mari. Si leshommes sont capables d’oublier, les femmes le peu-vent aussi. Toutefois, il vaut mieux ne pas révéler inuti-lement l’identité d’une personne sur qui, par la suite,notre femme pourrait décharger sa jalousie.

Dans certains cas, c’est peut-être la franchise laplus totale qui est de rigueur. Une tierce personne nepeut pas toujours évaluer ces situations intimes. Ilpeut arriver que les deux conjoints, préférant laisserparler la raison et faire preuve d’une indulgence affec-tueuse, décident d’oublier le passé. Chacun pourraitprier en pensant surtout au bonheur de l’autre. N’ou-bliez jamais que vous traitez avec le plus terrible dessentiments humains, la jalousie. En général, il vautmieux attaquer stratégiquement le problème et éviterl’affrontement.

Même si nous ne connaissons pas ces complications

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chez nous, il y a beaucoup à faire dans nos relationsfamiliales. Parfois, un alcoolique vous dira que la seulechose qu’il a à faire est de ne pas boire ; de toutefaçon, s’il buvait, il n’aurait pas de foyer. Mais il doitfaire beaucoup plus encore pour réparer ses torts enverssa femme ou ses parents qu’il a tant malmenés pen-dant des années. La patience de certaines mères et decertaines femmes d’alcooliques dépasse tout entende-ment. Sans elles, un grand nombre d’entre nous seraientaujourd’hui sans famille et peut-être morts.

L’alcoolique est comme un ouragan qui ravage lavie des autres sur son passage. Il brise des cœurs, détruitde tendres relations, déracine des affections. Son égoïs-me et son manque d’égard constants maintiennent lefoyer dans le tumulte. À notre avis, celui qui prétendqu’il suffit de ne pas boire n’a pas assez réfléchi à laquestion. Il est comme le fermier qui, en sortant de sonabri après le passage du cyclone qui a démoli sa mai-son, se tourne vers sa femme pour lui dire : « Je nevois aucun problème ici, m’man. N’est-ce pas mer-veilleux, le vent est tombé. »

Oui nous avons un long travail de reconstructiondevant nous. Et nous devons en prendre l’initiative.Marmonner des excuses contrites ne suffit pas. Nousdevons nous asseoir avec notre famille et analyser lepassé franchement, tel que nous le voyons maintenant,en prenant bien soin de ne critiquer personne. Lesdéfauts des autres peuvent être flagrants, mais il y ade bonnes chances que nos façons d’agir soient par-tiellement la cause des difficultés. Nous mettons doncde l’ordre dans nos relations familiales. Chaque matinau cours de notre méditation, nous demandons à notreCréateur de nous enseigner la patience, la tolérance, labienveillance et l’amour.

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La vie spirituelle n’est pas une théorie. Nous devonsla vivre. À moins que notre famille n’exprime le désirde vivre selon des principes spirituels, nous croyonsqu’il ne faut pas pousser les nôtres sur ce point. Nousdevons éviter de leur parler constamment de spiritua-lité. Ils y viendront à leur heure. Nous prêcheronsmieux par notre façon d’agir que par nos paroles. Nousdevons nous rappeler que dix ou même vingt annéesd’alcoolisme actif peuvent rendre sceptique à peu prèsn’importe qui.

Certains torts peuvent être impossibles à redressercomplètement. Dans ce cas, si nous sommes vraimentsincères dans nos intentions, nous ne devons pas enfaire un problème. Lorsque, par exemple, nous ne pou-vons entrer en contact direct avec les personnes encause, nous leur écrivons une lettre. Il peut arriver aussique nous ayons une raison valable de remettre nosexcuses à plus tard ; mais si cela est possible, nous neprenons pas de retard. Sans tomber dans la servilité ninous montrer grincheux, nous tâchons d’agir avecempathie, tact, bienveillance et humilité. À titred’agents de Dieu, nous nous tenons debout ; et nousne rampons devant personne.

Si nous sommes sérieux et appliqués dans les effortsque demande cette phase de notre évolution, nous seronsétonnés des résultats, même après n’avoir parcouru quela moitié du chemin. Nous connaîtrons une nouvelleliberté et un nouveau bonheur. Nous ne regretterons pasplus le passé que nous ne voudrons l’oublier. Nous com-prendrons le sens du mot sérénité et nous connaîtrons lapaix. Si profonde qu’ait été notre déchéance, nous ver-rons comment notre expérience peut profiter aux autres.Nous perdrons le sentiment d’être inutiles et cesseronsde nous apitoyer sur notre sort. Mettant nos propres inté-

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rêts de côté, nous nous intéresserons davantage à nossemblables. Nous ne serons plus tournés exclusivementvers nous-mêmes. Désormais nous envisagerons la vied’une façon différente. La crainte des gens et de l’insé-curité financière disparaîtra. Notre intuition nous dicteranotre conduite dans des situations qui, auparavant, nousdéroutaient. Soudain, nous constaterons que Dieu faitpour nous ce que nous ne pouvions pas faire pour nous-mêmes.

Est-ce que ce sont là des promesses extravagantes ?Nous ne le croyons pas. Ces promesses se réalisentparmi nous parfois rapidement, parfois lentement. Maiselles se matérialisent toujours si nous travaillons dansce sens.

Cette réflexion nous amène à la Dixième Étape quidemande de poursuivre notre inventaire personnel etde continuer de redresser toute nouvelle erreur com-mise en cours de route. En mettant de l’ordre dansnotre passé, nous étions vigoureusement entrés dans cegenre de vie. Nous sommes entrés dans le monde del’Esprit. Notre prochaine tâche est de grandir en com-préhension et en efficacité. Cela ne se fait pas en unjour, mais doit durer toute la vie. Nous devons tou-jours être vigilants pour éviter l’égoïsme, la malhon-nêteté, le ressentiment et la peur. Lorsque ces tendancesveulent se manifester, nous demandons à Dieu de nousen délivrer tout de suite. Nous en discutons immédia-tement avec quelqu’un et présentons nos excuses leplus vite possible si nous avons causé du tort à qui-conque. Puis, résolument, nous pensons à une person-ne que nous pourrions aller aider. L’amour et latolérance envers les autres, voilà notre code.

Et nous avons cessé de combattre qui que ce soit ouquoi que ce soit, même l’alcool. Cette fois, la raison

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nous est revenue. Nous sommes rarement intéressés parl’alcool. Si nous sommes tentés, nous le fuyons commela peste. Nous réagissons sainement et normalement,et nous constatons que cela arrive automatiquement.Notre nouvelle attitude devant l’alcool nous est venuesans effort ou réflexion de notre part. Cela se fait toutseul ! C’est là le miracle. Nous ne combattons pas,mais nous n’évitons pas non plus la tentation. C’estcomme si nous avions été mis dans une position deneutralité, en sécurité et à l’abri. Nous n’avons mêmepas eu à jurer de ne plus recommencer. Au contraire,le problème nous a été enlevé. Il n’existe pas pournous. Nous ne nous sentons ni effrayés ni suffisants.Voilà ce que nous vivons, et il en est ainsi tant quenous restons spirituellement en forme.

Il est facile de commencer à négliger le programmespirituel et de se reposer sur ses lauriers. Si nous lefaisons, nous nous préparons de sérieux ennuis, car l’al-cool est un ennemi subtil. Nous ne sommes pas gué-ris de l’alcoolisme ; nous bénéficions seulement d’unsursis quotidien, lequel dépend du maintien de notreforme spirituelle. Chaque jour, le souci de la volontéde Dieu doit être présent dans notre esprit et se mani-fester dans toute notre conduite. « Que dois-je fairepour Vous servir le mieux possible, pour que Votrevolonté soit faite et non la mienne ? » Cette penséedoit nous accompagner constamment. Nous pouvonsexercer notre propre volonté de cette façon autant quenous le voulons. C’est cela la bonne façon de se ser-vir de la volonté.

Nous avons déjà beaucoup dit de la force, de l’ins-piration et des directives qui nous viennent de Celuiqui est toute connaissance et toute puissance. Si nousavons très sérieusement suivi Ses conseils, nous avons

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commencé à nous sentir pénétrés de Son Esprit. Noussommes en quelque sorte devenus conscients de la pré-sence de Dieu. Nous avons commencé à développer cesixième sens, d’une importance vitale. Mais nousdevons aller plus loin encore, et cela signifie plus d’ac-tion.

La Onzième Étape suggère la prière et la méditation.La question de la prière ne devrait pas nous rendretimides. Des hommes meilleurs que nous s’en serventconstamment. Si nous adoptons la bonne attitude ouque nous essayons de l’adopter, la prière donne desrésultats. Il serait facile de traiter cette question d’unemanière vague. Mais nous croyons pouvoir vous fairedes suggestions claires et utiles.

Avant de nous mettre au lit le soir, nous passonsnotre journée en revue de façon constructive. Avons-nous été égoïstes ou malhonnêtes ? Avons-nous éprou-vé du ressentiment, de la peur ? Devons-nous desexcuses à quelqu’un ? Avons-nous gardé pour nous-mêmes quelque chose dont nous aurions dû discutertout de suite avec une autre personne ? Avons-nousété bons et bienveillants avec chacun ? Y a-t-il quelquechose que nous aurions pu mieux faire ? Avons-nouspensé à nous-mêmes la plupart du temps ? Avons-nouscherché à être utiles aux autres, à apporter quelquechose dans la vie ? Toutefois nous devons prendregarde de ne pas tomber dans l’inquiétude, le remordsou la réflexion morbide, car cela nuirait à notre actionauprès des autres. Une fois notre examen de conscien-ce terminé, nous demandons à Dieu de nous pardon-ner nos erreurs et de nous indiquer quelles mesurescorrectives nous devons prendre.

À notre réveil, nous pensons au vingt-quatre heuredevant nous et nous regardons nos projets pour la jour-

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née. Nous demandons d’abord à Dieu de nous guiderdans nos pensées et surtout de libérer notre esprit del’apitoiement comme de tout mobile malhonnête ouégoïste. Ainsi disposés, nous pouvons sans inquiétudenous servir de nos facultés mentales car après tout,Dieu nous a donné un cerveau pour nous en servir.Nos pensées seront plus élevées si notre esprit estdébarrassé de tout motif nuisible.

Il se peut que nous soyons indécis au moment deplanifier notre journée, que nous éprouvions de la dif-ficulté à définir notre plan d’action. Dans ce cas, nousdemandons à Dieu de nous donner l’inspiration, l’in-tuition qui nous fera prendre la bonne décision. Nousrestons calmes et détendus. Nous ne nous débattonspas. Après avoir appliqué cette méthode un certaintemps, nous sommes souvent étonnés de voir commeles bonnes réponses nous viennent. Ce qui auparavantn’était qu’un pressentiment ou une inspiration occa-sionnelle devient graduellement un mécanisme de notreesprit. Comme nous manquons d’expérience et quenous venons d’établir un premier contact conscient avecDieu, nous ne serons probablement pas inspirés chaquefois. Il nous arrivera peut-être d’avoir des idées ridi-cules et de poser des gestes absurdes. Néanmoins, avecle temps, notre façon de réfléchir se rapprochera deplus en plus de l’inspiration. Nous finirons par nous yfier.

En général, nous terminons notre période de médi-tation par une prière par laquelle nous demandons àDieu de nous indiquer, tout au long de la journée, ceque nous devrons faire dans chaque circonstance nou-velle et de nous fournir ce dont nous avons besoin pourrégler les problèmes qui s’y rattachent. Nous souhai-tons surtout être libérés de notre volonté personnelle

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et nous veillons à ne rien réclamer seulement pournous-mêmes. Nous pouvons toutefois faire desdemandes pour nous si les autres peuvent en bénéfi-cier. Nous nous abstenons toujours de prier pour l’ac-complissement de nos désirs égoïstes. Nombreux sontceux qui ont perdu beaucoup de temps en priant exclu-sivement pour eux-mêmes, et ils n’ont obtenu aucunrésultat. Vous comprenez facilement pourquoi.

Si les circonstances le permettent, nous demandonsà notre femme ou à nos amis de se joindre à nous dansla méditation du matin. Si notre religion nous prescritdes dévotions matinales, nous les incluons dans notreséance. Si nous n’appartenons à aucune religion, par-fois nous choisissons, pour les mémoriser, quelquesprières toutes faites qui mettent en lumière les prin-cipes dont nous avons discutés. Il existe également plu-sieurs livres utiles dans ce domaine. Un prêtre, unpasteur ou un rabbin peuvent nous en recommander.Empressez-vous de trouver les bons côtés de la reli-gion et mettez à profit ce que ces adeptes proposent.

Au cours de la journée, nous faisons une pauselorsque l’agitation et le doute s’emparent de nous pourdemander d’avoir la bonne pensée ou la bonne action.Sans cesse nous nous rappelons que ce n’est plus nousqui dirigeons le spectacle et plusieurs fois par jour,nous répétons humblement : « Que Votre volonté soitfaite. » Nous sommes alors beaucoup moins exposésà prendre des décisions folles ou à être la proie de lapeur, de la colère, de l’inquiétude ou de l’apitoiement.Nous devenons beaucoup plus efficaces. Nous nousfatiguons moins vite car nous ne brûlons pas notre éner-gie follement comme du temps où nous tentions d’ar-ranger la vie à notre convenance.

Ça marche ! Ça marche vraiment !

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Nous, les alcooliques, sommes indisciplinés. Alors,nous laissons Dieu nous montrer la voie par la simpleméthode que nous venons d’exposer.

Mais ce n’est pas tout. Il nous faut agir, toujoursagir davantage, car « la foi sans les œuvres est une foimorte ». Le chapitre suivant est entièrement consacréà la Douzième Étape.

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