gri juillet-août 2008 lter griitab.asso.fr/downloads/alteragri/aa90web.pdfpour en savoir plus...

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ACTUS I TAB T T r r o oi i s s j j o ou ur r n né ée es s t t e ec ch hn ni i q qu ue es s à à v v e en ni i r r TECHNIQUE L L a a g g é é o o b b i i o o l l o o g g i i e e e e n n é é l l e e v v a a g g e e Q Q u u a a l l i i t t é é d d e e s s c c o o m m p p o o s s t t s s d d e e d d é é c c h h e e t t s s v v e e r r t t s s RECHERCHE T T r r a av va au ux x d de e l l I I N NR RA A d de e M Mi i r r e ec co ou ur r t t T T r r a a v v a a i i l l d d u u s s o o l l é é c c o o n n o o m m e e e e n n é é n n e e r r g g i i e e FERMOSCOPIE F F l l o o r r e e n n t t M M e e r r c c i i e e r r , , p p a a s s s s i i o o n n n n é é d d e e c c é é r r é é a a l l e e s s a a n n c c i i e e n n n n e e s s e e t t d d e e p p a a y y s s 10lter gri juillet-août 2008 90 lter gri Stockage et conservation des récoltes en agriculture biologique Stockage et conservation des récoltes en agriculture biologique

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    10€

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    gri juillet-août 2008 n° 90

    lter gri

    Stockage etconservationdes récoltes en agriculture biologique

    Stockage etconservationdes récoltes en agriculture biologique

  • Sommaire n°90 juillet-août 2008

    ActusDU COTÉ DE L’ITAB ET DU RÉSEAU ................................................................................... 4• Trois journées techniques fin 2008

    • L’agriculture biologique à ARVALIS-INSTITUT DU VÉGÉTALPar Céline Cresson (chargée de mission AB à l’ACTA)

    • « Produire et manger bio en Île-de-France » - Conclusions des ateliers de la bio

    Recherche/Expé• INRA de Mirecourt : des systèmes bio prototypes de systèmesagricoles durables ....................................................................................................................... 7Par Aude Gérard (Stagiaire ITAB)

    • Travail du sol économe en énergie - Diversité de stratégies ensystèmes de grandes cultures biologiques ......................................................... 9Par Mathilde Gerber et Xavier Coquil (Unité de Recherche INRA SAD (UR055)de Mirecourt)

    Dossier :STOCKAGE ET CONSERVATION DES RÉCOLTES EN AB ............................ 12Dossier coordonné par Aude Coulombel (ITAB)

    • Grandes cultures ...........................................................................................................................13Stockage à la ferme : des précautions indispensablesStockage à la coopérative : témoignage d’un responsable

    Par Gilbert Niquet (ARVALIS-INSTITUT DU VÉGÉTAL) et Aude Coulombel (ITAB)

    • Fruits ..................................................................................................................................................17Principaux problèmes de conservation des pommesProtection contre les maladies de conservationConservation des pêches

    Par Michel Giraud (CTIFL), Christelle Gomez et François Warlop (GRAB) etAude Coulombel (ITAB)

    • Légumes - Comment les conserver ?...............................................................................................21Par Philippe Moras (CTIFL) avec la participation de Mickaël Legrand (FREDON NPDC)

    Technique• La géobiologie en élevage ...............................................24Par Françoise Heitz (Vétérinaire au GIE Zone Verte)

    • Composts de déchets verts : qualité en progression ............................................................27Par Blaise Leclerc (ORGATERRE), Dominique Plumail (CEDEN),Pascale Chenon (RITTMO) et Aude Coulombel (ITAB)

    Fermoscopie • Florent Mercier, un passionné de céréales anciennes et de pays ..... 30Par Aude Coulombel (ITAB)

  • En agriculture biologique, le sujet des techniques de conservation desaliments après récolte est d’autant plus crucial que ces techniquesdoivent reposer sur une appréhension écologique du sujet.

    Les récoltes agricoles peuvent être ponctuelles ou saisonnières et endécalage avec les besoins des consommateurs, qui s’étalent sur toutel’année. Les produits agricoles doivent pouvoir être transportés etstockés car les lieux de production sont souvent éloignés des lieux deconsommation. La conservation apporte une solution à cesinadéquations. Suivant le type d’aliment et les moyens à disposition, lesproduits seront conservés en l’état comme de nombreux fruits et graines(pommes, noix, céréales…) ou par séchage, surgélation, mise sous vide,pasteurisation, appertisation, salage, fumage, cuisson, fermentation…

    Le dossier de ce numéro traite uniquement du stockage et de laconservation des graines, fruits et légumes biologiques, sanstransformation. C’est-à-dire qu’ils sont simplement entreposés enconditions d’humidité, de température voire d’atmosphère contrôléeet protégées des prédateurs.

    Par manque d’équipement ou de connaissances, certains agriculteursn’appliquent pas les méthodes de stockage ou de conservationadéquates. Ils risquent la perte et/ou la dévalorisation de tout oupartie de leurs productions et du temps, de l'argent et de l'énergieinvestis pour la culture et la récolte.

    Lorsque les récoltes sont stockées ou conservées à la ferme, non pourl’autoconsommation (alimentation de la famille et/ou du bétail,semences), mais pour spéculation (attente de cours plus favorables),l’agriculteur doit s’assurer de la rentabilité de l’opération. Il estindispensable de calculer le coût du stockage en tenant compte despertes potentielles et de bien réfléchir et s’informer avant d’investirdans des installations.

    Dans les deux cas : autoconsommation ou spéculation, la qualité dela conservation est indispensable à la pérennité et l’autonomie d’uneferme.

    La réussite de la conservation et du stockage des récoltes estégalement primordiale pour la sécurité alimentaire d’un pays. Dansles zones où les saisons (longues saisons sèches, moussons)empêchent la production agricole une grande partie de l’année, laqualité du stockage des récoltes est une question de survie. Dans lespays en voie de développement, faute de moyens, les techniquestraditionnelles de stockage des céréales ne sont pas toujourssuffisantes. Les dommages dus aux mauvais stockages (insectes,rongeurs, pourritures…) causent des pertes financières lourdes, desfamines et des risques de malnutrition et d’intoxication liés à laconsommation de produits dégradés ou contaminés.

    Ces constats donnent tout leur sens à l’existence de programmes derecherche en agrobiologie, pour optimiser les techniquestraditionnelles, et permettre, à terme, une mutualisation et unediffusion des connaissances acquises en bio, afin d’apporter dessolutions concrètes et adaptées à la fois aux besoins des agriculteursmais également à ceux des marchés et des consommateurs.

    Collectif ITAB, coordonné par Aude Coulombel

    Edito

    Le stockage des produitsagricoles, une étape essentielle à ne pas négliger !

    Revue bimestrielle de l’InstitutTechnique de l’AgricultureBiologique (ITAB)• Directeur de Publication : Alain Delebecq (Président ITAB)• Rédacteur en chef : Aude Coulombel• Comité de rédaction : Alain Delebecq, Rémy Fabre,Krotoum Konaté, Guy Kastler, François Le Lagadec, MarieDourlent• Comité de lecture : Élevage : Anne Haegelin (PÔLE AB MASSIF CENTRAL), JoannieLeroyer (ITAB), Jean-Marie Morin (FORMABIO), Jérôme Pavie(INSTITUT DE L’ÉLEVAGE), Denis Fric (GABLIM)Fruits et légumes : Alain Garcin et Sébastien Picault (CTIFL),Monique Jonis (ITAB)Grandes cultures : Bertrand Chareyron (CA DRÔME),Laurence Fontaine (ITAB), Philippe Viaux (ARVALIS INSTITUT DUVÉGÉTAL)Viticulture : Denis Caboulet (ITV), Monique Jonis (ITAB)Agronomie/Systèmes : Blaise Leclerc (ORGATERRE), LaetitiaFourrié (ACTA)Qualité : Bruno Taupier-Letage (ITAB)• Rédaction/Administration - Promotion/CoordinationITAB - 149, rue de Bercy - 75595 PARIS CEDEX 12Tél. : 01 40 04 50 64 - Fax : 01 40 04 50 66• Abonnements : CRM ART ALTER AGRI B.P.15245 31152FENOUILLET CEDEX - Tel. : 05 61 74 92 59 - Fax : 05 17 47 52 [email protected]• Régie Publicitaire : Agricentre -1 bis, rue Sainte Marie - BP1238 - 03104 Montluçon Cedex - Tél : 04 70 02 53 53 - Fax :04 70 05 94 31 - Numeris : 04 70 02 53 59 - [email protected]• Réalisation : Pascale MOTTO - 04 94 98 04 86 [email protected]• Imprimeur : ALINEA PRINT 16 rue des Pyramides 75001 PARIS• Comission paritaire : 1012 G 82 616• ISSN : 1240-3636Imprimé sur papier 100% recyclé

    ITAB

  • 16 et 17 décembre 2008 -Montpellier

    Journées Techniques NationalesFruits & Légumes BiologiquesC’est à Montpellier que s’installe-ront les JT F&L, le rendez-vousannuel des acteurs de la filière.Programme à venir surwww.itab.asso.fr

    26 et 27 novembre 2008 - DieJournées Techniques NationalesViticulture BiologiqueCette année, les journées techniquesviticulture n’auront pas lieu avec lesJT Fruits & Légumes, mais à la Cavede Die Jaillance, partenaire de l’évè-nement. Ces rencontres serontl’occasion, entre autres, de présen-ter les résultats et de débattre despropositions règlementaires sur lavinification biologique faites dansle cadre du programme européenOrwine. Des conférences techniqueset des visites de domaines sont éga-lement prévues.

    4

    r Abonnement 1 an (6 numéros) ................................. 35 ¤r Abonnement 2 ans (12 numéros) ..............................66 ¤r Abonnement 1 an étudiant ........................................28 ¤

    (joindre photocopie carte d'étudiant valide)

    Chèque à l’ordre de l’ITAB à retourner avec ce bon de commande à : CRM ART - Alter Agri - BP 1524531152 Fenouillet CedexTél : 05 61 74 92 59 Fax : 05 17 47 52 67

    Bulletin d’abonnement à Alter Agri

    q M. q Mme q Mlle Prénom ................................NOM ...............................................................................Structure...........................................................................Adresse......................................................................................................................................................................Ville ..................................................................................Code Postal ......................................................................Téléphone ........................................................................E-mail ...............................................................................

    Alter Agri, revue bimestrielle de l’ITAB, entièrement consacrée à l’agriculture biologique

    Abonnez-vous à lter gri

    7 octobre - Paris « Protéger les plantes en AB :règlementations, usages etperspectives » Organisée par l'ITAB, en partena-riat avec le CTIFL, cette journée deréflexion et d’échanges sera consa-crée à l’utilisation des produitsphytopharmaceutiques en agri-culture biologique.

    Au programme :● Problématiques règlementairesde l’usage des produits phyto-pharmaceutiques en AB.● Dispositifs d’évaluation desproduits de protection des plantes.● Comment lever les obstacles àl’innovation en matière de misesur le marché de produits phyto-pharmaceutiques utiles à l’AB ? :les propositions françaises.● Point sur la situation en Italie eten Allemagne.● Ateliers de travail par filière :identification des verrous et desbesoins. Propositions de plans etde calendrier d’action.Restitution des ateliers.

    ALTER AGRI n°90 - JUILLET-AOÛT 2008

    Actus - Du côté de l'ITAB

    Trois journées techniques ITAB fin 2008Prenez dates, l’ITAB organise avec ses partenaires trois rencontres techniques cette fin 2008. Autantde rendez-vous à ne pas manquer pour se tenir informé des nouvelles techniques de l’agriculturebiologique et rencontrer des producteurs, chercheurs, technicien et opérateurs d'aval.

  • POUR EN SAVOIR PLUS

    [email protected] [email protected]

    5JUILLET-AOÛT 2008 - ALTER AGRI n°90

    Actus - Du côté du réseau bio

    Lors de son salon plein-air annuel : "les Culturales" (alternanceBoigneville/ Baziège), ARVALIS-INSTITUT DU VÉGÉTAL propose un pôleAB : l’occasion de présenter les techniques utilisées en bio etutiles à tous les producteurs.

    ARVALIS - INSTITUT DU VÉGÉTAL, est un organisme derecherche appliquée agricole, financé et géré par les

    producteurs. Il est le fruit de la fusion, en 2002, de l'ITCF -Institut Technique des Céréales et des Fourrages,

    composante du groupe Céréaliers de France - et del'AGPM-TECHNIQUE, composante de MAIZ’EUROP’. L’institut

    s’est intéressé à l’agriculture biologique dès les années1980 par décision de son Conseil d’Administration.

    rotations 1. D’autres projets sont àvenir : implication dans le RMT«DÉVAB» sur l’accompagnement del’AB comme mode de production in-novant et performant pour l’ensemblede l’agriculture, mais également d’au-tres programmes d’expérimentationfinancés par l’ONIGC.De nombreuses actions menéesau sein de cet institut en «conven-tionnel » peuvent intéresser lesagriculteurs biologiques : techni-ques alternatives de désherbage,travail du sol, comportement va-riétal, fertilisation organique,conservation des grains, mécani-sation… L’agriculture biologique apparaîtcomme innovante, à la fois proto-type et banc d’essai de systèmesconventionnels plus durables. D’ailleurs, le Secrétaire Générald’ARVALIS,Joël Cottard lance un mou-vement de réflexion, au travers d’unecommission Bio en grandes cultu-res au sein d’ARVALIS,en collaborationavec tous les acteurs de l’AB, pourétablir un bilan des actions passéeset définir des axes de travail pourl’avenir : désherbage, matière orga-nique, ravageurs, mélange d’espèces,phosphore, allélopathie, mycotoxi-nes, débouchés, engrais verts,semences biologiques, machinisme,etc. Une première réunion de cegroupe a eu lieu le 21 février dernierà Etoile-sur-Rhône.

    L’institut compte 35 sitesimplantés sur l'ensemble duterritoire national et 400 col-laborateurs dont 300 ingénieurs ettechniciens. Ils pilotent des étudessur l’agronomie, la connaissancedu végétal, les biotechnologies, lafertilisation et la protection descultures, l'agriculture de préci-sion, la récolte et le stockage, laqualité, les débouchés des pro-duits et l'économie des filières etdes exploitations. Ils assurent ladiffusion de l’information vers lestechniciens et les agriculteurs.Le champ d’activité d’ARVALIS-INSTITUT DU VÉGÉTAL concerne 80%des terres cultivables françaises : lesfilières céréales à paille (blé tendre,blé dur, orges, triticale, seigle, avoine,riz…), maïs (grain, fourrage, semen-ces, doux), sorgho, protéagineux(pois, féveroles…), pommes de terre,fourrages. Au-delà des actions spé-cifiques à chaque production, sontmenées des études qui bénéficientà l’ensemble de l’exploitation agri-cole et à son territoire : systèmes deproduction, agronomie, irrigation,mécanisation, maîtrise des impactssur l’environnement, technologiesde l’information…L’intérêt d’ARVALIS pour l’AB s’est audépart traduit par des actions deveille, d’état des lieux des surfaceset des productions en AB. Cette ac-tivité s’est progressivementstructurée pour atteindre sa vitessede croisière en 1997 avec une ani-mation technique interne et ungroupe de professionnels référents.Cette activité est inscrite dans le pro-gramme global d’ARVALIS-INSTITUT

    DU VÉGÉTAL. Elle est réalisée sur dessites spécifiques : Jeu-les-bois (36),Boigneville (91), Villarceaux (95) etEtoile-sur-Rhône (26) en partena-riat avec des structures nationaleset régionales spécifiques de l’AB etcoordonnée par deux animateursPhilippe Viaux et Yves Chabanel. Les actions menées au sein d’ARVALISen AB sont principalement axéessur les productions végétales : maî-trise des adventices,nutrition azotée(efficacité et rentabilité de différentsmodes de fertilisation azotée), choixvariétal (essais variétés), méthodede lutte contre les ravageurs (insec-tes sur pois, féveroles et colza ;corbeaux et taupins sur maïs) et rôlede la rotation dans la maîtrise dessystèmes bio. Toutefois, des essaissont également menés en faveur dela filière animale : gestion des prai-ries multi-espèces, conduite destroupeaux, autonomie alimentaireen viande bovine.L’essentiel de l’activité biologiqued’ARVALISs’appuie sur des collabora-tions avec d’autres organismes. Parexemple, ARVALISs’est impliqué avecd’autres partenaires dans deux pro-jets de recherche-développement :«Qualité des blés et pains issus del’agriculture biologique» et«Autonomie alimentaire en élevagebovin viande biologique».D’autresprojets sont en cours sur la qualitédes semences (carie), les protéagi-neux (essai de mélange d’espèces,itinéraire technique du pois, lupin),FSOV (Incidence variétale du blé surle développement des adventices),Programme bio IDF-CENTRE (ONIGC)et le programme ROT’AB sur les

    ARVALIS-INSTITUT DU VÉGÉTAL - Travaux en ABPar Céline Cresson (chargée de mission AB à l’ACTA)

    ITAB

    ITAB

    1 Financé par le CAS DAR

  • 6 ALTER AGRI n°90 - JUILLET-AOÛT 2008

    Actus

    Pour développer l’agriculture biologiqueen Île-de-France, l’Etat (DirectionRégionale et Interdépartementale del’Agriculture et de la Forêt d’Île-de-France) et la Région Ile-de-France ontmis en place un processus deconsultation et de travail qui a abouti surles « Ateliers de la Bio » du 30 mai dernier.

    L’opération, réalisée grâce àl’appui fort du GAB IDF, deschambres d’agriculture et del’établissement régional d’élevage,réunissait les acteurs impliquésdans l’agriculture, l’aménagementdu territoire rural, l’environne-ment et la transformation/distri-bution de produits bio …La journée a contribué à préciserles priorités de l’AB dans la régionsuite à une importante consulta-tion le 15 mai auprès desprofessionnels concernés et per-mis de dresser un premier bilan dedeux années d’expérimentation dubio en restauration scolaire.140 actions ont été proposées pourfavoriser l’accès au foncier desagriculteurs biologiques, adapteret renforcer l’appui aux exploita-tions AB, soutenir les filières,développer un observatoire et laformation bio, développer une re-

    Produire et mangerbio en Île-de-France

    Conclusions d’une consultation lancée par l’Etat et la RégionIDF pour développer l’AB

    cherche participative avec l’accentsur l’approche systémique…

    Deux années d’expérimenta-tion en restauration scolaire

    19 établissements pilotes sont ac-compagnés depuis 2005 tant surle plan de l’approvisionnement enproduits biologiques, de la maî-trise du surcoût que sur lasensibilisation des élèves et la for-mation des personnels. Cettephase d’expérimentation a per-mis de dégager différentessolutions pour diminuer les sur-coûts engendrés par l’introductiondu bio en restauration scolaire.Plusieurs outils (guides, anima-tions, formations…) sont àdisposition de tous les établisse-ments scolaires pour les aider àintroduire des produits bio dansleur restauration.

    Des objectifs ambitieuxEn Île-de-France, seuls 0,78% dela surface agricole utile (SAU) sontexploités en bio. Pour faire face àune demande croissante desconsommateurs en produits bio-logiques, la Région s’est fixée desobjectifs ambitieux : tripler les sur-faces bio d’ici 2010 et atteindre20% de produits biologiques dansla restauration collective d’ici 2012.

    Formation à l’ABA compter de septembre 2008, l’ap-proche du mode de production« Agriculture Biologique » seraconfortée dans tous les référentielsde formation en cours de rénova-tion ou existants avec un objectif degénéralisation pour 2012. Il seraobligatoirement abordé dans toutesles formations de l’EnseignementAgricole et pourra donner lieu à uneorientation « AB » pour les forma-tions et certains secteurs, en liaisonavec le réseau « FORMABIO ».

    Agendar 30 septembre 2008 : Journée technico-économique Organisée par CORABIO "Produire etvendre des légumes bio" - Mionnay (01)

    r 8 octobre 2008 : Assises nationales de l'agriculturebiologique Organisées à Paris par l'AGENCE BIOsur le thème de la restauration collec-tive. www.agence-bio.org

    A L I M E N TAT I O N C O M P L E M E N TA I R E A N I M A U X

    D ’ É L E V A G E C E R T I F I É S P A R E C O C E R TA . C . C O M P L É M E N TAT I O N D È S L A N A I S S A N C E

    A . P L U S : C O M P L É M E N TAT I O N A N I M A L E A D U LT E

    U n e a s s u r a n c e d e b i e n f a i t s é c o n o m i q u e s p o u r u n é l e v a g e d e q u a l i t é …

    E T S J O S E P H M E R L E - L e s V i g n e a u x – Té l . 0 4 . 7 1 . 0 5 . 4 4 . 8 1 – Fa x : 0 4 . 7 1 . 0 5 . 4 8 . 1 0P r é s e n t a u S p a c e ( 0 9 / 0 8 ) - P r é s e n t a u S o m m e t d e l ’ E l e v a g e ( 1 0 / 0 8 )

  • 7JUILLET-AOÛT 2008 - ALTER AGRI n°90

    Recherche/Expé - Sol

    INRA de Mirecourt (plaine des Vosges)

    Des systèmes bio prototypes desystèmes agricoles durables

    Les principes fondateurs dudéveloppement durable interrogentfortement la profession agricole enl’invitant à considérer la transmissiondes ressources du milieu naturel auxgénérations futures. L’équipe derecherche de l’INRA de Mirecourttravaille à la conception de systèmesde production agricoles alliés de lanature et à l’étude de la durabilitéagro-environnementale des territoiresagricoles.

    Par Aude Gérard (ITAB)

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    Une unité de rechercheconsacrée à la durabilitéagro-environnementaledes territoires

    L’unité de recherche INRA deMirecourt fut créée en 1961, sur leslieux d’une ferme modèle appar-tenant au département des Vosges.Cette unité, dotée d’une installa-tion expérimentale de 240 hectares,axe ses recherches sur les systèmesde polyculture élevage laitiers, si-tuation dominante de cette régionagricole. Au cours des vingt derniè-res années, les travaux étaientcentrés sur l’étude du pâturage desvaches laitières, la croissance desbovins laitiers puis, à la demandede la société générale des eaux mi-nérales de Vittel, sur les pratiquesagricoles permettant de préserverla qualité des eaux.En 2003, l’équipe de l’INRA deMirecourt décide de consacrerl’ensemble de ses recherches à ladurabilité agro-environnementaledes territoires. Les thématiques derecherche sont développées à deux

    échelles : les territoires à enjeuxenvironnementaux (ex : bassinversant lorsque l’on s’intéresse àla qualité de l’eau…), et l’exploi-tation agricole. Ces deux échellescorrespondent aux deux axes derecherche de l’unité :• Dynamiques de l’organisationspatiale des activités agricolesdans des territoires à enjeux envi-ronnementaux. A l’échelle deterritoires de quelques centainesà plusieurs milliers de km2 (prin-cipalement bassin de la Seine etde la Moselle et leurs sous-bas-sins), l’INRA de Mirecourt travailleà la conception de dispositifs etde méthodes pour caractériser, lo-caliser et suivre au cours du tempsl’évolution des pratiques agrico-les, puis pour mettre en relationces connaissances avec des mo-dèles d’impact sur le milieu (parexemple des modèles de contami-nation des ressources en eau parles nitrates ou les phytosanitaires).A terme, l’objectif est de construiredes scénarios de changement des

    pratiques agricoles et de leur or-ganisation territoriale pour mieuxconcilier production agricole etpréservation de l’environnement(cinq ingénieurs et scientifiques,un technicien et un doctorant).• Le prototypage de systèmes deproduction agricole durables. (sixingénieurs et assistants, quinzetechniciens, deux doctorants).

    Le prototypage de systèmesde production agricoledurables : un changementde rapport au milieu

    La conception des systèmes de pro-duction agricole durables sur le planagro-environnemental repose surl’hypothèse que la durabilité seraobtenue en structurant les systè-mes de productions agricoles selonles caractéristiques du milieu na-turel (type de sol, accessibilité duparcellaire aux vaches laitières…),et en rendant autonomes, au seind’un petit territoire agricole, dessystèmes nécessairement écono-mes en intrants par leur inscription

  • 8 ALTER AGRI n°90 - JUILLET-AOUT 2008

    Recherche/Expé - Sol

    dans le cadre réglementaire del’agriculture biologique. Ainsi, laconversion de l’installation expéri-mentale à l’agriculture biologiquea débuté en septembre 2004. Ce travail de prototypage vise à dé-terminer les conditions pratiquesde mise en œuvre de systèmes agri-coles a priori durables sur le planagro-environnemental. Ainsi, deuxsystèmes laitiers biologiques sonttestés sur l’installation :• Un système herbe (SH) compre-nant un troupeau de 40 vacheslaitières (50% de Holstein et 50%de Montbéliardes) et les génissesde renouvellement sur une surfacede 80 hectares de prairies perma-nentes. Ce système vise une gestionde la saisonnalité des besoins ali-mentaires des vaches laitières afinde maximiser le pâturage.• Un système de polyculture et éle-vage (SPCE) comprenant untroupeau de 60 vaches laitières (50%de Holstein et 50% de Montbéliardes)sur une surface de 50 hectares deprairies permanentes et 110 hecta-res de terres cultivées, suivant quatrerotations culturales (deux rotationsde six ans et deux rotations de huitans). Le SPCE vise une gestion del’articulation entre la diversité descultures et l’élevage afin de bouclerau mieux le cycle des éléments.Ces deux systèmes sont complé-mentaires à l’échelle du petitterritoire de 240 hectares. Cette com-plémentarité permet l’utilisationdes potentialités du milieu (terresnon labourables en prairie perma-nente, terres cultivables recevantdes rotations différentes en fonc-tion de leurs potentialités agricoles).

    Des échanges de matières ont lieuentre les systèmes, mais ceux-ci doi-vent être mutuels et équivalents afinde limiter les transferts de fertilitéd’un système à l’autre : ainsi, lors-que le SPCE donne de la paille auSH, le SH doit lui restituer du fumierafin d’éviter d’appauvrir le SPCE auprofit du SH. Les deux systèmes deproduction ont des saisonnalités devêlages décalés afin de réguler l’of-fre de lait à l’échelle du petit territoireque constitue l’installation expéri-mentale (SH : vêlages du 15 janvierau 15 avril ; SPCE : vêlages du 15août au 15 novembre).Au cours de l’expérimentation, cesdeux systèmes sont conduits sui-vant des règles qui visent desobjectifs multiples : la préservationdes ressources telles que l’eau, l’airet l’énergie ; une productivité agri-cole ; la mobilisation de certainescomposantes environnementalesau service des systèmes de produc-tion telles que les biodiversitésanimale et végétale, ou la fertilitédes sols. Ce genre d’expérimenta-tion, à l’échelle du système deproduction, permet d’étudier la fai-sabilité pratique de ces règles aucours de plusieurs années succes-sives, avec toutes les variations quecela implique (climat, organisationde chantiers...).L’évaluation expérimentale de cessystèmes est concentrée sur 75zones fixes, géoréférencées et re-présentatives des 240 hectares entenant compte de trois facteurs : letype de sol, le système de cultureen place et le système de culturepassé. L’évaluation agro-environ-nementale consiste à suivre le cycle

    des éléments (C, N, P, K), la biodi-versité végétale (espèces prairiales,adventices), et la biodiversité ani-male (insectes rampants et vers deterre : indicateurs de fertilité dusol). Ces mesures sont complétéespar des mesures agronomiques etzootechniques portant sur les cul-tures (pression de maladies,concurrence des adventices, atta-ques des ravageurs et rendement…)et sur les animaux (bilan alimen-taire, la production (lait/viande),état corporel, suivi des chaleurs etétat de gestation, …).

    Des besoins de recherches expérimentalesen élevage AB

    Xavier Coquil et Jean-Louis Fiorelli,ingénieurs de recherche, constatentqu’il existe peu de recherche sur lasanté animale appliquée à l’élevagebovin laitier biologique : la maîtrisedes symptômes précurseurs et lestraitements possibles (homéopa-thie, huiles essentielles…) font l’objetde peu d’investigations en stationsexpérimentales. Ils identifient éga-lement un besoin de recherche surles techniques de travail du sol éco-nomes en énergie.

    r Professionnels : CGA de Lorraine (Centre desGroupements des Agrobiologistes de Lorraine), GAB 88(Groupement des Agriculteurs Biologiques des Vosges),GAB 54, Chambre Régionale d’Agriculture Lorraine…

    r Recherche : ISARA, ENSAIA, plusieurs unités INRA, AFSSA…r Technique : ITAB, Institut de l’élevage…

    Les partenaires de l’INRA de Mirecourt

    R E M E R C I E M E N T SMerci à Xavier Coquil et Jean-Louis Fiorelli (Ingénieursde Recherche - photo), Marc Benoit (Directeur deRecherche) et Claude Bazard (Ingénieur responsable del’installation expérimentale) et Catherine Mignolet(Ingénieur de Recherche, Directrice de l’unité).

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  • 9JUILLET-AOÛT 2008 - ALTER AGRI n°90

    Recherche/Expé - Sol

    Travail du sol économe en énergieDiversité de stratégies en systèmes de grandes cultures biologiques

    La consommation énergétique des systèmes de grandescultures en AB est, en moyenne, 1,6 fois moins élevée quecelles des systèmes de culture conventionnels (Bochu etal., 2008). Cette faible consommation énergétiques’explique essentiellement par des consommationsd’énergie indirecte très limitées, liées à la non utilisationd’intrants de synthèse (engrais, pesticides…). Toutefois, letravail du sol reste un poste gourmand en énergie et desmarges de progrès existent…

    Par Mathilde Gerber et Xavier Coquil (Unité de Recherche INRA SAD (UR055) de Mirecourt)

    L a simplification du travail dusol suscite actuellement unintérêt grandissant auprèsdes agriculteurs biologiques, sen-sibles aux techniques sans labourpour des raisons agronomiques etenvironnementales. L’utilisationde stratégies de travail du sol sanslabour (TSL) semble bénéfiquepour la fertilité des sols ainsi que

    pour la qualité de l’air (séquestra-tion du carbone). De plus, nousfaisons l’hypothèse que l’utilisa-tion de TSL en AB permettra dediminuer le coût énergétique dessystèmes de culture. Cependant, lagestion des adventices reste uneproblématique centrale. Ainsi,cette étude a pour objectif deconcevoir et d’évaluer des straté-gies de travail du sol multi-objectifs,conciliant économie en énergie fossile, gestion des adventices etpréservation de la stabilité struc-turale des sols. Ce travail, en coursde réalisation, est réalisé en troisétapes successives :- tout d’abord, un travail d’enquê-tes a été réalisé afin de détecter etde caractériser les stratégies detravail du sol innovantes et poten-tiellement économes en énergiemises en œuvre dans des systè-mes de grandes cultures, chez desagriculteurs biologiques ;- ensuite, ces stratégies et prati-ques innovantes sont sélectionnéespar un groupe d’experts lorrainspuis testées virtuellement, grâce àl’utilisation de modèles mathéma-tiques tels que Alomysys1(Colbach

    Au sein des rotations culturales testées sur l’installationexpérimentale de Mirecourt, des couverts interculturessont implantés afin d’éviter des sols nus durant lapériode hivernale. L’implantation de ces couverts répondà plusieurs objectifs : limiter la fuite des reliquats miné-raux présents à la récolte (et éventuellement fixer del’azote atmosphérique par l’introduction de légumineu-ses), limiter l’érosion des sols et lutter contre les adven-tices. De plus, afin de limiter la consommation d’énergieà l’échelle du système de culture, nous souhaitons assu-rer une implantation et une destruction peu coûteuse dece couvert. Ainsi, les mélanges multi-espèces implantéssont composés uniquement de plantes gélives (- 5°C),misant sur une destruction du couvert par les températu-res hivernales. En 2008, afin d’assurer un couvert pré-coce et compétitif face à la levée des adventices, un essaide semis à la volée au sein de la culture de céréales enplace a été réalisé deux semaines avant moisson.

    Couverts intercultures multi-espèces

    et al., 2006) dans le contexte pédo-climatique lorrain ;- enfin, sur la base de l’évaluationassistée par modèles, les stratégieset pratiques de travail du sol répon-dant le mieux aux trois objectifsfixés, seront testées sur l’installa-tion expérimentale de l’INRA deMirecourt, située dans la plaine desVosges, durant plusieurs années.Cet article présente les résultats dutravail d’enquêtes réalisé auprès desagriculteurs, visant à détecter la di-versité des pratiques de travail du solinnovantes. La recherche des agri-culteurs, limitée à la moitié Nord dela France, a été réalisée en sollicitantdifférents réseaux et organismes pro-fessionnels agricoles et selon laméthode « boule de neige », quiconsiste à trouver un premier infor-mateur dirigeant vers d’autresinterlocuteurs…. Ainsi, les quinzeagriculteurs enquêtés pratiquaientl’agriculture biologique au sein d’ex-ploitations céréalières et recouraientàdes pratiques innovantes de travaildu sol à l’échelle de leur exploitation.

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    1 Modèle permettant de simuler la population devulpins présente en fonction des cultures implan-tées et des interventions culturales.

  • 10 ALTER AGRI n°90 - JUILLET-AOUT 2008

    Recherche/Expé - Sol

    certains acceptant de faire avec cesadventices, d’autres souhaitant lut-ter contre afin de les éliminer.D’un point de vue énergétique, legradient de travail du sol ainsidressé correspond à une variationde consommation de fioul allantcroissant de 50 à 150 litres de fuelpar hectare de SAU et par an. Biensûr, l’intensité de travail du sol n’estcertainement pas le seul facteur ex-pliquant ces différences deconsommation aux regards de ladiversité des conditions de milieuet des systèmes de cultures en placechez les agriculteurs enquêtés.A l’issue de ces enquêtes, nous dif-férencions les stratégies dites«biologiques», peu consommatri-ces en énergie, des stratégies dites« mécaniques ». Au final, nous ob-tenons quatre types de stratégiesde travail du sol : deux « biologi-ques » et deux « mécaniques ». Ellessont présentées dans l’ordre crois-sant d’intensité du travail du sol.

    Les agriculteurs biologiques recou-rant aux techniques sans laboursystématique à l’échelle de leur ex-ploitation sont peu nombreux. Cesagriculteurs sont avant tout préoc-cupés par la structure de leurs solset la qualité environnementale deleurs pratiques. La majorité desagriculteurs rencontrés pratiqueles TSL, trois pratiquent le semissous couvert vivant à l’échelle deleurs exploitations et trois autresréalisent des essais.Nous pouvons classer les straté-gies de travail du sol rencontréesselon l’intensité de travail du solpendant l’interculture et pendantla culture (figure 1). L’intensité detravail du sol caractérise le couple« fréquence de passage d’outil xprofondeur de travail de l’outil ».Dans le discours, l’intensité de tra-vail du sol est très clairement liéeà la perception qu’ont les agricul-teurs de la présence d’adventicesdans leurs parcelles de cultures,

    Recherche/Expé - Sol

    Stratégie biologique : couvert végétal permanent

    Elle repose sur l’activation de lavie biologique du sol (les plantes,les micro-organismes, les macro-organismes, l'humus...), enlimitant les perturbations par desaérations répétées du sol lorsd’opérations culturales. Ainsi, lapermaculture tend à imiter la na-ture : le sol est toujours couvert devégétation et est ainsi protégécontre l'érosion éolienne et hydri-que, contre le dessèchement parle soleil et contre l'envahissementpar les adventices. Les interven-tions techniques se limitent ausemis, à la récolte et à la fauche ducouvert permanent (ex : trèfle). Lacompétition entre le couvert per-manent et la culture en place estdifficile à maîtriser. Ainsi, lecontrôle du couvert est le facteurclé de réussite de cette stratégie.

    Stratégie biologique : couvert végétal interculture

    Pour les concepteurs de ces straté-gies, l'interculture est une périodeprivilégiée pendant laquelle la pro-duction de biomasse permet deprotéger et de structurer le sol et derecycler les reliquats d’éléments mi-néraux post-culture. La couverturepermet également la nutrition et laprotection de la vie du sol et de lafaune sauvage. Pour remplir un rôleoptimal, le couvert végétal doit êtrebien implanté et homogène : l’as-sociation de plusieurs espèces estsouvent utilisée pour assurer unebonne couverture du sol, quellesque soient les conditions climati-ques. La gestion des couverts

    Graphique 1 - Diversité des stratégies de travail du sol rencontrées, classées en fonction de latolérance des agriculteurs, vis-à-vis de la présence d’adventices dans leurs champs cultivés.

    Culture de blé au stade début tallage, sous couvert de trèfle (05/02/08).

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    Groupe de travail Lorrain sur le travail du sol sans labourA l’échelle de la Lorraine, le travail du sol sans labour ausein des systèmes de cultures faibles intrants fait l’objetd’une investigation collective INRA de Mirecourt/CGA(Centre des groupements d’Agrobiologistes Lorrains)/CRAL (Chambre Régionale d’Agriculture de Lorraine), soute-nue par la région Lorraine. Ce groupe, a pour objectifs depoursuivre le travail d’évaluation de stratégies de travail dusol innovantes sur l’installation expérimentale de l’INRA, etde le coupler à une mise en réseau d’expériences menéespar des agriculteurs à l’échelle de la région Lorraine.

    Travail du sol sans labour

  • 11JUILLET-AOÛT 2008 - ALTER AGRI n°90

    Recherche/Expé - Sol

    Le rouleau Faca, écraseur de végétaux, est utilisé pour ladestruction économe en énergie de couverts intercultures.

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    POUR EN SAVOIR PLUS

    r Bochu J-L., Risoud B., Mousset J. (2008)."Consommation d'énergie et émissions de GES desexploitations en agriculture biologique : synthèse desrésultats PLANETE 2006", Colloque internationalAgriculture biologique et changement climatique, EnitaClermont, France, 17-18 avril 2008, 8p.

    r Colbach, N., Durr C., Roger-Estrade J., Chauvel B.,Caneill J. (2006). "ALOMYSYS: Modelling black-grass(Alopecurus myosuroides Huds.) germination andemergence, in interaction with seed characteristics, tillageand soil climate - I. Construction", European Journal ofAgronomy 24(2), pp95-112.

    Désherbage mécanique d’une parcelle de seigle au stadetrois feuilles, avec une bineuse munie d’un appareil de gui-dage à cellules photo-électriques (09/11/07).

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    végétaux est importante : l’optimumest une implantation du couvert lejour de la moisson. Plus il est semétôt, et plus il peut faire concurrenceaux adventices, surtout si les espè-ces semées ont un développementrapide. Il faut un certain temps entrela destruction du couvert végétal etl’implantation de la culture suivante.En effet, le couvert doit se décom-poser correctement afin qu’il neconcurrence pas la culture mise enplace (faim d’azote). Le couvert peutêtre détruit :• naturellement (choix d’un cou-vert gélif dans les zones soumisesà des hivers rigoureux) ; • à l’aide d’un rouleau faca (photo)(écrasement des végétaux) ;• à l’aide d’un cultivateur travail-lant superficiellement (à moins de5 cm de profondeur). La culture suivante peut être im-plantée directement dans lecouvert. Dans ce cas, le semis sefait obligatoirement avec un se-moir adapté au semis direct afinde trancher la végétation et per-mettre la réalisation d’un semisfavorable. Ainsi les interventionstechniques se limitent au semis,à la récolte de la culture puis ausemis de l’interculture et une éven-tuelle destruction du couvert.

    Stratégie mécanique : travail du sol

    Ces stratégies sont essentiellementrencontrées sur des terres argilo-calcaires et/ou sous des conditionsclimatiques à faibles précipitations.Plusieurs travaux superficiels du solsont effectués : déchaumage, fauxsemis, préparation du lit de semen-ces. La profondeur de ces travauxpeut varier de cinq à quinze centi-mètres selon le type de matérielprésent sur l’exploitation (néo-dé-chaumeur, néo-cultivateur, actisol,cultivateur, vibroculteur…) et selonles objectifs de l’agriculteur (limi-tation de la consommationénergétique, aération du sol,…). Lesoutils travaillant plus en profon-deur, tels que l’ameublisseur, nesont pas indispensables. Le désher-bage mécanique en post-semis est

    utilisé selon l’état de salissementtoléré par l’agriculteur. Dans cer-tains cas, la charrue est utilisée endernier recours lorsque la gestiondes adventices devient difficile.

    Stratégie mécanique : faux semis fréquents

    Cette stratégie se base sur l’abondancede faux semis pour épuiser les adven-tices vivaces par extirpation et pourdétruire les adventices annuelles quise développent au stade plantule.L’outil à disques indépendants sem-ble adapté pour cette stratégie car ilpermet de travailler le sol rapidement(15 km/h) et sa polyvalence permetd’avoir un parc matériel réduit. Le ni-veau de tolérance des agriculteurspratiquant cette stratégie vis-à-vis desadventices est très limité. Ainsi, le re-cours au désherbage mécanique enpost-semis est fréquent (nombre depassages élevé, différents types d’ou-tils : bineuse, houe rotative, herseétrille).

    Suite à ces enquêtes, différentesstratégies de travail du sol poten-tiellement intéressantes dans lesconditions pédo-climatiquesLorraines ont été élaborées à l’aided’un groupe d’experts. Elles sontactuellement évaluées à l’aide demodèles : ainsi, nous évaluons l’étatde salissement des champs par levulpin et l’état structural du sol desparcelles soumises à ces stratégiesgrâce au modèle Alomysys (Colbachet al., 2006). Nous évaluons laconsommation énergétique de cesstratégies en nous référant à la basede données en cours d’acquisitionsur l’installation expérimentale del’INRA de Mirecourt, ainsi que labase de données mise au point parArvalis - Institut du Végétal (Simeq).Ce travail doit aboutir à la formali-sation de stratégies et de règles dedécision sur les modalités de tra-vail du sol à tester en situationexpérimentale, permettant de ré-pondre à nos trois objectifs dans lesconditions lorraines : limitation dela consommation énergétique, ges-tion des adventices et préservationde la stabilité structurale des sols.

    RemerciementsCe travail a été réalisé en partena-riat avec le CGA (Centre desGroupements des Agrobiologistes)de Lorraine dans le cadre d’uncontrat financé par la régionLorraine. Nous souhaitons remer-cier l’ensemble des personnes quiont contribué directement ou in-directement à ce travail :animateurs, conseillers… et noussouhaitons particulièrement re-mercier les agriculteurs qui nousont reçus chez eux, les membresdu groupe d’experts, ainsi quel’équipe de l’INRA de Mirecourt.

  • 12 ALTER AGRI n°90 - JUILLET-AOÛT 2008

    Dossier - Stockage/Conservation

    L es procédés de conservation des produits récoltés varient suivantle type de produits, l’objectif d’écoulement, le mode de distribu-tion… Ces procédés visent à conserver au maximum lescaractéristiques originelles des produits, ou fortement ralentir (voirestopper) la dégradation de ces produits tout en maintenant leur va-leur nutritionnelle, texture, goût,… Pour cela, il s’agit d'empêcher ledéveloppement des insectes, des bactéries, champignons et autresmicro-organismes, de retarder l'oxydation des graisses, l'autolyse… etce, en prenant en compte les spécificités des produits biologiques.Dans ce dossier, nous nous intéresserons uniquement à la conserva-tion et/ou au stockage des grains et des fruits et légumes.• Dans un premier temps, nous verrons comment stocker les récoltesde grains biologiques à la ferme dans l’attente de leur valorisation (ali-mentation humaine ou animale, attente de cours plus attractifs,semences fermières, …). Un responsable d’une coopérative biologi-que témoignera des conditions de stockage et de suivi de la qualité liéeau stockage dans sa coopérative.• Ensuite, nous ferons un état des lieux des principaux problèmes deconservation des pommes. Un spécialiste du CTIFL apportera son exper-tise sur les méthodes de protection contre les maladies de conservation.Le GRAB fera ensuite le point sur la conservation des pêches.• Enfin, nous apprendrons comment conserver les légumes avec unspécialiste du CTIFL.

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    Prenez garde à la bonne conservation de vos récoltes. Parfois délicate,cette étape est essentielle à la pérennité et à l'autonomie de la ferme.

    Dossier coordonné par Aude Coulombel (ITAB)

    Stockage etconservationdes récoltes enagriculture biologique

    Stockage etconservationdes récoltes en agriculture biologique

  • 13JUILLET-AOUT 2008 - ALTER AGRI n°90

    Dossier - Stockage/Conservation

    Stockage à la fermeDes précautions indispensables

    Article issu de la fiche Techn’ITAB « Stockage à laferme des grains issus de l’AB », rédigée par GilbertNiquet (ARVALIS-INSTITUT DU VÉGÉTAL)

    Le stockage des grains issus de l’agriculture biologiqueest une opération complexe qui demande la prise encompte de multiples paramètres lors des différentesétapes, entre la récolte et l’expédition.

    L a conservation des grainsissus de l’agriculture biolo-gique demande une mise enœuvre de la ventilation de refroi-dissement des grains à l’airambiant de manière très rigou-reuse avec un suivi assidu de latempérature des stocks. En préa-lable, le pré-nettoyage des grainsà la réception est fortement re-commandé pour optimiser laventilation. Cette technique debase va permettre de lutter effica-cement contre les moisissures etsurtout les insectes, ce qui est pri-mordial en agriculture biologiquepuisque l’emploi des insecticidesy est limité et très coûteux. De plus,pour éviter la présence de grainesétrangères, le passage dans un net-toyeur est conseillé pour rendreles lots commercialisables.

    Du matériel et des bâtimentspropres

    Pensez à vider correctement la tré-mie de la moissonneuse-batteuseavant la récolte, à laver au nettoyeurhaute pression les bennes et à net-toyer intégralement le matériel demanutention des grains. Les insec-tes ne viennent pas des champsmais des installations de stockage,d’une campagne à l’autre. Ils seconcentrent là où il y a de la pous-sière, des brisures… Pour ne pas lesattirer, nettoyez l’intérieur et l’ex-térieur des parois de cellules, descases (y compris sol et charpente sipossible), aspirez et détruisez im-médiatement les poussières etdéchets végétaux, privilégiezles sols

    lisses (pas de vieilles dalles poreu-ses ou bétons grossiers !).En cas de prolifération avérée d’in-sectes, le nettoyage doit êtrecomplété par un traitement insec-ticide du matériel et des locaux.Traitez alors avec une spécialité àbase de pyréthrines naturelles.

    Des grains stockés propreset échantillonnés

    Attention, lorsque le grain estcontaminé par la carie,il ne fautni le faire passer dans la manu-tention ni le stocker pour éviter lacontamination de l’ensemble del’installation.Il est recommandéde prendre contact avec son orga-nisme stockeur pour définir unestratégie acceptable.

    ● Des précautions dès la récolteTout d’abord, la moissonneuse-bat-teuse doit être correctement réglée(vitesse de rotation du batteur, del’écartement batteur/contre-batteuret du débit d’air au niveau des tablesde nettoyage) pour limiter le risqued’apparition d’insectes qui préfè-rent les grains cassés contenant desimpuretés, pour améliorer la circu-lation de l’air et donc garantir unmeilleur refroidissement, et pour di-minuer la présence de moisissureset de toxines. Les grains doivent êtrebien mûrs avec une humidité infé-rieure à 15% pour les céréales à pailleet les protéagineux et à 9% pour lesoléagineux. Cela limite le risqued’échauffement des masses degrains,condition favorisant le déve-loppement des ravageurs.

    en attente

    Diagramme des opérations à réaliser pour le stockage des grains

    Préparation de l’installation• Nettoyage du matériel et des bâtiments• Traitement insecticide si nécessaire

    Réception de la récolte• Régler correctement la moissonneuse bat-

    teuse• Récolter des grains mûrs (à une humidité

    maximale de 15% pour le blé)

    Prénettoyage du grain• Avec prénettoyeur à turbine (aspiration d’air)

    pour éliminer poussières et impuretés légères

    Triage et nettoyage du grain• Avec nettoyeur séparateur, nettoyeur calibreur,

    table densimétrique pour éliminer grains cas-sés, impuretés diverses et graines étrangères

    Séchage du grain à l’air chaud• Prénettoyer les grains humides• Bien régler la température en fonction du type

    de grains et du débouché visé

    Refroidissement du grain à l’air ambiant• Avec un ventilateur piloté par thermostat• La nuit, par paliers successifs de 8 à 10 °C

    Protection contre les ravageurs• Filets, grillages ou bâches tressées à petites

    mailles contre les oiseaux• Prendre des dispositions contre rats et souris• Eloigner les animaux domestiques

    Expédition du grain• Vérifier l’état sanitaire du grain• Prélever et conserver un échantillon

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  • 14 ALTER AGRI n°90 - JUILLET-AOÛT 2008

    Dossier - Stockage/Conservation

    Témoignage d’André Le Bras (ARVALIS-INSTITUT DU VÉGÉTAL),propos recueillis par Aude Coulombel (ITAB)« Les mycotoxines de stockage ne posent pas plus de pro-blème en AB qu’en conventionnel. Ce sont des ochratoxi-nes générées par des Aspergillus et des Penicillium. Les ris-ques de développement sont dus à une mauvaise conserva-tion liée à une humidité excessive et à un échauffement dela céréale. Attention donc aux éventuelles fuites de toituresou pénétration quelconque d’eau susceptibles d’entraînerune réhumidification du grain.En AB notamment, il faut veiller à avoir une récolte la pluspropre possible. Il faut éliminer un maximum de résidus deplantes (parties vertes chargées d’humidité), qui sontautant de risques de foyers d’échauffement. Si la récoltesemble sale, il est important de la passer dans le nettoyeur.La circulation de l’air est très importante. Le haut de la cel-lule de stockage doit être plan.Si on soupçonne des échauffements (vérifiables à la sondesi on en possède une), et donc un risque de mycotoxines, lenettoyage est encore envisageable pour sauver un lot.A la vidange, un mauvais écoulement ou des blocs de grainspeuvent être symptomatiques de la présence de mycotoxi-nes. Dans ce cas, il est préférable d’en parler à son acheteur,le producteur étant responsable de la qualité de son produit.Il pourra être nécessaire de faire des analyses. Dans ce cas,les prélèvements d’échantillons doivent être très serrés (lescontaminations sont très variables de deux endroits mêmetrès proches). De nouvelles normes AFNOR détaillent lesprotocoles à suivre pour l’échantillonnage.En cas de contamination avérée, il n’y a pas grand-chose àfaire. Il est strictement interdit de « diluer ce lot », c'est-à-dire à dire le mélanger avec un lot sain. Toutefois, les essaisde nettoyage avec une aspiration très forte de lots contami-nés avec une autre mycotoxine ont montré que cette opéra-tion peut réduire de 30 à 60% la contamination.»

    Contre les mycotoxines de stockage

    Pensez à prélever un échantillonà chaque remorque, le plus repré-sentatif possible, soit au minimumtrois sous-échantillons au coursde la vidange, un échantillonmoyen par cellule ou par case età contrôler l’humidité (ou deman-der à la coopérative).

    ● Une phase importante : letriage/nettoyage des grainsLes prénettoyeurs qui utilisentcomme principe l’aspiration d’airau travers du flux de grain, pour éli-miner les poussières et les impuretéslégères, réalisent un travail souventsuffisant pour les céréales à paille.Le triage et le nettoyage des grainsdoit être réalisé avec des grilles dedimensions judicieusement choi-sies. L’utilisation d’un nettoyeurséparateur à grilles planes inclinéesou d’un nettoyeur calibreur rotatifà grilles cylindriques inclinéesdonne de bons résultats. Il est im-portant de bien régler l’aspirationpour éliminer les impuretés légè-res et la poussière et respecter ledébit de grain pour enlever les gros-ses impuretés et les grains cassés.Parfois, dans le cas de grains ini-

    tialement très sales, un deuxièmepassage, avec des grilles de dimen-sions différentes, peut s’avérernécessaire. Dans quelques cas delots très sales, contenant notam-ment des graines étrangères, unnettoyage correct ne pourra êtreréalisé qu’avec une table densimé-trique (trie les grains grâce à ladifférence de densité des éléments).● Séchage des grains si nécessaireLe séchage des grains récoltés hu-mides s’avère indispensable. Pouréviter les risques de contaminationentregrains et pour limiter le risqued’incendie entre les oléagineux etles autres grains, le séchoir doit êtrenettoyé entre chaque espèce. Lestempératures d’air chaud seront cor-rectement réglées suivant l’espèceet le débouché (voir tableau). Il estpréférable de ne récolter que la quan-tité équivalente au débit du séchoirpour éviter le pré-stockage du grainhumide. Avant passage dans le sé-choir, le grain doit être pré-nettoyé.● Optimiser la ventilationLa ventilation permet d’abaisser latempérature, ce qui est indispensa-ble pour lutter contre les insectes.

    Tableau 1 - Température d’air chaud à appliquer en fonction du type de grain

    Température Air chaud (°C) Espèces et Débouchés40 semences, orge brassicole0 oléagineux

    80 maïs* (gavage)90 protéagineux, blé tendre et dur, maïs waxy110 maïs*(agro-industrie)130 maïs* (alimentation animale)

    * température pour un maïs récolté à 30% d’humidité

    Graphique 1 - Diagramme des risques de conservationSource : G. Niquet (ARVALIS)

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    Ventilateur avec thermostat.

    15JUILLET-AOUT 2008 - ALTER AGRI n°90

    Dossier - Stockage/Conservation

    Elle doit commencer dès la récolte,pendant les nuits, même par tempsde pluie pour faire chuter la tempé-rature du grain le plus rapidementpossible de 30-35 °C à 20-22 °C. Apartir de 20 °C, le risque de déve-loppement des insectes diminue etla durée de bonne conservation dugrain s’allonge. Prenez garde à ven-tiler quant l’écart de températureentre l’air extérieur et le grain estcompris entre 7 °C et 10 °C. Au des-sus il y a des risques de condensation(et donc de moisissures et de my-cotoxines), en dessous l’efficacitéde la ventilation est limitée.La ventilation doit se poursuivrejusqu’à ce que la couche supérieuredu grain (50 cm) soit parfaitementrefroidie. En automne, dès que lesnuits sont plus froides, réaliser sys-tématiquement un second palierde ventilation pour faire chuter latempérature du grain en dessousde 12 °C. A cette température lesinsectes se mettent en état de vieralentie et plus aucun ne peut sereproduire. Enfin, en hiver, un der-nier palier de ventilation doitpermettre un refroidissement vers5°C ou moins (en période de gel).Les grains ont alors acquis une trèsbonne stabilité. Pour piloter efficacement la venti-lation, l’installation d’un thermostatet d’un compteur horaire s’impose.Il va permettre la mise en fonction-nement du ventilateur lorsque lesconditions climatiques sont favora-bles le soir et son arrêt le matin. Il va

    POUR EN SAVOIR PLUS

    r Fiche technique intégrale en téléchargement libre surwww.itab.asso.fr, rubriquePublications, puis Fiches Techniques

    également permettre de gérer l’écartde température entre le grain et l’airlors des phases de ventilation.

    Halte aux prédateurs des grains

    Pour empêcher les oiseaux de sur-voler le grain et ainsi éviter la pollutiondes lots de grains par des bactériespathogènes, obturez toutes les ou-vertures, poser des filets ou desgrillages verticaux autour des cellu-les ou des cases,installezdes bâchestressées ou à petites mailles, du filmhorticole à même le tas (l’air doit pas-ser au travers), et assombrissez aumaximum les bâtiments (les oiseauxpréfèrent la lumière pour nicher).Les excréments et les cadavres de ron-geurs sont également des élémentsindésirables dans les lots de grains.Pour les éviter, il faut entretenir les

    abords des bâtiments, éliminer toutce qui peut servir d’abri, obturer lesorifices avec du grillage, repérer lesendroits où il y a des crottes, pour yimplanter des postes d’appâtage.Pour lutter contre les insectes, unebonne ventilation de refroidissementest la règle de base. Comme enconventionnel, les insectes destockage en AB sont essentiellementdes charançons sylvains, les tribo-liums, et des lépidoptères (teignes…).La désinsectisation du grain, se ferauniquement en cas d’insectes visi-bles avec des spécialités à base depyréthrines naturelles uniquement.Surveillez aussi les chats et les chiensqui apprécient les substrats meublespour y déposer leurs déjections.

    Des conditions d’expéditionet une traçabilité strictes

    Lors de la vidange de la cellule, assu-rez-vous que le grain «coule»librement. En cas de prise en masse,prévenir la coopérative pour définirla meilleure stratégie possible. Et lorsdu chargement, vérifiezqu'il n’y a pasde corps étranger dans le grain (ca-davres de rats ou d’oiseaux, morceauxde bois ou objet métallique…). Pensezà effectuer régulièrement des prélè-vements afin de réaliser un échantillonmoyen pour vérifier les principalescaractéristiques du grain (humidité,impuretés, grains cassés…). Divisezcet échantillon et identifiez-le pouren conserver un double à l’abri desrongeurs et des insectes. Le respect de la qualité sanitaire desgrains oblige à pouvoir donner lapreuve des conditions de stockage.L’enregistrement de certains paramè-tres devient indispensable. Dès la miseen cellule, notez l’espèce, la variété,l’humidité et la température des grainsainsi que les analyses complémen-taires s'il y a lieu. Lors du stockage,notez les dates et durées de ventila-tion et la température des grains tousles jours pendant les phases de ven-tilation, puis tous les 15 jours. En casde traitement insecticide et/ou deplan de dératisation, notez la date, leproduit et la dose utilisés.

  • En AB, le site réceptionne des céréales (3000 tonnes de blé par campagne), des protéagineux et des oléagineux et vend aux meuniers, fabricants d’aliments, éle-veurs, floconneries (pour petits déjeuners), malteries, huileries…

    16 ALTER AGRI n°90 - JUILLET-AOÛT 2008

    Dossier - Stockage/Conservation

    Stockage à la coopérativeInterview de Jean-Michel Bohuon- Responsable de la SA PINAULT(non loin de Rennes), propos recueillis par Aude Coulombel (ITAB)

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    NA

    ULT

    ● Votre entreprise est-elleexclusivement biologique ?La SA PINAULT est une entreprise100% bio, qui appartient depuisson rachat à la COOP DE BROONS,une coopérative de Bretagne. Desrécoltes conventionnelles sontégalement stockées sur le site.Suite à l'accroissement des activi-tés, les élévateurs et les fosses deréception sont communs pourl'instant. Le travail doit être réa-lisé par séquences de produits ABou conventionnels. Par exemple,une matinée est consacrée à l’ABet l’après-midi au conventionnelaprès nettoyage de l’outil.

    ●Quelles espèces stockez-vous ?Le site reçoit des céréales (blésfourragers et de brasseries, orgesfourragères, de brasserie, de flo-connerie, avoines vêtues et nues),des protéagineux (féveroles, poiset lupins), et des oléagineux (colza,lin, tournesol).

    ● Quelles sont les principalesdifficultés de stockage liées àl’AB ?Que ce soit en AB ou pas, les diffi-cultés sont les mêmes. Lesprincipaux facteurs à considérerpour le stockage sont les taux d’hu-midité et d’impuretés. D’ailleurs,chaque matière première récep-

    tionnée est immédiatement échan-tillonnée. Il faut s’assurer de nerentrer que des récoltes dans lesnormes, c'est-à-dire des grains ma-tures et à une humidité inférieureà 15% pour les céréales, 14 pour lesprotéagineux et 8,5/9 pour les oléa-gineux. Toutes les céréales à un tauxd’humidité supérieur à 15,5 pas-sent au séchoir dédié exclusivementaux produits biologiques. Avant deles stocker, toutes les récoltes sontnettoyées, d’abord par émottagepour retirer les grosses impuretéspuis par triage des grains cassés ouéchaudés. Ensuite, une bonne ven-tilation est indispensable pour fairebaisser la température par paliers.

    ● Quelles sont les causes etconséquences de récoltes« sales » ?La propreté se construit à tous les ni-veaux de la chaîne. Nous ne pouvonspas fairede miracle avec une récoltereçue très sale. Le producteur a laresponsabilité de fournir une récoltela plus propre possible. Pour cela, ildoit gérer correctement l’assolement,le désherbage, et bien conduire la ré-colte, par exemple en diminuant lacadence ou en faisant appel à uneentreprise qui a du bon matériel. Certains producteurs stockent leursrécoltes chez eux de manière trèssérieuse, mais d’autres, gardent

    leurs grains en attendant la haussedes cours sans expérience ni équi-pement : les semaines passent etles problèmes se développent ! Le prix payé au producteur est fonc-tion de la qualité. La gêne liée aux impuretés n’est pasla même suivant les espèces. Parexemple, une fèverole contenantdes impuretés ne va pas poser deproblèmes de conservation, alorsqu’une orge avec le même tauxd’impuretés y sera très sensible.

    ● Les insectes sont-ils unproblème pour vous?Généralement pas, sauf avec quel-ques récoltes stockées à la ferme. Leslots sont vérifiés et refusés s’ils pré-sentent des attaques de charançonssylvains. Si un producteur prévientd’un échauffement dans son tasavant novembre, on peut tenter derécupérer le lot par nettoyage saufsi les grains sont attaqués. Après cettepériode, c’est très difficile.

    ● Et la carie ?Nous sommes très vigilants avec lacarie. Depuis deux ans, certains lotsatteints sont arrivés ici, nous avonsdû les refuser.

    ● Et les mycotoxines destockage ?Les analyses réalisées n’ont jamaisrévélé de problème. Normalement,si le nettoyage et le stockage sontbien menés,elles n’apparaissent pas.

  • 17JUILLET-AOUT 2008 - ALTER AGRI n°90

    Dossier - Stockage/Conservation

    Conservation des pommesPrincipaux problèmesLes maladies de conservation représentent une causeimportante de déclassement ou perte de pommesaprès leur stockage. Le tableau suivant récapitule lesprincipaux problèmes de conservation sur pommes,leurs symptômes et origine.

    Gloeosporiosesr SYMPTÔMES• Nécrose lenticel-laire ronde, marronplus ou moins foncé,avec souvent lecentre plus clair

    r CAUSESInfection au vergersurtout le moisprécédant la récolte,favorisée par desconditions pluvieu-ses et une récoltetardive

    r APPARITION Décembre-janvier enfroid normal oufévrier-mars enatmosphère contrô-lée

    Penicillium

    • Pourriture humidecirculaire brun clair• Puis moisissureblanche virant auverdâtre

    Infection dans leschambres froides etpar l’eau des canauxde convoyage siinoculum du cham-pignon etmicro-blessures

    1 à 2 mois aprèsrécolte, sporulationabondante dans lesdébris contenusdans les palox

    Botrytis

    • Décoloration puistâche brune • Pourriture brunemolle• Apparition d’unfeutrage gris souris

    Le botrytis est unchampignon parasitelatent localisé auniveau de l’œil etparasite de blessure.Présent sur denombreux débrisvégétaux, la contami-nation a lieu auverger. La germina-tion intervient auniveau de la fleur etentraîne l’infectionde l’œil.

    Progression rapidede la pourriture,contamination desfruits sains par lesfruits atteints

    Echaudure

    • Coloration brunesuperficielle épi-derme seul) sanscontour défini

    Oxydation de l’épi-derme de certainesvariétés sensibles,favorisée par lesrécoltes précoces

    Lors de longuesconservations

    Bitter pit

    • Taches circulaires,sèches et spongieu-ses, brunes,

  • à l’origine du développement decette technique) Phytophthora,par trempage dans de l’eauchaude. Un certains nombre d’étu-des ont déjà été menées sur lesujet. On connaît les températu-res que peuvent supporterplusieurs espèces de fruits entrempage pendant 2-3 minutes,qu’il ne faut pas dépasser sous ris-que de brûler les fruits (pommes=48-50°C sauf quelques variétésplus résistantes, oranges = 60°C).L’adjonction d’un extrait de cloude girofle (produit commercialisépar la Société Xeda) améliore l’ef-ficacité de l’eau chaude et limiteles risques de phytotoxicité. L’eauchaude a aussi un effet non négli-geable sur l’échaudure deprématurité.Seules les petites unités de produc-tion sont susceptibles d’utiliser lesmachines mises au point sur ceprincipe, le nombre de palox trai-tés par heure étant faible. Il en existeplusieurs : Xeda en France, Burg enHollande…. Mais vue la conjonc-ture prix de l’énergie, il faudraréfléchir à des moyens alternatifspour chauffer l’eau pour garantirl’avenir de cette technique.L’utilisation de techniques favorisantla conservation des fruits sont sur-tout utiles en cas de longueconservation. Dans le cas de variétéstrès sensibles aux «gloeosporioses»ou à l’échaudure de prématurité, ilfaudrait déstocker les fruits avant jan-vier pour éviter l’apparition dessymptômes de ces maladies. En agri-culture biologique, les fruits sontsouvent vendus ou transformés trèsrapidement (vente directe). Mais, cesméthodes restent des méthodes trèsintéressantes pour les producteursimpliqués dans des circuits longs etqui conservent longtemps leursfruits. »

    18 ALTER AGRI n°90 - JUILLET-AOÛT 2008

    Dossier - Stockage/Conservation

    Protection des fruits contre les maladies de conservationLe point avec Michel Giraud (CTIFL)

    Propos recueillis par Aude Coulombel (ITAB)

    « Après la récolte, en AB, il existe deuxprocédés pour protéger les fruits desmaladies de conservation : les micro-organismes antagonistes etla thermothérapie.

    La désinfection des locaux de stockage et chambres froides estinterdite avec des produits de synthèse. Les produits constitués

    de l’association acide acétique – acide péracétique – péroxyded’hydrogène peuvent être conformes en AB et certaines

    sociétés (ex. Laboratoires ACI) proposent dans leurs gammesdes produits agréés par Ecocert (s’assurer simplement que le

    produit est bien homologué sur l’usage désinfection des locaux/ produits végétaux). La désinfection des chambres froides ne

    permet que de diminuer la pression Penicillium, et de participerà la qualité sanitaire des locaux de stockage.

    Le cas des levuresParmi les micro-organismes anta-gonistes, certaines espèces delevures peuvent donner de bonsrésultats en prévention des mala-dies de conservation liées à desparasites infectant les fruits par desblessures telles que Penicillium,Botrytis, ou Monilia. Le principeest basé sur l’occupation de site,c'est-à-dire que la levure va se dé-velopper pour constituer un biofilmdans la blessure, empêchant ainsiles spores des champignons para-sites de blessure de s’y installer etde contaminer le fruit. Certainessouches sont par ailleurs capablesde produire des enzymes attaquantdirectement le champignon (casdes beta-glucanases qui dégradentBotrytis). Ces levures sont parcontre inactives sur les parasiteslenticellaires comme les gloeospo-rioses.Un produit à base de levure, issude la recherche en Belgique(Faculté de Gembloux) est actuel-lement en cours d’homologationpar la start-up Bionext, qui dépendaujourd’hui du groupe levurierLesaffre. Les tests réalisés sur ceproduit par le CTIFL semblentconcluants. Ce produit est unepoudre à bien mélanger à de l’eauavant d’appliquer la solution partrempage ou douchage en post-récolte.

    Trempage ou douchage àl’eau chaude

    La thermothérapie reste surtoutindiquée en cas de longue conser-vation (après décembre). Cettetechnique permet de supprimerla plupart des spores des parasi-tes de surface, surtout les agentsdes « gloeosporioses » mais aussisans doute (d’après GillesBompeix, de l’Université de Paris,

    ITAB

    ITAB

  • 19JUILLET-AOUT 2008 - ALTER AGRI n°90

    Dossier - Stockage/Conservation

    Momie sur arbre.

    Fruit monilié.

    GR

    AB

    Conservation des pêchesCas des moniliosesPar Christelle Gomez et François Warlop (GRAB), Aude Coulombel (ITAB)

    De nombreux champignons sont responsables despourritures sur pêches, soit au verger, soit enconservation (Monilia, Rhizopus, Penicillium, etc.). Lesmonilioses constituent la principale maladiecryptogamique affectant la conservation des fruits ànoyau et sont l'une des principales contraintestechniques au développement du pêcher en agriculturebiologique. La sélection de matériel végétal tolérant,certaines techniques culturales (taille, fertilisation,enherbement…), et des méthodes post-récolte commela thermothérapie ou les micro-organismes antagonistesgarantissent une meilleure conservation des pêches.

    Méthodes préventives auverger

    Il est important de privilégier lesvariétés peu sensibles aux monilio-ses (importance d’un réseau desélection intégrant les critères derusticité). Une bonne protectionpasse par une prophylaxie au ver-ger : taille en vert pour assurer unebonne aération des arbres, alimen-tation hydrique et azotée équilibréepour éviter de fragiliser la cuticuledes fruits, élimination des fruitspourris, momies et chancres. Lespremiers traitements cupriquescontre la cloque assainissent par-tiellement le verger. Lespulvérisations foliaires d’engrais(algues, oligo-éléments, calcium)corrigent les carences et améliorentles défenses naturelles de l’arbrelorsque celui-ci est déséquilibré.Les études récentes réalisées parl’INRA de Gotheron sur l'impactdes techniques culturales sur ledéveloppement des moniliosesont montré que la taille par arra-chage manuel et la gestion del’irrigation permettent de dimi-nuer significativement les attaquesde monilioses. Cette diminutionapparaît dès les premières atta-ques dans la parcelle et s’accentueen conservation. Même si ces deuxtechniques peuvent diminuer très

    légèrement le calibre, les fruits sontglobalement de meilleure qualitéavec significativement moins d’at-taques de monilioses (mercier etal., 2005).

    ● Focus : Rôle prometteur del’enherbementLe GRAB et l’INRA de Gotheron tes-tent depuis 2004 l'effet del'enherbement total sur le déve-loppement de pêchers conduitsen agriculture biologique et sur lesattaques de monilioses. La variétéde pêche blanche Bénédicte (peusensible aux monilioses) sert desupport d’expérimentation. Lesdeux modalités testées sont : - Enherbement total des pêchers :l'inter rang est naturellement en-herbé. Du trèfle blanc nain a étésemé sur le rang à l’automne. Il aété choisi pour son caractère defaible pousse et sa résistance à lasécheresse. Un semis est néces-saire tous les deux ans.- Enherbement uniquement surl'inter rang et travail mécaniquedu sol sur le rang.

    De 2004 à 2007, les observationsont porté sur le suivi du grossis-sement des fruits au cours dechaque saison, les mesures de laqualité des fruits à la récolte, le

    suivi des attaques de moniliosesà la récolte et en conservation.Les résultats des quatre annéesd’expérimentation montrent uneréduction du développement desmonilioses en conservation pou-vant atteindre 80% pour les fruitsprélevés dans la modalité enher-bée. L'enherbement total despêchers pourrait donc jouer unrôle de tampon au niveau du sollors de fortes pluies ou d'orages,favorisant une croissance régu-lière des fruits et limitant ainsil'apparition de microfissures quisont des portes d'entrée pour lemonilia. D’un point de vue agronomique,les résultats sont intéressants surplusieurs points. Tout d’abord, l’en-herbement ne pénalise pas ledéveloppement des pêchers puis-que les analyses de qualité des fruitsà la récolte et le rendement sont si-milaires dans les deux modalités. Ilconstitue une alternative au travaildu sol sur le rang. Attention toute-fois au risque de développementdes campagnols. L’enherbementtotal pourrait également permet-tre de réduire l’apport de compostet d’engrais organique au cours dela saison puisque le trèfle blanc four-nit de l’azote alors disponible pourles arbres.

    GR

    AB

  • Les monilioses sont provoquées par des champignons pathogènes du genre Monilia. Trois espèces ensont responsables : Monilia laxa et M. fructicola qui attaquent les fleurs et les fruits, M. fructigena qui atta-que seulement les fruits, car il exige des températures plus élevées pour se développer. M. fructicola estun organisme de quarantaine qui a été identifié dans le Gard, le Vaucluse et la Drôme en 2001, mais quipourrait être plus largement présent.Ces champignons passent l'hiver sous forme de sclérotes (organes de conservation) et se conservent auniveau des momies (fruits moniliés desséchés) restées sur les arbres ou tombées au sol, des chancres surles rameaux et des pédoncules des fruits infectés encore fixés aux rameaux. Dès que les conditions clima-tiques sont favorables (température douce et forte humidité), des conidies (spores) sont émises et dissé-minées par la pluie et le vent sur les organes sensibles. Elles se déposent sur les fleurs et les fruits et ger-ment lorsque les conditions sont favorables.A la floraison, les conidies pénètrent dans les fleurs au niveau de blessures. Les fleurs brunissent, se flé-trissent et se dessèchent brusquement. Le mycélium issu de la germination de ces conidies progresseensuite vers les jeunes rameaux qui se dessèchent aussi. Il se forme alors de petits chancres souventaccompagnés d'écoulements gommeux.Les jeunes fruits verts sont rarement attaqués par le monilia, mais à l'approche de la maturité la sensibilitédes fruits augmente. La pénétration des champignons est favorisée par la présence de blessures causéespar la pluie, la grêle, les piqûres d'oiseaux ou d'insectes, ainsi que les microfissures à la surface des fruitsliées à la variété et à diverses conditions de culture (manipulation des fruits lors de la récolte notamment).La grande majorité des dégâts sur fruits est due à l’espèce M. laxa qui présente des coussinets conidifèresgris à marrons. Les dégâts occasionnés par M. fructigena, uniquement les fruits, sont caractérisés par descoussinets conidifères blanchâtres à jaunes qui se développent souvent en cercles concentriques autour dupoint d'infection. Les différentes espèces peuvent être présentes sur le même fruit simultanément. La pour-riture peut être totale en 3 ou 4 jours ! Par temps chaud et sec, les fruits atteints se dessèchent en momies.Par temps doux et pluvieux, les fruits pourrissent très vite, se décomposent et tombent.L'enchaînement, avant la récolte, de plusieurs cycles de développement des monilioses sur fruits engen-dre une augmentation des dégâts dans les vergers et en conservation. Les pertes peuvent être importan-tes si des précipitations se produisent à l'approche de la récolte, d’autant plus qu’aucun produit n’esthomologué en agriculture biologique.

    Mieux connaître les monilioses

    20 ALTER AGRI n°90 - JUILLET-AOÛT 2008

    Dossier - Stockage/Conservation

    Méthodes post-récolte● La thermothérapie est efficaceAprès de bons résultats obtenus de-puis plusieurs années par le GRABou le CTIFL, la technique baptisée«thermothérapie » mérite d’être dé-veloppée en France à l’échellecommerciale. Elle consiste à traiterles fruits à l’eau chaude après la ré-colte pour les protéger des maladiesde conservation (monilioses, gloeos-porioses, pénicillium, botrytis…),et donne des niveaux d’efficacité in-téressant les professionnelsconfrontés aux problèmes de pour-riture sur fruits à noyau ou à pépins.Sur monilia, le GRAB apu obtenir desefficacités de l’ordre de 70-80% avecdes traitements de 50°C pendant 2à 3 minutes. Le rhizopus reste tou-tefois un pathogène à surveiller deprès dans les situations à risque, caril est résistant à la chaleur et se pro-page très rapidement. Des machines existent sur le mar-ché (BURG, XÉDA, SHELAH…) maiselles restent chères (souvent prèsde 60 000 euros), même si le re-tour sur investissement est très

    rapide (parfois moins d’un an)quand les pertes en conservations’élèvent à plus de 10%.

    ● AntagonistesDans des vergers non traités, desfruits ont été prélevés et la flore mi-crobienne présente sur ces fruits aété cultivée puis isolée ; 25 espècesdifférentes ont pu être inventoriées,parmi lesquelles deux espèces don-nent des efficacités intéressantescontre Monilia laxa.Les antagonis-tes sont appliqués après blessurecalibrée des fruits (dosés à 107 ou108 unités/ml), ou par trempage des

    fruits sains, pour se rapprocher desconditions pratiques d’utilisation enstation. Une des espèces retenue estPantoea agglomerans, du groupedes Enterobacter, bien connue deschercheurs pour son intérêt contrele feu bactérien. Ce groupe desEnterobacter est aussi connu pourson potentiel pathogène pourl’homme. Si cette espèce ne sembleprésenter aucun risque, son homo-logation en lutte biologique risquetoutefois d’être compromise, parprincipe de précaution. Certaineséquipes de recherche commencentà se tourner vers d’autres agents delutte, malgré tout l’intérêt que peutprésenter Pantoea agglomerans.

    ● Huiles essentielles peuconcluantesLes huiles essentielles sont des mo-lécules très puissantes, etpotentiellement toxiques. Nos tra-vaux sur ces thématiques ontpéniblement avancé en raison de laforte phytotoxicité des huiles sur lesfruits, même à distance. Les terpè-nes de clou de girofle (eugénol) oude menthe (carvacrol) ajoutés dansl’eau chaude augmentent l’efficacitéde la thermothérapie, mais sensibi-lisent énormément l’épiderme desfruits. Ajoutés dans l’eau froide, ilsne présentent pas de réel intérêt. Enconclusion, il semble vain de cher-cher à utiliser les huiles dans l’eau detraitement après récolte, en raisonde l’homologation nécessaire, et d’ungain en efficacité insuffisant par rap-port à l’eau chaude seule.

    POUR EN SAVOIR PLUS

    • Arbo Bio Infos• Mercier V, Gueldry H, Neraudeau E.et Chauffour D., 2005. Taille, irrigationet monilioses du pêcher. Phytoma LDV.581 : 40-41

    Tableau 1 - Thermothérapie : résultats d’études de faisabilité menées en 2005 et 2006 par leGRAB avec les étudiants de l’Ecole d’Agronomie de Montpellier, pour faire connaître latechnique et évaluer son applicabilité en stations.

  • 21JUILLET-AOUT 2008 - ALTER AGRI n°90

    Dossier - Stockage/Conservation

    Relation niveau de respiration de différents produits etdurée de vie potentielle

    Comment conserver

    les légumes ?Par Philippe Moras (CTIFL) avec la

    participation de Mickaël Legrand(FREDON NPDC)

    Les contraintes de récolte, les nécessités de gestion etd’approvisionnement du marché, la logistiquepeuvent donner lieu au stockage des légumes. Toutesces étapes peuvent faire appel aux techniques depréservation et de conservation des végétaux. Labonne conservation des légumes biologiques dépendde la prise en compte des caractéristiques liées aumode de production AB, de l’aptitude à laconservation propre à chaque espèce, de lapréparation des produits et d’une bonne gestion desparamètres froid et humidité.

    ITAB

    L es légumes sont des produitsvivants. Comme tous les vé-gétaux, ils ont une activitérespiratoire qui est l’expressionexterne des réactions biochimi-ques internes dont le niveaudépend de chaque produit. Le ni-veau de respiration des végétaux(absorption d’oxygène, émissionde gaz carbonique) donne une in-dication de leur périssabilité.La durée de vie des légumes aprèsleur récolte est conditionnée parplusieurs facteurs :• Les caractéristiques intrinsèquesliées à l’espèce et la variété, leurstructure et composition (la fraisese conserve quelques jours, la ca-rotte quelques mois) ; • les conditions de culture et derécolte (les excès d’eau ou d’azotesont préjudiciables à la qualité, unproduit immature ou trop évoluése conserve mal) ;• les éléments extrinsèques commela température, l’humidité, lescontraintes mécaniques, les conta-minations parasitaires et autrescomposantes de l’environne-ment… Pour maintenir les conditions de

    survie après récolte, l’utilisationd’une température basse appro-priée est le facteur essentiel de laconservation, ensuite c’est l’hu-midité. Leurs niveaux etconditions d’application permet-tent de réduire ou d’allonger ladurée de vie d’un facteur de 1 à 15entre 0 et 30°C en ce qui concernela température.Particulièrement, la conservationdes légumes biologiques doit tenircompte que d’une part le risqued’apparition de maladies ou rava-geurs est sensiblement plusfréquent du fait du nombre plusrestreint de substances utilisables

    en cours de culture, et que d’au-tre part, il n’existe pas ou peu deproduits autorisés utilisables avantrécolte ou conservation, et per-mettant d’améliorer la durée deconservation, soit en bloquant ouretardant le développement de pa-thogènes ou de ravageurs, soit eninhibant la germination. Pour lereste, les légumes biologiques sontsoumis aux mêmes règles que leslégumes produits selon le modeconventionnel avec cependant uncomportement du produit quipeut être légèrement différent, liéaux pratiques culturales spécifi-ques comme la fertilisation ou laprotection phytosanitaire.

    Pour maintenir lesconditions de

    survie aprèsrécolte,

    l’utilisation d’unetempérature basse

    appropriée est lefacteur essentiel

    de la conservation,ensuite c’est

    l’humidité.

    ITAB

    ITAB

  • Cellule de stockage de pommes de terre conditionnées.

    CTI

    FL

    22 ALTER AGRI n°90 - JUILLET-AOÛT 2008

    Dossier - Stockage/Conservation

    Performances de conservation possibles en fonction des systèmes

    Produit / technique Au champ En silo ventilé En chambre froideconservation (lié au climat) (ou froid 5°C et humidité à 95%) (0 à 1°C et humidité > à 97%)

    4 à 9 moisCarotte 1 à 6 mois 3 à 4 mois(sensibilité à l’éthylène)

    Céleri - 3 à 4 mois 4 à 8 mois1 à 2 moisChou de Milan 1 à 3 mois ≤ 15 j (sensibilité à l’éthylène)

    Diverses méthodes deconservation

    Suivant le produit, le lieu et la sai-son, il est possible d’utiliser unfroid naturel ou artificiel, le site deculture ou un équipement spécia-lisé pour conserver ses légumes.• Au champ (poireaux, choux, ca-rottes…)Le produit reste en terre et est ra-massé en fonction des besoins, saconservation est directement dé-pendante des conditionsclimatiques. Le produit est laissédans le sol et un buttage, un pail-lage ou un retournement estréalisé. L’action du climat est pré-pondérante.• En silo ventilé au champ (carot-tes, betteraves, céleris…)Les produits sont installés en tasautour de systèmes de gaines per-mettant une ventilation. Uneprotection thermique est assuréepar différents matériaux de cou-verture (paille, fanes…) protégés.La ventilation doit être assurée parun air humide à une températureinférieure à celle du tas, mais audessus du point de gel (par ther-mostat différentiel). La températureest dépendante de l’extérieur.• En silo sous bâtiment avec des

    produits en vrac ou pallox (céle-ris, oignons, pommes de terre,betteraves, courges…)L’environnement de conservationest mieux contrôlé (protection,isolation) mais dépendant desconditions externes si l’on utilisela simple ventilation ou avec ap-port de froid ou chaud avec uneinstallation thermique d’appoint.• En chambre froideLe climat est régulé en fonctiondes besoins des espèces. Les ca-ractéristiques de l’équipementdoivent être bien définies (dispo-nibilité en froid, humidité relativeélevée, ventilation modulable).• En chambre froide et atmosphèrecontrôléeEn complément du froid, la modi-fication de la composition del’atmosphère naturelle peut aug-menter la durée de conservation.L’installation est une chambrefroide étanche pourvue d’un sys-tème de régulation de la teneur enoxygène et dioxyde de carbone.Dans le cas des légumes, cette tech-nique ne concerne que quelquesespèces telles que le chou, l’oignon,le poireau, le céleri…Dans tous les cas, on s’attachera àobtenir et garder un état sanitairecorrect en prenant soin du produità la récolte en limitant les chocs, lescoupes, les abrasions… et à contrô-ler les conditions en coursd’entreposage. Il faut faciliter leséchanges thermiques par une cir-culation d’air adaptée dans lechargement (forte au début et ré-duite ensuite) et maintenir unehumidité élevée.

    Chambre pour maturation et refroidissement rapide.

    CTI

    FL

    Chambre avec humidificateur.

    CTI

    FL

    Conditions de température et d’humidité idéales pour les principauxlégumes en chambre froide

  • 23JUILLET-AOUT 2008 - ALTER AGRI n°90

    Dossier - Stockage/Conservation

    Quelques précautions à nepas négliger

    Le problème plus particulier deslégumes biologiques est l’évolu-tion des risques de développementfongiques au cours de la conser-vation. Pour réduire ces risques, en coursde culture,il est souhaitable d’évi-ter les excès de fumure azotée, lesexcès d’eau, les parcelles présen-tant des bas-fonds humides ainsique les « surmaturités » et au be-soin anticiper la récolte ; à larécolte, il faut éviter les chocs (parexemple à l’aide de tapis de ré-colte) et la récolte en période degelée.Les légumes doivent être prépa-rés à l’entreposage avec quelquesprécautions :- Utiliser un local ou espace pro-pre et désinfecté régulièrementpar des matières actives adaptées.- Eliminer systématiquement leslégumes abimés, présentant desblessures ou des taches. Pour cer-tains légumes type oignon,courges…, prévoir une période decicatrisation à température mo-dérément élevée.- Mettre au froid rapidement leslégumes à forte évolution,- Ajuster les conditions optimalesen température, humidité et cir-culation d’air pour stabiliser lesproduits dans un délai réduit etsuivre les paramètres de conser-vation.- Surveiller fréquemment l’état sa-nitaire en cours de stockage. Pourcela, prévoir un accès aisé aux cais-ses et pallox.Attention aux mélanges des pro-duits : tous les légumes ne peuventêtre stockés ensemble sur une lon-gue durée. Ils doivent justifier deconditions d’ambiance proches etne pas émettre des gaz commel’éthylène qui stimule la matura-tion et empêche la germinationou d’odeur susceptible d’êtretransmise (oignons, poireaux,…).Plus le stockage est long, plus ladurée de vie à l’ambiance se ré-duit ; il est nécessaire d’en