grand, tatoué, et envoûtant (la série des frères reed...

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Grand,Tatoué,etEnvoûtant

parTammyFalkner

NightShiftPublishing

PourCéline

Copyright©2015parTammyFalkner

Grand,Tatoué,etEnvoûtantE-EditionNightShiftPublishingCouvertureparTammyFalknerISBN-13: 978-1-63455-034-5Tousdroitsréservés.Aucunepartiedecettepublicationnepeutêtrereproduite,déposéedansunsystèmederecherche,nitransmisesoustoutautreformeoumoyen,électronique,mécanique,photocopie,enregistrementouautresanspleineattribution.Celivreestuntravaildefiction.Lesnoms,personnes,endroitsetévénementssontlerésultatdel’imaginationoufictifs.Touteressemblanceavecdesévénementsoudespersonnes(existantesouayantexisté)n'estquepurecoïncidence.

Logan

Jeneconnaispassonnommaisellemesemblefamilière.Ellealesfessesserréesdansunejupe

courtequime laisse imaginer les courbesde sonpetit cul bien ferme.Cette jupe est faite pour attirerl'attention, et elle a toute lamienne. Jebande tellementque jenepeuxpasme leverde la tableoù jedessineun tatouagepourunclient surune feuilledepapier. Jemebaisse et j’ajustemes testicules, legrattementmétalliquede la fermetureéclair contremaqueuen’étantpresquepas suffisantpourcalmermonérection.Jen’auraispasdûsortirsansboxercematin.J'espèrequePaulafaitunpeudelessive.

Sesmamelonssontdurssousletee-shirtcôteléqu'elleporteetelleretroussesamanchepourmemontrer quelque chose.Mais je ne peuxpas détourner le regardde ses seins assez longtempspour laregarderdanslesyeux.Ellepoussesonpoignetversmonvisageetjedoisleverbrusquementlesyeux.Merde.Ellem'agrillé. Jevoudrais lui direque jene suis qu’unmec et que jen’ypeux rien…oudumoins,jeleferaissijepouvaisparler.

Je vois sa bouche bouger du coin de l’œil, elle me parle. Ou du moins, elle articulesilencieusementquelquechose.Personnenemeparlevraimentpuisquejenepeuxpasentendre.Jen'aipasentenduunmotdepuismestreizeans.Elleparleànouveau.Commejenerépondspas,elleregardemonfrèreaîné,Paul,quirouledesyeuxetsefrappelecrâneavecsonpoint.

«Cessederegardersesseins,abruti.»Ilditlesmotsenlessignantetellerougit.Maisunsouriresurlecoindeseslèvresdemeure.

Jerouledesyeuxetsigneenretour.Tais-toi.Elleesttellementbelle.Il traduit pour elle. Jevoudraism’exprimer àvoixhautemais je ne le fais pas.Aucun sonn'a

quittémabouchedepuisque j'aiperdumonouïe.En fait, j'aiparlépendantuncertain tempsaprèsça,maispaslongtemps.Pasaprèsqu’ungarçondanslacourderécréationm’aitditquej’avaisunevoixdegrenouille.Maintenant,jeneparleplusdutout.C'estmieuxcommeça.

«Ilditquevousêtesbelle,»luidit-il.«C'estpourçaqu’ilareluquévosseinscommeunenfantdedouzeans.»

Jeluiretourneunepetitegifleet ilrit,brandissantsesmainsenl’aircommes’ilserendaitauxflics.«Quoi?»demande-t-il,ensignant.Maisellepeutl'entendre.«Situveuxêtregrossierensignantensaprésence,jevaisluitraduirecequetudis.»

Commesij'avaisunautrechoixquedefairedessignes.Tun'asjamaisentenduparlerd'uncodesecretentrefrères?Jeluisigne.

« Commence à me chuchoter des secrets à l’oreille tête de nœud, et je te casserai la gueulecommetulemérites.»

Tupeuxtoujoursessayer,trouducul.Ilrit.«Ilestd’unromantiqueavecmoi,»luidit-il.«Quelquechoseàproposd’êtrelèche-cul.»

Elle esquisse un rictus. Son sourireme fait ressentir quelque chose de tellement fort que je serais àgenouxsijen'étaispascoincéderrièrecettetable.Ellerepousseunemèchedecheveuxnoirsdejaisdesonvisage,lapassant-avecunemèchebleuclair-derrièresonoreille.

Je l'observeouvrir labouchepourcommenceràparler.Maisau lieudecela,elle regardemonfrère.«Ilpeutliresurleslèvres?»demande-t-elle.

«Çadépendàquelpointilvousapprécie,»ditmonfrèreenhaussantlesépaules.«Ouàquelpoint ilestdésagréableaujourd’hui.» Ilhausse lessourcilsenmeregardantpuissonregardse tournevers la table de travail. Merde. Il a vu que j'ai ajusté mes testicules. « Je dirais qu'il vous aimebeaucoup.»

Cettefois,ellefermelesyeuxetgrimaceensouriant.Elleneditrien.Puisellemeregardeetme

dit,«jeveuxuntatouage.»Elleindiquel’avantdumagasin.Elleparleencore,maisjenepeuxpasvoirlemouvementdeses lèvressiellenemeregardepas.Jevoudraissuivresonvisageetbondirdemonsiègeafind’observerdeplusprès lemouvementde ses lèvres couleur cerise lorsqu’ellemeparle.Àmoi.Dieusaitqu'ellemeparle.Maisjenelefaispas.Jemeforceàrestersurmonsiège.EllemeregardeenfinissantdeparleretseslèvresformentunO.

«Désolée,»dit-elle.«Vousn'avezrienvudecequejeviensdedire,n'est-cepas?»Ellepousseunsoupiretdit,«Lajeunefillelà-basdevantaditqu’ilfallaitvenirvousvoirpouruntatouage.»

Jeregardemonfrèrequivientdefiniruntatouageetquin’arienàfairepourlemoment.Friday—oui,c'estsonvrainom—ritetsigne«Jet’enprie.»

Jemegratte la têteetsourit.Fridaymefait lecoupàchaquefois.Ellefaitçatout le temps.Etparfois, çamarchebien.Ellem'envoie toutes les filles canon.Et les fillesun-peu-moins-canon.Et lesfillesquiveulentcoucheravecletypesourdparcequ'ellesontentendudirequec’étaituntrèsboncoup.Je suis le type à qui elles n’ont pas à parler. Je suis le gars avec qui elles n’ont pas besoin de fairesemblant,puisquejenesauraisdetoutefaçonpascequ’ellesdisent.

Sicettefilleestjustelàpourcoucheravecmoi,nouspouvonsoubliertoutlediscoursautourdutatouage.

«N'ypensemêmepas,»ditmonfrère.«Elleveutuntatouage.C'esttout.»Commentsais-tucequ'elleveut?Jelesais,c’esttoutilsigne.Ilneleditpasàvoixhautecettefois-ci.N'essayepasdetelafaire.Jelèvelesmainsaucielenluidemandantpourquoi.«Ellen'estpasd'ici,»dit-il,maisilmefait

unsigne,Cen’estpasnotregenre.Oh,jecomprends.Ellenefaitpaspartiedenotremonde.Çanemedérangepas.Ellepourraitêtre

riche qu’elle aimerait tout de même ce que je peux faire à son corps. J’attrape sa main et la serredoucementpourqu’ellemeregarde.Jeretournesamainetpointesonpoignet.Mesdoigtseffleurentsapeautendresouslaquellesetrouventdejoliesveinesbleuesetjedessineuncercleavecleboutdemondoigtluidemandant,Ici?

Sabouches’ouvrebrutalement.Lachairdepoulesedessinelelongdesonbras.Ehouais,jesuisdoué.

Jemelèveeteffleurelecôtédesoncoumaisellechassemamainenhochantlatête.Seslèvressontétroitementserrées.

Jeregardesesseinsetlèchemeslèvres.Jetendslamainetfaitglisserundoigtsurlacourbedesonsein.Ici?J’articulesilencieusement.

Jenelavoismêmepasvenir.Sonpetitpoingminusculeatterritsurmonnez.Desfillesm’ontdéjàgifléauparavant,mais jenem’étaisencore jamaisprisuncoupdepoingdans la figure.Putain,ça faitmal.Legoûthumide,cuivreuxdusangglissesurmeslèvresetjel’essuie.Monnezcoule.Paulmedonneuneservietteetinclinematêteenarrière.

Putain,çafaitmal.Ilpresselaserviettesousmonnezmaisjenepeuxpasvoirsabouchenisesmainsàtraverslaserviette,doncjenesaispass'ilmeparle,ous'ilestjusteentrainderiredemoi.Ilsoulève la serviette mais le sang ruisselle toujours sur mes lèvres. Je la vois debout là pendant uneseconde,sespoingsserrésàsescôtéspendantqu’ellemeregardesouffrir.

Merde,çafaitmal.Puis elle s’éloigne, chaussée de ses bottes noires. Je veux l’appeler pour qu’elle reste. Je lui

diraisquejesuisdésolé,maisjenepeuxpas.Jenepeuxpaslarappeler.Jecommenceàmerelever,maisPaulmepousseenarrièresurlachaise.Assieds-toi,ilsigne.Jepensequ'ilpourraitêtrecassé.

Jevoisunmorceaudepapiersurleplancheretilestfroissé.Jereprendslaservietteetl'appuiecontremonnez,pointantlemorceaudepapierdudoigt.Illeprendetleregarde.«C’estellequialaissétomberça?»demande-t-il.

J’acquiesce.Lepapieresthumide,sespaumesétaientensueur. Je ledéplieetbaisse lesyeux.C'est un dessin complexe et il est difficile de comprendre sa signification. Je vois une guitare et descordescasséesquidépassent.Auboutdescordessetrouventdespetitesfleurs.Jeretourneledessin,touten maintenant la serviette sous mon nez. Paul la remplace par une serviette propre. Mon nez saigneencore.Putain.Jeregardelesfleursdeplusprès.Avraidire,cenesontpasdutoutdesfleurs.Cesontdesmanillesminuscules.Commedesmenottes,maisenplusmédiéval.Laplupartdesgensverraientdelabeautédanscedessin.Maismoi,jevoisdeladouleur.Jevoisdeschosesqu'ellevoudraitprobablementquepersonnenevoit.

Merde.J'aivraimentfoiré.Maintenant, jeveuxplusquetoutsavoircequesignifiece tatouage.C'estévidemmentbienplusqu’unjolidessin.Toutcommeellepourraitêtrebienplusqu’unjolivisage.Ouellepourrait trèsbiennepas l’être.Ellepourraitêtreunesalopeavecunboncrochetdudroitquimangeraitmestesticulesaupetitdéjeunersijelaregardaismal.

Jeretourneledessinetbalaielesalonduregard.Ilesttardetonn’attendaucunclient.Jedonneuncoupdepoingàl’épauledePauletluimontreledessin.Puisjeluiindiquel'intérieurdemonproprepoignet.C'est le seulendroit surmonbrasentierquin'estpasencore tatoué. J'aides tatouagespartoutparcequemesfrèresenontfaitsurmoibienlongtempsavantquecenesoitlégal.

Non,signePaulencollantsestroispremiersdoigts.Tuasperdulatêtesitupensesquejevaisfaireçasurtoi.

Ilmarcheversl'avantdelaboutiqueoùsetrouveFriday.Ilaessayédeselafairedepuisqu'elleacommencécheznous.C'estdommage,elleaunepetiteamie.

Je sorsmonmatériel. J'ai déjà fait des tatouages plus complexes surmoi-même. Je peux fairecelui-ci.

Ilrevientàl’arrièredumagasinoùjesuisentraindem’installer.«Jevaism’enoccuper,»dit-il.«Tul’auraisfaittoi-mêmesinon,avecousansmonaccord.»

Jebrandisundoigt.Unchangement.«Queveux-tuchanger?»Ilregardeledessinetsessourcilssefroncentpendantqu’ilexamine

les formes et les couleurs, lesmenottes, la guitare et les épines. Et jeme demande s'il voit aussi satristesse.C'est unputainde truc, il signe. Il signe beaucoup lorsque nous sommes ensemble tous lesdeux.J’ensuisplutôtravi.C'estcommesinousparlionslamêmelanguequandnoussommesseuls.

Jehochelatête,etjecommenceàpréparermonbrasavecdel'alcool.

EmilyÇa fait deux jours que j'ai frappé ce trou du cul dans le salon de tatouage etmamainme fait

encore mal. J'ai joué dans le tunnel du métro de Central Park et ce n’est pas aisé avec une maindouloureuse.Maisc’estundemesendroitspréférésparcequelesenfantss'arrêtentpourm'écouterjouer.Ilsaimentlamusiqueetçalesfaitsourire.Lesourire,c'estquelquechoseappartenantàmonancienneviequej’aimisdecôté.Jesourispeuetcen’estdetoutefaçonpasquelquechosequej’appréciebeaucoup.Mais j’aime quand les enfantsme regardent avec leur innocence et qu’ilsme sourient. Il y a tant depromessesurleursvisages.Celamerappellequej’étaiscommeeux,ilyafortlongtemps.

J’envisagedechanteraujourd'hui.Jenelefaispasàchaquefoisquejejouemaisjesuisvraimentfauchée.Plusj’attirerail’attention,plusjeramèneraid’argentàlamaison.Enfin,lamaisonestuntermerelatif.Ellesetrouvelàoùjepourraidormirlanuit.

Jesuisassisesurlesoldecimentfroiddutunnelavecmonétuideguitareouvertdevantmoi.Al’intérieur,ilyaquelquespiècesetunepetitevieilledames'estarrêtéeilyaquelquesminutesetyajetéunbilletde5dollarspendantquejejouais«BridgeOverTroubledWater.»Lesvieillesdamesaimentcettechansonengénéral.Ellesn'ontpasconnuleseauxtroubles.

Je porte également ma tenue d'écolière, parce que ça attire plus facilement l’attention deshommes.C'estunejupecourteàcarreauxetunhautàmanchescourtesàrayuresnoiresquimevacommeungant.Lesfemmesnesemblentpasladétesteretleshommesadorentça.J’aisûrementobtenubeaucoupd'attentiondecetabruti ilyadeux jours.Jedoisadmettrequ’ilétaitcanon. Ilavaitdesépaulesassezlargespour rempliruneembrasuredeporteetuncrâneparsemédebouclesblondes. Il s'estdressédemanièreimposantedevantmoiquandils'estlevédecettetableavecaumoinsunetêtedeplusquemoi.Ses tatouages remplissaient tout l'espace vide qu’il y a d'habitude sur les avant-bras, et c’était plutôtattirant. Il s’est fait tatouer des lèvres sur son bras gauche et j'ai voulu lui demander à qui ellesappartenaient.Etaient-elleslàpourserappelerquelqu'un?Unpremierbaiser,peut-être?Ouont-ellesenquelquesorteunesignificationsimilaireautatouagequej'aivoulufaire?

J'avais laissé tomber ledessindemon tatouageenquittant le salon, cequime faisaitvraimentchier.J'aipenséquejel’avaisdanslamain,etquandjemesuisarrêtéepourreprendremonsouffle,ilavaitdisparu.Jem’attendaispresqueàcequecetrouduculmesuive,maisilsaignaittoujoursquandj’aiquittélesalon.

Jesensdenouveauladouleurdansmamain.Unpetitgarçonauxcheveuxfilassess'arrêtedevantmoi,samainpleinedepiècesdemonnaie.C’estunhabituéetsamères’étaitarrêtéepourprierdevantmoiladernièrefois,jedécidedoncdechangermachansonen«JesusLovesMe.»Jésusnem’aimepas.S'ilm’aimait, ilnem'auraitpas faitecomme jesuis. Ilm'aurait faitenormale.Lamèredupetitgarçonchanteenrythmeavecmamusiqueetilenfouitsonvisagedanssesjambes,l'étreignantfermementpendantqu’ellechante.Quandlachansonestterminée,illaissetombersapoignéedepiècesdemonnaiedansmonétuiàguitare,etlebruitsourddechaquepiècesefaitaussisilencieuxqu'unchuchotement.

Jenedisjamaismercinineparleauxenfants.Jeneparlepasauxadultes,àmoinsqu'ilsnemedemandentquelquechoseenparticulier.Jejouejustemamusique.Parfoisjechante,maisjen'aimepasvraimentattirerautantd'attentionsurmoi.Saufaujourd'hui,jedoislefaire.J’avaiséconomisétroiscentsdollarsquidevaientpayerunendroitpourdormirainsiquecetatouagedontjepensaisavoirbesoin,maisquelqu'unlesavoléspendantquejedormaisaurefugelanuitdernière.J'avaisfaitl'erreurdem’endormiravec l’argentdansmapocheau lieude lemettredansmonsoutien-gorge.Quand jeme suis réveillée,l’argentavaitdisparu.Jenecomprendspaspourquoi ilsn'ontpasprismaguitare.Probablementparcequejedormaisavecelledansmesbras,agrippéeàellecommeàunebouéedesauvetage.

Jeregrettedenepasavoirfaitmontatouagehier.C'étaitunedépenseinutile,maisc'étaitmondix-

neuvièmeanniversaireetçafaisaitlongtempsquepersonnen'avaitrienfaitpourmoi.C’étaituncadeauquejemefaisais,toutenessayantdemelibérer.Maisoùavais-jelatête?Jeneseraijamaislibre.

Cette ville est ingrate. Sans-cœur. Elle ne ressemble en rien à l’endroit d'où je viens. Maismaintenant,c’est lamienne. J'aime lebruitde lavilleet lepaspressédesgens. J'aimecettediversitéethnique.Jen'avaisjamaisvuautantdecouleursdepeau,deformesdevisageetdecarruresdifférentesquedepuisquejesuislà.

Unepetitefilletendsamainpoteléepourtouchermescordesetjesourisetinterceptesamainenlaprenantdanslamienne.Sesmainssontdoucesetunpeuhumidesparcequ’elleasortisesdoigtsdesabouchequelquesminutesplustôt.JejoueavecsesdoigtstandisquejefaisunOavecmabouche.

Samèrefrappesamaind’uncoupsec,repoussantsonavant-brasetlesyeuxdelapetitefilleseremplissentimmédiatementdelarmes.Vousn'aviezpasàfaireça,mesemble-t-il.Ellenevoulaitfaireaucunmal.Maislamèreentraînel'enfantquipleureavecelleverslemétroetlaportequandellenesedéplacepasassezvite.

Jedistingueunepetitefouleentrelesarrivéesdemétro,etunhommemecrie:«Tuprendsdesdemandes?»

Jehochelatêteetcontinueàsourire,jouantdetoutcœur.Ilcrie,«jepensequetudevraissucermabitealors.»Undesescopainsluidonneuncoupdepoingdansl'épauleetilrit.

Cen’estqu’unétudiant.Samèreneluiajamaisenseignélesbonnesmanières.Jelaissemesyeuxparcourirlafouleetpersonnenelecorrige.Alors,jecommenceàjouer«AlltheWishingintheWorld»deMattMonroe.L’ironieéchappeàcebourrinetilss'éloignentquandleurtrainarrive.

Laplate-formeseremplitdenouvellespersonnesdescendantdutrain,jechangedoncderegistreetreviensàdeschansonsplusfamilières.L'argent tombedansmonétuiet jevoisflotterunbilletd’undollar.Jehochelatêteetsourispendantquelapersonnepasse,maisellenemeregardepas.Unegrandepaire de bottes de travail éraflées s’arrêtent à côté demon étui. Je les regarde pendant uneminute etremontejusqu’aujeanuséetaut-shirtbleuquiesttenduentraversdelargesépaules.Etjetombesurlesmêmesyeuxbleucielquel'autrejour.Mesdoigtssefigentsurlescordes.Jetressaille.Sesyeuxsefixentsurmoi,maisilnepeutpasremarquermonerreur,n’est-cepas?Satêteestinclinéesurlecôtéetjeluitourneledos.

Mon derrière est gelé et mes jambes me font mal à force d’être restée assise sur le sol silongtemps.Maisjen’aipasd'autreendroitoùaller.Mestroissemainesaurefugesesontterminéeshier.Alors,jedoistrouverunnouvelendroitoùdormircesoir.Jeregardedansmonétui.Ilyaassezlàpourledîner—maispaspourautrechose.Jecontinuedoncàjouer.

Cesbottessedéplacentdetellesortequ'ilsetrouveenfacedemoi.Jeregardedel’autrecôté,partout,saufverslui.Maisensuite,ils’assoitenfacedemoi,lesjambescroiséespourmefaireface.Ilaunpansementsurl’arrêtedesonnezetjemesensfière,dansunsens.Ilyatrèspeudechosesquejepeuxcontrôlerdansmavie,etquelqu'untouchantmoncorpsestl'uned'entreelles.Jedisquand.Jedisoù.Jedisavecqui.ToutcommedansPrettyWoman.Seulement,Stuckyn’auraitaucuneemprisesurmoi.Jeleremballeraisbienasseztôt.

Legarsdusalondetatouagesepenchesurl’unedesespochesdejeanafindepouvoirsortirsonportefeuille,etiljettedansmonétuiunevingtainededollars.Ilneditrien,maisilmontremaguitareenhaussantsonsourcil.Jenesaispascequ'ilveutetilnepeutpasmeledire,alorsjelefixe.Jeneveuxpasprendreencomptesaprésence,maisilestassisavecsesgenouxàuncentimètredesmiens.

Commejenerépondspas, ilmetunemainsurmaguitare.Ilmepointedudoigtetfaitminedejouerdelaguitare.Jemerendscomptequej'aiarrêtédejouer.Maisilamisunevingtainededollarsdansmonétui,doncjesupposequejeluiendoisune.Jecommenceàjouer«I'mJustaGigolo.»J'adorecemorceauetj’adorelejouer.Aprèsuneminute,sessourcilsserapprochentetilpointeversseslèvres.

Jesecouelatêteparcequejenesaispascequ'ildemande.Soitilveutquejel'embrasse,soitj'ai

quelque chose surmonvisage. Je passe le dos demamain surmes lèvres.Ce n’est pas ça.Et il n’aaucunechancequel’autrescénarioseproduise.

Ilsecouelatêterapidementetsortunpetittableaublanceffaçabledesonsacàdos.Chante,écrit-il.Jedoismeconcentrerintensémentpourréussiràlirecequ’ilécritsurletableau,etilyatropde

distractionsici,alorsjeneveuxplusqu’ilécrive.Jesecouejustelatête.Jeneveuxpasl'encourageràcontinueràécrire.Jepeuxlirelemotchante,maisjenepeuxpastoutlire.Ouriendutoutmême,parfois.

Ilbranditsamainjusqu'àsaboucheetétendsesdoigtscommequelqu'unquiveutvomir.Jereculemonvisage,maisjecontinueàjouer.

Pourquoiveut-ilquejechante?Ilnepeutpasentendre.Maisjecommenceàchanterdoucement,malgrétout.Ilsouritetacquiesce.Etpuisilritquandillitlesparolesdelachansonsurmeslèvres.Ilsecouelatêteetm’encourageàcontinuer.

J'aioubliéqu'ilpouvaitliresurleslèvres.Jepeuxluiparler,maisilnepeutpasmerépondreenretour. Je joue jusqu'à la fin de la chanson et des gens s’arrêtent pourm’écouter. Peut-être devrais-jechanteràchaquefois.

Ilécritquelquechosesurletableau.Maisjeleretourneetleposesurlebéton.Jeneveuxpasluiparler.J’aimeraisqu'ils’enaille.

Illèvesespoings,maispasl’airdedire«jevaist’assommer»maisplutôt«qu'est-cequejevaisbien pouvoir faire de toi ». Ilme fait signe de continuer à jouer. Ses doigts se posent surma guitarecommes’ilressentaitvraimentlesvibrationsdecelle-ci.Maiscesurquoiilestleplusconcentré,c’estmabouche.Ç’enestpresqueagaçant.

Unflics'arrêteàcôtédenousetseraclelagorge.Jemepressepourrassemblermonargentpuisjelemetsdansmapoche.J'aigagnéenvirontrente-deuxdollars.C'estplusquecequej’avaisquandj’aicommencé.Jeremballemaguitare,etMonsieurBeauxYeuxBleusmeregardedetravers.Ilressembleàquelqu'unàquionauraitvolésonjouetpréféré.

Ilcommenceàgriffonnersurletableaumaisjemesuisdéjàéloignée.Ilmesuit,tirantsurmonbras.J’aitoutesmesaffairespersonnellesdansunsacentoilesurmon

épauledroiteainsiquemonétuiàguitaredansmamaingauche.Doncquandilmetire,celamerenversepresque.Mais ilme retient, faitglisser le sacdemonépauleenunmouvement rapideet lemet sur lasienne.J’essaiedeleluireprendre,etilretiremesdoigtsdelasangleavecunegrimace.Maispourquoiest-cequ’ilfaitça?

«Donne-moimonsac»,dis-jeenplantant fermementmespiedsdans le sol. Je suisprêteà lefrapperànouveausinécessaire.Maisilsourit,secouelatêteetcommenceàs'éloigner.Jelesuis,maisparvenir à l’arrêter c’est comme essayer d’arrêter un rocher qui roule une fois qu'il a commencé sadescente.

Ilcontinuedemarcheravecmoiaccrochéeàsonbrastelleunsingeenpelucheavecduvelcroauboutdespattes.Maisensuiteils’arrête,etilentredansunsnackducentre-ville.Jelesuisetils’assoitàune table etmetmon sac sur le banc, à côté de lui. Ilmemontre l'autre côté du banc. Il veut que jem’asseye?Jel'aifrappédanslenezilyadeuxjoursetmaintenantilveutdîneravecmoi?Peut-êtrequ'ilveutjusterécupérersesvingtdollars.Jemetsmamaindansmapocheetsortlesbillets.Ilaleslèvrespincéesetlesmainsenl’air,pointantànouveaulesiègeenfacedelui.

L'odeurde laviandeme frappeet je réaliseque jen'aipasencoremangéaujourd'hui.Pasunefois.Monestomacgargouillebruyamment.Dieumerci, ilnepeutpas l'entendre. Ilpointeànouveau lebancdudoigtetprendmaguitare,lafaisantglissersouslatable.

Jem'assoisetilregardelemenu.Ilmelepasse,etjesecouelatête.Sessourcilssedressent.Laserveuses'arrêteetdit:«Quepuis-jefairepourvous?»

Ilindiquelemenu,etellehochelatête.«Commed’habitude,Logan,»dit-elleavecunclind'œil.

Ilsouritenretour.Ils’appelleLogan?«Quiestvotreamie?»luidemande-t-elle.Ilhausselesépaules.Ellevoitlesbandagessursonnez.«Qu'est-ilarrivé?»demande-t-elle.Ilm’indiqueet faitminedesefrapper levisageavecsonpoing,mais ilsourit lorsqu’il lefait.

Ellerit.Jenepensepasqu'ellelecroit.«Quepuis-jepourvous?»medemande-t-elle.«Qu'avez-vousdebonàmangerici?»réponds-je.«Tout.»Ellesemordillelalèvrependantqu’ellemeparle.Ellenel'apasfaitquandelleaparlé

àLogan.«Qu'as-tupris?»demandé-jeàLogan.Ilregardelaserveuseetbatsesépaiscilsquivoilentses

yeuxbleus.«Hamburgeretfrites,»medit-elle.Dieumerci.«Jeprendraislamêmechose.»Jelepointedudoigt.«Etilpaie.»Jeluisouris.

Ellen'apasl'airamusée.«Etunsodacitron,»j'ajouteàladernièreminute.Illèvedeuxdoigtsquandjedissodacitron.Ellehochelatêteetgriffonnesursoncalepin.«Additionsséparées?»demande-t-elleàLogan.Ilpointedudoigtsontorseetellehochelatêteenrepartant.«Ilsteconnaissentici?»demandé-je.Ilacquiesce.Laserveuserevientavecdeuxsodascitron,deuxpaillesetunboldechips.«C’estlamaisonqui

régale»,dit-ellependantqu'ellenoussert.Jemejettedessuscommesijen'avaisjamaisvudenourritureavant.Maintenantquej'ypense,je

nemesouvienspassij’aimangéhier.Parfois,c'estcommeça.Jesuistellementoccupéeàsurvivrequej’oubliedemanger.Oualorsj’ypense,maisjenepeuxpasmelepermettre.

«Commentvavotrefrère?»demandetranquillementlaserveuse.Ilgriffonnequelquechosesurletableauetleluimontre.«Lachimiopeutêtredifficile»,dit-elle.«Dites-luiquenousprionspourluis’ilvousplaît.»

demande-t-elle.Ilhochelatêteetelleluipressel’épauleavantdes’éloigner.«Tonfrèreauncancer?»demandé-je,unpeubrutalement.Jenem’ensuispasrenduecompte

avantdem’entendreparler.Sonvisagesefroisseetilhochelatête.«Est-cequ'ilvabien?»demandé-je.J’arrêtedemangeretregardesonvisage.Ilhausselesépaules.«Oh,»dis-je.«Jesuisdésolée.»Ilhochelatête.«C'estlefrèrequej'airencontré?Ausalondetatouage?»Ilsecouelatête.«Combiendefrèresas-tu?»Illèvequatredoigts.«Plusâgés?Oumoins?»Il pose sa main au-dessus de sa tête et me montre deux doigts. Puis l’abaisse, comme pour

signifierunepersonnepluspetitequeluietmemontredeuxdoigts.«Deuxplusâgésetdeuxplusjeunes?»demandé-je.Ilacquiesce.Jevoudraisluiposerplusdequestions.Ilécritquelquechosesur le tableau, jesoupirefortementet jettematêteenarrièreensignede

défaite.C’estde la torture. Jepréfèreraisquequelqu'unm’arrache lesdents avecunepairedepinces

plutôtquedelirecequ’ilécrit.Maissonfrèreauncancer.Lemoinsquejepuissefaireestd'essayer.Jeregardeetlesmotssontflouspourmoi.J'essaiedelesdéchiffrer,maisc'esttropdur.Jepousse

letableauverslui.Ilrétrécitsesyeuxsurmoietnettoieletableau.Ilécritunmotetl’entoure.Toi,écrit-il.Ilmemontredudoigt.Jemepointedudoigt.«Moi?»Ilhochelatêteetnettoieletableau.Ilécritunmotetmelemontre.«Jenepeuxpas»,dis-je.Il hoche la tête et écrit un autre mot. Il espace les lettres assez pour qu'elles ne soient pas

mélangéesdansmatête,maisc’estencoredifficile.Meslèvresfaiblissentsurlederniermotmaisjedis,«Lire».Puisjemerendscomptequejelui

aiditquejenesavaispaslire.«Attends!Jesaislire!»Jeproteste.Ilécritunautremot:Bien.Ilsaitquejepeuxlire.Unsoupirs’échappedemabouche.«Jesaislire,»jeluirépète.«Jene

saispasbienlire,mais...»Jelaissemesmotss’estomper.Ilhochelatêterapidement,commes’ilmedisaitqu'ilcomprenait.Ilmepointedudoigt,puisla

carte,déplaçantdeuxdoigtssurellecommeunepaired’yeux,puisillèvesonpouce.Moncœurbatsivitequ'ilm’estdifficilederespirer.J’ailucesfichusmots,n’est-cepas?«Au

moins, je sais parler ! » dis-je. Je veux retirer cesmots immédiatement après qu’ils aient quittémeslèvres,maisc’esttroptard.Jeplaquemamainsurmeslèvreslorsquesonvisages’assombrit.Ilsecouelatête,semordlalèvreetselève.«Jesuisdésolée»,dis-je.Jelesuis.Jelesuisvraiment.Ils'éloigne,maisilneprendpassonsacàdosaveclui.

Alorsqu’il s’éloigne,unhommeapprochede la table.C’estunbelhommenoiravecdebeauxcheveuxnaturels,dresséssursoncrâne.Toutlemondel'appelleBonemaisjenesaispass’ils’agitdesonvrainom.Jesaisjustequ'ilestsourced’ennuis.Toutlemondelesait.

«Quiestcetidiot,Kit?»demande-t-il.Lesgensdanscettevillequimeconnaissentm’appellentKit. Ҫ anepourraitpasêtreplusloindemonvrainom.

«Ce ne sont pas tes affaires, » dis-je, prenant une gorgée demon soda citron. Je remplismaboucheavecunegorgéeetj'espèrequ'ils'eniraavantqueLogannerevienne.Etj'espèrevraimentqu’ilreviendrapourquejepuisseluiprésenterdesexcuses.

Logan se glisse de nouveau à table. Il regardeBone et ne le prend pas en considération. Il leregardejuste.

«Tuasunendroitpourdormircesoir,Kit?»demandeBone.«Ouais,»réponds-je.«Toutvabien.»«Jepourraisavoirbesoind’unefillecommetoi»,ditBone.«Jevaisgardercelaàl'esprit.»Iln’estjamaisbond’énerverBone.Ilrepart.«Tuvasbien?»demandé-jeàLogan.Ilhochelatête,repoussantlesbouclesdesonfront.«Jesuisdésolée,»luidis-je.Etjelepense.Jelesuisvraiment.Ilhochelatêteànouveau.«Cen’estpastafautesitunepeuxpasparler.Et...»Mavoixs’adoucit.Jen’aijamaisparléà

quiconquedecesujet.«Cen’estpasmafautesijenesaispasbienlire.»Ilhochelatête.«Jenesuispasstupide»,mehâté-jederajouter.Ilhoche la têteànouveauet agite sesmainspourme faire taire. Ilmetundoigt sur ses lèvres

commepourmediredemetaire.«D'accord,»jegrogne.

Il écrit sur le tableauet jegémis. Jedéteste faireça,mais jenepeuxpas lecomprendre.« Jedevraisyaller,»dis-je.Jeprendsmonsac.

Ilprendletableauetlemetdanssonsacàdos.Ilcomprend,jepense.Jepréféreraisjoueraujeudesvingtquestionsplutôtqued’essayerdeliredesmots.

Il ouvre sa bouche et j'entends un bruit. Il s'arrête, serre les dents, puis un bruit comme unmurmuredansunecavernesortdesabouche.

«Tupeuxparler?»Jedemande.Ilm'amiseàl’épreuvedelirealorsqu’ilpeutparler?Ilsecouelatêteetsemordleslèvres.Jemetaisetattends.«Peut-être»,dit-il.Savoixestcalme

etdouceetsesconsonnessontaussilissesquesesvoyelles.«Ilsuffitdeneledireàpersonne.»Jedessineunecroixsurmoncœurquidébordedequelquechosequejenecomprendspas.«Comment t’appelles-tu?»demande-t-il. Il signependantqu'il ledit.C'esthésitant, et ildoit

s'arrêterentrelesmots,commequandjelis.«Lesgensm’appellentKit,»luidis-je.Ilsecouelatête.«Maisquelesttonnom?»demande-t-ilànouveau.Jesecouelatête.«Non.»Il hoche la tête à nouveau. La serveuse apporte les hamburgers et il lui sourit. Elle serre son

épauleànouveau.Aprèsqu’ellesoitpartie,jeluidemande:«Pourquoimeparles-tu?»«Parcequej’enaienvie.»Ilpousseunsoupiretcommenceàmangersonhamburger.«Tuneparlesàpersonned’autre?»Ilsecouelatête.«Jamais?»Ilsecouelatêteànouveau.«Pourquoimoi?»Ilhausselesépaules.Nousmangeonsensilence.Jesuisplusaffaméequejenelepensaisetjevidemonassiette.Ilne

dit riend’autre,mais il terminesanourriturepuispoussesonassiettesur lebordde la table. Ilmet lamienneau-dessusdelasienneetregardelaserveusepar-dessussonépaule.Jesuispresquedésoléequele repas soit terminé.Nous avons partagé un silence sans gêne pendant plus d'une demi-heure. J’aimebien.

Ilattire l'attentionde la serveuseet lèvedeuxdoigts. Ildemandedeuxadditions. J'auraisdû lesavoir. Je sorsmon argent dema poche. Il pose et ferme samain sur lamienne et secoue la tête. Laserveuseréapparaîtavecdeuxénormespartsde tarteauxpommes.Jen’aipaseude tarteauxpommesdepuismondépartde lamaison.Les larmesmepiquent lesyeuxet jenesaispascomment lesarrêter.«Merde,»medis-je.

Ilsepencheetessuiemesyeuxavecdouceur.«C'estjusteunetarte,»dit-il.Jehochelatêteparcequejenepeuxpasparleraveclagorgenouée.

LoganSonmascaracoule sur ses joues, je l’essuieavecmespouceset je ressuiemesmains surmon

jean.Ellepleure,maisjenesaispaspourquoi.Jeveuxluidemander,maisj'aidéjàtropparlé.Jen'avaispasparlédepuismestreizeans.C'était ilyahuitans.J’aiessayépendantuncertain

temps,maismêmeavecmesappareilsauditifs,j’avaisdumalàm'entendre.Aprèsquelesenfantssurleterrainde jeum’aient taquinéàproposdemavoixdegrenouille, j’ai fermémaboucheetne l’aiplusjamais rouverte jusqu’àaujourd’hui. J’aiappris trèsviteà lire sur les lèvres.Biensûr, ilm’arrivedeloupercertainsdétails.Maisj’arriveàsuivre.Laplupartdutemps.

Maislà,jenecomprendspas.«Pourquoileslarmes?»demandé-je,pendantqu’elleprendunebouchéedesatarte.Ellerenifleseslarmes,mesouritethaussesesépaules.Cettefois,c'estellequineparlerapas.

Putain, si la tarte la fait pleurer, jemedemande cequequelque chosedevraiment romantiquepourraitluifaire.C’estunefillequiméritedesfleursetdessucreriesettouteslesbonneschosesquejenepeuxpasmepermettre.Maiselleaimemeparler.Jenepeuxêtresûrquedeça,doncellen’estpasavecmoisimplementparcequejeneveuxpasluirendresonsacàdos.

Elle me pose une question la bouche pleine, alors j'attends une minute. Elle avale, me sourittimidementetdit:«Es-tunésourd?»Elleindiquemonoreille.

Jepointemonoreilleetmajoue,luimontrantlesignepourlessourds.Jesecouelatête.« Quel âge avais-tu lorsque c’est arrivé ? » Ses sourcils se froncent et elle est sacrément

mignonne.Jeveuxl'embrasser.Jefaislesignepour«trois»etluidonneunpetitcoup.«Trois?»demande-t-elle.Jesecouelatêteetlefaitdenouveau.Ellenecomprendtoujourspas.Jemetsundoigtdevantles

trois,etelledit,«Treize?»J’acquiesce.«Qu'est-ilarrivéquandtuavaistreizeans?»«Unenuit de forte fièvre, » dis-je, essuyantmon front, comme si j’étais en sueur, en espérant

qu'ellecomprendra.Elle ouvre la bouche pour me poser une autre question, mais je lève un doigt. Je fais un

mouvementdeva-et-viententrenous,enluidisantquec’estàmontourdeposerdesquestions.Je ne sais pas trop comment mimer celle-ci afin qu'elle puisse comprendre, alors je dis très

doucement,«D'oùviens-tu?»Ellesecouelatêteetdit,«Non.»Jefaisminedelasupplier.Elleritetditnonànouveau.Jenedoutepasqu'ellesoitsérieuse.Ellenemeledirapas.Jesens

quejepourraismemettreàgenouxpourlasupplierqu’ellerefuseraittoujoursdemeledire.«Alors,Kitdenullepart,»dis-je.«Mercidedîneravecmoi.»«Commentdit-onmerci?»demande-t-elle.«Montre-moi.»Elleme regarde, ses yeux brillants d'excitation. Je luimontre le signe et elle le répète. Je te

remercie,ellefaitlesigne.Etmoncœurs’emballe.Puiselleregardesonsacàcôtédemoietdit,«Jedoisyaller.»

Jehochelatêteetmelèvepuisjemetsmonsacàdosetjettesonsacsurmonépaule.«Jevaisprendreça»,dit-elleenramassantsonétuiàguitare.Avant de partir, je jette quelques billets sur la table et fait signe à Annie, la serveuse. Elle

m’envoie un baiser. Kit me suit, mais Annie ne lui envoie pas de baiser. Je ris en y pensant. Annie

m’adoreet elleconnaîtma familledepuis longtemps,bienavant lamortdenotremèreet ledépartdenotrepère.

Jem’arrêtequandnoussortonsdanslarueetallumeunecigarette.Kitsegrattelesnarines,maisjelefaisquandmême.Jetireunebouffée,laluimontre,pinceleborddelacigarette,laissantlesbraisestombersurlesoletlajettedansunepoubelleàproximité.Quelgâchis.Maisjepeuxdirequ’ellen’aimepasça.Mesfrèresnonplusd’ailleurs.Aumoins,ilsserontenbonnecompagniemaintenant.

Elle tend lamain pour que je lui rende son sac et je la place sous la lumière de la rue pourpouvoirlireseslèvres.

«Oùhabites-tu?»demandé-je.«Jevaisteraccompagnercheztoi.»Elle semble confuse pendant uneminute. Elle balaye la rue d’un coup d’œil. Les voitures s’y

précipitentetellemeregardecommesielleétaitsoudainementperdue.«Jevisdanslequartier,»dit-elle.«Rends-moimonsac.»Cettefois,elletapedupiedetme

jetteunregardmauvais.Ellefaitminedem’envouloir.Jem’approched'elle parceque j’ai peurquequelqu'unque je connaismevoie lui parler sans

signer.Mesfrèresseraientblesséss'ilssavaientquejepeuxparlermaisquejechoisisdenepaslefaire.Jeleurlaissecroirequej’aiperdulacapacitédeparler.«Tunepeuxpasrentrerseulecheztoi.Cen’estpasprudent.»

Ellemefusilleduregard.«Jenevaispasteramenerchezmoi,pervers,»dit-elleenessayantdereprendresonsac.Maisjenelalaissepasfaire.Elleestminusculeetjenelesuispas.Jegagne.Ellelèvesonpoingetlà,jesaisquejesuisdanslepétrin.

«Jeneveuxpascoucheravectoi,»dis-je.«Jeveuxjustem’assurerqueturentrescheztoientoute sécurité ». Je lèvemesmains, faisantmine deme rendre. Je dessine une croix au centre demapoitrine,commeellel'afaitavantetdis,«Promis».

Ilestunpeutard.Ilfaisaitdéjànuitlorsquenousavonsquittéletunneldumétro.Maintenant,ilestvraimenttard.Tellementtard,qu’ellenedevraitpasêtreseuledanslesrues.Particulièrementdanscequartier.C’estmonquartier,jesuisparfaitementensécuritéici.Maisellen’estpasd'ici.Jepourraislediresansjamaisavoirentendusavoix.Ellen’estpasdemonmonde.

Jemetsmesdoigtsverslebasetprétendsquequelqu’uns’approche.«Allons-y,»dis-je.Ellesetientlàetcroisesesbrasdevantelle.«Non.»Ilyaunechosequejesaisdéjà,c'estquecettegonzesseveutdirenonquandelleditnon.Soudain,legarsdusnack,celuiqu'elleaappeléBone,s’approchedenous.«Besoind'aide,Kit

?»demande-t-il.Seslèvressontsombresdanslanuitetjepeuxàpeinelesvoir.MaisjepeuxvoircellesdeKit.

Elleluisouritetjesaisquecen’estpassonvraisourire,carsonsouriremettraitunhommeàgenouxetelleluidit:«Nonmerci».

«C’esttonmecpourlanuit?»demande-t-il.Ellemeregardeetfaitunpasenavant,promenantleboutdesesdoigtssurmapoitrine.Jebande

immédiatementetjeprendssamaindanslamienne.Ellesursautependantuneseconde,maisjecouvresamaindelamiennel'appuyantcontremoncœur,serréeetensécurité.Ellelèvelesyeuxversmoietbatlescilsdesesbeauxyeuxbruns.Jen’avaispasréaliséàquelpointilsétaientsombres,maisilssontpresquenoirsdansl'obscurité.«C’estmonmec»,dit-elle.Maisjepeuxdirequ'elleluiparleàluietnonàmoi.

Lespoilssedressentsursesbras, lesmiensaussi.Maisc’est sansdoutepourdes raisons trèsdifférentes.

Bones’éloigne, regardant sonculpar-dessus sonépaule lorsqu’il ladépasse. Jeveuxplusquetoutluifoutremonpoingdanslagueule.Maisj'ail'impressionqueceneseraitpasunebonneidée.

«Jesuistonmec?»luidis-je.Ellesedégonfleetenlèvesamaindemapoitrine.«Ilestparti,»dit-elle.Ellereprendsonsacde

mon épaule et lemet sur la sienne.Elle se dresse sur la pointe des pieds etm’embrasse la joue, seslèvress'attardanttrèsbrièvement.Jeveuxtournerlatêteetattraperseslèvresaveclesmiennes,maiselles’enfuirait si je le faisais. J’en suis sûr.Je te remercie, elle signe.Mon cœur bondit quand je réalisequ’elleparlemalangue.Jeviensjustedelaluiapprendre,maistoutdemême.

«Oùvas-tu?»demandé-je.«À lamaison,»dit-elleavecunhaussementd'épaules.Puiselle tourne les talonsetme laisse

planté là. Je sors une nouvelle cigarette, l'allume et je la regarde s’éloigner. Elle ne regarde pas enarrière.Sonsacnoirrebonditcontresajambe,etsonétuideguitareestdanssonautremain.Ellesevoûtecontrelevent.Est-cequ'elleaunmanteau?Jeregrettedenepasluiavoirdonnélemien.

Jelasuis.Jenepeuxpasm'enempêcher.Jedoissavoiroùelleva,oujeneseraipasenmesuredelaretrouver.Sanscompterquelalaisserseuledanslanuitdanscettevillemefaitunepeurbleue.Ellen’estpasassezfortepourcetendroitoucontrecesgens.Ouais,ellem'afrappéeauvisagequandellem'arencontré,mais j’ai cebesoin irrépressiblede laprotéger.Si je la laissepartir, jenepourrais jamaissavoircequesignifiecetatouagepourelle.Etj’aibesoindelesavoirpuisqu’ilestdésormaissurmonbras.Jepourraispeut-êtrelaretrouverdansletunneldumétrodeCentralPark.J’airéaliséquandjel'aivue aujourd'hui que ça doit être la raison pour laquelle elle m’avait l'air si familière. Je l'ai vuedéambulerdanslemétro,jouantdanslaruepourdel’argent.

Elletraverselarueetsedirigeversl’anciennebanque,cellequiaététransforméeenunrefugepourlessans-abriilyaquelquesannées.Ilyadesgensenrangàl'extérieuretellelesrejoint.Ellen'aaucun endroit oùpasser la nuit. Sérieusement, elle va à un refugepour sans-abri ?Mais avant qu'ellepuisse rentrer à l'intérieur, ils ferment et verrouillent les portes. Les personnes en rang se lèvent etprotestent,maislerefugedoitêtrecomplet.

Elle rejette sa tête en arrière, ses longs cheveuxnoirs tombants encoreplusbas, atteignant sesfesses.Elleestfrustrée,jepeuxledeviner.Maiselleneseplaintpas.Elleprendsonétuietcommenceàdescendrelarue.Ilyaunautreabriàquelquespâtésdemaisons,maisjesupposequ’ilestdéjàpleinluiaussi.Lesabrisontsurgiicidenulle-partcommedesfast-foodslorsquelavilleacommencéàchanger.Maisilyatropdesans-abrietpasassezdeplacepoureux.

Je la suis, terminantmacigarette enmême temps.Mais au lieud'aller auprochain refuge, elles’arrêteets'assiedsurunbanc,prenantsonvisageentresesmains.Elleestfatiguée.Mêmemoi,jemesensaccablépar son fardeau. Jem'approched’elleetm’assiedsàcôtéd'elle.Elle lève le regard, sesyeuxbrunss’éclairentdeconfusion.

«Tum’assuivie,»dit-elle,regardantenhautetenbasdelarue,commesiellenesavaitpasd’oùjevenais.

Jehochelatête.Sapoitrines’abaissedansunlongsoupir.«Tun’aspasàt’asseoiravecmoi,»dit-elle.Jelaregardeetjem’assured'utilisermavoix.«Viensàlamaisonavecmoi,»dis-je.Ellemeregardedanslesyeux,hésiteuninstantetpuisdit:«Oui.»

EmilyIl va s'attendre à ce que je couche avec lui. Ils pensent généralement qu'ils peuvent retirerma

culottes'ilsm’offrentlegîteetlecouvert.Ilm'adonnédequoimenourriretmaintenant,c’estautourdel’endroitoùdormir.Ilneseraitpasdifficilepourmoidecoucherlui.Ilacesyeuxbleusrêveursetdesbouclesblondesquipartentdanstouslessens.

Je récupère l'argent qu'il m'a donné plus tôt de ma poche et essaie de le lui donner. « Pourl'endroitoùdormir,»dis-je.Ainsi,ilsauraquejeneprévoispasdecoucheraveclui.

Ilsecouelatête,meregardantcommesij'avaisperdul’esprit.Ilfaitglissermonsacentoiledemonépauleànouveauetlemetsurlasienne.Sonimmeubleestétonnammentproche.Toutcetemps,jesuisalléedansdesrefugestrèsprèsdulieuoùilvit,etjenesavaismêmepasqu'ilétaitlà.

Ilouvrelaporteetmefaitsigned’entrer.«Tuvisseul?»demandé-je.Ilsecouelatêtepourdirenon.Jel’arrêteetappuiesursonépaule.«Avecquivis-tu?»Ilfaitànouveaucegesteoùilmemontredeuxpersonnesplusgrandesqueluietdeuxpluspetites

que lui. Il vit avec ses frères. Oh… Je ne vais pas dans un appartement rempli d'hommes que je neconnaispas.«Jenepeuxpas,»dis-je,maisilrouledesyeux.Puis,ilsebaisseetposesonépauletoutendouceurcontremonabdomen. Ilmesoulèvesur sondoscommesi jen’étaisqu’unsacdepommesdeterre.Jem'accrochetoujoursàmaguitareetjelafrappecontrel’arrièredesesjambes.Jepourraisluihurlerdessusqu’ilnes’enrendraitmêmepascompte.Jenepeuxpasluiparler.Jenepeuxpasluidiredemedéposer.

Ilmeportecommeçapourmonterlesescaliersetilestunpeuessouffléquandnousarrivonsauquatrièmeétage.J'attendsqu’ilcontinuedemonter,maisilnelefaitpas.Ils’arrêteetouvreuneporte,puisnousnousretrouvonsaussitôtdansuncouloir.

J’ai cesséde lutterparcequec'était inutile. Ilnepeutpasm'entendre. Ilnepeutpas répondre.Ainsi, jerepousselescheveuxdemonvisaged'unemainetessaiedenepaslaisser tombermaguitareavecl'autre.Ilouvreuneporteetentre,larefermantderrièrelui.

Quatrehommesse tournentpourmeregarder, jetée làsursonépaule.Je leur fais face lorsqu'ilferme laporteet leur faisun signede lamain.Quepuis-je faired’autre?Celuique j’ai rencontréaumagasindetatouageselève.

«Quiest-ce?»demandeleplusgrand.Legarsdumagasindetatouagesepenchepourregardermonvisage.«MerdeLogan,c’estlafillequit’afrappé.»

Lesautreshommesselèventets’avancent,euxaussi.L'und'euxdit:«Mec,elleaBettyBoopsursaculotte.»Jenepeuxrienfairepourcouvrirmes

fesses.Loganmereposeparterre.Jetrébuchelorsqu’ilmemetdebout,lorsquetoutlesangremontedans

matête.Iltendlamainpourmeteniretsourit.Jemerendscomptequ'ilspouvaienttousvoirmaculottequandilm'avaitsursonépaule,passeulementl'und'entreeux.Lesautresétaientjusteassezsympaspourfairesemblantdenepaslavoir.

Loganpointechacundesesfrèresà tourderôleetsignepourleurparler.«Paul,»dit leplusgrandenmetendantlamain.

«Jemesouviensdetoi,»dis-je.«Jenet’oublieraijamais,»dit-ilenriant,endonnantunetapesurl’épauledeLogan.«Etsonnez

nonplus.»Ilesquivequandsonfrèrefaitminedelefrapper.MaisLogannelefaitpas.Ils’arrêtejusteavantd'arriveràsonvisage.

Ledeuxièmeplusgrandgars-etilssonttousgrands–tendsamainversmoietdit:«Matthew.»

Matthewal'airfatiguéetunpeupâle.JeregardeLogan,etilhochelatêtesubtilement.C’estceluiquialecanceretpasseparlachimio.PaulrepousselamaindeMatthewetdit:«Tun'espascensépartagertesgermespourlemoment.»

«Vatefairefoutre»,ditMatthew,etpuisilsedirigeverslecouloiretvadanscequejepenseêtresachambreetfermelaporte.Ilneregardepasderrièrelui,maisçanemedérangepas.

Les deux derniers frères doivent être jumeaux. Ils sont plus jeunes que Logan mais pas debeaucoup,etilssemblentidentiques.«SametPete,»ditPaul.

Ilsviennentseposterautourdemoi,puisjemeretrouveensandwichentreeuxetilspensentquec’est hilarant. Ils se trémoussent pendant une minute jusqu'à ce que Paul leur braille « Laissez-latranquille,».Ildonneunetapesurl’arrièredeleurstêtesetdit:«Ilsnesaventpassetenirquandonadelacompagnie.»

Compagnie?C'estcequejesuis?«C'estunplaisirdevousrencontrer,»dis-je.Jemesensunpeubizarre.Celafaitbeaucoupdetestostéronedansuneseulepièce.Ilyadesbruitsdetiretd’explosionà la télévision et je la regarde. Je sais que Logan ne peut pas l'entendre, mais il y a des sous-titresapparaissantaubasdel'écran.Jenesaispaspourquoi,maisçamefaitsourire.

Loganmefaitsignedelesuivre,probablementverssachambreàcoucher,etjelefais.Undes jumeaux(jenepeuxpas lesdifférencier)nousdemanded’attendre.MaisLogannepeut

pasl'entendre.Jelesuisdanslecouloiretundesjumeauxestdeboutauboutducouloiretilritcommejamais.Quelquechosesepasse,maisjenesaispasquoi.Loganouvrelaportedesachambreàcoucheretentre.Jelesuis.Etc'estàcemoment-làquejevoisuneformebougerdanslelit.

«Putain,c’estquiça?»hurleunevoixféminine.Loganseretourneetallumel'interrupteursurlemuretlachambres’illumine.Unlivrevoleàtraverslapièceetfrappesonépaule.Jereculehorsdelachambre,parcequecellequiestdanssachambrelancetoutuntasdetrucscommeunevraiefurie.Elleestblonde.Etelleestnue.Complètementnue.

Ellesautedulitetcommenceàrassemblersesvêtements.Loganglisseunemainsursonvisageetpasse la têtehorsde la chambre. Il fait signe àPaul, qui est appuyénonchalamment contre lemur, unsouriresursonvisage.Paulavancedanslecouloird’unedémarcheassurée, ilmepoussededevant laporteetentredanslachambre.Laportesefermeavecunbruitsourd.

« Je croyaisque tu savaisqu'ellevenait ! » J'entendsPaul assourdi à travers laporteparler àLoganenriant.J’imaginequ’ils’estfaitavoir,parcequec'estainsiquelesjumeauxsont,ilsrienttouslesdeuxtellementfort.Ilssetapentdanslamainetilsécoutentcequisepassederrièrelaporte.

LogandoitluiavoirsignéquelquechoseparcequePaulditalors,«Elleaditqu'ellevoulaittefaireunesurprise.»

Ehbien,c’estréussiapparemment.Paulpousseunsoupirassezfortpourêtreentenduàtravers laporteetdit,«Ilveutquetut’en

ailles.»Plusdebruitssourdsdanslachambresefontentendreetmefontpenserqu'ellejetteànouveau

destrucs.Bondieu.«Ilneveutpasquetuluirefassesdesurprise»,ditPaul.J'aienvied'appuyermonoreillecontre

lafentedelaporteparcequec’estredevenucalmeàprésent.Jepeuxl'entendrerenifler.«Net’inquiètepaspourça,»,dit-elleavecuneforteinspiration.«Jenecoucheraiplusjamais

avec toi. »La porte s’ouvre et elle sort, puis elle tente deme plaquer contre lemur.Les jumeaux sefigent,ilssontbouchebée.Elleesttrèsgrande.Moipas.

«Oh,merde,»ditl'und'eux.C’estsupportable,jusqu'àcequ'uncrachatvoledesaboucheetatterrissesurmajoue.«Tuferais

mieuxderetournerd’oùtuviens,salope,»dis-je.Jeserremonpoing.Jenefrappepaslesfilles.Jenel’aijamaisfait.Jeneleferaijamais.

Logan enroule son bras autour de sa taille, la soulève et l’éloigne demoi, comme l’un de cescrochetsdansl’émissionGongShowquemagrand-mèreregardait.Ilmepointedudoigt.Ilabienfaitdel’attraperoualorsjeluiauraisbottélecul.

«Nemefaispaslecoupdudoigt,»avertis-je.Jemetienscontreluipourallerverselle.«Jevaisarracherchaqueextensiondetatête.»Elleadetrèsjoliesextensions.Jeseraisplusqueraviedelesruiner.« Jevais lesenrouler autourde tonpetit couet jevais t’étrangler avec.» J’essaie toujoursdel’attraperetLogannepeutpasmefairedesignesparcequ'ill'ad'uncôtéetmoidel'autre.J’essuiemajoue.Cetteconnassem’acrachédessus.Illalaisseauxjumeauxquiessaientdelacalmer.

Ilbranditundoigtdansmadirection.Jepensequ'ilveutquejepatientecalmement.Attendrepourquoifaire?Cettepetiteputevienttoutjustedemecracherauvisage.Ilmepointedudoigtencoreunefois.Jel’attrapeetleplie,jusqu'àcequ'ilgrimaceetmefasselâcherprise.Ilestplusfortquemoietjelesais.Maisçafaitdubien.Jepourraismelasserdecegestetrèsrapidement.

Ilserrelesdentsetmefaitreculer.Puisilsedirigeverselle,laprendparlecoudeetl’escorteàlaporte.Ellen’amêmepasletempsd’enfilerseschaussuresetsonpantalonestencoredéboutonné.Ellevasetaperlahonteetn'amêmepasétébaisée.Jeprendsbeaucoupdeplaisirenypensant.Jesuisencorepluscontentequ'unchatsurlereborddesafenêtre.LogansignequelquechoseàPaul.

Paulsetourneverslesjumeauxetdit:«L'und'entrevouslaraccompagnechezelle.Ilesttard.»Lesdeuxseportentvolontairesenlevantlamainetensautillant.Ilappelleceluisurlagauche.

«Pete,toiaccompagne-la.»Illeregardefixement.«Nerestepaslongtempsdehors.»« Lèche-cul, » grogne l’autre en retournant sur le canapé. « Pete fait toujours tout. » Il pose

bruyamment ses pieds sur la table, puis il change d'avis, se dirige vers le couloir, et fait claquer uneporte.

«Peten’estpasungigolo,»luicriePaulaprèsqu’ilsoitparti.«Depuisquand?»seplaintSam,sortantsatêtedufondducouloir.«Jeteferaissavoir…»Mais

ilfermeimmédiatementsabouchequandPaullefusilleduregard.Laporteclaquederrièreluiànouveau.Logansepasseunemainsurlevisageetsaisitensuitemonbras,m’entraînantdanssachambre.Il

fermelaportederrièrenous.«Jenesavaispasqu'elleseraitlà,»dit-il.Savoixesthésitanteetlente.Je fais lamoue, croisantmes bras sousmes seins. Il les regarde.C’est vraiment unmec. «À

quandremonteladernièrefoisoùtuascouchéavecelle?»Jenesaispaspourquoijeveuxsavoir.Illèvetroisdoigtsetpointederrièrelui.Ilnemeregardepastoutàfaitdanslesyeux.«Ilyatroisjours?»demandé-je.Ilacquiesce.«Maisjenel’aipasinvitéecesoir.»«C’esttapetiteamie?»demandé-je.Ilsecouelatête.Illèvecedoigtànouveauetlèvelesyeuxauciel.Ilquittelapièceetrevientavecunepilededrapspropres.Ilretirelesdrapsdulitetleslance

danslecouloir.Ilmefaitsignedememettredel'autrecôtédulitetilouvreledrapetfaitungestemefaisantcomprendrequ’ilveutquejel'aide.Mieuxvautlefaire.

Je l’aidesilencieusementàfaire le lit.Puis ils’approchedemoiet lèvemonmenton.Jepensequ'ilvaessayerdem'embrasseretjeserremonpoingpourlefrapperànouveau.Maisilmeregardejustedanslesyeux.«Jesuisdésolé,»dit-il.Savoixestclaire.Enrayée,maisclaire.

«Jenevaispascoucherpasavectoi,»dis-je.Ilfaitunpasenarrière,clairementétonné.Ilreculeethochelatêteetjepensequ'ilseretientde

sourire.«Jet’aiamenéeicipourassurertasécurité.Paspouravoirdesrelationssexuellesavectoi.»Ilsouritànouveauetilquittelachambre.

Jelesuisparcequejepensequenousn’enn’avonspasencorefini.Ilvaverslefrigoetensortunebière,ill’ouvreetmel'offre.Aladernièreseconde,illareprend.«Quelâgeas-tu?»demande-t-il,haussantlessourcils.

«Dix-neuf»,j’avoue.Ilreprendlabièreetmetendunebouteilled'eaufraîche.Jelaprends.Elleestfraîche,etj'aisoif.«Etmaintenant?»demandé-je.

Ilprendunegorgéedesabière,hausselesépaulesetvas'asseoirsurlecanapé.Jeregardeautourdemoi.C’estunvraifoutoir.Ilyadesboîtesdepizzapartoutetlelingesaleestentassédanslecouloir.Ilyadesplatsdans l'évieret lecomptoirestendésordrecomplet. Iln’yapaseude femmedanscetendroitdepuisuntrèslongmoment.

« Puis-je utiliser ta douche ? » demandé-je. Cela fait quelques jours que je n’ai pas pris dedouche. Il est très difficile de protéger mes affaires lorsque je suis mouillée et nue, mais là, ça nem’inquiètepastrop.

Paulregardepar-dessussonépaule,puissignequelquechoseàLogan.Loganmeregardeethochelatête,pointantlecouloir.Ilfaitundeuxavecsondoigtetlepointeverslecouloir,jesupposequ'ilmemontreladeuxièmeporte,jeprendsdoncmonsacetmedirigedanscettedirection.

J’ouvre la porte sans frapper et je trouveMatthew penché sur les toilettes. Je recule et ilmeregarde,sesyeuxlarmoyantsetrouges.«Neledispasàmesfrères»,dit-il.Ilrecommenceàvomir,etjerentredanslasalledebainspuisfermelaporte.J’ouvrelesarmoiresettrouveungantdetoilettepuislemouilleavecdel'eaufroide.Jeleluidonneetils'essuielevisage.Ilfermelestoilettes,tirelachassed’eauets'yassied.«Putaindechimio,»dit-il.«C'estvraimentunesalope.»

«Est-cequ'ilssaventqueçaterendmalade?»demandé-je.Ilsecouelatêteettirelachassed'eauànouveauquandellecessedefonctionner.«Neleurdis

pas.Ilsontassezdesouciscommeça.»«Jenedirairien.»«As-tubesoind'utiliserlasalledebain?»demande-t-il.Ilmesemblequ’ilesttropfaiblepour

tenirdebouttoutseul.«Jevaisprendreunedouche,»dis-je.«Maisjepeuxattendre.»Ilselève,gémissant.«Jecroisqueçavaallerpourl'instant.»Ilesquisseunsourirelarmoyant.

«Maisilsepeutquej’aibesoind’utiliserlasalledebainrapidementetquejet’ysurprenne.»Ilenlèveuneserviettedel'armoireetladéposeprèsdel'évierpourmoi.

«Tuseraslàpourvomiretnonpaspourmeregardernue,»dis-je.«JeneplaisantepasaveclesfemmesdeLogan,»dit-il.Puisilpoursuitendisant,«Jamais,c’est

monfrère.»Ilroteetjecrainsqu'ilsoitsurlepointdevomirdenouveau,maisilnelefaitpas.Ilmesouritetsort,fermantlaportederrièrelui.

«JenesuispaslafemmedeLogan,»jemeledisplusàmoi-mêmequ’àlui.Ilrouvrelaporte,mefaisantsursauter.«Si,tul’es.»

LoganKitestdansmasalledebainetelleestnue.Ouelleleseradansuneminute.Jeregardedansle

couloir laportedelasalledebainfermée.S'ils'agissaitden'importequelleautrefille, jeseraisavecelle.Mais avec le tatouage que cette fille voulait, je sais déjà qu’elle a en elle une vulnérabilité quepersonnenevoithabituellement.Jeneveuxpaslafairefuir.Jeveuxapprendreàlaconnaître.

Jen'aijamaisétéàcepointcurieuxavecunefille.Habituellement,jecoucheavecelles,puisjelesrenvoiechezelles.C'estl’unedesraisonspourlesquellesçam’atellementsurprisdetrouverTerridansmonlitcesoir.Ellesavaitquecequenousfaisionsn'étaitpaslesprémicesd'unerelation.Jeneluiaijamaisachetédesfleursnidesbonbons,ninel’aiemmenéeàunrendez-vousamoureux.Jen'aijamaispayésondîner.J'aijusteditallons-yaveclesyeuxetjel’aiconduitedansmachambre.Commenta-t-ellepupenserquejevoudraislarevoir,celadépassemonentendement.

Je vais chercher une autre bière et Paul me fusille du regard comme la fois où j'ai laissé lecouvercledestoilettestombersursaqueuequandilavaitseptansetquej'enavaisquatre.

«Commentl’as-turencontrée?»demande-t-il.Jehausselesépaules.Jel'aitrouvéedansletunneldumétroentraindejouerpourdel’argent.«Etellet’asuivijusqu’àlamaisoncommeunchiotperdu?»Non,j’aidûlaporter.Tum'asvulefaire.Pourquoimepose-t-iltantdequestions?Cen’estpas

commesi jen'avais jamais ramenéune filleà lamaison.Je l’ai suiviepourvoiroùelleallaitaprèsavoir dîné avec elle. Et elle faisait la queue au refuge des sans-abri jusqu'à ce qu'ils ferment lesportes.Ilétaitcomplet.Ellen'avaitnullepartoùaller,alorsjel'airamenéeici.

Ilmefusilleencoreduregard.Quoi?Demandé-je.«Jet’aiditdenepasjoueravecelle.»Ilserassoit,prenantunegranderespiration.«Ellen’est

pascommelesautres.»Jelesais.Jevaisdormirsurlecanapé,abruti.Jenevaispascoucheravecelle.Sessourcilssefroncent.Tais-toi,Jesigne.«Tuvasdormirsurlecanapé.»J’acquiesce.CommentvaMatt?«Malade».Ilprendunegorgéedesabière.«Jenepensepasqu'ilveuillequ'onlesache.»Jehochelatête.Sessourcilssonttoujoursfroncés.«Tuvasvraimentdormirsurlecanapé?»J’acquiesceunenouvellefois,levantlesmainsenl'airpourdireetalors?Ilsecouelatête.«Jen’ycroispas.»J'aiuncœur.«Ouais,maisilesthabituellementdominépartabite.»Ilprendunegorgéedesabière.«Sait-

elledéjàquetut’esfaittatouersondessinsurtonpoignet?»Jesecouelatête.Pasencore.«Vas-tuluidire?»Pourquoiledevrais-je?«Peut-êtreparceçaluiappartient.Jenecomprendstoujourspaspourquoituasvoululefaire.»Ilvasefaireunplipermanententrelessourcilss’illesgardefroncéscommeça.Jenelecomprendspasnonplus.Jeregardeànouveauverslaportedelasalledebain.Ellet’a

l’airfamilière?Commesitul’avaisdéjàvueavant?Ilsecouelatête.«Jenepensepas.»

Jehochelatêteethausselesépaules.Jediraisqu'elleajusteundecesvisagesfamiliers,maiselleesttellementbellequeçanepeutpasêtrelecas.Elleestmagnifique.Toutlemondeseretourneraitsurelle.Etjenedispasçaparcequ'elleestnuedansmasalledebain.

«Commentvatonnez?»demandePaul.Jehausselesépaules.Çava.Jenepeuxrienyfairedetoutefaçon.Etjel’aibienmérité.Laportede la salledebain s'ouvre et elle sort.Elle est enveloppéedansune serviette, et ses

cheveux sont mouillés et lui tombent sur les épaules. Il semble qu’elle les ait juste brossés avec unpeigne.Ellen’estpasmaquillée.Iln'yapasdemascaranoirautourdesesyeuxetjeconstatequ’elleadestachesderousseursurlenez.Elles’esquiverapidementdansmachambreetjem'assieds,meretenantd’allerlavoir.Elleaprobablementvoulus'habillerquelquepartoùcen'estpastouthumide.

Jemelèveetjevaisdanslasalledebain,fermantlaportederrièremoi.Lemiroirestembuédelavapeurd'eaudesadouche.Leplandetravailestproprepourlapremièrefoisdepuisdesmois,etelleamêmenettoyé les toilettes et la douche avant de se laver.Tout est flamboyant. Je supposeque c’estparcequec’estunefilleetqu'ellearessentilebesoindetoutnettoyeravantdeprendresadouche.C’estvraimentchouetteetilfaudraquejelaremercie.

Ellealaissésabouteilledeshampooingetsonsavondansladouche.Pourlapremièrefois,ilyauneodeuragréabledanslasalledebain,et jemerendscomptequecesontsesproduitsquiontlaissécetteodeurdepropretédansl'air.Çamedonneenvied'allerlasentir.Jetiensàenfouirmonvisagedanssescheveuxpourvoirsiçasentaussibonquedanslasalledebains.

Je pense qu’elle a eu le temps de se rhabiller. Je frappe à la porte de ma chambre et jel’entrouvre,jetantuncoupd'œilàl’intérieur.Elleestassisesurleborddemonlitvêtuedelaserviette.Sacuisseestdécouverte,montrantunelongueétenduedejambenue.

Jesigne,luidemandantsilencieusementsijepeuxentrer.Ellesaisitlaserviettequiestaccrochéeauniveaudesapoitrineetlaremonteplushautetacquiesce.

Elle regarde versmon placard qui est ouvert, et puis à nouveau versmoi. A-t-elle besoin dequelquechose?

«Puis-jeemprunterunt-shirt?»demande-t-elle.Elleregardesonsac.«Tousmesvêtementssontsales,etjedétestemettredesvêtementssalesquandjeviensjustedesortirdeladouche.»

Jedoisavoirl’airconfuspuisqu’ellemedit:«Jevaistelerendredemainavantmondépart.Jeveuxjustedormiravec.As-tuunemachineàlaver?»

Jehochelatête.«Aquellequestionréponds-tu?Let-shirt?Oulamachineàlaver?»« Les deux, » dis-je. Elle me sourit. Je pourrais parler à cette fille toute la journée si cela

signifiaitqu’ellemesouriraittoutletempsdecettefaçon.Jeprendsunt-shirtd'uncintreetleluijette.Ellel'attrapeetlepassepar-dessussatête.Aprèsqu’ellel’aittiréjusqu’en-dessousdesesgenoux,elletirelaservietteetl’enlèveengardantlet-shirt.Elles'assiedsurleborddulitetretireuneculotterosedesonsac.

«Peux-tuteretourner?»demande-t-elle.Je m’exécute et le fait que je le fasse me fait ricaner comme un gamin dans un magasin de

bonbons.J'espèrequ'ellenepeutpasmevoir.Jesenssamainsurmonépauleet jemeretourne.Elleportemon t-shirtAC/DCet ilarriveau

niveaudesesgenoux.Merde,elleestvraimentjolie.«Puis-jelaverquelquesvêtementsdanstamachineàlaver?»demande-elle.«Jepeuxlefairepourtoi,»proposé-je.Ellesecoue la tête.«Tunevaspas touchermesculottes,pervers,»dit-elleen riant.«Jesais

d’oresetdéjàquetuvaslesrenifler.»Ellerit.Jevoudraispouvoirl'entendrecarc’estprobablementleplusbeausonaumonde.Cen’estpassouventquejesouhaitepouvoirentendreànouveau,parcequeje

peuxfairepresquetoutcequejeveux.Maislà,maintenant,jesouhaiteraispouvoirentendrelesondesonrire.

Jeluifaissigne,etellesortavecmoidanslecouloir,oùj’ouvrelaportedelabuanderie.J'enlèvecequ'ilyadanslesèche-lingeetlemetau-dessus.OndiraitdestrucsdeSametdePete—ilspeuvents’occuper de leurs propres vêtements. J’enlève ce qui est dans lamachine à laver et lui demande sesvêtementsen lui tendant lesmains.Ellesecoue la tête.Je faisunpasvers lecôté,etellecommenceàprendrequelquesaffairesdanssonsac.Ellen'apasgrand-chose,justequelqueschemises,unshort,unepairedejeansetcequ'elleportaitaujourd'hui.Etpuiselleyjettequelquesculottes.IlyaencoreplusdeBettyBoop,jeluifaisunegrimaceetjesouris.

Jemetsunpeudelessive,elledémarrelamachine,puisellesedirigeversmachambre.«As-tuunecouverturequejepuissemettresurleplancher?»demande-t-elle.

Quesepasse-t-il?«Pourquoi?»demandé-je.Ellemeregardecommesimaquestionn’avaitpaslieud’être.«Pourdormirdessus?»«Tunevaspasdormirsurlesol,»luidis-je.«Tuprendsmonlit.Jevaisdormirsurlecanapé».«Lecanapéfaitunmètreetquelquedelong.Tuestropgrand.Jepeuxdormirsurlecanapé.»

Ellehochelatêtecommesielleavaitdéjàprissadécision.J’attrapedoucementsonbrascommesijevoulaisl’attirerversmoi.«Non,»dis-je.«Tuprends

lelit.»C’est un lit de deux personnes,mais ce n'est pas le plus grand lit dumonde.Elle tire sa lèvre

inférieureentresesdentsetlamâchouille. Ҫ adoitêtreunedeschoseslesplusérotiquesquej'aijamaisvues.Jetendslamainettouchesalèvreinférieureavecmonpouce,latirantdoucementd'entresesdents.Ellelècheseslèvresetneregardequemoi.

«Es-tusûrqueçateconvient?»demande-t-elle.Jem’approched'elleetl’attirecontremontorse.Jenesaispaspourquoijeressenslebesoinde

faireça,maisjelefais.Ellehésitebrièvementpuisenroulesesbrasautourdemataille.Jel'embrassedoucement sur le front. Elle me regarde, et elle a presque l’air perdue. Ses joues rougissent, et ellerecule.«Merci,»dit-elle.Ellesedressesurlapointedespiedsetembrassemajoueenhésitant,commesielleyavaitbeaucoupréfléchi.

Cebaisermetoucheencoreplusqu’unvraibaisernel’ajamaisfait.C’estcommesimonsouffleétaitcoincédansmagorgeetquejenepouvaisplusrespirer.

«Çava?»demande-t-elle.«Trèsbien,»dis-je.Maisjemesenstoutsaufbien.Ellelèvelesbraspoursouleversescheveux

mouillésdesoncouetsesseinsbougentsoussont-shirt.Jebandeinstantanément.«Fais-moisavoirsituasbesoindequoiquecesoit,»dis-je.Maisjenelaregardeplus.Jemedirigeverslaporteaussivitequepossible,avantqu'elleremarquequejebandejusteenpensantaufaitqu'elleneportepasdesoutien-gorge.

Elle touchemonbrasetdit:«Logan, s'il teplaîtnedispasauxautresque jene saispas lire,d'accord?»Elleal'airinquiète,etjen’aimepasdutoutça.Jedétestequ'elleaitmêmeàs'inquiéterdecegenredechoses.

«C'étaitentretoietmoi,»luidis-je.J’aimelefaitquel’onaitunsecret,elleetmoi.Ellefermelaportederrièremoietjem’enapprocheunedernièrefoisparcequejeveuxretourner

prèsd’elle.Maislapoignéedeportenesetournepas.Ellem'ajusteenferméhorsdemachambre.Jenepeuxpasdirequejeluienveuillevraiment.Elleestdansunendroitinconnu.Etelleestentouréepardeshommesqu’elleneconnaitpas.Maisilyaunepartiedemoiquiestsoulagéequ'elleaitfermélaporte.

Jemarcheverslesalon,enprenantunecouvertureavecmoidansleplacardàlinge.«Jenepeuxtoujourspascroirequetuvasdormirsurlecanapé,»ditPaul.Jenepeuxpaslecroirenonplus.Maisjevaisydormir.

EmilyJesuiscouchéedanslelitdeLogandepuiscequimesembleêtredesheuresmaisjenepeuxpas

dormir.J’aientenduPetelorsqu’ilestrentréàlamaisonetj’aientenduPaulluidired'allersecoucher.Puis, l'appartement est devenu silencieux. Personne n'a fait de bruit pendant des heures, jusqu'àmaintenant.Jepensequec’estMatthewparcequej’entendsdespaspressésetdesvomissements.

J’ouvrelaporteetregardeaudehors,laportedelasalledebainestlégèrementouverteetjesuissûrequeMatthewestàl’intérieur.Ilestdansunpiètreétatetjeveuxl'aider,maisjeneveuxpasnonplustropm’imposer.Jemedirigedanslacuisinesurlapointedespiedsparcequej’aisoifetjeregardelecanapéoùLogans’estendormi.Sespiedssontsuspendusau-dessusdubordducanapé,ilestallongésurledos,latêtesoutenueparl’accoudoirducanapé.Iln'amêmepasunoreiller.

J’ouvreleréfrigérateuretmepenchepourvoircequ'ilsontàboireetquandjemelève,Matthewmeregarde.«Quefais-tu?»demande-t-il.Sesyeuxsontgonflés,rougesetinjectésdesangetsonvisageestpâle.

«Jecherchequelquechoseàboire,»murmuré-je.«Est-cequetuveuxquelquechose?»Ilsecouelatête.Sonregardseprécipiteversmesjambesnues,etjetiresurl'ourletdut-shirtde

Logan.«Beaut-shirt,»dit-il.IlpointesondoigtversLogan.«Vousvousêtesdisputés?»JeregardeLogan.Ildortàpoingsfermés,laboucheouverte.«Non,»murmuré-je.«Pourquoi

penses-tucela?»«Attends. » Il s’arrête comme s’il pensait à quelque chose. « Comment se fait-il que tu sois

encorelà?Tupasseslanuitici?»J’acquiesce,soulevantunebouteilled'eauàmeslèvres.« Les copines de Logan ne passent jamais la nuit à la maison. » Il a l'air amusé, mais je ne

comprendspaspourquoi.«Ilainsisté,»murmuré-je.«Pourquoichuchotes-tu?»ilmurmurebruyamment.«Loganestendormi,»réponds-je.«Ilestsourd.»Ilsourit.Oh oui c’est vrai. J'avais oublié. Il est si facile d'oublier qu'il ne peut pas entendre. Je ris et

hausselesépaules.Toutàcoup,Matthewseretournerapidementetcourtverslasalledebains.Ilestencoremalade,

maisondiraitquesonestomacestvide.J’ouvrelestiroirsàcôtédel'évierjusqu'àcequej’entrouveunavecdesserviettes.J’enmouilleuneavecunpeud'eaufraîcheetjelerejoins,servietteàlamain,quandilsortdelasalledebain.Illaprendenpoussantunlongsoupirettamponnesonvisage.

«As-tubesoindequelquechose?»demandé-je.«Boissongazeuseaugingembre»,dit-il.«Ilyaquelquesbouteillesdansleréfrigérateur.»Je hoche la tête et retourne dans la cuisine. Là, je saisis un seau vide posé sur le comptoir.

J’avancedanslecouloiretsupposequesachambreestcelleaveclaporteouverte.Ilestassissurleborddulit,latêtedanssesmains.Jemetsleseauenfacedelui.«Pourplustard,»dis-je.

«Merci»,dit-ilenprenantunegorgéedesodaaugingembre.Jeledébarrassedelaservietteetretourne à la salledebainpuis l’humidifie à nouveau.Quand je retournedans la chambre, il est déjàcouché,jemetsdoncdoucementlaserviettesursonfrontetmeretournepoursortir.«Neluibrisepaslecœur,»dit-il.

Ilestentraindevomirsestripesetlaseulechosedontils’inquiètec’estmoibrisantlecœurdeLogan?

«Jesuisjusteicipourlanuit,»dis-je.

Ilpouffederire.Ondiraitqu’ilrenifle.Iladesdoutes.Ilnemecroitpas.«Jeteverraidemain,»dit-il.

J’éteinslalumièrelorsquejequittelachambreetfermelaportederrièremoi.Lamachineàlavers’estarrêtéeilyauncertaintemps,jeprendscequ'ilyadanslesèche-linge

etvoisquelapilesurlamachineàlavergranditàtoutevitesse.Jenepeuxpaslaisserleursvêtementssefroisserdoncjerestelàetjelesplie.Jepliecequisortdusèche-lingeaussi.Jepassemonlingedanslesèche-linge et puis je me souviens de l'énorme pile de linge dans le couloir je commence donc unenouvellelessiveaveccelinge.Tantqu’àfaire.Jen’aipasd’autreoccupationpourlemoment.

JereviensdanslacuisineetLoganronfle.Sescheveuxsonttoutébouriffésetcolléssursonfrontetjemedemandesisamèreadéjàeul’occasiondeleregarderdormircommeça.

Lacuisineestendésordre,jeprendsdoncunsacpoubelledansleplacardetcommenceàjeterlesboîtesdepizza.Puisjerangelanourriturequiestsurlecomptoiretlenettoieàl’épongejusqu’àcequ’ilsoitbienpropre.Lacuisineestflamboyantequandjeretournemecoucher.

Jebâilleetfermelaportedelachambrederrièremoi.Maiscettefois,jeneressenspaslebesoindelaverrouiller.

***Lelits’affaisseaumilieudelanuitetjemeréveilleensursaut.Moncœurcommenceàbattrela

chamade,jemeprécipitesurleborddulit.«Quefais-tu?»demandé-je.C’estLogan,etlapièceestsombre,doncilnepeutpasvoirmonvisageouentendremavoix.Ilse

roulesurlecôté, loindemoi,seblottitprofondémentcontrel'oreiller.Ilfaitcebruitadorableavecsabouchelorsqu’ilessaiedetrouverunepositionconfortable.Iltirelacouverturesurlui.

Ilnepensepasvraimentqu'ilvadormiravecmoiici…?Jepourraisallersurlecanapé,maisilronfledéjà.Ilestprofondémentendormi.Jemepencheetregardesonvisage.Ilnebougepas.Ilnevapasessayerdemetoucher.Ilestjustelàpourdormir.

Jemeretourne,m’enroulantsurmoi-mêmeparcequ’ilfaitfroidsanslacouverture.J’imaginequejepourraisallercherchercelleducanapé.Jesaisqu'ilyenaunelà-bas.Maisj'aipeurdeleréveillersijemelève.Jesaisisleborddelacouverturequ'ilvienttoutjustedemechiperetlatireversmoijusteassezpourmecouvriràmoitié.Ilnebougepas.Toutsepasserabien.

LoganJemeréveillelentement,immédiatementconscientqu'ilyauncorpschaudpressécontrelemien.

Je lèvela têteetregardela jambepasséepar-dessus lesmiennes.Ilyaunbrasdélicatquireposesurmontorseetunechevelurenoirereposesousmonmentonjusteàcôtédemoncœur.

Sa cuisse est nue et je me sens tellement bien que je ne veux pas bouger. L'odeur de sonshampoingchatouillemonnezetjemedemandecommentjemesuisretrouvéaulitavecelle.Jesaisquenousn'avonsfaitquedormir.Jepensequejemesuislevépourallerauxtoilettesaumilieudelanuitetquejesuisrevenudansmonlitparaccident.Commentelles’estretrouvéeàêtreenrouléeautourdemoi,çac’estuneautrehistoire.

Jeposematêtecontrel'oreilleretlèvelesyeuxversmonplafondfissuré.Jen’avaispasprévuque cela se produise. Et je ne veux pas qu'elle pense que je la veux juste dansmon lit, que je veuxseulementcoucheravecelle.Maisjeveuxcoucheravecelle.Maintenant.Jeveuxlaretourneretbaissersaculotte rose lentement le longde ses jambes. Jeveux l'embrasserde laplantede sespieds jusqu’àl'intérieurdesescuisses.Jeregardesacuisseànouveau.Jenepeuxpasrésister.Jetendslamainetlaposesurelle.Ellesetrémousseetseblottitcontremoi,sesseinsappuyéscontremontorse.

Jebandetellementquetoutlesangdemoncorpsremontedansmabite.Putain.Lesoleilselève,mesfrèresselèverontdoncbientôt.Ilsnemelaisserontjamaistranquilles’ils

metrouventiciavecelle.J’aicommencéàdormirsurlecanapéetj’avaisjuréquej’yresterai.Merde.Jevoulaisjustelagarderensécuritéetmaintenantelleestaulitavecmoi.Ouplutôt,c’estmoiqui

suisaulitavecelle.Involontairement,jerapprochesacuissedemoncorps.Jemeretournesurlecôtéafindeluifaire

faceet remontesa jambeau-dessusmahanche. Jedoismeglisserd’en-dessousdesonbras.Maissesyeuxbrunss’ouvrenttoutàcoup.Noussommesface-à-face.Ellenesemblepassurprise.«Tuasvolélacouverture,»dit-elle.

Elle a une haleine du matin et je n'ai jamais autant voulu embrasser quelqu'un de ma vie.«Pourquoies-tudansmesbras?»demandé-je.

Elle regardeautourd’elle commesi ellen’étaitpas tout à fait sûre, et ellemordànouveau salèvreinférieureentresesdents.Jelasorstrèsdoucementavecmonpouceetellelècheseslèvres,toutcommeellel'afaitlanuitdernière.«J'avaisfroid.Ettoncorpsétaitchaud.»

«J'aicommencéàdormirsurlecanapé,»dis-je.Elle hoche la tête, se penchant vers moi, enfouissant son visage dans mon torse. Elle respire

profondément,sonsoufflesedéplaçantsurletissumincedemont-shirtquandelleexpire.Merenifle-t-elle?

«Tusensbon,»murmure-t-elle,enmeregardantafinquejepuissevoirseslèvres.Ellevientvraimentdemerenifler.Jenepeuxpasm'enempêcher.Jepalpesesfessesetl’attire

près demoi. «Te réveilles-tu toujours aussi de bonne humeur ? » demandé-je. Elle est commede labarbeàpapadansmesbras.Elleestpropreetdouce,etellenemerepoussepas.

«Jenesuispasencoreréveillée,»dit-elle.Elleseretournedansmesbrasetmetourneledos.Monavant-brasestsoussatêteetsesfessessontcontremonaine.Satêteestsousmonmentonetjenepeuxpasvoirsonvisage.Maisjenepensepasqu'elleparle.Elleestdoucedansmesbrasetsonsouffleestrapideàchaqueexpiration,touchantmonavant-brasàchaqueinspiration.

Le bout de ses orteils contre les miens est froid, alors je tire la couverture sur nous deux lamettantautourd'ellepuislajettesurnospieds.

Jeneveuxpaslalaisserpartir,maisjesaisquejedoismelever.Jedoisretournersurlecanapé.

Jefermelesyeuxetcaressesescheveux.Elleme laissem’enroulerautourd'elleet je suisenclinàpenserqu'elleest toujoursendormie.

Est-ce vraiment mal de rester quelquesminutes de plus ? Je continue à la serrer contremoi. Jamaisauparavantunefillen’avaitpasséunenuitentièredansmonlit.Jamais.Jenemesuisjamaisréveilléavecquelqu'un.Jenel'aijamaisvoulu.Jusqu'àprésent.

Jeplacemonbrasautourdesataille.Jevaisresterquelquesminutesdeplus.

***Laportedemachambres’ouvred’uncoupsecetjesenssavibrationlorsqu’elletouchelemur.

Paul est commeun ours lematin et il ne réveille personne avec douceur. Il passe dans les chambres,ouvrelesportesetallumelalumièrejusqu'àcequelesjumeauxsoientdeboutetprêtspourlescours.Ilssonttouslesdeuxenterminaleetdoiventêtrelà-bastrèstôt.Jeleregardelorsqu’ils’arrêtedevantmaporte.

Jesavaisque tun’allaispasrestersur lecanapé toute lanuit, ilmesigne. Ilne leditpasàhautevoix.Probablementparcequ’ilneveutpasréveillerKit.Elleestendormiesurleventre,samaincachée sous l'oreiller et une jambe sur le côté. Je suis assis et la regarde.Mon t-shirt AC / DC estremontéjusqu’au-dessusdesatailleetuncôtédesapetiteculotteroseabougépourrentrerdanslafentedesesfesses.Safessegaucheestmiseànu,elleestfermemaisdétendue.Jejettelacouverturesursesfessesenmelevant.

Tais-toi,jesigneàPaul.Jemelève,prendsmonjeanetl’enfilerapidement.J’aigardémonboxerpourdormir.Paul est vêtud'unpantalonde sport et n’a pasde chemise.Quand j’arrivedans la cuisine, les

jumeauxsontentraindemangerdescéréalesetsonteuxaussienboxers.Habillez-vous,jeleursigne.Kitesttoujourslà.«C'estsonprénom?Kit?»DemandeSam.Jesecoue la tête.Jenepensepas. Je suispresque sûrqu’il ne s’agit pasde sonvraiprénom.

C'estainsiqu'untypedanslaruel'aappelée.«D'oùvient-elle?»DemandePete.Jenesaispas.Elleneveutpasmeledire.Paulpointelecanapédudoigt.«Commentas-tudormi?»Ilsourit.Moncoumefaitencoremal,aprèsavoirpasséquelqueslonguesminutesdanslecanapé.«Très

bien,»dis-je.«Elle dormait dans ton lit.Avec toi. »Le souriremalicieuxdePaul est soudainement devenu

éclatant.Jehochelatête.Pastoutelanuit.Justeunepartie.Jecherchemaladroitementunetassedecafé,

maislacafetièren’estpasoùnousl'avonslaissée.Quediableest-ilarrivéàlacuisine?Pauls’appuiecontreleplandetravailetilmeregardefixement.«Nousnoussommesréveilléset

avonstrouvélacuisinecommeça.»Ilmontreleplandetravailquiestmaintenantpropre.Jenepeuxpasmerappelerladernièrefoisquej'airéussiàvoirleformica.

Oùesttoutlebazarqu’ilyavaitlàavant?Il ouvre laportedugarde-manger et indique l'intérieur.Elle a tout rangé ?L'évier est vide—

jusqu'àcequeSammettesonboldedans.Mets-le dans le lave-vaisselle, lui dis-je. Si elle a travaillé aussi durement pour nettoyer la

cuisine,nouspouvonsessayerdelagarderpropre,n’est-cepas?«Oh,merde…»seplaintSam.Maisilouvrelelave-vaisselleetmetsonboldedans.«Vousdeux,allezencours,»ditPaul.Illeschasseversleurschambrespourqu’ilss’habillent.

« La prochaine fois, mettez quelques vêtements avant de sortir de vos chambres, » avertit-il. Il me

regarde.«CombiendetempsKitresteraici?»Paulregardepar-dessusmonépauleetsouritàquelqu’un.Jemeretourneetvoisquec’estKit.

Son visage est froissé et elle a unemarque sur la joue à cause de la taie d’oreiller. « Je vais partiraujourd'hui, » dit-elle. Elle se dirige vers la cafetière, qui est maintenant sur un comptoir différent.Certes,c’estpluspratiquedel’avoirmislà,maisellen’esttoujourspasoùelledevraitêtre.Elleprendunetassedecaféets’enverseunbolentierpuiselleseretourneetdit,«Jevousremerciedem’avoirlaisséepasserlanuitdernièreici.Jevousensuisreconnaissante.»

Jeveux laquestionneràproposdunettoyagede lacuisineet la remercier,mais jenepeuxpasutilisermavoixdevantmesfrères.

« Elle a nettoyé la salle de bain, aussi, » dit Sam pendant qu’il revient dans la cuisine. Sescheveuxsontmouillésetilsepencheversmoi.«Est-cequej’aiaussil’odeurd’unefille?»demande-t-il.IlregardeKit,l’airgêné.«J’aiutilisétonshampooing.Ettonsavon.»

Paulluidonneunetapesurl'épaule.«Ilauraitutilisétestamponssitulesavaislaissésdanslasalledebain.»

Sonvisagerougitjoliment.«Resteendehorsdecestrucs-là,idiot,»avertitPaul.Paulajustesonjean.«Elleapliémesjeans.Çachangedeporterquelquechosequin'apasété

rouléenbouledanslepanieraucoindelachambre.»Je lance un regard àKit. Elle a fait tout cela pendant que nous dormions ? Je tiens à lui dire

qu'ellen'apasàtrimerpourresterici.«Quoi?»Demande-t-elle.«Jenepouvaispasdormir.»Elle dormait plutôt bien dans mes bras. Je ne veux pas y penser parce que je ne peux pas

surmonterlefaitquej’aiappréciéautantqueça.Sam sepenche et l'embrasse sur la joue, tout commePete embrasse son autre joue.Son air se

durcit,maisellenefrappeaucundesdeux.«Jevotepourqu’elleresteunjourdeplus,»ditPete.Ilregardesesjambesnues.Honnêtement,

j'aivudesfemmesdanslesboîtesdenuitmontrerbeaucoupplusdepeauqu'elle.«Elleestmignonne,»dit-il. Puis il saisit unebanane sur le comptoir et court vers la porte.Samest juste derrière lui. Il sedéplacepourfermerlaporte,puisrepassesatête.«J'approuvecevote,»ditSam.Laporteclaqueetilssontpartis.

Kitsouritetregardepar-dessusmonépaule.Mattestlàetilestdansunmauvaisétat.«Troisièmevote,»dit-ilpendantqu’ils’assiedsurunechaiseetmetsonvisagedanssesmains.

Paulhausselesépaules.«Çameva,»ditPaul.«Maisc'estladécisiondeLogan.C'estsonlit.»Paulnousquittepoursepréparerpourpartirautravail.Jedoisenfairedemême,maisjen’aipas

à y aller avant onze heures. Paul y va tôt tous les jours parce qu'il doit s’occuper des formalitésadministratives.

Kitprendunsodaaugingembredansleréfrigérateuretleversedansunverre.ElleletendàMatt,ilsouritfaiblementetdit,«Merci.»Ellenerépondrienmaisluipressel’épaule.Qu'est-cequisepasseentreeux?Ilnenouslaisserienfairepourlui,maisillaisseKitluiservirquelquechoseàboire?

Ellesouritetretournedanslachambre,emmenantsoncaféavecelle.«Ellevabrisertonputaindecœur,mec,»prévientMattaprèsqu'elleaitfermélaporte.Je sais.Ellevabrisermonputaindecœur.Parceque jen'ai jamaisvouluquelquechoseavec

quelqu'unautantquejeveuxquelquechoseavecelle.Maisjenesaispasquoi.

EmilySeréveillerdanssesbrasaétél'undesmeilleursmomentsdemavie.Jenevoulaispassortirdu

lit.J'auraisvoulurestercommeçapourtoujours.Doncquandilm’aposédesquestionssurcommentnousnoussommesretrouvésl’uncontre l’autre, j'aifaitsemblantd’êtreendormieet jemesuisretournéeenespérantqu'ilenrouleraitsonbrasautourdemoi.Ill'afait.Ilaenveloppésoncorpstoutentierautourdumien.J'aichoisidélibérémentdeluitournerledosafindenepasavoiràm’expliquer.Jenevoulaispasluiparlerdeceque j’ai ressentiquand ilestarrivédans le lit.Oucomment j'ai tendu lamainpour letoucherdanslanuitetqu’ilm’alaisséposermatêtesursapoitrine.

Jen'aipaseul'intentiond'enveloppermoncorpsautourdelui,maisiln'apassemblémécontentdutout.Silatentedanssonboxerdevaitmedonneruneindication,ilétaitmêmetrèscontent.

Maismêmeaprès,Logann’ariententéetils’estmontrétrèsrespectueuxvis-à-visdemoncorps.Jesorsdesachambrevêtuedematenued’écolière.Elleestpropremaintenant,çanemedérange

doncpasdelaremettre.Misàpartlefaitquelamettresignifiequejevaisquittersonappartement.Monsacestsurmonépauleetmonétuideguitareestdansmamain.Iln'yapersonneàpartnousdeux.Paulestparti travailler il y a une heure et je suis sûre queMatt va rester à lamaison aujourd’hui. Il est tropmaladepoursetenirdebout,encoremoinspourallertravailler.IldoitêtredanssachambreparcequeLoganestassisàlatable,entraindelirelejournal.Illèvelesyeuxquandjesorsdelachambre,etsonvisagesemblesedécomposer.

Ilfaitungesteavecsesmainscommes’ilmedemandaitquoi?« Je dois partir, » expliqué-je. Je tiensma guitare. « Je dois aller travailler. Et tu dois aller

travailler.Etjesuissûrequetuneveuxpasquejesquatteicipendantquetuesautravail.Etsijevolaisquelquechose?»J'essaied'enrire,maisiln’estpasamusé.

«Tunedoispaspartir»,dit-il.«Reste.»Ilselèveetsetientfaceàmoi.Jetiensànouveaulaguitare.«Jenepeuxpas.Jedoistravailler.»Jen'aiquetrente-deuxdollars

àmoi.Jenepeuxpastrouverunendroitconvenableavecça.Pasmêmepourunenuit.Ilsortsonportefeuille,commes’ilpouvaitliredansmespensées,etl’ouvre.Ilenretirequelques

billetsetessaiedemeconvaincredelesprendre.Maisjenepeuxpas.«Reste,»dit-il.Ilveutquejeresteaulieud'allerjouerdanslaruepourgagnerdel’argent.

Jesecouelatête.C’estdifficiledeleluiexpliquer.Jeveuxtellementrester.Maisjenepeuxpas.Jenemesentiraispaschezmoi.Parcequedemain,jepourraisêtreobligéederepartir.«Jeteremerciedem’avoirlaisséedormirici,»chuchoté-je.Jesaisqu'ilnepeutpasentendrelaqualitédemavoix,maisilpeuttoujoursliresurmeslèvres.Illèvemonmentonavecsonindexpourquejeleregarde.«Merci,»jeluirépète.

«Tureviendrascesoir?»demande-t-il.Iltientmamain,sonpouceglissed'avantenarrièresurmapaume.«Jevaisdormirsurlecanapé.Jetelepromets.»

Je lève les yeuxvers lui, déglutissant difficilement. « J'ai aiméquand tu étais dans le lit avecmoi,»jel'avoue.

Sesyeuxseplissentetilal'airplusprochedemoiquepersonnenel’ajamaisété.Maisilneditriend’autre.

«Jepensequec’estdifférentpourmoi,»admets-jedoucement.Cen’estsansdoutepasunebonnechose à dire,mais je dois la lui dire. Je ne l'ai pas juste utilisé pour avoir un endroit où dormir. Jepourraisvraimentmesoucierdeluisimasituationétaitdifférente.Maiscen’estpaslecas.Etjenepeuxpas.

Jen’aipasdûarticulercorrectementjepense,parcequ'ilsembleconfus.«Quoi?»demande-t-il.«Jepensequec’estdifférentpourmoi,»jeluirépète.Maisilatoujoursl'airaussiconfus.

Ilsembleraitqu’ildemandedel’aideàMatthewpourtraduire.Jelestoppeentouchantsonbras.«Jet’apprécie»,dis-jeclairement.«Voilàpourquoijepars.Jenesuispasunebonnepersonnepourtoioupourtesfrères.Etjet’aimetroppourrester.»

«C'estridicule»,dit-il.Ouais, c'est ridicule.Mais ilne saitpasd'où jeviens. Ilne saitpascombiendepersonnesme

recherchentnipourquoi.Etquandilledécouvrira(etçaarrivera)ilvamedétesterdeneluiavoirpastoutditdèsledébut.

«Dîneavecmoi?»dit-ilensoulevantlessourcils.Ilal'airpleind'espoiretcen’estpascequejeveuxpourlui.Ilplielesgenoux,afindepouvoirsepenchersurmonvisage.«Dîner?»,répète-t-il,commesijenel’avaispascompris.«Unrendez-vous,»dit-il.«Sorsavecmoi.»

Jesecouelatête.Jenesuispascenséel’aimerautantaprèssipeudetemps,maisj’entrevoisdesopportunitésque jen’avais jamaisenvisagéesavant. Ilme fait croireque jepourraisavoirun rapportsainavecquelqu'un.Ehbien,peut-êtresij’étaisquelqu'und'autre.Maisnon,jesuismoi-même.Doncjenepeuxpas.

« Je te remercie dem’avoir laissée dormir ici, » dis-je. « Et fairema lessive et prendre unedouche.J’apprécievraiment.Peux-tuégalementremerciertesfrèresdemapart?»

Samainmelâcheetjemesenscommequelqu’unquiaperdusonancreetquivadériver.Ilhochelatête.Ilrevientàlatable,s'assiedetcommenceàtournerlespagesdujournal.Ilnemeregardeplus.Jesensquejesuisentraindeleperdre,etj’ail’impressionquel’onm’arracheunepartiedemoi-même.

Jesorsetjem’appuiecontrelemurextérieurdelaporte.Ilnepeutpasfairepartiedemavie.Cen'estpasbonpourlui.Pouraucund’entreeux.C'estcommeçaqueçadoitsepasser.

***

Monculestànouveaufroid,bienquejeportedesleggingsnoirssousmamini-jupeàcarreaux.Ilfait froiddans lemétroet je suisassise surmonsacpourprotégermes fessesdubéton froid.Mais ils’infiltre toujours en moi. Cependant, j'ai gagné quarante-deux dollars aujourd'hui et c’est une bonnejournée. Je devais avoir l'air tout à faitmiséreuse puisque les gens ontmis de l'argent dansmon étuicommesij’étaisunesans-abri.Ehbien,jelesuis,maiscen’estpascommesijetenaisunepancartequidisait«J’aifaim.»

Ilestseptheurespasséetjesuisicidepuismondépartdel'appartementdeLogan.Mesmainssontfatiguées et je ne peux pas m'empêcher de penser que je ferais mieux de m’en aller. La foule destravailleursestpasséeetlesivrognesonttendanceàsortiraprèslatombéedelanuit.C’estpourcelaqueje neme sens jamais en sécurité dans lemétro quand il commence à se faire tard. Je rassemblemesaffairesetrangemaguitare.J'empochel'argentquej'aigagnéaujourd'hui.Ilcommenceàfaireplusfroiddehorspuisquel'automnes'installesurlavilleetmoi,jen'aipasdemanteau.Jepeuxsoitutiliserl'argentpourprendreunechambred’hôtel,soitalleràlafriperiepouressayerdetrouverunmanteaud’occasionpourmegarderauchaud.Sijefaisça,jevaisdevoirdormiraurefugeencoreunefois.Pourvuqu'ilsaientuneplace.

Ainsi,cesera:manteau,refugeetretouràlastationdemétrodemain.Quelqu'unm’appellealorsquejemontelesmarchesdutunneletenmeretournant,jevoisBone

deboutprèsdulampadaire.«Commentçava,Kit?»demande-t-il.Sesyeuxlorgnentlescourbesdemoncorpsetjebouillonneintérieurement.

«Trèsbien,»dis-jerapidement.«As-tubesoindequelquechose?»Ilsecouelatête,semordantleslèvres.«Tuasunendroitpourdormircesoir?»demande-t-il.Il me demande ça à chaque fois qu'il me voit, comme s’il allait profiter d’un moment de

vulnérabilitéoùj’accepteraistoutcequ’ilaàmeproposer.Jenesaismêmepasdequoiilestquestion,maisjesaisqueceneserapasbonpourmoi.«Oui,maismercidedemander.»

«Quandtuveux,Kit»dit-il.Ilseretourneets’éloigne,sonbrasautourdesépaulesd’unefille.Ellesembledroguée.Etjeseraisprêteàparierquec’estcommeçaqu’illesaime.

Jemarcheàtraverslaville,déambulantverslerefuge.Jesaisquec’estjusteàcôtéducoinoùLogantravaille.Jenepeuxm'empêcherdemarcherpar-là.Leslumièressontalluméesàl'intérieuretilya encoredes gens. Je ralentis, en espérant l’apercevoir. Je veux juste le voir. Je sais qu'ilmedétesteprobablement.Maisjeveuxlevoirmarcher,respirer,etpeut-êtremêmerire.

L'enseigneennéonsurlebâtimentditReed.Jemedemandesic'estleurnomdefamille.Paulsedirigevers laporte etme fait un signede lamain. Il incline la tête etme regarde. Jen’auraispasdûm’approcherautant.Ilpousselaporteouverteetparleàtraversl’entrebâillement.«Tuviens?»

Jesecouelatête.«Jenedevraispas.»Ilhochelatête.«Tunedevraispas.Maistueslà.»Ilmefaitsigned’entrer.«Ilestàl’arrière.»C'estcommesijenecontrôlaisplusmespas.Jemarcheversl'arrièredusalondetatouageetla

jeunefilledelaréceptionmelanceunregardmauvais.Jel'ignore.Ilyaunrideauàl'arrièredusalonetjedevinequec’estlàqu’ilsetrouve.Jelepousselentementdecôté.Ilnepeutpasm’entendreetilestdel’autrecôté.Maisilyaunefemmesurlatablequiestnuejusqu'àlataille.Ilestdeboutdevantelleavecsonbrasenrouléautourd'elle.Samainestoccupéeautourdesonseindroit.

«Merde,»dis-je. Jemesenscommequelqu'unquivientdeseprendreuncoupdepoingdansl'estomac.LafemmesurlatablesursauteetLoganlèvelesyeux.Jen’aipasd'autrechoixquedepartir.Jen’aipascessédepenseràcethommetoutaulongdelajournéeetlui,ilestavecunedesestraînées.Jesavaisqu'il encôtoyait.Maisvoir sesmains sur l'uned'entreellesest rude. Jen’aipas ledroitde lecontester. Jen'aimêmepasprévudevenir le retrouver.Paul a insisté.Paul savait-il que çame feraitquelquechose?

Paulsemetentraversdemoncheminalorsquejecoursverslaporte.«Kit,»dit-il,m’empêchantdepartirenmebloquantlechemin.

J’essaiedelerepousser.Jenepeuxpasrespireretencoremoinsm’arrêterpourluiparler.Avantquejepuissearriveràlaported'entrée,Logansortdel'arrièredelaboutiquepourmerattraper.Jepeuxentendresespassurlesolstratifié.

Loganserapprochedemoi,attrapantmoncouded’unepoignefermemaisdouce.Leslarmespicotentledosdemescils.Jenesaispaspourquoiellessontlà,maisellesysont.Et

jeneveuxpasqu’illesvoie.Ilbranditundoigtmedisantd'attendre.Jenepeuxpasattendre.Sij'attends,ilmeverracraquer.

Ilmeprendlamainfermementetcommenceàm’entraînerversl'arrièredelaboutique.Ilpousselerideausur lecôtéet jevoisque la femmeestencoreassiseexactementcommeil l'avait laissée.Cen'estquemaintenantqu'elletientunemincefeuilledepapiersursesseins.«Salut»,dit-elle.Ilpointeunechaisedudoigtetindiquequ'ilveutquejem’asseye.

Jesecouelatête.«Non.»Ilmemontreànouveau lachaise. Jem’assiedsparceque j’ai l’impressiondenepluspouvoir

tenirsurmesjambes,maisc'estlaseuleraison.Ilseretourneverslafemmeetretirelepapierverslebas.Iltatouesonmamelon.Jedétournele

regard.«Nevousinquiétezpas,»ditlafemme.«Ilafaitdutrèsbeautravail.Çanemedérangepassivousregardez.»

Il fait un tatouage. Bien sûr que c’est ce qu’il fait. Je récupère enfin mon souffle. Il fait untatouage.Jeregardepar-dessussonépaulependantqu’ils’occupedesfinitions.Ilnetatouepasjustesonmamelon.Letatouageestsonmamelon.Qu’est-cequec’est?

«Doublemastectomie,»explique-t-elle.«Loganfaitdestatouages gratuitspourlespatientsayantsubiunemastectomie.»Ellesecambre.«Qu’enpensez-vous?»

Ilsressemblentàdevraismamelons.L'ombragesurlesbordsestparfaitetiladessinéunsimple

mamelon avec une grande auréole.Mais ce n’est pas un travail d’amateur. C’est uneœuvre d'art. Lacouleurestde lamêmenuanceque ses lèvreset jenepeuxpascroireàquelpoint ilsont l’airvrais.«Ouah,»dis-je.Quedire?Beauxmamelons?Bellepoitrine?«C’estincroyable.»

Loganluitendunmiroiretelleregardel'unpuisl'autre.«Ilssontparfaits!»Ellesejetteàsoncou,et l’étreintétroitement,mesouriantpar-dessussonépaule.Ils’éloigned'elleetsepenche,plaçantdoucementunbaisersursapoitrine.Sesyeuxseremplissentdelarmesetlesmiensaussi.

« Je vais lesmontrer à tout lemonde, » dit-elle. Ellemaintient le papier sur ses seins en sepromenantdans lesalon.La jeunefillequise trouveà l'avantde laboutiquevientpour lesadmireretPaul feint de regarder ailleurs. Il n'y a personne dans le salon,mais j’ai le sentiment que s’il y avaitquelqu’un,ceseraitlederniersessoucis!

«Ellevoulaitsesentirànouveausexy,»dit-ilcalmement,tirantd'uncoupseclerideauderrièrelequelnousnoustrouvons.

«Tuasfaitdubeautravail.»Jecognel’étuidemaguitarecontremestibias,jenesaispasquoidire d'autre. C’est vraiment remarquable de voir à quel point ils ont l’air réalistes. L'ombrage, lescouleursetlafaçondontilscorrespondentàlatailledesesnouveauxseins,toutestparfait.

«Elleenavaitbesoin.»Ilhausselesépaules.Ilesttellementhumble.Ellerepassederrièrelerideau,l'airsatisfait.Elleenfilesachemiseetprenddel'argentdansson

sac.«Jen’aipasgrand-chose,»commence-t-elle.Illereposedanssonsacàmain,ensecouantlatête.«Ilnevousprendrarien,»dis-je.Ellerétrécitsesyeuxsurmoi.«Quiêtes-vous?»«Personne.»Ellehochelatête.ElleembrasseLogansurlajoue,mefaitunsignedelamainets’enva.Il commence à nettoyer sa table de travail. Il se tourne vers moi du coin de l'œil et dit : «

Pourquoies-tuici?»J’ouvrelabouche,maisjen’aiaucuneidéedecequepourraisluidire,alorsjemetais.Ils’arrête

etappuiesahanchecontrelatable,croisantsesbrassursontorse.«Puis-jet’inviteràdîner?»Jelaissecesmotss’échapper.Jenesaispasd'oùçasort.Maisc’est

dit.Ilsourit.«Oui.»

Logan«Queveux-tumanger?»demandé-jealorsquenousquittonslemagasin.KitademandéàPaulde

se joindreànous,mais jepensequ'ilavumonregard lesuppliantdedécliner l’invitation.J'aibesoind’êtreseulavecelle.J'aibesoindel'emmeneràunrendez-vous.Techniquement,c’estellequim’ainvité,maisjenelalaisseraijamaispayerledîner.Jamais.

«Peuimporte,»dit-elleavecunhaussementd'épaules.Jemerendscomptequejenesaisriendecequ'elleaime.«Italien?»J’indiqueunrestaurantau

coindelarue.Elleacquiesceenmesouriant.« Jenepensaispasque tuallais revenir.» Je lui tiens laporte et elle entredans le restaurant

devantmoi.LaserveusenousconduitàunetableetKitseglissesurlabanquetteenfacedemoi.« Je n’aurais pas dû. » Ellemet sa guitare sous la table,me frappant dans le tibia sans faire

exprès.«Jesuisdésolé,»dit-elle,grimaçant.Elleestsoudainmalàl'aiseavecmoi.Est-elledésoléedem’avoirfrappédans le tibiaoudem’avoirquittécematin?«Qu'as-tufait

aujourd'hui?»demandé-je.Ellefaitunegrimaceetpointesaguitare.«J’aijouédanslemétro.»«Commentc'était?»Ellehausselesépaules.«Ilfaisaitfroid.Mesfessessonttoujoursgelées,»admet-elle.J’aitoutà

coupentêteuneimagedemoil’aidantàlesréchauffer.Jerevoisleglobeparfaitdesonderrièredontj’aiététémoincematin.«Quoi?»demande-t-elle.

Mes pensées lubriques doivent être lisibles surmon visage. «Rien, » dis-je.Mais un sourireapparaitaucoindemeslèvres.

«Qu'est-cequiestsidrôle?»demande-t-elle,eninclinantsatêtesurlecôté.Jesecouelatête.«Monespritétaitenvadrouille,situveuxvraimentlesavoir,»admets-je.«Je

suisdésolé.Celanesereproduiraplus.S'ilteplaît,continue.»Jesignepourl’encourageràcontinuerdeparler.

«Tupensaisàmesfesses,»dit-elle.Ellemefaitmaintenantungrandsourire.Lachaleurinondemesjoues.Elleesttellementjolieputain.La serveuse vient à la table avec des menus et en pose un en face de chacun de nous.

«Bienvenue, » dit-elle. «Voulez-vous connaître nos spécialités ? » Elle cligne des yeux en essayantd'attirermonattention.Jemefaisunpointd’honneurànepaslaregarder.

Kithochelatêteenréponseàsaquestion.ElledébitecertainsélémentsdumenuetleursprixetjevoisKitmettrelamaindanssapocheetcomptersonargentsouslatable.Iln'estpasquestionquejelalaissepayerledîner.

«Quepuis-jevousserviràboire?»«Sodacitron,»demande-t-elle.Jehoche la tête.La serveusenous laisse avec lesdeuxmenus. J’ouvre lemien,maispas elle.

«Sais-tucequetuveux?»demandé-je.«Qu’est-cequetuprends?»Ellemesourit.J’ouvrel'autremenudevantd'elleetpointelemottoutenhaut.«Quevois-tuquandturegardesle

menu?»Ellesefrottenez.«Jecroisvoirquelqu'unquipensequ'ilpeutm’apprendreàlire.»Elleferme

lemenu.«Crois-moi,despersonnespluscompétentesquetoiontdéjàessayé.»«Quiça?»demandé-je.Elleprendunegorgéedesonsodacitronà traversunepaille, lapinçantentreses lèvres.«La

questionserait,quin'apasessayé.J’aiétéforcéederencontrerunnombreincalculabledethérapeutesquipensaientqu'ilspouvaientdébloquermoncerveau.Personnen’aréussi.»

Ellen'apasl'aircontrariéeparsonaveu.Ellesemblejusterésignée.J’ouvrelemenuànouveau,parcuriosité.Jemontrelemotenhautdelapage.«Qu'est-cequecelanousdit?»demandé-je.

Elle baisse les yeux et ferme lemenu. « Je connais lesmots, » dit-elle. Il semblerait qu’elleveuille vraiment me parler de son problème, et j’ai vraiment envie de le comprendre. « Je peuxorthographierdesmots.Etjevoiscequ'ilsveulentdire.C'estjustelafaçondontilssontcouchéssurlepapierquiestdurepourmoi.Ellehausselesépaules.«Jenem'attendspasàcequetucomprennes.»Elleregardepartoutdanslasallesaufversmoi,etjeregrettedel’avoirpousséeàmeparler.

«Donc,tuconnaislesmotsettusaiscommentlesépelerdanstatête?»Celamedéconcerte.«C’estfou,n’est-cepas?»Ellerit,maisiln'yapasvraimentdesouriresursonvisage.«La

dyslexieestunepute.»Laserveuseréapparaîtavecunpanierremplidepainetleplaceaucentredelatable.Kitprend

unmorceaudepain,etjemedemandesielleamangéaujourd'hui.« Avez-vous décidé ce que vous prendrez ? » demande la serveuse. J'indique le poulet

parmigiana.Ellehochela têteetmeregardebizarrement.Ellecomprendquejenesuispascommelesautres,maisapparemment,ellesemblemetrouverfascinant.

«Qu’est-cequevousconseillez?»luidemandeKit.Elleafait lamêmechosel’autrejour.Çadoitêtresafaçondes’adapteràl’inconnu.

«Le poulet parmigiana est délicieux, » dit-elle enme souriant.Kit n'est pas impressionnée. «Maisl'Alfredoestmonpréféré.»

JehochelatêteenregardantKitensigned’encouragement.Ellerit.«D'accord,maissijen’aimepasça,jeprendraitonpoulet,»prévient-elle.«Jevaisprendrel’Alfredo,»dit-elleàlaserveuse.

Kitporteunmorceaudepainàseslèvresetenprendunebouchée.Unemiettesecolleàsalèvreetjeveuxl'attraperetl'apporteràmeslèvres.Maisjen’osepas.Jel’aiinvitéeàdîneravecmoi.Sijememontretropentreprenant,ellevas'enfuir.

«As-tumangéaujourd'hui?»laissé-jeéchapper.Sonvisagerougitetelleacquiesce.Ellement.J’ensuissûr.Jepousselacorbeilleàpainverselleetluidis,«Mange.»Elleprendunautremorceau.Ellemâcheensilencependantuneminute,puisellemeregarde.Sonvisageestdouxquandelle

dit,«Cequetuasfaitpourcettefemmedanslaboutique,aveclestatouages ...»Jehochelatêtequandelles’arrête.Ellefaitréférenceauxtatouages desmamelons.«Cefutincroyableetmagnifique.Oùas-tuapprisàfaireça?»

Jehausselesépaules.Jenemesouvienspasl’avoirapprisnullepart.Jesavaisquejepouvaisdessiner.Etcequejepeuxdessiner,jepeuxletatouer.«Jepensequeçaluiaplu,»esttoutcequejedis.

« Tu plaisantes ? » Elle frappe la table. « Elle était extatique. Et ils étaient vraiment beaux.Commedel'art.Puis-jevoirtestatouages?»Demande-t-elleavechésitation.

Jeportemonmanteau,doncjedoisdégagermesépaulespourluimontrer.J’aidessinélaplupartd'entreeux,etmesfrèreslestatouentsurmoi.Jedécided’enlevermonmanteauetmetsmesmainsàplatsurlatable.Ellesepenche,regardantdeprès.J’aidestatouages ducoujusqu’auxpoignets.

Elletoucheleslèvressurmonavant-braseneffleurantlégèrementmapeau.Lespoilsdemesbrassedressent,maisjeprétendsnepasleremarquer.«Pourquoias-tucelui-là?»demande-t-elle.

Jesouris.«Celui-làvaaveccelui-ci.»J’indiqueunautre tatouagesurmonautrebras.«C’estunechosequemamèreavaitcoutumededire.»

Sonfrontseplisseenvoyantlacroixsurmonautrebras.«Devos lèvres auxoreillesdeDieu», j'explique.«Dansmoncas, j'ai beaucoupdedistance

entremeslèvresetlesoreillesdeDieu.C'estpourquoiilsnesontpassurlemêmebras.»

«Vois-tusouvent tamère?»demande-t-elle.Ellemangeencoredupainetc'est tantmieux.Jeveuxcontinueràluiparlerafinqu’ellecontinueàmanger.

Jesecouelatête.«Elleestmorteilyaquelquesannées.»«Oh.»Sabouchearrêtedebouger,etelleavaled’uncoup.«Jesuistellementdésolée.»Jehausselesépaules.C'étaitunaccidentbizarre.«Ettonpère?»demande-t-elle.«Ilestpartiaprèslamortdemaman,»expliqué-je.C’estdifficilepourmoideparlerdeça.«

J’imaginequel’onétaittropnombreux.»Jeris,maiscen’estpasdrôle.«Donc,tuesseulavectesfrères?»demande-t-elle.Jehochelatête.«Paulaprislaresponsabilitédetoutlemondequandnotrepèreestparti.C’était

nécessairepourquenousrestionstousensemble.».«Ouah.»C'esttoutcequ'elledit.Justeouah.Elleal'airunpeuchoquée.«Nousnousdébrouillons,»expliqué-je.Jeneveuxpasqu'ellesefassedusoucipourmoi.«Et

toi?Oùesttafamille?»Maisellesecouelatête.«Non,»dit-elle.«Cen'estpasjuste,»dis-je.Ellebranditundoigtexactementcommejelefaistoutletemps.«Jesaisquecen'estpasjuste»,

dit-elle.«Maisc'estmieuxsitunelesaispas.»«Mieuxpourqui?»demandé-je.Jesuisunpeucontrariéqu'ellegardedessecrets.Elleenale

droit,maisjenelecautionnepas.«Masituationestdifficile,»commence-t-elle.«Etjenepeuxpastel'expliquer.»Elleregardemestatouages.Sonregardseposesureux.Ilyenatroppourlescompter.Maisje

doisluimontrerceluiquiestlesien.«Jeveuxtemontrerquelquechose,»dis-je.«Maisjecrainsquetutemettesencolèrecontremoi.»

Elleesttoutd'uncoupsursesgardes.«Pourquoi?Qu'est-cequec'est?»Je retournemonpoignet et indique son tatouage surmonpoignet intérieur.C'est un endroit que

j’avaisgardélibrepourquelquechosedespécial.Ellesepencheversletatouageettoutsonsouffleseprécipitehorsdesoncorps.Jepeuxlesentirsurmamainquandelleexpire.

«C'estmontatouage,»dit-elle.Elleprendmamaindanslasienneetlasoulèveverssonvisage.«Es-tuencolère?»demandé-

je.Ellemeregardebrièvement,puisrepose lesyeuxsurmontatouage.Elle lescrutesous tous les

angles.Samaintremblealorsqu’elletientfermementlamienne.«Tul’aschangé.»«J’aipenséquetuavaisbesoind'unesortiedesecours.»Jel'aimissurmonpoignetparcequej’aiétéintriguéparlessecretsquis’endégageaient.C’est

del'artetjel’appréciesoustoutessesformes.Elledéglutit.Puissesyeuxcommencentàseremplirdelarmes.Elleessaiedelesrepousseraussi

longtempsqu’ellelepeut.Etpuiselleselèveetcourtverslestoilettes.Merde.Maintenant,j'aimerdé.Jel’aifaitepleurer.Ellesedirigeverslaserveusequisursaute.

La serveuse se dirige dansmadirection, unemain sur ses hanches,mais jeme lève et je suisKit. Jem’arrêteàl'extérieurdestoilettespourfemmesetappuiemamaincontrelaporte.Jenesaispascequej'attends.Ellepleureàl’intérieuretjenepeuxévidemmentpasl'entendrepourm’assurerqu’ellevabien.Putain. Jenevaispas la laisser là,complètementbouleversée. Jepousse laporteet jenevoispasdepiedsdépasserdanslescabinesquandjemepenche.

Oùdiableest-elleallée?Jepousselesportesouvertes,maisladernièreestverrouillée.Jemelèvesurlapointedespiedsetregardepardessus.Ellesetientlà,avecsesavant-brasplaquéscontrelemur,latêtebaisséeentresesbrasetsondosestparcourudetremblements.Ellesanglote.

Jefrappeàlaportedelacabineetdit:«Laisse-moientrer,Kit.»Laportenes’ouvrepas.Jefaisunpasenarrièresurlapointedespiedsetregardepar-dessus.Ellepleureencore.«Laisse-moientrer,»jerépète.Ellenebougepas,alorsj’entredanslacabineàcôtédelasienneetmontesurlestoilettes.Jem’appuiedoucementcontrelemurentrelesdeuxtoilettes.Ilpeutsupportermonpoids.Detoutefaçon,ilyauneseulefaçondelesavoir.Jemehissepar-dessuslemur,passemesjambespar-dessuslacloisonenfaisantattentionetjesautedanslestoilettesoùsetrouveKit.

Avantquejepuisselatoucher,elleestdansmesbras,sesmainsseglissantautourdemoncou.Ellesanglotetoujoursetsoncorpstremblecontrelemien.J’inclinesonvisageparcequejenepeuxpasvoirseslèvrespourvoirsiellemeditquelquechose.Jedoisluiprésenterdesexcuses.Jenem’attendaispasàcequ'ellesoitsibouleversée.Jeferaisunautretatouagepar-dessussiçaladérangetant.

Je sensmon cœur se briser. J'ai vraimentmerdé. « Je suis désolé, » lui dis-je, regardant sonvisage.Ses joues sont trempéesde larmesetelle se figeenme regardant. Jepeux le sentir commeunbattementdecœurdansmapoitrine.Elle semet sur lapointedespiedsen s’appuyant sur leboutdesmiens.Elletirematêteverselleàl’aidedesamainenprenantappuisurmoncou.

Sesyeuxbrunss’ouvrentetsonmascaracoulesursesjoues,maisjenem’ensouciepas.Ellenem'ajamaissembléplusbellequemaintenant.Jeprendssonvisagedansmesmainsetessuielemascarasoussesyeuxavecmespouces.Sonsoufflechatouillemes lèvresetelleserapprochedavantage.Toutsonpoidsest surmesbottesmais jem’en tape royalement.Ellepeut faire toutcequ’elleveutsic’estpourêtreaussiprochedemoi.

«Pourquoil’as-tufait?»demande-t-elle,enreculantassezpourquejepuissevoirseslèvres.Jeluiaidéjàdit,jepensaisqu'elleavaitbesoind'unesortiedesecours.Toutcequej’aiajoutéau

tatouageestun troude serrureaucentrede laguitare.C’estunconcept simple,vraiment.« Jene saispas,»dis-je.Jeveuxluiexpliquer,maisjenepeuxpas.Pasmaintenant.Sonsouffleestsurmeslèvres,ellesentlepainetlesodacitron.Jen'aijamaisvouluembrasserunefilledansmavieautantquejeveuxl’embrasserelle.Maisellepleure,putain.Jenepeuxdécemmentpasprofiterd'elle.

Elleattirema têtevers lasienneetembrasse lecoindemabouche.Puis,elleembrasse l'autrecoin.Jenepeuxpasmeretenirpluslongtemps.Jesuisseslèvresavecchaquemouvementqu’ellefait.Elle souritquandelles rencontrent enfin lesmiennes. Jepeux le sentir contremabouche. Jegarde lesyeux ouverts afin de voir son visage. Je le tiens dansmesmains et je fais glissermes doigts de sescheveuxàsestempes.

J’ai tellement envie de l’embrasser doucement. Je veux la traiter comme le trésor qu'ellereprésenteàmesyeux.Maisjenepeuxpas.Elleestdansmesbrasetsentsibon,etelleestsidoucequej’ignore si je suis capabledem’arrêter.Puis, ellemordillema lèvre inférieure entre les siennes et lasuçotedélicatement.Sesyeuxsontfermésetellefaitl'amouràmabouche.Jefermelesyeux,jecrainsderéaliserqu’ilnes’agissaitqued’unrêveenlesrouvrant.

J’inclinematêteetappuiemeslèvresplusfortementcontrelessiennes.Elleestdouceetchaudedansmesbrasetelleestappuyéecontremoidetoutsoncorps.Kitcommenceàsortirmachemisedemonjeanetjelèvemesbraspourl'aider.Sesmainstouchentmataille,etjemefige.Jelahissedansmesbras,enroulantsesjambesautourdemataille,latenantavecmesmains,palpantsesfesses,puisjelapressecontre lemur et je la sens rire contremes lèvres. Je peux en sentir la vibration dans sa gorge, c’estcommeunbourdonnementdoux.

Sesmainssepromènentsurmontorse,maisjecontinuedefairel'amouràsabouche.Salangueglissecontrelamienne,etlamiennesefrayeuncheminàl’intérieurdesabouche.C’estlapremièrefoisque nos corps entrent vraiment en contact et je veux y aller doucement. Je veux profiter de chaqueseconde,maisellen’estpasdecetavis.Elleestchaudedansmesbrasetsetortillepourserapprocherdemoi. Ses mains s’arrêtent alors qu’elle effleure ma poitrine et elle retire ses lèvres des miennes. Jeprendsunmomentpouressayerdereprendremonsouffle,carj’ail’impressiond’avoircouru5kms.Je

ressensmêmelepointdecôtépourmeleprouver.Ellesoulèvemachemiseettouchemespiercingsduboutdesdoigts.

Monsoufflemequitte.Elleestmutine,etj'aimequ'elleprenneletempsdemeregarder.Elleseconsacreattentivementàsatâcheetelleexploremesmamelons,regardantversmonbasventre,salèvreinférieurecoincéeentresesdents.Jelatireavecmonpouce,toutcommejel’aidéjàfaitauparavant.Acemoment-là, jemepencheverselleet l’attirecontremabouchepuis jemordille ses lèvresdoucement.Elleroulemespiercingsentresesdoigtsetjesensqu’ellevamefaireperdrelatêtesiellenecessepassonexploration.Jemereculeetenfouismatêtedanssonépaule,respirantplusdifficilementquejamais.Cettefemmemerenddingue.

Uncoupsurlaportedestoilettesmesurprend,carjepeuxressentirlasecoussecontrelacloisonmétallique.

Kitlèvelesyeuxetdit,«Justeuninstant.»Jerespiresidifficilementquejepeineàreprendremonsouffle,jelareposeparterreetelleretire

ses jambesd’autour dema taille.Elle ouvre la porte de la cabine et sort, essuyant sonvisage encorehumide.Legarsquiafrappéàlaportehallucinequandilvoitàquelpointelleal’airtriste.Ellepleuraitvraiment intensémentquelquesminutesplus tôt. Je ferme laporteet le laisse luiparler,parceque j’aibesoin d'une minute pour me calmer. Je remonte mon pantalon et ajuste mon érection. Je dois ladissimuler avec ma chemise parce que ma queue en érection remonte jusqu’au bouton de mon jean.Merde.

Elleétaittellementàsaplacedansmesbras.Jememetsdoscontrelemuretessayederespirercalmement. Mais il n'y a pas grand-chose qui pourrait me calmer. La seule chose qui rendrait celapossibleseraitqu’ellerevienneicietquenousterminionscequenousavonscommencé.

J’ouvrelaporteetregardedehors.L'hommeestpartietelleestdeboutdevant l'évier,nettoyantson visage. Lorsqu’elle me voit dans le miroir, elle me regarde avec un doux sourire. Je me placederrière elle etmetsmes bras autour d'elle, reposantmonmenton sur son épaule. « Je suis désolé det’avoirfaitpleurer,»dis-je.

Ellesecouela têteetmeparledans lemiroir.«Personnen'a jamaisfaitquelquechosed’aussibeaupourmoi,»dit-elle.Sesyeuxseremplissentànouveaude larmeset jeregretted’êtresortide lacabine.Jeretourneraidanscettefichuecabinesiellearrêtaitdepleurer,maisjeresteavecelle.Jelesaismaintenant.Jenelaquitteraipas,peuimportelaraison.

«Le verrou ?» demandé-je. Elle est appuyée contremoi et elle passe ses bras par-dessus lesmiens.

Ellehochelatête.Elleessuiesesyeuxavecunessuie-tout,enlevantlemaquillagenoirsoussesyeux.Sonvisageesttâché,maisellen'ajamaisétéaussibelle.Pendantcettefractiondeseconde,ellenemecacherien.

«J’aisuqueletatouagedevaitêtrechangéàlaminuteoùjel’aivu.Jesuisdésolésij’aisouillétonart.»Ellepourraitdésapprouvermonchangement,maisj'ailesentimentqu’elleapprécie.

«C'estparfait»,dit-elle.Elleretiremonbrasd’autourdesatailleetregarde.«C'estparfait»,répète-t-elle,reniflant.«Jenesaispascommenttedirecequejeressens.»

C’estmoi qui ai une déficience auditive et elle ne peut pasme parler ? Je ris et soulève sescheveuxdesoncouetembrassesanuque.«Tun’aspasàmedirequoiquecesoit,»luidis-je.

Elleseretourneetplacemesjouesentresespaumes,samaincaressantmabarbed’unjour.Jeprendssesmainsdanslesmiennesetlessoulèvejusqu’àmabouche,jelesembrassechacune

leurtour.Ensuite, jeregardedanssesyeuxetouvrelabouchepourluiposerunequestiondontjedoisconnaîtrelaréponse.

«Quelesttonnom?»demandé-je.Elle se fige.C’est comme s’il y avait soudainement unmur entre nous, et pourtant, je lui tiens

encorelesmains.«Non,»dit-elle.Jemesenscommesiellem'avait frappédans l'estomac.Je larelâcheet faisunpasenarrière.

«Pourquoipas?»demandé-je.«Jenepeuxpas,»dit-elle.Jehochela têteetsorsdestoilettes.Mesjambestremblent.Laserveusemejetteuncoupd'œil

alors que jemedirige vers la table. Jem'assois.Kit est toujours dans les toilettes, et je ne peuxpasm'empêcherdemedemandersiellevaensortirunjour.Saguitareesttoujourssouslatable.Doncelledoitrevenir,non?

EmilyJ’appuielourdementsurmespaumes,mettanttoutmonpoidssurleplandetravaildulavabo.Mon

pouls bat si fort que je peux l'entendre dansmes oreilles, et expirerme brûle les poumons comme siquelqu’un leur avaitmis le feu.Peut-êtreque c'est cequ'il a fait.Oupeut-être a-t-il secoué toutes lespiècesdemoncorpsenvracetellesdoiventdésormaisseremettreenplace.

Entoutcas,j’ail’impressionquequelqu'unm'adéchiréendeuxmorceaux.Ilyaunepartiedemoiqui veut donner à Logan tout ce qu'il souhaite. C’est la partie qui veut dévoilermon âme afin de luiconfiertousmesproblèmes.Illesaspireraitpuislesrecracheraitettousmesproblèmesdisparaîtraient,commedansLaLigneVerte.Jesaisqu'illeferait.Maismesproblèmessonttropencombrantspourlui.Ilslemangeraienttoutcru.Etjenepeuxpaslaisserçaarriver.Parcequ'ilyal'autrepartiedemoiquisaitquejedoiscourircommeunedératée.Jedoislequitteravantdeleblesser.

Jepasseleboutdemesdoigtssurmeslèvres.Ellessontrougesetgonfléesdesesbaisers.Jen'aijamaisétéembrasséecommeçaavant.Jen'aijamaiseud’hommequifaisaitl’amouràmabouche.Jen'aijamaiseud’hommequiaessayédesefrayeruncheminjusqu’àmonâme,l’embrassanttoutennetouchantquemabouche.Maisc’estcequeLoganafait.

Jedoisretournerlà-bas,reprendremaguitareetpuispartir.Ceseraitlachoselapluslogiqueàfaire.Maisilamismontatouagesursonpoignet.Ils’esttatouéavecmondessinetl'achangé.Leslarmesinondentmesyeuxànouveauet je les repousse,utilisantunessuie-touthumidepouressuyer les tracesd'eye-linerendessousdemesyeux.Jeressembleàunratonlaveur.

Jepousseunsoupir.Cen’estpasétonnantquelegérantm'aitregardéecommesijeméritaistoutela sympathie du monde. Je lui ai dit que quelqu'un d'important était mort. Que c’était la raison pourlaquellejeressemblaisàça.Maisenréalité,jesuiscellequiestmorte.Lorsquejesuispartiedechezmoi, je suismorte. J’aime l'existence paisible que j'ai créée ici. Je sais à quoim'attendre. Et je suisdestinéeàaffronterlavieseule.Loganestentrainderuinermonexistencepresqueparfaite.

Jen'ai pas ressenti d'espoir depuisvraiment longtemps.Mais je suisoptimiste àprésent, et cen’estpasunebonnechose.

Jemepousseducomptoiret recoiffemescheveux.Sesmainssesontbaladéesà travers,etondiraitquejesuispasséedanslesèche-linge.Unriresortdemeslèvres,sanslevouloir.

Jeretourneàlatableoùilestassis.Ilmangeunmorceaudepainetlèvelesyeux,calmecommeàsonhabitude.Jemeglissesurlachaiseenfacedeluietmecalecontreledossier.

«Çava?»demande-t-il.Je hoche la tête. « Je vais bien. » Je ferme les yeux, essayant de trouver lesmots justes pour

m’expliquer.Ilprendmonmentondanssapaumeetj'ouvrelesyeuxpourleregarder.«Tun’aspasàmedirequoiquecesoit,»dit-il.Jesecouelatête.Lesmotssontlàsurleboutdemalangue,maisjen’arrivepasàlessortir.«Je

veuxteparler,»jecommence.Maisensuite,jegrimaceetmordsl'intérieurdemajoue.Laserveusearriveavecdeuxplatschaudset lesposedevantnous.Elle remplit ànouveaunos

verresetprendcongé.Logan regarde sa nourriture et sourit. Il prend une bouchée de son poulet et il est content. Il

indique lemienavecsa fourchette. Jeneveuxpasmangerpour l’instant. Jeveuxmettre leschosesauclair.

«Jesuisjusteheureuxquetusoislà,»dit-ilalorsquejeremplismaboucheavecl’Alfredo.«Jecraignaisquetut’enfuies.»

J'enavaispeuraussi.Etj’ypenseraiprobablementencore.Jetournemafourchettedansunepile

denouillesetlaluitends.«Veux-tugoûterlemien?»demandé-je.Sesyeuxbleusdeviennentsoudainbrillants.Ilsouritetsepencheenavant.Ilpenchesatêteen

arrière,labouchepleine,etmâchepensivement.«Letienestmeilleurquelemien,»dit-il.Jeprendsmafourchetteetlatrempedanssonassietteetilsouritetsecouelatête.Ilnem'enapas

empêché.Jemâchepensivementunmorceaudesonpoulet.«Lemienestmeilleurqueletien,»jesuisd'accord.

Ilhausselesépaulesetsourit.«Mange,»dit-il.Nousmangeons tranquillement et je vole de la nourriture dans son assiette si souvent qu'ilme

menaceavecunefourchette.Maisjeluidonnetoutautantdemonplat,alorsilaccepte.J'aimecesinstantsaveclui.Maisj’aiaussiappréciélemomentdanslestoilettes.

Quand la serveuse remportenosassiettes, jedoisme forcerpournepasdemanderuneboîte àemporter.Jepourraisnerienavoiràmangerdemainetjedétestevoirdelanourritureseperdre.Maisjenesauraispasoùlagarderaurefuge.C'estàcondition,biensûr,quejepuissetrouverunrefugequinesoitpasdéjàcomplet.

Latableestvideentrenous,etlaserveusevientetlaisseunpetitcarnetreliéencuir.Jetendslamain,maisill'intercepte.«Non,»dit-ilensecouantlatête.

«Maisjevoulaispayer,»meplains-je.Ilsecouelatêteànouveau.«Non.»Ilglissesacartedecréditdanslafentedelamachinepuisla

déposesurleborddelatable.Jetendsmamain,prendslasienneetilsursautependantuneminute,maissapoigneestforte.Je

tournesamaindoucement,regardantàl'intérieurdesonpoignet.On peut aisément voir qu’il s’agit d’un tatouage récent, il est tout rugueux.Mais le dessin est

toujours là. « J’adore ça, » dis-je. «Vas-tu en faire un surmoi un jour ? » demandé-je. J’enveuxuncommeça.Etjeveuxletroudelaserrure.«Combiencoûte-t-il?»

«Rienpourtoi,»dit-il.«Jenevoudraispastelaisserlefairegratuitement.»Ilsourit.«Jenevoudraispasquetupaiespourcetatouage.»«Fais-tusouventdestatouages commeceluid'aujourd'hui?»Ses sourcils se froncent comme s'il n'était pas sûr de ce à quoi je fais allusion. J’indiquemes

seins.Etpuislachaleurmonteàmonvisagelorsqu'illesregarde.Ilsourit.«Oh,bonsang,»dis-je,enfouissantmonvisagedansmesmains.Iltiremesmains.«Quoi?»demande-t-il.Iladûpenserquej’aiditquelquechosequandmon

visageétaitcaché.«Rien.»Jesecouelatête.«Jenefaispasdestatouagesdanscestyletrèssouvent.Justedetempsentemps.Ilsleurdonnent

monnomaucentrepourlecancer.»«Tunelesfaisjamaispayer.»Ilsecouelatête.«Jenepeuxpas.Ellesenontbesoin.»«Alors,combiendeseinstouches-tuparjour?»demandé-jeespiègle.Ilgrimace.«Beaucoup,»dit-il.«Vraiment?»Ilacquiesce.«C’estunendroitpopulairepourlestatouages.Mêmequandlesgensnesefontpas

denouveauxmamelons.»Sonvisagerougit.Jepensequ'ilestembarrassé.Notrediscussionautourdesseinsmefaitpenseràcequenousvenonsdefairedanslestoilettes.

Quandjepassaismesmainssursapoitrine,j'aidécouvertsespiercings.Ilmelaissaitmêmelesregarder.«Combiendepiercingsas-tu?»Demandé-je.

Ilcommenceàcomptersursesdoigts.Ils'arrêteàsept.«Sept»?

«Oùça?»Ilindiquechaquemamelon,puissesoreilles,puisl’arcadedesonoreilleetsonregarddescend

verssonentrejambe.Ilnesouritpasetsesyeuxseplissentcommes’ilattendaitdevoirmaréaction.Jemeraclelagorgeetmanquedem’étouffer.«Acetendroit,vraiment?»murmuré-je,unsourire

naissantsurmeslèvres.Ilhochelatête,prenantunegorgéedesonsodacitron.«Est-cequ’ilst’ontfaitmal?»J'aitoutàcoupundésirintensedevoirledernier.Ilhausselesépaules.«Peux-tuenfaireunpourmoi?»demandé-je.Puis,jerajoute,«Maispasaujourd'hui.Nidans

unavenirproche.Jen'aipasassezd'argent.»«Oùlevoudrais-tu?»demande-t-il.J'ai seulement eu les oreilles percées et n'ai jamais pensé àmodifier une autre partie demon

corps.Mestétonsdurcissentrienqued’ypenser.«Est-cequetespiercingsauxtétonst’ontfaitmal?»Jechuchote.Puisjemerendscomptequ'ilnepeutpasdevinerquejechuchote,puisqu'illitsurmeslèvres.

«Ça faitunpeumalquand tu le fais,mais ladouleurnedurepas.Toutcommen'importequelautrepiercing.»

Jenepeuxpasarrêterdepenseràceluid’enbas.Lachaleursepropagesurmesjouesànouveau.«Jepourraistepercer.N’importeoù,»dit-il.Cettefois,c’estsonvisageàluiquirougit.«N'importeoù?»Ilfermelesyeuxetprenduneprofondeinspiration.Quandillesouvre,iln’enn’ouvrequ’unseul

etilmeregardetoutengrimaçantetditprudemment,«N'importeoù.»Ilregardemesseinsànouveauetlècheseslèvres.«Faistonchoix.»

Toutàcoup,jesuiscurieuse.«Tuenfaisbeaucoupdecegenre-là?»Jenesaispaspourquoicelamedérange.«Là...ceux…enbas?»

Ilhausselesépaules.Jen'aimepasl'idéequ’iltouchelespartiesintimesdesautres.Pasdutout.Bienquel’idéequ’il

touchelesmiennes...Jemetortillesurmonsiègeetilfronceunsourcil.«Quelquechosenevapas?»demande-t-il.Ilaunsourirenarquois.Je secoue la tête, mordsmes lèvres. « Est-ce que n’importe qui peut avoir un piercing à ces

endroits-là?»Jeluiindiquemonbassin.Jenesaispaspourquoij’insisteautantàcesujet,maisjesuiscurieuse.

«Laplupartdesgenslepeuvent.»Iljoueaveclasalière.«Nousdevrionsyjeteruncoupd’œilpourvoirqueltypedepiercingseraitlemieuxpourtoi.»

Monvisages’enflammeàl'idéedeluijetantuncoupd’œilàcettepartiedemoncorps.Ilpoussemonverrede sodaversmoi etdit, «Bois.Avantde t’évanouir.» Il sourit, et jen'ai jamaisvuun telregarddeconfiancechezunhomme.Lamaladressedumomentd’avantestpassée.Etilaimememettremalàl'aise.

« Y a-t-il, hum, différents genres ? » Mes paroles ne veulent pas sortir de ma bouchecorrectement.

Ilacquiesce.Ilprendmamaindanslasienneetpromènesonpoucesurledosdemamain.«Ilyenaautantqu'ilyadetypesdefemmes.»

Jeprendsunegrandeinspiration.«Ya-t-ilunbutcachédanstoutça?»Il sourit. « Il peuty en avoir. » Il prendunegorgéede son soda citron. «Certainespersonnes

aimentjustel’idéedupiercing.Puisd'autresaimentjoueravec.»«Joueraveclepiercing?»Jem’étouffe.Sonpoucecaressetoujoursledosdemamainetàcet

instantprécis,ilpourraitaussibienmetoucherlàoùjepourraisavoirunpiercingparcequemoncorps

estsensdessusdessous.Ilsepencheplusprèsdemoi,parlantdoucement.«Lèvres.Langue.Doigts.»Illècheànouveau

sabouche.«Dents.»Illèveunsourcil.«Jepeux,situledésires.»Jebrandisunedemesmains.S'ilcontinue,jepourraism’enflammersurplace.«Non,merci.»«Uneautrefois,»dit-il.Ilmêlesesdoigtsauxmiens.«Tumefaispeur,»Jelaisseéchapper.Ilsursaute,retirantbrusquementsamaindelamienne.«Moi?Pourquoi?Quoi?»Demande-t-il,

ensepenchantenavant.Ilestinquiet.Jepeuxledire,c’estpourquoijeressenslebesoinderectifierl’erreurquejeviens

defaire.«J'aitellementdesentimentspourtoi,»dis-je.Ils'assied,posantunemainsursontorse,poussantunsoupirdesoulagement.«Oh,tum’asfait

peur,»ilrespire.«Jepensaist’avoiroffenséeavecmadiscussionoléolé.»«Tunem’aspasoffensée.Maistumedonnesenviedechosesquejenepeuxpasavoir.»Voilà.

Jel’admets.Jeleveux.Jeveuxtoutesleschosesdontilaenvieluiaussi.Maisjenepeuxpaslesavoir.«Jeressenslebesoindetedirequelquechose,»dit-il.Ilpenseàsesprochainesparoles,etparle

trèslentement,commesileurpoidsluiétaittrèslourd.«D'accord,»dis-jehésitante.«Jeteveuxplusquej’aibesoind’air,»dit-il.Moncœurcommenceàbattreàunrythmefoudans

mapoitrine.J'ouvrelabouchepourparler,maisilbranditcesatanédoigt.«Maisjenepeuxpasagirsurmessentiments.Pastantquejeneconnaitraispastonnom.»

Ilprenduneprofonderespirationetattendmaréponse.Jenepeuxriendire.Jenesauraismêmepasquoidire,mêmesijelepouvais.

« Je veux t’emmener dans mon lit et te faire l'amour toute la nuit. » Il s'arme d’un sourire.«Lèvres.Langue.Doigts.Dents.»Ilfaitunmouvementdecercleavecsesmains.«Dois-jecontinuer?Ouest-cetucomprends?»

Jehochelatête.J'aicompris.Ilsepencheetsoulèvemamâchoirepourfermermabouche.Sontouchéesttendre.

« Jeveux te fairedes chosesque tunepeuxpas imaginer. »Sesyeuxbleus sont sombres, sespupillesgrandesetlarges.

« Je ne sais pas, » commencé-je. J'imagine toutes sortes de chosesmaintenant.Etmon clitoriscognesifortquejedoisserrermesjambespourenatténuerunpeul’intensité.Celanem'aidepas.

«Maisencoreplusque te lécherpartoutet te fairecriermonnomet jurerque tuvoisDieu, jeveuxquetumefassesconfiance.Ettunelefaispas.Pasencore.Maistupourraisunjour.»

Jerespiresifortquejemesenscommesij’avaiscouruunkilomètre.«Jetefaisconfiance,»dis-je.

Il secoue la tête. «Non, c’est faux. » Ilme sourit etmon cœur bascule. «Mais tu pourrais unjour.»

La serveuse apporte le reçu à la table et lui donneun stylo. Jevois qu'elle a écrit sonnometnumérodetéléphoneenbasdelanote.Ildéchirecettepartieetlaluirend.Ilsecouelatêteets’inclineversmoi.Elleal'airdéçue.

Jelèvelesyeuxverselleetluifaitunclind’œil.«Jedétestequandunetraînéeessaiededonnersonnumérodetéléphoneàmoncopain,»dis-je.

Logans’étouffe,toussedanssonpoing.Laserveuses’avanceversmoi,maisLogansedresseentrenous.Heureusement,carsinonjeme

laseraisfaite.«As-tudéjàcouchéavecelle?»Illèvelesyeuxverselleetessaiedeseremémorersestraits.«Jenecroispas,»dit-ilcalmement

àmonoreille.Ilacouchéavectantdefemmesqu'ilnepeutpaslesdistinguerlesunesdesautres?Elles’éloigneetilmemetdeboutsurmespieds.«Tun’auraispasdûlatraiterdetraînée,»dit-il

avecunrire.«Commentappelle-t-onunefemmequidonnesonnuméroàunhommequiestmaindanslamain

avecuneautre?»demandé-jesèchement.«Ettun’auraispasdûm’appelermoncopain.»Ilmeregardependantqu’ilm’ouvrelaportedu

restaurant.«Jesuisdésolée,»jecommence.«Jen’auraispasdûfaireça.Jevoulaisjustel’éloigner.»Etje

voulaismarquermonterritoirebienquejen'aieaucundroitsurlui.Ilmeregardesouslalumièredelarue.«Tunedevraispasledireparcequetum'asdonnéde

l'espoir,»dit-il.Jenepeuxpasparler.Jenepeuxpasprononcerunson.«Viensàlamaisonavecmoi,»dit-il.Jesecouelatête.Ilsoupirelourdement.«Tusaisbiencommentcelavafinir.»«Jenedevraispas.»vraiment,vraiment,jenedevraispas.« Très bien, » dit-il, et puis il se baisse, me soulève et me jette par-dessus son épaule.

Contrairement à la veille, il pose samain surmes fesses, sousma jupe, au lieu deme tenir par lesmollets.Jesenssamainchaudecontremaculotte.

Jenepeuxpasluidireunmotparcequ'ilnepourraitpasm'entendre.Jerestealorssimplementsansbougerpendanttoutlecheminquimèneàsonimmeubleetlesquatreétagesd'escaliers.

Ilouvrelaporteetentreàl'intérieur.Sesfrèressontlàetilsnousregardent.SametPetericanentetPaullesfusilleduregard.Matthewestsurlecanapéetilsecouelatête.

Loganmedéposesurlesol.Apparemment,jenesuispasl’attractiondelasoiréeaujourd’hui.«Salut,»dis-jerapidementàtous.

«Salut»,répondent-ils.Ilsneselèventpasetneseprécipitentpasversmoi,mêmepasquandilmereposeausol.

«Tuesderetour,»ditMatthewpendantqu’ilsedirigeverslefrigo.Ilal'aird’allermieuxcesoir.Ilestmoinspâle.SamsedirigeverslacuisineetPaullepincequandilprendunebière.Ilprendunsodaàlaplace

engrommelant.Loganleursignequelquechose.Peteluiditlenomdufilmqu'ilsregardent,c’estunfilmdontje

n’aijamaisentenduparler.Loganpointeletéléviseurenmedemandantsijel'aivu.Jesecouelatête.Ilmetmonsacetmaguitaresurleplancheretmêlesesdoigtsauxmiens.Ilme

tiredoucementverslecanapé.LoganheurtelesgenouxdeSametPetejusqu'àcequ'ilssepoussent.Ilyaàpeineassezd'espacepourlui,encoremoinspourmoi.

«Jevaisallerprendreunedouche,»dis-je.Maisils'assiedetm’attiresursesgenoux,sonbrasautourdemesépaules.Mattmelanceunregardquejenecomprendspas.Ilnemesemblepascomplètementheureuxde

maprésence.Ai-jefaitquelquechosepourl'offenser?MaisLoganmeregardeetsourit,puisilposeseslèvrescontremonfront.Mattselèveetvadans

sachambre,maispasavantdem’avoirfusilléd’unregardquej’interprètecommeunavertissement.

LoganElle s'est endormie lovée contre moi. Le générique défile sur la télévision et je ne veux pas

bouger. Je ne veux pas la réveiller.Mon bras sue à l’endroit où elle s’est posée et ses cheveux sontlégèrementhumideségalement.Jetendsmonbrasetjerepoussesescheveuxenarrièreetelleouvresesyeuxbruns.

«Lefilmestterminé?»demande-t-elle.Elles’étire,levantsesbrasau-dessusdesatête.J’acquiesce.Lefilmestfini.Maismessentimentsnelesontpaspourautant.Ilscommencenttout

juste.J’aimel'avoirsurmoncanapé.Etj’aimeencorepluslefaitqu’ellesoitsidoucedansmesbras.«Bonfilm,»ditPaul.Elleleregardecommesielleétaitsurprisequ'ilsoitlà.SametPetesontalléssecoucherdèsque

le générique a commencé etMatt est au lit lui aussi. «Désolée, jeme suis endormie, » dit-elle.Elleessuielecôtédesaboucheetjel’attireversmoipourlaprendredansmesbras.Elleserecule,regardantendirectiondePaul.«Jevaisprendreunedouche,»dit-elle,sereculantassezpourmepermettredeliresurseslèvres.

Jehochelatêteetl’aideàsemettredebout.Elleprendsonsacetvadanslasalledebainfermantlaportederrièreelle.Jemelaissetomberdanslecanapéetcouvremonvisageavecmesmains.Cettefillevamedétruire.Jesaisdéjàqueceseralecas.Etj’ysautetoutdemêmeàpiedsjoints.

«Veux-tuenparler?»demandePaul.Mattvientdanslesalonets’assoitdanslecanapéàcôtédemoi.

Tuvast’ymettretoiaussi?Jesigneetminedemerendreenlevantlesmains.Mattsouritethausselesépaules.Vousl’aimezbien,n'est-cepas?Demandé-je.Leuropinioncomptepourmoi.Paul acquiesce tandis queMatt secoue la tête. Ils sont sérieux ? Ils n’ont jamais autant été en

désaccord.Mattposeunemainsurmongenouetjelèvelesyeuxpourleregarder.«Jel'apprécie,»dit-il.Il

parlealorsqu'ilsigne,cequi lerendplusfacileàcomprendre.«Maisquesais-tuàsonsujet?»Sessourcilssefroncent.

Jenesaisriensurelle.Riendutout,jelereconnais.Jenesaispasunefichuechosesurelle.Jemepencheetposemescoudessurmesgenoux.Jemesenstoutd’uncoupoppressé.Ellenemedirarien.Pasmêmesonprénom.

«Qu'est-cequ'ellecache?»demandeMatt.Siseulementjelesavais.Jemerenfoncedanslecreuxducanapé.«J'yairéfléchi,etellem'avraimentl'airfamilière,»ditPaul,regardantverslaporteferméede

salledebain.Ilsecouelatête.«J'auraisaimépouvoirlareconnaître.»Ellejouedanslestunnelsdumétrotouslesjours,jesigneavecunhaussementd'épaules.«C'estplusqueça,»ditPaul. Il secoue la tête,commes’ilvoulait sedébarrasserdepensées

absurdes.Iln’yaaucunmoyenqu’ill’aitdéjàvueailleurs.«Elleresteencorecettenuit?»DemandeMatt.J’acquiesce.«Netombepasamoureuxd'elle,»metengardeMatt.Paulhochelatête.«Baise-laetvouspourreztouslesdeuxpasseràautrechose,»dit-il.Ellen'estpascommeça.Paulexpirefortement.«Tun'aspasencorecouchéavecelle,n’est-cepas?»J'aidormiavecelle.Jesecouelatête.Maisonaseulementdormi.«Tunedorsjamaisavecpersonne,abruti,»ditPaul.

Je sais. Pas depuis que ma mère est morte. J'avais l'habitude de ramper dans son lit pour larejoindre quand j'étais petit. Il était toujours chaud et était imprégné de son odeur.Après qu’elle soitmorte,j’avaistoujoursl’habituded’allerdanssonlitpourretrouversonodeur.Enfin,jusqu'àcequePaulchangelesdrapsetprennesachambre.

Jesais.J’aieubeaucoupdefemmesdansmonlitmaisaucuned'entreellesn’estjamaisrestée.«Réfléchis,»ditPaulentapotantsatempe.«Encorefaudrait-ilqu’ilaituncerveau,»ditMatt,medonnantuncoupdanslegenou.«Ilest

déjààmoitiéamoureuxd’elle.»Ilregardesamontreetreposesonregardsurmoi.«Situneveuxpasd’elle,est-cequejepeuxl’inviteràsortir?»

Elleestàmoi!Jesigne.Ilbranditsesmainspourmerepousser.«Jesais!Jesais!J'aiditsi,trouducul.Jevoulaisjuste

m’assurerquetun’aiespasperdulatête»Ilpousseunsoupir.«Apparemment,tul’aimesvraimentcettefille.»Ilsecouelatête.«Jenepensepasqu'elleaitdemauvaisesintentions,maisjesuisinquietpourtoi.Faisattention.»

Mattestamoureuxd’Aprilmaisellel'alaissétomberquandelleadécouvertqu'ilétaitmalade.Unesaloperied’égoïste.

«Ellem'aapportéunseauquandj’étaismaladelanuitdernière,»admetMatt.«C’étaitgentildesapart.»

LessourcilsdePaulsefroncent.«C'étaittoiquivomissaistestripes?»demandePaul.Ils'agitdeladeuxièmesériedechimiothérapiedeMatt.Lapremièren'apasfonctionné.C’estsa

dernièrechance.Ilhochelatête.Pourquoinepasnousl’avoirdit?Demandé-je.Ilpasseunemainsursonvisage.«J’aipeur,»admet-il. Ilmeregardedans lesyeux,puisson

regard se tourneversPaul.«Putain, jevaismourir,»dit-il. Il sourit,mais iln'ya riendedrôleàcepropos.«Alorstunedevraispastesoucierquejeluidemandedesortiravecmoi.»

«Neplaisantepasàproposdecettemerde,»sefâchePaul.«Jeneplaisantepas,»ditMatt.Ilesttrèssérieux.Paul se penche en avant et serre le genou deMatt dans samain. « Tu dois croire que ça va

fonctionner.Situnelefaispas,tun’aurasaucuneunechance.»Mattsepousseversl'avantpoursemettresurlebordducanapé.«Lesgars,vousycroyezpour

moi,d'accord?»dit-il. «Parceque je suisbien trop fatiguépour le faire. » Il se lèveetvadans sachambre,fermantlaportederrièrelui.

«Quanda-t-ilcommencéàadmettrequ'ilavaitpeur?»demandePaul.Jehausselesépaules.C'estlapremièrefoisquejel'aientenduledire.JeregardePaul.Lapeur

emplitmoncœur.Ilvas’ensortir,n'est-cepas?«Jenesaispas,»admet-il.Ilglisseunemainsursonvisage.Jetapotelapochedemachemise,àlarecherchedemonpaquetdecigarettes.«Mattaunputaindecancer,crétin,»ilmegronde,faisantdegrandsgestesavecsesmains.«Et

tuveuxfumer?»J’attrapelepaquetdecigarettesdemapocheetlejetteàtraverslapiècedanslapoubelle.Paulhochelatête.Merci,signe-t-ilavecemphase.Ils'affaissedanslefauteuil.Ilvas’ensortir,hein?Demandé-je.Ilhochelatête.«Bien-sûrqu'ilvas’entirer.»Je le crois parce que je ne peux pas imaginer une vie sansMatt. Je neme permettrais pas de

penserqu'ilvamourir.Jeneveuxjustepasl’admettre.SiMattestincapabledecroirequ'ilvavivre,jevaisycroireassezpournousdeux.

Paulselèveetébouriffemescheveuxetilssonttoutemmêlés.Jechassesamain.«Net’inquiète

pas,»dit-il.Ilavancedanslecouloiretjetapedansmesmainspourattirersonattention.Ilseretournevers

moi,segratteleventre.«Quoi?»demande-t-il.Jeveuxluiparler,admets-je.Sessourcilssefroncentànouveau.«Ouais?»Ilhausselesépaules.«Ben,parle-lui.»Jevoudraisluiparlerdesadyslexie,pourqu’ilcomprennequejeneluicacherien,maisjeme

sentiraisgênédeluiraconterunehistoirequin’estpaslamienne.C'estlasienne.Jesecouelatête.C'estjustetellementdifficileàexpliquer.Ellemefaitressentirdeschosesquejen'ai jamaisressentiespourpersonneauparavant.Ellemefaitvouloirdeschoses.

«J’aimeraisquetulabaisesetquetupuissespasseràautrechose.Commeça,ceserafait,ettuneseraspluslààespérerdeschosesquetunepeuxpasavoir.»

Kit est bouche bée quand elle apparaît dans le coin de la pièce. J’imagine son éclat destupéfaction,mêmesi jenepeuxpas l'entendre.MaisPauldoit l'avoirentendu.Sesyeuxse ferment.«Elleestjustederrièremoi,n'est-cepas?»demande-t-il.Ilouvreunœiletmeregarde.

Kit est enveloppée dans une serviette et une autre lui sert de turban autour de la tête. Paul setourneversellemaisjenepeuxpasentendrecequ'ildit.Ilferaitmieuxd'êtreentraindes’excuser.

Elle le fusille du regard pendant une seconde, elle se détourne et rentre dans ma chambre àcoucherpuisfermelaportederrièreelle.

Merde,signePaul.J’aigravemerdé.Il frappeà laportede lachambre.Puis frappedenouveau.Samainseposesur lapoignéede

porteetilcommenceàlatourner,maisKitestnue,enveloppéedansuneserviette,jenepeuxdoncpaslelaisserentrer.Jesautepar-dessusledossierducanapéetmemetsentreluietlaporte.Jelepousseenarrièreetluiindiquesachambreàcoucher.

«J'aibesoindeluiprésentermesexcuses,»dit-il.Ilfaitdesgrimacesetsonvisageestrouge.Jesaisqu’ilnelepensaitpas.Ill’aditmaisiln’enpensaitpasunmot.«Jenesavaispasqu'elleétaitlà.»

Jesignelemotdemain.Jemetsmesmainssursontorseetlepoussedoucementverslecouloir.Jene pourrais pasmalmener Paul, même si je le voulais. C’est un putain demec très grand et musclé.Encoreplusgrandquemoi.Etdeuxfoisplusméchant.Demain,dis-jeànouveau.Jem’enoccupe.Jevaisluiparler.Jeluidiraiquetunevoulaispaslablesser.

Ilhochelatêteetpasseunemainfrustréesurlatouffequ’ilappellesescheveux.«Désolé,»dit-il.

Jehochelatêteetentredansmachambre.Jem’appuiecontrelaporte.Jem'attendsàlavoirencolèreetàcequ’ellemelancedestrucsàlafigure.Ouentraindepleurer.Jenesaisvraimentpasàquoim’attendre.Jenelaconnaispasassezbienpourmefaireuneidée.Ellenefaitrien.Ellesetientlà,àmeregarder.Elleretire laserviettedesescheveuxet ils tombentsursesépaules. Ilssont toutmouillésetemmêlésetellelesfrotteavecsaserviettepourlessécher.Ellemeregarde,maisnedittoujoursrien.

«Iln’apasvouludireça,»Jecommence.«Jepensequ'ilaraison,»dit-elle.Puisellelèvelesbras,tirelaserviettedel'endroitoùelleest

nichée entre ses seins et elle tombe au sol. Elle la balance à travers la pièce avec son petit orteil sidélicat. Elle est complètement, magnifiquement, parfaitement, délicieusement nue. « Je pense que tudevraismebaiseretmesortirdetatête.Ensuite,tupourrasêtretranquilleetneplusrienavoiràfaireavecmoi.»

EmilyJetremblecommeunefeuilleetjeveuxdésespérémentcroisermesbrassurmapoitrine.Maisje

meforceàresterlà,ànepasbouger.Ilregardemonorteilquandj’envoievalserlaserviettesurlecôté.Moncœurbonditdansmapoitrine,tressautantcommeunemuleenragée.Jem'attendsàcequesesyeuxquittentmonpiedpourregarderlerestedemoncorpsetjesensdesboufféesdechaleurserépandreenimaginantsonregardsurmoi.Maisilnemeregardepas.Aulieudecela,ilseprécipiteversleplacard,enretireunt-shirtd’uncintreetmeletend.

Jecroisefinalementlesbrasafind’êtrepluscrédibleenlefusillantduregard.Ilnemeregardepasetpuisattrapelet-shirtdanssesmains,lesoulèvejusqu'àcequ'ilpuisselepassersurmatête.Illetirevers lebas jusqu'àcequemeshanchessoientcouvertes.Puis il recule,s’appuiecontre laporteetreprendunsouffle.

«Merde,»ilrespire.Puisilsourit.Jepassemesbrasàtraverslesmanchesdut-shirtetlefusilleduregard.Ilrit.Ilestsérieux?Je

froncelessourcils.«Jetedemandepardon?»Ilritentenantsonpoingferméprèsdesabouchepuissecouelatête.«Ilnevoulaitpasheurtertes

sentiments. » Il se penche en avant, essayant de reprendre son souffle, il rit tellement... Je prends unoreillerpuisleluilanceauvisage,jem’assiedsauboutdulitetjecroiselesjambes.Jen’aipasmisdeculotte.Etjesuistropencolèrepourm’enpréoccuperpourlemoment.

Jevienstoutjustederesternuedevantcethommeetilenrigole.Leslarmesbrûlentledosdemespaupières.«Cen'estpasdrôle,»dis-je.

Ilestassisàcôtédemoisurlelitettournemonmentonafinquejeluifasseface.«Jen’aipasvuce que tu viens de dire, » me dit-il. Son pouce touche le coin demonœil et son front se plisse deconfusion.«Pault’a-t-ilblessé?»

Jesecouelatête,pinçantmeslèvres.Il se rapproche et soulève les cheveux mouillés de mon cou. « Tes cheveux sont encore

mouillés,»dit-ilenramassantuneserviette.Jechassesamainquandilessaiedeséchermescheveux.«C’estbon,»dis-je.«Arrête.»«Ilnevoulaitpastefairedemal,»dit-il.IlpensevraimentquePaulaheurtémessentiments?Quelleconnerie.Cequ’aditPaulnem’apas

blessée.Maisluil’afaitlorsqu’ilacomplètementignorémoncorpsetri.Jefouilledansmonsacetramassemaculottepuisjel’enfile.Loganregardeailleursetjelèveles

yeuxauciel.J’étaisnueenfacedelui.Croit-ilvraimentquejemesouciedufaitqu’ilmevoiemettremaculotte?Jetirelacouverturedulitetlefusilleduregardpendantunmoment,puisj’ouvrelaporteetmedirige vers le canapé. Je vais dormir là-bas. C’estmieux que de dormir dans cette chambre avec unhommequineveutpasdemoi.

Mattestàlatabledecuisineavecsatêtedanssesmainsquandjesorsducouloir.Jetrébucheettiresurlalongueurdut-shirtdeLogan.Ilregardemesjambesetsourit.«J'aivuplusdepeauenboîtedenuit»,dit-il.«Tupourraistoutaussibienêtreunebonnesœur.»

Jesoupireprofondémentet jettelacouverturesurlebordducanapé.Puis, jemedirigedanslacuisinepourboireunverred’eau.«Puis-jeteservirquelquechose?»demandé-je.

Ilal'aird’allermieuxaujourd'hui,maisilnemesembletoujourspasenforme.«Non,merci».«As-tumangéquelquechoseaujourd'hui?»demandé-je.Maintenant,jeparlecommeLoganmais

jenepeuxpasm’enempêcher.«Oui,»dit-ilavecunclind’œil.«As-turéussiàgardercettenourrituredanstonestomac?»J'inclinelatêteetleregarde.

«Unepartie,»avoue-t-il.Logansortdelachambreets’arrêtedanslacuisine.Sonregardbalaielapièceetvademoiàson

frère.IlsignequelquechoseàMatt.«Mec,tunepeuxpassignerquandelleestlà,saufsituveuxquej’interprète,»prévientMatt.Logancrispesesmainset semord la lèvre.Ondiraitqu'ilveutdirequelquechose.Mais ilne

peutpas.PasavecMattquiestlà.«VadormirLogan,»dis-je.Logansecouelatête.IlsigneàMattquicommenceàparler.«Ilneveutpasquetudormessurle

canapé, » dit-il. Il soupire fortement puis se lève. « Comment faites-vous pour communiquerhabituellement?»demande-t-il,exaspéré.

JenepeuxpasluidirequeLoganmeparle.Doncjehaussejustelesépaules.Toutlemondedanscettefamillehausselesépaulestoutletemps.Jepourraistoutaussibienprendrecettehabitude.Devenirlareinedelafuite.«Ilpeutallersefairefoutre,»dis-je.«Jevaisdormirsurlecanapé.»

«Merde,mec,qu'as-tufait?»DemandeMatt.Logansignequelquechoserapidement.«Putain.TudevraisfairedormirPaulsurlecanapé.»Ilrit.«Ondiraitqu'illemérite.»LoganretournedanssachambreetMattmeregardeensouriant.«Tulemetsdanstoussesétats,»

dit-il.Apparemmentnon.Ilnem'amêmepasregardéequandj'étaisnue.«QuellessonttesintentionsenversLogan?»demande-t-il.Savoixestcalme.Ilnememenace

pas.Jepensequ'ilveutvraimentsavoir.«Jen’aiaucuneintention.Ilm'ajetéesursonépaulelesdeuxfoisqu’ilm’aramenéeici.Cen’est

pascommesij'avaisvraimenteulechoix.»«Tu aurais pudire non, »préciseMatt. Il lèveunemainpourm'interromprequand j’ouvre la

bouchepourparler.«Paulessayaitjustedeleprotéger.Iln'ajamaisramenéunefilleavant.Aucunequ'ilaimevraiment.»

«Jesupposeque jesuis lapremièrepersonneavecqui ilnecoucherapas,»murmuré-je,pluspourmoiquepourlui.

Mattacquiesce.«Oui,tul’es.Çasignifiequetuesspéciale.»Ilpincemonnezenpassantetjeluifaisunegrimace.Ilauncancer.Jenepeuxpasêtreencolèrecontrelui.Surtoutpasquandilestsigentil. Il se retournepourmefaire face.« Iln'a jamaisvouluquelquechosedesérieuxavecunefille.Laisse-luiletempsd’explorercetteoptionavantdetropenattendredelui.»

«Justement,»jecontinue.«Jen'attendsriendelui.»«Si,justement.»Ilal'airdésolépourmoietçamegêne.«Apparemment,jesuislaseulefilledanslavilledeNewYorkavecquiilnecoucherapas.»Je

m’offusquecommeunegaminededeuxansquivientjustedelaissertombersaglace.«J’aidumalàimaginerquejesuisentraindediscuterdumanqued'appétitsexueldemonfrère

avecsapetiteamie,»marmonneMatt.«Jenesuispassapetiteamie.»«Oh,sucred’orge,»dit-il,secouantlatête.«Tuessapremièrepetiteamie.»JemeretournepourregarderverslachambredeLogan.Jenesaispasquoifaire.«Nebaisepasaveclui,»prévientMatt.Ilestsoudaintrèsdirect,etl'intensitédesonvisageest

presqueeffrayante.«Etnebrisepassoncœur.»«Ildevradéjàm’aimerpourça.»Mattgrogne.«Tuesvraimentpaumée,n'est-cepas?»demande-t-il.«Apparemment,»dis-je.Mattattirematêtedanssesbrasetmeserrecontreluienfrottantmescheveuxavecsonpoing.Il

s'arrêteetmerenifle.«Tusensbon»,dit-ilenriant.«Raressontceuxquisententbonici»

«Merci,»Jegrogne.IlsereculeetmemontrelachambredeLogandudoigt.«Valuiparler,»dit-il.Jeleregardepar-dessusmonépaule.Ilmetapelesfesses.Jenepeuxpascroirequ'ilaitfaitça.«C’étaitune fessée«bouge tonculde là», etpasune fesséequidit« jeveux tevoirnue»,

prévient-il.Jen’endoutaispas.«JeneplaisantepasaveclescopinesdeLogan,»dit-il.Ilmel'avaitdéjàditlapremièrenuit.«C'estuntrucentrefrères,»nousl’avonstousdeuxditenmêmetemps.Mattsourit.«Exactement,»dit-il.Quandj’entredanslachambredeLogan,ilestallongésurlelitavecsonbrasposésursesyeux.

Ilnemeregardepasquandj’entre,alors je touchesongenou.Ildévoilesesyeuxet lèvela têteenmeregardant.Sesyeuxbleusclignentpendantunmomentpuisils'assoit.Ilemmêlesesdoigtsdanslesmiensetmetireplusprèsdelui.«Nedorspassurlecanapé,»dit-il.

«MattaditquenousdevrionsréveillerPauletlelaisserdormirsurlecanapé.»LespupillesdeLogans’agrandissentet il sourit.«Cette idéemeplaît.Mais jepréfèredormir

avectoitouslesjours.»«Tum’aspresqueeue,»craché-je.«Quoi?»demande-t-il.Nevoyait-ilpasmeslèvres?Ounecomprenait-ilpascequejedisais?«J’étaisnueenfacedetoi,Logan.Ettun’ymontraisaucunintérêt.»Jebrandisunemainpour

l'arrêter quand il ouvre la bouche. « J'ai compris. Je ne t’inspire pas ce genre de sentiments. J’aicompris.»

Toutàcoup,Loganrepoussemamainetmefaitdoucementroulersurlelit.Soncorpscouvrelemien,etsonvisageestàunsouffledumien.«Tupensesvraimentquejenet’aimepasdecettefaçon-là?»demande-t-il.Ilsepencheversmonvisagecommes’ilallaittrouverlaréponseàsaquestion.

«Tuasridemoi.»«Jerisparcequelaseulefillequejeveuxbaiserestnuedansmachambreetquejenepeuxpas

l'avoir!»Ilgrogne.«C’estcommeuneinterventiondivine.»Ilbougeundesesgenouxentrelesmiensetpoussedoucementmesjambespourlesouvrirplus

largement. Il s’installe entremes cuisses et bouge son bassin de sorte à ce que son érection s’appuiecontremaculotte.Ilestdur.Trèsdur.

«J'étaisnueettunem’asmêmepasregardée,»jeluirépète.Jefermelesyeux.«Jenevoulaispastemanquerderespect,»dit-il.Ilbougeseshanchescontremoiencoreunefoisetcettefois,sonérectionseretrouvetoutcontre

mafente.Monsoufflesefige.« Je te veux tellement que ça faitmal. »Sa voix est calme et plus difficile à comprendre que

d'habitude.«Tunem’asmêmepasregardée,»protesté-je.Ilsemetàgenouxetsoulèvemajambesursonépaule.Ilneregardepasmoncorps.«Tuportes

duvernisàonglesroseettuasunpeudepoilssurlesjambes.»Ilsourit.«Tupeuxutilisermonrasoirsitu veux. » Sa main glisse jusqu'à monmollet, vers mon genou, laissant un sillage de chair de poulederrièreelle.«Tescuissessont fermeset tes fessessontgénéreusement rebondies.»Samainglisseàl'avantdemaculotteoùilfaitunmouvementd’avantarrièreavecsonpoucependantunmoment.«Tuasunpeudepoilsaussiàcetendroit.»Sonpouces’appuiecontremafenteetjemecambrepourm’appuyerplusfortcontrelui.Ilrit.Sesmainss’égarentversmescôtes,soulèventlet-shirt.Illetireverslehaut,jusqu'àcequ'ilreposejusteendessousdemesseins.Ildéposeunbaisermonventre.Mestétonssontdurset ilssedressent. Il lècheses lèvres.«Tesmamelonssont roses, légèrementgonflésetparfaits.Et tesseins rempliront parfaitement la paume de mes mains. » Il replace le t-shirt correctement, gémissantpendantqu’ilserecouchesurmoi,bougeantsonérectioncontremoiànouveau.«J'aitoutvu,»dit-il.«

Jevoulaissimplementêtregentleman.»dit-ilenriant.«Tupensaisquejeneregardaispas.»Ilembrasseleboutdemonnez.«Idiote,»ilmegronde.

«Tuasregardé.»C'esttoutcequejepeuxdire.Etçaressembleàunmurmure.Dieumerci,ilnepeutpasentendreletremblementdansmavoix.

« Je regardais,»admet-il.«Tuétaisnue.Et simerveilleusementbelleque jepouvaisàpeinerespirer.Biensûrquej’airegardé.»

«Turegardesbeaucoupdefemmesnues?»Jeréalisequejeneveuxpasavoirlaréponseàcettequestionaprèsl’avoirposée.

«Plusmaintenant,»ilsoufflesurmeslèvres.Sabouchetouchelamienne,temporairement,puisilserecule.Ilmerendfolle.Seshanchess’appuientcontrelesmiennesavecinsistance.Ils’approchedeplusenplusdemonclitoris.«Jen'aipasvuuneseulefemmenuedepuislejouroùjet’airencontrée.»

«As-tuenviedevoird’autresfemmesnues?»demandé-je.Mavoixestencorechevrotante.Samainsetrouvesurmagorge,commes’ilécoutaitlesondemavoixavecleboutdesesdoigts.

Ilsecouelatête,meregardantdirectementdanslesyeux.«Justeune.»Jemebaissepourpassersontee-shirtpar-dessusmatête,maisilm’arrêteavecungrognement.«Quoi?»demandé-je.Ilmeregardedanslesyeux.«Quelesttonnom?»demande-t-il.Cettefois,c'estmoiquijettemonbrassurmesyeux.Jeveuxcrier.Jenepeuxpasluidirequoi

quecesoit.«Jenepeuxpasteledire,»dis-je.Il tire le t-shirt vers le bas, autour de mes hanches. « Alors tu gardes tes vêtements. » Il

m’embrasse, ses lèvres butinant lesmiennes jusqu'à ce que je sois à bout de souffle. « Et lesmiensaussi.»

«Tonfrèreaditquetudevraismebaiseretenfiniravecmoi.»Ilpousseunsoupir.«Eneffet,ilpensequejevaistebaiseretqu’ensuite,jenevoudraispluste

voir.Maisjepeuxt’assurerquecen’estpaslecas.»Ils’appuiecontremoidenouveau,bougeantcontremonsexe,leboutdesavirilitéappuyécontremonclitoris.«Unefoisquej’auraisétéàl’intérieurdetoi,je ne voudrai plus jamais te laisser partir. » Il embrasse le côté demon cou, le suçotant doucementpendantqu’ilsedéplaceversmagorge.Sabarbed'unjourirritemapeaudouce,maisjeneveuxpasqu'ils'arrête.

Jetendslamainpourletoucheràtraverssonjeanetilsefige.«Nejouepasavecmoi,»prévient-il.Savoixestfortemaiscalme.«Situveuxêtremonamie,tu

peuxl’être.Nouspouvonsdormirdanslemêmelit,nouspouvonsdînerensembleetnouspouvonspasserdutempsàfairedeschosesquenousaimonstouslesdeux.»

Jesoulèvesatêtepourqu'ilmeregarde.«Jeveuxêtretonamie,»dis-je.«Jeveuxquetusoismapetiteamie.»«Qu'est-cequeçaveutdire?»Jecrie,frappantlelitdemamainfrustrée.Ilal'airconfus.«J’ensaisrien.Maisjepensequec'estlamêmechosequ'êtremonamie,maisen

bonus,jepeuxtefairejouir.»Ilbasculeunefoisdepluscontremoi.Puisilrecule.Jeveuxhurler.«Oùvas-tu?»«Prendrelacouvertureducanapé.Saufsituveuxquejedormelà-bas?»Ilal'airincertain.Jeleveuxenmoi.Maisçan’arriverapas.«Vachercherlacouverture,»Jegrogne.Ilritetquitte

lapièce.Maculotteestmouillée.Trempée.Jeprendsuneculottepropredansmonsac.Jesuisentrainde

l’ajustersurmeshancheslorsqu'ilentredanslachambre.«Culottepropre,»expliqué-je.«C’estdetafaute,»jenargue.Ilgémitets'effondreenarrièresurlelit.«Pourquoimedis-tuça?»demande-t-il.Ilrestecouché

làpendantuneminuteavecsesmainsserrées.Alorsilmefaitsigne,avance,etsoulèvematêtepourla

posersursontorse.Ilrespireàfondetm'étreintfermement,merelâcheensuiteetsedétend.Ilprendunlivreàcôtédesatabledenuitetletientdansunemain.Illittranquillementdanssatête.

«Quelis-tu?»demandé-je.Ilregardeetmeditletitre.«Est-cequetupeuxmelelire?»demandé-je.Illèvelatêteassezlongtempspourregardermonvisageetconstatequejesuissérieuse.Jepeux

apprendre.Etj'aimeleslivres.Maisjenepeuxpasleslire,c’esttout.J'aiunemémoireextraordinaire.«Commençonsparlecommencement?»Jeleregardeavecunsourire.Il retourne à la premièrepage et commence à lire. Jem’installe contre lui, enroulantmesbras

autourdesontorse,meblottissantcontreluiaussiprèsquepossible.Etillit.Savoixestforteetassurée,etil lit tarddanslanuit,bienaprèsavoircommencéàbailleret jeneveuxpasqu'ils'arrête.Quandildéposeenfinlelivresurlecôté,jemetourneversluietluiversmoi.Ilmeplacesoussonmenton,etjepeuxentendresoncœurbattredanssapoitrine.

«Quandtuserasprêtepourcequejeveux»,dit-il,«fais-lemoisavoir.»Jesuisprête.Jesuisprêtedèsmaintenant.Maisjenesuispasprêtepourlamêmechosequelui.

Jehoche la têtecontresapoitrineet ilpousseunsoupir.Ses lèvreseffleurent lehautdematête,douxcommeunchuchotement.

***Jemeréveillelelendemainetlèvelatête.Lalumièredusoleilinondelapièceetjesaisquej'ai

dormibeaucoupplustardquejeneleferaishabituellement.Maislàencore,nousavonsluvraimenttardlanuitdernière.Moncœurseserredansmapoitrinelorsquejeréalisequ'iln'apasutilisésavoixenhuitans,maisqu’ilapassédesheureslanuitdernièreàliresimplementparcequejeleluiaidemandé.Ilmefaitsentirtoutechose.Jeregardeautourdemoi,medemandantoùilpassé.Lelitestvideetiln'yamêmepaslamarquedesatêtesurl'oreiller.C'estprobablementparcequenousavonspartagélamêmeplacelanuitdernière.Jemesuiscouchéesursontorseetpuisnoussommesrestésainsi,lovésl’uncontrel’autre.J’aiensuiteposématêtesursonventrependantqu’ilmefaisaitlalectureetsesdoigtssepromenaientunpeupartoutsurmoncorps.Cen’étaitquedepetiteschatouillesmaisilm’amarquéeauplusprofonddemonêtre.

Je sais que lui aussi était affecté. Il était dur comme de la pierre et il a dû remonter lescouverturessursonventreplusd’unefois.Maisilaignorésonérection.Etmoiaussi.Jevoulaistendrelamainetletouchermaiscen’estpascequ’ilattenddemoi.Ilveuttoutdemoi.Etjenesuispasprêteàleluidonnerpourl’instant.Peut-êtreneleserai-jejamais.

Jemeretourneetrepousselescheveuxdemesyeux.J’aiencoredumalàm'habituerauxcheveuxnoirs.C'estsidifférentdemacouleurnaturelle.Chaquefoisquejemetrouvedevantunmiroir,jedoisyregarderàdeuxfoispouressayerdemereconnaître.Jenem’yferaisprobablementjamais.

MesyeuxseposentsurunblocdecroquisquisetrouvecontrelalampesurlatabledechevetdeLogan.Jeposelesmainssurmesgenouxetfermelesyeuxquelquessecondes,enlesrouvrantjesursautequandjevoisqu'iladessinéunefemmenue.Elleestdessinéeaucrayonetilahachurétouteslespartiesdesoncorpsnu.Maiscequiattireimmédiatementmonattention,c’estqu'ilyaunebandedecouleursurlecorpsdessiné.Surlecôtédesachevelure,ilyadubleu.

Oh,merde.C'estmoi.Jem’assoissurleborddulitetramasseledessin.C'estmoi.Clairementetsimplementmoi.Mes

brasse trouvent le longdemescôtesetmespoingssontfermés. Ilyauneexpressiondedéfisurmonvisage.Jen'aijamaisvuunartistecaptureruntelregard.Maisilaréussi.Ilyauneserviettesurlesolàcôtédemonorteiletmonpiedsembleanimé,commesijevenaisdedonneruncoupdepied.

Iladessinédesombresautourdemesseinsetmesmamelonssontdressés,commesionvenaitdelesembrasser.Monestomacsenoueet jemeforceà reprendremonsouffle. Ilyaunpetit trianglede

poilsausommetdemescuisses.Jefermelesyeux.C’estpresqueidentiqueàl’original.C'estmoi.Ilm'adessinée.Demémoire.Enbassetrouventquelquesmotsgriffonnés.Ilssontécritsenmajusculeset leslettressonttrèsespacées:

J'AIREGARDÉ.

Oui, effectivement, il a regardé. Il n'y a plus aucun doute là-dessus. Ilm'a vue nue. Et il s'estrappeléchaquecourbeetchaquetouffedepoil.Oumanquedepoil.Aïe.Jefermelecarnetdecroquispourquepersonnenelevoie.Jemesensunpeusurexposée,commesicedessinmeforçaitàmevoirtellequejesuis,tellequ’ilmevoit.

Jenepeuxpascroirequejel'aiaccusédenepasvouloirmeregarder.Ill’aclairementfait.Ilm’avuedeprès,commepersonneavantlui.Jeprendsunegrandeinspirationetjeresteassiselàpendantunebonneminutelesyeuxfermés.

J’enfileunjeansouslet-shirtdeLoganetjemetsunsoutien-gorge.J’aimebiensesfrères,maisjenesuispasàcentpourcentsûredequisetrouvedanslamaison.Etjeneveuxpasallerprendreuncaféettrouvertoutlemondehabillénormalementetdenepasl’être.Etrepeuhabilléelanuitestunechose,làc’estunpeudifférent.

Jequittelapièceetregardeautourdemoi.L’appartementestvide.JesuisquelquepeusoulagéequeLogannesoitpaslàpuisquemonvisages’enflammeneserait-cequ’ensachantàquelpointilascrutémoncorps.S’ilétaitlàenchairetenos,jeseraisuneflaqued'eausurleplancher.

Je ne pense pas avoir vu l'appartement autrement que rempli de corps masculins. Commed’habitude, c’est lebazar. Jemeverseune tassedecafé et charge le lave-vaisselle,puis jenettoie lecomptoir.Jenepeuxpasm'enempêcher.Ilspourraientmêmenepasvouloirquejelefasse.Maisjelefaisquandmême.Mavieestuntelfoutoir,cequejesouhaiteleplusaumondeestd’ymettredel’ordre.Puisquejenepeuxrangermaproprevie,jerangeleurappartement.Jeretireunélastiqued'unepiledecourrieretattachemescheveuxavec.Sij’ail’intentiondenettoyer,autantbienlefaire.

Jecommenceparunelessiveetpliecequiestdanslesèche-linge.Jenesaispasquellechemiseappartientàquicarcesonttousdegrandsgarçons.Jemecontentedoncdefaireunepilepropreetlesempilesurlatabledelacuisine.Lapilegranditaufuretàmesurequelajournéeavanceetàlafindel'après-midi, lamaisonest toujoursvideet calme,maiselleestpropredebasenhaut. Jen’ainettoyéaucunede leurs chambres puisque cela ressemblerait à une invasionde leur vie privée. Ils pourraientd’ailleurs penser lamême chose duménage que j’ai fait toute la journée. Jememords les ongles etregardeautourdemoi.J’espèrequ’ilsneserontpasfâchés.

J'entre dans la salle de bain et regarde sous l'évier. Il y avait des produits de nettoyage à cetendroit l’autre jour. Je soulève un seau de jouets pour bébé pour le pousser et jem’arrête. Je fouilleparmieux.Ilyadesbateauxminuscules,descrayonsdebain,etuncanardencaoutchouc.Jelepresseetildevientplat,unsifflementd'airs’enéchappe.Pourquoiont-ilsdesjouetsdebébé?

La curiositéme tue.Ont-ils une petite sœur ?Ce n’est pas possible.Loganm’a dit qu'il avaitquatrefrèreslejouroùjel'airencontré.Iln'arienditàproposd'unesœur.Jeremetsleseausousl'évieretcontinuedenettoyer.

Laminuteriedu sèche-linge s’éteint et jeplie ladernièrepilede linge, soufflantunemèchedecheveuxdemesyeux. Je regardevers la fenêtre etvoisqu’il faitpresquenuit.Lesvendredis sont lesjourslesplusrentablespourmoiégalement,puisquelesgensviennenttoutjusted’êtrepayésetsesententgénéreux.J’aipasséénormémentde tempsànettoyer l'appartementdeLogan,mais jemesensbien.Jemets mes mains sur mes hanches et scrute la pièce. J'ai bien travaillé. J'ai lavé par terre, passél'aspirateur,dépoussiéréetrangécequitraînait.Biensûr,j’aisouventdûdevineroùleschosesdevaientêtrerangées.Lorsquej’avaisundoute,jedéposaiscequ’ilmerestaitàrangersurlatabledelacuisineà

côtédelapiledelinge.J’ouvreuntiroirdecuisineetreculebrusquementlorsquejevoisqu'ilestremplidepréservatifs.

Uniquementdespréservatifs. Ilsyenade toutes lesformes, toutes les tailleset toutes lescouleurs.Ettoutes lessaveursaussi,si labananesur ledevantdel'und'euxestuneindication.Jerougis.Pourquoiont-ilsuntiroirremplidepréservatifs?Jelerefermeetm'éloigne.Cenesontpasmesaffaires.

Jeporteleseauversl'évierafindepouvoirlevider.Jeleprends,etlorsquej’avanceàtraverslacuisine,laportedel'appartements’ouvreetLoganentre.Maisiln’estpasseul.Sursesépaules,ilyaunepetitefilleblondeavecdeuxtressesondulées.Ilsebaissepourpasserlaporteetelleritquandilagitesespetitspiedsenfaisantsemblantdelalâcher.

Ils'arrêtenetetsefigelorsqu’ilmevoitdanslapièce.Ilnedevaitpass’attendreàcequejesoisencorelà.Etjenem'attendaiscertainementpasàcequ’ilaitunenfant.Ilsedirigeversmoi,unemaintenantsolidementlespiedsdelafilletteàlabasedesoncou.L’autremainesttendueversmoi.Maisjesuistellementsurpriseparlapetitefillequeleseaud'eaumousseusem’échappe.

«Stop!»Jecrie,nevoulantpasqu'ilglisseavecsafillesursesépaules.

LoganJesuistellementheureuxdevoirKitquej’aienviedecourirverselle,etdelaprendredansmes

braspourlafairevirevolter.JemedemandesielleéclateraitderirecommelefaitHayley.Probablementpas.Jen’étaispassûrqueKitseraittoujourslààmonretour,etj’étaisvraimentinquietqu’ellesoitpartiedéfinitivementennelavoyantpasmerejoindreausalondetatouage.

L'eautombesurleboutdemesbottespuisKitseprécipitepourramasserleseau.Elleselaissetombersurlesgenouxenregardantl’eauruisselerdanslacuisinel’airdécouragé,maiselleseressaisitetseprécipiteverslatable—oùilyadespilesdelingepliées—etellesaisitdesserviettes,lesjetantsurlaflaqued’eau.

Elleditquelquechosemaisjenepeuxpaslireseslèvres.J’avanceverselleetellem’arrêteenlevantsesmains.SesyeuxseposentsurHayley,puisdenouveausurmoietellen'apas l'air raviedenousvoir.JeposeHayleysurlecomptoiretplaceuncookiedanssesmains.Elles'yinstallepournousobserver,labouchepleinedepépitesdechocolat.Hayleyatroisansetc’estvraimentunetrèschouettepetitefille.

Jedéplace lesserviettesavecmesbottesetKitsebaissepouréponger toute l'eau.Ellepoussefrénétiquementlesserviettesjusqu'àcetoutsoitnettoyé.Puis,ellejettelesserviettesmouilléesdansleseau et programme une nouvelle lessive. Elle revient à la cuisine et regarde Hayley qui est toujoursperchéesurlecomptoir,grignotantjoyeusementsoncookie.Paulvamebotterleculs’ildécouvrequejeluiaidonnéduchocolat,maisj'avaisbesoindeladistrairependantuneseconde.

Kitrepoussesescheveuxdesesyeuxavecfrustrationetmefusilleduregard.«Tuesrentré,»dit-elle.Sesmainssontsurseshanches,elleneportepasdemaquillage,sescheveuxsontendésordreetelleadelapoussièresurlefront.Maiselleesttellementjoliequej’enperdsmonsouffleàchaquefois.

J’acquiesce. Les genoux du jean de Kit sont mouillés et maintenant son tee-shirt l’est aussi.«Qu'as-tu fait ?»demandé-je. Je regardeautourdemoi.L'appartementestpropre.Et jeneparlepasseulement d’un ménage type « ça doit être propre car Mamie vient », je veux dire, impeccablementpropre.Commeunesalled'exposition.Maisenmieux.Çasentbon,ettoutestnickel.Etelleestlà.Mondieu,jesuissiheureuxqu'ellesoitlà.

Elle hausse les épaules. « Ta journée s’est bien passée ? », demande-t-elle. Son regard passed’Hayleyàmoi.Hayleyenmetpartout,maisjenem’enpréoccupepas.

«Jevaismieuxmaintenant,»jel'avoue.J’ail’impressionquequelqu'unaretiréunpoidsdemapoitrinelorsquejesuisentrédanslapièceenvoyantqu’elleétaitencorelà.Jem’approchedeKitetlaserre contremoi, l'embrassant sur le front. Elle fronce son joli visage etme repousse, son regard seposantdenouveausurHayley.

«Quiest-ce?»demande-t-elleprudemment.Jemouille une serviette et essuie la bouche et lesmains d’Hayley.Elle n'a pas encore sali sa

robe,maisjesaisqueçanedevraitplustarder.Samèreenferatoutundramesinouslarenvoyonschezelle avecdesvêtements sales. Je chatouille le ventre deHayley et articuledes sonsbizarres, elle rit,serrantsonventreensecambrantdansmesmains.«JeteprésenteHayley.»

Hayleysembleunpeuconfuse.Jelaprends,lapositionnantsurmahanche.Elles'enrouleautourdemoietsapetitemaincouvremabouche.J'embrassesapaumeetfaisdespetitsbruitscontresamainenypressantmeslèvres.Ellesetrémoussedansmesbras.Lesbruitsquisortentdemabouchedoiventluiparaîtrebizarre.Jen'aijamaisparlédevantelleauparavant.

«Quelâgea-t-elle?»«Quelâgeas-tuHayley?»luidemandé-je,labasculantsurmonautrehanche.Ellebrandittroisdoigts.

«Troisans?»ditKit,commesielleétaitétonnée.«Unevraiegrandefille.»Kitmeregarde.«Est-cequ'elleparle?»

«Jenesaispas,»admets-je.Seslèvressontvraimentdifficilesàlire,doncjenesaispassielleparle ou si elle fait juste des bruits d’enfant. Elle sait comment signer des mots simples, commenourriture, lait, salle de bain, eau, et d'autres choses dont elle a besoin. Elle et moi, nous nousdébrouillonsplutôtbienensemble.Laplupartdutemps,c’estmoiquiessaiedecomprendrecedontelleabesoin,maisHayleyn’yprêtepasattention.«Peut-être.»

Kit se baisse à sa hauteur et demande: « Parles-tu ? » Kit sourit et elle est tellement jolielorsqu’ellefaitdesgrimacesàHayleyquej'aienviedel'embrasser.J’attrapeKitrapidementparlatailleetl’attireàmescôtésavecunemainsursahanche,puisellerit,levantlesyeuxversmoi.Jel'embrassesurlefrontànouveauetHayleytapotelecôtédemonvisageavecsapetitemain.

«Jenepensepasqu'elleaimeça,»ditKits’éloignantdemoi.«Elledevras'yhabituer.»LeregarddeKitcroiselemienetmefuit.«Elleestadorable,»dit-elle,maisellenemeregardepasdanslesyeux.Nousdevronsdiscuter

deçaunpeuplustard.«Qu'est-ilarrivéàl'appartement?»demandé-je,lesourireauxlèvres.Ellerepousselescheveux

desonvisageetal’airhésitante.Elleaencoreunpeudepoussièresurlefrontetjetendslamainpourl’essuyeravecmonpouce.

Ellesetouchelesmains.«J'aifaitunpeudeménage.»Jeprendssonmentondansmamainetlèvesonvisageverslemien.«Jesuisheureuxquetusois

encorelà.»«Tun’espasfâché,n’est-cepas?»,demande-t-elle.Ellesemordlalèvreinférieure.«Quetusoislà?»demandé-jedoucement.«Putainnon,jenepourraispasêtreplusheureux.»Elle fronce les sourcils et regarde Hayley. « Gros mot », dit-elle. « Et je voulais parler du

ménage.J’aicommencécematinet...ehbien...jenepouvaisplusm’arrêter.»«Tun’auraispasdû.»«Jesais,»dit-elleavecunhaussementd'épaules.«Je levoulais.Et j’ai l’impressiondevous

devoirquelquechoseàtoiettesfrèrespourmelaisserresterici.»« Tu ne nous dois rien, » j'essaie d'expliquer. Je la serre contre moi. J’aime la sensation de

l’avoirdansmesbrasplusquen’importequoid’autre.«J’aimet’avoirici.»EllemesouritetHayleycommenceàsauterdansmesbras.Elleesttouteexcitéeetveutatteindre

quelquechosederrièremoi.Jetournelatête,Paulentredansl’appartement.Elleesttoutletempscommeçalorsqu’ellevoitPaul.

Kitcommenceàsourireàcôtédemoi,puisellegrimaceetl'airs’échappedesespoumonsd’uncoup.Elleestsoulagée.

«TuasrencontréHayleyàcequejevois,»ditPaulàKit.EllehochelatêtependantquePaulmela prend. « Tu vois, Hayley, » dit-il à sa fille, « maintenant, tu ne seras plus la seule fille dans lamaison.»Ildanseencercleavecelle.Jelisseslèvres,carilestvraimentdifficiledesignerlorsquevosmainssontprisesparunpetitenfant.Jenepeuxpasvoircequ'ilditquandildanse,maisquoiqu'ilfasse,çafaitsourireKit.

KitpointePauldudoigtetsourit.«C’estlatienne?»demande-t-elle.PaulbalaieKitduregard,puismoi.«Tun’essaiespasd'utilisermafillepourmarquerdespoints,

n’est-cepas?»,demandePaul,medonnantuncoupdepoingdansl'épaule.«Jenepeuxpasle laisserl'emmeneràl'épicerieaveclui.Ilattiretropl'attentiondesdames.»

Paulregardeautourdel'appartementetgrimace.«Putain,maisqu’est-cequis’estpasséici?»,demande-t-il.

Kit fronce les sourcils.« Grosmot,»dit-elle,posant lesyeux surHayley.Maiselle sourit et

sembleprendredeprofondesinspirations,cequ’ellenefaisaitpaslorsquejesuisarrivé.«Quianettoyé?»demandePaul.Ilessuieunetâchesurlajoued’Hayleyavecsonpouceetdit:

«Etquiest-cequit’adonnéduchocolat?»Ilfroncelessourcils.Jehausselesépaulesetsouris.Kitanettoyé. Je l’attireprèsdemoietelleenrouleunbrasautourdema taille,puisposeune

mainsurmontorseetmeregarde.N'est-ellepasmerveilleuse?Paul nous regarde l’un et l’autre, enfonce sondoigt dans sa bouche comme s’il allait vomir et

s’éloigne avecHayleyvers sa chambre. Ilme regarde assez longtemps l’air dedire, «Tuvas être enretardsitunetedépêchespas.»IlregardeHayley.«DisàoncleLoganqu'ilvaêtreenretard.»Illuimontre le signepour retardetelle le fait.Elleestadorablequandelle signe. Ilsdisparaissentdanssachambre et je regardeKit. Je penchema tête et effleure ses lèvres avec lesmiennes. Je ne veux pasarrêter,maisjedoisvraimentmedépêcher.«Jedoisyaller,»dis-je.

Sonfrontsecrispeetellesemblesuspecte.«Oùça?»,dit-elle.Jehochelatête.«Jedoistravaillercesoir.Veux-tuveniravecmoi?»Elleregardesachemisemouilléeeteffleureunemèchedecheveuxdesonfront.«Jen'aimême

pasencoreprisunedoucheaujourd'hui.»«Danscombiendetempspeux-tuêtreprête?»demandé-je,enregardantmamontre.J'aitrente

minutesdevantmoiavantdecommencerleboulot.

EmilyL'eauchaudecoule surmoncorpset j’essaiedemedépêcher.Loganestprobablementen train

fairelescentpasdanslesalondepeurd’êtreenretardautravail.Apparemment, ilestvideurdansunclubducoinlevendredisoir.Etilveutquejel’accompagne.

J’entendslaportedelasalledebains’ouvriretjemefige.«Matt?»j’appelle.Ilestleseulquipourraitentrerdanslasalledebainpendantquej’ysuis,etseulementdanslecasoùilseraitmalade.

J’écarte le rideau de bain d’un pouce et regarde à l’extérieur.Logan est là,me regardant. Il achangédevêtementsetilestvêtud’unjean,debottesetd’unt-shirtbleusurlequelilestécritVideursurledevant.Let-shirtse tendsurseslargesépaules.Sesyeuxontunejolienuancedebleuetsemarientparfaitementaveclacouleurdesont-shirt.Ilregardemonvisagequandquejepassemonnezàtraverslerideau.Mescheveuxsontpleinsdemousseetlesavonbrûlel’undemesyeux.

«Quelquechosenevapas?»demandé-je.Ilsecouelatêteetmesourit.Ilneditriend’autre,maisils’appuied’uneépaulecontrelemurles

brascroisés.«J'aiunequestion,»dit-ilenfin.Jemepencheenarrièreetrincelesavondemonvisageetdemescheveux,puisjemetsmatête

souslejetetsoufflel’eauavecmeslèvres.«Vas-y,»dis-je.«Çat’adérangéequandtum’asvuavecHayley,n’est-cepas?»,demande-t-il.Lesexpressions

desonvisagenechangentpas.Ilm'atoujoursobservéeattentivement.Maisilnemelorgnepasetn'essaiepasderegardermoncorpsnu.Ilesttotalementrespectueux,commetoujours.

Çam’a dérangée— je pensais qu’Hayley pouvait être sa fille. Ils ont les mêmes yeux bleusprofonds et leur couleurde cheveuxest similaire.Et il semblait si proched’elle.Mais ensuite, elle aappeléPaul«Papa,»ettoutestsoudainementdevenuplusclair.Jesaisqu'ilnepeutpasliremeslèvresàmoinsquejenepassematêtehorsdeladouche.

«Qu'est-cequit’afaitdireça?»demandé-je.Il renifle.« J’observeattentivement lesgens tous les jours, toute la journée, et jepeuxdirece

qu’ilspensentpar la façondont ilsse tiennent,plutôtquepar les intonationsde leursvoix.Etquelquechosemeditquetun’aspasappréciédemevoiravecHayley.»

Ilmeregardeavecattention,etjesaisqu'ilobserveencoremesréactions.«Soittun’aimespaslesenfants,soittun’aspasaimél’idéedemevoiravecl’und’entreeux.»Il

traînedespieds.«Jevoulaissimplementquetusachesquemêmesijenepeuxpasentendre,jesuistoutàfaitcapabledeprendresoind’unenfant.Sicen’étaitpaslecas,Paulnemelaconfieraitpas.».

Ilpousseunsoupir,puissetournepoursortirdelapièce.Jel’appelle,maisilnem'entendpas.Jesautedonchorsdeladoucheetmesaisisd’uneserviette,lalaissantouvertesurmoi.Jen'aipasletempsdel’enroulercorrectementautourdemoi.Jelatienssurmapoitrineetattrapesonbras.Ilrevientversmoi,levantlessourcilspendantqu’ilmeregarde.

«Cen'estpasquejepensequetun’espascapabledeprendresoind'elle,»dis-je.«Cen'estpasçadutout.»

«Alorsqu'est-cequec’est?»,demande-t-il.C'est tellement difficile à expliquer, mais si je ne lui dis pas la raison pour laquelle ça m’a

dérangé, il continuera à penser que c'est parce que je pense qu'il ne peut pas s’occuper d’un enfant àcausedesonhandicap,etc’esttrèsloindelavérité.

« Je pensais que c’était la tienne, » dis-je les yeux fermés. Il lèvemonmenton avec un doigtinsistant.

«Quoi?»demande-t-il.«J'aipenséquec’étaitlatienne,»jerépète.Cettefois,jem'assurequ'ilpuissevoirmeslèvres;

bienquecesoitladernièrechosequejeveuxqu’ilmeregardedire.«J'aipenséquec’étaittafille.»Il grimace. « Encore une fois, je suis tout à fait capable de prendre soin d'un enfant. Je peux

regarder les lumières sur un moniteur comme tout le monde. Et changer des couches ne requiert pasd’avoirdesoreillesfonctionnelles.»Ilsembleirrité.«Ellepleure,etjepeuxcomprendrecedontelleabesoin.»

«Cen'estpasça».Mondieu,jesuistellementstupide.Jecachemonvisagemouillédansmesmains,illesrepousseetregardemeslèvres.«J'étaisjalouse,»admets-je.Voilà.Jel'aidit.

«Jalouse?»demande-t-il.«D’Hayley?Elleatroisans,tun’espassérieuse.»«Jesais».Jenesaispascommentluidire.«Jemesuiségalementdemandéquelgenredefemme

aurait pu te laisser partir. » Cela m’a permis de réaliser qu’une autre femme l’avait eu près d’elle.Probablementplusieursfemmesd’ailleurs.Desfemmescontrequijenepeuxpasrivaliser.

Ilrit,l’atmosphèreredevientlégère.«C’esttout?»demande-t-ilincrédule.Pasvraiment.Jemedemandais aussi comment jepourrais lepartager avecquelqu’und’autre.Mais il nem’appartientpas,n’est-cepas?Pasvraiment.Pasdutoutmême.

J’acquiesce.«C'esttout.Cen’estpasparcequetuessourd.J’aijusteétéjalouse.»Jehausselesépaules.«Jesuisdésolée.Vraiment,vraimentdésolée.Jenevoulaispasteblesser.»Jeveuxluidirequejeleveuxtoutàmoi,maisjenemel’autoriseraispas.

«Jen'aipasd'enfants»,dit-il.«Aucasoùtuteposeraislaquestion.»Çanem’étaitmêmepasvenuàl’espritavantdelevoiravecHayley.«Ok».«J’aimeraisenavoirunjour,»dit-il.Savoixestdouce,etilmeregardedanslesyeux.«Ettoi

?»« Je ne sais pas. » L'idée de devoir aider un enfant à faire ses devoirs, lui faire réviser

l’orthographeetl’emmeneràl'écoleestparfoisdécourageantepourmoi.«Jenepensepasquejeseraisunebonnemère.»

Seslèvressepressentcontremonfrontetilposesesmainssurmeshanches.Jepousseunsoupir.Mapeauestnueetilmetireverslui.Laserviettequiestnouéedevantmoisecolleentrenoscorps.

«Jesuisheureusequetusoisvenumeparler,»bredouillé-je.Iltournesatêteetembrasselecôtédemamâchoire.Jenepenseplusàrien.J'inclinematêteafin

deluidonneraccèsàmeslèvres.«Jelesuisaussi,»dit-ilcontremapeau.Jepourraisendireplusmais ilneregardepasmonvisage.Ilneregarderiendutout.Sesyeux

sontfermés.Sesmainseffleurentmesfessesetilmesoulèvecontrelui.«Jen'aijamaisvouluavoirderelationssexuellesavecquelqu'undontjemesoucie,»dit-il.

Ilbandecontremonventreetjepeuxàpeinepenseroureprendremonsouffle.Je soulève sa chemise et pose mes mains sur son estomac. Ses muscles sont durs comme de

l’aciersousmesdoigts.Jeveuxletoucher.Jeveuxtellementletoucher.«Faiscommesij’étaisquelqu'undonttunetesouciespas,»dis-jeimpulsivement.

Iladûvoirmeslèvresparcequ'ilsefige.«Tupensesquejepeuxlefaire?»demande-t-ilavecincrédulité.Illèvelamainetlapassedanssescheveux.«Jenepensepasquetuterendescompteàquelpointtucomptespourmoi.»

Ilm’aimebeaucoupsisonérectioncontremonventreestcenséemedonneruneindication.Il a dû liremes pensées car il soupire fortement et dit, « Pas de cette façon-là. »Unmuscle

tressautedanssamâchoirependantunesecondepuisilreculed’unpas,prendlaservietteetl'enveloppeautourdemoncorpsnu.«J'aieudesrelationssexuelles.Beaucoupderelationssexuelles.Maisjenel'aijamaisfaitavecquelqu'unquicomptepourmoi.»

Ilme connaît seulement depuis quelques jours. «Pourquoi ai-je tant d'importance à tes yeux ?Qu'est-cequimerenddifférente?»J’admetsquejemeursd'enviedelesavoir.

Ilsecouelatête.

«Dis-moi,»insisté-je.«J’aiétéenfermédansmonpropremondeilyafortlongtemps,»dit-il.«J’aiuneexcusepour

éloigner lesgensàcausedemonhandicap.Etpuis, j'aivu ton tatouage...» Je retourne sonpoignet etpassemondoigtdessus.Ilfrémitàmoncontact,fermantlesyeux.«Etjemesuisdemandésipeut-être,juste peut-être, nous n’étions pas tous les deux enfermés dans nos propres petitsmondes et que nouspourrionsnousenlibérerensemble.»

Ilm’ouvre soncœuret jen'ai riend'encourageant àdire.«Mais il n'y a aucunproblèmecheztoi,»commencé-je.Jeleregardeetilmefixeavecunregardméfiant.

«Cen’estpasvrai.»Ilhochelatête.«Iln'yaaucunproblèmecheztoi.Nousnesommespassurunpiedd'égalitéetnousneleserons

jamais.»Ilsecouelatêteànouveaucommes’ilyavaitquelquechosesurleboutdesalanguequ'ilvoulait

dire,maisilneleferapas-.«Jenesaispaslire.Jenepeuxpasavoirdetravail.Jenepeuxpasalleràl'école.Jenepeuxpas

fairetoutesleschosesquemafamillevoulaitquej’accomplisse.»Enfait,ilsauraientvouluquejememarieetquej’aiedesenfants,carc’étaittoutcequej’étaisbonneàfaireàleursyeux.Maisj’airefusé.C’estpourcetteraisonquejemesuisenfuie.Ilsm’auraientcloisonnéedansunecase,etjen’auraispaspujouermamusiquecarc’était«endessousdenotreclassesociale,»etjen’auraispaspupoursuivremesétudesparcec’étaittropdifficilepoureuxdemeregarderlutter.Seulleuraviscomptait.Uniquementleleur.

«Nesous-estimepastaproprevaleur,idiote,»dit-il.Jemeraidis.Jedétestecemot.Je lehaispar-dessus tout. Ilseraiditquandilmevoitfairede

même.«Quoi?»demande-t-il.«Qu'est-cequinevapas?»«Nemedisplusjamaisquejesuisuneidiote,Logan,»dis-je,mesdentsgrincentsifortqu’elles

mefontmal.«Mondieu,jesuisvraimentdésolé,»dit-ildansunsouffle.Ilprendmonvisagedanssesmains,

letientfermementpendantqu’ilmefixe.«Jenevoulaispas.»Ilrit,sanssemoquer.«C’estuntermed'affection dans notre famille. Je ne voulais pas heurter tes sentiments. Vraiment, ce n’était pas monintention. Je ne pense pas que tu sois stupide. Tu as des problèmes d’apprentissagemais tu n’es passtupide.Jelesais.»

J’aimerais le savoir. Il semble si sûr de son fait. « Tout va bien, » dis-je, mais je l’ai déjàrepoussé.

«Nemerepoussepas,»avertit-il.Çame fait rire. « Je ne suis pas toujours celle qui te repousse, Logan, » lui rappelé-je. Je le

repousseànouveau,maisilnemelaissepasfaire.Soudainement,sesmainssaisissentmesfessesetilmehissesurlecomptoirdesalledebain.

«Pardonne-moi,»dit-il.Jehochelatêteetilembrasselecoindemesyeuxoùdeslarmessesontformées.Cemotmefait

mal.Çaatoujoursétélecas.Etcefutlagoutted'eauquifaitdéborderlevase.C’estcequiacausémondépart.Cemotetd’autres,jelesaientenduspendantbientroplongtemps.

Ilpenchesa têteetses lèvreseffleurent lesmiennes. Ilme lèche les lèvresetsa languedouce,mais insistante, chercheàme faireouvrirmes lèvres. Jemetsmamain sur le côtéde sonvisageet ilcontinuedem’embrasser.Jesaisdéjàcequ'ilfait.Ileffacecemotdemonespritetjel’enféliciteparcequeladouleurqu’ilacauséedisparaît.

Ilarrachelaservietteentrenousetregardemoncorpsnu.Jesuisperchéesurlecomptoiretilsetrouveentremesjambes.Illècheseslèvresetmoncœurbatàcentàl’heure.Mondieuilesttellement

sexy.J’attiredenouveausabouchevers lamienneet ilme laissefaire.Maisseulementpourquelquessecondes.Ilrelèvelatêteetsepenchepourprendremontétondanssabouche.Iln’estpasdoux.Ilestrude.Sabarbed’unjourfrottecontremapoitrinependantqu’ilsuçotemontéton,l’attirantprofondémentdans sa bouche, touchant quelque chose au plus profond de moi dont j’ignorais jusqu’à présentl’existence.

«Veux-tuquejem’arrête?»,demande-t-il,relevantlatêtepourregardermonvisage.Jesecouelatête.«Net’arrêtesurtoutpas,»dis-je.Jepassemesdoigtsdanssescheveuxetle

tiensserrécontremoi, tirantdoucementsescheveuxet ilgémitautourdemon téton.Ma tête tombeenarrièreetjem’appuiecontrelemiroir,observantsonvisagealorsqu'ilsuçotelachairtendue.Sonautremainglisselelongdemonventreversmatoisonbouclée,puissesdoigtsglissentversl’intérieurdemescuisses.J'ouvreplus largementmes jambespour lui.Loganrelèvesa têteetenfouitsonvisagedans lecreuxdemoncoualorsqu'ilplongeundoigtenmoi.Jesuistrempée,etilenprofitepourl’enfoncerplusloin.Sondoigtsepromènesurmonclitoriset jemanquepresquedetomberducomptoir.Ilpressesoncorpsplusprèsdumien,samainlibrepincemontéton,letirantpendantquesonannulairemedoigte.

S’ilnes'arrêtepas,jevaisjouir.«Logan»,dis-je.Ilnepeutpasvoirmeslèvres,alorsjerelèvesatêtejusqu'àcequ'ilpuisseliresurmeslèvres.Jepeuxàpeineformerlesmotsquejeveuxluidire.«Jevais jouiravant toisi tune t’arrêtespas.»J’essaied’ouvrir leboutondesonjeanet ilchassemesmains.

Ilmeregardeintensémentdanslesyeuxetdemande:«Quelesttonnom?»Jenepeuxpasrépondre.Jeneluirépondspas.Jefermelesyeuxetmecambrecontresesdoigts

quimeprennentencoreplus.Commejenerépondspas,Logangrogne,tombeàgenouxenfacedemoi,écartemesjambesdavantageetmelèchedebasenhaut.

Jeglissemesmainsdans ses cheveux, les tire, lui faisant comprendre cedont j’ai besoin.Seslèvresetsalangues’attardentlonguementsurmonclitoris,meléchanttendrementpendantqu’ilmefixeduregardavecsesyeuxd’unbleuprofond.Jeregardesonvisagealorsqu’ilm’entraîneloin,puisdeplusenplushaut,etencoreplushaut…etfinalement,jegémislonguement.Ilnes'arrêtepaslorsquejejouis.Aulieudecela,ilglisseundoigtàl'intérieurdemoietmecaressedel'intérieur,tandisquesaboucheesttoujourssurmonclitoris.«Ohmondieu!»Jecrie.

Moncorps tremblede façon incontrôlable, attirant sonvisageplusprèsdemoiencorependantquejejouis.Ilralentitlemouvementdesalanguependantquemoncorpssecalme.Quandilcontinuedemelécher,j’aimevraimentçaetjetrembleànouveauquandileffleuremonclitoris.Illefaitencoreetencorejusqu'àcequemoncorpss’apaise.Jesuisappuyéecontre lemiroir,àboutdeforces,et l’attireversmoipourluifaireface.«Atontour,»dis-je,etj’attrapeleboutondesonjean.

Ilsecouelatête.«Non.»«Quoi?»Jenecomprendspas.Ilmesoulèveetmemetdeboutdevantlui.«Tuneveuxpasdemoi?»demandé-je.«PutainKit,jeteveuxplusquejen’aijamaisvoulupersonne,ouquoiquecesoit.»Ilappuieson

frontcontre lemien, il respiredifficilement.Ses lèvreseffleurent lesmiennesdoucement,mais jesensuneurgencedanssonbaiser. Il sepencheet ramasse laserviette, l'enrouleautourdemoi, la refermantsoigneusementsurmesseins.Puisilouvrelaporte,mepoussedanslecouloiretlaverrouillederrièremoi.

LoganPutain!Jepassemamainsurmonvisage,puisdansmescheveux,mettantmatêtedansmesmains

comme si c’était une bombe sur le point d’exploser. Ce n’est pas la seule chose qui est sur le pointd’éclater.

Jen'aijamaisétéaussiexcitéquemaintenant.Kitétaittrempéeetchaude,etellevoulaitquejelaprenne.Ellem’auraitlaissélabaisersurlecomptoirsijel'avaisvoulu.Jesaisqu'elleauraitditoui.Etellen’auraitpaseuderegrets.Maismoi,j’enauraiseu.Bienquemaintenant,jerepensemadécisiondelamettreàlaporte.Jetendslamainverslapoignéeetmeprépareàlatournerpourluidirederevenir,maisjelaretirebrusquement.

J’avais désespérément besoin d’enlever cette expression de son visage et la seule chose àlaquelle j’aipupenserétaitde luichanger les idées.Maismaintenant, je suis incapabled’oublier sonexpressionquandelleajoui.Oulafaçondontelleaserrémondoigtquandelleafrémi.Mondieu,cettefilleauramapeau.

Maqueueestsidurequejepourraisplanterdesclousavec.La porte vibre comme si quelqu'un cognait dessus. Probablement Paul pour me dire de me

dépêcherpournepasêtreen retardau travail.Maismonsexeest sidurque jepeuxàpeineme tenirdebout,alorsencoremoinsmarcher.

Jepassedenouveaumesmainsdansmescheveux.Respirerprofondément.Merde.Jenesortiraijamaisdanscetétat.Je prends une serviette sous l'évier, la pose en face de moi, et déboutonne mon jean. Ça ne

prendrapasplusd’uneseconde.Jesaisbienquejevaispenseràellependantquejevaismebranler.Jecrachedansmapaumeetprendsleboutdemaqueuedansmamain,tirantd’uncoupsecdessus.

Mondieu, jenepourrais jamaischasser lafaçondontelle jouitdemonesprit.Elleacrié.J'ensuissûr.Jepouvaissentirsagorgebougercontremajoue.C'étaitunevibrationtrèsdouceetc'estarrivéquandelles’estresserréeautourdemondoigt.

Ilmesuffitdequelquesmouvements,jemelèvesurlapointedespieds,éjaculantsurlaservietteposée sur l'évier. Je pense à quel point ce serait bon d’être en elle tout de suite etmes testicules secrispentpendantquejejouis.Mondieu.Mondieu,jeveuxtellementêtreenelle.

Je redescends surmes talons, éreinté. Jem’appuie contre la porte, essayant de reprendremonsouffle.Laporte tremble, il sembleraitquequelqu’unfrappe.Jeme lave lesmainset jette laserviettedanslepanier.Merde.Jesuisheureuxdel’avoirfait.Maisjeregrettequecesoitarrivédecettefaçon-là.

Je remets mon jean, je suis toujours semi-dur, mais pas au point de ne pas pouvoir marcher.J’ouvrelaporteetPaulmesalueenhaussantunsourcil.«Çavamieux?»demande-t-il,souriant.

Vatefairefoutre,connard,jesigne.«Va te faire foutre toi-même,» répète-t-il en riant.«Oh, attends.Tu t’esdéjà faitbaiser.» Il

inclinesatêteversmoi.«Commentc'était?»Jeletirebrusquementdanslasalledebainavecmoi.Jenel’aipasbaisée.Illèvelesyeuxauciel.«Ouaisbien-sûr,displutôtçaàquelqu'unquinepouvaitpasentendreses

cris.»Ilmepoussegentiment.«Laprochainefois,préviens-lemecpourqu'ilpartesebalader.C’étaitvraimentbruyant.»

Qu’est-cequiétaitbruyant?Jesuisconfus.L’airenjoué,ilsigne,Ohmondieu!Ohmondieu!Ohmondieu!Logan!Logan!Logan!Ilme

frappe à nouveau. Cette fois, ça fait mal. Je frotte à l’endroit de son coup.Ça aurait pu être superexcitant si ça n'avait pas été mon frère de l'autre côté de la porte. Mais c’était lui, alors c’étaitsimplementbizarre.

Jenepouvaispasl'entendre.Désolé.Jelesuis.Enfin,enquelquesorte.«Sansdéconner,»dit-il.Ilmeregardedetrèsprès.«Çava?»J’acquiesce.Ensuite,jesecouelatête.Putain,j’ensaisrien.«Qu'est-cequinevapas?»Ellemerendfou,mec.Complétementtaré.«Tul’asbaiséeettuteplains?»Ilagitesesmainsversmoi.«Jeneveuxmêmepasenentendre

parler.Sais-tudepuiscombiendetempsjen’aipas…?Putain,tuessérieux.Tunepeuxpasêtreretournédel’intérieuralorsquetuviensdet’envoyerenl’air.»

Jenemesuispasenvoyéenl’air.«Laferme.Arrêtederemuerlecouteaudanslaplaie.»Jepasseunemainfrustréedansmescheveuxetfermelesyeux.Il tape ma poitrine avec sa paume ouverte, me forçant à ouvrir les yeux. « Attends. Tu es

sérieux!»J’acquiesce.J’aidituntrucstupideàKit.Elleétaittriste.Ettoutétaitdemafaute.«Donc...»,Insiste-t-il.Donc,jevoulaisqu’ellesesentemieux.Jenetedonnepasdedétails.« C'est comme si tu avais retrouvé ta virginité. C’est vraiment tordu. » Son visageme laisse

penserqu’ilsemoquedemoi.Jenepeuxpasretenirmonsourire.Tum’endirastant…«Tuvasêtreenretardautravail,»continuePaul.Merde. Je vais vraiment être en retard au travail. Je me dirige vers la salle de bain alors

qu’Hayleyyentre.Paul laprenddanssesbrasetdanseavecelle. Il l’aunvendredisurdeux jusqu'auvendredisuivantetilsavourechaqueminutepasséeavecelle.

PetesetientàcôtédeKitdanslesalon.Illuiarrivedetravaillerauclubavecmoi.«Es-tuprêt?»demande-t-il.

Kit traîne les pieds en évitantmesyeux. Jemarchevers elle, attire sonvisagevers lemien etl’embrasse.C'estunbaiserpleindepromessesdecequipourraitseproduiresielleétaitprêtepourça.Elleestàboutdesouffleetagrippéeàmesépauleslorsquejemerecule.

«Merci,»dit-elle.Ellesigneenmêmetemps,etmoncœurgonfle.Jesuisprêt,jesigneàPete.

IlnoussuitdanslecouloiretjelesurprendslesyeuxposéssurlesfessesdeKit.Nefaispasça,jeluisigne.

Ilsouritethausselesépaules.Jenepeuxpasm'enempêcher.Moi,jelepeux.Jelemetsengarde.Jefaisminedelemenacerenfrappantmonpoingcontrema

paume.Il détourne le regard, l’air penaud. Je lui signedeme regarder.Pourras-tum’aider à prendre

soindeKitcesoir,aucasoùjesoisoccupé?Peteacquiesce.Ilcomprendexactementcequejeveuxdire.

EmilyLeclubs’appelleBounce.Loganmemèneverslaportearrièreenmetenantlamainmaissurle

cheminduclub,jevoisunetrèslonguefiled’attentedevantetquelqueshommesdelamêmetaillequeLogansurveillantlaporte.Cetendroitn’estpasdutoutcommejel’imaginais.C’estbeaucoupplusgrand.

Un grand gars, costaud et portant un tablier nous arrête alors que nous entrons par l'entrée dederrièreetposeunemainsurletorsedeLogan.Ilmeregardeetlèveunsourcil.

LogancommenceàsignerquelquechoseetPetetraduit.«Elleestavecmoi.»Peteregardeversmoi,l’airpenaud,etpointesonpouceversLogan.«Enfin,aveclui,»admetPete.«Elleadix-neufans,»interprètePete.Legarsfaitunsigneàunhommeavecuntamponencreuretiltamponnelemot«Non»surledosdemamain.Jerouledesyeux.Sérieusement?

«C'estunbar,machérie.Jevaisavoirtoutessortesdeproblèmessiquelqu'untesertalorsqu’ilneledevraitpas.»IltamponnelamaindePeteaussi.

Jehochelatête.Jecomprends.«Est-ellesourdeelleaussi?»demande-t-il.Logansecouelatête.Jepensequ'ilditquelquechosecomme«aaah,lemondedelanuit…»,etils’envaenroulantles

yeux.Petevaaveclui.Loganmeconduitàl’extrémitédubaretpousseungrandgarsdesontabouret.L'hommevacille,

seplaintetsetournepourtrouverLogandeboutderrièrelui.L'hommelèvelesdeuxmainscommes’ilserendaitauxflics,setourneets'éloigne.

«Pourquoias-tufaitça?»demandé-je.Ilhausselesépaules.«Tuasbesoind'unfauteuil.»Illeditcommesij'avaiseubesoind'unsoda.«Maistul’aspoussédesachaise.»Loganlesuitdesyeux.«Jecroisqu’ils’enfiche.»«Ilnes'enestpassouciéparcequ'ilapenséquetuallaisluibotterleculs'ildisaitquoiquece

soit.»Ilacquiescecommes’illuiauraitvraimentbottélesfesses.Sérieusement?«Quoi?»demande-t-il.Iltapoteletabouret.Jem’yassoisetleregarde.«Tuveuxquejerestelà?»J’indiqueletabouret.Lebar.Cettepartiedubar.Ilhochelatête.Illèvemonvisageverslehautpourquejeleregarde.«Neboisrienàmoinsque

lebarmanneteledonne.C’estcompris?»Pasvraiment,maisjehochelatête.«Jesuissérieux,»dit-il.«Oùvas-tu?»«Travailler.»Ilm’embrassesurlefront,etresteimmobileunmoment.Puis,ilpenchelatêteet

murmuredansmonoreille.«Justepourtagouverne—j’aitoujourstongoûtsurmeslèvres.»ilbaisseles yeux versmon bas-ventre. La chaleur inondemon visage. Je suis probablement rouge comme unetomatemaisjemeforceàleregarderdanslesyeux.

«J'aimeraispouvoirendireautant.»Ilgémit,merepousseets'éloigneenunclind’œil.Jeregardelecomptoirdubaretvoislabarmaidblondequipréparedesboissons.Ellemejetteun

coupd’œiletdit:«Quepuis-jevousservir?»«Sodacitron?»demandé-je.Ellelèveunsourcil,hochelatêteetm’ensertun.« Comment connaissez-vous Logan ? » demande-t-elle en faisant glisser ma boisson sur le

comptoir.

Lesmots « c’estmon petit ami » viennent spontanément àmes lèvres,mais je les repousse. «J’habitechezlesgarçonsencemoment.»

Sessourcilssefroncent.«Vraiment?»Jehochelatête,prenantunegorgéedemonsoda.«Merci»,dis-jed'unairabsent,pointantvers

monverre.Ellelaissetomberdeuxcerisesdedansetmesourit.«JesuisAbby.»Elletendsamainetjela

prends.Elleaunepoigneferme.J'aimeça.«Kit », dis-je. «Alors, vous êtes l'une desmilliers de femmes avec qui Logan a couché ? »

demandé-je.J'essaiedemaintenirunetonalitédésinvolte,maissij’encroissonexpression,c’estraté.Jeneveuxpasvraimentconnaîtrelaréponse.Maisenfait,jelaveuxquandmême.

Ellerit.«Chérie,j’aitropderespectpourmoi-mêmepourfaireça.»Ellemeregardeuninstant,toutenversantunebièreàquelqu'und'autre.«Ettoi?»

Jemesensbeaucoupmieuxmaintenantquejesaisqu'ellen'apascouchéaveclui.«Non.Maisbordel,j’enaienvie.»Jemeforceàrirealorsquejen’enaipasvraimentenvie.

«Ilaceteffetsurtouteslesfilles.»Dit-elleenriant.«Courage.»Jeneveuxpasêtrecommetouteslesfilles.Quelqu'unfrappebrutalementlebardevantelleetellelèvelesyeuxavecuneminesombre.«Ne

frappeplusjamaissurmonputaindebar,trouducul,»dit-elle,maisilyaunsouriresoussesmots,jepeuxledire.

«Oh,allez,Abby,»dit-il.«Tusaisquetuaimesquandjetecogne.»Deséclatsderireserépandentautourdubar.Ilsepenchesurlebar,etellesedressesurlapointe

despieds,enmettanttoutsonpoidssursesbras,desortequeseslèvrespuissenttoucherlessiennes.Ellepointeledoigtversmoi.«Ford,jeteprésenteKit.»

Fordsetourneversmoietsourit.«Kit est venu avecLogan, » expliqueAbby. Elle lui lance un regard étrange, et il fronce les

sourcilspuismeregarde.«Non,nemedispasquec’estvrai»dit-ilavecunrire.Jeserreleslèvres,pastrèssûredecequ'ilinsinue.« Il est grand temps que quelqu'un chope ce salaud. » Il rit, se frottant les mains avec

enthousiasme.«Lavengeanceestunplatquisemangefroid,»dit-il.Puisilsedirigedanslafoule.«FordtravailleavecLogandevant leclub,»explique-t-ellependantqu’ellesertdesboissons.

Elleprendunbilletdevingtdollarsd’unmecet lemetdansson t-shirt. Jepeuxvoir leboutdubilletsortant de son décolleté. Et son client aussi. Il se lèche les lèvres. « Oh, tu voulais la monnaie ? »demande-t-elledoucement.Ilsecouelatête,ritets'éloigne.

« Tu travailles-ici depuis longtemps ? » Je crie. Le groupe vient juste de monter sur scène,accordantleursinstrumentsetjouantquelquesextraitsdemusique.Jemeretournepourlesregarder.Lechanteurprincipalestdéjàtorsenu,maislafoulesembleapprécier.

«Environunan,»dit-elle.Elletravaillerapidementpourremplirlesverresetleclubdevientdeplusenplusanimé.Jeregrettepresquedenepaspouvoirallerderrièrelebarpourl'aider.Jemesensplutôtinutile,assisepassivementsurletabouret.

«Quiestcegroupe?»demandé-je.Ellehausselesépaules.«Ilssontnouveaux.»J’entends lesdébutsde«FreeBird», ils commencent à joueretmesdoigtsmedémangent. Je

bougemesdoigtscommesij’avaismaguitareetjeregrettequecenesoitpasmoisurcettescène.Maisçanepeutpasêtrelecas.Ilsjouentsimplementdesreprisesdetoutefaçon.Maiscesontdeschansonsquimefontremuerlesdoigtsetbattremoncœurplusvite.

Jemeretournepourlesregarder.

Ilssontvraimenttrèsbons.Maisilyaunproblème: leurguitaristeprincipalestcomplétementbourré.Ilsontàpeinejouéquelquesaccordsqu’iltrébuchedéjàsurlesrallonges.Leurbassistesetournepourlefusillerduregardetilsouritetcontinueàjouer.Maisilpeutàpeinetenirdebout.Ilfaitsigneàuneserveuseetelleluiapporteunautreverre.Illeboitculsecetcontinuedejouer.

Le bassiste est énervé. Ça se voit. Je le serais aussi à sa place. On ne plaisante pas avec lamusique.Jamais.Moncorpsalabougeotteetjeveuxallerluiarracherlaguitareetjoueràsaplace.Jemeforceàresterassise.

Logansedirigeversmoidepuisl’autreboutdelapièceets’arrêteàmi-chemin.«Tuvasbien?»murmure-t-il.Jehochelatêteetlechasseavecmesmains.Ilmesouritetrestelàoùilpeutgarderunœilsurmoi.J’espèrequ'ilneprévoitpasderesterlàtoutelanuit.

Jetremblepourunetouteautreraisonquandjevoisunefillemarcherjusqu'àLogan.Elleporteunejupecourteetunhautétriquéetsesseinssortenttellementdut-shirtqu’onestobligédelesvoir.LesyeuxdeLoganseposentsursapoitrineetelleposelamainsursonbras,ensepenchantverslui.Jemepousse sur le bord de la chaise, observant ses réactions. Il regarde ses lèvres un instant puismet lesmainssursesépaulesetlarepousse.Ellefroncelessourcils.Ilserecule,etmoncœurtressaille.

«Putain,»ditAbby.«Jen’auraisjamaiscruvoirçaunjour.»Jelaregarde.«Dequoituparles?»«Jenel'aijamaisvurepousserunefille.»Loganmeregardeetmefaitunclind’œil.Lajeunefillemefusilleduregardetseretournepourluidirequelquechose.Illaregardeavec

bienveillance,mais il n'y a aucune chaleur dans son regard.Dumoins, pas le genre de bienveillancequ’ellesouhaiteraitrecevoir.Ellesemetencolère.

Soudain,l'amplisurlascènehurletrèsfortetleguitaristetrébuche,tombantsursesgenoux.Sescopainsarrêtentdejoueretessayentdelemaintenirdebout,maisilrestecouchéparterreenriant.

La foule commence à les huer, en s’avançant vers la scène. Ils ne sont pas contents. Et c’estcompréhensible.

JefaissigneàLoganetilrouledesyeuxensedirigeantverslascène.Legroupetientleguitaristedeboutetsoulèvelasangledesaguitarepar-dessussatête,maisilnetientvraimentplusdebout.Logansepencheethisselegarssursondos.Loganmefaitunclind'œiltoutensedirigeantversl'arrièredubaretdisparaîtderrièreunrideau.Lesmembresdugroupesesontregroupésencercle,àsedemanders’ilspeuventcontinuerounonsansleurguitariste.

Mes doigts se contractent et je tortille mes pieds, essayant de me tenir à l'écart. Mais c'estimpossible.Jemeglissedutabouret,mesjambesvacillentalorsquej’avancenonchalammentetquejemonte sur la scène. Je sens mon pouls dans mes oreilles et ma gorge est tellement serrée que je nepourraispasprononcerunsonsijelevoulais.Maisjeprendslaguitarelaisséedecôté,glisselasangleau-dessusdema tête et regarde lesmembresdugroupe. Je prendsmonmédiator dansmapoche et leplaceauniveaudescordes.L'und’euxs’approchepourme reprendre laguitare.Mais jecommenceàjoueravantqu'ilnepuisselefaire.

«SweetChildofMine»sortduboutdemesdoigts, lesonremplit l'espaceet lesmembresdugroupereculent,surprisparlagaminequijoueaveclaguitared’ungrandgaillard.Àvraidire,elleestvraimenttropgrandepourmoi,maisjenelaissepasçam'arrêter.«Bon,quandest-cequ’onjouelesgars?»Jecrie.Maisjenem’arrêtepasdejouer,jamais.Lafoulesedéchaîneetmoijefaislespectacle.

Lesmembresdugroupesereplacenttous,etlechanteurvientàmoietmedemande:«Quepeux-tujouer?»

«Jepeuxjouertoutcequetupeuxchanter,»dis-jeenriant.Jeressenssoudainementunepousséed’adrénaline,etlerythmedelamusiquem’entraîne.

«Peux-tuêtreplusprécise?»demande-t-il.Mais il est souriantet regardemesdoigtscomme

s’ilssurvolaientlescordesdemaguitare.Ilsecouelatête.«Peuimporte.»Ilréajustelemicroetdit:«Nousavonsunesurprisepourvouslesgars!»Ilfaitsigneversmoi.

«Elleestbeaucoupplusjoliequenotreguitaristehabituel,n’est-cepas?»Lafoulehurleetapplaudit.Jecontinueàjouerjusqu'àcequejefinisse«SweetChildofMine.»

Jem’arrêteetregardeverslechefdegroupeensouriant.«Quelleestlaprochaine?»demandé-je.Illèveunsourcil.«HotelCalifornia?»Je hoche la tête. Je la jouais quand j’avais huit ans.Mais j'attends le batteur pour prendre le

rythmeetjecommenceàjouer.Leurbassejoueavecmoipendantuneminute,puisnoustrouvonsnotreproprerythme.

Jen’avaispasressentiautantdeplaisiràjouerdepuislongtemps.Pasdepuisquej’aiquittémongroupeàlamaison.J’avaisoubliéàquelpointj’aimaisça.

Nousfinissonslachanson,etlechanteurprincipalmechuchote,«WelcometotheJungle?»Je hoche la tête. Je regardepar-dessus la foule et voisLogan appuyé contre unpoteauvers le

milieudubar.Sesbrassontcroiséssursontorseetsaboucheest légèrementouverte.Jeluienvoieunbaiseretilsecouelatêteensouriant.MonDieu,cemecestcanon.Illèvesonpoucedansmadirectionets’éloigne.

Jevoudraispouvoirpartager ça avec lui parceque c’est lameilleure sensation aumonde.Lesfans,lamusique,lafaçondontjemesensàl’aisequandjejoue...iln'yariend’autredecomparableaumonde.Jen'aipaspeur.Paslemoinsdumonde.J'adoreça.J'aimelamusique.J’adorelaguitare.Etjecrainsaussid’êtreunpeuamoureusedeLogan.

LoganJemeretournepourregarderKitpendantqu’ellejoue.Sesjouessonttoutesrosesetellesourit.

Detempsentemps,lesautresmembresdugroupes’arrêtentdejouerpourluioffrirunsoloetellegrattelaguitare,dansesurlascène,semettantàgenouxenjouant.J’imaginequ’elleestvraimentdouée,étantdonnélafaçondontlafouleesthystérique.

Jepeuxsentirlesvibrationsdelamusiquedansleplancher,lesmursetjem’arrêtepourposermamainsurl'undesampli.

LescheveuxdeKitsontmouillésetsonvisagebrille.Ellenem’ajamaissembléeplusbelle.Ilestévidemmentqu’elleestnéepourjouer.Etjenepeuxpasm'empêcherdemedemanderpourquoiellejouedanslemétropourquelquesdollarsplutôtquedelefaireàtempsplein.C’estsondestin.C’estsapassion.

Jesuisheureuxrienqu’enlaregardant.Etjedoismerappelerdegarderunœilsurlafouleplutôtquesurelleuniquement.

Quelqu'un tapotemonépaule, et je regardepar-dessuspour trouverPetedeboutàcôtédemoi,souriant. « Putain, elle est vraiment douée, » dit-il en jouant sur une guitare invisible. Je ne peuxm'empêcherdemefoutredelui.Ilmefaitsignedelamainetdit,«Bonsang,jelaisselaplaceaupro.»IlpointeundoigtversKit.«Tusavaisqu'ellepouvaitjouercommeça?»

Je hausse les épaules. Je savais qu'elle pouvait jouer. Mais apparemment, ils pensent tousqu'elleestvraimentdouée.Jedésignelafoule.

JeregardelechanteurprincipalsedirigerversKitetluichuchoterquelquechoseàl’oreille.Ilesttorsenu,ensueur,etellelerepoussecommes’iln’étaitqu’unepetitemoucheenquiquinante.Ilpartmaisilpartenriant.Etjen'aimepasça.Jen'aimepasçadutout.Jemelève.

«Iln’envautpaslapeine,»ditPete.Jesais.Maisjen’aimepasçaquandmême…«Tuesàfondsurelle,n'est-cepas?»demande-t-il.Ilsourit,maissaquestionestsérieuse.J’acquiesce.Jeneveuxpasendireplus.Jeressensquelquechosed’incroyablepourKit.LegroupefaitunepauseetKitessuiesescheveuxavecsonavant-bras.Lechanteurprincipalse

dirigeverselle,maisjevaisdanssadirectionetmontesurlascèneavantqu'ilpuissel’atteindre.Ilsecognepresquedansmondos.Maisils’arrêteetvadansl'autresens.

«MonDieu!»dit-elle,l’excitationdanssesyeuxalorsqu'ellesautesurplaceenfacedemoi.«Tuasvuça?»demande-t-elle.

Puiselletouchemesépaules,sauteetenroulesesjambesautourdemataille.Ellem’embrasse.Ellealegoûtdesodacitronetl’excitations’empared’ellelorsqu’elleseserrecontremoi.Jetienssesfessesdansmesmainsetl’attireplusprèsdemoi.Lepropriétaireduclubmefaitsignedelamainetjeleguetteducoindel’œil.Ilfaitunmouvementavecsonpoucepourmemontrerl'arrièreduclub.JehochelatêteetjeporteKitdanscettedirection.Maiselleesttouteexcitée,etellen'apasretiréseslèvresdesmiennes.Jelaportedanslasalledestockageavecsesjambesencoreagrippéesautourdematailleetjelamaintienscontrelemur.Ellemêlesalangueàlamienneetjeneveuxplusjamaisqu'elles’arrête.

Enfin,ellereculeetmeregarde,sesmainseffleurantmonvisage.«Tuasvuça?»demande-t-elle.

«Vuquoi?»J'aiperdutousmesespritsavecsonbaiser.«Moi,quijoue.Tum’asvue?»Jehochelatêteetenfouismonnezdanssoncou.«Tuétaisincroyable.»«N’est-cepas?Mondieu,jeveuxretournersurscène.»Ellerelâchesesjambesd'autourdema

tailleetposesespiedssurlesol.Ellemarcheàtraverslapièceenrongantsesongles.Jenepeuxpas

voirseslèvresbouger,maisjem’appuiecontrelemuretluisourit.«Qu'est-cequiestsidrôle?»demande-t-elle,s'arrêtantpourmeregarder.«Rien,»dis-je.Jemarcheverselleetpoussesescheveuxensueursursoncou.«Tuestellement

belle.»Ellefrissonnelorsquejesouffledanssoncou.Samain se lèvepour couvrir lamiennequi, elle, se trouve sur son épaule. Je ressensplus de

réconfortdecetoucherquejen’enaijamaiseudetouteslesfillesquej’aipubaiser.«Mercidem’avoiremmenéeici,»dit-elle.

«Mercidem’avoiraccompagné.»«Çafaisaitlongtempsquejen’avaispasressentiautantdeplaisirenjouant,»admet-elle.Elleest

resplendissante.Jemepencheverselleetl'embrasse,elleesttellementjolie.Elleentendquelquechosederrière

laporteetseretournepourvoir.«J’arrive,»dit-elle,enlevantundoigt.Elle lèvelesyeuxversmoi.«Ilsvontbientôtreprendre.»

«Jedoismeremettreau travailde toutefaçon.Lepropriétairenousafaitvenir iciparcequ'ilcraignaitquejetebaisesurlascène.»

Ellecouvresaboucheavecsamain.«Alors ilspensentquenoussommesen traind’avoirunerelationsexuelleici...tuessérieux?»Sesyeuxsontgrandsouverts.

Jenepeuxpasm’empêcherdesourire.«Probablement.»«Tuvienssouventici?»demande-t-elle.Jemefige.Jeneveuxpasluirépondre.Parcequejel'aidéjàfait.Ellen’insistepas.Maiselle

pousseunsoupirets’éloignedemoi.Jesensqueçal’attriste.«Nefaispasça,»dis-je,enprenantsonvisagedansmesmains.«Jenepeuxpaschangermonpassé.»

Elleme regardedans lesyeuxetdit,« Je sais. Jene tedemandepasde le faire. Jedois justeretourner sur scène. »Ellem'embrasse doucement. «Est-ce que l’on pourra en reparler plus tard ? »demande-t-elleensouriant.Elleestpresquevibranted'excitation.

Elle n’est pas en colère contre moi. Dieu merci. « On pourra en reparler autant que tu levoudras.»Àtoutmoment.N'importeoù.

Elle part en toute hâte et je tire sa main pour la retenir. Elle s’éloigne lentement et c’estdouloureux,jeveuxtellementqu’ellereviennedansmesbras.Maiselleseretourneetpartencourant.

Elleremontesurlascèneetjelasuis.Lechanteursetourneverselle,laminerenfrognée.«ToietLogan,hein?»demande-t-il.Jepeuxliresurseslèvresd'oùjemetrouve.

Ellesouritetacquiesce.Il dit quelquechosequi ressemble à«Compris, »puis il grimaceet se tourneversmoi. Je la

pointedudoigtpuispointemapoitrineetjeluiprononcelesmots«àmoi».Ilcomprend.Ilcomprendtotalement. Il peut ne pas vouloir qu’elle soit à moi, mais il sait qu’elle n’est pas pour lui. Ellem’appartient.

JevaisvoirAbbyetprendsunsodacitronpourKit.Elleestensueurdepuisuneheureetilsontuneautreplaylistàfaire.J’indiquelelevierdesodacitronsurlafontaineetlèvelessourcils.

«C’est pour toi ? » demandeAbby, avec un doigt pointé versmoi pendant qu’elle remplit unverre. Je pointe le mien vers Kit. Elle hoche la tête et met deux cerises dedans. Je me tourne pourl’apporteràKit,etAbbytiresurmamanche.«Oùa-t-elleapprisàjouercommeça?»demandeAbby.

Jehausselesépaules.Jenesaispasoùelleaapprisàjouer.Toutcequejesaisc’estqu’elleesttrèsdouée.Jepeuxledireparlafaçondontlafouleréagitàsamusique.Moncœurestremplidefierté,etbienplusencore.Tellementplusqu’ellen’estprobablementpasencoreprêtepourça.

Jeluiapportesonsodaetmetienssurlecôtédelascèneenattendantqu’elleaitfinilachanson.Maiselledescendlesescaliers,sesdoigtssurvolantlescordes,etellesepenche,prenantlapailledanssabouche,elleaspireavidement,etiln'yapasunhommedanslasallequin'estpasjalouxdemoiàcet

instant.Ellenecessepasdejouerenbuvant.Puisellemesourit,m’embrasserapidementetsedécideàremonter lesmarchesvers lascène.Super.Maintenant, jebandecommetous lesautresmecsdevant lascène.Soudain,elleredescendverslesescaliers.Ellehochelatêtem’indiquantunecerisedansleverreetjelaporteàseslèvres.Ellelaprendcontreleboutdesalangueetfermeseslèvresautourd'elle.Ellefait sauter la tige en tirant légèrement. Elle jette un regard sur l'autre et regardemes lèvres. Ellemenargueavecsonsourireetjeportelaceriseàmeslèvresetouvremabouche.Jelalècheàpartirdelatige,prenantmontemps,jouantavec,jusqu'àcequ'ellesepenche,mettesabouchesurlamienneetmelareprenne.

Jefeinsd'avoirl'airoffensé,maisjesuistellementexcitéquetoutcequejepeuxfairec’estavoirl’aird’unidiot.

EmilyJem'écroulesurletabouretaufonddubarquej’ailaissélorsquej’aiprislaplaceduguitariste

du groupe et posemes coudes sur la table.Un sourire que je ne peux pas réprimer apparaît surmeslèvres.Abbydéposeunsodacitronenfacedemoi.«Tuasétéincroyable!»dit-elle,enyjetantdeuxcerisesdedans.

Jehochelatête.Ellearaison,c’étaitincroyable.J’essaiedereprendremonsouffle.Jelèvemescheveuxmouillésdemoncouetlesrouleenunchignonpuisjeleslaisseretomber.

«Tujouesdepuislongtemps?»,demandeAbby.Elleessuielebaravecunchiffon.«Jepensequejejouaisavantmêmedesavoirmarcher,»j’avoue.Jen’arrivepasàmesouvenir

dutempsoùjen’avaispasdeguitare.«Mongrand-pèrem'adonnémapremièreguitare.»Monpèrenecontestaitpasencoreàcetteépoque,jusqu'àcequeceladeviennelaseulechoseoùj’étaisdouée.

«Effectivement,onpeutledireenteregardantjouer.»Ellelèvelamainpourmedonnerunetapedevainqueur. «C’était fantastique. »Elle serremamain une seconde etme regarde dans les yeux ensouriant.Jenesaispastropquoienpenserpourlemoment.

Jeregardeautourdubar.L'endroitestenfintranquille,etLoganempiledeschaisessurlestablespourl'équipedenettoyage.Illèvelebasdesont-shirtetessuiesonfrontavec.Sesabdossecontractentlorsqu’ilseplieetunsifflements'échappedemeslèvres.«Bontédivine!»jerespire.

«Cegarçonestsacrémentbeau,»dit-elle,arrêtantdelécherseslèvres.«Çamedonneenviedelelécherdebasenhaut,»réponds-jedoucement,pluspourmoiquepour

elle.Monvisagerougitquandjeréalisequ'ellem'aentendue.Elleritetcontinueànettoyer.«Qu'est-cequit’enempêches?»J'indiqueLogan.«Lui.»Sessourcilssefroncent.«Loganneveutpass’occuperdetoi?»Ellelepointedudoigt.Ellea

l’airtellementchoquéequej’aipeurdedevoirluifaireduboucheàbouche.Je secoue la tête. « Si, il s’est occupé demoi.Mais il neme laisse pasm’occuper de lui, »

murmuré-je. Je ne sais pas vraiment pourquoi jeme confie à cette fille. Sans doute parce qu'elle estbarmaid. Ilsontunefaçonnaturelledepousser lesgensàparleret leur fairepartager leurssecrets.Jecroisquejemesuisfaiteavoir.

Abbyrecule,laissanttombersonmentonsursapoitrine.Ellemeregardecommesiunedeuxièmetêtevenaitdepoussersurmoncrâne.Puisellesourit.«Çavaprendredutemps!»dit-elle,jetantsatêteenarrièreavecunrire.

«Cen'estpasdrôle,»boudé-je.«EtnedisrienàFord,ok?»ajouté-je.EllelèveunemaincommesiellejuraitdevantDieuetdit:«Jejuredenepasdireunmot.»Elle

ritànouveau.«Mêmesic’estlanouvelledusiècle,jelegardepourmoi.»Je lève lesyeux lorsquePete sort de l'arrièredu club,mais il est enpleine conversation avec

Boneetunautrehomme.Jelesregardedeplusprès.PetesepencheetserrelamaindeBone.C’estquoicettehistoire?NeserrejamaislamaindeBone.Jamais.Celavoudraitdirequetuasfaitunaccordaveclui.EtlesaffairesdeBonen’arrangentjamaispersonne,saufBonelui-même.

Logan tape dans sesmains pour attirer l'attention de Pete. Il signe très rapidement, mais Petel’envoiebalader.Loganposelebalaiqu'ilavaitdanslesmainsets’approched’eux.Boneserrel'épauledePete,s’éloignedeluietsedirigetoutdroitversmoi.

Bonesepencheenarrièrecontrelecomptoiràcôtédemoi,etAbbytented’avoirl’airoccupée.JeregardeLoganalorsqu’ilhurlesurPeteensignant.J’ignorecequ'ildit,quoiqu’ilensoit,cenesontpasdesparolesagréables.

Bonemeregardepar-dessussonépauleetdit:«Tuasunendroitoùdormircettenuit,Kit?»

Jehochedetête.«Ouais.Maismercidet’eninquiéter.»Boneme regarde attentivement pendant uneminute. Si près, quemes poils se dressent surma

peau.«Fais-moisavoirsituasbesoindequelquechose.»«Jeleferai.»Jen’endispasplus.Jejouejusteavecmapailleetattendsqu’ils’éloigne.Ilest

préférabledenejamaislecontrarier.Bone se lève,hoche la tête et sedirigevers l’arrièreduclub. Il s’enva.Loganhurle toujours

après Pete et Pete se dégonfle peu à peu. Logan est plus grand que lui.Mais ce n’est pas tout. Petesemblait vouloir débattre de quelque chose avecLoganquand ils ont commencé à parler.MaisLoganenroulesonpoingdanslachemisedePeteetletirebrusquementverslui.Ilneditpasunmot.IlregardejustefixementPete jusqu'àcequ’il lèvesesmainsensignedereddition.Si lesregardspouvaient tuer,Peteseraitétendumortsurlesol.

LoganlelibèreetPeteretombesursespieds.IlsignequelquechosequiapaiseLogan,maisilesttoujours en colère et commence à pousser des chaises. Il les empilait.Maintenant il les empile avecviolence.Petesedirigeversmoi,bougonnant.

«Quefaisais-tuavecBone,Pete?»demandé-je.«Rien»,marmonne-t-il.«Cethommen’est pasquelqu’unde fiable.Ne le laissepas te causerdes ennuis, » avertis-je

tranquillement.«Pourquoitoutlemondepensequejevaisavoirdesennuis?»demandePete,offensé.Iltapote

sontorse.«Jepeuxprendresoindemoi.»«Pasavecdesgenscommelui,»dis-je.Ilmeregardeetdemande«Quesais-tusurBone?»«Plusquejenelevoudrais,»admets-je.J'aivudequoiilétaitcapable.J'aivucequ'ilafaitaux

fillesdanslesrefuges.J'aivucommentillesutilise.«Mmmh…»Petemarmonne.Justeàcemoment,lesmembresdugroupesortentparl'arrièredubâtiment.Lechanteursedirige

versmoietdéposeunepetitepiledebilletsdevantmoi. Il s'assiedsurun tabouretàcôtédemoi, sonépauleétantunpeutropprèsdelamiennepourquejesoisàl’aise.Jem’écarte.Ilnecomprendpasmongeste.

Jeregardelapiledebillets.«C’estpourquoi?»demandé-je.«C'esttapart.»«Qu'est-cequecelasignifie?»demandé-je.Ilhochelatêteverslaporte.«Nousrecevonsunpourcentagepourleconcert.C’esttapart.Nous

avonsdiviséencinqparts.»Unsourirenaîtsurmeslèvres.«Sérieusement?»Ilsouritetacquiesce.«Sérieusement.»Ilposeunemainsurlamienne.«Tuasfaitdubonboulot

cesoir.»Je retiremamain de la sienne et l’essuie surmon jean. Il ne le remarque pas. Ilme regarde

commes’ilavaitfaimetquej’étaissafriandise.Jeramasselapiledebilletsetlesmetsdansmamain.Ilyaplusdetroiscentsdollars.J’enreste

bouchebée.«Merci,»dis-je.Jepeuxvivrependantdessemainesaveccettesomme.Ilhausselesépaules.«Tul’asmérité.»Abbys’approchedenous.ElleregardeLoganàtraverslapièce—etm'avertitenregardantdans

sadirection.«LapetiteamiedeLoganestuneguitaristeincroyable,hein?»demande-t-elle.«Petiteamie,hein?»medemande-t-iltranquillement.Jesourisetacquiesce.«Petiteamie».Jeregardepar-dessusmonépauleetvoisLogansediriger

versnous.Ilnesouritpas.C’estmêmetoutlecontraire.Jemelèveetmeplaceentreluietlechanteur.Je

neconnaismêmepassonnom.Maisjeneveuxpasvraimentlesavoir.Jemetsl'argentdansmapocheetposemesmainssurletorsedeLogan.Ilbaisselesyeuxversmoietessaiedemerepoussersurlecôté,maisjenelelaisseraipasfaire.

«Quandpouvons-nousrentreràlamaison?»demandé-je,letirantdélibérémentversmoiparlesbouclesdesonjean.Ilregardeenfinversmoi.Sonfrontestcrispéetilmefusilleduregard.«Quelestlesignepourlamaison?»demandé-je.

Ilmemontre,meregardantdanslesyeuxpendantqu’ilsigne.Jemepointedudoigtpuisrépètelesigne.Loganhochelatête.

Lechanteursedirigeversnousetparledoucementafinquejepuissel’entendremaisqueLogannepuissepaslireseslèvres.«Quandilenaurafiniavectoi,appelle-moi,chérie,»dit-il.

Abby soupire. Il se tourne vers elle et lui fait un clin d’œil et elle lui répond par un doigtd’honneur.Ilritplusfort,puisilpartencompagniedesesfidèlesacolytes.

JeréalisequeLoganveutmeparler.Maisilneleferapastantqu’ilyauradumondeautourdenous.«Quandpouvons-nousrentreràlamaison?»demandé-jeànouveau.

Ilregardeautourdelui.LeschaisessonttoutesrangéesetFordaprislarelèveaveclebalaipournettoyerlesol.Loganfrappedanssesmainspourattirerl’attentiondePeteetcelui-ciseretourne.Ilsignele même geste que Logan vient tout juste de memontrer pour la maison et Pete hoche la tête. Il esttoujoursagacémaisilnoussuit.

JefaisunsignedelamainàAbbyetellefaitdemême.Ellesoulèvesonsacàmainsouslebar,jepensequ'elleestsurlepointdepartirelleaussi.«Repassemevoiràl’occasion!»dit-elle.Jesourisenretourethochelatête.Elleestvraimentgentille.Jel'aimebien.

Noustraversonslebarjusqu'àlasortieàl’arrièreduclubetsortons.Ilestquatreheuresdumatinpasséesetjesuisfatiguée,maislefroidm’enveloppeetjenemesuisjamaissentieaussivivantequ’encetinstant.Jeviensdejoueravecungroupependantdesheures.Etj'aiplusdetroiscentsdollarsdansmapoche.

Loganprendmamaindanslasienneetregardeautourdelui.Lesruessontsombresetunpeupluseffrayantesàcetteheure.Jesuistoutàcoupvraimentsoulagéed’êtreaveccesdeuxhommes.Ilssonttousdeuxbâtiscommedesmontagnesetleurstatouages leurdonnentunaspectbeaucoupplusférocequecequ'ilssontréellement.JeveuxparleràLogan,maisjesaisqu'ilnepeutpasmarcheràcôtédemoietvoirmeslèvres.Jerestedoncsilencieusetoutletempsducheminjusqu’àsonappartement.IlfaitsigneàPetedemonterlesescaliers,etnousrestonsdansl’entréedel’immeublependantunmoment.Ileffleureunemèchedecheveuxquis’estcolléeàmalèvre.

«Tuasvraimentappréciélasoirée,n’est-cepas?»,demande-t-ildèsquePeteestparti.Je hoche la tête et enfouis mon visage contre son torse pendant un moment, frémissant

intérieurementd’excitation.Jeveuxmordresontorse,mais je lève la têteetdis:«Mercibeaucoupdem’avoiremmenéeavectoi.»

«QuetevoulaitBone?»Jehausselesépaules.«Lamêmechosequed’habitude.»«As-tudéjàtravaillépourlui?»Ilm'étudedeprèsavecsesyeuxbleus,cherchantuneréponse

surmonvisage.«Jamais.»C'estvrai.Jenesuisjamaistombéeaussibas.Bienquejem’ensoisrapprochéeplus

d'unefois.Ilprendmamaindanslasienneetcommenceàmonterlesescaliers.J’aimelafaçondontilme

tient lamain.C'est agréable. Ilmepoussedans les escaliersdevant lui et jeme retournepourdire:«Sais-tuquec’estlapremièrefoisquejemontecesescaliersdemonpleingré?»

Ilmeretourne,metapesur lesfesseset je l'entendsglousser.Çaressembleplusàunmurmure,maisc’esttoutLoganetçameréchauffelecœur.

LoganJe suis tellement énervé contre Pete que je peux à peinem’empêcher de courir dans l'escalier

pourétranglercetidiot.IlmanigancequelquechoseavecBone,maisilneveutpasmediredequoiilsparlaient. Bone n’est pas quelqu’un de bien et Pete le sait.Donc je ne sais vraiment pas pourquoi ilparlaitàcebonàrien.Ildevraitresterloindelui.

MaislamaindeKitestdanslamienneetçaretardemonenvied’étranglerPete.Jem’arrêteenhautdel'escalieretl’attirecontremoi.Elleritettombesurmoi,sesmainsseposantàplatsurmontorse.Sonpoucesefrottecontrel’undemespiercingsetmonsoufflesecoupe.«Kit,»jelametsengarde.

«Quoi?»demande-t-ellel’airamusée,unsourireapparaissantsurseslèvres.«Aprèscequetum’asfaitsurlecomptoirdelasalledebainstuneveuxtoujourspasquejetouche?Sérieusement?»Ellejoueavecmoietjelesais.Maisjeneveuxpasluiexpliquer.J’attrapesoncouavecmamainetjesensundouxronronnementdanssagorge.Dieu,jelaveuxtellementquej’enaimal.

«J’aiadorécequejet’aifaitsurlecomptoirdelasalledebain,»dis-jealorsquejetoucheseslèvresaveclesmiennes.Jelèchedoucementseslèvresetelleouvresabouchepourmoi.Salangueestdoucecommeduvelourscontrelamienne,etjepeuxl’imaginerprenantmaqueuedanssaboucheetlaléchant de la même façon. Je gémis dans sa bouche et elle se met sur la pointe des pieds pour serapprocherdemoi.Sesmainsglissentautourdemoncou,sesseinspresséscontremontorse.

Elle lève la tête pour que je puisse voir ses lèvres. « Quand puis-je te rendre la faveur ? »demande-t-elle.Sesjouessecolorentjoliment,etjepeuxdevinerqueposercettequestionl’embarrasse.Mondieu,elleesttellementmignonne.

Jesecouelatête.«Çan'arriverapas.»Elleserecule,etsessourcilssefroncent.«Combiendetempsvas-turesterfidèleàcetterègle

?»demande-t-elle.«Aussilongtempsqu’iltefaudrapouravoirconfianceenmoi.»«Maisjetefaisconfiancemaintenant,»proteste-t-elle.C’estfaux.Sic’étaitvraimentlecas,ellemeconfieraitsessecrets.«Non,c’estfaux.»«C’estsimplementqu’ilyadeschosesquejenepeuxpasdireàn’importequi.»Elleprendmon

visagedanssesmains.«Pasmêmeàtoi.»Sonsouffleestrapidecontremeslèvresetjefaistoutcequejepeuxpournepaslacoincercontrelemuretlapénétrericietmaintenant.Jepourraisenleversonjeanenquelquessecondes.Mettresesjambesautourdemataille.

Ellemeréveilledemonrêveendisant:«Jeveuxtouttedire.»«Tun’aspasbesoindetoutmedire.Maisjeneveuxpasquetumecachesquelquechose.»Ellesereculeetsonsouffleesthaletant,jepeuxsentirsonsoufflesurmonmenton...Ellemelaissemereculeràmontouretsemetsurlecôté,sonsouffleredevientnormal.Elleest

contrariée.Jetentedem’expliquer.«Sijeréussisàtefairel’amourunjour,jeveuxsavoircommenttut’appelles. Je veux aumoins connaître ton prénom. Parce que quand cela arrivera, tu me posséderascomplétement. » Je lève son visage de façon à ce qu'elleme regarde dans les yeux. « Est-ce que tucomprends?»

Elleal'airincertaine.« Tume posséderas. » J’attire brusquement ses hanches contre les miennes, la laissant sentir

combienjelaveux.«Etiln'yariend’autredontj’aiplusenvie.»Jerecule,repoussesescheveuxdesonvisageetouvrelaporte,tirantsamainjusqu'àcequ'elle

mesuive.Elletraînedespieds.Elletiremamainjusqu'àcequejelaregarde.«Jeveuxtoutcequetuveux,»dit-elle.Ellenemeregardepasdanslesyeux—lessienssont

fermés.J'attendsqu’elleouvrelesyeux.Ilss’ouvrentenfinetellerépondàmonregard.«Jeveuxtoutce

quetuveux.Jenepeuxjustepasl’avoir.»Jemetssamainsurmontorseetétalesesdoigtssurmoncœur.«Tum’asdéjà.»Jeris.«Tum’as

eudèscepremierinstantdanslaboutique.»Jelèvemonbras,afinqu'ellepuisseexaminerdeprèssontatouage.«Jeportetonputaindetatouage,bonsang.»Jelèvesonvisageverslemien.«Dequoias-tupeur?Tumecachesquelquechose.Jelesais.Maisjenesaispasquoi.»

Ellemordsalèvreinférieureetelleal'airinquiète.Jelalibèreavecmonpouceetjemepenchepour l’attraper entre mes lèvres. Elle grogne contre ma bouche. Je la repousse et je peux sentir legrondementdanssapoitrinequandellebouge.

«Jevaisteledire.Jenepeuxpastouttedire.Maisjepeuxtedirecertaineschoses,»dit-elle.Moncœurgonfle.Jeprendssamainet laguidevers l'appartement.L'endroitestcalme.Tout le

mondeestdéjàaulit.«Tuveuxprendreunedouche?»luidemandé-je.Elleabeaucouptranspirésurscène.

«Jecroyaisquetuvoulaisparler,»dit-elle,regardantpartoutsaufversmoi.«Jeleveux.»Etenmêmetemps,jen’enaipasvraimentenvie.J’aivraimentpeurmaintenant.

«Prendsunedoucheetensuitenouspourronsparlerjusqu’auleverdusoleilsitulesouhaites.»Elle hoche la tête etmord sa lèvre inférieure encore une fois, ce qui envoie un coup de pied

directementàmesentrailles.Elles’éloignepuisseretournebrusquement.Ellesouritetpointesonpouceverslasalledebain.«Onpourraitdiscuterdetoutçasousladouchesinon,qu’enpenses-tu?»

Quelque choseme dit que si nous nous retrouvons dans la douche, nous ferons bien plus queparler.«Nousparleronsquandtusortiras.»

Sa lèvre inférieurefait lamoue.Maisensuite,ellehausse lesépaulesetdit :«Tunepeuxpasm’envouloird’avoiressayé...»

EmilyJemedoucherapidement,essayantdemeremettrelesidéesenplace.Jedoisfairetrèsattentionà

ce que je vais dire à Logan, principalement parce qu'il y a beaucoup de gens quime recherchent. Ilm’arrivedevoirencorelesaffiches«disparue».Etilyenadesnouvellesavecdesphotosdelamoid’avant.Lesphotosontétéprises lorsque j’avais lescheveuxblondsfoncés,de jolisélastiquesetdeschaussuresquicoûtentpluscherquelebudgetmensueldesReed.J'ignorelesaffiches,enessayantdemepersuaderquecettefillen’existeplus.C’estbienmieuxcommeça.

La maison me manque à peu près autant qu’une rage de dents. Mais je suis partie depuis silongtempsmaintenantquejenepeuxplusrevenirenarrière.Jesuispartiesuruncoupdecolèreetjenepeuxpasrentreràlamaisonpleinedehonte.Jeretourneraiàlamaisonuniquementlorsquejemesentiraiassezfortepourmedéfendre.Etjen’aipaseucesentimentdepuisuncertaintemps.

J'enrouleuneservietteautourdemescheveux,uneautreautourdemoncorpsetjemedirigeverslachambre.Loganestallongésurlelitetneporteriend'autrequel’undesesboxers.Ilm’envoieunt-shirtpropreetjelepassepar-dessusmatête.Ilfermelesyeuxpendantquejeretirelaservietteetmetsune culottepropre. Jepeuxentendre le sifflementde ses fortes inspirations à travers lapièce, et c'estvraimentgrisantdesavoirl’effetquejeluifais.

« As-tu encore envie de discuter ? » demandé-je. « Ou es-tu trop fatigué ? » Je secoue mescheveuxetmepasseuncoupdepeigne.

«Iln'yaaucunechancequetureviennessurtonoffre,»memet-ilengarde.«Tunepeuxpasmetaquinercommeça.»

Je ris. « Je ne retire pasmon offre. Je pensais juste que tu voudrais peut-être attendre jusqu'àdemainmatin.»

Ilseredresseetcroisesesjambesdevantlui.Jem’installesurlelitetcopiesaposition.Sonregardseprécipitevers leborddemaculotte,oùilpeutsansdoutevoir labandedetissu

entremesjambes.Maisjesuistoujourstranquillementinstalléeenpositiondulotus.Ilgémit.«Tuesentraindemetuer.»

Jetiresont-shirtsurmesgenoux.«Tumeretourneslestripesdanstouslessens.Jepourraistetorturer aussi. Je lui lance un regard jusqu'à ce que le sien devienne indéchiffrable. «Qu’y a-t-il ? »demandé-je.

Ilpousseunsoupir.Jebrandisunemain,tentantderepoussersamélancolie.«Situpouvaisfairen’importequoi,que

choisirais-tu?»demandé-je.Sessourcilssefroncent.«Noussommescensésparlerdetoi.»«Nousallonslefaire,»Jelepréviens.«Jetelepromets.Maisréponds-moi;situpouvaisfaire

n’importequoi,queferais-tu?»Iln'amêmepasclignédesyeux.Maissesyeuxsenoircissent,etildit«Jet’allongeraissurlelit,

jepousseraistaculottesurlecôtéetmeglisseraisentoi.»Jemefige.Monestomacsenoue,monventresecrispeetmonvisagerougit.Jedésirecedontila

envie.Jeledésiretellement.Ilrit.«Oh,tuveuxdirelachosequejevoudraismaisquiarriveendeuxièmeplace?»«Çasuffit,»jemurmure.«Jeretourneraisàl'université,»dit-ilàtraverssonrire.«Retourneràl'université?Quandétais-tuàl'université?»Ilfrotteunemainsursonvisage.«AvantqueMattnetombemalade.J'aieuuneboursed'études.»«MaistuasdûreveniràlamaisonàcausedeMattetdesoncancer?»Jeposeunemainsurma

poitrine.Moncœursebrisepourcettefamille.PourLogan.Ilhausse lesépaules.«Nousavonsdûobtenir certainsprêtscontre lemagasinpourpayer son

traitement.Etpuis,ilnepouvaitpascontinueràtatoueràcausedesgermes.Nousnepouvionsdoncpaspayerlestraites.PeteetSamn'ayantpasl’âged’ytravailler,ilsnepouvaientpasfairedetatouages.»

«Aquelleécolees-tuallé?»demandé-je.«NYU».Sessourcilssefroncent.«Pourquoitoutescesquestions?»«TuasabandonnétaboursepourMatt.Pourtafamille».Ilacquiesce.«Ilsm’ontaccordéunsursis.Jen'yrenoncepas.Jepourraisyretournerunefois

queleschosesserontréglées.»«Est-cequeletraitementdeMattacoûtébeaucoupd’argent?»Il acquiesce, mais ne s'étend pas sur le sujet. Je peux aisément deviner ce que « beaucoup

d'argent»représentepoureux.«J’avaisenvied’étudiermoiaussi»dis-jetranquillement.Personnenelesait.Personned'autre

nesaitquej'aieudesrêvesparlepassé.«Enfin,pasàNYU.JevoulaisalleràJulliard.Maismonpèredisait que c'était voué à l’échec, alors il a refusédemepayer l’école. » Jebrandisundoigtquand ilouvrelabouchepourprotester.«MaisilétaitprêtàpayerpourunmariagequicoûtaitquatrefoiscequeJulliardluiauraitcoûté.»Jesecouelatête.

Logansembleunpeusouslechoc.«Unmariage?»demande-t-il.Jehochelatête,leregardantpardessousmescilsbaissés.Sonsoufflesecoupe.«S'ilteplaît,dis-moiquetun’espasmariée.»Jesecouelatête.«Non.C'estpourquoijesuisici.»Jem’avanceversluiafinquenosgenouxse

touchent. Je ne le touche nulle part ailleurs,mais j'ai besoin d'une connexion avec lui. «Mon père aarrangémonmariage.Selonlui, jen’étaisbonnequ’àça,être lafemmed’unsénateuroud’unpuissantavocat.Jen'avaisaucunevaleurpourlui,àpartlefaitd'êtreletrophéedequelqu'un.Puisquejenepeuxpaslire,c'estcequiétaitcenséêtremonavenir.»

«Maistuasditnon.»Jehochelatête.«J'aiditnon.Etiln’apasapprécié.Alors,ilacontinuéàtoutplanifiersansmoi.

Ladatedumariageétaitprévue.Larobeavaitétéachetée.L'égliseavaitétédécorée.»Sessourcilsselèventversleplafond.«Maistut’esenfuie.»Jehochelatête,mordantmalèvreinférieure.Illalibèreavecsonpouceetlacaresse.J’embrasse

sonpouceetilserecule.«Jemesuisenfuie,»jeconfirme.«Lematindumariage,jemesuisenfuie.J’aiprisunbusdelamaisonjusqu’ici.»

«Sansrien.»Jeluimontremesmainsvides.«J'aiprisquelquesvêtements,maguitareetlesbilletsd'autobus».«D'oùviens-tu?»demande-t-il.Jesecouelatête.«Jenepeuxpasteledire.»Encore.Jesaisquejefiniraiparleluidire.Mais

jenepeuxpasprendrelerisquequ'ilappellemafamille.Jenepeuxpasprendrelerisquedeleslaissermeretrouver.Monpèreestl'undeshommeslesplusrichesdupays.Ilneménageraitaucunfraispourmerameneràlamaison.

Jehochelatête.Cal’attriste,maisilcomprend.«Etdonc,Julliard?»demande-t-ilensouriant.Sonpoucesepromènesurledosdemamain.

«Julliard,»jeluidisavecunsourire.«J'aidumalaveclalecture,»jel'avoue,«maisJulliards'enfichait.J'aimêmepostuléchezeuxsansquemonpèrelesache.Ilsmevoulaientetm’ontoffertuneaidepersonnaliséepourmadyslexie.Maismonpèreestd'avisquejesuis incapabled’apprendrequoiquecesoit.»

«Tonpèreestunidiot.»ditLoganimpassible.Jeris.C'estunsoncreux.Ilcroitenmoi.Logancroitquejepeuxyarriver.

«Qu'est-cequit’empêched'yallermaintenant?»«Monnumérodesécuritésociale,»j'explique.«Monpèremecherche.»Et j'aipeurqu'ilme

forceàretournerlà-bass'ilsaitoùjesuis.Ilpeutsuivremesmouvementssijevaischezlemédecin,sij'ouvreuncomptebancaireousijem'inscrisàl'école.»

Logansecouesatête.«Tuesuneadulte.Tun’espassouslatutelledetonpère.»«Jesais.»Jecommenceàleréaliser.«Jenepensepasquej’yretourneraisunjour.»«Nete

manque-t-ellepas?Tafamille?»Ellememanqueénormément.«Presquetouslesjours.»«Tonpère?»Jehochelatête.«Tamère?»Jehochelatêteetdeslarmesmepiquentlescilsquandjepenseàelle.Maisellenem'apasaidée

quandjel’aisuppliée.Elles’estrangéeducôtédemonpère.«Frèresetsœurs?»demande-t-il.Jesecouelatête.«Mesparentsn'ontpaseud’autreenfant.Jesuisfilleunique.Ilsdoiventbienle

regrettermaintenant,hein?»«Nedispasça,»prévient-il.«C'estlavérité.Jen'aijamaisétécequ'ilsvoulaientquejesois.»«Queveulent-ils?»Quelqu'und'autre.«Quelqu'unquisauraitlire,continuerleurhistoire.Quelqu'unquinebuttepas

surlespanneauxdanslarueoulesdéclarationsd’impôts.Jesuisincapabledefairetoutça.»«T’ont-ilsdéjàvuejouer?»,demande-t-il.Jesecouelatête.«Pascommej'aijouécesoir.»«Alors, ils sontencoreplus idiotsque jene lepensais.Tuasété incroyablecesoir.La foule

t’auraitmangédanslamain.»«C’estgentildemedireça».Sesyeuxseplissent.«C'estlavérité.»«Jet’apprécietellement,»dis-je.Jesaisquejeneleconnaisquedepuisquelquesjours,mais

j’ail’impressiondeleconnaîtredepuistoujours.«T’enai-jeditassez?»demandé-je.«Loindelà,dit-ilavecunrire.»«Jeveuxtoutsavoir.»Peut-êtreunjour.«Onpeutyallerdoucement?»Jenepeuxpasluidonnerplusd'informationssansqu’ilpuissevouloircontactermesparents.J’ai

peurqu'illefasseenpensantm’aider.«Tucrainsquejetrahissetaconfiance?»demande-t-il.Ilserassoit,outré.« Certaines personnes ont de bonnes intentions. Je sais que tu en fais partie. « Mais tu necomprends pas à quel point je dois garder mon anonymat. Je ne peux faire confiance àpersonne. » Si je le fais, mes parents auront l’information qu’ils cherchent et ils pourrontm’arracheràmonnouveauchezmoipourmeramenerchezeux.Ilhochelatête.Ilestsombre.J'auraispudevinerqueçaleblesserait.«Maintenantquetusaisd'oùjeviens,jecomprendraissituvoulaisquejeparte.»Jemetourne

versmonsacpourleramasser,luimontrantquejepeuxrassemblermesaffairesetpartir.«Quefais-tu?»dit-il,enm’attrapantparledos.Ilmesoulèveetmepositionnesursesgenoux.

Jeme retournepour lui faire face,mes jambes sur ses cuisses. «Oùpenses-tu aller ?»Je pousse unsoupir.«Jen'enaiaucuneidée.»Ilsoulèvemonvisageetmeregardedanslesyeux.«Jeteveuxici.Est-cequetuvasrester?»

«Est-cequecequejet’airévélétesuffira?»Ilhochelatête.«Pourl'instant,oui.»

Sesyeuxserétrécissentetjesaisd’oresetdéjàquelleserasaprochainequestion.«Est-cequetumedonnerastonnom?»

Jesecouelatête.Jenepeuxpas.«Jesuisdésolée,»dis-je.Ilhochelatête,m’installantcontresonépaule.Ilmetientcommeçapendantuneminute,puisil

merepousse.Ilrepousselescouverturesetmesoulève,m’attiranten-dessous.Ils’allongeàsontouretjeme tourne pour lui faire face. « J'avais espéré en savoir plus,mais je prendrai ce que je peux avoir.Mercidem'avoirdittoutça.»

«Mercidem’avoirécouté.»Je me penche et mes lèvres touchent les siennes. Il est hésitant. « Quel est le problème ? »

demandé-je,enmepenchantsurlui.Ilm’attirecontreluietjesenssonérectioncontremahanche.«Oh,»dis-je.Monventresecontracte.J’ailemêmebesoinquelui.Il repousse lescheveuxdemonvisageavecsesdoigtsdoux.«Oui,»dit-ilenriant.«C'estun

tourmentquidevienthabituel,t’avoirsiprèsdemoi.»«Tusais,nouspourrions—»Jecommence.Maisilmetundoigtsurmeslèvrespourm'arrêter.«Jepeuxattendre,»dit-il.Ils’allongeetéteintlalumière.Ilm’attirecontreluietleduvetsurson

torsemechatouillelajoue.«Jecroisquejet’aime,Logan,»dis-jedansl'obscurité.Satêtesesoulève.Jepeuxlevoirdanslefiletdelumièrequipasseàtraverslerideauouvert.«

Tuasditquelquechose?»demande-t-il.Jesecouelatête,laissantmonnezfrôlersontorseafinqu'ilpuissesentirmaréponse.«Tuessûre?»demande-t-il.Jehochelatête,Monnezbougeantdehautenbas.Ilembrasseledessusdematêteetplacema

jambesurlehautdesahanche.J'enrouleunbrasautourdesontorseetm'yblottisprofondément.«Dors,»dit-ildoucement.

Alorsjem’endors.***

Jesuisréveilléelelendemainmatinparunlégertaptaptapsurmajoue.Jeclignedesyeux,mesyeuxs’ouvrentetj'aiunsursautenvoyantunvisagetoutprèsdumien.Hayleymesourit.«Tudors?»dit-elletranquillement.

Je dormais jusqu'à ce qu'elle tapote mon visage comme un oiseau affamé. Je frotte mes yeuxendormisetregardeLogan.Ilestallongéàcôtédemoiavecunbrasposésursatête,laboucheouverte.Jemeblottisdansmonoreiller.«Oùesttonpapa?»demandé-je.

«Zozo,»dit-elle.Elletraînederrièreelleunlapinparlesoreilles.«Z'aifaim»,dit-elle.J’arrêteunbâillementaveclapaumedemamain.J'aisûrementunehaleinefétide.«Tuneveux

pasallerréveillertonpapa?»Ellesecouelatête.«Ilm'aditvafairezozo.»Jeregardeverslafenêtre.Lesoleilestàpeinelevé.«Zeveuxunpancake,»dit-elle.Un pancake ? « Pourquoi pas des céréales ? » Je lui demande, pendant que je repousse les

couverturesetmelève.JeprendsunboxeràLogandanssontiroiretjel’enfile.«C’estàLogan,»dit-ellemefixant.«Penses-tuqu’ilm’envoudrasijeluiemprunte?»Jeluichuchote.Ellesecouelatêteetsourit,prenantmamaindanslasienne,defaçonàpouvoirm’entraînerdans

lacuisine.«Tun’aspasàzuzoter.Logannepeutpasentendre,»dit-elle.Jeris.Ellearaison.Cequiestdrôle,c’estqu’ilfautquecesoitunepetitefilledetroisansqui

melerappelle.Jemetsundoigtdevantmes lèvres,alorsquenousentronsdans lecouloir.«Mais ton

papalepeut,lui.Chut.»Elleglousseetrépètemon«chut».Elles’avancedanslecouloir,sespetitspiedsnusgrincentcontreleparquetjusqu’àlacuisine.Je

cherchedanslesplacardspourtrouveruneboîtedecéréales.«Paszelle-là,»dit-elle,secouantsatête.«Zen’aimepaszelle-là.»Ellepointeversuneautre

boîte.Uneavecunpersonnagededessinaniméet lemot fruitsdessus.Mais je saisqu'iln'yapasdefruitsdanscescéréales.Cescéréalesnecomportentaucuningrédientsain.

«Tonpapatelaissemangercelles-là?»demandé-je.Ellesouritethochelatête.Jehausselesépaulesetluiverseunboldecéréalesavecdulait.Elle

prendsaproprecuillèredutiroir.Ellesaitexactementoùtoutestrangédansl’appartement.Elleplongesacuillèredanssescéréales,sespiedssebalançantd’avantenarrièresouslachaise.

Jemedirigeverslesalonetm’allongesurlecanapé.Jesuisfatiguée.JepensequenoussommescouchésverscinqheuresdumatinavecLogan,etjenepensepasqu’ilsoitbienplustardmaintenant.Jem’étendsavecungémissementetfermelesyeux.Jecommencetoutjusteàêtreconfortablementinstalléelorsque deux petits coudes s’enfoncent dans mon abdomen. Hayley grimpe au-dessus de moi sur lecanapé.Jepensequ’elleadûêtreunpetitsingedansuneautrevie.Elletientdanssamainunpetitlivrepourenfant.

«Lis,»dit-elle,lemettantsurmonvisage.Jemeredresseetlaprendssurmesgenoux.Jeluiprendslelivreetl’ouvre,maislesmotssont

tousemmêlés.Jeletournedanstouslessens.«Ilétaitunefois,»commencé-je.«Zen'estpaszommeçaquezacommence»seplaint-elle.C'estunepetitefilleintelligente.«Jesais,»j’explique.«Maisleslivressontmagiquesetsitu

lesretournes,tudécouvresunetoutenouvellehistoire.»«Vraiment?»demande-t-elle,avecdegrandsyeuxémerveillés.Non,nonpasvraiment.Maisc'estlemieuxquejepuissefaire,fillette.«Vraiment,»j'affirme.Ellesetrémousse,s'installantplusconfortablementdansmesbras.Je commence à inventer une histoire avec les images inversées.Elle écoute attentivement. « Il

étaitunefoisunepetitegrenouille.Elles’appelaitRandolf.»«Randolf,»ellerépèteavecunéclatderire.«EtRandolfavaitungrosproblème.»«Oooh,»elleinspire.«Quelzenredeproblème?»« Randolf voulait être un prince. Mais sa maman lui dit qu'il ne pouvait pas être un prince

puisqu'ilétaitjusteunegrenouille».Jecontinueàlirejusqu'àcequejedise,«Fin».Ellejettelelivresurlesoletseblottitcontre

moi.J’embrasselehautdesatêtecarj’ail’impressionquec’estcequejesuiscenséefaire.Etellesentbon.

«Tonhistoireestmieuxquezelledulivre,»dit-elle.Moncœursegonfledefierté.«Merci.»Siseulementilétaitaussifaciledeplaireauxadultesde

cemonde.«Veux-turegarderlatélévision?»demande-t-elle.Jebâille.«Biensûr.Pourquoipas?»EllevaramasserunDVD.«Val’allumer,»ordonne-t-elle.LelecteurdeDVDestsousletéléviseuretilnemesemblepassicompliqué.Jemetslefilmet

allumeletéléviseur.Ledessinanimécommencemaiscen'estpasunfilmhabituel.C'estundessinaniméquienseignelalanguedessignesauxenfants.Jemelaissetombersurlesolpourm'asseoiràcôtéd'elle.Ilyaunedamequienseignechaquesigneetilyadesphotos.Ilyadesmotsaubasdel'écranpourlespersonnesquisaventlire.Maisc'estunDVDéducatifpourenfants.

Hayleys'assoitàcôtédemoietellecommenceàrépéterlessignes.«Tulefais?»,demande-t-elle.«OnapprendàzignerpourLogan.»

Je suis en extase. «Nous apprenons la languedes signespourLogan, » je répète avecun clind'œil.

LorsquelepremierDVDsetermine,nouspassonsaudeuxième.J'aiunemémoireétonnanteparcequejen’airiend’autre.Jepensedoncquejepeuxmerappelerdecertainsd’entreeux.Jeressensdesfrissonsd'excitation.Jem’entraîneàfairelessigneslesplusbasiquesavecHayley.

Nousavonspresque terminé ledeuxièmeDVDlorsquePaulentredans lapièce.«Hayley,quefais-tu?»Ilsegratteleventre.Sescheveuxsontemmêlés,ilspartentdanstouslessens.

Elletapotemajoue.«Z'apprendsleszignesaveclacopinedeLogan,»dit-elle.J'aimeça.J'aimebeaucoupça.«Est-cequ’ellet’aréveillée?»demandePaul,étouffantunbâillement.Jeluifaissigned'unemain.«Cen'estpasgrave.Ellem’amontrélesDVD.»Ilhochelatête.«Ehbien,jesuisdésoléqu'ellet’aitréveillée.Tudevraisretournerdormir.»«Penses-tuquejepourrairegarderlesautresplustard?»demandé-je,mesentantsoudaingênée

d’évoquerlesujet.Ilrit.«Biensûr.C’estcommeçaquenousavonstousappris.»Ilhochelatête.IlreprendHayleydanssesbras,lafaisanttournerjusqu’àcequ’ellerigole.Ilse

moqued'elle.«Laprochainefoisquejetedisderesteraulit,turestesaulitjeunefille!»dit-il.Ellerittoutlelongducouloirjusqu'àcequ'ill'emmènedanssachambreetfermelaporte.

Jebaille.Lelitm’appelle.JeretournedanslachambredeLogan,etilestexactementcommejel’avaislaissé.Jefermelesstoresdesortequelalumièredujourn’entrepas.Puis,j'enlèvesonboxeretmeglissedanslelit.Ilm’attirecontreluidèsquejesuisallongée.Ilrouleetpasseunejambepar-dessuslesmiennes.

«Tuvasbien?»demande-t-il.Jehochelatête.Jevaisbien.Jenepeuxm'empêcherdepenserquejesuisvraimentlàoùjesuis

censéeêtre.Il repousse les cheveux de mon visage et frotte son nez contre le mien. Je m'installe plus

confortablementcontrelui,enrouléautourdemoi.C’estseulementquelquessecondesplustardquelelitcommenceàvibrer.

LoganLelitvibre,jetendslamainetj’arrêteleréveil.Jedétestelessamedismatinoùjedoismelever.

Maisj'aipromisàSamquej’iraicouriravecluietfairequelquespassesavantquelemagasinn’ouvre.Samestun joueurde football etplusieursuniversités sont intéresséespar sescapacités. Ilpensequ’ilpourrait avoir une bourse et je suis trop content pour lui. Il n'a pas les compétences pour obtenir uneboursed'étudespoursontravailcommejel'aifait,maisilestcapablederecevoiruneboursegrâceausport,çamarcheaussi.

LegrognementdelagorgedeKitmefaitcomprendrequ'elleaditquelquechose.Jeregardeseslèvres,maisellealevisageenfoncédansl’oreiller.«Tuasditquelquechose?»demandé-je,lamettantsurledos.Jepassemajambeau-dessusdessiennes.

Elleneparlepasmais elleme signe lemotnon.Moncœur chavire.Elle sourit, puisouvre etclignedesyeux.«Est-cequejel’aibienfait?»Ellesignelesmotspourbienfaire,maisriendeplus.

«Oui,c'estça.Oùas-tuappris?»«J'airegardéquelquesDVDavecHayleycematinquandellem'aréveillée.»Ellebailleetse

tourneversmoi.«Est-cequetuvoudrasbiensigneravecmoi?Jeveuxapprendrelessignespourqu’onpuissediscuterquandtesfrèressontdanslecoin.»

Moncœursegonfledejoie.«Jepeuxapprendreàsigner.»ellecommence,commesiellevoulaitmeprouverqu’elleenétait

capable.Jemetsmondoigtsurseslèvres.«Chut…»Jel’interromps.«Jesigneraiavectoiautantquetulevoudras.»Elleestcouchéesur

ledosetelleportemont-shirtquiestremontéetquilaissevoirunepartiedesapeauau-dessusdesaculotte.Jetendslamain,lapasselelongdelacouturedutissu,passantmondoigtsousl'élastique.Ellesetortille,etsesyeuxs'ouvrent.Ilssontdouxetmesupplient.

Jedevraism'éloignerd'ellemaisjen’yarrivepas.Jesuisincapablederesterloind'elledepuisquejel'airencontrée,etjenevaispascommenceràlefairemaintenant.

Jepenchelatêteetj’appuiemeslèvressurlapetitebandedepeau,embrassantunecuisse,puisl’autre.Ellesecambre,enpressantsachaleurcontremoi.Sielleétaitquelqu'und'autre,jeseraisdéjàentrainderetirersaculotte.Maisellen’estpasquelqu'und'autre.Elleestàmoi.Etelleestspéciale.Jegémisàhautevoix,redescendssont-shirtetjeremontepourl'embrasserrapidement.Jesuissûrquej'aimauvaisehaleine,jem’écartedoncrapidement.Commejebougepourm’éloigner,ellem’attrapeparlesépaulesetm’attirecontreelle.

«Jenesuispasvierge,tusais.»dit-elle.Jemefige.Jenesavaispas.Etjem'enmoque.«D'accord.»Jenesaispasquoidired'autre.Ellefermelesyeuxafindenepasavoiràmeregarderquandelledit,«Jevoulaissimplementêtre

sûrequetulesaches,aucasoùceseraitlaraisonpourlaquelletuestellementhésitant.»«D'accord.»Jeretiresesmainsdemontorseetjerouledemoncôté.Elletapotemonépauleet

jelaregarde.«Cen'estpascommesij’avaiscouchéavecbeaucoupdegars.»Ellehésite.«Jenet’airiendemandé.»Jeluisourispourl’encourager,maisjesuisenquelquesortesousle

chocdesadéclaration.Jelaregardedanslesyeux.«Est-cequetul’asdéjàfaitavecquelqu’unquetuaimes?»Jetraînemondoigtsurlalignedesamâchoire.

«Pasencore,»dit-elle.Jenepeuxpasm’empêcherdesourire.«Tantmieux.»Moinonplus.Maqueueesttellementdurequejedoislapositionnerverslebasdansmonjeanquandjelemets.

Jemeretourneassezlongtempspourfermerlafermetureéclair.

«Oùvas-tu?»demande-t-elle.«JoueraufootavecSam.»Ellerepousselescouverturesetsonvisages'illumine.«Est-cequejepeuxvenir?»Jem'arrête.«Tuveuxvenirjoueraufootdansleparc?»Ellehochelatêteavecenthousiasme,sesyeuxbrillent.«Ilyabeaucoupdechosesquejenepeux

pasfaire,maislefootballn’estpasl’uned'entreelles.»«Tujouesaufoot?»«Jejouais,»clarifie-t-elle.Elleprendlaposed’unhommemusclé.«Quatreansdanslaligue

peewee».Jeris.«Habille-toi.Tupeuxvenir.»Elleseruesurunepairedejeansetattachesescheveuxenunequeuedechevalfaiteàlava-vite.

Punaise,elleest jolie.Elle ramassesonsoutien-gorge,me tourne ledos,passe lesbras sous le t-shirtpourattachersonsoutien-gorge.Enquelquessecondes,elleestprêteàpartir.Ellesetientdroiteethochela tête. « Prêt ? » demande-t-elle. « Quoi ? On dirait que tu n’as jamais vu une femme s’habillerrapidement.»

«Jen’aijamaispasséunenuitcomplèteavecunefemme,»dis-je.Elles’arrêtedebougeretmedévisage.«Alorsnon,jen’aijamaisvuunefemmes’habillerlematin.»L’habillagesefaitgénéralementrapidementquandjejettequelqu’undemonlit..Correction—quandjejettequelqu’undemonlitaprèsl’avoir faite jouir.Mais dans un futur proche, j'espère pouvoir la regarder s’habiller sans qu’elle necacheaucunepartiedesoncorps.«Çaal’airtrèsintime,etjen'aijamaisfaitattentionàcellesquiserhabillaientaprèsavoirquittémonlit.»Jehausselesépaules.«J'aimeça.»

«Jesuistapremièrealors,»taquine-t-elle,sonvisages'adoucissant.J’acquiesce,incapablededéglutirlaboulequej’aidanslagorge.«Tuesmapremière,»dis-je

enmarchantverselle.Ellepensequejevaislaserrerdansmesbrasetellesepencheversmoi.Maisjelaplacedanslecreuxdemonbrasetluifaisunegrimace.«Mercidem’avoirmisdanstousmesétats»jegrogne.

Elleserecule,passantsamainsursescheveux.Ellesepencheetprendsabrosseàdentsdanssonsac.

«Nousn'avonspasletempsdenousbrosserlesdents,miss!»dis-je.«C’estl’heuredejoueraufoot.»

«Jeneparspasd'icisansm’êtrebrossélesdents,»dit-elle.Puisellesignelemotnon.Jeluiindiquelasalledebainetclaquesesfesses.Ellesauteetsetourneversmoi,marchantà

reculons.Ellesecouesondoigtversmoiensigned’avertissementetjeluicoursaprèsjusqu’àlasalledebain. Elle se brosse les dents à deux pas de moi pendant que je brosse les miennes. J'imagine sonfredonnementetjeconstatequec’estbiencequej’avaisimaginélorsquejeplacemamainsursagorge.«Net’arrêtespas,»dis-je.

Ellemeditquelquechose,mais saboucheestpleinededentifriceet jen'aiaucune idéedecequ'ellemeraconte.

«N'arrêtepasdefredonner,»dis-je.«Pourquoit’ensoucies-tu?»demande-t-elleaprèsavoircraché.«Tunepeuxpasl’entendre.»«Tuasl’airheureusequandtufredonnes.Doncnet’arrêtepas».Ellesefige,hochelatêteetserincelabouche.Jefaislamêmechose.Jel’attrapeparlaceinture

etl’attirecontremoi.«Est-cequetupensesquejepeuxt’embrassermaintenant?»demandé-je.«Seulementsituveuxêtreenretard,»ellememetengarde,maisellesouritetpassesesmains

dansmescheveuxauniveaudemanuque.Jefermelaportedelasalledebain.«Soyonsenretard,»dis-je.

EmilySamestcontrariéparcequenousarrivonsplustardqu’ilnel’auraitvoulu.Jenepeuxpasluien

vouloir.MaislorsqueLoganm'embrasse,jenepeuxpenseràriend’autrequ'àlui.Ilarrêtetoujoursavantque je ne le lui demande. Je ne sais pas quoi y faire, à part lui donner du temps pour qu’ilme fasseconfiance. Nous nous sommes rencontrés il y a quelques joursmais j’ai l’impression de le connaîtredepuistoujours.Ilestgentil,prévenantet ilnemetraitepasdifféremmentàcausedemadyslexie.Ilal’airdes’enmoquer.

Devantnous,HayleymarcheauxcôtésdePaul,sapetitemain tientson index.Elleesthabilléechaudementdansunmanteauroseavecunecapucheenfourrure.Elleestadorable.Paullaregardecommesielleétaitlaseptièmemerveilledumonde.SametPetemarchentcôteàcôtedevanteux,etilss’arrêtentpoursepousserl’unetl’autresansarrêt.Loganlanceuneballeenl'airpendantquenousmarchons.Jeressenslamorsuredufroiddansmondos.

Ilsignepourmedirelefroid,medemandantavecsessourcilsrelevéssij’aifroid.Jesigneavecmesdoigtsécartésàenvironcinqcentimètresd'intervalle.Ilmepasselaballe,retiresavesteetmelamet sur les épaules. Je lui repasse la balle, ferme la veste, passe mes bras dans les manches etm’emmitoufleàl’intérieur.Jetiresurlafermetureéclairjusqu'àmonmenton.Jemetsmonnezdedansetlarenifle.Savestealamêmeodeurquelui.

Pourquoi?Ildemandeensignant,mimantmonreniflement.Pourquoil'ai-jereniflée?Jeconnaislesignepourpourquoi,etmoncœurseréjouitdelesavoir.

Jenesaispascommentsignercesmotsalorsjeluidis«Ilalamêmeodeurquetoi.J’aimeça.»Jehausselesépaules.Jemeretourneetmarcheàreculonsetenluifaisantface,carjepensequ’ilseraitdifficilepourluideliresurmeslèvressij’étaisàsescôtés.Illèveunemainensigned'avertissement.Ilsecouelatête.

Inutile,ilhochelatête.Ilmimelemotpendantqu’ilsigne,alorsjecomprends.«Nemelaissepasheurterquoiquecesoit,»jeluidemande.J'aimeleregarder.Apparemment,

beaucoupd'autresfemmesadorentçaaussi.Sesbrassontnus,sont-shirtsetendsursesépaules.Onpeutvoir ses tatouages, commençant du haut de son front jusqu’à l’arrière de son cou. Il attire beaucoupl’attention.«Les femmes t’aimentvraimentbeaucoup,n'est-cepas ?»demandé-je. Il attireplusd'unepaired'yeux,desadolescentesauxcougars.Elless'arrêtenttoutespourleregarderquandilpassedevantellesetavoirsesfrèresàsescôtésn’aidepasbeaucoupnonplus.C’estungroupedebeauxmecs.

Ilhausselesépaules,cherchantenquelquesorteàesquivermaquestion.Quandnousarrivonsauparc,Matts’assoitsurunbancetjemelaissetomberàcôtédelui.Logan

partjoueravecSametPete.PaulcourtaprèsHayleytoutensedirigeantverslesbalançoires.«Commenttesens-tu?»demandé-jeàMatt.«Trèsbien,»dit-ilrapidement.Ilnes'étendpassurlesujet.«Tunemesemblespasallerbiendutout,»laissé-jeéchapper.Jenepeuxpasm'enempêcher.Ila

l’airmalenpoint.«Merci,»dit-ildesavoixdrôle.«J'aimeentendreàquelpointj’ail’airmaladedupointdevue

dejoliesfilles.»Ilhochelatête.«J’apprécie.»«Pourquoin’es-tupasrestéàlamaisonpourtereposer?»«Honnêtement?»demande-t-il,enmeregardantducoindel'œil.Ilsepencheversl'avantafin

quesescoudesreposentsursesgenoux.Ilarracheunbrind'herbe.«Nonvas-y,mens-moi,»réponds-je.Puis,jelèvelesyeuxauciel.Ilrit.«Jenesaispascombiend’autresmomentscommecelui-làjevaispouvoirvivre.Jeveux

pouvoirprofiterdecesinstantsmêmesicesontpeut-êtrelesderniers.»

Deslarmesmebrûlentlesyeux.«As-tupeur?»demandé-jetranquillement.«Uniquementchaqueputaindejourdemavie,»dit-ildansunlourdsoupir.«Oh.»Jenesaispasquoidire.«Quelestlepronostic?»Demandé-je.Jenesaispaspourquoi

jesuissicurieuse.JeveuxjustesavoirceàquoiLogandevrafaireface.EtMatt.MaissurtoutLogan.Jepourrais peut-être faire quelque chose pour amortir le coup. « Je sais pas. J'y retourne dans deuxsemainesetilsmedirontsilachimioafonctionné.»

Jehochelatête.Quepourrais-jeluidire?Espéronsquecesoitbonnenouvelle.Espéronsquetuvasvivre.Oh,tuverras,toutvabiensepasser.Aucunedecesphrasesnemesembleappropriée.

Il se tourne pour que son genou soit face àmoi, son bras se posant sur le dos du banc. « J'aiessayédeplanifier.Pourquandjeseraiparti.»

Putain.Querépondreàça?«C’estintelligent.»Jesuisuneidiote.«J'aideslettrespourtousmesfrères.Jelesaidéjàécrites.»«C'estcequetuasfaittoutelajournée?»Ilacquiesceetjoueaveclebrind’herbe,lefaisantroulerentresesdoigts.«Ilslesapprécierontsiquelquechoset’arrive.»«Pas si,maisquandça arrivera, » dit-t-il,me corrigeant. «C'est juste unequestionde temps

maintenant.Jelesens.»Jecouvremamainaveclasiennesurledosdubancetjelaserre.«Ya-t-ilquoiquecesoitque

jepuissefairepourtoi?Quoiquecesoitpourt’aiderdanstonplan?»Ilmeregarde fixement.Sesyeuxvertsplongentdans lesmiens.«Si tues toujours làquandce

seralemoment,est-cequejepeuxtedonnerleslettres?Pourlesleurdonnerquandjeneseraipluslà?»

«Jeneseraijamaistrèsloin,»dis-je.Jenevaisnullepart.Pasdesitôtentoutcas.«Etoui,jepeuxprendreteslettres.Dis-moijustequandetcommenttuveuxquejelesleurdonne.»

Ilhoche la tête.« J'enaiunepourcette fille, aussi.Elle s’appelleApril.Loganpourraêtreenmesuredelatrouver.Maisilneluidonnerajamaisunelettredemapart.Illadétesteplusoumoins.»

«Elleleméritesansdoute,»marmonné-je.Il rit.«Tunechoisispasdequi tu tombesamoureux. » Il resteassis, silencieux,pendantune

minute,puisildit:«Neleslaissepasmemettresurlacheminéeouquoiquecesoitdumêmegenre,»dit-il.«Putain,jedétestel'idéed'êtrecloitrédansuneurne.»«Quevoudrais-tuqu'ilsfassentavectescendres,s’ilsontlechoix?»Jetapedansunrocherquiestprèsdemonorteil.

«Jem’encontrefous,maisjeneveuxpasrestersurlacheminée.»dit-ilenriant.«N'abandonnepastoutdesuite,d'accord?»demandé-je.Il hoche la tête. « Jeme battrai jusqu'àmon dernier jour.Mais il y a des choses que je dois

planifier.»Jehochelatête.Jecomprends.Loganvientversnouset seplaceen facedemoi. Il signequelquechose.Le seul signeque je

reconnaisseestlemotfille.«Non,jenedraguepastacopine,»seplaintMatt.Puisilrit.«C’estellequimedrague.»Logansetourneversmoi,sabouchegrandeouverte.Maisunriredansedanssonregard.Iltire

surmesmainsjusqu'àcequejemelève.Puisilsepenche,mejettesursonépauleettourneencercle.Jecrie,couvrantmesyeux.Jesaisqu'ilnemelaisserapastomber,maisquandmême.

Ilcourtdanstouslessens,etSametPetenouschassent.Pete—ouSam,jen’arrivepastoujoursàdirequiestqui—mefrappe les fesses.Jemedémène,m'efforçantde l'atteindreetde l'attraper,maisLogancourtavecmoisursonépaule.Iltourne,tenantfermementmesjambes.Jecouvremesyeuxetcrie,maisjesaisqu'ilnepeutpasm'entendre.

JefrappeLogansurlesfesses,maisiln’yprêtepasattention.Soudain,ils’arrêteetmedépose

doucementsurlesol.Jeglisselentementcontrelui,lescontoursdemoncorpslefrôlantjusqu'àcequemespiedstouchentlesol.

«Salut,»dit-ildoucement.Illesigneaussimaissonbraslibreestautourdemoi,metenantcontrelui.

«Salut,»dis-je,etjesignetoutcommeilvientdelefaire.Puisjefrappesontorse.«Jenepeuxpascroirequetuaisfaitça.»Jemetourneetj’avanceversSam.«Lance-moilaballe,»dis-je.Sammeregardecommesij’étaisdingue,alorsjecontinue,«Quoi?As-tupeurdejouercontreunefille?»

Ilsouritetmelancelaballe.Jeprendslaballesonmonbrasetjememetsàcourir.Loganmecourtaprèsmaisjesuisplusrapidequen'importelequeld'entreeux.Justeavantd’atteindrelebancoùMattestassis,Loganpasseunbrasautourdemataillemesoulevantdanslesairs.Alorsqu’ilmetientfermement,Sammevolelaballe.«C'estdelatriche!»Crié-je.

«Latricherieestautorisée!»crieSamenretour.«Dansquelrèglement?»demandé-jeenretombantsurmespieds.«Quelrèglement?»ditMattenriant.Ilsemetdebout.«Toietmoicontreeux?»dit-t-il.Ilme

sourit.« On peut les vaincre n’importe quand, » dis-je, jetant mes bras autour de lui. Il me serre

doucementetm’éloignedelui.Ilébouriffemescheveux,lesenvoyantdanstouslessens.Logancourtsurleterrainetjeleprendsenchasse.IlsetournepourattraperlaballequeSamlui

lance,etdèsqu'ill'a,jeleplaque.Jelefrappeaussifortquejelepeux.Iltrébucheavecmoiaccrochéeàsachemisejusqu'àcequejepuissem'enroulerautourdesesjambes.Iltombecommeungrandchênequel’onvientd’abattre.Ilestcouchésurleventremaisilmesourit.Jemontesursondosetm'assiedssurluiet lui arrache la balle. Je la tiens en l'air, pousse un cri de joie en balançantmes pieds. Ilme laissem'asseoirlà,surlui,pendantuneminutependantqu’ilreprendsonsouffle.Puisilmerenverse.Ilmefaitrouleren-dessouslui.

«Tuastriché,»dit-il.Sesmainstiennentmespoignetsfermement.«Iln'yaaucunrèglement,nel’oubliepas!»Jepouffederirequandilchatouillemescôtes.«

Stop!»J’enpleure.Ilmeregardedanslesyeux.«Jecroisquejesuistombéamoureuxdetoi,»dit-ildoucement.Monsouffles'accélère.«Oui,moiaussi,»dis-je.Ilsouritetselève,metirantàcôtédelui.Sonvisagerougitmaisilsourit.« Si vous avez tous les deux fini de vous chamailler, » crieMatt, « nous avons une partie à

gagner.»Ilremuesessourcilsversmoi.Vivrechaquemomentdelavie.Nousdevrionstouslefaireunpeuplussouvent.

LoganCelafaitpresquedeuxsemainesqu’ellem’adéclarésaflammedansleparc.Ellenel'apasredit

depuis,etmoinonplus.Maisjesaisqu'ellem'aime.Jen’aiaucundoutelà-dessus.Elledortdansmonlittous lessoirs,etnouspassons toutnotre temps libreensemble lorsquenousne travaillonspas. Jesuisdéjàtellementhabituéàl'avoiràmescôtés.Jenesuispascertaindepouvoirsurvivresiellemequitteunjour.J’ail’espoirqu’elleserabientôtprêtepourcedontj’aienvie.Parcequejeveuxtoutd'elle.Jeveuxsonpassé,sonprésentetsonfutur.Jeveuxluidemanderdem'épouser,maisjenepeuxpas.Pasencore.

Parfois, il y a une expression dans ses yeux que je ne comprends pas très bien. Elle aspire àquelquechosequ’ellen’apas,ouplus.Jenesaispass’ils’agitdudomicilefamilialoud’autrechose.

Elleaapprisdavantagedesignesaucoursdesdeuxdernièressemainesetellepeutsuivreettenirdesimplesconversations.Elleesteffectivementtrèsdouéepourçaetelleaconstatéquel'orthographeétaitbeaucoupplus facilequandelleutilisait sesdoigts, etnondupapier.Quelquechoseàproposdel'espacementdeslettres,m’a-t-elledit.

ElleestassisesurlecanapéavecHayleydanssesbras.Elletientunlivreàl'enversetraconteunehistoirequ'elleainventée.Lescoinsdemeslèvressesoulèventetjenepeuxpasretenirmonsourirenaissant.Elleatellementsaplacedansmafamille.

Elle fait encore lamanche en jouant dans lemétro la journée lorsque je travaille au salon detatouage. Et vendredi dernier auBounce, le groupe l'a encouragée à venir sur scène quand la foule acommencéàlaréclamer.Ilsontfaitpasserunchapeaudanslepublicetellearécoltél’argentqu’ilsontmis à l’intérieur pour elle. Ce n’était qu’une centaine de dollars, mais elle n’a joué qu’une ou deuxchansonsaprèstout.

Elleéconomisetoutl’argentqu’ellegagne.Nousrefusonsqu’ellenousverseunloyer.Mesfrèresetmoienavonsdiscutéetnoussommestoustombésd’accordsurcepoint.Elleenfaittropàlamaisonpourqu’onluidemandeunloyer.Ellefaitsouventlacuisineetellen'arrivepasàs’empêcherdefaireleménage,mêmesinousluidisonsdenepaslefaire.

PeteestsurlecanapéenfacedeKitavecunefille,ill'arencontréeilyaquelquessemaines.Ilssesontbécotéspendantenvirondixminutes.JesuisdeboutdanslacuisineavecPaul.J'ailevémonpouceverseuxetPaularâlé. IlditquelquechoseàPetequi leregarded'unairpenaud.Ilajustesonjeanetsoulèvesacopine,l'emmenantdanslecouloirverssachambre.PaulluicriedessusetPeterevient,puisprendquelquespréservatifsdansletiroir,sourit,etvadanssachambre.

«Super,»seplaintSam.«Jevaisdevoirdormirsurlecanapé.»Paulsourit.«Ilyadeuxlitslà-dedans.»«Beurk,»ditSam.«Jeneveuxpaslesentendre.»«Aumoins,cegarçonpeuts’envoyerenl’air,»jesigne.Kitjetteunregardàtraverslapièce.Jemaudislejouroùjeluiaiapprisàparlerlelangagedes

signes.Jenepeuxplusrienluicacher.Jehausselesépaulesetellesourit.«Toiaussitut’enverraisenl’airsitun’étaispasaussiprude,»mesigne-t-elle.«Est-cequetum’asvraimenttraitédeprude?»demandé-jeetjemedirigeverselle.ElledéposeHayley à côtéd’elle et sautepar-dessus ledosdudivan.Elle sait que jevais lui

couriraprès.Ellecourtautourducanapéenessayantd'éviterquejel’attrape.Maisj’agrippelebasdeson t-shirt et l’attire brusquement contre moi. Passant mon bras autour de sa taille, je la soulève etl'entrainejusqu‘ànotrechambre,claquantlaportederrièrenous.Jelajettesurlelitetellerebonditensemoquantdemoi.

«M’as-tuvraimentappeléprude?»demandé-jeencore,cettefoisenutilisantmavoix.«Non,certainementpas.»dit-elleenriantpendantquejelachatouilleetqu’ellesetortilledans

mesbras.«Jepensequesi.»Jecontinueàlachatouillercarjesaisqueçalarendfolle.«Prouve-le,»dit-elle.Ellesignedèsqu'ellemeparle.Jenemanqueriendecequ’ellemedit

désormais.Ellesaisitmesmainspourm'empêcherdelachatouiller.Jegrogneenpressantmeslèvrescontresagorge.«Nemetentepas,»jelapréviens.Elletapotemonépaulejusqu'àcequemonregardseposesurelle.«Jetiensàtetenter.Jetiensà

tetenterauplushautpoint.»Ellearejetésatêteenarrièresurcederniermotetjepeuxsentirsagorgevibrerpendantqu’ellegémit.«Tumerendsfolle.»

Jericane.«Ça,c’estmaréplique.»«Combiendetempsmeferas-tuattendre?»Jemeréveilleavecelleenrouléeautourdemoitouslesmatins,putain.Jem’endorstouslessoirs

avecelledansmesbras.Jeprendsunedouchebienfroidetouslesjourspourfaireredescendreunpeulapression.Ellemerenddingue.Maisellen'estpasencoreprêtepourmoi.Ellenel'estpas.Jelesais.Etelleaussi.

J'enfileunjeanpendantqu’ellemeregarde.Jenecherchemêmeplusàluicachermonérection.Ellesaitqu’elleestlà.Ellesaitcombienjeladésire.Jepensequ'ellesaitàquelpointjel'aime.Jesuiscertainqu'ellem'aimetoutautant.Jenesaispaspourquoiellemecacheencoredeschoses.

«JedoistravaillerauBouncecesoir.Tuviensavecmoi?»Ellesecouelatête.«Jenepensepas.J'airendez-vousavecHayleypourluilireunlivre.»Elle

nemeregardepas.Ellen'apasdeplan—ellementetjecroisquejesaispourquoi.«Paulaunrencardcesoiretil

prendHayleyaveclui,»jeluirappelle.«Oh.»Elleévitemonregard.«TuesinquiètepourMatt,n'est-cepas?»luidemandé-je.Jeprendssonvisagedansmesmains

etjelaregardedanslesyeux.Ellehochelatête.«Ildorttrop.Jenepensepasquecesoitbonsigne.»Nous savons tous queMatt retournera chez lemédecin dans deux jours afin de découvrir son

pronostic.Onessaiedenepasypenser.Toutlemonde,saufKit.Ilmesemblequ’elleypensebeaucoup.Maismoi,j'essaiedenepasypenserdutout.

«Tuveuxresteràlamaisonafindepouvoirgarderunœilsurlui?»Jecaressesescheveuxetdéposeunbaisersursonfront.

«Celatedérangerait?»demande-t-elle.Elleal'airpleined'espoir.«TusaisquePeteestlà,n’est-cepas?»jeluirappelle.«Peteestentraindes’envoyerenl’airdanssachambre.Commentest-cequ'ilpourrasavoirsi

Mattvabienounon?»Ellearaison.«Merciderester,»dis-je.J'embrasseànouveausonfront.«JeprendsSamavec

moi,maisenvoie-moiPetesituasbesoindequoiquecesoit,d'accord?»Ellehochelatête.Elleserallongesurlelitetj’aienviedegrimpersurelle.Maisjedoisyaller.

Samfrappesurlemur.Jepeuxenressentirlavibration.«Queveux-tu,Sam?»,crie-t-elle.«Toi,»dit-il,souriantenpoussantlaporteentrouverte.IlfroncesessourcilsversKit.Jedonneuncoupsursonépaule.Elleestprise.Jelepousseverslaporte.Kitsourit,hochantlatête.Elles'esthabituéeànous.Jemarcheverselleet lèvesatêtepourla

regarderdanslesyeux.«Jeteverraiplustard.»«Comptelà-dessus,»dit-elle.

EmilyJefaisunpasdeplusverslaportedeMatt,écoutantattentivements’ilyadessignesdeviedans

lachambre.Ilaététrèsfatiguécesderniersjours,etjesuisinquiètepourlui.Jesuisvraiment inquiètepourlui.EtpourLoganetsesfrères.Aucund’entreeuxn’aacceptélefaitqueMattestentraindemourir.Ilsl’ignorenttous,commesisepersuaderquerienn’allaitarriverallaitl’aider.

Sa voix, faible et fatiguée, passe à travers la porte. «Ne reste pas derrière la porte, je peuxt’entendrerespirer.Entre.»

J'ouvrelaporteetluisourit.«Tun’aspaspum'entendrerespirer.»Il rit,maisc'estunsoncreux.«J'aientendu tespas.Tudevraisapprendreàêtreplusdiscrète.

Comme Paul. Il est venu la nuit dernière et il s’est tenu au-dessus demoi pourme regarder respirerpendantenvironuneheure.»Ilajustesonoreilleretlecoincederrièresatête.«Ilpensaitquejedormais.»

«Pourquoineluias-tupasditquetuétaisréveillé?»demandé-je.«Vousauriezpudiscuter.»«Ilneveutpasparler.Ilveuttoutréparer.Maisj’aibienpeurdenepasêtreréparable.»«Tun’ensaisrien.»Ilpousseunsoupir.«Si,jelesais.»Jenepeuxriendiredepluscarunebouleseformedansmagorge.«Commentçava?»demande-t-il.Jen'arrivetoujourspasàretrouverlaparolealorsjehochejustelatête.Cen’estpasvraimentune

réponse,maispeuimporte.«Tantqueça,hein?»Ilrouleversmoi,lesbrassoussonoreiller.«Matt,»jecommence.Maisjem'arrête,mordsmalèvreinférieureetsecouelatête.«Jenesaispasquoitedire.»«TufaistoujourstournerLoganenrond?»demande-t-il.Jeluifaisunsourireenretour.«Jenesaispasdequoituparles.»Ilrit.«C'estbonpourlui.Continue.»Ilplisselesyeux.«Iln'ajamaiseuàfaired’effortpourqui

quecesoit.Lesfemmesviennenttoujoursfacilementàlui.»Monvisages’inondedechaleurquandjecomprendscequ'ilveutdire.Ilrit.«Oui,çaaussi.»Ilpromènesonregarddanslapièce.«Tutesouviensdeslettresdontje

t’aiparlé?»demande-t-il.Je hoche la tête. Je ne veux pas parler des lettres. Parce que lorsque je les distribuerai, cela

signifieraqu’ilneserapluslà.«Ellessontdansmontiroirduhaut.Macommode.»Illèvelatêtedanssadirection.«Quandle

momentseravenu,assure-toiqu’ilslesaient,d’accord?»Jehochelatête.«Jeleferai.Jetelepromets.»«Ilyaunepourtoiaussi.»Jeneveuxpasdelamienne.«D'accord.»Il prend ma main dans la sienne et la serre fort. Je peux voir que ça lui demande un effort

considérable.«Queveux-tufairecesoir?»,demande-t-il.Jehausselesépaules.«M’asseoiriciavectoi!»IlmesouritetjevoistellementdeLoganenluiqueçamefaitmal.Ilroulesurleborddulitetse

lèvepours'asseoir.«Nousallonsregarderunfilm.»Jehoche la tête, enprenant samaindans lamiennepour l'aider à se tenirdebout. Ilme laisse

l’aidermaisgémitenselevant.«Es-tusûrd’avoirenviedeça?»demandé-je.«Rappelle-toiquandjet’aiditquejevoulaisprofiterdechaqueinstantdelavietantquejele

pourrais?»Ilmefixe.Çam’inquiètequ’ildoiveutiliserautantd’énergie,simplementpourallerdanslesalon.

«Allonsprofiterdelavie»,dis-je.«Tuveuxdupopcorn?»demandé-jepar-dessusmonépaule.Ilmesuit.

«Pourquoipas?»dit-ilcavalièrement.«Dupop-corn,etmeblottircontrelacopinedeLogan».Savoixestpluslointaineàprésent,maisils’approchedoncjecommencelepop-corn.Lebruitpop,pop,popacommencélorsquejemerendscomptequ'ilnem'apassuiviedanslacuisine.

Ilyaunbruitsourddanslecouloiretjesursaute.«Matt?»paniqué-je,marchantendirectiondubruit.MaisMattestlà,gisantsurlesol,delabavesortdesaboucheetilconvulse.«Oh,putain,»dis-je.«Matt ! » Je le roule sur le côté parce que j'ai entendu dire que c'est ce qu’il faut faire quand unepersonneconvulse.Oupeut-êtrefaut-illeroulersurledos.Merde,merde,merde.Jenesaispas.Jehurle«Pete!»

Peteouvresaporte.Ilporteunboxeretilenfileunt-shirtpar-dessussatête.«Quoi?»demande-t-il.PuisilvoitMattgisantsurlesol.«Qu’est-cequisepasse?»dit-ilentombantsur lesolprèsdeMatt.

«Appelleuneambulance,»dis-jecalmement.Quandilresteassislàetnebougepas,jelepousseetluicrie.«Apelleuneambulance!»

Il réagit, sortdesa torpeuret se ruevers le téléphone. Il leurdonne l'adresseet resteen ligneaveceuxjusqu'àleurarrivée.Ilserhabillependantqu'illeurparle,enfilesonjeandevantmoimaisjenem'ensouciepas.Sapetiteamies’enva.Ellenevautpasl'airqu'ellerespire,apparemment.

Mattsecalmeetjesoulèvesatêteetlaposesurmesgenoux.J'aiessuyélabavedesonvisageavecmamancheetj’effleurelescheveuxsursonfront.Ilestcalme.Tropcalme.Jen'avaispasréaliséàquel point il avait perdu de cheveux avec la chimio. Il est encore plus mince que je ne le pensais.J’effleuresonvisage.

«Pasencore.C'esttroptôt,»jeluimurmure.Jesuislesambulanciersalorsqu’ilsleportentenbas.«L'undevouspeutmonteraveclui,»dit

lepompier.Peteme regarde et dit, « Il faut que j’aille cherchermes frères. » Il passe unemain dans ses

cheveux.Ilsaitoùilssontetmoipas.Aucund'entreeuxn’adetéléphoneportable:cen’estpasinclusdans

leurbudget.«Vachercherdeschaussures,»dis-je.Ilregardesespiedsnusethochelatête.Ilmepoussedansl'ambulanceetilsfermentlaportederrièrenous.Lerestedumondes'écrouleet

je ne peux plus entendre les bruits de la rue ou les klaxons. Tout ce que je peux entendre, c'est lebattementinstableducœurdeMattsurlemoniteur.Chaquefoisquelesbattementsralentissent,moncœurfaitunbonddansmapoitrine,monsoufflemequitte.JemepencheetprendslamaindeMatt.

«Ceseraitmieuxquevousneletouchiezpas,»ditl’undesambulanciers.Jehochelatête,m'assieds,etbouclelaceinturedesécuritédusiègequ’ilm’aindiqué.Mesmains

tremblentetjenesaispasquoifaire.Ilscommencentparluimettreuneperfusion,regardentdanssesyeuxetfontbeaucoupd’autreschosesquejenecomprendspas.

Ilneseréveillepas.Jecrainsqu'ilneseréveillejamais.Paul arrive à l'hôpital le premier et il porte Hayley sur sa hanche. Elle est excitée et elle se

demandepourquoi leur rendez-vousaétéécourté. Je tendsmesmains, laprendsdansmesbrasetelles’installecontremapoitrine.

«Qu'est-ilarrivé?»demandePaul.« Il est juste tombédans le couloir et il a commencé à convulser. » J'essaie d'expliquer.Mais

j'essaied'êtrefortecarHayleyestlà.

«Est-cequ’onpeutlevoir?»demande-t-il.Jesecouelatête.«Pasencore.Ilsl'ontemmenéetilss’occupentdelui.»Paulvajusqu’àlacabinetéléphoniqueetyinsèredespiècesdemonnaie.Ilmetourneledoset

parlependantuneminute.PuisilrevientetreprendHayleydemesbras.«Maintenant,nousattendons,»dit-il.Hayley tapote sa joue et je vois les larmes dans ses yeux. « Où est oncleMatt ? » demande

Hayley.« OncleMatt est avec les médecins, » explique-t-il, en clignant des yeux plusieurs fois pour

retenirseslarmes.«Ilsvontlezoigner?»demande-t-elle.Ellenelequittepasdesyeux,nevoulantpasmanquer

quoiquesoit.Ellefroncelessourcilsquandilnerépondpas.«Ilsvonttravaillerdurpourqu’ilpuisseallermieux,»luidis-je.«Merci,»Pauls’étouffe.J'acquiesce.Jenepeuxpasendireplus.Hayleytendlesbrasversmoi

etjel'emmènes'asseoir.Nouslisonsdeslivresàl'enversjusqu'àcequ'unefemmeseprécipiteàtraverslesportes.EllecourtversPaul.Elleaunequeuedechevaletelleestpresqueaussigrandequelui.Maiselleestmagnifique.HayleyalescheveuxetlacouleurdesyeuxdePaul,maistoutlereste,elleletientdesamère.

LafemmesepencheversPauletil l'étreintétroitement.Jelesentendssemurmurerdeschoses,maisjen'entendspascequ'ilssedisent.EllevientversmoietprendHayleydanssesbras.«Merci,»dit-elle.

Je la regardedans lesyeux.Elleestdouce.Çasevoit.Et jevoisaussiqu'elleest éperdumentamoureusedePaul.Ellesedirigeversluietluichuchotequelquechoseàl'oreillepuisilhochelatête.Ellel'embrassesurleslèvresetill’embrasseenretour.«Jet’appelleraiquandjesauraicequisepasse,»dit-il.

EllepartavecHayley.Paulprendunegrandeinspirationets'assiedàcôtédemoi,sescoudessurlesgenoux.«Ilnesouffraitpasbeaucoup,n'est-cepas?»demande-t-il.

« Pas que je sache, non. » Il se tordait de convulsions, mais pas de douleur. Je doute qu’ilressentaitvraimentquelquechose.

«C'estmaplusgrandepeur.Qu'ilsouffreatrocementquandçaarrivera.J’ensuismortdetrouille.»

«Alorstuyaspensé,»jelaisseéchapper.J'auraismieuxfaitdemetaire,maisilesttroptard.«J’yaipensé.»Ilgrogne.«C’estlaseuleputaindechoseàlaquellejepensetouslesjours.Tout

letemps.»Savoixsebrisesurlesderniersmots.«Jesuissongrandfrère.Jesuiscensélesauverdetoutcequipourraitluifairedumal.Maisjenepeuxpaslesauverducancer.»

Jemecontented’écouter,parcequ'iln'yarienquejepuissedirepourleréconforter.Unelarmeroulesursajoue,qu'ilbalayed’ungesterapide.«Ilsaitcombientul’aimes,»dis-je.

Cen’estprobablementpaslameilleurechoseàdire.« Cet enfoiré a intérêt à savoir à quel point je l’aime. Je mourrais pour chacun d’entre eux.

J’aimeraisquecesoitmoiàsaplace.J’échangeraismaplaceavecluienunbattementdecœur.»«Ilnetelaisseraitpasfaire.»C'estlavérité.Paulrit.Maisc'estunriresansjoie.Lesportesdel'hôpitals'ouvrentencoulissant;Logan,Pete,etSamentrentencourant.Jesautede

machaiseetsautedanslesbrasdeLoganparcequejesaisqu'ilvamerattraper.Ilmeserrecontreluietcaressemescheveuxpendantuneseconde.Pauls'approcheetcommenceàluiparler.Ilssignenttousmaisj’arriveàsuivre.

Pouvons-nouslevoir?demandeLogan.Paulsecouesatête.«Pasencore.Ilsnouspréviendrontquandceseralecas.»

Sionpeut.Maispersonneneleditàhautevoix.Loganpassesonbrasautourdemoietm’attirecontrelui.Sonvisageestdansmescheveuxetje

peuxsentirlacaressetièdedesonhaleinecontremoncou.Jelèvelatêteetregardeverslui.«Cen’estpasbonsigne,»dis-je.

Ilfermelesyeuxetfixeleboutdesesdoigtscontresatempe.Illesait.

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LesfrèresReedsonttousassisdanslesfauteuilsdelasalled'attente,prenanttoutl’espace.Maispersonned'autre n'est là donc çan'a pasd'importance.N’importe lequel de cesgarçonsdonnerait sonsiègeàquelqu'und'autre.PeteaprisleschaussettesdeSamilyaenvironuneheure,etSamaremisseschaussures sans chaussettes. Pete était pieds nus. Je me disais bien qu’il ne retournerait pas àl’appartement.Ilestallécherchersesfrèresaulieudemettredeschaussures.

J’ai l’impression que des jours entiers sont passés lorsqu’un médecin vient enfin parler à lafamille.Çaapudurerplusieursheures.Maisçam’asembléaussilongqueplusieursjours.

Lemédecinsoupirelonguementetcommenceàparler.J'entendsdesbribesdeconversationtandisquemonpoulsbatjusquedansmatête.

Lachimion'apasfonctionné.Sonétatestpirequ’avant.Ilspeuventavoirrecoursàdessoinspalliatifs.«Iln'yariend'autrequevouspuissiezfaire?»demandePaul.Le médecin s'assoit avec eux. « Nous avons épuisé toutes les possibilités. Il y a quelques

protocolesdans lesquels ilpourraitentrermais leschances sontminces.Etceluiqui lui serait leplusutileesttrèscher.»

Ilattend.Unsilencetombedansl'enceintedelapièce.«Cheràquelpoint?»demandePaul.«Descentainesdemilliersdedollars,»ditlemédecin.«Iln'amêmepasdemutuelle.»Alorsc'esttout.Ilsnedisposentpasdecentainesdemilliersdedollarsdoncilslaissentleurfrèremourir?

J'essuieune larme surma joue.«Ce traitement, il pourrait le sauver ?»demandé-je.«Ou ilprolongeraitjustel'inévitable?»

Il me regarde comme si j’étais la personne la plus ridicule qu'il ait jamais rencontré. « Cetraitementadusuccès.Mais,iln'yacependantaucunegarantie.»

«Maiscelaluidonnerait-ilunechance?»«Lameilleurequ'ilpourraitavoir.»Jehochelatête.Loganmeserrecontrelui.Jerevienstoutdesuite,jeluisigne.Jesaiscequeje

doisfaire.Moncœursebriseendeuxmaisjesaisquelestlebonchoixàfaire.Oùvas-tu?demande-t-il.Auxtoilettes.Jerevienstoutdesuite.Tuvasbien?J’acquiesce.Ilmeregardem’éloigneretmefixe.Jepeuxsentirsonregardtoutlelongducouloir.

Mais je ne m’arrête pas aux toilettes. Je continue à marcher jusqu'à ce que je trouve une cabinetéléphonique.

Jeprendslecombinéetunesortedecalmeolympiens'installeenmoi.J'appuiesurleboutonpourl'opérateur. « Appel en Californie, s'il vous plaît, » dis-je. Je donne le numéro de téléphone. Noussommessamediaprès-midi.Monpèreseradanssonbureau.

DringDringDring

«BureaudeM.Madison,»ditunevoixmécanique.«Vousavezunappelprovenantde—votrenom?»ditl'opérateur.«JevoudraisparleravecM.Madison,s'ilvousplaît,»réponds-je.«Nousallonsprendreenchargelesfrais.»Ilyaunsilenceàl'autreboutdelaligne.«Emily,

c’est toi ? » dit la femme. Il y a de l'espoir dans sa voix. Elle a été la secrétaire demon père aussilongtempsquejemesouvienne.

«Puis-jeparleraveclui,s'ilvousplaît?»demandé-je.La ligneest silencieusependantunmoment,puismonpèreparle.«Emily?»demande-t-il. Je

peuxpresqueentendrelebattementdesoncœuràtraversletéléphone.«Papa,»dis-je.«Em,»dit-ildansunlongsoupir,commes'ilsedégonflait.Ilyauncliquetisetjel'imagineretirer

seslunettesdesonnezetlesposersurlatable.«Oùes-tu?»«J'aibesoindetonaide,papa,»dis-je.Jeposemonfrontsurlemurcontrelescarreauxfroids

pouressayerdenepaspleurer.J'aienviedepleurerenpensantàtoutcequejemetsdecôté.J'aienviedepleurerenpensantàtoutcequejevaisleurdonner.Maissurtout,j'aienviedepleurerpourmoi.

«Tout ce que tu voudras,Emily, » dit-il. Il pousse un soupir. «Tun'es pas blessée aumoins,n’est-cepas?»

«Non,jevaisbien.Maisjerentreàlamaison.»«Dis-moioùtues.Jevaisenvoyerlejet.»Savoixestpressante.«Papa,toutd'abord,j'aibesoinquetufassesquelquechosepourmoi.»S'ilteplaît,s'ilteplaît,

s'ilteplaît,faislepourmoi.Ilneditrienpendantuneminute.«Dequoias-tubesoin,Emily?»« J'aibesoinque tu t’occupesdequelquechosepourmoi,papa.»Je lui raconteunepartiede

l'histoire.« J'ai besoinque tu le fasses entrerdans l’essai clinique.Et jeveuxprendre son traitement en

charge. Nous allons utiliser mon argent, Papa. » J'en ai économisé suffisamment. Et puis, j’en aicertainementbeaucoupplusquejen’enauraijamaisbesoin.

Ilpousseunsoupir.«Tun'aspasbesoindetoucheràtonargent,Em,»dit-il.«Pourquoicejeunehommeest-ilsiimportantpourtoi?»

«Ill'est,c’esttout,papa.»J'entendsleclicdesonstylo.«Quelestsonnom?»«MatthewReed.»Mavoixs’éteintdansmagorge.Ilvalefaire.Ilvalefaire.Je luidonne le

nomdel'hôpital.«Jen’aipasplusd'informationsqueça.Jenesaismêmepasquiestsonmédecin.»Ilrit.«Jepeuxobtenirlesinformationsnécessaires.»«Tuvaslefaire,heinpapa?»demandé-je.«Emily,»ilsoupire.«Sij’acceptedelefaire,turentresàlamaison.»Mavoixestunmurmure.«Oui,papa.Jecomprends.»«Jet’envoielejetmaintenant.»«J'aibesoind'unjour,papa.J'aibesoindetoipourgérerçatoutdesuite.Etj'aibesoind'unautre

jour.Situmedonnesunpeudetemps,jereviendraiàlamaisonetjeferaitoutcequetuvoudras.»Jel’implore.

Il attend.Et j'entends le clicde son stylo encore, et encore.«D'accord,» il pousseun soupir.«J’envoielejetmaintenantquandmême.Ilseralààt’attendrequandtuserasprête.»

«Prendssoindecelapourmoi,papa.»Jeroulemonfrontdegaucheàdroitesurlecarrelage.«S'ilteplaît.Promets-le-moi.»

«Jeferaisn'importequoipourtoi,Em,»merappelle-t-il.«Jeteverraidansquelquesjours,»murmuré-je.

«Deuxjours,Em,»dit-il.«Pasplus.»Etavantquelalignenesecoupe,jel'entendscrierdesdétailsàsasecrétaire.Jel’entendscrierlenomdeMattetluidiredes’occuperdetout.Ilvalefaire.J'ensuissûre.

Jeretournedanslasalled'attente.Lemédecinestpartiettouslesgarçonssontlàdanslesbraslesunsdesautres.

«Qu'est-ilarrivé?»demandé-je.Ils s'éloignent les uns des autres. « Ils le transférent dans une chambre. Il est réveillé. Nous

pourronsallerlevoirdansuneminute,»expliquePaul.Jemelaissetomberdansunfauteuil.Mesjambesnemesoutiendrontpluspourtrèslongtemps.Quelquesminutesplustard,uneinfirmièreinvitelesgarçonsàlasuivre.Loganprendmamainet

metireaveceux.«Jenesuispasdelafamille,»dis-je.«Tais-toi,»murmure-t-il.Ileffleureetrepousseenarrièreunemèchedecheveuxquis’estcollée

àmeslèvres.Jelelaissem’entraînerdanslecouloir.«Vouspouvezseulementresterquelquesminutes,»metengardel'infirmière.Lesgarçonssonttremblantsd'excitation.EllerepousseunrideauetMattestlà,danslelit.Ilya

des tuyauxet des câblesqui sont reliés àdesmoniteurs. «Quoideneuf, lesgars ?»demande-t-il. Ilgrimaceets'ajustedanssonlitd’hôpital.

« La prochaine fois que tu voudras mourir, ne le fais pas pendant que Kit te regarde, petitenfoiré.»ditLoganàhautevoix.Lachambresefaitsilencieuse.UnelarmeroulesurlajouedeLoganetMatt lui tend lamain. Logan l'attrape, paume contre paume, leurs pouces enroulés comme le font leshommesetill’appuiesurtorse.SametPetemettentleursbrasl'unautourdel'autreetPaulrestelà,toutseul,alorsjem’approchedelui.Ilpasseunbrasautourdemesépaulesetm’attireverslui.

MattrelâchefinalementLoganetdit«Merde,quandas-tucommencéàparler?»Loganhausselesépaules.«Cettefilleluidonnelecouragedefairepleindenouveauxtrucs,»ditPaul,enmeserrantfort

contrelui.«Qu'est-ilarrivé?»demandeLogan.Ilsignependantqu'ilparle.«J'aieuunrencardpourmeblottircontretacopinesurlecanapéetnousallionsregarderunfilm,

»ditMatt.«Ladernièrechosedontjemesouviens,c’estqu’elleavaitmatêtesursesgenouxaulieuderegarderlefilm.»Ilsetourneversmoi,uneétincelleespiègledanslesyeux.«Situvoulaismeprendredanstesbras,Kit,tuauraistoutsimplementpumeledemander.»Ilrit.

«Tut’ensouviens?»demandé-je.Ilaunpetitsourireencoin.«Jen'oublieraijamais,jamais,lejouroùtuasquittéLoganpourme

tenirdanstesbras.»Loganglousse.Àhautevoix.Toutlemondeleregardeetilhausselesépaules.«Tuvascontinueràparler,frangin?»demandeprudemmentPaul.Loganhausseànouveaulesépaules.Paulmeserrel’épaule.Soudain,uneéquipedemédecinsseprécipitedanslachambre.«Quelestleproblème?»aboiePaul.Le médecin arrive quelques instants plus tard. « Nous allons transférer Matt dans un autre

établissement,»explique-t-il.«Ilvapouvoircommencerletraitementdontnousavonsdiscuté.»«Quoi?»Mattestabasourdi,toutcommelerested'entreeux.Lemédecintapedanssesmainspourlesfairetaire.«Nevousfaitespastropd'illusions,»dit-il.

«Maismaintenant,ilyaunechancequ'iln'yavaitpasauparavant.»«Ilyaunechancequ'ilpuissevivre?»demandePaul.

Ledocteursouritettapotel'épauledePaul.«Unepetite,oui.»«Comment?»«Jesuisentrainderéglerlesdétails.»Lemédecinmeregarde,maisjedétournelesyeux.La chambre grouille d'activité et les infirmières se préparent à déplacer Matt. « Il y a un

hélicoptèreenattente,»expliquel'infirmière.«Comment?»demandeànouveauPaul.Mattserrechacund’entred’euxdanssesbrasàtourderôle.Ilétreintsesfrères.Puis,ilmeserre

danssesbrasendernier.«Prendssoind'eux,»dit-il.«Peuimportecequim’arrive.»Jehochelatête.Jesuisentraindelefairedelaseulefaçonquejeconnaisse.

LoganMes frères sont solennels sur le chemindu retour.C'est ledébutde l'après-midi,nous sommes

samedietjeregardemamontre.«Merde,»dis-je.«Quoi?»demandePaul.«J'aiunrendez-vouspouruntatouagecetaprès-midi.»Kitmarcheàcôtédemoi,maiselleest

danssonpetitmondedepuisquenousavonsquittél’hôpital.«Jesupposequejepeuxannuler.»«Es-tutropfatiguépourlefaire?»demandePaul.Honnêtement, je suis tellement plein d’adrénaline en cemoment que je pourrais escalader des

montagnes,lessouleveretlesjeterensuite.Jesecouelatête.«Alors,pourquoinepaslefaire?»demande-t-il.«Matt,»dis-je.Justecemot.Paulme tapesur l'épaule.« Ilsnevontpasnous laisser levoirpendantaumoinsquarante-huit

heures,idiot,»merappelle-t-il.C'estvrai. Ilsvont lui faireun tasd'examens,des scannersetd’autres trucs, et ilsnousontdit

qu’onnepourraitpaslevoiraumoinsavantlundi.Jusqu'àcequ'ilsoitinstallé.Jesuispleind'espoir.Jesuispleind’espoir,etjen'aipasétépleind'espoirdepuisdessemaines.J'aivuMatts’enfoncerdeplusenplusetj’ensuisvenuàlaconclusionqu’ilallaitmourir.Maisl'espoirestdenouveauenmoi.Cen'estpasjuste.Cen'estpasjustedutout.Quesepassera-t-ils’ilnevapasmieux?Jedoisencorecroirequ’ils’ensortira.

«Ilnousaditqu'ilappelleraitquandilserainstallé,»merappellePaul.«Maispourl’instant,ondoitattendre.»

Kitlèvelesyeuxversmoi,sonregardestconcentrépourlapremièrefoisdepuisquenousavonsquittél'hôpital.«Jepensequetudevraisouvrir laboutique.Faistontatouage.Vousallezavoirbesoind'argent.»Ellenemeregardepasdans lesyeuxenprononçant ladernièrephrase.«Puis-jevenir?»demande-t-elle.«Jeveuxteregarderfaire.»

Jepassemonbrasautourd'elleetellemesourit.«Tuvasbien?»demandé-je.Ellehochelatêteetsepenche.Jepeuxsentirl’airchauddesonsoufflecontremapeau.«Arrête

demerenifler,petiteperverse,»dis-je.Ellesoulèvesessourcilsetellerépètelemot.«Perverse?»Ellerit.Jel’étreins,jeneveuxpas

lalaisserpartir.Ellefaitpartiedenousmaintenant.Dechacund'entrenous.Etelleestàmoi.SametPetemarchentderrièrenous,leurstêtestoutesprochespendantqu’ilsdiscutent.Quandils

fontça,ilyasouventdesproblèmesquiendécoulent.«Quefaites-voustouslesdeux?»aboiePaul.Leurstêtesseséparentetilsessaientdejouerles

innocents.Ilsnesontpastrèsdouésàcejeu-làd’ailleurs.«Rien,»disent-ilsàl'unisson.Paullesfixe.«Jenevouscroispas.»IlsregardentPauld’unairpenaud.«Jenevouscroispasnonplus,»dis-je.«Jepensequejetepréféraisquandtuneparlaispas,»ditPete.Puisilsourit.Jeluifaisundoigtd’honneur,ilcourtversmoisautantsurmondos.Ilrebonditetsepenchepar-

dessusmonépauleafinquejepuissevoirseslèvres.«Mespiedssontfroids»dit-il,battantdescilsàmonintention.«Tudevraismeporterleresteduchemin.»

Ilestattachéàmoicommeunkoala.Etilestlourd,putain.Ilestaussilourdqu’unchargementdebriques.Maisjeleremonteplushautsurmondosetjecommenceàmarcher.

SamsetourneversKitetsepencheverselle.«Tuasl'airfatiguée,Kit,»dit-il.«Tuveuxmonter

?»Ilremuesessourcilsverselle.Elleritetsautesursondos.«Jenesuispassûrd’avoirfaitunebonneaffairesurcecoup-là!»Jeronchonnealorsquenous

marchonsdanslarue,tousensemble.Jenepeuxpasm'empêcherdesouhaiterqueMattsoitlà.Legentilgéantmemanquedéjà.

***J'aitravaillésurcetatouagependantdessemaines.C’estunimmenseaiglequivadel'omoplate

gaucheàl'omoplatedroite.Sansoublierquelegarsesttrèsgrand.J'aidessinélecontouretcommencélesombreslasemainedernière.Jedoisletermineraujourd'hui.C'estuntatouageàcinqcentsdollarsetl’argentpourranousservir.Surtoutencemoment.

Jem'installepourtravailleretKitregardepar-dessusmonépaulependantquelquesminutes.Ellesedirigeensuiteversl'avantdumagasinpours'asseoiravecFridayetPaul.Paulparledel’étatdeMattàFriday.FridayadoreMatt—s'ilyenaund'entrenousdontellesesentlaplusproche,c’estbienlui.Elleessuieunelarmequis’apprêteàtomber.

Jepeuxliresurseslèvresd’oùjesuis.«Quellesétaientleschancesqu'ilsoitacceptépourcetessai?C’esttellementétrange,»dit-elle.JenevoispascequePaulluirépond.

Kitdéambulejusqu'àl'avantdumagasinetditquelquechoseàPaul.Ilal'airchoquépendantuneminute,puis il tire sonavant-brasvers lebaspour le regarder.Est-cequ’ellevabien? Je suis sur lepointdeposermamachinesurlecôté,maiselleregardepar-dessussonépauleetmesourit.Ellevabien.Paul lui fait signe de le suivre et il l'emmène derrière un rideau. Je vois ses lèvres quand il dit,« Empêche le de venir ici, » à Friday. Empêcher quoi ? Puis, il tire un rideau autour d'eux pour lesséparerdemoietjeposemamachine.Jemedirigedansleurdirection.Fridaysetiententrelerideauetmoi.«Ellevajustesefairetatouer,»dit-elleenm’arrêtant.

«Quelgenredetatouage?»«Un toutpetitpapillonouquelquechosede toutaussimignon.Peut-êtreuneprincesseDisney.

Ellen'apasencoredécidé.»Ellerouledesyeux.Fridayadescrânes,desoscroisés,destortuesettoutessortesdetrucsbizarressurtoutlecorps.

«Jeveuxl'aideràchoisirquelquechose,»dis-je,essayantderepousserFridaysurlecôté.«Stop»,dit-elle.«Elleveuttefaireunesurprise.»Jepasseunemainfrustréedansmescheveux.«Lestatouagessignifientdifférenteschosespourchaquepersonne,»ditFriday.«Celasignifie

beaucouppourelleetelledevraitêtrelaseuleàdéciderdecequ'elleveutsefairetatouer.»Jelesaisbienmaismerde,jeveuxêtreimpliquélà-dedans.«TupensesquePaulnepeutpasprendresoind’elle?»demandeFridayenfronçantlessourcils.Biensûrquesi,jeluifaisconfiance.«Maislà,ils'agitdemacopine,»dis-je.Jesaisquej’ai

l’aird’unbébé,maisquandmême.Ellemetapotesurlebras.«Prendstonmalenpatience,boutond'or,»dit-elle.Puisellefixeson

regardsurmoi.«Attendsuneminute!Depuisquandas-tucommencéàparler?»Monvisages’enflamme.«Net’yhabituespastropvite,»Jegrogne.«Jepourraistrèsbienne

plusjamaisteparler.»« Quelle chance ! » dit Friday, roulant des yeux. Mais elle saute sur la pointe des pieds et

m'étreintétroitement.«Jesuistellementheureusepourtoi,»dit-elle.Jenepeuxpascomprendredequoielleparle.Kit?Moi?Notrerelation?Mesparoles?Jela

repoussequandlegarssurqui je travaillaiscommenceàagiter lesbrasà l'arrièrede laboutique.J'aiencorebeaucoupdetravail,etjeferaisbiendem’yremettre.

###

Une heure plus tard,Kit sort de derrière le rideau avecPaul.Elle sourit et son avant-bras est

recouvertd'ungrandpansement.Elle sedirigeversmoi. J'ai finimon tatouage ilyadixminuteset jel’attendais.

«Tuvasfaireuntroudanslamoquette,»taquineKit.Paulmarchederrièreelle.Ilsourit,maisilneveutpascroisermonregard.«Queluias-tufait?»demandé-je.Ilfroncelessourcilsetmedit,«Tais-toi.»Ilpointeunpanneausurlemurquidit:Lestatouages

sontaussiuniquesquelespersonnesquilesreçoivent.Puisilenpointeunautrequidit,L'encred'unhommeestlebutd'unautrehommedanslavie.Puisilenpointeuntroisième:Nousnetatouonspaslesclients ivres. Puis il pointe le doigt vers un rouleaude ruban adhésif en dessous d'unpanneauqui ditArrêtedepleurnicheroujevaisl'utiliser.

«Tun'espasdrôle,»dis-je.Kitseblottitcontremoietenroulesesbrasautourdemataille.«Qu'as-tufait?»demandé-je.Ellemeregardedanslesyeux.«Quelquechosequim’empêcheradet’oublieretd’oubliertoutce

quetureprésentespourmoi.»«C'est àmon sujet ?»Moncœur s’emballe,mon souffle se coupe et soudain jenepeuxplus

penser.Ellesouritetellehochelatête.«C’estàproposdetoi.»«Puis-jelevoir?»J’enmeursd’envie.Ellehochelatête.«Pasaujourd'hui.»«Quand?»Putain,jevaismourirsurplace.Ellehausselesépaulesetelleasoudainl'airtriste.«Qu'est-cequinevapas?»demandé-je,penchantmonvisageverslesien.Ellemetlamaindanssapocheetensortunmorceaudepapierplié.Ellemeletend.Sonvisage

estdevenutoutrouge.«Est-celetatouage?»demandé-je.Ellesecouelatête.«Non.»Jel'ouvrelentement.

Jem’appelleEmily.

EmilyMoncœurbatsifortquejepeuxl'entendredansmesoreilles.Loganouvrelemorceaudepapier

et ilsefige.Il regardevers lebaspendantunlongmoment,plus longtempsqueje l’aurais imaginé.Jetentedeleluireprendre.Illelancebrusquementauloin.Puis,ilmeprendlamainetmetirehorsdelaboutique. Je n’ai pas le temps de dire au revoir à Paul ou à Friday. Je ne sensmême pasmes piedstoucherlesolalorsqu’ilm’entraîneverslebasdelarue.

«Attends,» je l'appelle.Mais ilnepeutpasm'entendre.Sonregardest fixésur la routeetsurl’endroitoùiladécidédem’emmener.Jetapotesonépaule.Ilnes'arrêtepas.Ilmetiretoujoursàtraverslafoule.Jeplantemestalonsdanslesoletm'arrête.Ilsetourneversmoietattrapeànouveaumamain.J'ai peur qu'ilme jette par-dessus son épaule encore une dernière fois.Mais je veux que ce soitmonchoix.Jeveuxquecesoitnotrechoix,àtouslesdeux.

« Attends », dis-je, encadrant son visage avec mes mains. Il me regarde. « Pourquoi tant deprécipitation?»

«Parcequejetedésiretellementquej’enaimal,idiote.»Ilmefaitsourire.Ilnevasansdouteplus jamais m’appeler idiote, mais je me rends compte que c'est un terme affectueux pour lui et pasquelquechosedeméchant.

«Jeteveuxaussi,»jel’admets.Ilregardeverslebaslemorceaudepapierquiestdanssamain.«Tumefaisconfiance,»dit-il.Jehochelatête.«Pouvons-nousalleràl'appartementpourdiscuter?»,demande-t-il.«Jeteprometsdenepaste

brutaliseràlaminuteoùnousfranchironslaporte.Nousavonscertaineschosesànousdire.»Oui,effectivement.Ilprendmamaindanslasienneetlaporteàseslèvrespourembrassermesphalanges.Ilmarche

unpeupluslentementcettefois.Ilpointemonbras.«Qu'as-tufait?»Jesouris.Jenevaispasleluidire.C'estpourmoi.C'estàmoideleprendreavecmoiquandje

pars.C'estunepartdelui.D’euxtous,enfait.C'estàmoietjenelepartagepas.Enfin,pastoutdesuite.«Viens,»ilmecajole.Jesecouelatête.«Çanemarcherapas.»Ilal'airtoutpenaudpendantunmoment.Maisnousarrivonsalorsdevantsonimmeubleetnous

montonslesescaliersencourantcôteàcôte.Ilestàpeineessoufflé.Nousentronsdansl'appartementvide.Iln'yapersonne.« Est-ce que tu arrives à croire qu'ils ont accepté Matt dans le programme d'essai ? » me

demande-t-ilensedirigeantverslachambreàcoucher.«Incroyable,n'est-cepas?»«Tellementincroyable!»dit-il.Ilestabasourdi,etj'aimelafaçondontilsemetànu.MaisjeneveuxpasparlerdeMattparcequej'aipeurdefondreenlarmesetd’avouercequej’ai

fait.Lui dire comment jeme suis engagée auprèsdemonpère afindedonnerune chance àMatt, afind'êtresûrequelafamilledeLoganresteaucomplet.«Jesuistellementcontente,ilvaavoirunechance,»dis-je.Mavoixs'éteintdansmagorgeetjesuisheureusequeLogannepuissepass’enrendrecompte.

Ilpartagemessentiments,ilvientversmoietprendmonvisageentresesmains.«Jesuisdésoléquetuaiesétéseuleiciquandilesttombé.»

Jenelesuispas.Pasdutout.Jesuistellementheureused'avoirétélà.Jesuisheureused'avoirpul’aider.Pourpleinderaisons.«Jesuiscontented'avoirétélà.Jen'échangeraisletempsquej'aipasséavecsatêtesurmesgenouxpourrienaumonde.»Jesuisincapablederavalermonsourire.

«Jet'aimetellement,»dit-il.Puisilpenchesatêteetm'embrasse.Seslèvressontdoucesmais

pressantes.J’aileslarmesauxyeux,parcequejesaisquec'estnotredernierjourensemble.«J'aibesoinde

prendreunedouche»dis-je,lecœurlourd.J’aibesoind'unmomentpourmeressaisir.Sanscompterquenousavonspassélanuitàl'hôpital.Jedoismelaver.

Ilhochelatêteetpointemonbras.Merde.J'aiunnouveautatouageetunpansement.«Turisquesdelemouillersituenlèveslepansement,»dit-il.

Jeneveuxpasenleverlepansement.«Pouvons-nousjustel'envelopper?»«Pourquoineveux-tupasquejelevoie?»Ilmeregardeaufonddesyeux.Jenepeuxpaslui

expliquer.Il pousse un soupir et revient avec un film plastique et du ruban adhésif résistant à l'eau. Il

l’enrouleautourdemonbrasetdit,«Voilà.Çavalegardertotalementausec.»Jenem'inquiètepasqu'ilsoitmouillé.J’aipeurquelepansementsedécroche.«Merci,»dis-je.Jel'embrasserapidement.«Jeseraisortiedansquelquesminutes.»

J'enlèvemes vêtements et pénètre dans la douche. L’eau chaude coule surmoi et jeme rendscomptequelapeurdansmoncœuraétéremplacéepardudésir.J'avaispeurd'aimerLogan.Maintenant,je l’aime. Plus que tout. Et pour toujours. Mais je dois le quitter afin de protéger quelque chosed’inestimableàsesyeux.Jelesais.Jen'aipaslechoix.

Lavapeurd'eaus’élèvedansmondos,jemepenche,lesdeuxavant-brascontrelemuressayantdemecalmer.Leslarmescoulentsurmonvisage,semêlantàl'eau.Ilyaunbruit,jesenslemouvementdurideauderrièremoi.

Je sursaute lorsque Logan entre dans la baignoire avec moi. Son corps enveloppe le mien,complètementnu.

«Logan!»Jehurle.Jesenssonriredansmondos.«Jeneveuxpasêtreloindetoi,»dit-il,ilpoussemescheveux

mouilléssurlecôtéafind’embrassermonépaulenue.Ilestdurcontremesfesses,sonérectionmetente.Ilmeprendlegantdetoilettedesmainsetmet

dugeldouchedessus.Puis,illepromèneverslebasdemacolonnevertébrale,lentement,trèslentement.Mon souffle se bloque dans ma gorge lorsqu’il abandonne le gant de toilette et utilise ses mainssavonneusessurmesfesses,qu’ilpincemesfessesdansunedouceétreinte. Ilne laissepasunendroitsans savon. Ses mains trouvent chaque creux, chaque morceau de peau, passant dans mon dos, meshanches, derrièremes genoux,mesmollets. J’ignorais que certains endroits étaient si chatouilleux. Jereste là avec mes yeux fermés sans bouger, incapable de le regarder. Il se relève et fait à nouveaumousserlesavondanssespaumes.Cettefois-ci,ilneprendpaslegantdetoilette.Ilutilisesesdoigtspourparcourirmoncorps.Sesdoigtsmechatouillentlelongdemonbrasgaucheetjusqu’auboutdemesdoigts.Sesdoigtss'entrelacentaveclesmiensetilm’étreintavantdemeretournerpourmefaireface.

Jegardelesyeuxfermés.Jesuissubmergéeparcequ'ilmefait.Sijeregardedanssesyeux,jenesais pas ce qui va arriver. Je pourrais m'embraser. Je pourrais me briser. Je pourrais me casser. Jepourraissimplementjouirparlepurplaisirdesontoucher.Jepeuxsentirsonsourirecontremonépaulelorsqu'il y appuie ses lèvres. Ses mains effleurent mes seins et ses pouces pincent mes tétons quiréagissentaussitôtàsoncontact.Jemecambre,poussantmapoitrinedanssesmainsetjel'entendsgémir.Mesyeuxs’ouvrent.

Ses cheveux sontmouillés, il est ruisselant d'eau. Jemepenche en avant et lèche son torse. Ilgémit,sefige.Sesdoigtspincentmestétons,tirantdessusdoucement.

«Logan»,jecrie.Illèvelesyeuxsurmoiets’arrête.«As-tuditquelquechose?»demande-t-il.«Jenesaispas,»dis-je.Leriresebrisedansmagorge.«Jenepeuxmêmepluspenser.Tuveux

quejemerépète?»

«J'aipenséquetuavaisditquelquechose,»dit-il.Ilsourit.«Jevoulaisjustem’assurerquetuvasbien.»

Jeposematêtecontrelemur.Jen’iraiplusjamaisbien.Ilfrottesesmainssavonneusessurmonventre,puisglissesesdoigtsdanslafentedemonentre-jambe.Jem'agrippeàsesépaules.

Il ramasse le gant de toilette à nouveau et le fait mousser. « Ouvre tes jambes pour moi, »ordonne-t-ilentapantl'intérieurdemacuisse.

C'est plus intime que tout ce dont j’ai pu rêver. Il utilise le gant de toilette pour nettoyer endouceurentremesjambes.Ils'emploieàm'ouvriravecsesdoigts,grogneetmelaveproprement.Letissupasseenboucle surmonclitoris etmesgenoux tremblent. Il jette legantpar terreetutilise sesmainssavonneusespourlesfaireglisserdansmafente,d'avantenarrière,d'avantenarrière,d'avantenarrière.

«Logan!»Jecrie.Cettefois,jetapesursonépaule.Illèvelesyeuxetsourit.«Quelquechosenevapas?»demande-t-il.Ilcaresseànouveaumonclitorisetpasselejetdela

douchesurmoi.Sesdoigtsfrottentd'avantenarrièrejusqu'àcequ’iln’yaitplusdesavon.«Jepensequejesuispropre»,dis-je.Jenepeuxensupporterdavantage.Loganse lèveetm'embrasse.«Jeveux tellementêtreà l'intérieurde toi,»dit-il. Ilmepousse

souslejetpourmouillermescheveux,leslaveetlesrincedoucement.«Tescheveuxontpoussé,»dit-il.«Ilssontblonds?»

Jehochelatête.«Pasplatine.Maisunecouleurblondfoncé.».« J’aimerais te voir au naturel, » dit-il. « Un jour, peut-être. » Il sourit et m'embrasse. Il me

déplaceverslecôtéetcommenceàlaversonproprecorps,sesmouvementssontrapidesetefficaces.«Laisse-moit'aider,»dis-je,luiprenantlesavon.«Situmetouchesmaintenant,jevaisjouir,»prévient-il.«Etj'aivraimentenviedejouirentoi.»Monventreseretourne.«Oh.»Ilrit.«Iltesuffitderesterlàetdemeregarder,»dit-il.Illaveetrincesescheveuxetjelaissemonregardglisserverslebasdesoncorps.Ilm'aditqu'il

avaitunpiercing,maispasqu'ilyavaitunebarreà traverssapeauà labasedesonpénis.«C’est lepiercingdonttumeparlais?»demandé-je.

Ilhochelatête,soufflantl'eauavecseslèvres.Ilestdur.Trèsdur.Etlong.Ettrèsépais.Etjenesaispascommentilvafairepourentrerenmoicomplétement.Maisunechoseestcertaine,ilseraenmoicesoir.J'aiouvertcetteportequandjeluiaiditmonnom.

«EmilyMadison,»dis-je.«Monnom.C'estEmilyMadison.»Ilregarde.«D'oùviens-tu?»demande-t-il.Ilarrêtel’eaumaisnequittejamaismonregard.«DeCalifornie.»«De l’autre côté du pays, » il inspire. Il prendmon visage dans sesmains. « Emily », dit-il

encore.«Çatevabien.»J'ailesourire.«J’ensuisravie.»Logansortde labaignoireet revient avecdeuxserviettes. Ilm'essuieetm'enveloppedansune

serviette.Ilutilisel’autresurlui-mêmeetl’enrouleautourdeseshanches.«Veux-tualleraulit?»demande-t-il.Ilsimuleunbâillement.«Jesuisvraimentfatigué.»Jeris.

Dieu,cethommemefaitrire.«Situpensesquetuvasàdormircesoir,tutetrompes.»Jesecouemondoigtverslui.

«Des promesse, toujours des promesses ! » grogne-t-il enme faisant sortir de la baignoire etpassantsesdeuxbrasautourdemataille.

LoganElleestsibelleputain,quejepeuxàpeinerespirer.«Emily,»dis-je.Jeveuxledireencoreet

encore et encore. Ellem’a dit son nom aussi, maismalgré tousmes efforts, tout ce dont je peuxmerappeler,c’estcequiétaitécritsurcemorceaudepapier.

«C'estmonnom.Nel’usepas,»taquine-t-elle.Jelasoulève,etelleenroulesesjambesautourdemataille.Maqueuelatoucheetjeglissecontre

sa chaleur. Mais je ne suis pas encore prêt. Je veux savourer chaque seconde. Je la porte dans lachambre. Elle m’embrasse pendant que je marche et je peux à peine faire un pas, je suis tellemententortilléenelle.

« Est-ce qu’il y a quelqu'un à la maison ? » dit-elle en s’écartant de moi pour me poser laquestion.

Dieu,j'espèrequenon.«Jenepensepas,»dis-je.«Queva-t-onfaires’ilssontlà?»demande-t-elle.«Tudevrasêtresilencieuse.»Jeris.L'idéequ’ellerestecalmesachant toutceque jevais lui

faireestgrotesque.Elleenfouitsatêtedansmonépaule,etjepeuxsentirsonsouffledansmoncou.Ellem’embrasse

doucement,suçotantmapeau.«Fais-moiunsuçon,»demandé-je.Jeplaisante,maisjesensl'érafluredesesdentscontremapeautendreetjeveuxvraiment,vraimentqu’ellecontinuecequ’elleestentraindefaire.Ellemorddoucementpuisaspirelapeau.

«Mondieu…»Jegémis.Maqueuetressauteetjeravaleungémissement.Jeclaquelaportedelachambre derrière nous et tombe sur le lit avec elle, me tenant au-dessus d'elle. Mes bras tremblent,putain,etpourlapremièrefoisdemavie,jenesaispasquoifaireensuite.

Jeprendsunmoment,jem’arrêteetessaiedemecalmer,jeretirelefilmplastiqueetl’adhésifdeson bras. Je commence à retirer le bandage,mais ellem’attrape lamain etme la tape. Jeme fige etenfouismonvisagedanssoncou.Jepeuxàpeinerespirer.

«Quelestleproblème?»demande-t-elle,enprenantmonvisagedanssesmains.«J’ail'impressiond'êtreungamindequatorzeanscafouillantavecsapremièrecopine,»admets-

je.«Jenesaispasquoi faire.»Jesoulève,puisouvresaserviette,et retire lamienne,supprimant labarrièreentrenous.

«Tuasfaitçatantdefois,»merappelle-t-elle,roulantsesyeux.Jecontinue.«Jen'aijamaisfaitçaauparavant.»Sesyeuxsefigent.«Jen'aijamaisfaitl’amouravecquelqu’unquicomptevraimentpourmoi.Avecquelqu'undont

jesuisamoureux.PutainKit,tumerendsfou.»«Pouvons-nouséteindre la lumière?»demande-elle.Puiselle se rappelleque jenepeuxpas

voirseslèvressinouséteignons.«Peuimporte,»dit-elle.«Est-cequelalumièretedérange?»demandé-je.Jel'embrasse,prendssonseindansmapaume.

Jelesoulèvedoucementetregardesonvisagependantquejelepalpeetleporteàmeslèvres.Jelècherapidement,aspirantsachairavecforcetoutenétantdoux.Ellesecambre,sesyeuxsefermentpendantqu’elleserapprochedemoi.

Sescuissesnuess’enroulentautourdemeshanchesetjepeuxsentirqu’elleesttrempéecontremaqueue.«Merde,»jedis.

«Quoi?»Ellesefige.«J’aioubliédeprendreunpréservatif.»Ellecomptesursesdoigtsetsecouelatête.«Toutvabien.Nousn’enavonspasbesoin.»Elle

s’arrêteetsemordleslèvres.«Amoinsque,hum,tuenaiesbesoin.»J’ai fait une prise de sang il y a quelques semaines lorsque nous avions tous fait des tests de

moelleosseusepourMatt.Toutvabien.«Jen’aijamaisfaitl’amoursanspréservatif.»J’aipeur,pluspeurquejamais.

J’appuie contre son mont de Vénus, glissant contre son humidité mais ne pénétrant pas àl'intérieur.Jefrottemaqueuecontrelesommetdesafenteetj’appuiedoucement,effleurantsonclitoris.Elleestsihumidequeçaglissetoutseuletelleestdouce,tellementdouce.

Jenesaispasquoi faireensuite, je laveuxsi fort.Monsoufflevacille,etmesbras frémissentsousmonpoids.

«Emily,peux-tumeprendreàl’intérieurdetoi?»demandé-je.Jepourraifairecelaavecfinesseplustard.Nousavonstoutelaviepournousperfectionner.

Ellepasseunemainentrenousets’emparedemaqueue.Elleglissesamainsurmonérection,puismedirigeverssonvagin.Ellesoulèveseshanchesetjeglisseàl'intérieur.

J’avancelentement.Jeveuxmerappelerdecemomentpourtoujoursetàjamais.Jenepeuxpasretenir mon gémissement quand j'enfouis mon visage dans son cou. « Putain, Emily. Tu es tellementserrée.Jenepensepasquejevaislesupporter.»

Ellebalanceseshanchesetmeprendplusprofondémentenelle.Jesuisenfoncéàfonddanslecorpsdelafemmequej'aime.Jeregardesonvisageetilyadeslarmesdanssesyeux.«Jetefaismal?»demandé-je.Jeprendssonvisagedansmesmainsetessuieseslarmesavecmespouces.

Ellesecouelatêteetm’attireenelleavecsespiedsreferméssurmoncul.Jecommenceàbouger.Emilym'embrasse,salangueglissantdansmabouchealorsquejem’enfonceetmeretiredesa

chaleur.Jepeuxsentirlespetitsbégaiementsdesonsoufflealorsquejem’enfonceenelleetrecule.Ellesebalancepoursuivremescoupsderein.«Emily,Emily,Emily,»jechante.

Jesuisplusprochedejouirqu’ellemaispasdebeaucoup.Jepasseunemainentrenoscorpsetcaressesursonclitoris.Elleselèvepourmoi,seshanchessepoussantplusfortementcontrelesmiennes.Ellecrie.Jepeuxressentirlavibrationdanssapoitrine.Jeregardesonvisage.Ellecriemonnomencoreetencoreetencore.

Sespiedsserefermentautourdemoipendantqu’elleseresserresurmaqueue.«Em,»jedis.Mavoixmefaitmal.«Jeveuxquetujouisses,Emily,»dis-jecalmement.«Jouissurmaqueue.S'ilteplaît,Em.»Jenesuispascontrelefaitdelasupplier.Jesuisenfinàl’intérieurdelafemmequej'aime,maisjenepeuxpasteniréternellement.C’esttellementbon.

Ellejettesatêteenarrièrequandellejouitetsachatteseresserresurmoi.Jemepousseenelle,le plus loin possible. Elle m’aspire de l'intérieur, m’attirant au plus profond d’elle alors qu’elle serefermeétroitementautourdemoi.Elles'effondredansmesbras,jelaserrecontremoi.Jeregardesonvisageparcequejenepeuxpasentendresescris.Jepeuxlasentir,secontractant,jouissantplusfortqueje ne l’aurais cru.Mais là encore,moi aussi. Jeme sens comme si onm’arrachait les testicules.Elleprendtoutdemoi,etc’enestpresquedouloureux.Jebougelentementenelle,nevoulantpasm’arrêter,maismaqueueestsisensiblequejedoism’arrêter.

Sesbrass’enroulentautourdemoiquandjem’effondresurelle,ellemeserrecontreelle,puissesbrasserelâchent.Elleditquelquechose.Jepeuxlesentir.Jelèvelesyeux.«Quoi?»demandé-je.«Jenet’aipasfaitmal,n’est-cepas?».J’ailapeurauventre.

«Siçac’estmefairemal,jeveuxquetumefassesmalencoreetencoreetencore,pendanttoutelanuit.»Soncorpstremblederire.

Je roulesurmoncôté,mais jeneveuxpasêtre loind'elle,alors je l’attirecontremoipour luifaireface.J’écartesescheveuxdesonvisageaveclesdeuxmains.«Jet'aime,»dis-je.

Ellemesourit,cachantsonvisagedansl'oreiller.«Jet'aimeaussi,»dit-elle.«Quoiqu'ilarrive,sachequecequejeressenspourtoiestréel.Quejenesaispascommentjepourraisvivresanstoi.»

Jemepencheenarrière,l’observantdeplusprès.Pourquoidit-elleunechosepareille?Maisellesepencheversmoietmepoussesurmondos.J’étaisencoreàmoitiédur,etjebandecomplétementendeuxsecondes.Elleseplacesurmaqueueetmeprendenelle.«Putain,Kit,»dis-je.Elleestchaudeettrempéelàoùjeviensdejouirenelle.

Elleposesesmainssurmontorseetcommenceàbouger.Sesmouvementssontincertains,alorsjeprendsseshanchesnuesdansmesmainsetlaguide.Elleralentitjusqu'àcequ'elletrouveunrythme,entirantsalèvreinférieureentresesdents.Jelibèresalèvreetlatireverslebaspourl’embrasser.Jelabaise pendant qu'elle est au-dessus demoi, ses seins pressés contremon torse.Elleme répond, et sagorgevibreàchaquefoisquejelapénètreetmeretire.

Ellecriemonnom.Jepeuxleliresurseslèvres.Elleleditencoreetencoreetencore,maisjenepeuxpasimaginermelasserdelavoirlefaire.

Elleserremaqueueenelleetjedoisjouir.Elleseredresse,montantetdescendantsurmoietelles’effondre.Ellejouitsurmoi,sesbrastremblantsdeplaisir.

Elleprotestequandjemeretire.Jelaroulesursonventreetpousseuncoussinsousseshanches.Ellemesouritpar-dessussonépaule,unsimpleencouragement.Jen’aibesoinderiend’autre,mais jeressensbeaucoupdefiertédanslefaitqu'ellem'aitoffertsabénédiction.Jelaprendsparderrièreetelleesttellementserréedecettefaçonqu’ilnemefaudrapaslongtempspourjouir.Jepassemamainlelongdesahanchepourvenirtouchersonclitoris.Elleattrapemamainetm’enempêche.Jemebatsavecellependantunmoment.Jeveuxluifairedubien.Jeveuxtellementluifairedubien.

«S'ilteplaît?»dis-jeàsonoreille.Samainattirelamienneverssonclitorisetjelacaresse.C’estseulementquandjesenssonorgasmevenirquejejouisàmontour.Jem’effondresurelle.Ellemepermetderesterlàpendantuneminute,maisjepensequ’elleveutmedirequelquechose.

Jetombesurlecôtéetlatirecontremontorse.Jeposemeslèvrescontresonfrontetnebougeplus.

Elleserassoitavecsescoudessurmontorseetmeregarde.«Jet’aimetellement,Logan,»dit-elle.Alorsellereposesatête,s'installecontremoiets'endort.

EmilyJemeréveilleavantquelesoleilselève.LalumièreesttoujoursalluméeetLoganestsurledos.

Jesuisallongésurluietilyadelasueurentrenous.Jedoismelaveretsortirdelàavantqu'ilneseréveille.Monestomacseserreàl'idéedelequitteretleslarmesremplissentmesyeux.Jeleregardeàtraversmespleursjusqu'àcequejenevoieplusrien.Jel'aimetellement.Jel'aimetellementmaisjenepeuxpasrester.Jel'aimetroppourlelaisservivresansMatttouteunevie.Jenepeuxpasfaireça.Jedois l’abandonnerpoursauverMatt.Jesaisquec’est inévitable.Quelqu'unpourrait toutaussibienmecouperendeux—jenesouffriraispasplus.

Je laisse mes larmes couler, pas la peine de les essuyer puisque je vais me doucher. Je medéplaceaussisilencieusementquepossibleetmepréparedanslasalledebain.Jebrossemescheveuxmouillés,mais jen’enfaispasplus.Jen’aipasbesoindemettredemaquillagepuisque jesaisque jevaisencorepleurer.

Jemefaufilehorsdelachambreetleregardecouchédanslelit.Ilesttellementbeau.Ilesttoutcequej’aitoujoursvouluavoirettoutcedontj’aibesoin.Maisjenesuispassûredecedontilabesoin.Si,jelesais.IlabesoindeMatt.IlabesoinqueMattaittoutesleschancesdesoncôté.Pourvivre.Etjeleluidonnedelaseulemanièrequiestàmaportée.

LescheveuxdeLogansontébourifféssursonfront.Jemesouviensquejeleregardaislorsqu’ildormait cette première nuit, me demandant si sa mère l’avait observé comme je le faisais. Elle acertainementdûlefaire.Ilesttellementbeau.Tantàl'intérieurqu’àl’extérieur.Ilaprissoindemoi.Etj'aitellementconfianceenlui.Maisilfautquejelefasse.

J’essuieleslarmessurmesjoues.Jepeuxlefaire.Jeledois.Jeprendsmaguitareetmonsacdetoilenoire. Iln’yapasbeaucoupdechosesdedans. Iln'yapasbeaucoupdechosesdemoique jenelaisseraipasici,jesupposequeçan’adoncaucuneimportance.

Je regardemaguitare. Je veux lui laisser une partie demoi-même.Quelque chose qui lui ferasavoircombienjel'aime.Jeposemaguitarecontrelemur.Ilenprendrasoinpourmoi.Monpèrenemelaissera jamais l'utiliserànouveaude toute façon. Iln'yaura jamaisdeJulliardpourmoi. Ilyauraunmariage.Jeseraiunefemmetrophée.J’auraiunavenir,maispasceluiquejeveux.

Jeneparsavecriend’autrequemonsacdetoilenoireetquelquesvêtements.Jeneprendsriend'autre,àpartsont-shirtAC/DC,celuiquejeportaislanuitoùjel'airencontré.Jesaisquec’estidiot,maisj’ytiens.J’appelleuntaxiavantdedescendreaurez-de-chaussée.Onn’estjamaistropprudentdanscetteville.

Jesautille.Jen’aitoujourspasdemanteauetilfaitfroid.Ilfaitencorenoirdehors.Iln'yapasd'étoilesdanslecielàcausedetoutesleslumièresdelarue.Letaxiralentitenfacedemoietj’avancesurletrottoir.Jeregardel’immeubleetréciteunepetiteprièrepourMatt.ToutirabienpourMatt.Ils’ensortira.Moi,jenem’ensortiraipeut-êtrepas,maisLoganauraMatt,lerestedesesfrèresetHayley.

Jerespireàfondetentredansletaxi.Jedisauchauffeurdemeconduireàl'aéroportetquejevaisdevoirpasserparuneentréeprivée.Ilmeregardedeprèsdanslemiroir.Puisilhausselesépaulesetmeconduitoù je luidemande. Jecontourne la sécurité à l'intérieurde l'aéroport,maisnousdevonsencore passer d’autres contrôles. Ils appellent l'avion, et le pilote dit aux gardes du corps que jevoyagerai confidentiellement et qu'ils ontmon identification. Jen'y avaispasmêmepensé,mais çanem’étonnepasdelapartdemonpère.

Songardeducorpspersonnelattendaubasdel'escalierdel'avion.«MissMadison,»dit-il.«Commentçava,Watkins?»demandé-jeavecdésinvolture.Ilsourit.«J’aimevoscheveux.»«Regardez-lespendantquevouspouvezparcequePapamedemanderade les teindre aussitôt

rentréeàlamaison.»Jepousseunsoupir.Jesuissifatiguée.Jemetaiscarc'estcequejesuiscenséefairejusqu'àcequenousdécollionsetnousstabilisions.

Lepilotevientme saluer. Je le connais aussi,mais je suis incapabledeme rappeler sonnom.« Miss Madison, » dit-il avec un signe de tête. « Je suis heureux que vous soyez sur mon volaujourd’hui.»

«Pasmoi,»jemarmonne.Ilnerépondpas.Ilnefaitquepasseretretournedanslacabine.Ilestencoretôtetilfaitencore

sombre,donc jenepeuxmêmepasregarder lavillependantquenousdécollons.Jevois les lumières,maisellesnereprésententpascequecettevilleestpourmoi.Cettevillereprésentetellementplus.

Lorsquelepilotedéclarequenousavonsatteintl’altitudedecroisière,jedébouclemaceintureetparsmecoucherdansla«chambre».

« Puis-je vous offrir quelque chose, Emily ? » demandeWatkins. J’enfouis mon visage dansl’oreillerafinqu’ilnepuissepasvoirmes larmes.Jesecoue la tête.«Faites-moisavoirsivousavezbesoindequelquechose,Em»dit-ildoucement.Plusfermement,«Quoiquecesoit.»

Jehochelatête,monvisagetoujoursenfouidansmonoreiller.Jesanglotejusqu'àcequejesoistropépuiséepourcontinuer.Puisjedorsleresteduvol.Ilsme

réveillentpourbouclermaceinturejusteavantl’atterrissage.Jevaisdanslasalledebainetmelavelevisage,mebrosselescheveuxetm’arrange.Monpèrevaavoirunarrêtcardiaque.Maisjepeuxaumoinsfairel’effortd’êtreprésentable.

Lalimousines'arrêteàcôtédel'aviondèsqu'ilatterrit.Watkinsouvrelaporteetjemeglisseàl'intérieur.Puisjem'arrêtesoudainement.Mamèreestàl'intérieur.Satenueestparfaite,commetoujours.Maissesyeuxbrunsnesontpasceuxquejeveuxvoir.JeveuxleregardbleudeLogan.Cesonteuxquej’aienviedevoir.

Elle me regarde ainsi que Watkins, qui ferme la porte derrière moi et va s'asseoir avec lechauffeur.Ilnefaitjamaisça.Maismamèreréussittoujoursàobtenircequ’elleveutenunclind’œil.

«Emily,»dit-elled’unevoixnette.«Maman,»réponds-je.«Tuneressemblesàrien,»dit-elle.Etsonvisagesefendenfind’unsourire.«Oùestpapa?»Jetournoieunemèchedemescheveuxnoirsautourdemondoigt.«Tonpèreestdanslepétrin,j’enaibienpeur.Ilatoutgâché.Iln’estdoncplusenchargedecette

affaire.»Mamèren’ajamaisrienfaitdesemblable.Jenepensaispasqu’ellepouvaitserebeller.«Quoi?

»«Tonpère est la raisonpour laquelle tu t’es enfuie de lamaison.Ton père est la raison pour

laquelle tuasétéabsentependantplusde sixmois.Tonpèreet sesplansbien-pensants sont la raisonpour laquelle j’ai perduma fille. »Savoix craque sur lederniermot.Mamèrene s’effondre jamais.Jamais.Mais elle le faitmaintenant.Les larmes coulent sur ses joues et elle se rapprochedemoi. Jetombedanssesbras.Mamèrem’offretoutcedontj’aibesoinencemoment.

«Jevaistâchertesvêtements,»préviens-jeenreniflant.«Vas-y.Jem’enfiche.»Ellemeserrecontreelle.«Dis-moitout.»Jem'assieds.«Tuneveuxpastoutentendre.»Ellesoupire.«Jenepeuxpast’aidersijenesaispasquelestleproblème.»«Maman»,dis-jed’untonplaintif«Jevaiscommencerpourtoi,»dit-elleensouriant.Ellesemoquedemontonennuyéetdit:«Eh

bien,ilyacegarçon...»Ellemefaitsignedecontinuer.Jeraconteàmamèrel'histoirepourlaquellejesuispartie,oùj'aiété,cequej'aifait.Àlafindemonhistoire,elledit,«Tonpères’attendtoujoursàcequetuépousescegarçon.»

Jehochelatête.«Jesais».«Maiscelaneseproduirajamais.Jamais.»Monregardlafixe.«Allonsausalonnousoccuperdetoutça.»«Maman,»jerespire.«J'aipromisàpapa.»Elle tapotemamain. «Tuverras.Fais-moi confiance. »Et pourune raisonque j’ignore, je la

crois.###

Dans les quatre heures suivantes, nous changeons la couleur de mes cheveux pour leur teinte

naturelle,peignonsmesonglesd’unrosebrillantaulieudunoiretelleenvoiequelqu'unmechercherunenouvelletenue.Elleaénormémentdegenspours’occuperdesesaffaires.

Lorsquenousavonsterminé,jemesenscommemonanciennemoi.Maisjenelesuispas.Jeneleseraijamais.

Nous nous arrêtons chez nous et le portail est ouvert. Je suis tellement confuse. Il y a descamionnettespartout.«Qu'est-cequec’estqueça,maman?»demandé-je.

«C'estmoigérantcettesituationpourtoi.»Ellepassedistraitementunemainsurlalongueurdemescheveux.«Tuesunefilleintelligente,Emily.Tupeuxfairetespropreschoix.»

Leslarmespiquentmespaupières.Jesuisunefilleintelligente.Quelqu'und'autrequeLoganl’adit.

LoganJesuisterrifié.Emilyestpartiemaissaguitareesttoujourslà.Elleestpartiebienavantquejeme

sois levé cematin. Son sac noir n’est plus là non plus. Ainsi que toutes ses affaires personnelles, àl'exceptiondelaguitare.Elleneseraitpaspartie,n’est-cepas?Paspourdebon.

Paul est assis à côtédemoi sur le canapéet il frappemamainenvoyantque jeme ronge lesongles.«Ellevarevenir,»dit-il.«Arrêtedet'inquiéter.»

Ellenereviendrapas.J’ensuissûr.Jemesuisrenducomptequ'enmedisantsonnomhiersoiretenmelaissantluifairel’amour,ellenemedisaitpasqu'ellem’aimait.Ellemedisaitaurevoir.Çam’afaitmalcommejamaisquandjel’airéalisé,maisc’estlavérité.J’ensuissûr.

Letéléphonesonne.Jesursautelorsqueleslumièresclignotent,signalantlasonnerie.Paulcourtpouryrépondre.«Mattditd’allumerlatélé,»ditPaul,enmettantlachaînedesinfos.

Leprésentateurcommenceàparler.Jelislessoustitrescarilssontaffichésaubasdel’écran.« Dans les nouvelles de célébrités d'aujourd'hui, la fille prodigue de l'un des hommes

d’affaireslesplusinfluentsdesÉtats-Unisaétéretrouvéevivante.»«Qu'est-cequecelaaàvoiravecnous?»demandé-jeàPaul.« Vous vous rappelez peut être du cirque médiatique il y a plus de six mois quand Emily

Madisonadisparu.»Latélévisionmontrelaphotod'uneblonde.Paulmedonneunegrossetapesurletorsepourattirermonattention.Çafaitunmaldechienmais

monregardestfixésurlatélévision.« Emily Madison a disparu il y a plus de six mois, mais elle est revenue à la maison

aujourd'hui.»«C'estmonEmily, » je respire.Ses cheveux sont blonds.Et elle a un sourire à unmillionde

dollarsainsiquedesbouclesd'oreillesàplusieursmillionsdedollars.Paulmetapeencoreplusfort,alorsjeleregarde.«C'estKit?»demande-t-il.Je lui fais signe de lamain pour le faire taire. Ilmonte le son. J’observe lesmots au bas de

l'écran.Jemeprécipiteenavant,monpostérieurestdoncenéquilibresurlebordducanapé.«Emilyaacceptéderépondreàquelquesquestions.»Jeregardelafemmequej'aimemontersurlepodium.Elleclignedesyeuxetbranditsamainpour

secacherdusoleil.Jepeuxvoirlestachesderousseursurleboutdesonnezetmoncœurbascule.ElleestenCalifornie.

«Bonjour,»dit-elle.La foule commence àposer desquestions. Ils affichent seulement les questions auxquelles elle

répond.«Oùétais-je?»répète-t-elle.«J'étaisàNewYorkpendantsixmois.C’estunelonguehistoire,

maisjenevousennuieraipasavecelle.Parfois,unefilleajustebesoind'unepause.»Lessous-titresindiquentqu'ellerit,maisiln'yapasderiredanssesyeux.

«Est-cequevousallezbien,Emily?»demandequelqu'un.«Jevaisparfaitementbien,»dit-elle,ensouriant.«Commejamais.»«Êtes-vousmaladementalement,Emily?Avez-vouseuunecrised’angoisse?Avez-vousétéen

curededésintoxication?»Elle regarde la personne avec surprise.« La dernière fois que j'ai vérifié j’étais tout à fait

normale.»Elleregardesoncorpsettapoteseshanchesetsonventre.«Non,jepensequejevais trèsbien.»

«Avez-vousétéenlevée,Emily?»

Ellesecouelatête.«Non.Aucunactecriminel.J’étaisparfaitementensécuritéduranttoutcetemps.»

Quelqu'unmonte sur le podium pour emmener Emily et j’ai mal en la voyant faire un pas enarrière.Uneautrequestiondéfilesurl'écran.

«Quelssontvosplanspourl'avenir,Emily?»Elle sourit. Puis elle regarde directement dans la caméra, s’adressant directement àmoi. Elle

auraitaussibienpumefrapperdansl'intestin.«Jevaisàl’écoleJulliardpourétudierlamusiqueauprintemps.»

Monestomacdescendjusquedansmesorteils.«PourquoiNewYork,Emily?»demandequelqu'unavantqu'ellepuisses’éloigner.Elleinclinelatêtesurlecôtéetmeregardefixementencoreunefois.Ellelèvelamainetsigneje

t'aimeetjevoisletatouagequiestsursonavant-bras.C'estunecléetleslettresdemonnomsontécritessurlatige.

JeregardePaul.«As-tufaitça?»Ilsouritethausselesépaules.«Cen'estrien.»C’esttout.C’estabsolumenttout.Lejournalisterépètelaquestion.«PourquoiNewYork,Emily?»«C'estsimple,»dit-elle.«C'estparcequej'aimeNewYork.J'aimeNewYorkdetoutmoncœur

etj'aihâted'yretourner.J'avaisbesoindevenirvoirmonpèrepourqu’ilpuisses'occuperdequelquechosepourmoi,mais jevaisretourneràNewYork.»Ellesepencheprèsdumicro.«Je t'aimeNewYork.N’endoutejamais.Àbientôt.»

Puisellefaitunsignedelamainetpart.Jeretombecontrelecanapé,essayantdemeressaisir.«Merde,»ditPaul.«ElleapayépourletraitementdeMatt.»«Quoi?»Jesuisencoreabasourdi.«Elleestretournéechezeuxpourtoi,»explique-t-il.IlatoujoursMattautéléphone,etilnous

parleàtouslesdeuxenmêmetemps.Ellel’afaitpourmoi.«Ellel'afaitpourmoi,»dis-jeàhautevoix.«Toileconnardchanceux,»ditPaul,medonnantuncoupdepoingdanslebras.«ElleseraderetourpourlasessiondeprintempsàJulliard.»Lebonheurenveloppemoncœur

commeunecouverturebienmoelleuse.Paulhochelatête.«Mattseraàlamaisond'icilà.»NousespéronstousqueMattseraàlamaisond'icilà.Mattaunechancedereveniràlamaison,et

c’estgrâceàEmily.JebondisetPaulmeprenddanssesbraspourm’enlacer.«Ellevarevenir?»Jedemande.Jenepeuxpasycroire.«Ellen’estpaspartiepourdebon?»«Ellevient justededireaumondeentieràquelpointelle t’aime,abruti.»Paulmefrappede

nouveaul’épaule.Ellerevient.PourJulliard.Pourmoi.

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