génisses laitières

7
27 DOSSIER 27 septembre 2019 Coordination du dossier : Fanny Hanser (chambre d’agriculture de Bretagne) avec Claire Le Clève (Terra) Rédaction : Pascale Morin, Guylaine Trou, Aurélie Parois, Marylise Le Guénic, Céline Bessou, Fanny Hanser Crédits photos : chambre d’agricul- ture de Bretagne et Claire Le Clève Rentabilité, production, temps de travail, enjeux climatiques… Les génisses laitières ont toute leur place dans l’ensemble de ces débats. Elles sont de moins en moins reléguées au rang de second rôle face aux vaches. Optimiser leur élevage peut être un levier sur l’une ou l’autre de ces problématiques. Élever le nombre de génisses nécessaire, réduire l’âge au vêlage et les coûts, le tout avec des génisses en bonne santé et en respectant les croissances, sont autant d’éléments de plus en plus travaillés par les éleveurs, soit individuellement ou en for- mations. Faire les bons choix Génisses laitières

Upload: others

Post on 21-Jun-2022

4 views

Category:

Documents


0 download

TRANSCRIPT

Page 1: Génisses laitières

27DOSSIER 27 septembre 2019

27 septembre 2019

Coordination du dossier : Fanny Hanser (chambre d’agriculture de Bretagne) avec Claire Le Clève (Terra)Rédaction : Pascale Morin, Guylaine Trou, Aurélie Parois, Marylise Le Guénic, Céline Bessou, Fanny HanserCrédits photos : chambre d’agricul-ture de Bretagne et Claire Le Clève

Rentabilité, production, temps de travail, enjeux climatiques… Les génisses laitières ont toute leur place dans l’ensemble de ces débats. Elles sont de moins en moins reléguées au rang de second rôle face aux vaches. Optimiser leur élevage peut être un levier sur l’une ou l’autre de ces problématiques.Élever le nombre de génisses nécessaire, réduire l’âge au vêlage et les coûts, le toutavec des génisses en bonne santé et en respectant les croissances, sont autant d’éléments de plus en plus travaillés par les éleveurs, soit individuellement ou en for-mations.

Faire les bons choixGénisses laitières

Page 2: Génisses laitières

28 DOSSIER 27 septembre 2019

27 septembre 2019

L’élevage des génisses a un coût. Il nécessite 18 heures de travail par animal produit et amène à constituer des effectifs non négligeables sur l’exploitation. La maîtrise du renouvellement se décide donc dès la réalisation du plan d’accouplement en visant un optimum de 25 % de taux de renouvellement. À vos calculettes.

Les données des élevages et des sta-tions expérimentales montrent qu’en vitesse de croisière, il semble difficile de réduire durablement le niveau de réformes obligatoires en dessous de 20 %. A cela, il convient d’ajouter une marge de sécurité d’en moyenne 5 %. Un taux de renouvellement de 25 %, est donc un objectif raison-nable mais à ajuster au cas par cas. A titre d’exemple, pour un troupeau de 70 vaches laitières, cela représente 18 génisses de renouvellement.

Éviter les surplusOr pour ce troupeau de 70 VL avec 100 % d’inséminations en races lai-tières sur les vaches et génisses, on obtient en moyenne 27 femelles nées vivantes (en tenant compte du sex-ratio, de la mortalité et du taux de fécondation moyens). 14 per-mettent de compenser les 20 % de réformes obligatoires, 4 assurent une sécurité. 9 génisses sont donc

à vendre au stade veau, ou plus tard, mais attention au coût de la génisse et au prix de vente de celle-ci. Dans cet exemple, il aurait été possible d’inséminer 20 vaches en croise-ment viande pour éviter ce surplus de génisses.

Doses sexées, à vos calculsL’utilisation de doses sexées a per-mis pour certains une augmentation plus rapide du cheptel laitier. Pour d’autres, l’inflation du nombre de génisses a été subie, avec parfois

des ruptures dans le marché de la génisse amouillante ou en lait.Avec l’exemple précédent de nos 70 vaches laitières et 18 génisses à garder, l’utilisation de doses sexées sur 100 % des génisses (avec un maximum de trois IA par génisse) conduit à 5 femelles supplémentaires par rapport à l’utilisation de doses classiques, et au total 12 génisses issues des génisses. Il ne reste donc plus qu’à faire naître 6 génisses issues du troupeau de vaches. Si vous n’avez pas recours aux doses sexées sur les vaches laitières, vous pouvez

Le nombre de génisses se décide dès le plan d’accouplement

28 DOSSIER 27 septembre 2019

27 septembre 2019

1 Ex. de stratégies d'insémination, conséquences sur le nombre de génisses

% de génisses inseminées En semences sexées

% vaches inseminées en croisement viande

(sur l'ensemble des vaches mises à la reproduction)

Nombre de génisses en "trop": Exemple pour 70 VL et 25 % de

renouvellement

0% 0% 9

0% 35% 0

100% 0% 14

100% 76% 0

Veau de boucherie, pour quels besoins ?

En 2018, plus de la moitié des 370 000 veaux laitiers mâles et veaux croisés (mâles et femelles) nés en Bre-tagne a été valorisée dans un élevage de veau de boucherie du Grand Ouest. Une filière très complémentaire de la filière laitière.Cette filière d’engraissement subit l’éro-sion de la consommation de viande de veau. L’année 2019, a été compliquée en termes de marché. Conséquence, c’est moins de demande de veaux nourrissons à certaines périodes.La filière évolue pour suivre les nouveaux modes de consommations avec de nouveaux relais de croissance en hachés et grillades (sau-cisses, boulettes de veau). Avec ses performances d’engraissement et son coût de production, le veau Holstein est bien adapté à ce type de produit. Reste le besoin de veaux croisés ou de race à viande "haut de gamme" pour la boucherie notamment, mais en volumes plus limités.Attention, on constate une hétérogénéité des veaux croisés de type Holstein x Blanc Bleu. La moi-tié se développerait du côté "viande" du père et l’autre moitié du côté "laitier" de la mère. Consé-quence : En fin d’engraissement, des déceptions sur l’engraissement (conformation R= ou R-, voire O) et sur la rentabilité économique, d’où une pression sur les prix des croisés de qualité infé-rieure renforcée par le développement du sexage associé au croisement viande. Prenez le temps de discuter avec votre marchand de ce qu’il recherche et du devenir de vos veaux et mieux vous pourrez adapter les veaux à faire naître.Enfin, pour relever le challenge de la réduction de l’antibiothérapie, les veaux nourrissons doivent être en bonne santé, robustes, vigoureux. Par tous les soins apportés jusqu’à leur vente, vous êtes des partenaires majeurs des éleveurs de veaux de boucherie. / Aurélie Parois

La moitié des veaux du troupeau laitier valorisée dans un élevage de veaux de boucherie.

Page 3: Génisses laitières

29DOSSIER 27 septembre 2019

27 septembre 2019

inséminer alors 45 vaches en croise-ment viande soit 76 % des vaches à inséminer 1 . Le croisement viande permet de compenser en partie le surcoût de l’utilisation des semences sexées.Des outils ont été mis en place par la chambre d’agriculture de Bretagne pour aider à clarifier sa stratégie. Ces outils sont mis à disposition dans le cadre des formations génisses, et lors de conseils individuels.

Définir votre stratégie !En pratique, voici les étapes clefs à respecter :

Définir de combien ai-je besoin de génisses laitières ? Clarifier le nombre de vaches à inséminer en croisement ou nombre de génisses à vendre pour ne pas avoir trop de génisses, compte tenu de l’utilisation de semences sexées ou pas, des per-formances de reproduction sur vaches et génisses, des taux de mortalité des veaux… Pour faciliter la maîtrise du nombre de génisses élevées, il peut être pertinent de regrouper les naissances de génisses sur une ou deux périodes. Cela facili-tera aussi l’élevage des génisses grâce à la constitution de lots homogènes. Fixez-vous une date ou deux en cours d’année pour faire le point sur le nombre de femelles pleines de taureaux de race laitière et donc sur le nombre de femelles de renouvellement attendues. Vous pourrez alors revoir les insémina-tions en croisement viande, à la baisse ou à la hausse. De même à cette date, faîtes le point sur le nombre de génisses nées et sevrées. N’hésitez pas à vendre les génisses "en trop" à 15 j, même à faible prix. Le 1er euro de gagné est l’euro non dépensé ! Si elles ne sont pas vendues, attention à ce qu’elles ne restent pas sans acquéreur d’ici leur deux ans. Sans client habituel, la vente de génisses amoui l lantes est un par i . Connaître le coût d’élevage per-met d’évaluer la rentabilité de leur vente en amouillante.

Pascale Morin et Guylaine Trou

29DOSSIER 27 septembre 2019

27 septembre 2019

Le nombre de génisses se décide dès le plan d’accouplement

2 Critère de choix d’un taureau en croisement "viande"

Race du pèreDestination

Prix de vente potentielVeau de boucherie Gros bovins

INRA95 +++ + +

Blanc bleu belge +++ + +++

Charolais (muscularité précoce) ++ + ++

Charolais (aptitude bouchère) - +++ ++

Limousin ++ ++ +

Blonde d'aquitaine + ++ +

Parthenais ++

Angus, Herefors - Essai en cours à Mauron Selon débouché

D'après le guide "Gagner plus par mes produits" - chambre d'agriculture de Bretagne.

Croisement viande, priorité à la facilité du vêlage

"J’ai peur des vêlages difficiles avec le croisement industriel, c’est pour cela que je n’en fais pas", témoignait Denis en formation, éleveur dans le sud Ille et Vilaine. En effet, la priorité pour un éle-veur laitier, dans le choix des taureaux de race à viande, doit être la facilité de vêlage avant le prix de vente du veau. Certaines races disposent d’un index spécifique de facilité de naissance en croi-sement viande (IFNxt). En second lieu, échanger avec le marchand de veau permet de fournir des veaux adaptés à ses débouchés 2 . Pour des veaux de boucherie, le choix de race précoce donnant des veaux bien conformés à trois semaines, est un atout. La baisse du prix des veaux de ces der-niers temps, n’incite pas forcément à engager du temps de travail ou des frais. Reste qu’ un veau en bonne santé, bien conformé sera toujours mieux valorisé. Peut également se poser la question de l'utilisation de semences sexées mâles.

Le taux de renouvellement et l’âge au vêlage ont des répercussions sur les effectifs à gérer, sur le temps de travail et la pression en bâtiment.Avec un troupeau de 70 VL en régime de croisière, en passant de 35 % à 25 % de renouvelle-ment, le nombre de génisses à garder tous les ans passera respectivement de 25 à 18. Ce qui fait 35 génisses présentes dans l’élevage pour un âge au vêlage de 24 mois, au lieu de 49, soit 14 génisses en moins dans les bâtiments ou au pâturage et donc une incidence sur la pression sani-taire ou les besoins en fourrages. Sur la base d’une journée de 10 h de travail, le nombre de jours à passer pour l’élevage des génisses passera alors de 44 à 32 jours par an : et 12 jours gagnés.

Temps consacré aux génisses

(j/an)

10 h/jour

32

44

Effectifs génisses présents sur l'exploitation

selon l'objectif d'âge au vêlage

24 mois 30 mois

35 44

49 61

Nbre de génisses gardées/

an

Taux de renou-vellement

25 % 18

35 % 25

Effectifs présents et temps de travail18 h par génisse produite

Nombre de VL = 70

De 35% à 25% de renouvellement : gagnez 12 jours

Page 4: Génisses laitières

30 DOSSIER 27 septembre 2019

27 septembre 2019

25 euros des 1 000 litres en moyenne, le coût du renouvellement est un poste de charges important et révèle de fortes disparités. Le gain potentiel pour les exploitations les plus dépensières est de 9 000 €. Travailler sur sa stratégie de renouvellement et le coût de production des génisses permet d’optimiser ce coût.

En 2017, le coût de renouvellement est en moyenne de 25 € par 1 000 l vendus en conventionnel et de 30 € en agriculture biologique 1 (d'après résultats des 115 exploitations

conventionnelles et 27 exploitations bio suivies dans le cadre de l’obser-vatoire des systèmes laitiers de la chambre d’agriculture de Bretagne). Des chiffres stables par rapport à l’année précédente.La variabilité entre les élevages est très importante 2 . L’écart sur le coût de renouvellement entre les plus éle-vés et la moyenne est de 17 €/ 1 000 litres en conventionnel et de 31 € en agriculture biologique. Le gain potentiel est de 8840 € pour une exploitation conventionnelle à 520 000 litres vendus et de 9 455 € pour une exp lo i ta t ion b io à 305 000 litres vendus.

Le coût de production en jeuLes écarts s’expliquent principale-ment par le coût de production d’une génisse et la stratégie de renouvel-lement (taux de renouvellement et taux de réforme). En effet, les exploi-tations avec un coût de renouvelle-ment élevé ont un coût de génisse plus élevé, lié au fort taux de réforme impliquant un renouvellement plus important.Dans le tableau 2 , on observe aussi un coût alimentaire plus important

chez les plus élevés par rapport à la moyenne (écart de 116 € par génisse en conventionnel et de 129 € en bio). Le gain potentiel sur le coût alimen-taire est d’environ 2890 € par exploi-tation en conventionnel et 2660 € en bio.D’autre part, le coût de la génisse est plus faible en bio : 1 321 € contre 1 441 € en conventionnel. Pourtant, le coût de renouvellement est plus élevé de 5 €/1000 L en bio. En effet, les besoins en renouvellement sont

Renouvellement, un coût de 25 € des 1 000 litres

30 DOSSIER 27 septembre 2019

27 septembre 2019

Calcul du coût de renouvellement

Le coût de renouvellement est la différence entre le produit de la vente des vaches de réforme et le coût pour produire des génisses laitières qui remplacent les réformes et les pertes de vaches. Il est calculé sur un exercice comptable et s’exprime en euros par 1 000 litres. Pour l’évaluer, les frais d’élevage, les frais vétérinaires et les charges fixes sont affectés selon des clés de répartition.

Exploitations conventionnelles (n=115) Exploitations bios (n=27)

¼ faible Moyenne ¼ élevé ¼ faible Moyenne ¼ élevé

Coût renouvellement (€/1000 L) 11 25 42 4 30 61

Cout génisse (€/génisse) 1288 1441 1649 909 1321 1553

dont coût alimentaire 328 426 542 110 245 374

Age au vêlage (mois) 27,2 27,5 28,3 26 27,7 27,6

Prix des réformes (€/réforme) 926 831 765 800 810 740

Taux de réforme (%) 21 26 31 22 24 35

Lait vendu par exploitation (L) 499 157 587 070 576 993 306 726 306 958 272 080

Nb de VL 72 81 81 88 74 65

Nb de réformes /100 000 L 3 4 5 7 6 9

(Observatoire des systèmes laitiers chambre d’agriculture de Bretagne-clôtures 2016-2017- tri sur le coût de renouvellement €/1000 L)

2 Résultats technico-économiques du renouvellement du troupeau laitier

1 Coût de renouvellement moyen (€/1 000 litres vendus)

Prix de cession du veau

Coût alimentaire (fourrage, concentrés)

Frais vétérinaires

Frais d'élevage

Charges sociales et salariales

Bâtiments, foncier, mécanisation, divers

structure

Coût de renouvellement

Ventes des réformes

Coût des génisses de renouvellement

Produits des vachesde réformes

05

101520253035

2017201620172016

25 25

33 30

Conventionnel Agriculture biologique

Page 5: Génisses laitières

31 27 septembre 2019

27 septembre 2019

plus importants en bio pour pro-duire la même quantité de lait : pour 100 000 litres vendus, six vaches sont réformées en moyenne en bio contre quatre en conventionnel, du fait d’un nombre de vaches plus important avec un niveau de production plus faible.

Élever trop de génisses peut coûter cherUne génisse est un réel investisse-ment, car elle coûte cher à pro- duire 3 . Ce coût tient compte de la cession du veau et des charges affec-tées aux génisses : alimentation, fourrages et concentrés, frais d’éle-vage, charges de structure et dépenses financières. Comme pour le coût de renouvellement, les écarts sont très importants. L’ensemble des postes est concerné : coût alimen-taire, mais aussi la mécanisation-bâtiment et frais financiers. Il faut veiller à maîtriser ce coût par des conduites d’élevage économes et en

élevant le juste nombre de génisses. Réfléchir sa stratégie en fonction des besoins de l’élevage, des conditions sanitaires tout en gardant une marge de sécurité est essentiel pour optimi-ser ses résultats.

Âge au vêlage, quel idéal ?L’âge au vêlage est en moyenne de 27,5 mois en conventionnel et 27,7 en agriculture biologique. Dans les résultats de l’observatoire, le lien entre le coût de la génisse et l’âge au vêlage n’est pas significatif. Pour un même âge au vêlage, on observe d’ailleurs des coûts de génisses très différents d’un élevage à un autre. Par exemple, pour un âge au vêlage de 28 mois, le coût varie de 900 à 2 500 € par génisse. En revanche, réduire l’âge au vêlage permet de faire des économies de fourrages, de places de bâtiment et de temps de travail.

Céline Bessou

Maîtriser le taux de réforme

31DOSSIER 27 septembre 2019

27 septembre 2019

Renouvellement, un coût de 25 € des 1 000 litresMaîtriser le taux de renouvellement repose sur un véritable choix des vaches à réformer. Une fois les choix faits, reste à planifier les sorties et à prendre une marge de sécurité pour ajuster au mieux les ef-fectifs aux objectifs de livraisons de lait.

� Curable ou incurable ?Les vaches nouvellement infectées de mammite subclinique ont au moins deux chances sur trois de guérir au tarissement. Il serait dommage de les ré-former sans avoir essayé.Par contre les vaches qui n’auraient pas guéri au ta-rissement sont à réformer. De même que des vaches qui ont fait plusieurs mammites cliniques dans le même quartier. Elles ont peu de chances de guérir, ne sont pas rentables, augmentent la consommation d’antibiotique et le risque d’inhibiteur. A défaut, il faut au moins arrêter de traire le quartier. D’une fa-çon générale, les animaux devant sortir rapidement du troupeau sont ceux répondant aux cas de mam-mites évoqués précédemment et ceux atteints de maladies chroniques (boiteries incurables, troubles digestifs, maladies contagieuses). Les vaches qui ne remplissent pas font aussi partie des réformes obligatoires. Mais elles ont souvent une bonne per-sistance et leur réforme peut être décalée dans le temps.

� Productive ou improductive ?Les animaux qu’on ne souhaite pas garder pour des raisons autres que sanitaires (production, taux mor-phologie) peuvent servir de variable d’ajustement. Il convient de s’interroger si ces réformes sont réelle-ment obligatoires. Il faut se rappeler que le progrès génétique qu’on espère à s’en séparer, ne s’expri-mera pleinement que si leurs remplaçantes ont le temps d’exprimer pleinement leur potentiel (après le 3e vêlage).

� Une marge de sécurité de 4 %Prévoir une marge de 5 % de réformes subies per-met de sécuriser la prévision de production en cas d’accident sanitaire ou de potentiel litre de lait sup-plémentaire à réaliser. Ce chiffre minimum peut être discuté avec le vétérinaire ou les techniciens en fonction de la situation sanitaire de l’élevage. Il est conseillé de faire le bilan de ses causes de réformes sur au moins deux années. Ce bilan permet de comp-tabiliser les réformes obligatoires, donc les besoins en génisses et de travailler sur la réduction des problèmes sanitaires prépondérants de l’élevage. / Marylise Le Guénic

Et si on gagnait une lactation par vache ?

En moyenne, les vaches réformées ont réa-lisé un peu plus de trois lactations. Une pri-mipare qui remplace une 3e lactation, c’est 1 500 kg de lait produit en moins, selon le contrôle laitier (source : Idele, 2018 – race Prim Holstein). L’année suivante, cette fe-melle en seconde lactation produit encore 200 kg de lait de moins que la vache qui aurait été en 4e lactation. Il faut attendre sa 3e lactation, pour que la différence de progrès génétique s’exprime, en sa faveur par rapport à la femelle qu’elle a rempla-cée. Sur trois ans, le remplacement d’une 2e ou 3e lactation par une primipare, c’est 1 300 kg de lait en moins, malgré le progrès génétique. Le remplacement d’une vache en 4me lactation par une primipare, c’est seulement 600 kg de lait de moins. Un taux de réforme de 25 %, c’est en moyenne des réformes à quatre lac-tations et non trois comme c’est le cas actuellement, avec plus de 31 % de réforme (boucherie et pertes).

3 Détail du coût moyen d'une génisse

€/génisse Conventionnel AB

Cession veaux 100 100

+ Coût concentrés 219 92

+ Coût fourrages 207 153

+ Frais divers d’élevage et frais généraux 915 976

= Coût de la génisse produite 1 441 1 321

Une primipare qui remplace une 3e lactation, c’est 1 500 kg de lait produit en moins.

Maîtriser le taux de renouvellement repose sur un véritable choix des vaches à réformer.

Page 6: Génisses laitières

L’élevage des génisses est un sujet de plus en plus abordé en formation d’éleveurs. Alimentation, coûts, logements, santé… De nombreux sujets peuvent être étudiés. 13 éleveurs du groupe lait de Chateaugiron (35) s’y sont penchés avec succès.

Ils ont fait le choix de passer deux jours sur cette thématique et de s’intéresser à leurs coûts alimentaires en lien avec la croissance de leurs génisses et l’âge au vêlage. Un choix de programme gagnant pour disposer de tous les éléments et optimiser davantage la conduite de ses génisses.

Quel est mon coût alimentaire ?446 €, c’est le coût alimentaire moyen par génisse produite du groupe (pour une génisse née en octobre). Les coûts vont de 334 € à 628 € et ils s’expliquent davantage par la composition de la ration, le prix et la quantité de concentrés que par l’âge au vêlage 1 .

Faire le lien entre alimentation et croissance en groupe lait

32 DOSSIER 27 septembre 2019

27 septembre 2019

Ils ont dit...

0

100

200

300

400

500

600

700

800

Concentrés + Minéraux Herbe pâturée ou en vert Âge vêlage

C. aliment totEns. Herbe - Enrubannage Maïs Paille ou Foin

13121110987654321

Moyenne groupe

Coût

(€/g

éniss

es)

Âge a

u vêla

ge

Éleveurs

26

334 338 357406 419 429 439 452 455 471

495

597628

27 2726 26 26 26

28 28 28 29

26 27

446

0

6

12

18

24

30

Les rations et coûts ont été détaillés suivant les trois périodes de l’élevage des génisses : de la naissance au sevrage, du sevrage à six mois et de six mois au vêlage. Des focus qui permettent aux éleveurs d’identifi er préci-sément par âge les optimisations possibles pour réduire leurs coûts. De la naissance au sevrage, les éleveurs confrontent leurs choix d’allaitement, les concentrés et l’âge au sevrage. Du sevrage à six mois, d’autres distinctions se font entre rations sèches ou rations à base d’ensilage de maïs. Et de six mois au vêlage différents choix peuvent infl uencer, notamment le pâturage. Pour ce groupe, 12 éleveurs ont du pâturage dans

leur ration et six sortent les génisses dès la première année, ce qui leur permet d’abais-ser leur coût.

Réduire mon coût mais pas les croissancesRéduire mon coût alimentaire ? Réduire les concentrés ? Réduire l’âge au vêlage ? Des questions qui permettent certes de faire des économies mais qui font dire aux éleveurs "et si les croissances ne suivent pas" ?Quatre éleveurs de ce groupe ont recours à un contrôle de croissance régulier ou occa-sionnel. Un réalise quatre pesées par an et les trois autres mesurent ponctuellement le tour de poitrine. 30 % du groupe utilise donc un outil pour déterminer la croissance des génisses. C’est dans la moyenne de ce que d’autres enquêtes, réalisées en 2013-2014 par la chambre d’agriculture (Trou et al., 2013,Mathieu et al., 2014), avaient déjà mis en avant : 35 % des éleveurs indiquaient utiliser des outils de suivi de croissance pour leurs génisses.Lors de la formation, 12 éleveurs ont réalisé des mesures de tour de poitrine en privilé-giant des génisses autour de six mois, et celles à inséminer. 175 mesures ont été rentrées dans un outil gratuit de suivi de mesure de tour de poitrine 2 . Placées individuellement puis collectivement suivant la race des génisses et pour un objectif de vêlage de 24-27, 58 % des croissancesenregistrées atteignent les objectifs moyens, 33 % sont au-dessus des objectifs et seuls 9 % sont en dessous de l’objectif. Des chiffres intéressants qui confortent dans un premier temps les pratiques des éleveurs, et qui leur permet de prendre des décisions sur leur stratégie d’alimentation des génisses 2 .

Routine ou idées préconçues, les formations génisses avec la chambre d’agriculture permettent de faire le point et répondre aux attentes rapidement.Elles suscitent des réactions cet hiver :Hervé / "Faire le lien entre alimentation et croissance est une approche très intéressante. Cette formation a le mérite de nous motiver à faire des mesures de croissance, ce que nous ne faisons pas habituellement, et permet de conforter des décisions à prendre sur la conduite alimentaire".Aurélien / "Nous élevons tout par sécurité, mais lorsqu’on calcule son coût de renouvelle-ment, la sécurité fi nit par avoir un coût mais nous avons réformé huit vaches, nous avions trop de femelles, elles auraient pu faire une lactation de plus".Laurent / "Nous déléguons l’élevage des génisses. Au début, nous avons mis en élevage, le même nombre que ce que nous avions l’habitude de garder. Au vu des factures, nous nous sommes rendus compte que nous en élevions bien de trop et nous avons réduit à 25 %".Éric / "Avec le progrès dans les troupeaux en terme de conformation de la mamelle notam-ment. Il y a moins besoin de réformer".Jean-Pierre / "Au début de l’installation, tu reprends du lait, tu as besoin de plus d’ani-maux, et tu gardes l’habitude d’élever toutes les génisses. Il faut savoir faire le point et changer de stratégie ensuite".Pour rejoindre la dynamique des groupes lait contactez-nous au 02 23 48 26 83 pour connaître les groupes présents sur votre secteur.

1 Détail coût alimentaire €/génisse (hors allaitement) et âge au vêlage

Situer ses pratiques alimentaires, son coût, son âge au vêlage en groupe permet de trouver des pistes d'optimisations pour son élevage.

Page 7: Génisses laitières

Des mesures régulières pour ajuster les pratiquesEn ayant leur coût alimentaire et en com-parant leurs génisses par rapport à des objectifs de croissance, les éleveurs ont pu individuellement mettre en évidence des pistes. Pour des génisses en retard de crois-sance autour de six mois, il faut s’intéresser à la complémentation ou aux valeurs des concentrés sur la phase 0-6 mois. Pour des croissances souvent supérieures à l’objectif, l’avancement de l’âge au vêlage ou la dimi-nution de la complémentation est une piste à envisager pour faire des économies. Avec 91 % des croissances situées au-dessus ou dans l’objectif et un âge moyen au vêlage de 27 mois, les éleveurs de ce groupe ont mis en évidence qu’ils pouvaient optimiser l’élevage de leurs génisses et les pistes pour y parve-nir. Il est conseillé de réaliser des contrôles de croissance à des périodes clés : autour des six mois, à l’insémination et à la mise à l’herbe ou au retour en stabulation.

Fanny Hanser

33DOSSIER 27 septembre 2019

27 septembre 2019

Faire le lien entre alimentation et croissance en groupe laitSuivre la croissance de ses génisses

Suivre la croissance de ses génisses est primordiale pour adapter l’alimentation à leurs besoins et inséminer au bon moment.L’outil développé par le groupe génisses Bretagne – Pays de la Loire –Normandie permet, pour chaque mesure de tour de poitrine, de situer la génisse par rapport aux objectifs de croissance de sa race en fonction de l’objectif de vêlage visé (24-27 mois, 28-32 mois, 33-36 mois). Trois races ont été référencées dans cet outil (Prim’Holstein, Montbéliarde, Normande) et un code couleur permet de visualiser directement dans quelle catégorie la génisse se trouve.Cet outil de suivi de mesures est gratuit, au format excel et disponible sur : http ://www.bretagne.synagri.com dans la rubrique Elevage/Bovins lait/Outils pratiques/Veaux, génisses renouvellement/BarymétrieSi vous ne possédez pas de barymètre, il est possible d’en acheter au prix de 12,50 € (HT et hors frais de port) contact : Anne Estebanez 02.96.79.21.63

Vous avez des questions, vous souhaitez échanger sur vos pratiques génisses et appro-fondir certains points, ces formations vous concernent :

� Écorner facilement, effi cacement et sans douleur (1 jour)Connaître les enjeux et réglementation liés à l’écornage. Présentation des points clés d’une bonne contention, d’un bon matériel et des différents protocoles médicamenteux. Observation des gestes corrects de l'écornage. En collaboration avec le GDS Lieu : Ferme expérimentale de Trévarez (29). Date : 15/10/2019Contact : Pascale Morin 02.98.52.49.37

� Défi nir la stratégie de renouvellement du troupeau laitier (1 jour)Positionner le coût de renouvellement, réfl échir à sa stratégie et plan d’accouplement : choix des VL à inséminer, à réformer, sexage, croisement, choix des taureaux… Lieu : Saint-Sulpice-des-landes. Avec le groupe lait féminin sud 35 (ouvert à d’autres). Date : 12/12/2019Contact : Céline Bessou 06.12.89.26.01

� Élever simplement ses génisses laitières (2 jours)Les différentes phases de la conduite des génisses de la naissance au vêlage (alimentation, croissances, coûts, bonnes pratiques d’élevage, pâturage, parasitisme …) : apports et échanges de pratiques et mise à disposition d’un guide génisses Lieu : Ploumagoar (22). Date : 11/02 et 3/03/2020Contact : Solenne Dupré 02.96.46.62.68

Les formations génisses prévues

Bilan des mesures

7 génisse(s) mesurée(s)

Dont 1 génisse(s) en dessous des objectifs de développement

4 génisses(s) ayant un développement conforme aux objectifs

2 génisses(s) au dessus des objectifs de développement

Dont 5 génisse(s) pouvant être inséminée(s)

Retour Retour Retour aux résultats aux résultats aux résultats

individuelsindividuelsindividuels

Liste des Liste des Liste des génisses génisses génisses

à inséminerà inséminerà inséminer

Visualiser la croissance de vos génisses avec cet outil conçu pour vous donner des repères.

2 Un outil pour suivre la croissance de ses génisses

Valorisation des mesures de tour de poitrineSaisir les informations dans les cases jaunes

Élevage (facultatif) : Exemple Lot (facultatif) :

Race principale : Objectif d'âge au vêlage :

Prim'Holstein24 - 27 mois ValiderValiderValider EffacerEffacerEffacer

Date de mesure : 17/01/19

Numéro de

travailDate de

naissance Race Objectif d'âge au vêlage

Tour de poi-trine mesuré

(cm)Âge

(mois)Objectifs de tour de poitrine Écart à

l'objectif moyen (mois)Minimum

(cm)Moyenne

(cm) Maximum

(cm)xxxx 24/04/2018 Prim'Hosltein 24-27 mois 140 5,8 127 132 139 0,8xxxx 21/07/2018 Montbéliarde 24-27 mois 126 5,9 124 129 134 -0,4xxxx 25/10/2017 Prim'Holstein 24-27 mois 180 14,7 162 168 175 2,9xxxx 16/08/2017 Montbéliarde 24-27 mois 173 17,0 173 179 186 -1,7xxxx 06/08/2017 Montbéliarde 24 - 27 mois 185 17,3 174 180 187 1,4xxxx 04/08/2017 Prim'Holstein 24 - 27 mois 174 17,4 171 179 186 -1,2xxxx 03/08/2017 Prim'Holstein 24 - 27 mois 186 17,4 171 179 186 1,8