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II Actu Le point sur Strasbourg IV Label La French Tech donne des ailes VI E-santé Jacques Marescaux : « Le patient connecté va révolutionner la chirurgie » XII Formation L’Ircad fait école XIV Chirurgie Mon patient est un clone XVI Les haras Au cœur du Marescaux Land XVIII Novateur La chirurgie du futur a son institut XX Pépites Ces start-up qui soignent XXIV Audace Le rendez-vous des geeks de la santé XXVIII A la carte Par Thibaut Danancher Dossier coordonné par Valérie Peiffer invente une nouvelle médecine Strasbourg Jacques Marescaux, président de l’Ircad. IRCAD - PASCAL BASTIEN/DIVERGENCE 26

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Page 1: FrenchTechMedTech 09 06 2016 - ihu-strasbourg.eu · 2016 et Emosis a conclu un tour de table à 1 million d’euros. En outre, la French Tech Alsace a mis en place sa gouvernance

II Actu Le point sur Strasbourg

IV Label La French Tech donne des ailes

VI E-santé Jacques Marescaux : « Le patient connecté va révolutionner la chirurgie »

XII Formation L’Ircad fait école

XIV Chirurgie Mon patient est un clone

XVI Les haras Au cœur du Marescaux Land

XVIII Novateur La chirurgie du futur a son institut

XX Pépites Ces start-up qui soignent

XXIV Audace Le rendez-vous des geeks de la santé

XXVIII A la carte Par Thibaut Danancher

Dossier coordonné par Valérie Peiffer

invente une nouvelle

médecine

Strasbourg

Jacques Marescaux, président de l’Ircad.

IRCAD - PASCAL BASTIEN/DIVERGENCE

26

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PAR VALÉRIE PEIFFER

F aire de l’Alsace une Silicon Val-ley de la santé dont la place forte serait Strasbourg ! Tel est

le rêve des acteurs impliqués dans les technologies médicales, mais aussi des politiques qui ont fait de ce domaine l’une des priorités éco-nomiques de l’Eurométropole de-puis 2009. « Nous avons une multitude d’atouts pour cela. Entre l’université, les hôpitaux universitaires, l’Institut de recherche contre les cancers de l’ap-pareil digestif (Ircad), l’Institut hospi-talo-universitaire (IHU), spécialisé dans la chirurgie guidée par l’image, les laboratoires de recherche comme

Label. Le territoire affiche son unité pour être incon-tournable dans les Medtech.

ICube, qui travaille sur la robotique, la présence de gros industriels, sans oublier le pôle de compétitivité Alsace BioValley, Strasbourg et la région dis-posent d’un terreau favorable à la créa-tion de start-up dans le domaine de la santé », souligne Guillaume Facchi, directeur des opérations d’Alsace BioValley. Cela n’a pas échappé au ministère de l’Economie, qui, le 24 juin 2015, a décerné au groupe métropolitain qui réunit Stras-bourg et Mulhouse un label French Tech pour son écosystème dans les technologies médicales (MedTech).

Ce label limité à une seule thé-matique a d’abord suscité davan-tage de surprise que de joie. Mais le temps de la déception est désor-mais passé. Strasbourg et Mul-house n’ont pas atteint le Graal de la labellisation Métropole French Tech pour l’ensemble de l’écosy-tème, et alors ? « Par rapport aux villes qui ont obtenu le label classique, nous avons une chance inouïe, assure

Luc Soler, directeur scientifique de l’Ircad et de l’IHU. En France et à l’international, nous sommes recon-nus comme une terre d’innovation médicale. Quand une équipe qui tra-vaille dans les Medtech se posera la question de son implantation, l’Al-sace, avec son label thématique, s’im-posera naturellement. Ce n’est pas un hasard, par exemple, si Medtro-nic a choisi de délocaliser ici ses équipes d’Elancourt. »

Champions de demain. Tout le monde, même les politiques – les plus désappointés –, a donc re-trouvé le sourire et affiche haut et fort sa volonté de dénicher les champions Medtech de demain, les fameuses licornes, ces start-up dont la valorisation dépasse le mil-liard d’euros. « L’obtention du label montre que, si tous les gens se mettent ensemble, cela fonctionne. Cela révèle au monde entier qu’il se passe quelque chose à Strasbourg et pas ailleurs,

Créateurs. Dans les lo-caux du biocluster des Haras, de jeunes entre-preneurs bénéficient d’infrastuctures pour développer les outils technologiques de la médecine du futur.

La feuille de route du campus• Implanter 50 entreprises ; • créer 2 000 emplois ; • former 10 000 profession-nels de la santé par an…

La French Tech donne des ailes

IV | 9 juin 2016 | Le Point 2283

SPÉCIAL STRASBOURG

FREDERIC MAIGROT/REA

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La pépinière affiche completAménagé place de l’Hôpital dans un bâtiment historique qui abrita les archives municipales et fut plus récemment l’annexe de l’Ena, le PH8 a été inauguré en novembre 2012. Née de la vo-lonté de l’Eurométropole, cette pépinière affiche complet depuis son ouverture ! Avec neuf entre-prises hébergées à ce jour, le PH8 se veut la préfi-guration du campus des technologies médicales. « L’idée est d’abriter à la fois des start-up en phase d’amorçage et des entreprises internationales cherchant à s’implanter sur les marchés français et allemands », souligne Nicolas Pellerin, chef du service de l’ensei-gnement supérieur, recherche et innovation. Ainsi y trouve-t-on aujourd’hui GE Healthcare, une filiale du groupe américain General Electric, ProTip Medical, une so-ciété qui a réalisé le premier larynx artificiel et poursuit actuellement les essais cliniques. Mention spéciale pour la petite dernière, Physiocheck, qui s’adresse aux femmes. Issue du Hacking Health Camp (voir page XXIV), cette start-up propose des tests urinaires connectés via une application sur le téléphone, pour diagnostiquer une infection durant la grossesse mais aussi pour suivre le cycle menstruel et hor-monal quand une femme désire avoir un enfant § V. P.

souligne Jacques Mares-caux, président de l’Ir-cad et directeur général de l’IHU. C’est une recon-naissance de la part de l’Etat de l’excellence de notre écosystème, et cela offre une forte lisibilité. »

« On avait le savoir et le savoir-faire, il nous man-quait le faire-savoir, note Séverine Sigrist, prési-dente d’Alsace BioVal-ley et PDG de Defymed. Le label a donné un coup de fouet à l’écosystème, qui s’est for-tifié et structuré. » Trois grandes orientations ont été retenues dans le cadre de la French Tech : l’ins-tauration de conditions favorables à une fertilisation croisée entre le secteur de la santé et celui du numérique, garante d’innovations futures ; la formation et l’accom-pagnement des créateurs de start-up ; la conquête des marchés européens. « Tout compris, la French Tech Alsace vise la création de 500 start-up dont 5 championnes de dimension mondiale, à l’horizon de dix ans », note Catherine Traut-mann, vice-présidente de l’Euro-métropole chargée de l’économie.

Une chose est sûre : depuis plu-sieurs années, Strasbourg s’est donné les moyens de ses ambi-tions. Le campus des technologies médicales (Next Med), un projet d’une trentaine d’hectares, se dé-ploie méthodiquement sur le site historique des Hospices civils de Strasbourg. L’objectif ? Faire du transfert de technologie en réunis-sant sur un même site chercheurs et industriels. Depuis son lance-ment en 2012, 1 000 emplois ont été créés et une vingtaine de start-up ont vu le jour. Et ce n’est pas fini : c’est ici que l’Institut hos-pitalo-universitaire sera inauguré en septembre (voir page XVIII). C’est encore là que l’Eurométro-pole vient d’acquérir auprès des hôpitaux universitaires de Stras-bourg 1,5 hectare de terrain et de bâtiments anciens afin de bâtir un t e chnopa r c d e qu e l que 30 000 mètres carrés. « Cela vient à point nommé, souligne Nicolas Pellerin, chef du service de

l’enseignement supé-rieur, recherche et innovation à l’Euro-métropole. Les deux sites d’accueil des jeunes pousses que sont le PH8 [voir encadré] et le biocluster des Haras [voir page XVI] n’ont déjà plus de place. » Le technoparc mise sur l’accueil de 50 entreprises de tailles différentes pour géné-rer 2 000 emplois.

Bourses. Concrètement, le la-bel Medtech a déjà permis à plu-sieurs entreprises de bénéficier des dispositifs propres à la French Tech. Ainsi, depuis juin 2015, 36 start-up alsaciennes ont béné-ficié d’une bourse destinée à sou-tenir les projets de création d’entreprise à partir d’une inno-vation, qu’elle soit classique ou de rupture, ou à faciliter l’entrée sur le marché d’une société à fort po-tentiel de croissance. Côté finan-cement, la moisson a aussi été bonne : Defymed (voir page XX) a levé 1,9 million d’euros en octobre 2015, PeptiMimesis en a reçu 1,2 en 2016 et Emosis a conclu un tour de table à 1 million d’euros.

En outre, la French Tech Alsace a mis en place sa gouvernance au-tour de deux instances : le Club

French Tech et le comité de pilo-tage. Composé exclusivement d’acteurs privés du territoire (en-trepreneurs, mentors et investis-seurs), le premier a pour objectif de faire émerger des projets en fai-sant se rencontrer les protago-nistes du secteur. Instance décisionnelle, le comité de pilo-tage, qui réunit des entreprises, des investisseurs, des institution-nels et l’université de Strasbourg, définira les grandes orientations stratégiques ; il pilotera l’identi-fication et le fléchage des finan-cements.

Les entrepreneurs ont égale-ment choisi le directeur de la French Tech Alsace : Christophe Perih aura à coordonner et à mettre en œuvre les différentes actions. « Nous sommes désormais opération-nels, mais nous pouvons encore nous améliorer, explique, pragmatique, Catherine Trautmann. Nous devons faciliter au maximum l’implantation d’entreprises qui souhaiteraient re-joindre la dynamique de la French Tech Alsace, et nous devons pousser nos entreprises à exister davantage auprès de la mission nationale dans des événements français et internatio-naux. » Voilà pourquoi Alsace Bio-Valley a candidaté pour devenir secrétaire national du réseau French Tech sur la thématique de la santé. Réponse à la mi-juin §

Ambition. Catherine Trautmann, vice-prési-dente de l’Eurométro-pole, chargée de l’économie, mise sur la création de 500 start-up dans les dix ans à venir.

Le Point 2283 | 9 juin 2016 | V

FREDERIC MAIGROT/REA

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PROPOS RECUEILLIS PAR MARION COCQUET ET VALÉRIE PEIFFER

S tar mondiale de la médecine, pionnier de la chirurgie mini- invasive, le professeur Jacques

Marescaux continue sa « folle » quête d’innovation. Après avoir fondé l’Institut de recherche contre les cancers de l’appareil digestif (Ircad) en 1994, après avoir créé l’Institut hospitalo-universitaire (IHU) strasbourgeois, spécialisé dans la chirurgie guidée par l’image, après avoir suscité la naissance du biocluster installé dans les anciens haras de Strasbourg, il multiplie les projets avec un appétit d’ogre. Indéfectible visionnaire, l’homme

E-santé. Rencontre avec le chirurgien star qui bouscule les blocs opéra-toires.

de l’opération Lindbergh joue dé-sormais la carte de la réalité aug-mentée.Le Point : Comment votre aventure médico-technologique a-t-elle débuté ?Jacques Marescaux : Dès l’appa-rition de l’informatique, j’ai été convaincu que l’ordinateur allait changer la pratique des chirur-giens. Une intuition qui s’est renforcée en 1989, lorsque, aux Etats-Unis, a été lancé le Visible Human Project. Ce programme a consisté à découper le cadavre d’un homme en tranches de 1 milli-mètre. Chaque section a été ensuite photographiée numéri-quement, permettant de visualiser toutes les structures anatomiques de l’organisme. Mais le déclic date de 1991. Cette année-là, j’ai assisté, à Cologne, à une conférence don-née par un médecin militaire amé-ricain, Richard Satava, sur l’évolution de la médecine en lien avec les nouvelles technologies.

J’ai dû en comprendre 10 % à peine… D’abord parce que c’était en anglais, mais aussi parce que ses propos relevaient de la science-fiction. Il a parlé de robo-tique alors que les robots n’exis-taient pas en chirurgie, il a parlé d’Internet, qui n’existait pas non plus, de la réalité virtuelle et de la réalité augmentée, tout ce que nous sommes en train de faire à l’Ircad et à l’IHU aujourd’hui ! Comment le projet de l’Ircad est-il né ?Il est venu de ce que les Américains appellent la « Second French Revo-lution » : les premières opérations par laparoscopie [NDLR : chirur-gie qui se pratique à travers de pe-tites incisions de la paroi abdominale permettant l’intro-duction d’une caméra et des ins-truments chirurgicaux nécessaires à l’opération. Le chirurgien tra-vaille alors à l’aide d’un écran]. C’était la préhistoire de la chirur-gie mini-invasive ! Mais

Pionnier. Le Pr Jacques Marescaux est le fonda-teur de l’Institut de recherche contre les cancers de l’appareil digestif (Ircad) à Strasbourg.

« Le patient connecté va révolutionner la chirurgie »

SPÉCIAL STRASBOURG

VI | 9 juin 2016 | Le Point 2283

PHILIPPE ERANIAN

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j’étais persuadé que cette pratique allait se généraliser et qu’il fallait donc développer toutes les technologies permettant le meilleur geste chirurgical. J’ai aussi pensé, comme un avionneur forme les pilotes sur simulateur, qu’il était opportun de former les chirurgiens à ces nouvelles techniques en créant une école. Là où j’ai eu du flair, c’est en imagi-nant une école internationale et non franco-française, seul moyen d’avoir comme enseignants les meilleurs chirurgiens laparo-scopiques du monde. Cela n’a pas été simple, car nous n’avions pas d’argent pour les rémunérer… mais ils sont venus ! Aujourd’hui, on a un panel de 800 experts qui viennent du monde entier. Au départ, nous formions 200 chirur-giens par an. L’an dernier, à Stras-bourg, on en a formé 5 200 venant de 116 pays différents ! Et nous avons deux autres Ircad, l’un à Taïwan et l’autre au Brésil, où un troisième va ouvrir ses portes dans quelques mois ! Notre force vient également des partenariats que nous avons noués avec de grands industriels. Sommes-nous toujours dans l’ère préhistorique de la chirurgie mini-invasive ?Les débuts ont été durs : les instru-ments étaient rigides comme des aiguilles à tricoter, et l’optique n’était pas formidable. L’évolution

des technologies dans les vingt der-nières années a été étonnante : dé-sormais, on travaille avec des caméras haute définition et de la 3D. Il n’empêche : cela reste diffi-cile physiquement pour le chirur-gien, qui est obligé de rester les bras en l’air dans une position qui n’est pas ergonomique. Tous les chirurgiens qui opèrent par lapa-roscopie finissent par avoir des problèmes de dos et d’épaules. C’est pour résoudre cette difficulté que se sont développés les robots. Au départ, l’idée était juste d’amélio-rer la précision de l’intervention en démultipliant les gestes du chirurgien et en supprimant son tremblement. Quand il bouge d’un centimètre, l’instrument, lui, ne se déplace que d’un millimètre.Le robot va-t-il remplacer le chirurgien ?Le terme robotique est erroné. Un vrai ingénieur roboticien vous dira que ce n’est pas de la robotique, mais de la chirurgie assistée par or-dinateur. La robotique sous- entend que le mouvement de la machine est automatique. Or il s’agit ici d’une relation maître- esclave : le chirurgien ne cesse

jamais de diriger et le rôle de l’or-dinateur est d’analyser mille si-gnaux en une seconde pour améliorer ses gestes. Et demain ?Aujourd’hui, les bénéfices de la ro-botique pour le malade et la société ne sont pas manifestes. Pour le pa-tient opéré en laparoscopie, la dou-leur et la durée d’hospitalisation sont identiques, avec ou sans ro-bot. Pour la société, il est difficile de concevoir l’achat d’un robot à 2 millions d’euros juste pour amé-liorer le geste du chirurgien. Forts de ces constats, certains affirment donc qu’il faut cesser d’avoir re-cours aux robots. Je ne suis abso-lument pas d’accord ! C’est comme l’évolution de l’ordinateur : en 1956, le premier ordinateur, qui était bien moins puissant que celui qui est actuellement sur nos bureaux, pesait 1 tonne et avait une mémoire ridicule. Désormais, on les trans-porte dans des sacs et leur mémoire vive est de 8 Go. On sait qu’en in-formatique il y a des progrès tout le temps. On peut donc se dire que la chirurgie assistée par ordinateur va suivre l’évolution des progrès technologiques de l’ordinateur. La vraie question est de savoir ce que veut le chirurgien…Justement, que veut-il ?Ce qui est important pour le chirur-gien, durant une opération, c’est ce qu’il voit. Il faut donc chercher à améliorer ce qu’il observe. Faisons un parallèle avec l’aéronautique : que peut faire un pilote de chasse aujourd’hui qu’il ne pouvait pas faire auparavant ? Il peut désormais voir derrière la montagne qu’il a face à lui. Et il le peut parce que l’autre côté de la montagne a été cartographié, retransformé en 3D et restitué en temps réel sur son or-dinateur en fonction de sa position. Cela s’appelle la réalité augmen-tée : c’est voir davantage que ce que peuvent nos yeux. En chirurgie, cela signifie voir à l’intérieur

Apprentissage. L’an dernier, plus de 5 000 chirurgiens venus du monde entier se sont formés à la télé- chirurgie ou à la robo-tique médicale à l’Ircad.

SPÉCIAL STRASBOURG

VIII | 9 juin 2016 | Le Point 2283

FREDERIC MAIGROT-REA

 « La réalité augmentée permet de voir à l’inté-rieur d’un organe, alors même qu’il est opaque. »

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d’un organe alors même que cet organe est opaque. La puissance de l’ordinateur permet ce miracle. Au lieu d’avoir une image de scan-ner difficile à analyser, le chirur-gien travaille sur la reconstitution virtuelle et en 3 D de l’organe qu’il opère. La réalité augmentée est une révolution phénoménale : en su-perposant l’image réelle et l’image virtuelle, celle réa lisée avant l’opé-ration, l’organe devient transpa-rent et le chirurgien peut voir les veines, les artères et les nerfs, mais aussi une tumeur. C’est déjà pos-sible en neurochirurgie, mais pas encore dans les opérations de l’ap-pareil digestif. Pour opérer, nous devons en effet gonfler la cavité ab-dominale pour y glisser la caméra et les instruments. Aussi l’organe est-il déformé, il n’est plus dans la position qu’il avait au moment du scanner et l’ordinateur ne peut donc pas superposer l’image du scanner avec celle que donne la ca-méra introduite dans l’abdomen. Au sein de l’IHU, nous travaillons sur ce sujet. La solution se trouve dans les blocs opératoires hybrides, qui associent la salle d’opération à des systèmes d’imagerie, permet-tant de fournir des images vir-tuelles au début de l’opération.Beaucoup restent sceptiques…Pour faire des avancées, en méde-cine et en chirurgie, il ne faut pas avoir peur de faire tomber des dogmes. Il ne faut donc pas consi-dérer que les progrès de la chirur-gie passent uniquement par les progrès de l’acte chirurgical. Aussi, si on arrive à prouver que la réa-lité augmentée est un plus pour le malade, on aura gagné. Pour moi, c’est une évidence ! C’est comme le GPS en voiture : avant, tout le monde arrivait à conduire sans GPS, les gens se trompaient, ils s’arrêtaient pour regarder la carte, mais ils arrivaient à destination. C’était seulement plus difficile. Il est donc logique qu’aujourd’hui tous les conducteurs veuillent un GPS. Ce sera pareil pour la réalité augmentée en chirurgie.Concrètement, à quoi sert la réalité augmentée en chirurgie ?Elle sert à faire en sorte que le geste chirurgical soit le moins agressif

possible. Plus le chirurgien tra-vaille sur une reconstruction en trois dimensions de l’endroit exact où est la tumeur, plus la chirurgie qu’il fera sera conservatrice. C’est l’histoire du traitement du can-cer du sein. Pendant des années, on a enlevé aux femmes le sein, le muscle, tous les ganglions jusqu’en sus-mammaire. Puis – et c’est venu de Strasbourg avec un radiothérapeute, le professeur Gros –, des médecins ont eu le cou-rage de dire qu’il était possible de n’enlever que la tumeur en lui as-

sociant un traitement complémen-taire. On les a traités de fous et d’assassins : il est très difficile en chirurgie et en médecine d’abattre des dogmes. Mais, aujourd’hui, on pratique pour ce cancer une chirur-gie mini-invasive et c’est en train d’évoluer en ce sens pour la can-cérologie générale et digestive. La question reste la même : comment être le moins agressif possible ?Quelles sont les autres pistes de progrès en chirurgie ?A Strasbourg, nous développons actuellement un concept baptisé Eras (« Enhanced recovery after surgery »). Conçu au Danemark et s’appuyant sur des faits réels, ce concept vise la récupération ra-pide du patient après une chirur-gie afin qu’il sorte au plus vite de l’hôpital, et cela même après une grosse opération. Pour une raison

simple : si le malade quitte l’hôpi-tal au bout de quarante-huit heures, il est sûr d’échapper à quasiment toutes les maladies nosocomiales. La mise en place d’Eras n’est pas évidente : elle implique de faire tomber tous les dogmes qui en-tourent l’acte chirurgical. Eras re-met en question notamment le fait que le malade doit arriver à jeun pour son opération. On a démontré que, avant d’aller au bloc opératoire, prendre une bois-son riche en protéines et en glu-cides, comme pour un marathon, est une bonne chose. On a égale-ment démontré qu’il ne fallait pas prémédicamenter le malade pour l’assommer et qu’il arrive comme un zombie au bloc opératoire. Au contraire, il faut qu’il y aille à pied : c’est quand même extraordinaire ! Enfin, le patient qui sort d’une opération a des tuyaux partout. Or, là aussi, il a été prouvé que, dans 90 % des cas, ce n’était pas nécessaire et qu’il était préférable d’enlever au bloc les sondes uri-naires et gastriques et le cathéter placé par voie sous-clavière près du cœur. Les patients sont-ils prêts à cette révolution ?Non. Beaucoup ont le sentiment qu’on les fait sortir de l’hôpital pour des raisons économiques. Ce sentiment est lié au message des politiques, qui clament la nécessité de faire des économies en matière de santé. En réalité, la sortie précoce de l’hôpital n’est pas un problème économique. Il faut expliquer au malade qu’une sortie précoce leur assure plus de 50 % de complications en moins. Reste que, pour quitter l’hôpital, il doit être rassuré. Nous menons actuellement une étude avec Med-tronic autour du patient connecté. Ce dernier porte un patch – de la taille de ceux pour la nicotine – capable d’analyser 7 paramètres vitaux et de les transmettre de façon sécurisée via Internet. On pourrait donc à l’avenir sortir de l’hôpital tout en restant sous sur-veillance médicale sérieuse. Le patient connecté sera sûrement l’un des grands progrès de la chirurgie du futur §

Soutien. Visite du Pre-mier ministre François Fillon à l’Ircad en 2011. L’Etat a investi plusieurs millions d’euros dans la chirurgie mini-invasive.

SPÉCIAL STRASBOURG

X | 9 juin 2016 | Le Point 2283

FREDERIC MAIGROT-REA

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L’Ircad fait école

PAR MARION COCQUET

D es porcelets roses, gras, bien-heureux, volant dans un ciel idéal : parmi les nombreuses

œuvres d’art contemporain expo-sées dans le hall de l’Institut de re-cherche contre les cancers de l’appareil digestif (Ircad), un ta-bleau chante la gloire… du cochon. Il est vrai que celui-ci occupe une place à part dans le prestigieux ins-titut. C’est sur cet animal, proche de l’homme anatomiquement, que les chirurgiens formés par l’insti-tut s’exercent aux techniques de

Formation. L’insti-tut forme des mé-decins du monde entier à la chirur-gie mini-invasive.

chirurgie mini-invasive. Ils étaient 5 200 en 2015, venus de 116 pays, pour suivre à Strasbourg les cours dispensés par un collège d’experts internationaux.

Ce mardi de mai, l’amphithéâ-tre 2 est largement rempli lorsqu’à 8 heures débute la deuxième jour-née de la semaine de formation. Sur l’écran géant qui fait face à la salle, l’un des blocs opératoires du CHU de Strasbourg, prêt pour l’opé-ration par laparoscopie d’une her-nie inguinale (située au niveau de l’aine), retransmise en directe. Aux manettes : le professeur Joël Leroy, un pionnier dans ce domaine – un « paléochirurgien laparoscopique », comme il se définit lui-même –, récompensé en 2013 par la presti-gieuse Société américaine de chirurgie mini-invasive (Sages). Dans un anglais parfait (quoique mâtiné d’accent français), il ex-plique la procédure : trois courtes

incisions qui permettent, grâce à des trocarts, d’insuffler du gaz dans la cavité abdominale et d’intro-duire la caméra et les instruments. Les viscères sont repositionnés et la paroi abdominale renforcée grâce à un filet, une plaque pro-thétique souple.

En direct. L’opération est ache-vée en moins de trente minutes. Une promenade de santé pour Joël Leroy : « La procédure est simple, mais elle demande des gestes sûrs et précis. Au fil des séances, la difficulté des ap-proches que l’on enseigne augmente. » Après la cure de la hernie, séance de questions avec l’auditorium. Certains des apprentis n’ont ja-mais pratiqué de laparoscopie. « Que se passe-t-il si le patient se met à saigner ? » demande l’un d’eux. Réponse goguenarde : « Cela ne m’arrive pas ! » « En réalité, précise le professeur Leroy, les procédures

Session. Des chirurgiens s’en-traînent dans ce bloc opératoire expérimental.

L’Ircad en chiffres7 270 m2 dans l’en-ceinte des hôpitaux universitaires.800 experts interna-tionaux.343 379 membres actifs sur WeBSurg, université virtuelle de l’Ircad.6 robots Da Vinci, dont 2 de dernière génération.3 800 publications et communications scientifiques inter-nationales.182 collaborateurs

SPÉCIAL STRASBOURG

XII | 9 juin 2016 | Le Point 2283

FREDERIC MAIGROT/REA

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en cas de complication ou d’hémorragie sont sensible-ment les mêmes que dans une chirurgie ouverte, elles font l’objet d’un cours à part entière. »Dans l’après-midi, les chirurgiens répéteront

les gestes appris le matin sur des porcs (soigneu-sement endormis), au premier étage de l’institut. Dix-sept tables d’opération y sont disposées, cha-cune pouvant accueillir deux médecins, aidés d’un assistant, d’un anesthésiste et, surtout, des experts du cours. Une séance d’entraînement avec vue sur le clocher de la cathédrale Notre-Dame… et sur la ligne bleue des Vosges, dont la photogra-phie court tout au long du demi-cercle de la salle.Depuis sa création, en 1994, par le professeur

Jacques Marescaux, l’Ircad s’est imposé comme une référence mondiale en chirurgie guidée par l’image. Les chirurgiens se battent pour y être for-més et les experts pour y enseigner. « Non seule-ment on n’a pas besoin de les payer pour qu’ils viennent, mais ils se vexent si on ne les réinvite pas : est-ce que le cours n’allait pas, pourquoi, comment ? » raconte le professeur Marescaux. Deux filiales de l’Ircad ont ouvert, à Taïwan en 2008, et à Barretos, au Bré-sil, en 2011. Une troisième doit être inaugurée à Rio à l’automne.

Opération Lindbergh. Mais l’institut est aussi un pôle scientifique de premier plan, auquel concourent une équipe de recherche et dévelop-pement dirigée par Luc Soler ainsi que les membres du groupe AVR (automatique, vision, robotique) attaché au laboratoire ICube. En 2001, Jacques Marescaux réussissait l’opération Lindbergh en intervenant, de New York, sur une patiente à Stras-bourg. Quinze ans plus tard, ses collaborateurs continuent d’inventer la chirurgie du futur. C’est l’Ircad qui, en 2007, menait à bien la première opé-ration transluminale, c’est-à-dire sans aucune ci-catrice : une ablation de la vésicule biliaire par voie transvaginale. C’est aussi l’Ircad qui a donné naissance à Visible Patient (voir p. XIV), un logi-ciel qui permet de « cartographier » un patient en 3D. C’est l’Ircad encore qui, avec 13 sociétés de la MedTech strasbourgeoise, élabore un nouveau robot de chirurgie mini-invasive, Isis, dont les ins-truments flexibles permettraient d’opérer via une unique incision ombilicale…Rien d’étonnant, donc, si l’institut attire les

géants de l’industrie chirurgicale. Son nouveau bâtiment, l’Ircad 2, inauguré en juin 2015, abrite ainsi Medtronic, plus grand fournisseur mondial de technologies médicales et partenaire historique de l’institut : il y a délocalisé des équipes jusque-là établies dans les Yvelines. Mieux, l’américaine In-tuitive Surgical a installé là son plus gros centre de formation européen aux robots Da Vinci : des robots-chirurgiens de dernière génération munis de quatre bras que le praticien guide à distance, ins-tallé dans un fauteuil, les yeux sur l’image en haute définition du champ opératoire… §

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Mon patient est un clone

PAR MARION COCQUET

«I l faut imaginer le corps hu-main comme une ville. Le chirurgien n’avait autrefois,

pour s’y repérer, qu’une vue satelli-taire en noir et blanc, par l’IRM ou le scanner, et les variations anatomiques de patient à patient étaient autant d’oc-casions de pièges et de fausses routes. Nous avons réussi à produire une car-tographie personnalisée pour chaque individu. » Luc Soler, directeur scien-tifique de l’Ircad et de l’IHU, est un homme enthousiaste mais mesuré : pas du genre à verser dans l’hyper-bole. Il reconnaît toutefois – d’une voix tranquille – que Visible Pa-tient va sans doute révolutionner la préparation des opérations.

Ce logiciel, fruit de seize années de recherche, fournit en effet, à partir d’images en 2D, des modèles 3D où apparaissent en couleurs

Chirurgie. Le logi-ciel Visible Patient utilise la 3D pour préparer les inter-ventions.

les veines, les artères, les organes, les os : des clones virtuels du pa-tient, en somme, à partir desquels les médecins peuvent élaborer leurs interventions. Et cela change tout. Comme pour ce patient at-teint d’un cancer du foie : la vue en coupe de l’abdomen situait la tumeur sur la partie droite de l’or-gane, la plus importante. « Elle sem-blait nécessiter au moins deux opérations et trois ou quatre séances de chimiothérapie, explique Luc So-ler. La vue en 3D a montré que la tu-meur était en réalité sur la partie gauche du foie et qu’une seule inter-vention pouvait suffire à la retirer. »

De tels exemples sont fréquents. Le logiciel a ainsi été mis entre les mains du professeur Jean-Jacques Houben, chef du service de chirur-gie viscérale à l’hôpital de Charle-roi, en Belgique. « Un très bon chirurgien, précise Luc Soler. Au cours de la première année d’utilisa-tion, il a modifié 29 % de ses approches et, sur 17 patients qui lui étaient adres-sés comme inopérables, 13 ont finale-ment pu être opérés et guéris grâce à la modélisation 3D. » Sans chirur-gie, on estime à 20 % les chances de survie à cinq ans d’une personne

atteinte d’un cancer du foie. Elles passent à 70 % avec une opération et à 90 % si celle-ci est curative.

Transparence. Visible Patient est exploité par la start-up du même nom, que Luc Soler a fondée avec l’Ircad en 2013, mais qu’il ne pré-side plus, logée au premier étage du biocluster des Haras. Dans le cadre somptueux de l’ancien ma-nège royal, une vingtaine de spé-cialistes travaillent à modéliser les images 2D anonymisées que leur font parvenir les médecins sur un serveur sécurisé. « En créant Visible Patient, l’Ircad a choisi une logique de services, explique Luc Soler. Le pra-ticien n’achète que le modèle de son pa-tient, entre 300 et 800 euros, ce qui revient évidemment bien moins cher que de se pourvoir d’ordinateurs équi-pés de logiciels. » Les images, acces-sibles sur tous les supports grâce à un logiciel gratuit, permettent aussi d’expliquer au patient l’opération qu’il s’apprête à subir ; 3 000 procé-dures ont déjà été réalisées ainsi.

Mais les équipes préparent déjà la suite. « Aujourd’hui, les images sont montrées sur écran ; demain, on utili-sera des lunettes de réalité augmen-tée… et il y aura entre-temps des tablettes ou des smartphones à écran 3D, détaille Luc Soler. Nous travail-lons par exemple avec la société Alios-copy, qui fournit des effets de relief bluffants et sans lunettes. » Ce travail fait partie intégrante du projet 3D Surg, coordonné par Visible Patient en partenariat avec l’IHU, l’Ircad et cinq autres entreprises, un projet financé par la BPI dans le cadre des investissements d’avenir. Le but : réussir à opérer en réalité augmen-tée, en affichant l’image 3D sur l’or-gane réel afin d’en obtenir une transparence virtuelle. De la science-fiction ? Les petits génies de Strasbourg parviennent déjà à un modèle qui suit en temps réel les mouvements du corps, comme les déformations provo-quées par la respiration… Révo-lutionnaire §

Fondateur. Luc Soler, directeur scientifique de l’Ircad, a créé la start-up Visible Patient en 2013.

SPÉCIAL STRASBOURG

XIV | 9 juin 2016 | Le Point 2283

CYRIL HANEBNA-CITEASEN - FRÉDÉRIC MAIGROT-REA

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Au cœur du Marescaux Land

PAR VALÉRIE PEIFFER

U n hôtel pour loger ses en-seignants, qu’il ne peut pas rémunérer… Une

brasserie pour les restaurer… Un biocluster pour que la re-cherche – si dynamique en France – puisse se concréti-ser en création d’entreprises… Comment ne pas louer l’ima-gination de Jacques Mares-caux, fondateur de l’Ircad, cet établissement qui, chaque année, accueille en forma-tion plus de 5 000 chirurgiens venus du monde entier ? En rénovant les anciens haras de Strasbourg pour y créer ces trois infrastructures, il a vraiment fait fort !

« Chaque année, l’Ircad dé-pensait environ 1,5 million d’eu-ros en hôtels et en restaurants, d’où l’idée d’avoir nos propres établissements, note Jacques Marescaux, fondateur de l’institut. Je rêve de ce joyau du XVIIIe siècle depuis que je suis étudiant. Encore davantage depuis que les haras ont été abandonnés en 2005. Ma proposition de les restaurer a em-ballé le maire de Strasbourg, Roland Ries, qui m’a très vite donné son accord pour un bail emphytéotique. » Trois ans plus tard, et après avoir déboursé 25 mil-

lions d’euros en travaux – financés par le Crédit mu-tuel d’Alsace –, les haras ont ouvert leurs portes en janvier 2014. « La brasserie fait 300 couverts par jour et, avec l’hôtel, cela a créé 50 emplois », explique avec fierté le professeur de médecine à la fibre entrepreneuriale.Soucieux de voir les avancées médicales se trans-

former en création de valeur, il a inclus dans son mo-dèle un biocluster consacré à l’innovation chirurgicale. Ainsi, dans l’ancienne salle des ma-nèges, sur 800 mètres carrés, une douzaine de cubes de verre ont été installés pour accueillir des start-up innovantes. Et plus particulièrement des émana-tions de l’Ircad et de l’Institut hospitalo-universi-taire (IHU). « Ce biocluster s’inscrit dans le prolongement de la dynamique développée conjointement par l’Ircad et le pôle de compétitivité Alsace BioValley. Il fait partie in-tégrante de la stratégie prioritaire de l’Eurométropole

Les Haras. L’Ircad a fait de ce lieu un complexe hôtelier et de recherche.

dans le domaine du dispo-sitif médical », souligne Guillaume Facchi, di-recteur des opérations d’Alsace BioValley.

Equipement d’ex-cellence. Cinq entre-p r i s e s y s o n t aujour d’hui hébergées. Visible Patient (voir page XIV) occupe tout le deuxième étage. Sur-gical Perspective est à l’origine d’écarteurs chirurgicaux à usage unique. Alyatec a été créée pour l’exploita-tion d’un équipement scientifique d’excel-lence : une chambre d’exposition aux aller-gènes. Localisé au sein du Nouvel Hôpital ci-vil, cet outil, placé sous la direction scienti-fique du professeur Fré-déric de Blay, chef de l’unité d’allergologie et

du pôle de pathologie thoracique, permettra d’ef-fectuer des études cliniques pour valider des trai-tements de désensibilisation et les nouvelles molécules thérapeutiques. Il servira également à la recherche fondamentale menée sur les allergies respiratoires, affections qui concernent aujourd’hui près de 30 % des Européens. Dans un tout autre do-maine, ID Nest offre des dispositifs médicaux en chirurgie mini-invasive des maladies cardio-vascu-laires. Enfin Medtech, société montpelliéraine spé-cialisée dans les robots pour la chirurgie laparoscopique, y a ouvert une antenne.Reste que le professeur Marescaux n’a pas dit son

dernier mot : ce fou de recherche et de nouvelles tech-nologies entend agrandir le biocluster… Comme les haras ne sont pas extensibles, il a racheté une cli-nique voisine : les Diaconesses. Et s’il compte y ac-cueillir des start-up, il souhaite également y créer un « hospitel », un lieu hybride à mi-chemin entre l’hôpital et l’hôtel pour permettre au malade de quit-ter au plus vite l’environnement médical tout en res-tant sous une surveillance allégée §

Biocluster. Dans les anciens haras de Stras-bourg, l’Ircad a notam-ment ouvert une pépinière dédiée à l’in-novation chirurgicale, ainsi qu’une brasserie.

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XVI | 9 juin 2016 | Le Point 2283

FREDERIC MAIGROT/REA

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PAR VALÉRIE PEIFFER

L ’Institut hospitalo-universi-taire (IHU) de Strasbourg, der-nier bébé de Jacques Marescaux,

sera inauguré en septembre 2016 par François Hollande et Angela Merkel, sauf événement excep-tionnel. Comme toujours, le fon-dateur de l’Ircad – qui a coordonné le dossier de candidature pour la création d’un IHU dans le cadre des investissements d’avenir fi-nancés par le grand emprunt – voit les choses en grand. Labellisé en 2011, l’IHU strasbourgeois (bap-tisé Institut de chirurgie mini-in-vasive guidée par l’image) est une institution pluridisciplinaire qui mêle hôpital d’avant-garde, labo-ratoire de recherche, centre de for-mation et pépinière de start-up. Ses ordres de mission ? Inventer

la chirurgie de demain et pratiquer le transfert de technologies, c’est-à-dire convertir les solutions issues

Novateur. Hôpital, labo de recherche et centre de forma-tion, l’IHU va être inauguré.

de la recherche en entreprises éco-nomiques. « L’un des objectifs de l’IHU est d’aller au-delà de ce que fait l’Ircad, c’est-à-dire de généraliser la chirurgie laparoscopique guidée par l’image à toutes les spécialités médicales, de per-mettre au chirurgien de voir en trans-parence les organes et d’opérer en réalité augmentée, de préparer son opé-ration en examinant l’anatomie de son patient en 3D et ainsi de réaliser une chirurgie ciblée, moins agressive et moins invasive. C’est ce qui permettra d’imaginer le traitement des tumeurs et lésions de demain », précise Jacques Marescaux, très enthousiaste.

Robot chirurgical. Déjà opéra-tionnel à titre expérimental sur 1 000 mètres carrés, l’IHU a pris ses quartiers au sein du campus hos-pitalo-universitaire et de l’Ircad, ainsi que dans le Nouvel Hôpital civil, où il dispose d’un plateau tech-nique équipé de cinq blocs opéra-toires dernière génération, pourvus de tous les instruments nécessaires à la cœlioscopie, et doté d’un robot chirurgical Da Vinci. Cette télé-ma-chine permet au chirurgien, muni de deux manettes de contrôle des instruments chirurgicaux, d’opé-rer assis devant un écran sur lequel s’affiche en 3D la zone à réparer.

A la pointe. Les blocs opératoires de l’IHU de Strasbourg seront équi-pés du Zeego, un appa-reil d’imagerie qui tourne autour du patient et réalise des images pendant l’intervention.

En septembre, dans son nou-veau bâtiment de 13 000 mètres carrés, l’IHU disposera de neuf salles d’opération hybrides, ainsi baptisées car elles mêlent chirur-gie et imagerie médicale. Ces blocs haut de gamme sont équipés à la fois d’un scanner, d’une IRM et d’une nouvelle machine : le Zeego. Ce scanner robotisé tourne à 360 degrés autour du patient en-dormi afin de donner des images en temps réel. Pendant l’opération, cette plateforme permet donc au chirurgien de réaliser le geste le plus précis et le plus adapté au pa-tient mais aussi, à la fin de l’inter-vention, de vérifier que tout est en place et d’éviter les opérations de rectification qui sont pratiquées

aujourd’hui dans 5 à 10 % des cas. Surtout, ces blocs permettront de travailler en réalité augmentée, une technologie qui consiste à fu-sionner les images virtuelles réa-lisées lors d’un scanner et d’une IRM avec celles qu’effectue le Zeego pendant l’opération. Ainsi, le chirurgien voit l’organe en trans-parence (voir page XIV). « Ces soins de pointe seront proposés à tous les patients admis au Nouvel Hôpital ci-vil », précise Luc Soler, directeur scientifique de l’IHU et de l’Ircad.Centre de formation, l’institut

abritera également cinq blocs opé-ratoires destinés à la recherche et à l’enseignement. « Tout cela n’au-rait pas été possible sans le soutien des collectivités locales, conclut Jacques Marescaux. Ni surtout sans l’impli-cation de partenaires industriels : Karl Storz et Siemens réalisent notamment les blocs opératoires hybrides. » §

La chirurgie du futur a son institut

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DR - LAURENT CERINO/RÉA

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Ces start-up qui soignent

PAR MARION COCQUET

Axilum RoboticsUn robot antidépresseurA côté de mains bioniques ou d’hu-manoïdes multitâches, il pourrait passer inaperçu : le TMS-Robot d’Axilum Robotics a des airs de fau-teuil de dentiste. Sauf qu’il combat la dépression et les douleurs chro-niques. Commercialisé par une so-ciété issue du laboratoire ICube de Strasbourg, qui l’a mis au point après six ans de recherches, il est la seule machine capable d’auto-matiser une stimulation magné-tique transcrânienne (TMS). Cette technique, conçue il y a

vingt-cinq ans environ, consiste

Pépites. Robots, lo-giciels, implants… Elles créent la mé-decine de demain.

à stimuler certaines zones du cor-tex cérébral par l’application sur le crâne d’une bobine délivrant des impulsions magnétiques, de façon à modifier l’activité neuro-nale. D’abord imaginée comme outil de recherche en neuro-sciences, elle est employée au-jourd’hui pour traiter les douleurs neuropathiques chroniques et les dépressions que les médicaments échouent à soulager, et pourrait à l’avenir trouver de nouvelles ap-plications dans le traitement de la schizophrénie ou de la mala-die d’Alzheimer. « Une cure se fait en une trentaine de séances, d’une demi-heure chacune, explique Mi-chel Berg, président d’Axilum Ro-botics. Jusqu’à présent, un opérateur tenait lui-même la bobine à quelques millimètres de la tête du patient, ce qui rendait difficile de garantir la précision de la zone stimulée. Or une déviation de quelques degrés suffit à faire chuter l’efficacité du traitement. Nous apportons de la fiabilité et de

la rigueur à quelque chose qui, jusqu’aujourd’hui, conservait un côté artisanal. »Le TMS-Robot, construit par

l’alsacien Streb & Weil, est installé dans une douzaine de centres de traitement de la douleur en France et à l’étranger. La France reste ce-pendant frileuse : elle ne rem-bourse pas encore la TMS, contrairement à l’Allemagne ou aux Etats-Unis. La start-up vise d’ailleurs la labellisation améri-caine pour l’année prochaine.

DefymedUn pancréas bio-artificielOn ne meurt plus du diabète. Les malades, 3 millions de personnes en France, s’injectent l’insuline que leur organisme ne produit pas, nécessaire pour réguler la gly-cémie. On n’en meurt plus, mais on vit mal. « L’injection d’insuline n’est pas du tout physiologique : c’est tout au long de la journée que, nor-malement, le taux de sucre est régulé. D’où des incidents d’hypo et d’hyper-glycémie, qui produisent sur le long terme des complications. La moitié des personnes aveugles et deux tiers des gens en dialyse ou en attente de rein sont diabétiques », souligne Sé-verine Sigrist, docteur en biolo-gie et PDG de Defymed. La jeune société, émanation du

Centre européen d’étude du dia-bète, développe une réponse nou-velle au type 1 de la maladie, dit insulinodépendant, créé par l’ab-sence dans le pancréas des cellules produisant l’insuline. « La greffe de ces cellules, les îlots pancréatiques, est possible théoriquement mais ex-trêmement difficile à réaliser puisqu’elle requiert jusqu’à quatre pancréas pour une seule transplan-tation, explique Séverine Sigrist. Les chercheurs ont donc réfléchi à des cellules souches, génétiquement mo-difiées. Mais, implantées directement dans le pancréas, elles se multiplient et finissent par créer des tumeurs. » Le dispositif de Defymed,

Stimulant. En plus de la dépression, ce robot pourrait, à l’ave-nir, combattre la schi-zophrénie et Alzheimer.

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DR

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Une donnée capitale : « On sait que plus une population donnée est exposée, plus elle développe de cancers, bien que le lien de cause à effet n’ait jamais été prouvé », ex-plique Sébastien Villars, respon-sable ingénierie de DoseWatch à Strasbourg. Le principe du logi-ciel : collecter les données des ma-chines et contrôler les doses employées, afin de permettre aux services de radiologie d’établir des protocoles précis, et, à terme, de diminuer les doses. Fondée en 2010, la start-up Serphydose est rachetée un an plus tard par le géant GE Healthcare, lui-même fournisseur de machines à rayons X. L’américain décide de

la maintenir dans son berceau strasbourgeois, au sein de la pé-pinière pH8, et y crée ainsi son centre mondial de R&D en suivi de la dose. La société, lauréate en 2015 du prix Aunt Minnie du Meil-leur logiciel de radiologie, compte aujourd’hui une soixante de sala-riés et quelque 600 clients, du pe-tit cabinet comptant un seul scanner à des centres américains de plusieurs centaines de ma-chines. La méthode fonctionne : « Les utilisateurs estiment qu’ils ont fait baisser les doses de 25 à 50 % », souligne Sébastien Villars. En « fai-sant parler » les machines, DoseWatch rend en outre exploi-tables des millions de données jusqu’alors inexploitées et qui peuvent devenir de précieux outils de recherche : le « suivi de la dose » n’en est encore qu’à ses débuts §

le Mailpan, est une poche de cellules qui leur permet de sé-créter de l’insuline en empêchant leur prolifération. Grâce à une chambre placée sous la peau, il offre en outre la possibilité de rem-placer les cellules lorsqu’elles ne fonctionnent plus. A raison d’une « vidange » régulière, le patient pourrait garder la poche plusieurs années avant de devoir en chan-ger. « Nous sommes les seuls à offrir cette solution », souligne Séverine Sigrist. Le Mailpan s’apprête à pas-ser en phase d’études cliniques : la route est encore longue, mais la start-up a décroché plusieurs prix nationaux et réussi, en novembre 2015, une levée de fonds, de 2 millions d’euros. De quoi être confiant.

InSimo Un simulateur nouvelle générationC’est une success-story comme toutes les start-up en rêvent. On y rencontre le héros américain de l’aviation Albert Lee Ueltschi, de jeunes talents de l a r e ch e r ch e française et un n ob l e p r o j e t : l’éradication de la cécité due à la cataracte. L ’ a v e n t u r e d’InSimo naît à l’université de

Lille-1, où, avec l’Institut national de recherche en informatique et en automatique (Inria), un groupe

d ’ i n g é n i e u r s p l a n c h e s u r un logiciel de s i m u l a t i o n b i omé c an i qu e interactive. En clair : un logiciel qui modélise des

objets déformables et permet avec eux l’interaction virtuelle la plus réaliste possible. « Dès le début, explique Pierre-Jean Bensoussan, directeur des opérations chez InSimo, l’idée était d’aller vers une application médicale de cette technologie en fournissant aux constructeurs de simulateurs en chirurgie des organes virtuels très perfectionnés qui aient notamment le même retour de force que les organes réels, c’est-à-dire qui opposent la même résistance aux gestes des médecins. » C’est à Strasbourg, en lien avec l’IHU, destiné à la chirurgie guidée par l’image (voir page XVIII), que la société est créée en 2013. Dès son lancement, elle conclut un contrat avec un mastodonte, la fondation HelpMeSee, du milliardaire Al Ueltschi, pilote de renom et pionnier des systèmes de simulation de vol. Le but : créer un simulateur de chirurgie de la cataracte grâce auquel puissent ê t r e f o rmés r ap idement 30 000 chirurgiens et ainsi éradiquer à terme la maladie des pays en développement, où elle est responsable de 20 millions de cas de cécité. Un projet crucial pour la jeune société, qui y travaille avec la multinationale américaine Moog Inc et la PME

suédoise SenseGraphics, et y consacre aujourd’hui l’essentiel de ses forces.

GE HealthcareDes rayons X sous

surveillanceBoîte noire de l’imagerie médi-cale, le logiciel DoseWatch, conçu par le radiophysicien strasbour-geois Luc Mertz, mesure les doses de rayons X administrés à chaque patient au cours d’un examen.

Diabète. Séverine Sigrist et son prototype de pancréas artificiel : une poche qui produit de l’insuline est implantée dans l’abdomen.

Bien vu. Pierre-Jean Bensoussan et Jérémie Allard ont créé un simulateur de chirurgie de la cataracte.

Ingénieux. DoseWatch a obtenu, en 2015, le prix du Meilleur logiciel de radiologie.

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Le rendez-vous des geeks de la santé

PAR MARION COCQUET

Q u’ont à se dire un geek et un médecin ? A priori, pas grand-chose. Après traduc-

tion de leurs jargons respectifs, bien davantage. Sébastien Leté-lié, développeur Web, l’a constaté après avoir livré aux urgences de Strasbourg un logiciel de gestion des dossiers de patients. « Les mé-decins du service n’étaient pas du tout satisfaits. Je suis allé m’instal-ler sur place avec mon ordinateur pour comprendre, j’ai fait des jour-nées et des nuits… et je me suis rendu compte qu’en effet la réalité du tra-vail ne correspondait pas du tout au cahier des charges qu’on m’avait donné. J’ai donc tout repris depuis le

Audace. Le Hacking Health Camp de Strasbourg est le plus grand rendez-vous mondial de l’innovation en e-santé.

début, en testant le logiciel au fur et à mesure auprès des médecins et des infirmières. » Le résultat : ResUr-gences, un logiciel utilisé au-jourd’hui par une centaine d’hôpitaux.Preuve est faite, selon le jeune

homme, que les blouses blanches peuvent « s’acculturer » au numé-rique, et les développeurs au monde de la santé. Il réfléchit alors aux moyens de généraliser l’expérience dans un hackathon. Hackathon ? Un vrai mot de geek pour le coup, qui désigne une sorte de marathon où les experts du Net se lancent des défis et tra-vaillent en équipes pour résoudre un problème ou proposer un nou-veau service.

Le hacking, ici, est moins un piratage qu’une manière de rompre avec les habitu-des… « En santé, il s’agissait de faire se rencontrer autour de projets des médecins, des pa-tients, de grands groupes, des start-up, des développeurs, des designers… », explique Sébas-tien Letélié. Il découvre que le Canada a lancé sur ce mo-dèle le Hacking Health Camp et l’importe à Strasbourg. La première édition, organisée en 2014 avec le soutien de l’Ircad, réunit 200 personnes. La deuxième, 600. Pour la troisième édition, qui s’est déroulée en mars, 800 per-sonnes venues d’Allemagne, de Belgique, de Suisse, des Pays-Bas ou d’Iran se sont inscrites : c’est le plus grand hackathon en santé jamais réalisé. Les géants Samsung, Sanofi, Med tronic ou GE Healthcare sont partenaires,

comme Alsace Innovation et Al-sace BioValley, le CHU, la métro-pole, mais aussi la CNIL ou l’Union européenne… Entre-temps, l’orga-nisation s’est perfectionnée : le week-end du hackathon propre-ment dit est précédé de conférences et de journées de formation, et des juristes accompagnent les équipes.

Accélérateur de projets. « Le but n’est pas de lancer à tout prix des start-up, plutôt de contri-buer à créer un terreau favorable au développement d’entreprises de santé grâce à la rencontre de gens qui n’ont pas l’habitude de se côtoyer, souligne Sébastien Letélié. Tous les défis lan-cés au hackathon n’aboutissent pas à des prototypes commercialisables. Mais des contacts se nouent, des idées naissent et les lignes bougent : je le vois comme un rendez-vous de makers. » Du Hacking Health Camp est en train de naître la Health Factory, un accélérateur de projets en e-santé qui ambi-tionne, dit Sébastien Letélié, de faire de l’Alsace la « meilleure plate-forme d’expérimentation au monde » en la matière : un lieu où patients et professionnels de santé seraient au cœur de l’innovation §

Hackathon. Durant quatre jours, des profes-sionnels de santé et du numérique planchent, en équipes, sur des projets innovants.

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