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FRANCE 80 ème année - Hebdomadaire n°2955 - 10 décembre 2004 3, 50 FRANCE Catholique FRANCE Catholique ISSN 0015-9506 www.france-catholique.fr Enfances brisées ACER-RUSSIE © NOTCHLEJKA

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Page 1: FRANCE CatholiqueFRANCECatholique FRANCE

FRANCE80ème année - Hebdomadaire n°2955 - 10 décembre 2004 3,50 €

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BREVES

2 FRANCECatholique N°2955 10 DECEMBRE 2004

FRANCEECONOMIE : A l’occasion de la passationde pouvoirs à Bercy, le 29 novembre,entre Nicolas Sarkozy et Hervé Gaymard,ce dernier a jugé crédible la prévision decroissance de 2,5% pour 2004, alors quel’OCDE annonçait le même jour un tauxde 2,1% pour 2004 et de 2% en 2005 ;selon l’INSEE, la confiance des ménageset des chefs d’entreprise s’est dégradéeen novembre ; seule note d’optimisme,le chômage a baissé de 0,1% (1 900chômeurs de moins) en octobre.Toujours selon l’INSEE, la hausse des prixde l’immobilier se poursuit ; elle a at-teint 70% sur les logements anciensdans l’ensemble du pays depuis 1998(83% à Paris).Jean-Pierre Raffarin devrait annoncer le9 décembre un nouvel assouplissementdes 35 heures centré sur une plus largeutilisation du "compte épargne temps"et des heures supplémentaires.POLITIQUE : Condamné le 1er décembrepar la Cour d’appel de Versailles à 14mois de prison avec sursis et à un and’inéligibilité pour "prise illégale d’inté-rêt", Alain Juppé a démissionné de sesmandats de maire de Bordeaux et deprésident de sa communauté urbaine(dont le siège pourrait revenir à unsocialiste) ; mais ce jugement lui permetde reprendre sa carrière politique dès lafin de l’année 2005.Le second tour de l’élection législativedans la 8e circonscription des Yvelines, le5 décembre, a vu la victoire de PierreBédier (UMP) qui devance de 700 voix lacandidate unique de la gauche. CONSTITUTION EUROPÉENNE : V. Gis-card d’Estaing s’est félicité le 2 décem-bre de la victoire du "oui" au référenduminterne du Parti socialiste avec 59% desvoix, estimant que ce vote constituaitun grand pas vers la ratification par laFrance lors du référendum du printemps2005. L’avenir politique de Laurent Fa-bius, partisan du "non", pourrait s’enressentir à court terme (bien qu’il resten°2 du PS) tandis que l’autorité de Fran-çois Hollande à la tête du Parti se trou-ve renforcée ; M. Aubry, D. Strauss-Kahnet J. Lang, partisans du "oui", ont faitleur entrée au secrétariat national ; tou-tefois, selon un sondage BVA du 6 dé-cembre, Lionel Jospin reste le candidatpréféré des socialistes pour la présiden-tielle de 2007.ECOLOGISTES : Réunis en congrès les 4et 5 décembre à Reims, les Verts se sontnotamment divisés sur le contenu d’un

accord avec le Parti socialiste ; bienqu’ayant réussi à se rassembler à 91%sur une motion de synthèse, ils ne sontpas parvenus à élire une nouvelle direc-tion ; la désignation de celle-ci a été re-portée à janvier prochain.SANTE : Un homme de 69 ans supposéporteur du virus de la grippe aviaire aété hospitalisé le 1er décembre à Nancy ;mais les analyses n’ont pas confirmécette hypothèse. Le ministère de l’A-griculture a cependant invité le 3 dé-cembre les éleveurs français de volaillesà prendre des précautions pour éviter ladiffusion de l’épidémie.Les syndicats de médecins et les caissesd’assurance-maladie se sont rencontrésà Jouy-en-Josas du 2 au 4 décembrepour mettre en application la réformed’août 2004. Ils se sont efforcés de faireun milliard d’euros d’économies en2005, mais la négociation a buté sur leproblème des dépassements d’hono-raires des spécialistes : 5 000 spécia-listes libéraux ont prévu de fermer leurcabinet du 6 au 12 décembre pour pro-tester contre les tarifs fixés par la Sé-curité sociale.SOCIAL : Dans son rapport sur les inter-mittents du spectacle, rendu public le 2décembre, J.P. Guillot préconise une re-négociation de l’accord du 26 juin2003 ; non seulement le nombre desexclus du système est relativement limi-té, mais la croissance du nombre d’ar-tistes et techniciens intermittentsdemeure beaucoup plus rapide que cellede l’activité économique.Les organisations de défense des chô-meurs et travailleurs précaires ont ma-nifesté le 4 décembre dans plusieursvilles pour réclamer le retrait du plan decohésion sociale de Jean-Louis Borloo.Les "restos du cœur" ont lancé le 6 dé-cembre leur campagne d’hiver.TRANSPORTS : Une nouvelle panne in-formatique a paralysé le 3 décembre800 terminaux de vente de billets auxguichets des gares SNCF.TELEVISION : Le Téléthon 2004 a battule 5 décembre un nouveau record avec98,37 millions d’euros de promesses dedons contre 97,7 millions de dons effec-tifs en 2003.

MONDEPHILIPPINES : La tempête Winnie et letyphon Nanmadol qui ont ravagé le paysà partir du 29 novembre ont fait plus de1000 morts selon un bilan encore provi-

soire ; les régions les plus affectées sontcelles qui sont les plus touchées par ladéforestation ; tout abattage d’arbres aété interdit.IRAK : Le corps d’une femme euro-péenne retrouvé à Falloudja ne seraitpas celui de l’otage Margaret Hassanenlevée le 19 octobre, affirmait le minis-tère britannique des Affaires étrangèresle 14 novembre ; cependant MargaretHassan a probablement été assassinée.Sur le terrain, les affrontements s’inten-sifient à l’approche des élections tou-jours prévues pour le 30 janvier pro-chain.PROCHE-ORIENT : La coalition gouver-nementale d’Ariel Sharon étant mena-cée d’éclatement faute d’une majoritépour le vote du prochain budget ; unnouveau gouvernement pourrait êtreconstitué avec le Parti travailliste.En annonçant au dernier moment le 1er

décembre sa candidature à l’électionprésidentielle palestinienne du 9 janvierprochain, Marouane Barghouti quipurge une peine de prison à vie en Israël,complique la tâche du candidat officieldu Fatah, Mahmoud Abbas, et risque dediviser le Parti.EURO : La monnaie européenne, dont lahausse menace la croissance, se rap-proche du seuil de 1,35 dollar à partirduquel la Banque européenne devraitréagir en réduisant ses taux d’intérêt ouen intervenant sur le marché des chan-ges ; réunis dans le cadre de l’Euro-groupe à Bruxelles le 6 décembre, lesministres des Finances se sont insurgéscontre la volatilité excessive des mon-naies. D’après les dernières estimations, lacroissance européenne pourrait êtrelimitée à 1,8% cette année comme l’anprochain ; en revanche, la baisse du prixdu pétrole constitue une bonne nou-velle : le baril a été coté 43 dollars àNew York le 2 décembre, cours le plusbas depuis le 10 septembre. Par ailleurs, une étude du FMI affirmeque globalement les délocalisations neconduisent pas à la perte d’emplois carles emplois perdus dans un secteur sontsouvent compensés par des créations depostes dans un autre domaine d’activité.

J. L.

Rappel aux actionnaires de la SPFC :l’Assemblée générale a lieu le 14 décembreà 18 h dans la salle habituelle. Faitesparvenir d’urgence un pouvoir (avec lamention “bon pour pouvoir” et votresignature) si vous ne venez pas.

Page 3: FRANCE CatholiqueFRANCECatholique FRANCE

EDITORIAL

FRANCECatholique N°2955 10 DÉCEMBRE 2004 3

a commémoration du cent-cinquantenaire du dogme del’Immaculée Conception est une occasion privilégiée pourméditer le mystère de la foi de l’Eglise. Nous ne pouvons éluderen même que cette foi est un objet de scandale et de refus,de la part de ceux qui n’en acceptent ni le contenu explicite,

ni l’autorité. La commission doctrinale de l’épiscopat n’a-t-elle pasété contrainte de publier deux notes précises concernant deux livresrécents niant la foi de l’Eglise à propos de deux ouvrages sur Marie(ceux de Jacques Duquesne et de Do-minique Cerbelaud) ? Certes de tellesopinions ne représentent pas une nou-veauté dans l’Histoire. Au siècle des Lu-mières, on assista ainsi à une attaquegénéralisée contre le dogme, et notam-ment le dogme trinitaire qui ne correspon-dait pas, disait-on, aux données de laraison et qui, au surplus, résultait d’unehellénisation des sources bibliques.

Les arguments s’ajoutent, au long dessiècles, mais souvent se ressemblent. Legrand trait commun des adversaires des dogmes est de se réclamerd’une connaissance facturelle, scientifique, des origines chrétiennespour délégitimer ce que grand John-Henry Newman appelait le déve-loppement organique de la doctrine. Mais à ce compte, ce sont lesSaintes Ecritures elles-mêmes qu’il convient de déconstruire et dedémythologiser - on ne s’est pas fait faute de s’y employer ! Le Jésusde l’histoire est indissociable de celui de la foi et sitôt qu’on s’avisede les séparer c’est le témoignage vivant et la réalité plénière dont ilest porteur qui s’effondrent. A ce compte également n’est-ce pas toutl’enseignement de saint Paul qu’il faudrait récuser ? Puisqu’il est l’ex-pression du pur langage de la foi et nous introduit directement au cœurdu mystère scellé depuis les origines ?

Toute la question consiste à savoir si on a foi à l’Esprit Saint et audon qui constitue l’Eglise et sa puissance d’attestation. On peut, certes,leur préférer ses idées propres, fondées sur la prétention de mieuxconnaître la réalité qui aurait été travestie par la tradition. Mais leplus souvent on ne fait ainsi que développer ses rêves et ses lubies(Duquesne : Marie entourée d’une nombreuse marmaille) et surtouton se coupe du Corps réel du Christ. Comme l’écrivait Maurice Blondel :“A toute époque il y a eu conflit entre les apparrences humaines duChrist et les exigences de la foi... Ce à quoi j’adhère, ce n’est pas auchristianisme reformé et transfiguré à mon gré de rêveur, c’est à laréalité concrète, historique, continuelle du Verbe incarné, descenduau plus bas de nos misères...” Entre nos opinions orgueilleuses et lafoi de l’Eglise, il faut choisir ! Depuis les origines, c’est l’enseignementdes grands témoins du Christ. ■

L

SOMMAIRE

ACTUALITÉ4 POLITIQUE Un remaniement à moyen terme

Alice Tulle5 Socialistes : l’Europe sans Fabius

Yves La Marck6 SOCIETE L’IVG a 30 ans

Tugdual Derville

DOSSIERENFANCES BRISEES

8 La fondation Tulay ng KabataanPère Jean-François Thomas s.j.

12 Enfants des rues en RussiePère Mikhaïl Rezine (prêtre orthodoxe)

16 Pour les déshérités de St-PétersbourgMaxime Egorov (Acer-Russie)

ESPRIT18 EN MEMOIRE DES JOURS Geneviève de Gaulle

Robert Masson20 AVENT Se réapproprier la foi d’Abraham

Mgr René Coste22 LECTURES 3ème dimanche de l’Avent

Père Michel Gitton23 ECCLESIA Fin de vie

Tugdual Derville25 Baptême républicain

Anita Sanchez-Bourdin

MAGAZINE26 TRIBUNE Reconnaître l’Ukraine ?

Antoine Arjakovsky29 LIVRES Sélection pour les enfants

Brigitte Pondaven30 MULTIMEDIA CD-Rom de jeux

Pierre Thomas

32 LIVRES L’art et la prièreEntretien avec le cardinal Danneels/P.F.

34 EXPOSITIONS Julio González, sculpteur catalanAriane Grenon

36 EXPOSITIONS Marquet, vues de ParisAlain Solari

38 HISTOIRE Les Wendel, rois de l’acierHari Seldon

42 THEATRE “Le rire fragile”Pierre François

43 CINEMA “Les trois rois mages”Marie-Christine d’André

44 TELEVISION Votre début de soiréeMarie-Christine d’André

46 BLOC-NOTES Vie associative et d’EgliseBrigitte Pondaven

Photo de couverture © ACER-Russie

Merci à nos annonceurs

par Gérard LECLERC

La Foide l’Eglise

Page 4: FRANCE CatholiqueFRANCECatholique FRANCE

près l’élection triom-phale de NicolasSarkozy à la prési-dence de l’UMP, ilfallait un nouveau

ministre de l’Economie. Phi-lippe Douste-Blazy souhaitaitce portefeuille, tandis que "LeMonde" annonçait la nomina-tion de Thierry Breton, le patronde France Telecom. MinistreDélégué à l’Industrie, PatrickDevedjian attendait un minis-tère de plein exercice.

Ces attentes ont été dé-çues : ce sont les plus fidèlesamis du Président et du Premierministre qui ont été désignés àdes postes-clés.

Proche compagnon de Jac-ques Chirac, Hervé Gaymardquitte l’Agriculture pour les Fi-nances sans que l’on puissereprocher à ce catholique, pèrede huit enfants, de bénéficierd’une promotion politicienne :cet homme jeune (44 ans) quise réclame d’un gaullisme so-cial a commencé sa carrière àla direction du Budget et futsecrétaire d’Etat au Budget de1995 à 1997.

Animateur efficace de lacampagne de Jacques Chiracen 2002, Jean-François Copé(40 ans) devient ministre délé-gué au Budget et reste le porte-parole du gouvernement.

C’est un vieil ami du Pre-mier ministre, Dominique Bus-

sereau, qui remplaceHervé Gaymard àl’Agriculture, tandisque le chiraquienChristian Jacob, mi-nistre délégué auxPME, au Commerce età l’artisanat, devientministre de plein exer-cice avec les mêmesattributions. En re-vanche, le "sarkoziste" PatrickDevedjian reste ministre délé-gué à l’Industrie.

Le gouvernement remaniés’inscrit donc dans une logiquede mobilisation qui vise detoute évidence à contenir l’am-bition présidentielle de NicolasSarkozy, en attendant que leprésident de la Républiqueentre effectivement en cam-pagne.

Pour le moment, JacquesChirac veille à conforter mé-thodiquement ses positions.Ayant rassemblé ses amiséprouvés, il n’a pas oublié deconforter des ralliés récents,tels Philippe Douste-Blazy :celui-ci devient ministre desSolidarités et a intégré le mi-nistère de la Famille et de l’En-fance, ce qui a provoqué lemécontentement de la CFTC etdes Associations FamilialesCatholiques qui auraient sou-haité le maintien d’un minis-tère de plein droit.

Les commentaires sur la

composition du nouveau gou-vernement ont étouffé rapide-ment les échos médiatiques dela grande réunion des adhé-rents de l’UMP, le 28 novembre– ce qui n’a pas dû déplaire àJacques Chirac. Pendant queNicolas Sarkozy occupe lechamp médiatique, le présidentde la République surveille deprès toutes les nominations,celles des ministres commecelles des hauts fonctionnai-res. Le premier travaille sonimage, le second consolide sonpouvoir : deux tactiques quiexpriment aussi deux visionsde la société, l’une classique-ment politique, l’autre bienadaptée à la "démocratie d’opi-nion" et à l’influence que l’onprête aux médias.

La dynamique de la pré-campagne présidentielle dé-partagera les tacticiens. Il estcependant permis de remar-quer que les événements surve-nus le 1er décembre soulignentl’importance des facteurs poli-

tiques. Condamné mercredidernier à une peine avec sursiset à une seule année d’inéligi-bilité (au lieu des dix ans infli-gés par le tribunal de Bordeaux)Alain Juppé peut, s’il le sou-haite, envisager un rapideretour sur le devant de la scènepolitique – ce qui conforteraitJacques Chirac.

Par ailleurs, le vote large-ment majoritaire des socialis-tes en faveur du Oui auréférendum sur le traité cons-titutionnel est de nature àsatisfaire le président de laRépublique et à réconforter sonPremier ministre. Jacques Chi-rac peut penser à bon droit qu’ila eu raison de remanier legouvernement dans une pers-pective à moyen terme. EtJean-Pierre Raffarin doit êtrerassuré quant à son maintien àMatignon puisque les stratè-ges de l’Elysée estimaient ennovembre que l’actuel Premierministre serait en mesure degagner facilement la batailledu référendum si les socialistesse ralliaient au traité européen.

Pour les chiraquiens, l’hori-zon s’est tout à coup éclairci. ■

Le gouvernement remanié s’inscrit dans une logique de mobilisation(

ACTUALITE

4 FRANCECatholique N°2955 10 DECEMBRE 2004

A

GOUVERNEMENT

Un remaniementà moyen terme

par Alice TULLE

Il pouvait suffire de remplacer Nicolas

Sarkozy à Bercy. Le large remaniement

intervenu le 29 novembre montre que

Jacques Chirac veut rassembler ses amis

et conforter Jean-Pierre Raffarin.

Page 5: FRANCE CatholiqueFRANCECatholique FRANCE

aurent Fabius a donnél’an dernier et cetteannée un semestre decours à l’université deChicago sur… l’Union

européenne. Ces séjours améri-cains n’ont pas été sans influersur sa facon de penser l’Europe.Même si la position qu’il a dé-fendue était aussi motivée pardes considérations de politiqueintérieure française, il faut luifaire crédit d’une réflexion per-sonnelle. Celle-ci s’est dévelop-pée dans un environnement – laguerre en Irak l’an dernier, lacampagne de Kerry cette année– qui a sans doute amené l’an-cien premier ministre à réagirplus radicalement que ne ledemandait sa stratégie de posi-tionnement à gauche. “L’Europeaméricaine” qu’il a incarnéedans la personne de NicolasSarkozy est une projection vrai-semblablement excessive et dé-placée de ce qu’il a connuoutre-Atlantique.

Du coup ses partenaires so-ciaux-démocrates allemands ouespagnols, sans parler du Labourbritannique, ne l’ont plus com-pris et certainement ne pou-vaient pas le suivre.

Tout s’est ainsi passé au seindes socialistes francais commesi le débat devait porter non surles enjeux européens mais surl’acceptation ou le rejet d’unpseudo-modèle américain àprétentions mondialistes. Fina-lement les débats si ardents sur

le projet de convention quis’étaient focalisés pour l’essen-tiel sur la laïcité, depuis lessignes religieux à l’école, jusqu’àl’exclusive prononcée contreRocco Buttiglione parce qu’ad-mirateur de Jean-Paul II, enpassant par l’adhésion de laTurquie, ne peuvent-ils pas êtreconsidérés comme autant decomparaisons avec l’Amé-rique ? Laurent Fabius a surchacun de ces dossiers pris despositions en flèche, toujourspour s’affirmer auprès de lapartie de la gauche à laquelle onne l’assimile pas naturellement,mais aussi par référence à uneidée de l’Amérique de 2003/4.Ceux-ci ayant été évacués, de lafaçon dont on sait, il lui restaitles thèmes dits de “l’Europe so-ciale”.

A cet égard, peut-on penserque les 59% d’adhérents socia-listes qui se sont prononcés enfaveur du projet de traité cons-titutionnel européen sont enphase avec leurs homologuesd’outre-Rhin, d’outre-Pyrénéeset d’outre-Manche ? Il est diffi-cile à ce stade d’aller jusque-là. Le temps est encore loin devrais partis transnationaux.L’Internationale socialiste n’afonctionné ni en 1914 entreFrancais et Allemands, ni en

1936 entre Francais et Espa-gnols, et a aucune époque entreFrancais et Britanniques. Lesapplaudissements à Berlin,Madrid ou Londres à l’annoncedu résultat du vote francaistraduisaient plus un lâche sou-lagement que la satisfactiond’une œuvre commune.

Car désormais tout reste àfaire. Le danger ne sera pasécarté tant que les 40% qui ontvoté non n’obtiendront pas lesbonnes réponses à leurs ques-tions les plus pertinentes. Lerisque n’existe pas à court termeen France dans la mesure où,après le vote du parti socialiste,une majorité absolue sembleacquise au oui. Mais on sait quele vote positif du centre et d’unepartie de la droite n’est pasexempt de lourdes ambiguïtéspour l’avenir et la vision de l’Europe qui se sont révéléesspectaculairement dans letraitement de la questionturque.

Par ailleurs, on ne sauraitfaire abstraction des réticencesbritanniques. Il n’y aurait paseu de référendum francais siTony Blair n’avait pas lancél’idée d’une consultation popu-laire en Grande-Bretagne avecde fortes chances de le perdreet donc d’empêcher l’adoptiondu traité constitutionnel. Peut-être Laurent Fabius a-t-il moinscalé sa stratégie par rapport auréférendum francais qu’au bri-tannique: battu en France, nesera-t-il pas finalement vain-queur grâce à Blair ?

Aujourd’hui, il se sera con-tenté de prendre date. Lui seulavait une approche vraimentglobale par rapport à ses con-currents au sein du PS qui n’ontqu’une vision franco-françaisedes situations. Il a échoué parcequ’en dernier ressort, l’Europene se construit pas de l’exté-rieur mais à l’intérieur, c’est-à-dire des réalités nationales, etpartant européennes. ■

Battu en France, Fabius ne sera-t-il pasfinalement vainqueur grâce à Blair ?(

(ACTUALITE

FRANCECatholique N°2955 10 DECEMBRE 2004 5

L

Le débat au sein du Parti socialiste

n’aura pas permis d’éclaircir les vrais

enjeux européens. Il augure mal de la

campagne pour le référendum de l’an

prochain. Il referme, à peine ouverte,

la discussion entre Européens.

par Yves LA MARCKL’Europe

SOCIALISTESsans Fabius

Page 6: FRANCE CatholiqueFRANCECatholique FRANCE

n ne peut qu’êtrechoqué par la façondont le sujet est a-bordé aujourd’hui.Ce qui se passe dans

le cœur et le corps des femmes,est peu évoqué. Et encore moinsles pressions qui pèsent surelles, et les poussent souvent àsacrifier à contrecœur le bébéqu’elles portent, avec la peurbien légitime qui accompagnecet acte irréversible. Sans ou-blier toutes ses conséquences.

Pour éviter de remettre encause l’avortement, on tendmême, comme récemment dansle Journal du Dimanche JoëlleKaufmann, gynécologue et mili-tante historique de l’avorte-ment, à présenter ce derniercomme une fatalité, qui a fait,fait et fera toujours partie de lacondition féminine. Une réalité"douloureuse" reconnaît-elle,mais "pas dramatique" avant deconclure "c’est la vie desfemmes". Avec un tel discoursil faut se rendre compte qu’ondénie à celles qui ont subil’avortement – et elles sont déjàau moins six millions dans notrepays - le droit de souffrir et dele dire. Tant d’entre elles nousont déjà confié qu’elles s’envoulaient d’éprouver une telledouleur, de tels regrets, une telleculpabilité depuis leur "IVG". Onleur avait tant dit que c’était

une liberté, un choix… Et lesvoilà qui se surprennent à pleu-rer et à dire : "Est-ce que je suisnormale ? Je n’arrive pas à assu-mer". Quand j’ai personnelle-ment évoqué ces souffrancessur un plateau de télévision, leDr. Aubény, présidente de l’as-sociation française pour lacontraception, m’a répondu :ces femmes qui regrettent l’IVG,sont des femmes névrosées, quiregretteront toujours quelquechose." Une telle réponse estidéologique : elle refuse la réa-lité et abandonne les femmes àleur souffrance

En affirmant depuis peu quel’avortement "est une fatalité",ses promoteurs ont changé leurdiscours. On est aujourd’hui trèsloin des propos enthousiastesdes même militants, qui annon-çaient en 1975, avec 30 ans demoins, qu’on aboutirait, grâce àla contraception, à ce qu’ilsnommaient "quelques IVG mar-ginales" Or, avec un taux decontraception record, le Dr Au-bény considère aujourd’hui qu’ily a annuellement en Francetrois millions d’"accidents decontraception", un chiffre jugéincompressible lié à des sys-tèmes qui ont révélé leurs limi-tes (oubli de pilule, rupture depréservatif notamment). Il fau-drait dont "faire avec"...

Le professeur Nisand, auteur

d’un rapport sur l’IVG pour legouvernement Jospin avait déjàrévélé que, lorsque ces "acci-dents" se traduisent en gros-sesses imprévues, les femmesse sentent obligées d’avorter.Bien que favorable à l’avorte-ment, il osait dénoncer à ce su-jet un "ordre moral contraceptif".D’où ce nouveau chiffre recordd’avortement en 2002, qu’onvient d’annonce : 205 000 IVGen métropole auxquels il faudraajouter les très nombreux avor-tements dans les DOM TOM. Leschiffres officiels sont donc de220 000 avortements annuelsen France.

Mais que proposent toutesces voix, après 30 ans de léga-lisation, aggravée par les loissuccessives qui ont facilité l’ac-cès à l’avortement et aussi faitdisparaître toutes les disposi-tions qui visaient à le prévenir? Rien d’autre que de célébrer ànouveau la loi, et son auteur.On ne parle pas de ce que subis-sent les femmes aujourd’huimais de ce qui se passait avantla loi, en surévaluant le nombred’avortements clandestinsd’alors et leurs conséquences.

Comment réagir ? Le risqueest de tomber dans le piège dela célébration en s’y opposantfrontalement. Quoi de plus pra-tique en effet pour les organismede promotion de l’avortement,responsables de bien des souf-frances actuelles, de détournerl’attention sur des opposantssupposés mettre en danger uneloi trentenaire, pour beaucoupincontestable. Se voir imposerpar quelqu’un ce rôle de "fairevaloir", caricaturé par les mé-dias, s’appelle en dialectique :être son clown blanc. Le dindonde la face en quelque sorte.

Voilà pourquoi il noussemble risqué, dans notre oppo-sition à l’avortement, de tropnous focaliser sur le passé,comme sur l’auteur de lapremière dépénalisation, d’au-tant que Madame Veil doitlargement à cette loi son capi-tal de sympathie médiatique.L’essentiel est donc aujourd’huide faire connaître les dramesqui se nouent, de proposer uneautre solution aux femmes quivivent une grossesse imprévueou difficile, et de développer desœuvres de consolation pourtoutes celles qui ont subi l’avor-tement. Ainsi, progressivement,l’avortement continuera desortir du silence. ■

Il y a annuellement en France troismillions d’”accidents de contraception”(

ACTUALITE

6 FRANCECatholique N°2955 10 DECEMBRE 2004

O

L’IVGa 30 ans Il y a trente ans, la France dépénalisait l’avortement.

Emissions de radio et télé, livres, interviews,

les célébrations vont se succéder jusqu’en janvier,

date anniversaire de la promulgation de la loi.

SOCIETEpar Tugdual DERVILLE

© SEB JOUVIN

Page 7: FRANCE CatholiqueFRANCECatholique FRANCE

a présidente des Philippines, GloriaMacapagal-Arroyo, qui renversa leprésident Estrada il y a trois ans etfut élue présidente en juin dernierpar un sentier fort soupçonné demalversations, a promis à tous lesPhilippins un Noël joyeux, affir-mant par ailleurs que la crise fisca-

le qui menace le pays était dorénavant réso-lue. Dans un contexte de corruption grandis-

sante, les Philip-pines ne cessantde gagner desplaces dans lepeloton de têtedes nations lesplus abîmées, demensonge et deman ipu l a t i ondevenus la règled’art des respon-sables politiques,l’archipel fait

face à une pauvreté galopante qui toucheactuellement 70 à 80% de la population depresque 85 millions d’habitants. Le pays ausol riche doit importer sa nourriture, le riz, etconnaît actuellement un nombre croissantde malnutris et d’affamés. A Manille, dans lesbidonvilles, la plupart des gens ne font qu’unrepas par jour, repas qui n’a rien à voir avecnos admirables et équilibrés menus français !

Plongés dans une telle situation où lesfausses promesses succèdent aux déclara-tions martiales fracassantes, les Philippines,sauf la minorité très riche, devraient dés-espérer. Il n’en est rien car cela ne semblepas faire partie du caractère philippin.Cependant les conséquences pratiques etmatérielles sont nombreuses : beaucoupd’enfants ne peuvent pas être envoyés à l’é-

La fondation Tulay ng Kabataan débute en

1998 avec deux programmes : un en faveur

des enfants des rues (3 centres : accueil,

scolarisation), et un au cœur des bidonvilles

(5 centres : nutrition, scolarisation, santé).

Très vite les besoins grandissants poussent le

Père Jean-François Thomas, missionnaire

jésuite français installé aux Philippines*, à

envisager la mise en place d’un troisième

programme en faveur des enfants

chiffonniers de Manille. Aujourd’hui, 6 ans

après, "Tulay ng Kabataan" compte 19 centres

répartis sur toute la métropole de Manille. Les

programmes de nutrition et scolarisation

viennent en aide à plus de 800 enfants des

bidonvilles et à près de 100 enfants

chiffonniers. Quant au programme en faveur

des enfants des rues, ce sont 200 enfants qui

trouvent refuge dans les centres de la

fondation. Accompagnés par des équipes de

professionnels (assistantes sociales,

éducateurs, psychologues…) les enfants

retrouvent peu à peu leur dignité et sont

remis sur les chemins de l’école pour

préparer leur avenir. Ils reçoivent un

encadrement familial qui les aide à grandir

humainement et spirituellement.

Pour aider l’action menée à Manille, envoyez un

chèque à l’association ANAK-Un Pont pour les

Enfants, 8 rue des réservoirs, 78000 Versailles.

site internet : www.associationanak.org

* Le père Thomas collabore depuis longtemps à “FranceCatholique” et est l’auteur de deux romans très poignants quirendent compte de son expérience philippine : “Comme unbruissement d’ailes” et “Comme une rosée de Lumière”, éd. du Jubilé.

DOSSIER

8 FRANCECatholique N°2955 10 DECEMBRE 2004

PHILIPPINES

L

Albert,enfant de la“Montagnefumante”.

Aujourd’hui ©

AN

AK

Page 8: FRANCE CatholiqueFRANCECatholique FRANCE

cole, les soins médicaux sont inaccessiblesaux pauvres, le chômage est monumental,les violences et les abus domestiques sedéveloppent, la prostitution féminine et mas-culine, - notamment pédophile -, est floris-sante, les familles éclatent et les enfants seretrouvent négligés et dans le pire des casrejetés. La solution extrême qui subsiste pourcertains est alors de survivre par eux-mêmesdans la rue.

A Tulay ng Kabataan, nous constatons uneétonnante chute de la moyenne d’âge desenfants que nous recueillons. Désormais iln’est pas rare de trouver des enfants de cinqans, ou moins, qui ont choisi la rue commenouvelle résidence et le gang comme nouvel-le famille. Que de détresses non dites se

cachent derrière ces visages apparemmentsouriants ! Aider la souffrance à s’exprimer,avant de pouvoir, pas toujours, la guérir, telest un des buts à atteindre, au-delà de laprise en charge matérielle. La façon étonnan-te avec laquelle ces enfants prient spontané-ment est révélatrice de l’abandon qui est leleur entre les mains de la Divine Providence.

Ben Ben avait dix sept ans, mais il ne leschantait pas comme dans la Mélodie duBonheur. Sa mère vit de façon très précaireavec cinq autres enfants en bas âge dans untaudis de carton et de plastique sous un ponttraversant une rivière bloquée par lesimmondices à l’entrée de la baie de Manille.L’endroit est pestilentiel, à cause des détritus,du grand dépôt d’ordures de Manille qui est

Des enfantsde cinq ansqui ontchoisi la ruecommenouvellerésidence

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Photo de groupe, celui-ci represente 1/8e des enfantspris en charge par la fondation.

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à vol d’oiseau, de l’eau nauséabonde et lesmouches, les moustiques s’en donnent àcœur joie. La cahute ne permet que d’êtreaccroupi, ne faisant que deux mètres surdeux. La mère est chiffonnière sur laMontagne fumante, mais elle n’est pas parmiles plus actives. Les enfants,même en bas âge, ont suivile même chemin. Le père ?Les pères ? Nul ne sait où ilssont, de toutes façons deshommes de misère aussi.Cette femme a accouchéseule dans ce taudis l’an der-nier. Le nourrisson survitvaille que vaille au milieu decet environnement de crasseet de malheur. Ben Ben étaitl’aîné. Lui aussi chiffonnier,ou bien rançonnant quelquespesos en aidant à la circula-tion des camions sur le ponttoujours embouteillé. Il sedroguait souvent, à la collecar cela est peu cher, ou auShabu aussi parfois, la cocaï-ne du pauvre. Et bien sûr ilappartenait à un gang.Certes, il n’était pas Al Ca-pone et s’était contenté d’ar-racher quelques téléphonesportables ou bracelets depacotille dans les transports en commun, lesjeepneys ou les autobus. Poussé par la faimet par la tragédie, en somme des crimes bienpâles comparés au détournement d’argentopéré par les riches et les politiques du pays.Un jour, il accepta de changer de style de vieet intégra le centre d’accueil pour garçonspuis un de ces foyers d’apprentis et lamenuiserie. Il semblait heureux, toujoursmagnifiquement souriant. Et puis, un autrejour, il est parti. Nous l’avons retrouvé peuaprès au milieu de sa bande, de nouveauabîmé par la drogue. S’étant vu proposerd’aider à la construction du centre pour leschiffonniers sur la montagne fumante, leMont des Béatitudes, il refusa, plein d’ennuiet d’apathie. Quelques semaines plus tard uncoup de téléphone nous informait qu’il setrouvait en prison, pour consommation dedrogue. Terribles prisons de ces îles, cloaquesoù ne s’entassent que les pauvres, les plus

pauvres, qui en ressortent encore plus abî-més et violents. Les conditions de vie y sontanimales (mais pas comme pour des chiensoccidentaux qui vivent désormais leurs séan-ces de psychothérapie) et la moindre maladiepeut y être fatale. Et puis, un nouveau coup

de fil : Ben Ben, soudainatteint d’insuffisance rénale,sans soin à la prison, étaitmort à la porte de ses dix-huit ans. Graine de crimineldont l’humanité est heu-reusement débarrassée ? Jeme plais plutôt à penser qu’ila entendu la même voix quele bon larron : "Aujourd’huitu seras avec moi dans leParadis". La mère n’a paspleuré. Un souci en moins,une bouche en moins.

Dave a deux ans et demi.Avec ses parents et ses frèreset sœurs, il vit dans un desbidonvilles les plus déshéritésde la métropole, car il existeaussi une échelle dans lamisère. Pas d’eau, pas d’élec-tricité, un entassement suf-focant, près du port de pêcheoù la plupart des résidants del’endroit travaillent à la nuitou à la journée. A la naissan-

ce, Dave est né sans anus. Cette anomalieaurait été soignée sans problème et rapide-ment dans nos pays occidentaux. Mais Daveest un pauvre. Sa famille ne pouvait payeraucune opération qui fut alors financée parles Missionnaires de la Charité. Il eut un anusartificiel, mal construit, et rapidement uneéventration. Comme il n’était pas soutenufinancièrement par ses premières bienfaitri-ces, il ne peut être opéré de nouveau. Alorssa mère enveloppa les intestins de Dave dansun sac en plastique de supermarché et lecalvaire de Dave continua. Il ne pouvait pasmarcher, ne souriait jamais, ne mangeait pas.Il devint rachitique et tuberculeux, prome-nant sur ce bidonville de malheur son regardtriste et résigné. Aujourd’hui, fête du ChristRoi 2004, Dave va sortir de l’hôpital, lemeilleur des Philippines, pour la dernière fois; après deux importantes opérations quenous avons prises en charge. L’une pour

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La mère n’apas pleuré.Un souci enmoins, unebouche enmoins

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reconstruire unvéritable anus, laseconde poursupprimer l’anusartificiel et re-mettre les intes-tins en place.Avant cela, il afallu combattre latuberculose et luidonner une ali-mentation adap-tée et riche. Il estrayonnant, mar-che, joue, rit etentre enfin, aprèspresque trois an-nées de souf-france constante,dans une vie nor-male. Il sera tou-jours un pauvre,mais son Roi étaitle Pauvre par ex-cellence. Il est

riche de son sourire, de son rire de grelot. Ilest riche d’avoir fait renaître l’espérance chezsa mère qui était accablée par la fatalité etabandonnée par tous.

Goutte après goutte, pas à pas, jour aprèsjour, telle est la méthode à utiliser pourregarder chaque personne comme une icône

du Serviteur souffrant, pour nepas se décourager et pour conti-nuer à ouvrir la porte et à ouvrirde nouveaux centres pour lesenfants des rues, les enfants desbidonvilles et les enfants chif-fonniers. Toute générosité est labienvenue pour contribuer àcette renaissance physique,psychologique et spirituelle.Saint Vincent de Paul avait l’ha-bitude de dire que "Dieu aime lespauvres, donc Il aime ceux quiaiment les pauvres." Soyonsdonc aimés de Dieu parce quenous aimons les pauvres.

Jean-François THOMAS S.J.21 Novembre 2004, Fête du Christ-Roi

A gauche : Dave et sa mamanavant l’opération, son tee-shirtrecouvre ses intestins. Ci-dessus, après la secondeopération réussie, montrantfièrement son ventre...

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n Russie, le délabrement des ser-vices publics, notamment des sec-teurs de la santé et de l’éducationa des conséquences directe sur ledéveloppement des enfants. Selonun rapport du ministère du Travailet du Développement social daté

de 2002, 40% des nouveaux-nés souffrent depathologies diverses. Seulement, 8 à 10% desenfants des petites classes sont en bonnesanté, 3 à 5% des élèves dans les classessupérieures. Les enfants malades ne sont pastoujours soignés car il faut payer les médica-ments, les opérations ou bien parce que lepersonnel médical manque, ou bien parce queles hôpitaux vétustes ne sont pas équipés.L’absentéisme scolaire est un phénomène desociété ; les enseignants, peu motivés par leursalaire dérisoire, par le manque de prestige deleur profession, par l’augmentation du nombred’enfants qui posent des problèmes de tousordres... sont découragés.

Le chômage, l’alcoolisme, les violencesfamiliales découlent de conditions écono-miques désastreuses. Des parents placent pro-visoirement leurs enfants dans des orphelinatspour qu’ils aient à manger. Parmi les enfantsde moins de 14 ans, on estime que deuxmillions sont frappés régulièrement par leursparents. 2.000 enfants décèdent chaqueannée de violences domestiques.i on extrapolecertaines statistiques, les suicides des mineursauraient augmenté de 70% ces dix dernièresannées. Les rangs des enfants des rues aug-mentent de 20.000 par an. Les orphelinatsaffichent complets.

L’absence de vision globale de la crise en-traîne des conséquences perverses, mêmequand les mesures prises semblent justes.Ainsi, l’amnistie qui a permis la libération dejeunes emprisonnés pour des broutilles a jeté

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RUSSIE

EDepuis 1961, l’Action chrétienne des Etudiants

Russes (ACER-Russie) a fait parvenir en Union

Soviétique des livres religieux interdits par le

régime communiste, a informé l’opinion

publique occidentale sur le sort des prisonniers

de conscience et a aidé matériellement leurs

familles. Elle contribue aujourd’hui à la

renaissance spirituelle de la Russie par

l’intelligence et la charité. Elle apporte une aide

matérielle et financière aux plus démunis :

malades, handicapés, orphelins, prisonniers,

personnes âgées… un soutien à la formation

en organisant des séminaires, des conférences

et en éditant des publications. L’ACER-RUSSIE

publie un bulletin trimestriel et édite des

cartes de vœux.

Son Comité de Haut Patronage comprend Mgr

Jean-Pierre Ricard, président de la conférence

des évêques de France, Mgr Emmanuel,

président du comité interépiscopal orthodoxe de

France, M. le pasteur Jean-Arnold de Clermont,

président de la fédération protestante de

France, elle est présidée par Alexandre Victoroff

et animée par Alexandre Eltchaninoff.

L’ACER nous alerte aujourd’hui sur le sort d’un

grand nombre d’enfants en Russie, dont

personne ne sait s’occuper et qui n’ont aucun

avenir acceptable.

Pour aider l’action menée en Russie,

envoyez un chèque à l’association ACER-Russie,

91 rue Olivier de Serres, 75015 Paris

tél. 01 42 50 53 46, fax 01 42 50 19 08

e-mail : [email protected]

Enfances en

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à la rue 6.000 adolescents désœuvrés. Per-sonne ne les attendait à la sortie. Sans famille,sans éducation et sans formation, leur libéra-tion ne leur apporte que le statut de délin-quants.

“La pauvreté est un effet, tant de facteursmacro-économiques (faible taux d’investisse-ment qui a conduit des régions entières à lafaillite) que du nombre catastrophiquementbas de petites entreprises, d’entreprises fami-liales (10-11% contre 63-67% en Europe). Cesdeux facteurs engendrent un taux incroyablede corruption", analyse Boris Altschuller, prési-dent de l’association Le Droit de l’Enfant. Il aprésenté une série de propositions devant leComité des droits économiques, sociaux etculturels de l’ONU dans l’espoir que les ins-

tances internationales influeront sur la poli-tique russe. Car il estime qu’il faut maintenantprofiter de la stabilité du système politique etéconomique en place, aussi fragile soit-elle,pour donner aux familles les moyens d’éleverleurs enfants. Si le gouvernement n’agit pasrapidement, les générations futures serontconstituées de malades et d’handicapés.

A Moscou, en huit mois, le centre de dé-tention provisoire pour mineurs a hébergé5.000 enfants des rues ou orphelins. Unenfant sur cinq mendiait, une adolescente sursept se prostituait. Presque tous se droguaient.Le chef de département du Procureur généralde la Fédération de Russie, G. Polozov déclare :"De nouvelles formes de mauvais traitementssur mineurs sont apparues comme le commer-

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Des parentsplacent leursenfants dans desorphelinatspour qu’ilsaientà manger

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ce d’enfants, l’exploitation sexuelle et écono-mique, la privation de logement."

A Saint-Pétersbourg, les enfants tubercu-leux entrent à l’hôpital n°3 et se pose alors laquestion d’un long séjour. Les enfants qui ontle plus de mal à s’adapter sont les enfantsabandonnés, condamnés à vivre dans les mursennuyeux et inconfortables de l’hôpital, jouraprès jour.

Vera a 17 ans. Elle vient d’un orphelinat deTioumen en Sibérie. Sa mère s’est suicidéeaprès une dispute avec son mari en laissantdeux enfants. Son père s’est remarié avec unefemme malade de la tuberculose. Elle a trans-mis la maladie à toute la famille. Le père deVera et sa nouvelle épouse en sont morts tousles deux. Son frère a refusé de se soigner ;quant à Vera, elle a traîné d’hôpitaux en hôpi-taux à travers le pays avant d’arriver à Saint-Pétersbourg. Elle est orpheline, gravementmalade, à des milliers de kilomètres de sarégion.

Les enfants qui arrivent au centre Vera,Nadejda et Lioubov d’Ardatov (région de NijniiNovgorod) empruntent les chemins les plusinvraisemblables. Ils sont porteurs d’événe-ments tellement violents qu’ils font penser àune bombe prête à exploser. Nous essayonsd’aider ces garçons dans le malheur commenous le pouvons.

En 2003, notre centre a accueilli 54 ado-lescents, certains sont restés pour y vivre et

retourner au collège ; d’autres, après avoir tra-vaillé un été ont acheté des vêtements et deschaussures neuves et sont rentrés chez eux ;d’autres encore ont attendu la date de leurincorporation au service militaire.

Kolia P. est passé par notre centre, il y adeux ans. Il venait d’un internat psychiatriquepour mineurs de Nijni-Novgorod. Sa mèrebuvait, ses deux frères aînés faisaient à tourde rôle des séjours en prison, sa sœur étaitmariée à un toxicomane. Tous habitaient unpetit trois pièces, buvaient et se droguaient. Lapremière fois, Kolia a passé six mois chez nouspuis est rentré à Nijni-Novgorod. Il a trouvéun emploi dans une petite entreprise de trans-formation du plastique. Il avait loué un petitlogement, ne buvait pas et ne voyait pas safamille. Puis sa mère déménagea, un des frèresretourna en prison, sa sœur s’installa à lacampagne. Il retourna alors dans le petit troispièces pour vivre avec son second frère qui luivolait parfois sa paye pour aller la boire avecses compagnons.

Puis Kolia a rencontré une jeune femmequi avait un enfant. Sa mère était revenue à lamaison, son premier frère libéré de prison. Il seremit à boire. La jeune femme et son enfants’installèrent avec eux. Les scandales recom-mencèrent. Il y a peu de temps, sa mère, prisede boisson, mourut en se précipitant dans levide du haut du balcon. Kolia a bu une semai-ne durant. Il se disputait avec la jeune femme,

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Ils sontporteursd’événementstellementviolents qu’ilsfont penser à une bombeprête à exploser

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tabassa un voisin qui appela la police. Il eutjuste le temps de se réfugier à Ardatov et nousdemanda notre aide. Maintenant, il s’occupedu bétail dans notre centre agricole et rêve des’installer ici, dans le village avec sa fiancée etl’enfant.

Une catastrophe démographique menacela région de Nijni-Novgorod. La mortalité estsupérieure au taux de natalité de 2,4 fois.Chaque année, la population de la région bais-se de 1%. En douze années l’espérance de viea baissé de six ans. Un tiers de la populationvit en dessous du seuil de pauvreté.

Alexandre K. sera bientôt libéré du camppénitentiaire pour mineurs d’Ardatov. Il a déjàexprimé son désir de venir séjourner dansnotre centre de réinsertion. Il a passé deux ansderrière les barbelés pour avoir commis un volavec effraction dans un magasin d’alimenta-tion.

Il n’allait plus à l’école depuis longtemps,volait parfois pour se nourrir. Pendant sa dé-tention, ses parents sont morts. Tout le mondebuvait dans la famille. Sa petite sœur est pla-cée dans un orphelinat. Alexandre ne se sou-vient pas d’avoir vu sa mère autrement quesous l’emprise de l’alcool. Même pendantqu’elle était enceinte, elle n’a pas arrêté defumer et de boire.

L’appartement de la famille se trouvait aurez-de-chaussée d’une grande bâtisse ; il étaittoujours rempli de personnes inconnues. Des

gens dormaient par terre, buvaient de la vod-ka, du vin et de l’eau de Cologne. Depuis leurplus jeune âge, les enfants étaient obligés defumer et de boire pour amuser les amis de leurmère.

La porte de l’appartement n’était jamaisfermée car la serrure était depuis longtempscassée. La nuit, les rats remontaient de la caveet couraient dans l’appartement à la re-cherche de nourriture. Tout avait été vendu,l’appartement était vide. La nourriture étaitréchauffée sur une plaque chauffante. C’estelle qui, une nuit, provoqua un incendie. Lepère et la mère avaient bu et sont mortsasphyxiés.

Les voisins ont prévenu les pompiers quimirent du temps à arriver ; ils trouvèrent lesparents morts, le visage dévoré par les rats.Une voisine téléphona au camp où était déte-nu Alexandre pour annoncer le décès. Les édu-cateurs ont fait appel à des psychologues pourménager l’adolescent ; ils avaient peur qu’il nese suicide.

Aujourd’hui, Alexandre se remet petit àpetit, il retourne au réfectoire, recommence àparler. Dans un mois, il sera libéré et nousallons l’accueillir dans notre centre en espé-rant qu’il y sera mieux qu’il ne l’était chez lui.

Père Mikhaïl REZINE,responsable du centre Vera, Nadejda

et Lioubov d’Ardatov

Enfantsabandonnés,condamnés à vivre dansles mursennuyeuxet inconfor-tables del’hôpital, jouraprès jour

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Le bus de nuit par Maxime EGOROV pour les

’hiver est déjà là et pour long-temps, à Saint-Pétersbourg, oùvivent plus de 50.000 sans-abri.Ils sont sans famille, sans papierset sans repères ; la plupart sontâgés et malades, mais beaucoupaussi sont des adolescents. La

température va descendre très bientôt endessous de -15, parfois moins ; le vent glacéde la Baltique rend la vie dans la rue inte-nable... Toutes les nuits, depuis deux ans, unmini-bus suit le même itinéraire pour allerà la rencontre de ceux qui n’ont aucun droit,ni celui de travailler, ni de se soigner, et quin’ont accès à aucun service social

Premier arrêt, station de métro Lesnaïa

Alexis, un bénévole du bus raconte : " Icidans une des cours d’immeuble, il y a unedécharge qui jouit d’une grande réputationchez les sans-abri. Cette renommée est pres-que historique, l’hiver il y a toujours un feude planches et des gens qui se réchauffentautour.

Quand nous arrivons, beaucoup de mondenous attend déjà. En vérité, ce sont des genscomme vous et moi, ils ne sont agressifs que

quand ils ont faim. Après avoir mangé, ilsredeviennent gentils et chaleureux."

Deuxième arrêt, Prospekt Prosvechtchenia

Ici, ce sont les jeunes enfants qui ac-courent, ils rient, se bousculent, ne prêtentaucune attention aux adultes. Les adoles-cents sont souvent plus agressifs, essaient dese faufiler dans les premiers rangs. Ils sont

plus nombreux qu’aumétro Lesnaïa, on voit lebus de loin. Les bénévo-les essaient de distribuerles repas le plus vite pos-sible pour que le calmerevienne.

Il y a toujours dessucreries au dessert pourles enfants. Les gaminssentent la colle à 100mètres, ils se bousculent,essaient d’attirer l’atten-tion. Ils parlent dès qu’ilsse sentent en confiance.

Lena, 14 ans, ra-conte : "Je vis dans la ruedepuis quatre mois ; jedors dans les entréesd’immeuble, parfois dans

une cave. Ma mère est morte et j’étais sousla tutelle de ma tante. Je me disputais avecelle et un psychologue m’a placée en hôpi-tal psychiatrique. Je me suis enfuie plusieursfois et ma tante m’a dit que si je recom-mençais, elle paierait les médecins pour qu’ilsme droguent et me rendent folle définitive-ment et que je resterais internée à vie.Maintenant, je vis avec ces garçons, mais

A Saint-Pétersbourg, chaque

nuit, le bus de l’association

Notchlejka vient en aide à

environ deux cents personnes,

des sans-abri, des retraités,

des enfants des rues. Une

goutte d’eau vitale dans un

océan de misère.

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de Notchlejkadéshérités

moi je ne respire plus de colle, j’ai comprisque c’était mauvais."

Troisième arrêt, Tchiornaïa retchka

C’est l’endroit où s’est déroulé le duelentre Alexandre Pouchkine et d’Antès. Le busy arrive vers 11h du soir et les sans-abri sontdéjà rassemblés près du monument commé-moratif.

Tania discute avec Alice, une petite fillede onze ans qui en paraît à peine huit. Ellea des parents alcooliques et elle vient cher-

cher de la nourriture pour elle et pour eux.Les enfants se mêlent aux personnes âgéespour recevoir du thé, du pain, un plat chaud.

Le journal de bord du bus indique ce jour :Distance parcourue : 150 kilomètres. Sans-abri :170 personnes dont 34 enfants.Quantité de soupe : 150 litres.

Distribution : vêtements, 6 unités, chaus-sures, 3 paires. Recommandations pourl’équipe suivante : Pour le deuxième arrêt,chaussures pour homme taille 41 et 43, deuxvestes, un manteau pour femme...

Bien peu de choses sans doute, mais ici,un bol de soupe peut sauver une vie ! ■

Il y atoujours dessucreriespour lesenfants

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En mémoire des jours

‘était en des jours demalheur, quand soufflait

sur la France les vents du dé-sespoir. On était au pluscreux de cette année 40 quiallait briser les volontés etruiner jusqu’à l’idée de résis-tance. Quelques-uns tout demême se refusaient au pire.Une toute jeune femme entreautres, qui n’avait pas encore20 ans mais prit, à l’instantmême la résolution de résis-ter. Avant même de savoirque quelqu’un, à Londres,appelait au sursaut de l’espé-rance. Elle était bien placéepour l’entendre puisqu’il étaitde ses proches, son onclepour tout dire. Elle portaitmême son nom. Elle s’appe-lait en effet Geneviève deGaulle. Ce n’était pas pour luisimplifier la tâche car, à l’é-poque, pareille identité met-tait plutôt à découvert cellequi la portait. En 1943, sondestin bascule avec l’arresta-tion par des membres de lapolice française.

C’était un matin de juilletoù elle était allée d’abordprier à Notre-Dame de Parisavant de se rendre dans unelibrairie où elle avait à dépo-ser des documents plus quecompromettant. Se voyant

perdue, elle révèle avec pa-nache son nom véritable,signe de courage et de vérité,deux mots qui la définissentet rendent compte pourtoute sa vie d’une femme quifut l’honneur de la conditionhumaine. Elle le paya évi-demment au prix fort àRavensbrück, ce lieu dont onavait si peu de chances derevenir quand on y avaitéchoué. Ce n’est que bienlongtemps après, des décen-nies plus tard, que Genevièvede Gaulle put écrire sur cettepériode de sa vie, sous le titre“La traversée de la nuit”.

Un signe de douleur s’ilen est et qui vaut tout cequ’on a pu écrire sur la dé-portation. Quand elle ressortdes tréfonds de l’horreur,Geneviève de Gaulle n’a que24 ans, mais déjà le pasd'une très vieille dame.

Ce qu’elle en rapporte,c’est une grande leçon d’âmequ’un livre récent permet decomprendre dans toute sonétendue, et elle est saisis-sante. Ce livre n’a pour titrequ’un nom et un visage :Geneviève de Gaulle. Et s’yajoute celui de son mair,Bernard Anthonioz, qui futpour elle visage d’un amourqui allait l ’accompagnertoute sa vie.

L’auteur de cette biogra-phie est la hauteur de sonpropos. Un destin commecelui de Geneviève de Gaullenous concerne tous et nousn’en avons pas pris toute lamesure. Il faut dire que cettevie d’exception ne fit rienpour se rendre célèbre. Ellefut à sa façon une inconnueillustre. L’important à sesyeux c’était de soutenir un

combat pour l’homme qui luiavait valu de connaître l’abî-me. Et de s’en souvenir entoutes circonstances.

Quand par exemple ellerencontre le Père JosephWresinsky, ce prêtre venu del’extrême pauvreté et qui nedevait jamais l’oublier. Lesouvenir des camps fait alorsretour en elle. Pour y aller,elle ne prend pas sa voiture,mais le métro. En ultime, unitinéraire qui ne ressemble àrien. C’est dans la boue qu’onenfonce. Geneviève de Gaullene quittera plus Noisy-le-Grand. Le moment venu, elleen deviendra la voix pourceux précisément qui n’enont plus. Elle ne renonce cer-tes pas à ce qui fait son bon-heur, son mari, ses enfants,tout ce qui fait d’elle une re-vivante depuis son retour dela maison des morts. Sonultime recommandation à sesproches traduit bien ce qu’el-le a été à tout instant :“après ma mort, leur dit-elle,il ne faudra pas survivre,mais vivre”.

Qu’a-t-elle voulu faired’autres à Ravensbruckcomme sur ces rives de ladésolation où l'on n’était rienpour les autres et plus tou-jours plus pour soi-même ? Lepère Joseph Wresinsky ensavait quelque chose, lui qu’onappelait l’aumônier de laracaille. Son avantage diral’abbé Pierre c’est que lui,Joseph Wresinsky, il était deceux-là qui n’avaient plusd’existence sociale ni aucuneautre du fait même. Genevièvede Gaulle comprend tout celaet va s’y consacrer pour toutce qui lui reste d’existence surcette terre. Ce n’est pas un

autre chapitre que Ravens-bruck, c’est le même. “La seulequerelle qui vaille, dira un jourde Gaulle, c’est la querelle del’homme”. Cela se trouve écritdans le marbre sur le parvis duTrocadéro, dont le père Wre-sinsky fit un haut-lieu de laluttre contre la misère. Lepape Jean-Paul II est venu surce parvis, conduit par Gene-viève de Gaulle, qui contri-buait, au même moment, à larédaction d’une loi contre lamisère.

Quand mourut le pèreWresinsky, Geneviève deGaulle n’eut d’autre choixque de prendre sa place à laprésidence de l’associationAide à Toute Détresse-Quartmonde. Les vides se creu-saient autour d’elle. La mortd’ailleurs l’avait souvent visi-tée. A 4 ans à peine, elleavait perdu sa maman. Et àla fleur de son âge, une deses sœurs. Dans ses dernièresannées, son mari était mortlui aussi. Elle avait fait cequ’elle appelait le deuil de savie. Une force intérieurehabitait cette femme dontDieu était le secret. C’est luiqui lui avait permis de résis-ter à tout. Geneviève deGaulle ne fut pas une femmecélèbre. Elle fut bien mieux :un être d’absolu qui ne setrompa jamais de cause. Leprésident de la Républiquesut trouver les morts lors desa mort : “Une étoile de plusbrille dans le ciel”. Lisez lerécit de cette vie, il n’est pasde ceux qu’on peut oublier. ■

Frédérique Neau-Dufour, “Gene-viève de Gaulle-Anthonioz”, éd.Cerf/Histoire 2004, 256 p., 20 €.Geneviève de Gaulle, “La traverséede la nuit”, éd. du Seuil 2001,96 p., 3€05.

Une étoilede plus

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Par Robert Masson

ESPRIT

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ESPRIT

elon la pratique multiséculairede l'Église, le temps de l'Aventest le temps par excellence del'espérance. Pas seulement del'attente, comme on le dit trop

souvent. Car il s'agit de la vertu théolo-gale d'espérance, qui a son fondementdans la Promesse de Dieu, qui appelle notrecertitude, et qui a aussi son achèvementen lui, dans cette intimité plénière de grâceet de vision qui nous est promise par leChrist ressuscité.

Précisons-le : le temps de l'espéranceà un triple niveau. Celui de l'espérance duPeuple de Dieu de l'Ancien Testament, toutentier tourné vers l'accomplissement despromesses faites à Abraham. Celui de notreespérance chrétienne personnelle etcommunautaire orientée vers la prochainefête de Noël, où nous célébrerons dans lajoie et dans l'action de grâces la naissancedu Verbe incarné en notre humanité. Celui,encore, de l'espérance qui doit nous habi-ter et qui donne sens à nos vies de l'Avenir

absolu du Royaume de Dieu ; quand, aprèsla Résurrection et le Jugement, le Christressuscité, Juge souverain, suivant la pro-phétie de saint Paul, "remettra la royautéà Dieu le Père, après avoir détruit toutedomination, toute autorité, toute puis-sance" (1 Co 15, 26). Vivre l'Avent dans saplénitude de signification, c'est vivreintensément ce triple niveau de foi etd'espérance. Une plénitude spirituellevitale et unifiée, au plus profond de nous-mêmes, car tout interfère dans un uniquedynamisme spirituel qui se renforce inces-samment.

Il s'agit, donc, d'abord, de se réappro-prier l'espérance de l'Ancien Testament.En premier lieu, la geste d'Abraham, tellequ'elle nous est contée par le livre de laGenèse (12-25). Elle est celle d'un grand etnoble chef nomade, riche et puissant,possédant d'immenses troupeaux et denombreux serviteurs, mais qui est, enmême temps, un sage imprégné des plushautes valeurs d'humanité et de grâce :noble et attirant dans ses sentiments et sescomportements, aussi bien que dans sadémarche. Profondément religieux. Sa-chant pardonner généreusement. Respectéde tous. Pensons, par exemple, pourconcrétiser l'évocation biblique et larendre plus vraisemblable, aux grandes etbelles figures du désert créées par Antoinede Saint-Exupéry dans Citadelle. La civi-lisation nomade a connu de telles figuresdans la première moitié du XXe siècle, à uneépoque où elle était encore vivante. Com-bien il est heureux pour le trésor de l'hu-manité que la Bible ait recueilli ces hautesvaleurs dans l'inoubliable portrait qu'elleesquisse du premier patriarche de l'his-toire de la Révélation ! Nous n'avons pas

à nous poser ici les problèmes légitimes del'exégèse scientifique. Ce qui compte c'estle portrait lui-même, à la fois théologiqueet spirituel. C'est lui qui est proposé ànotre foi et à notre imitation. Comme saintPaul, voyons-y l'un des sommets de la foivécue.

D'après les données bibliques, c'est ausein du paganisme oriental qu'Abraham aété choisi par Dieu pour initier cettegrande histoire de son amour pour l'hu-manité que nous apprend la Révélationjudéo-chrétienne. Il s'est fait connaître àcet homme profondément religieux etd'une grande noblesse humaine commele Dieu auquel il devait s'attacher de touteson âme, de tout son cœur et de toutes sesforces, à l'exclusion de toute autre divi-nité. Celui dont il devait suivre entièrementles inspirations, même si ce qu'il lui de-manderait devait le déconcerter.

D'abord, il allait lui demander de re-noncer à ses assurances humaines les plusfondamentales d'appartenance à un payset à une patrie, ainsi qu'à sa famille, pour-tant, essentielles dans la culture duMoyen-Orient. Il devrait se lancer à l'aven-ture dans une existence nomade, sansautre appui que sa foi au Dieu de laPromesse : "Pars de ton pays, de ta familleet de la maison de ton père vers le paysque je te ferai voir. Je ferai de toi unegrande nation et je te bénirai. Je rendraigrand ton nom. Sois en bénédiction. Jebénirai ceux qui te béniront ; qui te ba-fouera je le maudirai : en toi seront béniestoutes les familles de la terre (Gn 12,

1-3)."Quelle grandiose promesse et quellesingulière destinée ! Quelle exaltation dansle coeur du patriarche ! Mais il n'avaitd'autre assurance que sa foi. Il a falluqu'elle fût très forte pour qu'il fût capa-ble de se résoudre à l'arrachement qui luiétait demandé, dès le départ. Et, tout aulong de sa vie, les difficultés n'allaientcesser de s'accumuler et de se renouvelee.

MEDITATION POUR LE TEMPS DE L’AVENT

D’abord se réapproprierl’espérance de l’Ancien Testament(

20 FRANCECatholique N°2955 10 DECEMBRE 2004

par Mgr René COSTE

Se réapproprierla foi

En cet Avent, le père René

Coste nous invite à nous

réapproprier l’espérance

fondatrice d’Abraham, le

patriarche premier, choisi

par Dieu pour être l’ancêtre

du Messie et, ainsi, le

premier chaînon d’une

histoire d’amour aux

dimensions de l’humanité

tout entière.

S

Page 19: FRANCE CatholiqueFRANCECatholique FRANCE

ESPRIT

Suivons le texte biblique qui racontela geste du patriarche. Son départ pourCanaan et l'Égypte. Son admirable géné-rosité dans la querelle qui opposait sespartisans à ceux de son neveu Loth. Sarencontre avec Melkisédeq, roi de Salem(la future Jérusalem) et l'hommage hau-tement symbolique que lui rend ce dernier.Les pénibles démêlés entre Sarah et Agar.L'inoubliable apparition de Manré où Dieuse fait voir au patriache sous les traits detrois mystérieux voyageurs, qui inspirerala merveilleuse icône de la Sainte Trinitéde Roublëv. Son insistante intercessionen faveur de Sodome. Puis, l'épreuve su-prême de sa foi : le sacrifice qu'il croit luiêtre demandé de son fils unique, du fils dela Promesse. Dieu, en fait, voulait seule-ment l'éprouver. La geste d'Abraham estune épopée de la foi concrétisée dans unevieille et noble civilisation. Notre proprefoi devrait s'élever à la hauteur de celle duPatriarche.

C'est ce que nous demande saint Paul(Ga 3 ; Rm 4), qui nous le présente comme lemodèle par excellence de la foi chrétienne,car, à ses yeux, il a vécu intensémentl'espérance du Messie d'Israël, qui s'estaccomplie en Jésus, mort et ressuscité, leFils même de Dieu en son humanité.L'Apôtre est enthousiaste et lyrique danssa description de la foi d'Abraham : "espé-rant contre toute espérance", "il ne faiblitpas dans la foi" ; "devant la promessedivine, il ne succomba pas au doute, maisil fut fortifié par la foi et rendit gloire àDieu, pleinement convaincu que, ce qu'ila promis, Dieu a aussi la puissance de l'ac-complir (Rm 4, 18-22)."

Saint Paul nous invite ainsi à nousréapproprier la foi d'Abraham, en l'éclai-rant de son accomplissement dans lemystère de Jésus crucifié et ressuscité, telqu'il nous est révélé par l'ensemble duNouveau Testament. Suivant son ensei-gnement, en dépit de l'extrême nouveau-

té accomplie en Celui qui a renouvelétoutes choses, il y a une profonde conti-nuité de l'Ancien au Nouveau Testament..Ainsi qu'il le demande, nous qui vivonsdu Nouveau, nous devons aussi, à traverslui, vivre de l'Ancien, dans la mesure où lescroyants s'étaient élevés au sommet de lafoi et de l'espérance, comme Abraham,Moïse, les prophètes et les sages d'Israël.Jésus lui-même en a vécu, en son huma-nité, à l'école de Marie et de Joseph, ainsique des autres saints personnages desévangiles de l'Enfance.

Apprenons, à notre tour, à nous nour-rir de l'Ancien Testament, à en découvrirla riche théologie et la haute spiritualité.A l'exemple des Pères de l'Église, qu'il fautretrouver et imiter dans leur façon de lireet de méditer la Bible, par-delà l'apportinestimable (qu'il n'est pas question de

négliger) de l'exégèse historico-critiqueet des autres démarches exégétiques detype scientifique. C'est ce qu'ils appelaientl'exégèse spirituelle ou l'intelligence spiri-tuelle de la Parole de Dieu, sous la gui-dance de l'Esprit Saint. L'exégèsescientifique elle-même doit être mise àson service, sinon elle devient inutile pourla nourriture de notre foi. La Bible estParole de vie. Dans l'ensemble, les chré-tiens ne l'ont pas assez compris : lescatholiques souvent moins que les protes-tants, encore de nos jours, malgré les ef-forts considérables qui ont été déployéspour les inciter à s'en nourrir. Ce qui estun grand dommage pour la vitalité de leurfoi. C'est pour cela que la méditation surla foi d'Abraham que nous proposons ànos lecteurs est un vibrant appel frater-nel que nous leur adressons. ■

FRANCECatholique N°2955 10 DECEMBRE 2004 21

La Bible est Parole de vie. Leschrétiens ne l’ont pas assez compris(

d’Abraham©

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ESPRITLectures de la messe du 12 décembre 20043ème dimanche de l'Avent ANNÉE A par Michel GITTON

● Les promesses de Dieu continuent à nous parvenir,rutilantes et pleines de joie. Le prophète entrevoit leretour des exilés à Jérusalem, qu'il nous décrit commeun désert qui soudain fleurirait. Le Néguev transforméen verger ! Mais ce n'est pas encore assez, par-derrièreapparaît la guérison de tous les cœurs et les corpsblessés, la fin de tous les handicaps qui mutilentl'homme et sa capacité de se mouvoir et decommuniquer. A la foule jubilante qui rejointJérusalem apparaît une lumière sans déclin. Le cortègede la mort ("douleur et plainte") n'a plus qu'à céder leterrain.

● L'évangile, en regard, nous laisse une impressionmêlée. Certes il y a la joie des guérisons ("les aveuglesvoient, les boiteux marchent…"). Mais, pendant cetemps, Jean- Baptiste, le précurseur qui annonçait lesalut tout proche, est en prison et nous savons qu'il vamourir victime de la lâcheté et de la jalousie.Curieusement, à la liste des prodiges messianiques querappelle Jésus, il manque "les prisonniers sont libérés",le seul signe qui intéresserait vraiment Jean. Jésuspeut-il être le Messie, le libérateur des derniers tempset laisser le monde inchangé ? C'est la grande questionde nos frères juifs depuis deux mille ans. Si Jésus était

le Messie, les choses auraient tournéautrement, la paix devrait régner, Israëlne serait plus persécuté. Pourtant Jésus assume cettedifficulté, il demande seulement qu'elle ne soit passource de chute pour ses disciples. C'est qu'il opèreune disjonction au sein de l'espérance messianique : ily a déjà le présent de sa venue qui nous donne detoucher les derniers temps, de recevoir la justificationde nos péchés et d'amorcer notre marche avec leRoyaume, et il y aura un jour, plus tard, qui mettra findéfinitivement au mal et rétablira nos corps dans leurétat définitif. La première correspond à l'annonce del'Evangile, la seconde à l'irruption de la gloire. Et noussommes entre les deux, avec Jean Baptiste, témoinjoyeux des noces du Christ avec son Peuple etprisonnier attendant en vain son élargissement.

● C'est pourquoi le texte de l'Apôtre saint Jacquesnous exhorte à la patience. Il nous apprend la venuecertaine, mais non apparente, du Seigneur, comme lapromesse d'une moisson à venir. Cette patience doit semuer en douceur pour ceux qui partagent la mêmecondition que nous. Si nous attendons, attendons dansle calme et la dignité, sans nous déchirer. ■

Des livres-cadeaux pour les fêtes de Noël

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22 FRANCECatholique N°2955 10 DECEMBRE 2004

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TAIZÉPour la rencontre de Lisbonne quiréunira des milliers de jeunes de toutel’Europe du 28 décembre 2004 au 1erjanvier 2005, frère Roger, le fondateurde la communauté de Taizé, publieraune lettre adressée aux jeunes, intitulée« Un avenir de paix ». Cette lettre,traduite en 55 langues, servira de basepour la réflexion à Lisbonne. Préparer les jeunes à être porteurs depaix et de réconciliation là où ilsvivent, résister à une spirale de lamorosité, rendre accessible des sourcesde confiance, sont parmi les objectifsdes rencontres de Taizé. (Pour cetravail, l’UNESCO remettait à frèreRoger son Prix UNESCO 1988 d’édu-cation à la paix).Le rassemblement de Lisbonne, 27erencontre européenne animée par lacommunauté de Taizé, fait suite à ceuxde Hambourg, Paris, Budapest, Barce-lone, Varsovie, Milan…Dans tous les pays de l’Europe, aussibien à l’est qu’à l’ouest, des milliers dejeunes se préparent à faire le voyage àLisbonne. Certains, comme les 700Ukrainiens, catholiques et orthodoxes,ou les 700 Lituaniens, déjà inscrits,partiront en autocar le 24 décembre.Plusieurs frères de Taizé voyagentactuellement dans des pays du conti-nent pour soutenir la préparation desjeunes. Ainsi en Allemagne, dans unecentaine de villes, des jeunes se re-trouvent pour des « Nuits de lumière ».Des rassemblements semblables ontlieu en Italie, France, Espagne, Croatie,Pologne et dans le reste de l’Europe. Les paroisses de Lisbonne et de la ré-gion ayant répondu avec un grand sensde l’hospitalité, l’objectif de loger tousles jeunes dans des familles sembledevoir être atteint. Les matinées se passeront dans les pa-roisses (environ 200) : prière, échangesen petits groupes, découverte de signesd’espérance dans le quartier et l’égliselocale. Midi et soir les jeunes se re-trouveront au Parc des Expositions pourles repas, les prières communes en 20langues et, dans l’après-midi, pour desrencontres sur de nombreux thèmes. «Travailler pour un avenir de paix, cen’est pas seulement s’interposer là où ily a des conflits, »dit un frère de Taizéengagé dans la préparation de Lis-

Fin de vieLa Loi relative aux droits des malades et à la fin de vie vient donc d’être

votée en première lecture à l’Assemblée nationale à la quasi unanimité des550 députés présents, deux seulement s’abstenant volontairement. Justeavant le passage du texte au Sénat, selon un processus qui sera rapide, il estutile de présenter les éléments positifs et négatifs qui coexistent dans un teltexte. Les débats à l’Assemblée nationale nous ont en effet permis de préci-ser leurs enjeux.

1 – En quoi cette loi est-elle satisfaisante ?

- Le pire a été évité. L’Etat de l’opinion et de la représentation nationalepouvaient nous le faire craindre : la piqûre létale et une dépénalisationexplicite de l’euthanasie. En entendant de nombreux parlementaires et nondes moindres les revendiquer, nous prenons davantage conscience de ceque nous avons évité… Mais, soyons lucides : le moindre changement demajorité risque de nous conduire à l’euthanasie légale.- Depuis un an, ce débat a conduit à une utile prise de conscience dansl’opinion publique et chez nombre d’élus à propos de quelques principesde déontologie médicale connus des médecins, mais bien souvent ignorésdes patients qui sont entretenus dans la confusion et l’angoisse :♦ Celui qui veut éviter l’acharnement thérapeutique n’est pas obligé d’adhé-rer à l’euthanasie ;♦ Un patient est libre de refuser un traitement (et même un soin).- Nous avons entendu dans l’hémicycle nombre de déclarations solides àpropos de la mort, de la dignité inaliénable de tout être humain, de la placedes plus souffrants dans la société, de leur besoin d’amour, des risques tota-litaires que ferait courir l’euthanasie légale, de la menace de la pressionéconomique sur la fin de la vie, de l’importance des soins palliatifs et del’accompagnement… Notre société a besoin de reparler de la question dela mort, pour la dédramatiser peut-être et en tout cas réintégrer dans la viece qui en était caché, dans le secret des hôpitaux. - Le ministre de la Santé a affirmé que cette loi dessinait un "modèle fran-çais" se démarquant des exemples hollandais et belges. - Et n’oublions pas que les soins disproportionnés, la non-écoute despatients, la piqûre létale, autant de pratiques injustes, existent déjà dansnotre système de santé actuel ; en confirmant et solennisant leur illégalité,ce débat vient à contresens de ces dérives actuelles.

2 – En quoi cette loi nécessite cependant toute notre vigilance ?

Deux éléments de fragilité y restent intégrés dont les débats ont confirmél’importance :- D’abord, si les promoteurs de la loi et le gouvernement affirment refuserl’euthanasie, il faut noter que dans les documents annexes qui donnent lesdéfinitions des mots utilisés, celle de l’euthanasie est tronquée : elle neconcerne que l’administration d’une substance mortelle, en occultant unsecond élément qui est "l’omission délibérée de soins vitaux". Certes, il estplus facile de comprendre le danger et de récuser "la piqûre qui tue" ; maisil faut aussi savoir que des techniques ont été mises au point, sur des per-sonnes très dépendantes ou malades, pas forcément en fin de vie, pour pro-voquer leur mort en interrompant des traitements ou soins vitaux. Si la loine le prévoit pas explicitement (elle protège même les patients contre des

FRANCECatholique N°2955 10 DÉCEMBRE 2004 23

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bonne. C’est donner le goût de la vie,de la beauté, le goût de la différence etde la rencontre. C’est soutenir lesjeunes dans leur recherche de sens. »Le 2 janvier, la communauté de Taizésera au Monastère de Jéronimos avec denombreux jeunes pour une messe quisera retransmise sur RTP et France 2. Aucours de cette messe, présidée par leCardinal Patriarche de Lisbonne, D.José Policarpo, Frère Roger donnera uneméditation.

Taizé - Encontro Europeu de Jovens em LisboaSeminário dos Olivais 1885-076 Moscavide,Portugal Tel. 00 351 21 944 92 00 [email protected], Fax 00 351 21 944 92 01www.taize.fr

TURQUIE

L’agence vaticane de presse Fides a faitle 1er décembre dernier état de l’émo-tion ressentie par les orthodoxes pour ledon par le Pape au Patriarche de Cons-tantinople, des reliques de saint JeanChrysostome et de saint Grégoire deNaziance.Le 29 novembre, la cathédrale ortho-doxe Saint-Georges d’Istanbul était rem-plie de fidèles, en présence du Pa-triarche Bartholomée Ier, de nombreuxévêques catholiques, des autoritésciviles turques. Le 30, il y a eu de nom-breux pèlerins et des cérémonies pourla fête de Saint André.“Ce geste, a déclaré à l’agence Fides lePère Marovich, porte-parole de laConférence épiscopale de Turquie, a

une grande signification de réconci-liation entre les Eglises, et aura des ré-percussions positives sur les rapportsœcuméniques à l’avenir”. Le climatchez les fidèles était d’une grande joieet d’une grande émotion, d’autant plusque l’événement a été retransmis à latélévision.Par ailleurs on apprenait que l’Etat turcavait attribué à la petite communautésyro-catholique d’Istanbul une église-monastère désaffectée autrefois pro-priété des jésuites.Au cours d’une rencontre avec le Pre-mier ministre Recep Tayyip Erdogan, aumois de juin dernier, les évêques desdifférents rites avaient pu exposer, dansun climat de cordialité, les problèmes etles préoccupations des chrétiens en Tur-quie, et présenté une demande explicitede reconnaissance officielle de l’Eglisecatholique en Turquie. Une questionqui, dans l’esprit du gouvernement turc,semble liée au processus d’intégrationà l’Union européenne.Sur 66 millions d’habitants, la popu-lation turque est musulmane à 98% ; leschrétiens ne représenteraient plus que0,6%.

ZF04120104

CHINEA plusieurs reprises, ces derniers mois,l’évêque du diocèse catholique deHongkong, Mgr Joseph Zen Ze-kiun, adénoncé l’attitude du gouvernementdans l’élaboration de la Loi sur l’édu-cation, votée le 8 juillet dernier par le

Legco, le parlement local. Il annonçaitque l’Eglise catholique abandonnerait lagestion des écoles dont elle a la res-ponsabilité au cas où elle ne pourraitplus en assurer la direction effective. Le20 novembre dernier, Mgr Joseph Zen aadressé une lettre aux “superviseurs, di-recteurs et proviseurs de toutes lesécoles catholiques” de Hongkong pourleur donner l’ordre de ne pas appliquerles dispositions prévues dans la nou-velle loi.L’évêque de Hongkong affirme qu’il ne“cherche pas la confrontation” avec legouvernement et qu’il se place dans lestrict cadre de la légalité. Il souhaiteseulement “préserver la tradition ca-tholique dans le domaine de l’édu-cation”, un domaine où l’Eglise est trèsprésente. Avec 317 établissements sco-laires (cycles primaire et secondaire),l’Eglise scolarise presque le quart desjeunes Hongkongais.

© EDA / ZF04120106

REGNUM CHRISTILe pape Jean-Paul II a en reçu le 29 no-vembre en audience au Vatican plus de7000 personnes : prêtres et séminaristesLégionnaires du Christ et membres laïcsde l’institut "Regnum Christi", à l’oc-casion du 60e anniversaire du sacerdocede leur fondateur et supérieur général,le P. Marcial Maciel Degollado, âgé de84 ans.Cet anniversaire est l'occasion, disait lePape, de "rappeler les engagementsqu’en tant que Légionnaires du Christ"ils ont assumé "au service de l’Evan-gile". Spécialement aujourd’hui, conti-nuait Jean-Paul II, par cette "rencontreavec le successeur de Pierre", "vousvoulez renouveler votre engagement defidélité totale à l’Eglise et à celui que laProvidence a voulu comme sonpasteur".Rappelant aussi les paroles qu’il avaitadressées aux Légionnaires lors duGrand Jubilé de l’an 2000, le Papesoulignait qu’il est aujourd’hui plus quejamais nécessaire de proclamer l’Evan-gile, en repoussant les "peurs para-lysantes" et d’"annoncer avec profon-deur intellectuelle et avec courage lavérité sur Dieu sur l’homme et sur lemonde".Quant au "don par excellence", laissépar le Christ aux hommes, Jean-Paul II aconclu : "Restez unis autour de l’Eucha-ristie ! Fidèles au charisme qui vouscaractérise, poursuivez votre missionévangélisatrice en vous nourrissant duChrist et en devenant ses témoins intré-pides".La congrégation des Légionnaires duChrist a été fondée au Mexique en 1941par le père Maciel alors âgé de 20 ans.

interruptions sauvages de traitements), elle ne l’interdit pas non plus et il ya là une porte ouverte.

- Cette faille est aggravée par un autre point sensible difficile à percevoirpour les non-initiés : la loi Leonetti affirme que l’alimentation constitue untraitement et non pas un soin. Quelle différence et quelle importance cessubtilités de langage contiennent-elles ? Un traitement (qui vise à luttercontre une maladie) peut être considéré comme excessif, et arrêté Un soinqui agit pour le bien-être du patient lui est toujours du. L’Eglise a réaffirméil y a peu l’importance de cette distinction, pour protéger les malades, spé-cialement ceux qui n’ont plus de capacité à s’exprimer. L’usage qu’on pour-rait faire de la confusion traitement-soin à propos de l’alimentation est per-nicieux. Certes, il n’est pas question de forcer quelqu’un à manger. Et toutepersonne peut de refuser de s’alimenter, notamment par la pose de sys-tèmes artificiels ; mais nous devons rester mobilisés pour qu’on ne soit pasconduit à faire mourir de faim et de soif certains patients, dans une formeinsidieuse d’euthanasie : il suffit d’arrêter toute alimentation et de donnerdes sédatifs et n’importe quelle personne est doucement conduite à lamort…

L’Eglise est très présente et citée au cœur de ces débats. Dès qu’on s’ap-proche de la fin de vie, sa parole est plus attendue et son influence plusvive. L’implication des chrétiens dans l’accompagnement de fin de vie larend encore plus crédible. Il lui reste à partager son message sur ces pointscruciaux.

Tugdual DERVILLE

Suite de la page 23

24 FRANCECatholique N°2955 10 DÉCEMBRE 2004

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Ses constitutions ont été approuvées parJean-Paul II en 1983. La congrégationcompte actuellement 650 prêtres et2.500 séminaristes.Le Mouvement "Regnum Christi" dontles statuts viennent d'être approuvés demanière définitive par Jean-Paul II,possède quelque 65.000 membres,laïcs, diacres, prêtres, répartis à traversle monde.

ZF04113001

ITALIELe Pape a reçu en audience au Vaticanle vendredi 3 décembre 200 membresde la Fédération italienne des hebdoma-daires catholiques (FISC), qui regroupe150 organismes de presse, ce qui cor-respond à quelque quatre millions delecteurs (une situation qui fera sansdoute rêver bien des évêques et jour-nalistes catholiques français...)Ces médias, s’est félicité Jean-Paul II,“diffusent dans les familles, les paroisseset les territoires les valeurs chrétiennesqui sont en grande partie l'héritage spi-rituel du peuple italien”. Jean-Paul II a encouragé la pressediocésaine dans cette mission en di-sant : “Continuez à annoncer l'Evangilede la vérité et de l'espérance dans vospublications diocésaines, en demeurantouverts aux vastes perspectives del'Eglise universelle”.Parmi les figures lumineuses de laïcs etde prêtres, qui ont marqué l’histoire despublications diocésaines italienne, Jean-Paul II a rendu hommage à Mgr AndreaSpada, directeur, pendant plus de cin-quante ans, de “L’Eco di Bergamo”, etdécédé mercredi dernier à l’âge de 96ans.

ZF03120301

ACAT

Le mouvement des chrétiens pour l’abo-lition de la torture et de la peine demort, l’ACAT, fête son 30e anniversaire.

A cette occasion, une célébration œcu-ménique a eu lieu le 3 décembre àNotre-Dame de Paris, présidée à la foispar le pasteur de Clermont, président dela Fédération protestante de France, lemétropolite Emmanuel, président del’Assemblée des évêques orthodoxes deFrance, et Mgr Ricard, président de laconférence des évêques de France, enprésence du cardinal Jean-Marie Lus-tiger.L’action proposée par l’ACAT en cemois de décembre est en faveur desmilliers de familles du Sri Lanka sansnouvelles d'un proche disparu. En no-vembre 1989, une trentaine de col-légiens d'Embilipitya dans le sud dupays ont été enlevés par l'armée etdétenus dans le camp militaire de Seve-nagala. Ils n'ont jamais réapparu de-puis. Aucun des responsables n'a jamaisété inquiété, ni les corps rendus à leursfamilles.

ZF04120307

COMMISION DE SECURITE

Le spectacle "Je vous salue Marie" n'estplus projeté actuellement le mercredi àl'Espace KINO de Paris à cause de lafermeture de la salle ordonnée par laCommission de sécurité chargée dedélivrer les autorisations : l'installationélectrique est à revoir. Les travaux deréparation sont en cours mais l'auto-risation de reprendre ne devrait pas êtredonnée avant le mois de janvier 2005.Nous vous remercions de transmettrecette information et vous tiendronsinformé de la date de reprise.

Olivier Bonnassies et Jacques de La Bastide

P.S. Le spectacle "Je vous salue Marie" aété projeté sur écran géant le 4 dé-cembre 2004 à Toulon (au séminaire dela Castille) et le 5 décembre 2004 à 20hen la Basilique Saint-Antoine à Rome. Ilest disponible en DVD, vidéo ou CD.MariedeNazareth.com

COMMISSION PARITAIRENous avons reçu le 29 novembre der-nier cette lettre datée du 24 novembreà entête du Premier ministre, Directiondu développement des médias :«La Commission paritaire des publica-tions et agences de presse a examiné,lors de sa dernière séance, la demandede nouvel examen que vous avez pré-sentée pour la publication "France Ca-tholique".La commission a considéré qu’un cer-tificat d’inscription, valable jusqu’au 31octobre 2006, ne pourrait être délivréque dans la mesure où, désormais, lenom de l’hebdomadaire "Ecclesia", sonnuméro et sa date de parution ne fi-gureraient plus en bas des pages de larubrique comportant une sélectiond’articles de cette publication.Vous voudrez bien me faire connaîtredans le délai d'un mois maximum àcompter de la réception de la présentelettre si vous acceptez la conditionainsi posée et me faire parvenir si telest bien le cas, un numéro conforme àla présentation demandée.En cas de non réponse dans le délaiimparti, votre demande sera classéesans suite et la décision sera dûmentnotifiée à la Poste et à l’administrationfiscale.Je vous prie d’agréer, Monsieur, l’ex-pression de ma considération dis-tinguée.

Le secrétaire général»

Par ailleurs, nous avions reçu quelquesjours plus tôt, une lettre datée du 19novembre et disant :«Par lettre du 13 octobre 2004, vousavez fait part à la Commission Paritairede la cessation de parution de la pu-blication "TL notre hebdo".J’ai l’honneur de vous faire connaîtreque la Commission a, en conséquence,décidé de radier cette publication deses registres. Cette décision a été dûment notifiée àLa Poste et à l’administration fiscale.Je vous prie d’agréer, Monsieur, l’ex-pression de mes sentiments distingués,

Le secrétaire général»Cette condit ion quant à la rubrique “Ecclesia” n’avait pas été évoquée par laCommission quand elle avait “flingué”notre supplément “TL” (et “FC” par lamême occasion). “France Catholique”peut reprendre sa parution : c’est l’essen-tiel. Quant au supplément TL, nous ne vo-yons pas de solution à moyenneéchéance. (L’affaire de cette fusion tuéedans l’œuf nous aura coûté plus d’un mil-lion de francs.) Nous ne ferons pas derecours - même si la décision de la Com-mission nous paraît fondée sur des ap-préciations inexactes - car aucun appel neserait possible dans des délais compa-tibles avec la survie de notre entreprise.

F.A.

BaptêmeUn mot pour vous dire ma très grande surprise à la découverte (sur la

chaîne de télévision internationale France 5, "Les maternelles", 9h30) du"retour" au "baptême civil" du "20 prairial An II" (8 juin 1794)! Reportagesur un baptême civil demandé par des jeunes parents pour célébrer l'entréede leur enfant dans la "République".... Un baptême - raconte l'émission -repris par la IIIe République commençante puis par le Front Populaire, mais,concède-t-on, sans valeur légale. Le maire reçoit la promesse des parentsd'éduquer l'enfant dans le "culte de la vérité et de la raison". Les parrains etmarraine "parents de substitution" s'engagent et reçoivent un "certificat deparrainage civil" (bidon !), le parrain chante son cantique !

Le laïcisme n'en finit pas de revenir sur ce qui n'a pas marché... dans lepaganisme des "Lumières"...

Anita SANCHEZ-BOURDIN

FRANCECatholique N°2955 10 DÉCEMBRE 2004 25

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insi l’Ukraine, lit-ondans la presse française,‘n’existe pas vraiment’,la langue ukrainiennene serait parlée que

dans ‘les campagnes du centre’,tandis que ‘les uniates’ proIouchtchenko – c’est-à-dire les 6millions de fidèles de l’Eglise gréco-catholique - ne sont que des natio-nalistes nostalgiques des Habsbourgne rêvant que d’une ‘GrandeUkraine’.

Ce genre de propos ne provo-querait que sourires condescen-dants des Ukrainiens s’ils n’étaientpubliés dans un grand journal fran-çais à un moment aussi importantpour eux. Car le peuple de Tarass Chevtchenko et deLessia Oukrainka a avalé suffisamment de couleuvresau cours de sa longue histoire pour qu’aujourd’hui cediscours ne déclenche une profonde amertume àl’égard de la France.

On se souvient du président du Conseil EdouardHerriot qui, après avoir traversé l’Ukraine, ravagée en1933 par une famine qui causa plus de 6 millions demorts, déclara à son retour ‘Il n’y a pas de famine en

Ukraine.’ L’existence même du drame et de ce chiffreterrible ne sera reconnue qu’en 1985 par l’URSS deGorbatchev. En France, mis à part Alain Besançon quin’hésite pas à parler de ‘génocide soviétique contre lepeuple ukrainien’, on continue à le diluer dans lespurges staliniennes.

C’est l’indépendance ukrainienne de 1991 qui aprécipité la fin de l’URSS comme l’a montré Anne deTinguy. Surprise par la détermination d’une nation quin’était dans les manuels qu’un grenier à blé, l’opinionpublique française tendit son micro aux historiensukrainiens (Ihor Sevcenko, Arkady Joukovsky,..). Maisseuls quelques rares intellectuels français tels GeorgesNivat écoutèrent vraiment. En 1998 dans ses“Considérations sur la difficulté de se libérer du despo-tisme” (Paris, Editions de Fallois-L’Age d’Homme), leprofesseur de Genève alerta la communauté des ‘ex-

soviétologues’ en citant un histo-rien russe Georges Fedotov, émigréà Paris dans les années 1920 :‘Notre intelligentsia n’a pas vunaître ce mouvement national,elle s’est moquée de la langueukrainienne, elle n’a pas comprisla catastrophe nationale [pour laRussie] que représentait la forma-tion d’un pôle ukrainien hors del’Empire russe, à savoir à Lviv etdans la Galicie autrichienne…’

Mais l’historiographie russo-soviétique a la dent dure. Et au-jourd’hui le mythe de ‘la guerredes deux Ukraine’, sur lequel souf-fle le grand frère depuis dessiècles, ne demande qu’à s’em-braser et à se propager à nouveau

vers les milieux intellectuels occidentaux. Sans aucunedistance, on répète cette vaste plaisanterie selonlaquelle la Crimée, aurait été ‘un cadeau’ deKhrouchtchev à l’Ukraine. Il ne faut pourtant pas êtregrand historien pour savoir que cette colonie grecquefut le berceau de la Rus’, que c’est à Chersonnèse prèsde Sébastopol que le grand prince Volodymyr s’estfait baptiser en 988, que la presqu’île a été occupéepar les Tatars du XIIIe au XIXe siècle, et que ces derniers

TRIBUNE

26 FRANCECatholique N°2955 10 DECEMBRE 2004

A

La France va-t-elle

l’identité La Cour suprême ukrainienne a invalidé,

vendredi 3 décembre, le second tour du scrutin

présidentiel du 21 novembre, et a ordonné un

“nouveau second tour” pour le 26 décembre.

Des dizaines de milliers de partisans du

dirigeant d'opposition Viktor Iouchtchenko,

rassemblés sur la place de l'Indépendance à

Kiev ont acclamé ce résultat. Cependant le

Premier ministre Viktor Ianoukovitch croit

encore à sa victoire. Dans ce contexte, notre

ami Antoine Arjakovsky, appelle la France, à

prendre ses responsabilités.

par Antoine ARJAKOVSKYProfesseur à l’Université Catholique d’Ukraine

©U

KU

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votent en masse pour le parti deIouchtchenko Notre Ukraine ! Or ce mythedu ‘cadeau de César’ est l’argument debase du maire de Moscou Iouri Loujkovqui n’hésite pas depuis plusieurs annéesà menacer l’Ukraine de ‘reprendre sonbien’.

Au sujet de la ‘nostalgie des uniates’,pour qui a lu un tant soit peu les œuvresde ces grandes figures œcuméniques quefurent le métropolite Szeptitzki ou le car-dinal Slypyj, il apparaît que ce n’est pastant le souvenir séparatiste du temps desHabsbourg qui l’anime, que la mémoirevivante de l’unité chrétienne. L’Eglise gré-co-catholique est en effet l’héritière del’Eglise de Kyiv, la seule Eglise orthodoxea être restée en communion avec l’Eglisede Rome malgré le schisme de 1054.Jusqu’au XVe siècle elle pratiquait ladouble communion avec Rome et Cons-tantinople. Les évêques de la Rus’ (distincte de laMoscovie) ont accueilli triomphalement à Kyiv en1439 leur métropolite Isidore à son retour du concilede Florence où fut proclamée l’union entre tous leschrétiens. A Moscou en revanche le tsar Basile II jetaIsidore en prison. L’Union de cette Eglise à Rome en1589, dont les meilleurs historiens s’accordent pouradmettre qu’elle fut initiée par l’Eglise de Kyiv, ne futrien d’autre que l’actualisation de cette mémoire. Al’Eglise-mère de Constantinople, les évêques de Kyivrappelaient aussi que dans l’ecclésiologie orthodoxela source du droit canon est l’Esprit et non ‘le terri-toire canonique’. Le prix de cette liberté fut lourd.Mais l’intuition du concile de Florence, à savoir quele don de l’unité est au-dessus des divergences intel-lectuelles, ne fut pas entamée. Les vagues de latini-sation ou de russification à l’époque moderne, puis lesgrandes persécutions staliniennes, n’ont pas éteint lanostalgie évangélique de cette Eglise, réduite enUkraine au XXe siècle à trois petites éparchies à l’om-bre des Carpates. C’est en ce sens que doit être inter-prété le retour du siège de cette Eglise à Kyiv effectuéau printemps dernier par son patriarche, le cardinalLubomyr (Husar). Le patriarche Alexis II de Moscou, et

avec lui un grand nombre d’orthodoxes en France, n’yont vu quant à eux qu’une nouvelle preuve du ‘prosé-lytisme catholique’…

Quant à la langue ukrainienne, ‘langue des cam-pagnes’, il est tout simplement regrettable que lestenants de ce type de propos ne puissent lire en versionoriginale la revue éditée à Kyiv par Konstantin Sigovet Léonide Finberg, Duh i Litera, (“L’Esprit et la Lettre”).Parmi les livres publiés par la maison d’édition dumême nom, outre les grands intellectuels ukrainienscontemporains (Myroslav Marynovytch, NataliaIakovenko, Vadim Skouratovsky, …), on trouve lestraductions en ukrainien des grands textes de PaulRicoeur, Hannah Arendt, Charles Taylor, ou SimoneWeil. On souhaite aux campagnes de France la mêmeébullition culturelle !

Le problème de l’Ukraine n’est donc pas en profon-deur un problème d’identité mais plutôt celui de lareconnaissance de son identité. Les raisons sont tropnombreuses pour être discutées ici : le désir effréné deshistoriens russes depuis Karamzin de s’inventer unegénéalogie plus ancienne que la Moscovie du XVIe siècle,la fascination des intellectuels français pour les Soiréesde Saint-Pétersbourg et la grande lueur à l’Est, la diffi-

TRIBUNE

FRANCECatholique N°2955 10 DECEMBRE 2004 27

(enfin) reconnaître

ukrainienne ?©

UK

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Place de l’Indépendance à Kiev

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TRIBUNE

28 FRANCECatholique N°2955 10 DECEMBRE 2004

culté des hommes politiques français depuis FrançoisIer à penser l’Etat-nation de façon plurielle, etc…

Le résultat est que, avant que la révolution orangene détourne les caméras européennes de la Turquie,les seules informations sur l’Ukraine qui filtraient enEurope occidentale ne concernaient que le drame deTchernobyl, les exploits sportifs de footballers expa-triés, et la victoire à l’Eurovision de la chanteuse Rous-lana dont les ‘danses sauvages’ n’ont pu s’imposerqu’en langue anglaise…

Or la question s’est posé brutalement à l’Europeet notamment à la France après la victoire du candi-dat démocrate Victor Iouchtchenko au premier tourdes élections, malgré la double visite du présidentPoutine en Ukraine et le blocage de 6 chaînes de télé-visions. Le candidat socialiste Moroz (6% des voix)s’était désisté en faveur de Iouchtchenko rendant savictoire certaine. C’est alors qu’eut lieu lors du secondtour le 21 novembre dernier une ‘tentative de coupd’Etat’, selon les mots de Ioulia Timoshenko, via unefraude massive des bulletins de vote. La 5e chaîne detélévision a montré immédiatement les faux bulle-tins, les stylos à encre disparaissante, les 30% d’élec-teurs ayant voté à domicile dans la région de Mykolaïv,au total plus de 3 millions de votes détournés ! Ceputsch fut orchestré par le candidat de la Russie,Victor Ianoukovytch avec la complicité de l’ancienprésident Léonide Koutchma. Après la déclaration dela victoire aux élections de Ianoukovytch par lacommission électorale (dont le degré de corruption alargement été rendu public par d’anciens membresde celle-ci entrés en dissidence), la Cour consti-tutionnelle a empêché sa publication.

Car entre-temps une lame de fond a soulevél’Ukraine en quelques jours, d’Est en Ouest et du Nordau Sud. Celle-ci contrastait avec le triste spectacle dela célébration de la victoire de V. Ianoukovytch àDonetsk, ville de 5 millions d’habitants qui aurait pour-tant voté à 97% pour le candidat du pouvoir. Les camé-ras des chaînes d’Etat, braquées vers le ciel pour undérisoire feu d’artifice, ne purent masquer les ruesdésertées de la grande ville minière. Depuis, chaque jourun nombre croissant de régions (Lviv, Kyiv, Jitomyr…)et de personnalités importantes du pouvoir (de la police,de l’armée, de la presse, de la magistrature,…) décla-raient leur allégeance au président Iouchtchenko. Ladécouverte de la présence de soldats russes sousuniforme ukrainien risquait d’accélérer les événements,rendant intenable la position des putschistes L.Koutchma, V. Ianoukovytch et V. Medvetchouk.

C’est à ce moment précis que s’est joué l’avenir dela révolution orange. Le mouvement allait-il se brisersur les offres de ‘compromis’ de la médiation inter-nationale ? Ou à l’inverse la communauté internatio-nale, autant celle des intellectuels et des médias quecelle des politiques, soutiendra-t-elle la stratégie deIouchtchenko d’imposer rapidement un deuxièmesecond tour qu’il se sent sûr de gagner en cas d’élec-tions libres ? Allait-on employer le langage du droit

positif, ou considérer au contraire que le peuple souve-rain est maître de la Loi ? Les grandes puissancesvoudraient-elles ménager la Russie ou reconnaîtreenfin l’identité ukrainienne ?

Car l’histoire du coup d’Etat en Russie de 1991montre qu’il ne peut y avoir de compromis avec unrégime non démocratique. Si l’on a admis que l’Ukrainen’est pas un patchwork composite et périphérique maisune vieille nation slave et européenne disposant danssa diversité d’un seul cœur et d’une seule tête, alors laseule alternative aujourd’hui pour les putschistessemblait la force ou la fuite. Le président Poutine étaitle seul à pouvoir imposer le premier scénario. On enavait vu les prémices le 26 novembre au soir, avec la

création d’une régionautonome du Sud-Est(Luhansk, Donetsk) etune demande de ratta-chement à la Russie…

Mais dès le 25novembre Colin Powellavait déclaré que lesEtats-Unis n’accep-taient pas le résultatde la commission élec-torale. Le 26 novem-bre à Ouagadougou, leprésident Chirac s’é-

tait prudemment placé en seconde ligne derrière JavierSolana. Chacun sait en Ukraine que Jacques Chirac sedéclare l’ami du président Poutine. Mais il se trouvedésormais dans une situation embarrassante. Certes,il n’a pas eu l’occasion de répéter l’erreur du présidentMitterand en août 1991, qui avait prématurémentreconnu les putschistes russes, car le Parlement ukrai-nien a, le 1er décembre, censuré le Premier ministresortant Viktor Ianoukovitch. Cependant le présidentLeonid Koutchma possède encore des atouts en mains.A l’heure où je révise ce texte, il n’a pas encore renvoyéle premier ministre, dont il voulait faire son succes-seur à la présidence, car il cherche une solution de repli.Et il s’emploie, sous prétexte de donner des garantiesà l’opposition et aux Occidentaux (l’OSCE, qui réunit55 Etats, était en sommet à Sofia les 6 et 7 décembre,et faisait pression), à proposer des réformes consti-tutionnelles qui visent peut-être à vider la futureprésidence de tout pouvoir et, en tout cas, à entrete-nir la confusion dès maintenant...

Et comme le président Poutine n’a pas encore ditson dernier mot, il convient d’être très vigilants.

Je pose la question avec un certain agacement :les médias français vont-ils continuer de faire semblantde croire en la possibilité d’une médiation interna-tionale qui mettrait à égalité les ‘deux parties enconflit’ ? Ou bien le président Chirac, et à travers luila nation française, sauront-ils faire preuve de couragepolitique en répondant à l’espérance blessée de lanation ukrainienne ? Le temps presse… ■

A.A.

Entre-tempsune lamede fond asoulevél’Ukraine

A. Arjakovsky

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LIVRES

FRANCECatholique N°2955 10 DÉCEMBRE 2004 29

■ MA PREMIÈRE IMAGERIEEditions Play Bac, dès 18 mois, 21 x 21 cm, 24 pages,7,90 €.

Ma première imagerie : de l'alimentation, desanimaux, de bébé.

Une nouvelle collection d'imageries photos touten carton pour les petites mains, pour découvrir denouveaux mots. C'est tout en douceur que lesenfants se plongeront dans l'apprentissage des motsautour de l'univers de bébé, des animaux et de l'ali-mentation accompagnés de Moustilou, petite souristendre et rigolote. Avec les photos et les mots, pa-rents et enfants pourront découvrir les lieux quicomptent le plus dans la vie des petits.

■ LIVRE DÉCOR DE MOUSTILOUEditions Play Bac, dès 18 mois, 1 décor cartonné 92 x22 cm, 1 imagerie 12 pages, 17,5 x 17,5 cm, 1 pe-luche 15 cm, 15 €

Moustilou à la ferme, un concept 3 en 1 avec unlivre, une peluche et un décor pour jouer.

Pour Noël, Moustilou, la petite souris, devient lehéros d'un livre qui réserve bien des surprises. Avecce livre décor, Moustilou entraîne les petits dansune visite très animée de la ferme et de ses habi-tants. Dans le livre détachable, ils découvrent, autravers d'une petite fiction, de nouveaux mots enphotos. Cette histoire joliment illustrée leur inspire-ra bien des aventures qu'ils s'amuseront à faire vivreà la petite peluche Moustilou dans ce décor deferme.

■ L'IMAGERIE PHOTOS DE "MES ANNÉES DE MATERNELLE"

Editions Play Bac, dès 2 ans 1/2, 20 x 20 cm, 148pages, 10,90 €.

Préparer une salade pour apprendre à compter ,trier des déchets pour reconnaître les matières ouattraper des papillons pour jouer avec les couleurs,c'est l'originalité de cette nouvelle imageries photosavec ses dix-huit pages d'activités.

Encore guidés par Moustilou la petite souris, lesenfants découvrent les couleurs, les formes, lesmatières, les chiffres, les lettres mais aussi la notiondu temps, les saisons, la nature, le corps, les cinqsens... et ce, en lien direct avec leur quotidien : unplateau de fromage pour les formes, des animauxpour les motifs, une journée à l'école pour la notiondu temps...

Avec son approche originale, cette nouvelleimagerie très interactive deviendra vite un outilpédagogique incontournable!

■ TROUVINETTES "LE CIRQUE"Editions Play Bac, dès 3 ans, 21 x 19 cm, 32 p., 7,50 €.

Dans une partie de cache-cache pleine desurprises, les enfants jouent à découvrir qui setrouve derrière le rabat ajouré de chaquepage. Des indices les mettent sur la voie.Lorsqu'on soulève le volet, la solution apparaîtsous la forme d'une grande illustration accom-pagnée d'un petit texte documentaire.

Un univers gai et coloré idéal pour les tout-petits !

Les portraits tendres et amusants qui présententle monde du cirque et ses artistes font de cesalbums-devinettes des documentaires adaptés auxtout-petits.

■ LE LIVRE DE LA FOI DES PETITS ENFANTSPOUR PRÉPARER LE CATÉCHISME EN FAMILLE

Christine Pedotti, illustrations Eric Puybaret, EditionsMame, dès 4 ans, 22 x 25 cm, 380 p., 13,90 €

Comment parler de Dieu aux enfants ? Com-ment les accompagner dans la découverte de lafoi ? Les parents sont souvent démunis et ne trou-vent pas toujours les mots pour annoncer la joie decroire ! Voici un livre pour les aider à éveiller leursenfants à la présence de Dieu et les initier à la foichrétienne.

Page après page, les enfants découvriront qu'ilssont aimés de Dieu, qu'ils peuvent vivre leur foi tousles jours et qu'ils appartiennent à la grande familledes chrétiens. Ils feront la connaissance du Christ etde sa Bonne Nouvelle qui les invite à une vie debonheur dès maintenant et pour toujours !

■ GÉO PANORAMIQUECoédition Play Bac Géo, à partir de 8 ans, 41 x 25 cm,(82 cm x 24 cm ouvert) 146 pages, 35 €.

Un très beau cadeau de Noël pour tous les pas-sionnés de voyages et de belles photos ! Seul le for-mat panoramique pouvait rendre compte de toutecette splendeur, donnant ainsi le sentiment d'y être.De courtes légendes plongent le lecteur dans l'his-toire de ces lieux magiques.

◆ Voyage au fil des eauxDu Mont-Saint-Michel au Mali, des photogra-

phes passionnés ont su attendre patiemment labonne heure, la bonne lumière, qui permettrait àleur objectif de capter la beauté de ces sites magni-fiques. Ces 72 photos panoramiques issues des quatre coins du monde ont toutes en commun unélément majeur, source de vie : l'eau.

◆ Voyage à travers la France70 photos panoramiques dressent un tableau

"grand angle" de la France, restituant ainsi le patri-moine naturel et culturel français dans toute sasplendeur. De l'île Rousse en Corse aux Cévennesenneigées, du château de Chantilly à la petite cha-pelle St Michel de l’aiguille au Puy, des toits de Parisà Strasbourg sous la neige, ou encore des champsde lavande aux salines de Guérande... ce très beaulivre révèle la France dans toute sa diversité, sarichesse et sa beauté.

■ CALENDRIER ÇA M'INTÉRESSEEditions Play Bac, en coédition avec Ça m'intéresse,à partir de 10 ans, 16 x 16 cm, 380 pages, 16 €

365 questions/réponses pour aiguiser sa curiosi-té avec ce calendrier perpétuel pour tout ceux quis'intéressent au monde qui les entoure, proche ou

lointain ! Ces questions sont souvent insolites,sur des sujets aussi variés que la science, l'envi-ronnement, la santé, la société.

Comment se forme l'arc-en-ciel ? D'oùvient la tradition de la bûche de Noël ? Lespoints de la coccinelle donnent-ils son âge ?Pourquoi dit-on "Allô!" au téléphone ? D'oùvient le vent ? Pourquoi entend-on la mer dans

les coquillages ?... Autant de questions qui suscitentimmanquablement l'intérêt et appellent des ré-ponses. Les explications sont claires et simples.

Avec ses photos amusantes et belles, ce calen-drier-chevalet dans son élégant coffret, est une jolieidée de cadeau pour toute la famille.

SELECTION

Enfantspar Brigitte PONDAVEN

Page 28: FRANCE CatholiqueFRANCECatholique FRANCE

30 FRANCECatholique N°2955 10 DECEMBRE 2004

MULTIMEDIA■ LE PÔLE EXPRESS2 CD-Rom PC, éd. THQ, 30 €

Fermez les yeux et embarquez à bord du PôleExpress. Direction, le pays du Père Noël. Scénariosympathique, environnement graphique digne desplus belles illustrations de contes de Noël, aventure,action…, tout contribue à faire de ce jeu un vrai plai-sir de saison pour les plus de trois ans, quel que soitleur âge. Le jeu suit le scénario du film. Chaqueniveau, très varié en jeux et surprises, se voitd’ailleurs précédé et suivi par une vidéo extraite dulong métrage actuellement sur les écrans.

■ SYBERIA II2 CD-Rom PC, éd. MC2/Microïds, 39 €

Après "L’Amerzone" et "Syberia", Benoît Sokal,nous offre à nouveau un magnifique jeu d’aventures.Après avoir traversé l'Europe à la recherche de celuique l'on présumait mort, Kate Walker retrouve enfinHans Voralberg et lui fait signer les papiers de rachatde la fabrique d'automates. Mission accomplie ? Lajeune avocate, toujours aussi déterminée, décide d’al-ler plus loin. A la découverte d'un univers oublié abri-tant les derniers mammouths de la terre, Kate etHans continuent leur voyage, motivés par le désirobstiné de mener à bien cette quête, entreprise parHans Voralberg, il y a bien longtemps. Au loin, sedresse la mythique Syberia.

■ QUESTIONS POUR UN CHAMPIONDVD-Rom PC/Mac, éd. Mindscape, 30 €

Tous les passionnés de la célèbre émission peu-vent maintenant la retrouver et y participer à toutmoment sur ordinateur (ou sur leur télé avec le DVDinteractif homonyme de chez Sony, vendu 25 €), avecce jeu multimedia. Un Julien Lepers plus vrai quenature vous accueille dans un décor identique à celuide la télé pour des parties comprenant de 1 à 4joueurs, qui se voient affecter chacun une touche duclavier dans les compétitions de rapidité. En bonusvous est offert la vidéo intégrale de la toute premièrediffusion, le 7 novembre 1988.

■ FIFA FOOTBALL 2005CD-Rom PC, éd. EA, 40 €

Avec cette édition 2005, vous pouvez jouer sur unterrain de foot avec les 38 équipes nationales de laLigue 1 et de la Ligue 2. Sous licence, le jeu adopteles véritables noms de plus de 11 000 joueurs. Se rap-prochant davantage de la simulation, les évolutionssur le terrain sont devenues plus réalistes. Le jeu s’estaussi enrichi d’un mode Off the Ball qui permet dediriger un joueur qui n'a pas le ballon. La présence dumode Compétition permet de disputer les champion-nats ou les coupes. Il est à noter qu’un effort majeura été fait en ce qui concerne la France. En effet, vouspourrez prendre le contrôle de votre club et participeraux tournois de ligues ainsi qu'à la Coupe de France.

■ FOOTBALL MANAGER 2005CD-Rom PC/Mac, éd. Sega, 49 €

Football Manager 2005 offre aux amateurs dejeux de gestion une simulation élaborée du monderéel du football. Grâce aux outils mis à votre disposi-tion, vous contrôlez un grand nombre de paramètresà partir d’une base de données impressionnante aussibien par sa taille que par sa fiabilité. Il vous revient

aussi bien de communiquer avec les médias que deconcocter un emploi du temps équilibré pour vosjoueurs. Vous pouvez aussi déléguer telle ou telletâche à vos adjoints. Par rapport aux versions précé-dentes, le côté humain a été encore renforcé et lesjoueurs font décidément de plus en plus penser à desêtres vivants. Vous verrez d’ailleurs votre équipe évo-luer sur le terrain selon votre choix de jeu.

■ SCHIZM II3 CD-Rom PC, éd. The Adventure Company, 45 €

Le scénario débute avec le réveil d'un jeunehomme sur une station orbitale abandonnée. Sorti desa capsule, il ne se souvient plus de son nom. Quandà savoir où il est, depuis quand et qui l'a placé ensommeil artificiel ?... Suite du célèbre Schizm, ce jeud’aventures reprend les éléments qui ont fait le suc-cès de son aîné, en proposant au joueur l'explorationd'un monde fantastique truffé d’énigmes complexesdans des environnements 3D superbes. Dommage quecertains obstacles, si inutilement difficiles à franchir,même avec la solution, découragent parfois d’allerplus avant.

■ FLANKER 2.0CD-Rom PC, éd. Micro Application, 15 €

Avec cette simulation de vol militaire très élabo-rée, le joueur se retrouve au cœur de combatsaériens. Des graphismes étonnants établis à partir d'i-mages satellite et un moteur 3D de qualité, accompa-gné d'un système de son également en 3D offrent unenvironnement de vol extrêmement réaliste. En sui-vant les conseils de l'instructeur de bord, vous pro-gressez peu à peu grâce à des menus intuitifs et desmissions d'entraînement aussi complètes que richesen action.

■ KOHAN 22 CD-Rom PC, éd. Take 2/Global Star, 29 €

Kohan 2: les rois de la guerre, destiné aux plus de12 ans, est le deuxième volet d'un des titres les plusinnovants dans le domaine de la stratégie en tempsréel. Principalement orienté vers la stratégie et lecombat, il permet au joueur de négliger le micro ges-tion des troupes. Le système original des ressourceset la gestion particulière des bases permettent d’ad-ministrer cités et armées de façon simple afin de seconcentrer sur la tactique. Avec son éditeur d'es-couades très intuitif, le jeu devrait plaire aux joueursdu premier épisode comme aux amateurs de nou-veautés originales en matière de stratégie militaire.

■ WARHAMMER 40.000 : DAWN OF WARCD-Rom PC, éd. THQ, 35 €

Destiné aux plus de 16 ans, Warhammer 40.000 :Dawn of War, Inconnu il n'y a même pas un an, s'im-pose comme l'un des tout meilleurs jeux de stratégieen temps réel de l'année. Sur le thème d’une cam-pagne des Space Marines conduite en solo, le produitconvainc par son mode de jeu efficace, aux inspira-tions claires mais truffé de bonnes idées, et sa réali-sation de haute volée. La grande qualité des anima-tions et la bonne modélisation des différentes unités,bénéficiant du design des figurines originales, assu-rent des batailles spectaculaires, intenses et toujoursprenantes, grâce à une petite pointe de micro gestionà partir d’une interface conviviale.

SELECTION

CD-Romde jeux

par Pierre THOMAS

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■ Mgr Danneels, comment en êtes-vous venu àcollaborer avec le Père Kim pour réaliser cetouvrage ?

Si mon souvenir est bon, c’est lui qui m’a écritpour un précédent ouvrage sur le chemin de croix.Il avait lu un fascicule que j’avais rédigé sur lesujet - "l’arbre en fleurs" - et voulait des textes àjoindre à ses illustrations. Cette première collabo-ration a donné lieu à une édition pour biblio-philes.

Plus tard, il a réalisé une autre série de pein-tures au moment de l’adjonction des mystèreslumineux dans le Rosaire. Elle a été exposée àNotre-Dame de Paris et devait aussi l’être auVatican. Il m’a alors re-contacté pour que nousreprenions notre collaboration. Mais je ne dispo-sais alors pas de texte préexistant. J’ai donc écritces commentaires. Cela a donné ce livre en grandformat, qui comprend les textes évangéliques, uncommentaire en français traduit en latin et lareproduction d’un tableau en face de chaquetexte.

■ Quels étaient vos intentions en écrivant cescommentaires ?

Il s’agissait pour moi de faire entrer le lecteurdans l’expérience du mystère. C’est donc de l’ordre de l’incitation à la prière, de la méditation.L’utilisation de nombreuses images est là pourleur donner un côté plastique, en harmonie avecles couleurs et les formes utilisées par le père Kim.

■ Pourquoi n’y trouve-t-on pas de ces formulesdont vous avez le secret quand vous parlez des

réformes à accomplir dans l’Eglise ou desrapports à entretenir avec la presse ?

De telles formules servent à frapperl’imagination pour faire passer une idée.Or ce n’était pas le propos. Il ne s’agis-sait pas non plus d’enseigner, de faire dela littérature ou d’expliquer. Par contre,je m’autorise à suggérer un peu de poé-sie, sous forme d’images.

■ Le Rosaire traditionnel a été com-plété par les mystères lumineux ;pourquoi ?

Le Rosaire a toujours été une prièrecentrée sur Jésus. Même les médita-tions sur la Vierge, comme son As-somption ou son couronnement, ren-voient à son fils. D’ailleurs, formelle-ment, la récitation des "Je vous salueMarie" est enchâssés entre des "Notre

Père" et des "Gloire au Père". Ce ronronnementrépétitif est le bruit de fond qui permet de tendreson attention vers la méditation d’un épisode dela vie du Christ. Or, certains de ceux-ci, quoi-qu’importants, n’étaient pas mis en exergue dansle cadre de cette prière. C’est cela que l’adjonc-tion des mystères lumineux a pallié.

■ Est-il exagéré ou injustement négatif de direque l’ajout de ces mystères clairement christo-centriques a été une façon de lutter contre lamariolâtrie ?

Ce peut être un effet mais ce n’était en touscas pas le but premier.

■ N’y a-t-il pas dans le Rosaire des mystères -Cana par exemple – qui militeraient en faveurd’une institution d’un sacerdoce au féminin,qui célébrerait des sacrements différents deceux dévolus aux hommes ?

Non, par contre, il y a une collaboration deplus en plus grande à rechercher entre hommes etfemmes. C’est encore le sens de la lettre duCardinal Ratzinger parue cet été, et aussitôt criti-quée, surtout par ceux-là même qui n’ont pas prisle temps de la lire.

Il est important de valoriser la féminité plusqu’elle ne l’est encore aujourd’hui. C’est pourquoi

LIVRES

32 FRANCECatholique N°2955 10 DÉCEMBRE 2004

L’artet la prENTRETIEN AVEC LE CARDINAL DANNEELS

par Pierre FRANÇOIS

Un beau-livre sur le nouveau

Rosaire, c’est déjà une

originalité. Quand il est illustré

abstraitement par le père Kim

et que les commentaires en

sont rédigés par un cardinal du

premier cercle papal, le

cardinal Danneels, on s’y arrête.

"Faire entrer lelecteur dansl'expériencedu mystère"

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LIVRES

FRANCECatholique N°2955 10 DÉCEMBRE 2004 33

ièrecette lettre parle dans son titre même de la colla-boration entre hommes et femmes. Par ailleurs,parmi les sacrements existants, certains sont certes à usage unique, comme l’ordre ou le ma-riage, mais cela ne les empêche pas de continuerà produire leurs effets durant une vie entière.D’autres sont plus dévolus à la vie quotidienne,comme l’eucharistie ou la réconciliation. On nepeut donc pas dire que les sacrements sont desmoments sommets entre lesquels nous serionslivrés à nous même.

■ Vous qui êtes liturgiste de formation, commentse fait-il que cette matière soit si souventsource de conflits ?

Un de mes curés me disait un jour en riant :"la liturgie est soit vierge soit martyre. Vierge, onn’y touche pas ; martyre, on en fait n’importequoi". La liturgie nous est très importante parcequ’elle touche à quelque chose de bien plus in-time que nos convictions intellectuelles. C’est unlangage symbolique qui nous rejoint jusque dansce que notre chair a de plus intime, jusque dansnos tout premiers besoins. Et au delà de toutes lescultures, il y a certains symboles qui sont univer-sels : le bain, le boire ou le manger, le pardon, lemariage, la maladie, la mort…

La question de l’adaptation du symbole à uneculture donnée met en jeu la nature même denotre religion. Soit il s’agit d’une religion demythes détachés de toute histoire particulière, etil devient possible de l’adapter selon les lieux, soitil s’agit d’une religion historique enracinée dansdes faits concrets comme le partage du pain et duvin par le Christ à ses apôtres, et il devient impos-sible de faire mémoire de ce fait avec du maïs oudu saké.

Or la révélation s’est inscrite dans une his-toire, celle du peuple juif, et la nôtre dérive decette première alliance, que nous ne pouvons pastrahir. Le repas de la Cène n’était pas n’importequel repas mythique, c’était un repas juif. Quandnotre liturgie se rapproche de ses racines juives,elle est donc fidèle à ce qui la constitue essentiel-lement. Et quant dans une nouvelle communautécomme les Béatitudes, on célèbre le sabbat, c’estun point positif en même temps que notre viséeactuelle n’est pas le retour aux origines mais leciel. Le moment qui me paraît le plus propice pour

signifier cette tension me paraît être le samedisaint, ce jour précis où toute liturgie s’efface dansl’attente du moment des retrouvailles. L’auteldésert, le tabernacle ouvert l’absence de messesont autant de signes qui nous orientent versnotre but, celui que cherchent déjà à nous dési-gner tous les rites. En ce sens le samedi saint estla liturgie la plus riche non par son extrêmesobriété mais par l’attente qu’elle signifie et lebut qu’elle désigne.

Enfin, en ce qui concerne les différentes for-mes de liturgies, il faut quand même considérerqu’à côté de la liturgie officielle de l’Eglise, inva-riable, existent des pratiques particulières.Comme le triduum pascal, que certaines commu-nautés de fidèles célèbrent et d’autres pas. Cespratiques, le Rosaire en est une autre, sont ausside bons marchepieds pour la vie de foi à cause deleur dimension catéchétique. Et fournissent auxfidèles un espace de liberté créatrice qui n’altèrepas la liturgie officielle.

■ Qu’advient-il des réformes que vous souhaitiezlors du synode des évêques de 2001 ?

Les choses évoluent très lentement mais il nesaurait en être autrement dans la mesure où il y aau Vatican une atmosphère de fin de règne. Cen’est jamais dans ces moments là qu’on met enroute des réformes, et ce ne serait d’ailleurs passouhaitable. De toutes façons, les évolutions enmatière de collégialité sont moins à faire entre lapériphérie et Rome qu’entre les Eglises localeselles même. ■

"Ave Maria", en hommage à Jean-Paul II, GodfriedDanneels, Kim En Joong, préface par Jean-LouisPrat. Editions du Cerf, mai 2004, 104 pages, 29 €.

"La liturgieest un langage symboliquequi nousrejointjusque dansce que notrechair a de plus intime"

Cardinal Danneels

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ontemporain de Gargallo, sa postéritéest certaine, avec Calder, Chillida ouaujourd'hui Richard Serra. Sans oublierPicasso qu'il initia à la soudure auto-gène en même temps que lui même dé-

couvrait dans son atelier, tout un registre de for-mes inédites, notamment les assemblages d'ob-jets divers.

González fut l'un des premiers sculpteurs às'intéresser au fer, un matériau nouveau dansl'art, moteur de formes nouvelles. Principalementdues à l'invention du dessin dans l'espace et lerôle accordé au vide qui devient partie vivante etautonome de l'œuvre.

L'exposition du musée Maillol ouvre le par-cours avec quelques pièces capitales, donnantd'emblée la mesure de cette œuvre.

Le "Masque d'adolescent"qui figure en premier est unesignificative plaque de ferforgé, courbée et découpée ;cette tête quasiment plate,affiche sa rondeur anatomiquegrâce à l'articulation de deuxvolumes – en une seule plaquede fer - que crée une netteentaille au sommet du cou. Lesyeux découpés en angle vif don-nent à cette effigie un accent devivacité, de malice et de rêverie àla fois.

Ce masque est posé à côtéde l' "Autoportrait" à l'huile,peint par González plus jeune,d'une touche franche et sin-

cère, dans une belle lumière. Un critiquecontemporain du sculpteur disait à juste titre :"Ces formes ont du poids !"

L'incision pratiquée au centre d'une surfaceet la construction par assemblages de feuilles demétal, ouvrent une dimension inédite pour lesculpteur, la troisième.

La "Tête en profondeur" de González exprimeen effet ce souci d'un "volume autre" : les plansen opposition composent un visage à la foisabstrait et suggestif. Un léger pincement indiquele nez, une lumière mouvante situe avec naturelles souples passages entre des surfaces oppo-sées. Le "Masque acéré" ou celui "Ombre etlumière" sont du même ordre. En sculpture dé-sormais, la découpe de la matière est en passede remplacer le modelage du relief.

EXPOSITIONS

Julio GonzálezFONDATION DINA VIERNY, MUSEE MAILLOL

par Ariane GRENON

Julio González (1876-1942),

artiste catalan, compte parmi

les plus grands sculpteurs du

XXème siècle. La majeure partie

des œuvres exposées au musée

Maillol appartiennent à l'IVAM,

l'institut d'art moderne de

Valence, en Espagne.

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Gonzálezfut l'un despremierssculpteurs à s'intéresserau ferMasque de

Montserrat criant, vers 1938-1939.

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Autoportrait, vers 1920. Huile sur toile.

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Le jeune sculpteur est un adepteéclairé du cubisme, dans sa versionultime, la plus complexe, le cubismesynthétique qui multiplie les pers-pectives au cœur d'un seul objet.

Les métaux favoris de Gonzálezsont le fer, le cuivre et le laiton qu'ilpeut souder entre eux grâce au cha-lumeau oxyacéthylénique, un procé-dé qu'il maîtrise parfaitement.

C'est grâce à cette technique,nous l'avons dit, qu'il fait la connais-sance de Picasso, lui qui depuis long-temps imagine des mariages impossi-bles entre des matériaux hétérogènes. Dans cetatelier, règne une poétique des formes qui l'en-chante, dans une veine presque surréaliste….

Désormais González va se livrer passionné-ment au "dessin dans l'espace", utilisant les va-leurs du vide et y portant le mouvement. Il accu-mule tiges de fer, lames d'acier, tôles, boulons,clous ou rivets. Les articulations de ces élémentssans épaisseur se font plus complexes, dans l'ex-ploration de cette troisième dimension qu'ilaborde.

Des figures filiformes sont construites devolumes à angles droits, compliqués de courbes.Des éléments géométriques- et cependant explicites -planent dans l'espace. La"Tête longue Tige" (1932)signe l'arrivée du bronze ; etcelui-ci annonce le retour, dans lesdernières années, à un certain natura-lisme. On avait pu admirer la mainalerte de l'artiste au travers des nom-breux cuivres repoussés de sa jeunes-se, représentant souvent des femmes,nues, allongées, de dos ou autres…

Un des derniers fers forgés deGonzález, tout à fait différent, est la"Danseuse à la marguerite" (1937),une silhouette filiforme en équilibresur un pied ; les cinq doigts de samain tendue sont simplement incisésdans l'épaisseur du bras, une fortetige de métal ; les cheveux quicouronnent un rectangle al-longé - le visage - sont dé-taillés du volume évidé.

Les nombreuses études expriment l'acuitéd'un regard. Finement dessinés, les traits s'en-chaînent dans un élan qu'accompagnent destaches colorées. Seules demeurent les lignesessentielles où une polychromie fragmentaireagit avec vigueur.

L'abstraction côtoie, toujours avec bonheur,l'expression.

Ainsi les têtes dites "Monthyon", des hauts-reliefs, sont taillées grossièrement, proches duprimitivisme.

Elles annoncent le thème de Monserrat, laforme ultime de son œuvre : cette "Main gauchelevée" est un poing dressé dans la colère et latête de Montserrat, une figure féminine qui crie :"Profil hurlant", "Femme effrayée", "Paysanne audésespoir" ; des dessins au crayon, à l'encre, à laplume… et une ronde bosse, déchirante, en plâtre. La guerre d'Espagne est là.

Ces figures expressionnistes sont empreintesde toute la douleur du monde…

Un masque clôture cette série : tragique,hermétique, de bronze noir ; avec des yeux enlignes brisées, une bouche distordue par l'hor-reur, grande ouverte comme un trou noir, ilhurle… ■

Le jeunesculpteurest unadepteéclairé ducubisme

Julio Gonzáles, sculpteur, jusqu'au 21 février2005. Fondation Dina Vierny, Musée Maillol,59-61 rue de Grenelle, 75007 Paris. Tous lesjours de 11h à 18h, sauf les mardis et joursfériés. Tél. 01.42.22.59.58, fax 01.42.84.14.44.Site : www.museemaillol.com

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EXPOSITIONSVisage de femme coloré, 1936.Plume et aquarelle sur papier.

Masque d'adolescent, vers 1929-1930.Fer forgé, coupé et courbé.

Tête longue tige, vers 1932-1933.Bronze.

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usée de l’histoire de Paris, le muséeCarnavalet convient bien pour servir decadre à l’exposition "Marquet, vues deParis et de l’Ile-de-France" : les toilesreprésentant les quais de la capitale

ont fait la renommée du peintre. Cette expositionintervient trente ans après celle de 1975 qui com-mémorait, à Bordeaux et à Paris, le centenaire dela naissance de l’artiste, disparu en 1947. Au fildes salles, quelque 130 œuvres sont présentées,consacrées pour une part à Paris, pour l’autre àl’Ile-de-France. Si les peintures sont très présen-tes, elles n’excluent nullement d’autres tech-niques : aquarelles, encres, estampes ou pastels.Né en 1875 dans la capitale de l’Aquitaine,Marquet manifeste très jeune des dispositions

pour le dessin. Il entre en 1892 à l’Ecole Nationaledes Arts Décoratifs. Il y rencontre Matisse, qu’il re-trouvera plus tard dans l’atelier de GustaveMoreau, en compagnie duquel il peindra sur leterrain de nombreuses vues d’Arcueil et de Paris(jardin du Luxembourg…). Il fera partie des"Fauves", avec Matisse, Derain, Rouault…, qui pro-voqueront le scandale au Salon d’automne de1905. Très tôt, il trouve son style fait de simplicitéapparente, de constructions s’appuyant sur leslignes de force, de sensibilité à la lumière. Lumière

que, voyageur infatigable, il va traquer enScandinavie, en Espagne, en Afrique duNord, sur le Bosphore ou le Danube. Ce-pendant, il reste surtout connu du grandpublic pour ses vues des quais de Paris.

La première salle ouvre un parcoursthématique qui commence avec les dif-férentes vues de Paris que Marquetdécouvre au gré de ses différents logis,ou des environs de la capitale. Un "Jardindu Luxembourg", avec un premier plan etun ciel "vides", révèle déjà une éton-nante utilisation de l’espace. L’heureuxrapprochement de deux toiles retientl’attention : sur "Le balcon de l’avenuede Versailles" on voit surtout la barre

d’appui, dont le second plan devient "Les toitsrouges" où le spectateur est alors comme accou-dé au balcon. Ce thème se retrouve égalementdans une œuvre très forte : "Les toits de Paris".

EXPOSITIONS

36 FRANCECatholique N°2955 10 DÉCEMBRE 2004

Marquet,Vues de PAYSAGES

par Alain SOLARI

Le musée Carnavalet

présente "Marquet, vues de

Paris et de l’Ile-de-France".

A travers un parcours

thématique et intelligent,

il nous invite à une belle

promenade dans des paysages

aujourd’hui radicalement

transformés. Nostalgie…

MAvec Matisse,dans l'atelier deGustave Moreau,Marquet peindrade nombreusesvues d'Arcueil et de Paris

La Seine au Pont-Neuf, effet de brouillard, 1906. Huile sur toile. Le Pont-Neuf, travaux, 1906. Huile sur toile.

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EXPOSITIONS

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ParisLes salles suivantes s’articulent autour des

grandes séries et du motif inépuisable qu’ellesconstituent, avec leur construction audacieuse,leur perspective plongeante, parfois leur contre-jour. Série des célèbres vues des quais : quai desGrands Augustins, quai du Louvre, quai Conti…Série des ponts où l’on retiendra particulièrementle superbe "Pont Neuf la nuit" où Marquet atteintune force et une maturité exceptionnelles. Lemême motif est souvent repris à différentes heu-res du jour, à différentes saisons… Ainsi, les cinqvues de Notre-Dame (de 1905 à 1932) où le stylede Marquet se fait plus léger, moins épuré, unecertaine sérénité perçant alors sous la grisailleparisienne.

Les sites de l’Ile-de-France, qui constituent laseconde partie de l’exposition, sont pour Marquetautant de lieux de détente qui lui permettent d’é-chapper aux mondanités et de renouveler soninspiration, alors que sa vision de Paris demeuretrès homogène. Plus encore que dans la grandeville, Marquet utilise l’espace magistralement. Lesplans d’eau sont prétextes à un subtil traitementde la lumière. C’est particulièrement vrai pour"L’Ile aux Cygnes – Herblay – 1919", avec lemiroitement des vagues à la surface de l’eau, oupour les "Bateaux à Triel – 1931", comme pour lefameux "Paysage au chaland – Conflans-Sainte-Honorine – 1911". L’œuvre graphique à laquelleest réservée la dernière salle confirme, s’il en étaitbesoin, le solide apprentissage de Marquet et sacapacité à capter l’essentiel. Le dessinateur estpénétrant grâce à un traitement souvent ellip-tique des formes, notamment chez les personna-ges croqués. Il se confirme que l’on ne peut êtrebon peintre si l’on n’est pas bon dessinateur. Uneeau forte très originale, "Le parvis de Notre-Damesous la pluie – 1927", rappelle deux toiles :"Notre-Dame sous la neige – 1927" et "Vue deNotre-Dame de Paris – 1928-1929".

Bénéficiant d’un accrochage intelligent etinventif, l’exposition constitue une visite, à traversl’œil de Marquet, de sites de Paris et de l’Ile-de-France qui ont souvent été radicalement transfor-més depuis. Une visite à ne pas manquer. ■

"Marquet, vues de Paris et de l’Ile-de-France", jus-qu’au 23 janvier 2005. Musée Carnavalet, 23 rue deSévigné, 75003 Paris. Du mardi au dimanche, de 10hà 18h, fermé le lundi et certains jours fériés.

Le Pont Saint-Michel, brumes et neige, 1908-1909.

Le Quai des Grands-Augustins, 1905.

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l était une fois, au temps du duc Charles IVde Lorraine, un certain Christian Wendel,natif de Coblence et officier d'un régimentde cavalerie. En 1704, son fils Jean-Martinfit l'acquisition des terres de Hayange. De-

puis le Moyen-Age, on exploitait des mines defer dans cette région de la vallée de la Fensch,proche de Thionville. Le nouveau seigneur devintdonc "maître de forges", une professionqu'un noble pouvait exercer sans "déroger".En réalité, c'est seulement quinze ans aprèsson installation à Hayange que le fils deChristian Wendel fut anobli par le ducLéopold Ier et ajouta à son nom la particule.Au demeurant, le blason des Wendel - "degueules à trois marteaux d'or empoignés d'a-zur" - ne cachera rien de ses activités métal-lurgiques. Ainsi prit naissance cette dynastiequi, dès l'aube de la Révolution industrielle, arégné sur l'industrie française.

Au XVIIIe siècle, la France reste encore unroyaume essentiellement agricole, mais lesWendel croient déjà aux vertus du progrès.Après la mort du patriarche, Jean-Martin, sonfils aîné Charles donne un nouvel essor à l'entre-prise familiale qui lance ses ramifications vers

Briey, Hombourg et la Sarre voisine. Il rachète desgisements de charbon, nécessaire à la fabricationde la fonte. A l'occasion, il fournira des piècesd'artillerie aux armées de Louis XV et de LouisXVI, préludant à une réputation fâcheuse de"marchands de canons". Quant au fils de Charlesde Wendel, François-Ignace, il a beau se procla-mer adepte des idées nouvelles et ami des En-cyclopédistes, il n'en perd pas pour autant le sensdes affaires ! En 1782, il participe à la créationde la fonderie royale du Creusot, en Bourgogne.

La chute de l'Ancien Régime aurait pu êtrefatale aux Wendel. François-Ignace, oubliant sesopinions avancées, part mourir en émigration.Son patrimoine est aussitôt confisqué et venduaux enchères. Heureusement, les forges serontrachetées en sous-main par Charles Aubertin, né-

gociant à Metz et prête-nom de la famille. En1815, après la Restauration, François de Wen-del, troisième fils de François-Ignace, rentreen possession des biens de ses ancêtres, aux-quels il ajoute les usines de Moyeuvre. L'héri-tage des maîtres de forges est reconstitué. LeXIXe siècle va lui voir prendre des dimensionscolossales.

Charles de Wendel a succédé à son pèreet pris les rènes de la firme en 1825. Sous sonautorité, les Wendel se hissent au premierrang du capitalisme français. Le pays connaîtun essor économique sans exemple dansl'Histoire. Charles tire le meilleur parti detoutes les grandes innovations de l'époque :fonte au coke, généralisation des hauts four-

neaux et des laminoirs. Le développement deschemins de fer décuple la demande et fait explo-ser la production sidérurgique. De 6000 tonnesde fonte en 1828, les usines Wendel en fabrique-ront 135 000 vingt ans plus tard. Le nombre deleurs employés sera multiplié par vingt. En 1857,la création de la ville de Stiring-Wendel, à lafrontière allemande, consacre la réussite de ceschevaliers d'industrie.

A la fin du règne de Napoléon III, la familleWendel, du haut de ses quinze hauts-fourneaux,domine la sidérurgie française et régente l'exis-tence de milliers d'hommes, de femmes et d'en-fants. Précurseurs à leur manière du catholicismesocial, les maîtres de forges lorrains appliquent unsystème paternaliste qui prend en charge les sala-riés de leur naissance à la mort. Les Wendel bâtis-

HISTOIRE

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MUSÉE D'ORSAY

par Hari SELDON

Maîtres de forge anoblis sous

Louis XV, les Wendel écrivent

leur saga depuis trois siècles,

en lettres de fer et d'argent.

IDès l'aube de la Révolution industrielle cettedynastie a régnésur l'industrie française

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Ernest Hébert (1817-1908)Mme Henri de Wendel

AnonymeLe château d'Hayange, vers 1845.

Les Wendel,rois de

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EXPOSITIONS

FRANCECatholique N°2955 10 DÉCEMBRE 2004 39

sent des logements à loyer modéré. Ils subven-tionnent ou contrôlent écoles religieuses, coopéra-tives, dispensaires, salles de sport et de spectacles.Parmi les premiers, ils mettent en place retraites etsoins médicaux gratuits. Si la classe laborieuse yperd en autonomie, il est indéniable qu'elle vitmieux qu'ailleurs.

Pour sa part, cette dynastie industrielle, quigouverne ses "sujets" ouvriers en monarqueabsolu, copie les règles matrimoniales des an-ciennes lignées du Gotha. Les Wendel choisissentdans la haute finance des épouses dont les dotsconsolideront la richesse de la "Maison". Quantaux gendres - selon la même logique utilitaire -,on les préfère ingénieurs des Mines.

La guerre de 1870, en provoquant la chute duSecond Empire, manque de démanteler celui desWendel. Une très vieille dame presque nonagé-naire, veuve de Charles de Wendel depuis 1825,Marie-Françoise Fischer de Dicourt, se retrouveseule aux commandes de l'entreprise. Or, l'an-nexion de la Moselle lorraine place désormais lesplus beaux fleurons et le berceau familiaux del'autre côté de la frontière, en territoire germa-nique. Afin de maintenir la cohésion de l'ensem-ble, une société en commandite "Les Petits-Fils deFrançois de Wendel et Cie" est créée pour gérer lapartie allemande des établissements. En 1880, "deWendel et Cie" structurera les actifs français. Lamême année, l'adoption du procédé d'affinageThomas permet d'utiliser le minerai lorrain pour lafabrication de l'acier. En quelques années, les des-cendants de Jean-Martin Wendel se hissent auxpremiers rangs de la production européenne.

AnonymeMarguerite d'Hausen(1718-1802), (Madame d'Hayange),veuve en 1784 deCharles de Wendel(1708-1784)

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AnonymeMadame de Wendel, épouse d'Henri de Wendel avec ses trois fils,

François, Maurice et Humbert, vers 1890.

AnonymeFrançois de Wendeld'Hayange (1778-1825)

Léon SimonLes forges de Jæuf, 1883.

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Carolus-Duran(Lille 1837-Paris 1917)Henri de Wendel (1844-1906)

Anonyme (École flamande)Une forge au XVIIIème siècle

Jean-André Rixens (1846-1925)Laminage de l'acier : défournement et enfournementdes lingots, 1887. Le Creusot.

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Au cours du XIXe siècle, quelques membres dela famille avaient parfois siégé dans les assem-blées. Pourtant, la chose publique n'avait jamaisvraiment séduit ces défenseurs résolus de l'initia-tive privée. Au siècle suivant, la figure de Françoisde Wendel marquera durablement le paysagepolitique national. Né en 1874, il choisit à dix-huit ans de se faire naturaliser français, tandisque l'un de ses cousins, Charles de Wendel, gar-dera la nationalité allemande pour aller siéger auReichstag. Elu en 1914, François siégera pendantprès de trente ans à la Chambre des Députés puisau Sénat. Il sera également vice-présidentde la Fédération républicaine, présidentdu Comité des Forges - l'ancêtre de l'ac-tuel Medef -, et régent de la Banque deFrance. Aux yeux de la Gauche, il person-nifie la bourgeoisie capitaliste dans touteson horreur. Il est le représentant emblé-matique de ces "200 familles" qui, selonle Parti Communiste, dirigent l'économiefrançaise.

Le groupe Wendel, ébranlé par lesdeux Guerres mondiales, parvient encoreà faire illusion au cours des "Trente Glo-rieuses". Au sortir des années 1960, ilproduit près des trois-quarts de l'acierfrançais. Mais, colosse aux pieds d'argile, il nepeut surmonter la crise pétrolière de 1974, ag-gravée par la concurrence des nations émer-geantes, à la main d'œuvre peu coûteuse. Quatreans plus tard, Raymond Barre, alors Premier mi-nistre, décrète la nationalisation du secteur sidé-rurgique, alors en pleine déconfiture. L'Etat épon-ge les 22 milliards de dettes de Sacilor, la princi-pale société des Wendel, qui se sauvent ainsi desaffres de la faillite.

Tandis que la Lorraine sinistrée compte pardizaines de milliers les licenciements écono-miques, les héritiers des maîtres de forges enta-ment une reconversion périlleuse. Dès 1978, l'es-sentiel des actifs restants - 25 PME et 30 000salariés dans toute la France - est regroupé dansune entité multiforme : la Compagnie Généraled'Industrie et de Participations. Une dénomina-tion volontairement neutre "afin d’escamoter le

plus possible notre passé dans la sidérurgie",avoue Ernest-Antoine Seillière de Laborde, qui enprend la tête. Né en 1937, cet énarque, anciencondisciple de Lionel Jospin, appartient à la "tri-bu" par sa mère, Renée de Wendel. D'ailleurs, lesdeux familles ont une longue histoire commune.L'ancêtre d'Ernest-Antoine, Florentin Seillière, untisserand lorrain enrichi, avait été l'un des com-manditaires - avec François-Ignace de Wendel -de la fonderie du Creusot. Tout au long du XIXe

siècle, les Seillière, titrés barons par Napoléon Ier

et Louis-Philippe, avaient entrecroisé alliancesmatrimoniales et intrigues financièresavec les Wendel et d'autres dynasties del'Argent, comme les Schneider ou les De-machy.

La reprise en main d'Ernest-AntoineSeillière est couronnée de succès. Enquelques années, la CGIP se métamor-phose en une puissante holding d'inves-tissements contrôlant plusieurs dizainesde sociétés industrielles, dans des sec-teurs aussi variés que l'appareillage élec-trique ou la recherche médicale. En 2002,la fusion de Marine-Wendel et de la CGIPaboutit à la création de Wendel Inves-tissement, qui se donne pour vocation

d'"investir dans des entreprises industrielles et deservices et à les aider à devenir des leaders inter-nationaux en favorisant leur développement". Lesactionnaires se recrutent exclusivement au seindes 1600 descendants ou alliés de la dynastie desmaîtres de forge. On y relève les noms les plusillustres de l'aristocratie, des La Rochefoucauldaux Montalembert, en passant par les Broglie, lesPolignac, les Noailles ou les Rohan. Aujourd'hui,Wendel Investissement se place comme l'un desprincipaux acteurs capitalistes de l'Hexagone.Trois siècles après sa naissance, les héritiers de lafamille de Wendel peuvent s'enorgueillir de cons-tituer encore la troisième fortune de France. ■

HISTOIRE

Exposition “La maison de Wendel (1704-2004),Trois siècles d'industrie en Lorraine”. Jusqu'au 13février 2005 au musée d'Orsay, 62, rue de Lille,75343 Paris Cedex 07, tél. 01.40.49.48.14.

AnonymeGroupe de menuisiers (scieurs de Long), Hayange-Moyeuvre, 1880.

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AnonymeMine de Hayange, trieuses de minerai, 1903,

A la fin du règne de Napoléon III,la famille Wendel,du haut de ses quinzehauts-fourneaux,domine la sidérurgiefrançaise

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uand on voit la justesse de jeu et la sen-sibilité de Philippe Avron dans "Le rirefragile", on ne peut s’empêcher de pen-ser au regretté Jacques Mauclair. Quenous dit Philippe Avron, ou plutôt que

nous dit-il avec son assistante qui, toute muettequ’elle soit, participe aussi à la création de cebijou ?

Que la superficialité des relations humaines nedissimule qu’assez mal leur vérité profonde ? Quele rire et la bonne humeur sont les ingrédients

d’un état-limite qui nous per-met de vivre malgré tout ? Quele temps passe mais pas l’hu-manité ? Qu’il nous aime, nousqui sommes son public, et

compte sur nous pour faire surgirentre la scène et la salle cette "troisiè-me chose" qui n’appartient à aucunedes deux ? Que le temps a passé,Elvire, depuis que les loups sont entrésdans Paris, mais que l’histoire a ten-dance à se répéter ?

Il y a de tout cela. Mais aussi etsurtout le désir ancré de nous offrir dubonheur et de l’optimisme en mêmetemps que quelques questions.

Et, avec sa complice, ils y par-viennent parfaitement.

On est là face à - ou plutôt prisdans – un spectacle poétique et tendre, comme une poésie d’enfant.Rien de compliqué. Ne jamais faire rireaux dépens de qui que ce soit. Ou

alors avec un tel baume de tendresse qu’on enoublie la griffure.

L’annonce liminaire est claire : "tout nefait pas rire tout le monde mais j’ai toujoursbesoin de rire avec tout le monde". Et le voilàparti pour nous démontrer que "sous l’inquié-tude se cache le bonheur d’être rassuré" ouque nos rapports avec autrui sont les mêmes

que ceux des abeilles avec leur environnement.Les bons mots fusent, comme celui de ce pro-

fesseur rendant ses copies à sa classe : "le regarddu troupeau est unique mais ses bouses sont mul-tiples". Suivent alors les conceptions de Nietzche,Kant, Bergson ou Lévinas sur le rire, mais rappor-tées de façon hilaro-méditative. On passe douce-ment de la description de la vie de quartier à l’é-vocation du temps qui passe ou aux dangers d’unetrop grande utopie. Et le spectacle s’achève surune citation de Pétrarque au sortir de la messe :"tout parle d’amour et fait des vœux pour que jene cesse pas d’aimer ".

Cela rompt la monotonie quand on entend unepage d’évangile dite avec des mots inhabituels. Eton peut prévoir de rencontrer l’artiste à la sortie,autour d’un verre de thé. ■

THÉÂTRE

42 FRANCECatholique N°2955 10 DECEMBRE 2004

Rirevital"LE RIRE FRAGILE"

par Pierre FRANÇOIS

Le rire est une chose sérieuse

qui demande à être cultivée

avec délicatesse. C’est du moins

ce que fait Philippe Avron pour

nous, jusqu’au 2 janvier.(1)

QCette pièce offredu bonheur et de l'optimisme

(1) "Le rire fragile", de Philippe Avron. Au théâtre duRanelagh, 5 rue Vignes, 75016 Paris. Tél. : 01.42.88.64.44. Du mardi au samedi à 21h., dimanche à 17h.Places à 28/22/18/10 €

Philippe Avron

D.R.

À quoi sert de gagner le mondeune vie de Saint François-XavierAprès le succès de la pièce de théâtre écrite par FabriceHadjadj et mise en scène par Michel-Olivier Michel, unDVD "Collector" a été réalisé.Née en 2002 d'une commande de la Compagnie de Jésus,

des Xavières de la Communauté Apostolique Saint François-Xavier pour lacommémoration des 450 ans de la mort du "missionnaire des Indes et du Japon",puis reprise en 2003 par la Compagnie du Caillou Blanc, A quoi sert de gagnerle monde relate le parcours spirituel et géographique d'un jeune missionnaire,François-Xavier, étonnant de modernité.Cette pièce de théatre aborde en profondeur les thématiques de la mission, dela sainteté, de la conversion et de l'inculturation de la Parole. Dramaturgieclassique à part entière, elle est aussi particulièrement adaptée à un public enrecherche (aumônerie de lycées et d'étudiants, groupe d'évangélisation, servicesdes vocations) et pour la catéchèse des adultes.Un article, de notre collaborateur Pierre François, est paru dans le numéro2906, du 28 novembre 2003, qui fait un bel éloge de cette pièce. Le DVD tientses promesses et nous offre en bonus les coulisses, une promenade littéraire etphilosophique avec l'auteur, et un commentaire du metteur en scène. ■

Lux Mundi Editions, 25 €, disponible en librairie religieuse ou sur www.festivaldepaques.org

Page 40: FRANCE CatholiqueFRANCECatholique FRANCE

Depuis quelques années, les fêtesde Noël perdent, de plus en plus,leur caractère religieux. Le ciné-

ma, qui est le reflet de notre société,n’échappe pas à la règle, avec les filmsdestinés aux enfants qui parlent, le plussouvent, du Père Noël et de ses jouets.Pourtant, il y en a, des histoires mer-veilleuses dans les Evangiles ! Fort de ceconstat, le cinéaste espagnol n’a eu qu’àpuiser dans ses souvenirs d’enfance pourse lancer dans une aventure originale :raconter l’histoire des Rois mages.

Jim est un jeune orphelin new-yor-kais très malheureux. Le Père Noël l’aoublié, car il n’a pas eu de cadeauxcette année. Pour se consoler, il traversela ville à rollers, afin de rendre visite àson grand-père. Celui-ci, pour le conso-ler, lui dit que ce n’est pas le Père Noël

qui distribue les jouets aux enfants,mais que ce sont les Rois mages.Devant le regard surpris de l’enfant, quisemble tout ignorer de ces hauts per-sonnages, le vieil homme commence àlui raconter une histoire vieille de plusde 2000 ans.

Ce charmant film d’animation sé-duira plus d’un spectateur, petit ougrand. Bien sûr, Antonio Navarro a unpeu brodé sur les quelques lignes del’Evangile consacrées aux Rois mages,

car il fallait tenir la durée d’un longmétrage. Mais, même si les héros semettent en quête d’un trésor et non duRoi des Rois, l’esprit général de l’histoi-re a été conservé. Les dessins sont trèsjolis, avec des décors épurés et des cou-leurs agréables, et l’ensemble est facileà comprendre pour des petits enfants.Une très sympathique initiative qui per-met de contrebalancer l’influence mer-cantile du Père Noël. ■

Les trois Rois mages. Film d’animation franco-espagnol(2004) de Antonio Navarro, avec les voix de Olivier Perrier(Melchior), André Wims (Gaspar), Eric Ebouanay (Balthazar),François Nadin (Hérode), Féodor Atkine (Bélial) (1h15). Sortiele 8 décembre 2004.

Plume,le petit ours polaireLorsque Plume, un petit ours polaire, naquit, ce futla joie sur toute la banquise. Mais, en grandissant,Plume en a surpris plus d’un en nouant unerelation d’amitié... avec Filou, un petit phoque deson âge. Car, nul ne l’ignore, les phoquesconstituent la base de l’alimentation des ourspolaires. Devant le conseil des anciens, Plumeavance une idée géniale : si les phoques pêchentdes poissons pour nourrir les ours, ceux-ci, enéchange, offriront la paix aux phoques.Elle est délicieuse, cette histoire de jeune ourspolaire qui trouve la solution miracle permettantd’obtenir la paix. Les dessins sont charmants etsimples, avec des couleurs très agréables, etl’humour est de la partie. L’histoire n’est pascompliquée, ce qui est idéal pour les petits enfantsqui seront ainsi accessibles au message defraternité du film. M.-L. R.

Film d'animation belgo-allemand (2001) de PietDe Rycker et Thilo GrafRothkirch, d’après les liv-res de Hans de Beer.Scénario de Bert Schrickel,Thomas Wittenburg, PietDe Rycker. Musique deNigel Clarke et MichaelCsanyl-Wills (1h15). Sortiele 8 décembre 2004.

WilburWilbur et Harbour sont deux frères trèsdissemblables. Autant le premier est suicidaire,autant le second est un optimiste, toujours prêt àaider son frère et à faire son bonheur. Après avoirinstallé celui-ci chez lui, Harbour tombe amoureuxd’Alice, une mère célibataire, et il décide del’épouser. Bientôt, Harbour apprend qu’il estgravement malade et il cache cette terriblenouvelle à tout le monde.Adepte du «Dogme» de Lars von Trier, LoneScherfing est une cinéaste fine et intéressante quia réalisé là son premier film en anglais. Cettehistoire dramatique et belle est teintée d’unhumour réjouissant.

M.-L. R.

Comédie dramatiquedanoise (2003) de LoneScherfing, avec JamieSives (Wilbur), AdrianRawlins (Harbour),Shirley Henderson(Alice), Lisa McKinlay,Mads Mikkelsen(1h45).). Sortie le 1er

décembre 2004.

CINEMA

FRANCECatholique N°2955 10 DECEMBRE 2004 43

Café LumièreYoko est journaliste à Tokyo. Célibataire, elle fréquente Hajime, unjeune homme qui l’aime en secret. La jeune fille se rend chez sonpère et elle se confie à la seconde femme de celui-ci. Yoko, en effet,est enceinte d’un ami de passage et elle entend garder l’enfant.Quelle sera la réaction de Hajime, lorsqu’il apprendra cela ?Ce film de commande est une sorte d’hommage au cinéaste japonais

Yasujiro Ozu. Bien sûr, le thème rappelle certains films de ce grand cinéaste, mais c’est surtout une œuvrequi porte la marque de Hou Hsiao Hsien, chef de file du cinéma taïwanais. On retrouve la beauté de sesimages (Tokyo est superbement filmé) et son goût pour l’absence de dramatisation. Mais cette tranche devie déçoit un peu et finit par distiller un certain ennui.

Marie-Lorraine ROUSSEL

Comédie de mœurs sino-japonaise (2004) de Hou Hsiao Hsien, avec Hitoto Yo (Yoko), Assano Tadanobu (Hajime), Hagiwara Masatto (Seiji), Kobayashi Nenji(le père de Yoko), Yo Kimiko (son épouse). Selection Officielle Venise 2004 (1h49). Sortie le 8 décembre 2004.

Quand le cinéma d’animation

remet les pendules à l’heure

face à la légende du Père Noël.

Une si belle HistoireLES TROIS ROIS MAGES

par Marie-Christine D’ANDRÉ

Un superbefilm d’animation,qui ravirapetits et grands(

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TELEVISION

44 FRANCECatholique N°2955 10 DECEMBRE 2004

SarabandeAdultes Vendredi 17, sur Arte à 20h45

Cela fait maintenant trente ans que Marianneet Johan ont divorcé et qu’ils ne se voient plus.Un jour, Marianne a l’intuition que Johan abesoin d’elle et elle s’invite chez lui. Non loin delà, habite Henrik, le fils aîné de Johan, qui vitavec sa fille Karin dans le souvenir de sa femme,décédée deux ans auparavant. Henrik, qui atoujours des relations conflictuelles avec sonpère, entretient une relation exclusive et pos-sessive (incestueuse ?) avec sa fille, avec la-quelle il partage le même amour de la musique.

���� Après des années de silence cinématographique (il s’est consacré à la télévisiondepuis «Sonate d’automne»), Ingmar Bergman revient en force avec un magnifique chef-d’œuvre, tourné en vidéo numérique haute définition. Contrairement à la plupart des filmstournés avec cette technique, le maître a réussi à obtenir des images avec une finesse degrain remarquable et des couleurs splendides. Sa caméra filme au plus près des visage pourmieux scruter les tourments de l’âme de ses personnages. C’est très beau, avec des dialoguestrès écrits et des comédiens magnifiques. Quant à l’histoire, elle est bouleversante.���� Ce retour sur le passé est, parfois, d’une dureté et d’une noirceur terribles. Unenfant privé d’amour qui ne peut qu’exprimer de la haine envers son père et un amour ambi-gu, voire incestueux, à l ’égard de sa propre fille. Mais le beau personnage de Marianne, révé-lateur de ces souffrances, vient apporter une touche plus positive à cette sombre histoire,avec une fin bouleversante.

93, rue LauristonGrands adolescents Mardi 14, sur Canal + à 21h00C'est l'inspecteur Blot qui a réussi à arrêter les sinistre duo composéd'Henri Lafont et Pierre Bony, tous deux membres de la Gestapo etqui seront exécutés à l'issue de leur procès. L'inspecteur Blot estchargé de mener une longue enquête pour déterminer quels furentleurs complices et ceux qui bénéficièrent de leurs largesses.�� C'est une excellente idée qu'à eue Canal + de faire revivre ce quefurent les sinistres agissements des gestapistes français (racket, tor-tures, marché noir, etc.), sans pour autant les rendre sympathiques. Daniel Russo, habitué de cegenre de rôles, est ignoble à souhait, même s'il parvient à humaniser un peu son personnage.L'histoire est très prenante, avec des dialogues brillants et une brochette d'excellents comédiens. �� La dénonciation des agissements de ces sinistres individus est salutaire, mais il fautavoir le cœur bien accroché pour suivre cette histoire pénible, illustrée de quelques images detorture. Quant à la fin, elle laisse un goût amer.

LUNDI 13 DÉCEMBRE20h50 : Edition spéciale : 5ème anniversaire de KTO 13 décembre 1999, KTO ouvre

son antenne sur le réseau de télévision française, un pro-jet ambitieux débuté avec courage. 13 décembre 2004 :toute l’équipe de KTO propose une rétrospective.MARDI 14 DÉCEMBRE20.50 Solidairement vôtre. Handicap InternationalPrésenté par Valérie Tibet. Prévenir, réparer et soigner,accompagner et intervenir en urgence sont les principauxengagements de cette association.MERCREDI 15 DÉCEMBRE20.50 Magazine. André Turcat, premier pilote du ConcordePrésenté par Richard Boutry"Concorde n’est pas mort", surtout dans le cœur de soncommandant de bord. Celui qui, le 2 mars 1969, a été letout premier à arracher du sol toulousain le bel oiseaublanc, revient sur son parcours.JEUDI 16 DÉCEMBRE20.50 Le château Ra Tim Bum, de Cao HamburgerUn jeune apprenti sorcier passe aux travaux pratiques plus

vite que prévu quand une tante maléfique menace safamille. Les aventures cocasses et merveilleuses d’un petitbrésilien digne de Harry Potter. Avec Marieta Severo...VENDREDI 17 DÉCEMBRE20.50 Quoi après ?, de Yannick Coutheron"Etienne est mort le 6 janvier 1999. Il avait 16 ans". Leréalisateur Yannick Coutheron raconte l’histoire de safamille, celle de son frère, handicapé physique et mentalsuite à une opération d’une tumeur au cerveau à l’âge de4 mois, sa mort et le travail de deuil de ses parents.SAMEDI 18 DÉCEMBRE20.50 The Dream of Gerontius, de Sir Edward ElgarDrame sacré en deux actes. Dans le cadre de la cathédraleSaint-Paul à Londres, le compositeur victorien nous inviteici à méditer avec foi et gravité, la mort et la transfigura-tion. Direction : Andrew DavisDIMANCHE 19 DÉCEMBRE20.55 La Tentation de croire, de Olivier BrunetDans l’église Saint-Jacques de Dieppe résonne l’écho de lavoix de l’abbé Frédéric Masset. Derrière son franc-parler,son discours fascine ses ouailles et sidère les athées.Portrait d’un des nombreux visages de l’Eglise.

Canal + C. Schousboe

ZDF

Lundi 13 décembreSœur Thérèse.com GA. Télé-film avec Dominique Lavanant,Martin Lamotte. �� Une reli-gieuse surfant sur Internet estl’héroïne de cette série amu-sante et réussie.TF1, à 20h55.Ça se discute jour aprèsjour «Vivre aujourd’hui dans laprécarité : Comment préserverle bonheur familial quand on atout perdu ?». Magazine.France 2, à 20h55.L’enfer A. Drame (1994) deClaude Chabrol, avec Emma-nuelle Béart, François Cluzet(1h39). �� Une étude trèsprenante du drame de la jalou-sie. Des scènes sensuelles.France 3, à 20h55.De l’eau tiède sous un pontrouge A/Ø. Comédie en VO(2001) de Shohei Imamura, avecKoji Yakusho (1h59). ����Original et poétique, mais trèsérotique.Arte, à 20h45.Le tombeau A. Drame (2001)de Jonas McCord, avec AntonioBanderas (1h45). �� Une his-toire bancale, invraisemblableet agressive à l’égard de l’Eglise.M6, à 20h50.Love actually A/Ø. Comédie(2003) de Richard Curtis, avecHugh Grant, Emma Thompson(2h09). ���� Souventamusant, mais assez inégal etavec des scènes complaisantes.Canal +, à 21h00.

Grand format «Les enfantsprodiges de Russie» T. ���.Un remarquable documentaire.Arte, à 22h40.Black rain A. Policier (1989)de Ridley Scott, avec MichaelDouglas, Andy Garcia (2h).��� Brillant, mais avec desviolences très pénibles.M6, à 22h45.

Mardi 14 décembreLe grand concours des ani-mateurs. Divertissement.TF1, à 20h55.Le grand chemin A/Ø. Co-

WDR

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TELEVISION

FRANCECatholique N°2955 10 DECEMBRE 2004 45

médie dramatique (1986) de J.-L.Hubert, avec Anémone, RichardBohringer (1h43). ����Emouvant et bien fait. Des scè-nes complaisantes.France 2, à 20h55.Louis la brocante «Louis etles gitans» GA. Téléfilm avecVictor Lanoux. ��� Sympa-thique, mais outrancier.France 3, à 20h55.Soirée thématique «L’avorte-ment : Une bataille inachevée»Une soirée à l’image de son ti-tre : très orientée et sans beau-coup de nuances.Un enfant quand je veux, sije veux A. La bataille de l’avortement A.Education sexuelle «Une réa-lité européenne ?». Arte, à partir de 20h45.Affaires de famille «Je neveux pas vivre comme mes pa-rents». Magazine.M6, à 20h50.93, rue Lauriston GA. Télé-film avec Michel Blanc, SamuelLe Bihan, Daniel Russo, Chris-tian Charmetant (1h40). (voirnotre analyse)Canal +, à 21h00.Julien l’apprenti (2/2) «1937-1943» J. Téléfilm avec BenjaminRolland, Francis Huster (1h30).�� Une belle production.Arte, à 22h45.

Central do Brasil J. Comédiedramatique (1997) de WalterSalles, avec Fernanda Montene-gro (1h45). ��� Un film trèsémouvant, plein de fraîcheur etd’optimisme.France 2, à 01h15.

Mercredi 15 décembreCombien ça coûte ? «For-tunes de Noël». Magazine.TF1, à 20h55.La Ronde des Flandres J. Té-léfilm avec Jean-Yves Berteloot ,Claire Nebout (1h29). � Pastrès palpitant.France 2, à 20h55.Des racines et des ailes «De-puis le château de Vaux-le-Vi-comte». Magazine .France 3, à 20h55. R

epère

s

nant !Arte, à 20h45.La trilogie du samedi. Séries.M6, à 20h50.Je hais le Père Noël. Téléfilmavec Whoopi Goldberg (1h27).Canal +, à 21h00.

Dimanche 19 décembreL’aile ou la cuisse J. Comédie(1976) de C. Zidi, avec Louis deFunès, Michel Coluche (1h40).�� Amusant et distrayant.TF1, à 20h55.La bûche A. Comédie (1999)de Danièle Thompson, avec Sa-bine Azéma (1h43). ��� Unfilm d’une grande justesse deton sur l’évolution de la famille.Mais c’est parfois un peu sinistreet très pessimiste.France 2, à 20h55.On ne peut pas plaire à toutle monde. Magazine. France 3, à 20h55.Soirée thématique «Fred Astaire»

Tous en scène J. Comédie mu-sicale (1953) de Vincente Min-nelli, avec Fred Astaire, CydCharisse (1h47). ��� Unfilm magique.L’art de Fred Astaire. Arte, à partirde 20h45.Zone interdite «De Marrakech àCourchevel : Dans les coulissesdes vacances de luxe». M6, à 20h50.Football «Championnat d’Italie».Canal +, à 21h00.Un poisson nommé WandaA. Comédie policière (1988) deC. Crichton, avec John Cleese(1h43). ���� Une comédiehilarante. Amoralité et scènessensuelles.TF1, à 22h50.Police Python 357 A. Policier(1975) de Alain Corneau, avecYves Montand (2h01). �� Unremarquable policier. Mais c’estinvraisemblable et les images nesont pas discrètes.TF1, à 01h55.

Les mercredis de l’histoire«Cet hiver-là, en Ardenne...» GA.��� Très intéressant etémouvant, mais un peu troplong.Arte, à 20h45.Si j’étais elle. Téléfilm avec Hé-lène de Fougerolles, Thierry Lher-mitte, Hippolyte Girardot (1h23).M6, à 20h50.Nuits de terreur A. Horreur(2003) de Jonathan Liebesmann,avec Chaney Kley, Emma Caul-field (1h22) (- 12 ans). �� Unfilm sans intérêt est impres-sionnant.Canal +, à 21h00.Ça se discute «Couple, sexe,travail : Les femmes mènent-elles le jeu ?». France 2, à 22h35.Culture et dépendances «Lalangue française a-t-elle encoreun avenir ?». Magazine de F.-O.Giesbert, avec Jérôme Garcin,Erik Orsenna, Faïza Guène, Mau-rice Druon, Vladimir Federovski,Yazid Sabeg.France 3, à 23h30.

Jeudi 16 décembreLes Montana «Dérapage» GA.Téléfilm avec Anne Caillon, YvonBack. ��� Pas mal fait, maisun peu invraisemblable.TF1, à 20h55.Envoyé spécial : «Jamel», «Na-zis : La nouvelle vague», «Desflacons d’éternité». Magazine.France 2, à 21h05.Assassins A. Policier (1995) deRichard Donner, avec SylvesterStallone, Antonio Banderas(2h07). ��� Invraisembla-ble, long et très violent.France 3, à 20h55.Ludwig ou le crépuscule desdieux (2/2) A. Drame en VO(1973) de Luchino Visconti, avecHelmut Berger, Romy Schneider(2h). ���� Un film somp-tueux, mais qui banalise l’ho-mosexualité.Arte, à 20h45.Compte à rebours explosif.Téléfilm avec Stephen Baldwin,Tom Skerritt (1h32).M6, à 20h50.

Pas sur la bouche GA. Opé-rette (2003) de Alain Resnais,avec Sabine Azéma, Pierre Ardi-ti, Lambert Wilson (1h52).���� Un enchantement.Mais c’est un vaudeville avectoutes les conventions du genre.Canal +, à 21h00.Double je. Magazine de B.Pivot, avec Valeria Bruni Tedes-chi, Tony Gatlif, Zhu Xiao Mei.France 2, à 23h05.

Vendredi 17 décembreStar Academy. Divertissement. TF1, à 20h55.Maigret en meublé GA. Télé-film avec Bruno Cremer, AnnieGrégorio (1h34). �� Bien fait,mais le rythme est languissant.France 2, à 21h00.Thalassa «Thalassa prend la mer». France 3, à 20h55.Sarabande A. Téléfilm (2002)de Ingmar Bergman, avec Liv Ull-mann, Erland Josephson, JuliaDufvenius, Börje Ahlstedt(1h47). (voir notre analyse)Arte, à 20h45.N.C.I.S. «Enquêtes spéciales».Série avec Mark Harmon.M6, à 20h50.Football «Championnat deFrance : Lyon/Marseille».Canal +, à 20h45.

Samedi 18 décembreLes enfants de la télé «Spé-cial bêtisier de Noël». TF1, à 20h55.Samedi soir avec Jamel.France 2, à 20h55.La liberté de Marie A/Ø. Té-léfilm, avec Julia Maraval.���� Cette libre adapta-tion de «Thérèse Raquin» estbien filmée et interprétée, maiselle est peu palpitante et donneune vision sinistre du mariage.Des scènes peu discrètes.France 3, à 20h55.L’aventure humaine «La grot-te Chauvet» J. ��� Passion-

T : Tout publicJ : AdolescentsGA: Grands AdolescentsA : Adultes

ø : Œuvre (ou scène) nocive� : Élément positif� : Élément négatif

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DR DR

Page 43: FRANCE CatholiqueFRANCECatholique FRANCE

ParisParis✔ Sous des chalets, artisans, ar-tistes, producteurs du terroir...proposent leurs produits pour lemarché de Noël qui aura lieu surle parvis et les deux placesMénilmontant et Maurice Che-valier, en musique et en chan-sons. Au sommet des marches, lacrèche vivante émerveillera lespetits mais aussi les grands, du17 au 19 décembre, à Notre-Dame de la Croix 3, place deMénilmontant 75020 Paris.✔ Du 27 novembre au 3 févrierà la cathédrale Notre-Dame deParis, 6, place du parvis Notre-Dame, 75004 Paris, le long dutour du chœur de l'abside, lacrèche est posée sur une scène

de plus de 40 m2 ; des personna-ges à taille réelle incarnent lascène de la Nativité. Entrée libre.✔ Dans un décor naturel de forêtde sapins, les Indiens du Canadacélèbrent la naissance de Jésus,du 11 décembre au 23 janvier àl'église Sainte-Madeleine, Placede la Madeleine, 75008 Paris,Entrée libre. Dans la salle Royale : expositiondes "Crèches de Rivière Eternité",

l'histoire magnifiqued'un petit village de600 habitants devenucélèbre dans lemonde entier grâce àsa collection de crè-ches. Ouvert de 11hà 19h, adultes 2 € et

0,50 € pour les enfants de moinsde 12 ans. ✔ Les crèches présentées à Saint-Joseph Artisan, 214, rue La Fa-yette, 75010 Paris, témoignent dela façon dont les différentes cul-tures s'approprient Noël. Devéritables œuvres d'art réaliséesà partir des matériaux les plusdivers, et bien à leur place danscette église dédiée à saint Joseph,le patron des artisans. Jusqu'au 6janvier (10h-12h et 15h-18h).1 €/ enfant et 2 €/adulte.Une crèche vivante est prévueégalement le 25 décembre (15h).Les paroissiens jouent la scènede la nativité (parmi les acteurs :un âne, un mouton et un cha-meau).

✔ Le "Mystère de Noël", unopéra d'images numériques proje-té sur écrans géants en 3D retra-çant la Nativité à travers les chefsd'œuvre de l'art sacré pictural etmusical, à l'église Saint-Sulpice,

place Saint-Sulpice,75006 Paris, jusqu'au8 janvier (20h30) (sauf24 et 31 décembre),séance supplémentaire(18h30) les mardi et mercredi. Adultes10 €, étudiants 5 €,

gratuit pour les moins de 12 ans.Réservations : ✆ [email protected]✔ Un concert de Chant grégorienà Notre-Dame de Paris "VideruntEmmanuel", par l'école SaintMartial de Limoges, Ensemblegrégorien de Notre-Dame deParis, sous la direction de SylvainDieudonné, le 28 décembre(20h30), tarif 15 €, réduit : 10 €,gratuit pour les moins de 18 ansaccompagnant leurs parents. Bil-lets à l'accueil de la cathédraletous les jours (9h15-12h30 et13h-18h).✔ Un concert est proposé "leMessie de Haedel" par l'or-chestre et le chœur de Lutèce, le17 décembre (20h30) à l'églisede la Sainte-Trinité 3, rue de laTrinité, 75009 Paris, Entrée libre.AinAin✔ A l'occasion du centenaire dela béatification de Jean-MarieVianney, la Société Jean-MarieVianney et la Sanctuaire d'Ars,01480 Ars-sur-Formans, organi-sent un colloque "Le prêtre et lasociété - dimension de sa vie etde son ministère", au Foyersacerdotal Jean-Paul II à Ars, du14 (9h) au 16 février (14h).Rens./insc. ✆ 04.74.08.19.00,fax 04.74.08.19.08, courriel :[email protected]✔ Redécouvrir le père JosephWresinski, curé de Dhuizel(1950-1956) fondateur du mou-vement ATD Quart-Monde, parun film de Claire Jeanteur "LeCamp de Noisy-le-Grand ou l'in-version du regard", le 18 dé-cembre (15h) à la salle des fêtesde Longueval (02160). Projectiondu film suivie d'un débat présidépar Jacques Pelletier, sénateur del'Aisne. A 18h, Mgr Marcel Her-riot, évêque de Soissons, Laon etSaint-Quentin, célébrera l'Eucha-ristie en l'église de Dhuizel(02220). Rens. : ATD Quart-Monde, 95480 Pierrelaye, ✆ 01.34.30.46.24.Côte-d'OrCôte-d'Or✔ "Les chrétiens et les défis del'Islam", conférence de AnnieLaurent (écrivain et journaliste), le11 janvier (20h30) dans l'amphi-théâtre du Centre universitairecatholique de Bourgogne (CUCDB),

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Page 44: FRANCE CatholiqueFRANCECatholique FRANCE

69, av. Aristide-Briand, 21000Dijon, dans le cadre du cycle desconférences de l'Association Re-naissance, ✆ 03.80.45.59.67.Haute-SavoieHaute-Savoie✔ Le Foyer de Charité "La Fla-tière", 943, route de la Flatière,74310 Les Houches, ✆ 04.50.55.50.13, fax 04.50.54.59.11, pré-voit une retraite du 26 décembreau 1er janvier 2005 "Il est venuchez les siens", (Jn 1,11) par lepère J-François Hüe.Hauts-de-SeineHauts-de-Seine✔ Les cours Alpha débute àFontenay-aux-Roses le 4 janvier2005. Alpha est une introductionbrève et pratique à la foi chrétien-ne. Chaque soirée commence parun dîner à 19h30, comporte unexposé et un temps pour se retro-uver en groupes et discuter dusujet de l'exposé (pour ce premiercours, le thème sera "Le christia-nisme ?... démodé ?") Les séancesont lieu à la salle paroissiale, 7,rue du Capitaine Paoli, 92260Fontenay-aux-Roses. Rens. : Pa-roisse St Pierre-St Paul, ✆ 01.46.61.11.70.IndreIndre✔ L'association Issoudun, unCœur pour le Monde, 4, rue del'Avenier, BP 18, 36107 IssoudunCedex, ✆ 02.54.03.19.16, fax 02.54.03.01.40, propose, dans leurSamedi d'Issoudun, les 29 et 30janvier "Mieux communiquerpour aimer "mieux" et être"mieux" aimés !", le bien commu-niquer, la relation à l'autre, avecl'autre, la tendresse... l'amour,avec Denis Sonet, formateur auC.L.E.R. (Centre de Liaison desEquipes de Recherche). Rens. auCentre International Jules Cheva-lier, 38, place du Sacré-Cœur, àIssoudun. ✆ 02.54.03.33.83.OiseOise✔ Week-end adolescents à Paris :sur le thème : La vie après la vie ?Grand jeux, veillée festive, ensei-gnements interactifs et temps deprière. Du samedi 8 janvier(14h15) au dimanche 9 (17h).Inscription : frère Christophe-Marie,abbaye d'Ourscamp, 60138 Chiry-

Ourscamp ✆ 03.44.75.72.19,fax. 03.44.75.72.04, courriel :abbaye.ourscamp@ wanadoo.frPas-de-CalaisPas-de-Calais✔ Au Foyer de Charité, 19, rueSacriquier, BP 105, 62240 Cour-set, ✆ 03.21.91.62.52, fax 03.21.83.87.13, une récollection estproposée du 29 (10h) au 30 jan-vier (17h), par le père Nicolas VanLathem. Accueil des enfants àpartir de 4 ans.✔ La Maison diocésaine d'ac-cueil "Ave Maria", 5, La Place,62120 Wardrecques, ✆ 03.21.93.55.48, propose 3 journées,les 18 (9h30) au 19 décembre(17h) et 13 janvier (9h30-17h),sur le thème "Réussir des rela-tions vivantes", pour découvrircomment réussir des relationsvivantes à la lumière de l'E-vangile. En famille, couple ou encommunauté. Formation avecMarie Maquaire, associationOasis des relations humaines.TTarn-et-Garonnearn-et-Garonne✔ Le centre d'accueil de la Molle,impasse Maurice Bayrou, 82000Montauban, ✆ 05.63.02.99.04,prévoit une récollection les 11 et12 décembre "La voie d'enfance",avec la petite Thérèse, animé parle père Jean Gabriel, O.C.D. Veilléele samedi soir : spectacle avec"Carmel évangélisation", "Lorsquela vie ne tient qu'à un fil : celui dela confiance et de l'amour".VVal-d'Oiseal-d'Oise✔ A la maison d'accueil Massa-bielle, 1 rue Auguste-Rey, 95390Saint-Prix, ✆ 01.34.16.09.10,une Ecole d'oraison, en silence,est proposée du 15 (9h) au 16janvier (17h), par le père PierreDescouvemont. Rens. Secrétariatdes équipes Notre-Dame, 49, ruede la Glacière, 75013 Paris,✆ 01.43.36.08.20.VienneVienne✔ Un concert, à l'église St Por-chaire, 86000 Poitiers, est propo-sé le 17 décembre (20h) avec des"Chants religieux et traditionnels"

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ABONNEMENTS À FRANCE CATHOLIQUE

France, 6 mois : 58 € / 1 an (47 numéros) : 110 € / Etranger, 1 an : 122 €.Abonnement soutien : 250 €. Pour la Belgique, envoyez votre chèque ouprocédez à vos virements à l'ordre de E. Kerkhove, chaussée de Dottignies 507730 Estaimpuis, tél. 056.330585, compte bancaire : 275.0512. 029.11.

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PETITES ANNONCES

Tarif : la ligne de 35 lettres : 6 €. Domiciliation : 9 €. Communiqué dans lebloc-notes, forfait : 20 €

➥ Thérapeute naturel diplômé propose séances de réflexologie(massage chinois des pieds) à domicile, 95 et Paris, soins etrelaxation. Tél. : 06.87.23.31.08 - 01.30.38.54.61.

➥ Entretien et réparation d'orgues sur toute la France, nom-breuses références : Marc Hédelin. Tél. 01.39.55.33.29.

➥ Homme de 30 ans, catholique pratiquant et membre de lanoblesse belge, cadre bancaire muté en janvier 2005 à Paris, cher-che à prendre en location un appartement de deux pièces dansParis intra muros, le long de la ligne n° 1 de métro ou du RERligne A. Budget possible : 1200-1300 euros. Thierry de Neve :Tél. 00.32.475.70.16.30 et Courriel : [email protected]

BLOC-NOTES

FRANCECatholique N°2955 10 DECEMBRE 2004 47

"Kidou et les chansons magiques" c’est un cadeau original et ludique pourNoël, pour les enfants de 3 à 7 ans.

Idéal pour l’apprentissage de la lecture, l'en-fant découvre le monde de la chanson et de lamusique tout en travaillant : l’apprentissage dela lecture, la mémorisation, la reconnaissancedes sons par le chant, le développement de sonoreille musicale.

C’est 19 comptines à chanter pour s’amuseren famille sur un répertoire français connu :Maman les p’tits bateaux, Au clair de la lune,

Sur le pont d’Avignon, Colchiques dans les prés, Cadet Rousselle,Alouette, Il était un petit navire…

Une utilisation facile à la portée des plus petits.

1 DVD vidéo, MUSICALIS 2004, 15,99 €.

☛ Guéris + vite : soins + autosuggestion Coué : texte explicatifgratuit : Monnier, 1, rue du Château, 33470 Gujan-Mestras.

★★★★ ★

Le chant grégorienChant sublime

Par son livre Paul Guicheteaufait découvrir la richesse du

grégorien, moyen incomparablepour la nouvelle évangélisation.

Editeur François Xavier de Guibert, 18 €.

FRANCE CATHOLIQUE - hebdomadaireN° Commission Paritaire de la Presse : 0404 I 50615

renouvelée le 28 octobre 2004,valable jusqu’au 28 octobre 2006 CNIL : 6778405

60, rue de Fontenay, 92350 Le Plessis-RobinsonTéléphone : 01.46.30.79.06 - 01.46.30.37.38 - Fax. : 01.46.30.04.64.

Courriel : [email protected] - CCP La Source 43 553 55 Xédité par la Société de Presse France Catholique,

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