français 8 madame lisette valotaire École du carrefour 2014

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La poésie Français 8 Madame Lisette Valotaire École du Carrefour 2014

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  • Franais 8 Madame Lisette Valotaire cole du Carrefour 2014
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  • Au Champ d'honneur (Adaptation du pome: In Flanders Fields, de John McCrae) *Adaptation franaise du major Jean Pariseau Au champ d'honneur, les coquelicots Sont parsems de lot en lot Auprs des croix; et dans l'espace Les alouettes devenues lasses Mlent leurs chants au sifflement Des obusiers. Nous sommes morts Nous qui songions la veille encor' nos parents, nos amis, C'est nous qui reposons ici Au champ d'honneur. vous jeunes dsabuss vous de porter l'oriflamme Et de garder au fond de l'me Le got de vivre en libert. Acceptez le dfi, sinon Les coquelicots se faneront Au champ d'honneur.
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  • Au Champ d'honneur Au champ d'honneur, les coquelicots Sont parsems de lot en lot Auprs des croix; et dans l'espace Les alouettes devenues lasses Mlent leurs chants au sifflement Des obusiers. In Flanders Fields In Flanders fields the poppies blow Between the crosses, row on row, That mark our place; and in the sky The larks, still bravely singing, fly Scarce heard amid the guns below.
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  • Au Champ d'honneur Nous sommes morts Nous qui songions la veille encor' nos parents, nos amis, C'est nous qui reposons ici Au champ d'honneur. In Flanders Fields We are the Dead. Short days ago We lived, felt dawn, saw sunset glow, Loved, and were loved, and now we lie In Flanders Fields.
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  • Au Champ d'honneur vous jeunes dsabuss vous de porter l'oriflamme Et de garder au fond de l'me Le got de vivre en libert. Acceptez le dfi, sinon Les coquelicots se faneront Au champ d'honneur. In Flanders Fields Take up our quarrel with the foe: To you from failing hands we throw The torch; be yours to hold it high. If ye break faith with us who die We shall not sleep, though poppies grow In Flanders Fields.
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  • Traduction littrale Dans les champs de Flandres, les coquelicots ondulent Entre les croix alignes Qui marquent notre place; et dans le ciel Les alouettes chantent toujours bravement, volent On les entend peine au milieu des tirs en dessous Nous sommes les morts. Il y a peu de temps Nous vivions, ressentions l'aube, regardions la lueur du soleil couchant Nous aimions et nous tions aims et maintenant nous sommes allongs Dans les champs de Flandres. Reprenez notre querelle avec l'ennemi : Que nous vous envoyons de nos mains dfaillantes Il vous appartiendra de tenir la torche leve Si vous brisez la foi qui avec nous se meurt Nous ne dormirons pas, pourtant les coquelicots poussent Dans les champs de Flandres. In Flanders Fields John McCrae In Flanders fields the poppies blow Between the crosses, row on row, That mark our place; and in the sky The larks, still bravely singing, fly Scarce heard amid the guns below. We are the Dead. Short days ago We lived, felt dawn, saw sunset glow, Loved, and were loved, and now we lie In Flanders Fields. Take up our quarrel with the foe: To you from failing hands we throw The torch; be yours to hold it high. If ye break faith with us who die We shall not sleep, though poppies grow In Flanders Fields.
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  • Allitration (f.) : Cest la rptition de sons identiques. la diffrence de lassonance, le terme allitration est rserv aux rptitions de consonnes. Pour qui sont ces serpents qui sifflent sur vos ttes ? (Racine, Andromaque, V, 5) Il dort dans le soleil, la main sur sa poitrine / Tranquille. Il a deux trous rouges au ct droit. (Rimbaud, Le Dormeur du val ) Les chaussettes de l'archiduchesse sont-elles sches ou archisches ? (virelangue classique)
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  • Assonance (f.) : Cest la rptition dune mme voyelle dans une phrase ou un vers. Ainsi, toujours pousss vers de nouveaux rivages. (Lamartine) Les vendredis sanglants et lents denterrements. (Apollinaire)
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  • Comparaison (f.) : Une comparaison est une mise en relation de deux termes laide dun terme comparant (comme, tel, semblable , etc.). Cet enfant est blanc comme un cachet daspirine. La terre est bleue comme une orange. Le pote est semblable un prince.
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  • Hyperbole (f.) : Elle consiste mettre en relief une ide au moyen dune expression exagre. Lhyperbole est donc une exagration exprime par laccumulation, par lemploi dintensifs ou par lemploi de mots excessifs. Dire je meurs de faim pour exprimer sa grande faim. Dire un gant pour dsigner un homme de trs grande taille. Dire cest mourir de rire pour dire que quelque chose est vraiment trs drle.
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  • Ironie (f.) : Elle consiste dire le contraire de ce qu'on pense, pour souligner combien l'ide ou le fait exprim est absurde ou contraire la ralit. Souvent, pour ironiser, on utilisera un trait positif afin d'exprimer une opinion ngative. Entrer dans la cage du lion, quelle bonne ide! Il vit dans un chteau sans lectricit ni eau courante.
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  • Mtaphore (f.) : Elle consiste tablir une comparaison entre deux ralits, comparaison qui est fonde sur une analogie que lon instaure entre les deux rfrents. Elle ne comporte aucun lment grammatical, par exemple comme, ainsi que, tel, semblable . L'il d'un homme est une fentre. Cet homme daffaires est un requin.
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  • Oxymore (m.) : Loxymore est une figure dopposition qui consiste runir deux termes de sens contraires. Cette obscure clart qui tombe des toiles [] (Corneille, Le Cid, acte IV, scne 3)
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  • Personnification (f.) : La personnification attribue une chose abstraite les proprits dun tre anim (homme, animal). Le cactus dressait ses pines et attendait patiemment le lzard qui tenterait de lui voler sa fleur. La musique habitait cette maison depuis trois gnrations.
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  • A) Le haku Le haku, terme popularis par Shiki (1867-1902), est une forme classique de la posie japonaise dont la paternit est attribue Bash (1644-1694). Le haku est une forme japonaise de posie permettant de noter les motions, le moment qui passe et qui merveille ou qui tonne. Le haku est un pome de trois lignes, gnralement avec 17 syllabes (5 dans la premire ligne, 7 dans la deuxime et 5 dans la troisime).
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  • Dans la vieille mare, une grenouille saute, le bruit de l'eau. (Bash)
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  • furuike ya ( ) (fu/ru/i/ke ya): 5 kawazu tobikomu ( ) (ka/wa/zu to/bi/ko/mu): 7 mizu no oto ( ) (mi/zu no o/to): 5 vieil/ancien tang(s) ah grenouille(s) tomber/plonger bruit(s) de l'eau Dans la vieille mare, une grenouille saute, le bruit de l'eau.
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  • ce bleu au centre de l'il tang qui attire les oies en partance (Micheline Beaudry)
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  • Cohue du mtro - sur ce manteau bleu marine un cheveu blanc (Henri Chevignard)
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  • Dvor par un chat - Lpouse du criquet Crie son deuil. (Takarai Kikaku)
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  • parc viennois sifflant un air de Mozart gamin sur patins (Janick Belleau)
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  • algue flottante dans bain bouillonnant ta chevelure (Janick Belleau)
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  • clair de lune son corps au seuil de la mort plus blanche la neige (Janick Belleau)
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  • B) Le calligramme Un calligramme est un pome dont la disposition graphique sur la page forme un dessin, gnralement en rapport avec le sujet du texte. Le calligramme stimule l'imaginaire autant par son aspect visuel que par ses mots.
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  • C) Lacrostiche Lacrostiche est un texte potique dont les premires lettres de chaque vers forment un mot lorsquon les lit la verticale. Ce mot peut tre le sujet du pome, le nom de lauteur ou encore de la personne laquelle il est destin. Lacrostiche peut aussi tre utilis si lon veut cacher un message dans un pome.
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  • D) La fable Une fable est une histoire imaginaire gnralement en vers dont le but est dillustrer une morale. Hrite de lAntiquit, la fable a souvent pour hros des animaux, chargs alors de reprsenter les hommes (Fables de La Fontaine, par exemple).
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  • Le corbeau et le renard - Jean de la Fontaine (1621-1695) Matre Corbeau, sur un arbre perch, Tenait en son bec un fromage. Matre Renard, par l'odeur allch, Lui tint peu prs ce langage : Et bonjour, Monsieur du Corbeau, Que vous tes joli ! que vous me semblez beau ! Sans mentir, si votre ramage Se rapporte votre plumage, Vous tes le Phnix des htes de ces bois. ces mots le Corbeau ne se sent pas de joie, Et pour montrer sa belle voix, Il ouvre un large bec, laisse tomber sa proie. Le Renard s'en saisit, et dit : Mon bon Monsieur, Apprenez que tout flatteur Vit aux dpens de celui qui l'coute. Cette leon vaut bien un fromage sans doute. Le Corbeau honteux et confus Jura, mais un peu tard, qu'on ne l'y prendrait plus.
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  • LE CORBEAU ET LE RENARD (version traduite dsope) Un corbeau, ayant vol un morceau de viande, stait perch sur un arbre. Un renard laperut, et, voulant se rendre matre de la viande, se posta devant lui et loua ses proportions lgantes et sa beaut, ajoutant que nul ntait mieux fait que lui pour tre le roi des oiseaux, et quil le serait devenu srement, sil avait de la voix. Le corbeau, voulant lui montrer que la voix non plus ne lui manquait pas, lcha la viande et poussa de grands cris. Le renard se prcipita et, saisissant le morceau, dit : corbeau, si tu avais aussi du jugement, il ne te manquerait rien pour devenir le roi des oiseaux. Cette fable est une leon pour les sots.
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  • La grenouille qui se veut faire aussi grosse que le buf Jean de la Fontaine (1621-1695) Une Grenouille vit un Buf Qui lui sembla de belle taille. Elle qui n'tait pas grosse en tout comme un uf, Envieuse s'tend, et s'enfle, et se travaille Pour galer l'animal en grosseur,...............Disant : Regardez bien, ma sur ; Est-ce assez ? dites-moi ; n'y suis-je point encore ? Nenni. M'y voici donc ? Point du tout. M'y voil ? Vous n'en approchez point. La chtive Pcore S'enfla si bien qu'elle creva. Le monde est plein de gens qui ne sont pas plus sages : Tout bourgeois veut btir comme les grands seigneurs, Tout petit prince a des ambassadeurs, Tout marquis veut avoir des pages.
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  • E) Le pome lyrique La posie lyrique aborde gnralement des motions et des sentiments lis lexistence : les thmes rcurrents sont lamour, la mort, la nature, etc. Le pote voque alors ce quil ressent, mais aussi ce que peuvent ressentir tous les hommes. Le lyrisme exprime toujours une motion, un bouleversement de la sensibilit. Les marques du registre lyrique : lemploi de la premire personne du singulier ; le vocabulaire des motions et des sentiments ; une ponctuation expressive (points dexclamation, points dinterrogation) ; la prsence dadverbes dintensit ; lemploi de figures de style (comparaisons, mtaphores, )
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  • Ple toile du soir Alfred de Musset (1810-1857) Ple toile du soir, messagre lointaine, Dont le front sort brillant des voiles du couchant, De ton palais d'azur, au sein du firmament, Que regardes-tu dans la plaine? La tempte s'loigne et les vents sont calms. La fort, qui frmit, pleure sur la bruyre; Le phalne dor, dans sa course lgre, Traverse les prs embaums.
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  • Que cherches-tu sur la terre endormie? Mais dj, vers les monts, je te vois t'abaisser; Tu fuis, en souriant, mlancolique amie, Et ton tremblant regard est prs de s'effacer. toile qui descends vers la verte colline, Triste larme d'argent du manteau de la Nuit, Toi que regarde au loin le ptre qui chemine, Tandis que pas pas son long troupeau le suit,
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  • toile, o t'en vas-tu, dans cette nuit immense? Cherches-tu, sur la rive, un lit dans les roseaux? Ou t'en vas-tu, si belle, l'heure du silence, Tomber comme une perle au sein profond des eaux? Ah! si tu dois mourir, bel astre, et si ta tte Va dans la vaste mer plonger ses blonds cheveux, Avant de nous quitter, un seul instant arrte; --- toile de l'amour, ne descends pas des cieux !
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  • F) La prose Le pome en prose est n au XIX e sicle avec le recueil de pomes Gaspard de la nuit d'Aloysius Bertrand. Le pome en prose reprsente pour l'crivain une grande libert d'expression et se distingue des autres pomes habituels principalement en raison du fait qu'il contient des procds issus de la faon usuelle de parler (vers ingaux, pas de rimes, pas de strophes). En d'autres mots, le pome crit en prose ressemble premire vue un texte courant, mais renferme une langue potique qui cherche, entre autres, surprendre et mouvoir.
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  • Guerre Enfant, certains ciels ont affin mon optique : tous les caractres nuancrent ma physionomie. Les Phnomnes s'murent. - prsent, l'inflexion ternelle des moments et l'infini des mathmatiques me chassent par ce monde o je subis tous les succs civils, respect de l'enfance trange et des affections normes. - Je songe une Guerre, de droit ou de force, de logique bien imprvue. C'est aussi simple qu'une phrase musicale. - Arthur Rimbaud
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  • Vous brlerez Au pays de pierre fendre, l'anne commence par une infinit de matins couchs en rond de chien sous les poles, sourds ce qui monte dehors, mme l'appel cass des vieilles corneilles. Les heures sont figes au fond des bols. Un diamant trace et trace sur les vitres une flore impossible et superbe. Dans cette maison-l vous pensez souvent la solitude et la sant des territoires. En ce moment, immobile la fentre, vous vous demandez. Plus tard, vers les quatre heures, les lointains s'enflammeront, la plaine frisera de vent, un fleuve de farine dferlera dans les plis de la neige durcie. Vous deviendrez peu peu la force de l'horizon, glisserez hors de vous, filerez sur le totalement neuf, contre l'cume qui veille. Vous brlerez. - Pierre Morency
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  • G) Les vers libres Un pome en vers libres est un pome qui ne prsente aucune structure formelle rgulire : ni vers mesurs, ni rimes, ni strophes. Cependant, et l se trouve sa principale diffrence avec le pome en prose, le pome en vers libres respecte certaines rgles de disposition : une mise en page dgage laissant plusieurs zones blanches, la prsence (habituellement) de majuscules en dbut de ligne, des chos sonores (qui ne sont pas uniquement des finales rimes), des longueurs mtriques variables, des squences de vers dimension variable spares par un saut de ligne (simili-strophes), etc.
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  • Automne Guillaume Apollinaire (1880-1918) Dans le brouillard s'en vont un paysan cagneux Et son boeuf lentement dans le brouillard d'automne Qui cache les hameaux pauvres et vergogneux Et s'en allant l-bas le paysan chantonne Une chanson d'amour et d'infidlit Qui parle d'une bague et d'un coeur que l'on brise Oh! l'automne l'automne a fait mourir l't Dans le brouillard s'en vont deux silhouettes grises
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  • L'Albatros Charles Baudelaire (1821- 1867) Souvent, pour s'amuser, les hommes d'quipage Prennent des albatros, vastes oiseaux des mers, Qui suivent, indolents compagnons de voyage, Le navire glissant sur les gouffres amers. A peine les ont-ils dposs sur les planches, Que ces rois de l'azur, maladroits et honteux, Laissent piteusement leurs grandes ailes blanches Comme des avirons traner cot d'eux. Ce voyageur ail, comme il est gauche et veule! Lui, nagure si beau, qu'il est comique et laid! L'un agace son bec avec un brle-gueule, L'autre mime, en boitant, l'infirme qui volait! Le Pote est semblable au prince des nues Qui hante la tempte et se rit de l'archer; Exil sur le sol au milieu des hues, Ses ailes de gant l'empchent de marcher.
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  • H) Le sonnet Le sonnet est l'une des formes potiques et classiques les plus strictes de la posie. Le sonnet doit respecter plusieurs rgles strictes : Il doit tre compos de 14 vers. Il doit contenir deux quatrains (strophe de quatre vers) suivis de deux tercets (strophe de trois vers), entirement forms d'alexandrins (vers de douze syllabes). La disposition des rimes composant la finale de chacun des vers doit pouser la structure suivante : ABBA ABBA CCD EDE. Les rimes masculines et les rimes fminines doivent alterner et ne devraient pas se rpter. Aucun mot ne doit apparatre plus d'une fois (sauf les pronoms, les prpositions, les conjonctions et les interjections); la richesse du vocabulaire est primordiale. Chaque strophe doit tre cohrente et constituer une unit de sens complte; une ide ne peut tre complte dans la strophe suivante, c'est--dire que les quatrains et les tercets doivent reprsenter deux blocs distincts, non seulement dans la forme, mais aussi dans le contenu. Le dernier vers doit tre constitu d'une chute (vers final) qui clt le pome de manire marquer fortement le lecteur. Il faut que le sonnet soit cohrent et ait une signification.
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  • La forme du sonnet est apparue en France au 16e sicle, pendant la Renaissance. Cette forme serait probablement dorigine italienne. Cest lune des formes les plus strictes de la posie. Les rgles classiques sont nombreuses et svres. Le sonnet a t trs populaire au 16 e sicle et cest cette poque que toutes ses rgles se sont dveloppes. Plusieurs auteurs lont redcouvert au 19 e sicle. Bien que des auteurs de plusieurs pays aient crit des sonnets, les rgles variaient dun endroit lautre. Cest pourquoi les sonnets de Shakespeare ne sont pas composs de la mme manire que ceux des auteurs franais.
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  • Le dormeur du val Arthur Rimbaud (1854-1891) C'est un trou de verdure o chante une rivire, Accrochant follement aux herbes des haillons D'argent ; o le soleil, de la montagne fire, Luit : c'est un petit val qui mousse de rayons. Un soldat jeune, bouche ouverte, tte nue, Et la nuque baignant dans le frais cresson bleu, Dort ; il est tendu dans l'herbe, sous la nue, Ple dans son lit vert o la lumire pleut. Les pieds dans les glaeuls, il dort. Souriant comme Sourirait un enfant malade, il fait un somme : Nature, berce-le chaudement : il a froid. Les parfums ne font pas frissonner sa narine ; Il dort dans le soleil, la main sur sa poitrine, Tranquille. Il a deux trous rouges au ct droit
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  • Renouveau Stphane Mallarm (1842-1898) Le printemps maladif a chass tristement L'hiver, saison de l'art serein, l'hiver lucide, Et dans mon tre qui le sang morne prside L'impuissance s'tire en un long billement. Des crpuscules blancs tidissent sous mon crne Qu'un cercle de fer serre ainsi qu'un vieux tombeau, Et, triste, j'erre aprs un rve vague et beau, Par les champs o la sve immense se pavane Puis je tombe nerv de parfums d'arbres, las, Et creusant de ma face une fosse mon rve, Mordant la terre chaude o poussent les lilas, J'attends, en m'abmant que mon ennui s'lve.., - Cependant l'Azur rit sur la haie et l'veil De tant d'oiseaux en fleur gazouillant au soleil.
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  • Aprs trois ans Paul Verlaine (1844-1896) Ayant pouss la porte troite qui chancelle, Je me suis promen dans le petit jardin Qu'clairait doucement le soleil du matin, Pailletant chaque fleur d'une humide tincelle. Rien n'a chang. J'ai tout revu: l'humble tonnelle De vigne folle avec les chaises de rotin... Le jet d'eau fait toujours son murmure argentin Et le vieux tremble sa plainte sempiternelle. Les roses comme avant palpitent; comme avant Les grands lys orgueilleux se balancent au vent, Chaque alouette qui va et vient m'est connue. Mme, j'ai retrouv debout la Vellda, Dont le pltre s'caille au bout de l'avenue, - Grle, parmi l'odeur fade du rsda.
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  • Absurdit Georges Perros (1923-1977) L'arbre sentait le vent qui naissait dans ses branches Et le vent donnait me aux bourgeons du printemps L'oiseau se demandait si c'tait le dimanche Ou un huitime jour pour les adolescents. Le ciel ne respirait plus que par habitude Sa chemise lave au grand air du levant Le bcheron trouvait que la vie tait rude Mais l'arbre tenait bon, en tremblant doucement. La vache dans le pr regardait l'il humide Le dernier train du soir sans aucun voyageur Le passage niveau conjura le malheur Restant obstinment horizontal. C'est l Qu'un homme et qu'une femme aimrent pour la vie L'arbre, le vent l'oiseau la vache sans envie.