focus une certaine douceur de vie - lesdoucheslagalerie.com

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6 Les galeries SEMAINE DU 7 AU 13 FÉVRIER 2018 ARTS LIBRE l Focus Une certaine douceur de vie h Steven Rifkin, une belle découverte des Douches la Galerie à Paris. Les images étonnantes d’une Amérique apaisée des “seventies” à aujourd’hui. STEVEN RIFKIN EST CONNU comme le loup blanc par les photographes américains. Pas telle- ment par ses images qu’expose en ce moment les Douches la Galerie à Paris, mais parce qu’il est un tireur argentique d’élite pour nombre d’entre eux. Notamment pour Larry Clark, Bruce David- son, Robert Mapplethorpe ou plus récemment Vivian Maier… Bienvenue Et justement ce qui frappe d’abord dans son ex- position parisienne, c’est une manière très parti- culière d’imprimer dans une gamme de gris très étalée où les noirs et les blancs sont réduits à la portion congrue. Cela n’a l’air de rien et pourtant cela laisse entendre pas mal de choses. D’abord l’attachement au côté artisanal de la profession que l’on retrouve tout aussi bien dans la photo- graphie appliquée que dans les travaux d’auteurs. Celui par exemple qui avait permis à Larry Sultan et Mike Mendel de réaliser leur série “Evidence” à partir de photographies réalisées par des opérateurs de la police fédérale US. Cette gamme de gris sous-entend aussi une volonté STEVEN RIFKIN/COURTESY LES DOUCHES LA GALERIE, PARIS Une vision sans drame, mais où les détails ont leur importance. Infos pratiques Au fil du temps, photographies de Steven Rifkin. Paris, Les Douches la Galerie, 5, rue Legouvé. Jusqu’au 3 mars, du mercredi au sa- medi de 14h à 19h. Rens. : lesdoucheslagalerie.com

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Page 1: Focus Une certaine douceur de vie - lesdoucheslagalerie.com

© S.A. IPM 2018. Toute représentation ou reproduction, même partielle, de la présente publication, sous quelque forme que ce soit, est interdite sans autorisation préalable et écrite de l'éditeur ou de ses ayants droit.

6 Les galeries SEMAINE DU 7 AU 13 FÉVRIER 2018 ARTS LIBRE

Formes et structuresLes deux solos occupant chacun un étagede la galerie se rejoignent dans le sens oùles artistes explorent en extrapolationsdeux composantes des objets et des êtres.Egalement des œuvres d’art. La formed’une part, préoccupation principale deJoachim Bandau (Cologne, 1936 – Vit àAix­la­Chapelle), la structure de l’autre,sur laquelle se penche Jeanne Briand(France, 1990 – Vit à Paris). Dans cedernier cas, on oscille entre l’objet ready­made et le corps humain décomposé,entre les avancées des sciences médicaleset la technologie, entre le squelette et lesprothèses, entre l’intérieur et l’extérieur,en passant par l’organique et lagénétique. La plasticienne combine cesdonnées pour les rapprocher, montrerleurs liens et pour s’engager dans unpropos sur la métamorphose des choseset des êtres. Sur les manipulations ettransformations. Elle se place de fait aucœur de questions actuelles qui ne vontpas sans soulever des problèmes éthiqueset sans envisager un futur potentiel de ceque nous serons peut­être. Dans cette

optique, son travail s’apparente aussi à larecherche.Joachim Bandau, artiste très réputé estavant tout un sculpteur qui dès les annéessoixante s’est aventuré dans lesrecherches formelles associées à desmatières et des matériaux. Dans l’expoqui montre des œuvres de 1974 à 2017,on passe de la fibre de verre à l’aquarelle,de la laque au bois multiplex, des œuvresau mur à celles plantées dans l’espace. Lesconstructions sont synthétiques, àcaractère géométrique, voire presqueminimalistes. Abstraites. Elles sont avantelles­mêmes et à considérer comme tel,dans leur aspect esthétique. Lesaquarelles en noir et blanc, absolumentremarquables, prouesses, défient laperception et ne peuvent exister que dansune virtualité imagée pourtant bienconcrète. Chez Bandau, il y a toujoursquelque chose qui nous échappe et c’estce qui rend les œuvres extra­ordinaires !(C.L.)

U Joachim Bandau, “Théâtre des formes” et

Jeanne Briand, “prox.im.i.ty”. Super DakotaGallery, 45, rue de Washington, 1050Bruxelles. Jusqu’au 24 février. Du mardi ausamedi de 11h à 18h. www.superdakota.com

Complémentarité

COUR

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D.R.

Joachim Bandau, “Sans titre”, 2017,aquarelle sur papier 640 g, cadre enérable, 105 x 74 cm.

l Focus

Une certaine douceur de vieh Steven Rifkin, une belledécouverte des Douches la Galerieà Paris. Les images étonnantesd’une Amérique apaiséedes “seventies” à aujourd’hui.

STEVEN RIFKIN EST CONNU comme le loupblanc par les photographes américains. Pas telle­ment par ses images qu’expose en ce moment lesDouches la Galerie à Paris, mais parce qu’il est untireur argentique d’élite pour nombre d’entreeux. Notamment pour Larry Clark, Bruce David­son, Robert Mapplethorpe ou plus récemmentVivian Maier…

BienvenueEt justement ce qui frappe d’abord dans son ex­

position parisienne, c’est une manière très parti­culière d’imprimer dans une gamme de gris trèsétalée où les noirs et les blancs sont réduits à laportion congrue. Cela n’a l’air de rien et pourtantcela laisse entendre pas mal de choses. D’abordl’attachement au côté artisanal de la professionque l’on retrouve tout aussi bien dans la photo­graphie appliquée que dans les travauxd’auteurs. Celui par exemple qui avait permis àLarry Sultan et Mike Mendel de réaliser leur série“Evidence” à partir de photographies réaliséespar des opérateurs de la police fédérale US. Cettegamme de gris sous­entend aussi une volonté

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Une vision sans drame,mais où les détails ontleur importance.

Infos pratiques

Au fil du temps, photographies de StevenRifkin. Paris, Les Douches la Galerie, 5, rueLegouvé. Jusqu’au 3 mars, du mercredi au sa-medi de 14h à 19h.Rens. : lesdoucheslagalerie.com

Jeanne Briand, “Proximity Max (Ante-lope)”, 2017, garde de motocyclettes trans-formées recouvertes de cuir, 47 x 35 cm.

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© S.A. IPM 2018. Toute représentation ou reproduction, même partielle, de la présente publication, sous quelque forme que ce soit, est interdite sans autorisation préalable et écrite de l'éditeur ou de ses ayants droit.

7Les galeriesSEMAINE DU 7 AU 13 FÉVRIER 2018 ARTS LIBRE

UnlessLandscapePaysages sans fin…Retour aux cimaises desétangs d’Ixelles deLionel Guilbout qu’onretrouve entichésoudain des embruns,féeries et magies del’Islande.Là­bas, il a estampé lepaysage sur un papierlong de vingt­cinqmètres, en a retenu desfragments et ce ne sontpas des paysages maisdes empreintes, dessensations, desémulsions, descontemplations.Datés de 2014, ces“Endless Landscape”,lavis, pierre noire etrehauts de blancs sur

toile, chantent des magies, l’insolite et le mystère terrestres.Plus loin, voilà “30 ans de réflexion”, 1983­2016… Des bouts depapiers peints en 1983, retravaillés en 2016, enlevés à laspatule, tous chromatismes divers en ébullition. C’est vibrant.Ce sont des morceaux de peinture.Il y a aussi, totémiques, ses bois brûlés, ses “Bois debout”,écorces brûlées, chaulées, patinées, dressées. On dirait dubronze et c’est du bois, surgi de la terre et des vents.Il y a aussi “Les très riches heures de la forêt”, lavis sur papierkraft de 2017. Du bleu, du brun, du rouge, s’y mêlent au blanc.Densité de l’impression. De l’expression.Curiosité de parcours, deux petites huiles sur toile des débutsde Guilbout : “Nu allongé à la campagne”, deux variantes de1981. Des petits bijoux matiéristes qui doivent évidemmentquelque chose à Nicolas de Staël…Et puis, au milieu de tout cela avec Lionel Guilbout, on voyageau cœur des arbres, en pleine nature. La nature du dehors etcelle du dedans, “Entre chien et loup”, comme il l’exprime dansune technique mixte de 2007.Guilbout, c’est vraiment tout “Un monde sous l’écorce”.R.P. T.

UGalerie Fred Lanzenberg, 9, avenue des Klauwaerts,1050 Bruxelles. Jusqu’au 28 février, du mardi au vendredi,de 14 à 19h; le samedi, de 12 à 19h. Infos : 0475.73.40.15et www.galeriefredlanzenberg.com

Arborescence

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Nouvel horaire : le mercredi et samedi de 11h à 18h30

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Delphine Deguislage“Ce que l’artiste nous propose dans sonœuvre est plus une expérience qu’unedémonstration. C’est le corps qui s’emparede l’art plutôt que l’art qui s’empare ducorps. Le formalisme est physique,l’anthropomorphisme féminin, l’objetcorporalisé, l’espace habité.” C’est FabienneAudéoud qui s’exprime en commentaired’une première publication réalisée parl’artiste d’origine namuroise DelphineDeguislage (1980, vit à Bruxelles). Cetouvrage qui est essentiellement un cahier dephotographies, très soigné au niveau de lamise en page, du choix des divers papiers,original dans l’alternance de clichés encouleur et d’autres en noir et blanc, tientpour beaucoup du livre d’artiste. Il est unparcours d’approche à travers desphotographies d’installations et dedispositions d’œuvres dans des expositions,et une porte d’entrée dans ce que l’on peutconsidérer comme l’atelier de l’artiste dèslors que toutes les pièces ne sont pasnommées, un peu comme si elles étaient des

éléments d’une réflexion en cours. Il yapparaît clairement que la nature est de lapartie, que les objets et les matériaux les plushétéroclites participent, que les techniquessont particulièrement variées, et que le corpshumain quelque peu disloqué y est analyséen ses diverses composantes et constitue unecertaine constante. Le tout, plutôthétérogène, se présente comme unenvironnement choisi que l’artisteagence, ordonne, modifie, contraintpour créer un espace vitaldans lequel elles’intègre par lesprésences corporelles.L’ensemble donnel’impression d’entrerdans une intimité enconstruction. (C.L.)

UDelphine Deguislage,“Fight, Fore, Free, To, One.”,112 p., texte (fr, angl), éd. MER.Paper Kunsthalle, Gand.

Parution de la semaine

Endless Landscape, 2014, lavis, pierrenoire et rehauts de blanc sur fibre. 90 x60 cm.

d’éviter le vocabulaire contrasté du drame de la“concerned photography” ou de la photo huma­niste des années 50. Cela connote enfin une façonde voir nuancée initiée plus particulièrement parWalker Evans et où les détails ont toute leur im­portance.

En ce sens on suivra Olivier Beer, le scénogra­phe de cette exposition, non pas lorsqu’il affirmeque “Rifkin n’appartient à aucune tradition”,mais bien lorsqu’il précise qu’“il est sa propre tra­dition, comme il nous raconte sa propre Améri­que”. En effet, il y a d’évidence un air de familleavec les cadors de la “street photography”, parti­culièrement celle de New York depuis Leon Le­vinstein où l’on retrouve tout aussi bien SaulLeiter que Mark Cohen sans omettre un cousi­nage appuyé du côté de Burke Uzzle.

Dans son texte d’introduction, Steven Rifkin

lance un “bienvenue dans mon monde” tout à faitpertinent dans la mesure où l’on pourrait se mé­prendre sur la portée de son travail. En effet, onpourrait y voir un témoignage sur le quasi­demi­siècle des années 1970 à aujourd’hui. Or, si la réa­lité de ce que l’on voit n’est pas à mettre en doute,ce que ses images en laisse percevoir est plutôtune vision “peace & love”. Olivier Beer le relèvetrès bien lorsqu’il décrit l’Amérique de Rifkincomme une “Amérique pacifiée, où Kennedy etLuther King n’auraient jamais été assassinés, uneAmérique qui n’aurait pas connu le Vietnam, uneAmérique dont Donald Trump ne serait pas leprésident”. Un pays avec une certaine douceur devie et où, comme on le voit dans une photo déso­pilante, acheter une voiture trop grande pour songarage ferait partie des seuls drames à relever.Jean-Marc Bodson

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PARI

SQuand la voiture ne rentre pas dans le garage.