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La carrière du CFOTRANSCRIPT
FINANCE MANAGEMENT - CFO MAGAZINE - N°23 - DÉCEMBRE 2008
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EN PRATIQUESOMMAIREN°23 DÉCEMBRE 2008
Dossier
La carrière du CFOA côté des rôles traditionnels de gestionnaire et de gardien
du temple, le directeur fi nancier se positionne de plus en plus comme « stratège » et « catalyseur ». Résultat: bien des CFO se retrouvent aujourd’hui sous pression. Notre dossier livre les
« tips & tricks » utiles pour gérer votre carrière, manager votre département et piloter votre capital humain fi nancier.
FINANCE MANAGEMENT - CFO MAGAZINE - N°23 - DÉCEMBRE 2008
P as évident d’être directeur fi nancier de nos
jours! Endosser ce costume équivaut à avoir à
prendre nombre de décisions compliquées sur
des fronts divers et savoir exactement comment
s’y prendre, à chaque instant, se révèle plus aléatoire qu’il n’y
paraît. « Devez-vous accroître le poids de la fonction fi nancière
pour délivrer plus de valeur au business ou réduire quelque peu
la voilure pour protéger les bénéfi ces? Engranger du cash en pé-
riode faste pour faire face aux temps mauvais ou capitaliser sur
l’instabilité pour gagner des parts de marché? Investir des pays
bien établis avec des opérations offshore ou vous intéresser à de
nouveaux marchés où les coûts sont encore plus bas? La liste est
longue, sans qu’il y ait de réponses ‘exactes’ à toutes ces grandes
questions », commente Thierry Van Schoubroeck, partenaire
responsable des CFO Services chez Deloitte.
On le voit à travers ces quelques dilemmes (parmi d’autres):
le CFO a, sans doute plus que jamais, un rôle extrêmement
varié. C’est déjà vrai rien que sur les matières en lien direct
avec la fi nance, mais ce l’est plus encore dès lors qu’il reçoit
la responsabilité d’autres fonctions de support comme l’IT,
les ressources humaines, la logistique, etc. Sans évoquer le
soutien rapproché au CEO sur les questions de développe-
ment stratégique, ou la casquette de plus en plus fréquente
de Chief Operating Offi cer, en charge de la gestion des opé-
rations, qui lui est dévolue. Résultat: « On se retrouve par-
fois face à des CFO qui ressemblent à un barman le soir de
réveillon », note avec humour Thierry Van Schoubroeck.
Pour permettre de mieux cerner les attentes vis-à-vis du
directeur fi nancier moderne, Deloitte a synthétisé ses dif-
férents rôles au sein d’une matrice (voir schéma). Les deux
rôles indiqués au bas de celle-ci sont classiques de la fonc-
tion: « Steward » – à savoir ‘gardien du temple’, recouvrant la
fonction de contrôle – et « Operator » – à savoir être ‘gestion-
naire’ et gérer la fonction fi nancière de façon effi ciente, tant
au niveau du service que de la maîtrise des coûts. « Ce sont
des rôles de base qui demandent une grande technicité dans
les domaines fi nanciers et qui reprennent énormément d’im-
portance avec la crise que nous vivons: il est essentiel d’assurer
la fi abilité des données, la qualité du reporting et l’intégration
du contrôle dans les processus du business », explique-t-il.
LE N°2 DE L’ENTREPRISEAu cours des dernières années, deux autres rôles se sont
ajoutés à cet agenda déjà bien chargé. Le CFO est véritable-
ment devenu le numéro deux de l’entreprise, en tant que
« Strategist », devant veiller à assurer la performance de
l’entreprise et la création de valeur, et en tant que « Cata-
lyst », chargé d’aligner le business sur la stratégie et de sti-
Les quatre chapeaux du CFOA côté des rôles traditionnels de gestionnaire et de gardien du temple, le directeur fi nancier moderne s’est de plus en plus positionné comme « stratège » et « catalyseur ». Résultat: bien des CFO se retrouvent aujourd’hui sous pression tant la charge est lourde. Avec la crise, un « retour aux basiques » s’impose sans doute, avec un agenda quelque peu hybride: devenir la « voie de la raison » de l’entreprise. Explications.
FISCALITÉ DOSSIER : LA CARRIÈRE DU FINANCIER
TEXTE : CHRISTOPHE LO GIUDICE
FINANCE MANAGEMENT - CFO MAGAZINE - N°23 - DÉCEMBRE 2008
3muler les équipes à atteindre les objectifs fi xés. Un des axes
d’évolution a consisté pour le directeur fi nancier à trouver sa
réponse à cette question: comment faire évoluer la fonction
fi nancière au-delà de ses capacités techniques, spécialisées,
pour se positionner comme un « business partner » effi cace?
Autre question: un agenda à ce point chargé est-il gérable?
« La question mérite en effet d’être posée car énormément de
CFO sont aujourd’hui sous pression, dit Thierry Van Schou-
broeck. Le véritable défi consiste à identifi er quelles sont les
bonnes priorités au bon moment. Mais le rôle le plus impor-
tant vient encore se rajouter à tout cela: dans son entreprise,
le directeur fi nancier se doit d’être ‘the voice of reason’, c’est-
à-dire assurer que chaque investissement soit soutenu par un
business case bien analysé, bétonné, et que les activités les plus
importantes vont recevoir les fonds nécessaires. »
LES BONS PROFILS À BORDCette responsabilité apparaît aussi importante en période fas-
te qu’en temps de vaches maigres mais avec certaines nuan-
ces. « En haute conjoncture, il s’agit surtout de veiller à ce que
les business cases soient fi ables et intègrent tous les risques. En
période de crise comme celle que l’on vit à l’heure actuelle, tout
le monde devient plus prudent. Le maître mot, c’est la maîtrise
voire la réduction des coûts. Le directeur fi nancier doit alors por-
ter une plus grande attention à assurer que les activités-clés vont
continuer à être fi nancées comme il se doit. »
Comment ce tableau impacte-t-il les compétences attendues
des fi nanciers? Pour jouer les rôles traditionnels, l’entreprise a
plutôt besoin de profi ls qu’on qualifi era de « comptables », à
même d’intégrer les régulations et les exigences en termes de
reporting, par exemple. Pour être effi cace en tant que « stra-
tège » et « catalyseur », il faut par contre une bien plus grande
compréhension du business, de ses métiers et du contexte
dans lequel il évolue.
C’est ainsi qu’une étude européenne menée par Deloitte –
« The Finance Talent Challenge » – pointait toute la diffi culté
pour les départements fi nanciers d’avoir « les bons profi ls à
bord ». Ainsi, en matière de comptabilité, de reporting ou de
conformité, seul un répondant sur dix se plaignait d’un man-
que de compétences en interne, alors que cette proportion
devient trois fois plus importante en matière de perspec-
tive business, de pensée critique et d’agilité stratégique – et
même quatre fois supérieure lorsqu’il est question de gestion
du changement.
Plus marquant encore: deux répondant sur cinq jugent impor-
tant – et un sur dix le dit même critique – de disposer d’un MBA
Cataly
st
FinanceFunction
LEADING EDGE
THRESHOLDPERFORMANCE
Strategist
Operat
orSteward
Perfo
rman
ceExecution
EfficiencyControl
« On se retrouve parfois face à des CFO qui ressemblent à un barman le soir de réveillon. »
Source: Deloitte.
FINANCE MANAGEMENT - CFO MAGAZINE - N°23 - DÉCEMBRE 2008
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pour réussir en fi nance dans leur organisation. « Un des enjeux
pour le CFO en tant que manager consiste à parvenir à attirer
des profi ls ayant un background business très poussé voire, par
exemple, des ingénieurs comprenant bien le métier de l’entre-
prise et les risques qui y sont associés. Ce qui n’est pas facile car
la fonction fi nance reste encore perçue comme une fonction
d’expertise. C’est pourquoi certaines organisations aujourd’hui
travaillent au branding interne du département fi nancier pour
le positionner en tant qu’opportunité de carrière attractive. »
De même, les personnes évoluant aujourd’hui en fi nance ont
tout intérêt à chercher à acquérir une ou des expérience(s)
dans le business. « Tout en veillant à assurer sa formation conti-
nue dans les rôles fi nanciers de base en forte évolution », précise
Thierry Van Schoubroeck. C’est d’autant plus vrai qu’avec la
crise, on assiste à un « retour aux basiques », à savoir une ges-
tion fi nancière rigoureuse, un reporting fi able, la compliance,
la maîtrise des risques, etc. « L’accent mis sur la croissance est
plus modéré – même si la crise peut ouvrir de belles opportuni-
tés d’acquisitions à moindre coût, par exemple –, au profi t d’une
attention accrue à la réduction des coûts, à la gestion de la tré-
sorerie et à la restructuration fi nancière. »
FISCALITÉ DOSSIER : LA CARRIÈRE DU FINANCIER
Gestion du changement
Pensée critique
Capacité à faire face à l’ambiguïté
Agilité stratégique
Avoir un perspective business
Tirer parti des capacités des systèmes
Gestion de projet
Agilité organisationnelle
Orientation client
Motiver les autres
Gestion des conflits
Avoir une perspective financière globale
Capacité à résoudre les problèmes
Apprentissage continu
Délégation
Analyse et présentation de données
Appliquer un bon jugement
Compliance
Orientation résultats
Reporting
Comptabilité
Les compétences dont les départements financiers manquent le plus en Europe
40%
30%
29%
27%
27%
26%
25%
25%
22%
21%
20%
18%
17%
14%
13%
13%
13%
12%
10%
7%
3%
Source: The Finance Talent Challenge: How Leading CFOs are Taking Charge, Deloitte.
Thierry Van Schoubroeck: « Le directeur fi nancier se doit d’être ‘the voice of reason’, c’est-à-dire assurer que chaque investissement soit soutenu par un business case bien analysé, bétonné, et que les activités les plus importantes vont recevoir les fonds nécessaires. »
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Les directeurs fi nanciers de demain seront différents de ceux
d’hier, et sans doute aussi de ceux d’aujourd’hui. Le monde
de l’enseignement en tient compte. « Notre leitmotiv consiste
à amener les étudiants à comprendre le monde fi nancier dans
son ensemble, en ce compris l’évaluation des risques auxquels
sont confrontées les entreprises ou l’attitude à adopter en tant
qu’investisseur particulier, illustre Brigitte Chanoine, recteur
de l’Ichec et professeur en fi nance. Il ne s’agit en effet plus
seulement d’être un brillant technicien de la fi nance, encore
faut-il être bien armé pour comprendre les réalités que vivent
les entreprises sur le terrain. »
D’où, par exemples, un cours sur l’économie et les marchés
fi nanciers ou cet autre portant sur l’histoire de l’économie,
permettant le lien entre la crise de 1929 et celle d’aujourd’hui.
Cette approche était déjà bien intégrée dans les cursus mais
a encore été renforcée dans le cadre de Bologne. « Les pre-
miers étudiants formés dans ce nouveau cadre sortiront cette
année et leur bagage sera quelque peu différent de celui de
leurs prédécesseurs, poursuit-elle. Au-delà d’un tronc commun
comportant notamment des cours généralistes et de langues
très poussés, ils ont désormais trois choix de spécialisation à
opérer, chacune comptant pratiquement pour un trimestre.
Par exemple deux modules de fi nance complétés d’un module
axé sur les PME ou trois modules différents comme fi nance,
gestion durable et GRH. On constitue ainsi des profi ls variés, et
parfois avec une complémentarité de spécialisations origina-
les, d’autant que leurs stages et mémoire doivent s’aligner sur
le choix des modules. »
Par ailleurs, un cours d’éthique a été mis au programme de
dernière année. « C’était avant la crise fi nancière et celle-ci
vient confi rmer qu’il s’agissait d’une excellente idée, en lien di-
rect avec les défi s auxquels les entreprises sont confrontées »,
note Brigitte Chanoine. Une fois le diplôme en poche, le
parcours du futur manager fi nancier passe souvent par un
des Big Four. « Avec une demande en profi ls économiques et
fi nanciers importante, les grands cabinets d’audit restent une
bonne école pour mettre en application ce que les étudiants
ont appris. Mais il existe d’autres types de parcours qui peu-
vent façonner des profi ls de futurs CFO un peu moins formatés,
comme un trajet en banque, en compagnie d’assurances ou
dans un service fi nancier au sein d’entreprises de moyenne ou
plus petite tailles où l’on touche très rapidement à différents
aspects de la fonction. »
La fonction fi nance est en évolution rapide, d’où la nécessité
pour le CFO de se placer dans une démarche de formation
continue, notamment en matière de technique fi nancière.
Mais Brigitte Chanoine souligne également la nécessité de
s’armer en « soft skills », compétences en partie développées
durant les travaux de groupe et les stages mais très souvent
considérées comme insuffi santes par les employeurs. « Je
pense notamment à la capacité à communiquer, conclut-elle.
Le directeur fi nancier doit être à même de développer une com-
préhension très pointue des différentes matières fi nancières,
mais aussi et surtout de les traduire, de les rendre compré-
hensibles pour les autres directions et pour les équipes dans
l’entreprise. Ce n’est pas évident car on touche à des sujets émi-
nemment complexes. Mais c’est essentiel: combien de patrons
d’entreprise et de managers viennent se former chez nous dans
le seul objectif de comprendre et d’interpréter ce que leur res-
ponsable fi nancier leur raconte… »
LE CFO DE DEMAIN SE FAÇONNE AUJOURD’HUI
Brigitte Chanoine: « Le directeur fi nancier doit être à même de développer une compréhension très pointue des différentes matières fi nancières, mais aussi de les traduire, de les rendre compréhensibles pour les autres. »
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« Je ne pense pas qu’il existe de structure idéale pour un dé-
partement financier, estime d’emblée Laurent Carlier, CFO
de Befimmo depuis un peu plus de deux ans, après avoir
dirigé les départements financiers de Sodexho et de Sanofi.
L’important, c’est que la structure soit en adéquation avec le
profil et la stratégie de l’entreprise. » Selon lui, les ressources
humaines d’un département financier s’articulent autour
de deux axes qui s’équilibrent mutuellement: d’une part,
le process qui réunit toutes les tâches de base, répétitives,
telles que la tenue de la comptabilité; d’autre part, le pro-
ject development qui relève de la stratégie de l’entreprise
et englobe des fonctions telles que celles d’analyste finan-
cier ou de contrôleur de gestion. « Mon équipe compte huit
personnes qui doivent être réactives, souples, sensibles à une
démarche project. En tant que CFO, un aspect important de
ma fonction est le support du business, l’aide à la décision
stratégique », explique-t-il.
Aujourd’hui CFO d’Umicore, Martine Verluyten a précé-
demment dirigé le département financier de Mobistar,
après avoir travaillé pendant plus de vingt ans dans les
départements financiers de la société californienne Ray-
chem. Cette approche pragmatique, elle la partage: pour
elle aussi, il faut d’abord regarder comment l’entreprise
fonctionne, pour ensuite trouver le modèle financier qui
lui colle le mieux. « Umicore est une entreprise très dé-
centralisée qui compte une quinzaine de domaines d’acti-
vités, illustre-t-elle. Les contrôleurs de ces business units
travaillent au sein de leur unité. Le CFO donne le cadre
commun, les lignes directrices et les priorités de la fonc-
tion financière que chaque contrôleur va intégrer dans ‘sa’
business unit. Nous travaillons en quelque sorte comme
un team financier virtuel. Certaines missions restent
toutefois centralisées: les relations avec les investisseurs,
Le CFO doit avoir une vue hélicoptèreComment le CFO moderne jongle-t-il avec ses différents rôles et missions, tout en pilotant un département en constante évolution et en gérant des collaborateurs aux personnalités parfois très différentes? Témoignages et « bonnes pratiques » avec quelques directeurs fi nanciers.
FISCALITÉ DOSSIER : LA CARRIÈRE DU FINANCIER
TEXTE : NATHALIE GOBBE
Laurent Carlier: « Les compétences relationnelles sont primordiales au sein d’un département fi nancier. Les col-laborateurs doivent être capables de communiquer et de présenter le rôle de la fonction fi nancière dans l’entreprise afi n d’y développer une conscience économique. »
FINANCE MANAGEMENT - CFO MAGAZINE - N°23 - DÉCEMBRE 2008
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les principes de comptabilité, la trésorerie, la gestion des
taxes, etc. »
QUESTION DE TAILLE La réalité est quelque peu différente pour Cédric Levert,
CFO de l’asbl CSD dont, comme il le souligne, « le moteur
n’est pas financier. Par conséquent, le rôle et l’impact du CFO
est fort différent ». Il réunit sous sa direction des missions
classiques de comptabilité, facturation, gestion du conten-
tieux, informatique et, plus récemment, contrôle financier
tandis que la cellule du personnel quittera au 1er janvier
son giron pour intégrer un tout nouveau département des
ressources humaines.
« Il faudra néanmoins garder un lien étroit avec cette cellule
qui a la gestion des salaires dans ses missions, soit environ 80%
de nos charges, précise Cédric Levert. Nous avons par ailleurs
ajouté une fonction de contrôle fi nancier en raison de la crois-
sance importante de ces dernières années: nous avons doublé
notre taille au cours des dix dernières années, ce qui représente
une croissance de près de 10% par an. »
De son côté, Natasha De Clercq, CFO Interim Manager auprès
de Partena, distingue le rôle du directeur fi nancier selon qu’il
travaille dans une grande entreprise ou au contraire une pe-
tite structure. « Dans une grande société, explique-t-elle, le
CFO est un business partner. Il se concentre sur l’analyse, le
controlling et la guidance. Il doit comprendre le business et non
se limiter aux chiffres: il doit connaître le marché, le produit et
la vente. L’IT est également devenu de plus en plus important
en fi nance puisque les données sont à la base de toute analyse:
il est donc logique que l’IT dépende du CFO. La comptabilité,
la trésorerie, la tva, les taxes, les accounts payables par contre
ressortent plutôt des shared services où ils prennent en charge
toutes les questions transactionnelles et spécialisées. Dans une
petite structure, le CFO remplit également toutes ces missions
mais il doit souvent prendre directement en charge la compta-
bilité, l’analyse, l’IT et le treasury qui a aussi traditionnellement
sous sa responsabilité la comptabilité, la trésorerie, la tva, les
taxes, les accounts payables. »
INTERACTIONS ÉTROITES CFO d’Econocom, Eric Philippart complète la description:
« Dans les petites structures, il y a moins de place pour les spé-
cialistes. On a tendance à externaliser les compétences tech-
niques pointues. Ces entreprises recherchent souvent des gé-
néralistes pouvant endosser différents fonctions, ce qui ne se
trouve guère. Les acteurs de la fi nance préfèrent entrer dans des
fonctions aux contours bien défi nis, avec un cadre stable. Or, on
a de plus en plus besoin de collaborateurs fl exibles, capables de
s’adapter aux besoins de l’entreprise en constante évolution. »
A la tête d’un département d’environ 80 personnes, Werner
De Laet, CFO de Mobistar a sous sa responsabilité les mis-
sions classiques d’un CFO – contrôle de gestion, comptabilité,
taxes et impôts, trésorerie, investissement, etc. – mais aussi
plus spécifi que à son secteur d’activité, le data management,
la détection de fraude ou encore la revenue assurance. « Il y a
beaucoup de synergies entre l’équipe chargée d’établir le busi-
ness plan avec une perspective à trois ou quatre ans et notre
équipe de contrôle de gestion qui établit des modèles sur 18
mois: deux fois par an, ces équipes qui travaillent sur les mê-
mes concepts vérifi ent la cohérence de leurs plans respectifs et
en assurent l’alignement. »
Il serait sans doute logique que l’équipe business plan fasse
partie du département fi nancier puisque la responsabilité fi -
nale revient au CFO, constate Werner De Laet. Dans le même
esprit, Eric Philippart note que son département travaille en
interaction étroite avec le back offi ce opérationnel chargé de
la récolte des premières informations: « Il serait probablement
logique d’associer au département fi nancier ce back offi ce qui
refl ète la réalité du terrain et permet in fi ne de vérifi er la cohé-
rence des chiffres comptables », constate-t-il.
LIENS ENTRE CHIFFRES ET BUSINESSCes dernières années, comme beaucoup d’entreprises, Mobistar
a tenté d’automatiser un maximum de tâches systématiques,
Martine Verluyten: « Le CFO doit être capable de donner confi ance, de bien communiquer et d’écouter aussi bien les investisseurs que les responsables des différents domaines d’activités de la société, de coacher, motiver et conduire son équipe. »
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telles que l’encodage par exemple. Werner De Laet pointe trois
grandes catégories de personnels aujourd’hui indispensables
dans un département fi nancier. D’abord, les spécialistes fi nan-
ciers qui ont une connaissance détaillée de domaines précis de
la fi nance (trésorerie, gestion d’impôts et TVA, IFRS…). Ensuite,
les collaborateurs maîtrisant parfaitement l’IT et les systèmes
et langages informatiques qui sont responsables par exemple
du data management ou du reporting. Enfi n, les opérationnels
en charge du contrôle de gestion.
« Je distingue à ce niveau les collaborateurs en back offi ce qui sont
chargés des analyses et leurs collègues du front offi ce qui éta-
blissent le lien entre les chiffres et le business, discutent avec les
équipes de la vente et du marketing et doivent donc se montrer
excellents communicateurs », précise le CFO de Mobistar, rejoint
sur ce point par Laurent Carlier. « Les compétences humaines,
les soft skills sont primordiales au sein d’un département fi nan-
cier, indique ce dernier. Les collaborateurs doivent être capables
de communiquer et de présenter le rôle de la fonction fi nancière
dans l’entreprise afi n d’y développer une conscience économique.
C’est là la meilleure garantie que les procédures soient respectées.
Ils doivent aussi faire preuve d’empathie: comprendre les préoccu-
pations et les contraintes des autres départements. »
Natasha De Clercq poursuit: « Il faut en priorité des com-
pétences analytiques dans un département financier: être
capable d’avoir une vue d’hélicoptère et non se limiter aux
chiffres ou aux détails qui donnent des financiers une image
ennuyeuse, monotone, comptable. Si nous voulons dialoguer
avec d’autres départements – y compris la vente et le mar-
keting –, nous devons sortir des chiffres pour nous intéresser
aux développements qui se passent et les traduire dans des
business plans. »
MANAGER L’HUMAIN Un avis que partage également Martine Verluyten qui dé-
taille les compétences que doit réunir un CFO: « Etre capa-
ble de donner confiance, de bien communiquer et d’écouter
aussi bien les investisseurs que les responsables des diffé-
rents domaines d’activités de la société, de coacher, motiver
et conduire son équipe. Au-delà de cela, il y a évidemment,
aujourd’hui encore plus que dans le passé, les compétences
liées la gestion de tous les risques financiers comme le crédit,
le financement, etc. »
« Il y a cinq ans, on trouvait aisément des collaborateurs per-
formants qui s’étaient formés dans un cabinet d’audit, indique
Pour vous permettre de vérifi er si vous êtes correctement
rémunéré, Finance Management publie les salaires des
principales fonctions représentées dans les départements
fi nanciers. L’analyse a été réalisée par la société de conseil
Berenschot Belgium sur base de son Remuneration Po-
sitioning Berenschot (RPB), un instrument développé en
collaboration avec le secrétariat social Partena et permet-
tant aux employeurs d’évaluer et d’adapter leur politique
de rémunération. Les chiffres présentés ici correspondent
au salaire annuel fi xe brut et au salaire annuel réel brut
(tenant compte des bonus tant individuels que collectifs).
Pour chaque fonction, nous présentons le salaire médian
(soit la valeur centrale: la moitié de leurs titulaires gagnent
plus, l’autre moins) ainsi qu’une fourchette salariale établie
sur base des percentiles 10, 25, 75 et 90 (le montant « bas
» représente ainsi le salaire moyen des 10% de titulaires les
moins bien rémunérés dans la fonction, le montant « élevé
» correspondant aux 10% de personnes qui sont les mieux
payées, etc.). Est aussi présentée l'éligibilité aux assurances
et à une voiture de fonction.
LES SALAIRES DES FONCTIONS FINANCIÈRES
ETES-VOUS BIEN PAYÉ?
FISCALITÉ DOSSIER : LA CARRIÈRE DU FINANCIER
Salaire annuel fi xe Salaire annuel total AssurancesVoiture de
société
Fonction PC10 PC25 PC50 PC 75 PC90 PC10 PC25 PC50 PC 75 PC90
Director Finance
62.989 75.317 89.395 118.590 147.769 63.648 81.174 97.236 129.171 166.847 98 % 84 %
Manager Finance
53.832 62.292 72.755 87.170 103.821 56.903 64.898 74.188 95.433 111.985 96 % 71 %
Controller 46.123 52.156 61.280 70.887 84.378 46.350 52.972 63.322 75.849 92.285 85 % 45 %
Manager Accounting
46.493 51.742 59.684 72.223 84.188 46.493 53.100 61.199 73.683 86.442 77 % 52 %
Financial Analyst
34.565 41.131 45.604 53.796 66.710 35.104 41.930 48.298 55.412 68.202 59 % 17 %
Accountant 32.882 36.450 42.307 48.868 55.215 33.318 36.885 42.709 49.273 55.550 59 % 4 %
Accounting Assistant
26.916 30.096 34.678 39.187 44.337 27.037 30.255 34.821 39.602 44.866 53 % 0 %
Source: Berenschot Belgium
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Werner De Laet. Aujourd’hui, le marché est plus restreint, les
consultants sortent plus tôt – et, donc, moins expérimentés
– des cabinets d’audit ou ils y restent! » Contrebalançant ce
phénomène, les collaborateurs du marketing ont plus sou-
vent tendance à évoluer vers la fi nance, de sorte que la mo-
bilité interne permet souvent de répondre aux besoins en
ressources humaines, comme le remarque, chiffres à l’appui,
Werner de Laet: « Au cours des douze derniers mois, il y a eu
une quinzaine de positions à remplir dans le département
fi nancier: les deux tiers des besoins ont été rencontrés via la
mobilité interne. »
A la question ‘comment un CFO devient-il un team mana-
ger?’, il n’y a bien sûr pas de recette miracle mais tous en
conviennent: le meilleur enseignement reste celui donné
par son patron. En d’autres mots, c’est en observant qu’on
apprend… et, souvent, on apprend énormément de ses er-
reurs. « J’ai appris de mes patrons et j’ai transmis cette façon
de faire, commente ainsi Martine Verluyten. On apprend
mieux les uns des autres de sorte qu’il est important que cha-
cun joue ce rôle de modèle. »
« Mon ancien chef a été un excellent coach, se félicite Wer-
ner De Laet. J’ai également suivi un MBA qui a joué le rôle
d’accélérateur et m’a aidé à élargir ma vision de la fi nance et
de l’entreprise. Au cours des dix dernières années, j’ai suivi de
nombreuses formations de quelques jours ciblées sur le people
management et, en particulier, sur l’évaluation et le dévelop-
pement de la performance des collaborateurs. »
LEVIERS DE MOTIVATION Nommé CFO de Sanofi alors qu’il avait à peine 33 ans, Lau-
rent Carlier a lui aussi participé à différents séminaires:
« Lorsque je suis devenu CFO pour la première fois, j’ai pris la
tête d’un département de seize personnes, dont seulement
deux étaient plus jeunes que moi. Pour moi, il est essentiel de
comprendre les leviers de la motivation de chacun: j’ai appris
Au-delà du coaching et des formations, le networking
se révèle être un excellent allié du manager, comme le
souligne Laurent Carlier. « Je suis actif au sein de l’APM,
l’Association Progrès du Management, indique-t-il. Tous
les mois, un expert vient présenter un sujet. C’est l’occa-
sion d’échanger nos expériences respectives, d’apprendre
comment d’autres confrontés à des situations identiques
ont réagi, etc. Je suis également membre de la FEIB, le Fi-
nancial Executives Institute of Belgium où je peux à la fois
me former et développer mon réseau de contacts. »
Baignant au quotidien dans une problématique d’asbl,
Cédric Levert, ancien réviseur d’entreprise, inscrit dans
ses priorités de garder son approche critique, ce qui
passe aussi par le réseau: « Notre asbl appartient à un
groupe de près de 2.000 personnes. Régulièrement, nous
nous rencontrons lors de journées d’études entre CFO.
Nous développons notre réseau personnel. Ces interac-
tions m’aident à conserver mon approche administrative
et fi nancière dans une structure à vocation purement so-
ciale. Nous concilions ainsi au quotidien des visions diffé-
rentes mais complémentaires. »
LA VALEUR AJOUTÉE DU « RÉSEAUTAGE »
« On apprend les uns des autres: il est donc important que chacun joue ce rôle de modèle. »
Natasha De Clercq: « Si nous voulons dialoguer avec d’autres départements, nous devons sortir des chiffres pour nous intéresser aux développements qui s’y passent. »
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à mieux cerner les personnalités, à reformuler ma demande
en tenant compte du profi l de chacun, à interagir de manière
plus productive avec les collaborateurs, à prendre en compte
l’intelligence émotionnelle, etc. »
Un diplôme complémentaire en management et quelques for-
mations ciblées sur des outils RH en poche, Eric Philippart prône
l’interaction directe et régulière avec les collaborateurs, « Nous
avons un entretien d’évaluation annuel mais il n’est fi nalement
que la formalisation d’un processus constant de face to face avec
mes managers. Je les vois régulièrement tout au long de l’année
pour discuter à la fois des dossiers, des fonctions et des compé-
tences de chacun. C’est en échangeant entre collaborateurs qu’on
trouve souvent la réponse simplement parce qu’il y a autant de
solutions que de personnalités: la connaissance de l’individu est
parfois plus importante que toute lecture ou toute formation. »
« La gestion des personnes est sans doute la facette la plus
compliquée de notre fonction puisque nous n’y sommes peu
ou pas formés, convient Cédric Levert. J’ai dans mon équipe
des collaborateurs avec près de 30 ans d’ancienneté et d’autres
qui ont été engagés il y a à peine deux mois: il faut concilier les
approches différentes, capitaliser l’expérience, introduire de
nouvelles manières de travailler, etc. tout en gardant la moti-
vation de tous… » Vaste programme… mais essentiel!
Si nos CFO devaient pointer un livre dans
leur bibliothèque, lequel conseilleraient-
ils? Et bien, rarement un ouvrage de « fi -
nance pure »! China shakes the world de
James Kynge et The world is fl at. The glo-
balized world in the twenty-fi rst century
de Thomas Friedman, répond sans hésiter
Werner De Laet. Là où Natasha De Clercq
évoque Emotional Intelligence de Daniel
Goleman, qui « montre aux fi nanciers qu’il
y a autre chose que les chiffres à prendre en
compte dans le management », sourit-elle.
Mintzberg on Management: Inside our
strange world of organizations d’Henry
Mintzberg, propose pour sa part Laurent
Carlier. « Ce livre date de plus de vingt ans mais il reste d’actua-
lité: c’est une théorie de management intéressante, où l’auteur
montre qu’un vrai patron est avant tout un opérationnel,
quelqu’un qui garde le contact avec la réa-
lité plutôt qu’un théoricien diplômé avec le
plus haut grade des meilleures écoles. Il in-
terroge par exemple: vaut-il mieux mettre
en place de fabuleux indicateurs qui vous
montreront que votre
chiffre d’affaires s’ef-
fondre avec trois mois
de retard ou passer du temps sur un terrain
de golf où vous verrez que votre principal
client déjeune avec votre concurrent direct?
C’est amusant, ça donne à réfl échir. »
QUATRE OUVRAGES POUR DEVENIR DE MEILLEURS MANAGERS
FISCALITÉ DOSSIER : LA CARRIÈRE DU FINANCIER
« La gestion des personnes est sans doute la facette la plus compliquée de notre fonction. »
Werner de Laet: « Il y a cinq ans, on trouvait aisément des collaborateurs performants qui s’étaient formés dans un cabinet d’audit. Aujourd’hui, le marché est plus restreint: les consultants sortent plus tôt– et, donc, moins expéri-mentés – de l’audit ou ils y restent… »
FINANCE MANAGEMENT - CFO MAGAZINE - N°23 - DÉCEMBRE 2008
11L e défi cit en professionnels de la fi nance et de la
comptabilité demeure un caillou dans la chaussure
de bien des employeurs à travers le monde. Ainsi, plus
de la moitié des participants (56%) au Global Finance
Employment Monitor 2008, une vaste enquête réalisée par Robert
Half International auprès de plus de 4.000 directeurs RH et fi nanciers
dans 20 pays, déclarent rencontrer des diffi cultés pour trouver des
candidats de qualité. Dans huit de ces vingt pays, la comptabilité a
été citée comme la fonction la plus diffi cile à pourvoir.
PEU IMPORTE LA CONJONCTURECette demande importante, identique aux résultats enregistrés
l’année passée, se répartit dans un large éventail de catégories de
métiers. Les défi s de l’embauche restent élevés en Asie, avec Hong
Kong (89%), Singapour (76%) et le Japon (65%) en tête de liste des
pays les plus en proie aux diffi cultés de recrutement de spécia-
listes fi nanciers. Les autres pays témoignant d’un défi cit aigu sont
le Brésil (82%), le Luxembourg (72%... pour 65% l’an passé) et les
Etats-Unis (72% également, comparé par à 55% en 2007).
« Une forte augmentation de profils orientés projets a été
constatée dans les entreprises du monde entier, relève Joël
Poilvache, Regional Director chez Robert Half (voir tableau
1). Les défis en gestion des ressources humaines pour les en-
treprises sont importants et de plus en plus complexes. Les
pénuries spécifiques, les problèmes de rétention et la pression
sur l’économie exigent désormais une approche très pointue
du recrutement stratégique. » C’est d’ailleurs vrai en bonne
comme en mauvaise conjonctures car, actuellement, les
profils financiers et comptables gagnent en visibilité et en
importance dans l’entreprise. En outre, le départ progressif
Pourcentage des managers rencontrant des diffi cultés à trouver des profi ls comptables et fi nanciers compétents
Talents financiers: la guerre continue… Le marché de l’emploi continue à connaître une pénurie constante de spécialistes, notamment dans les fonctions relatives à la comptabilité, au management fi nancier, à l’analyse et au contrôle fi nanciers. Autre constat: de bonnes aptitudes communicationnelles, l’honnêteté et l’intégrité prennent le pas sur les compétences de management traditionnelles. Analyse.
FISCALITÉ DOSSIER : LA CARRIÈRE DU FINANCIER
TEXTE : LAURENT CORTVRINDT
u
Rencontre des diffi cultés
Ne rencontre pas de diffi cultés
Moyennes
Source: Robert Half International
FINANCE MANAGEMENT - CFO MAGAZINE - N°23 - DÉCEMBRE 2008
12
des baby-boomers à la retraite crée aussi un déséquilibre
qu’il faut combler.
« Ces deux facteurs ont un effet commun: le recrutement spé-
cialisé, et plus particulièrement dans les profi ls fi nanciers et
comptables, augmente, reprend-il. Quand la conjoncture est
très bonne, la demande des entreprises pour engager de ma-
nière permanente ces profi ls est importante. Les activités busi-
ness prospèrent, il faut des ressources humaines pour y répon-
dre. Et pour absorber les pics d’activité, il faudra faire appel à
l’intérim pour porter les projets. Par contre, quand la conjonc-
ture ralentit, les entreprises seront sans doute plus prudentes
avant de songer à un engagement permanent. Mais elles
auront toujours besoin de profi ls fi nanciers et comptables… »
Dans la conjoncture actuelle, les consultants de Robert Half In-
ternational observent que le cycle de recrutement a tendance
à s’allonger dans les entreprises. « Certainement pour installer
une sélectivité encore davantage appuyée, parce que l’enjeu du
recrutement d’effectifs supplémentaires est plus important »,
note Joël Poilvache. Une autre constatation intéressante de
ce Global Finance Employment Monitor concerne la réponse
que peuvent offrir différents pays à la pénurie de certains pro-
fi ls. Et, si la Belgique connaît bien entendu certains problèmes
de pénurie, nous constatons que la situation reste encore rela-
tivement « sous contrôle » par rapport à celle d’autres nations.
Parmi ces pays moins bien lotis, le Luxembourg constitue un
exemple interpellant. « Avec son industrie très spécialisée, le
Grand-duché attire de nombreux profi ls des pays limitrophes.
Mais, pour ces expatriés, lorsqu’une opportunité intéres-
sante survient dans son pays d’origine, la fi scalité attrayante
du Luxembourg ne pèsera plus beaucoup dans la balance. Le
Luxembourg est vraiment confronté à un problème de réten-
tion des talents… qu’il attire pourtant facilement. » Nous
sommes donc assez éloignés de l’Eldorado souvent décrit. « Le
salaire net n’est pas le seul facteur d’intérêt qui pousse les gens
à changer d’emploi. Tout le package (possibilités de carrières,
formations, environnement social, etc.) entre en compte. Ce qui
peut expliquer que la Belgique ne fasse pas si mauvaise fi gure
dans l’enquête. Nous avons beaucoup de choses à offrir aux
fi nanciers – qualité de vie, protection sociale, diversifi cation des
entreprises… La Belgique reste très attractive pour ces profi ls. »
EQUILIBRE DE VIE Une autre étude, celle-ci réalisée auprès de 5.200 Finance Ma-
nagers répartis dans 17 pays dont la Belgique, éclaire les compé-
tences les plus recherchées chez les fi nanciers. Non sans réserver
quelques surprises. Exemple: de bonnes aptitudes communica-
tionnelles et d’écoute, de l’honnêteté et de l’intégrité apparaissent
aujourd’hui être les caractéristiques essentielles d’un manager
confi rmé. Les aptitudes traditionnelles de management telles que
la vision et la stratégie occupent par contre une place secondaire.
Au niveau international, plus de la moitié (58%) des per-
sonnes interrogées estiment ainsi qu’un bon manager
FISCALITÉ DOSSIER : LA CARRIÈRE DU FINANCIER
RECRUTEMENT STRATÉGIQUE ET ORIENTÉ ‘PROJETS’
45
40
35
30
25
20
15
10
5
0
Font appel à davantage de profils orientés projets comparé à il y a trois ans
Font appel à moins de profils orientés projets comparé à il y a trois ans
Monde
31% 31% 31% 31%
44%41%
25%
28%
34%
30%
20%21% 21%
15%
25%26%
21%
12%
23%
27%
17%
7%
Belgique Pays-Bas
Source: Robert Half International
Etats-Unis Allemagne Luxembourg France Royaume-Uni Hong Kong
Japon Brésil
13
doit disposer de bonnes aptitudes communicationnelles.
De plus, 38% pensent qu’un bon manager doit pouvoir
écouter. En Europe, la Belgique occupe ici la première place
exprimant cette opinion avec 48%, suivie par le Luxem-
bourg et la France. Pour 36%, l’honnêteté et l’intégrité sont
des qualités importantes pour être bon manager. La diffé-
rence entre les continents est frappante: en Asie, seuls 16%
partagent cet avis, contre 50% en Océanie, 45% aux Etats-
Unis et 35% en Europe.
Sur l’ancien continent, les Pays-Bas affichent les résultats
les plus élevés avec 55% pour cette caractéristique, suivis
par la Belgique (43%) et la Grande-Bretagne (41%). La vision
et l’analyse stratégique sont considérées par 31% des par-
ticipants à l’enquête comme étant la quatrième qualité la
plus importante d’un manager confirmé. Bien que, pour la
majorité des sondés, les « people management skills » sont
plus importantes que la vision et le management stratégi-
que, la majorité (42%) estiment malgré tout que cette der-
nière aptitude doit être développée plus avant pour être un
bon manager. Suivent en deuxième et troisième place les
aptitudes de people management (38%) et les aptitudes
communicationnelles (36%), devant les aptitudes de project
management (30%).
Au niveau international, un participant sur trois pense qu’un
bon équilibre entre travail et vie privée constitue le plus grand
défi pour un bon manager. En Europe, l’Espagne occupe ici la
première place avec 54%, suivie par l’Italie (40%), le Royaume-
Uni et la Suisse (34%), la Belgique (31%), l’Irlande (30%), le
Luxembourg (27%), l’Allemagne (25%), les Pays-Bas (22%) et
la France (21%). L’entretien de bonnes relations avec les collè-
gues est très important pour un quart des participants.
Dans le cadre de son Workplace Survey, Robert Half International
met en évidence que plus de la moitié des entreprises (47%) per-
mettent à leurs travailleurs de bénéfi cier d’horaires fl exibles. La Bel-
gique fait un peu mieux que la moyenne, avec un peu plus d’une
entreprise sur deux offrant cette possibilité. Sans surprise, nos voi-
sins du Nord arrivent en tête de ce classement avec 61%. Parallèle-
ment, un tiers des entreprises dans le monde donnent aux parents
actifs la possibilité de travailler à temps partiel. Les entreprises bel-
ges sont conformes à cette tendance. Les pères et les mères actifs se
voient offrir, s’ils le souhaitent, un contrat à temps partiel dans 32%
des entreprises belges participantes. Les Pays-Bas obtiennent une
nouvelle fois un score élevé dans ce domaine, avec 52%.
Les programmes de formation sont également très en vogue
pour fi déliser les travailleurs. C’est le cas pour 35% des entrepri-
ses belges. Par ailleurs, un tiers des entreprises dans le monde dé-
clarent investir dans des plans de carrière. Au Luxembourg, elles
sont même 57% à le faire, suivies par leurs homologues de Sin-
gapour (54%), d’Irlande (48%) et des Pays-Bas (46%). La Belgique
obtient ici un score étonnamment bas, puisque seules 19% des
entreprises de notre pays investissent dans de tels plans. Il en va
de même pour les augmentations salariales: 18% des entreprises
belges seulement considèrent l’augmentation salariale comme
un moyen de rétention.
L’enquête montre que la « diversité » fi gure également au rang des
priorités dans la plupart des entreprises. Ces dernières optent de
plus en plus souvent pour une politique d’intégration active. Un
nombre croissant d’entre elles organisent dès lors des formations
pour familiariser davantage les travailleurs avec les différences in-
terculturelles. En Belgique comme dans le reste du monde, 44%
des entreprises confi rment appliquer activement une politique
de diversité et d’égalité des chances. En Irlande, elles sont même
83% à pratiquer une telle politique. Fait étonnant: seules 26% des
fi rmes néerlandaises disent accorder structurellement de l’impor-
tance à l’égalité des chances et à la diversité.
LES CLÉS POUR FIDÉLISER VOS TALENTS FINANCIERS
Joël Poilvache: « Quand la conjoncture ralentit, les entre-prises seront sans doute plus prudentes avant de songer à un engagement permanent. Mais elles auront toujours besoin de profi ls fi nanciers et comptables… »