finalement, le changement c’est pour plus tard

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2 EUROS: N°131 /// OcTOBRE - NOVEMBRE 2012 /// ISSN 1240 /// ccPaP 0911 G 89086 /// CNT AIT RESISTANCE POPULAIRE AUTONOME /// DOSSIER DEMYSTIFIcaTION /// _NaTIONalISMES & RElIGIONS cONTRE la JUSTIcE SOcIalE & la lIBERTE _caTalOGNE, MaNOEUVRES NaTIONalISTES _l’aNc MaSSacRE lES MINEURS /// ET aUSSI /// _REFlExIONS SUR la DEMOcRaTIE FINALEMENT, LE CHANGEMENT C’EST POUR PLUS TARD... /// VIE QUOTIDIENNE /// NOS INSTITUTIONS N’ONT POUR NOUS QUE DU MEPRIS_ l’ExPlOITaTION lOcaTIVE ET SES cONSEQENcES_ OGM, MES aMOURS_ /// lUTTES /// POURQUOI cElUI QUI PRéPaRE la PIzza N’EN RécUPèRE QUE lES MIETTES ?_

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Page 1: FINALEMENT, LE CHANGEMENT C’EST POUR PLUS TARD

2 EUROS: N°131 /// OcTOBRE - NOVEMBRE 2012 /// ISSN 1240 /// ccPaP 0911 G 89086 ///

CNT AIT RESISTANCE POPULAIRE AUTONOME

/ / / D O S S I E R DE M Y S T I F I c a T I O N / / /

_ N a T I O N a l I S M E S & R E l I G I O N S cO N T R E l a

J U S T I cE S O c I a l E & l a l I B E R T E

_ c a T a l O G N E , M a N O E U V R E S N a T I O N a l I S T E S

_ l ’ a N c M a S S a c R E l ES M I N E U R S

/ / / E T a U S S I / / /

_ R E F l Ex I O N S S U R l a D EM O cR a T I E

FIN

AL

EM

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LE

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C’E

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...

/ / / V I E Q U O T I D I E N N E / / /

N O S I N S T I T U T I O N S N ’ O N T P O U R N O U S Q U E DU M E P R I S _

l ’ E x P l O I T a T I O N l O ca T I V E ET S E S c O N S EQ E N c E S _

O GM , M E S a M O U R S _

/ / / l U T T E S / / /

PO U R Q U O I c E l U I Q U I P R éP a R E l a P I z z a N ’ EN R é c U P è R E Q U E l E S M I ET T E S ? _

Page 2: FINALEMENT, LE CHANGEMENT C’EST POUR PLUS TARD

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--------------------------Ce journal est rédigé, mis en page, assemblé par

des militants anarchosyndicalistes, salariés ou

chômeurs. Il ne reçoit aucune subvention.

--------------------------IMP SPE - 2 jANVIER 2012

Directeur de la publication : Entremond

Anarchosyndicalisme ! /// Octobre - novembre 2012

- Paris : [email protected] C l e r m o n t - F e r r a n [email protected], Place Poly 63100Clermont-Ferrand, perma-nence (avec bibliothèquegratuite) tous les samedi,16h-19heures. - CNT-AIT du Gard. Pourtout contact, s’adresser à laBourse du travail d’Alès ou àl’Union régionale. - Montauban : contact à latable de presse, les samedi,10 h 15 à 12 h au marché duJardin des plantes- Toulouse : CNT-AIT, 7 rueSt Rémésy 31000 (métroCarmes ou Salin).Permanence tous les samedi17 à 19 h. Egalement auxPuces (place St Sernin) ledimanche en fin de matin.Tables de presses pério-diques dans les quartiers(Bagatelle, Faourette,Mirail).- Dans le Gers, Anarcho-syn-dicalisme ! est diffusé par lalibrairie « Les petitspapiers » rue Dessolés. Pour prendre contact avec lacnt-ait : [email protected] Autres départements deMidi-pyrénées : prendrecontact avec le journal.- Quercy-Rouergue, prendrecontact avec : [email protected] .- Perpignan: CNT-AIT, 9 rueDuchalmeau 66000. Perma-nences chaque samedi àpartir de 15h.- Caen : BP 2010, 14089Caen Cédex. Table de pressechaque dimanche au marché,tous les mercredis sur leCampus 1 (sous la galerievitrée). - Lyon : Contact : Gé ouRob, Librairie la Gryffe, 5rue Sébastien Gryffe, 69007.- Dans l’Yonne CNT-AIT :

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Landes, mail :

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_Soutenir les salariées-licenciées deNataïs poursuivies en diffamation par leurpatron, le jeudi 13 décembre au Tribunal degrande instance d’Auch._S’abonner à la liste de diffusion inter-net : http://liste.cnt-ait.infoElle vous permet de rester au courant et enliason avec nous. C’est gratuit._Tchatcher, suivre l’actualité militantesur le forum de la CNT-AIT de Caenhttp://cnt.ait.caen.free.fr/forum/_Ecouter et faire écouter des textes de labibliothèque sonore libertaire (c’est éga-lement gratuit) : AnarSonore.free.frL’enrichir en enregistrant vous-même denouveaux textes (classiques, articles...) enfrançais mais aussi dans toutes les autreslangues._Diffuser Anarchosyndicalisme ! Prenezcontact avec le journal à notre adresse postale.Les conditions sont étudiées en fonction despossibilités de chacun._Diffuser le petit bulletin Un autre futur(généralement quatre pages, du moins en cemoment). Il paraît habituellement enalternance avec Anarchosyndicalisme ! dont ilconstitue une sorte de supplément gratuit. Iltraite des sujets d’actualité sous une formebrève et dans un esprit anarchosyndicaliste. Ilest destiné à une diffusion auprès d’un publicnon-militant c’est-à-dire un peu tout lemonde : travailleurs, chômeurs, retraités,lycéens, étudiants... Vous pouvez contribuer àsa diffusion soit en le téléchargeant sur le sitede Toulouse et en assurant une diffusion inter-net auprès de vos amis et relations, soit en lesortant sur une imprimante et en le photoco-piant vous-même, soit en vous procurantauprès de nous les exemplaires nécessaires.Le numéro de septembre-octobre est sorti eten cours de diffusion.

_A propos de La Poste : La volonté de crever

ce service public est telle que ses responsa-

bles le laissent péricliter. Un exemple : il suf-

fit que le numéro de boîte à lettre ne soit pas

indiqué dans un tout petit immeuble pour

que votre journal nous soit retourné avec la

mention « boîte à lettre non identifiée » et

cela alors que vous l’avez reçu sans problè-

me pendant de nombreuses années. Pensez

donc à vérifier que notre étiquette comporte

toutes les mentions utiles et faites nous par-

venir toute les rectifications et précisions

nécessaires.

Mais aussi

Au moment ou nous mettons sous presse,nous apprenons le décès de

Floréal Samitier, militant de la CNTEspagnole (Exil). Nous y reviendrons dans

un prochain numéro.

Page 3: FINALEMENT, LE CHANGEMENT C’EST POUR PLUS TARD

3NORMAL

Les « socialistes » en refusant des'en prendre au système ne peuventque le faire durer, le perpétuer ; leurpropos, on le sait, c'est d'aménager, deréformer le système, mais leur margede manœuvre étant de plus en plusréduite, ils sont même contraints derevoir à la baisse un programme quimanquait déjà singulièrement d'ambi-tion. Le seul changement notable,c'est le remplacement de l'équipe sor-tante par un nouveau staff dedirigeants : les têtes d'affiche sontrenouvelées, c'est la très mince affairedu jeu démocratique, la bien tristealternance monotone et militaire du« gauche,  droite,  gauche,  droite,...  ». Onchange les acteurs et la représentationcontinue.

Et pourtant, quel beau slogan, « Lechangement, c'est maintenant » ! Si, si, j'in-siste, cela aurait pu être un slogananarchiste. Je m'explique. Les marx-istes, qu'ils soient d'obédience« bolchevique révolutionnaire » ouqu'ils soient « parlementaristes » onttoujours (contrairement aux liber-taires) un vrai et réel problème avecl'immédiateté du changement social :le communisme, oui, bien sûr, maisaprès la dictature du prolétariat, quandtout le monde aura bien tout compris,quand les subtilités jésuitiques de ladialectique n'auront plus de secretpour personne... (et, en attendant, sicertains ont du mal à s'insérer dans la« Glorieuse  Patrie  des  Travailleurs », descamps bucoliques, sympathiques etclimatisés, avec de gentils animateurs,seront mis à leur disposition le tempsd'une rééducation en profondeur). Onse souvient que, pour les marxistes, larévolution passe nécessairement parplusieurs étapes avant d'aboutir - infine - au dépérissement de l’État. Onsait à quels États bodybuildés, loin detoute atrophie musculaire, ces théoriesfumeuses ont conduit. Le souci desétapes nécessaires et obligatoiresimprègne profondément toute lathéorie marxiste et repousseinéluctablement le communisme réelaux calendes grecques, à un futur tou-jours plus lointain, toujours plus inac-cessible.

Les communistes espagnols, en1936, ont défendu ab  absurdum l'idéeque, pour qu'une révolution soit pos-sible dans un pays monarchique,agraire et supposé « arriéré », il fallaitabsolument passer par un stade indus-triel et républicain, soutenir donc unenécessaire révolution bourgeoiseavant de pouvoir espérer une révolu-tion prolétarienne. Révolution prolé-tarienne qui était largement en cours,sous leurs yeux, mais qu'ils ont con-tribué, par tous le moyens, à faireéchouer (suivant en cela les enseigne-ments de leur maître à penser Lénineet les conseils machiavéliques de leurgrand stratège Staline).

La social-démocratie, qui a depuislongtemps abandonné toute référenceà quelque révolution que ce soit, estrestée, comme ses cousins commu-nistes, fidèle à cette conception« étapiste » de l'instauration d'une cer-taine idée du socialisme. Assez« curieusement » elle ne dépassegénéralement pas la première étape(nécessaire et obligatoire d'après elleavant de procéder à toute réformesociale) qui respecte scrupuleusementtrois règles d'or : tout d'abord, ne pas(trop) effrayer la bourgeoisie, ensuiteéviter absolument de contrecarrer lesintérêts patronaux de fond, enfin,expliquer aux ouvriers, aux exploités,aux opprimés en général qu'il leur fautfaire preuve d'un peu de patience,faute de quoi les riches s'en iront à l'é-tranger et, vous connaissez la chanson«  sans  patrons,  vous  n'aurez  point  de  tra-vail ».

La social-démocratie est connuepour rester indéfiniment bloquée à cestade, gérant plus ou moins honnête-ment la grande boutique des proprié-taires, décevant immanquablement lesespoirs qu'elle avait suscités, entraî-nant avec une amère désillusion lestentations funestes du fascisme.

Curés et marxistes, durs commemous, ont en commun cette concep-tion curieuse du présent qui consiste àcroire qu'il faut souffrir ici et main-tenant, que ce n'est que bien plus tard,mais vraiment bien plus tard, que

nous pourrons enfin accéder au par-adis du socialisme ou du « bon dieu ».

Pour nous, anarchosyndicalistes, lechangement, c'est maintenant. Nonque nous pensions pouvoir réaliser lecommunisme libertaire dans lesheures qui viennent à l'échelle plané-taire, mais bien parce que nous savonsque c'est dès à présent que le mondepeut changer et qu'il change effective-ment dès le moment où l'on n'attendplus rien du Pouvoir quel qu'il soit,dès l'instant où la lutte s'organise defaçon autonome, sans intermédiaire,en évitant toute récupération. Ennous appropriant le présent, enprenant en main nos destinées, mêmeà une toute petite échelle, nouschangeons notre rapport au monde,nous changeons le monde, noussommes déjà en route vers un autrefutur. L'organisation horizontale spé-cifique des anarchosyndicalistes ancreles luttes dans le présent en faisant dechacun un acteur responsable et nonun consommateur-électeur-suiveurqui attend passivement les résultatsfuturs de l'action de quelques spécial-istes délégués.

L'éthique enfin des anarchosyndi-calistes privilégie toujours le présent :les moyens employés aujourd'hui pouratteindre quelque objectif que ce soit,doivent être en conformité avec lesidéaux. Utiliser des méthodes depoliticien (magouilles, manipulations,mensonges, calomnies...) c'est rester àtout jamais coincé dans ce monde quenous refusons, c'est, en salissant leprésent, entacher l'avenir.

Hostiles aux amateurs de purga-toires et d'étapes transitoires, soucieuxde donner vie à nos rêves, nous anar-chosyndicalistes, quand nous avonspu le faire, quand les circonstanceshistoriques nous ont été favorables,nous n'avons pas remis au lendemainla réalisation du communisme liber-taire.

Ce souci de réalisation immédiatedes projets de société nous différenciefondamentalement des marxistes, ycompris dans leur variante social-démocrate, qui optent toujours pourun avenir lointain avec des lendemainsqui, finalement, déchantent. Avec eux,le changement c'est toujours pourplus tard.

G.

Anarchosyndicalisme ! /// Octobre  - novembre 2012

Finalement, le changement

c’est pour plus tard...Comme l'on pouvait s'y attendre, les grands changements que François II

devait mettre en œuvre son remis à une date ultérieure pour cause de «Krise » et de « Konjoncture défavorable », défavorable aux salariés, c'est sûr, etpourtant si profitable aux millionnaires qui continuent à accroître leurs for-tunes de façon insensée.

Page 4: FINALEMENT, LE CHANGEMENT C’EST POUR PLUS TARD

4 DOSSIER DEMYSTIFICATION

Anarchosyndicalisme ! /// Octobre  - novembre 2012

NATIONALISMES & RELIGIONS 

CONTRELA JUSTICE SOCIALE & LA LIBERTE

Deux ans ne sont pas encore écou-lés depuis ce geste que force est deconstater combien ce message limpides’est corrompu. Moins de deux ans,c’est ce laps de temps qui a suffi pourqu’une savante combinaison de propa-gande nationaliste ou religieuse, pro-pagée par des minorités grassementrétribuées et relayée par des médiasmercenaires, vienne obscurcir lesesprits. Aux millions de travailleursexploités, aux populations précarisées,mal logées et réduites à la disette, lespoliticiens de tous les pays n’ont pasapporté de réponse. Bien au contraire,ils ont mis en route la classique pan-oplie de crises en tous genres, puis ilsont grand ouverts les macabres bazarsde drapeaux et de livres saints pourlesquels, à l’heure voulue, celui qui s’ensera imprégné sera invité à bien vou-loir se faire tuer.

En France en 2012, entrer dans unédifice public, une CAF ou une mairie,y dire - comme Jacques - son désespoirde ne plus recevoir des allocationsdues depuis des mois ou celui de nepas trouver de logement pour y logerses enfants comme Corinne, puiss’asperger d’essence et craquer uneallumette, c’est-à-dire s’immolercomme le fit Mohammed Bouzizi en2010, cela ne vaut rien. Que l’on soitun chômeur de 51 ans, ou une mère defamille nombreuse, c’est au maximumquelques lignes dans la presse et puisc’est tout. Jacques et Corinne n’ont paseu droit à plus. Lecteurd’Anarchosyndicalisme !, c’est peut-être lapremière fois que tu entends parler de

leur immolation. A croire que, désor-mais, se brûler vif en place publiqueest devenu presque ennuyeux aux yeuxdes medias. Pour eux ce sont d’autresévénements qui méritent de focalisertous leurs commentaires et donc toutenotre attention. Les îles Sepuku parexemple. Personne n’en avait entenduparler, de ces quatre cailloux totale-ment déserts, qui « appartiennent » à laChine. Personne n’y habite et tout lemonde s’en fout. Il fallait que ça chan-ge. Alors on a trouvé deux choses :d’abord quelques œufs et un peud’huile et ensuite et surtout, une dizai-ne de Japonais avec leur drapeau pour

y débarquer en plein mois d’août.

Miraculeusement, il y avait là, ce 18août, force caméras, de quoi faire pas-ser et repasser en boucle sur nosécrans cette poignée de charlots engoguette et surtout de quoi faire mon-ter la mayonnaise. Une mayonnaisebien utile, pour un gouvernement toutde même déstabilisé par sa gestioncalamiteuse de Fukushima, sa corrup-tion et son enfermement dans ledogme nucléariste. Comme par mira-cle d’ailleurs, le premier pied nipponn’avait pas été posé sur le premiercaillou qu’on nous dénichait quelquesexperts pour nous informer que, s’iln’y pas d’habitants aux Sepuku, il yaurait quand même beaucoup de pois-sons dans l’Océan. Grande nouvelle.Mais il fallait bien donner une appa-rence de rationalité à l’affaire pour queses rouages n’apparaissent pas trop.

Quoiqu’il en soit, quelques joursplus tard, nous avons été abreuvés desimages « en retour », sorte de réponsedu berger à la bergère : celles de mani-festants chinois. Ils s’indignent de cetabordage. Ils se sentent insultés.Atteints au plus profond de leur être.En tant que « communauté  chinoise », ilsréclament la guerre contre les « démonsjaponais »… le tout sous les yeux bien-veillants des forces de l’ordre, dans unpays où la manifestation la plus inno-cente est réprimée avec la plus grandesauvagerie, dans un pays qui s’acharneà ne rien laisser filtrer – ni à l’extérieurni à l’intérieur – des révoltes populai-res, des soulèvements de paysans, desgrèves sauvages des esclaves du « madein China ». Il transpire pourtant que cesmouvements de révolte sont le fait demasse importantes… raison de pluspour détourner l’attention ! Car natio-nalistes japonais ou chinois, sont lesdeux faces de la même médaille : cellequi impose à des populations un choixentre deux camps, dont aucun n’estcelui des exploités. Pour le Pouvoir,

Le 17 décembre 2010 Mohamed Bouazizi ne s’est pas immolépour un drapeau ni contre une caricature, il ne s’est pas immo-

lé pour défendre ses traditions ni pour que son pays entre en guer-re contre le voisin. Il s’est immolé parce que ses conditions de vieétaient insupportables. A sa suite, en Tunisie d’abord puis dans lemonde entier, des millions de personnes ont compris cet actecomme un message de révolte de l’Etre humain contre un systèmed’oppression généralisée.

Goya : 

« Le sommeil de la raison

engendre des monstres »

Page 5: FINALEMENT, LE CHANGEMENT C’EST POUR PLUS TARD

5DOSSIER DEMYSTIFICATION

Anarchosyndicalisme ! /// Octobre  - novembre 2012

c’est se réserver la possibilité d’assour-dir, par le bruit des bombes, la clameurdes luttes émancipatrices. La guerre estdonc une aubaine pour tous les Etatsen difficulté, une aubaine qui rapporteaux marchands et appauvrit les cons-ciences. Dans la période que nous tra-versons, le concept de guerre civile –c'est-à-dire le passage de la guerre del’Etat contre la population à la guerreentre fractions de la population – acommencé réellement à être réactivéen Lybie avant de s’épanouir pleine-ment en Syrie.

Si l’on en croit les chiffres officiels,dans ce dernier pays 1 habitant sur1 000 a déjà été tué. A cette propor-tion terrible, il faut ajouter le chiffredes disparus, des mutilés et des exilés.Le rapport est de neuf personnesmises ainsi « hors de combat » pourune personne tuée. A l’échelle de laFrance, cela représenterait 60 000morts et au bas mot un demi-millionde personnes directement touchées.Quel serait donc l’état de la Franceaprès une telle saignée frappant leshabitants parmi les plus jeunes et lesplus progressistes ? A n’en pas douteril y aurait une grosse redistribution decartes au niveau politique et social. Lesanarchosyndicalistes connaissent bience type d’élimination de masse et sesconséquences pour en avoir été victi-mes. Ce fut le cas en France en1914/18 : face à un mouvement anar-chosyndicaliste relativement puissant(la CGT), l’Etat prit la décision d’en-voyer en première ligne, pour qu’ils s’yfassent tuer, les militants repérés (c’est

la fameuse histoire du « Carnet B »*1),et ceux qui refusèrent furent pour-chassés, fusillés comme déserteurs oumutins . En quatre ans, la CGT bascu-la de positions majoritairement révolu-tionnaires à une majorité réformiste.Nous ne sommes donc pas surpris devoir comment, de nouveau, une révol-te civile légitime peut se terminer dansla confusion d’un conflit militarisén’ayant plus qu’un lointain rapportavec elle. L’espace vidé par l’élimina-tion physique des premiers opposantsest occupé par des groupes qui arri-vent au secours des institutions misesen cause (l’Etat et ses structures) avecde gros moyens logistiques et des

relais internationaux pour leur propa-gande. Peu importe finalement lenombre de ces groupes et leur puis-sance numérique réelle. A l’instar desnationalistes japonais qui ont abordéles Sepuku, ce qui est redoutable, c’estl’effet d’aubaine qu’ils peuvent procu-rer à un Pouvoir déstabi-lisé et l’appui institution-nel et financier dont ilspeuvent bénéficier enretour. Tel est le cas desgroupes dits « salafistes ».Le secrétariat de l'AIT areçu fin juillet le courrierd'un jeune anarchistesyrien. Voici un extrait de

ce message*2 : « En fait, ily  a  toujours  de  très  grandesdivisions  entre  la  gauchesyrienne et arabe : les staliniens conservent desliens  avec  le  régime  actuel  en  tant  qu’anti-impérialistes. Comme à  l’habitude,  ils négli-gent la nature oppressive du régime, c’est tel-lement naturel  pour  eux.  Il  y  a  trois  partiscommunistes syriens qui soutiennent le régimeactuel  sans  remords.  D’autres  partis  stali-niens  d’Arabie  soutiennent  le  régime  égale-ment. De  l’autre  côté,  les  trotskystes s’oppo-sent à ces régimes, mais ils voient les islamis-tes  comme de  possibles  alliés,  ce  qui  crée  unautre  conflit,  car  ils oublient  la nature  réac-tionnaire,  autoritariste  et  capitaliste,  voirmême néolibérale du projet islamiste. »

Ce courrier vient nous confirmer lerôle réactionnaire du fanatisme reli-gieux dans les pays d’Afrique et duMoyen-Orient secoués par des vaguesde révoltes populaires. C’est enTunisie, premier pays touché par cettevague de révolte, que les salafistes ontd’abord fait parler d’eux en commet-tant une série d’exactions contre desfemmes, des lieux culturels, des locauxsyndicaux. Le 23 août dernier des mili-ces salafistes ont attaqué le quartierpopulaire de Sidi-Bouzid (ville berceaude la révolution tunisienne). Sesmoyens d’action rappellent auxTtunisiens le fascisme des années 30,d’autant plus que, comme le souligneun blog local : « Les confréries musulma-nes en Egypte, Ennahdha en Tunisie, et  lessalafistes dans toute la région sont tous à l'ai-se  avec,  et  soutiennent  le  genre  de  politiquesnéolibérales économiques dont les États-Unis

et l’Europe font partout la promotion. Ils sesont  opposés  aux  droits  syndicaux,  ainsiqu’aux  politiques  économiques  fortementorientées vers l'Etat. Quand il s'agit de l'éco-nomie néolibérale, l'ouverture à la pénétrationcommerciale  et  financière  étrangère,  lesIslamistes  et  les  décideurs  politiques  améri-

cains sont en complète harmo-nie. »

Cette convergenceentre religion et capitalis-me ne concerne pas queles pays où les pétrodol-lars arrosent des groupesde fanatiques. Au détourd’un article sur la crisegrecque, on apprend parexemple la richesse del’Eglise orthodoxe : elleserait à la fois le deuxième

propriétaire foncier et le deuxièmeactionnaire de la banque centrale de cepays… cela, pour ceux qui auraientoublié, qu’en Occident aussi, les égli-ses sont dans le camp des privilégiés etdes exploiteurs.

C’est donc tout naturellement que,peu à peu, on assiste dans l’opinionpublique internationale à une prise deconscience de cette collusion. Même sielle n’est pas explicite, elle est patente,que ce soit avec les Pussy-Riot enRussie (qui, pour avoir manifesté cont-re Poutine ont été condamnées à deuxans de camp pour « incitation à la hainereligieuse »), que ce soit en Iran où deuxjeunes filles ont rossé - et de bellemanière - ces jours-ci un iman quivoulait les forcer à se voiler, que ce soiten Libye où la population de Bengazia récemment attaqué une caserne demiliciens salafistes,… ce qui estdénoncé par tous ceux là, in fine, c’estcette complicité des religieux et duPouvoir .

Mais là où les choses se compli-quent, c’est que, depuis quelquesdécennies, l’idéologie dominante amensongèrement imposé la religioncomme un fait « culturel » et identitaire.Par le biais de ce pseudo déterminismeculturel, elle a accouplé le fait religieuxau fait national, ouvrant ainsi un bou-levard à la réaction et à l’extrême droi-te. C’est pourquoi à l’heure actuelle lamoindre position antireligieuse court

Page 6: FINALEMENT, LE CHANGEMENT C’EST POUR PLUS TARD

6 DOSSIER DEMYSTIFICATION

Anarchosyndicalisme ! /// Octobre  - novembre 2012

le risque d’être retournée comme uneagression contre une « communauté » ouune « nation ». Ainsi, dès lors que l’ona commencé par accepter cette visiond’une cartographie planétaire qui divi-se le monde en zones de traditionsdiverses, on finit insidieusement paraccepter que, selon le lieu où l’on vit,les droits des individus varient au nomdu respect qu’ils devraient à ces tradi-tions locales*3. C’est cette accumula-tion d’erreurs de jugement quiexplique certains faits extraordinaires.Parmi ceux-ci, le succès que se taille leFN en prêchant une laïcité autochtonecontre l’islam qui serait une xénocultu-re .

Nous devons proclamer notre soli-darité avec les actes de résistance anti-religieuse et antinationaliste, maiscomme toujours, sans perdre de vueque le combat émancipateur est globalet idéologique. Contrairement à lavision que veut imposer l’idéologiedominante, nous devons affirmerqu’en réalité les idées n’ont pas depays. Que le véritable « fait culturel » estprécisément celui qui met en capacitéchaque individu, quel que soit le lieuoù il habite, de remettre en cause, desoumettre aux feux de sa critique sa «culture  » et celle des autres ! Enfin entant qu’anarchosyndicalistes, nouspouvons ajouter que cette critique nese construit jamais ex nihilo et qu’ellese fonde sur l’aspiration universelle àla justice sociale et à la liberté.

M.- 1._ L’histoire officielle dit, qu’au derniermoment, le fichage des militants et leurembrigadement dans les pires conditionsn’aurait pas été appliqué… la réalité estbien différente. - 2._ Lettre mise en lignepar les compagnons anglais de la SFhttp://www.solfed.org.uk/?q=internation... -anarchist, traduction par des compa-gnons canadiens : http://ucl-saguenay.blogspot.ca/2012/08 ...yrien.html - 3._ Voir par exemple le texteremarquable :« Indigènes de laRépublique : Derrière le "féminismeislamique", le racisme et lepatriarcat. » http://luftmenschen.over-blog.com/article-indige-nes-de-la-republique-der-riere-le-feminisme-isla-mique-le-racisme-et-le-p a t r i a r c a t -69760148.html.

Le processus qui se déroule en Catalogne est une pleine illus-tration de l’article qui précède. Avant d’accueillir dans nos

colones de larges extraits d’un texte rédigé par un groupe desJeunesses libertaires résident dans cette région, soulignons que,comme partout, le repli identitaire s’accompagne des attitudesles plus réactionnaires.

Ainsi, le flicage est devenu une sorte de « trait culturel » descatalanistes, tant et si bien que « Le Monde » (édition magazinedu septembre 2012), peu enclin pourtant à critiquer les régiona-listes, leur attribue la palme mondiale de la délation pour lafaçon dont la police catalane a diffusé les photos de plusieursdizaines de supposés « émeutiers » - en fait des manifestantscontre l’austérité - mais aussi pour la façon dont la régie detransports de Barcelone diffuse une application pour smartpho-nes afin que les fraudeurs soient dénoncés en temps réel ! Voicidonc la réplique des Jeunesses libertaires face à ces manoeuvresnationalistes.

Pour nous il est clair que nous neparticiperons pas à de telles manifes-tations. Nous espérons que la contri-bution au débat que nous faisonsd’un point de vue anarchiste pourracontribuer à développer une forcesociale qui, par la pensée et l’action ets’opposera au courant nationalistedominant. Les partis politiques detoutes couleurs, bourgeois commepseudo-ouvriers, de droite commede gauche, alimentent un courantd’opinion dominant au caractèrepatriotique et nationaliste dans lequella société catalane est en train de senoyer et auquel nous som-mes peu nombreux à êtrecapables d’échapper.

Les mouvementsnationalistes tendent àappliquer un critère mani-chéen : « Si tu n’es pas avecmoi, alors tu es contre moi », situ n’es pas des miens, tu esdu peuple ennemi(Catalan ou Espagnol,Serbe ou Croate, Ukrainien ouRusse). Quiconque décide de sedémarquer des plans et du program-me d’un mouvement nationaliste estaccusé de soutenir le peuple haï,d’appartenir à l’ennemi. Cela quelque soit le motif car il n’y a pas de

raisons (rationnelles) qui puissents’opposer au sentiment (irrationnel)d’appartenir à un peuple décidé àréaliser sa glorieuse saga.

Nous, anarchistes, nous ne sui-vons pas le courant dominant catala-niste pas plus que nous ne ramonsavec toutes les forces politiques enfaveur de l’indépendance de laCatalogne ou que nous nous identi-fions avec la patrie catalane. C’estpour cela qu’on nous taxe d’espagno-lisme.

Par ce texte, nous voulons casserla dualité catalan-espa-gnol, indépendantiste-espagnoliste. Nous vou-lons en toute simplicitéapporter un troisièmeéclairage, une nouvellevoie pour dépasse leconflit national. Nousvoulons dépasser ceconflit en mettant l’accentsur l’individu dans la per-spective de construire une

société juste et sans oppression.

Aujourd’hui, l’autoritarisme sousses diverses formes (capitalisme,patriarcat, religion, Etat…) s’étendsur tout le globe et maintien dans lasoumission, d’une façon ou d’une

CATALOGNE :

MANOEUVRES NATIONALISTES

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Anarchosyndicalisme ! /// Octobre  - novembre 2012

autre, la totalité de la population. Acette force aliénante et abrutissantequi repose sur l’autorité s’opposentl’action et les idées de celles et ceuxqui veulent créer un monde basé sur lelien fraternel, libre et solidaire entreindividus et communautés ; nous vou-lons parler des anarchistes.

En Catalogne une grande partie dela population s’identifie à une série detraits linguistiques et culturels qui necorrespondent pas dans leur totalitéaux valeurs linguistiques, morales etéthiques que le royaume d’Espagnepromeut et impose uniformément àtous ses sujets. Nous pourrions direqu’une grande partie de la populationcatalane a le sentiment de faire partied’un collectif d’individus avec lequelelle partage des manières relativementsemblables de parler, de participer auxfestivités, de manger, de regarder lefoot, de marier les filles…

Il est probable que ceux qui s’iden-tifient à ce collectif ne sachent pastrès clairement quelles sont les carac-téristiques qu’il faut posséder pourappartenir à ce club si hétérogène, sivaste, si abstrait. Les membres de ceclub disent «  Moi,  je  suis  Catalan  !  »,mais à peine peuvent-ils dire ce quesignifie être Catalan ou définir avecclarté ce qu’est le « peuple catalan ».

Ceci posé, ce que les membres duclub, et surtout son président, saventtrès clairement c’est comment tu nepeux pas parler si tu veux être memb-re du club, comment tu ne peux pasfêter noël ou quelle équipe de foot tune peux pas soutenir. Pour êtreCatalan, tu as le droit de parlercomme les « pijos » (jeunesse dorée) deBarcelone ou comme les gitans deLleida, mais tu ne peux pas parlercomme Don Quichotte, tu ne peuxpas manger une zarzuela pour leréveillon, tu ne peux pas soutenir l’é-quipe de foot de Madrid, tu ne peuxpas, tu ne peux pas, tu ne peux pas…

Depuis l’apparition de l’Etat espa-gnol (1714), ses élites dominantes ontappliqué un plan d’homogénéisationde la population au niveau culturel etlinguistique consistant à imposer destraits culturels et linguistiques quiappartenaient seulement à une partie

de ses sujets, les Castillans. L’objectifétait de créer une communauté homo-gène de sujets qui s’identifient avecune langue unique, un roi unique, unEtat unique, un drapeau unique.

Ce processus d’uniformisation cul-turelle a pour victimes ladiversité et l’hétérogé-néité. Ce rapport dedomination a provoqué,dans l’histoire, la répres-sion et la persécutiondes traits culturels et lin-guistiques vernaculaires.

En réponse à cetterépression culturelle,tout au long de l’histoi-re, ont surgi des initiati-ves sociétales et politiques revendi-quant l’autodétermination du «  peuplecatalan  ». Aujourd’hui cette tensionpersiste, bien que moins brutalement,et les forces indépendantistes et natio-nalistes catalanes continuent de reven-diquer l’autodétermination, toujourssur un même principe : la créationd’un état catalan. Mais, sous quelleforme le « peuple catalan » peut-il réelle-ment être libre ?

Les anarchistes conçoivent la liber-té comme le plein développement desindividus sous toutes ses facettes(intellectuelle, émotionnelle, culturel-le, physique…) au sein d’une sociétélibre et solidaire expurgée de touteforme d’autorité. C’est pourquoi nousrejetons l’idée selon laquelle un Etat-nation quel qu’il soit – et même s’ils’autodénomme catalan – serait lasolution à notre esclavage. Nous som-mes pour la destruction de tous lesEtats, pas pour la création de nou-veaux.

L’anarchisme propose de construi-re la société en centrant l’attention surl’intérêt de chacun des individus qui lacomposent puisqu’il postule que cesderniers ne sont pas nés pour satisfai-re des aspirations de tiers mais pours’autoréaliser. De son côté, le nationa-lisme prétend construire la société etla justice en mettant l’accent sur lesintérêts des nations. Il s’agit là d’enti-tés abstraites, construites, au-dessusdes individus. Dans les nations, lesindividus sont des moyens pour satis-

faire l’intérêt national, c’est pourquoidès que l’intérêt de l’individu s’opposeà l’intérêt national, la société basée surla nation oblige l’individu à agir cont-re son intérêt et contre sa volontépour satisfaire ce qui est le plus sacré :la volonté nationale. C’est ainsi que les

soldats vont faire laguerre à la nationennemie en étantdisposés à donnerleur vie pour sauverla patrie.

Le nationa-lisme catalan,comme tous les aut-res, tend à créer uneperception homogé-

néisatrice et simpliste de ce qu’im-plique être né dans un lieu déterminé.Le nationalisme, le patriotisme culpa-bilise, exclut et punit la diversité cultu-relle (par exemple, la coexistence dedifférentes langues ou de différentesidentités dans un territoire donné)qu’il considère comme un dangerpour sa propre identité. L’exaltationpatriotique de ce qui est propre à unpeuple nous amène en plus, très sou-vent, à vouloir maintenir des tradi-tions et coutumes qui, par leur ana-chronisme et leur caractère injuste,devraient être dépassées.

Notre conclusion la plus claire estque tous les types de nationalisme (ycompris les indépendantismes, parexemple basque ou catalan) sont à leurtour centralistes et répriment les diffé-rences qui existent en leur sein, puis-qu’ils se basent sur la «  nation  », enoubliant que chaque personne est uneentité autonome, avec un certainnombre de caractéristiques propresqui la rendent différente de quelqueautre personne que ce soit.

Bien souvent deux « peuples », deux« nations » peuvent être différenciés surla base de leur religion (Serbes ortho-doxes, Bosniaques musulmans,Croates catholiques) alors qu’ils parta-gent la même langue (Serbes,Bosniaques et Croates dans leur majo-rité parlent une langue slave, dite što-kavica, štokavština ou štokavskonarječe)

Dans le cas qui nous occupe ici, la

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langue est la caractéristique détermi-nante, ou, pour être plus précis, elle ledevient au moment de créer une diffé-rence puisque tant les Catalans que lesEspagnols, traditionnellement, se sou-mettent au pape.

L’histoire ne manque pas d’exem-ples de nations ou de peuples qui sesont créés et dissous en fonction desintérêts politiques des élites dominan-tes du moment. Pour créer une nou-velle identité nationale qui correspon-de à un nouvel Etat, il suffit de fixerl’attention sur un trait différentielrépandu sur l’ensemble du territoiredu futur Etat en l’élevant au rang devaleur nationale. Par exemple, dans lecas de la Yougoslavie de Tito, les dif-férences de religion entre Serbes,Bosniaques et Croates furent oubliéeset l’identité fut construite sur la basede la lutte contre le fascisme et d’unelangue commune, le serbo-croate.

Pour diviser une nation en deux ouplus, il suffit de nier ce qui est com-mun et de souligner au maximum cequi fait différence. Pour séparer lesCatalans des Valenciens, on fait l’im-passe sur les similitudes du parlervalencien avec le parler occidentalcatalan et on met le focus sur les par-ticularités de la langue de la capitalevalencienne ; une ligne de partage estainsi tracée. Pour diviser la nationyougoslave en nation serbe, nationcroate et nation bosniaque, il a suffi derappeler à la population que lagénération précédente – celle d’avantl’époque de Tito – allait à la mosquéeou à telle ou telle église.

La création des nations et son évo-lution est clairement déterminée par

les intérêts politiques des élites domi-nantes qui appliquent des plans d’ho-mogénéisation ou de division de lapopulation en mettant en avant ou enmasquant des différences et des traitsculturels. Les nations telles que nousles connaissons et telles que nous enconnaissons les frontières ont surgides guerres et du choc des intérêts desélites au pouvoir dans différents lieuxdu territoire.

Les «  Pays  catalans  », du sud desPyrénées Orientales aux Baléares, sontle résultat des conquêtes de JacquesIer d’Aragon dit le Conquérant (encatalan, Jaume I), du nettoyage eth-nique qu’il pratiqua dans les territoiresconquis sur les Maures et de l’établis-sement de populations «  catalanes  »dans les domaines annexés à sa cou-ronne. Les nationalistes catalans pré-tendent conserver pour les siècles dessiècles cette situation héritée deJacques Ier d’Aragon, tandis que lesnationalistes espagnols prétendentconserver la situation héritée dePhilippe V.

Les uns comme les autres enten-dent appliquer leur plan sur une popu-lation déterminée. De manière tout àfait consciente, ils prétendent modelerla culture du pays et la faire évoluersuivant leurs intérêts en s’opposant eten tentant d’éviter le développementnaturel des traits culturels et linguis-tiques des différentes communautés.Pour assurer le succès de cette planifi-cation culturelle, ils utilisent lesmoyens de communication nationaux,ils créent des standards linguistiques,ils enseignent les traits culturels sou-haitables dans les écoles de tout leur

territoire, et, s’il le faut, ils procèdentau nettoyage ethnique en potentiali-sant le racisme.

En tant qu’anarchistes, nous nousopposons à toute tentative de mani-pulation planifiée de la population envue de la réalisation d’intérêts poli-tiques. Nous défendons la diversitéculturelle et linguistique, le métissage,les échanges, le dépassement des tra-ditions injustes. Nous défendons ledéveloppement libre et naturel descultures en pratiquant le respect desparticularités de chacun et de chaquecollectivité.

C’est pour cela que nous nousopposons à l’Etat espagnol et à sesplans d’homogénéisation artificielle etpréméditée de la même façon quenous nous opposons au nationalismecatalan qui vise à créer des frontières,à catalaniser et à construire la « justicesociale » sur la base des intérêts natio-naux.

C’est seulement en combattant dela même manière le nationalisme, qu’ilsoit basque, espagnol, gallicien, cata-lan ou andalou que l’on peut être unminimum cohérent car ils sont tousaussi pernicieux les uns que les autres.C’est seulement en s’appuyant sur lefédéralisme et l’internationalismelibertaire qu’on peut respecter l’auto-nomie individuelle, les différentes cul-tures autochtones, les particularités dechaque zone sans les sacrifier à desintérêts politiques. (...)

Groupe anarchiste EL L’Albada social, FIJL (Fédération ibérique des

jeunesses libertaires)

LE COMMENCEMENT DE LA FIN«  Le  commencement  de  la  fin  », tel est le titre de l’éditorial qui ouvre ce numéro « spécialautomne chaud » du journal CNT, organe de la CNT-AIT d’Espagne. Au fil des pages sontexaminées les effets et conséquences de l’austérité budgétaire, mais aussi les moyens de lut-ter. Hier encore, les travailleurs arrivaient à vivoter, et cela a donné à beaucoup l’illusion quecela pouvait durer toujours et ils ont « laissé filer » les conditions de travail, ils ont acceptéque leurs droits soient réduits à une peau de chagrin. Le réveil est douloureux, mais la situa-tion actuelle pourrait bien être le commencement de la fin de l’hégémonie capitaliste à l’é-chelle du globe, si nous tous nous en donnons les moyens. Et CNT de rappeler que, pourcela, il faut utiliser des pratiques qui sont l’essence, la manière d’être de l’anarchosyndicalis-me : activité dans l’entreprise comme dans la cité, action militante (et donc, refus de tout per-manent), prise de décision en assemblées, lutte non manipulée, sans subventions, sans pac-tes, sans marchandages...

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L’ANC MASSACRE LES MINEURS

Mais, ce qui tira quelques journa-listes hexagonaux de leur torpeur esti-vale et valut à cette grève l'honneur demodestes articles entre les « marron-niers » propres à la saison et les glosessur la fin des cent jours de MonsieurNormal, fut le meurtre par la policesud-africaine d'au moins 36 grévisteslors d'une fusillade. Les policiers, eneffet lourdement armés et appuyéspar des véhicules blindés, étaient entrain de dresser des barrages de filsbarbelés afin d'empêcher une mani-festation quand ils ont été selon eux« débordés » par quelque trois milleemployés de la mine. Ils ont alors tirédes rafales d'arme automatique sur ungroupe de mineurs qui surgissait dederrière un véhicule. Ce jour là, ilsarrêtèrent en outre près de 270mineurs qui ont été honteusementinculpés du meurtre de leurs camara-des en vertu d’une loi obscure héritéede la période d’apartheid, (depuis ilsont été libérés suite à la pression desgrévistes). Bien sûr la police sud-afri-caine clame avoir agi en légitimedéfense comme toutes les polices dumonde en cas de bavure manifeste.

Si des faits de ce genre sont mal-heureusement fréquents de par lemonde, ils relèvent plus de régimesautoritaires que des pseudo-démocra-ties. Certes on pourrait faire un maca-bre inventaire des répressions san-glantes orchestrées par des gouverne-ments se disant démocrates : du mas-sacre des ouvriers parisiens lors desjournées de juin 1848 par les autoritésde la jeune Deuxième république fran-çaise, à la répressions sanglante des

conseils ouvriers en Allemagne pardes corps francs diligentés par le SPD(parti Social-démocrate) en 1918, auxlynchages de grévistes et de syndicalis-tes des IWW (Industrial Workers ofthe World) aux USA orchestrés ensous-main par les autorités politiqueset judiciaires, jusqu'au massacre àParis le 17 octobre 1961 de près de200 travailleurs d'origine algérienne(qui étaient censés être encore françaisà cette date !). Mais depuis quelquesdécennies, après la guerre froide, ladémocratie représentative - horizondès lors indépassable - ayant soi-dis-ant gagné en maturité, il convientpour les gouvernements qui s'enréclament de ne pas réprimer danstrop de sang les manifestations de sesressortissants (hors des frontièresnationales c'est une autre affaire).

Or, depuis 1994 (date de la fin del'apartheid), l'Afrique du Sud appar-tient au club restreint des « répu-bliques accomplies » et l'on n'a pasd'ailleurs cessé de louer la transitiondémocratique pacifique de ce pays. Deplus, depuis 18 ans, le Congrès natio-nal africain (ANC) membre del'Internationale socialiste, et surtoutparti emblématique de la lutte contrel'inique régime de l'apartheid, n'acessé d'augmenter sa domination poli-tique sur la nation arc-en-ciel.

Un bonne partie des Sud-africainsa été choquée par la brutalité de lagestion du conflit social des mineurspar un gouvernement pourtant issu «d'un mouvement de libération natio-nale » mais qui, finalement, PrésidentZuma en tête, ne se gêne pas pour

copier les méthodes de l'apartheid !L'évêque anglican Jo Seoka, médiateurdans les pourparlers entre les mineurset leur direction - et qui est loin d'êtreun agitateur révolutionnaire - ad'ailleurs mis en garde le pouvoir: « Legouvernement doit être fou pour croire que cequi  ressemble  pour  moi  à  la  répression  dutemps de l'apartheid, puisse réussir ».

Pourtant, un mois après la fusilla-de qui a fait 34 morts à Marikana,l'Etat Sud-Africain continuait d'en-voyer d'importantes forces de policepour empêcher des manifestations degrévistes dans d'autres mines du pays,essentiellement dans le bassin minierde Rustenburg d'où les multinationa-les extraient plus d'un cinquième de laproduction mondiale de platine.

C'est bien là qu'il faut chercher uneexplication de la réaction brutale desex-combattants de la liberté. De nom-breux « acteurs économiques » ont vuavec angoisse dans la grèvevictorieuse des mineurs de Marikana- malgré la répression - une sorte d'in-vitation faite aux mineurs d'autressites à se lancer dans des grèves auto-nomes sur le même modèle. Et cela aété effectivement le cas. Quelquesjours après la fin de la grève dans cettepremière mine, des mineurs ont arrêtéle travail dans des concessions miniè-res des producteurs de platine et d'orexploitées par Anglo AmericanPlatinum (Amplats) et Gold Fields, augrand dam du patronat et de la puis-sante confédération syndicale Cosatu(Confédération des syndicats sud-afri-cains), dont la principale composanteest le Syndicat national des mineurs(NUM).

Rappelons qu'en 1994 les leadersde l'ANC (en bon politiciens qui aspi-raient surtout à prendre le pouvoir)ont troqué leur idéaux contre le réalis-me politique. Ils ont passé avec lepouvoir « blanc » d'alors un compro-mis, loin des des médias : sur le planpolitique le principe majoritaire étaitconcédé (ce qui revenait à céder lepouvoir politique à la majorité noire età l’ANC), en échange de quoi l’ANC

Alors que les vacances d'été étaient sur le point de se terminerdans l'hémisphère Nord, une grève dite « sauvage » par les

médias - il faut comprendre par là non contrôlée par les syndicatsaffiliés au système en place, c’est pourquoi, en ce qui nous concer-ne, nous la qualifierons plutôt d'autonome – éclata dans la minede platine Lonmin de Marikana, en Afrique du Sud. Les grévistesrevendiquaient de meilleurs conditions de travail (elles sont eneffet calamiteuses dans les mines, et les logements des mineurssont souvent déplorables) et de meilleurs salaires (sachant que lesmineurs font souvent vivre de très nombreuses personnes avecleur paie, et que le chômage touche près de 40 % de la population).

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10 DOSSIER DEMYSTIFICATION

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Tout le monde est aucourant : trouver une

place en crèche en cemoment dans les grandesvilles relève de l’impossible.Voici notre expériencehaute-garonnaise. Ayant for-mulé notre demande en août2011, soit trois mois avant sanaissance, nous attendonstoujours une réponse pournotre fils qui a maintenantdix mois. Autre solution, lescrèches privées associatives :complètement remplies, ellesaussi. Pas la peine de songeraux services de garde à domi-cile : c’est mille euros parmois. On trouve finalementune assistante maternelle –c’est déjà quasi-miraculeux –qui s’occupe de notre fils dèsses deux mois, et qui se trou-ve répondre parfaitement ànos attentes : elle est un vraisoutien pour ce qui est desangoisses quotidiennes, pro-digue de précieux conseils, etnoue un lien affectif avecnotre fils. Lui s’attache à elle, etaux autres enfants qu’il retrouvetous les jours. Au printemps,visite d’une inspectrice, employéepar le Conseil général, dont latâche consiste à juger du bien-fondé des autorisations que lesbureaucrates accordent aux assis-tantes. Ces autorisations sontappelées « agréments » : un agré-ment = un enfant. La nôtre en aquatre, c’est le maximum. LeConseil général a décidé manifes-tement que c’est trop, si l’on enjuge par la vague de suppressionsde ces agréments qui touche lesassistantes maternelles, c’est-à-dire que c’est la ligne politiquedéfinie à l’avance ; non-sens, étantdonné la situation décrite ci-des-sus. À quoi s’ajoute que nousavons affaire, semble-t-il, en lapersonne de cette inspectrice, àl’un de ces fonctionnaires zélés,

garantissait, sur le plan économique, lemaintien des principes libéraux favora-bles aux intérêts économiques des capi-talistes.

Si grâce à ce compromis une partiedu régime de l'apartheid a pu être abo-lie, de profondes inégalités de niveaude vie perdurent, la majorité des noirsrestant aussi pauvre qu'aux temps mau-dits de l'apartheid : « Les statistiques del’économiste Sampie Terreblanche sont élo-quentes  :  en  1993,  un  an  avant  l’électionde Mandela,  les 10 % les plus riches pos-sédaient  53  %  de  la  richesse  nationale  ;quinze ans plus tard, ce pourcentage est enaugmentation, à 58 %. De fait, le pouvoiréconomique,  surtout  dans  les  grands  sec-teurs  industriels,  est  très  largement  restéentre  les mains  de  grands magnats  blancs.Alors  que  la  moitié  des  travailleurs  sud-africains  vivent  avec  moins  de  3  000  R(300 €) par mois et subissent de plein fouetla détérioration de  leurs  conditions de  tra-vail,  la  grève  des  mineurs  de  Lonmin  estavant  tout  un  cri  d’indignation  face  à  cetarrangement qui les a privés d’une véritableredistribution des richesses ».

Pour canaliser les aspirations duprolétariat à un meilleur niveau de vieet prévenir toute explosion sociale,l'ANC avait pu jusqu'à présent comptersur un allié de taille : la Cosatu, centra-le syndicale qui, depuis sa fondation en1985, a toujours été très proche de ceparti. Si durant l'apartheid les syndicatss'étaient affirmés comme l'une des for-ces d'opposition les plus actives contrele régime, depuis 1994, ils sont devenusde parfaites courroies de transmissiondu pouvoir, désamorçant toute velléitéde conflit social. Bien sûr en contrepartie des services rendus en tantqu'extincteurs de la colère sociale, lesdignitaires syndicaux ont eu accès aumonde des affaires et beaucoup ontmême le privilège de siéger dans lesConseils d'administration des plusgrands groupes du pays ! Certains n'ontpas manqué à juste titre de railler ledernier congrès de la confédérationsyndicale constatant que : « Les puis-santes berlines qui étaient garées sur les

parkingsdu ditcong r è scontras-t a i e n t

avec les déploiements de drapeaux rou-ges et les discours progressistes pro-noncés dans le luxueux centre deconférence de la banlieue deJohannesburg. »

Avec les mouvements autonomesdes mineurs, la fédération minière de laCosatu, le NUM, qui a agi en véritablebriseur de grève, est de plus en pluscontesté. Les permanents syndicaux decette organisation sont souvent accuséspar les mineurs de collusion avec ladirection, au détriment des intérêts destravailleurs. Ainsi les cadres syndicauxjusqu'alors garants de la paix socialesont dorénavant conspués et largementdébordés par les travailleurs en lutte. Legouvernement voyant le système miseen place par l'ANC en 1994 se lézarder,n'a pas hésité à user d'une répressionbrutale, digne des heures sombres del'histoire Sud-Africaine, pour sauver lecompromis avec le pouvoir écono-mique aux mains des anciens maîtresde l'apartheid. Compromis qui, rappe-lons-le, est profitable tant à ces der-niers qu'aux dignitaires de l'ANC et desgrandes centrales syndicales, mais pas,sur le plan économique, à la popula-tion !

Le cas de l'ANC n'est pas un cas àpart dans l’histoire des « mouvementsde libération (nationale) ». Qu'ils aientcomme l'ANC choisi de partager lepouvoir économique avec les anciensmaîtres ou avec une bourgeoisie natio-nale émergente, ou encore que lamajeure partie du pouvoir politique etéconomique soit concentrée entre lesmains des apparatchiks issus du « partilibérateur », ils ont tous bien vite aban-donné leurs idéaux des années de luttepour se constituer en une nouvelle oli-garchie dirigeante, s'installant dans lesfauteuils encore chauds des anciensoppresseurs. S'ils ont soldé une partiede l'ancien système de dominationraciste, « les libérateurs » ont néan-moins continué à privatiser - mais cettefois à leur profit - la sphère publiquetant au niveau politique qu'écono-mique. En s'emparant de l’État ou enen créant un nouveau, les mouvementsde libération nationale n'ont pas chan-gé l'essentiel : « L’État a toujours été lepatrimoine d’une classe privilégiée ».

Z.

VIE QUOTIDIENNE :

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11VIE QUOTIDIENNE

Anarchosyndicalisme ! /// Octobre  - novembre 2012

ou pervers, qui trouvent au sein desrouages administratifs le moyen d’as-souvir leurs pulsions autoritaires sansprendre trop de risques. Voici donc ceque trouve à redire le petit chefau terme de sa visite : première-ment, il faut que la table à langersoit lavable, ou qu’on puissechanger la surface à chaque fois,dictature hygiéniste déjà privéede sens en elle-même ; deuxiè-mement, un des quatre lits n’estpas « aux normes » (c’est sa lon-gueur ou peut-être sa hauteurqui posent problème, ce genred’âneries…), il est parfaitement «normal » au contraire, aux yeux desgens normaux que nous sommes,voilà qui est à nouveau privé de sens ;mais surtout, troisièmement, il y a lesescaliers (l’appartement étant situé aupremier étage) qui obligent à fairepatienter les deux enfants les plusgrands dans la poussette en bas, letemps d’aller chercher les deux bébés,avant de partir pour la promenade.Dictature sécuritaire, absurde à sontour, si l’on songe qu’il est beaucoupplus dangereux de satisfaire à larecommandation de la promenadequotidienne que de descendre desescaliers. Evidemment c’est « le biendes enfants » qui est invoqué, alorsqu’il est clair que ce type de raisonne-ment sécuritaire répond en réalité à unseul objectif : pour l’administration,se décharger au maximum de touteresponsabilité. Il faut donc déménagersi l’on ne veut pas perdre un agré-ment, urgemment, bien entendu, çafait vingt ans qu’on ferme les yeux,maintenant c’est la fin du laxisme.Resteraient trois agréments, soit troisenfants, avec lesquels le soi-disantproblème des escaliers continuerait dese poser. Pas la peine de chercher : iln’y a aucune logique dans tout ça.D’autant plus qu’au final on ne luiaura pas même laissé le temps de son-ger à déménager. La deuxiè-me visite du même petit chef survientune semaine plus tard : aucun change-ment dans l’appartement, faute d’undélai suffisant. Il n’y aura pas d’autre

visite : la prochaine étape, c’est l’exa-men du cas par une commission quistatuera à partir du seul jugement dupetit chef. Petit chef posant déjà que

l’agrément est perdu, que l’assistantene s’occupe plus de rien, que c’est luiqui décidera quel enfant restera, quelenfant se fera virer. L’avenir tout àcoup pour elle s’assombrit. C’est unquart des revenus qui fout le camp. À partir de là, notre assistante mater-nelle fait ce qu’il faut : elle se bat. Ellefait passer le mot auprès des autresassistantes en ville, qui se soutiennentles unes les autres. Toutes partagentles mêmes angoisses ; il y a la politiquedu Conseil général déjà évoquée quetoutes connaissent, et il y a celles quiont volontairement changé de secteurdans le but d’échapper au même petitchef. Elle contacte toutes les famillesavec lesquelles elle a travaillé depuisvingt ans, pour leur demander des let-tres de soutien à verser au dossier ;nous-mêmes écrivons au Conseilgénéral, et l’encourageons à continuerà développer les liens de solidarité.

Lorsque la première commissiondécide du retrait de l’agrément, elleveut porter son cas en commissiond’appel. Celle-ci confirme la premièredécision en son absence alors qu’elleest en vacances, sans qu’elle puisse sedéfendre, sans qu’elle n’ait jamais, endéfinitive, voix au chapitre. D enotre côté, jamais nous n’avons été[tenus au courant de la progressiondes décisions, ni officiellement, niofficieusement, par les autoritésconcernées. On décide sans nous.Nous avons toujours refusé de nousmettre en quête d’une autre assistante

de façon prématurée parce qu’on nepensait pas pouvoir se retrouver « à larue » de cette façon, et que nous vou-lions être un véritable soutien jusqu’au

bout. Au final, c’est deux semainesavant la rentrée de septembre quele Conseil général nous informepour la première fois, par courrier,du retrait de l’agrément, nous pla-çant devant le fait accompli, alorsque l’affaire court depuis plusieursmois : un courrier qui nous dit ensubstance qu’on peut chercher uneautre solution. Les parents de l’au-tre bébé reçoivent le même cour-rier, et au Conseil général on nous

dit que c’est l’assistante elle-même quidoit décider lequel s’en va : totalementimpossible pour quelqu’un de sensé etsensible, mais le bureaucrate ne com-prend pas l’argument. Au cours d’uneconversation pour le moins orageuse,on s’entend dire qu’on a l’air de mieuxsavoir qu’eux, et qu’on est plus fortque tout le monde : c’est-à-dire qu’ilsosent encore invoquer le bien desenfants, et nous donner des leçons.Sans solution donc, crèches publiqueset privées toujours remplies, aucuneassistante maternelle disponible, àdeux semaines de la reprise du travail,dépendant entièrement d’un servicepublic incompétent et agressif. Eneffet nous avons la prétention desavoir mieux qu’eux ce qui convient…

De son côté, c’est effectivementun quart du revenu qui s’est évanoui,et des charges qu’elle ne sait pluscomment assumer. Voilà doncun nouvel exemple, s’il en fallait, dufonctionnement général de notresociété où une poignée d’individus,voire un seul, décident de nos vies ànotre place ; une des innombrablesmanifestations du mépris que l’institu-tion a pour nous ; une des innombra-bles preuves, s’il en fallait, que lesinstitutions sont à réinventer, pourque nous puissions nous-mêmesprendre les décisions qui nous concer-nent.

Elle n’a pas dit son dernier mot, etnous continuons à soutenir les assis-tantes maternelles.

nos institutions n’ont pour nous que du mépris 

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12 VIE QUOTIDIENNE

Anarchosyndicalisme ! /// Octobre  - novembre 2012

Les premières « économies » sefont sur les loisirs et les vacances. Or,bien plus qu’une simple distraction,loisirs et vacances sont, dans un mondestressant, une condition nécessaire àl’équilibre des adultes et au développe-ment des plus jeunes. Mais, quand on apayé le loyer, il ne reste souvent que laTV et le décervelage que sa consom-mation entraîne. Sans le sou pour pou-voir sortir de chez soi, pas d’accès à laculture, peu de rencontres avec autrui.Le quotidien est celui d’un enferme-ment entre le boulot - pour ceux qui enont -, et ce modeste chez soi, si dure-ment payé. Mais il ne suffit pas de fairesauter les loisirs. Les restrictions sontnombreuses sur les autres postes bud-gétaires. L’habillement par exemple.Pas facile, surtout avec quelques ado-lescents dans la famille, d’habiller toutle monde à peu près dignement et…sauver les apparences. Au final, le bud-get consacré à la nourriture n’échappepas non plus à une cure d’amaigrisse-ment, cela dans une période où le prixdes produits basiques ne cesse d’aug-menter. Comment se nourrirconvenablement dans ces conditions ?La question est de plus en plus fré-quente dans les ménages.

Avec des loyers qui écrasent le bud-get, avec ce gouffre sans fond danslequel disparait un tiers du salaire, laréaction « naturelle » - vers laquelle onest d’ailleurs largement « poussé » -c’est d’aller vers l’accession à la pro-priété. Banques et agences sont là pourvous indiquer qu’il est préférable dedevenir propriétaire, certes en rem-boursant un « petit » crédit. Si l’idéesemble à première vue judicieuse, sielle fait rêver (et les marchands de rêvene manquent jamais), il ne faut néan-moins pas négliger quelques points.

Tout d’abord, quand on n’a pas depatrimoine, quand on n’a qu’un salaire,bref, quand on est pauvre et que l’onest reçu en cette « qualité » par les

banques, on ne se voit prêter que dessommes plutôt faibles. Vu le prix del’immobilier, l’achat ne pourra se fairequ’à distance du centre ville, en généralfort loin du lieu de travail. Et là, le rêvecommence à se transformer en cauche-mar. Outre le temps perdu dans lesembouteillages, outre le « charme » destransports publics aux heures depointe, le budget « transports » vaflamber. Ainsi se vérifie l’adage que,moins l’on possède d’argent, et plus onpaye.

Et puis, il y a le crédit en lui même.N’oublions pas que les banques ne prê-tent que parce que cela leur rapporte.En fonction de leurs divers calculs etprévisions, elles vous vendront le créditqu’elles jugeront le plus avantageuxpour elles. L’ensemble des petitsemprunteurs se trouve essoré de façonoptimale. Il entre dans le calcul desbanques une bonne part de machiavé-lisme. Elles savent qu’un certain nom-bre d’emprunteurs rembourserontpendant des années et puis, qu’un jour,ils ne pourront plus. Mais, même encas de non-recouvrement partiel deleurs prêts, elles resteront bénéficiaires,les saisies étant là pour continuer à lesengraisser. Aussi n’hésitent-elles pas àsacrifier quelques pauvres sur l’autel dela rentabilité. Ce sont des manœuvresde ce type qui ont pour parti conduit àla « crise » que nous connaissonsactuellement, et qui aprés avoir démar-ré aux Etats-Unis, embrase maintenantl’Espagne. Pour les banques, tout vabien, puisque encore une fois, c’est lecontribuable, donc le pauvre, qui payel’addition.

Revenons-en aux loyers. Pour lepayer, encore faut-il trouver un loge-ment. Vite dit, pas vite fait ! Pour entrouver un, de nos jours les conditionssont telles que, même avec un salairecorrect mais unique, un adulte ne peutse porter garant de lui-même pour pré-tendre à un contrat locatif ! Ainsi,

même après avoir travaillé, dix ans,vingt ans à un salaire raisonnable, nousvoilà infantilisés et obligés de deman-der à nos proches de se porter cautionpour nous. Et encore faut-il avoir desproches solvables… Delà aussi, les « solutions » type collo-cation. Cela peut paraître comme sym-pathique… un temps. En fait, quandon est contraint à la collocation parcequ’on ne peut pas faire autrement, larestriction de liberté, l’atteinte del’espace intime que cela supposedevient vite pesant.

Le coût exorbitant des loyers, lesexigences des bayeurs en termes decaution, tout ceci explique l’augmenta-tion du nombre de personnes qui, en2012, n’ont pas de toit, ont été jetées àla rue. Selon l’INSEE, il y avait enFrance en 2001 près de 86 000 SDF, onen dénombrait en 2011 près de133 000, soit plus une hausse de plusde la moitié en dix ans.

Après la stupéfaction, il y a la colè-re, oui la colère quand on pense auxnombres de logements vides,« vacants » selon la terminologieappropriée. Toujours selon l’INSEE, ily en aurait plus de 2 millions ! D’uncôté des personnes, des familles quivivent dans la rue, dans des tentes decamping, dans des bidonvilles, de l’au-tre, des logements inoccupés. Des cen-taines de milliers de logements inoccu-pés. Encore ces chiffres ne prennent-ils pas en compte les bâtiments admi-nistratifs et publics laissés à l’abandon,les locaux industriels ou commerciauxvides qui fleurissent un peu partouttant dans les cœurs de nos villes quedans leur périphérie, autant de lieuxutilisables plutôt que d’être à la rue.Mais les propriétaires ne l’entendentpas de cette oreille, l’Etat non plus quimaintient le système d’une main de fer.

Face à tout cela, il devient nécessai-re de trouver des réponses collectives.Des actions concertées et solidairesface à l’oppression spéculative il y en adéjà eu. Un des exemples les plusfameux à été « la grève des loyers » enItalie dans les années 70. Ce n’est biensûr qu’un exemple. Aujourd’hui, il fau-drait en inventer – ou en réinventer -d’autres.

L’EXPLOITATION LOCATIVE ET SES CONSEQUENCES

Depuis une décennie, les conditions d’habitat des pauvres nefait que se détériorer. La part des loyers dans le panier des

ménages les plus précaires ne cesse d’augmenter. Globalement, ilest évalué aujourd’hui autour d’un tiers des ressources. Une pro-portion énorme, qui compresse les autres postes de dépenseséventuelles.

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13PAVE DANS LA MARE

Anarchosyndicalisme ! /// Octobre  - novembre 2012

Groggy quelques secondes, tel unboxeur qui vient de prendre une belledroite en pleine poire, le lobby pro-OGM repasse à l’offensive avantmême d’avoir totalement retrouvé sesesprits. Quelques heu-res à peine après quel’information ait étélâchée un « spécialiste »plus ou moins journa-liste pérorait déjà surles écrans en nousexpliquant, avec uneombre de commiséra-tion sur les lèvres, quecette étude ne valaitrien car elle ne respec-tait pas les critères quetoute étude cancérolo-gique se doit d’appli-quer. Et toc !

Sauf qu’il s’agitd’une étude de toxico-logie et non de cancé-rologie et que l’avis denotre « spécialiste » estaussi pertinent quecelui d’un arbitre quiprendrait les règles dutennis de table pourjuger d’une compétition de javelot…Mais, peu importe. Pour le lobby pro-OGM, l’important est d’allumer uncontre-feu, et tout bois, même le pluspourri, est bon pour cela. En consé-quence, une avalanche de critiques s’a-bat sur les travaux de l’équipe du CRII-GEN. Dès le lendemain (20.09.2012), «Le  Monde  » donne le ton. Il titre «OGM  :  Le  protocole  d'étude  de  M.Séralini  présente  des  lacunes  rédhibitoi-res  ». Rédhibitoire : cela renvoie à lanotion de vice et même de fraude

(Littré). Qui donc affirme cela ? Uncertain Gérard Pascal. Ce bravehomme, ancien toxicologue à l’INRA,occupe maintenant ses loisirs envaquant à de saines occupations : il est

«  consultant  pour  desentreprises  de  l’agroali-mentair e  »… ça neserait pas rédhibitoire,ça ?

Tout bien pesé, lesarguments du lobbypro-OGM se ramè-nent à trois, dont deuxsont d’ordre méthodo-logique.

Tout d’abord, lelobby pro-OGM rep-rend systématique-ment à son compte lanavrante confusionentre études cancéro-logiques et études toxi-cologiques. Fort de cetamalgame, il pointe cequi serait une faiblesseméthodologique de l’é-tude. Pour faire simple,l’étude ne porterait passur un nombre suffi-

sant de sujets, et de rappeler que lanorme a été fixée par l’OCDE à 50 ratspar lot étudié alors qu’il n’y en a que 20dans l’étude du CRIIGEN. Quelquesexplications méthodologiques s’impo-sent à ce niveau. Disons d’abord que,pour ce type d’étude, on réunit dessujets aussi proches que possible (ici,des rats d’une lignée génétiquementhomogène et stable), puis les individussont répartis au hasard en lots. Parmices lots, quelques uns (les « témoins »)ne subissent aucune expérimentation

contrairement aux autres. Prenons l’exemple de l’étude

Séralini. Elle porte sur 200 rats. Ils ontété répartis en 10 lots de 20 individuschacun, puis ces lots ont été regroupésde la façon suivante :

1/ premier groupe (les ratstémoins) : c’est celui des chanceux,celui des rats qui ont été nourris sansOGM et sans aucun pesticide,

2/ deuxième groupe : les rats ontété nourris sans OGM mais ils ont buun pesticide (au taux de concentrationcourant dans l’eau du robinet),

3/ troisième groupe : les rats ontété nourris avec plus ou moins (suivantles lots) de maïs OGM mais ils ont bude l’eau ne contenant aucun pesticide,

4/ quatrième groupe : ici, les ratsont eu droit « à la totale » (nourris aumaïs OGM traité par pesticide).

Suivant les groupes, la proportionde maïs OGM dans les croquettes étaitde 11, 22 ou 33 %. Un protocole fina-lement très classique et contre lequel iln’y a rien à dire.

Revenons au cas général. Une foisque l’on a lancé l’expérience, on obser-ve si des différences apparaissent entrele groupe témoin et les groupes expéri-mentaux ainsi que parmi ces derniersentre eux.

Si l’on observe une différence,toute la difficulté est de savoir si elle estune conséquence de l’expérience (ici, lefait d’être nourri par des OGM et/oude boire du pesticide) ou si elle est duesimplement au «  hasard  » (c’est-à-direun facteur non maîtrisé par l’étude).

C’est à cela que servent les tests sta-tistiques. Ces tests nécessitent pourêtre valables un nombre minimum desujets. Comment ce nombre est-ildéterminé ? C’est là que cela devientintéressant : ce nombre est établi apriori, en fonction de la probabilité quel’on estime de trouver une anomalie.Autrement dit, si l’on pense que l’ano-malie provoquée sera rarissime, il fautdes lots très fournis, si l’on a des rai-sons de penser que l’anomalie sera trèsfréquente, on se contentera de lotsnumériquement faibles et cela sera toutà fait suffisant. De plus, la situationpeut être compliquée par des « interfé-

OGM, MES AMOURS

Voici un beau pavé dans la mare aux eaux boueuses de l’indus-trie agro-alimentaire : les OGM et pesticides sont responsa-

bles de l’apparition de tumeurs. Et pas qu’un peu ! Les travaux duprofesseur Séralini du CRIIGEN (Comité de recherche et d’infor-mation indépendante sur le génie génétique) ont mis en effet enévidence que la consommation d’OGM, tout comme celle de pes-ticides d’ailleurs, provoque l’apparition de tumeurs chez le rat. Cestravaux ont fait l’objet d’une publication dans « Food and ChemicalToxicology », une revue américaine qui, jusqu’à présent avait publiédes études concluant à l’innocuité des OGM.

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14 PAVE DANS LA MARE

Anarchosyndicalisme ! /// Octobre  - novembre 2012

rences ». Par exemple, les rats étudiéssont sujets à des cancers « spontanés »(dont on ne connaît pas la cause) ; il yaura donc dans tous les lots des can-cers qui ne seront pas dus à l’expéri-mentation. Les tests statistiques per-mettent en quelque sorte de faire lapart des choses. Le seuil fixé parl’OCDE pour les études cancérolo-giques (50 rats) répond au cas de figu-re le plus complexe : une situation quiconnaît d’une part des interférences(cancers spontanés) et d’autre part desdifférences attendues rares (non pasque les cancers provoqués par telle outelle substance soient nécessairementrares, mais, ils apparaissent lentement,et comme les études labellisées OCDEsont de très courte durée, peu ont letemps d’apparaître, d’où la nécessitéd’avoir des lots étoffés).

Si l’on en revient à l’étude Séralini,les anomalies trouvées étant fréquen-tes, les tests statistiques « marchent »même avec les effectifs de 20 par lot. Ily a d’ailleurs eu quelques surprises.Laissons sur ce point la parole à unmembre du CRIIGEN : «  On  pensaitque  le  principal  problème  viendrait  dupesticide  [le  [roundup  de Monsanto,  unherbicide], et on a découvert que l’OGMseul provoquait aussi des ef fets toxiques.A  notre  grande  surprise,  il  n’y  a  pasd’ef fet  cumulatif   des  deux,  la mortalitéest  à  peu  près  la  même  dans  les  troisgroupes. » 

Dernière remarque, toujours sur cemême argument. Elle n’est pas de peti-te portée et serait même drôle si lesujet n’était pas tragique : 200 rats,répartis en lots de 20, c’est exactementle nombre maximum de sujets des étu-des sur lesquelles s’appuie Monsantopour assurer que ses OGM sont sansdanger. Fort curieusement, aucun des« experts » qui critiquent si durementl’étude Séralini pour ses pseudo-caren-ces méthodologiques n’a soulevéd’objection sur l’étude Monsanto !Pourtant, si méthodologiquement l’unea des lacunes rédhibitoires, l’autre àobligatoirement les mêmes. Pour cor-ser le tout, soulignons que l’étudeMonsanto n’a duré que trois mois,alors que l’étude Séralini porte surdeux ans ! Or, les effets d’un produitpouvant se manifester lentement, ladurée est un facteur essentiel. Les pro-duits mutagènes, cancérogènes sont

habituellement dans ce cas : ils agissentlentement comme déjà souligné.

Le deuxième argument des pro-OGM porte toujours sur le protoco-le de l’étude, plus précisément sur ceque nous avons appelé plushaut les « interférences » (quel’on pourrait aussi qualifierdans le jargon statistique de «facteur  de  confusion  »). Ainsi,Marc Fellous (chercheur à l’INSERM)déclare que les rats de l’étude Séralini(des albinos Spraque Dawley) seraient«  des  rats  de  cirque  »  car ils dévelop-pent très facilement des cancers. Pas dechance pour Fellous : les études deMonsanto utilisent, elles aussi, les albi-nos Spraque Dawley… Si donc rats decirque il y a, on sait quelle valeur il fautaccorder aux études de Monsanto !Mais laissons les nez rouges de côté etconcentrons-nous sur le fond de cedeuxième argument. Ce que l’étudeSéralini observe, c’est que la rapiditéd’apparition des tumeurs est bien diffé-rente entre les rats témoins et ceux quiont été intoxiqués avec du maïs OGM(mais aussi, bien sûr, avec des pestici-des). Quand les rats mangent du maïsOGM, certains commencent à déve-lopper des tumeurs dès le 4e mois(rappelons que les études Monsanto,obéissant en cela aux fameuses indica-tions méthodologiques européennes,s’arrêtent au 3e mois. Est-ce un hasardou une prudence calculée de l’OCDE?) et que le nombre de rats présentantune tumeur explose vers leur 11 ou 12emois (ce qui correspond au milieu devie d’un rat). Beaucoup de ratstémoins, c’est-à-dire les chanceux quiont échappé aux OGM et aux pestici-des, développent certes un cancerspontanément, mais en fin de vie (soit,pour un rat, autour du 23e ou 24emois). Ramené à l’homme, c’estcomme si les premiers étaient victimed’un cancer à 35 ou 40 ans et lestémoins 80 ou 90 ! Pas tout à fait lamême chose.

Le troisième type d’argument,est un classique du genre : la batailledu rat risquant fort d’être perdue poureux, les pro-OGM les plus malins seconcentrent sur le fait que «  l’hommen’est  pas  un  rat  »  et que, ce qui estvalable pour le rat ne l’est pas obliga-toirement pour l’homme… oubliantune fois de plus que leurs propres étu-

des d’innocuité sont faites sur… desrats et qu’ils l’extrapolent à l’humain.

Cet argument connaît une variante :en population humaine :on n’a pasidentifié à ce jour de cancer provoqué

par les OGM, alors qu’ils sontsur le marché depuis unequinzaine d’années.Evidemment, comme les dan-gers potentiels des OGM ne

sont pas recherchés chez l’homme,comme l’étiquetage est particulière-ment opaque (et que le consommateurne sait pas s’il mange des OGM etencore moins combien), on ne risquepas de trouver quoi que ce soit… pourl’instant. Le lobby pro-OGM nousrefait ici le coup du Médiator : ce n’estque quand la catastrophe est là, sousles yeux de tout le monde, que sesresponsables, du bout des lèvres,admettent qu’ils ont - peut-être et soustoutes réserves - une part de responsa-bilité. Tout cela ne pourrait pas se pas-ser sans la complicité des Etats natio-naux, de la bureaucratie européenne etde leurs organes officiels, censéscontrôler et éviter les risques mais, qui,loin d’être neutres, sont truffés de «spécialistes » vendus aux industriels.

Pour conclure, l’étude du CRII-GEN a au moins la même soliditéméthodologique que toutes les étudesproduites à l’appui de la thèse de l’in-nocuité des OGM. Elle a sur ces der-nières un avantage majeur : sa durée.C’est ce que ces adversaires sont bienobligés de reconnaître eux-mêmes.Ainsi Gérard Pascal (déjà cité) avoue :«  Effectivement, il n'y a jamais eu d'é-tude de  cancérogénèse  liée aux OGM nid'étude  toxicologique  à  long  terme[avant l’étude du CRIIGEN]. La  plu-part des travaux sur le sujet, rassemblésdans  une  analyse  publiée  en mars/avrildans Food and Chemical Toxicology ontété menés sur des durées de trois mois. Sicertains  ont  bel  et  bien  duré  plus  long-temps,  jusqu'à un an,  ils ne portent passur des espèces de rongeurs, mais sur desanimaux plus  gros. Or,  si  une  étude  dedeux ans est significative sur un rat carelle couvre les deux-tiers de son espéran-ce  de  vie,  travailler  un  an  sur  un  chienn'est  pas  suffisant  car  cela  représente  àpeine  10  %  de  sa  durée  de  vie.L'ampleur  des  travaux  du  professeurSéralini est donc sans précédent. »

Dont acte.

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15VADE MECUM

Anarchosyndicalisme ! /// Octobre  - novembre 2012

Dans l'affrontement discursif, le sens d’un mot est fonda-mental car il contient le pouvoir des idées. Aussi, un

terme peut-il être victime de raccourcis schématiques, deréductions et de manipulations sémantiques… Surtout quanton définit ou on explique un ensemble complexe par un seulélément. Prenons un exemple, celui du mot démocratie. Ladémocratie, c’est le rapport majorité/minorité ; pourtant, lamajorité fait souvent œuvre anti-démocratique, et l’Histoireabonde d’exemples dans ce sens. La démocratie revient sou-vent à élire des décideurs ; dans ce cas, la délégation de pou-voir s’oppose à la démocratie comme exercice décisionnel detous. Certaines querelles sont mues par des arrière-penséespoliticiennes, qui cherchent à valider un système politiquecontraire aux mythes ou aux principes fondateurs évoqués.Ainsi, la prétendue démocratie de nos systèmes – et de tantd’autres - est parfaitement antidémocratique. De là vient quecertains contestataires et certains révolutionnaires ne voientguère plus loin que le spectacle à l’œuvre et se disent, par réac-tion, antidémocrates. Ils devraient réfléchir et comprendre enquoi cet « anti » fait le jeu de l’adversaire. La lecture de ce quisuit n'apprendra peut-être rien à certains, et il est certain qued'autres ont produit des textes plus pertinents ou élaborés surcette question. Le but ici est simplement de produire un petitvade-mecum pour un réarmement idéologique face au rouleaucompresseur du système.

Pouvoir : en ce qu’il crée, structure, organise, détermine etexprime la société des hommes, le pouvoir s’incarne dans lasouveraineté. Suivant les uns il découle soit de Dieu ou de lanature, soit de « forces » qu’elles soient instinctuelles, techno-logiques ou économiques. L’action des hommes serait trans-cendée par les dites causes. Par sa philosophie politique, l’hu-manisme moderne et progressiste place le fondement et lalégitimité du pouvoir et du droit par et pour le peuple, tel estl’axiome de la démocratie.

Peuple : signifié comme particulier, il serait celui d’unecommunauté, d’une nation et d’un Etat. Cette vision étroitevalorise les particularismes (différences idiomatiques, idéolo-giques, d’habitus...) au point de les déclarer constitutives du faitnational ; ce qui débouche sur la séparation en peuples spéci-fiques. Pour justifier et nourrir chaque nationalisme et lesconflits qui en découlent, on exacerbe les particularismes aupoint de les déclarer supérieurs. On dresse ainsi les uns cont-re les autres pour les intérêts de quelques uns. Pourtant il nepeut être réfuté que les idées (du bien ou du mal, du juste oude l’injuste, de la peine ou de la joie, du bonheur ou du mal-heur, de la raison ou de l’irrationnel, de la domination ou de lalibération, de la démocratie ou de l'oligarchie) sont a-nationa-les et fortement actives selon le contexte et les idéologiesdominantes. Ceux qui prétendent que le peuple est celui d'unEtat national - comme communauté de « destin », d'intérêt, deculture, de langage etc. - se moquent du monde car il n'y a pasd'Etat nation qui existe en ce sens. En effet chaque État ouplusieurs, utilisent le même ou plusieurs idiomes, les mêmesréférences culturelles ou le multiethnisme, des systèmes poli-tiques ou économiques identiques ou différents… Ces nations

sont toutes inégalitaires, les classes sociales existent, toutcomme les divergences idéologiques. Cela empêche donctoute communauté de destin. Ce que l’on prétend « spécifique» à un sous-ensemble d’individus pour le déclarer « peuple » cene sont jamais que les particularités qui parcourent l'humanité.Ce qui fait que beaucoup - si ce n'est la totalité de nations (entant que « peuple particulier ») - partagent bien des pointscommuns. L'usage d'une langue particulière ne détermine enrien une façon de penser, de vivre, une culture déterminée.Observons que malgré les multiples langues en Europe, lemode de vie est commun, bien que la séparation en nationEtat soit « justifiée » par la « spécificité » des peuples. A l'inver-se, l'usage du même idiome n'empêche ni les conflits culturelset idéologiques ni la séparation en communautés, ou même endivers Etats-nations. De nombreuses individualités ou grou-pes par-delà leurs langues ou leurs divisions en États-nations,partagent une identité idéologique. Bien sûr, il existe des par-ticularités, mais elles ne justifient pas une prétendue spécifici-té et la séparation en peuple, nation, État, qui ne sont que desconstructions arbitraires. Elles utilisent la fiction nationalecomme mythe de communauté, permettant d'utiliser unepopulation donnée pour défendre les intérêts de quelques uns.L’affirmation démocratique moderne se veut universaliste, ausens où le « je » ne s'oppose pas au « nous », le singulier à l'u-niversel. Tout comme, biologiquement, il n'y a qu'une seuleespèce humaine, l’ensemble de l’humanité terrienne constitueun seul et même peuple, bien que ce dernier n’ait pour l’ins-tant pas d’unicité éthique et idéologique. Le peuple est l'en-semble de la population comme sujet instituant.

REFLEXIONS SUR LA DEMOCRATIE

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16 VADE MECUM

Anarchosyndicalisme ! /// Octobre  - novembre 2012

Individu : quoi qu’il en soit, de l’extériorité, des valeurs etdes conduites, c’est par l’individu qu’elles se déclarent. Cetteextériorité n’est manifeste que par le sujet (en l’occurrence l’in-dividu) qui la signifie. Le processus d’objectivation brise lesolipsisme. Le singulier découvre le commun (le monde exté-rieur), le semblable (l’alter ego), le « je » et le « nous » (la socié-té). Il est bien un animal social. A défaut, il n’y aurait ni indivi-du, ni société, ni reproduction et espèce. Aucun individu nepeut vivre ou survivre et satisfaire ses besoins sans l’action col-lective. Aucun droit individuel ne saurait être s’il n’était collec-tivement garanti. Posons-nous cette question : si les individussont le produit d'un ordre social précis (les sapiens, la cité, lemonde moderne), s’ils ne sont pas socialement construits deleur naissance jusqu’à l’âge adulte par des liens humains quiassurent une relative pérennisation biologique, psychologiqueet sociologique, une société pourrait-elle bien survivre sans cesmêmes individus qui la composent et pérennisent ?L’individuation et l’universalisation sont fortement perturbéespar le type sociétal. En effet, si deux individus sont semblables,il n’en reste pas moins qu’ils sont différents selon la placesociale, le cursus de vie et, a fortiori, l'histoire personnelle, cequi constitue l’intime et la singularité, c’est-à-dire la personnedans sa complexité. Cela doit relativiser l'argument, du « toutsocial » qui l’érige en un simple rouage passif, mais aussi l’ar-gument de l’individualisme exacerbé qui revendique un êtretout puissant et isolé. Évitons également le simplisme de faireporter à la société ou à l’individu tous les vices ou toutes lesvertus. De facto, l’individu ou les individus, les groupes inter-agissent et co-structurent le sociétal. Tout ceci induit à quali-fier l’individu de "singulier-social-historique". Partant de cetteaffirmation, l’équilibre est à rechercher dans cette dialectiquede l’individu et de la communauté et dans cette libre ententevolontaire qui lie et concilie droits et devoirs de chacun dansle respect de la sphère privée et publique. A contrario, la socié-té actuelle basée sur des rapports d’exploitation et de domina-tion ne satisfait pas notre aspiration. C’est pour cela que nouscontestons sa légitimité en nous rebellant contre tous ceux quivalident cette situation.

Politique : ce qui appartient à la gestion de la société. Sonagencement est le produit de l’idéologie dominante de l’é-poque. Pour être réellement démocratique, un système doitimpliquer tous les individus dans des assemblées générales. Parce biais, toutes les entités disposent d’une autonomie décision-nelle dont le but est d’empêcher de décréter à la place, en sub-stitution, contre, et de nuire. L’équilibre du pouvoir ne peutêtre sans celui des moyens. Par exemple : l’imbrication territo-riale induit de réguler l’échange et d’harmoniser les rapports

entre-elles pour éviter le corporatisme et l’égoïsme. Tous lesgroupes doivent être à égalité de voix et de droits dans les enti-tés qui les associent. Ce système s’appelle le fédéralisme et ildevient l’incarnation de la plus haute expression de l’autono-mie. Aucun système contemporain n’est démocratique. Cen’est le fruit que de minorités et de privilégiés spécialisés ausein de la machinerie institutionnelle qui dépossèdent la majo-rité de l’action politique afin de maintenir un ordre hiérar-chique et inégalitaire.

Économie : elle est dévolue à produire des choses néces-saires à satisfaire les besoins. A moins de vivre en autarcie (cequi me semble impossible), cet ordre est social. Tous les indi-vidus y sont investis et abondent à satisfaire les biens indivi-duels et collectifs. Chacun doit recevoir l’égale part de travailet de ce que produit le travail. Une production collective et unerépartition égalitaire des biens sont compatibles avec la causegénérale. Le système économique actuel ne vise pas à servir lebien commun. Il n’est qu’au profit de nantis. C’est même uncontresens économique, au vu de l’utilité de l’ensemble. D’uncôté, on travaille et on surtravaille en s’activant à fabriquer desbiens futiles et, de l’autre, on chôme tout en ayant une caren-ce de biens vitaux. De plus, il y a mise en place d’un contrôlesocial et d’une répression accrue envers les individus pour lesspolier, quand ce n’est pas simplement une destruction debiens publics par la guerre, le tout afin d’accroître l’enrichisse-ment de lobbys précis. Le capitalisme est antidémocratique.

Liberté : elle est productrice des choix et des actes. Pourautant la liberté n'est pas totale ; elle est toujours confrontée àl'autre, à la volonté générale, aux principes de la communauté.

Égalité : ses détracteurs veulent établir que son inverse (l’i-négalité) est dans l’ordre naturel des choses et qu’elle est entoute logique une règle du bon fonctionnement de la sociétéactuelle. Réfléchissons et observons que tel individu musculai-rement puissant possède des articulations fragiles ou qu’unautre morphologiquement chétif dispose d’une défenseimmunitaire avantageuse ; qu’il peut être très véloce mais mal-entendant, qu’il est robuste sur le plan cardio-vasculaire maissouffreteux des poumons, voire très imaginatif en étant peu àl’aise dans la réalisation des tâches les plus banales, tel loquaceavec si peu de raison pratique, tel mathématicien nul en littéra-ture, tel logicien peu sensible à l’autre, etc. Si, pour comparer,on ne prend pas la partie pour le tout, très vite, il s’avère hasar-deux ou même impossible d’établir l’inégalité comme fonde-ment. S’il y a bien des différences qui existent, une approchesystémique de l’individu constate des similitudes et des com-pétences communément partagées. L’égalité est plutôt la

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norme. Le constat d’égalité est majoritairement admis chez lesbiologistes, les psychologues et autres doctes. Mieux encore ilest reconnu que les grandes compétences biologiques (bipédie,reproduction, système nerveux central…) et psychologiques(symbolisation, langage, affect…) sont innées, tant sur le plansingulier qu’universel, ce que d’ailleurs confirment la phyloge-nèse et l’ontogenèse. Mais alors, d’où provient l’inégalité dansle champ social ? Tout simplement, si l’inné existe, il n’est pasen dehors de son environnement. Les structures ne sont pasfermées, elles peuvent être modifiées, « inhibées » et détruitesou stimulées et optimalisées. De la sorte, il y a un rapportinné/acquis dont la co-influence est difficile à mesurer oudéterminer. Ce qui prête à beaucoup d’interprétations.Actuellement, il est connu que des éléments physiques, chi-miques, biologiques et psychologiques sont traumatiques oupathogènes et mortels chez l’individu. Par exemple : l’individune peut marcher correctement si on entrave le passage à labipédie et il en va de même pour l’usage de ses muscles si onles bloque ; l’exposition à des radiations, à certains produitschimiques, (risque fort d’entraîner une altération de son géno-me ; le défaut de stimuli, de mise en lien et d’apprentissagefavorise une perturbation du développement neurologique,voire également l’absence du langage ; l’absence de percep-tions sensorielles provoque des pathologies… Si on ajoute l’u-sage de certaines drogues, les chocs émotionnels, les angoisses,le stress et des signifiants idéologiques, tout cela concourt àaffaiblir ou perturber les grandes compétences biologiques etpsychologiques innées et universelles. Le social ne déroge pasà la règle et interfère sur cet inné selon sa culture. Les effets decette donne sont sans appel. Mentionnons ces quelques exem-ples : conservation (hygiène, sport, chirurgie plastique), ali-mentation (qualité, diversité et équilibre), soins (couverture ettype de médecine), usages (reproduction, force de travail) etintérêts (hédonisme, épicurisme, ascétisme), signifiants (positifou négatif…), jugements (principe de réalité, intuition,logique), savoirs (choix et intériorisation des connaissances),sociabilité (famille nucléaire et cercle d’amis…), etc. Tout celadiffère en fonction du capital social (bagage culturel et aisancefinancière, entre autres) qui insère l’individu et qui les groupe.Or, bien que cela n'ait pas été de tout temps et pourrait bienchanger d’après certains, cette société est divisée en classessociales et catégories socio-professionnelles. L’individu (ou lapersonne) dans sa totalité individuée et universelle est doté defaçon innée des compétences de son espèce qui sont directe-ment et diversement affectées par l’environnement social. Le

film « La vie est un long fleuve tranquille » illustre de façonamusante qu’après un échange dès leur naissance un enfant dela bourgeoisie catholique et un enfant du prolétariat d’unebanlieue ne s’imprègnent pas de l’habitus de leur famille bio-logique, mais bien de celui de leur nouvelle famille respective.En la matière, la culture a une relative indépendance vis-à-visde sa mère nature tout comme l’idéologie ne découle pas dugène mais des contenus de conscience. C’est donc bien dansl’ordre du discours que se trouve le fondement de l'inégalité.

A ceux qui proclament que l’inégalité est innée (non socia-le), nous formulons d’autres questions : d’où vient que, selonles systèmes sociaux, l’inégalité se réduit ou croît ? Quellessont les explications, lorsque des individus ou groupes préten-dus « inférieurs » accèdent à des niveaux dits « supérieurs »(connaissances intellectuelles et/ou professionnelles), trans-gressant par là l’innéo-déterminisme.

Si les grandes compétences (langage, symbolisation,abstraction, bipédie…) étaient dues au hasard ou à la recom-binaison procréative, elles seraient particulières dans leurmanifestation. Pourquoi cette singularité ne se traduirait-ellepas au niveau social ? Pourquoi observe-t-on une grande sta-bilité des couches sociales ? Si la théorie de la sélection natu-relle ou sociale était vraie, on devrait aboutir à un élitisme desgrandes compétences. Or rien n’établit qu’il y ait un biotype ouun psychotype différent entre les individus des diverses stratessociales. Le « générique » s’impose et rien de plus banal que legrand bourgeois et le plus exclu des prolétaires. Le supérieuret le dominant ne sont en rien un élitisme objectif mais un apriori moral et les traits de caractère secondaires sont dus àl’histoire personnelle même s’ils sont efficients pour la domi-nation (ambition, mégalomanie, violence, immoralité, égotis-me, arrivisme, etc.). Pour conserver et obtenir des privilèges,certains par la rhétorique, le mensonge, la manipulation et laviolence ont imposé des rapports de domination ; ils ont éta-bli et perpétué des sociétés verticalisées, élevé l’inégalité endogme. Parallèlement, la compréhension des impacts macro etmicro économiques ont permis des politiques sociales moinsiniques. De facto, la croissance de la production et de laconsommation ont longtemps obligé à plus de pouvoir d’achatglobal d’où une économie plus redistributive et une améliora-tion du standard de vie. Faisant le constat que l’historicité estmarquée par la conflictualité sociale et afin d’éviter une révo-lution sociale, la machinerie institutionnelle a favorisé l’intégra-tion en confortant le mythe du progrès social, de l’Etat provi-

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dence, du neutralisme et de la bienveillance de la bourgeoisie.Mais, depuis plusieurs décennies, la réduction des inégalitéséconomiques et sociales a fait place à une accentuation desdites inégalités. Dès à présent, dissipons une illusion : la gau-che prétend réduire les abus par une politique équilibréesocial-démocrate ; la droite, quant à elle, par le libéralisme,pratique l’inverse. Pour autant, ni l’une, ni l’autre n’entendentétablir l’égalité. Elles divergent sur le gradient de domination(oppression et exploitation) judicieux pour leur intérêt. Ellesrefusent la critique de ce système politique (parlementaire),économique (capitalisme), idéologique (anti-égalitaire). D’oùleur défense des institutions, notamment l'État et ses appareilsidéologiques. Cette machinerie institutionnelle reproduit etpérennise un modèle de société hiérarchisée qui conforte lesprivilèges. C’est pourquoi la démocratie n'est pas :

Le parlementarisme qui permet que le législateur n'incar-ne pas la volonté et l'intérêt collectif mais celui d'aigrefins, decénacles, de camarillas et de profiteurs. Par sa logique, le par-lementarisme dépossède ou n'incline pas à l'administration dela citée.

Le paritarisme qui confie l'action politique à des groupe-ments (syndicats et associations) ne représentant qu'une fran-ge infime de la population. Par leurs fonctions et composi-tions, les organismes paritaires n'enfantent que des compro-mis et statu quos. Le but de ces structures est d'arracherquelques avantages pour leur clientèle.

Le gouvernement qui est issu d'une fraction prétenduemajoritaire et par ses ministres agit dans l'intérêt de son parti.D'où ses prises de décisions qui déplaisent en général en gran-de partie à la population. En effet, le gouvernement ne serisque que très rarement à la consulter, sauf s'il croit en sa vic-toire. Le cas échéant, il passe outre (cf. la modification ducadre constitutionnel).

La consultation électorale hissant aux affaires les élus. Sion décompte les privés de droits civiques, les résidents étran-gers et les abstentionnistes, ce n’est environ que la moitié de la

population qui élit. La majorité étant de 50% plus une voie dessuffrages exprimés (majorité absolue), voire moins (majoritérelative). Le résultat est que la majorité élue ne représenteguère plus de 25% à 30% de la population, peut être moins sil'abstention est forte.

La pluralité d'opinions, en quoi l'oligarchisme, le théo-cratisme, le monarchisme, le bourgeoisisme, le fascisme, le sta-linisme, comme le féodalisme et le capitalisme sont-ils démo-cratiques ? Cela arrange bien les politiciens qui prétendentœuvrer aux compromis et synthèses qu'impliquent ces opi-nions multiples. Par touches successive, ils dépouillent ladémocratie de ce qui la constitue et imposent une idéologieantidémocratique au nom du démocratisme.

Pour finir, affirmons que la démocratie c'est :

Le pouvoir du peuple qui exprime la décision de tous, lavolonté et l'intérêt collectif ;

Le peuple qui est l'ensemble de la population noncatégorisée selon les aspects secondaires et particuliers maisdans l'universalité du genre humain ;

L’individu qui acte pour que les intérêts individuels et col-lectifs se garantissent mutuellement ;

La politique qui implique la participation de tous à l'admi-nistration de la société d'après le principe du fédéralisme ;

L’économie dont la finalité est de satisfaire aux besoins dela population. Chacun œuvre et reçoit l’égale part de la pro-duction économique. Cela suppose que les moyens écono-miques ne sont ni privés, ni étatiques, mais une propriétésociale ;

La liberté qui est la plus ample possible dans la mesure oùelle s’arrête ou commence celle d’autrui, ainsi bornée elle nes’altère pas mais se vitalise ;

L’égalité qui en matière sociale est formellement celle desdroits.

Jean Picard Caen le 15/09/2012.

Eté ou pas, le feuilleton Nataïs conti-nue. Sur le plan judiciaire, les

« audiences relais » se sont succédées (26juin, 20 septembre). Une audience relais,ça ne sert qu’à une chose : à ce que lepatron qui poursuit des salariées-licen-ciées en diffamation ne soit pas horsdélais. La « véritable » audience sedéroulera le jeudi 13 décembre auTribunal de grande instance d’Auch.Venez nombreux : la défense à plein dechoses à dire et vous ne serez pas déçusde ce que vous entendrez ! Toujoursdevant les juridictions, les dossiers deprud’hommes s’ajoutent aux dossiers deprud’hommes. On n’est pas loin de la

dizaine. Dans ce domaine non plus, lepatron ne fait plus preuve de précipita-tion, et aucune dfécision n’est encoresortie. Pendant ce temps, les opérationsd’information se poursuivent. Le lundi16 juillet, le Tour de France prenait sondépart de Samatan, tout près de l’usine.Afin de profiter de l’étape, Nataïs avaitmobilisé ses troupes pour une « opéra-tion sourire » au sein d’un stand du« village gourmand ». Nous y avonsreconnus les nouveaux élus CFTC, descadres, et… une seule ouvrière. Tandisque les « travailleurs chrétiens » faisaientla fête pour le patron, pour notre part,avec les ouvriers licenciés, nous avions

organisé notre petite animation. Revêtusde magnifiques maillots cyclistes jaunesfloqués d’un cinglant «  Nataïs,  maillotjaune des licenciements » (NB : c’est bien lapremière fois que des cénétistes font dusyndicalisme en… jaune !), avec de bon-nes piles de tracts, nous avons apportéune contribution intellectuelle et socialeà la cérémonie (ça manquait un peu).Beau succès auprès de la populationlocale. Il est vrai que Nataïs est connu denombreux gersois (forcément, avec lescentaines d’intérimaires qui ne font qu’ypasser chaque année) et commence àêtre apprécié à sa « véritable valeur ».

Saïm

NATAIS, NOTRE FEUILLETON

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Anarchosyndicalisme ! /// Octobre - novembre 2012

Cahiers de l’anarchosyndicalisme

N°1 Charte de Lyon (CGT-SR), Charte deParis (CNT), Déclaration de principe del'AIT, "Anarchisme et Anarchosyndica-lisme". N°2 Du syndicalisme révolution-naire à la révolution. N°3 L'idée desSoviets. N°4 CNT et antimilitarisme. N°5Réflexion sur le chômage. N°6 Le MondeNouveau : schéma d'organisation d'unesociété anarchiste. N°7 Le MondeNouveau (suite). N°8 Anarchosyndicalis-me et autonomie populaire. N°9 La penséepolitique de Camus. N°10 A propos desinstitutions représentatives du personnel.N°11 La récupération politique dans lesmouvements étudiants. N°12 Le Revenusocial minimum garanti. N°13 L'actiondirecte. N°14 Espagne libertaire. N°15 Lesabotage. N°16 Espagne 1936 : révolutionautogestionnaire. N°17 Notre place dans lemouvement ouvrier français. N°18 De lapremière Internationale à l'AssociationInternationale des Travailleurs. N°19Suède : la S.A.C. et le réformisme libertai-re. N°20 Le Guide de l'arrêté. N°21Fascisme et travail. N°22 Techniques deluttes. N°23 Quelques remarques sur leprésent et le futur, Mouvements sociaux etsubventions : les Bourses du Travail,Argentine : anarchisme ouvrier contre syn-dicalisme révolutionnaire, 1919 : la semainetragique. N°24-25 De la doctrine à l'action: l'anarchosyndicalisme, des origines à nosjours. N°26 Immigration : réponses auxmensonges racistes. N°27 Répression del'anarchisme en Russie soviétique. N°28"Les Prud'hommes ne défendent pas lestravailleurs, ils les jugent". N°29 Les anar-chistes espagnols et la résistance, Fascismeet religions : quelques rappels, Les E.S.R.I.: quand des étudiants "inventaient" le syn-dicalisme révolutionnaire. N°30 Réflexionssur le transport. N°31 La Commune deParis vue par des anarchistes (1878-1930).N°32 Histoire du Mouvement libertaire enBulgarie (extraits). N°33 Propos anarcho-syndicalistes pour l’abstention et contre lecapitalisme - Volume I 2002. N°34 Lenucléaire militaire. N°35 La F.O.R.A., uneorganisation anarchiste ouvrière. N°36"École de la République : École de la sou-mission". N°37 "OGM : pour ou contre ?"- Réflexion d'un militant. N°38"Désobéissance civile et autonomie popu-laire : les autoréductions en Italie". (à suiv-re)Tous les cahiers sont téléchargeables sur le sitede Caen. Pour les amateurs de version papier,nous assurons toujours leur diffusion sous ceformat ; il vous suffit de passer commande(chèque à l'ordre de CNT-AIT, 2 € la brochu-re, port compris / nous contacter si vous encommander plusieurs) à la CNT-AIT de Caen.

Angleterre, action de la SolFed ;Bonne, Allemagne action de la FAU; Cologne, Allemagne, FAU, Elche,Espagne, action de la CNT ; Gijon,Espagne, CNT ; Leeds, Angleterre,IWW ; Lagenfeld, Allemagne, FAU; Manchester, RU, SolFed et AF ;Mataró, Espagne, CNT ; Moscow,Russie, action du KRAS ; Oslo,Norvège, action de la NSF ; Premiade Mar, Espagne, CNT, Sabadell,Espagne, CNT, Salamanque,Espagne, CNT ; Sheffield,Angleterre, IWW : Southampton,Angleterre, SolFed ; South London,Angleterre, SolFed ; Vigo, Espagne,CNT ; Varsovie, Pologne, action dela ZSP.

Dans les Amériques, des actionsont eu lieu à : Berkeley, Californie,USA, action des IWW et du WSA ;Lansing, Michigan, USA, action duLansing Workers Centre ; LongBeach, Californie, USA, IWW etWSA ; Missoula, Montana, USA,action du WSA et de ZootownSolidarity Network ; Nanaimo,Colombie Britannique, USA, IWW; Porto Alegre, Brésil, action de laCOB ; Providence, Rhode Island,USA, IWW et WSA ; Rosario,Argentine action de la FORA ; SaoPaolo, Brésil, COB, Tampa, Florida,IWW..

DES REPERCUTIONS EN FRANCE

En France, outre les interven-tions de la CNT-AIT à Caen,Toulouse, Clermont-Ferrand, plu-sieurs autres Domino’s Pizza ontreçu la visite de militants de diversgroupes (qu’ils en soient tousremerciés) venus relayer la demandede l’AIT.

Certains se demanderont «Mais, à quoi ça sert, tout ça ?, Y a-t-il le moindre résultat ? ». Bonnequestion. Pour l’instant, il y a aumoins de l’émotion chez les patrons(les franchisés pour être exact) et onsent même comme un petit brind’inquiétude. « Il n’est pas normalque je reçoive un coup de fil de monmagasin disant qu’il y a des manifes-tants devant mon magasin, il n’estpas normal que des tracts soient dis-tribués devant mon magasin. Je necomprends pas pourquoi mon maga-sin et donc moi pâtissent des con…

qui se font en Australie » s’étouffeune franchisée, « Je ne veux pas quecela se reproduise » ajoute une autre,ce à quoi une, doctement, répond «Les manifestations qui se sont dérou-lées devant certains magasins sont lefait d’une organisation anarchistequi a appelé à une journée de solida-rité internationale en faveur deschauffeurs livreurs australiens. Nousdéplorons que cette organisation sèmele désordre en France »… de quoianimer la réunion nationale desDominos du 3 octobre 2012 (pro-pos recueillis par notre « envoyé spé-cial » à « Domino’s Land »). Bien plus,comme les conditions de travail nesont pas meilleures en France qu’enAustralie, les salariés du magasinDomino’s Pizza Lyon 8e ont com-mencé une action Vendredi 21 sep-tembre 2012 à 18h, face à des salai-res de misère et des conditions detravail dégradées. Accompagnés desyndicalistes (nul n’est parfait), ilsont décidé de demander à rencont-rer leur employeur. Celui-ci n’étantpas disponible, les salariés ont déci-dé de manière unanime de sortir decette situation en exerçant leur droitde retrait pour la soirée après qu’unrendez-vous avec l’employeur aitété fixé au lendemain à 10h. Samedi22 septembre à 10h, ils ont rencon-tré collectivement leur employeur etexigé le respect du code du travail etde la convention collective de la res-tauration rapide (ce qui représente-rait dans ces franchises une vérita-ble révolution). Ils ont égalementexigé d’une part des embauchesmassives pour pallier à un manqued’effectif qui rend les conditions detravail exécrables et d’autre part lerenouvellement du matériel deslivreurs (demande d’une tenue d’hi-ver, de pneus de qualité, de protec-tions,...). Après que l’employeur aitrépondu à la plupart des demandespar de belles paroles, il a été décidéqu’il convenait de laisser passer 1semaine pour laisser le temps à cedernier de mettre en œuvre les dif-férentes avancées. Les salariés ontrepris le travail en « service partiel »,refusant de livrer sans que de nou-veaux pneus de meilleure qualitééquipent les scooters et que de nou-velles tenues soient arrivées, pré-voyant de réutiliser leur droit deretrait si une situation de pressiontrop importante était ressentie.

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Pourquoi celui qui pré-

pare la pizza...

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Anarchosyndicalisme ! /// Octobre - novembre 2012

Pourquoi celui qui prépare la pizza

n’en récupère que les miettes ?

En Australie, Domino's pizza adécidé de réduire de 19 % le salaire deses livreurs. Ces derniers ont appris ladécision et son application immédiatedu jour au lendemain, par voie d'affi-chage. Olive sur la pizza, ils ont aussidécouvert que le syndicat de la boîteavait validé cette évolution, sans pré-venir les salariés.

Domino's pizza n'est pourtant pasdans une situation financière délicateet, même si c'était le cas, ses salariés nedevraient pas en subir les conséquen-ces. Cette baisse de salaire est lemoyen simple que ses dirigeants onttrouvé pour augmenter enco-re les bénéfices.

Les livreurs ne vont pas enrester là et ont pour celamonté leur propre syndicat,dans lequel eux seuls réflé-chissent, décident, agissent.Les amis australiens de notreassociationinternatio-nale appel-lent tousleurs sou-tiens dans

le monde pour qu'ils manifestent leursolidarité vis à vis des livreurs en lutte.

Parce que ce qui se passe enAustralie nous concerne aussi, car ceque Domino's pizza fait à l'autre boutde la planète peut aussi nous arriver.

Parce que nous croyons en la soli-darité internationale et que nous pen-sons que la meilleure façon de sedéfendre, c'est collectivement et sansintermédiaire.

Parce que nous ne voulons paspasser notre vie à engraisser lespatrons, payer leurs erreurs et parcequ'on aimerait pouvoir un jour se pas-

ser d'eux, nous avons été nombreux àparticiper à la journée de soutien qui aeu lieu ce samedi 15 septembre 2012un peu partout dans le monde.

En Océanie tout d’abord, desopérations d’information ont eu lieudevant les Domino’s Pizza des cinqprincipales villes (Auckland, NZ,action de l’Auckland Anarchists et del’Auckland Action Against Poverty ;Brisbane, Queensland, action del’ASF ; Melbourne, Victoria, ASF ;Perth, WA, action des IWW ; Sydney,NSW, action de l’ASF et des IWW ;Wellington, NZ action de l’AWSM).

En Europe, les principalesactions ont eu lieu dans les villes sui-vantes (par ordre alphabétique) :Amsterdam, Hollande, action del’ASB et de l’Anarchist Group

Amsterdam ; Bratislava,Slovaquie, action dePriama Akcija ; Brighton,Angleterre, action de laSolFed ; Bristol,

Ales écouter, la conjoncture économique ne serait pas profitableaux entreprises... Pourtant, nombreuses sont celles dont les

bénéfices et les salaires des dirigeants ne connaissent pas la criseet qui prétextent malgré tout de difficultés pour licencier à tout va.

NOS PHOTOS :VARSOVIE (POLO-GNE), SHEFFIELD

(ANGLETERRE),BRISBANE(AUS-TRALIE), AU-CLAND (NOUVEL-LE ZELANDE),TOULOUSE, AMSTERDAN (PAYS BAS), ELCHE (ESPAGNE),COLOGNE (ALLEMAGNE), CAEN, MISSOULA (USA)

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