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I. Une analyse matérialiste, déterministe et finaliste K Marx est le grand théoricien de la définition réaliste de la classe. Son analyse a plusieurs caractéristiques. A. Une analyse matérialiste Chaque société peut se caractériser à un moment donné par son mode de production qui désigne la combinaison de deux éléments : les forces productives, c’est à dire par les moyens de production (l’infrastructure économique) qui sont mis en œuvre à une époque donnée (exemple : le moulin à vent qui à la fin du 18 ème siècle a subi la concurrence de la machine à vapeur) les rapports de production c’est-à-dire les rapports de propriété des moyens de production (machines, usines, etc.). Ils permettent de définir les classes sociales selon la place qu’elles occupent par rapport à la propriété des moyens de production Les hommes sont ainsi déterminés par les forces productives, qui déterminent les modes de production. On peut alors en conclure que Marx a une vision matérialiste de l’histoire car l’infrastructure matérielle conditionne la superstructure idéelle c’est à dire le processus de la vie sociale, intellectuelle et politique (par exemple les modes de pensées, les valeurs religieuses, les idées artistiques. B. Une analyse holiste et déterministe Marx pose que les individus ne sont pas les acteurs de leur destin mais qu’ils sont le jouet de structures économiques et sociales qui leur échappent : « Dans la production sociale de leur existence, les hommes nouent des rapports déterminés, nécessaires indépendants de leur volonté (…). Ce n’est pas la conscience des hommes qui détermine leur existence, c’est au contraire leur existence sociale qui détermine leur conscience » C. Une conception finaliste ou téléologique de l’histoire Selon Marx : les différents modes de production se succèdent inéluctablement et sont donc condamnés à disparaître quand les forces productives qui leur avaient donné naissance sont concurrencées par de nouveaux moyens de production plus performants. I –Classes, stratification et mobilité sociale Fiche 113 – L’analyse marxiste des classes Sociologie 1- 1 – Comment analyser la structure sociale? Acquis de première: groupe social

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Page 1: Fiche 113 - L'analyse marxiste des classes.doc

I. Une analyse matérialiste, déterministe et finaliste

K Marx est le grand théoricien de la définition réaliste de la classe. Son analyse a plusieurs caractéristiques.

A. Une analyse matérialiste

Chaque société peut se caractériser à un moment donné par son mode de production qui désigne la combinaison de deux éléments :

les forces productives, c’est à dire par les moyens de production (l’infrastructure économique) qui sont mis en œuvre à une époque donnée (exemple : le moulin à vent qui à la fin du 18 ème siècle a subi la concurrence de la machine à vapeur)

les rapports de production c’est-à-dire les rapports de propriété des moyens de production (machines, usines, etc.). Ils permettent de définir les classes sociales selon la place qu’elles occupent par rapport à la propriété des moyens de production

Les hommes sont ainsi déterminés par les forces productives, qui déterminent les modes de

production. On peut alors en conclure que Marx a une vision matérialiste de l’histoire car l’infrastructure matérielle conditionne la superstructure idéelle c’est à dire le processus de la vie sociale, intellectuelle et politique (par exemple les modes de pensées, les valeurs religieuses, les idées artistiques.

B. Une analyse holiste et déterministe

Marx pose que les individus ne sont pas les acteurs de leur destin mais qu’ils sont le jouet de structures économiques et sociales qui leur échappent : « Dans la production sociale de leur existence, les hommes nouent des rapports déterminés, nécessaires indépendants de leur volonté (…).  Ce n’est pas la conscience des hommes qui détermine leur existence, c’est au contraire leur existence sociale qui détermine leur conscience   »

C. Une conception finaliste ou téléologique de l’histoire

Selon Marx : les différents modes de production se succèdent inéluctablement et sont donc condamnés à disparaître

quand les forces productives qui leur avaient donné naissance sont concurrencées par de nouveaux moyens de production plus performants.

Par exemple, le passage du mode de production féodal au mode de production capitaliste : L’apparition de la machine à vapeur rend obsolète le moulin à vent et la traction animale le mode de production féodal qui était adapté aux anciennes conditions techniques devient

inadéquat et doit être dépassé. S’ouvre alors, selon Marx, une série de révolutions économiques, sociales et politiques. Elles

vont conduire à la destruction du mode de production féodal et à son remplacement par le mode de production capitaliste qui devient provisoirement (mais provisoirement seulement) le plus efficace.

II. La lutte des classes

I –Classes, stratification et mobilité sociale

Fiche 113 – L’analyse marxiste des classes

Sociologie

1- 1 – Comment analyser la structure sociale?Acquis de première: groupe socialNotions: classes sociales, groupe de statut

Page 2: Fiche 113 - L'analyse marxiste des classes.doc

A. La lutte des classes, une caractéristique structurelle des sociétés, y compris de la société bourgeoise

Selon Marx l’histoire de toute société jusqu’à nos jours n’est que l’histoire de la lutte des classes. Cette lutte s’est caractérisée par l’opposition entre les deux classes fondamentales dans tous les modes de production. Elle conduit soit à une transformation révolutionnaire de la société toute entière, soit à la disparition des deux classes en lutte.

Pour Marx, les classes naissent de la lutte des classes.

B. Qu’est-ce- qu’une classe?

Pour pouvoir parler de classe, il faut : des conditions objectives : les individus doivent vivre de manière semblable et donc exercer le

même travail. C’est alors une classe en soi. ces conditions, si elles sont nécessaires ne sont pas suffisantes. En effet, tant que les individus

n’ont pas pris conscience de leur appartenance à une même communauté ayant des intérêts semblables, ils sont en concurrence et ne sont pas solidaires. Il faut que la classe en soi devienne une classe pour soi.

-il est alors impératif qu’ils prennent conscience des relations antagoniques qui les lient aux autres classes : « la classe sociale n’existerait réellement que dans la mesure où elle aurait conscience d’elle- même, mais il ne peut y avoir de conscience de classe sans reconnaissance de la lutte de classes ».

-la condition suffisante pour que la classe prenne conscience d’elle- même est qu’elle entre en lutte contre d’autres classes : c’est la lutte qui détermine la prise de conscience.

C. Une lutte qui résulte de l’exploitation de la classe dominée par la classe dominante

1. La propriété des moyens de production, fondement de l’exploitation

Selon Marx, ouvriers et bourgeois ne sont que formellement égaux : L’ouvrier ne dispose que de sa force de travail pour survivre ; il doit donc absolument travailler

quelque soient les conditions qui lui sont proposées. Au contraire le bourgeois dispose d’un capital. Il peut, grâce à son épargne, vivre sans que ses

usines tournent. L’ouvrier est donc obligé d’accepter les conditions qui lui sont imposées par le bourgeois ,. Marx

écrit : « le rapport officiel entre le capitaliste et le salarié est d’un caractère purement mercantile. Si le premier joue le rôle du maître et le dernier le rôle du serviteur. C’est grâce à un contrat par lequel celui- ci s’est non seulement mis au service, et partant, sous la dépendance de celui- là, mais par lequel il a renoncé à tout titre de propriété sur son propre produit. Mais pourquoi le salarié accepte t’-il ce marché ? Parce qu’il ne possède rien que sa force personnelle »

Selon Marx si les capitalistes peuvent exploiter le prolétariat, bien que bourgeois et ouvriers soient formellement égaux, c’est parce que les premiers ont le monopole des moyens de production, alors que les seconds n’ont que leur force de travail

2. La notion de plus-value

L’ouvrier reçoit un salaire qui correspond à la quantité de travail nécessaire à la vie d’un ouvrier Or celle-ci est inférieure à la quantité de travail créée par celui-ci en un temps donné. Autrement dit, la création de richesses effectuée par l’ouvrier est supérieure à son salaire. Cette

différence est appelée plus-value= création de richesses de l’ouvrier- salaire.

Cette plus-value est alors accaparée par les capitalistes. On peut parler d’exploitation et même de vol, puisque seul le travail a créé de la richesse : seuls les ouvriers ont le droit de la recevoir .Le travail est la seule source de création de richesses, le capital ne crée pas de richesse (il ne fait que transmettre sa valeur aux produits au fur et à mesure qu’il s’use).Dès lors que le travail atteint un niveau d’efficacité de productivité suffisant il crée plus de richesse qu’il n’en faut pour couvrir les frais d’entretien et de reproduction du travailleur.Marx peut alors en conclure que malgré les apparences le travailleur, en dépit de sa liberté formelle est aussi exploité que l’étaient ses ancêtres serfs et esclaves   .Comme eux la majeure partie des richesses qu’il a créé par son travail est confisquée par ses maîtres.

Page 3: Fiche 113 - L'analyse marxiste des classes.doc

3. Vers la disparition du capitalisme

Grâce au monopole qu’ils ont sur les moyens de production les capitalistes vont fixer selon leurs intérêts les salaires :

ils ont réduit le travail au statut de marchandise. Comme toute marchandise le travail a un prix   : le salaire (le prix du travail). Celui-ci va être fixé au minimum assurant la reproduction de la force de travail c’est à dire qu’il doit permettre :

à l’ouvrier d’entretenir sa force de travail (sinon il devient inefficace) d’assurer sa descendance (ses enfants prenant sa place quand ils sont devenus adultes).

Or les capitalistes se livrent une concurrence effrénée et sont obligés pour ne pas faire faillite d’être compétitifs et de remplacer le travail par des machines. La création de richesses diminue alors, puisque seul le travail crée de la richesse. Le capitaliste ne peut trouver de solution que dans une augmentation de l’exploitation

Les ouvriers se rendant compte qu’ils sont exploités vont se constituer en classe sociale afin de prendre le pouvoir. Ainsi, en renforçant l’exploitation du prolétariat, la bourgeoisie accélère la prise de conscience de la classe ouvrière, renforce ses capacités de luttes et ainsi : « la bourgeoisie produit avant tout ses propres fossoyeurs. Sa chute et le triomphe du prolétariat sont inévitables ».

Conséquence : L’Etat, au service de la classe bourgeoise, va alors disparaître, l’ancienne société va « laisser la place à une association où le libre épanouissement de chacun est la condition du libre épanouissement de tous ».