favre, m. rendre l'ouvre lisible. 2009

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  • 8/7/2019 Favre, M. Rendre l'Ouvre Lisible. 2009

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    CeROArtNumro 3 (2009)L'erreur, la faute, le faux

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    Michel Favre-Flix

    Ambiguts, erreurs et consquences : Rendre luvre lisible ...............................................................................................................................................................................................................................................................................................

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    Rfrence lectronique

    Michel Favre-Flix, Ambiguts, erreurs et consquences : Rendre luvre lisible , CeROArt[Enligne], 3 | 2009, mis en ligne le 21 avril 2009. URL : http://ceroart.revues.org/index1140.htmlDOI : en cours d'attribution

    diteur : CeROArt asblhttp://ceroart.revues.orghttp://www.revues.org

    Document accessible en ligne sur :http://ceroart.revues.org/index1140.htmlDocument gnr automatiquement le 01 dcembre 2010. Tous droits rservs

    http://ceroart.revues.org/index1140.htmlhttp://www.revues.org/http://ceroart.revues.org/http://ceroart.revues.org/index1140.htmlhttp://www.revues.org/http://ceroart.revues.org/
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    Michel Favre-Flix

    Ambiguts, erreurs et consquences : Rendre luvre lisible

    Position du problme1 Les mots que nous utilisons fixent des ides qui, ensuite, gouverneront nos actions. Lerreurde jugement, la faute dans laction, et ventuellement la falsification du rsultat, peuvent ainsitrouver une origine dans la confusion du langage. Cest pourquoi il me semble que lexamendes ambiguts qui sattachent au terme lisibilit employ en restauration peut trouverplace dans le thme gnral de ce numro.

    2 Pour illustrer la confusion qui entour ce terme, je pourrais voquer lune des derniresinterventions publiques de lhistorien de lart Daniel Arasse, lauditorium du Louvre, endcembre 2002, o il prsidait une journe-dbat sur le thme Pourquoi restaurer les uvresdart ?.

    3 Lhistorien avait dabord exprim son entire confiance dans la dontologie de la profession.Aprs divers orateurs, vint le tour dun conservateur italien dont lexpos traitait justement descodes dthiques et des buts quils fixent la restauration : faciliter la lecture des uvrestraites (selon le code europen ECCO) ou, rendre les uvres comprhensibles (selon ladfinition du Conseil International des Muses, ICOM-CC).

    4 La raction de Daniel Arasse fut immdiate ; je la rapporte ici en substance : Mais, lestableaux ne se lisent pas ! Aprs des annes de frquentation dune peinture, on y trouveencore de nouveaux sens, sans jamais en puiser la comprhension ! Comment peux-t-onprtendre les rendre comprhensibles par une restauration ?

    5 Cette objection lance sans esprit de polmique mais avec autorit suscita un grandembarras. Lorateur ne sut y rpondre quen raffirma cet objectif de lisibilit, sans autreargument, comme si son abandon devait mettre en pril tout un pan de la restauration actuelle.

    6 Assurment, la remarque de Daniel Arasse pourrait tre taxe de navet, voire de syllogisme :

    les uvres du pass nont-elles pas t faites pour tre comprises ? Elle exprimait en fait unetout autre proccupation : la restauration affiche ici une tonnante assurance, alors quunelongue tude des uvres incite la modestie, et que lhistoire elle-mme nous montre combiende lectures , si contradictoires, les diffrentes gnrations ont dj eu dun mme tableau.

    7 Daniel Arras rejoignait les objections exprimes par dautres historiens, tels que HiltrudSchinzel, James Beck, ou, nous le verrons, par le thoricien Salvador Muoz Vias et par lerestaurateur Paul Pfister.

    8 Quant labsence de rponse, elle traduit le surprenant manque de clarification dans lesrflexions de la profession. Pour sen convaincre, il suffira de relire le dbat avort dans les

    colonnes de la revue Kermes, voici quelques annes1. On y constate que la profession neparvient pas expliquer le concept de lisibilit [de luvre], ni son utilit ou sa validit, tout

    en reconnaissant quil pouvait tre discut , sans parvenir conduire une telle discussion.2

    9 Au mme moment se droulait un colloque intitul visibilit de la restauration, lisibilit deluvre , sans quaucun restaurateur ne choisisse de sinterroger sur cette dernire expression.

    cette occasion, une historienne3 et un peintre4, dvelopprent des critiques assez similaires celle de Daniel Arasse, sans recevoir davantage dexplications.

    10 La seule mise au point figurant dans les actes de ce colloque tient dans la remarque de Sgolne

    Bergeon-Langle : La lisibilit dune uvre dart doit tre prise dans son sens de mtaphore 5.Si cette prcaution de langage est ncessaire, pourquoi ne figure-t-elle pas dans les codesdthique ? En outre, est-il normal quune simple mtaphore qui nest assortie daucunerserve serve de dfinition la restauration ?

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    Double sens dune mtaphore11 En effet, bien que le terme ny figure pas, la notion de lisibilit transparat dans une mtaphore

    utilise par Cesare Brandi propos dun aspect bien spcifique de la restauration : le traitementdes lacunes dans une uvre endommage.

    Comme le philologue, devant un problme dinterprtation dun texte mutil, doit combler leslacunes par des mots suggrs ou emprunts dautres textes, de mme devons-nous restituer autexte pictural une continuit, comme si lon y intercalait en italique, les mots, les conjonctions,les adverbes, les adjectifs qui manquent.6

    12 On le voit, cette analogie suggre deux lisibilits distinctes.13 Dune part, elle illustre une lisibilit de lintervention. Comparables aux italiques ou aux

    crochets qui signalent les mots ajouts, plusieurs procds de graphisme, de texture, etc.devraient dsigner au spectateur les parties retouches. Donner lire les parties restauresgrce leur aspect ntait pas une ide nouvelle. Elle avait t imagine pour les architectures,puis dfendue pour les peintures, en sappuyant dj sur lexemple des textes mutils et du

    philologue7.14 Prcisons-le, il ne sagit pas que la retouche soit visible . Brandi pose, au contraire, le

    principe dune rintgration invisible la distance o loeuvre dart doit tre regarde .Elle doit tre invisible pour assurer sa fonction de retouche ; facilement identifiable vue deprs, elle devient alors lisible. On peut parler de lecture parce quelle dlivre une information,sur son identit de retouche moderne, grce une criture convenue.

    15 Lanalogie traduit videmment une seconde ide : la retouche joue un rle comparable celui du mot insr dans le texte. Elle rtablit une continuit. Doit-on pour autant conclurequil sagit dune continuit similaire produisant un rsultat identique ? Avant dessayer derpondre cette question, nous devrons examiner dans quelles limites Brandi avait employcette mtaphore.

    Limites dune mtaphore16 Brandi nappliquait ce modle quaux lacunes suffisamment petites pour que leur rintgration

    puisse tre clairement dicte par le contexte de la figuration environnante. Mais, ds que

    les lacunes sont plus grandes, la comparaison avec le texte ninspire plus une mthodologie :Brandi fait appel une tout autre approche, savoir la psychologie de la perception des formes(gestaltpsychologie).

    17 Il nest pas inutile dajouter que dans sa Teoria, Brandi nemploie jamais les termes de lisibilitde luvre ou de lecture de limage. Limage se manifeste. Loeuvre se prsente, elle apparat,elle parvient la conscience du spectateur. Celui-ci ne la lit pas : il la reoit, il la reconnat,il contemple, il regarde, il peroit.

    18 Nous verrons, plus loin, que Brandi a fourni par ailleurs les meilleurs arguments pour rfutercette notion de lisibilit applique luvre dart.

    19 Le parallle des textes, le modle du philologue, ne lui servent pas davantage pour poser leproblme des ajouts et remaniements, ni des altrations falsifiantes, ni du nettoyage.

    20 Nous remarquerons au passage ce paradoxe : les codes internationaux qui ont retenu la lisibilitde luvre au sens le plus quivoque ont abandonn la rfrence une lisibilit de

    lintervention, le critre vritablement philologique8.21 La profession se trouve prise dans de srieuses contradictions lorsquelle applique la formule

    rendre luvre sa lisibilit au-del du cas des petites lacunes, toutes les interventionsde restauration.

    Contradictions22 Nous les apercevons rapidement en considrant, par exemple, le problme des repeints ou des

    ajouts historiques rencontrs sur une uvre.

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    23 Dans le cadre dune recherche universitaire sur les repeints anciens et les choix dinterventions(dans les divers pays dEurope depuis laprs-guerre), des professionnels ont t interrogs

    sur le sens quils donnaient, en cette circonstance, au terme lisibilit 9. La plupart dentreeux ont reconnu spontanment deux lisibilits : lune esthtique qui rclamerait la suppressiondes ajouts et lautre historique qui plaiderait pour leur conservation.

    24 Nous retrouvons ici (heureusement) les deux dimensions de luvre reconnues par les codesdthique, les deux instances dcrites par Brandi avec leur dialectique complexe. Mais quen

    est-il alors de cette lisibilit de luvre , simple et unique ?25 Le conservateur Salvador Muoz Vias pousse encore plus loin ce constat dans son analyse des

    thories de la restauration, parue en 2005. En ralit , conclut-il, lorsque les restaurateursdcident de rendre un objet lisible, ils font un choix ; ils dcident quelle lisibilit va prvaloirsur toutes les autres possibles [] souvent au prix dune exclusion dfinitive de ces autres

    possibilits.1026 Toutes les lisibilits possibles quil voque correspondent aux multiples valeurs ,

    convergentes ou concurrentes, transitoires et relatives, rpertories par Alos Riegl, dans sariche problmatique de la restauration, publie voici plus dun sicle.

    27 On voit ainsi que le concept de lisibilit, en postulant une lecture unique, vient dun coup tarirles deux sources de rflexion les plus fructueuses pour la restauration, les deux dialectiques

    de Brandi et de Riegl.28 Cette absence de dfinition des termes employs, ce postulat illusoire, suffisent Muoz Viaspour disqualifier toute dfinition ou thorie fondes sur la notion de lisibilit.

    29 Il nempche que cette notion est utilise constamment par les professionnels : fut-elle unecoquille vide, il nous faut recherche le sens de son succs.

    Quel type de lisibilit ?

    30 Si la mtaphore ne peut pas tre tendue sans contradiction, elle ne peut pas davantage treaccepte sans rserve.

    31 Mme dans le domaine des textes, le terme de lisibilit comporte une quivoque, souventsignale par les smiologues, mais ignore en restauration, entre deux niveaux de sens que

    la langue anglaise distingue par deux termes, tandis quils sont facilement confondus enfranais.11

    32 Dune part, ce que lAnglais nomme legibility , la stricte lisibilit technique, matrielle : parexemple la bonne conformation dune criture, dune inscription, permet de lire un manuscrit,une pitaphe rdige en grec.

    33 Dautre part, ce que lAnglais dsigne par readability , la lisibilit intellectuelle, qui enprsupposant la prcdente y ajoute la comprhension : par exemple, lpitaphe grecque seralisible par les hellnistes, tel texte juridique seulement par des spcialistes en droit, tandis quetel autre sera accessible aux profanes.

    34 Linsertion du philologue restitue en premier lieu la lisibilit matrielle dun texte en grecou en aramen ; mais il ne le rend pas subitement comprhensible par tous. Le processus

    dintellection reste indpendant.35 Nous pourrions supposer que la restauration vise une lisibilit matrielle comparable, laretouche permettant de mieux percevoir et non pas de lire nouveau la continuit formellede luvre, ce qui correspondrait dailleurs laxiome formul par Brandi : on ne restaureque la matire de luvre dart .

    36 Encore doit-on mettre rapidement des limites cette apparente quivalence.37 La lisibilit matrielle ralise par le philologue est une valeur absolue : les mots lisibles

    insrs produiront un rsultat ou, sil doit avancer plusieurs hypothses, plusieurs rsultatslisibles. Par contre, la perception dun lment pictural est une valeur relative. Elle peutstablir des degrs divers, sans que lon puisse prciser un degr absolu de perception.

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    38 Pour prendre un exemple simple, les fonds dors des primitifs italiens peuvent prsenter destats deffacements plus ou moins prononcs ; ils seront nanmoins perus jusqu un certainpoint comme des fonds dors. Leur reconnaissance, leur lisibilit propre est donc unenotion extrmement relative, bien diffrente de celle du mot.

    39 Les figures, les draps de ces primitifs italiens pourront supporter eux aussi plusieurs degrsdaltration, tandis quune simple lacune brisera tout leffet dillusion, effet vital pourlesthtique dune nature morte flamande.

    40 De plus, alors quun mot remis sa place, retrouve en mme temps sa relation primitive,immuable, lensemble du texte, o la parfaite lisibilit de chaque mot concours la parfaitelisibilit du texte entier. Il en va tout diffremment pour les lments constituant une uvre.

    41 Si lon semploie redorer parfaitement le fond du primitif italien, en lui restituant ainsi sonentire lisibilit propre, il paratra pourtant compltement dplac par rapport auxfigures quil entoure. Celles-ci ont connu, avec le temps, de telles volutions ou altrationsmatrielles affectant leurs couleurs, leur finition, leurs formes, que la place de ce fonddor, sa relation avec ces lments na rien dabsolu. Parce que les matriaux de luvredart ne sont pas immuables, les relations entre ses lments ne peuvent tre rtablies que lemanire relative. Nous verrons plus loin quelles en sont les consquences sur les problmesdu nettoyage des peintures.

    Lecture(s) de luvre

    42 Reste que les codes professionnels, loin dentrer dans ces distinctions, accentuent la confusionen choisissant le niveau suprieur de la lisibilit-comprhension, comme en tmoignent leursversions bilingues. LICOM-CC (1984) emploie dans les deux langues la formule rendrecomprhensible . Le code de lECCO (1993), adopte facilitate its understanding pourtraduire faciliter la lecture .

    43 Si lon choisit de se placer ce niveau, habituel pour lhistoire ou la critique dart, lemploi dusingulier la lecture devient justement aberrant. Il nous suffira de renvoyer au travail de

    synthse de Jean-Luc Chalumeau12 : La lecture de lart nest pas une : il y a toujours plusieursinterprtations possibles de la mme uvre . Cest ce que remarquait Daniel Arasse.

    44

    On saperoit quen ralit, on surestimerait ces codes en les croyant inspirs, via unemtaphore, par la rigoureuse philologie, car ils ne respectent pas le modle du philologue.Celui-ci ne facilite pas la lecture : il la rend possible. Il pourra ventuellement proposerplusieurs lectures possibles lorsque ltat lacunaire suscite diverses hypothses.

    45 Ceux qui facilitent la lecture ou rendent comprhensible, ce sont les traducteurs (du Grec) oules vulgarisateurs (du texte juridique).

    46 En tout tat de cause, la vise de la restauration que propose les codes nest donc plusconcentre sur lobjet, sur son unit formelle. Lorsquelle se propose de faciliter la lecture ,il faut bien quelle soriente, quelle se dtermine en fonction du public, ou plutt des diverspublics, suivant leurs capacits de comprhension, comme la expliqu Jean-Pierre Mohen,lorsquil dirigeait les services de recherche et de restauration des muses de France (C2RMF):

    47 La lisibilit, cest--dire la comprhension que le public a de luvre [] est indispensable

    pour le grand public et les scolaires que lon accueille de plus en plus nombreux .13

    Luvre comme message

    48 Et que sagit-il de rendre comprhensible par ce (grand) public ?49 La majorit des codes dthique ou des professionnels restent muets. De manire intressante,

    ceux qui le prcisent recourent la notion de message.

    La mesure de restauration [dun bien culturel] a pour objectif [] de rendre comprhensible etlisible le message que transmettent sa forme et son contenu.

    (Code suisse SCR/SKR - 2005).

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    La lisibilit [de luvre] devient donc une notion extrmement importante : elle est garante [...]de sa capacit transmettre son message esthtique et culturel. (Jean-Pierre Mohen, voir note 13)

    50 Ou plus directement encore :

    Historiquement, on ne fait pas un tableau pour faire du beau mais pour faire passer un message.(William Whitney, restaurateur, matre de confrence Paris 1, lors du 5me colloque delARAAFU, 2003)

    51 Justement, Cesare Brandi aborde ce sujet dans un ouvrage majeur, Les deux voies de

    la critique14. On y retrouve la question centrale qui, dans sa Teoria, conditionne toute

    restauration : la spcificit de luvre dart. Il la dfinit ainsi : loeuvre dart est uneoeuvre dart en tant quelle ralise une prsence . Une prsence trs particulire dans notreconscience quil nomme astance.

    52 Et il se demande prcisment sil est conforme lessence de luvre dart de reprsenterou tout au moins de contenir un message . Mais, remarque-t-il, un message nexiste quen fonction dun but, et ce but est de communiquer une information . Par nature, lacommunication concerne toujours quelque chose qui nest pas prsent : la communicationinforme sur une prsence qui est ailleurs, ou qui a t ou sera, sinon elle ne communiqueraitpas, elle se donnerait en propre. Or la singularit, la spcificit de loeuvre dart estprcisment de se donner en propre , ce qui la situe ontologiquement loppos du message :

    Loeuvre dart ne communique pas, elle se prsente ; elle ninforme pas, elle se donne commeastance.

    53 Parler dun message esthtique narrange pas les choses : autant dire que les tableaux deMonet nexistent que pour faire comprendre le mouvement impressionniste.

    54 Fondamentalement, selon Brandi, luvre est une ralit esthtique, ralit et non message,mme si une infinit de messages peuvent se dduire des connotations quelle entrane avecelle.

    55 Cette distinction est dcisive : si la restauration se trompe sur la nature de lobjet quelle traite,si en loccurrence elle le considre comme porteur dun message quelle doit rendre lisible,elle provoquera sa dnaturation.

    Nettoyage et lisibilit (tude de cas)56 Parmi les diffrentes formes que peut prendre cette dnaturation, il en est une que je voudrais

    dvelopper ici.57 Ce qui fait la valeur dun message, sa raison dtre, ce nest pas ce quil contient de dj connu ;

    cest linformation quil apporte, ce quil contient de nouveau . En considrant luvredart comme un vhicule de messages, le restaurateur y recherchera non pas cette unit dutout qui caractrise luvre dart, mais au contraire les parcelles de nouveaut quil pourraen soutirer et quil sefforcera de mettre en valeur.

    58 Cest ainsi que nous voyons des nettoyages se rgler sur la dcouverte dun dtail, surlapparition dune surprenante couleur (souvent fausse par des altrations antrieures), auxdpens de la cohrence essentielle de luvre entire. Et finalement, ltonnante nouveaut

    de laspect final, les changements les plus surprenants, pourront devenir une sorte de preuveempirique a posteriori de la justesse dune intervention.

    59 La restauration, voici quelques annes, de LAdoration des bergers, peinte par Rubens vers1620, conserve Soissons, illustre assez bien ce phnomne (fig. 1 et fig. 2).

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    Fig. 1. tat avant la restauration de 1992-93.

    Adoration des Bergers, P.P. Rubens et son atelier, vers 1620, Cathdrale de Soissons. Extrait du catalogue Histoiredun tableau de Rubens, lAdoration des bergers de la Cathdrale de Soissons , Ministre de la Culture et DRAC dePicardie, 1993.

    Photo : M-P. Barrat.

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    Fig. 2. tat aprs la restauration de 1992-93.

    Adoration des Bergers, P.P. Rubens et son atelier, vers 1620, Cathdrale de Soissons. Extrait du catalogue Histoiredun tableau de Rubens, lAdoration des bergers de la Cathdrale de Soissons , Ministre de la Culture et DRAC dePicardie, 1993.

    Photo : D. Bouchardon/ LRMH.

    60 Si lon adoptait la notion de lisibilit historique, celle-ci pourrait tre associe la mise aujour des deux blasons (aux armes du premier acqureur, devenu vque en 1623, et de la villede Soissons).

    61 La recherche de lisibilit esthtique, quant elle, sest traduite par un nettoyage pouss, quia produit deux dcouvertes notables : la main droite de la jeune bergre, et ltonnant bleulumineux du vtement de la Vierge auparavant couvert dune couche outremer.

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    62 Or, il savre que ces dcouvertes sont totalement infondes. Elles sont contredites par deuxcopies dpoques, ralises Anvers durant les quelques annes qui ont prcd la livraisonpar Rubens de son tableau en France. Lune est conserve au muse de Bergues (fig. 3), lautreen main prive .15

    Fig. 3. Copie dpoque

    Copie dpoque de lAdoration des Bergers, Muse de Bergues

    Photo : Muse de Bergues/ Studio Mallevaey

    63 La main rapparue, de style bien peu rubnien, devait tre un ajout fantaisiste ralis audbut du 18me sicle puis dissimul, sans doute lors dune restauration au sicle suivant.Sa remise au jour a cr une situation burlesque : la bergre se trouvait dote dune main detrop puisquelle possdait dj un bras droit soutenant sa jarre de cuivre. La solution adopteconsista dissimuler ce bras (pourtant visible sur toutes les copies) sous un vague repeintsombre, si bien que la pesante jarre de cuivre se trouve dsormais, tel un ballon surraliste, enquilibre instable sur la tte de la jeune femme.

    64 En dpit des documents historiques, et au risque dune reprsentation ridicule qui dshonorele tableau de Rubens, ce choix insens ne peut sexpliquer que par une qute aveugle de ladcouverte, dont la lisibilit est le principe moteur comme la caution thorique.

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    65 Quant au bleu clair ( base de bleu de smalt) il correspond typiquement la premire tapedans la ralisation classique de ces draps, une mise en place fortement contraste qui devaittre complte dun glacis outremer de lapis-lazuli. Lanalyse de la couche suprieure, avant sasuppression, navait pu dire sil sagissait dun outremer artificiel (post 1826) ou bien de lapis-lazuli dorigine, les deux pigments comportant les mmes lments chimiques. Peu importe,pour les responsables de ce chantier, car cest lapparition du bleu clair qui a tenu lieu depreuve, empirique, rtroactive, et fausse.

    66 Nous rejoignons la trilogie qui occupe ce numro : lerreur dans lorientation de cetterestauration puis la faute dans le dgagement lui-mme. Le faux enfin, au sens strict,puisque cette main et cette couleur bleu clair ont t nanmoins t dclares originales lissue de la restauration.

    Lecture et perception

    67 Notons enfin leffet gnral de ce nettoyage qui donne une gale lisibilit tous leslments : la Vierge, les brins de paille, les bergers, lEnfant, le buf, tous les lments seprsentent avec une force identique et, pour ainsi dire, se bousculent tous en mme temps surun mme plan, sans profondeur.

    68 Comment ce surcrot de lisibilit peut-il aboutir soustraire la troisime dimension dune

    peinture ?69 Paul Pfister lun des seuls restaurateurs ayant rclam labandon de cette notion confuse

    dans sa profession nous fourni une explication partant dune donne de la psychologie dela perception quil a vrifie par exprience.

    Employer le mot de lisibilit nest pas anodin. La lecture seffectue seulement en deuxdimensions largeur et hauteur tandis que la perception nous ouvre un accs dordre intuitif loeuvre dans ses trois dimensions. De cette manire, nous percevons par notre intuition ladimension spatiale de luvre [en profondeur] comme un tout cohrent. 16

    70 Lide de lecture conduit donc le regard du restaurateur balayer le plan. Or, dans une peinture,chaque lment ne se trouve pas tabli seulement ct des autres dans le plan mais plussubtilement, en avant de certaines figures, en recul des autres, pour constituer lespace fictif

    de la reprsentation. Cette situation spatiale tient aux rapports relatifs, de couleur et de valeur,que chaque lment entretient avec lensemble.

    71 Faciliter la lecture de tel ou tel lment, ce peut tre, bien souvent, lui donner une vidence,une prsence isole, totalement fausse. Ds lors que ces lments ne sont plus leur placerelative, ils se lisent cte cte, mais tout leffet de profondeur est dconstruit.

    Quelle comprhension du public ? (tude de cas)

    72 Faciliter la comprhension de luvre par le public le grand public, les scolaires,etc. pourrait inspirer bien des commentaires. Je me limiterais montrer, par lexemplesuivant, combien ce principe peut servir dauto-justification des interventions qui aboutissentexactement au rsultat inverse.

    73 Le destin des Plerins dEmmas peints par Vronse vers 1560 a t marqu par unetransformation de son format effectue vers 1682 par Le Brun, peintre de Louis XIV. Il semblequ cette occasion, les plis du costume du plerin Luc aient t retravaills, quoique aucunecopie antrieure cette date ne soit connue qui permettrait de vrifier leur aspect primitif (fig.4). Conservs, retouchs sans doute au cours des sicles, ils ont t entirement supprimslors de la restauration de 2004 (fig. 5). A-t-on gagn une meilleure lisibilit de luvre ?

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    Fig. 4 tat du costume du plerin Luc, avant 2002.

    Dtail des Plerins dEmmas de Paul Vronse, Muse du Louvre.

    Photo : C2RMF/ E. Dupont.

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    Fig. 5 tat aprs nettoyage, avant retouches, en 2003.

    Dtail des Plerins dEmmas de Paul Vronse, Muse du Louvre.

    Photo : C2RMF/ E. Dupont.

    74 Le dgagement a rvl des pigments altrs, une couche infrieure dgrade prive desformes dorigine. ce stade de dlabrement, le trop simple modle du philologue restituantquelques mots na plus de sens. Nous serions plutt dans le cas dun palimpseste donton aurait supprim dfinitivement le texte le plus rcent pour dcouvrir un texte primitifirrmdiablement illisible.

    75 Inutile de prtendre une rintgration. Sans aucun rapport avec les rares traces encoreperceptibles aprs dgagement, la retouche ralise en 2004 relve de la pure invention : unesorte darc gristre souligne maladroitement la colonne vertbrale et une ombre floue bordele contour du dos (fig. 6).

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    Fig. 6. tat final aprs les retouches ralises en 2004.

    Dtail des plerins dEmmas de Paul Vronse, Muse du Louvre.

    Photo : M. Favre-Flix.

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    Fig. 7 Vue synoptique

    76 Cette rintgration suggre des plis manquants nous dit-on.17

    77 Elle prtend, la fois faire comprendre au spectateur quil manque des plis (comment lepourrait-il ?) et lui suggrer leur forme dorigine (dont on ne connat rien). Reconnaissonsque, bien au contraire dune suggestion, cette retouche de 2004 simpose lui comme laversion authentique. Loin de faciliter une comprhension, cette restauration ne peut quinduire

    en erreur sur luvre de Vronse.18

    En guise de conclusion

    78 Nous pourrions conclure, avec Salvador Muoz Vias que la lisibilit de luvre estune notion vide de sens, dans laquelle chacun peut mettre ce quil entend, sans avoir senexpliquer ce qui lui vaut sans doute son succs.

    79 Nous pourrions remarquer avec Georges Brunel que cette notion tient parfois lieu de justification a posteriori des actions dj ralises. Ainsi, le vocabulaire, au lieu de servir

    rflchir, sert denveloppe des sortes de drobades.19 Un avis exprim plus directementpar Marie Pasquine Subes-Picot20: la lisibilit est souvent un alibi .

    80 Toutefois, ladoption dun terme aussi ambigu dnote une confusion plus profonde, portantsur la nature des uvres dart. Son emploi continuel conditionne la vision des uvres et tend fausser en retour les actions de restauration.

    81 Il est probable quune formulation strictement positive des buts de la restauration contiendratoujours un pige. La restauration se dfinit plus srement en ngatif, car cette discipline sestconstitue par un processus de restriction, en cernant toujours davantage son domaine, ses

    conditions de validit, son objet, par les limites quelle sest imposes. Or, la lisibilit lafait sortir de son domaine et la comprhension reste une notion illimite.

    82 Brandi avait propos cette formule, qui a le mrite dinclure trois conditions :83 rtablir lunit potentielle de luvre dart, condition que cela soit possible sans commettre

    un faux artistique, ou un faux historique, et sans effacer aucune trace du passage de cette uvredart dans le temps.

    84 Or le faux artistique, historique et la ngation des traces du temps, sont les trois limites quecette restauration de la lisibilit conduit franchir le plus rgulirement.

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    Bibliographie

    Repenser le nettoyage des peintures, (Dossier en collaboration avec Paul Pfister, restaurateur Zrich),Nuances 38-39, 2007, pp. 19-35.

    Conservation, restauration et droit moral des artistes (en collaboration avec Me Catherine Denoun,avocat), Nuances 35, 2005, pp. 17-24.

    Une analyse des codes dthique de la conservation-restauration. Nuances 32, 2003, pp. 15-28.

    Delacroix : sur la restauration, Nuances 27, 2001, pp. 11-17.

    Notes

    1 Pour lensemble des articles : BECK, J., Leggibilit e restauro, dans Kermes n43, 2001, p. 11-12,BONSANTI, G., Dumbing Down : James Beck e la sua teoria sul restauro , dans Kermes n44, 2001,p. 13, MAETZKE, A-M., Piero della Francesca et la leggibilit , dans Kermes n44, 2001, p. 15,NATALI, A., Sul restauro doprer darte (e sul concetto di leggibilit), dans Kermes n47, 2002, etSCHUDEL, W., Ancora sulla leggibilit, dans Kermes n50, 2003, p. 22-24. Ce dernier auteur proposeune ouverture, mais nentreprend pas de clarifier les ambiguts de la notion.

    2 Ibid. Ed evidente che su questo concetto si pu discutere (Antonio Natali).

    3 SCHINZEL, H., Visibility of Restoration Legibility of Artworks : the Topicality of Compromise,

    dans Visibilit de la restauration, lisibilit de luvre, 5me Colloque de lARAAFU (Association desRestaurateurs dArt et dArchologie de Formation Universitaire), juin 2002, Paris, 2003, p. 55-63.

    4 Jean-Sbastien Still, Lobjectif de lisibilit en restauration et ses consquences sur les peintures,dans 5me Colloque de lARAAFU, 2003, p. 65-71.

    5 Sgolne Bergeon-Langle, Lisibilit et rintgration, dans 5me Colloque de lARAAFU, 2003, p.122.

    6 Brandi a utilis plusieurs fois cette mtaphore (ds 1946, dans son introduction au catalogue Mostradei frammenti ricostruiti di Lorenzo da Viterbo). Cette phrase est extraite de son article de prsentationde lInstitut central de Rome, publie en franais dans La Gazette des Beaux-Arts en 1954 (republiedans Cesare Brandi. La restauration : mthode et tudes de cas , Paris, INP et Editions Startis, 2007,p. 253-265).

    7 Lide, avance par Max von Pettenkofer, est reprise par Victor Bauer-Bolton, en 1914, dans

    son texte Sollen fehlende Stellen bei Gemlden ergnzt werden und wie wre hierbei am besten zuverfahren ? (republi dans Issues in the Conservation of Paintings, Los Angeles, Getty ConservationInstitute, 2004, pp. 358-369)

    8 On peut supposer une raison simple cet abandon : un nombre important de restaurateurs et demuses dans le monde ne souscrivent pas aux exigences critiques dfendues par Brandi. Ils ralisentsystmatiquement des retouches illusionnistes, indiscernables tort ou raison et ne pouvaient ratifierun code dontologique qui restreigne cette pratique. De rares codes nationaux ont conserv cette rgle delisibilit des interventions : le code suisse (SCR/SKR, 2005), la Carta del Restauro italienne (1972. Tousles autres codes en vigueur prescrivent des retouches dtectables par des moyens appropris (lampede Wood, etc.) sans tre discernables lil nu.

    9 Je remercie lauteur, Janin Bechstedt, de nous avoir fait connatre le rsultat de son travail. Parmiles professionnels interrogs : Sarah Staniforth, head of conservation au National Trust, Judith Kagan,Inspection des Monuments historiques, David Bomford, de la National Gallery de Londres, Hero Lotti,

    du Courtauld Institute, Georges Brunel, ancien directeur de lIFROA, Dr. Ursula Schdler-Saub, Facultde Hildesheim.

    10 MUOZ VIAS, S., Contemporary Theory of Conservation, Oxford, Elsevier, 2005, p. 100.

    11 The Columbia Guide to Standard American English. Voir aussi MORIN, C., SALLIO, P et KRETZ,Nouvelle tude de lisibilit typographique, Communication et langages, 54 (1982).

    12 CHALUMEAU, J-L., La lecture de lart, Paris, Klincksieck, 2008. Lauteur explore les diverseslectures iconologiques, formalistes, smiologiques, psychanalytiques, etc. et analyse les limites de lanotion de lecture, puis son influence sur lart contemporain. A loccasion il serait intressant de sedemander si la restauration nest pas ici influence par la posture artistique contemporaine, dans laquelleluvre est toute entire lire puisque lart [post-moderne] se constitue sur le modle dun texte :un discours sur lart part entire

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    13 MOHEN, J-P., Faut-il restaurer les oeuvres dart ?, dans Le Monde des Dbats, septembre 2000.

    14 BRANDI, C., Les deux voies de la critique (1966). Traduction et prsentation de Paul Philippot,Paris, Marc Vokar Editeur, 1989.

    15 Copie peinte sur une double planche de chne portant la marque des fabricants de panneaux de laguilde dAnvers.

    16 PFISTER, P., Faut-il restaurer la restauration ?, dans Nuances n26, 2001, p. 5.

    17 Voir larticle de Technn21, 2005, La lumire et la couleur. Les plerins dEmmas de Vronse,

    p. 46.18 Pour ltude complte, je me permets de renvoyer mon article : Changer Vronse. Les PlerinsdEmmas au Louvre, tude critique des choix de restauration en 1950 et en 2004, Nuances 38/39,2007, pp. 3-10.

    19 BRUNEL, G., Discours de clture du colloque Visibilit de la restauration, lisibilit de luvre,ARAAFU, 2002, p. 326.

    20 Matre de confrences lUniversit de Paris IV, conservateur du patrimoine, qui ft Inspecteur desMonuments Historiques, interroge par Janin Bechstedt en 2002.

    Pour citer cet article

    Rfrence lectronique

    Michel Favre-Flix, Ambiguts, erreurs et consquences : Rendre luvre lisible , CeROArt[En ligne], 3 | 2009, mis en ligne le 21 avril 2009. URL : http://ceroart.revues.org/index1140.html

    Michel Favre-Flix

    Peintre, Michel Favre-Flix, a rejoint en 1995 lAssociation pour le Respect de lIntgrit duPatrimoine Artistique (ARIPA) dont il est actuellement prsident.Travaillant sur lthique etsur lhistoire rcente de la restauration, notamment partir des archives des muses de France,il est en charge de la publication de la revue Nuances (numros parus disponibles en PDF surhttp://www.aripa.org/ ).

    Droits d'auteur

    Tous droits rservs

    Rsum / Abstract

    La restauration vise aujourdhui faciliter la lecture ou la comprhension des uvresquelle traite. Larticle met en question la notion de lisibilit applique aux peintures, et rcuselide quune uvre dart soit cre pour transmettre un message . Au processus de lalecture, il oppose celui de la perception et analyse les erreurs et les falsifications qui peuventrsulter de ces malentendus.

    Mots cls : restauration,dontologie,lisibilit,perception,message

    According to majors codes of ethic, the aim of restoration is to facilitate the reading or the understanding of the objects. The notion of legibility applied to paintings is questioned(and opposed to the notion of perception). The idea that a work of art is created to delivera message is criticized. These ambiguous terms appear to have misleading and falsifyingeffects on the restoration process and results.Keywords : restoration,readability,legibility,ethics,perception,message

    http://www.aripa.org/