faucher juste avant de pâturer

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énergie volaille légumes lait bovin-viande environnement observatoire Fauche de pré-pâturage, "topping", fauche-broute… Les dénominations sont nombreuses pour désigner cette technique qui consiste à maîtriser la montaison des graminées en fauchant les prairies juste avant de les faire pâturer par les vaches laitières. À la fin du printemps, quand les surfaces par vache et la pousse de l’herbe sont impor- tantes, il est parfois difficile de gérer l’épiai- son sur les surfaces accessibles au troupeau de vaches laitières. C’est encore plus vrai cette année où les conditions de démarrage du pâturage ont rendues difficiles la mise en place d’un gradient d’herbe dans les pâtures. De fin mai à fin juin, plusieurs éleveurs du groupe AEP bio/herbager du Finistère ont recours à la fauche avant pâturage, technique qu’ils ont vu mettre en œuvre avec succès au Roayume-Uni et en Nouvelle-Zélande. Le "topping", comment ça marche ? Afin de maîtriser les épis et de faire consom- mer des refus potentiels, il est possible une fois maximum dans la saison d’herbe (au moment de la montaison) de faucher l’herbe juste avant de la faire pâturer. La veille, le paddock correspondant au repas du lende- main est fauché. Après avoir légèrement séchée sur le champ, l’herbe est consom- mée directement par le troupeau de vaches laitières. "La consommation d’herbe par les animaux n’est pas affectée par la fauche. Au contraire, les animaux ne trient pas et ont même tendance à manger un peu plus, commentent les éleveurs du groupe. La pro- duction laitière est conforme à la qualité de l’herbe présente dans la parcelle. Ni plus, ni moins". Les éleveurs pratiquant le "fauche-broute" y trouvent de nombreux avantages. À une période cruciale de la gestion de l’herbe, "cela permet de repartir du bon pied". Il n’y aura ni épiaison, ni présence de refus, ni zone de surpâturage pour le cycle suivant. L’herbe est sectionnée de manière nette. Elle recommence tout de suite à pousser de manière homogène sur tout le paddock. "En étant puristes, cela permet de diminuer de quelques jours les intervalles de retour sur la parcelle et de gagner un peu de rende- ment", disent en souriant les éleveurs. Les adventices éventuelles – rumex et chardons – sont à cette période à un stade végétatif juste avant floraison où elles sont sensibles à la fauche. Ainsi, le "fauche-broute" peut également aider à maîtriser le salissement des prairies. Mécanisation basique Autre avantage de taille, il n’y a pas besoin de matériel sophistiqué, une faucheuse toute simple est suffisante. Les chantiers sont rapides et propres. Comme témoigne l’un des éleveurs du groupe AEP, "en fauchant avant les vaches et non après, le matériel n’est pas sali par les bouses. Le travail est plus agréable que de supprimer des refus avec un broyeur ou une tondeuse. On ne laisse pas une couche d’herbe non utilisable derrière nous qui risque de pénaliser la repousse du trèfle". Les éleveurs considèrent que ce n’est pas trop contraignant en terme de temps de travail. Il est possible de sauter une parcelle si elle n’en a pas besoin ou si le temps est à la pluie. Seul bémol, pendant près d’un mois, un tracteur est mobilisé par la faucheuse et bien entendu, ces interventions mécaniques ont un impact sur le coût de production de l’herbe. Les éleveurs utilisateurs vont remettre le couvert cette année. Sans le systématiser sur toutes les parcelles, le "topping" consti- tue un outil très intéressant et somme toute assez peu coûteux pour gérer les parcelles où la maîtrise de l’épiaison serait difficile en pâturage exclusif. *AEP : agriculture écologiquement performante. Faucher juste avant de pâturer herbivores Isabelle Pailler Conseillère spécialisée lait biologique Après la fauche et un léger temps de fanage, les vaches consomment l’herbe sans trier et sans zone de sur- pâturage. L’épiaison est maîtrisée. Terrena mise sur les associations de cultures La coopérative Terrena poursuit le dé- ploiement des associations de cultures, a-t-elle souligné le 15 mai, en accueil- lant un séminaire du projet de recherche européen ReMIX qui vise à généraliser cette pratique économe en intrants. "Chaque année plus de 1 000 ha de cultures associées sont mis en produc- tion par les agriculteurs adhérents de Terrena", selon un communiqué. L’am- bition est de "multiplier par cinq les sur- faces de cultures associées à horizon cinq ans". Terrena compte s’appuyer sur sa filiale Jouffray-Drillaud, dont le travail de recherche et de sélection a permis de développer un savoir-faire dans les mélanges de semences. La coopérative s’attache aussi à valoriser les associations de cultures en dévelop- pant de nouveaux débouchés comme les farines meunières ou les ingrédients du végétal, via ses filiales Terrena Meu- nerie et Inveja pour l’association lupin & triticale. Le projet ReMIX, financé par l’UE à hauteur de 5 M€, travaille depuis un an sur l’adaptabilité des associa- tions d’espèces à différents contextes pédoclimatiques, la production de nou- velles ressources génétiques, l’optimi- sation du réglage des machines agri- coles. Piloté par l’Inra, il rassemble 23 partenaires dont Terrena. / Agra Restrictions des néonicotinoïdes Dans des arrêts du 17 mai,le Tribunal de l’UE confirme la validité des res- trictions imposées depuis 2013 à trois insecticides néconicotinoïdes (clothia- nidine, thiaméthoxame et imidaclo- pride). Par contre il annule les mesures restreignant l’utilisation d’un autre insecticide, le fipronil, celles-ci ayant été imposées sans analyse préalable de leur impact. Néanmoins, l’interdic- tion d’utiliser des semences enrobées au fipronil est maintenue. Un recours avait été porté devant la justice euro- péenne par les entreprises Bayer, Syn- genta et BASF qui commercialisent ces molécules. Syngenta demandait même une indemnité de 367,9 M€. Les États membres ont depuis donné leur feu vert à un renforcement des restric- tions concernant les néonicotinoïdes. Bruxelles attendait cette décision des juges avant de publier définitivement ces nouvelles règles qui limiteront l’usage de ces substances aux seules cultures sous serre. en bref 41

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énergie volaille légumes lait bovin-viande environnement observatoire

25 mai 2018

25 mai 2018

Fauche de pré-pâturage, "topping", fauche-broute… Les dénominations sont nombreuses pour désigner cette technique qui consiste à maîtriser la montaison des graminées en fauchant les prairies juste avant de les faire pâturer par les vaches laitières.

À la fi n du printemps, quand les surfaces par vache et la pousse de l’herbe sont impor-tantes, il est parfois diffi cile de gérer l’épiai-son sur les surfaces accessibles au troupeau de vaches laitières. C’est encore plus vrai cette année où les conditions de démarrage du pâturage ont rendues diffi ciles la mise en place d’un gradient d’herbe dans les pâtures. De fi n mai à fi n juin, plusieurs éleveurs du groupe AEP bio/herbager du Finistère ont recours à la fauche avant pâturage, technique qu’ils ont vu mettre en œuvre avec succès au Roayume-Uni et en Nouvelle-Zélande.

Le "topping", comment ça marche ?Afi n de maîtriser les épis et de faire consom-mer des refus potentiels, il est possible une fois maximum dans la saison d’herbe (au moment de la montaison) de faucher l’herbe juste avant de la faire pâturer. La veille, le paddock correspondant au repas du lende-main est fauché. Après avoir légèrement séchée sur le champ, l’herbe est consom-mée directement par le troupeau de vaches laitières. "La consommation d’herbe par les animaux n’est pas affectée par la fauche. Au contraire, les animaux ne trient pas et ont même tendance à manger un peu plus, commentent les éleveurs du groupe. La pro-duction laitière est conforme à la qualité de l’herbe présente dans la parcelle. Ni plus, ni moins".Les éleveurs pratiquant le "fauche-broute" y trouvent de nombreux avantages. À une période cruciale de la gestion de l’herbe, "cela permet de repartir du bon pied". Il n’y aura ni épiaison, ni présence de refus, ni zone de surpâturage pour le cycle suivant.

L’herbe est sectionnée de manière nette. Elle recommence tout de suite à pousser de manière homogène sur tout le paddock. "En étant puristes, cela permet de diminuer de quelques jours les intervalles de retour sur la parcelle et de gagner un peu de rende-ment", disent en souriant les éleveurs. Les adventices éventuelles – rumex et chardons – sont à cette période à un stade végétatif juste avant fl oraison où elles sont sensibles à la fauche. Ainsi, le "fauche-broute" peut également aider à maîtriser le salissement des prairies.

Mécanisation basiqueAutre avantage de taille, il n’y a pas besoin de matériel sophistiqué, une faucheuse toute simple est suffisante. Les chantiers sont rapides et propres. Comme témoigne l’un des éleveurs du groupe AEP, "en fauchant avant les vaches et non après, le matériel n’est pas sali par les bouses. Le travail est plus agréable que de supprimer des refus avec un broyeur ou une tondeuse. On ne laisse pas une couche d’herbe non utilisable derrière nous qui risque de pénaliser la repousse du trèfl e". Les éleveurs considèrent que ce n’est pas trop contraignant en terme de temps de travail. Il est possible de sauter une parcelle si elle n’en a pas besoin ou si le temps est à la pluie. Seul bémol, pendant près d’un mois, un tracteur est mobilisé par la faucheuse et bien entendu, ces interventions mécaniques ont un impact sur le coût de production de l’herbe.Les éleveurs utilisateurs vont remettre le couvert cette année. Sans le systématiser sur toutes les parcelles, le "topping" consti-tue un outil très intéressant et somme toute assez peu coûteux pour gérer les parcelles où la maîtrise de l’épiaison serait diffi cile en pâturage exclusif.

*AEP : agriculture écologiquement performante.

Faucher juste avant de pâturer

énergie volaille légumes lait bovin-viande environnement observatoire herbivores

Isabelle PaillerConseillère spécialisée lait biologique

Après la fauche et un léger temps de fanage, les vaches consomment l’herbe sans trier et sans zone de sur-pâturage. L’épiaison est maîtrisée.

Terrena mise sur les associations de cultures La coopérative Terrena poursuit le dé-ploiement des associations de cultures, a-t-elle souligné le 15 mai, en accueil-lant un séminaire du projet de recherche européen ReMIX qui vise à généraliser cette pratique économe en intrants. "Chaque année plus de 1 000 ha de cultures associées sont mis en produc-tion par les agriculteurs adhérents de Terrena", selon un communiqué. L’am-bition est de "multiplier par cinq les sur-faces de cultures associées à horizon cinq ans". Terrena compte s’appuyer sur sa fi liale Jouffray-Drillaud, dont le travail de recherche et de sélection a permis de développer un savoir-faire dans les mélanges de semences. La coopérative s’attache aussi à valoriser les associations de cultures en dévelop-pant de nouveaux débouchés comme les farines meunières ou les ingrédients du végétal, via ses fi liales Terrena Meu-nerie et Inveja pour l’association lupin & triticale. Le projet ReMIX, fi nancé par l’UE à hauteur de 5 M€, travaille depuis un an sur l’adaptabilité des associa-tions d’espèces à différents contextes pédoclimatiques, la production de nou-velles ressources génétiques, l’optimi-sation du réglage des machines agri-coles. Piloté par l’Inra, il rassemble 23 partenaires dont Terrena. / Agra

Restrictions des néonicotinoïdesDans des arrêts du 17 mai,le Tribunal de l’UE confi rme la validité des res-trictions imposées depuis 2013 à trois insecticides néconicotinoïdes (clothia-nidine, thiaméthoxame et imidaclo-pride). Par contre il annule les mesures restreignant l’utilisation d’un autre insecticide, le fi pronil, celles-ci ayant été imposées sans analyse préalable de leur impact. Néanmoins, l’interdic-tion d’utiliser des semences enrobées au fi pronil est maintenue. Un recours avait été porté devant la justice euro-péenne par les entreprises Bayer, Syn-genta et BASF qui commercialisent ces molécules. Syngenta demandait même une indemnité de 367,9 M€. Les États membres ont depuis donné leur feu vert à un renforcement des restric-tions concernant les néonicotinoïdes. Bruxelles attendait cette décision des juges avant de publier défi nitivement ces nouvelles règles qui limiteront l’usage de ces substances aux seules cultures sous serre.

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