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Extrait de la publication

Tous droits de traduction, de reproduction et d'adaptationréservés pour tous pays, y compris la Russie.

@ 1958, Librairie Gallimard.

Au chameau et au bouc

au véhicule et au récipientLes deux seuls vainqueurs du Sahara.

C'est à eux que Th. Monod dédia son livre Méharées.Je dédie donc celui-ci

A la jeep et au Dakotaqui réveillèrent le Sahara de son long sommeilet bouleversèrent son existence.

Jean LARTÉGUY.

1

NOUVEL AN SUR UN FORAGE

Le mot Sahara vient de revêtir un sens magique. Le

plus grand désert du monde, le plus hostile et l'un desplus mal connus devient, même aux yeux des financiers,une sorte d'Eldorado. Les actions des compagnies que l'onsait intéressées aux gisements pétrolifères du Sahara ontfait en Bourse un bond ahurissant.

Sur cette mer de sable, en guise de caravelles, on a lancéles camions tout terrain des compagnies de géophysique.Dans le Grand Erg occidental se dressent des derricks, etles nomades aux tentes noires viennent puiser l'eau dansles réservoirs de ciment qui alimentent les sondes. LesU.S.A. nous soutiennent à l'O.N.U. dans l'affaire algé-

rienne, et après un instant de soulagement l'opinionpublique s'inquiète. Que vont demander, les Américainsen échange ?Le Sahara ? La politique financière de notregouvernement est à ce point catastrophique qu'elle nousoblige à faire sans cesse appel à l'aide étrangère. Toutaussitôt, certains journaux proclament « Nous allons


SAHARA, AN I

brader le Sahara », et le gouvernement français se voitobligé de publier un démenti catégorique.

Bourguiba réclame pour la Tunisie«une fenêtre»sur.le Sahara, une fenêtre qui pourrait bien être une ported'entrée. Quand Allal el Fassi, le leader marocain de

l'Istiqlal, parle du Sahara, ses yeux d'un bleu violent s'illu-minent de convoitise comme s'il croyait ce désert remplides trésors des Mille et Une Nuits. Il publie un hebdo-madaire Le Sahara marocain, et lance une « Armée de

Libération à la conquête de la Mauritanie ».Le pétrole coule à Edjelé et Hassi-Messaoud; il s'agirait

de réserves de naphte de plusieurs centaines de millionsde tonnes plus importantes peut-être que celles du Moyen-Orient. Le gaz s'échappe à Tilrhempt et Fort-Polignac.Ces accumulations de gaz fortement imprégnés sont bienplus importantes que celle de Lacq et tout laisse supposerqu'à Tilrhempt sous la couche de gaz se trouve unenappe de pétrole infiniment plus riche que celle d'Hassi-Messaoud.

Déjà sortent des usines les tubes de trente pouces dupremier pipe-line qui mènera le pétrole saharien jusqu'à lacôte de la Méditerranée. Des hélicoptères prospectent leHoggar à la recherche de l'uranium; on a trouvé le fer,le cuivre, et le tungstène en Mauritanie. Mais les bandesdu F.L.N. s'efforcent dans le Sud algérien de contrôlerla grande rocade saharienne, et des terroristes font sauter

la Centrale électrique de Laghouat. Les nomades chaambaqui nous aidèrent à conquérir le désert se laissent gagnerpar la rébellion et les Touareg des Ajjers, coupés en deuxpar notre repli du Fezzan, prêtent à nouveau l'oreille auxprêches des agitateurs senoussistes.

Pour sauvegarder le Sahara, le gouvernement français



crée, avec dix ans de retard, l'Organisation Commune desRégions Sahariennes (O.C.R.S.) ou nomme un ministredu Sahara; ou crée de toutes pièces un ministère des sables.Mais une partie du Sahara français, la Mauritanie, échappeà la compétence de cet organisme qui, avant même d'avoirune véritable existence, se transforme en une course à laprébende.

Au milieu de terribles convulsions, le Sahara vient de

se réveiller de son long sommeil. Ce réveil a été si brutalqu'on n'eut pas le temps de lui donner des frontières.

1957 sera l'an I de ce nouveau Sahara. Aussi ai-je tenu

à passer le premier jour de cette année parmi ceux-là mêmequi avaient réveillé le désert les hommes du pétrole.

Il avait neigé sur l'immense steppe grise et caillouteusequi s'étend au sud de Laghouat, et à HR 1 les sondeurs'avaient pu se battre à coups de boules de neige. Cela nes'était jamais vu dans le désert.

Les hommes du pétrole semblent vouloir refuser leSahara traditionnel des cartes postales avec ses chameaux,

ses palmeraies et ses danseuses; ils rebaptisent les ouedset les/puits par des lettres et des chiffres.

« HR I », abréviation de Hassi R'Mel, est le nom d'unsondage situé près du vieux bordj de Tilrhempt, à mi-chemin entre les deux oasis de,Laghouat et de Ghardaïa.A quelques kilomètres, s'installe une nouvelle équipe deprospecteurs, ce sera HR 2. La sonde, avec sa tour métal-lique de quarante mètres de haut, ses bacs à boue, sesmoteurs, soit près de deux mille tonnes de matériel, estvenue de Tindouf, un point perdu dans les sables du Saharaoccidental. Traînée par d'énormes tracteurs, elle a défoncéles pistes, arraché sur son passage les poteaux télégra-phiques les fellaghas ont attaqué ses gardiens et un

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contremaître a été tué. Mais la sonde est passée à traversdes dunes, là où jadis s'ensablaient les autochenilles de lapremière expédition Citroën.

Venant d'Alger, j'étais arrivé à HR I le matin du nouvelan dans un avion spécial affrété par la Compagnie Fran-çaise des Pétroles Algériens (C.F.P.A.) 1. Le Dakotaamenait des ouvriers, des vivres frais et deux ingénieursvenus faire un essai. On saurait demain s'il y avait dupétrole à HR I. Une pluie glacée mêlée de neige et unvent violent nous accueillirent sur le terrain détrempé. (LeSahara connaît dans cette région des écarts de températurequi varient de 6° à + 50°.)

HR I n'est qu'un campement perdu dans une immenseplaine, que domine le haut derrickd'acier de la sonde.Cette sonde ne cesse jamais de travailler. La nuit, à lalumière des projecteurs, avec sa plate-forme, sa tour métal-lique argentée, ses moteurs Diesel d'où s'échappe unefumée bleue, elle ressemble étrangement à un navire quise serait échoué sur un banc de sable et chercherait à

s'en arracher. Les moteurs sont lancés à plein régime, ilsgrondent, ils hurlent; des tuyaux s'entrechoquent, et l'aircomprimé fuse. Mais l'effort se révèle inutile, le bateau

n'arrive pas à s'arracher des sables; le régime des moteurstombe. Et cela recommence chaque fois qu'une tige devingt-sept mètres vient de s'enfoncer dans le sol.

En ce 1" janvier 1957, la sonde atteignait à HR I deuxmille deux cents mètres et, depuis quarante mètres, foraitdans des grès imprégnés de gaz de pétrole 2.

1. Le gisement de Tilrhempt appartient à la S.N.R.E.P.A.L. et laC.F.P.A. y travaille comme contracteur. De nombreux accords lient

d'ailleurs ces deux compagnies.2. Grès quartzites de l'Ordovicien.



Le campement se compose d'immenses roulottes. Cha-cune d'elles est divisée en un certain nombre de cabines

chauffées l'hiver, réfrigérées l'été; les cabinets de toilettesont dotés de prises pour le rasoir électrique et de miroirslumineux. L'une de ces roulottes sert de bar et de restau-

rant. A chaque repas j'ai vu servir des vivres frais quivenaient d'arriver par avion. Une autre roulotte est amé-nagée en cuisine, une autre en boulangerie. A HR I, dansle désert des Daïa si déshérité qu'aucun nomade ne l'habiteplus, on sert du pain frais tous les matins.

Dans la cabine où je fus logé, je trouvais épinglée surla porte cette petite note tapée à la machine « En casd'alerte, vous devez vous rendre avec votre arme et vos

munitions au point d'appui N° 2.sLe campement où vivaient soixante Européens était

entouré d'un réseau de fil de fer barbelé, puis d'une enceintede sacs de sable. De petits blockhaus d'acier défendaientla sonde, et les gardes de la compagnie, armés de fusilsde grande chasse à balles explosives, contrôlaient le pas-sage de tous les véhicules. Chaque ouvrier, chaque sondeur,était doté d'une arme; il lui était assigné une place dansle dispositif de défense.

HR I devait pouvoir tenir seul deux heures en casd'attaque, afin de permettre aux troupes basées à Ghardaïaou à Laghouat d'intervenir. Une forte bande rebelle, des-cendant des monts des Ouled Naïl, s'était déjà approchéejusqu'à quarante kilomètres des puits avant d'être détruitepar l'aviation. Mais ce que redoutaient les pétroliers, c'étaitle coup de commando soigneusement monté, les fellaghasqui s'emparent de deux ou trois camions de la compagnie,pénètrent par surprise dans le camp et incendient la sonde,très vulnérable avec ses réservoirs à mazout.


SAHARA, AN 1

Au Caire, Fehrat Abbas clame à tous les échos quele Sahara et son pétrole appartiennent à l'Algérie indé-pendante. Quelle meilleure façon pour le prouver que defaire flamber un puits ?

Les gardes du camp, ces nouveaux mercenaires dupétrole, sont recrutés parmi les anciens légionnaires. Ilssont nourris, logés, habillés de vestes de pompiers, abreuvésaussi, et ils reçoivent 87.000 francs par mois. Ils n'enreviennent pas. Après avoir risqué leur vie à travers lemonde pour des soldes de misère, ils découvrent le bonheurd'une vie de rentiers au fond du désert, avec tout le confortd'un grand hôtel. Aussi le ventre leur pousse et ils montentla garde en pantoufles, allongés dans une chaise longue.

Mais à minuit, quand la nouvelle année a commencé,1ces nouveaux bourgeois, sacrifiant à la vieille traditionlégionnaire, ont tiré une salve dans le ciel vide et glacé.Et ils se sont saoulés en parlant de l'Indochine, ce paradisperdu.

Dans le bar enfumé où quelques attardés du réveillons'efforçaient de terminer une dernière bouteille de cham-pagne, le chef de camp m'a parlé de la vie de ces richesprisonniers que sont les sondeurs.

Pendant trois semaines, les sondeurs feront tous les joursle même trajet de leur cellule confortable à la sonde; àpeine trois cents mètres. Ils coifferont le casque de tôle,ils mettront des vêtements de caoutchouc, ils enfileront

des gants épais et pendant huit heures, aspergés de boue,ils accrocheront des tubes les uns aux autres; ils surveille-

ront cette délicate et puissante machine qui coûte plusd'un demi-milliard. Puis, leur quart terminé, ils retourne-ront dormir ou s'ennuieront.

Ils n'ont pas le droit d'avoir la radio dans leurs chambres,



pour ne pas réveiller les équipes qui dorment. Aucunefemme ne peut venir les voir. C'est ce qui doit expliquertous ces murs tapissés de pin-up à demi dévêtues. Ils

attendent leur congé d'une semaine auquel ils ont droittous les mois. Un avion les prendra au puits et les amèneraà Alger, où un car les déposera chez eux. Un sondeurpeut gagner de 80 à 130.000 francs par mois avec la prime'de chaleur. Un maître sondeur 250.000 francs. Souvent sa

famille est logée. Si le maître-sondeur est un spécialiste,le sondeur lui-même n'est souvent qu'un manœuvre quel'on dégrossit sur le chantier. Malgré ces salaires et tousles avantages qui sont joints, malgré la nourriture prati-quement gratuite et les perspectives d'avenir qui sont

offertes aux ouvriers, les compagnies pétrolifères se plai-gnent toutes de manquer de personnel qualifié.

Il m'a suffi de monter sur le plancher de la sonde pourcomprendre combien ce métier était dur. En haut duderrick, à trente mètres, un sondeur fixe les tubes au

crochet. Une fausse manœuvre peut être mortelle. D'autressondeurs, en bas, les vissent aux tubes précédents. Chaquefois que l'on veut changer le trépan et en terrain duril faut parfois le faire tous les cinquante mètres (on amême vu des couronnes de diamants s'user en un mètre),on doit remonter les deux ou trois kilomètres de tubes,

puis les enfoncer à nouveau.

Et il y a la boue. Un courant de boue traverse sanscesse les tubes. Elle sert de lubrifiant, elle remonte les

déblais, elle maintient une pression constante qui empêcheles gaz ou le pétrole de s'échapper brusquement. Leshommes en sont couverts; elle imprègne leurs vêtementset leur barbouille le visage. L'hiver, elle est glacée et l'été,


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quand il fait au-dehors 45 ou 50°, près des diesels il enfait 60, et cette boue est chaude.

Les hommes du pétrole ont quelques traits communs.Ils sont solides, plutôt taciturnes; un mélange de réalismeet de romantisme. Ils ont choisi ce dur métier parce qu'illeur rapporte de l'argent. Aussi ne font-ils aucun sentimentet si une compagnie leur offre un salaire supérieur à cellepour laquelle ils travaillent, ils iront chez elle. Or, lescompagnies se font la guerre pour se procurer du per-sonnel qualifié et les salaires augmentent tous les mois.Les sondeurs aiment cette vie d'efforts et de solitude, ce

dur combat contre le climat. Et quand ils sont de retourà Alger il ne leur déplaît pas de jouer aux héros de cinéma.

Cette nuit-là, il y eut des pertes de boue à HR I; lasonde traversait une poche et il fallut couler du cimentpour consolider les parois du forage. Puis la sonde futbloquée, et on ne pouvait plus la retirer. Un sondage n'estqu'une longue suite d'ennuis de ce genre. L'essai ne putavoir lieu.

Le gaz, cependant, avait déjà jailli d'HR I avec un telcoefficient d'humidité qu'en utilisant un séparateur defortune il avait été possible d'en extraire de l'essencepresque pure et de faire rouler les jeeps du campement.

Un forage en plein désert, comme celui d'HR I, coûtede 400 à 500 millions. Il faut transporter les 1.200 tonnesde matériel nécessaire, tracer des pistes qui souvent n'exis-tent pas, créer un aérodrome, prévoir un système dedéfense.

Visage du nouveau Sahara en ce premier jour del'an 1957 Mais tandis que les moteurs Diesel de la sondegrondaient, puis se taisaient, puis grondaient à nouveau,je me souvenais d'un autre Sahara, celui des képis bleus,


Djanet vue du poste.

Une petite sondeuse des géophysiciens.Extrait de la publication


de Laperrine, de Foucauld, celui des Sanhajja, les hommesvoilés qui s'en allèrent jusqu'à Grenade. Sur les anciennescartes le Sahara portait alors le nom de Libye intérieure;il était parsemé de pâturages et de points d'eau; il ignoraitle chameau. Les légionnaires de Cornelius Balbus, bardésde fer, la pique sur l'épaule, tentèrent de le traverser. Lesuffète Hannon visita ses côtes; Hérodote parla dans seslivres de cette contrée mystérieuse que parcouraient lesGaramantes sur leurs chars de guerre.

Les anciens appelaient Libye tout ce qui se trouvaitau sud de l'étroite bande de terre qui longeait la Méditer-ranée et sur laquelle s'étaient installés tour à tour Cartha-ginois, Romains et Byzantins.

La Libye continuait jusqu'au Tropique du Cancer, oùcommençait alors l'Ethiopie, le pays des hommes noirs.

Nous trouvons cette division et ces deux noms sur les

cartes de Ptolémée, au n° siècle.

Ce n'est qu'après la conquête arabe qu'apparaît le mot« Sah'ra ». Ibn Abd el Hakam, un Egyptien du ix° siècle,

l'utilise pour désigner le désert de Tripolitaine. On leretrouve aux xie et xif siècles chez les géographes arabes,El Bekri et Idrisi. Mais cette fois il s'applique au payslimité au nord par l'Atlas Saharien, au sud par le Soudan,à l'est par le Fezzan, à l'ouest par le pays des Sanhajja,des hommes voilés de Mauritanie.

Le mot Sahara, chez les poètes arabes, préislamiques,est une épithète qui s'applique à «toute étendue de solde couleur fauve dépourvue de végétation. »

Au xvi' siècle, Léon l'Africain appelle Sahara les régionsbaptisées «Libye intérieure»sur les cartes de Ptolémée.

1. CAPOT-REY Le Sahara français, Presses Universitaires, éd.


SAHARA, AN 1

Le mot englobe bientôt tous les territoires désertiques quivont de l'Atlantique à la mer Rouge.

Pour le nomade saharien, le Chaambi en particulier,le Sahara est l'endroit où il n'y a rien. L'oasis, le puits,le pâturage tout cela n'est point le Sahara. Le Sahara,c'est « El Khélal », le désert, le vide absolu.

Le désert étant un phénomène géographique dû au des-sèchement des sols, on chercha donc à donner au Saharades limites basées sur la pluviométrie. Cela faisait passerla limite du Sahara au nord entre Djelfa et Laghouat, etau sud à Gao.

Mais cette limite avait une valeur toute relative, l'ariditéd'un sol n'étant pas tellement fonction de la quantité de'pluie qu'il reçoit que de la manière dont il s'en nourrit,autrement dit du facteur d'évaporation.

On se rangea bientôt à un autre critère, moins technique,mais qui tenait compte à la fois du paysage, du climat,du terrain et du mode de vie de ses habitants. On pritpour frontière nord du Sahara celle où poussait le palmier-dattier et où mûrissait la datte approximativement, l'Anti-Atlas. Au sud, ce fut le cram-cram qui servit de borne-frontière. Le cram-cram (Cenchrus biflorus), est une plantevivace aux graines piquantes. Il apparaît là où finit le« pâturage» saharien, si l'on peut employer un tel motpour désigner les quelques buissons clairsemés de « had»qui le constituent.

Ces frontières logiques ne tenaient pas compte de l'illo-gisme des hommes. Les limites nationales du Maroc, dela Tunisie, mordent largement sur ce Sahara, qui se pour-suit par ailleurs en Tripolitaine. Or, seul le Sahara françaisnous intéresse dans cet ouvrage.

Mélangeant quelque peu géographie et politique, le pal-



mier-dattier, le cram-cram et les traités, nous prendronscomme limite nord du Sahara, en allant d'ouest en est à

partir de l'Atlantique, l'oued Dra.J'ai survolé récemment cette région avec un vieux Junker

poussif, aux ailes mangées de rouille. Il ne peut exister detracé plus net, plus logique. L'oued Dra forme une largevallée aux contours très nets, parce que longée par lescrêtes régulières du Djebel Tazourt. De l'autre côté du litde l'oued, commence le grand désert fauve des Maures.

Avant de donner au Maroc son indépendance, nousavons omis de fixer cette frontière. Cet oubli nous a créé

beaucoup d'ennuis et risque fort de nous en causer deplus graves s'il n'est point réparé. Nous reviendrons plustard sur ce sujet.

A partir de Figuig, la frontière va suivre successivementles monts du Ksour, du Djebel Amour et des Ouled Naïl,ceux de l'Aurès et des Nementchas, passant par Laghouatet Biskra.

Si nous poursuivions le tracé que nous' donne la culturedu palmier-dattier, nous aboutirionsGabès par Gafsa,mais la frontière tunisienne nous arrête à la hauteur de

Chebika.

Jusqu'à Rhadamès, la frontière de Tunisie n'a pas encoreété contestée comme limite est du Sahara français. A Rha-damès, commence la frontière avec la Tripolitaine. Sontracé est des plus vagues, et dans la région de Rhat ellereste encore à établir. Des négociations sont en cours. Elles

aboutiront à un accord, ce qui n'arrangera rien, car jamaisun accord n'est définitif pour les Orientaux; ce n'est qu'unebase de départ pour une nouvelle négociation.

Tout est semblable, de part et d'autre de cette délimi-tation. Le paysage des étendues grises ou blondes que

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