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Extrait de la publication
Les Éditions du Boréal4447, rue Saint-Denis
Montréal (Québec) H2J 2L2
www.editionsboreal.qc.ca
L E S O L E I L D E S G O U F F R E S
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DU MÊME AUTEUR
La Rage, roman, Québec/Amérique, 1989. Prix du Gouverneurgénéral 1989.
Ces spectres agités, roman, XYZ éditeur, 1991.
Cowboy, roman, XYZ éditeur, 1992.
Betsi Larousse ou l’ineffable eccéité de la loutre, roman, XYZéditeur, 1994.
Les Étranges et Édifiantes Aventures d’un oniromane, feuilleton,L’Instant Même, 1994.
Louis Hamelin
LE SOLEIL DES GOUFFRES
roman
Boréal
Les Éditions du Boréal sont inscrites au Programme de subvention globale du Conseil des Arts du Canada et reçoivent l’appui de la SODEC.
Conception graphique : Gianni Caccia
© 1996. Les Éditions du BoréalDépôt légal : 4e trimestre 1996
Bibliothèque nationale du Québec
Diffusion au Canada : DimediaDiffusion et distribution en Europe : Les Éditions du Seuil
Données de catalogage avant publication (Canada)
Hamelin, Louis, 1959-
Le Soleil des gouffres
isbn 2-89052-792-1
I. Titre.
ps8565.a487s64 1996 c843,.54 c96-941144-8
ps9565.a487s64 1996
pq3919.2.h35s64 1996
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L’auteur remercie le Conseil des Arts duCanada pour l’appui financier accordé à ceprojet.
Merci à Hélène Girard sans les commen-taires acérés de qui ce livre ne serait pas cequ’il est.
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Je dédie ce livre à ma mère, à cause de ceque nous savons.
Et aussi à Tweetie Bird et au Beaver.
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Notre Seigneur me fit le messager du nou-veau ciel et de la nouvelle terre dont il parlapar la plume de saint Jean en l’Apocalypseaprès l’avoir fait par la bouche d’Isaïe, et ilme montra où ils étaient.
CHRISTOPHE COLOMB,Lettre à la nourrice du prince
don Juan de Castille.
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Un animal homme a inventé l’homme.Et cet homme inventé a inventé à son tour la pensée, la société, les
religions et les sciences. Cet homme inventé a inventé l’argent et lelangage, et le chef-d’œuvre de la pensée, qui s’appelle humanisme etqui est la pensée de l’homme destinée à servir l’homme. L’hommehumaniste a ensuite inventé la bonne volonté et les grands hôtels.Mais dès avant l’apparition de cet homme humaniste, l’homme avaitinventé les armes et la musique, la solitude et les images, le temps etses calendriers.
Et ainsi, en avril de l’an 1983, dans un grand hôtel du centre-villede Montréal, eut lieu le premier Festival de la Bonne Volonté.
L’inscription se fit à huit heures trente. À neuf heures, M. AlfredBélair, psychologue, administrateur et conseiller en management,effectua une courte présentation des objectifs de la rencontre, avant deprésider à un alignement de groupe sur le thème de la Bonne Vo-lonté. À neuf heures trente, M. René Bonbœuf, éducateur, philosophe,écrivain et économiste, donna une conférence sur « L’intégration de lapersonnalité par la méditation » et proposa une série d’exercicesappropriés. À dix heures quinze, l’on eut droit à une période de ques-tions, suivie à dix heures quarante d’une pause. À onze heures,M. Marcel Corbeau, directeur du Centre de Méditation Siddhartique,professeur d’informatique et disciple du maître yogi Yamal Râjde-dahn, récita sa conférence sur « Le pouvoir de transformation del’amour », accompagnée de chants inspirés du Sublimissime et d’une
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séance de méditation. Onze heures quinze : période de questions.Midi quinze : repas.
À quatorze heures, M. Harold Baudet, directeur adjoint de laBanque Commerciale, président honoraire du Regroupement Canadienpour la Fraternité des Nations et ancien consul du Canada à Oaxaca,psalmodia sa conférence sur « La Bonne Volonté et le rôle des États-Frères dans l’établissement de la Paix Mondiale ». À quatorze heuresquarante cinq l’on se ménagea une période de questions, et à quinzeheures dix l’on s’accorda une pause. À quinze heures trente, Mme Flo-riange Grandbois, homéopathe, harpiste et spécialiste de l’alimentationlacto-végétarienne, balbutia sa conférence sur « Le principe de synthèseen action » et proposa des exercices appropriés. À seize heures vingt-cinq,l’on se tapa une période de questions et, à seize heures quarante, l’on separtagea en petits groupes de discussion. À dix-sept heures dix, le groupejaponais Tagada Shimboum offrit un concert de musique relaxante.
L’événement, il convient de le noter, fut parrainé par les orga-nismes suivants :
Association Nationale de la Bonne Volonté ;Centre Canadien d’Épanouissement Intégral ;Université du Verseau ;Centre de Parapsychologie Syncrétique (chapitre de Sherbrooke) ;Organisation Mondiale de la Pensée ;Centre Local d’Initiative Planétaire ;Fraternité Rosicrucienne de Rouyn-Noranda ;Ordre de la Rénovation Morale et Spirituelle de l’Occident ; etc.
Le coût de l’inscription était de douze dollars si on faisait parve-nir son chèque avant le 1er avril à l’adresse indiquée. Il grimpait àquinze dollars après cette date.
Le 18 juillet de l’année suivante, un homme appelé James OliverHuberty entra dans un restaurant McDonald’s de San Isidro, en Cali-fornie, armé d’un fusil d’assaut semi-automatique Uzi, d’un fusil dechasse de calibre 12 à pompe, marque Winchester, et d’un pistolet
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Browning de neuf millimètres passé à sa ceinture. Il s’était aussi munid’un sac de toile rempli à craquer de cartouches. Dans les minutes quisuivirent, il descendit vingt et une personnes, hommes, femmes etenfants, ce qui reste le record à battre pour un tireur isolé aux États-Unis. L’enquête démontra que James Oliver Huberty se considéraitcomme un survivaliste : il était convaincu que la seule façon de passerà travers l’inévitable holocauste promis par les technocrates était decommencer à stocker des armes et des provisions avec sa famille et des’entraîner à prévoir le pire. À sa femme, au cours d’une visite au zoo,il déclara que la société avait eu sa chance. Elle l’avait surnomméSnake, à cause de sa maigreur, et lui, il avait surnommé sa femmePorky.
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LA TERRE
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Ils tournent en rond, à toute vitesse. Virevoltent, s’évitent dejustesse, s’élancent dans toutes les directions, de tous les côtés à lafois. Reviennent sur leurs traces et se remettent à zigzaguer sansmodifier leur allure, saisis d’une frénésie de surplace. Ils dessinentdes spirales affolées qui entrecroisent leurs tracés dans un vertige,une agitation de poussière vivante. Le réseau compliqué des sillagesaccroche des reflets qui s’irisent, virent à l’incandescence. On di-rait une tempête magnétique. Les électrons d’un perpétuel court-circuit. Une séance houleuse aux Nations Unies. Les spermato-zoïdes qui frappent à la porte.
Elle les appelle whirligigs beetles en anglais. Des insectes aqua-tiques. Quand elle prononce leur nom, sa voix musicale me donneenvie de le prononcer aussi. Je pousse sur les avirons et propulse lachaloupe en direction du prochain piège. Elle se tient à la proue,perdue dans ses amples cuissardes. Je lui tourne le dos. L’éclat dusoleil est presque insoutenable sur le lac qui miroite autour denous.
Dans le piège suivant, nous ne trouvons ni copépode ni amphi-pode, ni aucun de nos amis lacustres. Il n’y a qu’un vieux condomgluant qui nage entre deux eaux et que Myrrha attrape entre lepouce et l’index. Il se décolle de la surface avec un bruit flasque, etelle le tient un instant à la hauteur de ses yeux. La grosse limacependouille lamentablement entre ses doigts. Elle perd son jus àgrosses gouttes par son extrémité percée. Myrrha finit par lâcher lachose qui rend un son plein en s’écrasant. Ça surnage un peu avantde s’enfoncer.
J’appuie de nouveau sur les avirons. Un héron s’extirpe avecdifficulté de la vase bleuâtre où il vient d’inscrire la trace de seslongs doigts recourbés. Le martin-pêcheur éclate de rire pendantque j’oriente la proue de la chaloupe vers la rive. Myrrha, rouge desoleil, disparaît presque à l’intérieur de ses grandes bottes decaoutchouc.
* * *
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Moi, c’est François Ladouceur.Hier, j’ai encore filé à l’anglaise.Ça me prend comme ça, sans prévenir.Arianne venait de nous présenter le Sauvage.Elle l’a rencontré au Festival de la Bonne Volonté. Après, ils ont
joué au soccer ensemble. Elle a été séduite par son jeu de pieds. Sonvrai nom, c’est Rafael. Il porte un petit chapeau rond comme lesIndiens du Pérou. Mais lui est né au Mexique. Quand il m’a tendula main, j’ai tout de suite songé que j’avais dû le rencontrer quelquepart. Ensuite, j’ai eu du mal à me concentrer sur la conversation.
Myrrha racontait que la tigresse de Sibérie lape la neige et s’ar-rache des lambeaux de chair pour en nourrir ses petits. Arianne arépliqué avec l’araignée qui, pour calmer les envies cannibales deses rejetons, se laisse peu à peu bouffer par eux. Les bébés com-mencent par grignoter les pattes une à une, jusqu’au bout. Puis ilslaissent faisander un peu le moignon tout rond avant de s’y atta-quer. Pour ne pas être en reste, Bernard parle de ce crapaud del’Arizona qui ne sort que lors de l’unique journée de pluie annuellepour se diriger vers la mare la plus proche et y copuler frénétique-ment avec tout ce qui bouge. Puis il nous ramène sa lubie préférée :le chat de Schrödinger.
— Le sort du chat, enfermé dans une boîte noire, est lié à unévénement aléatoire : la décomposition d’un atome radioactif. Laphysique quantique décrit le phénomène au moyen d’une courbe deprobabilités. À moins d’ouvrir la boîte noire, il n’existe aucun moyende savoir si le chat est mort ou vivant. Pour la physique quantique, lechat ne commence donc à exister qu’à partir du moment où onouvre la boîte. C’est-à-dire : quand il devient observable.
Seuls le Sauvage et moi ne disions rien. Nous étions occupés ànous étudier. Puis, tout à coup, il a éclaté d’un rire qui nous a toussciés en deux. Et il a dit d’une voix tranquille, en regardant droitdevant lui :
— Je pensais à ce chat. Il y a un autre moyen de savoir s’il estmort ou pas. C’est de lui tordre le cou soi-même.
La plaisanterie tombait à plat. Il avait baissé les yeux et exami-
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TABLE DES MATIÈRES
La terre 17
Le désert 141
Tollan 239
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Emmanuel Aquin
Désincarnations
Icare
Incarnations
Réincarnations
Denys Arcand
Le Déclin de l’empire américain
Jésus de Montréal
Gilles Archambault
À voix basse
Les Choses d’un jour
Enfances lointaines
L’Obsédante Obèse et autres
agressions
Le Tendre Matin
Tu ne me dis jamais que je suis belle
Un après-midi de septembre
Un homme plein d’enfance
Jean Barbe, Les Soupers de fêtes
Manon Barbeau, Merlyne
Denis Bélanger, Les Jardins de Méru
Julien Bigras, Ma vie, ma folie
Lise Bissonnette
Choses crues
Marie suivait l’été
Neil Bissoondath, À l’aube de
lendemains précaires
Marie-Claire Blais
Soifs
Une saison dans la vie d’Emmanuel
Claude R. Blouin, Petite Géométrie du
cœur
Jean-Pierre Boucher, La vie n’est pas
une sinécure
Réjane Bougé
L’Amour cannibale
La Voix de la sirène
Jacques Brault, Agonie
Ralph Burdman, Tête-à-tête
Louis Caron
Le Canard de bois. Les Fils de
la liberté I
La Corne de brume. Les Fils de
la liberté II
Le Coup de poing. Les Fils de
la liberté III
Racontages
Claude Charron, Probablement
l’Espagne
Carole Corbeil, Voix off
Esther Croft
Au commencement était le froid
La Mémoire à deux faces
Francine D’Amour
Écrire comme un chat
Presque rien
Lyse Desroches, La Vie privée
Paule Doyon, Le Bout du monde
Louisette Dussault, Môman
Joseph Jean Rolland Dubé, Gloire
Gloria Escomel
Les Eaux de la mémoire
Pièges
AUTRES TITRES AU CATALOGUE
Extrait de la publication
Madeleine Ferron
Adrienne
Le Grand Théâtre
Un singulier amour
Timothy Findley, Chasseur de têtes
Gilberto Flores Patiño, Esteban
Roger Fournier, Chair Satan
Lise Gauvin, Fugitives
Michel Goeldlin, Juliette crucifiée
François Gravel
Benito
Bonheur fou
L’Effet Summerhill
La Note de passage
Hans-Jürgen Greif, Berbera
Louis Hémon, Maria Chapdelaine
Patricia Highsmith, Une créature
de rêve
David Homel, Orages électriques
Michael Ignatieff, L’Album russe
Suzanne Jacob
Les Aventures de Pomme Douly
L’Obéissance
A. M. Klein, Le Second Rouleau
Marie Laberge
Annabelle
Juillet
Le Poids des ombres
Quelques Adieux
Micheline La France, Le Talent
d’Achille
Monique LaRue, La Démarche
du crabe
Robert Lalonde
Le Fou du père
Où vont les sizerins flammés en été ?
Raymonde Lamothe, N’eût été
cet été nu
Monique Larouche-Thibault
Amorosa
Quelle douleur !
Mona Latif Ghattas
Le Double Conte de l’exil
Les Voix du jour et de la nuit
Nicole Lavigne, Un train pour
Vancouver
Hélène Le Beau
Adieu Agnès
La Chute du corps
Rachel Leclerc, Noces de sable
Louis Lefebvre, Guanahani
Michèle Mailhot
Béatrice vue d’en bas
Le Passé composé
André Major
Histoires de déserteurs
La Vie provisoire
Alberto Manguel, La Porte d’ivoire
Gilles Marcotte, La Vie réelle
Yann Martel, Paul en Finlande
Eric McCormack, Le Motel Paradise
Guy Ménard, Jamädhlavie
Marco Micone, Le Figuier enchanté
Hélène Monette, Unless
Pierre Nepveu
Des mondes peu habités
L’Hiver de Mira Christophe
Michael Ondaatje, Le Blues de Buddy
Bolden
Fernand Ouellette, Lucie ou un midi
en novembre
Nathalie Petrowski
Il restera toujours le Nebraska
Maman last call
Raymond Plante
Avec l’été
Un singe m’a parlé de toi
Daniel Poliquin, L’Écureuil noir
Jean-Marie Poupart
L’Accident du rang Saint-Roch
Beaux Draps
Bon à tirer
La Semaine du contrat
Antoine Prévost, De Saint-Denys
Garneau, l’enfant piégé
André Pronovost, Appalaches
Monique Proulx
Les Aurores montréales
Homme invisible à la fenêtre
Bruno Ramirez et Paul Tana,
La Sarrasine
Yvon Rivard
Le Milieu du jour
Les Silences du corbeau
Heather Robertson, L’homme qui
se croyait aimé
Alain Roy, Quoi mettre dans
sa valise ?
Gabrielle Roy, De quoi t’ennuies-tu,
Éveline ? suivi de Ély ! Ély ! Ély !
Joseph Rudel-Tessier, Roquelune
Jacques Savoie
Les Portes tournantes
Le Récif du Prince
Une histoire de cœur
Éric Simon, L’Amoureux
cosmique
Christiane Teasdale, À propos
de l’amour
Marie José Thériault
Les Demoiselles de Numidie
L’Envoleur de chevaux
Carole Tremblay, Musique dans
le sang
Dalton Trumbo, Johnny s’en
va-t-en guerre
Pierre Turgeon, Le Bateau d’Hitler
Serge Viau, Baie des Anges
Robert Walshe, L’Œuvre du Gallois
Claude-Emmanuelle Yance, Alchimie
de la douleur
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MISE EN PAGES ET TYPOGRAPHIE :LES ÉDITIONS DU BORÉAL
CE DEUXIÈME TIRAGE A ÉTÉ ACHEVÉ D,IMPRIMER
EN JANVIER 1997 SUR LES PRESSES DE L,IMPRIMERIE GAGNÉ,À LOUISEVILLE (QUÉBEC).
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