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BULLETIN DE JUIN 1957SUPPLÉMENT A LA N. R. F.

DU I" JUIN 1957

N° 54

PUBLICATIONS DU 15 AVRILAU 15 MAI1957

(Renseignements bibliographiques.)

On trouvera ici tous les renseignements bibliographiques sur les ouvrages effec-tivement parus du 15 avril au 15 mai 1957.

ENCYCLOPÉDIE DE LA PLÉIADEsous la direction de RAYMOND QUENEAU.

HISTOIRE UNIVERSELLE

Tome II.

DE L'ISLAM A LA RÉFORME

Préface d'ÉMILE G. LÉONARD.

Publié sous la direction de René Grousset d'abord, puis, après la mort de celui-ci,d'Émile G. Léonard, et préfacé par ce dernier, le Tome Il de l'Histoire Universelleest, comme tous les autres volumes de l'Encyclopédie, destiné à servir égalementd'ouvrage de références. Chaque chapitre est donc accompagné d'une bibliographiesuccincte, pour guider les lectures complémentaires.

Une première partie est consacrée à l'EXPANSION ARABE L'Arabie préisla-mique, par Maxime Rodinson, L'Islam, par Gaston Wiet, de l'Institut, Byzance, parRodolphe Guilland, Les Arabes en Occident, par Émilienne Demougeot, Lo PéninsuleIbérique, par Marcelle Defourneaux. Sous le titre l'ORBE DU SAINT-EMPIREsont étudiés L'Empire franc d'Occident, L'Italie et la Papauté. par Émile G. Léonard,et Le Monde Germanique, par Robert Folz. La troisième partie est consacrée à laFRANCE, des Capétiens aux premiers Valois, par Robert Fawtier, de l'Institut,et E. G. Léonard. La VAGUE NORDIQUE comprend le Monde Scandinave. parLucien Musset, le Monde Slave, par Alfred Fichelle, et les lies Britanniques, parRobert Fawtier. L'INDE et l'EXTRÊME-ORIENT sont l'œuvre de A. W. Macdonald

et Mlle Petit, sous la direction de Paul Lévy. Enfin l'AMÉRIQUE PRÉCOLOM-BIENNE est due à Jacques Soustelle.

L'ouvrage est complété par des tableaux chronologiques relatifs à chaque cha-pitre, un tableau synchronique des différentes civilisations, un index des nomsde personnes, un index géographique, une table des cartes, enfin une table ana-lytique détaillée de chaque chapitre.

Un volume in-16double couronne de 2.076 pages. Reliure pleine peau, fers orspéciaux pour la Collection. Couvre-livre illustré en 2 couleurs « à la coquille»et jaquette en matière plastique transparente sous emboîtage. 3.900 fr.

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BULLETIN DE JUIN 1957

POÉSIE

LUBIN Armen Les Hautes Terrasses. 96 p., in-16 doublecouronne. Collection blanche. 300 fr.

20 ex. num. pur fil Lafuma Navarre 950 fr.

MALLET Robert Lapidé lapidaire. 64 p., in-16double cou-ronne. Collection blanche. 190 fr.

5 ex. num. hollande. 1.300 fr. (épuisé)40 ex. pur fil Lafuma Navarre 650 fr.

ROMANS

AREGA Léon. Pseudonymes. 252 p., in-16 double couronne.Collection blanche. 590 fr.

27 ex. num. pur fil Lafuma Navarre 1.800 fr.

CATHALA Sophie. Meurtre d'un Serin. 192 p., in-16 doublecouronne. Collection blanche 450 fr.

20 ex. num. pur fil Lafuma Navarre1.800 fr.

MARGERIT Robert. Les Amants. 268 p., in-16 double couronne.Collection blanche 590 fr.

20 ex. num. pur fil Lafuma Na-varre. 2.400 fr. (épuisé)

STÉPHANE Nelly. Les Chercheurs. 336 p., in:8° soleil. Collec-tion blanche 850 fr.20 ex. pur fil Lafuma Navarre 3.000 fr.

THÉRON Germaine Le Secret Merveilleux. Préface d'Henry deMontherlant. 256 p., in-16 double couronneCollection blanche 550 fr.

20 ex. num. pur fil Lafuma Navarre 2.000 fr.

TRADUCTIONS

FORESTER C. S. Bergers sur la Mer. Traduit de l'anglais parMaurice Beerblock. 320 p. in-8° soleil,sous couverture illustrée en 3 couleurs.

Hors-série 750 fr.

LASZLO Andras. Le Muchacho. Traduit de l'espagnol par J.-F.Reille et illustré par Eduardo Vicente.112 p., format 16 x 22, 24 gravures ensimili 2 couleurs, couverture illustrée en

4 couleurs, laquée et rempliée 550 fr.

ESSAIS

BEAUVOIR Simone de La longuef Marche (Essai sur la Chine). 492 p.in-8° soleil sous couverture illustrée en

3 couleurs. Horssérie1.000 fr.

50 ex. num. pur fil Lafuma Na-varre 4.000 fr. (épuisé)

ROY Jules ^L'Homme à l'Épée. 256 p., in-16 double cou-ronne. Collection blanche 590 fr.

60 ex. num. pur fil Lafuma Navarre 1.800 fr.

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B U LLE T 1 N DE JUIN 1957

PHILOSOPHIE

· TRADUCTIONS

HEIDEGGER Martin Qu'est-ce que la Philosophie? Traduit del'allemand par Kostas Axelos et JeanBeaufret. 56 p., in-166 Jésus. Collectionblanche 190 fr.

MÉMOIRES

DUMAS Alexandre Mes Mémoires. Tome II. -Texte présenté etannoté par Pierre Josserand. 480 p.,in-8° carré. Collection « Mémoires du Passé

pour servir au Temps présent » 950 fr.

BERNTSEN Christian et

SOULAT Robert Un Viking chez les Bédouins. 288 p., in-8°soleil, couverture en 3 couleurs. Hors série. 700 fr.

LYE Trigve Au Service de la Paix. Traduit de l'anglais parMathilde Camhi. 552 p., in-8° carré. Collec-tion « Mémoires du Temps présent».1.650 fr.

DOCUMENTS

MIKES George La Révolution Hongroise. Traduit de l'anglaispar GilberteSollacaro. 304p., in-8°soleil, 16planches hors texte. Couverture en 3couleurs. Horssérie. 750 fr.

«AUX FRONTIÈRES DE LA SCIENCE »Collection dirigée par MARCELLE DE JCUVENEL et RÉMY CHAUVIN

GODEL Roger Vie et Rénovation (De la Biologieàla Méde-cine versla Connaissance de soi). 352 p., in-8°soleil. 980 fr.

ALBUMS

LASZLO Andras. Le Muchacho,Traduit de l'espagnol par J.-F.ReilleetillustréparEduardoVicente, 12p.format 16 x 22, 24 gravures en simili 2 cou-leurs couverture illustrée en 4 couleurs,

laquée et rempliée 550 fr.

SÉRIE NOIRE

DRAKE Arnold. Un Fil à la gorge. Traduit de l'américain parBruno Martin.

BRETT Martin Un Bouquet de chardons. Traduit de l'améri-cain par F. M. Watkins.

MACPARTLAND John La Pente savonneuse. Traduit de l'américainpar J.-P. Saro et M. Flury.

GANT Jonathan La Fringale. Traduit de l'américain par J.Hérisson.

McBAIN Ed Le Sonneur. Traduit de l'américain par JeanRosenthal.

Chacun de ces cinq volumes, nos 366 à370. 220 fr.

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BULLETIN DE JUIN 1957

BIBLIOTHÈQUE DE LA PLÉIADEPUBLICATIONS MAI 1956 DÉCEMBRE 1957

LA BIBLE

L'ANCIEN TESTAMENT. Tome I Genèse. Exode. Lévitique.• Nombres. Deutéronome. Josué.

Juges. Samuel. Rois. Chro-niques. Esdras. Néhémie.Maccabées. 2.950 fr.

XVII» SIÈCLE

Mme DE SÉVIGNÉ. Lettres, tome III et dernier. Pour paraître en juin

XVIII» SIÈCLE

SAINT-SIMON Mémoires, tome VI. Pour paraître en novembreVOLTAIRE Œuvres historiques Remarques sur

l'Histoire. Nouvelles considéra-

tions sur l'Histoire. Histoire de

Charles XII. Le Siècle de Louis XIV,etc. Pour paraître en décembre

XIXe SIÈCLE

BENJAMIN CONSTANT Œuvres: Écrits autobiographiques.Littérature. Discours. Discours

parlementaires.-Sur la Religion. 2.950 fr.

DICKENS Dossier de la Maison Dombey et Fils.Temps difficiles 2.700 fr.

DOSTOIEVSKI L'Adolescent. Les Nuits blanches.

Le Sous-Sol. Le Joueur. L'ÉternelMari 2.400 fr.

GÉRARD DE NERVAL Œuvres, Il Voyage en Orient.-Lorely.Notes de Voyage. Les Illuminés. 2.700 fr.

XXe SIÈCLE

GUILLAUME APOLLINAIRE. Œuvres poétiques 3.200 fr.

PAUL CLAUDEL. Œuvre poétique. Pour paraître en juinVALERY LARBAUD. Œuvres Pour paraître en septembreCHARLES PÉGUY Œuvres en prose 3.000 fr.PAUL VALÉRY Œuvres, tomeI Pour paraître en octobre

Pour tous les détails concernant les volumes parus (Appareils critiques, Préfaces, etc.),consultez le Catalogue de la Collection qui vient de paraître. En ce qui concerne lesvolumes d paraftre, seront données dans les prochains bulletins toutes les indications.

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BULLETIN DE JUIN 19577

ENCYCLOPÉDIE DE LA PLÉIADE

Février 1956 HISTOIRE DES LITTÉRATURES

Mai1956 HISTOIRE UNIVERSELLE

Novembre 1956 HISTOIRE DES LITTÉRATURES

Mai 1957 HISTOIRE UNIVERSELLE

L'HISTOIRE DES LITTÉRATURES est établie sous la direction de

L'HISTOIRE UNIVERSELLE est établie sous la direction de

HISTOIRE

DE LA

SCIENCE

établie sous la direction de

MAURICE DAUMAS

dirigée par

RAYMOND QUENEAU

VOLUMES PARUS

Tqme I LITTÉRATURES ANCIENNES,

Tome I • DES ORIGINES A L'ISLAM

Tome Il LITTÉRATURES OCCIDENTALES

Tome Il DE L'ISLAM A LA RÉFORME

RAYMOND QUENEAU

R. GROUSSET et E.-G. LÉONARD

POUR PARAITRE EN 1957

ORIENTALES ET ORALES

3.500 fr.

3.500 fr.

3.500 fr.

3.900 fr.

HISTOIRE

UNIVERSELLE

Tome III

DE LA RÉFORME

A NOS JOURS

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BULLETIN DE JUIN 1957

ÉCHOS PROJETS• Le Prix Antonin-Artaud a été décerné à Rodez, le 28 avril, à Georges-EmmanuelClancier pour son recueil de poèmes Une Voix.

Le Prix de Mai, qui se propose de signaler, chaque année, un écrivain dont l'œuvrerévèle un souci de renouvellement des formes et de l'expression romanesques, a étéattribué, pour la première fois le 6 mai, à Jean Lagrolet pour son roman Les Vain-queurs du Jaloux.

Le Prix du Meilleur Livre Étranger a couronné la traduction du russe, par SylvieLuneau, du roman de Melnikov-Petcherski Dans les Forêts.

Rappelons que le récit de Christian Berntsen et Robert Soulat Un Viking chezles Bédouins, qui vient de paraître, avait obtenu, en manuscrit, au mois de décembredernier, le Grand Prix Vérité.

Le jury du Prix Albert-Londres, réuni le 16 mai, a couronné André Puissesseaupour son récit intitulé Quelqu'un mourra ce Soir aux Caraïbes. C'est un étrangereportage dans la mer des Antilles, une nuée d'îlots constituent le domaine descontrebandiers (qui utilisent l'avion) et des cyclones (qui font tomber les avions etdisparaître les îles). Le volume paraîtra en juin dans la collection L'Air du Temps.

Le Prix de la Fondation Del Duca pour 1957 a été décerné le 21 mai il a étépartagé entre Constantin Amariu et Jean-Claude Brisville. Ce dernier avait publiéen 1954 un essai: La Présence réelle, et un roman D'un Amour. Il avait alors obtenu

le Prix Sainte-Beuve. J.-C. Brisville a terminé un Camus pour la collection Biblio-thèque Idéale dirigée par Robert Mallet.

• Le Comité de Sélection franco-anglais a désigné à l'attention du public anglais'pour le mois de mai L'Exil et le Royaume, de Camus, et Le Bonheurfou, de Giono.

• Le Livre et la^Scène.

La Terre est ronde, d'Armand Salacrou, traduite en langue japonaise, va êtreprésentée, en juin, par M. Pierre Ko Iwase au Théâtre National de Hitotmbarhi, de'Tokio, avec la troupe « Hichiyokai ». L'Archipel Lenoir vient d'être traduit enroumain par M. Paul B. Marian, pourêtre représenté au Teatrul Tineretului (Théâtrede la Jeunesse, à Bucarest) sous les auspices du Ministère de l'Enseignement et de laCulture. M. Paul B. Marian a également traduit La Terre est ronde, qui sera pré-sentée au Théâtre « C. Nottara ».

Port-Royal, d'Henry de Montherlant, traduit en polonais par M. Jean Kott, vaêtre joué en juin au Théâtre National de Varsovie et à Cracovie.

Philippe Hériat a signé pour tes droits d'adaptation en langue anglaise de sa pièceL'Immaculée, avec Miss Lucienne Hill, qui a récemment adapté avec succès despièces d'Armand Salacrou et de jean Anoujlh.

Le Festival de Baalbek a inscrit à son programme decet été l'Histoire de Vasco,de Georges Schehadé, avec la troupe Madeleine Renaud-Jean-Louis Barrault.D'autre part, et d'ores et déjà, la même compagnie annonce qu'elle jouera à Paris,à la rentrée d'automne, la pièce de Schehadé sur la scène du Théâtre Sarah-Bernhàrdt.

Le Personnage Combattant, de Jean Vauthier, est actuellement joué en allemandau Staats-Theater de Kassel par M. Meixner, dans une mise en scène de M. Fischel.D'autre part, Jean-Louis Barrault interprétera le rôle qu'il a créé, au cours duFestival de Zurich du mois de juin.

Le Tome V du Théâtre de Ghelderode comprendra les pièces suivantes LeSoleil se couche, Les Aveugles, Barabbas, Le Ménage de Caroline, LaMort du Docteur Faust,-Adrian etjusemina, et Piet Bouteille.

La Troupe des « Faux-Nez » de Lausanne doit prochainement donner sur lascène une adaptation de La Métamorphose, de Kafka.

• Le Livré et l'Écran.

Alejo Carpentier, l'auteur de ce Partage des Eaux qui obtint, il y a juste un an, lePrix du Meilleur Livre Étranger, est actuellement à Mexico il y travaille avecTyrone Power au film tiré du roman, et dont le rôle féminin est réservé à-Ava

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BULLETIN DE JUIN 1957

Gardner.- Le prochain roman d'Alejo Carpentier Chasse à l'Homme, sera égale-•' ment tourné avec Tyrone Power. • i

Notre correspondant permanentà Bruxelles nous signale qu'entre le 1er décembre''1956 et le 28 mars 1957, le record de recettes des exclusivités dans cette ville a été

battu par La Guerre et la Paix, avec 4 023 .313 francs.• M. Albert Vandel, auteur de L'Homme et l'Évolution paru dans L'Avenir'dè' la

Science et Professeur à la Faculté de Toulouse, a été élu à l'Académie des Sciences,en qualité de membre cofrespondant.

• André Devigny, l'auteur (et le héros) du récit paru dans L'Air du Temps.Un Condamné à mort s'est échappé, qui commande depuis-plusieurs mois le Secteuropérationnel de Djelfa, dans le Sud-Algérien, vient d'être promu Lieutenant-Colonel.

• Nadine Lefebure, la romancière des Portes de Rome et des Sources de la Mer,vient d'obtenir le troisième prix au Concours de Photos-Amateurs organisé parFrance-Soirà l'occasion du voyage de la reine Elizabeth.

• Du15au 20 juin aura lieu une rencontre franco-allemande d'écrivains, organiséepar René Wintzen et à laquelle assisteront lise Aichinger, la romancière du Grand

Espoir, et tous les membres du Groupe 47. Parmi les écrivains français: Béatrix Beck,Clara Malraux, qui fera un exposé sur «La Femme dans le Roman », Jean Duvignaud;Luc Estang parlera de « La Religion dans l'Art du Roman », et Maurice Nadeau de« La Politique dans le Roman ».

• Petit Almanach de la Pléiade.

Il y a quelques jours, tombait le cent cinquième anniversaire de la réceptiond'Alfred de Musset à l'Académie Française par Désiré Nisard (exactement, le27 mai 1952) Musset avait été élu le 12 février de la même année. On le voit, le

délai entre les deux événements était alors beaucoup moins long qu'aujourd'hui.

A propos du centenaire de la publication et de la condamnation des Fleurs du Mal,de Baudelaire, un colloque littéraire est prévu, au Cercle culturel de Royaumont, du10 au 15 juillet prochain. On ne sait encore si Jean-Paul Sartre y assistera, mais on ydiscutera sans doute assez vivement cette proposition de son Baudelaire, paru dansla collection LesEssais:On a prétendu que Baudelaire a été surpris par la condam-nation des Fleurs du Mal c'est faux; il s'y attendait, ses lettres à Poulet-Malassis leprouvent on pourrait même dire qu'il la recherchait. »

Si l'on peut rappeler le Baudelaire de Sartre quand on commémore le cente-

naire des Fleurs du MaL, on doit signaler que Jean-Paul Sartre, au moment oùtombe également le centenaire de Madame Bovary, met la dernière main à sonFlaubert.

On sait quel a été le retentissement des représentations du Titus Andronicusde Shakespeare, par Laurence Olivier et Vivian Leigh, au Festival du Théâtre desNations. La seule traduction française de cette pièce actuellement en librairie estcelle de François-Victor Hugo dans le Théâtre Complet de Shakespeare de laBibliothèque de la Pléiade.

• Marc Bernard va publier en juin une suite de tableaux inspirés par la vie popu-laire, observée tour à tour dans le cinquième arrondissement parisien, à Londres,à Amsterdam et à Majorque (où l'auteur passe une partie de l'année, et d'où il estoriginaire). Le titre de l'ouvrage La Bonne Humeur, en indique assez l'esprit.

• Vanina, mon amour. de Raymond Dumay, à paraître en juin, se déroule sous laRenaissance italienne, la seule époque de l'histoire où tout fut jeune en mêmetemps,- la science et l'art,- les pages et fes rois,- les vieillards et même les ado-lescents. Et dans le cadre de cette époque, non pas maladroitementcomme la nôtremais follement aventureuse, le romancier a rendu à ses princes la noblesse du lan-gage, à ses courtisanes la volupté, à ses spadassins le panache, la tendresse à sesjeunes filles.

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BULLETIN DE JUIN 1957

0 Marie-Josèphe Gauthier, l'auteur de Ces/ Varguel, de La Goutte de Sang et deAutour d'une Jarre de Grès, publie en juin son quatrième roman Orages désirés.Elle nous peint cette fois des garçons, dans cette chronique amusée, indulgente,parfois ironique, toujours juste, d'un grand collège cosmopolite situé aux environsde Compiègne dans un décor historique. Une jeunesse à part,en quelque sorte auxportes de l'aventure abstraite,- un milieu qui n'a jamais été peint.>-

• D'une manière savoureusement anachronique (maisqui ne doit rienà l'opérette!),André Dubois La Chartre a recueilli, et va nous présenter en juin, le Journal intimed'Hercule, qui nous réserve quelques surprises.

0 Pour une blanche, vivre en Afrique est difficile encore plus si, devenue lamaîtresse d'un noir, cette jeune femme l'aime, veut s'en faire aimer, et veut sefaire accepter par les noirs. Tragédie de la découverte d'un homme et d'un pays,

tel est le sujet du nouveau et saisissant roman de Madeleine Alleins LesMangues vertes, inscrit au programme du mois de juin.

• Traductions, t

Dans la liste hebdomadaire des best-sellers publiée par le supplément littérairedu New York Times, La Chute, d'Albert Camus, a figuré à l'une des premièresplaces pendant plusieurs semaines.

Le Muchacho, d'Andras Laszlo, que nous venons de publier avec des dessinsd'Eduarto Vicente, a paru sous le même titre en allemand et 'en anglais. La tra-duction italienne a pour titre Pepote, et l'édition originale en espagnol Mi TioJacinto.

• Distributions des Prix.

La Commission des livres du Ministère de l'Éducation Nationale a désigné, parminos récentes nouveautés, pour les distributions de prix, les trois nouveaux romansde la Bibliothèque Blanche Le Renard dans l'Ile, de Bosco; Histoire de Lou, deJean Proal et Vacances secrètes, de Maud Frère la nouvelle édition desMorceaux Choisis de Claudel Un Condamné à mort s'est échappé, de Devigny-et l'ouvrage de Reynaldo Hahn Du Chant.

• On avait beaucoup remarqué le premier roman de l'écrivain haitien JacquesStephen Alexis Compère Général Soleil. C'est en juin que paraît le secondLes Arbres Musiciens, où tout un petit peuple au chant profond (nous sommes àHaïti en 1941-1942) rit, pleure, danse, se bat et se débat, farouche un roman quisaisit le mouvement de la vie parce qu'il rend compte du tremblement humain.

0 En juin paraîtra le troisième grand roman de Céline D'un Château l'autre. Letroisième roman, parce qu'il constitue une trilogie avec Mort à Crédit et Le Voyageau bout de la Nuit. Après l'enfance et la guerre, voici la vieillesse, l'exil, le retouren France. Les châteaux invoqué par le titre sont assez variés: Siegmaringen, uncachot au Danemark, enfin un pavillon à Meudon. D'un Château'l'autre est un deschefs-d'œuvre de l'écrivain maudit par excellence, comme l'a nommé admira-tivement Henri Mondor.

• Le charmant conteur de Rue du Soleil, François Bernadi, va publier en juinLe Vin de Lune petite comédie humaine, aux cent personnages divers, hauts encouleurs, primitifs, tendres et familiers comme des héros d'Homère, et où l'onsent battre le cœur d'un village méditerranéen, en Catalogne française.

• A paraître également en juin le nouveau récit de Jacques Perret Rôle dePlaisance un roman de Jean Goudal De Mer et d'Amour Enquêtes, de JorgeLuis Borges, dans la collection La Croix du Sud; et l'adaptation, par Camus,de la pièce de Lope de Vega Le Chevalier d'Olmeidô.

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LA NOUVELLE

NOUVELLE

Revue Française

REFLEXIONS SUR IA GUILLOTINE

Peu avant la guerre de 1914, un assassin dont le crimeétait particulièrement révoltant (il avait massacré unefamille de fermiers avec leurs enfants) fut condamné à

mort en Alger. Il s'agissait d'un ouvrier agricole qui

avait tué, dans une sorte de délire de sang, mais avait

aggravé son cas en volant ses victimes. L'affaire eut un

grand retentissement. On estima généralement que la

décapitation était une peine trop douce pour un pareil

monstre. Telle fut, m'a-t-on dit, l'opinion de mon père,

que le meurtre des enfants, en particulier, avait indigné.

L'une des rares choses que je sache de lui, en tout cas,

est qu'il voulut assister à l'exécution, pour la première

fois de sa vie. Il se leva dans la nuit pour se rendre

sur les lieux du supplice, à l'autre bout de la ville, au

milieu d'un grand concours de peuple. Ce qu'il vit, cematin-là, il ne l'a jamais raconté. Ma mère rapporte

seulement qu'il rentra en coup de vent, le visage boule-

versé, refusa de parler, s'étendit un moment sur le lit

et se mit tout d'un coup à vomir. Il venait de découvrirla réalité qui se cachait sous les grandes formules dont

on la masquait. Au lieu de penser aux enfants massa-1

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LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

crés, il ne pouvait plus penser qu'à ce corps pantelantqu'on venait de jeter sur une planche pour lui couper lecou.

Il faut croire que cet acte rituel est bien horrible pour

arriver à vaincre l'indignation d'un homme simple et

droit et pour qu'un châtiment qu'il estimait cent foismérité n'ait eu finalement d'autre effet que de lui retour-ner le cœur. Quand la suprême justice donne seulementà vomir à l'honnête homme qu'elle est censée protéger,il paraît difficile de soutenir qu'elle est destinée, commece devrait être sa fonction, à apporter plus de paix etd'ordre dans la cité. Il éclate, au contraire, qu'elle n'estpas moins révoltante que le crime et que ce nouveaumeurtre, loin de réparer l'offense faite au corps social,ajoute une nouvelle souillure à la première. Cela est sivrai que personne n'ose parler directement de cette

cérémonie. Les fonctionnaires et les journalistes, qui ontla charge d'en parler, comme s'ils avaient conscience de

ce qu'elle manifeste en même temps de provocant et dehonteux, ont constitué à son propos une sorte de lan-gage rituel, réduit à des formules stéréotypées. Nouslisons ainsi, à l'heure du petit déjeuner, dans un coindu journal, que le condamné « a payé sa dette à la

société », ou qu'il « a expié », ou que « à cinq heures jus-tice était faite ». Les fonctionnaires traitent du condamné

comme de l'« intéressé » ou du « patient », ou le désignentpar un sigle le C. A. M. De la peine capitale, on n'écrit,

si j'ose dire, qu'à voix basse. Dans notre société très

policée, nous reconnaissons qu'une maladie est grave à

ce que nous n'osons pas en parler directement. Long-temps, dans les familles bourgeoises, on s'est borné à

dire que la fille aînée était faible de la poitrine ou que le

père souffrait d'une « grosseur », parce qu'on considérait

la tuberculose et le cancer comme des maladies un peuhonteuses. Cela est plus vrai sans doute de la peine de

mort, puisque tout le monde s'évertue à n'en parler

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RÉFLEXIONS SUR LA GUILLOTINE

que par euphémismes. Elle est au corps politique ce que

le cancer est au corps individuel, à cette différence prèsque personne n'a jamais parlé de la nécessité du cancer.On n'hésite pas, au contraire, à présenter communé-ment la peine de mort comme une regrettable nécessité,qui légitime donc que l'on tue, puisque cela est néces-saire, et qu'on n'en parle point, puisque cela est regret-table.

Mon intention est, au contraire, d'en parler crûment.Non par goût du scandale, ni, je crois, par une pentemalsaine de nature. En tant qu'écrivain, j'ai tou-jours eu horreur de certaines complaisances en tantqu'homme, je crois que les aspects repoussants de notrecondition, s'ils sont inévitables, doivent être seulement

affrontés en silence. Mais lorsque le silence, ou les rusesdu langage, contribuent à maintenir un abus qui doit

être réformé ou un malheur qui peut être soulagé, il n'ya pas d'autre solution que de parler clair et de montrerl'obscénité qui se cache sous le manteau des mots. La

France partage avec l'Espagne et l'Angleterre le belhonneur d'être un des derniers pays, de ce côté du rideaude fer, à garder la peine de mort dans son arsenal derépression. La survivance de ce rite primitif n'a été ren-due possible chez nous que par l'insouciance ou l'igno-rance de l'opinion publique qui réagit seulement par lesphrases cérémonieuses qu'on lui a inculquées. Quandl'imagination dort, les mots se vident de leur sens, un

peuple sourd enregistre alors distraitement la condam-

nation d'un homme. Mais qu'on montre la machine,qu'on fasse toucher le bois et le fer, entendre le bruit

de la tête qui tombe, et l'imagination publique, soudainréveillée, répudiera en même temps le vocabulaire etle supplice.

Lorsque les nazis procédaient en Pologne à des exé-cutions publiques d'otages, pour éviter que ces otagesne crient des paroles de révolte et de liberté, ils les bâil-

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lonnaient avec un pansement enduit de plâtre. On nesaurait sans impudeur comparer le sort de ces inno-centes victimes à celui des criminels condamnés. Mais,

outre que les criminels ne sont pas les seuls à être guillo-tinés chez nous, la méthode est la même. Nous étouffons

sous des paroles feutrées un supplice dont on ne sauraitaffirmer la légitimité avant de l'avoir examiné dans sa

réalité. Loin de dire que la peine de mort est d'abordnécessaire et qu'il convient ensuite de n'en pas parler,il faut parler, au contraire, de ce qu'elle est réellementet dire ensuite si, telle qu'elle est, elle doit être considéréecomme nécessaire.

Je la crois, quant à moi, non seulement inutile, mais

profondément nuisible et je dois consigner ici cette

conviction, avant d'en venir au sujet lui-même. Il ne

serait pas honnête de laisser croire que je suis arrivé àcette conclusion après les semaines d'enquêtes et derecherches que je viens de consacrer à cette question.Mais il serait aussi malhonnête de n'attribuer ma convic-

tion qu'à la seule sensiblerie. Je suis aussi éloigné quepossible, au contraire, de ce mol attendrissement où se

complaisent les humanitaires et dans lequel les valeurs et

les responsabilités se confondent, les crimes s'égalisent,

l'innocence perd finalement ses droits. Je ne crois pas,

contrairement à beaucoup d'illustres contemporains, quel'homme soit par nature un animal de société. A vraidire, je pense le contraire. Je crois seulement, ce qui est

très différent, qu'il ne peut vivre désormais en dehors de

la société dont les lois sont nécessaires à sa survie phy-

sique. Il faut donc que les responsabilités soient établiesselon une échelle raisonnable et efficace par la sociétéelle-même. Mais la loi trouve sa dernière justification

dans le bien qu'elle fait ou ne fait pas à la société d'unlieu et d'un temps donnés. Pendant des années, je n'ai

pu voir dans la peine de mort qu'un supplice insuppor-table à l'imagination et un désordre paresseux que ma

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raison condamnait. J'étais prêt, cependant, à penser quel'imagination influençait mon jugement. Mais je n'airien trouvé, en vérité, pendant ces semaines, qui n'aitrenforcé ma conviction ou qui ait modifié mes raisonne-

ments. Au contraire, aux arguments qui étaient déjà lesmiens, d'autres sont venus s'ajouter. Aujourd'hui, je

partage absolument la conviction de Kœstler 1 la peinede mort souille notre société et ses partisans ne peuvent

la justifier en raison.

On sait que le grand argument des partisans de la

peine de mort est l'exemplarité de la peine. On ne coupe

pas seulement les têtes pour punir leurs porteurs, mais

pour intimider, par un exemple effrayant, ceux qui

seraient tentés de les imiter. la société ne se venge pas,

elle veut seulement prévenir. Elle brandit la tête pour

que les candidats au meurtre y lisent leur avenir et

reculent. Cet argument serait impressionnant si l'on

n'était obligé de constater

i° Que la société ne croit pas elle-même à l'exem-

plarité dont elle parle

2° Qu'il n'est pas prouvé que la peine de mort ait fait

reculer un seul meurtrier décidé à l'être, alors qu'il est

évident qu'elle n'a eu aucun effet, sinon de fascination,sur des milliers de criminels

3° Qu'elle constitue, à d'autres égards, un exemple

repoussant, dont les conséquences sont imprévisibles.

La société, d'abord, ne croit pas ce qu'elle dit. Si ellele croyait vraiment, elle montrerait les têtes. Elle

ferait bénéficier les exécutions du lancement publici-

taire qu'elle réserve d'ordinaire aux emprunts natio-

i. Ce texte fait partie d'un recueil à paraître aux éditions Calmann-Lévy La Peine capitale, qui comprend aussi des essais d'ArthurKœstler et de Jean Bloch-Michel.

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naux ou aux nouvelles marques d'apéritifs. On sait, aucontraire, que les exécutions, chez nous, n'ont plus lieuen public et se perpètrent dans la cour des prisons, devantun nombre restreint de spécialistes. On sait moins pour-quoi et depuis quand. Il s'agit d'une mesure relative-

ment récente. La dernière exécution publique fut,en 1939, celle de Weidmann, auteur de plusieursmeurtres, que ses exploits avaient mis à la mode. Ce

matin-là, une grande foule se pressait à Versailles, et

parmi elle un grand nombre de photographes. Entre lemoment où Weidmann fut exposé à la foule et celui oùil fut décapité, des photographies purent être prises.Quelques heures plus tard, Paris-Soir publiait une paged'illustrations sur cet appétissant événement. Le bon

peuple parisien put ainsi se rendre compte que la légère

machine de précision dont l'exécuteur se servait était

aussi différente de l'échafaud historique qu'une Jaguarpeut l'être de nos vieilles de Dion-Bouton. L'adminis-tration et le gouvernement, contrairement à toute espé-

rance, prirent très mal cette excellente publicité et

crièrent que la presse avait voulu flatter les instincts

sadiques de ses lecteurs. On décida donc que les exécu-tions n'auraient plus lieu en public, disposition qui, peuaprès, rendit plus facile le travail des autorités d'occu-

pation.La logique, en cette affaire, n'était pas avec le législa-

teur. Il fallait, au contraire, décerner une décoration

supplémentaire au directeur de Paris-Soir en l'encoura-

geant à mieux faire la prochaine fois. Si l'on veut quela peine soit exemplaire, en effet, on doit non seulementmultiplier les photographies, mais encore planter lamachine sur un échafaud, place de la Concorde, à deux

heures de l'après-midi, inviter le peuple entier et télé-viser la cérémonie pour les absents. Il faut faire cela ou

cesser de parler d'exemplarité. Comment l'assassinat

furtif qu'on commet de nuit dans une cour de prison

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peut-il être exemplaire ? Tout au plus, sert-il à informerpériodiquement les citoyens qu'ils mourront s'il leurarrive de tuer avenir qu'on peut promettre aussi àceux qui ne tuent pas. Pour que la peine soit vraiment

exemplaire, il faut qu'elle soit effrayante. Tuaut de LaBouverie, représentant du peuple en 1791, et partisan

des exécutions publiques, était plus logique lorsqu'ildéclarait à l'Assemblée nationale « Il faut un spectacle

terrible pour contenir le peuple. »Aujourd'hui, point de spectacle, une pénalité connue

de tous par ouï-dire et, de loin en loin, la nouvelle d'une

exécution, maquillée sous des formules adoucissantes.

Comment un criminel futur aurait-il à l'esprit, au

moment du crime, une menace qu'on s'ingénie à rendre

de plus en plus abstraite ? Et si l'on désire vraiment

qu'il garde toujours cette sanction en mémoire, afin

qu'elle équilibre d'abord et renverse ensuite une décision

forcenée, ne devrait-on pas chercher à graver profon-dément la sanction, et sa terrible réalité, dans toutes

les sensibilités, par tous les moyens de l'image et du

langage ?

Au lieu d'évoquer vaguement une dette que quelqu'un,

le matin même, a payée à la société, ne serait-il pas d'un

plus efficace exemple de profiter d'une si belle occasion

pour rappeler à chaque contribuable le détail de ce qui

l'attend ? Au lieu de dire « Si vous tuez, vous expierez

sur l'échafaud », ne vaudrait-il pas mieux lui dire, aux

fins d'exemple « Si vous tuez, vous serez jeté en prisonpendant des mois ou des années, partagé entre un déses-

poir impossible et une terreur renouvelée, jusqu'à ce

qu'un matin nous nous glissions dans votre cellule,ayant quitté nos chaussures pour mieux vous surprendre

dans le sommeil qui vous écrasera, après l'angoisse de la

nuit. Nous nous jetterons sur vous, lierons vos poignets

dans votre dos, couperons aux ciseaux le col de votrechemise et vos cheveux, s'il y a lieu. Dans un souci

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de perfectionnement, nous ligoterons vos bras avec unecourroie, afin que vous soyez contraint de vous tenirvoûté et d'offrir ainsi une nuque bien dégagée. Nous

vous porterons ensuite, un aide vous soutenant à chaquebras, vos pieds traînant en arrière, à travers les couloirs.Puis, sous un ciel de nuit, l'un des exécuteurs vous

empoignera enfin par le fond du pantalon et vous jetterahorizontalement sur une planche, pendant qu'un autre

assurera votre tête dans une lunette et qu'un troisièmefera tomber, d'une hauteur de deux mètres vingt, un

couperet de soixante kilos qui tranchera votre coucomme un rasoir. »

Pour que l'exemple soit encore meilleur, pour que laterreur qu'il entraîne devienne en chacun de nous uneforce assez aveugle et assez puissante pour compenserau bon moment l'irrésistible désir du meurtre, il fau-

drait encore aller plus loin. Au lieu de nous vanter,

avec la prétentieuse inconscience qui nous est propre,d'avoir inventé ce moyen rapide et humain1 de tuer les

condamnés, il faudrait publier à des milliers d'exem-

plaires et faire lire dans les écoles et les facultés lestémoignages et les rapports médicaux qui décriventl'état du corps après l'exécution. On recommanderatout particulièrement l'impression et la diffusion d'unerécente communication à l'Académie de médecine faite

par les Drs Piedelièvre et Fournier. Ces médecins coura-geux, appelés, dans l'intérêt de la science, à examiner lescorps des suppliciés après l'exécution, ont estimé de leurdevoir de résumer leurs terribles observations « Si nous

pouvons nous permettre de donner notre avis à ce sujet,de tels spectacles sont affreusement pénibles. Le sangsort des vaisseaux au rythme des carotides sectionnées,

puis il coagule. Les muscles se contractent et leur fibril-lation est stupéfiante l'intestin ondule et le cœur a des

i. Le condamné, selon l'optimiste Dr Guillotin, ne devait rien sen-tir. Tout au plus une « légère fraîcheur dans le cou ».

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mouvements irréguliers, incomplets, fascinants. Ia

bouche se crispe, à certains moments, dans une moue ter-

rible. Il est vrai que, sur cette tête décapitée, les yeuxsontimmobiles avec des pupilles dilatées ils ne

regardent pas, heureusement, et, s'ils n'ont aucun trouble,

aucune opalescence cadavérique, ils n'ont plus de mou-

vements leur transparence est vivante, mais leur

fixité est mortelle. Tout ceci peut durer des minutes, desheures même, chez des sujets sans tares la mort n'est

pas immédiate. Ainsi chaque élément vital survit à la

décapitation. Il ne reste, pour le médecin, que cetteimpression d'une horrible expérience, d'une vivisection

meurtrière, suivies d'un enterrement prématuré 1. »

Je doute qu'il se trouve beaucoup de lecteurs pour

lire sans blêmir cet épouvantable rapport. On peut

donc compter sur son pouvoir exemplaire et sa capacité

d'intimidation. Rien n'empêche d'y ajouter les rapports

de témoins qui authentifient encore les observations

des médecins. La face suppliciée de Charlotte Corday

avait rougi, dit-on, sous le soufflet du bourreau. On ne

s'en étonnera pas en écoutant des observateurs plusrécents. Un aide-exécuteur, donc peu suspect de cultiver

la romance et la sensiblerie, décrit ainsi ce qu'il a été

obligé de voir « C'est un forcené en proie à une véritable

crise de delirium tremens que nous avons jeté sous le

couperet. La tête meurt aussitôt. Mais le corps saute

littéralement dans le panier, tire sur les cordes. Vingt

minutes après, au cimetière, il y a encore des frémisse-ments 2. » 1/ aumônier actuel de la Santé, le R. P. De-

voyod, qui ne semble pas opposé à la peine de mort,

fait dans son livre Les Délinquants3 un récit qui va loinet qui renouvelle l'histoire du condamné Languille,

i.justice sans Bourreau, n° 2, juin 1956.2. Publié par Roger GRENIER Les Monstres, Gallimard. Ces décla-

rations sont authentiques.3. Éditions Matot-Braine, Reims.

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dont la tête décapitée répondait à l'appel de son nom 1« Le matin de l'exécution, le condamné était de très

méchante humeur et il refusa les secours de la religion.

Connaissant le fond de son cœur et l'affection qu'il

avait pour sa femme, dont les sentiments étaient trèschrétiens, nous lui dîmes « Allons, par amour pour« votre femme, recueillez-vous un instant avant de

« mourir. » Et le condamné accepta. Il se recueillit

longuement devant le crucifix, puis il sembla ne plusprêter attention à notre présence. lorsqu'il fut exécuté,nous étions à peu de distance de lui sa tête tomba dans

l'auge placée devant la guillotine et le corps fut aussitôt

mis dans le panier mais, contrairement à l'usage, le

panier fut refermé avant que la tête y fût placée. L'aide

qui portait la tête dut attendre un instant que le panier

soit ouvert de nouveau or, pendant ce court espace de

temps, nous eûmes la possibilité de voir les deux yeux

du condamné fixés sur moi dans un regard de supplica-

tion, comme pour demander pardon. Instinctivement,

nous traçâmes un signe de croix pour bénir la tête, alors,

ensuite, les paupières clignèrent, l'expression des yeux

devint douce, puis le regard, resté expressif, se perdit. »

Le lecteur, selon sa foi, acceptera ou non l'explication

proposée par le prêtre. Du moins, ces yeux « restés

expressifs » n'ont besoin d'aucune interprétation.

Je pourrais apporter d'autres témoignages aussi

hallucinants. Mais je ne saurais, quant à moi, aller plus

loin. Après tout, je ne professe pas que la peine de mort

soit exemplaire, et ce supplice m'apparaît pour ce qu'ilest, une chirurgie grossière pratiquée dans des conditions

qui lui enlèvent tout caractère édifiant. La société,au contraire, et l'État, qui en a vu d'autres, peuvent trèsbien supporter ces détails et, puisqu'ils prêchentl'exemple, devraient essayer de les faire supporter à

i. En 19o5, dans le Loiret.

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