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Tout droits de reproduction, de traduction et d'adap-tation réservés pour tous les pays, y compris la Russte.

Copyright bg Librairie Gallimard, 1942.

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COMBATS PRÉLIMINAIRES

A tous ceux de mes camarades de

combat que ces défaites préliminairesont laissés assoiffés de victoire finale.

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INTRODUCTION

Les deux premières parties des textes quisuivent étaient prêtes à paraître aux éditionsde la N.R.F., en juin 1940, sous le titre LaGuerre comme Destin ou comme Volonté. Peu

après qu'à Forbach un obus allemand eut détruitdans mon sac un manuscrit intitulé Nouvelle

révolution française, cependant qu'une grenadeallemande m'arrachait la main droite, les der-

nières épreuves de ce volume furent successi-vement anéanties chez deux imprimeurs, dansles bombardements d'Abbeville et de Tours. Le

destin, c'est-à-dire la puissance d'inertie de laFrance officielle en même temps que la forcerévolutionnaire de l'armée allemande le des-

tin semblait bien écraser une volonté qui expri-mait pourtant, je le sais, les vagues besoinset les premières certitudes d'un nombre crois-sant de mes camarades.

De plus en plus dépouillé de toute vanitéd'auteur, de plus en plus convaincu qu'estcoupable et vain tout ce qui peut distraire dejeunes Français de la reconquête de la France,

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COMBATS PRÉLIMINAIRES

à nouveau je me pose la question de savoirs'il faut disputer à l'oubli ces textes de circons-tance, aussi manifestement torpillés par lesévénements. Je me pose cette question dans unpays qui, à quelques exceptions près, paraîtavoir tiré d'une défaite sans précédent de nou-velles raisons de stupeur et d'attente. En uneépoque où foisonnent les leçons et les projetsd'éternité, et les brochures dont autant en

emporte le vent. Où des conservateurs nés,des petits bourgeois types, affolés par juin 1940,sont parvenus en quelques mois à vider detoute substance l'un des mots les plus riches del'histoire de France celui de Révolution.

Alors que pour ma part, je mène le combatdans le dernier'venu des mouvements de jeu-nesse.

Je relis ces textes, dont chacun me fut arraché

par une crise de mon pays, dont chacun estun acte de rage ou de foi. Peut-être les Françaisd'aujourd'hui n'y trouveront-ils qu'invectiveset désespoir. Peut-être ne verront-ils que« romantisme de l'action » dans cette recherche

passionnée des moyens de rendre vie à l'un desplus beaux pays du monde, qui se meurt.Heureux encore s'ils ne me découvrent pas rapi-dement des mobiles moins désintéressés. Et

d'eux je désespère en effet, qui ont perdu le sensde ce qui naît, grandit, ou passe, en même tempsque de ce que peuvent des hommes, décidés àsurvivre et à remonter la pente de l'inertie.Mais jusqu'à ma mort, je croirai aux sourcesde mon pays, et que la France n'aime pas le

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INTRODUCTION

fard, et. qu'elle sait reconnaître le véritableamour.

'f

Eh bien oui, après tout, c'est un devoird'en témoigner: il y a des garçons français quin'ont pas attendu l'écroulement de leur payspour vouloir passionnément qu'il se tînt debout.Depuis quatre ou cinq ans, ils suspendent leurvie personnelle, et parfois leur vie tout court,à cela qu'ils considèrent comme le plus grandbien que les Français ne perdent pas toutecommune mesure avec la merveilleuse France;

qu'ils ne deviennent pas indignes de l'Occident,dont ils furent longtemps le principal moteur;qu'ils retrouvent en eux des sources de vie assezpures pour chasser des principes de mort chaquejour plus envahissants; et qu'enfin, dans lacourse et le charroi de la civilisation, ils ne se

présentent pas comme des attardés, des éclopés,des écœurés, des énervés, ou pire encore, desspectateurs mais de front, et dans le groupede tête.

C'est cette foi inextinguible en l'hommepour vouloir son destin qui nous a réunis dansle combat de l'entre-deux guerres comme danscelui de la guerre pourrie, et qui doit nous trou-ver plus résolus que jamais dans le combat del'armistice, de loin le plus dur. J'en connaisqui n'épousent pas la femme qu'ils aiment parcequ'il y a la révolution à faire. Toi, H. D., pro-fondément catholique, tu as déjà sacrifié leréconfort de ton confesseur, tu as affronté les

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vengeances d'une certaine politique religieusequi met en avant des Brüning et des Dollfussfrançais, et les battus d'avance de la démocratiechrétienne internationale. Toi, mon cher Ray-mond, mon ouvrier du Nord, tu as échappé dejustesse à l'Institut Marx-Engels où l'on t'eûtpréparé le brillant avenir communiste que laFrance officielle te conteste, et dans un campde prisonniers, tu te livres sourdement à tapassion française..Toi, 0. R. déçu par lesVolontaires Nationaux, les jours J et lesheures H du colonel de la Rocque, tu n'accep.teras pas de l'être une seconde fois par la Révo-lution Nationale. Toi, P. de M. noble françaisqui il n'y a pas cinq ans n'eusses été occupéque de courses et de maîtresses et il y a centcinquante ans d'émigration, tu as démissionnéd'un Quai d'Orsay anti-national, tu as voulufaire la guerre comme deuxième classe. Toi,R. S. te voilà en prison pour avoir cru quele devoir d'un jeune Français est de faire pourson pays la- Révolution dont parlent tant devieux. Mais c'est. toi surtout que j'invoque,ombre de Richard, toi l'un des derniers exem-

ples d'un prolétariat français qui fut conqué-rant en plein bombardement, tu t'étais installéavec une caisse de grenades sur le toit de notreabri encerclé, et tu as dégagé je vois encore legeste magnifique de ton bras, tout entier dressécontre l'étreinte ennemie jusqu'à ce quemort s'ensuive. Toi aussi, A. G. mon paysande la Creuse, mon tireur au F. M., qui n'as pasune seule fois baissé la tête dans cet abri troué

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d'éclats comme une passoire. Et comme unevague d'assaut parvenue à trente mètres nouscriait rendez-vous, comme l'on se battait à

la grenade derrière toi, comme ton arme rougies'enrayait, tranquillement, blessé déjà, brûlanttes mains, tu as réparé ton fusil-mitrailleur.

C'est à vous et à tous ceux de votre race queje dédie les pages qui suivent. Vous'y démêlerezaisément des erreurs, des naïvetés qui furentaussi les vôtres. On n'a pas impunément vingt-cinq ou trente ans dans le plus vieux pays d'Eu-rope. Mais vous y retrouverez deux points surlesquels j'attire votre attention, plus particu-lièrement.

Tout d'abord, une passion occidentale intense.Que tous ceux qui s'y trouvent étrangerss'arrêtent à cette ligne. S'ils ne croient pas quenotre destin soit de passer de la condition decréature au rôle de créateur, s'ils s'accrochent

au dieu de la création naturelle et non pointà celui de la recréation humaine, tout les cho-

quera dans le présent recueil, et le métaphy-sique autant que le politique. Sur ce point, jen'ai jamais varié depuis mes dix-huit ans. Lathèse centrale d'Imagination et Réalisation étaitque l'imagination nous projette le monde àl'état de nature, d'absolu; mais que les diffé-rentes techniques de la volonté, mobilisantune somme toujours croissante de forces natu-relles, d'instincts animaux, de passions et deraisons humaines, nous permettent de possé-der de façon toujours plus complète en le réa-lisant, en le reconstruisant, ce monde dont nous

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n'avions de naissance que l'image. Le dramede l'Occident, dont chaque nation a ses mytheset ses techniques propres, consiste justementdans cette captation des ressources de la vie parles forces de l'esprit. Notre art, notre science,notre éthique, notre mystique n'en témoignentpas moins que la guerre ou la politique modernes.En vain les dégoûtés de la civilisation implo-rent-ils le repos, crient-ils à la barbarie, devantcette perpétuelle reconquête de l'homme sur lui-même et sur la nature. Les pays qui ont suengager dans leur foi profonde comme dansleurs combats quotidiens le maximum d'ima-gination et de réalisation ont tour à tour menéle train de l'Occident.

Aujourd'hui les femmes françaises, voyantpartir leurs hommes pour la guerre, s'excla-ment « Si c'est pas malheureux tout de même,au siècle où nous sommes1» Et de même au

siècle où ils sont, les Français moyens se navrentde la fin du pernod, les intellectuels de cellede leur « liberté absolue », nos braves anti-

fascistes se croient en plein Moyen Age, nosdévots personnalistes en plein paganisme, noshonnêtes libéraux à la fin du monde; au siècle

où nous sommes, nos docteurs d'Action fran-

çaise assurent qu'ils ressusciteront Richelieu,et les bâtards des Jacobins, les Principes. Siau siècle où ils sont, les Français se trouventen effet mal à l'aise, qu'ils invoquent doncmoins l'époque que leur volonté amollie partant de sentimentalisme ou de faux cynisme,par tant de lâchetés opportunistes et de raideurs

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dogmatiques. Qu'ils considèrent plutôt si l'édu-cation qu'ils ont reçue de leurs pères, de leursinstituteurs, de leurs adjudants et de leurscurés les équipait pour tenir leur rôle dans lemonde moderne. Ce siècle prend tout simple-ment la suite des siècles. Mais ces Françaisn'acceptent pas la succession de la France. Iln'y a pas cent trente ans, ils parcouraientl'Europe les armes à la main et se proposaientbeaucoup moins d'être les spectateurs, les cen-seurs et les moralistes de l'histoire que ses pro-tagonistes, par delà le bien et le mal. Le jourmême de l'armistice, où je crois avoir touchéle fond de ma détresse française, j'écrivais surmon carnet d'hôpital « Ce qui nous a manquéle plus, à nous autres Français, c'est l'éqùiva-lent de Nietzsche. » Il nous eût dit peut-êtreque ce n'est pas le monde entier qui glisse versla folie, mais les Français pacifistes et petitsbourgeois qui versent dans l'hérésie.

Mais voici le second point. Si j'avais prisdès l'abord conscience des forces qui, à monsens, animent le drame de l'Occident, il m'a

fallu longtemps, et de dures épreuves pourmoi-même, et les pires pour mon pays, pourreconnaître à quel point les Français sont actuel-lement hors du jeu. Et par conséquent, combienle combat qui permettra de les y réintroduiredevra être dur, averti, véhément. Les raisons

de cet aveuglement sont multiples. En premierlieu, le besoin le plus tenace des jeunes gensest de retrouver dans le monde l'image de leurspères, droite ou inversée. J'avais derrière moi

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une lignée d'hommes dont la devise était« Comtoué, rends-toué;' nenni ma foué1 »

J'avais tous les jours sous mes yeux l'exempled'un homme qui sait rendre les coups qu'on luiporte et au besoin prendre les devants. Qui àn'importe quel moment de sa vie, ayant commeon dit aujourd'hui « la lourde charge d'unefamille », s'est montré capable de sacrifierson avoir à sa liberté. Qui dans chacune de ses

entreprises recherche beaucoup moins le succèsque le libre jeu de toutes ses facultés. J'avaisla candeur de croire que la majorité des Fran-çais ressemblait à mon père.

Deuxièmement, tout en subissant à ma pubertéune véritable hypertrophie intellectuelle, commetant de garçons de « l'élite française », je m'étaisrapidement heurté aux cadres décadents de cepays, soit dans le monde des affaires, soit àl'École Normale, soit au Quai d'Orsay. Aprèsquelques instants d'avant-garde littéraire, j'aialors suivi le chemin de tant de jeunes intellec-tuels, qui vont vers le peuple. (J'espérais plusou moins consciemment y trouver les ressourceshumaines et les vertus françaises qui me man-quaient dans ma classe de naissance). J'airefusé la préparation militaire. J'ai voulu fairela guerre dans le rang et d'ailleurs je ne m'enrepens pas. J'ai passionnément assisté auxdébats politiques, à l'agitation des mythes deces dernières années. Et comme il ne me suffit

pas d'agiter des mythes, mais qu'il me faut lesvivre et éprouver par moi-même s'ils ont valeurde conquête sur la réalité j'ai vécu successi-

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vement celui du prolo, du paysan et du soldatfrançais. Expérience faite, je ne dis pas qu'ilssoient dénués de toute vertu, ni même qu'il nereste pas davantage de ressources dans le peuplede ce pays que dans ses élites.

Je constate simplement que l'ouvrier fran-çais s'est presque toujours embourgeoisé lesdurs, les derniers petits-fils des communards,ceux que nous aurions tant besoin aujourd'huide conquérir à la France se sont fait casser coura-geusement la gueule pour rien, en Espagne. Jeconstate que les vampires du xixe siècle et dela Troisième République ont attiré vers la villeles éléments les plus entreprenants de la classepaysanne. D'où l'incroyable routine de la cam-.pagne française que, sous prétexte de tradition,il ne faudrait tout de même pas nous donner enexemple et l'injure de stérilité faite à l'une desterres les plus riches du monde. Quand il resteun chouan plein de sève, je me sens tout prochede lui, même si je me fusse battu contre luien 93; mais combien en reste-t-il? En Nor-

mandie, parmi les bâtards alcooliques de l'unedes plus fortes races de France, seuls les che-vaux sont encore bien élevés. Je constate enfin

et nos amateurs de Mémorial auront beau

faire, il serait cruel d'insister que le soldatfrançais n'est plus ce qu'il était. Non que lesfils des combattants de Verdun se soient mon-

trés incapables de courage. Mais le courageindividuel n'est rien, s'il n'est pas sous-tendupar une volonté de lutte collective, s'il n'estpas actualisé par la conscience d'un peuple qui

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combat pour son destin. Trois fois en trois jours,mon groupe franc a trouvé deux fois plus devolontaires qu'il ne lui en fallait pour, en pleinedébâcle, faire des prisonniers inutiles. Mais desoldats d'élite pour détruire le matériel aban-donné, aucun.

Bref, je n'attends plus rien de la masse (parmilaquelle je range, bien entendu, la grandemajorité de notre bourgeoisie) que de la pétrir,avec un petit nombre de camarades, quels quesoient leur origine et leur rang actuels, qui aurontpassé par des épreuves semblables. Mais il mefallait d'abord, né bourgeois, épuiser l'illu-sion des vertus populaires.

Enfin, j'ai cédé à la plus séduisante tentation,que nourrissent encore tant de « bons Français ».Elle consiste à juger les possibilités de ce paysen fonction de son passé, à poser en principeque les Français d'aujourd'hui sont à la mesurede la France. Pauvre France, que l'on proclameéternelle, sans rien 'faire pourtant pour qu'ellesoit vivante. Admirable Minerve, écraséesous une folie médiocre, dont nous sommes

quelques-uns à vouloir qu'elle se relève un jouren vengeresse.

Certes, rien n'est plus aisé que de se garga-riser d'histoire, de se réchauffer à la gloire des

exploits accomplis, sans prendre aucun des ris-ques de ce qui se fait. Il n'est pas un domainede l'action ou de la pensée où ne se retrouve,en précurseur, un Français. Attention pour-tant aux quelques faits suivants. Nos grandsconducteurs de peuples, de Richelieu à Napo-

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léon, durent toujours prendre à contre-pied lesFrançais impatients et indisciplinés ils n'invo-quaient pas alors un tempérament nationalimmuable, qui finit par n'être plus que la sommede nos mauvaises habitudes. Une gloire commecelle de la France n'a pu passer sans laisserderrière elle ses traces éclatantes. Nos écri-

vains, les étrangers, ont encore les yeux pleinsdes rayons dont l'astre les éblouit on confondaisément les images consécutives avec la vraielumière. Plus récemment nos précurseurs, deRimbaud au père de Foucauld, furent cons-tamment désavoués par l'ensemble des Fran-çais ceux-ci n'ont presque jamais su exploi-ter les merveilles de leurs inventeurs. Enfin,

chose plus grave encore, les Français d'avant-garde, ceux qui conservaient en eux la mesurede la France, allaient accomplir leur destinloin du pays natal ou loin du commun aux avant-postes du Sahara ou dans leur tour d'ivoire. Etde fait, qu'eût donné Mallarmé dans l'ordrede la réflexion commune? Bournazel, Mermoz,

Vieuchange, de quoi eussent-ils servi dans lamétropole, sinon d'hommes-drapeaux pour leP.S.F.?

Le mot qui de tous ceux de la langue fran-çaise a mis le plus de temps à forcer mes lèvres,c'est celui de décadence. Pour échapper àl'évidence, je me suis réfugié dans tous les sys-tèmes. Notamment, j'ai tenté de dire quel'idée de décadence était romantique et anti-française n'avait de place chez nous qu'enlittérature. Ou encore que les Français, moins

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actuels que leurs voisins, avaient du moinsleurs réserves intactes. Faibles dans la paix,ils se retrouveraient dans l'épreuve. J'invo-quais le miracle de Verdun, essayant d'oublierque, comme tous les miracles, il nous avaitcoûté terriblement cher et que les héros de laguerre, foudroyés, erraient depuis vingt anscomme des somnambules au bord de la catas-

trophe. Je parlais de vingt ans de sommeilquand il fallait dénoncer cent vingt-cinq ansd'incertitude, d'attente, et de division.

L'épreuve de la politique, des voyages, de lacaserne, de la guerre, l'examen de notre courbede natalité, mon expérience aujourd'hui desgarçons de 14 à 20 ans, physiquement inaptespour la moitié d'entre eux, ont fini par forcertous les tabous et par m'imposer cette véritéqui peut seule nourrir l'action féconde. Oui, le

peuple des croisades, de Jeanne d'Arc, des guerresde la Révolution et de l'Empire est en pleinedécadence. Il approche même de la fin, dans sacourse à l'inertie. Et j'invite les sceptiques àassister aux visites médicales dans les centres

de jeunesse.• ••

Mais il serait vain d'afTirmer cette foi occi-

dentale et cette passion française, plus vainencore d'analyser cette longue série de décep-tions publiques et d'illusions personnelles sil'on ne recherchait pas aussitôt les moyensd'engager foi, passion et expérience dans l'iner-tie française d'aujourd'hui.

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Je ne prétends pas donner ici le dernier oul'avant-dernier état d'une doctrine de révolu-

tion par la jeunesse le moment du péremptoireen France me paraît dépassé, dans la mesuremême où nous n'en sommes plus aux prépara-tifs intellectuels de la révolution. Je ne sais pasnon plus si, sur les bases auxquelles je parviensà la fin de ce recueil, de jeunes Français peu-vent dès maintenant mener leur combat avec

chance de succès. Leur tâche est non pareille.Pour la première fois dans l'histoire de l'Occident,un pays ayant épuisé ses chances naturelles estcontraint de se refaire par la volonté. Orjustementles grands mouvements de l'histoire ne se font quelorsqu'une volonté humaine a rattrapé l'évé-nement et nous nous sentons encore opprimés,sinon écrasés par lui, l'écart entre nos espoirset le résultat reste considérable, si même il

s'amenuise. Nul doute que de nouvelles décep-tions ne nous attendent. J'espère simplementque d'une pensée nourrie de foi, instruite auxfaits et depuis quatre ans tendue vers l'ac-tion, ils pourront tirer des leçons sur les troispoints essentiels de toute révolution celuides chefs, celui du terrain où engager le com-bat, et sur les objectifs à atteindre. Je retraceà présent sur chacun de ces points la marchede ma pensée, à partir du moment où je déci-dais de faire corps avec la conception du mondeque j'ai dite, de combattre pour elle, et parconséquent de payer pour elle le prix de bonheur,de liberté et de sang qu'il faudrait.En mars 1938, sous le coup de l'Anschluss,

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