exposition le voyage de dossier pédagogique matisse

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et de la Tabletterie Musée de la Nacre Dossier Pédagogique 25 septembre - 27 décembre 2014 Exposition Le voyage de MATISSE à Tahiti Henri Matisse, Polynésie, la mer, 1948, Tapisserie en laine, Manufacture de Beauvais, Collection de la Ville de Beauvais © Succession H. Matisse

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25 septembre - 27 décembre 2014

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Henri Matisse, Polynésie, la mer, 1948, Tapisserie en laine, Manufacture de Beauvais, Collection de la Ville de Beauvais

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2Musée de la Nacre et de la Tabletterie

51, rue Roger Salengro - 60110 MERU - Téléphone : 03 44 22 61 74 - Fax : 03 44 22 07 52Site internet : www.musee.nacre.com

dossier pédagogique Matisse à Tahiti

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re Présentation ................................................................................................ 3

Introduction ......................................................................................... 3 Présentation du Musée ............................................................ 3

A propos de l'exposition Matisse ........................................ 4

Henri Matisse, biographie ........................................................... 5

Fiche thématique n°1 : Le voyage, source d'inspiration des artistes ............ 8Fiche thématique n°2 : Art et expériences ............................................................................ 11Fiche thématique n°3 : Du livre illustré au livre d'artiste ........................................ 14étude n°1 : La Chevelure ............................................................................................. 16étude n°2 : Le Lagon ....................................................................................................... 18étude n°3 : Polynésie, la mer ................................................................................... 20

Pistes de travail en classe ......................................................... 22

Informations pratiques ............................................................... 23

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3Musée de la Nacre et de la Tabletterie

51, rue Roger Salengro - 60110 MERU - Téléphone : 03 44 22 61 74 - Fax : 03 44 22 07 52Site internet : www.musee.nacre.com

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Présentation du muséeLe Musée de la Nacre et de la Tabletterie est installé depuis 1999 dans une ancienne usine de tabletterie du XIXe siècle. Il témoigne de ce patrimoine industriel à travers la visite d’ateliers reconstitués à l’identique et de salles d’exposition permanente ludiques.En 2010, le musée s’est enrichi de deux salles d’exposition temporaire qui permettent d’accueillir en moyenne deux évènements par an sur près de 200 m2.Ces expositions sont l’occasion de sortir des réserves des objets inédits et d’introduire in situ des collections en provenance d’autres musées ou de domaines privés dans le seul but de satisfaire la curiosité intellectuelle de nos visiteurs.Elles sont pour le corps enseignant une ressource de travail importante, sans cesse renouvelée. C’est pourquoi l’équipe du service pédagogique du musée vous propose à chaque fois un panel d’ateliers pertinents pour compléter une visite guidée adaptée au niveau du public.

Présentation

IntroductionCe dossier pédagogique vous est offert afin de vous fournir une base d’informations utiles à la préparation de votre visite de l’exposition temporaire "Le voyage de Matisse à Tahiti" qui se tient au Musée de la Nacre et de la Tabletterie du 25 septembre au 27 décembre 2014.Vous y trouverez tout ce qu’il faut savoir sur l’intention de l’exposition, sur le peintre Henri Matisse, ainsi que de multiples pistes de développement pour élargir le sujet en classe avec vos élèves.Les renseignements pratiques relatifs à l’accueil des groupes et les dispositifs mis en place dans le cadre de cette exposition temporaire sont répertoriés en fin de document.

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51, rue Roger Salengro - 60110 MERU - Téléphone : 03 44 22 61 74 - Fax : 03 44 22 07 52Site internet : www.musee.nacre.com

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L’exposition s’articule en trois parties dédiées respectivement au voyage, aux dessins d’illustration et aux papiers gouachés découpés.

L'initiation au voyageLoin du simple déplacement, le voyage à Tahiti est vécu comme une réelle découverte. Matisse démontre un intérêt pour les pratiques locales. Il commence une collection de tapa (pièces d’étoffe végétale) qu’il complètera de retour en France. Matisse est parti pour voir. Il ne s’encombre pas de son matériel de peintre et ne réalisera sur place qu’une seule toile. En revanche, il recueille un grand nombre de photographies et de croquis. Dans ses cahiers de dessins, il croque comme il prendrait note. L’océan, l’étendue, le vide nourrissent l’artiste. Matisse commence à réinventer l’espace.

L'assouplissement de la ligneBien que d’abord discrète, l’expérience tahitienne apporte à Matisse les clés pour repenser la ligne. Dès son retour en France, le trait devient plus fluide, les formes se simplifient. Le fond et la forme se distinguent par la délimitation de surfaces ouvertes et fermées qui profiteront aux nombreuses illustrations que l’artiste fait des poèmes de Mallarmé, Ronsard ou Baudelaire.

"J'ai atteint une forme décantée jusqu'à l'essentiel"Obsédé par les images de son voyage à Tahiti, Matisse crée en 1943 une nouvelle forme d’expression artistique avec les papiers découpés. Le trait se dissout pour laisser place à de grands aplats de couleurs vives qui donneront naissance à l’album Jazz, un livre d’artiste. La mémoire de son voyage s’affirme enfin à travers des formats monumentaux qui offrent de nouvelles perspectives de création. La tapisserie en est un exemple éloquent.

à propos de l'exposition Matisse

En 1930, alors que les boutonniers de la région de Méru s’appliquent à débiter les coquillages nacrés en provenance des îles du Pacifique, le peintre Henri Matisse entreprend un voyage vers la Polynésie française. En quête d’une nouvelle lumière, sans doute influencé par le travail de Gauguin mais aussi par les épreuves tant photographiques que cinématographiques qu’il affectionne, ce séjour d’une durée de trois mois marquera ensuite l’œuvre de l’artiste de façon indélébile.

25 septembre - 27 décembre 2014exposition temporaire

Musée de la Nacre et de la Tabletterie51, rue Roger Salengro - 60110 MERU Tél. : 03.44.22.61.74 - Fax : 03.44.22.07.52Site internet : www.musee-nacre.com

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Henri Matisse, Polynésie, la mer, 1948, Tapisserie en laine, Manufacture de Beauvais, Collection de la Ville de Beauvais

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Le voyage de

MATISSE à Tahiti

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1869 : Naissance d’Henri Emile Benoit Matisse le 31 décembre dans la ville du Cateau-Cambrésis. Il entame une carrière de clerc de notaire mais sera contraint à vingt ans de rester alité de nombreuses semaines suite à une crise d'appendicite. Sa mère lui offre une boîte de peinture et le jeune Matisse se découvre une passion. Remis de sa maladie, il réintègre l'étude et s'inscrit au cours de dessin de l'école de Quentin de La Tour (à Saint-Quentin) où il réside.

1890 : Il peint son premier tableau Nature morte aux livres. Il se rend à Paris pour y suivre des cours à l'Académie Julian (Bouguereau et Ferrier) Il abandonne définitivement les études de droit.

1891 : Il s'inscrit à l'école des Beaux-arts (cette même année, Paul Gauguin se rend à Tahiti).

1895 : Il entre à l'atelier de Gustave Moreau. Matisse est stimulé par son premier maître qui l'encourage à penser et à rêver sa peinture.

1896 : Il expose pour la première fois au Salon des Cent et au Salon de la Société nationale des Beaux-arts. Il se rend à Belle-Île-en-Mer et se familiarise avec la peinture de plein air.

1897 : Il s'intéresse à la peinture impressionniste qu'il découvrira au Musée du Luxembourg.

1898 : Voyage en Corse avec Amélie Parayre qu'il a épousé. Il découvre la lumière méridionale et la couleur fait irruption dans ses toiles. Il poursuit le dépouillement du sujet et travaille des scènes d'intérieur aux fenêtres ouvertes (Tournesols dans un vase).

1901 : Il expose au Salon des Indépendants pour la première fois

(Derain lui présentera Vlaminck).

1902 : Son premier marchand Berthe Weill l'expose.

1903 : L'application brutale de ses couleurs vives et crues ainsi que sa facture libre et expressive vont faire scandale au Salon d'Automne où il expose dans "la cage aux fauves" avec ses amis (Vlaminck, Marquet, Derain, Dufy, Braque et Kees Van Dongen) comme les a baptisés le critique d'art Louis Vauxcelles. Matisse devient le chef de file du Fauvisme ; cette période marque la

Henri Matisse, biographie

Le soir de l'arrivée, 29 mars 1930

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reconnaissance de son travail, ce qui lui permettra une relative aisance matérielle.

1904 : Première exposition particulière chez Antoine Vollard (marchand d'art et galeriste). Durant l'été il se rend à Saint-Tropez et y rencontre Cross et Signac, il expérimente avec eux la technique "divisionniste".

1905 : Il participe au Salon des Indépendants et son tableau exposé Luxe, calme et volupté est acheté par Signac. La Femme au chapeau au chromatisme explosif fait scandale au Salon d'Automne. Il passe l'été à Collioure en compagnie de Derain (Intérieur à Collioure, la sieste).

1906 : Il rencontre Picasso chez Gertrude Stein (écrivaine, poétesse qui fut un catalyseur dans le développement de l'art moderne et qui contribua à la diffusion du cubisme et des œuvres de Picasso, Cézanne et Matisse). Picasso est abasourdi par l'audace du trait et de la forme simplifiés à l'extrême de la toile de Matisse Le Bonheur de vivre qui est exposé au Salon des Indépendants. Matisse se rend en Algérie à Biskra où il apprécie les céramiques populaires et les tissus artisanaux. Il est le premier artiste européen à s'intéresser à "L'art nègre".

1908 : Des expositions lui sont dédiées à l'international : une à Berlin et une autre à New-York. Il ouvre une académie libre au Couvent des Oiseaux puis à l'Hôtel Biron qui fermera en 1911.

1909 : Il s’attelle à La Danse et à La Musique (commandes pour la demeure du collectionneur russe Piotr Chtchoukine qui lui achètera une cinquantaine d'œuvres entre 1910 et 1914).

1910 : Il se rend en Allemagne avec Albert Marquet pour voir une exposition d'art islamique qui se tient à Munich, il en revient bouleversé. Il va ensuite en Andalousie à la rencontre de l'art arabo-andalou.

1912 : Il revient à Ajaccio puis se rend à Tanger au Maroc (La Porte de casbah – Iris et mimosas – et la série des Odalisques) où il est émerveillé par les formes architecturales très construites.

1913 : Il expose Portrait de Mme Matisse au Salon

d'Automne (aplats géométriques qui renvoient au cubisme). Son Nu bleu est exposé à New York à l'Armory show, avec Picabia et Duchamp.

1916-17 : Il part à Nice et décide de rester plus longtemps sur la Côte d'Azur, pour lui c'est le paradis qu'il cherche à transcrire sur ses toiles.

Durant ces années de guerre, il fait le point sur ses rapports avec le cubisme dont il poursuit l'expérimentation, cette période est une rupture partielle avec la phase lyrique et harmonieuse des années 1910-1911.

1918 : Apollinaire organise la première confrontation Matisse-Picasso : "les deux tendances opposées de l'art contemporain" dans la Galerie de Paul Guillaume à Paris.

1920 : Il exécute les dessins des costumes et décors du Ballet Le chant du Rossignol d'Igor Stravinsky et de Serge Diaghilev présenté à Londres.

Les années vingt sont pour Matisse celles d'une intense interaction entre la peinture et la sculpture, mais aussi en lien avec le dessin, la gravure et la photographie. Il se consacre à la sculpture afin de perfectionner son approche de la ligne.

1921-22 : Les Odalisques deviennent une véritable série pour laquelle pose le modèle Henriette Darricarère (ancienne danseuse) qui devient son modèle exclusif.

1924 : Il termine Le Grand Nu assis.

1925 : Voyage à Rome, Naples et en Sicile. Il est nommé Chevalier de la Légion d'honneur.

1927 : Il reçoit le Prix Carnegie à Pittsburgh.

1929 : Rétrospective Matisse à New York. Le collectionneur Albert Barnes lui commande une œuvre monumentale pour sa fondation à Philadelphie (grands panneaux de La Danse).

1930 : Matisse a 60 ans. Voyage aux Etats-Unis (New-York, Chicago, Los Angeles et San Francisco). Puis c'est le voyage à Tahiti où il plonge dans l'euphorie des couleurs. L'éditeur Skira lui demande d'illustrer les Poésies de Mallarmé (29

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eaux fortes ; l'ouvrage paraîtra en 1932).

1930-33 : La danse permet à Matisse d'explorer par la représentation de la gestuelle chorégraphique une autre forme de relation du corps humain à l'espace. Il s’attelle à La Danse dont il réalisera trois versions. Au cours de ce travail, Matisse invente ses "gouaches découpées".

1931 : Exposition à New-York dans la galerie de son fils Pierre à Manhattan.

1931-33 : Grande rétrospective au MOMA de New-York.

1934-38 : Il Travaille aux décors et costumes du Rouge et Noir de Chostakovitch pour les ballets russes de Monte Carlo.

1935 : Il donne un carton de tapisserie aux ateliers de la Manufacture de Beauvais. Lydia Delectorskaya employée de maison devient son modèle (série des Nus couchés : Le Rêve, Le nu rose). Il illustre le livre Ulysse de James Joyce.

1935-36 : Il réalise d'après ses souvenirs : Papeete-Tahiti et Papeete, vu de la fenêtre.

1937 : Collaboration avec l'éditeur Tériade (couverture en motifs géométriques de papiers découpés pour le numéro 1 de la revue Verve et de nombreux autres numéros).

1941 : Atteint d'un cancer, il est hospitalisé à Lyon, les médecins ne lui donnent plus longtemps à vivre. Après une longue convalescence, il ne peut plus voyager et passe la plupart de son temps assis ou alité, il utilise la technique des "gouaches découpées" et entame la série Jazz.

1944 : Sa fille et sa femme sont arrêtées par la

Gestapo. Matisse réalise de nombreux portraits de sa fille. Il illustre le livre Pasiphaé de Montherlant.

1945-46 : Exposition avec Picasso à Londres au Victoria & Albert Museum. Grande rétrospective au Salon d'Automne. Il réalise les cartons de tapisserie Polynésie, le ciel et Polynésie, la mer. Il illustre le livre Les lettres portugaises de Marianna Alcaforado.

1947 : Publication de l'album Jazz (édition Tériade), un travail de plusieurs années. Il illustre Les Fleurs du Mal de Charles Baudelaire (publication Bibliothèque Française).

1948 : Il quitte Vence et retourne dans le quartier Cimiez à Nice (Hôtel Régina).

1949 : Il commence à travailler au décor de la Chapelle du Rosaire de Vence où il s'est installé (vitraux : L'arbre de vie, céramiques : Saint Dominique - Vierge à l'enfant - Chemin de croix et chasubles).

1951 : Inauguration le 25 juin de la Chapelle du Rosaire à Vence.

1952 : Inauguration du Musée Matisse du Cateau-Cambrésis. Il réalise La Piscine (céramique) et La tristesse du Roi (gouache découpée), ce tableau est son dernier autoportrait, celui d'un vieillard.

1954 : Il meurt le 3 novembre à Nice et est enterré au cimetière Cimiez.

1963 : Ouverture du Musée Matisse à Nice.

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Eugène Fromentin, Une Rue à El-Aghouat, 1854-57, Douai, Musée de la Chartreuse

Depuis la Renaissance, les artistes voyagent. Toutefois, jusqu'au 19e siècle, il s'agit de voyages cantonnés aux pays occidentaux, destinés à se rendre auprès de commanditaires ou d'artistes reconnus plus qu'à collecter des inspirations nouvelles. Les premiers artistes à voyager pour se dépayser, découvrir de nouveaux espaces et expérimenter des sensations inédites sont les orientalistes. Depuis la fin du 18e siècle, une fascination pour l'orient se développe. "L'Orient" désigne les pays d'Afrique du Nord et du Moyen-Orient actuel (Maroc, Algérie, Tunisie, Turquie). Au début du 19e siècle, le courant romantique fantasme sur cet orient vu comme un monde charmeur, exotique et mystérieux. Ses principaux représentants sont Victor Hugo (Les orientales, 1829), Théophile Gautier (Le pied de momie, 1840), ou encore le peintre Eugène Delacroix.L'orientalisme poursuit les visions du romantisme et se développe dans la seconde moitié du 19e siècle. De nombreux artistes orientalistes feront le voyage vers les terres d'Orient, afin de passer d'un orient jusque là rêvé à un orient vécu.L’esprit d’observation, le désir de témoigner des

choses vues comme des phénomènes atmosphériques et lumineux motivent des artistes comme Eugène Fromentin ou

Gustave Guillaumet. Ils peignent notamment des scènes de la vie quotidienne observées en Algérie.Dans Une rue à El-Aghouat, Eugène Fromentin rend compte de l'aspect désertique de la ville mais aussi d'un mode de vie rustique voire rudimentaire : habitants accablés par la chaleur, vêtus de tuniques sobres, bâtisses délabrées...Eugène Delacroix est un précurseur du mouvement orientaliste. Il voyage au Maroc et en Algérie dès 1832. Delacroix confronte ses idées fantasmées sur l'Orient à la réalité du terrain. Il dessine au crayon et à l'aquarelle dans de petits carnets les paysages, les gens, les scènes de vie.A son retour en France, il produit de grands tableaux inspirés de l'atmosphère orientale comme les femmes d'Alger dans leur appartement (1834) ou la Noce Juive (1841).A l'époque moderne, de nombreux peintres seront tentés par le voyage vers des horizons lointains. Au 19e siècle, la Polynésie attire pour sa nature indomptée, son peuple non "civilisé" par l'homme blanc.

Fiche thématique n°1 : Le voyage, source d'inspiration des artistes

Eugène Delacroix, Paysage aux aloès dans la région de Tanger, 1832

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Paul Gauguin est le plus célèbre de ces voyageurs. Il séjourne à Tahiti en 1891-1893 puis en 1895 pour essayer de découvrir un monde primitif. Il espère y voir un peuple libre, évoluant dans des décors sauvages et colorés. L'artiste désire "vivre là d'extase, de calme et d'art" comme il le déclare. Mais ce sera pour lui la désillusion car les missionnaires ont converti la plupart des tahitiens et fait taire les coutumes locales. Gauguin partira ensuite aux îles Marquises de 1901 à sa mort en 1903. Les œuvres peintes en Polynésie montrent des décors aux tons chauds, une nature exotique, lumineuse et foisonnante, comme on le voit dans Haere Mai.Auguste Renoir, contemporain de Gauguin, se rend quant à lui en Algérie en 1881 et use de sa touche impressionniste pour rendre les particularités atmosphériques du pays : touffeur, nature verdoyante, architectures colorées...Au début du 20e siècle, le Moyen-Orient attire de nouveau de très nombreux artistes : Wassily Kandinsky voyage en Tunisie dès 1904-1905 et en retire des impressions colorées qui influenceront son œuvre pour longtemps.Paul Klee, August Macke et Louis Moilliet voyagent à leur tour en Tunisie en 1914 et rapportent de nombreuses aquarelles aux couleurs chatoyantes.

Paul Gauguin, Haere Mai, 1891, Guggenheim Museum, New York

Auguste Renoir, Le Jardin d'essai à Alger, 1882, collection particulière

Paul Klee, Saint Germain, 1914, Colombus Museum of Art

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Les motifs des collines, des casbahs et des végétaux exotiques permettent à Paul Klee de travailler sur des formes géométriques et de poser des aplats de couleur qui préfigurent ses futures œuvres abstraites.Matisse fait de nombreux voyages : Espagne, puis Algérie et Maroc dès 1906. Tous ces "déplacements" - comme il les nomme - l'inspirent dans ses œuvres. Mais les motifs vus lors du voyage à Tahiti de 1930 seront les plus persistants.Matisse passe par New York avant de se rendre en Polynésie en mars 1930. Il a décidé ce voyage afin de se ressourcer, d'aller puiser dans ce monde étranger une lumière puissante, des espaces et des formes nouveaux, qui régénéreront son œuvre. "En travaillant depuis quarante ans dans la lumière et l'espace européens, je rêvais toujours à d'autres proportions qui pouvaient se trouver dans l'autre hémisphère. J'ai toujours eu conscience d'un autre espace dans lequel évoluaient les objets de ma rêverie." déclare-t-il à ce propos.Sur place, Matisse ne peint qu’une seule petite toile, mais prend de multiples photographies et dessine abondamment. Il observe intensément et s'imprègne de sensations fugitives. Ces dernières réapparaîtront dans son œuvre après une lente décantation, sous la forme de signes plastiques, tel le motif de la feuille-algue.Si Matisse ne peint pas directement sur place, d'autres artistes emmènent au contraire tout leur matériel pour représenter des paysages précis, comme Georgia O'Keeffe lors de son voyage à Hawaï en 1939.Enfin certains artistes se font des champions du voyage comme Hervé Di Rosa, artiste français qui effectue le tour du monde depuis 1993. Mexique, Cameroun, Haïti, Espagne, Israël sont autant de destinations où l'artiste s'installe pour travailler avec les artisans de la région, en employant leurs techniques traditionnelles. Di Rosa dépeint donc des paysages exotiques en utilisant des techniques elles-mêmes exotiques. Comme le dit l'artiste "c’est le désir d’aller à la rencontre d’une nouvelle culture, de m’initier à une technique ancestrale" qui le motive.

Georgia O'Keeffe, Waterfall—No. III—Iao Valley, 1939, huile sur toile. Don de Susan Crawford Tracy, 1996,

Honolulu Museum of Art

Hervé Di Rosa, Mont des oliviers, 2010©Hervé di Rosa/Galerie Keza

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Henri Matisse était un peintre en quête de perfection, sans cesse à l’étude. Pour parvenir à ses fins, il n’hésitait pas à expérimenter toutes sortes de choses comme le dessin en aveugle ou le light painting mais aussi, comme il l’a fait à Tahiti par exemple, la plongée. En art, ce comportement est une démarche constructive qui permet la découverte de

nouvelles sensations aussi bien que de nouveaux rendus plastiques.En effet, l’innovation est souvent synonyme d’expériences comme le démontrent d’autres artistes tels que…Jackson Pollock (1912-1956), peintre américain, père du “Dripping” (1947) et du “All over” (1948), deux pratiques artistiques qui l'ont rendu

célèbre dans le monde entier.LE DRIPPING : laisser goutter la peinture à travers un récipient percé sur une toile posée au sol.LE ALL OVER : Action de projeter la peinture directement sur la toile parfois à l’aide d’un bâton ou d’un couteau.

Fiche thématique n°2 : Art et expériences

Jackson Pollock, Summertime N°9a, détail, 1948, Tate Gallery, Liverpool

Jackson Pollock, Number 1, 1950 (Lavender Mist), 1950

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Simon Hantaï, Mariale (Manteau de la Vierge), 1963

Simon Hantaï (1922-2008), peintre hongrois, figure magistrale de l'abstraction qui, sous l’influence des papiers découpés de Matisse, expérimente en tous sens des supports et techniques différents.

LE FROISSAGE : Froisser la toile et la peindre avant de la défroisser. Hantaï aimait dire “je peins à l'aveugle”.LE PLIAGE : plier la toile souple avant de la peindre, puis la peindre, la replier et la déployer afin de découvrir l'œuvre finale. C'est en quelque sorte le

jeu “du peint et du non peint” : “On pouvait remplir la toile pliée sans savoir où était le bord. On ne sait plus alors où cela s'arrête. On pouvait même aller plus loin et peindre les yeux fermés”.LES MEUNS (NOUAGE) : faire des nœuds “aux quatre coins de la toile” afin d’obtenir un sac informe, peindre et dénouer.

DESTRUCTION – RECONSTRUCTION : découper d'anciennes toiles, enterrer certaines dans son jardin pour les sortir plus de dix après !

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Yves Klein (1928-1962), peintre français, cherche à atteindre la sensibilité à l'état pur. Retient une seule couleur, le bleu, qu’il considère comme la plus abstraite. Dépose la formule du IKB ou International Klein Blue (sa recette de gomme qui lie les pigments de sa peinture) : “ Le bleu n'a pas de dimension, il est hors dimension, tandis que les autres couleurs, elles, en ont. Toutes les couleurs amènent des associations d'idées concrètes (…) tandis que le bleu rappelle tout au plus la mer et le ciel, ce qu'il y a après tout de plus abstrait dans la nature tangible et visible”.

L'EPONGE : Appliquer la couleur sur le support par imprégnation. L'intensité du pigment est plus forte dans une éponge qui est une matière sauvage vivante (Yves Klein a réalisé une série de 215 sculptures-éponges).

LES PINCEAUX VIVANTS / ANTHROPOMETRIE : Aller soi-même au contact de la toile. Son œuvre Anthropométrie de l'époque bleue a été réalisée sous forme d'une performance : ce sont trois femmes nues enduites de peinture bleue qui ont

déposé l'empreinte de leurs corps sur du papier blanc.

PEINTURE DE FEU : imprimer les traces du feu sur différents supports grâce à un équipement industriel au Centre d'essais Gaz de France de la Plaine Saint-Denis.

Kazuo Shiraga (1924-2008), artiste japonais, participe à la création du 1er groupe d'avant-garde japonais Zero Kai puis adhère au Gutaï (qui s'oppose à l'abstrait). La peinture est un corps à corps avec la couleur. Il peint avec les pieds, debout ou suspendu à une corde, il pratique également des simulations de combat dans la boue pour y laisser l'empreinte de son corps.

La finalité de la démarche de ces artistes reste pleinement artistique et leurs théories comme leurs innovations ont contribué à faire évoluer l'art contemporain.

Yves Klein, Anthropométrie, 1960 Kazuo Shiraga, Untitled, 1987

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Historique :Ornements et illustrations sont présents dans le livre depuis son origine. Les enluminures médiévales en témoignent. A la recherche de "beaux livres" les collectionneurs encouragent au 18e siècle la création de livres illustrés tels que Les Contes et nouvelles en vers de Jean de La Fontaine par Fragonard en 1762. Toutefois, c’est William Blake, artiste pluridisciplinaire britannique, qui instaure un nouveau système d’édition à travers son recueil de poèmes Songs of innocence and of experience où il mêle textes et images en marge d’un système d’impression traditionnel.Au 19e siècle, le rapport entre le texte et le dessin se fait ainsi plus intime. Victor Hugo interprète lui-même ses écrits à l’encre de Chine. Edouard Manet illustre en 1875 Le Corbeau d’Edgar Poe et, en 1876, L’après-midi d’un faune de Stéphane Mallarmé.

Au début du 20e siècle, de grands amateurs d’art et éditeurs tels qu’Ambroise Vollard font travailler les peintres Nabis dont Pierre Bonnard pour Parallèlement de Verlaine en 1900, puis Raoul Dufy, Pablo Picasso, Georges Rouault, Derain, etc. D’ores et déjà, artistes et écrivains participent plus étroitement à la réalisation de travaux collectifs appelés "livres simultanés", véritables mise en relation créative basée sur le rythme.

La notion de livre d’artiste n’est pas très claire et reste propre à chacun. Cependant, il se caractérise par le fait qu’il est en soi une véritable œuvre d’art. Le livre d’artiste est un dialogue entre l’écrivain et l’artiste. En général, le tirage est limité et les ouvrages sont signés. C’est pourquoi il est différencié du livre illustré publié en série ou même du livre de peintre ne comportant que des œuvres plastiques. L’évolution des courants artistiques a également donné naissance au livre-objet ou au flip-book (livre animé). Cependant, pour conserver son appellation de "livre d’artiste", l’œuvre d’art doit demeurer un livre, quelle que soit sa forme.

Fiche thématique n°3 : Du livre illustré au livre d'artisteDéfinition William Blake,

couverture de Songs of

innocence and of experience,

1794

Sonia Delaunay,

Blaise Cendrars,

La Prose du Transsibérien et de la Petite

Jehanne de France,

1913, détail des pages

intérieures

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La Prose du Transsibérien et de la Petite Jehanne de France de Blaise Cendrars et Sonia Delaunay, paru en 1913, en est un des exemples les plus célèbres.Dans les années 1930-1940, les éditeurs d’art comme Albert Skira ou Tériade et les sociétés bibliophiles sollicitent les auteurs afin de s’assurer de leur collaboration. C’est ainsi que Salvador Dali illustre Les chants de Maldoror du Comte de Lautréamont en 1934, qu’Henri Matisse donne naissance à Jazz en 1947 ou que Joan Miro travaille sur Parler seul de Tristan Tzara en 1950. Le phénomène s’affirme et prospère jusque dans les années 1970 avec l’apparition du livre d’artiste aux Etats-Unis, impulsé par le Pop Art puis grâce au développement de l’art conceptuel et des mouvements avant-gardistes tels que Fluxus. Ce nouveau genre, lancé par le peintre Edward Ruscha en 1963 avec Twentysix gasoline stations, marque une rupture avec le système de production habituel. L’artiste devient seul concepteur et il est son propre éditeur. Le support est ordinaire, la technique d’impression est moderne (souvent en offset), et le tirage n’est pas limité. Dans les années 1980, la disparition des éditeurs d’après-guerre et d’une génération de peintres impliqués fragilise le marché mais de nombreuses petites maisons d’édition françaises appuyées par le milieu associatif favorisent aujourd’hui la création de livres d’artistes pour lesquels les collectionneurs montrent un regain d’intérêt.

Matisse et le livreDu début des années 1930 à sa mort en 1954, Henri Matisse a réalisé 14 ouvrages illustrés, des poèmes de Mallarmé à ceux de son ami Charles-Antoine Nau en passant par les textes de James Joyce, Ronsard, Reverdy, Montherlant, Baudelaire, Charles d’Orléans… Des débuts tardifs dans l’univers du livre pour un artiste qui maîtrisait pourtant l’art de la gravure depuis une trentaine d’années, alors que ses contemporains (Picasso, Bonnard, Derain, Masson, Dali…) avaient déjà expérimenté cet exercice. Toutefois, c’est avec une approche différente que Matisse aborde l’illustration : "Le livre ne doit pas avoir besoin d’être complété par une illustration imitatrice. Le peintre et l’écrivain doivent agir ensemble, sans confusion, mais parallèlement. Le dessin doit être un équivalent plastique du poème." Pour parvenir à ses fins, Henri Matisse prend le temps de s’imprégner des poèmes qu’il n’hésite pas à recopier et à apprendre par cœur. Il sélectionne ensuite ceux qu’il préfère avant de réfléchir à la composition et au rythme de l’ouvrage, aux choix des caractères d’imprimerie et de la technique d’illustration. Finalement, il entame de très nombreuses études dans le but de trouver l’expression plastique la plus adéquate.En plus des œuvres littéraires, Matisse illustre également plusieurs couvertures de Verve, revue dédiée à l’art éditée par Tériade. C’est là qu’il introduit les papiers découpés et que le célèbre éditeur et critique d’art a l’idée de lui demander un ouvrage complet. En 1942, touché gravement par la maladie, alité et dans l’impossibilité de peindre, Henri Matisse se consacre sans doute davantage à l’illustration qu’il ne l’aurait imaginé. En 1947 naît Jazz, un recueil de 20 planches colorées accompagnées de pages d’écriture, reconnu pour sa qualité artistique autant que technique. L’ouvrage commence avec Le Clown et s’achève avec Le Lagon. Matisse explique : "Ces images aux timbres vifs et violents sont venues de cristallisations de souvenirs du cirque, des contes populaires ou de voyages."Initialement intitulé Cirque, le titre change donc pour Jazz, abandonnant la référence thématique au profit du sens du rythme évoqué par la composition et les couleurs. Dans la France des années 1940 et particulièrement à Nice où vit le peintre, le jazz connaît un engouement croissant. C’est en cours de route que Matisse ajoute à l’ouvrage des textes manuscrits. Il les rédige lui-même et les recopie au pinceau noir sur blanc, fusionnant l’écriture, le dessin et la peinture en un seul acte. Il considère que les mots sont graphiquement intéressants et la calligraphie finit par le captiver. Il déclare en 1945 à Aragon au sujet de Jazz : « Je sais maintenant ce qu’est un J ».Dans l’œuvre de Matisse, le livre est devenu un nouveau support d’expression artistique.

Ed Ruscha, Twentysix gasoline stations, 1963

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Cette eau forte fait partie des vingt-neuf illustrations des Poésies de Stéphane Mallarmé édité par Albert Skira & cie en1932 à Lausanne. C'est le premier livre illustré de Matisse.

Les eaux-fortes de Matisse pour les Poésies de Stéphane Mallarmé constituent sans doute un ultime accomplissement dans la tradition luxueuse des livres illustrés. Inspiré par la notion mallarméenne de page blanche comme espace premier, l'artiste y fait preuve d'un sens exceptionnel de l'équilibre et de l'harmonie. S'imprégnant des textes de l'un des plus grands sonnettistes français pour illustrer cet ouvrage, Matisse cherche à ce que son dessin soit un équivalent plastique du poème. Chaque sonnet

étude d'œuvre n°1 : La Chevelure

La Chevelure, Eau-forte pour Poésies de Stéphane Mallarmé, 1932, Collection particulière

se lit pour lui-même mais chacun s'enchaîne au précédent comme une variation. Pour cela, Matisse s'attache à la composition, sélectionnant les caractères d'imprimerie, déterminant le rythme de l'ouvrage et la place des poèmes ; puis il décide de la technique d'illustration et entame la recherche de l'expression plastique en exécutant de nombreuses études. Il passe alors au travail de la gravure. Il joue de son dessin, déployant l'arabesque jusqu'à son épure, faisant contraster la légèreté de la ligne avec le poids du texte imprimé et veillant à ce que la lumière de la page vienne mettre en valeur les fines traces des lignes continues de ses eaux fortes : "Le peintre et l'écrivain doivent agir ensemble, sans confusion, mais parallèlement. Le dessin doit être un équivalent plastique du poème. Je ne dirai pas : 1er violon et 2e violon, mais un ensemble concertant." (Matisse, Note à l'adresse de Raymond Escholier, 1956).

La volonté de Matisse est de composer un seul et même ensemble qui soit indissociable.

L’eau-forte est un procédé de gravure en taille-douce sur une plaque métallique à l’aide d’un mordant chimique. C'est un procédé de taille indirecte (par morsure du métal par un acide), contrairement à la taille directe (à l’aide d’outils). L’eau-forte désigne à la fois le procédé, la gravure sur métal et l’estampe obtenue par cette gravure.

Définition

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L'exaltation nourrit son trait de sensualitéPour illustrer le sonnet La Chevelure, Matisse représente le visage d'une jeune femme qui nous regarde et semble couchée, la tête renversée en arrière, déployant sa belle et longue chevelure. Celle-ci est tellement abondante qu'elle "sort du cadre" et se répand au-delà de la frontière de la page. Les mèches ondulantes sont voluptueuses et évoquent une sensualité débordante. Le regard intense est rieur, mais le doute est là, est-ce l'expression d'un désir, un jeu de séduction ou une réelle offrande ? On peut qualifier le texte de Mallarmé de morphologies poétiques. Les mots et les sens prennent vie sous le trait de Matisse qui les traite avec passion, son geste libère les morphologies, fruits de l'offrande ou pleurs que l'on voit couler...

La domination de la ligneComposant avec le sens des mots et les sens exaltés, Matisse a le geste libre, un geste passionné mais précis et déterminé ; il épure son trait dans une extrême simplification. La liberté du geste lui permet d'être « à l'écoute de la ligne ». Cette ligne « porteuse de vie » est le flux vital qui irrigue à la fois le dessin et le texte pour donner naissance à l'ouvrage. Il s'empare d'une ligne légère, cursive qui se déploie en de subtiles arabesques et aboutit à la fluidité de l'espace, la ligne droite n'existe pas.

Le plein-le videMatisse considère le vide comme un élément dynamique et agissant ; il troue le plein par le vide pour mieux aborder les formes.

L'évocation mouvementéeLe dessin est construit comme un espace dynamique, un champ de forces prenant toute son amplitude autour du visage devenu centre de gravité. On a la sensation d'un espace rayonnant, avec ce visage au milieu de la composition, tel un feu central qui diffuse une incroyable énergie et nous fait perdre nos repères. En effet Matisse réalise son dessin "à bord perdu", sans cadre, ce qui accentue la sensation de vertige donnée par

la pose du visage renversé. Le point de vue au-dessus du modèle ainsi que le tracé enflammé participent à cette sensation d'apesanteur, le spectateur est comme en lévitation, il flotte, bercé par les mots et le rythme du dessin. C'est un hommage à la beauté de la femme et à sa sensualité.

Stéphane Mallarmé, La Chevelure

La chevelure vol d'une flamme à l'extrêmeOccident de désirs pour la tout déployerSe pose (je dirais mourir un diadème)Vers le front couronné son ancien foyer

Mais sans or soupirer que cette vive nueL'ignition du feu toujours intérieurOriginellement la seule continueDans le joyau de l'œil véridique ou rieur

Une nudité de héros tendre diffameCelle qui ne mouvant astre ni feux au doigtRien qu'à simplifier avec gloire la femmeAccomplit par son chef fulgurante l'exploit

De semer de rubis le doute qu'elle écorcheAinsi qu'une joyeuse et tutélaire torche

"Des eaux-fortes d’un trait régulier, très mince, sans

hachures, ce qui laisse la feuille imprimée presque aussi blanche

qu’avant l’impression. Le dessin remplit la page

sans marge, ce qui éclaircit encore la feuille,

car le dessin n’est pas, comme généralement,

massé vers le centre mais rayonne sur toute la feuille (…)"

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En 1941, Henri Matisse, peintre reconnu, doit subir l'opération d'une tumeur qui le laissera affaibli pendant de nombreux mois. Contraint à rester au lit, Matisse peut difficilement peindre. Il va donc se consacrer au dessin et à la réalisation de livres d'artistes dont Jazz. Dans ce livre, Matisse opte pour la technique des papiers gouachés découpés. Matisse nomme cette méthode novatrice "dessiner avec des ciseaux". Il se plait à écrire dans son livre : "découper à vif dans la couleur me rappelle la taille directe des sculpteurs". Cette méthode très libre lui apporte un nouvel élan créatif, qui ne se démentira pas jusqu'à la fin de sa carrière.Au fur et à mesure que l'on feuillette les pages de Jazz, les motifs inspirés de Tahiti sont de plus en plus prégnants. Du thème du cirque censé caractériser l'ouvrage, on glisse ainsi peu à peu vers un ailleurs exotique.Les formes utilisées par Matisse sont très épurées et stylisées. Lisses, elles serpentent sous l'influence des motifs contemplés à Tahiti. De fait, lors de son séjour à Papeete, Matisse est fasciné par le feuillage luxuriant et enchevêtré des bananiers,

étude d'œuvre n°2 : Le Lagon

cocotiers, hibiscus, ora (arbres dont les racines aériennes s'entremêlent) et autres arbres à pain qu'il dessine et photographie sans relâche. Dès son retour de voyage, les feuilles sont réinventées dans l'œuvre de Matisse d'après ses souvenirs. Avec la distance de la mémoire, elles se simplifient et catalysent le mouvement à travers une ligne ondoyante. Toutes en courbes et contre-courbes, elles deviennent peu à peu des signes esthétiques purs.Ce cheminement est évident dans Le Lagon. Cette dernière planche consacre l'aboutissement des résurgences de motifs tahitiens.L'eau aux reflets bleus, verts et violets est parsemée d'algues et de plantes aquatiques. Matisse choisit un répertoire de tons froids, évocateur du milieu lacustre représenté par Claude Monet quelques décennies auparavant dans ses multiples interprétations des Nymphéas.Ciel et mer se rejoignent dans Le Lagon. Les espaces se confondent par la lumière, sensation expérimentée à Tahiti lorsque Matisse se baignait dans les lagunes. Les formes se prolongent, se répondent les unes aux autres, comme l'explique

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Henri Matisse, Tériade Éditeur,Jazz, Le Lagon, planche XVIII, 1947PochoirCollection particulière

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Matisse : "Une ligne ne traduit rien ; ce n'est qu'en rapport avec une autre qu'elle crée un volume".L'usage intensif de l'arabesque permet au peintre de suggérer aussi bien l'ondulation de la flore sous-marine, que le miroitement d'un reflet sur l'eau, la ligne fugitive d'un nageur, le mouvement d'une vague ou le passage d'un nuage. Ainsi la forme centrale blanche contient-elle toutes ces évocations à la fois. Les formes, chez Matisse, regorgent d'un potentiel métamorphique. Dans Le lanceur de couteaux (15e planche de Jazz), les personnages du cirque ressemblent déjà à des motifs végétaux déformés, comme s'ils avaient absorbé le mouvement souple des feuilles qui les entourent. Les souvenirs de Tahiti avaient sans doute commencé à renaître. L'impression d'étendue infinie suggérée dans Le Lagon est donnée par l'usage du vide coloré. L'espacement des formes les souligne et les fait ressortir sur le fond. Le vide apporte de plus une respiration, permettant aux formes et couleurs de vibrer en harmonie. La vibration que recherche Matisse est en effet celle de la vie même.

Matisse et la couleur

La couleur, chez Matisse, est un élément vital, soumis à une recherche constante. Comment la développer, lui faire exprimer ce "principe vital commun à toutes choses" qui préoccupe l'artiste ?Depuis ses débuts fauves, Matisse est fasciné par le poten-tiel des couleurs dont le flamboiement traduit toute la richesse énergétique de la nature.Très vives, les couleurs de Matisse résultent d'autant de voyages effectués dans des contrées lumineuses telles que la Corse, l'Espagne, le Maroc.Les lumières observées à Tahiti confortent Matisse dans son amour pour la couleur.Les papiers découpés ont un rapport particulier avec la couleur. Utilisée pure et légèrement diluée, la couleur n'est pas mélangée. Elle développe alors une puissance visuelle remarquable. Les tons très vifs se combattent et s'entre-choquent (les jaunes, rouges et noirs du Cauchemar de l'éléphant blanc par exemple) ou au contraire s'harmonisent et s'adoucissent mutuellement (comme dans Le Lagon).Ces couleurs directement découpées par les ciseaux de Matisse viennent happer l'œil du spectateur. Les couleurs sont attachées aux formes sans recherche de réalisme (feuille rose, oiseau bleu...), mais au contraire selon un souci d'expressivité gaie et enlevée.Enfin, chaque couleur revêt un enjeu particulier pour Matisse. Le vert et le bleu évoquent ainsi souvent les étendues mêlées de l'eau et du ciel. En tant que surfaces, elles vont se diffuser jusqu'au-delà de la toile. A l'inverse de ces couleurs évanescentes, rose et rouge sont des couleurs plus matérielles. Sensuelles, elles évoquent la chair. Le noir enfin est très particulier. Il ne s'agit pas d'une couleur néga-tive, sombre, mais au contraire de l'expression même de la lumière chez Matisse. Plus précisément, le noir représente une lumière aveuglante, qui "troue" en quelque sorte la vision. Le noir sert aussi à creuser la profondeur des œuvres en faisant ressortir les autres couleurs.

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Depuis l’été 1946, Matisse travaille à la réalisation de cartons de tapisserie pour la Manufacture de Beauvais. Ces épreuves sont destinées à servir de base à la réalisation de l’ouvrage sur métier à tisser. Dans un premier temps, il propose Océanie, le ciel et Océanie, la mer. Ces œuvres monumentales ont été crées à partir de papiers découpés fixés au mur. Lydia Delectorskaya, l’assistante du peintre, raconte que c’est pour cacher une tâche sur le mur beige de sa chambre du boulevard Montparnasse que Matisse aurait eu l’idée de ce décor. La première forme découpée fut celle d’un oiseau, peut-être celui photographié par l’artiste durant son voyage à Tahiti en 1930. Cependant, la difficulté technique d’obtenir au tissage un équilibre entre le beige et le blanc oblige le peintre à renoncer à ce projet qui sera plutôt exécuté en sérigraphie. A la demande de Georges Fontaine, administrateur du mobilier et des manufactures des Gobelins et de Beauvais, Matisse travaille donc le bleu foncé et le bleu turquoise. Il dit : "Avec des couleurs laides, je ferai du beau" et la genèse de Polynésie, le ciel et Polynésie, la mer peut commencer.

Il découpe dans du papier de grands oiseaux blancs, des algues et des coraux : "Les souvenirs de mon voyage à Tahiti ne me sont revenus que maintenant, quinze ans après, sous formes d’images obsédantes : madrépores, coraux,

étude d'œuvre n°3 : Polynésie, la mer

poissons, oiseaux méduses, éponges…". Les tapisseries sont une concrétisation enfin révélée des souvenirs de Tahiti. Matisse entoure ses compositions d’une bordure végétale rappelant les lagons polynésiens. Ces formes sinueuses ont déjà été employées sur les planches de Jazz (1943-1947) et resteront présentes dans son œuvre jusque sur les vitraux de la Chapelle du Rosaire de Vence (1949-1952).Les panneaux décoratifs de grande ampleur que sont Polynésie, le ciel et Polynésie, la mer créent un environnement aéré auquel le spectateur peut s’intégrer. L’horizon s’efface et laisse place à l’immensité, la perspective a disparu, les espaces se confondent comme dans les lagons où le peintre avait fait l’expérience de se baigner. On ne sait plus très bien si les oiseaux nagent ou si les méduses volent. Le mouvement est donné par la position des formes qui semblent graviter dans toutes les directions.Le fond est composé de feuilles de papier d’emballage colorées industriellement en bleu et en vert rehaussé à la gouache. Les alternances rythmées de bleu dialoguent entre elles comme les notes sur un clavier. Matisse est musicien (il joue du violon) et fait un rapprochement entre les vibrations des sons et celles des couleurs qu’il nomme ses "accords". Les différents tons de bleu se diffusent comme une onde apaisante.

Henri Matisse, Polynésie, la mer, 1948, Tapisserie en laine, Manufacture de Beauvais, Collection de la Ville de Beauvais

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Le bleu et le blanc restent dans l’œuvre du peintre une combinaison de couleurs caractéristique. Leur rapport contrasté dynamise les formes en donnant une sensation de volume et l’énergie du tracé marqué par les ciseaux apporte à l’œuvre sa vitalité. Enfin, la plénitude est traduite par la lumière intense suggérée par l'absence d'ombre.

A travers la nature sauvage observée à Tahiti, Matisse veut créer son propre univers, un espace cosmique peuplé de formes ambiguës habitées d’une vie née de l’énergie de la ligne et de la couleur. Il assimile l’œuvre artistique à celle de la nature et pense que l’artiste doit, en tant que créateur, donner vie à son œuvre : "L’art imite

la nature : par le caractère de vie que confère à l’œuvre d’art un travail créateur".

Les cartons achevés en 1946, Matisse voit les premiers tissages en 1947. Les nuances de blancs dues aux différentes épaisseurs des motifs sont respectées. Il conçoit toutefois trois variantes qui ne seront jamais reprises. Finalement, les tapisseries sont terminées en quelques semaines, au mois d’avril 1948. Elles sont exposées en 1949 à Paris, au Musée National d’Art Moderne lors d’une rétrospective consacrée aux œuvres récentes du peintre. Les maquettes originales y sont conservées depuis 1975.

@ Succession H. Matisse, pour les œuvres de l'artiste

La mobilité des éléments découpés permet à Matisse de composer en plusieurs étapes des œuvres de grande ampleur. Il en fait un premier emploi dans La Danse de 1930-1932, fresque murale destinée à la Fondation du Docteur Barnes aux Etats-Unis. En 1937, Matisse utilise la technique des papiers gouachés découpés de façon autonome pour la couverture de la revue Verve. Dès lors, il ne cessera de réitérer : "Le papier découpé me permet de dessiner dans la couleur au lieu de dessiner le motif et de le colorier".La gouache, presque toujours de couleur pure, est diluée à l’eau. La peinture est passée sur la surface des papiers de différents types (Canson, vélin…) par des assistantes qui modulent la couleur en transparence ou en opacité en jouant sur l’épaisseur. Matisse se constitue ainsi une large palette d’éléments colorés de vibrations diverses, prêts à l’emploi. Il y découpe ses formes comme le sculpteur taille au ciseau. Puis il agence ses motifs en les épinglant sur les murs de ses appartements jusqu’à obtenir la composition souhaitée.Avec cette méthode, Henri Matisse a inventé une nouvelle forme d’expression artistique à mi-chemin entre la peinture, la sculpture et le dessin.

Matisse veut arriver à "une intensification de toutes les sensations susceptibles d’enrichir la vie intérieure". Sa méthode se résume en ces mots : "Il suffit d’inventer des signes. Quand on possède un authentique sentiment de la nature, on peut créer des signes qui soient autant d’équivalents entre l’artiste et le spectateur". Dans le but d’inventer un langage universel, il métamorphose le sujet réel en réalité graphique en partant de l’observation de la nature. "Il faut étudier longuement, sans se hâter. Ainsi, celui qui commence par le signe aboutit très vite à une impasse. Moi, je suis allé des objets au signe". Il simplifie les lignes et les formes à leur paroxysme, confondant parfois plusieurs sujets pour obtenir une forme douée d’une grande force énergétique. Par exemple, le motif de la feuille-algue renvoie aussi bien au végétal qu’à l’anthropomorphique. Le choix d’user de la couleur pure participe à cette nécessité pour l’artiste de signifier, de donner du sens. Cette stylisation à la limite de l’abstraction permet de laisser libre cours à l’imagination du spectateur. Le caractère humain y est volontairement exclu pour ne pas, par une identification inutile, perturber cette harmonie.

La technique des papiers gouachés découpés

Les signes

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Pistes de travail en classeAutour des voyages d'artistesLes artistes ne sont pas les seuls à voyager vers des destinations exotiques. Les écrivains cherchent également à découvrir des mondes nouveaux. Certains observent finement les mœurs et traditions, d'autres les romancent dans leurs écrits.

Étudiez et comparez des extraits de textes d'écrivains voyageurs : •  Herman Melville, Taïpi, 1846•  Gérard de Nerval, Voyage en Orient, 1851•  Robert Louis Stevenson, Dans les mers du sud,

1908•  Jack London, Contes des mers du sud, 1911Lors de vos prochains séjours à l'étranger, faites à votre tour le récit de vos aventures, en combinant, comme Henri Matisse, impressions écrites et dessinées. Réalisez votre propre carnet de voyage.

Les couleurs, les formes, le papierEn vous inspirant des expérimentations des artistes du 20e siècle, réalisez à votre tour quelques expériences décalées avec du papier.

•  Je m'inspire de... Simon Hantaï : badigeonnez de peinture une petite partie d'une feuille de papier. Repliez la feuille pour créer des motifs aléatoires...•  Je m'inspire de... Jackson Pollock : laissez couler

de la peinture sur une grande feuille posée à plat. Projetez également de la peinture à partir du pot avec un gros pinceau.•  Je m'inspire de... Raymond Hains : collez sur une

feuille plusieurs couches de papiers journaux divers. Puis arrachez certaines parties pour créer un dessin étrange.•  Je m'inspire de... Max Ernst : posez un papier fin

sur une surface texturée (écorce d'arbre, ficelle, pierre...), puis, avec une mine de plomb, frottez le papier pour laisser apparaître des motifs.

A visiter près de chez vousEn complément de l'exposition, prolongez vos horizons en visitant ces musées :

Manufacture nationale de la tapisserie de Beauvais Visites les mardi, mercredi et jeudi après-midi, de 14h à 16h sur rendez-vous auprès de l'Office du Tourisme au 03 44 15 30 34 24, rue Henri Brispot - 60000 BEAUVAIS

Galerie nationale de la tapisserie de Beauvais Ouvert du mardi au vendredi de 12h à 18h, les samedi et dimanche de 10h à 18h - Entrée libre 22, rue Saint-Pierre - 60000 BEAUVAIS Tél. : 03 44 15 67 00

Bibliographie et webographie

• FORESTIER, Sylvie, PULVENIS DE SELIGNY, Marie-Thérèse, Matisse, le ciel découpé, les papiers gouachés découpés, Citadelles & Mazenod, Paris, 2012•  LAUDON, Paule, Matisse, le voyage en Polynésie,

Au vent des îles, 2003•  MATISSE, Henri, "Comment j’ai fait mes livres", in

Écrits et propos sur l’art, FOURCADE, Dominique, Hermann Arts, Paris, 1972, pp. 211-213•  MATISSE, Henri, Jazz, La Martinière, 2013•  NERET, Gilles, Henri Matisse - Les Papiers

Découpés. Dessiner avec une Paire de Ciseaux, Taschen, 2014•  SAVIN, Tristan, Le goût de Tahiti, Mercure de

France, 2012•  SCEMLA, Jean-Jo, Le voyage en Polynésie.

Anthologie des voyageurs occidentaux, de Cook à Segalen, éditions Laffont, Paris, 1994•  SEGALEN, Victor, Essai sur l'exotisme, une

esthétique du divers, suivi de Textes sur Gauguin et l'Océanie, Le Livre de poche, Paris, 1999•  http://mediation.centrepompidou.fr/education/

ressources/ENS-matisse/ENS-matisse.htm•  http://www.museedeslettres.fr/expositions/pdf/

dp_matisse_1_.pdf?PHPSESSID

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dossier pédagogique Matisse à Tahiti

Les ateliers de l'exposition pour les groupes scolairesExpéri-Mental (maternelle et élémentaire)Henri Matisse est un peintre renommé du 20e siècle connu pour ses tableaux "fauves". Son besoin d’apprendre sur la couleur et la lumière sera finalement assouvi suite à un voyage entrepris à l’âge de 60 ans à Tahiti. Comme quoi, on apprend à tout âge ! Suivez les pas de Matisse à Tahiti, revivez ses expériences avec l’eau, dessinez à bout de bras une œuvre collective et testez les papiers découpés, sa grande invention plastique. Les enfants repartent avec leurs productions.

Poésie de l’œuvre (collège et lycée)La visite guidée de l’exposition permet de constater qu’un artiste peut puiser dans un voyage une multitude de concepts d’ordre graphique et que tout reste à réinventer… Des illustrations de poèmes au livre d’artiste : avec Henri Matisse, le livre devient un autre support d’expression artistique. Créez vos propres œuvres inspirées des livres auxquels Matisse à contribué : une œuvre plastique à emporter avec soi, une œuvre littéraire collective qui vous fera peut-être gagner un atelier en classe délivré par le personnel du musée !Tarif : 5€ par élève Durée : 1h30 Réservation obligatoire

Les ateliers des vacancesDurant les vacances scolaires, un rendez-vous est proposé aux enfants de 5 à 12 ans. Ils visitent l’exposition temporaire en cours avec un animateur qui les emmène ensuite en atelier créatif. Un goûter est enfin servi aux jeunes artistes méritants !Tarif : 9€ par enfant Durée : 1h30 Dates : 21 et 28 octobre, 23 décembre 2014 de 14h30 à 16h30 Réservation obligatoire

Public individuelAccueil en accès libre tous les jours sauf le mardi, de 14h30 à 18h30.Un quiz est mis à disposition de chaque enfant sachant lire et écrire.Tarif : 3,50€ par personne Durée estimée : 45 minutes

Informations pratiques

ContactsService pédagogique :

Responsable : Céline Louvet : [email protected] Gomas : [email protected]

Réservations des groupes : Patrick Huqueleux : [email protected]

Tél : 03.44.22.61.74 – Fax : 03.44.22.07.52