Évaluation de la pratique des médecins généralistes pour le dépistage et le traitement de...

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Revue du rhumatisme 80 (2013) 594–598 Disponible en ligne sur www.sciencedirect.com Article original Évaluation de la pratique des médecins généralistes pour le dépistage et le traitement de l’ostéoporose chez les femmes de 60 ans et plus Hubert Blain a,,b , Sophie Chevallier c , Erika Nogué d , Marie-Christine Picot d,e , Michel Amouyal c , Béatrice Lognos c , Patrick Dutilleul c , Thierry Thomas f a Pôle de gériatrie, centre-Antonin-Balmes, CHU de Montpellier, 39, avenue Charles-Flahault, 34295 Montpellier cedex 5r, France b Laboratoire Movement to Health, Euromov, université Montpellier 1, 700, avenue du Pic-Saint-Loup, 34090 Montpellier, France c Département de médecine générale, faculté de médecine de Montpellier, 2, rue École-de-Médecine, 34000 Montpellier, France d Unité de recherche clinique, CHU de Montpellier, 34295 Montpellier, France e Inserm CIC 1001, CHU de Montpellier, 34295 Montpellier, France f Inserm U1059, service de rhumatologie, CHU de Saint-Étienne, 42055 Saint-Étienne cedex 2, France info article Historique de l’article : Accepté le 7 f ´ evrier 2013 Disponible sur Internet le 29 mars 2013 Mots clés : Ostéoporose Prise en charge Recommandations Médecine générale résumé Contexte. Les indications des traitements anti-ostéoporotiques chez les femmes ménopausées publiées en 2006 par l’Afssaps semblaient incomplètement suivies en France. Les recommandations de 2012 simplifient le dépistage des femmes à haut risque de fracture justifiant d’un traitement. Objectifs. – Évaluer, en médecine générale, l’adéquation entre la prescription d’ostéodensitométrie (DXA) et ses conditions de remboursement, entre la prescription des traitements anti-ostéoporotiques et les recommandations de 2006 et le nombre de traitements à prescrire si les recommandations 2012 étaient suivies. Méthodes. – En 2010, 60 médecins ont renseigné chez 471 femmes de 60 ans et plus, sans antécédent d’ostéoporose, les facteurs justifiant d’une DXA remboursée et d’un traitement anti-ostéoporotique et les variables permettant a posteriori de calculer le score FRAX ® . Résultats. – Au total, 39,1 % des femmes ont un facteur de risque d’ostéoporose indiquant une DXA rem- boursée et 53,8 % de ces femmes ont eu une DXA. Une DXA est effectuée chez 30 % des femmes sans facteur de risque d’ostéoporose. Un traitement anti-ostéoporotique est prescrit chez 8,4 % des femmes sans facteur de risque d’ostéoporose et chez 26,3 % des femmes dans les indications de DXA remboursée, alors qu’il aurait dû être instauré chez 37,4 % de ces dernières. En utilisant les résultats de DXA et le score FRAX ® , un traitement serait indiqué chez 21,3 % de la population selon les recommandations 2012. Conclusion. – Nos données montrent qu’en 2010 les médecins généralistes suivaient peu les recomman- dations franc ¸ aises pour la prise en charge de l’ostéoporose postménopausique. Il reste à démontrer si les recommandations 2012 seront mieux suivies par les médecins généralistes. © 2013 Publié par Elsevier Masson SAS pour la Société Française de Rhumatologie. 1. Introduction L’ostéoporose est une maladie diffuse du squelette touchant par- ticulièrement les femmes de 60 ans et davantage, caractérisée par une réduction de la résistance osseuse conduisant à un risque accru de fracture [1–3]. En France, le dépistage par l’ostéodensitométrie (DXA) de l’ostéoporose est remboursé depuis 2006 en présence d’un ou plusieurs facteurs de risque ou signes d’ostéoporose (anté- cédent de fracture vertébrale ou de fracture périphérique survenue Cette étude a été réalisée avec l’aide de la section généraliste de l’Union régionale des médecins libéraux du Languedoc-Roussillon et du laboratoire Warner-Chilcott. Auteur correspondant. Adresses e-mail : [email protected], [email protected] (H. Blain). sans traumatisme majeur, situations potentiellement inductrices d’ostéoporose, notamment corticothérapie et hypogonadisme pro- longé) (Tableau 2) (publication du Journal Officiel du 30 juin 2006) [4]. Les médicaments anti-ostéoporotiques sont remboursés en cas de fracture ostéoporotique ou en l’absence de fracture, en fonc- tion de la valeur en T-score de la densité minérale osseuse (DMO) et de facteurs de risque non ostéodensitométriques de fracture (publication du Journal Officiel du 11 octobre 2006). Malgré le rem- boursement de la DXA et des traitements dans ces indications, le nombre de DXA réalisées tend à diminuer en France [3] alors que l’incidence des fractures de l’extrémité du fémur ne diminue pas significativement [3,5], suggérant que ces recommandations sont peut-être mal suivies par les médecins généralistes, principaux prescripteurs de DXA et de traitements anti-ostéoporotiques. 1169-8330/$ – see front matter © 2013 Publié par Elsevier Masson SAS pour la Société Française de Rhumatologie. http://dx.doi.org/10.1016/j.rhum.2013.02.004

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Revue du rhumatisme 80 (2013) 594–598

Disponible en ligne sur

www.sciencedirect.com

rticle original

valuation de la pratique des médecins généralistes pour le dépistage et leraitement de l’ostéoporose chez les femmes de 60 ans et plus�

ubert Blaina,∗,b, Sophie Chevallierc, Erika Noguéd, Marie-Christine Picotd,e, Michel Amouyalc,éatrice Lognosc, Patrick Dutilleul c, Thierry Thomasf

Pôle de gériatrie, centre-Antonin-Balmes, CHU de Montpellier, 39, avenue Charles-Flahault, 34295 Montpellier cedex 5r, FranceLaboratoire Movement to Health, Euromov, université Montpellier 1, 700, avenue du Pic-Saint-Loup, 34090 Montpellier, FranceDépartement de médecine générale, faculté de médecine de Montpellier, 2, rue École-de-Médecine, 34000 Montpellier, FranceUnité de recherche clinique, CHU de Montpellier, 34295 Montpellier, FranceInserm CIC 1001, CHU de Montpellier, 34295 Montpellier, FranceInserm U1059, service de rhumatologie, CHU de Saint-Étienne, 42055 Saint-Étienne cedex 2, France

i n f o a r t i c l e

istorique de l’article :ccepté le 7 fevrier 2013isponible sur Internet le 29 mars 2013

ots clés :stéoporoserise en chargeecommandationsédecine générale

r é s u m é

Contexte. – Les indications des traitements anti-ostéoporotiques chez les femmes ménopauséespubliées en 2006 par l’Afssaps semblaient incomplètement suivies en France. Les recommandations de2012 simplifient le dépistage des femmes à haut risque de fracture justifiant d’un traitement.Objectifs. – Évaluer, en médecine générale, l’adéquation entre la prescription d’ostéodensitométrie (DXA)et ses conditions de remboursement, entre la prescription des traitements anti-ostéoporotiques et lesrecommandations de 2006 et le nombre de traitements à prescrire si les recommandations 2012 étaientsuivies.Méthodes. – En 2010, 60 médecins ont renseigné chez 471 femmes de 60 ans et plus, sans antécédentd’ostéoporose, les facteurs justifiant d’une DXA remboursée et d’un traitement anti-ostéoporotique etles variables permettant a posteriori de calculer le score FRAX®.Résultats. – Au total, 39,1 % des femmes ont un facteur de risque d’ostéoporose indiquant une DXA rem-boursée et 53,8 % de ces femmes ont eu une DXA. Une DXA est effectuée chez 30 % des femmes sansfacteur de risque d’ostéoporose. Un traitement anti-ostéoporotique est prescrit chez 8,4 % des femmessans facteur de risque d’ostéoporose et chez 26,3 % des femmes dans les indications de DXA remboursée,

alors qu’il aurait dû être instauré chez 37,4 % de ces dernières. En utilisant les résultats de DXA et le scoreFRAX®, un traitement serait indiqué chez 21,3 % de la population selon les recommandations 2012.Conclusion. – Nos données montrent qu’en 2010 les médecins généralistes suivaient peu les recomman-dations francaises pour la prise en charge de l’ostéoporose postménopausique. Il reste à démontrer si lesrecommandations 2012 seront mieux suivies par les médecins généralistes.

© 2013 Publié par Elsevier Masson SAS pour la Société Française de Rhumatologie.

. Introduction

L’ostéoporose est une maladie diffuse du squelette touchant par-iculièrement les femmes de 60 ans et davantage, caractérisée parne réduction de la résistance osseuse conduisant à un risque accrue fracture [1–3]. En France, le dépistage par l’ostéodensitométrie

DXA) de l’ostéoporose est remboursé depuis 2006 en présence’un ou plusieurs facteurs de risque ou signes d’ostéoporose (anté-édent de fracture vertébrale ou de fracture périphérique survenue

� Cette étude a été réalisée avec l’aide de la section généraliste de l’Union régionalees médecins libéraux du Languedoc-Roussillon et du laboratoire Warner-Chilcott.∗ Auteur correspondant.

Adresses e-mail : [email protected], [email protected] (H. Blain).

169-8330/$ – see front matter © 2013 Publié par Elsevier Masson SAS pour la Société Frttp://dx.doi.org/10.1016/j.rhum.2013.02.004

sans traumatisme majeur, situations potentiellement inductricesd’ostéoporose, notamment corticothérapie et hypogonadisme pro-longé) (Tableau 2) (publication du Journal Officiel du 30 juin 2006)[4].

Les médicaments anti-ostéoporotiques sont remboursés en casde fracture ostéoporotique ou en l’absence de fracture, en fonc-tion de la valeur en T-score de la densité minérale osseuse (DMO)et de facteurs de risque non ostéodensitométriques de fracture(publication du Journal Officiel du 11 octobre 2006). Malgré le rem-boursement de la DXA et des traitements dans ces indications, lenombre de DXA réalisées tend à diminuer en France [3] alors que

l’incidence des fractures de l’extrémité du fémur ne diminue passignificativement [3,5], suggérant que ces recommandations sontpeut-être mal suivies par les médecins généralistes, principauxprescripteurs de DXA et de traitements anti-ostéoporotiques.

ançaise de Rhumatologie.

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humatisme 80 (2013) 594–598 595

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Tableau 1Caractéristiques des patientes incluses dans l’étude.

Caractéristiques n Médiane (IIQ)

Âge (ans) 471 72 (65–77)Âge à la ménopause (ans) 471 50 (48–52)Poids (kg) 471 65 (57–74)Taille (cm) 471 158 (154–163)IMC (kg/m2) 471 25,4 (22,7–29,5)

H. Blain et al. / Revue du r

La Société francaise de rhumatologie, le Groupe de recherche et’information sur les ostéoporoses, le Collège national des gynéco-

ogues et obstétriciens francais, le Groupe d’étude de la ménopauset du vieillissement hormonal, la Société francaise de chirurgierthopédique, la Société francaise d’endocrinologie et la Sociétérancaise de gériatrie et de gérontologie ont publié en 2012 deouvelles recommandations francaises pour la prise en chargee l’ostéoporose postménopausique (recommandations 2012) [6].es recommandations 2012 ont pour objectifs de simplifier lesecommandations de 2006 pour les rendre plus applicables par lesédecins généralistes et de tenir compte de la particulière gravité

e certains facteurs de risques d’ostéoporose, à savoir les fracturesites sévères, responsables d’une aggravation du risque de morta-

ité (fractures de vertèbres, de l’extrémité supérieure du fémur, duassin, de l’humérus, du tibia proximal ou de trois côtes simulta-ément) [7]. Ainsi, dans les recommandations 2012, la survenuee telles fractures constitue à elle seule une indication à traiter, laXA n’étant donc plus, dans ce cas, un élément de la décision thé-

apeutique. En revanche, dans les recommandations 2012, la DXAeste un élément clé de cette décision en présence d’un facteur deisque clinique d’ostéoporose ou de la survenue d’une fracture nonévère. Il est recommandé dans ce cas de prescrire un traitementnti-ostéoporotique quand le T-score pour la DMO est inférieur ougal à – 3 ou lorsque le score FRAX® évaluant un risque absolu deracture sur dix ans est supérieur à un seuil d’intervention thé-apeutique. Ce seuil, variable en fonction de l’âge, a été défini àartir du niveau de risque des femmes de même âge ayant fait uneracture [6,8].

Nous avons mené une étude observationnelle auprès de méde-ins généralistes dans la région Languedoc-Roussillon pour évaluerans un échantillon de femmes de plus de 60 ans :

l’adéquation entre la prescription de la DXA par ces médecins etles indications justifiant de son remboursement selon le décretde 2006 ;l’adéquation entre la prescription d’un traitement anti-ostéoporotique par ces médecins et les recommandationsde l’Afssaps de 2006 ;le nombre de traitements anti-ostéoporotiques qui seraient indi-qués si les recommandations 2012 avaient été suivies.

. Méthodes

.1. Population étudiée

Deux courriers espacés de deux mois ont été adressés par’Union régionale des médecins libéraux (URML) du Languedoc-oussillon à 600 médecins généralistes tirés au sort dans la régionanguedoc-Roussillon pour leur proposer de participer à cettetude prospective menée sur six mois (de février à août 2010). Les0 médecins qui ont accepté de participer à cette étude ont inclusonsécutivement 471 femmes de 60 ans ou plus, sans diagnostic’ostéoporose ni traitement anti-ostéoporotique, et n’ayant jamaisu de DXA. Les médecins ont inclus entre 1 et 27 patientes avec unombre d’inclusion médian de sept patientes. Ils ont renseigné unuestionnaire comportant les facteurs de risque d’ostéoporose telsue définis dans les recommandations de 2006 et les facteurs per-ettant ultérieurement de calculer le score FRAX®. S’agissant d’une

tude observationnelle en médecine générale, il a été demandéux médecins de ne pas changer leurs habitudes de prescription.l ne leur a pas été indiqué que cette étude avait pour objectif

’évaluer l’adéquation entre leurs prescriptions de DXA et les condi-ions de remboursement et de leurs prescriptions de traitementnti-ostéoporotique avec les recommandations de 2006. Les ques-ionnaires anonymes ont été remplis par les médecins sur un site

Activité sportive (H/semaine) 466 2 (1–4)Nombre de produits laitiers par jour 469 2 (2–3)Alcool (g/j) 443 0 (0–10)

internet dédié à cette étude (www.osteoporose-lr2010.org) et undédommagement de 250 euros a été alloué par dossier totalementrempli en fin d’étude par la section généraliste de l’URML. Pendantla durée de l’étude, chaque médecin a recu un courrier électroniqueune fois par semaine par l’URML pour donner des informations surl’avancée de l’étude. Un médecin effectuant sa thèse doctorale demédecine et une attachée de recherche clinique rétribuée grâce àune subvention du laboratoire Warner-Chilcott ont saisi les don-nées des DXA et ont effectué un contrôle de la qualité des donnéesrenseignées par les médecins via des appels téléphoniques en cas depossible erreur de saisie et en cas de donnée manquante. S’agissantd’une étude observationnelle, le nombre de visites a été laissé libreet les données cliniques concernant les patientes n’ont pas été véri-fiées.

2.2. Données recueillies

Le questionnaire a comporté des données relatives aux méde-cins (âge, sexe, lieu et type d’exercice) et des données concernantles patientes : caractéristiques démographiques, facteurs de risqued’ostéoporose indiquant une DXA (Tableau 1), variables permet-tant de calculer secondairement le score FRAX®, prescription ounon d’une DXA, résultats de celle-ci, mise en place d’un traitementanti-ostéoporotique et type de traitement. De manière à ne pasmodifier les habitudes des médecins, la taille des patientes a étérenseignée par les médecins sans leur demander la méthode derecueil de cette information.

2.3. Analyse statistique

Les données ont été analysées par le Centre d’investigation cli-nique du CHU de Montpellier à l’aide du logiciel SAS version 9 (SASInstitute, Cary, NC). Les variables quantitatives ont été décrites aumoyen de leur médiane et intervalle interquartiles (IIQ) [25e et75e percentiles] et les variables qualitatives par leur effectif et leurfréquence. La normalité des variables a été testée par le test deShapiro-Wilk.

3. Résultats

3.1. Caractéristiques des médecins participant à l’étude

Les médecins participant à l’étude avaient un âge moyen de51 ans et étaient des hommes dans 73 % des cas. Ils exercaient uneactivité rurale dans 50 % des cas, semi-rurale dans 36,7 % des cas eturbaine dans 13,3 % des cas. Ces caractéristiques ne diffèrent passignificativement de celles des médecins exercant dans la régionLanguedoc-Roussillon.

3.2. Conditions de réalisation d’une DXA

Les caractéristiques des 471 femmes étudiées apparaissent dansle Tableau 2. Une DXA a été effectuée chez 185 femmes soit dans39 % de l’échantillon. Deux-cent cinquante-cinq facteurs de risque

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596 H. Blain et al. / Revue du rhumatisme 80 (2013) 594–598

Tableau 2Facteurs de risque d’ostéoporose, indiquant la réalisation d’une ostéodensitométrie (DXA) selon les conditions de remboursement, résultats de la DXA et prescription detraitements anti-ostéoporotiques.

Facteurs de risqued’ostéoporose

n (%) DXA réalisées,n (%e)

Résultat de la DXA, n (% DXA) TraitementsPrescrits, n (%e)

Traitement anti-ostéoporotique, n (% trt)

T-score> –1

–1 ≤ T-score < –2,5

T-score ≤ –2,5

Biphosphonates Ranélate destrontium

Raloxiphène

Fracture vertébrale 25 (5,3) 15 (60,0) 1 (6,7) 3 (20,0) 11 (73,3) 13 (52,0) 10 (76,9) 3 (23,1) 0

Fracture périphérique 98 (20,8) 48 (49,0) 3 (6,3) 26 (54,2) 19 (39,6) 27 (27,6) 18 (66,7) 6 (22,2) 3 (11,1)Extrémité supérieuredu fémur

6 (1,3) 1 (1,3) 0 0 1 (100,0) 1 (16,7) 1 (100,0) 0 0

Bassin 0 0 0 0 0 0 0 0 0Humérus proximal 5 (1,1) 1 (20,0) 0 1 (100,0) 0 0 0 0 0Tibia proximal 2 (0,4) 1 (50,0) 0 0 1 (100,0) 1 (50) 0 1 (100,0) 0Trois côtessimultanément

3 (0,6) 1 (33,3) 1 (100,0) 0 0 0 0 0 0

Ovariectomiea 9 (1,9) 4 (44,4) 1 (25,0) 2 (50,0) 1 (25,0) 2 (22,2) 2 (100,0) 0 0

Corticothérapieb 12 (2,5) 9 (75,0) 1 (11,1) 6 (66,7) 2 (22,2) 2 (16,7) 2 (100,0) 0 0

Hypogonadismeprolongé

6 (1,3) 4 (66, 7) 1 (25,0) 2 (50,0) 1 (25,0) 1 (16,7) 1 (100,0) 0 0

Hypercorticisme 0 0 0 0 0 0 0 0 0

Hyperparathyroïdieprimitive

0 0 0 0 0 0 0 0 0

IMC < 19 kg/m2 c 14 (3,0) 4 (28,6) 0 2 (50,0) 2 (50,0) 4 (28,6) 4 (100,0) 0 0

Hyperthyroïdie 1 (0,2) 0 0 0 0 0 0 0 0

Ostéogenèse imparfaite 0 0 0 0 0 0 0 0 0

Fracture du col chez unparent du premierdegré

56 (11,9) 36 (64,3) 7 (19,4) 22 (61,1) 7 (19,4) 14 (25,0) 11 (78,6) 3 (21,4) 0

Antécédent decorticothérapieb

18 (3,8) 13 (72,2) 3 (23,1) 6 (46,2) 4 (30,8) 3 (16,7) 2 (66,7) 0 1 (33,3)

Ménopause avant40 ans

16 (3,4) 8 (50,0) 1 (12,5) 5 (62,5) 2 (25,0) 3 (18,8) 3 (100,0) 0 0

Au moins un facteurindiquant une DXAd

184 (39,1) 99 (53,8) 11(11,1) 54 (54,5) 34 (34,3) 49 (26,6) 35 (71,4) 10 (20,4) 4 (8,2)

Aucun facteur de risqueindiquant une DXAd

287 (60,9) 86 (30,0) 30 (34,9) 40 (46,5) 16 (18,6) 24 (8,4) 20 (83,3) 3 (12,5) 1 (4,2)

Total 471 185 (39,3) 73 (15,5) 55 (75,3) 13 (17,8) 5 (6,8)

a Si avant la ménopause.b Si supérieure à 7,5 mg équivalent prednisone pendant au moins trois mois.c 2

dsr

flc

dl8

rp

3

tpidd

Indice de masse corporelle : poids/(taille) .d Selon le décret de 2006.e % de la population avec le facteur de risque.

’ostéoporose ont été observés. Cent vingt-six (26,8 %) femmes pré-entaient un seul facteur de risque, 48 (10,2 %) deux facteurs deisque et dix (2,1 %) plus de deux facteurs de risque.

Cent quatre-vingt-quatre femmes (39,1 %) avaient au moins unacteur de risque d’ostéoporose indiquant une DXA en respectantes conditions de remboursement de 2006. Une DXA a été effectuéehez 99 d’entre elles (53,8 %).

Parmi les 287 femmes qui n’avaient pas de facteurs de risque’ostéoporose (60,9 % de l’échantillon), et ne remplissant donc pas

es conditions de remboursement, une DXA a été effectuée dans6 cas (30 %).

Ni l’âge, ni le sexe, ni le type d’exercice (activité rurale, semi-urale, urbaine) des médecins n’a eu d’influence sur le nombre derescriptions de DXA.

.3. Conditions de prescription d’un traitement

Chez les 184 femmes avec au moins un facteur de risque, unraitement a été débuté dans 49 cas (26,6 %) dont cinq sans DXA

réalable (2,7 %). Pour les 99 patientes ayant eu une DXA dans des

ndications remboursées, un traitement anti-ostéoporotique auraitû être instauré chez 37 d’entre elles (37,4 %) selon les recomman-ations 2006 de l’Afssaps. Seules 28 d’entre elles (75,7 %) (n = 28)

l’ont été. À l’inverse, 16 des 62 femmes (25,2 %) qui ne relevaientpas d’un traitement l’ont été par excès.

Chez les 287 femmes sans facteur de risque, les médecins ontinstauré un traitement anti-ostéoporotique dans 24 cas (8,4 %).

Parmi les 73 traitements prescrits dans l’échantillon total, seuls28 (38,4 %) ont été débutés selon les recommandations de l’Afssapsde 2006 (DXA effectuée dans les conditions de remboursement ettraitement anti-ostéoporotique en adéquation avec les recomman-dations).

Les traitements anti-ostéoporotiques utilisés sont des biphos-phonates dans 55 cas (75,3 %), du ranélate de strontium dans 13 cas(17,8 %) et du raloxifène dans cinq cas (6,8 %).

3.4. Indications de traitements anti-ostéoporotiques selon lesrecommandations 2012

En suivant les recommandations 2012, un traitement aurait étéindiqué en premier lieu chez toutes les femmes ayant au moins unantécédent de fracture sévère, soit 8,5 % de l’échantillon.

Par ailleurs, parmi les 144 femmes ayant un facteur de risqueautre qu’un antécédent de fracture sévère (30,6 % de la populationtotale), 79 (55 %) ont eu effectivement une mesure de DXA. Parmicelles-ci, une valeur de T-score inférieure à –3 ou un score FRAX®

Page 4: Évaluation de la pratique des médecins généralistes pour le dépistage et le traitement de l’ostéoporose chez les femmes de 60ans et plus

H. Blain et al. / Revue du rhuma

Fig. 1. Description des femmes qui relèveraient d’un traitement anti-ostéoporotique si les recommandations 2012 étaient suivies dans notre échantillonde femmes de 60 ans et plus : femmes avec antécédent de fracture sévère ; femmesad–

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yant un autre facteur de risque d’ostéoporose qu’une fracture sévère (tels queéfini par les conditions de remboursement) et ayant un T-score inférieur ou égal à3 ou FRAX® supérieur à un seuil thérapeutique dépendant de l’âge [5,7].

u-dessus du seuil thérapeutique justifieraient d’un traitementelon les recommandations 2012 chez 33 d’entre elles (41,8 %).

Si l’on extrapole ces chiffres à l’ensemble des femmes quiuraient dû avoir une DXA, on peut estimer que 21,3 % de la popula-ion totale aurait dû être traitée : 8,5 % pour antécédent de fractureévère (n = 40) et 12,8 % pour un T-score inférieur à –3 ou un scoreRAX® au-dessus du seuil thérapeutique (n = 60) (Fig. 1).

. Discussion

La présente étude menée en 2010 en médecine générale chezes femmes de 60 ans et plus montre que les médecins tenaientssez peu compte des conditions de remboursement pour prescrirene DXA et des recommandations de 2006 en vigueur au momente l’étude pour instaurer un traitement anti-ostéoporotique. Leuivi des recommandations 2012 justifierait la prescription d’unraitement anti-ostéoporotique chez 21,3 % des femmes de 60 anst plus considérées à haut risque de fracture.

Seuls 10 % des médecins de la région Languedoc-Roussillonontactés ont souhaité participer à cette étude évaluant leurs pra-iques professionnelles dans la prise en charge de l’ostéoporose,

algré le dédommagement financier proposé. Ce résultat peuttre expliqué par le manque de disponibilité des médecins poure type d’études, mais aussi par le fait que la prise en charge de’ostéoporose en France n’est pas considérée par les médecins géné-alistes comme une priorité par rapport à la prise en charge d’autresathologies, en particulier cardiovasculaires [9].

Dans la présente étude, une DXA était prescrite en l’absencee facteur de risque d’ostéoporose dans 30 % des cas. À l’inverse,lle n’était prescrite que chez 53,8 % des femmes ayant au moinsn facteur de risque d’ostéoporose. Ces chiffres sont à rapprochere ceux observés en Autriche où seulement 33,6 % des médecinse rapportaient aux recommandations nationales avant de pres-rire une DXA [10]. De même, dans une étude américaine, seules1,3 % des femmes ayant eu une DXA avaient un facteur de risque’ostéoporose [11], et seules 36 % des femmes représentatives d’uneopulation danoise ayant au moins un facteur de risque de fracturevaient eu une DXA [12]. Ces données s’accordent pour montrer

ue, quelles que soient les recommandations et les conditions deouverture sociale, les médecins généralistes ne fondent pas encoreuffisamment leurs prescriptions de DXA sur l’existence de facteurse risque d’ostéoporose.

tisme 80 (2013) 594–598 597

Dans notre échantillon de femmes de 60 ans et plus, un facteurde risque d’ostéoporose est observé chez 39,1 % des cas contre 30 %(de 25,9 à 51 %) dans différentes cohortes francaises de femmes deplus de 50 ans [13]. Comme dans l’étude d’Amamra, les facteurs derisque d’ostéoporose les plus fréquents sont les antécédents per-sonnels de fracture, les antécédents familiaux de fracture du col dufémur chez un membre de la famille au premier degré, la corticothé-rapie, la ménopause précoce, et l’IMC inférieur à 19 kg/m2 [13]. Cesdonnées confirment l’intérêt d’insister auprès des médecins géné-ralistes sur la prévalence des facteurs de risque d’ostéoporose enmédecine générale et sur l’intérêt d’effectuer une DXA en présenced’au moins un de ces facteurs de risque [14–19], ce qui n’est faitseulement qu’une fois sur deux en moyenne [20].

De la même manière, les médecins suivaient incomplètementles recommandations 2006 de l’Afssaps pour décider d’un traite-ment. Un traitement était instauré par excès chez 8,4 % des femmessans facteur de risque d’ostéoporose qui représentent 61 % de notreéchantillon, soit dans 5 % de la population totale. Chez les femmesayant au moins un facteur de risque de fracture justifiant d’une DXAdans ses conditions de remboursement, les médecins instauraientun traitement chez seulement 75,7 % des femmes qui auraient dûêtre traitées et chez 25,2 % des femmes qui n’auraient pas dû l’être.Au total, seuls 38,4 % des traitements ont été débutés dans les indi-cations de l’Afssaps de 2006 et après réalisation d’une DXA dans lesconditions de son remboursement.

En cas d’antécédent de fracture sévère (8,5 % de notre échan-tillon), les recommandations 2012 proposent de retenir de principel’indication d’un traitement anti-ostéoporotique indépendammentde la réalisation d’une DXA. Les recommandations 2012 devraientdonc modifier la prise en charge de ce groupe de malades avec uneforme grave de la maladie, alors qu’un traitement n’était prescritque dans 37,5 % des cas. Outre ce groupe de femmes, 12,8 % de lapopulation relèverait d’un traitement, en raison d’un T-score infé-rieur à –3 ou d’un score FRAX® supérieur au seuil thérapeutique.Ainsi, en suivant les recommandations 2012, un traitement seraitindiqué chez 21,3 % des femmes de 60 ans et plus. Ce pourcentagede femmes à haut risque de fracture est cohérent avec les pour-centages de risque de fractures sévères observés dans les étudesépidémiologiques conduites dans différents pays estimant qu’entre3,1 et 15,6 % des femmes auront une fracture du col du fémur avantla fin de leur vie et entre 11,4 et 22,9 % une fracture vertébrale [21].

Notre étude présente un certain nombre de limites. La premièreest le nombre relativement faible de médecins (60) et de patientes(471) participant à cette étude, ce qui rend difficile l’extrapolationde nos résultats à la population générale des femmes de plus de60 ans en France (environ huit millions de femmes). En outre, si lesmédecins inclus dans l’étude semblent représentatifs des médecinsde la région Languedoc-Roussillon en ce qui concerne l’âge, le sexeet le lieu d’exercice, ils sont davantage impliqués dans le dépis-tage ostéodensitométrique de l’ostéoporose puisqu’ils prescriventune DXA chez 55,2 % des patientes incluses alors que seulement 4 à5 % des femmes ménopausées ont une DXA en France [3]. Les don-nées cliniques renseignées par les médecins pour chaque patienten’ont pas pu être vérifiées, mais les contrôles qualité des données entermes de concordance et le nombre important de DXA effectuées,signe d’un intérêt important des médecins dans la recherche d’uneostéoporose, laisse à penser que les données fournies par ces méde-cins sont de bonne qualité. Enfin, le risque significatif de chute n’apas été pris en compte dans la présente étude alors qu’il fait partiedes facteurs indiquant une DXA dans les recommandations 2012.

En conclusion, nos données montrent que les médecinsgénéralistes les plus impliqués dans la prise en charge de

l’ostéoporose suivaient incomplètement les indications de la DXAdans les situations de remboursement et les indications destraitements anti-ostéoporotiques publiées dans les recomman-dations francaises de 2006 avant les recommandations 2012. Il
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[fractures following wrist and other osteoporotic fractures in a large clinical

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este à démontrer que les recommandations 2012, en simplifiant’identification des femmes à haut risque de fracture, permettrontux médecins généralistes de mieux les prendre en charge.

éclaration d’intérêts

Les auteurs déclarent ne pas avoir de conflits d’intérêts en rela-ion avec cet article.

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