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Études thomistes sur les fins dernières

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Philippe-Marie Margelidon

les fins dernières

De la résurrection du Christ à la résurrection des morts

Artège

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© Septembre 2011, Éditions Artège ISBN 978 236040 043 0

ISBN pdf 978 236040 561 9

Tous droits de traduction,d’adaptation et de reproduction

réservés pour tous pays.© Groupe ArtègeÉditions Artège

10, rue Mercoeur - 75 011 Paris9, espace Méditerranée - 66 000 Perpignan

www.editionsartege.fr

Du même auteur

Aux éditions Artège

Études de christologie thomiste « Sed contra », 2010.

Aux éditions Parole et Silence

Les christologies de l’Assumptus homo et les christologies du Verbe incarné, Les enjeux d’un débat christologique au XXe siècle (1927-1960), « BRT », 2011.

Dictionnaire de philosophie et de théologie thomistes, (en collaboration avec Y. Floucat), « BRT », 2011.

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Nihil obstat

1er censeurFr. Luc-Thomas Somme, o.p.

13 juillet 2011

2e censeurFr. François Daguet, o.p.

16 juillet 2011

Imprimi potestFr. Gilbert Narcisse, o.p.

Prieur provincial de Toulouse25 juillet 2011

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Avant-propos

Notre ouvrage étudie quelques questions relatives à ce qu’on appelle les fins dernières, parfois regroupées sous le vocable général d’eschatologie. Les pasteurs

et les théologiens s’interrogent sur la prédication, l’ensei-gnement et la théologie des fins dernières. Les traités, les essais sont plutôt rares en langue française1, ce qui traduit un grand embarras et une profonde perplexité chez les pasteurs et les théologiens. C’est pourquoi nous proposons cette série de réflexions organiques et systématiques. Notre démarche ne cherche pas à être nouvelle, encore que pour beaucoup, elle relève de l’inédit, s’il est vrai que, dans ce domaine, les chrétiens disent en savoir trop peu.

Cet ouvrage propose la résolution spéculative de certains problèmes. Nous avons cherché la plus extrême fidélité au donné révélé tel que l’Église catholique le reçoit et l’interprète. Notre parcours part de la foi et de l’enseignement de l’Église, il ne prétend pas à l’exhaustivité. Pourtant, nous pensons en dire assez pour que le lecteur puisse examiner le

1. Pour les plus récents, voir la bilbiographie en fin de cet ouvrage. On peut dès ici signaler, M.-.A. Léonard et J.-M. Garrigues. Le récent Croire, Invitation à la foi catholique pour les femmes et les hommes du XXIe siècle, 1999, et le petit opuscule La Résurrection et la vie, Petite catéchèse sur les choses de la fin, DDB 20092 (1990) de B. Sesboüé contiennent de bonnes pages, parfois trop elliptiques à notre sens.

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dossier d’assez près. Pour les citations bibliques, nous avons opéré un choix qui exclue celles dont l’exégèse est débattue. On trouvera dans le Catéchisme de l’Église catholique les versets qui, sur toutes les questions qui font l’objet de ce livre, ont été retenus2. Nous tenons ce donné pour acquis. L’enseignement catéchétique proposé dans ce compendium autorisé est supposé connu. Si tel n’était pas le cas, le lecteur aura tout intérêt à accompagner la lecture de notre ouvrage par celle du CEC dont on ne dira jamais assez tout le bénéfice que le chrétien peut en tirer3. En outre, le lecteur persévérant trouvera dans la bibliographie (raisonnée) de quoi compléter son information. Nous abordons ces questions fondamentales avec saint Thomas pour maître, non sans retenir les leçons de ses disciples anciens et contemporains, et de quelques autres théologiens. La tradition thomiste se doit d’être intégratrice. Son progrès n’est crédible et authentique qu’enraciné dans sa tradition fondatrice mesurée à l’aune de la norma normans de l’Écriture et de la norma normata de la Tradition ecclésiale. Les concepts tradition et de progrès se

2. Les textes pauliniens majeurs dont l’interprétation fait parfois difficulté sont 1 Thes 5, 10 ; Phil 1, 22-24 ; 1 Cor 15, 12-34 ; 1 Cor 15, 35-37 ; 2 Cor 4, 16-5, 10. Nous renvoyons aux commentaires, sinon aux notes instructives de BJ et de la TOB ou encore de la Nouvelle Bible Segond. A. Feuillet a proposé une exégèse souvent remarquable de ces textes, cf. « Le ravissement final des justes et la double perspective eschatologique (résurrection glorieuse et vie avec le Christ après la mort) dans la première épître aux Thessaloniciens », RT, 72, (1972), p. 533-559 ; « La demeure céleste et la destinée des chrétiens », RSR, 44, (1956), p. 161-192, 360-402. Pour une approche plus globale ou synthétique, selon des principes herméneutiques plus radicaux, voir M. Gourgues, L’au-delà dans le Nouveau Testament, « CE, 41 », Cerf, 1982 ; P. Grelot, De la mort à la Vie éternelle, « LD, 67 », Cerf, 1971.3. CEC, n° 988-1060.

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complètent intégralement. Comme l’a dit Benoît XVI : « La tradition est une réalité vivante, qui inclut en quelque sorte tout principe de développement, de progrès »4.

Nous espérons éviter deux écueils, d’une part la superficialité, d’autre part une trop abondante technicité. Nous sommes parfaitement conscients que d’autres présentations et d’autres conclusions sont possibles. Nous avons tâché de justifier les nôtres avec soin. Nous ne cachons pas qu’elles rejoignent des préoccupations personnelles très anciennes. Ce livre est l’état actuel d’une méditation que nous poursuivons et dont nous pensons qu’elle peut rejoindre celle de beaucoup d’autres catholiques, d’autres croyants que les questions relatives à la fin ultime de l’existence humaine ne laissent pas indifférents. Nous croyons à la résurrection de la chair et en la vie éternelle.

Penser les fins dernières, c’est lever notre regard vers le Christ qui en est le principe et la fin dans la communion trinitaire. Le royaume de Dieu est la Trinité en nous, dès ici-bas par l’inhabitation de grâce en nos âmes et dans l’Église, le corps et l’Épouse du Christ rédempteur et sauveur de tous les hommes. Elle est le royaume pleinement constitué dans la gloire. De cette gloire promise, la résurrection sera le terme et la perfection eschatologique pour une vie éternelle qui n’aura pas de fin. Elle est la fin dernière au-delà de laquelle il n’y a rien à attendre que la consommation éternelle de ses effets dans la béatitude céleste.

4. Cf. Allocution à l’Institut pontificale saint Anselme du 6 mai 2011.

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Introduction

1. Situation contemporaine de l’espérance chrétienne

La résurrection est au cœur de l’espérance chrétienne. Voir Dieu est l’objet premier et principal de la vertu théologale d’espérance. Cependant, croire en la résurrection de la chair n’est pas une vérité annexe et secondaire de la foi chrétienne (cf. les credo de l’Église). Elle est au centre du kérygme évangélique et de l’espérance chrétienne. Elle mesure les différentes affirmations de la foi qui concernent l’homme et sa fin ultime. Face à elle, aujourd’hui, se manifeste une mentalité, une incrédulité chez les chrétiens eux-mêmes, qui rend la prédication de l’Église malaisée.

Tout d’abord, le long processus de déchristianisation qui prend la forme actuelle de la sécularisation aboutit à une indifférence ou à une marginalisation de la religion et de la foi chrétienne au profit de religiosités séculières qui font abstraction du mystère, qui le négligent ou le nient. Depuis l’avènement de la modernité, nous sommes entrés dans un processus d’« exculturation » du catholicisme5. Ce

5. Voir D. Hervieu-Léger, Le catholicisme, la fin d’un monde, Bayard, 2003. Il s’agit d’une crise profonde qui touche le catholicisme en ôtant toute légitimité à son discours sur l’homme et la vie en société. Le phénomène de l’exculturation du catholicisme signifie qu’il ne fait

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processus séculariste aboutit à un immanentisme qui est une réduction de la vision intégrale de l’homme. Il est en osmose avec le matérialisme théorique et pratique qui caractérise nos sociétés dites modernes ou postmodernes qui sont déjà en Occident des sociétés postchrétiennes. Le christianisme est résiduel et n’informe plus la culture et la société, si ce n’est de façon mémorielle mais non vitale, par des réseaux chrétiens très vivants qui peuvent occuper le terrain politique et médiatique à certains moments6. Les différents projets de loi bioéthique et leurs discussions au parlement et dans le débat public, témoignent d’un changement paradigma-tique et anthropologique qui constitue une rupture d’une radicalité sans précédent. Ce sécularisme influence la pensée et le comportement de bien des chrétiens face à la mort. On constate une « faiblesse de l’espérance » chez les chrétiens.

La foi eschatologique des chrétiens est largement remise en cause jusqu’en ses fondements. La théologie dite des fins

plus aujourd’hui partie des références communes de notre univers culturel, spécialement français. L’Église catholique et « son personnel » (Maritain), plus largement le christianisme, ses références et ses valeurs, ses représentations sont sortis - ou en train de sortir - du champ social. Les conséquences de cette « exculturation » du catholicisme sont immenses. D. Hervieu-Léger tente de prendre la mesure de cet événement historique majeur et les implications de ce séisme culturel. Son diagnostic sociologique est juste, mais ces conclusions sont discutables. Dire que la riposte et les réactions de l’Église sont inappropriées est à affiner. Pour une analyse philosophique, anthropologique et culturelle approfondie, voir C. Delsol, L’âge du renoncement, « La nuit surveillée », Cerf, 2011. Le catholicisme est en passe de devenir une contre-culture, cf. J.-P. Denis, Pourquoi le Christianisme fait scandale, Seuil, 2010.6. Pour un exemple de jugement politique en christianisme dans son rapport à la démocratie pluraliste, cf. J.-M. Garrigues, « Le Chrétien libéral face au relativisme », Commentaire (2011), n° 133, p. 115-120.

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Introduction

dernières en accuse le contrecoup. On parle même d’une « pénombre théologique », c’est-à-dire d’une réinterpré-tation des dogmes qui évacue ou transforme les conceptions traditionnelles de la résurrection, de l’âme, du jugement particulier et dernier, du ciel, du purgatoire et de l’enfer. Ces efforts de réinterprétations réducteurs influencent la catéchèse et la prédication. Certaines vérités passent même sous silence quand elles ne sont pas niées. Comme l’a écrit fort justement E. Durand : « L’espérance positive de la béatitude eschatologique ne s’est pas intensifiée d’une façon proportionnelle à la démythologisation des représentations eschatologiques et à l’effacement de la crainte de l’enfer »7.

La mentalité et la pratique techniciste de notre temps ont sécularisé la mort, comme elles instrumentalisent le corps et l’humain à la manière d’un matériau malléable. La distinction du corps et de l’âme depuis longtemps contestée, est devenue inintelligible à beaucoup. L’indifférentisme religieux qui accompagne ce mouvement de sécularisation se conjugue avec un irrationalisme, un retour d’un religieux sauvage multiforme non chrétien qui contamine bien des chrétiens.

Le nihilisme contemporain qui fait place à un sentiment religieux diffus non chrétien réduit la mort à un simple événement biologique. En revanche, une sorte de néo- spiritualisme vitaliste pseudo-oriental a un certain succès, succès partiel à la mesure d’une culture désenchantée qui tente désespérément de la réenchanter par des « spiritua-lités » de suppléances et de substitution. La conception de l’homme et de son destin historique et transhistorique s’en trouve radicalement modifiée. L’espérance chrétienne totalement privatisée et culturellement inexistante n’ose plus

7. Cf. Le Christ Jésus, premier-né d’une multitude, Cerf, (à paraître)

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se manifester. Le discours sur les fins dernières est obéré et devient presque inaudible pour les catholiques eux-mêmes8.

2. Eschatologie et fins dernières

Le Christ est ressuscité des morts et le Christ ne meurt plus. Tel est le fondement de notre foi. La résurrection de Jésus a ouvert à ceux qui croient en l’espérance de ressusciter avec lui lors de sa seconde venue. Avec cette résurrection, les derniers temps sont arrivés et les premiers croyants vivent tournés vers l’avenir, dans l’attente d’une fin du monde prochaine. La seigneurie du Christ ressuscité, auquel le Père a soumis toute chose, reste encore cachée pour quelque temps. Mais la manifestation glorieuse du Seigneur révélera sa royauté salvifique sur tous. Depuis l’avènement du Christ dans la chair, nous sommes entrés dans les derniers temps, la résurrection du Seigneur, c’est la fin advenue dans le temps, c’est « l’eschatologie réalisée ». Le temps de l’Église est le déploiement, la dilatation de la fin dans cet entre-deux du premier avènement au second

8. On lira avec profit le diagnostic proposé par le document de la CTI, « Quelques questions concernant l’eschatologie »(1990), DC, n° 2069 (1993), p. 309-326 (319-311). Pour une présentation historique honnête et claire de « l’eschatologie patristique, médiévale, moderne et des décisions dogmatiques dans l’Église catholique, voir F. Ladaria, « Fin de l’homme et fin des temps », in Histoire des dogmes, t. 2, L’homme et son salut, (sous la dir. B. Sesboüé), Desclée, 1995, p. 415-481. Ladaria use avec acribie du levier herméneutique. Il distingue correctement et prudemment les images et représentations conceptuelles, d’une part, et l’intention ou la signification théologique et dogmatique, d’autre part. L’article de H. Blocher est instructif sur la manière dont la théologie protestante interprète les modifications du discours eschatologique dans l’Église catholique depuis le concile Vatican II : « L’eschatologie du catholicisme », Théologie évangélique 5, (2006), 1, p. 3-18.

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Introduction

avènement du Seigneur dans sa gloire. L’eschatologie, terme que privilégie la théologie contemporaine, déborde ce qu’on appelle précisément les réalités dernières, les fins dernières (de novissimis). La vie chrétienne est le commencement de la vie éternelle, une vie eschatologique qui commence par la grâce de la vie baptismale dans le temps pour aboutir à sa pleine et définitive réalisation dans la vision de la gloire de Dieu, après notre mort, et à son achèvement par notre résurrection et la transformation de notre cosmos lors de la parousie du Christ. Le Christ est Seigneur depuis le jour de sa résurrection d’entre les morts. Il est seigneur, roi, et juge de toute chair.

Cette seigneurie du Christ trouve son expression la plus qualifiée dans le jugement remis par le Père à son Fils ressuscité qui jugera tout homme et toute chose à la fin du monde lors du jugement dernier contemporain de sa parousie. Cette venue dans la gloire du Seigneur pour juger les vivants et les morts opérera la résurrection de toute chair. Cette résurrection-jugement discernera le bien et le mal, jugement universel ou général : « Ceux qui auront fait le bien sortiront pour la résurrection qui mène à la vie ; ceux qui auront pratiqué le mal, pour la résurrection qui mène au jugement » (Jn 5, 28-29 ; cf. aussi Mt 25, 31-46). La résur-rection signifie la pleine participation des sauvés, c’est-à-dire des justes, en leur âme et en leur corps, à la gloire corporelle du Seigneur (cf. 1 Co 15, 20-28, 35-49), et la confusion des damnés (réprouvés).

La résurrection des morts est le caractère distinctif de la foi chrétienne : je crois en la résurrection de la chair, c’est-à-dire de l’homme tout entier et, faut-il ajouter, de tout le cosmos ultimement et définitivement transformé : « les cieux nouveaux et la terre nouvelle ». D’autre part, le Nouveau

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Testament parle aussi de la destinée de l’homme immédia-tement après sa mort. Le Seigneur sur la croix promet au bon larron repenti qu’ « aujourd’hui » il sera avec lui dans le paradis (Lc 23, 43). Paul pense que la mort est un gain ; pour lui « être délié du corps et être avec le Christ » est ce qu’il y a de mieux qui puisse arriver, même si pour le bien des chrétiens de Philippe il y désire vivre pour continuer à les aider (cf. Ph 1, 25-25). La destinée de chacun après la mort est déjà un objet de préoccupation pour les auteurs du Nouveau Testament9.

La manifestation du Seigneur et le sort de l’humanité d’une part, le destin personnel de chacun au moment de la mort d’autre part, ont été deux pôles autour desquels a tourné l’eschatologie chrétienne. Selon les époques, on donne la priorité à un aspect où à un autre. Mais les deux ont été présents dans la réflexion ecclésiale. Il sera question de ces réalités dernières dont la résurrection du Christ est le commencement. Bien que nous ayons traité de la résur-rection du Fils de Dieu selon la chair dans un précédent ouvrage auquel nous renvoyons, nous en redirons quelques mots10. Nous déterminerons le rapport qui existe actuel-lement dans cet entre-deux que constitue notre histoire entre l’histoire du salut dont le Christ est le centre, et ce qu’on appelle la fin de l’histoire. Avant de parler des réalités ultimes au-delà de l’histoire, il convient, en effet, d’établir

9. Cf. CTI, art. cité, p. 314-316. Sur les questions d’herméneutique du discours théologique sur les fins dernières, voir le livre discutable (méthode et conclusions), mais bien informé de B. Gaudelet, Herméneutiques des discours chrétiens sur la mort et l’au-delà de l’antiquité à la modernité, « Collection Études », PUP, 2009, p. 29-220, 297-356, 394-413.10. Voir nos Études de christologie thomiste, « Sed contra », Artège, 2010, p. 307-368.

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Introduction

pour la théologie et la foi, dans ce rapport, la signification de l’histoire humaine à laquelle le Christ, en son ultime avènement, mettra fin. D’une certaine façon, la théologie seule est à même de l’établir. Il n’y a pas de philosophie de l’histoire en régime chrétien, il n’y a qu’une théologie de l’histoire humaine11.

11. Nous nous démarquons de J. Maritain et de C. Journet qui dépend très étroitement du philosophe de Meudon, cf. Pour une philosophie de l’histoire, Seuil, 1957. H.-I. Marrou, dans une perspective plus augustinienne, est toujours à méditer, cf. Théologie de l’histoire, Seuil, 1968.

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Chapitre 1La résurrection du Christ et la fin de l’histoire

Le Christ Jésus a prêché l’avènement du royaume, de l’Église qui est la fin de toute chose (finis omnium Ecclesiae). Il n’y a qu’un seul royaume : « Il n’y a pas

le royaume des vivants et un royaume des morts, il n’y a que le royaume de Dieu, et vivants ou morts, nous sommes dedans » (Bernanos dans Journal d’un curé de campagne, le curé d’Ambricourt). Nous sommes des membres et des héritiers de ce royaume par la grâce, par notre adoption filiale dans le baptême. Le royaume en son état céleste et glorieux, c’est l’Église du ciel, c’est elle qui a commencé avec la résurrection du Christ. Il est prémices et perfection de ce royaume de grâce et de gloire.

1.1. Le Christ ressuscité et l’univers du royaume de Dieu

En effet, le Christ Jésus, le Fils de Dieu, le Verbe incarné, est présenté dans les évangiles synoptiques comme le prophète eschatologique du royaume. Il l’annonce et le proclame imminent. Son avènement est proche, il commence en lui et par lui, le Fils de l’homme. Il est déjà là, il le constitue autour de lui par ses disciples, plus précisément ses apôtres, qu’il a choisi, avec Pierre, Jacques et Jean, ses

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