etude nationale sur la biodiversité (maroc)

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PROGRAMME DES NATIONS UNIES POUR LENVIRONNEMENT(PNUE)

ROYAUME DU MAROC MINISTERE DE L'AMENAGEMENT DU TERRITOIRE, DE L'URBANISME, DE L'HABITAT ET DE L'ENVIRONNEMENT DEPARTEMENT DE L'ENVIRONNEMENT

ETUDE NATIONALE SUR LA BIODIVERSITE RAPPORT DE SYNTHESE

OBSERVATOIRE NATIONAL DE LENVIRONNEMENT DU MAROC (ONEM)

Octobre 1998 Rdit en Octobre 2001

ETUDE NATIONALE SUR LA BIODIVERSITE RAPPORT DE SYNTHESE

Synthse effectue par Jacques FRANCHIMONT Avec la collaboration de El Mostafa SAADAOUI

P R E A M B U L E

La prsente tude, synthtise par Mr. Jacques FRANCHIMONT, avec laide de Mr. El Mostafa SAADAOUI, Professeurs la Facult des Sciences de Mekns, se propose de donner une vue densemble sur la diversit biologique au Maroc. Elle reprsente une synthse dune srie de rapports thmatiques (12 au total) tablis par une quipe dexperts de diffrentes spcialits, sous la supervision du Ministre de lEnvironnement, dont voici la liste :

Microbiologie, Biotechnologie et Transfert de Technologie (prpar par FILALI-MALTOUF A.) Biodiversit des Algues et du Phytoplancton (RIADI H.) Botanique (FENNANE M.) Diversit Biologique de la Faune Marine (MENIOUI M.) Faune aquatique continentale (Invertbrs et Poissons) (DAKKI M.) Invertbrs terrestres (MOUNA M.) Reptiles et Amphibiens du Maroc (FEKHAOUI M.) Biodiversit des Oiseaux (BAOUAB R. E.) Mammifres (BENAZZOU T.) Ecologie et gestion des ressources naturelles au Maroc (FRANCHIMONT J.) Evaluation conomique de la biodiversit au Maroc (SBAI A.) Institutions et Lgislation (SBAI L.)

Ltude a t finance par le Fonds de lEnvironnement Mondial (FEM) avec lappui du Programme des Nations Unies pour lEnvironnement (PNUE) et supervise par le Dpartement de lEnvironnement, et plus particulirement : Mme Bani Layachi, Directeur de lObservation, des Etudes et de la Coordination, Mr. El Kebir Alaoui Mdarhri, charg de la Division de lObservation et des Etudes, Mr. Abdallah Rattal, responsable de la Cellule Biodiversit et Dsertification et Melle Fatou Benjelloune, de la mme cellule, ainsi que par le Programme des Nations Unies pour le Dveloppement (PNUD) reprsent par Mme Belfakir Khadija et Mme Loukili Hoda.

S O M M A I R EINTRODUCTION 11

CHAPITRE I PRESENTATION DU MAROC Dmographie Cadre gographique Domaine montagneux Domaine atlantique Zones arides et sahariennes Zones marines et ctires Zones humides continentales Cadre gologique et daphique Climat Etages bioclimatiques Diffrents types dcosystmes au Maroc Ecosystmes forestiers Ecosystmes sahariens (regs et ergs) Milieux marins et ctiers Zones humides continentales Falaises continentales Grottes

13 13 13 13 13 14 14 14 16 16 17 17 17 23 24 26 28 28

CHAPITRE II PROBLEMATIQUE DE LA BIODIVERSITE Dforestation Pression dmographique, urbanisation et drangements humains Agriculture Elevage et surpturage Industries et pollutions Pche

29 30 30 31 31 32 32

CHAPITRE III INVENTAIRE DE LA BIODIVERSITE MAROCAINE Microorganismes Microorganismes dimportance agricole et forestire Microorganismes utiliss des fins agro-alimentaires Bactries destines des fins mdicales Bactries ayant fait lobjet de recherches caractre environnemental Flore Algues Espces introduites Espces envahissantes Espces menaces Espces endmiques Phytoplancton marin Flore terrestre Les Champignons

35 35 35 36 36 36 36 37 37 38 38 40 40 40 41

S O M M A I R ELes Lichens Les Mousses Les Plantes Vasculaires (Fougres et Phanrogames) Faune Faune marine Espces menaces Espces endmiques Espces nuisibles (introduites, envahissantes) Invertbrs terrestres Espces disparues ou menaces Espces et sous-espces endmiques Faune aquatique continentale Faune aquatique continentale globale Espces endmiques Espces menaces Espces introduites Espces envahissantes Taxa intrt socio-conomique Amphibiens et Reptiles Herptofaune nationale Espces menaces Espces endmiques Oiseaux Espces menaces Espces endmiques ou dimportance nationale Mammifres Espces menaces Espces endmiques 41 41 41 44 45 46 48 49 50 50 52 53 53 55 57 59 59 59 61 61 62 69 71 71 86 87 94 95

CHAPITRE IV AIRES PROTEGEES CONSERVATION IN SITU ET EX SITU Conservation in situ : rseau des aires protges et des zones daction prioritaires Les Parcs Nationaux et Naturels Les rserves biologiques Le rseau des SIBE (Sites dImportance Biologique et Ecologique) Rintroduction despces animales dans les Parcs Nationaux et Rserves Naturelles Pratiques traditionnelles de conser vation Conservation ex situ Jardins botaniques Arboreta Jardins zoologiques Herbiers Banques de semences Musum National dHistoire Naturelle

97 97 97 102 103 106 107 107 108 108 108 109 109 109

S O M M A I R ECHAPITRE V ECONOMIE ET GESTION DES RESSOURCES NATURELLES Introduction Ressources biologiques naturelles du Maroc Agriculture Elevage Foresterie Pches maritime Pche continentale Chasse Autres ressources 110 110 110 110 111 112 113 119 121 121

CHAPITRE VI LEGISLATION DE LA BIODIVERSITE ET CONCERNEES Introduction Espces rglementes Algues Flore Faune marine Invertbrs terrestres Faune aquatique continentale Amphibiens et Reptiles Oiseaux Mammifres Le cadre institutionnel Dpartements ministriels Organes de recherche scientifique Organes de consultation Organisations non gouvernementales

124 INSTITUTIONS 124 124 124 125 125 132 132 132 132 140 141 141 142 142 142

CHAPITRE VII ELEMENTS DE STRATEGIE ET DE PLAN DACTION BIODIVERSITE Elments de stratgie Elments de plan daction

144 SUR L A 144 148

CONCLUSION

152

BIBLIOGRAPHIE CONSULTEE

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INTRODUCTIONGrce sa situation gographique (vritable carrefour entre l'Europe et l'Afrique et entre la Mditerrane et l'Atlantique), la diversit de son climat et de ses habitats, et son histoire palontologique (thtre de brassages des faunes thiopienne et europenne pendant le Tertiaire), le Maroc prsente une grande varit dcosystmes Rio de Janeiro, 1992). Cette Confrence est venue rappeler aux pays du Nord comme du Sud que le monde est unique, que la plante Terre ignore les frontires politiques et administratives et que la protection de lenvironnement doit tre rige en priorit tous les chelons. Cette prise de position nest pas un choix ni un luxe, mais plutt une ncessit

et despces animales et vgtales, avec une richesse biologique tout fait remarquable. Cette richesse biologique prsente un intrt socio-conomique vital pour le pays, les ressources biologiques exploites reprsentant une part substantielle de la richesse nationale : agriculture (8 456 000 ha cultivables, 20% des exportations totales du pays, 25% de son P.I.B.) ; levage (un tiers de la P .I.B.A., 40% de lemploi rural) ; foresterie (8 969 600 ha,1 500 000 000 units fourragres /an, bois, lige, ) ; pcheries (production globale de plus 750 000 t, pour une valeur de prs de 5 milliards de DH) ; Outre son intrt socio-conomique, la biodiversit nationale revt une importante cologique particulire : plus de 24 000 espces animales et de 7 000 espces vgtales avec un taux dendmisme global de 11% pour la faune, et de 25% pour les plantes vasculaires, taux presque sans gal par rapport tout le bassin mditerranen. Or, de srieuses menaces, drivant essentiellement des multiples activits de lhomme, psent sur cette biodiversit, comme dailleurs dans de nombreux autres pays du monde. Les risques de perturbation des quilibres qui rgissent la nature depuis des millnaires ont atteint des seuils que la communaut internationale ne peut plus ignorer, ce qui a amen lOrganisation des Nations Unies organiser le Sommet de la Terre , des Nations Unies sur lEnvironnement et le Dveloppement (CNUED,

incontournable pour pouvoir protger la plante et la mieux conserver pour les gnrations futures. Ce sommet a adopt un plan daction plantaire lAgenda 21, visant instaurer un dveloppement durable, ainsi que deux conventions internationales : la Convention sur la Diversit Biologique, la Convention Cadre sur les Changements Climatiques. Comme de nombreux autres Etats, le Royaume du Maroc, qui se doit donc de mettre tout en uvre pour prserver cette richesse, seule garante dun dveloppement durable au profit des gnrations prsentes et futures, a adopt ces instruments internationaux ; ainsi, il a sign la Convention sur la Diversit Biologique le 11 juin 1992 et la ratifie le 21 aot 1995, faisant de cet instrument international une priorit pour pouvoir tracer un code de conduite mme de garantir la protection de son patrimoine biologique. Dans ce cadre, le Dpartement de lEnvironnement a labor lEtude Nationale sur la Biodiversit , dont le prsent document donne les grandes lignes, avec lappui du FEM et du PNUE. Ltude constitue lune des contributions importantes la mise en uvre des articles 6 et 8 de la Convention sur la Diversit Biologique. Elle a t ralise par des chercheurs appartenant aux universits et instituts de recherche marocains, avec la collaboration des dpartements ministriels et institutions concerns, dans le cadre dun comit de suivi.

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Fig. 1 : Cartes gographique (haut) et toponymique (en bas) du Maroc (Division de la Carte, Rabat)

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Chapitre I : PRESENTATION DU MAROCDEMOGRAPHIE La population marocaine est caractrise par un taux de croissance dmographique encore lev (2,6%) : passant d peine 8 millions dhabitants en 1940, elle est aujourdhui de 26,2 millions (daprs le recensement de 1994), et on estime quelle atteindra 47,5 millions en lan 2025. Elle est galement caractrise par sa jeunesse : 53% de la population a moins de 20 ans et 76% moins de 35 ans. La densit dmographique, de 37,4 habitants/km2 en moyenne pour tout le t e r r i t o i re national, est trs variable selon les rgions. Lessentiel de la population vit dans les rgions No rd (Ma roc atlantique, Rif ) o se concentrent la plupart des grandes villes du pays, alors que de larges portions du t e r r i t o i re national sont trs peu peuples. La densit dmographique ne dpasse pas 5 h a b i t a n t s / k m 2 dans la rgion du sud-est. Na g u re forte composante rurale, la population marocaine na cess de s u r b a n i s e r, la part de la population urbaine passant de 26% en 1950 42,6% en 1989. On estime que ce pourcentage atteindra 56% en lan 2000. A elle seule, lagglomration de Casablanca hberge 26% de toute la population citadine du pays ( Mi n i s t re de l Education Nationale, 1993). succession de massifs littoraux dpendant du systme alpin et qui culmine peu prs en son milieu au Jbel Tidighine (2456 m). Il constitue en fait le prolongement de la Cordillre Btique de lEspagne du Sud. Cest une rgion pluvieuse couverte de forts, avec une cte certes pittoresque, mais trs accidente et peu hospitalire, se jetant souvent la mer en falaises raides. Le Moyen Atlas, chane oriente, comme les autres Atlas, du sud-ouest au nord-est, est constitu essentiellement de plateaux de moyenne altitude (Moyen Atlas tabulaire) slevant progressivement vers le nord-est (Moyen Atlas pliss) pour culminer 3340 m au Jbel Bou Naceur, qui domine dj les hauts plateaux de lOriental. Le Haut Atlas, chane tire sur environ 700 km depuis lAtlantique jusquaux Plateaux de lOriental, est lpine dorsale de l'Atlas avec de nombreux sommets de plus de 3500 m et plusieurs dpassant mme 4000 m. Le Jbel Toubkal, avec 4165 m, est le point culminant du Maroc et de toute lAfrique NordSaharienne. Le Haut Atlas se termine, dans sa partie ouest, par des plateaux dj hauts de 2000 m qui sachvent brusquement sur lAtlantique, autour du Cap Ghir, en falaises pittoresques. Enfin, lAnti-Atlas, chane la plus mridionale, est une chane aride qui longe la valle du Dra, en bordure du dsert, stendant depuis lAtlantique vers Goulimine, jusquau Jbel Saghro au nord-est (point culminant Amoulou nMansour : 2712 m). Il semble reli en son milieu au Haut Atlas par le Jbel Siroua (ancien volcan culminant 3304 m). * Domaine atlantique Protg contre lavance du Sahara par les chanes de lAtlas, cest le domaine des plaines et plateaux qui couvrent de larges portions du territoire national. Les plaines sont situes le long des littoraux atlantique (Gharb, Chaouia, Doukkala, Abda, Souss) et mditerranen (Martil, Laou, Triffa), ainsi que dans lintrieur (Tadla, Haouz, Sas) et dans lOriental (Moulouya). Les plateaux, caractriss par leur aspect tabulaire, stendent sur de plus grandes surfaces, avec des altitudes allant de quelques centaines de mtres jusqu 1000-1500 m (Zemmour, Zars, Zaane, Causses du Moyen Atlas).

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Le Maroc est situ lextrmit nord-ouest de lAfrique, sur lAtlantique et la Mditerrane, et a une superficie de 715.000 Km2 (Fig.1). Il est divis en trois domaines: - un domaine montagneux (les Atlas et le Rif) ; - un domaine atlantique (plateaux et plaines) ; - un domaine aride trs vaste compos de plateaux et de petits massifs montagneux (Oriental et secteur saharien). A ces domaines principaux sajoutent deux grands types de zones spciales : les zones marines et ctires et les zones humides continentales. * Domaine montagneux Une originalit du Maroc, parmi les autres pays dAfrique du Nord, rside dans limportance de ses montagnes, regroupes en quatre chanes (Rif, Moyen - Haut - et Anti-Atlas). Environ 100.000 km 2 de la surface du pays slvent audel de 2000 mtres. Le Rif, stendant en arc de cercle du Dtroit de Gibraltar la valle de la Moulouya, est une

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* Zones arides et sahariennes Ces zones englobent les Hauts Plateaux de lOriental et les vastes zones sahariennes et prsahariennes. Ces dernires sont le domaine des grandes hamadas : plateaux dsertiques, nus, rocailleux, balays par les vents, tantt couverts de galets (regs), tantt de dunes (ergs, dont les dimensions restent toutefois modestes au Maroc), tantt dcoupes en buttes plates (gara, pluriel : gour), ou encore en dpressions fermes aux altitudes parfois ngatives (sebkhas). Le niveau des prcipitations est ici trs bas et les oueds, desschs par vaporation et infiltration, ne coulent quaprs dalatoires pluies dorages. Les oasis sont peu nombreuses (Figuig, Tafilalet,), mais caractristiques du Sud marocain. * Zones marines et ctires Le Maroc possde une cte stirant sur 3 446 km et prsentant une faade mditerranenne de prs de 600 km de long et une faade atlantique qui stend sur environ 2 850 km. On distingue le milieu marin et le littoral.

lextrme Sud. Des falaises se rencontrent dans certaines rgions : Nador (Cap des Trois Fourches), Al Hoceima (Parc National dAl Hoceima), Sal (falaises de Sidi Moussa), extrmit ouest du Haut Atlas, Oued Massa et Lagwera (Cte des Phoques). Enfin, des les relativement peu nombreuses et de dimensions modestes se rencontrent galement au large des ctes marocaines : Iles Chaffarines, Peon dAl Hoceima et Ilt de Lela sur la faade mditerranenne, Archipel dEssaouira et quelques lots localiss prs de Cap Barbas sur la faade atlantique. * Zones humides continentales De par son exposition sur lAtlantique et la Mditerrane, le Maroc est le pays le plus arros et qui possde les rivires et les lacs permanents les plus importants du Maghreb (Fig 2). Les lacs naturels permanents, au nombre dune vingtaine, sont concentrs essentiellement dans le Moyen Atlas ; le plus grand (Aguelmame Sidi Ali) a une superficie de 300 ha. On peut leur ajouter une dizaine de marais ctiers. Plus dune trentaine de lacs de barrages, crs assez rcemment dans un but agricole, hydrolectrique, ou pour lalimentation en eau potable des populations des villes, sont rpartis travers le territoire national. Les principaux cours deau sont les Oueds Moulouya, Oum-er-Rbi et Sebou, qui naissent tous dans le Moyen Atlas, le principal chteau deau naturel du pays. Une vingtaine dautres rivires moins importantes et toute une srie de petits ruisseaux permanents ou temporaires, de sources et mares temporaires sont rpartis un peu partout sur le territoire national.

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Les proprits physico-chimiques des masses deaux marines (qui varient selon quelles appartiennent au domaine mditerranen ou atlantique), de mme que les phnomnes des mares, de la houle, et de divers types de courants, modifient la nature de la faune et de la flore. Lhydrologie des eaux atlantiques est relativement complexe. Un phnomne particulirement intressant est li la circulation des vents alizs : sous linfluence de ces vents qui soufflent des secteurs nord nord-est et de la rotation de la terre, plusieurs rgions de la cte marocaine sont affectes par des remontes deaux froides profondes, dnommes upwellings riches en lments nutritifs qui sont lorigine dune production primaire intense. La cte marocaine est relativement rectiligne, hormis quelques caps trs prominents en Mditerrane. Elle se prsente sous la forme dune succession de falaises, plages (surtout importantes sur la faade atlantique), platiers rocheux, et dunes dominant immdiatement la cte. Ces structures sont interrompues au niveau des estuaires et des lagunes. Les estuaires les plus importants sont ceux des trois grands fleuves marocains: lOued Moulouya, sur la cte mditerranenne, et les Oueds Sebou et OumEr-Rbi, sur la cte atlantique. Les principales lagunes sont celles de Nador, Merja Zerga, le complexe lagunaire Sidi Moussa-Oualidia, la lagune de Khnifiss et la grande Baie de Dakhla

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Fig. 2 : Rsau H ydrographique du Maroc (avec les principaux complexes et points deau stagnants)

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Du point de vue lithologique, le Maroc offre une grande diversit. Le socle prcambrien et primaire rigide, faisant partie de la plaque africaine, affleure dans diffrentes zones du pays lorsquil nest pas couvert par des formations sdimentaires plus rcentes, relativement aplanies dans certaines rgions (Hamadas, plateaux,...) ou plisses (chanes des Atlas), domines par des calcaires, des dolomies et des marnes. La chane du Rif sindividualise par la complexit de ses nappes vigoureusement plisses et charries. Les principales plaines alluviales, localises entre les diffrentes chanes des Atlas et du Rif, sont caractrises par dimportantes accumulations argileuses, limoneuses ou localement sableuses. Les grandes accumulations de sable sobservent sur le littoral et dans le Maroc saharien soumis une intense rosion olienne. La diversit de la roche-mre, ainsi que la longue volution et laction conjugue du climat et de la vgtation, ont donn naissance un grand nombre de types de sols rouges fersialitiques, sols chtains ou marrons, sols gris de steppe, sols

Le climat est du type mditerranen sur la quasi totalit du territoire marocain: les prcipitations sont concentres en hiver, tandis que la priode sche concide avec la saison chaude de lt. Il est cependant soumis des influences locales parfois profondes (mer, latitude, altitude, Sahara, courant froid des Canaries, exposition des versants,) engendrant une multitude de microclimats. Le climat marocain est en plus caractris par une trs grande irrgularit dans le temps, aussi bien intra-annuelle (notamment en raison de linfluence de lAnticyclone des Aores), quinterannuelle, des annes ou des sries dannes pluvieuses et froides pouvant succder des annes ou sries dannes sches et chaudes.

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de type brun fersialitique, brun forestier ou ranker en altitude, sols isohumiques (dont le type vertisol ou tirs particulirement fertile), rendzines, sols halomorphes,

Les moyennes annuelles des tempratures enregistres dans les principales stations mtorologiques varient de 11,1C (Ifrane) 19,9C (Layoune). La temprature maximale

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absolue enregistre a atteint 46,4C Marrakech et la temprature minimale absolue 9,8C Ifrane. Lamplitude annuelle varie de 5,5C (Essaouira) 15,5C (Oujda). Les carts extrmes (diffrence entre les maxima et les minima absolus) sont beaucoup plus forts, dpassant 40 dans bon nombre de stations et approchent mme 60 au Sahara. Le niveau moyen des prcipitations annuelles est trs variable, allant de 25 mm dans le bassin prsaharien du Dra prs de 2000 mm dans le Rif Central et Occidental. La plus grande partie du Maroc reoit moins de 500 mm ; tout le Sud, lOriental et la plupart des plaines arides, moins de 300 mm. Le niveau des prcipitations varie avec la latitude, la continentalit (loignement de la mer) et laltitude. Il y a une augmentation sensible des prcipitations avec laltitude, surtout sur les flancs ocaniques des montagnes, lAtlas constituant une dorsale humide et un bouclier qui fait frein lavance du dsert. Dans les rgions montagneuses, les prcipitations peuvent se produire sous forme de neige, lenneigement pouvant atteindre jusqu 8 mois de lanne sur les plus hautes crtes du Haut Atlas.

Fig. 3 : Climagramme pluviothermique (Sauvage 1963)

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Le quotient pluviothermique dEmberger Q en fonction de la valeur de la moyenne des tempratures minimales du mois le plus froid m est reprsent graphiquement par un climagramme pluviothermique (Fig 3). Sur ce climagramme, on peut reprsenter par un point toute station climatologique du pays. De plus, laide des stations de base dont le climat et la vgtation sont bien connus, Emberger a dlimit sur ce graphique des zones correspondant aux diffrents climats mditerranens (saharien, aride, semi-aride, subhumide, humide, perhumide). Le climagramme pluviothermique permet, lorsquon connat les valeurs de P, M et m pour une localit, de dterminer ltage bioclimatique auquel appartient cette localit. Or, chacun de ces tages climatiques correspond un tage bioclimatique englobant un ensemble de groupements vgtaux qui ont les mmes aptitudes cologiques gnrales. On dnombre ainsi 6 tages bioclimatiques au Maroc, correspondant aux tages climatiques sus-cits et portant dailleurs les mmes appellations (saharien, aride, semi-aride, subhumide, humide, perhumide).

La grande diversit des caractristiques physiques de lhabitat nest pas sans se traduire par une diversit galement remarquable des cosystmes, aussi bien par leur composante vgtale quanimale. Il y a des cosystmes forestiers, prforestiers, prsteppiques, steppiques, sahariens, aquatiques (marins, ctiers et continentaux) qui stendent sur une gamme dtages bioclimatiques : aride, semi-aride, sub-humide, humide. * Ecosystmes forestiers Les cosystmes forestiers sont constitus de formations naturelles de feuillus (chne vert, chne lige, chne tauzin , arganier, olastre, ) et de rsineux (cdre, Pin dAlep, Pin maritime, Pin noir, thuya,), rpartis entre les diffrents tages bioclimatiques, du semi-aride lhumide. Les chnaies occupent les plaines et pimonts de montagne, tandis que la cdraie occupe les zones de montagne dans le Rif et le Moyen Atlas. Les pindes climaciques (Pin maritime et Pin noir) sont localises dans des rgions daltitude. La seule sapinre marocaine occupe les hauteurs du Rif occidental dans la rgion de Chaouen. Au Sud, larganeraie, endmique, occupe des zones semi-arides et arides et constitue, avec lacacia, des espces adaptes laridit.

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Le cortge floristique des forts marocaines est riche en espces darbustes et dherbaces, dont un grand nombre dendmiques ou dintrt mdicinal et aromatique. La faune des forts est galement trs diversifie et riche en espces doiseaux, reptiles, mammifres (Passereaux, Singe Magot, Porc-pic, Sanglier, .). Les principaux cosystmes forestiers sont : Les cdraies Le Cdre de lAtlas (Cedrus atlantica) est lessence forestire noble du Maroc, apprcie pour ses valeurs conomique et biogographique. Les cdraies, dune superficie totale de 131.800 ha, occupent une place de choix dans le paysage forestier marocain (Fig. 4). Elles se prsentent toujours en futaie, gnralement cortge floristique riche et trs htrogne, pouvant tre domin par des espces herbaces, des arbustes ou des arbres: Quercus rotundifolia, Q. faginea, Juniperus thurifera Ilex aquifolium, Cytisus battandieri, Cistus laurifolius, Daphne laureola, Crataegus laciniata, Ribes uva-crispa, Berberis hispanica, Bupleurum spinosum. Dans les cdraies du Moyen Atlas ont t recenses plus de 260 espces dArthropodes et 30 espces dOiseaux nicheurs, soit lune des plus fortes proportions despces doiseaux sdentaires de toutes les forts marocaines. Nos cdraies sont malheureusement gravement menaces par un nombre de ravageurs, dont la redoutable Processionnaire (Thaumetopoea pityocampa), la Tordeuse du Cdre (Acleris undulana) diverses espces de Scolytes (Blastophagus piniperda, Scolytus numidicus,). Les pindes Elles couvrent une superficie denviron 95 160 ha. Trois espces de pins existent naturellement au Maroc: Pin dAlep (Pinus halepensis), Pin maritime (Pinus pinaster) et Pin noir (Pinus nigra), la troisime espce tant limite quelques rares lots dans le Rif Central et Occidental, alors que les deux autres sont relativement frquentes dans le paysage forestier marocain. Les pindes hbergent un cortge floristique constitu dun mlange despces arborescentes et arbustives: Tetraclinis articulata, Juniperus phoenicea, Quercus rotundifolia, Pistacia lentiscus, Phillyrea spp., Rosmarinus officinalis, Rosmarinus tournefortii, Stipa tenacissima, Globularia alypum, Cistus spp. Comme

animaux, on y a dnombr plus de 150 espces dArthropodes, tandis que lavifaune recense est sensiblement la mme que celle des cdraies, avec cependant en plus la prsence du Beccrois des sapins (Loxia curvirostra), tout fait lie ces vgtaux dont les graines constituent laliment favori de cette espce. Comme les cdraies, les pindes sont menaces par plusieurs insectes ravageurs, savoir la Processionnaire et de nombreuses espces de Coloptres, comme les Scolytes. Les ttraclinaies Le Thuya de Berbrie (Tetraclinis articulata) est li gographiquement aux trois pays du Maghreb: Maroc, Algrie et Tunisie. Au Maroc, la surface actuelle est de lordre de 607.900 ha et est en constante rgression. Il est trs souvent en taillis vu sa capacit de rejeter de souche, capacit peu commune chez les rsineux, et se prsente en gnral sous forme de peuplements prforestiers o il est rarement prsent seul. Parmi ses concurrents, on peut citer: Juniperus phoenicea, Pinus halepensis, Ceratonia siliqua, Argania spinosa, Quercus rotundifolia, Pistacia lentiscus, Pistacia atlantica, Phillyrea latifolia. Le cortge floristique du sous-bois est aussi trs riche : cistes, lavandes, gents, romarin, alfa, doum, etc... Les espces dArthropodes recenses dans les ttraclinaies sont denviron 160 ; tandis que les peuplements aviens nidificateurs sont parmi les moins varis et les moins abondants des cosystmes forestiers du nord du pays. Les oxycdraies Le Genvrier oxycdre (Juniperus oxycedrus), espce de large rpartition gographique et peu exigeante vis--vis du milieu, participe lorganisation de structures forestires, prforestires et prsteppiques diverses, mais sans jamais former de peuplements purs remarquables. Il est souvent en mlange avec le Chne vert (Quercus rotundifolia), le Genvrier rouge (Juniperus phoenicea), le Thuya de Berbrie (Tetraclinis articulata) ou les pins, voire avec le Cdre ou le Sapin (Abies pinsapo maroccana). Comme faune associe lOxycdre, une espce particulirement intressante : le Merle plastron (Turdus torquatus), visiteur hivernal qui se nourrit essentiellement, cette saison, de baies de genvriers, assurant la dissmination des graines. Autre espce intressante : la Fauvette de lAtlas, espce endmique nord-africaine, qui migre en hiver vers le sud, jusquaux confins du Sahara.

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Fig. 4 : Aire de rpartition du Cdre (haut) et du Chne-lige (bas) (adapt de Sauvage, 1961)

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Les junipraies rouges Le Genvrier de Phnicie ou Genvrier rouge (Juniperus phoenicea) est prsent au Maroc en 2 blocs; le premier concerne les peuplements ctiers, le deuxime concerne les peuplements de lintrieur qui remplacent le Thuya de Berbrie quand la continentalit devient importante. Cette espce nest pas considre comme une essence forestire majeure et cest la raison pour laquelle on ne dispose pas de chiffres sur les surfaces de ses peuplements. Les junipraies rouges sont des formations prforestires ou prsteppiques, gnralement sous forme de futaies assez basses et ouvertes, sous-bois trs pauvre, et se rencontrent souvent en mlange avec le Thuya de Berbrie, le Chne vert, lOxycdre ou le Pin dAlep. La faune, relativement peu tudie, comporte des Arthropodes (une centaine despces), et une avifaune caractristique des formations ligneuses basses : Perdrix gambra (Alectoris barbara), Tourterelle des bois (Streptopelia turtur), Merle noir (Turdus merula), Fauvette mlanocphale (Sylvia melanocephala), Dans les junipraies de hautes altitudes, lavifaune, tendance montagnarde, semble plus pauvre, avec prdominance de la Msange noire (Parus ater) et lhivernage localis du Merle plastron. Les thurifraies Le Genvrier thurifre (Juniperus thurifera), arbre de grande longvit et dune grande robustesse, coiffe les hauts sommets atlasiques. Au dessus, ne sont encore prsents que des xrophytes pineux. Les thurifraies, dune superficie de 30.000 ha environ, sont des formations prsteppiques, avec essentiellement de vieux sujets pouvant atteindre des dimensions importantes (jusqu 5 m de diamtre). La faune associe est assez semblable celle des oxycdraies. Les sapinires Lespce Abies pinsapo maroccana, endmique du Maroc, est rare, cantonne aux seules montagnes calcaires du Rif Occidental, aux environs de Chefchaouen, o ses peuplements nexcdent gure 6000 ha de superficie et sont gnralement infiltrs de cdres, de chnes ou de pins, avec trs souvent un sous-bois comparable celui de la cdraie. Une trentaine despces dOiseaux nicheurs y trouvent refuge. Parmi les Mammifres, on peut citer, entre autres, le Magot, le Sanglier et la Loutre (Lutra lutra).

Les cupressaies Le Cyprs de lAtlas (Cupressus atlantica) est un endmique du Maroc o il est lunique reprsentant naturel de son genre. Ses peuplements actuels sont des formations prforestires ou prsteppiques partout dgrades. Ils sont localement purs et souvent mixtes, infiltrs de Genvrier rouge, de Genvrier oxycdre, de Thuya de Berbrie ou de Chne vert. La superficie occupe est estime 6.000 ha. Les chnaies vertes (iliaies) Le Chne vert (Quercus rotundifolia) est trs abondant au Maroc (1 364 100 ha) o on le rencontre dans toutes les rgions montagneuses. Cest une essence trs plastique et rustique, capable de supporter des conditions cologiques trs difficiles, qui peut coloniser tous les terrains et favoriser linstallation dautres espces moins rustiques. Les chnaies vertes montrent des structures gnralement en taillis pluristratifies et trs riches en espces. Les principaux arbres concurrents du Chne vert sont le Chne-lige (Quercus suber), le Chne zen (Q. faginea) , les pins, le Cdre, le Genvrier rouge et, un degr moindre, le Thuya de Berbrie. Parmi les espces du sous-bois on peut citer: Viburnum tinus, Arbutus unedo, Pistacia lentiscus, Ruscus aculeatus, Daphne laureola, Ilex aquifolium, Hedera helix, Lonicera spp., Cistus spp., etc... Cest au niveau des iliaies du Moyen Atlas que la diversit faunistique est la plus leve. On y note, en effet, plus de 400 espces dArthropodes, avec prdominance de Coloptres et dHymnoptres. Plus de 35 espces dOiseaux y sont nidificatrices, dont prs des trois quarts sont daffinit borale, cest-dire communes avec celles des forts dEurope continentale tempre. Les subraies Le Chne-lige (Quercus suber), qui occupe une superficie de prs de 384.200 ha (Fig. 4), est une essence remarquable au sein de nos forts vu ses rles cologiques et socio-conomiques. Les subraies sorganisent en futaies, mais on peut galement avoir des taillis aprs coupes vu la capacit du Chne-lige rgnrer de souche. Le Chne-lige montre des facis purs ou presque dans beaucoup de rgions, mais est parfois associ aux Chnes vert et zen. Le sous-bois est dans lensemble assez riche: Cytisus linifolius, Thymelaea lythroides, Erica arborea, Erica scoparia, Cistus monspeliensis, Myrtus communis, Pteridium aquilinum....

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Les subraies hbergent une riche faune. Par exemple, plus de 250 espces dArthropodes ont t recenses dans la fort de la Mamora, ainsi que 12 espces dOiseaux nidificatrices. Laire du Chne-lige ne cesse malheureusement de rgresser sous laction de la dgradation anthropozoogne laquelle se sont ajouts rcemment les dgts dus plusieurs insectes ravageurs dont des Lpidoptres : Lymantria dispar et Melacosoma neustria, des Coloptres : Cerambyx cerdo, Platypus cylindrus et Curculio glandium; des Hymnoptres : Crematogaster scutellaris, Les dgts causs par ces ravageurs, auxquels sajoutent une trs forte pression anthropozoogne, menacent la fort de la Mamora dune disparition certaine dans un avenir proche. Les chnaies caducifolies Les espces prsentes au Maroc sont: le Chne zen, le Chne tauzin (Quercus pyrenaica) et le Chne nain (Quercus lusitanica). Les 2 premires espces couvrent respectivement environ 17.000 ha et 5.000 ha, et sont rparties en taches plus ou moins importantes dans les rgions montagneuses. Le Chne nain, endmique ibro-rifain, est limit au Tangrois. Les coccifraies Le Chne kerms (Quercus coccifera) est limit aux rgions les plus septentrionales du pays: Rif, Bni Snassen et une seule station non loin de Taza vers le Sud. Les peuplements actuels existent soit en garrigues pures, soit subordonns dautres essences, en particulier le Thuya de Berbrie et le Chne vert. Les olastraies LOlastre ou olivier sauvage (Olea europaea var. oleaster) est lespce la plus rpandue au Maroc. Il est souvent en mlange avec dautres espces, dites essences secondaires, comme le lentisque, les phillaires, le tizra et le doum. LOlastre est galement frquent dans les ttraclinaies et, un degr moindre, dans les iliaies et les subraies. Les cratoniaies Le Caroubier (Ceratonia siliqua) est une espce endmique de la rgion mditerranenne o elle se rencontre un peu partout soit ltat naturel, soit introduite par lhomme. Les cratoniaies pures sont rares et localises. En revanche, le Caroubier est frquent dans les ttraclinaies.

Les pistaciaies Le Pistachier de lAtlas (Pistacia atlantica) est un arbre puissant pouvant atteindre 15 20 m de haut et plus dun mtre de diamtre. Actuellement, il ne forme plus de peuplements purs, mais est en mlange frquent avec le Thuya de Berbrie. Les arganeraies LArganier (Argania spinosa) est une caractristique importante du secteur macaronsien marocain, secteur physionomiquement et floristiquement singulier vu ses affinits videntes avec les Iles Canaries, en ce sens quil est marqu par un hiver chaud ou tempr, une humidit de lair toujours forte et une frquence leve de brouillards. Ses peuplements actuels couvrent prs de 828.300 ha. Ce sont souvent de vieux taillis ou futaies, avec ou sans sous-bois arbustif. Les principales espces compagnes sont: Periploca laevigata, Senecio anteuphorbium, Launaea arborescens, Warionia saharae, Acacia gummifera, Rhus tripartitum, Withania frutescens, Euphorbia officinarum subsp. beaumierana et subsp. echinus, Cytisus albidus, Ephedra altissima, Tetraclinis articulata. La faune associe est varie : 60 espces dArthropodes ont t rpertories. Cependant, dans larganeraie de Tafinegoult, suite une mise en dfens de 6 ans conscutive une coupe gnrale des pieds darganiers, il y a aujourdhui un cortge faunistique des plus remarquables. Au point de vue des Amphibiens et des Reptiles, 20 espces intressantes y sont prsentes, dont 8 endmiques du Maroc : le Crapaud de Brongersma (Bufo brongersmai), Gecko paupires pineuses (Quedenfeldtia moerens), Acanthodactyle de Busack (Acanthodactylus busacki), Seps de Manuel (Chalcides manueli), Seps cailles nombreuses (Chalcides polylepis), Seps mionecton (Chalcides mionecton), Orvet du Maroc (Ophisaurus koellikeri) et Amphisbne cendr du Maroc (Blanus tingitanus). On note aussi le Cobra (Naja haje) et la Vipre heurtante (Bitis arietans). En ce qui concerne lavifaune, 17 espces intressantes, endmiques ou rares ou menaces sont prsentes, dont les trs rares Autour chanteur (Melierax metabates), Aigle ravisseur (Aquilal rapax belisarius), Aigle royal (Aquila chrysaetos), Les Mammifres sont trs bien reprsents avec 8 espces intressantes dont le Porc-pic, la Genette, le Chat gant, le Lynx caracal et, surtout, la Gazelle de Cuvier (Gazella cuvieri ; une soixantaine dindividus en 1994).

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Les acaciaies Le genre Acacia est reprsent au Maroc essentiellement par 3 espces: Acacia gummifera (Gommier du Maroc), A. ehrenbergiana et A. raddiana, occupant une superficie totale de 1 000 000 ha. Ces espces peuvent organiser des climax prsteppiques voire prforestiers, dans les rgions les plus dshrites du pays en bioclimats aride et saharien. Le Gommier du Maroc contribue avec lArganier la dfinition du secteur macaronsien marocain. Ces deux espces sont souvent en mlange, mais le Gommier savance plus lintrieur dans le Maroc cisatlasique aride (dir du Haut Atlas, Tadla, Haouz et Rehamna. Ses peuplements se rencontrent souvent en mlange avec des espces xrophiles et thermophiles, dont: Withania frutescens, Ballota hirsuta, Asparagus stipularis, Ephedra altissima, Lavandula multifida, etc. Le Gommier soufre des attaques dun dprdateur redoutable : le Coloptre Crambycid Hypoeschrus strigosus, dont les larves sattaquent au bois, y sjournant plus de deux ans avant de se nymphoser. Acacia ehrenbergiana et A. raddiana sont des arbres ou arbustes assez communs dans lensemble du Sahara o ils sont aims des riverains pour lombre quils offrent sous un soleil brlant au milieu de paysages lunaires. La croissance trs lente de ces acacias et la pression anthropozoogne quils subissent font que leurs aires, estimes actuellement un million dha, rgressent continuellement. Laire de A. ehrenbergiana est limite au Nord par le Jbel Bani, celle dA. raddiana remonte jusquaux environs de Tazenakht, et plus lEst jusquaux revers mridionaux du Saghro et de lOugnat. Dans les acaciaes, en climat saharien et prsaharien, ont t rpertories plus de 130 espces dArthropodes, qui trouvent un bon abri lombre de leur feuillage dans ces zones torrides. Au point de vue ornithologique, deux espces sont trs caractristiques de ces peuplements : le Cratrope fauve (Turdoides fulvus) et la Piegriche mridionale (Lanius meridionalis); de plus, beaucoup despces de Passereaux insectivores (Sylviids, Muscicapids, Turdids, Laniids) y effectuent des haltes migratoires. Les rtamaies et les adnocarpaies Retama dasycarpa et Adenocarpus anagyrifolius sont deux lgumineuses arbustives endmiques

du Maroc dont les peuplements les plus importants se rencontrent dans les valles internes du Haut Atlas en bioclimat semi-aride et subhumide frais et froid. Steppes a xrophytes pineux Les formations xrophytes pineux de haute altitude, la plupart en forme de coussinets hmisphriques, stendent sur de grandes superficies des sommets des hautes montagnes, partir de 2.000 m jusqu environ 3.500 m ou mme plus. Cest au sein de ces groupements (par exemple dans le Parc National du Toubkal) que lon relve les taux les plus levs en espces endmiques atlasiques. Parmi les principales espces de xrophytes : Arenaria pungens, Bupleurum spinosum, Cytisus balansae, Alyssum spinosum, Erynacea anthyllis et Ononis atlantica. Les espces animales prsentes, en particulier les Vertbrs, sont souvent, biogographiquement parlant, des reliques palarctiques qui ont t limines des rgions basses du pays lorsque le climat sest rchauff, et dont laire de distribution constitue aujourdhui des lots gographiques correspondant aux sommets levs quelles occupent. Ce phnomne dvolution avec isolement gographique a abouti bien souvent un phnomne de spciation particulier, avec apparition de formes morphologiquement assez diffrentes de lespce-souche, que lon dnomme sous-espces. Ce cas est frquemment observ chez les Reptiles (Bons et Geniez, 1996) et les Oiseaux (Thevenot, 1987). Ainsi, les Reptiles confins ces hautes altitudes sont reprsents par trois endmiques marocains remarquables : le Lzard dAndranszky (Lacerta andreanszkyi); le Seps montagnard (Chalcides montanus) et la Vipre de lAtlas (Vipera monticola). Deux autres Serpents sont prsents: la Couleuvre capuchon (Macroprotodon cucullatus) et la Coronelle girondine (Coronella girondica). Comme Oiseaux nicheurs caractristiques, on peut citer : lAlouette hausse-col (Eremophila alpestris), le Traquet de Seebohm (Oenanthe oenanthe seebohmi), le Bouvreuil ailes roses (Rhodopechys sanguinea), la sous-espce locale du Rougequeue noir (Phoenicurus ochruros gibraltariensis) et lAccenteur alpin (Prunella collaris), en plus dautres espces daltitudes infrieures qui peuvent atteindre les xrophytaies comme limite altitudinale suprieure de leur distribution. Les Mammifres sont rarement infods cet tage de vgtation, nanmoins, lEcureuil de Barbarie (Atlantoxerus getulus) est frquent; ainsi que le Mouflon manchettes (Ammotragus lervia), trs

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menac ailleurs, et qui trouve la tranquillit dans ces zones difficilement accessibles. Steppe alfa Les nappes alfa (Stipa tenacissima) recouvrent des superficies trs vastes estimes plus de deux millions dha, en particulier dans la portion orientale du Maroc. La faune infode ces biotopes en apparence monotones est trs riche. Le cortge herptofaunistique est des plus remarquables: 25 espces sy rencontrent ou y sont probables, parmi lesquelles pas moins de 7 espces de Lacertids en cohabitation troite, ce qui constitue probablement, pour cette famille, un record pour toute lAfrique du Nord, voire pour le monde entier ! Parmi les espces de Reptiles, trois espces rarissimes au Maroc : le Psammodrome de Blanc (Psammodromus blanci), lOphisops occidental (Ophisops occidentalis), et le Boa-javelot (Eryx jaculus). Cette steppe aride est le domaine de plusieurs espces daffinits sahariennes : Stnodactyle lgant (Stenodactylus stenodactylus), Agame variable (Trapelus mutabilis), Fouette-queue (Uromastyx acanthinurus), Acanthodactyle rugueux (Acanthodactylus boskianus), ainsi que de plusieurs taxons propres aux Hauts Plateaux algriens ou lest du Maghreb et dont plusieurs trouvent ici leur limite occidentale de distribution: Saurodactyle de Maurtanie (Saurodactylus mauritanicus), Psammodrome algire (Psammodromus algirus), .. Parmi les Oiseaux, 37 espces nidificatrices sont connues pour lensemble de la rgion, dont 11, rares ou menaces. Parmi les plus intressantes: lOutarde houbara (Chlamydotis undulata), nicheur rgulier mais trs menac; le Hibou grand-duc (Bubo bubo ascalaphus); le Courvite isabelle (Cursorius cursor); le Sirli du dsert (Alaemon alaudipes) ; le Pluvier guignard (Eudromias morinellus); hivernant europen et, surtout le Sirli de Dupont (Chersophilus duponti), endmique nord-africain et ibrique. Au point de vue des Mammifres, 13 espces sont connues pour lensemble de la rgion et 4 autres sont probables. Certaines espces ont rcemment disparu ou sont sur le point de ltre: lHyne raye (Hyaena hyaena barbara), espce assez typique du Maroc Oriental, observe pour la dernire fois en 1983 ; le Lynx caracal et la Gazelle dorcas (Gazella dorcas). Steppe armoises Les armoises (Artemisia spp.) constituent des

formations qui occupent de trs vastes tendues dans la portion orientale du Maroc, prfrant coloniser les sols riches en lments fins, ceux domins par les lments figurs tant occups par les nappes alfa. Cest essentiellement Artemisia inculta (=A. herba alba) qui organise les nappes armoise des Hauts Plateaux. Les autres formations armoises sont plus alticoles et sobservent dans les chanes montagneuses de lAtlas. Il sagit ici dexcellents terrains de parcours, car ces espces sont trs apprcies par les animaux, en particulier les ovins. La faune de ces steppes est particulirement intressante, comme en tmoigne lavifaune reprsente dans la rgion de Fouchal/Matarka. Lavifaune est reprsente par des espces nidificatrices caractristiques du biome mditerranen : Perdrix gambra, Sirli de Dupont, Alouette de Clot-Bey (Rhamphocorys clotbey), Alouette bilophe (Eremophila bilopha),. Lavifaune nidificatrice appartenant au biome saharien est reprsente par 5 espces : Hibou grand-duc, Ammomane du dsert (Ammomanes deserti), Ammomane lgante (Ammomanes cincturus), Sirli du dsert et Bouvreuil githagine (Rhodopechys githaginea). Autres espces: Pluvier guignard (hivernant rare); Outarde houbara, trs menace et aujourdhui devenue rarissime ; Gangas unibande (Pterocles orientalis) et cata (P alchata) . pouvant tre occasionnellement extrmement abondants lors dinvasions pisodiques spectaculaires (100.000 Gangas catas et 1.000 Gangas unibandes recenss en dcembre 1993). Au point de vue des Mammifres, les espces les plus intressantes sont la Gazelle dorcas et lHyne raye, toutes les deux en danger dextinction, ainsi que le Porc-pic, probable. * Ecosystmes sahariens (regs et ergs) Des cosystmes arbors peuvent sy dvelopper, avec, en plus des ripisylves, des arbres organisateurs comme: Acacia raddiana, Acacia ehrenbergiana, Faidherbia albida (= Acacia albida), Balanites aegyptiaca, Maerua crassifolia, Rhus tripartitum. Les cosystmes Champhytes occupent les regs (tendues sahariennes relief plat et couvertes de cailloux) o ils organisent des peuplements trs lches, avec, comme principaux lments floristiques, des Chnopodiaces (Hamada, Anabasis, Nucularia... ). Les ergs (ou dunes de sable sahariennes) sont plutt pauvres en vgtation et en faune, sauf dans certains biotopes (valles humides, steppes ocaniques, oasis, ).

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La faune est reprsente par de nombreuses espces adaptes la vie du dsert. Les Arthropodes (Arachnides et surtout Insectes) ont une cuticule chitineuse impermable qui leur permet de limiter leur vaporation. Les Arachnides sont reprsents par un certain nombre despces de Scorpions (genres Buthus, Androctonus et Scorpio) frquentant tous les types de milieux, et qui peuvent tre localement trs abondants. De nombreuses familles dAraignes vivent sous les pierres ou tissent leurs toiles sur les touffes vgtales. Les Solifuges, grands prdateurs dInsectes, sont reprsents surtout par plusieurs espces du genre Galeodes. Les Insectes sont particulirement nombreux: Coloptres (plus de 500 espces), Hymnoptres (plus de 100 espces), Lpidoptres et Diptres (plus de 50 espces pour chaque groupe), Orthoptres (une bonne quarantaine despces au moins) ; plusieurs autres Ordres sont reprsents chacun par moins dune vingtaine despces. On connat quatre espces dAmphibiens, lies aux milieux humides, dont le Crapaud de Brongersma, endmique marocain. Les Reptiles, qui sont aussi bien adapts que les Insectes au climat dsertique, comptent environ 40 espces, soit prs du tiers du nombre total despces du pays. Comme espces particulirement intressantes : Tarentola boehmei, geckkonid endmique marocain ; Fouette-queue ; Varan du dsert (Varanus griseus), le plus grand Saurien du Sahara, pouvant atteindre 1,25 m de long) ; une douzaine despces de Serpents : plusieurs Couleuvres ; des Vipres : Vipre cornes (Cerastes cerastes), Vipre des sables (Cerastes vipera) qui se dissimule souvent dans le sable en ne laissant dpasser que la tte, La Vipre heurtante et le Cobra, deux espces au venin redoutable localises surtout dans le sudouest du pays (Sahara Atlantique), sont hautement menacs par lhomme. Les Oiseaux sont reprsents par au moins 250 espces, dont de nombreux reprsentants de lOrdre des Passriformes, migrateurs europens ou nord-africains qui traversant le Sahara au cours de leurs voyages Nord-Sud et sy arrtent pour reprendre des forces dans les diffrents points deau permanents ou temporaires (oasis, gueltas, dayas, puits, ). Certaines oasis servent galement daires dhivernage une bonne vingtaine despces europennes. Une bonne quarantaine despces sont des sdentaires xrophiles, souvent polyphages : Alaudids (Alouettes, Ammomanes, Sirlis, etc), Turdids (divers Traquets), Ptroclidids (Gangas) et

autres espces hautement adaptes cet cosystme particulier, tels le Courvite isabelle, le Cratrope fauve, le Bouvreuil githagine, . LOutarde houbara, sdentaire frquentant les regs caillouteux et malheureuse victime dune chasse abusive, est au bord de lextinction. Environ 40 espces de Mammifres frquentent la zone saharienne. LOrdre le mieux reprsent est celui des Rongeurs, souvent de petite taille, remarquablement adapts au dsert. Parmi les Carnivores les plus caractristiques de cette zone: Renard famlique (Vulpes rueppelli), Fennec (Fennecus zerda), Zorille (Poecilictis libyca), Ratel (Mellivora capensis), et le trs local Chat des sables (Felis margarita). Le Gupard (Acinonyx jubatus) est au bord de lextinction, ne subsistant plus quen nombre infime dans le Bas-Dra ; cest un super-prdateur se nourrissant notamment de Gazelles, de Livres, dOutardes, etc Parmi les Insectivores: Hrisson du dsert (Paraechinus aethiopicus) cohabitant dans certaines zones avec le Hrisson dAlgrie (Erinaceus algirus), quelques espces de Musaraignes (Crocidura spp.), quelques Chiroptres (chauve-souris). Enfin, les Onguls sont reprsents par quelques espces dArtiodactyles qui ont t chasss outrance durant les dernires dcennies. Certaines dentre elles sont aujourdhui teintes : Oryx (Oryx dammah), Addax (Addax nasomaculatus), Bubale (Buselaphus buselaphus); dautres sont sur le point de ltre : Gazelle dama (Gazella dama), Mouflon manchettes, ou bien subsistent encore en petites populations relictuelles : Gazelle de Cuvier, Gazelle dorcas. * Milieux marins et ctiers On distingue le milieu marin et le littoral. Milieu marin La cte atlantique du Maroc est un lieu de transition des eaux tempres vers celles daffinits tropicales. La faade atlantique est situe sur la ceinture sud-tropicale o de hautes pressions engendrent les vents alizs. Cette zone abrite un des quatre grands systmes denrichissement biologique des eaux (Prou, Oman, Namibie et Maroc) par des remontes deaux froides profondes, riches en sels nutritifs. Ce phnomne, dsign par lexpression upwelling, est la base de la richesse biologique de nos ctes atlantiques qui comptent parmi les plus poissonneuses du monde. Ces remontes deau froide sont particulirement intenses en t.

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Le cortge floristique est compos essentiellement dAlgues. La flore algale, est trs importante mais encore assez mconnue, en particulier au niveau de la cte saharienne et en ce qui concerne le phytoplancton. Elle comprend 489 espces dAlgues marines benthiques rpertories ce jour, dont des Rhodophyces (= Algues rouges, 62%), des Phaeophyces (= Algues brunes, 20,2%) et des Chlorophyces (= Algues vertes, 17,8%). Les Algues Procaryotes (= Cyanophyces ou Algues bleues) et les reprsentants marins des Liliopsides (appartenant aux Phanrogames) sont dautres composantes, quoique nettement moins importantes, de la flore marine (respectivement 2,3 % et 0,7 % du total). La faune marine, encore incompltement rpertorie, compte 7.136 espces connues. Son organisation est analogue celle de la faune marine mondiale, avec prdominance dArthropodes, de Mollusques et de Vertbrs. Les Arthropodes sont surtout reprsents par les Crustacs, les Mollusques par les Gastropodes et les Lamellibranches, et les Vertbrs par les Poissons. Le reste de la faune (avec un total de 2451 espces) est rparti sur divers Embranchements. La faune zooplanctonique, qui reprsente un maillon extrmement important dans la chane trophique de nombreuses espces dintrt conomique, semble la plus diversifie de toute la Mditerrane. Elle renferme 1063 espces reprsentes en grande partie par des Arthropodes (surtout Crustacs Coppodes). Autres groupes: Protozoaires, Ctnaires, larves de Cnidaires, Mollusques (surtout larves), Poissons (sous forme dufs et dalevins), .. Littoral Le littoral est compos de plusieurs types dhabitats : frange ctire proprement dite, lagunes, estuaires, les, plages et falaises littorales. La flore est compose essentiellement dAlgues et de formations halophytes. Dans la zone intertidale (zone de balancement des mares), on trouve des Cyanophyces, des Algues vertes, rouges et brunes, des Lichens, Les formations halophytes colonisent les lagunes et les estuaires. Parmi celles-ci, on peut citer: Arthrocnemum indicum, Atriplex halimus, A. portulacoides, Mesembryanthemum nodiflorum, Polypogon monspeliensis, Salicornia arabica, Spartina maritima, Spergularia tenuifolia, Sphenopus divaricatus, Suaeda fruticosa. Le fond des lagunes est peut

tre occup par des espces phanrogames, dont Posidonia oceanica, espce endmique des ctes mditerranennes localise Sebkha-bou-Areg et aux alentours des Iles Chaffarines. La frange intertidale hberge une faune extrmement diversifie compose de nombreux Foraminifres, Spongiaires, Cnidaires, Annlides (Polychtes surtout), Mollusques (Gastropodes et Bivalves surtout), Arthropodes (Crustacs surtout). Les Vertbrs sont rangs dans quatre classes (Poissons, Reptiles, Oiseaux, Mammifres). Sur les substrats vaseux (plages), les dpts de matires organiques permettent la vie de nombreuses espces psammophiles, telles les Annlides Polychtes, les Crustacs et les Mollusques Gastropodes et Lamellibranches. Lavifaune ctire, particulirement riche, englobe les Oiseaux dits marins, pour lesquels la mer apporte la source de nourriture principale. On distingue plusieurs groupes. Le premier renferme des espces ctires terrestres qui se nourrissent dans la zone de balancement des mares (surtout des Limicoles : Gravelots, Bcasseaux, Chevaliers, Barges, Courlis, Pluviers, Tournepierre, Hutrier, etc). Le second renferme des espces qui, quoique se nourrissant en mer, demeurent gnralement prs du rivage (Cormorans et Larids). La troisime catgorie renferme les espces qui sloignent volontiers des ctes, tels le Fou de Bassan (Sula bassana), pcheur de haute mer, et divers Labbes, espces kleptoparasites ayant pour habitude de poursuivre les autres espces doiseaux marins pour leur voler le poisson quelles ont pch, voire pour le leur faire rgurgiter ! Enfin, la quatrime et dernire catgorie renferme les espces strictement plagiques, cest-dire vivant au grand large (du moins lpoque o on peut les rencontrer au Maroc) et se nourrissant en pleine mer. Il sagit des Puffins, Ptrels, Phalaropes, Mouette tridactyle (Rissa tridactyla) et Mouette de Sabine (Larus sabini). Les lagunes sont galement particulirement intressantes pour leur avifaune. De nombreux Oiseaux deau (Echassiers, Anatids, Limicoles, Larids, ) frquentent les lagunes, parfois par dizaines de milliers au moment des haltes migratoires ou en priode dhivernage. Plusieurs espces intressantes y nichent. Cette avifaune exceptionnelle est lune des raisons pour lesquelles les lagunes de Khnifiss et de la Merja Zerga ont t inscrites en 1980 sur la liste des sites RAMSAR (cf. infra) en tant que zones humides dimportance internationale. Comme autres habitats ctiers particulirement intressants, on peut citer :

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la Baie de Dakhla qui se singularise par la prsence du Dauphin bosse de lAtlantique (Sousa teuszii), seul site connu au Maroc, ainsi que de trs nombreux Flamants roses (Phoenicopterus ruber), des dizaines de milliers de Limicoles et de Larids ; lembouchure de lOued Tahadart (entre Tanger et Asilah) qui prsente un intrt international car elle hberge la dernire population africaine, trs menace, de Grande Outarde (Otis tarda) ; lArchipel dEssaouira (ou de Mogador) hberge une importante avifaune nidificatrice, dont le Faucon dElonore (Falco eleonorae), espce dimportance internationale (220 couples en 1992), visiteur dt tardif qui lve sa niche partir de prlvements quil ralise sur les Passereaux migrateurs longeant les ctes en automne. Les Iles Chaffarines hbergent une colonie trs importante (2.000 couples environ) de Goland dAudouin (Larus audouinii), espce mondialement rare ;

utilise les grottes se trouvant la base des falaises pour se reposer et se reproduire. * Zones humides continentales Les zones humides continentales sont des cosystmes varis (lacs naturels, lacs de barrages, cours deau, ) et riches sur le plan de la biodiversit. La flore comprend des ripisylves, organises par de nombreuses espces arborescentes (Fraxinus angustifolia, Populus alba, Populus nigra, Salix alba, Salix atrocinerea, Sorbus torminalis, Tamarix articulata, Tamarix gallica, Vitex agnuscastus... .) et autres types de vgtation deau douce ou saumtre, organiss par des lments floristiques spcifiques ces milieux, dont : Phragmites australis, Scirpus spp. Juncus spp., Potamogeton pectinatus, Cyperus longus, Equisetum ramosissimum, Mentha spp. Il y a galement une forte production de plancton et dalgues (Characes et autres...). qui constituent le premier chelon de la pyramide trophique en eau douce, notamment dans les lacs naturels permanents qui sont souvent du type eutrophe (bonne productivit primaire), en raison deaux gnralement fort minralises, associes la forte insolation et des tempratures relativement leves. La faune des lacs naturels permanents est riche et diversifie. Le zooplancton renferme essentiellement des Crustacs. Les Insectes sont bien reprsents, avec des formes nageuses dHtroptres et de Coloptres, ainsi que des stades larvaires de certains Diptres (en particulier les Moustiques, dont Anopheles labranchiae, vecteur du paludisme et caractristique des eaux de basses altitudes). Autres Invertbrs: Annlides Achtes (Sangsues ou Hirudines), ectoparasites temporaires hmatophages du btail venant sy dsaltrer ; Crustacs; Mollusques reprsents par divers Gastropodes (Planorbes et Limnes) et Lamellibranches (comme le genre Pisidium). Du point de vue piscicole, les espces autochtones sont rares, quelques exceptions prs. Aguelmame Sidi Ali abritait une espce endmique de truite, de petite taille, la Truite de Pallary (Salmo pallaryi), aujourdhui teinte; le lac dIsly renferme galement une forme de truite naturelle particulire, ressemblant une tanche; le lac dIfni hberge une abondante population autochtone de Truite fario (Salmo trutta). Plusieurs espces exotiques de Poissons furent introduites des fins diverses : pche continentale, lutte contre les Anophles,

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Les plages fournissent un lieu de repos et une nourriture abondante et diversifie (Annlides, Crustacs et surtout Mollusques) pour les Oiseaux, en particulier le Goland dAudouin. La zone situe au large de la Plage Blanche se distingue par labondance de Ctacs et de Tortues marines qui y transitent, comme en tmoigne le nombre lev dchouages que lon peut y observer ; Les falaises littorales du Parc National dAl Hoceima (Massif des Bokkoyas) hbergent une colonie importante de Balbuzards pcheurs, Pandion haliaetus (15 20 couples environ, soit plus de la moiti de la population de lensemble du bassin mditerranen). Le Goland dAudouin sy reproduit galement (20 50 couples, cf. Iles Chaffarines). Sur la faade atlantique, les falaises de Sidi Moussa, tendues sur une dizaine de kilomtres entre Sal et Sidi Bouknadel, hbergent, pendant la priode de reproduction, une petite colonie de Faucons dElonore, aujourdhui trs menacs suite lextension vers le nord du complexe urbain de Rabat-Sal. Cest le second site de nidification de lespce au Maroc (cf. Archipel dEssaouira) et lunique site continental au monde ! Les falaises localises au Nord de Tamri et au Sud de lembouchure de lOued Massa hbergent la dernire population dIbis chauves au monde. Enfin, la Cte des Phoques (sectuer ctier du futur Parc Naturel de Dakhla) hberge le Phoque moine (Monachus monachus) qui

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leutrophisation, : Brochet, Carpe commune, Gardon, Perche, Black-bass, Gambusie, Carpe chinoise, Les Amphibiens sont reprsents par la Grenouille verte dAfrique du Nord (Rana saharica), le Discoglosse peint (Discoglossus pictus), la Rainette mridionale (Hyla meridionalis) et les Crapauds vert (Bufo viridis), commun (Bufo bufo) et de Maurtanie (Bufo mauritanicus). Les Reptiles caractristiques les plus frquents sont lEmyde lpreuse (Mauremys leprosa) et la Couleuvre viprine (Natrix maura), alors que la Cistude (Emys orbicularis) est une forme relicte palarctique nettement plus rare, localise dans le nord du pays et dans certaines zones du Moyen Atlas. Les Oiseaux sont extrmement diversifis, comptant des espces nidificatrices, ainsi que des migratrices et, surtout, des hivernantes originaires dEurope. Selon la saison, la superficie du lac, le niveau des eaux., on peut rencontrer: des Palmipdes pcheurs, vgtariens ou filtreurs (Grbes, Anatids, Rallids) ; des Grands Echassiers (Cigognes, Flamant rose); des Petits Echassiers ou Limicoles (Gravelots, Bcasseaux, Chevaliers, Bcassines, etc); quelques Larids : Guifettes (Chlidonias spp.), Sterne hansel (Gelochelidon nilotica) et Mouette rieuse (Larus ridibundus); le Martin-pcheur (Alcedo atthis); quelques Rapaces: Balbuzard pcheur, Busard des roseaux (Circus aeruginosus); quelques Passereaux assez caractristiques, telles dassez nombreuses espces de Sylviids dont la coloration terne permet facilement de passer inaperues : Cisticole des joncs (Cisticola juncidis), Bouscarle de Cetti (Cettia cetti), Rousserolle effarvatte (Acrocephalus scirpaceus), Rousserolle turdode (A. arundinaceus), Phragmite des joncs (A. schoenobaenus), Locustelle tachete (Locustella naevia), Les lacs de barrages ne comptent que peu despces autochtones de Poissons, qui doivent dailleurs faire face de graves menaces. La Grande Alose (Alosa alosa), qui grandit en mer, trouve de plus en plus de difficults pour accder aux lieux de pontes, notamment cause des barrages infranchissables (sans chelles poissons). LAnguille (Anguilla anguilla), qui, elle, vit en eau douce et doit se reproduire en mer, affronte des problmes similaires. Les Oiseaux, quoique diversifis, sont relativement moins abondants que sur les lacs naturels. Les cours deau froids de montagne hbergent de nombreux Invertbrs (Plathelminthes,

Hirudines, Crustacs, Insectes,). La seule espce autochtone de Poisson est la Truite fario de rivire (Salmo trutta macrostigma) qui est devenue rarissime et ne frquente plus que quelques rares cours deau des Moyen et Haut Atlas.. Un oiseau caractristique de ces milieux est le Cincle plongeur, capable de plonger et de marcher sous leau, mme dans un courant trs fort, et tablissant son nid au bord du cours deau, voire derrire les cascades ! Parmi les Mammifres, une seule espce caractristique : la Loutre. Les rivires chaudes de pimonts et de plaines abritent galement un riche cortge dInvertbrs, avec prdominance des Annlides et des Insectes. Les Poissons prsentent des peuplements naturels nettement plus riches que ceux des cours deau froids de montagnes. La famille des Cyprinids est trs bien reprsente, avec une bonne dizaine despces de Barbeaux (Barbus spp.), dont 8 endmiques. Autres espces : Grande Alose, Anguille, Varicorhinus maroccanus (endmique dAfrique du Nord); Loche de rivire (Cobitis taenia maroccana) Blennie fluviatile (Blennius fluviatilis), Certains oueds prsahariens (rgion de Tiznit) hbergent peut-tre encore deux Cichlids typiquement tropicaux : Tilapia zilli et Sarotherodon galilaeus. Les Oiseaux sont beaucoup plus diversifis que sur les cours deau de montagnes. Comme espces nicheuses: Aigrette garzette (Egretta garzetta), Hron bihoreau (Nycticorax nycticorax), Canard colvert (Anas platyrhynchos), Petit Gravelot (Charadrius dubius), Martin-pcheur, Bouscarle de Cetti, Dautres espces, non nidificatrices, profitent des cours deau de plaines pour sy alimenter. Les zones humides temporaires abritent un riche cortge faunistique. Les Invertbrs sont essentiellement reprsents par des Crustacs et des Insectes, dont de nombreuses espces rsistent la scheresse grce leurs ufs durables , capables de survivre plusieurs mois, voire plusieurs annes, en labsence deau (cas frquent dans certaines sebkhas sahariennes). Comme espces intressantes : Anopheles labranchiae en meseta et A. sergenti dans le sud du pays, tous les deux vecteurs du paludisme ; Bulinus truncatus, mollusque gastropode vecteur de la bilharziose. Les Batraciens sont reprsents par 11 espces, dont certaines, comme le Plobate marocain (Pelobates varaldii), sont capables, aprs lasschement du plan deau, de senfoncer dans la vase et de sy abriter jusquaux pluies suivantes.

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Les Reptiles les mieux reprsents sont la Couleuvre viprine et lEmyde lpreuse. Plus rares que sur les lacs permanents, mais nanmoins trs diversifis, les Oiseaux frquentant les mares temporaires appartiennent aux groupes des Palmipdes, des Echassiers, des Rapaces, des Passereaux. Certaines de ces espces nidifient rgulirement dans ces zones. Enfin, les cours deau temporair es et les sources sont deux autres types de zones humides qui abritent de nombreux Invertbrs et quelques Batraciens et Reptiles. Les sources renferment souvent des espces endmiques, parfois propres chaque source. A signaler la rare Salamandre tachete (Salamandra salamandra algira) dans certaines sources du Rif et du Moyen Atlas (Jbels Tazekka et Bou Iblane). * Falaises continentales A des altitudes plus ou moins leves se rencontrent dans ces milieux diverses espces dOiseaux, dont des Rapaces diurnes, en particulier lAigle royal qui a t dcim dans les plaines, les derniers Gypates barbus (Gypaetus barbatus) extrmement menacs et le Hibou grand-duc. Les Corvids nicheurs sdentaires sont aussi bien reprsents : Grand Corbeau (Corvus corax), Choucas des tours (Corvus monedula),

rousseline (Hirundo daurica) et lHirondelle de rochers (Ptyonoprogne rupestris). * Grottes Plus de 60 grottes existent au Maroc, plusieurs dentre elles reprsentant un intrt prhistorique, en plus de leur intrt biocologique. Ces milieux sont caractriss par une absence plus ou moins accentue de lumire, et la relative stabilit de la temprature et du degr hygromtrique lev de lair. Beaucoup de cavernes souterraines sont le sige dune circulation deau (flaques, suintements, cours deau). A lentre des grottes, on trouve quelques Algues microscopiques, quelques Mousses, des Ptridophytes varis et quelques Plantes Vasculaires, surtout herbaces. La faune troglobie (=cavernicole au sens strict) se compose dune dizaine despces dArthropodes (Insectes et Crustacs aquatiques). La faune troglophile (souvent trangre ce milieu, mais qui peut frquenter lentre des grottes rgulirement) renferme de nombreux Invertbrs (Arachnides, Crustacs, Myriapodes et Insectes); quelques espces aquatiques qui frquentent les sources et les puits, telles des Plathelminthes (Turbellaris) et des petits Crustacs (Isopodes, Amphipodes, Coppodes et Ostracodes). Parmi les Vertbrs, les Chauves-Souris (Mammifres Chiroptres)

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Crave bec rouge (Pyrrhocorax pyrrhocorax), et Chocard bec jaune (Pyrrhocorax graculus), On trouve aussi le Pigeon biset (Columba livia), le Martinet alpin (Apus melba), lHirondelle

choisissent les cavernes pour sabriter et se reproduire, mais se nourrissent lextrieur en chassant les Insectes quelles reprent laide de leur systme dcho-location (sonar) trs perfectionn.

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Chapitre II : PROBLEMATIQUE DE LA BIODIVERSITESi le Maroc prsente le privilge dhberger une biodiversit exceptionnelle (aussi bien animale que vgtale) parmi les pays mditerranens, il faut malheureusement dire que limpact des diffrentes activits humaines va souvent lencontre de la prservation de cette biodiversit et dune gestion rationnelle de nos ressources naturelles. Les cosystmes sont plus ou moins touchs par les activits directes ou indirectes de lhomme (agriculture intensive, surpturage, industrie, urbanisation,.), lies au dveloppement conomique et la croissance dmographique qua connus le pays. Dans des cas extrmes, limpact ngatif de ces activits aboutit une disparition irrmdiable despces animales ou vgtales. Lextinction despces animales et vgtales est un processus naturel faisant partie de l'volution biologique. Des espces disparaissent tandis que d'autres, mieux adaptes, apparaissent, assurant ainsi la prennit de la vie. Les espces animales et vgtales qui peuplent aujourdhui notre plante, dont peine 1,4 million ont t dcrites jusqu prsent, sur un nombre total estim entre 5 et 30 millions, sont issues despces antrieures aujourdhui teintes, selon un lent processus volutif qui sest droul sur des priodes dchelle gologique. Cependant, si les extinctions "naturelles" naffectent gure la biodiversit une chelle de temps humaine, celles causes par les perturbations actuelles dues l'Homme, et sans crises climatiques ni gologiques majeures, entranent des changements quantitatifs et qualitatifs importants qui rduisent la diversit biologique. Le taux dextinction des espces, estim une seule espce tous les deux sicles en moyenne avant notre re, a t multipli, durant le vingtime sicle, par 40 au moins pour les Mammifres (y compris les espces marines), voire par 1 000 pour les Oiseaux (y compris les Oiseaux marins). Au cours des annes 80, on a estim qu'une deux espces de plantes sauvages disparaissaient chaque jour quelque part dans le monde. Au rythme actuel des disparitions, 20% des espces qui peuplent encore notre plante seront teintes dici l'an 2000. Sachant qu'en moyenne une espce vgtale conditionne la survie d'une dizaine d'espces animales, on peut se poser des questions sur la gravit de la situation. Ainsi, la notion de ressources inpuisables est dsormais caduque. Notre patrimoine naturel et la police d'assurance que constitue la biodiversit sont donc une ressource tarissable. On considre que, sur les 7.000 espces de plantes vasculaires qui composent la flore du Maroc, environ 1 000 taxons sont menacs ! Au point de vue faunistique, la situation nest gure plus brillante. Les animaux disparaissent galement une vitesse alarmante, et bon nombre despces sont aujourdhui soit teintes, soit gravement menaces. Lichtyofaune est fortement menace, aussi bien en mer quen eau douce. La pche maritime enregistre une baisse continue des captures, due essentiellement la surexploitation de nos ressources halieutiques, notamment par des flottes trangres (espagnole, russe, japonaise, corenne). En eau douce, ce sont des espces comme lalose et languille qui sont menaces, notamment par la pollution des cours deau et surtout la construction de barrages (sans chelles poissons) qui empchent leurs migrations vers les lieux de ponte. La Grande Alose a ainsi pratiquement disparu de certains fleuves (Sebou, Bou Regreg). Dans le cas des Oiseaux, au moins une dizaine despces nidificatrices ont disparu depuis le dbut de ce sicle, et une trentaine dautres (soit environ le dixime de lavifaune totale du pays) sont aujourdhui menaces dextinction. Les causes de disparition, par ordre dimportance dcroissante, peuvent tre numres comme suit : prdation humaine (chasse et braconnage), drangements humains (nomadisme, pastoralisme, tourisme), pesticides, dgradation forestire. Pour ce qui est des Mammifres, 6 espces ont disparu entre 1925 et 1956, dont 4 Onguls (Oryx, Addax, Gazelle leptocre, Bubale) et 2 Carnivores (Lion de lAtlas et Serval). Le dernier Lion de lAtlas a t vu dans le Moyen Atlas en 1930. Faut-il rappeler que ce sont les Lions de lAtlas qui taient utiliss pour les luttes de gladiateurs dans les amphithtres romains, et que les lphants alors nombreux dans les plaines marocaines taient utiliss comme animaux de guerre par les Romains ! Il est signaler que, daprs des restes retrouvs datant de lan 12.000 la fin du 19me sicle, soit 139 sicles, seulement 15 espces dOnguls et 3 Carnivores ont disparu. Un calcul simple montre que le rythme dextinction a t multipli par 32 pour les Onguls (voire 39 en cas dextinction de la Gazelle dama) et 91 pour les Carnivores (voire 182 en cas de disparition de la Panthre et du Gupard). Notons que, parmi les Mammifres, ce sont les espces de grande taille qui ont t les plus touches ; les plus petites espces arrivent se maintenir, quoique parfois avec une certaine difficult. Les causes dextinction sont multiples: dgradation des milieux, surfrquentation des milieux par lhomme, chasse et braconnage avec

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des armes feu perfectionnes, rseau routier et moyens de transport augmentant laccessibilit aux zones autrefois difficiles daccs.. Ce chapitre passe en revue ces diffrentes activits, rsultant toutes dune forte pression anthropogne, et leur influence sur les cosystmes naturels :

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Les cosystmes forestiers souffrent essentiellement du prlvement du bois de feu et des dfrichements pratiqus par les populations riveraines au profit des extensions des cultures, en particulier dans les zones o les terres de culture sont rares. Peu importants avant lindpendance, les dlits de dfrichement se sont fortement accrus durant les dernires dcennies et sont particulirement graves dans les rgions isoles o la surveillance des Services Forestiers est dfaillante. Ils portent gnralement sur des formations prforestires en vue de la craliculture ou de larboriculture traditionnelle. On estime que 31.000 ha de forts disparaissent chaque anne. Ces dfrichements dlictueux peuvent porter galement sur des cosystmes spcialiss tels que ceux des dunes (rgions dEssaouira) ou des zones humides (surexploitation de joncs, roseaux, sur les bords des lacs, merjas, lagunes, rives des cours deau de montagne...). La fort doit galement satisfaire une demande croissante de bois de feu, dont les prlvements svaluent 11.000.000 m3, soit 30% des besoins nergtiques du pays. Cette quantit dpasse largement les possibilits de la fort marocaine. Ce phnomne de dforestation conduit un dysfonctionnement majeur se traduisant par une absence de rgnration et de trs profondes perturbations des grands cycles comme celui de leau, avec aggravation des processus de lrosion et des phnomnes des inondations. Un exemple de destruction dcosystme forestier entier peut tre observ dans le Rif Central o lcosystme Chnelige a t pratiquement ananti. Les dgts causs par la dforestation pour le bois de feu ou les dfrichements sont aggravs par dautres facteurs tels que: incendies de forts, attaques par les ravageurs (en particulier le Bombyx disparate et le Chenille processionnaire), scheresses, ainsi que par les insuffisances inhrentes aux modes damnagement et de gestion.

importantes: Sebta, Ttouan, Al Hoceima, Melilla et Nador auxquelles sajoutent une dizaine de petites villes dont laccroissement de la population est rapide. La lagune de Smir, autrefois un milieu des plus riches du pays, est irrmdiablement perdue. Il sagissait dun lieu de haltes migratoires du rarissime Courlis bec grle (Numenius tenuirostris), espce dintrt mondial aujourdhui quasiment teint. Avec la perte de ce patrimoine, la rgion de Ttouan perd un espace cologique, mais aussi rcratif, ducatif, social et touristique, dune qualit unique. La lagune de Nador est galement trs menace, ainsi que les plages de la cte Sebta-Tanger,... Sur la cte atlantique, de nombreuses zones sont touches: embouchure du Loukkos et marais de Larache (menacs par lextension de la ville de Larache); dans la lagune de Merja Zerga, on dnombre 11 douars dont 7 dans le primtre de la rserve avec une population estime plus de 10.000 habitants qui exploitent la lagune (pche de poissons et de coquillages, rcolte de joncs) avec un cortge de nuisances qui accompagnent ces activits; zones grandes concentrations urbaines comme Knitra, Rabat, Casablanca, El Jadida; complexe lagunaire de Sidi Moussa-Oualidia; cte nord dAgadir; Baie de Dakhla ; Les sables, graviers et galets des ctes, qui se prsentent en accumulations plus ou moins importantes selon les zones, sont exploits commercialement pour les besoins du btiment, souvent de faon excessive et anarchique. Leur processus de gnration naturelle extrmement lent en fait une ressource non-renouvelable. La flore des zones humides subit une surexploitation par le pturages ou pour les besoins de lartisanat local (joncs, roseaux,.). Les populations du gibier sont victimes de pratiques de braconnage, dont les effets se font particulirement sentir dans les zones forte densit de population. Le dveloppement touristique gnre une affluence dans toutes les forts, autour des plans d'eau et autres zones humides, sur le littoral: pollutions par les ordures mnagres, lavages de linges, baignades, perturbation des oiseaux par les motos et engins de sport nautiques, Par exemple, la lagune de Nador (Sebkha Bou Areg) est trs menace par la dgradation du cordon dunaire par les estivants (camping sauvage), prolifration des dchts solides, La fort et le littoral constituent souvent une rserve foncire pour diffrentes sortes d'infrastructures publiques et prives (routes, usines, complexes touristiques) le long des littoraux atlantique et mditerranen, Mamora, ..

Problme global. Comme zones particulirement touches, on peut citer les exemples suivants. Le littoral mditerranen avec plusieurs grandes villes

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Les rgions des grandes plaines ont connu depuis les annes 1930 le dveloppement dune agriculture moderne avec de nouvelles cultures orientes vers lindustrie, llevage intensif, le ravitaillement des grandes villes du Maroc ou lexportation (canne sucre, betterave sucre, plantes fourragres, fruits et lgumes de primeurs notamment...). Ces rgions ont connu lintroduction de techniques modernes qui ont certes permis des augmentations trs importantes de la productivit du secteur agricole, mais qui ont malheureusement galement appauvri la biodiversit, en particulier en ce qui concerne les plantes cultives (rosion gntique). Lintroduction de nouvelles varits, gnralement plus fragiles, a en outre entran une utilisation souvent anarchique de produits phytosanitaires, ce qui a engendr un certain nombre de problmes tels que lapparition de parasites rsistants. Lapplication de doses de plus en plus fortes a engendr des effets nfastes sur les ressources naturelles et spcialement les ressources biologiques. Lusage dengrais et de pesticides est appel augmenter durant les annes venir, ce qui ne manquera pas daugmenter le degr de pollution des sols et des eaux, et par consquent daggraver la dtrioration des ressources naturelles et dune manire gnrale de la biodiversit. De telles catastrophes ont en fait dj eu lieu, par exemple dans la plaine du Souss o, du fait de lextension des cultures modernes, lcosystme Arganier a t compltement ananti; le sol compltement dtruit est abandonn lrosion olienne; leau de la nappe phratique qui tait, il y a une vingtaine dannes, 10-15 m de profondeur, se trouve actuellement 150 voire 200 m. vsln culture : Lextension des terres cultives ; exemples nu d aea u r a ne g d e t s L de zones touches: forts (cf. infra), marais de Chararba sur le littoral mditerranen, complexe lagunaire Sidi Moussa-Oualidia sur le littoral atlantique, Les infrastructures agricoles : drainage de zones humides (Gharb), irrigation, constructions de bassins, captage des sources pour alimenter les villes et les primtres de cultures, Les barrages empchent les migrations des aloses et anguilles entre les eaux douces et la mer, Il existe heureusement beaucoup de rgions o lactivit agricole na pas eu un impact aussi ngatif sur la biodiversit. Ce sont les rgions de la cte Nord, des rgions de larrire-pays des montagnes et collines, des reliefs de la bordure Ouest du Haut Atlas, des hautes valles du Haut Atlas et des oasis de la frange saharienne. Ces rgions ont connu une agriculture qui sest dveloppe depuis le nolithique. Trs tt y ont t pratiques des cultures de crales, lgumineuses alimentaires et fourragres, arbres fruitiers et plantes aromatiques... . Les agriculteurs y ont slectionn des varits locales rsistantes aux maladies et aux

insectes. Les techniques agricoles, et notamment la faible utilisation dengrais et de pesticides, nont pas eu un effet aussi nocif que dans les rgions agriculture moderne. Les mauvaises herbes sont souvent utilises pour nourrir le btail. Tout ceci explique la conservation de bon nombre de plantes et animaux autochtones dans les aires cultives de ces rgions. Bien entendu, il faut reconnatre que la productivit agricole dans ces rgions reste bien en de de celle des rgions agriculture moderne.

Les effectifs des troupeaux (bovins, ovins et caprins) au niveau national connaissent de trs importantes fluctuations qui sont dues aux irrgularits climatiques. Mais en rgle gnrale, il y a un surpturage qui cause une dgradation des cosystmes sylvo-pastoraux et de leur biodiversit, surtout dans les rgions qui connaissent de fortes concentrations de cheptel. Le problme du surpturage est aggrav par la rduction progressive des surfaces laisses en jachres et des terrains de parcours (collectifs et forestiers), consquence de besoins sans cesse croissants en crales ncessitant lextension des terres cultives. Le problme du surpturage est aggrav durant les annes de scheresse. Les ventes massives du cheptel des zones o svit la scheresse viennent alourdir une charge dj excessive pour les rgions relativement arroses. Le surpturage est donc une menace grandissante qui constitue la principale cause de dgradation des cosystmes forestiers, car le cheptel prlve, directement ou indirectement par mondage effectu par les bergers, une quantit trs importante de biomasse, et empche, par le broutage ou le pitinement des semis, toute rgnration naturelle des essences sylvatiques. Le surpturage engendr se traduit ainsi par la disparition ou la rduction considrable dun grand nombre despces apptes. Il finit par dclencher les processus drosion qui ont dj atteint une portion importante des montagnes dnudes. Dans la mesure o il reprsente, dans les conditions actuelles, la premire ressource pour les populations humaines des montagnes, mais aussi lune des principales causes de dgradation des cosystmes forestiers et de lappauvrissement de la biodiversit, le problme du pturage en forts reste, pour le Maroc comme pour de nombreux pays du pourtour mditerranenn, lune des proccupations fondamentales des amnagistes sylvo-pastoraux et des gestionnaires des aires protges. Il est signaler que, de toutes les espces animales composant le cheptel, la chvre, qui est la plus rustique, est la plus nuisible puisquelle se nourrit du feuillage des arbres et arbustes qui constitue lossature des structures et architectures des cosystmes forestiers.

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De larges tranches de la cte atlantique et mditerranenne (notamment la lagune de Nador), ainsi que de nombreux grands centres urbains sont touchs. Les industries polluantes (chimie des phosphates), tanneries et industries alimentaires font partie des industries dont la croissance a t la plus forte. Ladduction de polluants industriels et deaux uses sont lorigine dun problme de plus en plus grave: la pollution des milieux aquatiques et ctiers.

Les ressources halieutiques connaissent partout une diminution des captures, mme dans les zones rputes les plus poissonneuses comme nos ctes mridionales (Dakhla). Le stock mditerranen de corail a t puis cause dune exploitation abusive. Les algues du genre Gelidium ont disparu de nombreuses rgions du littoral. Sil existe heureusement beaucoup dcosystmes naturels bien conservs, beaucoup sont en tat de dgradation pousse, et un nombre non ngligeable sont mme compltement teints. Ltat de conservation de la biodiversit est synthtis dans le Tableau 1. Ltat de conservation des cosystmes forestiers, prforestiers et spcialiss est indiqu dans le Tableau 2.

Tableau 1 : Situation globale et tendances de la biodiversit nationaleOccupation des terres Zones humides, Domaines forestiers (Fort alfa, reboisement), littoral Terres cultivables Autres terres : parcours et terres improductives Qualit de modification Forte Localement bien conserve Perturbation modre Perte considrable Perte assez importante Modifications 10 dernires annes 10 prochaines annes Appauvrissement de la biodiversit Diminution de surface mme tendance Biodiversit anantie Augmentation surface Biodiversit trs apauvrie Diminution de surface mme tendance

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mme tendance mme tendance

Tableau 2 : Etat de conser vation des cosystmes naturels terrestres dans leurs zones biogographiques TYPES D COSYSTMES Mditerranens Abies maroccana Cedrus atlantica 1* 1 12,16 1 12, 16 13, 14: 15 18 20 1 12, 16 15 1 1 1 5 8, 9 12, 16 : - bien conservs, trs dynamiques, localement dgrads. : - bien conservs, localement assez dgrads dans le Rif. : - trs bien conservs sur la faade atlantique du Moyen Atlas ; assez dgrads, en dprissement ou teints dans Certaines portions du Moyen Atlas et Haut Atlas. :- localement conservs, assez dgrads ailleurs. :- assez bien conservs localement, dgrads ailleurs. - peu dgrads, assez dgrads localement. :- assez bien conservs, peu dgrads par endroits. :- peu dgrads assez dgrads. :- assez bien conservs. :- localement conservs, dgrads ailleurs. :- assez bien conservs sur la faade atlantique, trs dgrads ou teints dans le Haut Atlas Oriental. :- assez bien conservs, localement assez dgrads. :- assez bien conservs localement, dgrads ailleurs. :- bien conservs localement, assez dgrads ailleurs. :- localement conservs, assez dgrads dans le Rif, bien conservs dans le Tazekka. :- assez bien conservs, dgrads par endroits. :- assez bien conservs, dgrads assez dgrads par endroits. :- les plus beaux du Maroc, trs bien conservs sur une bonne portion de la zone, assez dgrads trs dgrads localement dans le Haut Atlas Oriental. ETAT ACTUEL

Pinus halepensis

Pinus pinaster var. maghrebiana Pinus pinaster var.iberica Pinus ilusiana var. mauretanica Quercus rotundifolia

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13, 14 15 17 20 Quercus suber 1 2, 3 8, 9 18

:- assez bien conservs, localement dgrads trs dgrads. :- localement bien conservs, peu dgrads trs dgrads ailleurs. :- dgrads trs dgrads. :- assez bien conservs, localement trs dgrads. :- bien conservs, assez trs dgrads ou teints dans le Rif Central. :- localement bien conservs, assez trs dgrads ailleurs. :- assez bien conservs, dgrads assez dgrads par endroits. :- assez dgrads trs dgrads ou teints.

Quercus coccifera Quercus faginea Quercus pyrenaica Olea oleaster Tetraclinis articulata

1 :- forestiers teints sauf quelques rares lots (Sibe: Brikcha, Souk El Had) localiss, ou autour des lieux saints. - prforestiers : assez bien conservs. 1 12 1 : - localement bien conservs, assez ou trs dgrads ailleurs. :- trs beaux et bien conservs sur la faade atlantique. :- localement bien conservs, assez dgrads ailleurs

1, 2, 3, 4, 7, 8, 9, 10, 18:- forestiers teints sauf lots maraboutiques et par endroits. - prforestiers trs localiss, assez bien conservs par endroits, trs dgrads ailleurs. 1 3 5 8, 9 12 13, 14 15 17 18 20 1 2, 3 5 12, 16 13, 14 15 17 18 21 12, 16 14 15 :- localement bien conservs, peu ou assez dgrads ailleurs. :- trs localiss, assez dgrads. :- trs tendus, bien conservs ou peu dgrads, trs localement dgrads ou teints. :- assez bien conservs, dgrads assez dgrads par endroits. :- assez bien conservs, moyennement assez dgrads ailleurs. :- bien conservs, moyennement assez dgrads ailleurs. :- bien conservs, localement dgrads trs dgrads. :- peu dgrads localement, assez trs dgrads ailleurs :- assez dgrads localement, trs dgrads ou teints ailleurs. :- bien conservs localement, dgrads trs dgrads ailleurs. :- assez trs dgrads ou teints. :- bien conservs, localement dgrads ou teints. :- bien conservs par endroits, dgrads ou trs dgrads ou mme teints ailleurs. :- moyennement trs dgrads. :- peu dgrads, localement trs dgrads. :- peu dgrads localement, trs dgrads ailleurs. :- trs localiss, dgrads trs dgrads. :-peu dgrads localement, assez trs dgrads ou teints ailleurs :- dgrads trs dgrads. :- dgrads, trs dgrads ou teints. :- trs dgrads, en dprissement, ou teints. :- assez dgrads localement, trs dgrads, ou teints ailleurs. : - assez trs dgrads.

Juniperus phoenicea

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Juniperus thurifera

Juniperus oxycedrus Cupressus atlantica Quercus lusitanica Pistacia atlantica

5, 13, 14, 15 13, 14 1

:- trs localiss; peu, assez ou trs dgrads. :- assez trs dgrads.

7 :- trs localiss, trs dgrads ou teints. 8, 9, 12 :- localiss, assez bien conservs, en rinstallation dans les primtres de reboisement de certaines valles. 18 :- lots maraboutiques assez bien conservs, teints ailleurs, en rinstallation dans les primtres de reboisement. 19 :- lots maraboutiques, en rinstallation dans nebkhas et primtres de reboisement. 4 5 6 8 13 17 20 :- trs localiss (Abda Sud), assez trs dgrads. :- trs communs, assez dgrads par endroits, trs dgrads ou teints ailleurs. :- autrefois trs communs, actuellement trs dgrads ou teints. :- trs localiss, assez bien conservs. :- moyennement dgrads localement, trs dgrads ailleurs. :- peu dgrads localement, assez trs dgrads ailleurs. :- trs localiss, assez trs dgrads. : - localement assez bien conservs, dgrads trs dgrads aill