etude d'une communauté paysanne de l'etat du jalisco (mexique) · christian prat octobre...

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CNEARC INA P-G Mémoire de fin de première année de l'école supérieure d"agronomie tropicale présenté par Garance FAUGERE ETUDE D'UNE COMMUNAUTE PAYSANNE DE . L'ETAT DU JALISCO (MEXIQUE) Dans le cadre d'un programme recherche-développement sur la réhabilitation des ''tepetates", sols volcaniques indurés, mené par ORSrOM - Colegio de Postgraduados de Montecillo - Université de Giessen Directeur de mémoire: Michel Brochet Membres du jury: M. Brochet P. Milleville C. Prat Maître de stage: Christian Prat Octobre 1995

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Page 1: Etude d'une communauté paysanne de l'Etat du Jalisco (Mexique) · Christian Prat Octobre 1995. ... Merci à Marc, Alfonso, Aureiio et Zapata pour leur soutien et leur amitié. Résumé

CNEARCINA P-G

Mémoire de fin de première annéede l'école supérieure d"agronomie

tropicale présenté parGarance FAUGERE

ETUDE D'UNE COMMUNAUTE PAYSANNE DE .L'ETAT DU JALISCO (MEXIQUE)

Dans le cadre d'un programme recherche-développement sur la réhabilitation des''tepetates", sols volcaniques indurés, mené par

ORSrOM - Colegio de Postgraduados de Montecillo - Université de Giessen

Directeur de mémoire:Michel Brochet

Membres du jury:

M. BrochetP. Milleville

C. Prat

Maître de stage:Christian Prat

Octobre 1995

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Remerciements

Je tiens à remercier tous les habitants de Las Cruces et duJagüeycito pour avoir si gentiment accueilii, aidé et encouragé lapetite française venue à la recherche des tepetates. Merci enpanicuiier à tous les agriculteurs enquêtés et à Pedro et sa famiiie,Tonio, Jesus, Margarita et Savino.

Un grand merci à Christian Prat, martre de stage si convivial,pour sa confianc~, ses conseils éclairés et son appui pendant cesquelques mois.

Merci à Victor Sigaia et à Guy Pontié pour leur apport0= iD',·:on--p'n iru . o -.f !Qur _:rI~ ~i1-r,...,.: ~n-Iomc.~f ~ i'---emhl- c'u, ;::;1 et "l..I'.,i.... e~ i.... eth.-1e. IVIl:::'1 vi l:::'i:;d.I':;;; 11.... , I~ et ;;e;i i:::' '\..il;e; ,

personnel des structures d'accue!i, !'ORSTOM de Guadalajara et leColegio de Postgraduados de Monteciilo.

. Merci à Brigitte Banhas, Sophie Devienne et, en particulier à~.mchel Brochet, conseillers d'analyse et de rédaction.

J...... v'......uv e'g.... lemen..t r.....m.......·c·er·· r· ....-t·'n .......•....e: pour m'....""'· ..· ~Ui":""ort·.6:C C ro. al 1 1 C ICI 1 va 1 CI Il 1.... 1 avvlI v' jJjJ 1 ....

pendant une quinzaine de week-end et Laurent pour son accueil. .. etson café. Merci à Marc, Alfonso, Aureiio et Zapata pour leur soutienet leur amitié.

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Résumé.

L'érosion a nùs a nu 27% de l'axe néo-volcanique du Mexique, zone la plus peuplée du'pays, des sols volcaniques indurés stériles tels quel appelés localement "tepetates". Un sous­solage au bulldozer pennet de réhabiliter ces sols et de les cultiver. Un progranune de recherchemené par le Colegio de Postgraduados de Montecillo, l'ORSTOM et l'Université de Giessenétudie entre autres les potentialités agronomiques de ces nouveaux sols. Dans le cadre de ceprogramme, nous avons étudié un village de l'état de Jalisco.

Si il est rapidement apparu que la pression foncière relativement faible dans cette zonene justifiait pas la réhabilitation de ces types de sols, l'étude du rrùlieu a mis en évidence lanécessité de lutter contre l'érosion afin de ne pas mettre à nu de plus grandes surfaces entepetates. Cependant, le contexte économique a changé par rapport à la période où l'étatmexicain, grâce aux revenus pétroliers, pouvait financer des aménagements et garantir les prixdes céréales. Dans ce village où la migration aux Etats-Unis est traditionnelle et entre pour unepart importante dans les processus de capitalisation des exploitations, la mise en valeur dumilieu et les logiques de fonctionnement des différents systèmes de production identifiés nepeuvent s'affranchir de ce facteur, ni des contraintes socio-économiques actuelles. Ainsi, danscette zone principalement productrice de maïs, la signature de l'i\LENA et la dévaluation dedécembre 1994 menace particulièrement ces exploitations déjà très "extroverties". Cela faitquelques années que l'argent des Etats-Unis ne permet plus d'investissement dans l'agriculturemais entre pour une part importante dans le soutien de systèmes de production nonreproductibles en eux-mêmes. A terme, avec la diminution du prix des grains de bases, cette"soupape de sécurité" risque d'attirer de nombrelL,{ paysans sans avenir.

IvIots clés: Mexique, Jalisco, sol volcanlque, système de production, étude socio-économi.que,émigration

Resumen

En los 27% de la superficie deI eje neo-volcanico, una de las zonas mas pobladas deIpais, aparecieron, a causa de la erosion, los tepetates, que son suelos volcanicos indurecidos quene se pueden sembrar asi. Pero despues de una roturacion con una maquina pesada, ya esposible cultivarlos. El CP de Montecillo, el ORSTOM y la Universidad de Giessen estudianjuntos las potencialidades agronomicas de esos suelos roturados. Nuestro estudio sobre unacomunidad deI estado de Jalisco se realiza en ese contexto. Nos fijamos rapidamente de que lapresion sobre la tierra, bastante baja, no justifica la rehabilitacion de estos suelos. Pero elestudio deI medio ambiante muestra que es necesario evitar la erosion para que no aflojen mastepetates. Sin embargo, el contexto economico cambio desde la época de garantia deI precio delos granos bàsicos que podia soportar el gobiemo mexicano con los recursos deI petroleo. Eneste pueblo, la migracion hacia los Estados-Unidos es tradicional y toma una gran importanciaen el proceso de capitalisacion de las explotaciones. No se entienden las logicas defuncionamiento de los diferentes sistemas de produccion sin tomarIa en cuenta, asi como elaspecto socio-economico. En esta zona, el mayor cultivo es el mais, las explotaciones sufrenaun mas deI TLC y de la devaluacion de diciembre 1994. Ya hace varios anos que los ingresosdeI norte no permiten inversiones en la agricultura sino que vienen à contribuir a la deterioradaeconomia rural. Con la bajada deI precio de los granos basicos, el norte atrae cada vez mas loscampesinos sin porvenir en su tierra.

Mexico, Jalisco, suelos volcanicos, sistema de produccion, analisis socio-economica,errugraclOn.

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Tf TTROJ)tJCTIO}J 1

I. PRESEhlfATION GENERALE DU rvffi)..'1QUE- 2

A. Une géogmphie contrastée

R. Rannel hü:toriaue~ .l. .:.

C. Situation socio-économique

li. PROBLEIvii\.T1QUE DE L'ETUDE ET IvlliTHODOLOGΠ6

A. T.eg tepetateg, a1Taire d'titi dem1-contüietit

2~ IJ3 réhabilitation des tepetates

B. Le progfill"1llne recherche-développement "réhübilitatiOl1 des tepetates" et les objectifs de

j'étude.

C. 1vléthodologie de î'étude.

fi. PRESENTA110N DE LA ZONE D'ETUDE 11

A. T.Og Altog de JaHsco.

B. Présentation du milieu physique.

1. Le relief

2. Le c1irnat;

3. r.eg !401g.

3.1. SoLe:; Hrou.gcs".

3.2. Sois "blancs".

3.3. Autres types de sols.

4. I.a végétat10n.

5. Zonage agrü-écolügii.lUC.

5~ 1. La zone de parcours: pâtùrages et forêts.

5.1.1. La zone de parcours CO!1llnune.

5.1.2. Les zones accidentées.

5.2. L.'t zone des cultures.

5.2.1. La zone de ta petite propliété.

5.2.2. L'ejido.

C. T.as Cmees, un \.'ÏHage de T.os Altos.

Conclusion sur l'étuclc {lu. milieu physii.lUCa

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IV E 'fOLU'j"O' 1 Hll'-"j'{'RlQUE D·U <,,:Y'-"I·!..'i\.,n, ,\nr 0\ lU!..' ''1''1• y .:.1 N ù':''J·. IJ_'.} LJ.iV.i.i:J" '-".:.<.1Ul: "'-"'-

A. r.'époque pré-hispanique.

B. .La conquêlr.: cl. la ColoI1.isalion.

1. Une colonisation du territoire particulière.

2. Evolution de la tenure de la tene.

C. Las Cmces au déhut du siècle: une hacienda, àes petits propriétaires, des "coami1es"...

1. L'hacienda..

1.1. c,'rgartisatiûn sociale de l'hacienda.

13. Système d'élevage.

2. Les petits propriélaires.

3. A l'ouest, le système des "coarniles".

D. La réforme agrai.re et la dotation ejidale.

i, T.a dotation ejidale.

2. Lc.:s pelits propriétaires.

E. Imlûvations techniques (1960-1980).

1. La charrue à versoir.

2. T.es engrak

3. Les herbicides.

4. Les v&.-.iétés améliorées.

5. Crédits et aides gouvemementales.

h. T.'ülillerture de ia route.

7. La "tomale de eascara" ou physalis.

8. Iota ètisparitiûn de la cuiture de bié.

t·. Lfaugnlcntation dénlograprJque et la n1igration aux E·tat;;-UnÎs.

1. ·r.a1nigratlfJtl a1l.X Etats-Unis.

2. L'augmentation des su.rfaces cu11ivççs ç! la rédm.:lion des (r.:rrr.:s de parcours.

Ci. Les afuï.ées 1980, le début de la crise.

1. Abandon des boeufs pour semer, reconversion de l'élevage.

2. T.a mécani~atiün.

2.1. Les traeleurs.

2.2. Les camionnettes et les camions.

3. La baisse des ressources fOlh'Tagères.

3.1. Apparitkm de la canne de maj~ broyée ("pa~türa mo1ida").

3.2. lVlouvemçnt dr.: dÔ(jJrç dcs ch!imps.

4. Int1"astructùfes et progra...·'Ulîle gOlivemementai.

5. Disparition de l'élevage de porcs.

h. De nouveiies terres sont ouvertes à la cuiture.

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7. Apparition des prairies semées.

R. La tin de!-l crédit!-l.

Conclusion de l'élude bi,''5lorique du village

V. L'AGRlCUL1'URE AC1·UELLE 42

Â. T.e!-l moyen!-l de production et le!-l !''Y!-ltème!-l d'élevage.

1. NloyeIL~ de produ.eiion.

2. Systèmes d'éle",iage.

B. lti..'1éraires teclmiques en relation avec le milieu.

1. It1-néraire technique du mars et du haricot en culture attelée.

1.1. La eullure de maïs pure.

1.1.1. Opérations culturales.

1.1.2. Maintien de la fertilité.

i .2. T.a cuiture a!-l!-loc1ée ma1·!-l-haricot.

2. Ilinéraire ieehnique du maïs en eullure mécanisée.

3. La culture physalis.

3.1. DelLX façons de mettre en place de physalis.

3.2. Des itinéraires techniques similaire!-l.

3.3. Une rçeollc plus ou. moiD~~ précoce selon la mise en place de la culture.

4. Lutte contre l'érosion des sols.

C. Les conduites d'élevage.

1. Pratiques génél·ale!-l.

2. Les pclils éleveurs.

3. Les grands éleveurs.

Ü. Caractéri~ationdes différents systèmes de production.

1. T.es "coanlilel'os".

1.1. Caraetérisliques généra1cs.

1.2. Système de culture.

l.3. Le cas d'Wl petit éleveur.

i.4, De taihle!-l revenus e:\'iétieurs.

2. Les paysans sans lerre, sans équipement

3. GTûüpe 3: agriculteurs qui travaillent principalement en culture attelée.

3.1. Caractéristiques générales.

3.2. Flexlhmté des opérations culturales.

3.3. Des peli!s Ç1evçurs.

3.4. Une variante: location de tracteur pour la préparation du sol.

4. Groupe 2: location de tracteurs pour la préparation du sol et le senlis.

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4.1. Un système polyculture-élevage dîsposnnt de peu de main d'oeuvre ou

~outenu par une seconde actrvité.

4.2. Des gramL5 é1cveurs.

5. Groupe 1: propriétaires de tracteurs.

5.1. Agriculture mécanisées combinées à ll..1l petit élevage.

5.2. De gros agriculteurs-éleveurs.

TI- Résultats éeûüomiques.

1. lv!éthode de calculs.

2. T.e~ ré~uitat'l écütlOttl1ques.

2.1. Les revenus par çxploi!a!ioI1~':.'.

2.1.1. Coamileros et paysans sans-terre.

2.1.2. Agriculteurs en culture attelée.

2.1.3. Groupe 2: peu de ma1tl d'oeuvre d1spon1hie et activités annexes.

2.104. Groupe 1: agriculteurs méeani.,és.

2.2. L'élevage: une activité plus ou moins iucrative selon sa gestion.

2.3. La physalis, tout dépend du prix.

2.4. Les revenus extérieurs.

F. La cri':.'e actuelle.

1. Une augmentation des charges significative.

2. De nouvelles altematives.

3. Une [.;olutiotl envisageable: utle me1iieure gest10tl des res[.;ource[.; T<)urragères et des

prames temporaires.

3.1. Rép3îl~tion des terres de pafCOliI-S COîl1lüun.

3.2. Semi'5 de prairies temporaires et gestion des telles de parcours.

3.3...1.. terme, un rent!wcemet1t de l'élevage?

CONCLUSION _ 74

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INTRODUCTION

Les tepetates sont des sols indurés d'origine volcanique qui couvrent 27% de }taxe néo­

volcanique mexicain. Cette zone est la plus peuplée du Mexique et ces sols, dont la dureté

empêche toute mise en valeur agricole, constituent donc une lourde contrainte pour

ragriculture. Cependant,· un sous-solage profond par des bulldozers permet de casser les

tepetates et de les utiliser à des fins agricoles.

Les terres labourables ainsi formées font robjet d'études réalisées par un programme de

rORSTOM (France) associé avec le Colegio de Postgraduados de Montecillo (Mexique), les

Universités de Tlaxcala (Mexique), Giessen en Allemagne, Valdivia (Chili) et Quito

(Equateur).

Afin de compléter les recherches fondamentales sur la mise en valeur des tepetates, les

équipes du programme ont souhaité que soient menées différentes études socio-économiques

de communautés où la présence des tepetates présente une contrainte importante pour les

agriculteurs. En 1993 et 1994, deux études ont été menées par Ly Boun Tieng et Isabelle

Lepigeon, étudiants ESAT, dans deux villages des états de Mexico et Tlaxcala. Elles ont

montré que la réhabilitation des tepetates était liée à révolution historique du village et

notamment à la pression foncière. Cette année, une nouvelle étude a été demandée dans une

région complètement étrangère aux membres du programme et supposée plus agricole dans

l'état de Jalisco.

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1. PRESENTATION GENERALE DU MEXIQUE.

A. Une géographie contrastée.

Le territoire du Mexique s'étend entre le 14 et le 32° degré de latitude nord et le 87° et

le 117° degré de longitude ouest. Il couvre ainsi une surface de 1 972 000 km2 soit environ 4

fois la France. TI est limité au nord par les Etats-Unis, à l'ouest par le golfe du Mexique, au sud

par le Guatemala et le Belize et à l'est par l'océan Pacifique.

La majeure partie du territoire est formée d'un ensemble de hauts plateaux et de

systèmes de' montagnes volcaniques. L'axe néo-volcanique, d'orientation est-ouest s'étend de

l'atlantique au pacifique. Au nord, la sierra madre orientale et la sierra madre occidentale

limitent des hauts plateaux de quelques 1500 mètres d'altitude qui se terminent au sud par des

hauts bassins versants entourés de volcans. A l'est dominent la plaine du golfe du Mexique et à

l'ouest la plaine côtière du golfe de Californie qui isole l'étroite péninsule de Basse Californie.

La vaste étendue du territoire et ce relief varié expliquent en partie une très grande

diversité climatique: de désertique au nord à tropical humide au sud, en passant par le semi­

aride, le tempéré et autres climats différenciés par l'altitude. Cet éventail climatique détermine

des régions agricoles contrastées que l'on peut diviser très schématiquement en trois:

-la zone humide qui se situe sur les basses terres de la ceinture pacifique et dans le golfe du

Mexique, on y trouve café, fruits exotiques...

- la zone tempérée occupe le plateau central. Les cultures sont blé, maïs, orge, pomme de terre,

haricot...

- la zone aride du nord-ouest où seul l'élevage et les cultures irriguées sont possibles.

Malgré les potentialités offertes par cette diversité, le relief (érosion, affleurements) et

l'insuffisance des pluies n'autorisent l'agriculture que sur une faible partie des terres: seuls 15

millions d'ha, soit 15% du territoire sont propices à l'agriculture (Musset, 1989)

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B. Rappel historique.

De brillantes civilisations pré-colombiennes olmèques, toltèques, mayas, aztèques,

tarasques... peuplaient le Mexique avant l'arrivée des espagnols. Au XYlème siècle, la

civilisation aztèque dominait le pays. A l'arrivée d'Herman Cortés, en 1519, le pouvoir aztèque

était contesté par de nombreux peuples soumis. Cortès profita des dissensions internes de

l'empire aztèque pour soumettre Tenochtitlan en 1521.

L'économie coloniale se basait sur l'activité minière et l'agriculture. Les terres furent

confisquées aux indiens et remises aux "conquistadores". La population leur fut assujettie

comme main d'oeuvre et ils devaient, en échange de leur travail, assurer leur protection et leur

éducation religieuse. Ce système des "encomiendas" avait été établi à l'origine pour une seule

génération mais a perduré daps les faits. Les mauvais traitements, les maladies apportées par

les espagnols, les guerres, les déportations ont provoqué la disparition d'une grande partie de la

population indigène de la zone centrale.

Grâce aux "composiciones de tierras" de 1591 puis de 1643-1645, qui légalisent la

prise de possessions par les conquérants des terres laissées inoccupées par les communautés

indigènes, les grandes propriétés espagnoles (haciendas) ont continué à se former dans la

majeure partie du Mexique.

En 1810, Hidalgo, Morelos et Guerrero menèrent la guérilla contre la domination

espagnole. L'indépendance fut proclamée en 1821. La constitution de 1824 institua le pays en

république fédérale. De nombreux coups d'état, tensions internes et invasions (par les français

menés par Maximilien, par les USA qui se sont emparés des états du Texas, Californie,

Nouveau Mexique, Arizona, Nevada, Utah et Colorado) ont suivis, jusqu'à la prise de pouvoir

de Porfirio Diaz en 1882.

Il instaura dans le pays une "dictature moderniste". Il développa l'industrie et les

communications et a ouvert le pays aux investissements étrangers (notamment nord

américains...). Cependant, l'absence de libertés, l'exploitation de la population dans les

haciendas, la forte présence des capitaux étrangers dans de nombreux secteurs économiques

favorisèrent la révolution de 1910. Porfirio Diaz fUt renversé par Madero. La révolution

mexicaine menée par Emiliano Zapata et Pancho Villa au cri de "Tierra y Libertad" se termina

en 1917. Une nouvelle constitution fUt entérinée: encore en vigueur, elle limite le pouvoir

présidentiel à un mandat de 6 ans et lance la réforme agraire. "La terre appartient à celui qui la

travaille", selon ce principe, les grandes propnétés sont démantelées et partagées entre petites

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propriétés privées, biens communaux, terres d'état et terres "ejidales". Cependant, grâce à

l'usage des prête-noms, aux pressions des notables locaux et également à divers mécanismes de

différenciation sociale, grandes propriétés et paysans sans terre existent encore de nos jours

dans certaines régions.

Le pluripartisme officiel n'a par ailleurs pas empêché le PR! (parti Révolutionnaire

Institutionnalisé) de garder les pouvoir depuis 1929 grâce à des fraudes électorales,

répressions... tout en se targant de "65 ans de paix sociale".

A partir des années 1945 et jusqu'en 1960-1970, le développement économique du pays

filt basé sur le développement du marché intérieur selon une politique de substitution aux

importations. TI a permis l'augmentation du pouvoir d'achat des classes moyennes.

L'exploitation des gisements de pétrole a permis de soutenir ce type de développement

économique parallèlement à d'énormes emprunts. Cependant, en 1982, la crise pétrolière a

révélé les ambiguïtés d'un développement inégal et d'une économie extravertie. Le "bon élève

du FMI" s'enfonçait dans un marasme économique sans précédent.

Les Plans d'Ajustement Structurel "recommandésIl par la Banque Mondiale et le FMI

ont remis en cause la politique économique menée jusqu'alors par le pays: l'état s'est désengagé

et a mis en place un ensemble de mesures néo-libérales afin d'attirer les flux commerciaux et

financiers internationaux. Le 1er janvier 1994, l'accord de libre échange Nord Américain

("Tratado de Libre Comercio" - ALENA) est signé. TI prévoit de supprimer progressivement

en 15 ans toutes les barrières douanières entre le Canada, les USA et le Mexique. A la même

date, l'EZLN (Ejercito Zapatista de Liberacion Nacional - Armée Zapatiste de Libération

Nationale) lançait une insurrection au Chiapas, poussée par leur situation de misère et par leur

oppression.

c. Situation socio-économique.

Le Mexique comptait en 1994 environ 90 millions d'habitants dont la moitié ont moins

de 20 ans. La croissance démographique est de 2,2%. Le poids des villes est impressionnant:

Mexico compte plus de 20 millions d'habitants et on estime que plus de la moitié de la

population est urbaine. Le secteur informel prend dans ces villes surpeuplées une proportion

importante.

Le secteur primaire regroupe encore 25% de la population active et seulement 9% du

PIB. Cependant, les mouvements importants de migration saisonnière des paysans vers les EU

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L'ejido, un système original

La création des ejidos constituait la principale originalité de la réfoffile agraire mexicaine. Dansl'esprit du législateur, il s'agissait de rendre alL\: paysans 1cs Lcrres eonmilmaufaires que leXL'Céme siècle triomphant leur avait arrachées. L'ejido est donc une terre collective, attribuéepar l'étal. à un groupe de cultivateurs qui s'engagent à la meUre en valeur cl. à respecter les règlesétablies par la communauté villageoise, afin d'éviter son démantèlement. La loi de la Réfoffileprévoit que chaque membre de la eonununauté reçoit un parcelle qui lui est auribuée ju:o:;qu'à samort. il peut la transmettre à ses descendants mais il n'a pas le droit de la vendre ou de la céderà un tiers car il n'en est pas propriétaire. A côté des parcelles exploit.ées de manière individuelle,une partie des terres de l'ejido reste à la disposition de tous et constitue un fond de réserve,utilisé de manière collective. Si le titulaire d'lIDe parcelle ne la cultive pas, le conseil de l'ejidopeut la lui reprendre et l'attribuer à un autre membre de la commu..l1auté. Le but de ces mesuresrestrielives était d'éviler la di'5persion des terres eomrn.lIDautaires ci. le retour à la grandepropriété, accusée d'avoir paupérisé le lllOnde rural sans avoir enrichi la Nation.

Afin d'éviter les inégalités de traitement entre les paysans, il était prévu d'hmTIloniser la taille desterrains avec les potenlialités du sol ct du climat. Ains~ la parcelles de base devait être de 20 haen zone irriguée et de 40 ha en zone de "temporal" (arrosage naturel par les pluies). Desaménagements élaienl. néamnoins possibles selon les région, les densités de population cl. lesmodes d'exploitation de l'espace. C'est ainsi que, durant la phase d'expropriation des grandesplantations agro-exportatriees (1936-1937), les ejidos ont été constitués sur la base territorialede l'ancienne propriété afin d'éviter de fragmenter les unités de production. Pourta..'1t, la tailledes parcelles a souvenl. él.é plus réduite que prévu, notammenl. dans la région centrale de l'axcnéo-volcanique, où les populations indigènes étaient les plus nombreuses. Le receIlSementagricole de 1970 monlrait.. quc, dans le eenlre de l'Etai. de Puebla, les exploitations inférieures à5 ha couvraient le quart des terres cultivées.

En 1988, sur l'ensemble du territoire, plus de 87 millions d11a étaient pmtagés entre 2,7 millionsd'ejidatarios (paysan.,::, titulaires d'une parcelle daIL'~ U.o.'! ejido). Pourlant, la moyenne de 32 ha parexploitant masque le fait que 60% des parcelles avaient moins de 5 ha. Entre 1917 et 1934,période qui eOUvTe la prineipa1c phase de re<.li'5tribution des terres, près d'un million de paysansont ainsi bénéficié de la Réfomle AgJ.aire, mais le système des ejidos n'a pas pem1ÏS ledéveloppemenl. d'lIDe agriculture eompélitive. DepuL':> 1960, la pression démographique cl. leschangements socio-économiques du Mexique contemporain ont rendus ingérable des structuresagraires non adaptées, où la grande propriété rest~it. Irop chargée de mauvai':> souvenirs.

Source: MUSSET, 1989

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ou les grandes villes révèle la situation de crise que connaît le secteur agricole. Depuis les

années 1970, la politique de développement économique du Mexique s'est principalement

orientée vers le secteur industriel et a laissé l'agriculture au second plan. Aujourd'hui, le secteur

agricole est l'un des plus vulnérables de l'économie mexicaine: il souffre notamment d'un retard

technologique, d'une faible dotation en ressources naturelles et d'un faible soutien économique

de la part de l'état par rapport aux secteurs agricoles canadien et nord-américain (les coûts de

production du maïs sont trois fois plus élevé qu'au EU) (El Fisgon, 1993).

Dans ce contexte, alors que le maïs est semé sur plus de la moitié des terres labourées,

la signature de l'ALENA et la libéralisation des prix du maïs notamment, laissent perplexe...

Selon José Luis Calva (1991), le libre commerce des grains de base avec les EU et le Canada

(encore protégé pendant 15 ans par des barrières non douanières) impliquera une chute des

surfaces cultivées sur près de 10 millions d'hectare et un exode rural d'environ 15 millions

d'habitants.

La crise agricole qui sévit au Mexique depuis les années 1985 (en 1988, la récolte de

grains de base par habitant était inférieure de 35% à la récolte de 1981 (José Luis Calva,

1993)) a en outre servi de prétexte pour accuser le système ejidal1 coupable de cette situation.

Le 6 janvier 1992 marque la fin de la réforme agraire avec la modification de l'article 27 de la

constitution: elle autorise la location et la vente des terres ejidales et vise la réalisation

d'exploitations de grande surface par concentration de la terre. L'abrogation de l'article 27 n'a

pas eu, jusqu'à maintenant, les résultats escomptés. Personne ne vend et lIau mieux tl, les

paysans louent leurs terres à un gros exploitant.

1 voir encadré ci-contre.

5

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MEXICO

- Tepelole- Xido- Sheri

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FIG. Localisation des Tepetate en Amérique latine

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II. PROBLEMATIQUE DE L'ETUDE ET METHODOLOGIE.

A. Les tepetates, affaire d'un demi-continent.

1. Les tepetates, un tapis dur et stérile dégagé par l'érosion.

Les tepetates (tapis dur en nahualt) sont des tufs volcaniques indurés dont les

caractéristiques et la dureté sont intermédiaires entre une roche et un sol. L'érosion des

couches supérieures a mis à nu de vastes étendues de ces couches indurées quasi-stériles dans

la plupart des pays d'Amérique centrale et de la cordillère des Andes. (Cf carte n01)

Le terme "tepetates" recouvre en fait des sols de nature très différente. Localisés dans

les massifs volcaniques, les tepetates apparaissent néanmoins sous des conditions climatiques

semblables: un climat sub-humide (précipitations inférieures à 800-900 mm) et un déficit

hydrique de plus de cinq mois. En outre, ces horizons indurés sont principalement localisés

dans des zones de pentes douces (inférieurs à 15%), intercalés dans les sols de piémonts, glacis

et plaines (Quantin, 1993).

Les tepetates sont intercalés dans une succession de dépôts volcano-sédimentaires et de

paléosols. Les matériaux d'origine sont des produits volcaniques pyroclastiques, probablement

des coulées de boues et des projections de cendres. L'origine de l'induration du tepetate est

encore controversée: phénomène de compaction, induration "géologique" au cours du

refroidissement, ou encore procédé pédologique tel que cimentation par la silice et le calcaire?

L'érosion des terres au Mexique a provoqué l'affieurement de ces horizons indurés sur

une surface de 30 700 km2 (Zebrowski, 1992), soit 27% de la superficie de l'axe néo­

volcanique, la zone la plus peuplée du pays.

Ces zones érodées sont quasi-stériles: le tepetate est un horizon induré, de pH alcalin,

peu poreux, à faible capacité de rétention en eau et déficient en nutriments (quasi absence

d'azote, phosphore et matière organique).

6

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2. La réhabilitation des tepetates.

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Lorsque la couche de tepetate afileure, il est possible de la cultiver après l'avoir

rompue. La récupération des tepetates, si elle se faisait déjà à l'aide de pics et de pelles dans

certaines régions, s'effectue de nos jours à l'aide de bulldozers munis de griffes dont la pointe

forme une dent. En quelques jours, la zone est aplanie pour former des terrasses qui suivent les

courbes de niveau et les tepetates sont rompus à l'aide des griffes par un sous-solage de 50 à

80 cm de profondeur. Ensuite, quelques passages supplémentaires. du bulldozer puis d'un

tracteur équipé d'une herse permettent d'affiner les mottes du tepetates.

Cette réhabilitation à l'aide de machines lourdes a débuté au Mexique en 1972, sous

l'impulsion de l'état de Mexico. Des programmes de récupération sont alors mis en oeuvre par

des organismes para-publics en liaison avec la SARH (Secrétariat à l'Agriculture et aux

ressources Hydrauliques). La vocation de ces programmes est au départ la lutte conte l'érosion

et la déforestation (via 'la plantation' d'arbres sur les tepetates ameublis). Mais rapidement,

l'installation de cultures sur tepetates, rippés par quelques paysans ayant eu la possibilité

financière de louer les bulldozers, conduit à proposer des programmes d'aménagement de

terres agricoles. Ces programmes prendront en charge une partie importante des frais de la

réhabilitation (cofinancement étatique et fédéral), les paysans finançant eux-mêmes le

complément (à raison d'environ 10% des frais totaux).

Après réhabilitation, le tepetate constitue donc un sol cultivable. Ses potentialités

agronomiques restent quasiment nulles et pour obtenir des rendements corrects, il e$t

indispensable d'appliquer une bonne fertilisation en azote et phosphore. L'apport de

matière organique est très recommandé. TI est bien sûr nécessaire de contrôler l'érosion très

sérieusement. En première année de culture, les rendements en blé ou en orge sont corrects,

par contre, le maïs est déconseillé. La vesce est aussi une bonne culture pionnière.

Au cours du temps, les qualités agronomiques des tepetates s'améliorent: le pH

diminue, les taux en matière organique, phosphore et azote augmentent, et surtout la structure

s'affine d'où une potentialité de stockage en eau plus importante et un meilleur développement

racinaire. Après environ cinq ans d'exploitation et sous une fertilisation adaptée, la

production sur tepetates ripés est comparable à la production sur sols non indurés. Les

potentialités de ces nouveaux sols dépendent énormément de la qualité du rippage,

notamment de sa profondeur. Enfin, le travail du sol doit veiller à maintenir la structure

optimale (agrégats de 2 à 4 mm).

7

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B. Le programme recherche-développement "réhabilitation des tepetates"et les objectifs de l'étude.

Le premier programme de recherche sur les tepetates mené au Mexique par l'üR8TOM

et le Colegio de Postgraduados de Montecillo (1989-1992) visait à caractériser la genèse, les

propriétés physico-chimiques et biologiques de ces horizons. Lors du deuxième programme

(1993-1997), auquel se sont joints les Universités de Quito et de Valdivia, le comportement vis

à vis de l'érosion hydrique des tepetates a été étudié. Des essais ont en outre été menés et

d'autres sont en cours afin de déterminer les facteurs permettant de réhabiliter ces sols dans les

meilleures conditions tant au point de vue de la conservation des sols que de la rentabilité de la

production agricole.

Le choix des cultures, pratiques culturales, etc... utilisées au cours des essais repose sur

quelques études de systèmes de cultures menées dans la région au moyen d'enquêtes et

d'observations de terrain limitées à quelques exploitants. TI n'y a pratiquement pas eu d'études

concernant une communauté paysanne dans son ensemble, à quelques exceptions près: les

études menées par deux étudiants du CNEARC, Boun-Tieng Ly et Isabelle Lepigeon qui ont

travaillé l'un en 1993 sur un village proche de Mexico et l'autre en 1994 sur un "ejido" de l'état

de Tlaxcala.

Ces deux étudiants ont effectué leur stage dans une zone familière aux équipes du

programme. Cette année, l'objectif était d'aborder une nouvelle région, Los Altos de Jalisco, où

la présence de tepetates pose également un problème mais où les membres du programme ont

jusqu'à maintenant peu travaillé. Ceci afin de mieux connaître la région et surtout d'étudier

dans quelles mesures les résultats obtenus dans les vallées de Mexico et de Tlaxcala peuvent

être extrapolables à la région de Guadalajara.

Les objectifs de l'étude sont les suivants:

- étudier les caractéristiques et le fonctionnement d'une communauté paysanne de Los Altos de

Jalisco;

- déterminer les caractéristiques socio-économiques et les systèmes de productions existant au

sein de cette communauté;

- déterminer dans quelle mesure la présence de tepetates influe sur la dynamique socio­

économique et dans les stratégies de fonctionnement des unités de production familiales.

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c. Méthodologie de l'étude.

Cette étude comporte deux ruveaux d'analyse: le premier consiste à étudier la

communauté dans son ensemble, incluant milieu physique, contexte historique et économique,

puis dans un deuxième temps à analyser de manière plus détaillée chacun des systèmes de

production de la communauté et leurs inter-relations.

La méthodologie de diagnostic d'une réalité agrarre employée est classique. Ces

principales étapes sont les suivantes:

- étude bibliographique: les documents consultés sont très divers, allant du plus général: le

Mexique, le contexte historique et économique, les politiques agricoles... au cas particulier des

Altos (climat, histoire...). Elle permet de replacer le village dans son contexte. Elle a été

effectuée en parallèle avec le travail sur le terrain: les observations faites au village suscitant de

nouvelles lectures. Elle permet ainsi de valoriser une information déjà existante et donne des

éléments explicatifs à nos interrogations. Cependant, il faut noter que l'information" n'est pas

toujours fiable (notamment les recensements, certaines cartes...) et que de nombreux

documents ne sont pas disponibles.

- étude du milieu. lecture de paysages: la première étape du travail de terrain est d'observer

le milieu et définir les grandes zones agro-écologiques qui composent le terroir villageois afin

de mieux appréhender l'organisation de l'activité agricole et des systèmes de production. Pour

cela, nous avons parcouru les terres du village accompagnée de plusieurs agriculteurs. Des

enquêtes informelles aux champs ont permis de préciser nos observations. Nous avons

également effectué des observations pédologiques grâce à des coupes naturelles ou à des

sondages fi la tarrière. Ici encore, les discussions avec les paysans permettent de confirmer les

propriétés de chaque type de sols, leurs contraintes et leurs avantages. Les observations sur le

terrain ont été complétées par des études de cartes de l'INEGI1 et de photographies aériennes

au 1:75 000 de la zone. Enfin, l'étude des pratiques paysannes permet de comprendre la

rationalité des modes de mise en valeur du milieu. Cette première approche aide également à

l'élaboration d'une pré-typologie des systèmes de production.

- l'histoire du village et l'évolution du système agraire ont été étudiées à partir de lectures

bibliographiques et d'enquêtes auprès de personnes âgées du village. Nous en avons effectuées

une dizaine afin de recouper les informations. De plus, les documents consultés au Secrétariat

de la Réforme Agraire à Guadalajara ont complété les enquêtes de terrain. En ce qui concerne

1 Instituto Nacional de Estadistica Geografica e Informatica: Institut National de Statistiques Géographie etInformatique.

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l'évolution récente, nous avons également interrogé plusieurs agriculteurs. Cette étape facilite

la compréhension de la mise en valeur du milieu. Cependant, basée essentiellement sur la

mémoire des gens, elle peut parfois être imprécise (certaines dates varient de 20 ans selon les

témoignages!).

- Pré-typologie des systèmes de production: nous avons réalisé les premières enquêtes au

hasard afin d'avoir une première idée de la diversité des systèmes de production. Certains

agriculteurs nous ont également guidé pour établir la pré-typologie. Puis nous avons

sélectionné des agriculteurs dans chaque système de production puis déterminé les limites de

chaque système en enquêtant les extrêmes. Les enquêtes concernent à la fois le fonctionnement

et les données économiques de l'exploitation. Elles ont été effectuées de manière ouverte (sans

questionnaire mais avec une grille générale de questions (cf Annexe 1) : les renseignements.à

récolter étant précis), en général chez les exploitants (il est en effet difficile d'interroger les

gens lorsqu'ils travaillent dans leurs champs). Des recoupements entre différentes enquêtes

permettent de confirmer les dires des agriculteurs. De plus, les enquêtes ont souvent nécessité

plusieurs passages chez les exploitants (2 à 3 en moyenne). Nous avons fait une cinquantaine

d'enquêtes pour n'en sélectionner que quarante complètes et cohérentes (toutes ont néanmoins

servi à la caractérisation des systèmes de production). Les enquêtes permettent d'établir la

typologie des systèmes de production, complétée par les calculs économiques.

- les calculs économiques: on cherche à connaître le revenu agricole net d~gagé par une

exploitation une année normale (c'est-à-dire sans catastrophe climatique ni récoltes

particulièrement bonnes). Pour cela, les calculs économiques ont été effectués sur la base des

résultats moyens des exploitations. Au vu de la dévaluation et de la flambée des prix qu'elle a

occasionnée, nous avons effectué les calculs pour les années avant la dévaluation de décembre

1994 et pour l'anriée 1995 (les nouveaux prix des intrants ont été obtenus auprès des

coopératives et des détaillants à Cuquio et à Ixhlahuacan en juillet 1995).·

- caractérisation et étude des différents systèmes de la typologie: cette dernière phase

consiste à analyser les systèmes de production afin d'en comprendre la logique et le

fonctionnement et éventuellement de simuler certains scénarios. La connaissance des

cohérences techniques et socio-économiques permet de resituer la problématique de mise en

valeur des tepetates et d'évaluer les limites et les conditions de mise en valeur..

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III. PRESENTATION DE LA ZONE D'ETUDE.

A. Los Altos de Jalisco.

La région de los Altos de Jalisco, de part sa situation géographique et son histoire

particulière, est considérée comme un espace social complètement individualisé dans l'Occident

mexicain.

Elle se situe entre 20°19'24" et 22°04'51" de latitude nord et 101°30'05" et 103°09'30"

de longitude ouest, linùtée au nord par l'état de Zacatecas, au sud et à l'est par le talus du

plateau central, au nord-ouest, le lit de la rivière verte. (Cfcarte n02 et 3)

Les Altos de Jalisco recouvrent deux grandes entités géologiques. La majeure partie se

situe sur l'axe néo-volcanique. L'autre province est le plateau central qui ne concerne qu'une

partie du "municipio" de Lagos de Moreno et celui d'Ojuelos de Jalisco. Cette situation se

reflète dans la lithologie· superficielle de la région où prédominent les roches igniques

extrusives très acides (basaltes, tufs volcaniques) de la période quaternaire de l'ère cénozoique.

L'état de Jalisco est le premier producteur de maïs du Mexique. Dans Los Altos, malgré

des conditions écologiques peu propices à l'agriculture, le secteur primaire représente 39,2%

de la population active (contre 25% au niveau national).

B. Présentation du milieu physique.

Le village de Las Cruces se situe dans le municipio de Cuquio, au nord est de

Guadalajara (Cf carte n04).

1. Le relief.

Le relief de la région est constitué par une succession de plateaux limités à l'ouest par

un canyon profond. Les talus et les bas-fonds sont orientés nord-ouest / sud-est. Le paysage de

collines est découpé par des ruisseaux temporaires qui s'encaissent rapidement. Le bord du

canyon constitue une ligne de partage des eaux: à l'est, les ruisseaux coulent vers le sud-est

jusqu'au "preson" (lac collinaire) de Cuacuala, à l'ouest, ils découpent le canyon jusqu'à

l'"arroyo grande".

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Tous les ruisseaux de Las Cruces sont temporaires, ne coulant qu'au cours de la saison

des pluies. Il n'y a donc pas de possibilités d'irrigation à grande échelle pour l'agriculture.

Cependant, tout le long des ruisseaux, les agriculteurs ont creusé des retenues collinaires qui

permettent d'abreuver le bétail pendant la saison sèche. Quelques agriculteurs cultivent de

petites surfaces en irrigué (un quart d'hectare à un hectare maximum). Cependant, l'irrigation

ne peut concerner que de très faibles surfaces et n'est pas possible les années trop sèches.

2. Le climat

Le climat de Las Cruces est "tempéré, semi-sec" selon la classification de Thornthwaite.

Il est caractérisé par un contraste saisonnier marqué: après un longue période sèche pendant

laquelle les précipitations sont inférieures à 20-30 mm par mois, il pleut entre 150 et 250 mm

par mois de juin à septembre. Les précipitations annuelles varient entre 700 et 840 mm. Les

températures mensuelles moyennes varient entre 13 et 22°C (mai et juin sont les mois les plus

chauds) sans contraste saisonnier marqué. La température moyenne annuelle est de 17°C (Cf

graphique n01).

Les cultures pratiquées à Las Cruces sont le maïs, le haricot et la physalis. Les

précipitations constituent la contrainte majeure pour une agriculture de "temporal1". En effet,

certaines années, le maïs n'arrive pas à maturité, faute d'eau dans les derniers mois de sa

croissance. De plus, avec l'arrivée des pluies, les adventices se développent rapidement sur les

terres labourées ce qui limite la croissance du maïs semé après les quinze premiers jours de la

saison des pluies. Enfin, la chaleur résiduelle des sols pendant les premiers jours de pluies

permet un bon démarrage du maïs: d'après les agriculteurs, la terre se refroidit après une

semaine de pluies et la levée du maïs est moins bonne.

L'irrégularité des pluies est une contrainte supplémentaire pour les cultures: les

premières pluies de juin sont souvent très aléatoires. De plus, des périodes de sécheresse en

août peuvent affecter la récolte notamment lorsqu'elle survient lors de la floraison (baisse des

rendements importantes), surtout sur les sols les moins profonds sur tepetates qui s'assèchent

plus vite (une période de 15 jours sans pluies peut, selon le type de sols, compromettre la

récolte).

D'après les agriculteurs, il pleuvait jusque dans les années 1960 en janvier-février

(pluies appelées "cabafiuelas") ce qui permettait la culture de blé sur les terres les plus humides.

1 agriculture de "temporal": agriculture de saison des pluies

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Cependant, il paraîtrait que ces pluies sont maintenant rares et que la sécheresse est de plus en

plus marquée. En 1995 par exemple, il n'a pas plu une goutte d'octobre à fin juin.

Des pluies torrentielles et le vent provoquent parfois la verse du maïs en août ou

septembre, lorsque la plante est déjà grande. Enfin, la grêle est un risque supplémentaire,

surtout lorsqu'elle survient à la floraison du maïs.

Les températures sont plus basses du fait de l'altitude au nord du village et au

Jagüeycito: l'altitude est supérieure à 1900 m. et le maïs est légèrement plus tardif sur ces

terres (Cf carte nOS). Il est encore vert sur ces parcelles alors que sur les terres plus basses, il

est déjà sec. Néanmoins, quinze jours seulement séparent la maturation du maïs entre ces deux

altitudes. Les récoltes sont en général moins bonnes dans ces deux zones notamment pour la

physalis1.

Les premières gelées surviennent en général à partir du mois de janvier. Elles n'affectent

donc pas le maïs qui est déjà sec à cette époque. Cependant, au dessus de 1900 m. d'altitude,

des gelées précoces en novembre-décembre peuvent affecter certaines parcelles.

3. Les sols.

Les sols se sont développés sur basaltes ou sont issus de cendres de ponces volcaniques

déposées au Quaternaire. Les sols issus de la dégradation de basaltes sont des sols rouges

fersialitiques alors que les sols issus de cendres volcaniques sont les sols andiques (sols

blancs) appelés "tierra de humedad" (terres d'humidité) par les agriculteurs ou des sols

sableux.

Nous reprendrons ici la classification utilisée localement par les paysans.

3.1. Sols "rouges".

Les sols rouges (fersialitiques) s'étendent sur une grande partie du terroir du village (Cf

carte n06). Ils sont généralement profonds, de texture argileuse. Ils sont difficiles à travailler

car durs à l'état sec. Ils sont semés généralement "de temporal" c'est à dire à l'arrivée des

premières pluies. Les physalis se sèment exclusivement sur ces sols. Ce sont les sols les plus

riches selon les agriculteurs. Profonds et riches en argiles, ils gardent l'humidité plus longtemps

1 la physalis est Wle solanacée appelée localement "tomate verde" (tomate verte) Gar elle ressembleeffectivement à Wle petite tomate verte entourée de feuilles. Elle est utilisée pour faire des sauces.

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que les sols rouges sableux: les cultures ne sont que peu affectées par une période de

sécheresse forte en août.

Après la récolte, les animaux passent quelques mois sur les parcelles cultivées. Les sols

rouges sont sensibles au piétinement des animaux et se tassent facilement. L'eau s'infiltre alors

difficilement et ces sols présentent des problèmes de ruissellement et de faible disponibilité en

eau pour les cultures.

On trouve des colluvions de sols rouges sur tepetates dans les bas-fonds. Ds sont alors

moins profonds (de 30 cm à lm). La présence du tepetate imperméable à faible profondeur au

bord des parcelles notamment, provoque l'assèchement rapide du sol ou son inondation lors de

fortes pluies.(Cf photographie nOI)

Les terres rouges sont parfois pierreuses, notamment sur les pentes. Lorsque le terrain

est très accidenté, elles sont laissées en pâturages ("agostadero"). Planes ou en pente douce,

elles ne peuvent être semées qu'avec des chevaux, le tracteur ne pouvant pas y entrer.

3.2. Sols "blancs".

On trouve des sols andiques peu évolués - "sols blancs sableux" - au sud de l'ejido (lieu

dit El Jagüeycito). Ds sont issus de cendres volcaniques grossières. Plus faciles à travailler, ils

se dessèchent très rapidement et sont pauvres en éléments nutritifs. Les agriculteurs

considèrent que ce sont les plus mauvais sols. Une grande partie de ces sols sont recouverts de

forêt de résineux et de chênes rouvres.

Le~ terres "grises" ou "blanches" (brunisols andiques hydromorphes) de texture sablo­

limoneuse sont issues de ponces volcaniques très fines déposées sur tepetates ou sur des sols

rouges (Cf photographies n02 et 3). Elles sont moins profondes que les terres rouges (entre 50

cm et 2,50 m) et présentent par endroit des afileurements de tepetates. Elles sont appelées

"terres humides" ("tierras de humedad") par les agriculteurs. En effet, la présence de tepetates

ou de sols rouges très argileux en profondeur empêche l'infiltration de l'eau. La porosité

importante de ces sables fins leur permet alors de conserver l'humidité malgré la saison sèche.

Les agriculteurs peuvent ainsi les semer en mai soit un mois avant l'arrivée des pluies

permettant ainsi aux cultures de démarrer et de bénéficier au maximum des pluies.

Ces sols présentent des traces d'hydromorphie dès les premiers 30-40 cm de

profondeur. Saturés en eau, ils sont tyxothropes et ne peuvent être travaillés. Lorsque ces sols

se trouvent dans une zone dépressionnaire, ou lors de fortes précipitations, elles s'inondent

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pendant la saison des pluies. Du fait de leur forte humidité, la physalis, plante sensible à

l'hydromorphie, ne peut se cultiver sur ces sols. Les agriculteurs parlent en outre de problèmes

de parasites plus importants sur ces sols pour cette culture.

La répartition des terres blanches est aléatoire, si on en trouve dans des zones de bas­

fonds, elles apparaissent également sur le plateau qui s'étend au nord du village, au Jagüeycito

et à l'Astillero (Cf carte n06). Elles ne sont pas obligatoirement liées au tepetates (à l'Astillero,

les cendres se sont déposées sur des sols rouges) mais semblent appartenir à la même série que

ceux recouvrant les tepetates (Christian Prat). Elles présentent les mêmes propriétés: les terres

rouges sur lesquelles elles se sont déposées sont très argileuses et donc imperméables. Ces

terres "de humedad" couvre entre 10 et 15% du terroir de Las Cruces.

3.3. Autres types de sols.

~es terres rouges sableuses sont issues d'un mélange entre les sols rouges et les terres

blanches. Elles sont plus faciles à travailler, mais se dessèchent plus facilement que les terres

rouges argileuses.

Les terres noires argileuses (vertisols) se trouvent principalement dans la "barranca"

(canyon) et dans le village au pied du talus. Elles sont issues de colluvionements. Dans la

"barrancatl, très en pente et accidentée, elles ne sont pas cultivées. De plus on y trouve des

aflleurements de tepetates et une pierrosité importante. La "barranca" est laissée en zone de

parcours privée ou ejidale.

Enfin, on trouve les tepetates soit affleurants soit recouverts par les terres blanches

auxquels il.s sont liés, et parfois sous des sols rouges de colluvion. Ds affleurent dans le village,

la "barranca", les. zones accidentées et les lits de rivières temporaires (Cf photographie n04).

Les champs cultivés ont en général une épaisseur de sols suffisantes pour que les tepetates ne

constituent pas une contrainte pour les cultures. Au contraire, leur caractère imperméable est

un avantage pour l'agriculture lorsqu'ils sont recouverts d'une épaisseur suffisante de ponces

volcaniques fines. Dans ce cas, l'eau, ne pouvant pas s'infiltrer en profondeur, reste piégée sur

place, ce qui permet d'effectuer les semis à sec, un mois avant la saison des pluies, et d'assurer

ainsi des rendements particulièrement élevés.

Ils sont néanmoins apparus par endroit, notamment lorsque le terrain était utilisé pour

écosser les haricots avec des chevaux, entasser les récoltes ou encore à la bordure des parcelles

(le passage fréquent des tracteurs a provoqué une érosion plus importante). Certains

agriculteurs apportent de la terre et du fumier sur les portions de tepetates pour pouvoir les

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cultiver. Cette pratique sommaire tend à montrer que ces cas sont rares puisque c'est la seule

pratique de réhabilitation rencontrée. il s'agit d'agriculteurs n'ayant que peu de terres (4 ha).

D'autres, en général des propriétaires ayant des surfaces plus importantes et beaucoup de

bétail, les laissent alors en pâturages.

Enfin, les tepetates déterminent en partie le réseau hydrographique: El Chac6n et el

Arroyo Blanco coulent sur tepetates.

4. La végétation.

La végétation naturelle est constituée d'une strate basse d'arbustes épineux: "mezquites"

(Proposis Juliflora), "huizaches" (Acacia farnesiana) et "nopales" (cactus) et d'une strate

haute de pins, chênes rouvres, frênes, tuyas... On la trouve principalement dans les zones de

parcours.

. 5. Zonage agro-écologique.(Cffigures n02 et 3)

Le terroir de Las Cruces se présente comme une imbrication de zones cultivées et de

zones de parcours (Cf photographie n05). Ces deux grandes zones sont déterminées par le

relief, la nature des sols et la tenure de la terre.

En l'absence de gradient altitudinal marqué et de répartition de sols déterminée, ces

deux grandes zones sont relativement homogènes.

5.1. La zone de parcours: pâturages et forêts.

Elle occupe les talus, les zones de rupture de pente, les terrains impropres à la culture

(pierreux ou zones inondables) et le canyon. Elle est couverte de maquis ou de forêt. Au sein

de la zone cultivée, les zones dépressionnaires de terres blanches (inondables) sont laissées en

parcours ainsi que les parcelles où afileurent les tepetates et les terrains pierreux. L'agostadero

ne définit pas une zone particulière mais on trouve des parcelles imbriquées dans les parcelles

cultivées.

5.1.1. La zone de parcours commune ("Agostadero Comun")

Elle appartient à l'ejido. Elle s'étend sur 542 ha et couvre un partie du canyon, la forêt

du Jagüeycito et une zone de terrain plat bordant le canyon qui n'est pas cultivée du fait de son

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statut ejidal. A l'ouest, dans la "barranca", canyon profond, on trouve des terres nOIres

argileuses et par endroit des afileurements de tepetates. La végétation est principalement

constituée de "huizaches" (Acacia farnesia), figuiers de barbaries ("nopales") et cèdres blancs.

La forêt de pins, cèdres blancs et chênes rouvres se trouve sur des sols sableux au sud­

ouest sur le talus du plateau du Jagüeycito et dans le lit de rivières temporaires très encaissées.

Les habitants du village ont le droit d'y ramasser du bois mort pour la cuisine ou pour les fours

à briques.

Le lieu-dit "El Chac6n ll est également laissé en parcours commun. TI s'agit

principalement des terrains bordant la rivière du même nom. La répartition des terres devrait se

faire cette année. En effet, contrairement à la "barranca", ces terres pourraient être mises en

culture. Ce n'est donc pas ici la pente ou la nature des sols qui déterminent l'utilisation du

terrain mais la tenure de la terre.

La zone de parcours commune est utilisée par tous les ejidatarios qui n'ont pas de

parcelles où mettre leur bétail pendant la saison des pluies. Elle est maintenant nettement

surpâturée ce qui accentue l'érosion déjà favorisée par les fortes pentes.

5.1.2. Les zones accid~ntées.

Les talus, très pierreux et en pentes fortes, sont laissés en parcours. Le début du glacis

est couverts de maquis alors que le haut du talus est occupé par une bande forestière. Sur

certains sols pierreux on trouve des prairies semées ("pastizales inducidos") pour le bétail. Des

retenues collinaires ("bordos") sont creusées pour abreuver le bétail pendant la saison sèche le

long du talus ou dans les parcelles de parcours. Elles sont parfois utilisées par plusieurs

propriétaires.

La zone de parcours occupe également les lits de rivières temporaires qui découpent les

plateaux. Au nord, la "barranca" est privée. Elle est également exploitée comme zone de

parcours pendant la saison des pluies pour le bétail de chaque propriétaire. Certains

propriétaires permettent à des "coamileros,,1 de semer sur leurs terres de manière à bénéficier

des cannes de maïs pour leur bétail pendant une partie de la saison sèche.

1 coamilero: paysan qui pr~tique un système de culture sur abbatis-brûlis (le bâton fouisseur avec lequel il sèmese dit la "coa")

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5.2. La zone des cultures.

Elle occupe les parties plates ou en pente faible (les bas-fonds et les plateaux) du terroir

villageois. Les parcelles sont pratiquement toutes délimitées par des clôtures de barbelés.

Homogène quant au type de cultures pratiquées, on y trouve tous les types de sols. Les sols

blancs et sableux sont cultivés exclusivement en maïs et haricot alors que la physalis n'est

cultivée que sur les terres rouges (sur lesquelles on trouve aussi maïs et haricot). On trouve

également des parcelles de prairies semées, elles n'occupent pas des zones particulières et

pourraient être mises en culture. Enfin, des retenues d'eau sont creusées pour l'abreuvement du

bétail pendant la saison sèche dans certaines parcelles.

Nous distinguerons deux grandes zones en fonction de la tenure de la terre. L'altitude

influence également les rendements et la date de maturation des cultures.

5.2.1. La zone de la petite propriété "pequeiia propriedad"

Elle s'étend sur le plateau nord et à l'est du village. Sur le plateau nord, l'altitude varie

entre 1900 et 2020 mètres (Cf carte nO?). Les parcelles sont délimitées par de nombreux

murets en pierres sèches qui témoignent de la division ancienne en différentes propriétés de

cette zone. Les parcelles sont de grande taille et on trouve de nombreuses retenues collinaires

privées dans les champs cultivés.

Dans le village, on trouve de petites parcelles (moins de 1 ha) cultivées autour des

maisons. Au pied du talus, les terres sont noires argileuses. Sur une grande partie du village

affieurent les tepetates.

La petite propriété couvre environ 900 hectares.

5.2.2. L'ejido.

Il s'étend au sud-ouest du village et couvre 2112 ha dont 1300 ha cultivés. Les parcelles

sont en lanières orientées dans le sens de la pente. Leur taille varie entre 2 et la ha. El Zapote,

la Coyotera, El Chac6n, el Jagüeycito (ou el monte alto) sont les lieux-dits de llejido. Au

niveau du Chac6n, des retenues collinaires ont été creusées pour l'ensemble des ejidatarios

(chaque ejidatario a payé pour leur construction une contribution proportionnelle à leur

nombre de têtes de bétail). On distingue le Jagüeycito qui présente une altitude plus élevée que

le reste des terres ejidales.

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Le Jagüeycito s'étend à plus de 1900 m. d'altitude. On y trouve des sols sableux et des

terres blanches ainsi que des sols rouges. Du fait de l'altitude, les rendements de la physalis ne

dépassent jamais 10 t./ha et se situent plutôt vers 4-5 t./ha. Enfin, les températures plus basses

allongent le cycle du maïs d'une quinzaine de jours. Des gelées précoces en octobre peuvent

affecter le maïs sur certaines parcelles mais elles ne surviennent que rarement.

Zone de culture et pâturages sont complémentaires pour les systèmes d'exploitation

combinant agriculture et élevage et sont donc exploités conjointement.

C. Las Cruces, un village de Los Altos.

Las Cruces a été choisi comme village d'étude pour plusieurs raisons: -parce qu'on y

trouve à la fois un ejido et des petites propriétés et parce qu'une partie des sols sont des

tepetates. Le projet souhaitait également aborder une région plus agricole que les deux villages

étudiés précédemment où l'influence de la ville (Mexico, Puebla, Tlaxcala) est forte.

Le village de Las Cruces est situé dans Los Altos de Jalisco (municipio de Cuquio).

Deux pistes desservent le village, une venant de Cuquio, l'autre de la nationale 54 (El Pato).

Deux bus par jour viennent de Cuquio (assurant le transport des élèves des classes

préparatoires à l'entrée à l'université) et un bus part le matin pour Guadalajara (situé à 80 km) ,

et revient le soir.

Le village, d'environ 1000 habitants, compte de nombreuses petites épiceries (une

dizaine), deux boucheries, une pharmacie, une clinique ("centro de salud"). Deux moulins

permettent également aux femmes de moudre le maïs. Les enfants sont scolarisés sur place

jusqu'au lycée ("segundaria"). L'électricité est disponible pour chaque foyer depuis 1978. Par

contre, il n'y a pas l'eau courante: deux grandes retenues collinaires ont été creusées il y a 15

ans pour approvisionner le village en eau. Pour l'eau potable, les habitants doivent aller

jusqu'aux puits situés autour du village ou au niveau du Chac6n.

Les terres de Las Cruces sont soit ejidale (2112 ha), soit en petites propriétés (855 ha

selon le recensement du Secrétariat de l'Agriculture). 138 personnes bénéficient de parcelles

ejidales et il y a, d'après les témoignages recueillis, une cinquantaine de petits propriétaires. La

plupart travaillent leurs terres mais on trouve également des "encargados" (personnes chargées

de cultiver les terres de personnes vivant à Guadalajara ou aux Etats-Unis) ou des personnes

qui louent leurs parcelles ou encore qui les donnent en métayage (à moitié, au quart ou au

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cinquième). Il s'agit souvent de personnes âgées qui ne peuvent plus les travailler ou

d'agriculteurs qui ont des surfaces trop importantes pour les cultiver eux-mêmes.

L'activité agricole est la principale activité des habitants de Las Cruces. On y cultive

principalement le maïs, le haricot et la physalis. L'agriculture est le plus souvent combinée à un

élevage bovin viande.

L'approvisionnement en intrants se fait soit à Cuquio, soit à Ixhlahuacan. Une quinzaine

d'agriculteurs (7 ejidatarios et 7 petits propriétaires) possèdent un tracteur et le louent

régulièrement. Les moissonneuses-batteuses viennent par contre d'autres villages des environs

(Ocotic, Cuquio, San Juan deI Monte). La commercialisation s'effectue soit à la CONASUPO1

du village (le maïs ~oit être égrené, son prix est garanti), soit à Ixhlahuacan auprès de

grossistes (où les agriculteurs peuvent vendre le maïs en épi et où le paiement est plus rapide

mais les prix non garantis...). La physalis est soit vendue directement à Guadalajara, soit sùr

place à des intermédiaires C'acapadores"). De nombreuses retenues collinaires disséminées

dans les champs permettent aux animaux de s'abreuver. Elles sont privés ou ejidales. Les

animaux sont vendus soit sur place, soit à Guadalajara ou à Nochistlan. Enfin, la canne de maïs

broyé peut également être commercialisée vers l'état de Zacatecas.

Il y a peu de possibilités d'emploi dans la région. Cependant, beaucoup se louent

comme journaliers lors des pointes de travail agricole (sarclage de la physalis, récolte du maïs

et de la physalis...) ou font des briques ou encore travaillent comme maçons dans le village. Il

n'y a néanmoins pas suffisamment de travail pour tout le monde et on ne peut comprendre

l'agriculture à Las Cruces sans prendre en compte la migration aux Etats-Unis (temporaire ou

permanente) particulièrement forte dans la région. En effet, "il n'y a pas une famille au village

qui n'ait un de ses membres aux Etats-Unis". Le thème de l'impact de la migration sur

l'agriculture sera abordé en détail ultérieurement.

Conclusion sur l'étude du milieu physique.

Les tepetates sont donc pratiquement absents des terres cultivées. Ils ne constituent pas

une contrainte importante pour l'agriculture car ils sont recouverts d'une épaisseur de sol

suffisante pour les culture.s. Lorsqu'ils sont mis à nu par l'érosion, ils sont laissés en zone de

parcours. Les pratiques de réhabilitation sont rares et ne peuvent concerner que de petites

surfaces. La situation est donc bien différente des états de Tlaxcala et Mexico où les pratiques

1 Compania Nacional de Subsistancias Populares (organisme d'état qui intervient sur la production et ladistribution des produits agricoles).

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de réhabilitation sont anCiennes et très répandues. La pression foncière et l'étendue des

tepetates n'est pas suffisante pour que les agriculteurs les récupèrent. De plus, ils semblent être

beaucoup plus durs dans la région que dans les états de Tlaxcala et Mexico, leur réhabilitation

peut donc poser problème (Christian Prat). Dans ce contexte, l'objectif des agriculteurs est

d'éviter que l'érosion ne mette à nu de plus grandes surfaces de tepetates.

Bien que les tepetates ne constituent pas une contrainte forte pour l'agriculture à Las

Cruces, l'étude du milieu révèle de nombreux autres facteurs peu propices à l'agriculture. Les

faibles précipitations et leur irrégularité constituent les deux principaux risques que les

agriculteurs vont devoir gérer. Leurs stratégies répondent également à leur environnement

socio-économique et sont le produit d'un processus historique d'évolution d'un système agraire.

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IV. EVOLUTION HISTORIQUE DU SYSTEME AGRAIRE.

Le terroir de Las Cruces est divisé entre le secteur de la "petite propriété" et l'espace

"ejidal". Si ces deux types de tenure de terre n'influencent pas radicalement la mise en valeur du

milieu, elles sont toujours distinguées dans le discours des agriculteurs. Lorsqu'on parcourt les

champs, on s'aperçoit que certaines parcelles pierreuses ou qui présentent des affleurements de

tepetates sont cultivées alors que d'autres sont laissées en parcours, que des prairies sont

semées parfois dans des zones qui pourraient être mises en culture, que les parties plates de

l'agostadero commun étaient autrefois cultivées (on retrouve des traces de sillons). Ces

observations nous ont amené à nous interroger sur l'évolution de la mise en valeur du milieu

mais aussi sur les processus de capitalisation et de différenciation des systèmes de production.

Ainsi, pour comprendre les systèmes de production actuels il nous faut donc maintenant

étudier l'histoire de l'agriculture à Las Cruces.

La structure agraire rencontrée au début du siècle à Las Cruces résulte à la fois des

formes d'occupation pré-hispanique et du mode de colonisation particulier de la région par les

Espagnols. Nous l'avons étudiée à partir d'études générales concernant los Altos de Jalisco.

L'évolution et les changements survenus depuis les années 1920 permettent de mieux cerner la

dynamique actuelle des systèmes de production. Elle a été analysée à partir d'enquêtes

informelles effectuées auprès de personnes âgées vivant au village.

A. L'époque préhispanique (Andrés Fabregas, 1986).

L'~ccupation pré-hispanique de la zone, peu étudié, est sujet de controverses entre les

auteurs: Selon Andrés Fabregas (1986), plusieurs tribus nomades occupaient la zone de los

Altos qui constituaient en outre une zone de passage pour les tribus Chichimèques du nord.

Ces tribus vivaient de chasse et de collecte et constituaient des groupes indépendants, sans

unité politique significative et qui ne s'alliaient que pour faire la guerre à d'autres tribus. Les

pénétrations continuelles des tribus Chichimèques conféraient à la région une grande instabilité.

Exceptées quelques traces de sédentarisation trouvée dans la Vallée de Guadalupe, il n'existe

pas de preuves nettes d'activité agricole dans le reste de la région.

La quasi-absence de population indigène dans la région est une des clés pour

comprendre sa situation et son évolution économique et culturelle.

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B. La conquête et la colonisation.

1. Une colonisation du territoire particulière.

Los Altos de Jalisco, de par leur position géographique et leur histoire, fonnent un

espace social individualisé dans l'occident mexicain.

La région, bien que pratiquement vide de population indigène sédentaire, restait

dangereuse à cause des raids des tribus Chichimèques.

Située sur le passage entre les zones minières de Zacatecas et de San Luis Potosi et les

villes de Mexico et Guadalajara, la région devait rapidement être contrôlée afin d'assurer le

ravitaillement des villes en métaux précieux et de fournir des produits alimentaires aux mines.

Cependant, l'absence de population indigène (en outre exterminée lors de la guerre de Mixton ­

1841- entre les espagnols et les tribus de la région) et le milieu peu propice à l'agriculture et à

l'irrigation de Los Altos déterminèrent un type de colonisation particulier bien différent du

système des "encomiendas" établies dans d'autres régions du Mexique (patricia de Leonardo,

1978). Ainsi, pour fixer des paysans dans la région, l'Audience de Guadalajara offrait' des

concessions de terres en propriété. La seule condition était de ne pas abandonner la terre

pendant quatre ans. Ainsi, paysans pauvres, soldats, "délinquants" vinrent s'installer dans Los

Altos.

Ce mode de colonisation est à l'origine de la "petite propriété" et du "fermier alteno".

Cependant, les premières dotations étaient déjà inégalitaires: par exemple, les soldats

d'infanterie et les paysans recevaient une "peonia,,1 (souvent des plus mauvaises terres) et les

cavaliers une "caballeria" (équivalent à 5 "peonias").

Les premiers colons se sont principalement consacrés à l'élevage. En effet, l'absence de

main d'oeuvre indigène et les débouchés offerts par l'activité minière pour la viande, le cuir et la

graisse encourageaient cette activité. Néanmoins des terres de labour étaient également

ouvertes pour les cultures du maïs et du blé.

1 Une peonia comprenait un "solar" (parcelles pour bâtir la maison et avoir un jardin potager), cent "fanegas"(16 ha environ) de labour pour semer du blé et dix "fanegas" (1,6 ha) pour semer du maïs, deux "huebras" deterre pour les cultures maraîchères et des terres de pâtures pour maintenir 10 chevreaux, 20 vaches, 100moutons et 20 chèvres (environ 20 ha). (patricia de Leonardo, 1978)

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2. Evolution de la tenure de la terre.

L'élevage extensif et le faible peuplement initial de Los Altos ainsi que les pratiques de

corruption ont favorisé l'accaparement de terres pour faire paître de grandes quantités de

bétail. Dès la fin du XVI siècle apparaissent les premières "haciendas" dans les Altos dont la

main d'oeuvre est constituée de paysans Espagnols pauvres employés comme journaliers

("peones") puis comme métayers. Cependant, la concentration des terres (quelques centaines

d'hectares) n'a jamais atteint des proportions énormes (plusieurs dizaines de milliers d'hectares)

comme dans d'autres régions du Mexique. Les haciendas des Altos (consacrées surtout à

l'élevage) coexistent avec les "ranchos" (fermes en propriété consacrées surtout à

l'agriculture, fonctionnant uniquement avec la main d'oeuvre familiale (Jesus Manuel Macias,

1990».

Au XVIllème siècle, avec le déclin de l'activité minière apparaît le métayage à la

périphérie des haciendas. En plus d'une rentrée d'argent importante (sous forme principalement

de maïs), ce système permettait d'avoir de la main d'oeuvre disponible pour l'hacienda. En effet,

à partir de 1760, la croissance de Guadalajara provoque une réorientation des haciendas vers

l'agriculture plus demandeuse en main d'oeuvre. Lorsque le prix du maïs était intéressant, les

hacendados cultivaient leurs terres en faire valoir direct, employant journaliers et ouvriers fixes,

dans le cas contraire, ils donnaient une partie de leurs terres en métayage (Hubert Cochet,

1989).

A partir des années 1850, l'augmentation démographique et les héritages égalitaires ont

provoqué le fractionnement des haciendas donnant naissance à de nouvelles petites propriétés.

Leur disparition n'a néanmoins pas été totale. Ainsi, lorsqu'éclate la révolution mexicaine,

petites propriétés et haciendas se côtoient dans la région des Altos. L'exemple de Las Cruces

au début du siècle illustre parfaitement cette situation.

C. Las Cruces au début du siècle: une hacienda, des petits propriétaires, des"coamiles"...

1. L'hacienda.

L'hacienda de Las Cruces appartenait à la Seliora Josefa Mora Vda. de Sanchéz et

couvrait une superficie de 811 hectares. Le bâtiment de l'exploitation se trouvait au centre du

village actuel. Selon plusieurs témoignages, une quarantaine de familles vivaient à Las Cruces

au début du siècle.

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1.1. Organisation sociale de l'hacienda.

L'hacienda était administrée par José Sanchéz, le fils de la propriétaire. Ils possédaient

environ deux cents têtes de bétail gardées par quatre vachers ("vaqueros") employés par

l'hacienda. Les terres cultivées se trouvaient principalement au sud du village sur les terres

rouges et les terres noires argileuses. D'après les témoignages recueillis, quatre à cinq "yuntas"

(une "yunta" équivaut à 4 hectares), les meilleures terres, étaient cultivées directement par des

"peones" employés par l'hacienda (le salaire était de 50 centavos par jour) et le reste des terres

labourables était donné en métayage, à moitié (lia media"): chaque métayer recevait une yunta

de terres .et devait donner la moitié de la récolte au propriétaire. Ce dernier fournissait

cependant les semences.

L'hacendados louaient également une paire de boeufs aux métayers: quatre à cinq

anegas1 de maïs pour chaque boeuf (en général, le propriétaire louait un boeuf de travail et un

jeune boeuf gratuit que devait alors dresser le métayer). Le travail du sol s'effectuait avec une

"arado de palo": araire en bois que les paysans fabriquaient eux-mêmes munie d'une pointe de

fer pour ouvrir la terre (Cf dessin ci-contre). Au moment de la récolte (en octobre-novembre),

les métayers devaient en outre rembourser l'argent ou le maïs prêtés par le propriétaire au

moment de la période de soudure (mai-juin). Ainsi, une bonne partie de la récolte revenait au

propriétaire. Journaliers et métayers étaient liés à l'hacendado par ce système d'endettement. Le

peu qui leur restait était auto-consommé. Ils n'avaient en général pas de bétail.

1.2. Système de culture (Cffigures n04 et 5)

On cultivait le maïs et le haricot en association un an sur deux : la rotation était Maïs- .

Haricot/Jachère. Ces deux plantes suivent le même cycle avec un léger décalage entre les dates

de récolte, mais les deux cultures se traitent de la même manière.

La jachère était pratiquée un an sur deux sur les parcelles cultivées.

Le travail du sol était effectué avant la saison des pluies (en mars-avril) et consistait en

deux passages croisés à l'araire après avoir nettoyé la jachère par un brûlis. Les semis se

faisaient en juin à l'arrivée des premières pluies à raide d'une araire munie d'ailerons afin

d'ouvrir le sillon. Le propriétaire fournissait les semences de maïs et de haricot.

1 une anega ou hanega correspoI).d à 80 kg (Jaime Espïn, 1978)

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Sur un sillon, le paysan semait, à 20-30 cm de distance, trois semences de maïs et une

de haricot, le maïs servant de tuteur au haricot. Une poignée de poudrette de corral était jetée

à chaque semence au moment du semis, avant le deuxième passage à l'araire à ailerons

légèrement décalé par rapport au premier pour enfouir la semence. Le fumier était fourni par

l'hacendado. Il fallait de 15 à 22 jours pour semer 4 ha., ce qui correspond à la période limite

de semis autorisée après l'arrivée des premières pluies pour limiter les risques d'avoir une

saison des pluies trop courte pour la maturation du maïs. En juillet, les paysans éliminaient les

adventices à la houe avant d'effectuer un sarclage-buttage avec une la même araire à ailerons.

En août, un deuxième passage à l'araire permettait de butter le maïs. Enfin, en septembre, les

adventices étaient fauchées à la machette ("casanga") ce qui favorisait leur redémarrage après

la récolte du maïs pour constituer un pâturage.

Le maintien de la fertilité était assuré par le fumier et par une jachère d'un an ainsi que

par l'association avec le haricot.

Le haricot était récolté en premier, en octobre, et écossé par les chevaux qui piétinaient

les gousses.

La récolte du maïs s'effectuait en décembre-janvier manuellement avec un couteau. Seul

l'épi était récolté dans un panier ("canasta") que les paysans portaient sur le dos. Les tiges

restaient sur les champs et servaient de fourrage au bétail qui passait la saison sèche en vaine

pâture sur les champs et récupérait ainsi feuilles, tiges et adventices. Cependant, cette pratique

ne donnait lieu à aucun transfert latéral de fertilité bien que les excréments constituent une

matière organique plus facilement mobilisable par les cultures que les tiges de maïs.

Les rendements variaient entre 15 et 50 anegas de maïs par "yunta", soit entre 3 et 10

quintaux fi l'hectare (Guadalupe Gutierrez).

L'administrateur employait des journaliers pour la récolte des terres cultivées en faire

valoir direct, à raison de 10-12 personnes par hectare.

Le blé était semé en culture pure sur les terres blanches ("de humedad") malS ne

concernait que peu l'hacienda de las Cruces (qui était principalement sur les terres rouges). Les

semis se faisaient en septembre et la récolte en avril-mai. La culture de blé était possible grâce

aux pluies de janvier: "las cabaïiuelas" qui sont maintenant rares.

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1.3. Système d'élevage.

Le bétail, de race locale ("criolla"), était élevé pour le trait et le lait. Les veaux mâles

étaient gardés jusqu'à trois ans pour en faire des boeufs de labour. Le lait était transformé en

fromage qu'un "peon" allait vendre dans les autres villages. Quant aux veaux, ils étaient vendus

à Guadalajara.

Le troupeau passait la saison des pluies dans l'agostadero de l'hacienda qui représentait

plus de la moitié de la surface du domaine. Durant la saison sèche, il restait en vaine pâture sur

les champs. Seules les vaches laitières étaient parquées près du corps de ferme durant la nuit,

cela permettait, outre la traite du matin, de récupérer de la poudrette pour la fertilisation des

cultures.

2. Les petits propriétaires - "pequeiios proprietarios"

Nous avons vu que l'histoire de la colonisation de los Altos s'est faite par l'implantation

de colons paysans auxquels qui l'Audience de Guadalajara attribuait des terres. Ainsi, l~s

grandes haciendas coexistaient avec des petits propriétaires. Leurs terres s'étendaient au nord

du village, zone qui correspond encore maintenant à la "petite propriété". Des disparités

importantes existaient entre les" petits propriétaires». En effet, certains ne possédaient que 4 à

5 yuntas de terres qu'ils cultivaient avec leur famille. N'ayant pas de surface de parcours, ils ne

possédaient pas d'animaux de trait, ils les louaient à l'hacendados. lis cultivaient maïs et

haricots (base de l'alimentation) sur la moitié de leur surface une année sur deux. Sans

animaux, le maintien de la fertilité n'était assuré que par l'association maïs/haricot et la jachère.

On trouvait aussi des propriétés de plus de 150 ha, cultivées principalement par la

famille (avec 7 ou 8 enfants). Certains louaient aussi une partie de leur terre en métayage à

moitié. lis possédaient en général des animaux de trait et quelques va~hes puisqu'ils avaient

suffisamment de terres pour en laisser une partie en parcours. Sur les terres blanches, ils

cultivaient également du blé (ils avaient en effet une surface suffisante pour se consacrer à cette

culture de vente alors que les autres ne cultivaient que les cultures de base (maïs et haricot)).

La location des paires de boeufs aux métayers ou aux petits propriétaires représentait

une part importante de revenus des hacendados (Cochet H., 1989)

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3. A l'ouest, le système des "coamiles".

A l'ouest du village, dans le canyon, les agriculteurs pratiquaient le système de coamil:

après avoir brûlé les arbustes et le tapis herbeux, ils plantaient le maïs à flanc de colline avec

une bâton fouisseur. Les terres argileuses riches de la "barrancall donnaient de meilleurs

rendements sans apports de fumier que les autres types de sol (ils ne possédaient pas

d'animaux). Ces agriculteurs possédaient des lopins de terres dans une zone appelée terres

indigènes ("tierras indigenasll ). L'origine de cette appellation et la tenure de ces terres n'ont pas

pu être clairement identifiés. TI s'agissait d'une agriculture de subsistance.

D. La réforme agraire et la dotation ejidale.

1. La dotation ejidale.

La demande de dotation ejidale a été déposée le 15 octobre 1921 par la communauté de

Las Cruces. Cependant, la dotation n'a été effectuée qu'en 1937, plus de 15 ans après. Le

nombre de demandeurs s'élevait à 60 personnes. En effet, de nombreux paysans des villages

voisins ou qui travaillaient dans d'autres haciendas sont venus se joindre à la demande à cette

époque (notamment les paysans qui pratiquaient la culture de II coamilesll à l'ouest de Las

Cruces).

Les années 1920-1930 ont été particulièrement troublées dans la région. La population

est partie se réfugier à Guadalajara pendant la guerre Cristera de 1927-1930. La majorité du

bétail est morte faute de soins ou a été mangée par la population et les terres ont été

abandonnées1 . Dans les années 1930, un climat de terreur régnait à Las Cruces: de

nombreuses plaintes font état de meurtres perpétrés par les administrateurs de l'hacienda et les

llguardias blancasll - IIgardes blanches Il (tueurs à gages) de l'hacienda de San José de Los

Molinos. L'ingénieur venu enquêter à Las Cruces pour la dotation ejidale a été menacé par les

gardes blancs... Les hacendados ont tenté de garder leurs terres en les vendant à des prêtes­

noms ou à leurs enfants mineurs2. De vieux paysans racontent qu'ils labouraient avec le fusil

sous le bras...Les paysans empêchaient les métayers des haciendas voisines de semer.

Le 24 septembre 1937, la dotation est enfin signée par Lazaro Cardenas. Les terres ont

été confisquées à quatre haciendas dont les terres s'étendaient au sud et à l'ouest du village:

360 hectares de IItemporalll ont été retirées à l'hacienda de Las Cruces, 400 ha de IItemporalll à

1 d'après résultats d'enquêtes et Juan Luis Orozco, 19912 d'après les documents consultés au Secrétariat de la Réforme Agraire (SRA)

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l'hacienda El Rodeo, 352 ha de "temporal" à l'hacienda El Zapote et enfin 1000 ha d'agostadero

provenant des propriétés de Las Cruces, Las Animas et El Rodeo. La surface de l'ejido est

donc de 2112 ha dont 1000 ha de parcours et 1112 ha de "temporal". Chaque ejidatario

reçoit 8 ha de temporal, et 4 ha de parcours. Une parcelle supplémentaire de 8 ha est attribuée

à la communauté pour construire récole. 448 ha sont attribués en "agostadero" commun pour

tous les ejidatarios. Les grands propriétaires ont vendu leur bétail après confiscation des leurs

terres. La carte de l'ejido au moment de sa fondation est représentée carte n08.

Les ejidatarios possèdent enfin leur propre parcelle et disposent de toute leur récolte.

D'après les documents consultés au département de la réforme agraire, une soixantaine

d'ejidatarios sont présents au moment de la dotation. Au début, ils continuent à louer les boeufs

pour les travaux du sol et les semis aux petits propriétaires qui avaient déjà capitalisé (la

location coûtait de 3 à 4 hectolitres (soit 210 à 280 kg) de maïs par boeuf pour toute la saison

des pluies). Le système de culture reste le même, sur les huit hectares de terres labourables,

quatre sont cultivés et les quatre autres sont laissés en jachère. Cependant, les agriculteurs qui

n'ont pas de bétail ni d'outils (ancien journaliers, coamileros...) continuent à cultiver les terres

noires argileuses (Cf carte n06) situées à l'ouest du terroir de Las Cruces car elles donnent les

meilleurs rendements en l'absence de fumier.

Les rendements sont de l'ordre de 20 "anegas" de maïs par "yunta" (4 quintaux/ha.).

Petit à petit les ejidatarios commencent à capitaliser (lorsqu'ils cultivaient les terres à "media",

la production était auto-consommée) et à acheter des animaux de trait, de bât (mûles et ânes)

et quelques vaches.

A l'arrivée des pluies, tous les ejidatarios se réunissaient pour emmener l'ensemble du

bétail dans le parcours commun séparé de la zone de culture par un mur de pierre (Cf

photographie nOS). Après la récolte de tous les champs de l'ejido, on ouvrait les champs à

l'ensemble du bétail qui restait en vaine pâture pendant la période de sécheresse. Cependant,

chaque ejidatario s'occupait de son propre troupeau. En l'absence de retenues collinaires pour

l'abreuvement, les agriculteurs menaient tous les jours leurs bêtes à la.retenue collinaire de

Cuacuala ou à l'Astillero où il y avait une retenue d'eau importante que le propriétaire

permettait d'utiliser. Les vaches étaient traites pendant la saison des pluies pour la

consommation de la famille et passaient la nuit enfermées ce qui permettait de récupérer le

fumier pour les champs. Les paysans possédaient en outre quelques porcs (un ou deux par

famille) pour l'auto-consommation ou la vente (ils sont nourris au maïs) et des volailles. Les

agriculteurs gardaient une partie de la récolte pour l'auto-consommation et les animaux et

vendaient le reste principalement à Guadalajara. Des intermédiaires ("acapadores") venaient au

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moment des récoltes. Le transport se faisait par mûles et il fallait quatre jours aller-retour pour

atteindre Guadalajara.

2. "Les petits propriétaires".

Un certain nombre de "petits propriétaires" ont continué à capitaliser. La location des

paires de boeufs aux ejidatarios a constitué un revenu supplémentaire pour ceux qui avaient

déjà des bovins. Ceux qui avaient des terres blanches et une surface suffisante pour diversifier

leurs productions ont cultivé du blé. Les rendements s'élevaient à 1-2 tJha (Margarita

Gonzales, résultat d'enquête).

Après la dotation ejidale, la propriétaire de l'hacienda de Las Cruces a vendu les terres

et le bétail qui lui restaient et le bâtiment de l'exploitation a été détruit par les habitants et

remplacé par un jardin public (ce qui révèle encore une fois le climat de terreur et de tension

entre les habitants et l'hacendado). Par contre les terres restantes des autres haciendas n'ont pas

été vendues et les hacendados sont resté des gros agriculteurs (le propriétaire deI Zapote a été

un des premiers de la région a acheter un tracteur, et les agriculteurs parlent encore du "riche

de l'Astillero"...).

Petites et grandes propriétés ont été démantelées par les héritages successifs (le nombre

d'enfants par famille est souvent de plus de cinq) et les grandes exploitations actuelles résultent

d'une capitalisation et d'une accumulation postérieure même si la base peut parfois être la

propriété.

Dans les années 1930-1950, les surfaces cultivées s'étendaient autour du village et au

sud, sur les anciennes terres de l'hacienda deI Zapote (Cf carte nOS). L'agostadero couvrait plus

de la moitié du terroir. La révolution verte et ses innovations techniques ainsi que la pression

démographique vont provoquer l'extension des surfaces cultivées par défrichements

successifs des zones de parcours.

E. Innovations techniques (1960-1980)

1. La charrue à versoir.

Dans les années 1960, l'araire est remplacée par la charrue en fer (Cf photographie

n06). Ce nouvel outil se généralise rapidement et permet un labour plus profond des terres

augmentant ainsi la réserve utile en eau des sols. Les agriculteurs continuent à effectuer deux

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passages croisés pour préparer les sols. La butteuse à ailes mobiles ("mariposa") apparaît

également à cette époque, elle est utilisée pour le sarclage-buttage du maïs (Cf photographies

nO?).

2. Les engrais.

D'après les témoignages recueillis, les premiers engrais sont arrivés au village dans les

années 1960. Une seule fertilisation au semis était appliquée: les agriculteurs mettaient ~e

cuillère de "guanomex" à chaque semence. Les engrais ont permis aux agriculteurs d'obtenir de

meilleurs rendements et ainsi de pouvoir acheter plus de bétail. De plus, l'utilisation des engrais

a permis, pour les agriculteurs qui n'avaient qu'une surface limitée, d'éliminer la jachère de la

rotation. Cette évolution paraît être plus tardive: elle s'intensifie avec la pression

démographique.

3. Les herbicides.

L'utilisation des herbicides se développe également à cette époque. Ils allègent les

travaux de sarclage effectués à la houe (charge de travail importante: deux semaines pour 4 ha)

et permettent de semer de plus grandes surfaces. Cependant, ils ne sont pas assez sélectifs pour

le haricot qui est alors éliminé: la culture de maïs pure apparaît à partir de cette époque.

Les paysans ne cultivent plus le haricot que sur 1 à 2 ha., toujours en association avec

le maïs, pour l'auto-consommation. Ils espacent également les pieds de haricot qui ne sont plus

aussi essentiels au maintien de la fertilité. De plus, la baisse du prix du haricot accentue cette

tendance.

4. "Les variétés améliorées (maïs hybride).

Les agriculteurs commencent à les utiliser dans les années 1970. De taille plus petite,

elles sont plus résistantes à la verse durant les tempêtes du mois d'août par rapport à la variété

locale de grande taille (elle peut atteindre 2 mètres). L'épi est également plus lourd. Cependant,

elles sont aussi moins résistantes à l'altitude et au manque d'eau: les rendements obtenus avec

ces variétés n'ont pas toujours été suffisants pour justifier leur utilisation (les agriculteurs

doivent racheter au prix fort des semences tous les ans). La grande majorité des agriculteurs

continuent en fait à utiliser le maïs local, plus rustique, et qu'ils peuvent réutiliser chaque année

(ils prélèvent les nouvelles semences sur la récolte précédente).

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5. Crédits, aides gouvernementales.

Dés l'arrivée des engrais, ces derniers étaient fournis aux agriculteurs au moment du

semis et ils devaient être remboursés au moment de la récolte. L'approvisionnement en intrants

était assuré par un organisme d'état, ce qui a facilité leur généralisation: en effet, tous ont

commencé à les utiliser à cette époque. De plus, l'accès au crédit devint plus facile pour les

paysans (crédit à la parole, sans demande de garanties pour les ejidatarios) et les taux d'intérêt

étaient peu élevés. Cela permettait aux agriculteurs d'avoir la trésorerie nécessaire pour l'achat

des intrants au moment du semis sans avoir à vendre des animaux ou à recourir à l'emprunt

usurarre.

6. L'ouverture de la route

En 1964, la route Las Cruces-54 a été ouverte. Elle a permis un accès plus facile aux

intrants mais aussi a augmenté la demande en produits agricoles. En effet, avant l'ouverture de

la route, le principal débouché pour les produits agricoles était Guadalajara (situé à 80 km).

L'accès à la nationale 54 a ouvert le marché de Zacatecas aux agriculteurs de Las Cruces.

L'état de Zacatecas est déficitaire en fourrage du fait de son climat plus sec alors que les

rendements obtenus à Zapopan et au sud de Las Cruces (marché traditionnel du village) sont

plus élevés qu'au village.

7. La "tomate de cascara" ou physalis.

Une nouvelle culture apparaît à Las Cruces: la physalis ou "tomate de cascara". Elle

donne de meilleurs rendements Gusqu'à 20 tonnes à l'hectare les meilleures années et entre 10

et 15 tonnes en moyenne) et a un prix qui peut être élevé Gusqu'à 3000 N$1 la tonne). Elle est

semée sur les terres rouges et s'insère dans la rotation Maïs-Haricot/Jachère qui devient Maïs­

HaricotfPhysalis/Jachère. Les agriculteurs mélangent les semences de physalis avec de la

poudrette et de l'engrais et jettent une poignée du mélange dans chaque poquet.

Cependant, l'extension de la culture a fait rapidement tendre les prix à la baisse. Us sont

en outre très variables (entre 0,2 et 3 N$ le kg) et baissent très rapidement en septembre, au

moment de la récolte (qui ne se conserve pas très longtemps). Certains agriculteurs font des

pépinières et plantent les tomates à l'arrivée des pluies. La récolte est alors plus précoce (en

septembre, un mois plus tôt) et les prix peuvent alors être plus intéressants.

1 N$: nouveau peso (monnaie mexicaine)

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8. La disparition de la culture de blé.

A partir des années 1960, les "cabafiuelas" se font de plus en plus rares et surtout le

prix du blé connaît une baisse importante. Ces deux facteurs contribuent à la disparition de la

culture de blé (qui ne concernait déjà que les terres blanches).

F. La migration aux Etats-Unis et l'augmentation démographique.

1. La migration aux Etats-Unis.

D'après Juan Luis Orozco (1991), la migration aux Etats-Unis trouve son origine après

la révolution Cristera, particulièrement forte dans la région de Los Altos. Cependant, elle ne se

généralise au municipio de Cuquio qu'après la seconde guerre mondiale (Jesus Arroyo

Alejandre et al., 1991).

A partir des années 1950, la migration aux Etats-Unis s'intensifie. On rencontre deux

formes de migration: des séjours de 6 à 8 mois de temps en temps, lorsque le besoin s'en fait

sentir et une migration permanente de jeunes qui s'installent définitivement dans le nord et y

font régulariser leur situation.

Elle devient rapidement traditionnelle: la grande majorité des agriculteurs rencontrés

ont déjà effectué plusieurs séjours dans le nord (ils sont maintenant remplacés par leurs fils), et

toutes les familles du village y ont un des leurs. Los Altos est en effet une des régions qui a

produit le plus grand nombre d'émigrants illégaux et il s'agit actuellement d'un phénomène

institutionnalisé, une tradition familiale (Juan Luis Orozco, 1991). Les jeunes partent rejoindre

leurs frères ou leurs oncles qui travaillent là-bas. En effet, c'est principalement à travers des

réseaux de relations inter-personnelles et familiales que les gens émigrent : une personne

trouve un emploi et invite d'autres compatriotes à travailler dans la même compagnie. Un

facteur important de maturation des systèmes migratoires a lieu lorsque ceux qui partent

commencent à s'établir aux Etats-Unis et emmènent leurs familles avec eux. Avec

l'établissement de quelques foyers mexicains, le flux d'émigrants se canalise vers des zones

plus précises encore. Cependant, l'émigration n'est pas accessible à tout le monde. Si la mise

en place du programme "Bracero" de 1942 à 19641 a rendu plus facile l'émigration pour

1 Entre 1942 et 1964, l'effort de guerre nord américain puis la période de forte croissance économique qui l'asuivi ont requis la mise en place du progranune IIbracero", qui prévoyait le recrutement de milliers detravailleurs mexicains pour une durée déterminée. L'émigration a donc pris durant cette période une formelégale (Eric Léonard, 1991)

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l'ensemble de la population, depuis cette date les plus pauvres ne peuvent pas émigrer parce

qu'ils n'ont pas de parents qui travaillent aux Etats-Unis pour les aider à réaliser le voyage,

payer le " coyote" (passeur) pour passer la frontière et les accueillir le temps qu'ils trouvent

du travail.

La migration constitue un moyen de capitalisation important. Plusieurs

propriétaires ont acquis leurs terres petit à petit après plusieurs séjours aux Etats-Unis. Cette

capitalisation peut être également sous forme de bétail ou de camionnette. Ainsi, l'avance dans

leur processus de capitalisation acquise par les "petits propriétaires" avant les années 1950

s'estompe rapidement avec la migration. On rencontre maintenant à Las Cruces autant

d'ejidatarios qui ont des tracteurs que de petits propriétaires. On comprend donc mieux

l'absence de différence actuelle entre ces deux types de producteurs ayant historiquement des

origines différentes.

De plus, la migration permet l'achat de moyens de production rapidement et occasionne

parfois le passage d'un système de production à un autre : certains agriculteurs qui ne

travaillaient que quelques "yuntas" avec des animaux ont pu acheter un tracteur et ainsi

modifier complètement leur système de production.

2. L'augmentation des surfaces cultivées et la réduction des terres deparcours.

En 1961, une demande d'augmentation des surfaces de l'ejido est déposée au

Secrétariat de la Réforme Agraire pour doter de nouveaux ejidatarios. D'après le recensement

effectué par le SRA, Las Cruces compte à l'époque 198 habitants (53 familles) dont 91

bénéficiaires. Cependant, la demande est refusée car "les terres de l'ejido ne sont rucomplètement, ni efficacement utilisées" (SRA, 06/1961).

Une deuxième demande déposée en 1979 est elle aussi refusée car "il n'existe pas de

terres disponibles". Ainsi, pour remédier au besoin de terres, des parcelles de parcours de

l'ejido vont être attribuées aux nouveaux sollicitants. Entre 1965 et 1990 ont lieu de

nombreuses dotations, les terres de parcours ("agostadero") sont ouvertes à la culture par les

bénéficiaires.

En 1965 et en 1974 une grande partie des terres du Jagüeycito ont été attribuées et

ouvertes à la culture.

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Une nouvelle dotation ejidale est effectuée en 1976: des parcelles de parcours sont

octroyées à de nouveaux ejidatarios ou en complément d'une première dotation incomplète

(lieu-dit la Coyotera). Cependant, les parcelles concédées ne sont plus que de 4,5 ha. li faut.noter que certains agriculteurs sans terre n'ont jamais reçu de parcelles. On constate que

certaines familles du village sont "coamileros" ou métayers de père en fils et malgré leurs

demandes, n'ont jamais obtenu de dotations. Ces familles étaient parfois absentes au moment

de la fondation de l'ejido, certains se sont fait voler leurs terres ou se les ont vu confisquer lors

de la mort prématuré du père. Sans véritable poids social dans le village (leurs maisons sont

souvent excentrées par rapport au coeur du village), ils ont peu de chances de bénéficier d'une

dotation qui se décide entre les ejidatarios. Par contre, ces distributions de terres ont parfois

bénéficié à des "petits propriétaires Il , ils ont en effet, plus de pouvoir dans le village (ils

emploient de la main d'oeuvre). On trouve donc maintenant de nombreux exploitants qui

sont à la fois propriétaires et ejidatarios, alors que les "sans terre Il le restent désespérément.

De plus, les terres de l'ejido, normalement inaliénables ont depuis le début été louées, vendues,

volées... et à l'heure actuelle, si dans les textes; la dotation devait être de huit hectares pour

chaque bénéficiaire, la réalité en est bien éloignée.

La réduction des parcours due à l'extension des surfaces ouvertes à la culture a pour

conséquence une baisse des ressources fourragères pour l'ensemble du cheptel bovin de la

communauté qui lui continue à croître. Les agriculteurs récoltent les feuilles et la partie

supérieure de la plante de maïs pour les distribuer au bétail en fin de saison sèche, et laissent le

reste de la canne sur le champ.

En l'absence de nouvelles terres de parcours disponibles, la pression démographique

contribue à parcelliser les terres cultivées. Dans l'ejido, on trouve de nombreux agriculteurs qui

n'ont plus que 4 ha de "temporal" où semer.

F. Les années 1980, le début de la crise.

1. Abandon des boeufs pour semer, reconversion de l'élevage.

A partir des années 1980, les boeufs sont abandonnés au profit des chevaux ou des ânes

pour les travaux des champs. En effet, les chevaux travaillent plus rapidement et permettent de

semer une plus grande surface Gusqu'à huit hectares contre quatre avec des boeufs). De plus,

les sols sont en général faciles à travailler et les boeufs ne sont donc pas indispensables. Enfin,

la réduction des surfaces d'agostadero explique aussi l'abandon des boeufs pour travailler: ils

nécessitent en effet plus de surface de parcours pour leur entretien que les chevaux ou les ânes

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dont on n'a moins besoin depuis l'ouverture de la route : ils ont été remplacés par les

camionnettes, les chevaux sont encore utilisés pour le transport de personnes (notamment pour

aller sur les champs et pour apporter leur repas aux agriculteurs qui travaillent aux champs).

La reconversion a été facile pour tous les agriculteurs qui possédaient déjà des boeufs

de labour: leur prix de vente est en effet équivalent à celui des chevaux ou des ânes, en outre,

beaucoup en possédaient déjà pour le transport.

L'abandon des boeufs de traction amène une reconversion de l'élevage vers la viande.

C'est à partir de cette époque que sont arrivés les premiers taureaux: de race zébus dont la

confonnation viande est plus marquée que celles des créoles.

2. La mécanisation

2.1. Les tracteurs.

Les premiers tracteurs sont apparus à Las Cruces dans les années 1960. Les petits

propriétaires sont les premiers à avoir pu acheter des tracteurs (le père du plus gros agriculteur

de Las Cruces a acheté le premier tracteur dans les années 1965). Des groupes d'ejidatarios (un

de 12 membres, maintenant dissous, et un de 6 qui fonctionne encore) se sont également

formés pour acheter des tracteurs. Ils constituent un moyen supplémentaire de capitalisation:

en effet, la surface moyenne que l'on peut semer avec une lIyuntall 1 de boeufs est de 4 ha alors

que la surface semée avec tracteur peut atteindre 75 ha (on considère qu'un tracteur pennet de

semer 5 ha par jour). De plus, la location du tracteur à d'autres agriculteurs pour le travail du

sol et les semis est une source supplémentaire de revenus.

Les tracteurs ont contribué à étendre les surfaces cultivées par un double processus:

augmentation de ces surfaces par les propriétaires des tracteurs mais également par les paysans

qui louent les machines.

2.2. Les camionnettes et les camions.

Ils constituent un lImoyen de production" non négligeable pour le transport des produits

agricoles et éventuellement leur commercialisation. Les camionnettes servent surtout à ramener

les fourrages jusqu'à la fenne mais les camions permettent de vendre les produits directement à

1 Le terme "yunta" désigne à la fois une parcelle de 4 ha. et l'attelage de boeufs

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Guadalajara ou dans l'état de Zacatecas à des prix plus élevés que dans le village (cas des

fourrages et du bétail notamment).

3. La baisse des ressources fourragères (à partir des années 1980).

3.1. Apparition de la canne de maïs broyée ("pastura molida").

Les engrais, les tracteurs, la pression démographique et l'ouverture de la route ont

provoqué l'extension des terres cultivées mais aussi une plus forte capitalisation en bétail des

agriculteurs du fait de l'augmentation des rendements et de la demande (route). En

conséquence, le parcours s'est trouvé réduit aux zones les plus difficiles à cultiver.

Pour remédier à la baisse des ressources fourragères pour le bétail et grâce à la

mécanisation, les agriculteurs vont récolter les tiges de maïs et les broyer. Le broyage permet

de mieux valoriser la canne (beaucoup moins de refus que lorsque les agriculteurs distribuaient

la tige entière) et constitue le principal fourrage pendant la saison sèche. Les concentrés vont

aussi faire leur apparition pour complémenter les rations pour la production laitière et

l'engraissement des veaux pour la vente mais aussi pour l'engraissement des porcs, beaucoup

plus rapide avec des concentrés (4 mois contre 6 avec du maïs).

Dans ce contexte de baisse des ressources fourragères, les variétés hybrides de maïs,

plus petites et moins fourragères que la variété créole, sont donc moins intéressantes pour la

production de fourrage.

De plus, des entreprises de concentrés installées à Yahualica constituent un marché

pour tout "type de fourrage. La canne broyée trouve donc un débouché important à des prix

plus intéressants (cette année, son prix au village était de 230 N$/t et le prix de vente à

Yahualica de 380 N$/t., le prix du maïs grain était en 1994, de 650 N$/t). Cependant, seuls les

agriculteurs disposant de camions peuvent profiter de ce marché, les autres (la majorité)

vendent sur place.

3.2. Mouvement de clôture des champs.

Lorsque les champs étaient ouverts, les tiges de maïs profitaient à l'ensemble du bétail

de Las Cruces. Ceux qui n'avaient que quelques vaches s'estimaient donc spoliés par rapport

aux grands éleveurs. Ce sont donc les petits éleveurs qui ont commencé à encercler leurs

champs de barbelés de manière à réserver leurs cannes de maïs à leur seul bétail et

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éventuellement les vendre aux grands éleveurs. Ce mouvement s'est rapidement étendu, depuis

une quinzaine dlannées, à partir des premiers champs enclos malgré le prix élevé du fil de fer

barbelé (Cfphotographie n08).

De plus, cela a permis une plus grande autonomie de gestion de chaque parcelle. En

effet, lorsque les champs étaient encore ouverts, les ejidatarios devaient attendre que le bétail

soit enfermé dans le parcours commun pour pouvoir semer.

4. Infrastructures et programme gouvernemental.

A la même époque, les agriculteurs ont construit des retenues collinaires pour abreuver

le bétail pendant la saison sèche. Dans l'ejido, des retenues communes ont été creusées: chaque

ejidatario payait une contribution proportionnelle à son bétail.

En 1982, un programme gouvernemental pour le desempierrage et le sous-solage des

terres de l'ejido a amélioré la qualité des terres (le sous-solage des terres rouges a augmenté la

réserve utile en eau de ces sols) et a permis le passage du tracteur dans de nombreux champs

auparavant trop pierreux pour l'autoriser.

5. Disparition de l'élevage de porcs.

Depuis un dizaine d'années, avec l'augmentation du prix des concentrés et la baisse du

prix du porc, son élevage a énormément diminué: des agriculteurs qui avaient jusqu'à douze

truies n'en ont plus une seule maintenant. Les porcs, élevés à la fois pour l'auto-consommation

et la vente, constituaient également une source de fumier importante pour les champs. On ne

trouve actuellement que de petits élevages de une à deux truies.

6. De nouvelles terres sont ouvertes à la culture.

En 1990, 50 ha de parcours et de forêts sont ouverts à la culture (lieu-dit El

Jagüeycito), principalement pour compléter des dotations de moins de 8 ha. Cette dernière

dotation a donné lieu à un conflit social entre les habitants de Las Cruces, principaux

bénéficiaires de la dotation, et ceux du Jagüeycito qui non seulement n'ont pas reçu de

parcelles, mais qui ont vu leur surface de parcours pour le bétail réduite (sur 28 parcell~s

concédées, seules 4 selon le SRA, 2 selon les habitants le sont à des habitants du Jagüeycito).

La dotation est de 2,5 ha par bénéficiaire. Actuellement, les ejidatarios parlent de répartir les

terres de parcours du Chac6n soit pour doter des paysans sans terres, soit pour compléter la

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surface d'actuels ejidatarios. Ces terres seraient les derniers espaces de llejido disponibles pour

les cultures.

7. Apparition des prairies semées ("pastizales inducidos").

Depuis trois à cinq ans, certains agriculteurs sèment des pâturages (Rodex, graminée

fourragère) pour le bétail. En effet, les terres de parcours commun sont surpâturées : la

majorité des ejidatarios y mettent leur bétail durant toute la saison des pluies.

Certains agriculteurs qui n'ont pas de surfaces en parcours et un ,cheptel important

louent des parcelles de parcours durant la saison des pluies ou des champs pendant la saison

sèche pour pouvoir faire pâturer leur bétail.

8. La fin des crédits.

Depuis 5 ans en moyenne, les banques ne donnent pratiquement plus de crédits aux

agriculteurs de Las Cruces. En effet, elles exigent des rendements élevés des cultures pour

accorder des crédits (6t/ha de maïs en 1995) ainsi que des garanties. De plus, beaucoup

d'agriculteurs ne remboursaient pas à temps (ou pas du tout) leurs crédits, ils se sont ainsi vu

supprimer le crédit à la parole. Enfin, les banques préfèrent donner des crédits importants, à

partir de 30000 pesos, sommes trop élevées pour les petits agriculteurs. L'argent des Etats­

Unis, la vente de veaux et parfois de vaches en juin ou encore l'emprunt usuraire (à des taux

atteignant 8% par mois - en 1995, on prévoit plus de 50% d'inflation) permettent aux

agriculteurs qui nlont pas accès au système bancaire, de disposer de la trésorerie nécessaire à

l'achat des engrais. Ces dernières années, seuls une trentaine d'ejidatarios bénéficiaient de

crédits. Quoiqu'il en soit, les rares prêts bancaires accordés le sont à des taux particulièrement

élevés, dignes d'usuriers.

Néanmoins, depuis 4 ans, un groupe de 26 agriculteurs a été créé et obtient des crédits

par le biais de l'OCU de Cuquio (Organisacion Campesina Independante deI estado de Jalisco ­

Organisation Paysanne Indépendante de l'état du Jalisco, proche du parti d'opposition, le PRD

-Parti Révolutionnaire Démocratique-. Si l'Etat de Jalisco vient de passer au PAN en avril,

seuls 6 villages sont aux mains du PRD dont Cuquio - municipio dont dépend Las Cruces.

Cette association, créée il y a huit ans, sloccupe, outre la distribution d'intrants et la

commercialisation des produits agricoles, de la gestion de crédits pour des groupes

d'agriculteurs. Ils ont en effet des accords avec la BANRURAL et la Union de Crédito

Amacueciense. Les groupes d'agriculteurs rassemblent leurs garanties (à Las Cruces, les

agriculteurs avaient mis leurs camionnettes en gage puis le terrain d'un des membres) pour

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l'obtention du crédit et le répartissent entre eux. Lorsque le crédit n'est pas versé à temps pour

l'achat des engrais, l'GCU les fournit et retranche leur montant à celui du crédit. Cette année,

ces agriculteurs étaient parmi les rares à bénéficier de crédit. Cependant, cette initiative ne peut

concerner qu'un groupe restreint d'agriculteurs: ils sont en effet tous responsables pour le

remboursement de la part de chacun afin de pouvoir continuer à bénéficier de crédits. De

même, si l'GCU de Cuquio fonctionne bien parce qu'elle n'a que relativement peu de membres,

celle d'Ixhlahuacan éprouve de plus en plus de difficultés à gérer de trop nombreux groupes

d'agriculteurs. Cette année, avec la dévaluation, ils évaluent le taux d'intérêt annuel à 35%

contre 17% l'année dernière: le remboursement risque de poser quelques problèmes...

Cette année, un autre groupe de 12 agriculteurs s'est également formé afin d'obtenir un

crédit auprès de la BANRURAL. Ils avaient mis en gage la plantation de citrons vert d'un des

agriculteurs. Cependant, la demande a été déposée trop tard pour l'obtention du crédit.

Conclusion de l'étude historique du village.

L'étude historique retrace les grandes phases de mise en valeur du milieu à Las Cruces,

impulsées par la pression démographique, les dotations ejidales successives et la mécanisation.

Au cours des vingt dernières années, de nouveaux problèmes se posent à ces éleveurs

traditionnellement extensifs: la baisse des surfaces fourragères qui a entraîné la clôtures des

champs et le broyage des résidus de cultures du maïs. La pression démographique reste une

question préoccupante alors que quasiment toutes les terres cultivables ont été distribuées: on

rencontre des fils d'ejidatarios qui ne cultivent plus que 4 ha (la terre du père ayant été partagée

entre deux frères). On constate d'ailleurs que l'héritage n'est souvent plus égalitaire: les fils qui

sont partis aux EU achètent leurs terres grâce à cet argent et les terres du père sont données à

un seul dés fils (le plus jeune ou celui qui est resté sur place).

Les processus de capitalisation ont également été mis en valeur: en 1937, certains

II petits ll propriétaires avaient déjà commencé à capitaliser... et il n'est pas étonnant de retrouver

le plus gros agriculteur de Las Cruces actuellement, fils du plus important en 1937 mais dont la

propriété n'a pas été démantelée par la réforme agraire, car sous le seuil de 200 ha. Cependant,

la migration aux ~U constitue un élément clé pour comprendre la situation de nombreux

paysans à l'heure actuelle. On peut noter que ce processus de capitalisation par ITÙgration a

permis le passage rapide d'un moyen de production à l'autre modifiant ainsi complètement les

systèmes de production (certains agriculteurs ne travaillaient que 8 ha avec leur attelage et

passent directement en culture mécanisée à plus de 30 ha...) à l'aide de revenus extérieurs à

l'agriculture locale.

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La migration aux Etats Dnis s'intensifie depuis 5 ans. "n n'y a pas une fanùlle à Las

Cruces qui niait pas un fils ou un mari aux Etats-Dnis". Si il y quelques années, les migrants

revenaient pour acheter des terres et s'installer, la migration apparaît aujourd'hui plus

définitive... De plus, l'argent des Etats-Unis sert de plus en plus à soutenir l'agriculture de Las

Cruces : il ne sert plus à capitaliser mais à acheter les intrants nécessaires à la campagne de

cultures.

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v. L'AGRICULTURE ACTUELLE.

Tout au long de l'étude historique, nous avons mis en évidence l'évolution de la mise en

valeur du milieu ainsi que les différents processus d'accumulation du capital et les mécanismes

de différenciation des systèmes de productions depuis le début du siècle. Nous avons vu en

effet comment la situation au moment de la fondation de l'ejido en 1937 a été modifiée par

l'émigration aux Etats-Unis même si l'avance de capitalisation de quelques "petits

propriétaires Il s'est perpétuée. De plus, si certaines familles ont pu bénéficier des dotations

successives de l'ejido, d'autres en ont été écartées et n'ont jamais pu avoir accès à la terre.

L'objet de ce chapitre est d'analyser de manière plus fine les pratiques agricoles et les différents

systèmes de productions actuels de Las Cruces issus de cette évolution différenciée de

capitalisation (en animaux, moyens de production...).

La plupart des systèmes de production combinent agriculture et élevage. Les

cultures pratiquées à Las Cruces sont le maïs, associé en partie avec le haricot, et la physalis.

La grande majorité des agriculteurs sème ces trois cultures et a du bétail pour la production

de viande. Ainsi, les systèmes de production s'expliquent plus par les moyens de production

que possèdent chaque agriculteurs que par les cultures et le type d'élevage pratiquées.

De plus, étant donné le déficit fourrager et le manque de surfaces de parcours pour le

bétail, la surface disponible en parcours et la taille du troupeau influencent aussi bien que le

niveau d'équipement les systèmes de production. Enfin, le bétail constitue un capital sur pied

facilement mobilisable pour les besoins d'argent des exploitants. Il détermine en partie les

disponibili.tés en liquidités pour assurer la trésorerie de chaque exploitant. L'accès au crédits et

surtout l'argent des EU interviennent également.

Après analyse des enquêtes, il est apparu que la surface de l'exploitation ne permet

d'expliquer que dans une faible mesure les logiques de fonctionnement des systèmes de

production. On trouve en effet des exploitants qui cultivent la même surface mais qui utilisent

des moyens de production très différents (attelage équins / location de tracteur / tracteur en

propriété). Enfin, la qualité des terres ne semble pas déterminante pour classer de façon

radicale les systèmes de production: les terres blanches (les plus rares) peuvent se rencontrer

dans tous les types d'exploitation par contre, elle permet de comprendre le choix des systèmes

de culture (exemple: physalis sur terres rouges).

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La typologie que nous avons effectuée résulte donc du croisement entre mveau

d'équipement et type d'élevage pratiqué.

Nous présenterons dans un premier temps les différentes combinaisons de moyens de

production et les types d'élevage rencontrés à Las Cruces puis nous étudierons de manière

géI)érale les relations entre pratiques agricoles et milieu, les pratiques d'élevage avant de

présenter la typologie et la caractérisation des systèmes de production de Las Cruces.

A. Les moyens de production et les systèmes d'élevage.

1. Moyens de production.

Les moyens de production des agriculteurs de Las Cruces vont de la houe au tracteur

muni de tous les équipements nécessaires à la culture. Les camionnettes et les camions sont

également à prendre en compte car ils pennettent de vendre les produits agricoles plus loin et

plus cher que dans le village.

Nous avons défini cinq groupes d'agriculteurs selon les moyens de productions dont ils

disposent:

- groupe 1: agriculteurs mécanisés: tracteur, pulvérisateur traîné (<<rastra»), charrue à disques

(<<arados»), semeuse, moulin qui pennet de broyer en sec les tiges de maïs ou le maïs plante

entière.

- groupe 2: agriculteurs qui louent des tracteurs pour l'ensemble des travaux culturaux: travail

du sol, semis, culture.

- groupe 3: agriculteurs qui louent des traèteurs occasionnellement pour le travail du sol mais

qui effectuent le reste des travaux avec la traction animale. Ds possèdent un attelage de

chevaux ou de mûtes, charrue à versoir et buttoir à ailes mobiles ("mariposa ll), sarcleuse

("cultivadorall), pulvérisateur portable (Ilbomba de mochila"), houes.

- groupe 4: Ces agriculteurs possèdent une charrue à versoir, un buttoir à ailes mobiles, houe

et asperseur portable mais n'ont pas d'animaux de trait.

- groupe 5: Agriculteurs travaillant leurs champs sans tracteur ni animaux. Houe, bâton

fouisseur et pulvérisateur portable: "coamileros".

Les agriculteurs, exceptés les cdàinileros, louent un moulin pour broyer les tiges de

maïs ou la plante entière.

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' ..

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Nombre de vaches selon la surface en parcours de rexploitalion

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30 llIIIII

25:3

BI IIIoC 20 lIl1ueu>41'tl 15eoCc

III Il10 III

lIlI III

5 I!!l lIlI IlIII

III Il liII BI0

0 10 20 30 40 50 60 70 80 90"1. surface en parcours 10/il'C.. (11 (>b.

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Cette première classification des systèmes de production doit être croisée avec le type

d'élevage de chaque exploitation.

2. Systèmes d'élevage.

Nous en avons distingué deux selon le nombre de vaches et les surfaces de parcours

disponibles par l'exploitation. En effet, sur le graphique n06, nous pouvons observer la

corrélation existant entre le pourcentage de surface de parcours et le nombre de vaches

présentes sur l'exploitation.

- les petits éleveurs: leur nombre de vaches est limitée (de 1 à 10 vaches) par la surface de

parcours disponible:

- soit ils n'ont pas de surface de parcours privée, ils utilisent le parcours

ejidal commun ou laissent leurs animaux libres dans le village pendant la saison des pluies. La

surface de parcours est comptée comme nulle sur le graphique 6, il est en effet difficile

d'estimer la surface de parcours utilisée par les animaux dans le parcours commun.

- soit ils ont une petite surface de parcours en propriété ou en location

(de 3 à 8 ha).

- les grands éleveurs: ils possèdent de 10 à 30 vaches et ont accès à une surface de parcours

importante en propriété (de 17 à 40 ha) ou en location durant la saison des pluies.

On trouve dans chaque groupe défini par les moyens de production différents types

d'élevage. La typologie présentée est basée sur les moyens de production, nous différencions

ensuite à l'intérieur de chaque groupe les systèmes de production selon le type d'élevage.

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B. Itinéraires techniques en relation avec le milieu. (Cf figure n07)

Dans ce chapitre, nous étudierons itinéraires techniques et les pratiques des agriculteurs

selon les moyens de production auxquels ils ont accès.

1. Itinéraire technique du maïs et du haricot en culture attelée.

1.1. La culture de maïs pure.

1.1.1. Opérations culturales.

Les agriculteurs des groupes 3 et 4 sèment tous du maïs blanc créole. Ils le cultivent sur

tous les types de sols. Les agriculteurs gardent les semences de la récolte précédente: ils

sélectionnent les meilleurs épis et les meilleurs grains (ils éliminent ceux de l'extrémité de l'épi).

Par contre, ils n'utilisent jamais les grains de la récolte d'une parcelle sur la même l'année

suivante pour éviter les phénomènes de résistance des parasites. ils font donc tourner les

semences d'une parcelle à l'autre chaque année.

Les travaux du sol permettent d'enfouir les restes des cannes de maïs, les plants de

physalis ou les mauvaises herbes des terres laissées en jachère. Certains agriculteurs brûlent la

jachère ou les résidus de cultures avant de labourer la terre.

Pour la culture du maïs, les labours doivent être effectués avant l'arrivée des pluies de

façon à pouvoir semer le plus rapidement possible en juin pour profiter de toute la saison

humide.

Les agriculteurs qui ne possèdent pas de bovins effectuent les travaux du sol dès le

mois de mars "de façon à exposer les larves et les oeufs d'insectes au soleil pour les détruire".

Les autres ont repoussé la date de travail du sol jusqu'aux mois de mars-avril afin de bénéficier

le plus longtemps possible des résidus de cultures pour le bétail en saison sèche. Cependant,

d'après ces agriculteurs, le travail du sol, effectué plus tard, n'a que peu d'incidence sur la

population de ravageurs des cultures.

La préparation du sol consiste en un passage croisé à la charrue. TI faut de quatre à cinq

jourspour labourer un hectare (Cf photographie nOlO)

Les pluies sont le principal facteur limitant de l'agriculture à Las Cruces. Afin de limiter

les risques que le maïs n'arrive pas à maturité avant l'arrêt des pluies, les agriculteurs doivent

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semer le maïs dans les quinze premiers jours après l'installation des pluies. En culture attelée,

ils utilisent la charrue et non la "mariposa": la graine de maïs est peu profondément enfouie et

la plantule apparaît alors rapidement. Trois personnes participent au semis: le premier ouvre le

sillon, les deux suivants déposent les graines de maïs et l'engrais (Fonnula 18-46-00). La

quantité de semences est de 30 kg par hectare. Un deuxième passage légèrement décalé à la

charrue pennet d'enfouir les semences. Il faut environ deux jours à trois personnes pour semer

un hectare. Ils ne peuvent donc semer en quinze jours que huit hectares en maïs au maximum.

Sur les terres blanches ("de humedad"), quand la pluviométrie a été suffisante au cours

de la saison précédente (c'est-à-dire quand il y a eu des pluies jusqu'à la récolte), les semis se

font à la mi-mai. Ces terres doivent être travaillées après les dernières pluies, fin décembre,

pour briser la croûte superficielle qui provoque une perte d'eau par capillarité. Lorsqu'elles sont

semées "de humedad", ce sont les terres qui donnent les meilleures rendements (de 5 à 6 t/ha

contre 3 tJha sur les terres semées de "temporal"): le maïs profite de toute la saison des pluies

et les risques de perte suite à un arrêt précoce des pluies sont limités. En effet, le sol contient

assez d'humidité pour pennettre la germination du maïs et le début de sa croissance, les

premières pluies arrivent alors que la plante fait déjà 30-40 cm, au moment le plus opportun

pour la croissance du maïs (Cf photographies n011 et 12).

Il est fréquent qu'une période de sécheresse ait lieu au mois d'août, en pleine floraison

du maïs, les rendements baissent alors considérablement sur les terres qui ne sont pas "de

humedad" alors que sur ces dernières, le maïs commence à fleurir fin juillet. La sécheresse n'a

pratiquement plus d'effet sur la composante essentielle du rendement.

Malgré les rendements élevés qu'ils peuvent obtenir grâce au semis "de humedad" sur

les terres blanches, certains agriculteurs ne le font plus. En effet, la date d'arrivée des pluies est

incertaine 'et ils prennent le risque de voir les plantules brûler si la saison humide est trop

tardive. Ils pourraient néanmoins resemer les parcelles "de temporal": cependant ils perdent les

30 kg de maïs du premier semis et doivent refertiliser. De plus, les terres blanches semées en

mai doivent être travaillées en décembre: elles ne sont donc plus utilisables pour faire pâturer le

bétail. Ainsi, selon la surface en terre blanche interdite à la pâture des animaux pendant la

saison des pluies, ils peuvent maintenir plus ou moins de bétail durant les premiers mois de la

saison sèche. Ce manque à gagner supplémentaire explique également que certains agriculteurs

ne sèment plus leurs terres Il de humedad".

Trois jours après le semis, ils traitent les maUVaises herbes avec des herbicides

(atrazines: herbicides spécifiques des dycotilédones).

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Les agriculteurs effectuent deux sarclage-buttages sur le maïs à l'aide du buttoir à ailes

mobiles qui permettent de contrôler les graminées qui nlont pas été brûlées par les herbicides

mais aussi de butter le maïs et d'éviter que l'eau ne s'accumule directement au pied de la plante.

Le premier est effectué 22 jours à un mois après le semis. Le deuxième sarclage-buttage

effectué en août lorsque le maïs est déjà haut, permet en outre de lutter contre la verse du

maïs, phénomène qui se produit au cours des pluies torrentielles accompagnées de vents

violents très fréquents à cette époque. En même temps a lieu la deuxième fertilisation (urée).

Elle est réalisée manuellement.

Enfin, en septembre, ils fauchent les herbes entre les pieds de maïs à l'aide d'une

faucille (<<casanga»). Le maïs est déjà mûr fin septembre mais pas encore sec. Les paysans

récoltent une partie des épis frais ("olotes ll) pour l'auto-consommation.

La récolte se fait en octobre-novembre. Les paysans coupent les épis à l'aide d'une

petite faucille. Ils coupent également la tige à la base et la laisse sécher sur les champs ,avant

de la broyer (en décembre-janvier). Certains broient le maïs plante entière.

1.1.2. Maintien de la fertilité.

Le maintien de la fertilité des sols est surtout assuré grâce à des engrais chimiques.

Néanmoins, certains agriculteurs du groupe 3 épandent encore de la poudrette de corral sur

leur champs avant la préparation du lit de semences. Il faut noter qu'ils se font de plus en plus

rares.

La jachère est encore pratiquée par les agriculteurs qui ont suffisamment de terres; elle

permet en outre de couper le cycle des ravageurs du maïs. Ils laissent reposer la terre environ

un an tous les 5 à 6 ans toujours après une culture de maïs car II cette culture favorise beaucoup

les parasites et il faut couper leur cycle ll.

1.2. La culture associée maïs-haricot.

En culture associée, les paysans ne peuvent pas utiliser les atrazines pour lutter contre

les adventices. Ces herbicides ne sont en effet que peu sélectifs et IIsèchent" le haricot. La lutte

contre les adventices se fait principalement par sarclage manuel à la houe avant le buttage à la

mariposa. Il faut une serriaine pour sarcler un hectare. Les agriculteurs qui travaillent seuls

utilisent parfois des herbicides qui ne brûlent pas le haricot ("lazo").

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La verse du maïs est facilitée lorsque les plants de haricots trop rapprochés s'enroulent

autour de plusieurs pieds de maïs. C'est une des raisons pour laquelle les agriculteurs sèment le

haricot à 5 ou 6 pieds de maïs d'intervalle contre 2 ou 3 il Y a encore quelques années. Un

deuxième facteur est lié à l'apparition des engrais chimiques: le haricot n'est plus essentiel au

maintien de la fertilité des sols et peut donc être semé en moindre quantité.

Les paysans utilisent des insecticides sur le haricot ("fulidol"). La récolte est manuelle

et a lieu en septembre-octobre.

2. Itinéraire technique du maïs en culture mécanisée.

La préparation du sol (également en avril-mai) dépend de sa nature. Sur les terres

rouges argileuses, les agriculteurs qui les travaillent avec un tracteur (en propriété ou loué)

font en général un passage à la charrue à disques ("arado") et un passage au pulvérisateur à

disques ("rastra"). Le labour à la charrue permet d'augmenter la profondeur de sols disponibles

pour les racines des plantes et de favoriser l'infiltration de l'eau et donc sa disponibilité pour les

cultures (Cf photographie n°13). Ainsi, malgré le coût élevé du labour à la charrue, les

agriculteurs le font un an sur 3 en moyenne, même parfois ceux qui travaillent généraleplent

avec des animaux, lorsque le sol a été tassé par le piétinement du bétail. Certains agriculteurs

du groupe 1 (tracteur en propriété) font même un sous-solage de ces terres afin d'augmenter

leur réserve utile et d'éviter le ruissellement.

Sur les terres sableuses (blanches ou rouges), un passage au pulvérisateur suffit pour la

préparation du sol.

De même qu'en culture attelée, les agriculteurs mécanisés nlont qu'une période de 15

jours pour semer le maïs. Cependant, grâce au tracteur, ils peuvent semer jusqu'à 5 ha par jour,

soit plus de 70 ha de maïs. Ceux qui possèdent des terres blanches les sèment également "de

humedad". Ici non plus, ce n'est pas général, pour les mêmes raisons évoquées précédemment

(risques d'une saison des pluies tardives, problème fourrager pour le bétail).

Ils utilisent également les atrazines pour lutter contre les adventices. Par contre, on

assiste à une simplification des opérations culturales: ils ne font en général qu'un seul sarclage­

buttage lorsque le maïs atteint environ 80 cm. En effet, ils considèrent que le semis au tracteur

forme suffisamment bien les buttes pour ne pas avoir à faire le premier buttage, (le contrôle des

adventices est donc moindre), le deuxième sarclage-buttage est fait avant que le maïs ne soit

trop haut pour pouvoir passer avec le tracteur. Cependant, sur les terres blanches, ils sont

parfois obligés de le faire avec un attelage car le tracteur ne peut souvent pas y entrer, le sol

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étant trop humide. La deuxième fertilisation, réalisée à la floraison du maïs, est toujours

manuelle ainsi que la fauche des adventices en septembre.

La plupart de ces agriculteurs louent une moissonneuse-batteuse pour récolter une

partie de leur surface en maïs. Ils continuent à récolter les tiges sur le reste de leurs terres pour

broyer du fourrage (tiges ou maïs plante entière).

De même qu'en culture attelée, ils n'utilisent pas d'herbicides lorsque le haricot est semé

en association. Les opérations culturales restent les mêmes qu'en culture pure de maïs

3. La culture de physalis.

La physalis n'est cultivée que sur les sols rouges argileux. Elle vient s'intercaler entre le

maïs à une fréquence qui dépend de la surface emblavée en physalis par rapport à la surface en

terres rouges de l'exploitation. Les agriculteurs préparent la terre après avoir semé le maïs,

début juillet. Cela permet d'enfouir les premières adventices apparues avec la pluie.

Peu de différences existent entre les' itinéraires techniques des différentes catégories

d'agriculteurs en ce qui concerne cette culture. La préparation du sol et du lit de semences se

font soit à la culture attelée, soit au tracteur selon les moyens de production auxquels ont accès

les exploitants. Ensuite toutes les opérations culturales sont réalisées manuellement et à la

traction attelée.

3;1. Deux facons de mettre en place la culture de physalis.

La physalis peut être soit sem~e directement, soit repiquée.

Pour planter les physalis, les agriculteurs font des pépinières à proximité de points d'eau

à partir de fin mai. Ils construisent des planches entourées de rigoles afin de pouvoir irriguer la

culture et y font brûler des bouses de vaches séchées (afin de détruire les semences

d'adventices qu'elles contiennent) et répartissent les cendres. Après avoir semé la physalis, ils

recouvrent la plantation de sacs ou de chaumes de maïs broyées pour la protég'er du soleil (Cf

photographie n014). Ils irriguent tous les jours au début puis tous les deux trois jours lorsque

les plantules sont sorties. En général, ils font différentes pépinières à plusieurs jours d'intervalle

afin d'avoir des plantules prêtes au moment de l'installation des pluies.

Elles sont alors repiquées sur les parcelles. Cette opération nécessite une main d'oeuvre

importante: il faut une quinzaine de personnes pour repiquer un hectare en une journée.

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Pour le semis direct, les agriculteurs mélangent de la poudrette de corral avec les

semences et l'engrais. Ils jettent une poignée du mélange dans le sillon tous les 30-40 cm. Au

stade trois feuilles, la physalis doit être sarclée et démariée. Ils ne laissent que trois plantules

par poquet. Cette opération nécessite également quinze personnes par jour pour un hectare.

3.2. Des itinéraires techniques similaires.

Un premier sarclage manuel est réalisé fin juillet. Nous avons vu qu'il était accompagné

d'un démariage pour la physalis semée directement. Il est suivi d'un passage à la sarcleuse.

Une fertilisation à l'urée est effectuée fin août ainsi qu'un nouveau sarclage à la houe

puis à la sarcleuse. Lorsque la physalis commence à fleurir, les exploitants lui appliquent des

engrais spécifiques pour la production de fruits ("vitaminas" ou "floral").

Les agriculteurs font plusieurs traitements phyto-sanitaires sur la physalis selon l'état

des plantes. Cette culture n'est jamais semée plus d'une année sur la même parcelle à cause des

ravageurs.

3.3. Une récolte plus ou moins précoce selon la mise en place de la

culture.

Les physalis repiquées sont récoltées dès le mois de septembre alors que celles semées

directement ne sont mûres qu'en octobre.

Si le prix est intéressant les agriculteurs emploient des journaliers pour récolter les

fruits et louent un camion pour vendre la récolte directement à Guadalajara, sinon, ils coupent

la plante entière, et les disposent sur des claies au sec afin de conserver les physalis en

attendant que le prix remonte (ils peuvent les garder ainsi environ deux mois), ils les vendent

alors en général à des intermédiaires directement au village (pour ne pas payer le prix du

transport et alourdir leur charges).

4. Lutte contre l'érosion des sols.:>

Les pluies sont souvent de type torrentiel. Sur les parcelles en pentes, les sillons sont

perpendiculaires à la pente de manière à éviter l'érosion hydrique des sols. En effet, les sols

rouges argileux ont une porosité qui se ferme lorsqu'ils sont tassés favorisant' ainsi le

ruissellement de l'eau et l'érosion. Parfois les agriculteurs creusent des fossés (<<zanjas») autour

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de leurs parcelles pour favoriser l'écoulement de l'eau et éviter les glissements de terrains. Par

contre dans certains fossés très érodés ils construisent des murets en pierre pour lutter contre

l'érosion régressive (Cf photographie nO 15).

c. Les conduites d'élevage.

1. Pratiques générales.

De nombreux agriculteurs combinent un élevage bovin-viande à leurs cultures.

Cependant, on rencontre peu de différences en ce qui concerne le devenir des résidus de

culture du maïs en fonction du type dlélevage rencontré. En effet, on trouve des petits éleveurs

qui broient le maïs plante entière alors que des gros éleveurs n'utilisent que de la tige broyée

C'rastrojo macho").

Pendant la saison des pluies, les animaux sont parqués dans les zones de parcours

(privées ou ejidales) ou dans les champs laissés en jachère (Cf photographie nOI6). Les vaches

traites sont parquées la nuit près de la maison, traites le matin seulement et remise au ,parc

durant la journée ou bien sont traites directement dans le champ (cela dépend de l'éloignement

des parcs par rapport à la ferme). Elles ne reçoivent pas de compléments concentrés.

Pendant les premiers mois de la saison sèche, les animaux sont laissés sur les parcelles

de maïs après la récolte pendant deux à trois mois (de janvier à mars-avril), ils pâturent les

tiges de maïs et les adventices. Ils s'abreuvent aux retenues collinaires privées ou ejidales (Cf

photographie nO 17), certains agriculteurs vont tous les jours sur la parcelle pour apporter de

l'eau lorsqu'il n'y a pas de point d'eau sur leur parcelle (propriétaires de pick up).

A la fin de la saison sèche, en mai-juin, les animaux sont parqués autour des maisons et

alimentés avec le fourrage stocké de l'exploitation (chaumes broyées mélangées à du maïs

broyé ou des concentrés ou maïs broyé plante entière). La date de rentrée des animaux sur

l'exploitation dépend de la quantité de résidus laissés sur les champs et de la disponibilité en

eau des retenues collinaires. Elle varie entre avril et juin selon les années. Durant la saison

sèche, les vaches traites sont souvent complémentées avec des concentrés. Le calendrier

fourrager est présenté figure n08. Leur nombre est en général moins important que durant la

saison des pluies. La durée de traite varie entre 4-5 mois à un an... La production reste faible

(entre 1 et 8 l./jour et par vache).

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Les vêlages se font en général à la fin de la saison sèche en mai-juin. L'objectif des

éleveurs est d'augmenter numériquement leur troupeau: ils ne calculent pas un taux de réforme:

toutes les génisses sont mises à la reproduction (premier vêlage à deux ou trois ans). Les veaux

mâles sont par contre vendus au sevrage ou après ~ngraissement. Seuls les propriétaires de

grands troupeaux qui estiment ne pas pouvoir nourrir plus de bêtes avec la production de

fourrages de leur exploitation ont des pratiques de réforme selon l'âge des femelles.

2. Les petits éleveurs.

Les petits éleveurs utilisent le parcours commun pendant la saison des pluies et/ou leur

parcelles de parcours privées. Le parcours ejidal étant déjà surpâturé et les résidus de culture

insuffisants, ils ne peuvent garder que quelques vaches (de 1 à 10) car ils ne possèdent pas en

plus un parcours privé très important. Ceux qui utilisent le parcours commun n'ont pas de

taureau reproducteur et la monte s'y fait de façon aléatoire. Les animaux sont croisés race

locale-zébus (les ·agriculteurs parlent de type "corriente"). Il n'y a donc pas de contrôle de la

reproduction ni de l'âge du premier vêlage des génisses. Le taux de fécondité varie entre 40 et

80%. Par contre, ceux qui disposent d'une petite surface privée peuvent (ce n'est pas toujours

le cas) investir dans un taureau reproducteur zébu pour améliorer leur cheptel.

Les veaux sont en général engraissés pendant deux à trois mois de mars à mai-juin avec

des concentrés achetés et des tiges de maïs broyées, cependant, cette pratique n'est pas

générale et certains agriculteurs les vendent directement au sevrage. Ils sont vendus à un an

environ: en effet, il n'est pas intéressant pour eux de les garder plus longtemps: leur entretien

pendant la saison sèche est coûteux et ils ne grossiraient pas plus pendant une saison des pluies

supplémentaire dans le parcours commun. Les animaux sont vendus en mai-juin pour pouvoir

acheter les intrants pour le semis. C'est à cette période que les prix de la viande sont les plus

bas. Selon les besoin en trésorerie de la famille, ils vendent parfois des femelles. Ces

agriculteurs vendent en général les veaux sur place à des intermédiaires. lis n'ont pas assez de

liquidités pour payer le transport jusqu'à Guadalajara ou Nochistlan.

3. Les grands éleveurs.

Ils possèdent une zone de parcours privée qui leur permet de garder une plus grande

quantité de bétail Gusqu'à 30 vaches) ou en louent. Le prix de la location (100 à 150 N$/tête

pour toute la saison des pluies) leur interdit d'avoir un nombre de bêtes trop élevé: de 15 à 20

vaches. Lorsque le troupeau devient trop important, il est plus intéressant d'acheter des terres

de parcours (cas de l'exploitant n019 qui vient d'investir dans une parcelle de parcours pour ses

30 vaches). Ils possèdent un taureau améliorateur (zébus ou même charolais) qu'ils

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renouvellent tous les trois ans (âge de premier vêlage des génisses). Le taux de fécondité est de

75 à 80% en moyenne.

Grâce à leur parcours de meilleure qualité, ils peuvent engraisser une partie de leurs

veaux à l'herbe pendant la saison des pluies et les vendre en novembre-décembre à des prix

plus élevés. De plus, ils peuvent les garder plus longtemps et l'âge de vente moyen est de 2 ans.

En vendant les veaux en décembre, ils allègent en outre leur chargement en début de

saison sèche. Ils continuent néanmoins à engraisser certains veaux encore maigres à la fin de la

saison des pluies. Ils les vendent alors en mai-juin ce qui leur fournit la tré.sorerie nécessaire

pour acheter les intrants des cultures.

Le broyage du maïs plante entière devient plus courant (dans les groupes précédents, il

n1est pratiqué que par quelques agriculteurs) ainsi que l'usage des concentrés pour les vaches

en gestation ou celles en "mauvais état". Certains ont semé une partie de leurs terres de

parcours en graminées (Rodex) pour les améliorer. Un agriculteur vient d'acheter une clôture

électrifiée qu'il déplace sur ses terres de parcours afin de mieux rationner la production d'herbe

de ses champs. Ces éleveurs louent un camion (ou utilisent le leur) pour vendre leurs veaux

directement au marché au bétail de Guadalajara ou de Nochistlan (différence de 0,5 à 1 peso

par kg de poids vif).

D. Caractérisation des différents systèmes de production.

Un système de production est la combinaison des productions associé à un certain

niveau d'équipement (capital de production), de ressources en main d'oeuvre et à l'accès

possible fi la terre (propriété, fermage, métayage). Un système de production se caractérise

également par les techniques mises en oeuvre (qui dépendent notamment de l'accès aux

moyens de production) et par les stratégies suivies par les agriculteurs qui doivent affecter

leurs ressources aux différentes productions de l'exploitation.

Le critère principal de la typologie est le niveau d'équipement utilisé par les exploitants.

Un deuxième critère, le type d'élevage, vient étayer la typologie de fonctionnement à l'intérieur

de ces grands groupes.

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1. Les "coamileros".

1.1. Caractéristiques générales.

Ce sont:

- des paysans sans terres et sans animaux de trait qui ont abandonné le travail a "media" car: "il

ne -leur- restait plus rien à la récolte après avoir payé en nature la moitié du prix des intrants

(souvent avancé par le propriétaire), la moitié de la récolte et la location des animaux",

- des personnes âgées dont les fils sont partis et qui cultivent pour leur autoconsommation. Ils

n'ont pour équipement qu'une machette, une houe et un pulvérisateur portatif

Certains cultivent sur leur propre "solar" Gardin autour de la maison) ou sur les bords

des ruisseaux mais en général les coamiles se rencontrent dans la "barranca" ou dans les

parcelles de parcours des villages voisins. Le contrat avec le propriétaire des terres est de

laisser les cannes de maïs sur place pour son bétail. Le propriétaire et les agriculteurs entourent

les coamiles de barbelé (fourni par le propriétaire) pendant la saison des pluies pour les

protéger du bétail.

1.2. Système de culture.

En général sans animaux (cinq cas sur sept rencontrés), les coamileros pratiquent une

agriculture principalement d'auto-consommation.

En mai, les agriculteurs défrichent le terrain: ils coupent les arbustes, les font brûler et

répartissent les cendres sur la parcelle. Les grands arbres ne sont pas coupés. Ils sèment en

général sur un hectare de nombreuses variétés: maïs blanc, jaune et noir en association avec le

haricot (trois variétés différentes de haricot) et parfois la courgette. Ils diversifient ainsi la base

de leur alimentation et minimisent les risques d'une mauvaise récolte. Par exemple, le maïs

créole jaune bien que moins productif que le maïs créole blanc est semé car il est plus résistant'l 'h 1a a sec eresse .

Ils sèment en sec (début juin) de façon à bénéficier de l'ensemble des pluies et de la

chaleur résiduelle du sol à l'aide d'une houe ou d'un bâton fouisseur ("coa"). Cependant, ils

prennent le risque de voir les plantules de maïs ayant germé après les premières pluies, brûler si

elles sont suivies d!une période de sécheresse trop importante (plus de 6 jours sans pluies).

1Résultat d'enquêtes.

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La fertilité est assurée par les cendres mais aussi par l'apport d'engrais au semis et/ou en

août au moment de la floraison ainsi que par l'association avec le haricot encore semé à la

densité de un sur deux ou trois plants de maïs. Ceux qui cultivent dans la "barranca"

bénéficient en outre de la richesse en éléments minéraux des vertisols. La plupart n'effectuent

en général qu'une seule fertilisation. Le temps de jachère est court (de 2 à 3 ans maximum) et

la régénération de la fertilité est donc limitée (d'où la dépendance vis à vis des engrais). De

plus, il s'agit plus d'un maquis ("matorral") que d'une véritable forêt.

Tous les travaux culturaux sont réalisés manuellement, les coamileros utilisent parfois

des insecticides pour le haricot. La récolte est manuelle, les rendements varient entre 4 et 16

quintaux/ha de maïs en épi et entre 1 et 2,4 quintaux de haricots. Les surplus de la récolte sont

vendus à des particuliers selon les besoins en trésorerie de la famille au cours de l'année. La

courgette est récoltée pour le fruit. Certains agriculteurs vendent les graines utilisées dans la

sauce de plats (pipian).

1.3. Le cas d'un petit éleveur.

Un seul "coamilero" parmi les 7 interrogés possède deux vaches. TI les parque dans le

parcours commun pendant la saison des pluies. Certains agriculteurs sans animaux lui donnent

leurs tiges de maïs: en échange, le bénéficiaire effectue tous les travaux gratuitement (il coupe

la tige de maïs et récolte les épis qui reviennent au propriétaire) et paie les frais de broyage.

Sur les 50 enquêtes réalisées, deux agriculteurs bénéficient de chaumes de maïs "données" pour

leur bétail. Une façon d'amoindrir les charges ou de contourner le manque de trésorerie pour le

coamilero est de broyer à moitié: le propriétaire du tracteur qui effectue les travaux garde la

moitié du fourrage broyé, il ne paie donc que le transport. Sans ce contrat, il ne pourrait pas

garder ses vaches, le prix du fourrage étant trop élevé et le propriétaire des terres sur lesquelles

il sème son maïs lui interdisant de récolter une partie des tiges. Cependant, les agriculteurs qui

donnent leurs cannes se font de plus en plus rares, le marché de la "pastura molida" est en effet

intéressant (300 N$/t comparé à 650 N$/t de maïs grain).

1.4. De faibles revenus extérieurs.

Les personnes âgées se contentent en général de leur récolte pour survivre. Par contre,

ceux qui doivent nourrir une famille sont également journaliers lors des pointes de travail

agricole et/ou ont des chantiers de briques (Cf photographie n018). Cette activité ne nécessite

pas d'investissements: l'argile est disponible sur place et ils ramassent du "bois mort" sur le

parcours commun ejidal pour faire le feu.

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2. Les paysans sans terre, sans équipement.

Ce système regroupe:

- les exploitants qui ne cultivent qu"un à deux hectares laissés en usufruit par la famille et situés

en général dans le village

- les métayers à IlmediaIl •

Ds cultivent tous du maïs et du haricot sur toute leur surface disponible. Ils pratiquent

un itinéraire technique en culture attelée. Ils travaillent avec des animaux prêtés par des amis

ou des parents (le week-end). En ce qui concerne les métayers, le propriétaire de la terre

fournit la semence et les animaux de trait. Un seul sur les cinq exploitants enquêtés a des

bovins créoles.

La culture est encore destinée principalement à l'auto-consommation. Les rendements

obtenus restent médiocres: entre 10 à 30 quintaux/ha en épis pour le maïs et entre 0,6 et 1,2

quintaux de haricot. La fertilisation est encore faible par manque de trésorerie mais tous la

fractiorment entre le semis et la floraison ce qui est plus efficace pour la croissance des plantes.

Ces agriculteurs payent parfois leurs engrais par des journées de travail ou ont recours à des

usuriers. Tous les travaux sont manuels, certains préparent le terrain à la houe. De plus, les

animaux ne sont pas toujours disponibles en temps voulu pour réaliser les travaux de buttage

ce qui explique également les faibles rendements.

Certains d'entre eux font également des coamiles dans la IIbarranca ll.

3. Groupe 3: agriculteurs qui travaillent principalement en culture

attelée.

3.1. Caractéristiques générales.

Ce système regroupe les agriculteurs qui ont des surfaces réduites (4 ha en moyenne de

terres cultivables), ils ont choisi de continuer à travailler principalement avec des chevaux pour

éviter les charges de location de tracteur et tirer le maximum de revenus de leurs petites

surfaces. IIIls ne nous resterait rien si on louait un tracteur pour le travail ll• Il faut noter que

certains louent parfois un tracteur (tous les 3 à 4 ans) sur les terres rouges laissées en jachère

et qui ont été tassées par les animaux.

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Ils cultivent tous maïs et haricot et un seul sur les huit exploitations enquêtées a

abandonné la physalis depuis 4 ans à cause du prix. Ils possèdent en général quelques vaches

(une à cinq). Seuls deux sur les huit exploitations enquêtées n'en ont pas. On peut les

considérer comme intennédiaire entre le système précédent et celui-ci.

Ces agriculteurs peuvent à la fois semer les cultures traditionnelles (maïs et haricot)

pour leur auto-consommation et pour leur bétail et diversifier leur production (physalis). On

trouve dans ce groupe à la fois ejidatarios et petits propriétaires.

Tous travaillent leur propre terre. Du fait de leur faible surface, on trouve dans ce

groupe des agriculteurs qui cultivent des terres rouges pierreuses ou "réhabilitent" avec de la

terre et du fumier les tepetates. De plus, les terres récemment distribuées au Jagüeycito étaient

des mauvaises terres "sableuses": la plupart des bénéficiaires les ont vendues ou les ont laissées

en parcours, seuls les agriculteurs n'ayant que peu de surface, comme c'est le cas de cette

catégorie, les cultivent.

Un seul loue un hectare de terre rouge pour y cultiver la physalis (car ses terres sont

blanches). La surface en maïs semée par actif varie entre 3 et 5 ha. La surface maximum peut

aller jusqu'à 8 ha (cas d'un agriculteur cette année). Deux exploitants sèment quelques

courgettes (en association avec maïs et haricot) pour l'auto-consommation. La physalis est en

général semée sur 1 ou 2 ha maximum. Le maïs reste la première culture pour plusieurs

raisons: il est la base de l'alimentation, sa commercialisation est aisée (CONASUPO dans le

village ou revendeurs privés à Ixhlahuacan) et les résidus sont indispensables pour nourrir le

bétail pendant la saison sèche. De plus, la culture de la physalis requiert beaucoup de main

d'oeuvre (plantation, sarclages, récolte) et surtout, le prix peut être extrêmement variable (de

200 N$/t à 2000 N$/t). Si les bénéfices peuvent être très importants lorsque le prix est élevé

(les rendements peuvent en effet atteindre 15 à 20 t/ha), ces dernières années, les prix ont été

catastrophiques et beaucoup d'agriculteurs ont dû jeter leurs récoltes... Enfin, les travaux du

sol et les semis sur la physalis se font début juillet, à la même époque que le premier sarclage

du maïs, il y a donc concurrence entre ces deux cultures (les agriculteurs n'ont qu'un seul

attelage). C'est aussi une des raisons pour laquelle les surfaces en physalis restent réduites.

3.2. Flexibilité des opérations culturales.

Le maïs est cultivé sur la majorité de la surface. Il est associé avec le haricot sur

seulement 0,5 à 1 ha: l'utilisation des herbicides est en effet généralisée sur maïs pur. Deux

agriculteurs cultivent depuis quelques années le haricot en culture pure, ceci pour éviter les

risques de verse du maïs en août mais aussi pour limiter les travaux de sarclages (la plante sans

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tuteur s'étale et limite le développement des adventices). Les exploitants de cette catégorie

possèdent leurs propres moyens de production. Le niveau de fertilisation double par rapport au

groupe précédent (150 kg de Formula1 au semis et 300 kg d'urée à la floraison). Ces

agriculteurs ont du bétail qui constitue un capital sur pied, trésorerie plus facilement mobilisée.

Deux d'entre eux ont en outre accès au crédit. Les opérations culturales peuvent donc être

effectuées à temps ce qui explique des rendements moyens de 3t/ha en épis de maïs (soit

environ 2,5 t1ha en grains).

La main d'oeuvre est exclusivement familiale sur le maïs. La récolte est manuelle, la

canne est en général récoltée et broyée soit pour le bétail et les animaux de trait, soit pour la

vendre (ou les deux). La plupart ont des camionnettes de une tonne qui permet de ramener le

fourrage chez eux pour éventuellement le stocker et le vendre plus cher en période de soudure

(mai-juin). Ceux qui n'en ont pas et qui n'ont pas non plus d'animaux vendent sur place à bas

prix (175 N$/t contre 300-350 N$/t en période de soudure).

3.3. Des petits éleveurs.

Ces agriculteurs possèdent en général quelques vaches. Ils n'ont pas de parcours en

propriété et utilisent donc le parcours commun. C'est une des raisons pour laquelle ils ne

peuvent garder beaucoup de bétail. L'argument souvent avancé : uNous n'avons pas de

parcours pour les nourrir" se réfère à la surface de parcours utilisable pendant la saison des

pluies. Pour remédier à ce problème, l'un d'eux a semé un demi hectare de Estrella africana près

de sa maison pour ses deux vaches.

Un de ces agriculteurs a par contre une vingtaine de vaches. TI possède en effet 17 ha

de parcour~ et deux seulement de terres cultivables. Il faut noter qu'il bénéficie lui aussi des

tiges de maïs d'un "ami" et qu'il laisse les tiges de son champs sur place pour les premiers mois

de saison sèche.

3.4. Une variante: location de tracteur pour le préparation du sol.

Ces agriculteurs travaillent également leur propres terres. Ils sèment en général une

surface plus importante (7 ha en moyenne variant de 4 à 12 ha) mais la surface en maïs ne

dépasse pas 8 ha. Le haricot est toujours semé en association avec le maïs sur 1 à 2 ha pour

l'auto-consommation, un seul en sème jusqu'à 3,5 ha et en vend une partie. La plupart cultivent

également la physalis (saufun sur cinq).

1 Formula: 18-46-00

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Ils ont en général plus de bétail que dans le groupe précédent (de 3 à 7 vaches) d'où

une disponibilité financière plus importante destinée à la location du tracteur pour la

préparation des sols (selon eux, le sol est beaucoup plus meuble avec le tracteur). Cependant,

la plupart, afin de limter les sorties d'argent, ne font qu'un passage à la "rastra" et n'utilisent les

"arados" (plus coûteux) que tous les 2-3 ans sur les terres rouges. L'utilisation du tracteur

permet également de reculer la date de la préparation du sol (en mai) et de profiter au

maximum des résidus de culture pour le bétail. Tous les travaux culturaux, semis et culture

sont ensuite effectués avec des animaux. Un des agriculteurs cultive 4 ha de physalis, mais il

possède deux attelages d'animaux. Les autres ne cultivent que 1 à 2 ha pour les mêmes

problèmes de concurrence que dans le groupe précédent. La récolte reste manuelle et la main

d'oeuvre principalement familiale. Cependant, l'emploi de journaliers est plus fréquent (surface

plus importante et les personnes seules sont obligées d'employer du personnel pour certains

travaux: semis, sarclage du haricot, récolte...). Les rendements sont du même ordre de

grandeur que pour les exploitants qui ne travaillent qu'en culture attelée (même niveau de

fertilisation).

4. Groupe 2: location de tracteurs pour la préparation du sol et le

semis.

4.1. Un système polyculture-élevage disposant de peu de main d'oeuvre ou

soutenu par une seconde activité.

On trouve dans ce système des exploitations dont la surface varie entre 4 et 10 ha. La

surface semée en maïs ne dépasse pas 8 ha avec toujours un ou deux hectares de haricot en

association et, dans la plupart des cas, un ou deux hectares de physalis.

En général sans surface de parcours en propriété (un cas sur 7 accède à 8 ha de

parcours), ces agriculteurs ne possèdent que quelques vaches (de 2 à 7 vaches). Malgré des

ressources qui paraissent similaires aux exploitants des groupes précédents, ils louent un

tracteur pour le travail du sol et pour les sems. Les sarclages sont effectués soit avec des

tracteurs soit avec des animaux lorsque le terrain est trop humide pour pouvoir y entrer avec

des tracteurs (notamment sur les terres blanches).

La plupart louent une moissoneuse-batteuse pour la récolte (5 cas sur 7), mais une

partie du maïs est toujours coupée à la main pour broyer soit la canne, soit le maïs plante

entière afin d'avoir du fourrage pour le bétail. Alors que les agriculteurs des groupes

précédents récoltaient manuellement toute leur surface en maïs pour leur animaux et/ou pour

vendre le fourrage, ici, les cannes de maïs laissées par la moissonneuse restent sur le champ où

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pâturent ensuite les animaux. Les agriculteurs ne coupent que ce qu'ils utilisent pour leurs

arumaux.

Si la location d'un tracteur est indispensable pour semer une surface de plus de 8 ha en

maïs, on peut se demander pourquoi ces exploitants utilisent cette technique, alourdissant ainsi

considérablement leurs charges. La disponibilité en main d'oeuvre est un facteur important à

prendre en compte: en effet, on trouve dans ce groupe:

- des personnes qui travaillent seules (cas 5 et Diego) et qui seraient obligés d'employer des

journaliers pour le semis

-des personnes âgées qui ne peuvent plus travailler avec des animaux (cas 1,2 et 23).

On rencontre ainsi des systèmes de production intermédiaires: certains agriculteurs

sèment encore une partie de leurs terres avec des chevaux pour alléger leur charges; la part

travaillée avec un attelage dépend de la main d'oeuvre disponible (lorsque les fils ou les frères

reviennent des Etats-Unis, ils sèment avec des animaux, sinon, ils louent un tracteur).

Certains ont une seconde source de revenu non négligeable: épicerie, boucherie, emploi

à la CONASUPO, ouvrier agricole permanent (cas 27, 30, 31, 36). Ces différents facteurs

peuvent se conjuguer.·

Ils expliquent également les variantes rencontrées au sein de ce système. En effet, 4

agriculteurs sur 7 ne cultivent pas la physalis et deux d'entre eux ne cultivent que du maïs pur.

Il s'agit de personnes seules (âgées ou célibataires) qui doivent employer de la main d'oeuvre

journalière pour certains travaux (sarclages du haricot, deuxième fertilisation, traitement phyto­

sanitaire...). La culture de la physalis demande beaucoup de main d'oeuvre notamment pour les

sarclages ~t le démariage. Ils auraient donc des charges trop lourdes pour cette culture dont le

prix est incertain. Les exploitants qui continuent à récolter l'ensemble des tiges de maïs

manuellement et à en vendre une partie, travaillent seuls (ce qui explique qu'ils louent un

tracteur). Ils n'ont en outre pas de revenu extérieur. Ils cherchent donc à maximiser leur revenu

issus de l'exploitation.

4.2. Des grands éleveurs.

Les surfaces de cultures de ces exploitations varient entre 8 et 30 ha. lis possèdent tous

d'importantes surfaces de parcours: de 10 à 30 ha et un nombre important de tête de bétail de

15 à 30 vaches et un ou deux taureaux améliorateurs (zébus pur ou charolais). Ils cultivent du

maïs sur la majorité de leurs terres cultivées, un sur quatre y consacre toute sa surface

disponible (il n'a que 8 ha et consacre ses terres à la production de grain et de fourrage pour

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son bétail). Les trois autres ont suffisamment de terres pour cultiver de 2 à 4 ha de physalis. Le

tracteur est utilisé de la même manière que dans le système précédent. Lorsque les parcelles

sont trop morcelées quand les terres sont trop pierreuses pour que les tracteurs puissent y

entrer, les agriculteurs continuent à les cultiver avec des chevaux.

Ils utilisent également la moissonneuse pour récolter une partie de leur champs, laissent

les animaux pâturer les chaumes pendant la saison sèche et ne récoltent que la quantité de tiges

de maïs broyé nécessaire pour la période de soudure en fin de saison sèche. Si dans le cas

précédent, cette pratique pouvait s'expliquer par le manque de main d'oeuvre ou une seconde

activité, ici, les agriculteurs ont besoin de laisser les tiges sur le champ pour que leur animaux,

en plus grande quantité (3 UZ1 /ha sur trois mois contre même pas 0,5 UZ à 1 UZlha dans les

groupes précédents) puissent avoir suffisamment à manger jusqu'au mois de mai. Un seul

agriculteur les ramasse pour ensuite les broyer mais il doit louer des champs pendant la saison

sèche pour y parquer son bétail.

Là encore, on trouve des exploitants qui cultivent moins de 8 ha en maïs, surface qui ne

nécessiterait pas l'utilisation d'un tracteur, mais ils se consacrent plus à l'élevage qu'à la culture

(cas 36), disposant en outre d'un important capital sur pied pour les dépenses des cultures.

5. Groupe 1: propriétaires de tracteurs.

Ces agriculteurs ont des surfaces importantes (de 12 à 130 ha). L'argent des EU, les

crédits ou un élevage important leur ont permis d'acheter des tracteurs. Il y a une quinzaine de

tracteurs sur le village.

On ~istingue deux systèmes de production:

5.1. Agriculture mécanisée combinée à un petit élevage.

Ces agriculteurs possèdent de 14 à 20 ha de terres cultivables. 2 à 4 ha de physalis sont

toujours semés et/ou plantés. Ils ont peu de bétail: 5 vaches même si deux sur trois bénéficient

des terres de parcours de leurs parents (de 10 et 30 ha), le dernier, qui n'a que trois hectares de

terres de parcours y a semé du rodex afin d'améliorer sa production d'herbe en saison des

pluies. En fait, le troupeau est soit en formation (agriculteur nouvellement installé) soit en

reformation (ces agriculteurs ont vendu une partie de leur bétail pour acheter le tracteur). La

moissêmeuse-batteuse en prestation de services est toujours utilisée pour une partie de la

1 UZ: UIÙté zootechnique = vache et sa suite.

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récolte. Malgré leur petite quantité de bétail, ces agriculteurs broient du maïs plante entière

pour faire du fourrage de meilleure qualité (sur 2 à 5 ha).

Du fait de leur surface importante, ils emploient de la main d'oeuvre journalière pour de

nombreuses opérations culturales. Par rapport aux systèmes précédents, l'utilisation d'intrants

est plus importante, notamment les produits phyto-sanitaires contre les parasites des racines

des plantes (vasurin). Les rendements en maïs sont plus élevés: de 3,5 t de grainslha en

moyenne.

5.2. De gro.s agriculteurs-éleveurs.

Ces agriculteurs ont entre 35 et 130 ha de terres cultivables. La majorité est en location

ou fermage au cinquième (le bénéficiaire donne un cinquième de la récolte au propriétaire). On

peut noter qu'ils cherchent à louer des terres blanches flde humedad". Le coût de location de

ces terres est plus élevé (jusqu'à 600 N$lha contre 300 N$/ha pour les terres rouges) mais ils

en tirent de meilleurs rendements.

Les surfaces en terres de parcours varient entre 20 et 40 ha (en propriété ou en

location), le nombre de vaches entre 10 et 30 par exploitation. Ils utilisent des variétés de maïs

améliorées (hybrides) sur la majorité de la surface, principalement pour le grain alors que le

maïs local est toujours semé pour le fourrage (la tige de la variété locale est plus longue). Leur

niveau d'équipement est plus important (le plus gros a en effet 2 tracteurs) et ils ont en outre

un pulvérisateur semi-portable pour effectuer les traitements phytosanitaires sur plusieurs rangs

de maïs. L'emploi de main d'oeuvre est généralisé pour tous les travaux qui restent manuels

(deuxième fertilisation, récolte d'une partie du maïs destiné au broyage...).

C'est parmi ces agriculteurs que l'on trouve le plus d'innovations techniques: sous­

solage des terres rouges tassées par le piétinement des animaux, gestion des parcours avec

clôture électrique...

L'ensemble de ces agriculteurs récupère de l'argent en louant leur tracteur à d'autres

exploitants pour les travaux des champs et/ou pour le broyage de la canne à moitié. Ces

agriculteurs ont ainsi la possibilité d'avoir des revenus internes grâce aux tracteurs mais aussi

aux camions qui leur permettent de vendre plus loin et donc plus cher; ils n'ont donc pas

besoin, ni d'émigrer, ni d'avoir d'autres activités. Cependant, l'agriculture en elle-même peut

parfois être insuffisante et on assiste à des faillites (notamment dans le premier système de

production) d'agriculteurs qui ont du vendre leur tracteur pour rembourser leur crédit après

. une mauvaise récolte.

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Conclusion:

Proportion des différents systèmes de production à Las Cruces

SPlg SP Ip SP2g SP 2p SP 3 SP4 SP 5

4% 6% 10% 25% 35% 10% 10%

g: grands éleveurs

p: petits éleveurs

L'analyse des systèmes de production met en évidence différents facteurs à prendre en

compte pour comprendre les stratégies des exploitants. Si la surface de terres cultivables et le

nombre de têtes de bétail interviennent, ils ne sont pas toujours déterminants (on trouve des

exploitations de 5 ha avec un petit élevage dans le système 2). En effet, la seconde activité,

plus ou moins stable et/ou lucrative, les revenus des EU, la main d'oeuvre familiale sont autant

de facteurs qui influencent de façon plus ou moins importante les systèmes d'exploitation

adoptés par chaque agriculteur. Ainsi, à ressources égales (surface, main d'oeuvre, bétail) les

agriculteurs du groupe 3, travaillant avec des chevaux et ayant par ailleurs des sources de

revenus externes peu sûres Gournaliers, argent des EU aléatoire), adoptent un système de

production plus "rationnel": leur principale source de revenus reste l'activité agricole.

Nous avons vu que les revenus de la migration ont parfois permis une capitalisation

rapide qui se traduit par un passage direct entre attelage équin et tracteur. Lorsque l'on analyse

les systèmes de culture des différents systèmes de production définis, on se rend compte que

certains agriculteurs ont des itinéraires techniques très similaires entre groupe 3 (travail avec

attelage) et groupe 1 (tracteur en propriété) : même niveau de fertilisation, quantité d'intrants

similaires, .utilisation de variétés locales. De même entre petits et gros éleveurs : certains

grands éleveurs (30 vaches) n'utilisent que la tige de maïs broyée malgré leur grandes surfaces

emblavées en maïs. Ces observations, étonnantes à première vue, nous ont amené à émettre

une hypothèse, explication possible à ces constatations.

Hypothèse:

L'argent des Etats-Unis a permis une capitalisation par paliers. Ce changement brusque

de moyens de production n'est pas issu d'une évolution interne grâce aux ressources dégagées

par le système de production mais d'un procédé de transfert exogène, la migration aux USA.

Ainsi, les techniques employées par ce type d'agriculteurs ne suivent pas toujours les

changements brusques de moyens de production. Elles ne sont pas toujours plus "évoluées"

que celles des agriculteurs qui travaillent avec un attelage. Le financement extérieur n'implique

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pas forcément une rentabilité interne des systèmes de production. Cette constatation est

également valable pour les exploitants du groupe 2 qui ont une seconde activité locale

rémunératrice.

Par contre, dans le groupe 1, on constate que l'exploitant le plus novateur (sous-solage

des terres rouges, clôture électrique, semis de rodex, fanage...) est le fils du plus important

agriculteur en 1937 mais aussi _un exploitant qui a to~jours vécu de son exploitation et qui a

capitalisé petit à petit : l'évolution des techniques a suivi l'évolution des moyens de production.

Cette acquisition progressive et issue d'une capacité d'investissement dégagée par

l'exploitation, de moyens de production a permis l'acquisition d'une nouvelle maîtrise

technique.

Enfin, on peut noter que les exploitants du groupe 1 qui ont gardé des itinéraires

techniques similaires au groupe 3, ont encore maintenant une part importante de leur revenu

qui provient de la prestation de services ou d'une seconde activité alors que les agriculteurs

IInovateursll n'ont peu ou pas de revenu externe à l'exploitation agricole.

Cette hypothèse reste néanmoins basée sur des observations ponctuelles. :Elle

nécessiterait d'être confirmée (ou infinnée...) par une analyse beaucoup plus fine et sur un

échantillon plus large, des processus de capitalisation en relation avec les processus et les

différents facteurs de changements techniques (l'accès à l'infonnation, au crédit... peuvent

intervenir dans l'acquisition de nouvelles techniques).

E. Résultats économiques.

1. Méthode de calculs.

Les résultats économiques ont été calculés sur le pnnClpe des moyennes des

rendements, des doses d'intrants utilisés, des prix de vente...La production auto-consommée

est comptabilisée dans le produit brut de l'exploitation. On cherche à évaluer le revenu réel

qu'un agriculteur peut espérer obtenir sur son exploitation une année nonnale (sans catastrophe

climatique ni rendements exceptionnels).

Pour calculer le nombre d'actifs présents sur l'exploitation, nous avons utilisé le taux de

présence sur l'exploitation, selon l'âge, le sexe et les activités de chaque membre de la famille.

Le nombre de jours effectifs travaillés sur l'exploitation par l'ensemble de la main d'oeuvre

familiale rapportée à 300 jours (une année moins les dimanches et les jours de fêtes) nous a

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permis de calculer le coût d'opportunité de l'agriculture et des secondes activités. Les

journaliers sont comptabilisés dans les consommations intermédiaires et n'entrent pas dans le

calcul des actifs.

En ce qui concerne le calcul de la valeur ajoutée dégagée par la culture de physalis,

nous avons effectué deux calculs. En effet, les stratégies des agriculteurs changent selon le prix

très variable de la physalis. Nous avons calculé la VAN de la physalis au prix de 200 N$/t: les

agriculteurs coupent les plants (et n'emploient que peu de journaliers) et vendent la récolte sur

place et au prix de 1000 N$/t: les agriculteurs emploient de nombreux journaliers pour la

récolte (payés 5 N$ par "arpilla" de 25 kg) et paient le transport pour Guadalajara.

2. Les résultats économiques.

2.1. Les revenus par exploitations.

Les graphiques n09, la et la bis1 représentent le Revenu Agricole Net/actif en fonction

de la Surface cultivée/actif (en effet, la surface de parcours commun utilisée par les petits

éleveurs ne peut être évaluée). Ils révèlent que de nombreuses exploitations se situent sous la

barre des 5 000 N$/an (pour des familles ayant en moyenne 5 enfants) dans le cas où le prix de

la physalis est de 200N$/t. Lorsque son prix est plus élevé, on constate que de nombreuses

exploitations ont leur revenu qui augmente significativement.

La disposition des différents groupes peut permettre de vérifier la pertinence des

systèmes définis. La modélisation des principaux systèmes est représentée graphique n011.

2.1.1. "Coamileros" et paysans sans terre.

Le groupe de coamileros et des paysans sans terre se situent en dessous du salaire

minimum mexicain (500 N$ par mois) équivalent au seuil de survie. Ces agriculteurs ne

peuvent survivre sans travail extérieur (journaliers agricoles et/ou fabrication artisanale de

briques) et n'ont aucune capacité d'investissement. Nous avons vu qu'ils n'ont jamais eu accès

aux terres de l'ejido. L'émigration aux Etats-Unis leur est également interdite étant donné le

coût du voyage et du " coyote». Ils sont condamnés à poursuivre leur agriculture d'auto­

subsistance. Le salaire espéré comme journalier est de 30 N$/jour. Cependant, ils ne peuvent

1 le graphique 10 bis représente les résultats de l'ensemble des exploitations enquêtées, les exploitations nO 9 et10 (appartenant au groupe 1 grands éleveurs) ont des surfaces par actif très élevées qui "tassent" les autresrésultats, nous les avons donc enlevés pour mieux visualiser les autres 8P.

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s'embaucher que lors des pointes de travail, c'est-à-dire deux à trois mois par an. Le coût

d'opportunité du travail extérieur n'est donc en réalité que de 6 à 8N$/jour. Par contre, celui

des coamiles varie entre 12 et 41 N$/jour de travail (25 N$/j en moyenne), et celui des paysans

sans terre de 5 à 28 N$/ jour de travail (12 N$/j en moyenne).

2.1.2. Agriculteurs en culture attelée.

Les agriculteurs du groupe 3 qui réduisent au maximum leur charges (travail avec un

attelage, main d'oeuvre familiale, broyage de la canne à moitié), obtiennent un revenu agricole

net à l'hectare le plus élevé. Cependant, ce système est limité à 8 ha/actif Ces paysans vivent

principalement de leur exploitation, certains n'ont que peu de revenus extérieurs (Cf graphique

naD). La main d'oeuvre n'est pas limitative en général (un cas seulement sur Il emploie de la

main d'oeuvre de façon quasi permanente, il s'agit d'une personne âgée), ils cherchent donc à

maximiser leurs revenus à l'hectare. En effet, l'opportunité de travail à l'extérieur reste rare

(principalement journaliers).

2.1.3. Groupe 2: peu de main d'oeuvre familiale disponibles et activités

annexes.

Les exploitants du groupe 2 alourdissent leurs charges par la location du tracteur, par

l'emploi de journaliers (au fur et à mesure que la surface augmente, l'emploi de main d'oeuvre

est de plus en plus fréquente; les exploitations 1 et 21 sont celles de personnes âgées seules qui

ont d'énormes charges salariales). Le revenu dégagé à l'hectare va ainsi décroissant (on trouve

une exploitation qui obtient les mêmes revenus qu'un coamilero...). En effet, les rendements ne

varient pas significativement entre les différents systèmes. Cette tendance s'accentue lorsque le

prix de la physalis est haut: en effet, la part de celle-ci dans l'assolement des exploitations du

groupe 3 est plus important que dans les exploitations du groupe 2.

La capacité d'investissement issue de l'agriculture de ces exploitations est nulle, par

contre, lorsque l'on compare avec le revenu total, ils dépassent largement les autres (sauf

personnes âgées et seules qui n'ont pas d'autres sources de revenus). Le coût d'opportunité du

travail agricole est toujours inférieur au revenu de la seconde activité (épicerie, salarié agricole

permanent...). La main d'oeuvre familiale est plus sollicitée pour la seconde activité que pour

les travaux des champs.

Cependant, les revenus d'une boucherie ou d'une épicerie basée à Las Crnces restent

eux aussi limités (marché local, il y déjà une dizaine de petite "tienda" sur le village). Ainsi,

même si le système de production adopté par ces agriculteurs ne dégagent pas des revenus très

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importants, il permet néanmoins de nourrir la famille et également de conserver du bétail. La

terre reste également une capital fondamental pour les habitants du village.

Nous avons vu que les personnes âgées continuent à travailler leur terre même si le

revenu dégagé est fortement diminué par leurs charges en service et en main d'oeuvre: ils ont

en effet un coût d'opportunité de travail à l'extérieur nul, la culture est donc pour eux un

système de retraite qui leur permet d'assurer leur auto-consommation et de garder un capit~

sur pied (pour des dépenses imprévues). Ces agriculteurs risquent de plus en plus de se

consacrer à l'élevage et de ne cultiver leur terre que pour leur auto-consommation et la

production de fourrage pour leur cheptel.

2.1.4. Groupe 1: agriculteurs mécanisés.

Enfin, les agriculteurs du groupe 1 ne dégagent pas forcément un revenu très

important. En effet, les charges de location de terre et de main d'oeuvre, d'intrants sont

particulièrement lourdes dan~ ces systèmes et ils ne vendent pas toujours leur production à un

prix plus intéressant (cas notamment des exploitations 9 et 38).

Ces agriculteurs, bien qu'ayant des moyens importants, n'ont que peu de "stratégies de

prix": par exemple, tous les exploitants de Las Cruces, eux compris, vendent leur maïs au

moment de la récolte, c'est à dire lorsque le prix est le plus faible. II est vrai qu'ils veulent

rembourser leur crédits et leurs emprunts usuraires le plus tôt possible.

Ils dégagent néanmoins des revenus importants et une capacité d'inyestissements qui

vient de l'exploitation' ou de la location de services à leurs voisins. Contrairement aux

agriculteurs du groupe 2 qui possèdent un seconde activité, ces exploitants vivent

principatement du travail agricole sor leur propre exploitation ou sor celle des' autres~ ils, ,

continuent donc à investir pour leur exploitation et non dans une autre activité.

Pour la campagne 1995, alors que la plupart des agriculteurs des autres catégories n'ont

pas semé la totalité de leur surface, c'est seulement dans cette catégorie que certains

agriculteurs ont augmenté leurs surfaces semées en louant des nouvelles parcelles.

A l'intérieur de chaque système, les différences entre exploitations proviennent de

différents facteurs: la main d'oeuvre familiale disponible, les animaux (l'exploitant 16 n'a pas de

bétail), des moyens de transport des .agriculteurs (camion, camionnette), de la surface cultivée

en physalis.

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2.2. L'élevage: une activité plus ou moins lucrative selon sa gestion.

L'élevage suit l'évolution du maïs. Nous avons en effet calculé la proportion des

charges de la culture du maïs qui reviennent à l'élevage pour produire du fourrage (elle

correspond au rapport:

prix. du fourrage produit sur l'exploitation (PF)

Produit Brut de la culture de maïs + PF

auxquels il faut ajouter les charges spécifiques du broyage, du transport du fourrage...

Ainsi, certains gros éleveurs des groupes 1 et 2 obtiennent un revenu par tête négatif

La gestion trop Ifextensive lf du bétail (peu de soins vétérinaires, peu de· compléments

concentrés, pas d'engraissement) ainsi que des charges de production de fourrages importantes

expliquent cette situation. De plus, quel que soit le système d'élevage, seules quelques vaches .

sont traites (de une à trois); l~ lait (auto-consommé) est pris en compte dans le produit brut

animal. Pour les grands éleveurs, il n'entre que pour une faib!e part dans le produit brut animal

(6%) alors que pour les petits, il peut atteindre 60%.

Ainsi, sur le graphique n012, on observe que la Valeur Ajoutée NettelUZ dégagée

dinûnue avec le nombre de vaches présentes sur l'exploitation. Les trois gros éleveurs (notées

en rouges sur le graphique) correspondent à des exploitants qui ont un taureau améliorateur

charolais, qui ont améliorée leurs zones de parcours (semis de Rodex), qui utilisent des

concentrés achetés pour l'ensemble de leur bé.tail et qui vendent leur bêtes à un prix. élevé

directement à Guadalajara.

Si la valeur ajoutée par UZ n'est pas toujours très élevée, le bétail reste un capital sur

pied important et facilement mobilisable. Le~ productions animales sont en outre moins

aléatoires que les cultures et permettent une répartition des rentrées d'argent sur l'année.

2.3. La physalis: tout dépend du prix...

La culture de physalis peut être soit très lucrative (plus de 8 000 N$ à l'hectare), soit

catastrophique... même si les agriculteurs réduisent leurs charges et essayent de conserver leur

récolte en coupant la plante entière. La physalis plantée est récoltée en septembre n'est pas

toujours mieux payé.

Plusieurs ·agriculteurs·plantent et sèment la physalis en espérant avoir au moins une des

deux récoltes à un prix. intéressant. Cependant, cette année, même les agriculteurs qui ont semé

en irrigué et récolté en mai n'ont pas eu de prix très élevé pour l'époque (1000 N$/t contre

68

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Proportion de la RAN dans le revenu total de la famille

n° d'exploitation

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3000 N$/t les années précédentes). Dans ce contexte, on comprend pourquoi de plus en plus

d'agriculteurs ont arrêté cette culture. Cette tendance risque de se perpétuer si l'évolution du

prix reste orientée à la baisse.

2.4. Les revenus extérieurs."

Le graphique n0 13 représente la part des revenus extérieurs à l'agriculture pour chaque

exploitation. Notons que nous n'avons pas toujours pu connaître leur montant, notamment en

ce qui concerne les revenus venant des Etats-Unis: les agriculteurs rechignent parfois à avouer

le montant de l'aide reçue, celle-ci est en outre souvent irrégulière et dépend· de la situation de

l'émigrant. Elle peut enfin être fournie en nature (camionnette notamment).

La part des revenus extérieurs peut atteindre jusqu'à 70 % du revenu total! Dans les

groupes 4 et 5, les exploitations qui ne vivent que de l'agriculture sont les personnes âgées qui

cultivent pour l~ur auto-consommation. Dans le groupe 2, ce sont soit des personnes âgées,

soit des personnes qui travaillent seules, on constate que c'est dans ce groupe qu'il yale plus

d'exploitants ayant des revenus extérieurs importants.

Par contre, dans le groupe 3, nous trouvons de nombreux agriculteurs qui n'ont pas

d'autres sources de revenus. Cependant, c'est également dans ce groupe que nous avons

rencontré des personnes qui migrent une année aux Etats-Unis de temps en temps pour

pouvoir semer l'année suivante. Durant leur absence, ils louent leurs parcelles.

Enfin, dans le groupe 1, tous les revenus extérieurs proviennent de la location de

service ou de commerce de fourrage (lorsqu'ils broient le fourrage à moitié, ces exploitants en

récupèrent. de grandes quantités et le revendent à Yahualica où son prix est plus élevé - 380

N$/t de tiges broyées contre 300 N$/t au village).

F. La crise actuelle.

1. Une augmentation des charges significative.

On trouve de nombreuses exploitations (quel que soit le système considéré) qui

dépendent de manière plus ou moins importante de l'argent extérieur (principalement des EU

ou d'une seconde activité ou encore de la prestation de services).

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Nous avons modélisé les résultats économiques des systèmes de production sur la base

des nouveaux prix de 1995. Le prix de soutien du maïs serait fixé à 815 N$/t contre 650 en

1994. La modélisation a été faite en peso constant (Cf graphique n011). Malgré cette

réévaluation du prix du maïs (qui ne compense pas .l'inflation de 50% prévue cette année, le

prix devrait être de 975 N$), on constate une baisse significative du revenu à l'hectare dans

tous les systèmes de production. En effet, les charges doublent pratiquement entre 94 et 95,

elles, par contre, dépassent l'inflation.

Cette année, les agriculteurs qui n'ont pas de ressources annexes ont dû avoir recours à

l'emprunt usuraire ou vendre des animaux (le remboursement n'est pas pris en compte dans la

modélisation, "les agriculteurs rechignant à révéler le montant et les taux d'emprunts). On

assiste dans certains cas à une décapitalisation importante (vente de deux vaches sur cinq)

pour l'achat des intrants. De plus, de nombreux agriculteurs n'ont pas semé la totalité de

leur surface par manque de liquidité pour la première fertilisation et le paiement des

tracteurs (la location a aussi augmenté du fait du doublement du prix du diesel) -Cf

photographie n019). D'autres ont reçu de l'argent des EU. L'agriculture à Las Cruces, déjà

"dépendante du Nord pour une part importante, le devient de plus en plus. Les migrations

temporaires, soit durant la saison sèche, soit une année entière pour pouvoir semer l'année

suivante, risquent de se multiplier.

2. De nouvelles alternatives.

Face à cette situation de plus en plus catastrophique, on assiste à quelques cas de

diversification: fleurs, arbres fiuitiers (citrons, pêches), agave. Nous avons effectuée les calculs

économiques concernant ces cultures, à l'exception de l'agave : les plantations datent de cette

année et ne sont productives qu'au bout de 7 ans. (Cf graphique n014).

Si les revenus dégagés peuvent être très importants (les fleurs rapportent plus de 70000

N$ par ha...), les plantations nécessitent un investissement de départ important accessible à une

minorité d'agriculteurs, notamment en ce qui concerne l'irrigation: construction d'une retenue

collinaire, pompes, irrigation goutte à goutte pour les fleurs.

Investissements de départ

FLEURS PECHERS CITRONNIERS AGAVE

45720N$ 6200N$ 46 000 dont 40 000 4000

pour tank d'eau

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De plus, lors des années particulièrement sèches, comme cela a été le cas en 1995, les

retenues sont insuffisantes en fin de saison sèche et les plantations en souffrent: les pêchers ne

produisent qu'une demi-tonne contre 3 t lors des années humides. Les exploitants qui se sont

lancés dans ce type de production avaient le plus souvent des revenus des Etats-Unis ou de

grosses exploitations.

Enfin, ces productions rencontrent parfois des problèmes de commercialisation, c'est le

cas des fleurs notamment: les producteurs cultivent quinze variétés différentes sur un demi

hectare afin de pouvoir les écouler. Leur commercialisation se fait au détail auprès d'une

dizaine de fleuristes de Guadalajara et ils rencontrent déjà des difficultés pour écouler leur

production (de 2 ha!) à certaines époques. L'agave tequilero risque aussi de rencontrer les

mêmes problèmes étant donné le contexte de surproduction sur la région de Jalisco (Cf article

Siglo XXI Annexe 2).

3. Une solution envisageable:. une meilleure gestion des ressourcesfourragères et les prairies temporaires.

3.1. Répartition des terres de parcours commun.

Ces dernières années, l'agostadero commun est surpâturé. Les petits éleveurs font donc

pression pour qu'il soit réparti. En effet, ils estiment injuste que ceux qui ont beaucoup de

bétail (qui utilisent parfois, en plus de leur parcours propre celui de l'ejido pendant les premiers

mois de la saison des pluies) et eux qui en ont peu aient les mêmes droits sur le parcours

commun. Ils veulent de la même manière encercler leur parcelle de parcours et pouvoir

éventuellement la louer aux gros éleveurs qui n'auront alors plus suffisamment de terres de

parco~rs .pour y mettre leur bétail pendant la saison des pluies. De plus, une partie de

l'agostadero commun est occupé par la forêt qui constituerait également une source de revenu

intéressante (exploitation du bois) si elle était octroyée en propriété (par contre, cela poserait

sans doute des problèmes pour les exploitants qui font des petits ateliers de briques).

Petits et gros éleveurs s'opposent pour la répartition, elle doit se décider par vote entre

tous les ejidatarios. Si la répartition se fait, chaque ejidatario tirera au sort la parcelle qui lùi

revient. En effet, les terres de parcours commun sont très inégales (zones planes, ou en pente

forte ou encore recouvertes de forêts ou de maquis).

Dans d'autres ejidos de la région, plutôt que de répartir les terres de parcours commun,

les ejidatarios y ont un droit de pâture qu'ils peuvent louer ou vendre à des éleveurs plus

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importants (Victor Sigala, discussion lors de la restitution de notre étude aux agriculteurs de

Las Cruces)

3.2. Semis de prairies temporaires et gestion des terres de parcours.

Nous avons yu que certains éleveurs commençaient à semer des prairies artificielles afin

d'avoir une production fourragère plus conséquente durant la saison des pluies et de maintenir

ainsi plus de bétail. En effet, certaines graminées sont très productives sous ce climat (Rodex,

Estrella africana...) et sont en outre résistantes à la sécheresse et au piétinement des animaux.

Elles sont productives environ 7 ans.

Elles nécessitent un investissement de départ relativement abordable (de l'ordre de 500

N$/ha de semences et une fertilisation annuelle de 100 à 200 kg de Fonnula par an) et

permettent un chargement double par rapport au parcours naturels (l'exploitant nOlO a planté

tous ses parcours en rodex et estime maintenant qulil peut augmenter son cheptel jusqu'à 50

vaches contre 30 jusqu'à présent). On peut noter que les gros éleveurs ne sont pas les seuls à

avoir semé des prairies temporaires: certains petits éleveurs l'ont déjà fait sur leurs quelqu~s

hectares de parcours. L'herbe peut en outre être récoltée pour faire du foin (cas de

l'exploitation nOlO qui expérimente cette technique nouvelle pour la région). Cependant, cette

valorisation supplémentaire nécessite un investissement important (faneuse, presse­

botteleuse)...

Les parcelles de parcours ne sont en général pas divisées en plusieurs parcs qui

permettraient une gestion plus rationnelle de leur production d'herbe (sauf l'exploitant nOlO qui

expérimente la clôture électrique pour le pâturage rationné).

3.3. A terme, un renforcement de l'élevage?

Cette année, ·de nombreux exploitants que nous avons rencontré n'ont pas pu semer

toute leur surface. Selon Victor Sigala, vice-président du municipe de Cuquio, environ 40%

des terres cultivables sont laissées en friche cette année. On nous a souvent répété au cours de

nos enquêtes: "cette année, on va seulement semer pour manger et pour le bétail". Cette

évolution se dessine déjà clairement pour certaines exploitations, notamment les personnes

âgées: l'élevage ne nécessite que peu de main d'oeuvre et les terres peuvent ainsi être valorisées

à moindre coût (passage à l'engraissement à l'herbe sur les passages laissées en friches... ).

Plusieurs agriculteurs nous ont en outre fait part de leur projet de s'orienter de plus en

plus vers l'élevage et d'abandonner la culture commerciale du maïs. Enfin, si les prix du maïs

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sont nettement à la baisse, ceux de la viande se maintiennent et ont même augmenté cette

année suite à la sécheresse importante dans le nord du pays (zone d'élevage extensif) qui a

causé la mort de milliers de têtes de bétail.

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CONCLUSION

Contrairement aux deux études précédentes effectuées dans le cadre du programme

tepetates, ces types de sols ne sont pas réhabilités à Las Cruces. En effet, non seulement ils

n'affleurent que de façon ponctuelle ou dans des zones déjà incultivables du fait de la pente,

mais il y a eu aussi jusqu'à maintenant suffisamment de terres disponibles - pour ceux qui y ont

accès - pour que les paysans ne ressentent pas la nécessité de réhabiliter ces sols. Dans les deux

études précédentes, la réhabilitation date de plus de vingt ans et est .fortement liée à

Ilaugmentation de la pression foncière et à une politique de soutien à ragriculture mexicaine

permise par les revenus du pétrole. Dans le cas de Las Cruces, cela fait une dizaine d'années

que les zones de parcours sont réduites aux zones les plus difficiles à mettre en valeur. ..

Cependant, comme nous ravons déjà signalé, les tepetates sont souvent sous la couche de sols

labourables. Une érosion trop importante pourrait mettre à nu de plus grandes surfaces de

tepetates et stériliser ainsi le terrain. Nous avons vu que de nombreux agriculteurs n'obtiennent

pas 5 000 N$/an de revenus agricole. La réhabilitation d'un hectare de tepetates coûte environ

4 000 N$. Cette comparaison met bien en évidence que l'environnement socio-économique

actuel est déterminant vis à vis de la gestion et de la mise en valeur du milieu.

Malgré des revenus de plus en plus bas, on constate que les agriculteurs n'abandonnent

pas leur terre. Les petits se maintiennent, soutenus par rémigration aux Etats-Unis ou une

seconde activité locale. En effet, il est souvent affirmé que pour les agriculteurs de Los Altos,

la terre est le seul capital fiable (José Antonio Gutiérrez Gutiérrez, 1991). Référence culturelle

qui peut s'expliquer par la tradition de la petite propriété dans la région mais aussi par la

situation de crise générale qui sévit au Mexique. On entend souvent les agriculteurs dire: "au

moins, nous, on a de quoi manger, alors que à la ville, les gens n'ont rien du tout". Certains

sont même revenus de Guadalajara car ils n'arrivaient pas à maintenir leur famille là-bas. Enfin,

il est vrai que dans la situation parfois précaire des émigrés aux Etats-Unis, la terre et

ragriculture constituent une base arrière non négligeable pour les clandestins toujours

susceptibles d'être renvoyés. On peut remarquer que le "grand frère du nord" accorde plus

facilement un visa à tous ceux qui prouvent qulils ont de la terre et du bétail au village.

Ainsi nombre d'exploitations qui ne peuvent pas se reproduire par elle-même persistent

car elles permettent au moins de fournir la base de l'alimentation de la famille et de maintenir

également un capital sur pied: le bétail. Les projections selon lesquelles tous les petits

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exploitants vont disparaître depuis l'application du programme PROCEDE1

sont - pour

l'instant - infirmées par cette constatation. De plus, nous avons vu que dans la région, les terres

ejidales sont depuis longtemps vendues ou louées. L'impact de la réforme. de janvier 1992 de

l'article 27 de la constitution paraît reconnaître une situation de fait pour le marché de la terre.

Par contre, les effets de la dévaluation sont beaucoup plus importants. Certains

agriculteurs n'ont semé que 5 ha cette année contre 15 les années précédentes. Le

PROCAMP02 incite néanmoins les paysans à emblaver leurs parcelles en maïs pour obtenir

l'aide directe à l'exploitant (350 N$/ha) qui permet d'équilibrer leur revenus par rapport aux

consommations intermédiaires. Cependant, en fin de saison sèche, ils n'étaient.pas encore sûrs

d'obtenir cette subvention et hésitaient d'autant plus à semer. Cette aide directe aux

producteurs devrait être versée, en principe, durant 15 ans... Parallèlement le prix de soutien

du maïs s'alignera sur les prix mondiaux. Le prix mondial du maïs varie entre 85 et 110 $ la

tonne (IL. F~sil1ier, 1995), soit 250 N$ avant la dévaluation, il est évident qu'aucun

agriculteurs de Las Cruces ne pourra espérer une amélioration de revenus de cette situation.

Quelles perspectives pour demain? Nous avons vu que l'augmentation de l'activité

d'élevage se dessine de plus en plus clairement. Cependant, cela ne signifie pas la disparition .de

la culture de maïs mais peut-être une intégration plus forte agriculture-élevage: une proportion

plus importante de la surface en maïs sera consacrée à la production de fourrages pour le

bétail. Plusieurs nouvelles cultures ont déjà été essayées par les agriculteurs: le blé les années

très sèches, le sorgho, le maïs «milo», la luzerne... sans grands résultats. Par contre, les

graminées fourragères permettent une amélioration nette des surfaces de parcours. Dans

certaines régions, elles sont plantées entre les pieds de maïs (Hubert Cochet, 1989).

La production laitière se limite à l'auto-consommation. TI est vrai que la piste menant à

Las Cruces. (parfois impraticable en saison des pluies) interdit sa commercialisation.

Cependant, certains agriculteurs transforment déjà le surplus en fromages ou en glaces qu'ils

commercialisent sur le village. Le développement de la production laitière serait à étudier. En

effet, elle permet une production double par vache (veaux et lait), la transformation en fromage

serait une piste pour rechercher une certaine diversification et une récupération plus grande de

plus-value.

1 dans le cadre de ce programme, des titres de propriété de leurs parcelles sont remis aux ejidatarios.2 programme d'appui direct aux producteurs (littéralement: programme pour les champs)

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Dans le même' ordre d'idée, la ocn1 de Cuquio a demandé une étude pour la

construction d'un atelier de transformation de la physalis afin de garantir un écoulement de

cette production sur le municipe. Ce projet permettrait de garantir un prix d'achat acceptable

pour les producteurs. Certains cultivent déjà la physalis en irrigué (cas de l'exploitation n037).

Or de nombreux agriculteurs ont creusé des retenues collinaires ces dernières années pour leur

bétail. Les années humides pourraient être mises à profit pour cultiver une petite surface en

physalis (ou autre diversification maraîchère). Le prix est nettement plus élevé en mai (1000

N$ garantis)

Enfin, de nouvelles productions, telles que fruitiers, agaves ou fleurs, ne sont

accessibles qu'à des agriculteurs ayant une capacité d'investissement élevée. Le développement

du crédit pour encourager ce genre d'initiatives est très peu probable dans le contexte actuel.

Par contre, nous avons vu que certaines productions ont des problèmes de commercialisation

(les fleurs notamment). Il serait peut-être intéressant d'étudier les différentes possibilités de

mise sur le marché de ces nouveaux produits. En effet, en ce qui concerne les fleurs, un

agriculteur de la région exporte sa production vers les EU...

Malgré ces nouvelles initiatives, l'agriculture réussira-t-elle à survivre aux accords de

libre échange et à la concurrence des Etats-Unis? Les jeunes au village partent dès l'âge de 17

ans... et s'installent de plus en plus aux EU. Selon Jesus Arroyo Alejandre (1991), sur

l'ensemble de l'état du Jalisco, 69% des migrants envoient de l'argent des Etats-Unis pour

soutenir une économie familiale qui se détériore de plus en plus. Entre 50 et 100% des familles

vivraient de ces envois selon la localité considérée. L'émigration ne permet plus

d'investissements significatifs mais entre pour une part importante dans l'économie familiale.

Depuis la dévaluation (décembre 1994), plus d'un million de mexicains ont été licenciés

lors de la fermeture de nombreuses PME. Dans ce contexte de crise générale, il paraît évident

que l'émigration aux Etats-Unis restera une option pour beaucoup de paysans mexicains. Ds

continueront ainsi à soutenir leurs familles au village mais pour combien de temps?

1 Organisacion Campesina Independiente deI estado de Jalisco (Organisation Paysanne Indépendante de l'étatde Jalisco)

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GRILLE D'ENQUETES

Les enquêtes on!. été ellr,;r,;!uées de maIllere Olwer!e. Cependan!~ les inforrnatioIL"'> arécolter sont précises. La gi.;lle d'enquêtes, si elle présentées sous ÎOffile de questions précises,

, •• • 1 1- • •• 1 •• .' 1f •• 1

il eSI. qU.lJ.n gu.w.e u'emrener~ les quesllom; sont posees iHJ. cours Ulme r,;onven:muon pms oumoins "libre" avec l'exploitant. On peut noter que certaines questions présentes dans cette gr:J1e(ln' r~I"~ .1.~..(" ..• "'-'''S l'l'"'-' 'Î'''n'-''I:I'- (P"- "~'I'mr:l'" 1.. l'r'-'-''' --,.'r"· 1.••. -r"p~":"':_'''' •"rr''':'~ l, .... t.. \.:.....v.-"S.Vv~i~,_ \..r,=, ~ ... v iJ.\,...J......H _la... ....",.:).....1. 1-'''''' la,. .... '"-J~ ...U ....I, a·v""'.... J.....~ l-J... c...'_J~.1\"'i.au\.r~ \.J,. i:' I\". J. ....ï:'j.

Enfin, cette grille d'enquête n'est pas exhaustive, de nouvelles questions ont souvent été suscitéslCJI"S (!es cn[rc!icns.

Situation fam!Halc

Nom de l'exploitantAge appro:ili-nalifNombre de personnes vivant sur l'exploitation1\t1aÏ!, <l'ocu'\'Tc farr-jlialc :

qui (lien de parenté),ftges de chaque !rava111cur [amlila~en pel1ilanenCe sur l'exploitation ou nOl"i.pour qudles acli"vités parlicipe+elle?

ReSSOUïces de i1expioîtatîon

Nombre d'ha de ten'es cultivées, de ten'es de parcoursTenure de la terre:

~lidale,

propriété,location, fermage; métayage, contrat (c03.LTj}es)

T.ocaitsatiotl des terres, type de sols, qualité

"t-Jf-veau d'équipet-nent en propriété (incluant les moyens de transport de l'exploitation)AmOllissements des équipements : coût réactualisé de i'équipement, durée réelle d'utilisation,Cf:ût d'entretienPrestation de services

pour quelles actn:itésmûts

SjlstèiiiC <ie cultures

Cultures pratiquées,Nombre d'lm moyeI1'; pHr cuiiure,ItÏ...'1éraire techI1ique précis pour chaque culture : types et ...btes de travaux, temps de travaux,doses ci lypes d'ininm.ls ci leur prIX,Rendements moyens et variabilité (causes de h variabilité).Emplfji é\:cntucljou.ma11cr:"'i (PUUi (Jllel,:; t.:ypcs (le Irav'atiX, siiliiircs, temps),Devenir des résidus de cultures1",..",..,..,,.,,,-1 rÎI''' n,..'\ril'~ls rl" 1.. -"~r'l\li".:. .=. ~'!i·.:.:..t_·l-""-·! "" ._~_,_. 1-'"':' t_••_~ _~':".-t_ ""~~ .:.4 l .... 'l:I" .._·.:,,,·v

!)art auto-cOilS0111111ée, part conlrLicrcialiséeRotations

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Commerciaiisation : où (Cuquio, sur piace, Guadalajara-CONASUPO, particuliers, gmssistes),comlnent (ttpe de transport, cOÛi), coût de ia cOffilnercialisatlon; prix de ventes des différentsproduit!' de i'exploitatkm

Nombn; de boviI"L'".i, race,Taureau reproducteur ou non (pri.x, choi.x de la race, taux de renouvellementSystème fi)u.rragcr :

localisation des arumau.x au cours de l'année. 1 "1" , / T " ,. "type (les (CITes cc parcours U\LL':ieS \parcours COIfu-mm, pnve, loealIOn-

coût, surface), qUâlité des parcours (naturels -torêt, maquis-, semés)abreuvcrnent (retenue eollinaire -privée, ejidillc, collec\ive- apportjournalier d'eau)qu.;.·mlilé, qualité, coüt des îourragcs cl/ou des concenlrés achetéspériode de dist:.-ihution et doses selon les difterents ateliers

Nombre de veau.x par aI':.., période de vêl:l~es- ". 11 •LJcvcmr ues veaux: renOu.vellement, engnm.,semcnL. ..Age de· vente des veau.x, prix de vente, période de vente (pourquoi : besoin de trésorerie,maIl(lUC (le parCtll~rs, cngrair;scrncnt. à l'hcrb{,;... )~ {)Ù ~,.:çn{!-~ con.t. éventuel {lu t.raIL~p!)rt.

Traite des vaches: nombre de vaches traites, période de traite, quantité de lait par JOur,d<':s!Lt1.a!ion du. lai!.Il ,..... r.. ..:1.l'i..Cmnnes : age, causes, pnx ue ventePerspective d'évolution du. trou.peau

Subvcniions ci crédits

Subventions: nombre d'ha en PROCi\.MPO, 1'/.$1::, .t\.l'\Ji\"Xi\,Crédits: montant, !,aux d'h""ltéri3!, pour quelles dépcI1':>cs, date dc rcmbouI8cmcniUSUiiers : idem que pour ie crédit

i\.utres sources de re'.-'enus : seconde acti,.ité, erf\loi d'argent par les nùgrants

Da!es ct mCJ(ks d'acquisilion de la !crri,;Dates et modes d'acquisition des n1ûycns de productionI:v1igralion aux Elals-Unis: qu.~ quam~ pourquo~ fréquence de migralion1l r' <, , l' • l' l·r·· , -t. , <rers.peC\-lve a e\!O.l.ution üe .1. exp.l.Ol\tll10!1 : a COUl \- et a lorig ternle

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ECONOMiA• Se suspende la tasa.de equilibrio para las UDI > 27 • Gran batalla entre México y EU para la ampliacién dei TLC > 28

.....

buirian cn absorber los exceden­les de agave de aeucnlo COD SUSposibiJidades, "qne SI las tienenaunque prOduzcan 1()(J por dentopuro de agave, porque podrian in·cremCntar su proàucci6o-.

Camaebo Omelas puotualiz6que por desgracia, "las uniones yorganizacîoncs sc han aprove­chado dei produclOr dei campo ydcscan enconirar la saJîda de unsolo c.scopct<.tZO ( ...) nccesilamos

o lncrcmcntû· el consuma de aga·ve, "tcnernos que conoœr los ex­ccdcntcs para poder asumir corn·promisos que reSlIe\van el pro­blema y ver los riesgos que eSlasmcdidas implicarfan"

El lambién vicepresident~ ùela Cimara Regional de la Indus­lria dei Tequil. (CiUT), mcn­cion6 que J partir dd conocl­mi~nto exacto de la rcalida<l, (actauna de las compaiiias Cnl1lr;-

mundo sembr6 el producto..No sctuvo una relaci6n estrecha cntrelos produclores y la industria.Ahora se tienen 30 rnillones decabeias de mezcal de un padr6nde 180 que estan listas para ji-.marse, pero 'que no pueden saliren su lotalid3d a las'ftibricas",

Por su parlé, el direclor gene­r.1 de Tequila Sauza, Jorge Ca­roacho Ornelas, subray6 que masque establecer un precio minimo

,1

• • • 1 •

" 1N DUS T RI ADE L TE QUI L A .:t~~-i..',~:'

Apareéeqi,p~9Puestas .p·arasolucioD,J~~;làsobreprQ(JÜtci611·de agaveeifTeqütla

• f';~': \. ~ • . :,....."'~ ...

""'" . '.-< "''''::''~.~: FRÀNOsco R.EI'in:RfA l . 'do buena voluntad de làs' paite.sp;iiil

LOS problemas deso- E acuer '.' solucionar cl problema,·y. desdè..tireprod'ucci6n y coyo-' . . ......, . ;,.. luego que la induslria tieD~'ppac':'.

taje queviveDlos pro_compromèt(;ina :.~ cidadl'ara resolverlo~.':.:,:",.;,~';;:,ductores de agave en a las des' hl~.'do"ras '.'. <'C .0.'<'

el estado cûmîeIizaoa enCMlrar. a Attitud politi6! ':, .... ,. ...~propnestas .coDcretas de soluci6n. a consumirentreLos Ca:mpesinos sugieren que lasempreSas compren su mezcal a 5 10 . ': t "550 Duevos 'pesos por tonelada Y por Clen 0como minimo,y que la industria maS de.a O'av,.e y'.' '.'

eleve su Consumo. de esta maleria 0'prima,", .... ·delineariaun' ..

No obstaote, aJgunas compa-filas prOdudoras de tequila consi- . precio minimoderao que. es dificil incrementar elconsumo de agave para elaborar que seria de 550la bebida, porque las fabricas notienen la suficiente.capacidad ins- nuevos pesos portalada para hacerlo. Ademàs, afir- tonelada, l·n'-F.Orm· ',0'man que de !levar a cabo este 'Jcproyeclo, el precio dei prod UCIO l 'dsc incrementaria notablemente. ayer e presl ente

De igual manera, Teconoccn la die .existencia de los coyoles, quienes e onseJoa su juicio se aprovœhan de los Nacional deprodUClores de agave, a quienesles comprd1t. el insumo a prccios Et" dlllUY bajos. Dicen que el precio ,xpor aClon eminimo Por tonelada de 550 nue- Occidentevos pesos "es cl JUSIO I

', aunqueexiSIC mezcal que por su calidad (Conacex), Josépuede pagarse arriba 0 abajo deesa cantidad. Guadalupe

El presidente dei eori,ejo Na·ciona! de Exportaci6n de Ocei- Gonzâlez Rùbiodenlc (Conaccx), José GuadalupeGonzalez RubÎo. quien liene scm­bradas mas de 350 hectareas deagave, inforrn6 ayer de la' pro·puestas a la industria y r~vcl6 que"estamos por firmar cl acucrdo.rncdianle el cual las emprcsasconsumirian entre 5 y 10 porcicllto mas de agave y sc delinea­ria un precio minimo".

Respecto a la sobreproduc­ci6n, estim6 que dado 10 rentableque fue el vender agave haccpoco mas de cÎnco aiios, "todo el

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\AB~ .06 ~ULIA-l~

D'€l\jQ\)e:.-re:.~·

nOexpl. nbre actif nbre hbt S tot S cultlactif S parcour Cultures Rdt M tlha Rdt C tlha-1 1 2 9 9 AC m 2,7 a2 1 4 16 8 8 mh 3,5 63 1 5 5 5 AC mhp 2.75 54 1 2 1 1 a mh 2.8 a5 1 3 6 6 AC mh 3.75 maz 3,56 1 4 1 1 a mh 0,4 a7 1 2 0,75 0.75 a mh 2 a8 1 5 1 1 a mh 0,4 a9 1 1 67 30 37 mh 3 1.7

10 4 3 165 32,5 34 mhp 3 3,411 1 5 20 3 17 mhp 3 a12 2 3 10 2.5 5 mhp 3.5 maz 413 3 10 12 3 3j 1AC mhp 3.5 3,514 3,4 8 9 1,8 2.51 AC rnhp 3 615 1,4 7 9 4.6 3 j Iloc mhp 3.25 maz 516 3,5 7 5,5 1,6 a mhp 3 maz 317 2,6 7 4 1,5 AC mh 2,4 418 2 4 4 2 a mhp 4 maz 519 4 15 42 3 30 mhp 2,75 220 3 9 29 6,3 10 mhp 4 021 1 3 8 8 AC mh 3 maz 522 2,4 . 7 9.5 2 3.5/1 j A mhp 5maz 423 2 3 17 3 11 j m 5 maz 024 3 6 2 0,7 o mh 2maz 1,525 1,5 9 2 1,3 o mh 1 maz 1,526 3.2 9 35 11 lac mp 3 5,527 1,9 9 8 3,4 10 père mhp 3 628 1 2 1 1 AC mh 3 maz 2,529 2,4 4 5 2,1 a mh 2.8 maz 030 2,4 7 24 3,3 20 m 3 331 3 9 4 1,3 lac mhp 2,5 032 2 7 4 2 AC mhp 4maz 2,533 3 6 8 2 2j 1AC mhp 3 034 3,2 6 8 1,7 2j 1AC mhp 4 2,435 2,8 8 12 4,3 2r/AC mhp 2,7 4.436 3,4 7 10 2,9 AC mhp 3 537 1,5 3 4,5 2,7 0.5 ri AC mhp 3.75 maz 638 5 9 18 3,5 loci AC mhp 3 4,539 2 4 30 4,5 9/12j mhp 3maz 540 2,4 5 16.5/5.5 pr 6,9 15 mère mhp 3.75 maz 5

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Rdt CG t/h Rdt H kg/h RdtT Animaux RAN 1 RAN/actif VAN/actif RAN2 RAN/actif4 0 04v 5510 5510 1410 5510 55100 1000 07v+1t 11800 11800 13575 11800 118000 140 85v 6500 6500 6220 10500 105000 200 0 0 2330 2330 2330 2330 2330

10 200 03 v + 4 pn 12160 12160 9165 12160 121600 100 0 0 630 630 630 630 6300 160 0 0 2030 2030 2030 2030 20300 100 02v 2855 2855 2855 2855 28550 300 020 v 24850 24850 16750 24850 248506 660 6,5 30 v + 1 t 187800 46950 54000 199170 497930 200 13 20 v + 1 t 8320 8320 7970 14670 146700 350 10 10 v 6240 3120 5960 11340 56700 100 6,5 10 v 22669 15110 11030 26425 8808

11 1500 (pur) 12 2v 16990 4997 10790 31150 91620 500 15 1 v 14400 10286 9715 26990 192790 150 12 0 7335 2096 4585 17210 4917o 1400 (pur) 02v 13710 5273 9545 13710 52730 320 18 0 7500 3750 5280 27400 137000 200 12,5 30 v + 1 t 16300 4075 12780 28260 7065

6,5 500 12,5 5v 26340 8780 19285 40140 133800 300 07v 3445 3445 645 3445 34450 350 4,5 4v 14540 6058 9385 17190 71630 0 o 0 (lait) 20000 10000 13830 20000 100000 120 0 0 1920 640 2400 1920 6400 60 0 0 1275 850 1275 1275 850

10 0 15 10 v + 1 t 16935 5292 24195 25985 81200 900 13,5 2v 13970 7353 8490 21620 113790 100 02v 3220 3220 3130 3220 32200 160 0 0 2440 1630 1630 2440 10170 0 027 v + 2 t 3070 1279 5930 3070 12790 250 5,5 4v 7980 2660 .5020 11030 36770 400 53v 14575 7288 9025 17605 88035 500 12,5 5v 13290 4430 8270 21440 71470 350 12,5 3v 14070 4397 7835 21240 66380 500 10 5v 32715 11684 11890 55835 199410 100 15 5v 18635 5481 8730 31160 91659 500 12,5 2 v + 18 24540 16360 19200 24540 163608 400 3,5 20 v + 1 t 21370 4274 8030 22670 45340 250 10 7v 9500 4750 6020 14660 73309 0 11 5 v + 1 t 13950 5813 7050 39820 16592

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VAN/act 2 VANM VAN/ha M couUha M VANT1 VAN/ha T CoûUha T VANT2 VAN/ha T1410 -410 -45 1425 0 0 0 0 0

13575 12620 1580 1585 0 0 0 0 010220 3820 955 570 120 120 1320 4120 41202330 2330 150 0 0 0 0 09165 3800 630 1545 0 0 0 0 0630 630 630 80 0 0 0 0 0

2030 2030 2700 310 0 0 0 0 02855 630 630 . 80 0 0 0 0 0

16750 12490 420 1050 0 0 0 0 056850 188500 1500 1200? -770 -255 1560 10600 353014320 2620 1310 565 2020 2020 480 8370 837011060 2330 580 1065 1070 1070 890 6170 617013530 14250 1780 685 825 825 430 4575 457520910 6275 1730 600 4200 2100 255 18360 918019400 7310 1625 390 3720 2480 320 16310 1087010755 4955 1240 260 2380 1590 770 12255 82009545 2980 990 395 0 0 0 0 0

21865 2410 1380 560 3930 1965 1585 23830 1191523655 7140 715 1120 -3120 -1560 2615 8840 442029900 19410 1140 990 1545 770 1490 15345 7670

645 2175 270 2340 0 0 0 0 011280 8600 2150 560 390 390 510 3040 304013830 17980 3000 1660 0 0 0 0 02400 2400 1200 360 0 0 0 0 01275 ·1275 640 250 0 0 0 0 0

31740 30425 895 1280 1545 1545 790 10595 1059514610 6660 1210 1150 1780 1780 850 9430 94303130 1673 1673 170 0 0 0 0 01630 1630 490 260 0 0 0 0 05930 6560 820 2000 0 0 0 0 07460 1145 380 1020 . 420 420 680 3470 3470

11190 6910 2300 1075 170 170 825 3200 320014540 6270 1254 1110 1915 1915 400 10065 1006512960 6980 1550 1585 1620 1620 840 8790 879021530 15855 1980 790 6170 1540 425 29290 732016560 8125 955 1160 3750 2500 390 16275 1085019200 7000 1750 1420 7930 7930 3170 7930 79308620 13060 840 720 -850 -425 700 450 2259990 4060 510 1170 1415 1415 550 6580 6580

24300 9270 740 1420 -2220 -555 2300 23650 5910

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Coût/ha T VANax VAN/UZ %M récolte Typo mat0 1820 455 90 GITG 20 960 140 75 G/C 2

1320 2280 456 75 G/C 30 0 0 100 G 50 5365 0 66 GITITG 20 0 0 100 G 50 0 0 100 G 50 2225 1110 100 G 50 1160 60 85 GIT 1

2970 28280 940 97 GITITG "

4530 3330 167 67 G 33790 2560 256 40 GIT 21880 1470 147 82 GIT 22775 4636 2318 84 GITITG 33930 1600 1600 86 GIT 33790 0 0 100 GIT 3

0 4832 2416 76 GIT 36035 0 0 100 GIT 36635 ·10040 335 76 GIT 24440 4115 825 93 GITG 1

0 -1530 -220 75 GIT 21460 4150 1040 85 GIT 3

0 0 0 100 G 20 0 0 100 GIT 40 0 0 100 GIT 4

3740 -2935 -290 86 GITITG 14000 2175 1097 90 GIT 2

0 1457 730 69 GIT 40 0 0 100 G 40 -40 -1,5 68 GIT 2

2430 4710 1180 100 G 21795 2190 730 86 GIT 32250 2570 515 66 G 33670 2370 790 81 GIT 32550 6520 1300 81 GIT 34040 2095 420 86 GIT 23170 1395 vi 67 700/375 81 GITITG 31100 19650 980 69 GITITG '13385 3970 570 71 GIT 24630 3525 705 76 GITITG 1

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Légende de l'annexe :

Rdt M= rendement du maïs grainRdt C= rendement des tiges de maïs broyéesRdt CG: rendement du maïs plante entière broyéRdt H= rendement du haricotRAN 1= revenu agricole net (1: prix de la physalis à 200 N$/tonne)RAN 2= revenu agricole net (2: prix de la physalis à 1000 n$/tonne)VAN M= valeur ajoutée nette de la culture de maïsVAN T= valeur ajoutée nette de la culture de physalisV AN ax= valeur ajoutée nette des productions animalesV AN/UZ= valeur ajoutée nette par unité zootechniqueTypo mat= typologie selon le facteur niveau d'équipementAC= "agostadero comun" - parcours ejidal communj= jachère3,75 maz= rendement du maïs en épiv=vachet= taureauLes résultats économiques sont donnés en nouveau peso avant la dévaluation de décembre1994

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Résumé.

. L'érosion a mis a nu 27% de l'axe néo-volcanique du Mexique, zone la plus peuplée dupays, des sols volcaniques indurés stériles tels quel appelés localement "tepetates'', Un sous­solage au bulldozer permet de réhabiliter ces sols et de les cultiver. Un progranune de recherchemené par le Colegio de Postgraduados de Montecillo, l'ORSTOM et l'Université de Giessenétudie entre autres les potentialités agronomiques de ces nouveaux sols. Dans le cadre de ceprogramme, nous avons étudié un village de l'état de Jalisco.

Si il est rapidement apparu que la pression foncière relativement faible dans cette zonene justifiait pas la réhabilitation de ces types de sols, l'étude du milieu a mis en évidence lanécessité de lutter contre l'érosion afin de ne pas mettre à nu de plus grandes surfaces entepetates. Cependant, le contexte économique a changé par rapport à la période où l'étatmexicain, grâce aux revenus pétroliers, pouvait financer des aménagements et garantir les prixdes céréales. Dans ce village où la migration aux Etats-Unis est traditionnelle et entre pour unepart importante dans les processus de capitalisation des exploitations, la mise en valeur dumilieu et les logiques de fonctionnement des différents systèmes de production identifiés nepeuvent s'affranchir de ce facteur, ni des contraintes socio-économiques actuelles. Ainsi, danscette zone principalement productrice de maïs, la signature de l'ALENA et la dévaluation dedécembre 1994 menace particulièrement ces exploitations déjà très "extroverties". Cela faitquelques années que l'argent des Etats-Unis ne permet plus d'investissement dans l'agriculturemais entre pour une part importante dans le soutien de systèmes de production nonreproductibles en eux-mêmes. A terme, avec la diminution du prix des grains de bases, cette"soupape de sécurité" risque d'attirer de nombreux paysans sans avenir.

Mots clés: Mexique, Jalisco, sol volcanique, système de production, étude socio-économique,émigration

Resumen

En los 27% de la superficie del eje neo-volcanico, una de las zonas mas pobladas delpais, aparecieron,a causa de la erosion, los tepetates, que son suelos volcanicos indurecidos quene se pueden sembrar asi. Pero despues de una roturacion con una maquina pesada, ya esposible cultivarlos. El CP de Montecillo, el ORSTOM y la Universidad de Giessen estudianjuntos las potencialidades agronomicas de esos suelos roturados. Nuestro estudio sobre unacomunidad del estado de Jalisco se realiza en ese contexto. Nos fijamos rapidamente de que lapresion sobrevia tierra, bastante baja, no justifica la rehabilitacion de estos suelos. pero elestudio del medio ambiante muestra que es necesario evitar la erosion para que no aflojen mastepetates. Sin embargo, el contexto economico cambio desde la época de garantia del precio delos granos bàsicos que podia soportar el gobierno mexicano con los recursos del petroleo. Eneste pueblo, la migracion hacia los Estados-Unidos es tradicional y toma una gran importanciaen el proceso de capitalisacion de las explotaciones. No se entienden las logicas defuncionarniento de los diferentes sistemas de produccion sin tomarla en cuenta, asi como elaspecto socio-econornico. En esta zona, el mayor cultive es el mais, las explotaciones sufrenaun mas del TLC y de la devaluacion de diciembre 1994. Ya hace varios anos que los ingresosdel no rte no permiten inversiones en la agricultura sino que vienen à contribuir a la deterioradaeconomia ruraL Con la bajada del precio de los granos basicos, el norte atrae carla vez mas loscampesinos sin porvenir en su tierra.

Mexico, Jalisco, suelos volcanicos, sistema de produccion, analisis socio-economica,ernigracion.