etude d’un syndrome...

19
Anne sophie Champalle 2012 ETUDE D’UN SYNDROME VERTIGINEUX EN MEDIATION SINOKINETIQUE Par Anne-Sophie CHAMPALLE Mars 2012 Résumé : Ce travail propose létude de cas dune patiente atteinte de syndrôme vertigineux traitée en médiation sinokinétique. Il permet de préciser la différence entre vertige paroxystique positionnel bénin et vertige hémodynamique. Les résultats semblent montrer une bonne efficacité de la médiation sinokinétique sur ce type de troubles.

Upload: hoangdien

Post on 02-Oct-2018

226 views

Category:

Documents


0 download

TRANSCRIPT

Anne sophie Champalle 2012

ETUDE D’UN SYNDROME VERTIGINEUX

EN MEDIATION SINOKINETIQUE

Par Anne-Sophie CHAMPALLE

Mars 2012

Résumé : Ce travail propose l’étude de cas d’une patiente atteinte de syndrôme vertigineux

traitée en médiation sinokinétique. Il permet de préciser la différence entre vertige

paroxystique positionnel bénin et vertige hémodynamique. Les résultats semblent montrer une

bonne efficacité de la médiation sinokinétique sur ce type de troubles.

Anne sophie Champalle 2012

TABLE DES MATIERES

I Pathologie étudiée

II Définition

III Motifs de consultation

IV Anamnèse occidentale

V Anamnèse orientale

VI Etiologies possibles

VII Bilan de kinésithérapie vestibulaire

VIII Bilan de médiation sinokinétique

IX Raisonnement MSK

X Proposition de traitement

XI Résultats

XII Bibliographie

XIII Annexes

Anne sophie Champalle 2012

I. Pathologie étudiée :

Madame M.H., 64 ans, est venue en consultation pour un syndrome vertigineux, présent

depuis 2 ans de façon épisodique.

II. Définition des vertiges :

Un vertige peut se définir par un symptôme subjectif (la sensation erronée de déplacement

des objets par rapport au sujet ou du sujet par rapport aux objets) et par un signe objectif

concomitant : le nystagmus vestibulo- oculaire.

Il traduit l’atteinte d’un point quelconque du système vestibulaire, défini par le labyrinthe,

le nerf vestibulaire, les centres d’intégrations et de traitement du signal.

Cette atteinte provoque l’envoi en direction des centres de l’équilibre, d’informations à la

fois erronées (puisqu’elles simulent une stimulation qui n’existe pas) et en contradiction avec

les autres sources d’informations, proprioceptive et visuelle, qui nient pour leur part tout

mouvement réel. C’est de ce conflit sensoriel que nait la sensation vertigineuse.

Le système vestibulaire n’a pas l’exclusivité du contrôle de l’équilibre. Il agit sur et

interagit avec d’autres systèmes pour assurer la stabilité du corps et du regard.

Pour s’équilibrer, l’homme utilise des informations en provenance de quatre types de

récepteurs : visuels, labyrinthiques, proprioceptifs, extéroceptifs tactiles et pressionnels ; leurs

informations transmises vers les noyaux vestibulaires sont traitées et mises en forme dans le

tronc cérébral. De là, elles sont alors véhiculées vers les centres supérieurs. En cas de

cohérence de l’ensemble des informations, l’homme parvient à l’équilibre statique et

dynamique ; mais si la moindre incohérence survient, il est alors victime d’un trouble de

l’équilibration, dont le vertige n’est que l’une des expressions.

Anne sophie Champalle 2012

III. Motifs de consultation :

Madame M.H. a des vertiges depuis 2 mois, qui surviennent principalement en décubitus

dorsal et / ou latéral gauche.

Les anti vertigineux ont estompé les vertiges mais sont reproductibles en décubitus.

Il y a présence de nausées, et une sensation ébrieuse.

IV. Anamnèse occidentale :

Vertiges récidivants depuis 2 ans, apparaissant en décubitus et lors des mouvements de la

tête vers le haut et vers le bas.

Le médecin généraliste lui faisait des manœuvres libératoires de Sémont* à chaque fois, et

elle se sentait mieux. Cependant, cette crise n’est pas passée.

La prise de médicaments anti vertigineux n’a rien changé.

Mme M.H. a de l’ostéoporose et du cholestérol.

Il existe une grande raideur cervicale avec remaniement arthrosique en C6 C7, associant un

pincement discal, avec ostéophyte et réduction de la lumière du trou de conjugaison.

V. Anamnèse orientale :

Statique en antéprojection de la tête, sans rotation.

Rachis thoracique en cyphose

Rachis lombaire très raide, et apparition d’un méplat au test de flexion debout

Genoux en récurvatum

Pas de modification de l’appui au sol avec ou sans cale.

Douleur cervicale principalement localisée à gauche. La douleur augmente avec l’humidité.

Anne sophie Champalle 2012

Douleurs sourdes au niveau de la hanche et du gril costal gauche.

La patiente a des troubles du sommeil, ne dort pas beaucoup la nuit.

Elle souffre également de constipation.

VI. Etiologies possibles :

- VPPB (vertige positionnel paroxystique bénin)

- Vertige au changement de position ou vertige hémodynamique

5.1 Le VPPB

C’est une pathologie du canal semi-circulaire postérieur ou horizontal, elle-même

secondaire à une atteinte dégénérative de la macule utriculaire. Il en résulte un détachement

des otoconies de la macule utriculaire. Dans un second temps, cet amalgame migre à

l’intérieur du canal semi-circulaire incriminé et réalise ainsi une canalolithiase par pression à

distance de la cupule du canal semi-circulaire concerné.

Le vertige est rotatoire et violent à survenue brutale, il ne dure que quelques secondes. Il

survient au changement de position de la tête dans son lit ou en position verticale.

Le VPPB est objectivé par la présence d’un nystagmus torsionnel battant vers l’oreille

basse, qui s’épuise après être passé par un paroxysme, et s’inverse au retour à l’orthostatisme.

Ce vertige est d’une part anxiogène, et pourra provoquer une réaction du système

neurovégétatif à type de nausées. Le patient évite tout mouvement risquant de déclencher les

symptômes. Mais alors qu’il essaye d’éviter le VPPB, il risque des contractures des muscles

cervicaux.

Si le VPPB récidive trop souvent, il risque de s’installer une désorganisation neuro-

sensorielle dont la plus fréquente est le syndrome de défilement avec dépendance visuelle et

omission de l’information vestibulaire.

Anne sophie Champalle 2012

5.2 Le vertige au changement de position ou hémodynamique

C’est une affection récente, dont la majorité des manifestations sont étiquetées VPPB,

alors que ni la cause ni le traitement sont les mêmes.

C’est un vertige rotatoire, dont la durée est plus longue que le VPPB, avec un état de

malaise qui suit le vertige et qui oblige le patient à rester couché immobile. Le vertige est

produit par une association de mouvements : il quitte une position pour en prendre une autre

en passant par l’orthostatisme. Il est plus fort à l’orthostatisme que couché, et associé à un

déséquilibre non latéralisé invalidant.

A l’anamnèse de notre patiente, on découvre la présence de douleurs nucales, de

céphalalgie constrictrice de type tête serrée, d’une grande fatigue et de difficultés de

concentration. Tout ceci fait effectivement penser à une affection vasculaire du territoire

vertébro-basilaire.

Ce vertige est objectivé par un nystagmus torsionnel battant dans une direction et qui

s’épuise très difficilement, s’il s’épuise. La direction du nystagmus est la même quelle que

soit la position de la tête. Son amplitude est petite et sa fréquence beaucoup plus basse. Au

retour à l’orthostatisme, le nystagmus bat dans la même direction.

Ces vertiges sont retrouvés dans deux types de populations assez stéréotypées quant à leur

morphologie :

- De jeunes patients de 20-25 ans, hypotoniques sans activités sportives, profession

sédentaire avec ergonomie de travail sur ordinateur désastreuse. Lorsqu’on les regarde

de profil, assis, on remarque un affaissement du tronc avec augmentation de la

cyphose dorsale, entrainant par compensation une position de la tête menton en avant.

La charnière cervico-occipitale se trouve alors en butée postérieure.

- Des patients de 50-60 ans qui sont en fait la population précédente avec quelques

années de plus et dont l’arthrose a fixé l’architecture thoraco-cervicale précitée. On

retrouve une cyphose thoracique haute très importante compensée par une hyper

extension cervicale pour que la tête soit verticale.

La survenue de ce vertige est le fruit d’un accident conjoncturel. Il s’agit de l’association de

plusieurs facteurs :

- morphologique (mauvaise position de la tête par rapport au tronc)

Anne sophie Champalle 2012

- hypotonie musculaire nocturne

- tension artérielle basse.

Cette association provoque une diminution du flux vertébral contribuant à l’irrigation

du territoire vertébro basilaire. Lors du changement de position, le flux des vertébrales va

être restauré sur un territoire qui était compensé par le flux carotidien. C’est la levée

d’ischémie qui va générer la souffrance du tronc cérébral objectivée par le nystagmus

torsionnel.

VII. Bilan de kinésithérapie vestibulaire :

7.1 général :

- Bilan audiométrique normal.

- Pas de vidéonystagmographie ou épreuve calorique calibrée effectués.

- Pas IRM ni scanner effectués.

- Doppler artériel cervical : bonne perméabilité bilatérale des axes sous claviers et

vertébraux, de flux normalement pulsés.

- Pas d’hypotension orthostatique.

- Etat ophtalmologique : RAS , pas de lunettes de correction.

- Pas d’acouphènes.

7.2 Interactions vestibulo oculaires :

- Pas de nystagmus spontané

- Mouvements oculaires droite/gauche et haut/bas symétriques

- Vergence : RAS

- Head shaking test**: pas de nystagmus

- Nystagmus contre rotatoire présent.

Anne sophie Champalle 2012

7.3 Epreuve rotatoire impulsionelle (ERI :1/2 tour en 9 sec sous VNS) :

Per rotatoire Post rotatoire

Rotation horaire 8 6

Rotation anti horaire 8 6

Cf diagramme en annexe.

7.4 Epreuve rotatoire en haute fréquence au fauteuil (5 tours à 360°/sec) :

Fixation Vection circulaire

Rotation horaire 16 7

Rotation anti horaire 31 9

7.5 Interactions vestibulospinales:

- Test de Romberg : non significatif, idem avec tête en rotation droit et tête en rotation

gauche

- Test de Fukuda : (stepping test) : tend vers la gauche mais < 45°

- Test de Babinski : (marche en étoile) non significatif mais tendance à partir vers la

gauche.

7.6 Manœuvre de Dix et Hallpike ***:

A gauche Nystagmus

horizontal gauche qui

ne s’épuise pas

Retour Nystagmus

horizontal gauche

A droite RAS Retour RAS

Anne sophie Champalle 2012

7.7 Bilan sur plateforme de posturographie statique et dynamique :

Cf bilan en annexe.

VIII. Bilan de médiation sinokinétique :

8.1 Occidental :

- Statique générale en cyphose thoracique haute et lordose cervicale,

- Mandibule gauche serrée

- Ouverture bouche concavité gauche

- Déglutition RAS

- Occlusion dentaire RAS

- Capteur oculaire RAS

- Capteur podal influencé par une cale plantaire

- Inclinaison latérale gauche du tronc < inclinaison latérale droite

- Torsion tibiale des 2 côtés

- Centre de gravité vers la gauche et l’avant

- Zones de densités : hanche gauche et tibia gauche et densité cervicale gauche.

8.2 Oriental :

- Constipation

- Jambe droite ankylosée

- Bon teint de la face, mais semble fatiguée

- Langue avec un fin enduit et sans déviation

- Débit verbal normal

- Migraineuse et insomniaque

- Point mu 17VC maitre du cœur sensible( point de projection du TR)

Anne sophie Champalle 2012

IX. Hypothèse de raisonnement oriental :

Méridien de la vésicule biliaire

Méridien de la vessie

Méridien du triple réchauffeur

Méridien de l’estomac.

- Vertiges et travail des points vents : 20VB, 10V, 9V, 21VB, 12V, 17TR

- Travail de la mandibule : 17TR, 21TR, 2VB, 6E, 7E ;

- Douleurs de hanche : 30VB, 31E, méridien de la vessie

- Constipation : 25 E (point mu du GI), 25V (point shu du GI), 36 E, 4GI

- Insomnie : 36 E, 6RP, 7C, 6MC, Yintang, 1R

X. Proposition de traitement :

- Tuina du crâne

- Tuina des cervicales

- Tuina sur le méridien de la Vésicule Biliaire et de la Vessie

- Presser les points vents

- Inhibition du rachis cervical

- Médiation du rachis cervical

- Médiation de l’ATM

- Travail de l’ATM

- Médiation du bassin et du rachis lombaire

- Bercement de la base du crâne

- Couronne du roi

- Lifting

- Pieuvres temporale, frontale et occipito-mastoïdienne

- Pieuvre sacrée

Anne sophie Champalle 2012

- Posture du méridien de la vésicule biliaire

- Posture du méridien de la vessie

- Techniques avancées sur le Triple Réchauffeur

- Travail des points shu/mu du gros intestin

XI. Résultats :

Deux séances ont été effectuées à 15 jours d’intervalle. Madame M.H. n’a plus de vertiges.

Son centre de gravité n’est décalé que légèrement vers l’avant. En décubitus latéral gauche, le

nystagmus horizontal est toujours présent mais asymptomatique. Son amplitude et sa

fréquence sont plus faibles.

Madame M.H.a des consignes à respecter au niveau vestibulaire et postural pour éviter les

récidives, et des auto postures de la vésicule biliaire à faire à la maison.

XII. Bibliographie :

- Cours dans le cadre de la formation Sismed de rééducation vestibulaire de Monsieur

Alain Sémont , 2001.

- Cours dans le cadre de la formation VIRE de rééducation vestibulaire de Monsieur

Alain Zeitoun, 2008.

- Cours de médiation sinokinétique session Lyon 2011

- XIII ème Congrès de la SIRV à Bordeaux, 2011.

- Les vertiges, A. Chays, A.Florant, E. Ulmer, Edition Elsevier Masson, 2009.

- Les vertiges et le praticien, P Tran Ba Huy, C. De Waele, Edition John Libbey

Eurotext, 1996.

- Le Massage chinois, Maria Mercati, Editions Le Courrier du Livre, 2005.

Anne sophie Champalle 2012

XIII. Annexes :

Annexe 1 : diagramme de l’épreuve rotatoire impulsionnelle lente

Annexe 2 : bilan sur plateforme de posturographie statique et dynamique

Annexe 3 : résultats de la radiographie des cervicales

Annexe 4 : résultats de l’écho-doppler artériel des cervicales

Annexe 5 : Définitions

Anne sophie Champalle 2012

Annexe 1 :

Anne sophie Champalle 2012

Annexe 2 :

Anne sophie Champalle 2012

Annexe 3 :

Anne sophie Champalle 2012

Annexe 4 :

Anne sophie Champalle 2012

Annexe 5 :

*Manœuvre Libératoire de Sémont :

C’est la manœuvre thérapeutique du VPPB : elle doit amener la tête dans une position finale

en miroir de celle de dix et hallpike*** soit en rotation de 45°, mais le nez vers la table et non

vers le plafond. En effet dans cette position, les otolithes peuvent migrer vers le canal

commun, et de là vers l’utricule. Le secret de la réussite de la manœuvre tient dans le fait de

parvenir, au cours de la transition entre la position initiale et la position finale, à empêcher les

débris de repartir vers l’ampoule du canal.

**Head Shaking Test :

Ou manœuvre de secouage rapide de la tête. Le praticien fait effectuer à la tête du patient des

mouvements rapides de rotation de droite à gauche durant 10 allers et retours environ. Les

mouvements oculaires sont observés à l’arrêt de la tête en position médiane. Tout nystagmus

déclenché dans de telles conditions est pathologique, il indique une asymétrie sur les circuits

vestibulo-oculaires. Il bat vers le côté le plus puissant.

***Manœuvre de Dix et Hallpike :

C’est une manœuvre dite de provocation qui repose sur l'observation ou non d'un nystagmus

pour le diagnostic d’un VPPB. La manœuvre : le sujet est assis sur la table, la tête tournée

vers le médecin et le regard fixé sur son front. Le praticien prend fermement la tête du patient

entre ses mains et l'incline rapidement en arrière du côté droit dans un premier temps, jusqu'à

ce qu'elle soit au-dessous du plan horizontal. Si après un temps de latence de quelques

secondes, le vertige se produit : on est en présence d’un VPPB de l’oreille droite , provoquant

généralement une grande détresse et un nystagmus. Ces symptômes régressent spontanément

Anne sophie Champalle 2012

après une dizaine de secondes. Si aucun symptôme ni aucun nystagmus n’apparaissent, on

teste l’oreille gauche pour mettre en évidence éventuellement un VPPB gauche.

Pour contacter l’auteur de l’article : Anne-Sophie CHAMPALLE

Rééducateur vestibulaire

Formation SISMED en rééducation vestibulaire en 2001 par Alain Sémont

( formation générale et perfectionnements)

Formation VIRE en 2008 par Alain Zeitoun

175 Route de Lyon

24 000 PERIGUEUX

05 53 02 93 98

[email protected]

Site Officiel de la SIRV Société Internationale de Réhabilitation Vestibulaire

contact | mentions légales | Copyright 2009 © SIRV

Site Officiel de la SIRV Société Internationale de Réhabilitation Vestibulaire

Anne sophie Champalle 2012