etude d'un corpus de contes oraux au maroc oriental (volume 1)
DESCRIPTION
Thèse : Etude d'un corpus de contes oraux au Maroc oriental, Lexique, configurations et énonciation par Abdelkader BEZZAZI. rif, amazigh, ait iznassenTRANSCRIPT
T({.:1f,rt
UNIYER§ITE MOHAMMED I
FACI'LTE DE§ LETTRE§ET DES §CIENCE§ HUMÀINES
üuJD.4.
Etude
Présenté par:
Abdelÿ,ader BEZZAZI
d'un corpus de contes orauxau Maroc oriental
Lexique, configurolions el énonciafion
Ihêse pour l'ohtention du Doctorat
d'Etat en Linguistique
Sous la direction de :
MM. Les Professeurs
Jean - Claude COQUETMiIoud TAÏFI
Mon profond souhait est que ce travaiJ ne déçoive pas La
confiance et 7a patience de ceux dont. j 'ai été entouré,
A ÿll't. J--c. coquet et M. Taiti, d'avoir accepté de me
diriger et de prendre,sur l-eurs charges l-e tenps de suivrecet,te thèse; qu'77s t,rouvent ici ma prof onde reconnaissancepour Leur soutien, sens Jequel- ce travail n,aurait pas été.achevé dans de bonne s crsndi .tioDS ;
â M, P. GeoJtrain, de rn'avoir encouragé à continuer de
réf1échir sur Les contes oreux;
à mon pêre et â tna nère; à mes ^soeurs et à mon f rère;à M, A. sabid d'avoir pris sur r-e tenps cie ses prop"es
occupations et sur ceLui de sa familie pour suiyre Je parcours
de cette t.hêse jusqu'à ,s'â f in; puisse ce t,ravaiJ être à laij?e,sure de sa patience et de ses ccnseils;
à tous .ine§ intortnateurs et. inf orTnat,rices paur jes accu eilschaleu-r'eux qu'iLs n'ont toujoürF accordés;
à M. ]4. Handaoui, qui a contribué â asseoir certainspcints cont.enus dans ce travai 1 ,,
â ma f enne, Çui a ,su supparter fian absence; à mes beaux-
paîents i
à mes amis
Said, Kchikach;
à tous l??es
iI. Lhednat, KheTlouf i et ,sa f aniJJe , Sabia
coLlêgues du départenent.
TT\TITrTlnnIT,.rryTnhT-LIï I l\\J!-tlJrv I J-\JtË
TXTRODUCTTO}I
Le titre que nous avons donné à ce travair retrace dans
une certaine mesure 1e parcours effectué pour proposer une
étude sur 1es contes oraux que nous présent,erons de manière
détai11ée dans 1e volume des annexes. Les axes déclarés dans
ce titre témoignent d'un niveau de généralités sous forme de
premlères études de ces contes.
consclent que nous sommes que 1'ensemble du travail est
à juste t,it,re un ensembre de premières études, nous
f introduisons par un aveu que re lecteur peut aisément
reconstruire: f idée de t,ravailler sur des contes se heurte
d'une manière ou d'une autre au fait que ,,Le conte Je pLus
sinpJe en apparence cache des richesses insoupçonnables" l
comme 1'a écrlt, L. schnitzer dans son introduct,ion à ce que
disent 1es contes, idée largement partagée par nombre de
chercheurs sur les con*ues et ditef généralernent dans des styi-.es
plus ou moins proches 1es uns des autres. ces richesses,quoique nous puissions en dlre sur 1a base d'anaryses
eoncrètes, demeureront inépuisables.
La part de raisonnement, dans not,re travair sur des contes
oraux au Maroc oriental sera Ie résultat d'un choix que nous
1
,
L. SCHNTTZER1981 , p. 8.Pari s
Ce que disent les contes Le Sorbier,
2
avons fait pour exprimer indirectement quelques ré§erves sur
toute prise de posit,ion ou de parti pris déclarés pour éviterde rétrécir le champ d'apprication de notre étude qui se fera,pour alnsi dire, de 1'lntérieur de I'objet, d,étude afin de ne
pas Ie réduire à quelques paramètres de vision.Ce choix, nous 1'avons fait, dans Ie souci de rester à
1'abri d'éventuels dangers d'applicat,ion mécanique de règ1es
déjà é1aborées par nos prédéc"="uur=1, tout en sachant
pert,inemment que sans ces travaux déjà fait,s dans ce domaine,
nous n'aurions pas pu entrevoir 1a possibilit,é de rechercher
les caractéristiques des contes qui continuent de se fairet,ransmettre en particuller dans nos milieux ruraux.
ce cholx que nous avons fait dé1ibérément, sachant que 1es
conLes, même s'ils ne reconnai-ssent pas 1es frontières,demeurent porteurs de caractéristiques part.iculières à chaque
peuple, consistera à déchiffrer quelques unes de ces
caractéristiques résidant déjà dans 1es utilisations de mots
en vue de produire des effets porteurs de significatj.onsorganisées pour s'adapter à 1'univers soelo-cuIturel construitpar des discours narratifs comme univers de valeurs.
Les tendances qui aspirent à trouver un système valablepour 1'anaryse de tous 1es contes ont aujourd'hui une valeurqui peut,, nous semble-t,-i1, faire un pas pour reconsidérer ra
nature nomade de ces contes qui comportent des particularitésadaptées aux divers univers culturels et contextes de leurs
't^ Pour plus de précisions, voir entre autres, C. VELAY-VALLÂNTIN, L'histoire des contes, Fayard, paris, lgg2r pp. L1-40i voir aussi G, JEAN, Le pouvoir des contes, casterman,paris, 1990, pp. 97-L49,
3
transmissions t,out en ignorant reurs "auteurs". ce pas peut,
à nos yeux, enrichir f idée eü'uaucune société n,est le double
d'ttne autre» 1 même Si Ies Cont,es qui s, y f ont transmettre Se
ressemblent des fois de manière surprenanLe pour assurer leurcaractère universel.
ces quelques indicat,ions nous pernett.ent de sit,uer notretâche par un travail qui t,entera de traiter 1e conte comme
unlvers de vareurs comportant des représentations d, ordresocio-culturel. ceci exigera que 1'ëlaboration de not,re corpus
réponde à quelques critères en tenant compte des parlers arabe
et berbère pratiqués dans notre aire d,enquête pour t,ransmettre
des contes. ces critères se confondent avec les objectifs qui
s'efforceront, de retenir des contes sélect,ionnés comme
productions orales réa1isées par des informateurs et des
informatrices: nous sérectionnerons pour chaque conte une
version parmi d'autres que nous avons pu recueillir; 1a versi.on
sêlectionnée et qui sera consicérée conme conte est en généra1
ce1le qui îegroupe I'essentiel de tout,es Ies autres.
Quant aux contes qui forneront..notre corpus, i1s ont été
retenus pour une ralson essent,ielle: nous permettre
d'j.nterroger Ie rôle du lexique dans des configurationsdlscursives en considérant, pour être plus précls, un point de
vue qui essaiera de donner quelques ébauches sur Ia récurrence
d'unit,és lexicales dans des micro-récits { configuraÈionsdiscursives) dotés d'organisations syntactico-sénantiques
autonomes et int,égrés dans des contes différents.
1 D. PAULME dévorante; essai sudes contes afrlcains , Gallimard, Paris, 1976r pp. LL-LZ.
4
Cet objectif est ce dont traitera notre première partie
par une approche pratlque appelée à éclairer 1es actualisations
de mots clans des contextes configuratifs. Pour ce faire, nous
évoquerons dans un premier chapit,re quelques généra1ités sur
1es mots comme unités linguistiques porteuses d'investissements
et de valeurs sémantiques dans des contextes d'ut1lisation.
L'hypothèse de travail portera sur les utllisations de ces
unités linguistiques en ce sens qu'e11es ne sont ni hasardeuses
ni laissées au soin des informateurs; elles sont plutôt
déterminées par des organisations syntact,ico-sémanLiques et par
1a paroJ-e même des contes qul Les utilisent comme moyens
appropriés pour produire cette parole. Ces organisations
montrent que 1'usage lexical est régi par des déterminalions
qui sont loin de dépendre uniquement des informateurs-con."eurs.
En sonme, nous avancerons f idée que 1'usage des mots dans
1es contes dQns notre corpus forme un volet, d'étude dans lequel
cles régularit,és d'utilisations peuvent éclairer les conditions
de mise en contexte pour assurer un rô1e de conslruction de
conf igurations discursives. En d'autres terme s , 1a
reconnaissance d'unités lexicales propres aux contes par des
effets part,iculiers et producteurs en quelque sorte d'une
parole se réalise essentiellement par 1'observation de
récurrences dans des contextes configuratifs sous forme de
micro-récits.
À ce niveau, nous utiliserons Ia notion de la
configuration et ce1le du mot,if pour retenir les unités dont
Ia frêquence d'utilisat,ion est récurrenLe et y intégrer ensuite
celles dont les utilisations ne sont pas du même ordre
5
d'intérêt. Pour ce faire, nous avons réa1isé une organisation
en champs lexicaux des occurrences d'un dépoui1lement,
syst,ématique, soumis à des statistiques que nous ne
reproduirons pas car cecl nous aurait engagé dans une voie de
reprise d'un travail que nous avons jugé long e't alourdissant
comme préLiminaire aux objectifs proprement dits de notre
t.bèse. Soulignons t,out de même que de ce Lravail, nous avons
retenu les remarques qu'i1 nous a été possible de faire pour
trouver un point de départ, à 1'étude du rôLe du lexique dans
les conf igurat j.ons discurslves.
Une mise au point, sur 1'hypot,hèse de travail sera
nécessaire pour abandonner 1a voie d'élaborat,ion des champs
lexicaux et orient,er 1'étude vers 1a manière dcnt ces champs
s'actualisent dans nos conLes par une sélection de motifs
effectuée pour 1a mise en forme de configuratlons intégrées
dans différents récits. Pour parvenir à justifier eette
orientation, nous ferons une enquêt,e sur 1a base de recherches
qui s'appliqueront à une délimltation de configurations
relatives à I'espace comme cadre, en prenant deB exemples dont
1'étude sera ensuite mise en valeur pour élaborer un point de
vue mét,hodologique. Ce volet constituera 1e second chapitre de
notre premlère partie qui sera suivi( par une ouverture qui
consist,e à interroger 1a lisibilité de quelques motifs, pris
comme exemples d'application du point, de vue méthodologique.
A ce niveau, noLre but est de repérer des régularités
organisatrices qui permettent 1a saisie de notifs tels que ceux
qui se rapportent au corps humain, à 1'habit,, aux organisations
parentales. . dans 1es dispositifs narratifs où ils
6
apparaissent,. ces régularités seront par 1a suite considérées
comme principes sur lesquels nous construirons un autre point,
de vue sur 1es dispositifs d'ensemble qui intègrent ces mj.cro-
récit.s où s'actualisent diverses unités de type figuratif.Enf in, dans 1e derni.er chapitre de cette part,ie, nous
résumerons 1es acquis de 1'ét,ude dans son ensemble par une
dernière application au temps comme cadre. Nous émeLtrons
quelques remarques générales comme évaluation globale pour
conclure ensuite le parcours de not,re recherche sur 1e rô1e du
lexique dans 1es configurations discursives.La deuxième partie, organisée en cinq chapitres, essaiera,
compte tenu des résurt.ats auxquels nous aboutirons grâce à
1'étude du lexique, êt particulièrement, grâce à 1a récurrence
des motifs comme unités figuratives dans des micro-récits,d'exploiter les régularités syntactico-sêmantiques observées
pour proposer quelques traits définitoires de /1-mHajya/ eui,précj-sons-Le, est, un terme ambigu signif1ant en même temps " une
hist.oire de f aits ou d'événenent,s" (un récit) eL " conte" comme
univers de valeurs. cette ambiguité connue aussj- bien en
berbère qu'en arabe sera éc1airée par des traces relevablesdans Ie conte lui-même dans Ia mesure où ce produil n,a guère
besoin de recevoir de 1'extérieur des paramètres pour 1e
définir: i1 se dit 1ui-mênre qul iI est et ce qu,i1 est.Dans 1e souci de rester fldè1e à not,re principe d'étudler
nos contes de f int.érieur, nous essaierons de montrer comment
i1s offrent des possibilit,és de désambiguiser ce qui sert à 1es
désigner comme genre de Ia t,radition orale. Dans ce cadre, nous
considérerons 1e falre-savoir assuré par 1e conte comne univers
7
de valeurs suivant, 1'êt,re et 1e
f irrée1-mensong€r, modalités par
respectivement /1-mHajya/-univers
/1-mHajya/-histoire i récit) .
paraLt,re, 1e rée1-vral et.
lesquelles nous traiteronsde valeurs ( conte ) et
Ce chapit,re sera suivi de 1a reconsidératlon de 1'acte de
réciter une /mHa)ya/ en nous appuyant essentiellement sur
quelques formules inaugurales et finales pour siLuer laposit,ion du sujet-récitant ( informateur) dont émanent ces
formuLes. ceci imposera de dépasser 1e stade de voir en 1e
conle un récit. dans 1e sens d'histoire ei de 1e considérer
relativement, à une st,ructure hiérarchique de contenu: 1e conre
ne sera plus alors une /qSiya/ (histolre de faits), ce sera à
proprement parler un univers de valeurs.
Par 1a même occasion, nous nous pencherons sur Ie
semblable qu'i1 y a entre 1e conte et le rêve sans pour autant
pouvoir a1ler jusqu'à montrer, faute de connaissances
approfondies, que 1e conLe est tissé d'é1émenÈs semblables à
ceux du rêve. Nous nous contenterons de décrire 1a manière dont
le rêve comme micro-récit peut apparal.tre dans 1e conte et s'yintégrer pour s'y constituer comme base de construction.
Enfin, nous ne manquerons pas de suivre une autre voie
comme pour proposer une pièce de rechange à nos lacunes sur 1e
semblabre du conte au rêve et cê, en explolt,ant une des
remarques d'ordre sémarrtique qul montre de manière tout, à faitclaire que 1e conte est un unj-vers où s'unlssent des contraires
tels eu€, pour ne cit,er qu'un exenple parmi d'autres que nous
étudlerons dans ce chapiLre, le bien et Ie ma1 en la flgure de
I {^ogresse. En somme , cet aspect sera repéré dans des exemples
8
pÈis dans le corpus au point où 1'union de contraires sera
considérée comme 1'une des caractéristiques essentielles de ce
gue nous considérerons comme conte-univers de valeurs
indépendanmenL de versions particulières donL une 1eçon
particulière serait prise comne modèIe de ce qui doit, être ou
dolt se faire. C'est d'ai1leurs à ce niveau que s'expliquera
pour nous 1e caractère universel du conte dans la mesure où i1
sera considéré comme univers qui se situe au dessus des
réalisations particulières de récits dits /mHajyat/.
Ceci nous amènera à prévoir une t,roisième partie dans la-que11e nous essaierons de reconsldérer la mise en
f onctionnenent des motif s. Cet,te reconsidérat,ion cherchera à
élucider cette mise en fonctionnement en étudiant
1'anthroponymie et 1a motivation/non motivation dans quelques
exemples Lels que /mqidef/, lLgelb bla hemm/, /mHend themm/...
L'intérêt de 1'étude de ces exemples aura une valeur dont
l'anthroponymj-e n'est qu'un prétexte; ]e plus important sera
de voir dans quelles mesures i1 est possible de reconnaitre des
règ1es d'atLribution des anthroponymes en général dans 1e but
de rendre aisées les opérat,ions de mémorisation des contes.
ta reconnaissance de ces règ1es sera reconduj-te pour
éclairer /aHaji/ et /aeaweô/ (rcont,ageÈ et récitati.on) comme
actes qui se soumeLtent à des conditions qui reviennent au
conte lui-même et qui sont dictée§ par lui.
Nous organiserons ce volet à partir des règ1es
d'att,ribut,ion des anthroponymes en deux chapitres suivis d'un
troisième dans lequeI nous essaierons de proposer une esquisse
de lisibilité de /l-mHaj yat/ en considérant Le niveau
l
9
présupposé de 1'énonciation par une distinction théorique entre
ce que nous appellerons "énonciation narrative,, propre à
/aHa)i/ et "énonciation comnunicative" propre à /aeawe6/.
Un dernier exemple d'étude du moÈ1f du mariage dont Ia
récurrence est si frappant,e qu'un travail sur 1es contes ne
saurait 1e nég1iger, nous servira d'appui pour éclairer cettedistinctlon dans 1e niveau présupposé qui serl de filt,re à Iamise en fonctionnement des mi.cro-récits récurrenLs.
Enfln, nous ne saurions conclure cette int,roduction sans
préciser une remarque générale faite à 1a suite d'une relecturede notre travail. cette remargue concerne Ia quête du sens par
1'observation de cas de natures diverses pour assurer à 1a
démarche une cert,aine crédibilité du déslr de traiter nos
contes sous des angles aussi différent,s que possi.ble tout en
essayant de ne pas perdre de vue 1a progressi-on de i'étude.cette progression réside dans un parcours qui essaiera de
combiner entre deux attitudes, 1'une micro-analytique tenant
compte dé j à du rô1e du lexique dans les configurations
discursives et des motifs; l'autre, macro-analyti_que ,
exploitant 1es résultat,s de 1a première en vue de donner des
ouvertures §ur des interrogation§ relatives à /1-mHajyat/ sous
1'angle de leur énonciation comme filtre de mise en
fonctionnement des moyens nécessaires pour les (re)produire.
PREMTERE PARTTE
T.Æ .ROT.E .DU .LEXTQIE"TE
.DAJUS -T*ES COAæ:TGTàRATZO;N,S .D.T,SCTIFIS.TTEE,3
L0
CHâPTTRE
GÉNÉRÀTITÉS
Le point. de départ dans cette étude t,entera d,asseoir une
t,radition de 1'histoire du parcours de recherche dont l,horizonn'est pas assez défini: r'ignorance préméditée ou 1e soucld'être suffisamment naif aux yeux du part,enaire, re contepopulaire oral, nous conduira à examiner, dans une première
étape/ non pas ce dont Ie conte parle, mais plutôt, ce qu'i1utilise comme "unités" du lexique et la manière dont 11 tisseentre e1les des relations pour parrer, parler de 1ui-même etfaire parler de Iu1.
À titre provisoire, une hypothèse d'approche portera sur1'ut,ilisation de données lexicales dans 1es contes de notrecorpus sel0n des environnements syntaxiques et sémantiques. Au
fur et à mesure que le parcours de recherche tentera d,ét,udier1e produit sous cet angle , 1es condltions d, ut,irisat, j.on de ces
données lexicales émergeront, à un auLre palier d,analyse,comme ce qui rend cette approche asse z tévêlatrice de
préoccupations relat,ives à une quest,ion principaler quel usage
fait-on du mot dans Ie conte populaire oral?
11
Étant de portée générale, ceLte hypot,hèse permettra
d'élargir 1e débat sur les spécificltés du conte populalre oral
êL, peut-être aussi, d'apporter de nouveaux cri.tères
définit,oires de cette littérature.
Parallè1ement, à cette hypothèse, nous envisaqerons un
point de vue d'ordre technique et méthodologique afin
d'organiser 1'angle *probabl-ement réducteur à première vue
auquel nous essaierons de ramener 1e conte en tant que <ilscours
narrati f .
Ce point, de vue est un choix d'approche dont 1es résultats
ne se prêtent pas à 1'exploration proprenent dite puisqr:'i3-s
étayent une hypothèse sur 1es observations qu'iL nous a été
donné de faire à la suite d'un dépouillement lexical d'un
corpus restreint de contes ( environ 4A contes ) . Les
manifestations de "mots" seront, dans un premier Lemp§,
trait,ées selon une "démarche exploratoire"l: les unit,és-moLs
seront examinées selon leurs contextes d'apparition et
d'utilisation. Ce travail préliminaire permettra enLre autres,
d'obtenir des champs dont Ies limites et les apports seronti
di scuté s .
Pour mieux situer nos propos dans la littéraLure
linguistique , rappelons que l'unité linguistique esL à
considérer selon deux direct,ions différentes2, elle peut êt,re
saisie soit selon un état virtuel soit selon son actualisation
1 R. J. GREIMÀs, sémantigue struct.urale, Larousse, Paris,1966, p. 43.
2 voir entre autre s , A. J . GREIMAS et J . COURTES
Séniotique. Dict,ionnaire raisonné de 1a théorie du lanoaqe.Hachet,te, Paris, L976, art. "Lexème".
L2
dans 1e discours, selon sa mise en fonctionnement ou en
contexte. Le premier ét,at correspond à des propriét,és hors
emploi et. i1 est considéré ccmme virtuel en attendant gue
1'unité soit mise en discours pour que soit possible
1'établissement de ses propriétés1.
Ce rappel nous amène à préciser que 1'état virtuel d'une
unité n'a d'intérêt pour nous gue dans la mesure où i1 prétend
répondre à 1'exigence de voi-r d'abord dans quelles "rubriques"
( ou champs ) de termes i1 s'insère; ensuite, de quelles
rubriques se constituent 1es contes. Par 1à même, 1e second
état. ouvre 1a possibil,ité à 1'analyse de repérer des
configurations discursives. C'est, d'ailleurs dans ce sens que
se justifie 1e dépou1l1ement lexlcal des contes puisgue nous
rre sommes guère suffisamment renseigné slir 1a quesiion
principale: de quelles unités virtuelles, €D attente cl'ôtre
mises en contexte, se constitue le lexique du conte populaire^oral?"
lmplicitement, nous insistons icj. sur 1'utiLisaticn
restrictiüe par le conte d'un lexique par rapport à 1a langue.
En effet, i1 est clair que 1'utilisation d'une unité
linguistique dans Ie conte ne doit, pas engendrer de confusi.on,
car 1a conLextualisation est icl particulière: analyser un
terme en contexte est en soi une tâche qui s'inscrit, dans un
L " On ne peut établir des propriétés d'unlinguistique qu'en cont,exte" , J.-C. MILNER Introductionscience du lanqaqe, Seui1, Paris, 1989, p. 315.
2 A notre connaissance 1'étude 1a mieux développée dans ce. Étudesens, revient à C. LACOSTE-DUJARDIN, Le conte kabvle
te rneà une
et,hnoloqique. I'. Maspéro, Paris , L982
13
itinéraire de recherche sur un genre littéraire particulier,1e conte populaire oral.
Au-de1à du fait qu'i1 n, y a de propriétés que
relationnelles articulées en structuresl, il semble que laforce opérat,oire de ce principe tient compte de
référent,iâlisations internes et externes au texte-contepart,icurier, Expliquons-nous. La reconnaissance d'un t,erme
quel que soit l'ordre de cette reconnaissance- suppose une
compétence qui sache manipuler un savoir cognitif. L,une des
capacités organisatrices du conte tire ses compétences de laconstruction du sociai, ou plus exactement du socio-culture1.cet.t,e construction a un rapport ét,rolt avec les subtilit,és du
langage ou de " 1a parole socia1e" . En d'autres termes ,
1'organisation lexlcale laisse supposer qu'e11e n'est pas
conditionnée uniquemenl par 1es "coextensivités" avec 1es
organisations relationnelles à strictement parler dans 1e
discours narratif . Des "charges cult,urerl-es" que nous
rencontrerons lors d'analyses de certaines uni1,és Lexj_ca1es
mises dans des configurat,lons discursives, montrent, que 1e
conte, pêr une technique de réf érent,ial j-sations internes etexternes, propose des pistes d'appréhensions de sens qui sont
des constructions du socio-culLurel.
1 "L' articulat,lon en st,ructures" ut,i.Iisée par l, auteur desémantique structurale , op . ciL. , re j oint 1es notions de"différence" et de "secours" d'un terme à un autre, dont rendcompte 1'enseignement de saussure. pour prus de détai1s, seréférer à J.-c. coguET, sémiotique littéraire, contribut.ion à1'analvse sémantisue du discours, Mame, rar.i1 rsze . voiiparticurièrement "Quest.ions de sémantique structurale".
t4
Quelques propositions qui dolvent, êt,re précisées, peuvent
être faites à ce sujet:
f. indépendammenL de contextes -que cet acquis soit
rappelé au passage- l-es mots constj-tuant 1es données lexicales
ne sont et ne peuvent être des indices puisqu'ils " sont
insuftisants sj on ne Les conplète au moyen d'infornations
tirées de contextes en reJatian avec 7es fragnents anaLysés
(... ) et, de connais,sances sur 7e paradigne dans leque7 prennent
place textes et contextes au sein de la discipJjre"l. Ceci
dit, 1a saisie de nos données iexicales par un dépouillement
systématique du corpus, guant à sa rentabilité, ne peut être
nulle; mieux encore, e11e cessera de prêsenter des
inconvénients si e11e met en place et 1égitime une questlon qui
semble d'une grande utilité:
2. le lexique du conte populaire ora1, qu'i1 soit
d'expression arabe ou berbère, se fait-i1 reconnaLtre dans des
" ensembles " de t,ermes-mots , dans des champs qu j- , comme nous 1e
verrons, sont utilisés aussi bien dans des versions d'un conte
que dans des contes différents ?
3. S'i1 y a une relative stabilit,é d'utiLisation lexicale,
1'analyse est alors en droit d'en faire un critère déflnitoire
d'une " sémanLique du conte " et de prévoir un pro j et de
"modélisation" dont 1e but est de poser, à des niveaux plus
compiexes que 1a simple saisie, 1e problène de productions
paralIè1es de plusieurs feuillet,s du produit dit. conte. I1
1 u.-t. BoREL,signes" in ÀDAM, J.Klincksieck, Paris,
descrlpt,i-f , 1e savoir et ses"Le discours-M. et a1ii,1990, p. 62.
Le discours anthropologique,
15
s'agit pour cette dernière ouverture d'une réflexion sur 1es
présupposés du produit en tant, que stratégies de production du
conLe populaire orar sous 1'angre dit, lexicar. Tout 1e
problème, comme on peut s'y at,tendre, est de voir s'ii y a une
articulation quelconque entre 1e lexical eL ce plan où nous
espérons situer une réflexlon sur les implicites du conte qui
".focarisent" 1e choix d'unit,és constituant, 1a composant,e
1exlca1e.
Dans cette perspective, nous pensons Çuê:
1. s'il s'avère que les moyens linguistiques ne sont plusde simples termes-mots au sens où i1s ne seraient pas
arbitrairement choisis, i1 devient effectlvemenr, 1ntéressantde 1es examiner, car i1s présenteraient des restrictions dans
leurs choj-x par rapport et dans 1e lexique "généra1,,. A tit.red'exemple, peut-on imaginer, ou du moins, supposer 1'appar"r riondu mot /Tiyyara/ (avion) ou /kursi/ (chaise) dans un corrte
populaire oral? Au cas où ces mots, pris comme exemples, ),
apparaissaient, à coup sûr, i1s seraient des "efforts de
traduction " 1. C'est bien 1e cas de /Lirifun/ ( té1éphone )
utilisé dans 1'une (1a seule) des versions de c36, ou encore,
celui de /)a'!za/ (cadeau) dans une version de C15;
2. de ces remargues, découle la nécessité de revoir, ne
seralL-ce que partierlement,, 1a problématigue de ce que 1e
conte expose en utilisant des moyens linguistiques spécifiquesnon seurement du point, de vue d'une syntaxe narrative et
1 Généralement, i1sce qui signifie que]'informateur lndividuelpart,le.
apparaissenL en une seule occurrence,leur énonciat,ion est relative à. Nous y reviendrons dans notre 3e
15
discursive, mais aussi, en tant que dépositaire d'une certaine"parole appropriée" dite dans des nots relativement appropriés.
C'est cela même qui constituera une descriptlon sous un angile
qui ne soit pas réducteur du conte à quelgues trait,ssimplificat,eurs, mais qui soit sous-jacent, à ce qui attribueau produit des traits définitoires d'un point de vue
-s,âmant,ique. Dans ce sens, 1a " f écondat,ion" en matière de
'uradition ora1e, comme disait Lévi-strauss il y a plus de vingtans en parlant de "la structure et ra forme", nous semble
possible en examinant essentiellement l-es ut.ilj-sations
lexicales comme actualisations dans des cont,extes formant, des
unités de valeurs;
3. les champs, auxquels un lexique spéciflque donne
naissance, s'actualisent par des unités dont 1es traitss'apparentent et dont le choix n'est pas tout, à fait librecomme nous 1'avons déjà laissé entendre. Ainsi, même Les
"efforts de t.raduction", quand i1s se réalisent en occurrences
resLreintes, se soumett,ent aux parent,és sémantiques gui 1es
relient nécessairement aux autres unité§ qui const.ituent telou tel autre champ.
4. Vu sous cet angle et grâce aux acguis des études déjà
faites par nos prédécesseurs, 1e conte sera évaIué ou analysé
dans et par ce qu'i1 est en tant que "document orai" gui se
donne 1es moyens de se particulariser, ou du moins, de se fairedistinguer des autres produits semblables à lui mais dont les
fins -queI que soit,1'ordre de ces fins- sonL différentes ne
serait-ce que par les stratégies et 1es modalités par
lesquelles 11s communiquent au sens large du terme. D'ai11eurs,
!7
1e dépouillement que nous avons effect,ué nontre que 1'usage
lexical dans le conte est largement déterminé, donc
sélectionné, pêr des fins de communication propre au conte.
I1 est cerlain que ces propos sont tirés du constat que
1e lexique, utilisé pour correspondre à des usages
particuliers/ est te1 parce que sa spécificlté ne peut être
confondue aux usages quotidiens de 1a langue. Essayer de
ramener ce lexique à celuj-, à strictement parler, des usages
pratiqués quotidiennemenL, ne peut certainement, pas aboutir à
des fonctions sous-jacentes.. à 1a production de contes.
Cependant,, pâr des usages pratiqués quotidiennement, on peut
produire un conLe à condition que ceci soit structuré au moyen
de modalités de mise en discours. Cette condition, eui n'es-.-
pas relative à 1a seule morphologie, sera à l-a base de 1'étude
des données lexicales que nous proposons dans cette partle.
En effet, Ia construction d'un conte ne réside pas dans
1a seule observation iies constantes formelles "schématisantes".
CelLes-ci, à e11es seules, ne peuvent se donner 1e privilège
de se démarquer de tout un réseau de champs en tant que
" résidus" responsables de production de sens et en tant
qu'implicite d'une énonciation particulière. Cette composante
forme, à notre avis , 1'un des ressorts du conte dont 11
faudrait retenir 1e choix des mots pour dire... Ce choix est
sous-jacent à un processus qul consiste à invest,ir ces mots par
des valeurs qui rejoignent ceIles dont dépendra la
communicat,ion du savoir cognit,if véhiculé par 1e conte.
En somme, pour peu qu'on tienne compte de ces
considérations préllminaires, i1 devient clair que 1a narration
18
d'un conte est, en soi déjà, uû contexte d'utilisat,ion d'un
lexique donné. Ce lexique aussi "quoLidien" qu'i1 puisse
paraltre est régi par 1a " qualité " des investissements
sémarrt,iques qul, de ce fait, se trouveraient à Ia base du choix
des mots pour proférer un conL.e. Ce sont, donc, ces
inve stisse$ents qui " canalisenL" les compo rtements
linguistiques du récitant, vis-à-vls de 1a langue.
De fi1 en aigul1le, i1 apparal.t que toute abstraction
faite de cette distinctj-on entre 1e discours narratif appelé
conte et 1es discours que nous nommerions "quotidiens", détruit
1a possibilité de reconnaitre un conte. En esL révé1at,rice 1a
simple expression qui rejett.e l'adhésion selon: "ceci n'est pas
un conte" sans que 1'on ait pour autant défini manifest,ement
et de manière rigoureuse ce gu'est un conte; d'autant plus
qu'on sait que cette êvaluation se fait presque spontanémenL
surtout si le produit s'éloigne quelque peu du contel.
Partant de ces formulations hétérogènes d'idées, nous
pensons qu'au delà du fait que 1e conte possède une morphologie
propre, i1 est sensiblement clair qu'iI possède aussi la
faeulté de puiser son lexique dans une langue naturetle pour
1es fins qu'i1 prédlt et dont i1 tient 1'un de ses. traits
1 Nou* avons fait 1'expérience en racontant des récits quis'apparentenL à des contes à certains niveaux et qui s'enélolgnent, à d'autres, à des auditeurs non avertis dans 1amesure où iIs ne sonL guère initiés à une quelconque méthoded'anaIyse. Ces auditeurs n'ont pas manqué d'évaluer nos récitsselon "ceci (n')est (pas) un conte" sans pour autant pouvoirexpliquer Ie pourquoi. Inutile de préciser ici qu"'on ne peut,dire que tous les récits soient des contes", voir JEAN, G. Lepouvoir des contes, op. cit., p. 20.
19
définitoires avant même qu'on y reconnaj-sse les champs qu'i1
déveIoppe.
Le corrle n'est pas réduct.ible à un ensemble de champs:
certes, comme récit, toute lecture peut y reconnaltre des
champs; mais 1'opération de reconnaissance du conte proprement
dit, ne dépend pas de ces champs. Àutrement dit,, de notre point,
de vue, ce n'est pas seulement pour dlre t,e1Ie chose -que 1'on
nous pardonne cette généralité- ou pour produire 1it,téralement
t.e1 champ, euê Ie conte choisit son lexique -sinon i1 serait
difficile d'adnettre f idée selon 1aque11e Ie conte use d'un
lexique relativement approprié- mais pour signifier qu'i1
choisit un lexique approprié dont, f intention est aussi de
présenter sa tendance dislinctive à divers niveaux par rapport
à d'autres genres de discours,
L'idée que nous essayons de développer consiste à préclser
que puisque le conte est, en soi déjà, un discours qui indique
les positions -au sens large- des termes utilisés en fonction
d'une intent,ion narrative, ces termes, puisque régis par des
propriétés d'ordre intentionnel, sont employés relativement à
leurs insertions dans 1es positions que leur attribue 1e conte.
C'est dire que 1'emploi sé1ect,if des Èermes dépend de leurs
posit,ions dans des conflgurations discursives. En d'autres
termes, d'un côté , une unité linguistique se définit, par
1'ét,ablissement de ses propriétés linguistiques, d'un autre
côté , L'établissement de ces propriét,és se fonde sur les
contextes d'utilisation dans Ies configurations discursives.
En inversant les condit,ions d'intelligibilité du terme
linguistique, nous poserons güêr sachant que les contextes
d'utilisation sont relat.if s
du coup, 1es propriét,és du
ces propriét,és dépendra 1e
traduire.
20
à des configurations discursives,
Lerme en dépendront; en outre, de
choix du terme "capable" de 1es
1. t'usaqe du mot dans le conte
"Urre donnée 1exica1e"1, une fois reconnue comme unité au
service d'une utllisat,ion par 1e conte, suppose qu'une analyse
est faite: Eêconnaitre cette unité suppose qu'une analyse
sêmantique et syntaxique intrinsèque à 1'acte utilisateur est
fait,e. Cette analyse doit être en mesure de rendre compte de
cette unité en tant gu'intelligibilité qu1 tend vers 1'apport
utile à 1'acte désireux de communiquer quelque chose de nouveau
par rapporl à des usages donnés dans des discours autres que
1es contes. De ce point, de vue émergent trois questions
principales:
1. à quelles conditions un terme (un mot) répond pour se
constituer en unit,é lexicale du conte ?
2. Cette unit,é ne comporte-t-e11e pa§ fondamentalement
pour se faire reconnal.tre, des strates dont, les propriétés
1 L"" notions comme "donnée 1exica1e", "unité lexi-ca1e","terme" et "moÈ" que nous utilisons, sont tout à faitimprécises; nous en SommeS Conscient. Ceci dit, notre obiect,ifn'est pas 1à, i1 se situe ailleurs: 1e lecteur Peut résoudrecet éventuel problème en se rëférant' à J.-C. Milner, op.cit.,voir "Le Iexique comme t,héorie des terme§", pp. 317-355.
27
dist,inct,ives par dif f érence à d'autres unités, sont 1es seules
à être pertinentes dans un système relationnel dans 1e genre
clit, conte populaire oral?
3. A un niveau de régularités relatlves à ce genre
litt,éraire , eette unité n'aclmet-e1le pas un type de
fonctionnement auquel seraient, sous- jacents des investissements
sémantiques en ternes de valeurs spéclfiques dans des
configurations dlscursives ?
À travers ces questi-ons, i1 semble bien possible
d'examiner les unités lexicales selon des propriÉtés
organisat,rices de leurs formes généra1es. Leurs rô1es dans 1es
configurations discursives -car c'est bien de cela qu'i1 s'agit
dans notre projet,- est aussi leur appartenance à un univers de
référence par au moins 1'une de leurs propriétés significativesqui les intégrera dans une catégorie dont 1a constif,ution fera
appel à d'autres propriét,és de réf érence sémantiques d'unit,és
voisines êt, donc, de configurations voisines. Trop de mots,
par exemple, exigent un repérage des catégories auxguelles
chaque mot app.artient selon t,el ou te1 angle de Iecture du
tissu dans leque1 i1'"rn"r"rr. Mais ceci n'arrange en rien }e
problème de l-a méthodologle pour examiner 1e vocabulaire dans
notre corpus. A juste t,itre, comme 1'a écrit J. C. Coquet,
" Idécidénent], il est hunainenent inpassible d'identifier un
objet quelcongue en en donnant une descript,ion exhaustiye"l.
Nous avons pensé à une voie pour slmplifier notre t,âche:
isoler des classes selon des critères t,out à fait
1 ,1. -C. COQUET, Sémiotlque 1iÈtéraire , op. cit. p. 34.
22
tradit.ionnels, à savoir 1e recours aux parties du discours.
Àinsl, I'appartenance d'un mot à une catégorie vise à segmenter
le relevé en noms, verbes et adject,ifs. Ce sont Ies parties que
nous avons privilégiées dans cette classification.
Si ces parties du discours permettent, l'identificat,ion de
ce qui intéresse 1a description selon un point de vue
syntaxique et classificatoire, 1'orientation hypothét.1que de
description soulignera que 1es propriétés référentiellesclésigneront des manifestat,ions de significations 1iées à des
champs. Autrement dit, 1e premier volet de 1a t,âche
n'apparaltra certainement pas dans 1e travail que nous
présentons. De 1a manière 1a plus condensée qui soiL, nou§
dirons qu'il nous a servi à 1'élaboration de chanps en prenant
comme partie ce11e des noms que 1'analyse reprendra forcément
pour aller au delà de 1a simple tâche classificat,oire -combien
épuisante!- pour viser Ies configurations discursives relatives
à 1'examen des occurrences en contextes. A ce niveau, i1 est
évident que 1es autres parties surglront d'e1Ies-mêmes dans
1'analyse des conf igurat,ions.
En ce qui concerne les champs, ils seront consldérés comme
des "traces" d'univers référentlels {ui, à leur tour,
garantissenL Ia construction d'univers narratlfs constructeurs,
à leur tour, de représentations soeio-cu1turel1es.
Pour revenir aux "données lexicales" sous un autre vo1et,
nous supposerons que chacune d'entre e1les aspire à produire
quelque chose dans 1e "presque-esprit"1.
1* u. ECO, La structure absente. introduction à 1arecherche sém j.otique , Mercure de f'rance , Paris , L97 2 , p. 66 .
À1nsi, pâr sa richesse en significations, 1e mot convoque
d'autres mots selon des rapports "assoclatifs"; et, rà, i1 cesse
d'être un slmple lexème puisqu'i1 ent,re en jeu dans une
circulation a\l service de sa propre fonction et de celles des
eutres qu'i1 convoque et qui Ie convoquent: un jeu qui serait1e propre de 1'utilisation ou de 1a mise en fonctlonnement de
1a langue pour des fins de constructions de discours. Redisons-
1e, 1e "meaning" du mot réslde moins en 1ul qu,en ce qu,i1
devient, lorsqu'i1discours.
est dé1ivré aux paramètres de mise en
Dans ce sens , \'ldentification d'une unité au rnoyen
d'autres qui s'y rapportent suppose aussi qu, un niveau
présupposé à son utllisation soit, pris en considération. Dans
1e cadre de notre débat, il semble alors qu'iI y a un rapport
interactionnel entre 1e cont,e en tanL que discours narratif et
une visi-on réf érentielle de "nondes" qui s,1, développe: c, êsi.
ce point précls qui nous a amené à poser la t,rolsième guestj_on
supra. Le plus important, comme 1'a suggéré U. Eco " I esË/
d'ét.udier dans quelles civilisations f onct,ionne un chanp
sénantique t à queT moment i1 connence â se déËaire pour fairepJace â un autre systène et conrîent dans une nêne civiTisation,peuvent coexister deux ou pTusieurs chanps sénantiques'!.
ce qui pourrait être problématique dans le point de vue
sur les champs2, qu'i1 nous faut réviser, est 1,hypot,hèse que
1 inia. p. is .
2 Nous distinguerons entre "champ" et ,univers,,sémantiques dans 1a mesure où, justement,, 1'univers sémantiquedans un conte n'est pâs, à strictement parler, sous-tendu de
(suite... )
24 .t,
ces champs articulent, une vision du monde dans 1e conte
populaire oral. Dès 1ors, l' hypothèse de reconnaissance de
champs sous forme de "rubriques" en 1es ramenant à'des rapports
relationnels, à un certal-n niveau d'étude, est, plutôt fraEilequant, à sa force opératoire pour mettre à j our une ( des )
vision(s) du monde dans 1e conte. I1 semble que seule une
redéfinltion de "Ia valeur", Iaissée jusque 1à sous silence,par 1es usages visés par 1e produit, peut démasquer les
impondérables dans les ut,ilisations des unitês lexicales.Ainsi, 1a prudence de 1'analyse s'impose par 1'hypothèse qui
gère 1e type de lecture adopt,ée. Et, nême si des constant,es
lexicales, repérables dans des contes différent.s, semblenc
s'intégrer dans des chanps qui leur servent de rubrj.ques,
1'analyse ne peut en aucun cas poser comne déflnitifs 1es
univers sémantiques déployés puisque 1a description du sens
n'exige pas seulement 1'examen des articulations de mot,s dans
1e discours. En outre, une déflnition de 1a slgnifisation par
1e transcodage 1 exige que 1a description soit aussi falteselon 1es conditions d'utilisat,ion d'un vocabulaire par 1e
2(...suit.e)manière directe par 1'établissement des champs: si on admetqu'à des champs soit sous-jacent,e une technique d'élaborationdont 1'objectif est de relever ce gu'on pourrait, appeler"thèmes", 1'univers sémantique du conte n'est pas forcément,réductible à ces thèmes. f1 revient à 1'analyst,e de procéder,à un âutre niveau d'ana1yse, à un examen de 1a manière dont leschamps et les univers sémantiques peuvent s'.articuler.
1 "Iune] description du sens n'est autre chose gu'uneopération de transcodage. ExpJiquer ce gue signifie un not ouune phrase, c'e§t utiliser d'autres nots et d'autres p/rrasesen essayart de donner une nouveTTe vision de la nnêne choserr" ,A. J. GREIMAS , Du sens , Seui-1 , Paris , 1970 , p. 43.
25
conte pour rendre compte de vareurs qui se rapportent, à des
univers socio-culturels.
I1 est évident que nous sommes conscient, que nos propos
se situent à des niveaux distincts: 1es champs proposent des
lectures d'univers constructeurs de représentations socio-
culturelles. Toutefois , celte distinction, nécessaire , bien
entendu, n'empêche pas 1'analyse d'en faire abstraction pour
se placer à un niveau hiérarchique des conditions
d'utilisations lexical-es. Dans cette perspective, i1 ne s'agiraplus de 1a manière dont 1es mots const,ituent des champs
première ét,ape de notre étude- mais plutôt de la manière dont
i1s sont, exploités pour que ne soient ret,enues que 1es valeursqui se prêt,ent à un décodage en t,ant qu'inf orrnations
langagières et, en tant qu'" att,itude gu'une société adopte yjs-,i-yjs des signes de son Tangtage"t,
A ce niveau, nous aurons cessé de voir en 1'unité lexicaleun é1énent, at,taché uniquement à 1'élaboration de champs
puisqu'e11e renvoie à une "unité eulturelle" qui n,est pas
1'ensemble ext,ênsionnel de ses propriétés sémant,iques ni même
1'unique "référence innédiate que 7e code assigne aux t,ernes
dans une cuJture donnée"2, "La référence immédiate,,, diteaussi "dénotation", se prle en quelque sorte à une mise en jeu
d'un ensemble d'unités culturelles codifiables non pas selon
Ibid., p. 98.
U. ECO, op. cit. p. 87
1
2
26
un a priori d'uÈilisations symboliques ou connotativesl mais
par des glissements successifs de traits "addltionnés,, 1es uns
aux autres dans et par les récurrences des occurrences d,un
terme {ui, lui-même, entretient comme nous 1'avons dit, des
relations avec d'autres termes. Aussi faut-i1 rappeler 1e
principe selon lequer la mise en relat,ion entre Lermes dans un
discours 1es prédestine déjà à avoir des valeurs données: selon
deux vlsées, un terne donné aura ainsi accumulé et fourni par
ses occurrences dans des configurat,ions données ce qui 1ui
at.tribue des compétences opératoires dans des parcours de sens
à reconstruire.
A ce stade, 1a descri-ptlon témoignera de i'apparition de
plusieurs niveaux d'acËivité des unités lexicales. ces niveaux
opèrent, lorsque 1'analyse vise 1es mécanismes des productions
de sens dans des configurations discursi.ves, pâr des
"conversions"2 au sens hjelmslevien d'un "état de choses" à un
autre t de cet autre, encore, à un autre selon des glissements
structurers: des refornulations qui "s'addit,ionnent" tout en
s'écartant 1es unes des autres par 1'ét,ablissemenL entre e11es
de renvois sous forme de processus de générat,ion de "t,rait,s"int,ra-textuels dans Ie conte en tant que genre auguer sont,
1L"s not.ions de "synbo1e" et "connotation,,, auxquellesnous préférons ne pas recourir, peuvent, dissimuler une fâcheuseincapaclté de 1'analyse à mener une description susceptible demont,rer en quoi des unités sont symboliques ou connotatives.
2 " L, génération de 1a signification en int,roduisant denauveTles art,iculat,ions à chaque étape de son parcourst apporteen nêne tenps un nenrichissenent» ou une «augnentation» desens/ si tant esÊ que 1a signification n'est autre chosequ'articulation", voi.r À. J. GREIUAS et, J. COURTES, op. cit,.art. "Conversion*.
alors , sous- jacentes
sémantiqr-," "
1.
27
régularité s syntaxi que s etdes
En somme, 1e "quelque chose" identifié dans/par les Lermes
qui s'appellent mutuellement dans un champ donné impose qu'on
luj- admette un statut à définir par les agencements de
structurations syntaxiques et sémantiques de 1'ensemble des
termes dans 1es contextes d'utllisation. Ce n'est plus
1'ensemble des termes (1e champ) en soi qui sera 1'objet de
1'étude, c'êst plutôt 1'ensemble des règles sous-jacentes à sa
ccnstitution qui int,éressera 1'êtucie. Dès lors, quels que
soient les angles sous lesquels les termes en question seronL
appréhendés, i1s n'importeront que s'i1 leur est accordé un
intérêt supposé pouvoir rendre compte d'un fonct,ionnement de
régularités poss j-b1es à reconstrui-re. Ces régularilés, nous
pourrions 1es supposer constitutives et sous- j acentes âux
"frontières du conLe"2.
Les ensembles de termes que 1'étude élaborera, prennenL
une force utilitaire par 1a diversité de leurs fonctionnements
sémantiques. Précisons que d'un côté , les occLlrrenc,es d'un même
mot sont dét.erminées quant à leurs slgnifications par les
contextes que nous appellerons "parcours figuratifs" ei euê,
d'un autre côté, les substitut,ions d'un mot par d'autres sans
que cela détermine sensiblement des changenents dans 1a saisie
1 " C" sont des opérations de réécriture qui pernettrontaux sjgnifications (...) de passer d'un niveau not,ionnel â unâutre (...) selon 7es besoins de schénatisation." voir M.-J.BOREL, op. cit. p. 65.
2 t. MAROTTN, (Études rassemblées par), frontières du., éd. du CNRS , Paris , t982.
d'un parcours figuratif, seront traitées non pas relativementaux mot,s mais à leurs invest,issements sémantlques. Nous sommes
effectlvement devant des problèmes d'ordre sémantique:
1'hypothèse selon 1aque11e i1 y auralt des "unit.és culturelles"sous-jacentes à un lexique du conte organisé en champs relatifsnon pas à ce qu'i1s servent comme informations immédiates mais
surtout, à des degrés divers, à ce qu'i1s sélect,lonnent comme
proprlétés dont 1es finalités de sens sont beaucoup pLus
consj.stantes, voire "nobres", prend forme. A présent, précisons
qlie c'est à ce niveau que se sir-ue notre point de départ, QUê
nous pouvons reformuler de 1a manière suivante:
1. 1'examen des données lexicales qul apparaissent dans
notre corpus est un oulil d'analyse plutôt qu'un simpre
répertoire de mots;
2. 1e dépouillement 1exical, indépendamment de son
ut,ilisation comme "outi11age", sert aussi à étayer une iemarque
qui laisse entendre que 1e répertoire est relativement clos
dans Ie sens où certains mots de 1a langue ont nettement ruoins
de chances que d'autres pour apparal.tre dans le cont,e populaire
ora11.
3. Le répertoire en questj_on, dont 1, objectif de
constitut,ion n'esL peut-êt,re pas just,ifié aux yeux des analyses
1 Urre étude stat,istique des part,ies du discours pourra 1emont,rer de manière approximativement précise si e11e tlentcompte des occurrences signifiantes par leurs récurrences (plusd'une fols dans re corpus); sl une telle étude ne peut, faire1'objet, d'un principe sérleux d'analyse, chose qui nous parai,tt.out de même peu convaincante à plus d'un tit,re, nous nouscontenterons de faire 1e constat sans prét,endre tenir uneréponse en querques lignes au pourquol, sinon ra meirreureréponse, à nos yeux, sera 1'ensenble du contenu de cette thèse,
29
déjà fait,es sur Ie conte et qui sont suffisanment avancées pour
ne pas en rester 1à, aura au moins Ie mérite de tenter -peu
importe 1e résultat- de vérifi.er dans que11e mesurê les
opérations de produetion de contes Populaires oraux sont aussi
productrices, si 1'on peuL dire, d'objet,s -supposés spécifiques
à notre culture- que 1'analyse peut reconst.ruire par paliers
successifs selon des interactions entre unités manifestées
sous-tendues par une forme narrative "schématisante".
4, Enfin, aux analyses du conte, L' apport prét,endu de
not,re approche permettrait de 1égltimer f intérêt, des
environnemenLs qul servent aux unités lexicales comme garant
de liens de "parentés sémantiques" pour ouvrir une voie vers
l'élaboration d"'une sémantique du conte populaire ora1".
C'est dans ëes perspectives que f itinéraire de notre
recherche essaiera de se concrétiser. 11 est à présenL
sensiblement clair que cet itinéraire s'appuie sur une ét.ude
de la mise en activité de 1a "langue" du conËe populaire oral,
ou du moins, sur 1'observatiott du fonctionnement du lexique
dans 1e corpus gue nous présentons dans cette étude. Aussi ses
chances d'êt,re atteint ne souffriront-e11es d'aucun repli ou
recours d'approche à des technlques de projection sur autre
chose qui ne soit, linguistlque r la description devient' ainsi
Ie seul filt,re observateur valable de ce qui se constitue comme
objet, d'étude sous 1'angle du rô1e du lexique dans 1es
configurations discursives. Bien entendu, Pour parvenir à faire
30
1a tâche, les procèdures qui définiront 1a descriptionl basée
sur 1'observation, devraient ( doivent? ) être un outillage
suffisamment opératoire en proposanL un traitement adéquat de
1'objet-lexique à certains niveaux qui restent encore à définir
mais dont nous savons au moins -nous 1'avons assez développé-
que les uns se met,tent au profit des autres dans un sens de
construction qui appréhende f intelligibilit,é du discours
narrati f .
Dans cette visée -faut,-i1 1e redire?* i1 importera peu que
les mots soient pris pour ce qu'i1s désignent en Lant que
lexique "usue1": ce sont Ies charges cul*.-urelies de ces mots
eui, tout en just,if iant. Leur sé1ect,ion apparemment arbitraire,pourront caractériser 1es spécificités d'utilisation lexicale
clans des conf igurat,ions.
Ceci re joint urre question f ort int,éressante à nos ÿêux r
un projet, d'élaboration d'un lexlque du conte populaire oral
serait-iI possible pour rendre compte de 1'usage du mot dans
cê produit2? Par ce Iexieu€, dont, 1'élaboration reste
théorique, ne serait-ce que parce qu'une seule I'ie ne suffirait
pas pour 1e réa1iser, peut- être la constitutlon d'une
1 Entre autres, cit,ons z " [Jne descript,ion d'anthropoTague(... ) peut s'orienter t,antôt vers 7'abstraction d'un nodè7e ouÿers le "thétnatique", tantôt vers des figures plus proches desfornes int,uitives de 7'expérience, avec tous 7es internédiaireset 7es interférences que 7'on peut constater dans 7a réalitédes discours" J. -M. ADÀM et alii , " Anthropologie,épistémologle , sémiologie. " in_ Le discours anthropoloqlque , oD.cit . p. 15.
2 Nou* rejoignons par cette interrogation I'idée à proposd"'un dict,ionnaire mythologigue", formulée par A. J. GREfMÀS,Du sens, op. cit, , voir notamment "Pour une théorie del'interprét,ation du récit mythique", pp. L92-194.
31
sémantique du conte populaire oral sera-t-elle possible dans
des conditions avantageuses à tout,e recherche dans ce domaine.
En tous les cas, un tel projet serait, en mesure de résoudre le
repli du sémanticien sur 1'équivalence relat,ive entre
f information codée par 1e biais de références d'une unité à
une "réalité" donnée et 1'emploi par 1e conte de cette même
unité dans 1e cadre de cett.e référence. I1 est inutile de
préciser qu'une étude sémantique dans ce sens ne nous sembLe
pas opératoire et ne peut cl'ailleurs 1'être lorsqu'elLe prend
poLlr objet d'étude 1e conte populaire oral. Car 1'uiillsationdu mot y est partlculièrement approprlée pour atteindre des
buts commr:nicatifs particuliersl" Cette appropriation dans
1 'ut,ilisation de mots dans Ie conte est ce qui, engendre f idée
du projet, d'élaboration nécessaire du lexieuei sachant que 1e
produit (Ie conte oral) n'est ni création ni même produit qul
présuppose, d'un point de vue de L'énoncia'uion qui 1ui est
propre, un sujet individuel, il esL légitime d'adhérer à f idée
que 1es mécanismes de re-productions du conLe prévoient des
reprises d'un lexique approprié. Dans ce cas, 1'urgence d'un
"dictionnaire" de ce qui semble échapper aux facteurs qul
devraient en principe amener le cont.e oral à tomber dans
I'oubli , parait tout à fait, justifiée. C'est d'ailleurs 1a
possibllité d'une réalisation de ce projet qui fait que "1a
parole" dans Ie conte exige, pour qu'e1Ie soit construite, une
mal,trise d'un répertoire enregistré et artlculé, qui ne dépend
nullement d'un sujet. individuel quant à son assomption. C'est
L R. posNER,G.R.S.-L. VI,55, E
"Significatlon.H.8.S.S., CNRS,
et usage", Documents duParis , L984 , p. 5.
32
pour cette raison que les significations dans 1'univers du
conte posent un cadre de relation entre les partenaires de
eornmunlcation de sorte que ceux-ci soient thématiquement, inter-définis et dotés de compétences qui leur permettent de
s'assigner des modalités rigoureusement dét,erminantes pour un
f aire interprét,at.if sur 1e genre 1ui-même. C'est aussi ce qui
explique cetLe "mémoire collective" quant. au choix dans la
langue de mots utilisés de façon appropriée.
Cet usage auquel nous accordons tant d'int.érêt est
3ustiflé par des "règ1es" d'utilj-satlon dont peut s'occuper une
certaine pragmatique . L'apport de 1a sémiotlque servira à
délimiter des domaines de 1a sémant,ique et de 1a pragmatique
dans 1a description des performances des sujets utilisateursde Ia langue.
Récapit,u1ons. Le point de départ était un ensemble
ci'hypothèses sur 1'usage de mots pour des fins de communication
intrinsèques au conte; 1e choix de ces mots se trouve à Ia base
des moyens qui proposent un traitement sémiot.ique adéquat. des
rè91es de I'usage. De ceci, nous voudrions retenir f idée selon
laquelle un mot, s'i1 propose une signification parce que sa
perception évei11e une représentation de ce qu'i1 désigne, iI"
cessera d'avoir un grand intérêt qui puisse 1e quallfier d'être1'un des "mots-motifs" dignes d'apparaltre dans 1e lexique du
conte populaire oral, le mot du conte y apparait,
essentiellement pour faire parler de lui: "se1" ou "herbe" ou
"montagne", pour ne prendre gue ces exemples, signifient dans
Ies contextes de leurs apparitions que de " f innocence"
inavouée de leurs signi fications immédiate s (ou
33
représentations ) , 11s tirent. leur Propre force de faire
signifier des codes dont l'analyse sémiot,ique se charge en
faisant apparaitre les divers jeux de glissements sémantiques
qui leur sont sous-jacents.
Ainsi, 1es représentations "évei11ées" par un (des) mot(s)
sont, dans certains cas que nous aurons 1'occasion de précJ-ser,
prises en charge par les contextes pour signifier des codes
dont nous citerons en premier lieu celui dont f intelligibilité
est rendue essentielle par 1e genre même du produit de 1a
t.radition ora1e. Globalement/ i1 s'avère qu'on se sert de mots
de manière à ce qu'ils servent Ie discours narratif et de sorte
à ce que ce dernier soit reconnu comme tel en ut,ilisant ces
mot's précis pour être dit conte. La reconnai ssance oe ces mots
choisis pour ces fins exige que le raisonnement soit falt par
une classificat,ion éIémentaire de champs à maintenir
provisoirement pour servir 1a mise en place d'une nouvelle
ét,ape de travail issue d'une question pr j-nclpale: comment peut-
on percevoir ce qui n'est pas uniquement lit,téral tout en
prenant en considération 1e littéra] pour déterminer 1es
" indications" sémantiques propres aux contes?
Ce dilemme est Ie proPre de toute recherche sur le sens.
Mais quelque chose d'encore plus problémat,ique apparal't ici:
puisque Ie conte oral ne peut être ramené à une communication
entre deux partenaires lors de 1a narration, il serait
difficile de lui appliquer des méthodes de recherche de
caractère conversationnel. D'autant Plus que les é]éments du
contenu dans 1es configurations discursives n'appartiennent pas
34
à des représentations Iittérales:appauvrlssements des codes du conte.
ce I les-c i sont des
Bien entendu, du point de vue mét,hodologique, nous nous
situons à des niveaux différents mais qui devraient tout de
même avoir des liens organiques dont,le but est de rendre au
conLe les particularit.és qui 1ui sont dues. sinon, si on se
cont,entait des "représentations littérares,,, 1e conte seraitprobablement une 11ttérature condamnée à disparaltre non
seurement parce qu'erle est orare mais aussi parce que
"f intention structuraliste" 1évi-straussienne y serait sans
grands ef f ets. Or, il se t,rouve que torrt donne lieu à penser
1e cont,raire: 1e conte oral est be1 eL bien un produi.t quis'assure par ses propres moyens sa pérennit,é. pour nous, ces
moyens ne sont pas seulement. morphol0gi.ques, ils sont aussisémant,iques. Par voie de conséquence, la considération du
lexique s'impose dans 1'étude des ressorts narxat,ifs etdiscursifs du conte.
Les conLraintes dans 1a sé1ection, qu1 ramènent lesemplois lexicaux à des codes, sont évident,es:
1. c'est comme si ce n'était plus le mot en soi qui
importe ou cievait intéresser 1'ana].yse mais, prutôt, 1, usage
qui en est fait; c'est aurssi comme si cet usage pouvait. se
faire t,raduire par n'importe quer moÈ pourvu qu,il fasse partiedu champ qui 1ui sert de reconnaissance. Dans ce cas, c,est,f intent,ionl de dire quelque chose qui lmport.e quers que
soient res mots qui servent à le dire. De toutes les façons,
1A. J GREÏMÀS et J COURTES , op, cit. art. " Intention.' .
35
ces moLs sont contraints d'être choisis en fonction de
f intention. Ceci semble si évident, que Ie débat n,exige pas
que nous nous ét.endions 1à-dessus.
2. Mais ce point de vue ne just,lfie que partiellement,
1'utillsat,ion des mots relativement à f inLention, car il ne
faut, pas oublier que 1es mots dans 1e conte suggèrent une
Jormulation sur leurs propres usages de telle sorte qu'i1s
1égltiment reurs propres apparitions dans 1es configurat,ions
discursives: Ie mot, est dit pour dire auLre chose tout en
proposant des modalit.és d'ëvictlon de ce qui pourrait, hors du
conte, lui être subst.ltué. Du même coup, i1 s'installe dans une
espèce de droit d'être inaccessible
hasardeuse 1.
à 1a substitution
La 1égitimlté du mot dans 1e sens où ir esr diffici.Le,sinon sous des condltions que nous déveropperons plus tard, de
1ui substituer un autre de manière hasardeuse dans 1a struct,ure
de 1a configurat,ion où i1 apparait, est ce qui rend possible
une saisie de 1'attitude d'une culture qui se dit, partlellement
à travers lui en I'invest,issant, de traits nécessaires à lacommunication d'une dimension constitutive de ses facettes. sa
mise ên fonctionnement dans te discours narrat,if lui at,tribue
une charge curturelle définie par les objectifs de ce même
discours seron 1'ét,ablissement de codes. Le discours narratifse voit. ainsi const,ruit par une "série" de mots ut,ilisés pour
1R POSNER, op. cit. p. 18.
décrire Ies
qui conpose
36
problèmes posés et, qui
le lexique du "ont"1.
sont susceptibles d'êt,re ce
2. Position et mise au noint
Organi sons
propositlons:
préserrt, 1es points qui émergent de nos
1. Le lexique, composé de mots, propose à 1'observat,ion
des ensembles ou des "matrices" d'occurreDCês; des opérations
d'associations sous-tendent ces matrices, seion des mises en
relation pour rendre possible une st,abilisation rerat,ive <ies
nots qu1 forment, ces matrices. Les mots qui se polarisentautour d'un champ obtenu par distribution de ceux des matrices
selon un autre type de relat,ions associatlves, sont des lieuxde reconnaissance de bases ou de données pour découvrir des
inf ormations relat,ives à 1'un des besoins du cont,e pour se
constiLuer: 1'analyse retiendra ici, comme objet d'étude, res
configurations discursives et 1es parcours figurat.ifs qui s'yrapportent.
1 Dans une perspect,ive autre gue celle que nousenvisagerons mais dont "l'espriL", nous semble-t-i1, peut êtreexploité, citons M. cALLoN, "Les procédures de découvertê",B.ulletin du G. R. S. -L. , CNRS, VIf I, 33, 1995 , p. 10 : ,, Chaguedocunent est réduit à une série de nots, décrivant 7e problêneposé par les âuteurs. on construit ensuit,e un lexlque conposéde tous les nots utiTisés (,.. )'.
37
2. Par 1à, ces mots sont, ou du moins, peuvent être
"détournés" de leurs usages lexicaux immédiats pour des besoins
narratifs particuliers.
Ceci peut être rect.ifié par une autre proposition: ce ne
sont plus ces usages lexicaux immédiats, en tant que
représentatj-ons référent,ielles linguistiques, qui servent 1e
conte , c'est Ie conte qui 1es sert en s'en servant par
1'utilisation qu'i1 en fait, dans une espèce de "mou1e"
part,iculier dont Ies apports nous semblent, importants à retenirpour traiter les configurations discursi-ves à un niveau
sémantique. Le conte, dirions-nous, "détourne" 1'usage lexicalpour satisfaire des fins intentionnelles propres aux
configurations. Ce détournement analysable par des traces
relevables et descriptibles dans/par 1e discours est
problémat,ique. D'un côté, c'èst à cette condition, nous semble-
t-i1, guê revient la nécessité d'éviter de mettrê sur le compte
du "symbole" ou de Ia "connotation" 1es intuitions qu'un
lecteur peut, formuler à propos des problèmes de sens dans le
conte. D'un autre côté, c'êst, de eette condition que surgit la
questi-on: comment rendre compte des liens organiques entre 1es
informations ethnologiques ( anthropologiques? ) ou tout
sinplement socio-cuIturelles, et 1es lieux internes aux contes
qui servent de traces d'informatlons ?
Cet.te questlon devient encore plus alarmante lorsque
l'ét.ude prend et utilise eomme "principe de découvert,e" un
dépouil-lement lexical qui ne peut être en soi une voie de
raisonnement sur Ia manière dont Ie conte utilise 'ses" mots.
En outre, -êt c'est 1à que notre point de vue prend forme de
38
manière aSSez claire- Ia valeur d'un mot actualisée par la
différence en tant que relation entre unités dans une
configuration discursive, n'eSt pas tout à fait suffisante pour
asseoir f idée que les mots dans un conte disent généralement
les choses autrement que quand ils sont utilisés dans des
discor:rs autres que 1e discours narratif ( 1e conte ) i 1es
valeurs qu'i1s mettent à jour par 1e biais deS relations de
différences dépendent de références à "autre chose" qui réside
dans 1e conte 1ui-même: à 1a manière de la poésie définle comme
autre chose par Verlaine, 1e conte peut être aussi déflni de
1a sorte.
Ce point qui peut être 1'oblet
notre raisonnement tournait en rond,
rapport, à des t.raits définitoires du
l-e conte? 1
de malentendus comme si
11 faudrait, 1e situer par
conte: mais qu'est-ce que
La réponse à cette question est tributaire de réflexions
sur les règ1es de "canalisations des intérêts" -expression que
nous empruntons à M. Cal1on- du conte populaire oral: 1es
univers sémant,iques, organisés Par des traits de conLenu,
reçoivent une fonction dont 1e traitement est étroitement 1ié
à cet,te canalisation. A ce stade, i1 faudrait, situer la lecture
à un niveau de reconstruction des nécanismes des condit,ions qui
agencent les champs sachant 9u€, associés dans des
1 Norr" f aisons nôtre f idée de M. Taif i, lors d'unecliscussion que nous avons eue avec lui, et dont nousreformulons 1'essentiel comme suit: on ne peut définir un contequ'en contanti c'est d'ailleurs 1a réponse spontanée gue nousdonnent nos infornatrices: un conte? c'est /Haiit-k/, /idien
zlk/ , . . et le conte conmence. lilous y reviendrons dans notredeuxième partie.
39
configurat,ions dlscursives, les mots sont en nombre
t.héoriquement linltés, et que 1e discours donné comme "déduit"
du conte par un informateur quelcongue à Ia manière du conte,
ne se réduit. pas à un discours où les traces d'aSSomPtion
rendent compte de §tatuts de récitants §ujet's individuels.
L'activité langagière du conte dépend, alors, de proce§Sus
soumis à 1a cana.l isat,ion de ses intérêts: les " entités {y sontl
dotées d'une signification qui Teur est propre dans Le cade"L.
En tous 1es cas, 1e mot reçoit une particularité
d'utilisation condj.tionnée2 par les traces qui se Lissent dans
1e conLe et qui se proposent à 1a "bienveillance du
descripteur" qui en déconst.ruit 1es mécanismes de
fonctionnement par rapport à un code construi-i par un type
d'associationS dont les valeurs se réalisent par des Ielatj-ons
entre forrnes de sens dans 1es configurations considérées. Ces
formes de sens justifient leur caractère opératoire par des
structures signifiantes dépendant de régularit'és d' organisation
qui "prédiquent" en quelque sorte 1'activit'é langagière dont,
les consLructions signifianteS sont cetleS d'un "processus"3
qui retrouve son élaboration dans 1es conditions nécessaires
1 n. JÀKoBSoN, Essais de linquistique qénérale, Minuit,Paris, 1968, p. 52.
2 "Si les nots des Tangues n'étaient que des inages deschoses, aucune pensée ne serait possibTe." c. HAGEGE, L'honmede parole, EaYard, Paris, 1985, P. L29.
3 J. MOLINO , "Interpréter" in C. REICHLER ( sous 1adlrection de), L'interprétation des textes, Minuit, Paris,1989, p. 25.
40
à 1'acte de faire signifier des mots par leur mise en
relationl. A présent, ajoutons que les relations entre mots
doivent. recevoir un trait,ement sous-tendu par 1'apport de
"canalisation d'intérêts" du conte, car ces relations, à e11es
seules, ne peuvent en fait donner qu'une slgnificatj-onparce 1 Iai re2.
Tenant compte de cette double contrainte qui soumet
1'entité lexicale aux relations qu'e1le entretient avec
d'autres et qui ne tlent pas compte d'une approche phrastique
mais transphrastique, i1 semble que 1a voie de recherche sur
1es champs nous sera d'une grande utilité. Les démonstraLions
qui vont suivre vont illust,rer une rêflexion qui ira dans 1e
sens de tout ce que nous avons réuni comme généralités, sans
pour autant prét,endre à des extrapolations certaines,puisqu'e11e recouvre un domairre restreint du point de vue de
1'objet que nous analysons. Cette réflexion est, a1ors, à
prendre comme modè1e suggestlf.
Non soumis à une classlfication selon des critèresloglques, les champs dont nous entreprenons 1'élaboration
seronL des matrices sous lesquelles se rangent des mots pour
1a consti'Lution de contenus sémantiques. Cette élaboration sera
soumise à une "conversion" de ses résultat,s vers un autre angle
d'approche dont 1a sémiotique dite "standard" s'est occupé
ciepuis les débuts de ses développements: nous ramènerons ces
matrices à des champs selon leurs contextes narratifs en
1 a. J. GREIMAS, Sémantique struct,urale, op. clt. pp. 18-
2 l,-C. COQUET, Sémiotique littéraire, op. cit. p. 58.
28.
4L
essayant de traiter 1a compoEante dit,e f igurat,ive et ce11e ditethématique.
L'établissement des champs sera opérat.oire par res types
de rapports que 1es thèmes sous-jacents aux parcours figuratifsenlret,iennent pour situer f intelllgibilité des récits à un
niveau relativement plus profond que Ies relations entretenues
entre les entités constitutives de chaque champ d'un côtéi êt,de 1'autre, ent,re 1es critères sémantiques en termes de
"domaines" des champs et de rapports entre ces domaines.
L'étucie sera ai-nsi conclamnée à suivre des mouvements de
circularit,é entre 1es unltés Iexicales regroupées initlalemenÈen matrices et 1es diverses "décompositions" de ces matrices
en champs, en essayant, de repérer des parcours f igurat,i-f s dans
des cont,extes d'utilisation par re conLe. §otre souci sera de
ne retenir pour ce faire que les configurations discursives qui_
permet.t,ent 1a sélection des unités lexi-cares pour élaborer des
champs. De ce falt,, otr ne s'étonnera pas dee déplacements de
termes inscrits dans ces chanps vers d'autresr ces déplacements
seront justifiés par des glissement,s de sens d'un terme donné
pour participer aux thématisations narratives dans 1es
configurations,
42
CHÀPlTRE rI
CHÀHPS ET COUTIGüRATIOIIS DISCJRSMS
1. Carlre spatial
L'un des champs qui nous parait immédiatement perceptible
à la sui"te d'une lecture préliminaire du corpus est celui d'une
organisation représentée d'un espace de 1'univers des contes.
Cett,e organisaLi-on, en tant que représentation, est, explicit.ée
de rnanière relatlvement stable par 1'utilisatlon des termes:
/ift n tmur0/ (ber.), /waHed l-blad/ (ar.)! une terre, un pays,
qui apparaissent en occurrences nombreuses. Par ai1leurs, 1es
délimitations géographiques supposées telles dansr pâr exemple,
/mdina/ {ar: vi11e), /menTaqa/ (ar: région), ne sonL guère
représentatives; seul f indéterminé du point de vue distlnctif
entre groupements sociaux dans 1'espace représenté est
largement indiqué dans nos conLes par /êammurg/ (ber: pays,
terre) et /blad/ (ar: pays).Ceci se confirme aisément dans un
sens analogue dans des versions de contes, dit,es en berbère,
43
où apparaissent /0aqblLt/L (ber: kabyle) ou /djmaeegt2 (ber:
djemaâ) pour désigner un groupenent social dans un espace
donné.
Quant à /d-detra/, /d-duwwar/ (ar: vi11age), i1 semble
encore qu'ils se déflnissent plus par des liens sociaux
gouvernés par des structures de parenté à des degrés proches
ou é1oignés, que par des frontières géographiques.
Pour nous limit,er à ees occurrences, sans nous préoccuper
de la représentativité à proprement. parler dans Ie discours
narratif de 1'espace habité par les membres d'une cornmunautê
dont une approche ethnographique peut renrlre conpte, nous
étudierons 1a manière dont 1'espace dit habi-ué se construii
dans 1e discours, en tant que configura1:ion "conjugable" avec
1a construction d'un sens rendue possibte par 1'utilisat,ionqu'en fait le conte en tant gu'univers sémantj-que.
I1 ressort de cet angle relativemen-u chargé qu'i1 f audrait.
distinguer dans 1'architecture spatiale et sa mise en scène
rrarrat j-ve , enLre deux st,ratégies de construction di scursive :
1. 1a première correspond à celle qui déflnlt, 1'espace
"conne un objet canst.ruit Ioù] 7e sujet, Iesi] considéré conne
producteur et cafine consofinateur"3;
1 0ayaig CIiweo 1/t n teqbilt, (la chienne arriva dans unekabyle (groupenent dont 1es constituants entret,iennent desliens de descendance et d'unions) ), C1,
2 akeô ueeJJi djmaeeQ qae TTareH (1e soir, quand Ia djemaâ(habit,ants de 1'espace dit /defra/, /duwwar/) se réunit dansun lieu déterminé du village: Ia mosquée ou éventuellement Ienagasin du vilIage, qui se situe en généra1 sur 1a placecentrale du village), C2.
3 A. J. GRETMAS et J. couRTES, op. cit., art. 'Espace".
44
2. 1a seconde, int,roduite dans re discours par /ilt n
t,mur0 /, /waHed 1-blad/, correspond à une spat,iarité sous f orme
d'ét,endue faisant fonction d'un simulacre par rapport à un
espace social- ou non social conme nous 1e verrons: ufrê mise en
scène par le récit,-conte d'une représentation de l,espace pour
y proposer "1e spectacle" qu'i1 développe narrativement selondes condit,ions de saisie. ce spectacle, en tant que parcours
si on considérait sa 1inéarit,é et, tous les éréments narratifsqui y apparaissent, a 1'at,t,ribut de se dérouler dans un
" guelque-part' défini par des int,erventions de te11e sortequ'i1 subisse et fasse subir des transiormatlons. Le conteprocède ainsi pour être porteur de messages langagiers par. une
mise en scène de sol dans un espace où, si 1,on peut dire,1'ancrage est à comprendre selon 1'absence de traiïsdéfinitoires de frontlères spatlales. cet espace est ce à
partir de quoi 1e conte va donner des représentations sur 1e
social comme organisations i cf. / d-defta/ , /d-duwwar/ ,
/djmae efi /, /0aqb ilt / ) .
ces représentat,ions sont construites pour indiquer autrechose que 1e "cadrage" architectural. Âinsi 1e conte se donne-
t-11 à être pensé sans être ancré dans un espace-temps
définissable par des frontlères spatiales ou historiques. r1donne en spectacle des univers dont ra construction se falt,par f imbricat.ion entre attitudes spécifiques dont, i1 profère1es conditions de se refuser cies coordonnées d,ancrage spatialet temporer proprement dit. L'utirisatlon, pâr exernpre,
d'énoncés introductifs à 1'acte de conter en tant, que formules,et ra manière dont, 1e conte manifeste Ies strat,égies
45
régulat,rices d' j.nvestissements pris en charge par 1a dimension
narrative, en est révé1atrice. Plus encore, en admettant que
1'espace soit conçu selon 1es deux stratégles que nous venons
d'émettre et surtout, qLle sa mise en scène dans le discours
narratif consiste essenLiellement mettre hors espace
particulier les événemenLs du cont,e, i1 en découle que cet
espace est une composante de 1a dimension narralive qui joue
dans 1e conte "-Ie 16le d'une conposante organisatrice sous-
jacente, structurant ( . , , ) Jes processus de product,ion et de
Tect,ute d.u "ilessaqe""7 (c'est nous qui soulignons ) .
Sous un autre volet, 1e conte n'est guère appauvrissant
des représenÈations spatiales. Àu contraire , on y repère
facilement une organisation schématique d'un espace ouvert-
extérieur (cf . /0ammur0 / , /blad/ ) et un espace f ermé-in-uérieur
teI qu'i1 se manifeste dans /axxam/ (ber: rilaison), /qSer/ (ar:
palais ) , / eef lal ( ar: tente ) , dont i] ne nous semble pas
nécessaire, vu leur nombre d'occurrences considérab1e, de 1es
reprendre en dét,ai1. Pour ne prendre que te motlf de Ia maison,
constatons que Ie conte en précise certaines parties
constit,utives te1les que /L-eetba/ (ar: seuil), /1*babl lartporte), /s-serjem/ (ar: fenêtre)... Ces indicat,ions rendent
compte, €n ef f et, cl'une segmentat,ion de 1'espace humaln comme
si cette segment,ation pouvait définir un certain ancrage
spat,ial du conte. Or, cette segnent,ation en ternes de parties
de i'architecture spatiale, réduit 1a référence de 1'espace à
un "quelque-part non ancrant"" Ie conLe puisque 1'espace 1ui-
1 f. LANDoI{SKI, La société réfléchie, Seui}, paris, 1989,r.39.
46
même ne déternine que 1'ancrage des faits et événements du
récit1. Enfj-n, 1'espaee intérieur qui semble défini par ses
partles n'est guère un support d'intérêt pour un fonctionnement
qui assume un ancrage spatial, Nous voulons dire que 1'espace
intérieur humain est mis au degré d'une illusion fonctionnelle
de I'ancrage par les faits et les événements gui s'y dêroulent
et, qui s'y rapportent pour assurer 1'éIaboration d'un "langage-
message" propre au conte. I1 est évident que ce langage ne peut
être relatif à un espace susceptible d'être tracé pour évincer
d'autres représentaticns spatiales pour lesqueLles i1 ne seraitpas pertinent: 1'universalité du conte est à saisir dans ce
SENS.
Exemples d'étude: la nontaqne, Ie si1o, 1-ç puils et Ia
qrotte,
De manière tout à fait arbitraire, essayons de
sélectionner quelques figures selon un regard qui 1es situe
dans un parcours thématlsable par des traits investis dans une
configuration spatiale. Ces figures seront conçues selon une
1 mmi-s e-€emmi-s 1-1i1a yiweD idj n lteôrar ( le cousin deLeila arriva près d'une montagne), C1.1Gu1a 0uIi Ger weôrar {1'ogresse monta (escalada) vers 1amontagne ) , C4.lGul yehwa-d zi weôrar (1'ogre descendit, de la montagne), C11.
articulation où au moins
rapports sémantiques.
47
un sème Ieur fait entretenir des
Dans ce sens / ar} / ( ar: terre ) et /0ammur0 / , qui
comportent 1e sème de "1'horizontalit,é", P€rmettront de
proposer un rapport avec "1a verticalité" qui s'acLuâ1ise dans
/aôrar/ {ber: mont,agne vS /Gar/ (ar: grotte )1, /Hefra/2 (ar:
troui, /meTmura / (ar: sllo)3 et enfin , /anu/4 (berr puits).
Sur la base de / arD / , /6ammur0/ , 1'axe selon
" 1'horizontalité " prévoit la catégorie Haut, VS Bas ; " 14
verticalité" comporte une double orientatlon par rapport à un
centre qui dét,ermine Ie sens selon qu'iJ, s'agiL du haut ou du
bas. Ce centre se situe sur "l'horizontalité". Dans ce cadre,
1es flgures s'organisent comme suj-tr
1. /aérar/, /7-lbel/ (ar: montagne),
colline), /kudya/5 ("t: colline) = haut,;
/ma1u / ( ber:
2. /meTmura/, lgael (ar: fond), /hefra/, /Gar/ = bas.
Dans /l-kudya/, /i-jbeL/, /aôrar/, /malu/, 1e sème de Haut.
s'investit, par un degré puisque /1-kudya/ ou lmalu/ est, un
Lerme complexe: 11 n'est ni /)bel/ , /a6tar/, ï1i /arD/ ,
/0ammurO/; 1e rapport qu'i1 entretient, avec ces derniers est
1 *-f a r-ra j el 1-waHed 1-Gar ( I'homme a1la dans unegrotte), C1.
2 .""ssar yemtu TTeam ôeg weHfir (Ie vieux (enterra) mitle couscous dans un trou), C11.
3 l-malit< dar dik I-mra f-l-meTmura ( Ie roi mit cettefemme dans un silo), C15.
4 DD.*y. êHut ôegg idj-n !{anu (DDawya tomba dans unpuits ) , C5.
5 m/at I-mra 1-waHed 1-kudya ( Ia fenme aIla dans unecolline ) , C5.
48
dans un sens qraduel: iI est haut par rapport à larD/ eL bas
par rapport à /lbeL/. Le système sémique propose ainsi une
circulation qui tient compLe des écarts différentiels relat,ifsà des disjonctions entre unltés dont 1es relations entre sèmes
sont hiérarchiquesl. Ce phénomène réapparaLt, dans t /Hefra/ ,
/Gar/, /meTrnura/, en prenant comme axe-repère /arD/, /$ammur0,r,
sl nous admettons que /Hefra/ reçoive Ie sème de bas par
rapport à /arD/. 11 sera de même pour les autres flEures. Ceci
dit, rappelons qu'un degré dans un sens graduel s'imposera sion fait entretenir une relation entre, pêE exemple, /meTmura/
et /Hefra/ .
2. Évaluation de 1'étude et élaboration d'une néthode
Avouons gue cette voie . d'étude des unités même en
contextes particuliers ne nous aide pas vraiment (pas du tout! )
à avancer. Le problème gu'e1l-e pose est dû à la diversité des
f ormes de manifestat,ions dont surgi-t la dif f iculté de repérer
un fonctlonnement autonome des relations pour 1eB fairesignifier. Puisqu'i1 en est ainsi, nous envisagerons que 1a
manifestation de la signlfication pose des contenus en tissantentre les t,ermes sémiques des réseaux de relations pour rendre
homogène dans Ies configurations discursives ce qui semblerait
35.1 A. J. GREIMAS, Sémantique structurale, op. cit. pp. 34-
49
à première vue hétérogène (cf. p. ,îZl. pour plus de précisions,1'hétérogéné1té est due au fait que 1e conte semble lacunaireen sigtnaux saisissables par une description qui puisse aboutirà une saisie des mécani-smes de production de sens: cêux-ci ne
s'i-ntéressent pas à un cont,e particulier mais à des
configurations discursives. Et, tenLer de rechercher et de
repérer des unités signifi-antes et, ensuite, reconstruire 1es
modes de leurs articulations, doivent prévoir une
"schématisation" qui int,ègre des phénomènes jusque 1à non
évoqué s :
1. si une unlté, même quand elle est dite <ie l,ordre du
symbolique , " ne f anctionne .oas autrement, qu, un Lexêne
queTconque cî'üne Jangue naturelie queJcongue,,L, dans un contepopulaire, e11e est quand même dotée d,un iniérêt fonctionnelplus chargé gue cerui d'un "1exème quelcongue". car, comme nous
1'avons ciéjà dit, 1e "quelconque" relatif à une unité lexlcalene peut être admis sans être soumis à des règ1es d,adoption par1e discours narratif dlt. conte. RappeLons gue c,est 1à 1,une
des raisons pour lesquerles nous avons prévu 1a seconde
stratégie d'étude de I'espace , qul compl_èt,e 1a première pour
les besoins utilisés par le conte;
2. ainsi, 1e lexème dit, ,'quelconque" cesse d,êtrequelconque, et de ce fait, 1es figures2 gue nous avons prisesen considération ne peuvent être ramenées à des fonctionnements
comparables à ceux de 1exèmes. De toutes les manières, comme
1 ruia. p. 58.
2 R. J. GRETMAS et J. couRTES, op. clr.f igurati.f ".
m
art. "Parcours
50
1e dit Le dictionnaire , " fe Jexène se présente conne le produit,de 1 'hist,oire et de I'usage, piutôt que Çonne ceLui ele iastructure"' ( c'est nous qui soulignons ) .
ParLant de ces postulats, i1 est maintenant opportun de
revenir à nos exemples pour mieux distinguer entre 1es l_exèmes
t,e1s que nous en avons cité les mani-festations dans noLrelecture et t,e1s qu'irs sont ut11isés dans le conte selon une
espèce de "filtre d'adoption". ce dernier aspect fait. de ces
1exèmes, pour peu qu'on y revienne avec un regard moins naif,des unités figura.'ives organisées2 de 1a ynanière suivanÈe:
1 rlia. art. "Lexème,,.
2 constâtons que nous venons de changer d,,,outirrage,'puisque pour rendre compte du fait que 1es mots (1exèmes) nepeuvent être auLonomes et que ce ne sont pas leurs sommes quiconstiLuent le tout de slgnification, il a farlu recourir à Ianot'ion de "figure" et d'organisation par',enchai.nement isotope,,de parcours fisuratifs. pôur plus ae aetaii";-;;*;Jier-r-;';.COURTES, ioti du rs 'énol'Éqons:etion.193.
51
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52
Une première remarque à Ia suite d'une relecture du C91,
/ )-lbel/ , espace habité, est utilisé pour distinguer une
activité qui se ratt.ache à "nuit." par rapport à l'espace où une
autre activité se rattacherait à " jour"2 impllqué par
" aurore " : une trarrsformat,ion s'opère selon 1'approche du j our
( aurore ) pour rendre possible au su j et-héros en qr-rête de
1 'ob j et. de valeur l-'accès aux montagnes. posons:
j-jbel!espace fermé, inaccessible vs espace ouvert,accesslble
nui t I CUr
( à partir de 1 'aurrrre )
Ici 1'accès à "montagnes" et I'attribution au l:éros l-e
pouvoir (y accéder) se réalisent condltionnés comrne actrvité"diurne" par 1e passage de "nuiL" à "non nuit" pour impliquer"jour". Ce passage, ou transformation, est conditionné
para11èLement aux t,raits modaux du sujet qui accède à 1a
morrtagne et à ce qui caractérise 1e su jet,-habitant rle i.'espace
en questir:n. À cet accès, conciitionné par des at,i.ribut,ions
modales au sujet, attribuLions figurativisées dans cies parcours
1 mmwalin dak j-jbe1 ybat,u yxedmu min tebqa sa€a 1-I*fjerym/iw yne€su (1es propri.étaires (hablt,ants ) de cette montagnepassent 1a nuit à travailler; à 1'aurore, i1s s,en vont pourdornir).
2 f-I-fjer min j-jbal yerferrqu 1Ii bGa yfur yfut, (à1'aurore, quand Ies mont,agnes se séparent, celui qui veutpasser le peut; trad. lnte11. r les montagnes ne sontaccessibres par les humains que lorsqu'e11es se séparent à1'aurore ) .
53
particuliers du conte, est sous-jacente thématiquement une
forme d'initiation du sujet à 1'acquisition du pouvoirl.
Habitée par des personnages "parti-cu1iers" oLl dont 1e
statut est en tous cas "exceptionnel", "surnaturel" et "non
humain" 2, iâ montagne ievient un espace dont l-' accès est
réservé âux héros. Dans ce nême ordre d'idées, par
f investissement sémantique dans 1a relation oppositive des
termes de 1a catégorie Haut VS Bas, prend sens 1'ascension de
1'héroine , réalisée à la suite de ia transformaticn de son
apparenee physique3. De même dans C22, l-a montagne est habitée
par /aruHani/ ( berr être surnature)-, génie ) ; et 1'humain n'y
accède que par )-'acquisltj-on du pouvoir qui 1ui est accordé par
1a f111e de /aruHani/4.
Dans ce dernier cas de parcours, le por:voir est attr|bué
au sujet-héros par l-a fiile ( 1'héroine ) tout comme 11 1'est
dans C1 comme nous venons de le voir. Néanmcins, i1 serait
intéressant de voir comment se manifeste 1'attribution Cu
pouvoir: dans un cas, ce sont 1es os de 1a fille du génre qui
1 y"tee1lem l-Herb f-j-iba1 (i1 apprend 1'art de 1a guerredans 1es montagnes), C33. L'apprentissage en guestion rejointici f inltiation que nous retenon§ comme thème sous-jacent.
2 Entre autres références, citons Ie C1r 1'accès du cousinde Leila à 1a rnontagne est conditionné par 1' j.ntervention de1'adjuvant (cheveux, métonymiquement Le11a) et Ianeutralisation -par la ruse (te savoir) de ce dernier- dupouvoir de 1'ogresse afin que 1e cousin soit épargné.
3 nima 0eowe1 t-taôbir0 (t-tasekXur0 ) / gferfer Ger yidj nwe6rar ( subitement, Nima devint une colonbe ( perdrix ) ets'envola vers une montagne ) .
4 ami yuli akeô vÿeôrar yegga ddru) zeg Gessan n teôbir0nni (pour escalader Ia montagne, i1 usa (se servit) des os dela filIe du génie).
54
sont utilisês par le héros; dans 1'autre, la chevelure de Ia
cousine. Remarquons qu'aux os se substit,ue 1a chevelure. Àussi
faudrait-il revoir 1es traits caractérist,iques du "donateur"
du pouvoir; étant fille d'un génie, par augnentation dans
L'univers imaginaire, cette figure propose des effet,s de sens
que le conte utilisera par f intermédiaire des os, alors que
1e C1 utilisera une figure isotope avec 1'humain. Dans ce sens,
nous pensons qu'une analyse poussée pourra vraisembl-ablement
rendre r compte de codes sémantiques beaucoup plus
i-ntêressantsl. En tous 1es casr le pouvolr dans les cas que
nous venons de voir est port,eur du sens de f inlLiation d.u
sujet. D'ai11eurs, cette initiation pose 1e sujet dans I'espace
( cf. C1 , C9 , C10 , C22 , pour ne cit,er que ceux-1à ) comme
quelgu'un {ui, modalement parlant, ne dispose pas d'un pouvoir
à 1 'ét,at initial même s' i1 a un savoir r c'est tou j ours le
secours extérleur qui lui rend possible 1'accès à cet espâce
d'init,iation. Le trait de "fermeture" ou d"'inaccessibil-lté"à cet espace par le sujet sans 1'aide extérleure, se résume de
raanière explicit,e lors de la mise du héros dans un " chaudron"
de 1'ogre=""2.
Reprenons:
L. Ia montagne est inaccessible au sujet, n'ayant pas l-e
pouvoir;
1 Nou= reprendrons ces figures dans d'autres contextesnarratifs.
2 ttla Êegga mmi--s €-eemmi-s 6egg i/t-n t,1y6ur0 1-lGuIa(Leila nit son cousin dans un chaudron de I'ogresse), C1.
s5
2. Ie pouvoir est attribué à ce sujet par un destinateur.
Nous voyons que cette modalité, par 1'ascension rendue
possible, serait sous-jacente à une opération qui débouche sur
1a négation de loute cornpétence dont, J.'impilcation est le f aire
ou la transformation'd" 1'état disjonctif du sujet avec 1'o):jei
Ce valeur à un ét.at. conjonctif: par 1a montagne, ufl devenir
affecte le sujet dit de quête1 et du même coup, ce sujet, ce§se
d'avoir ce statut puisqu'i1 est, en position d"'objeL" quj- subit
le pouvoir investi par le conte dans "montagne":
f irrconciliation des sèmes opposés est "neutralisée" pe.r Le
pouvoir que ce sujet reçoit de 1'extéri-eur pour ainsi dire.
Retenons pour ie moment que 1e pouvoir qui ser:E à des
mises en "histoires" d'un sujet humain est déterminé par une
relation oppositive des sèmes Haut et Bas actualisés dans 1a
cor:f iguration. Ensuite, ce su jet. rre peut, acquérir cette
modalité qu'en devenant maître de I'opposition de ces sèmes
définlioires de "montagne", "si1o", "grotte". . en renciant
humain et habj-tab1e provisoirement par iui -à 1a manière de
1'espace "terre" qui ne comporte pas de sèmes opposés rnais en
est 1e régulateur- ce qui ne peut 1'être par n'impor'ue qui:
f init.iation.
Dans un sens analogue mais gul, cette fois, préclse
l'homologat.ion possible du pouvoir à " 1a montagtne " , au " siio " ,
au "pults" ... , citons la configuration de la destruction de 1a
1 L'utilisation de ce terme tient compte d'unepartielle: "c'est par référence â un (..,)Id'appropriation] (... ) que nous détinirons 1e sujet,J. -C. COQLIET, Le discours et son suiet, op. cit. p.
dé f initionprogranne
de quête" ,88.
56
montagne par 1'ogre"""1. Cette destructlon se réa11se par
1'ogresse dont le pouvoir est, dans cette configuration,
comparable à celui investi dans "montagne" dans 1e sens où, à
aucun moment dans Les contes, ce faire n'est assumé par
1'humain à moins que iJtui soit, accordé L1n statut modal
except.ionnel au sens où i1 devienL sujet, dont 1es t,raitss'homologuent, s'assimilent et se confondent avec ceux d'un
sujet, représenté par un acteur dont 1e statut est de L'ordre
du "sur-humairr" (cf. 1a figure actorielle /ruHaniya/ dans C22
par exemple). Ceci se confirme encore dans Cl.r Leila dispose
d'urr pouvoir par la ruse (le pouvoir du savoir) non pas parce
qu'e1le est "humaine" mais paxce qu'e11e est "fiile adoptive
de 1'ogresse", stat,ut qui 1a rapproche de cette dernière par
1'appartenancé à 1'espace dit "nonLagne très haute".
Par ces remarques tirées des queiques exemples dans nos
cont,es, 1'analyse est en mesure de présumer que 1'espace
att,ribue au su j et des tra j-ts déf lnltoires d'une identité selon
Ies parcours qu'i1 assure narre-,-ivement; la mise en discours
de ces parcours, ê[ tant que configurat,ions, pose qu'i1 soit
attribué au sujet Ie pouvoir. Ensuite, oe 1a relationopposit,ive (Haut VS Bas ) , 1e conte installe un effet de
fonctionnement des figures qui s'y rapportent. Cet effetconsiste narrativement à nettre en scène 1e sujet de te1le
sorÈe qu'i1 rende par le pouvoir non opérat,oire
f inconciliation apparente de 1'opposition.
1 lcu1aprit, une peldét,ruire ) ) ,
6isi lBala ôIe, une piochec4, c6, ca4.
wyezzim truH Ger !ÿeôrar ( 1'ogresseet partit vers la montagne (pour Ia
57
En somme, f identlté dont nous parlons ici- est, construite
selon une hiérarchie au niveau actan|iel que structure 1e champ
modal sous-jacent: 1es arLiculalions modales sous-tendent aussi
bierr 1a narrativité que 1a mise en contexte des figures
spatiales. Pour ne prenCre comme exemple que celui du C1, i1
apparal.t que 1e pouvoir est mis en "vedette" dans 1e champ
modal: au niveau de I'ascension, nous avons vu que nous ne
pouvions parler de su j et dans 1e sens où 1e héros ét,ait.
démodalisé ou plus clairement " subissant" ; 1e pouvoir qui
caractérisait 1e sujet habitant 1a montaEne, lui ét,ant
hiérarchiquement supérieur, faisait, de 1ui un "obiet". Et, cet
état s'annule par 1a suite grâce à f intervention d'un tiers.
Dans ce cas, une définition de f identité par " 1a
fonct.ionnalité" s'impose: " 1a grâce" 1 par Iaquelle ce sujet,
réa1ise ses exploits 1ui eSt totalement extérieure. En d'autres
termes, 1e sujet ( jeune homme ) entre dans une "relafj.on
ternaire"; SOn COmportemerrt eSt, empruntons 1e terme à J.-C.
Coquet, "rég1é" par cette reLation dans laquel1e i1 entretient
urr rapport avec un destinateur dont Ie statut lui est
hiérarchiquement supérieur.
La catégorie Haut VS Bas, comportant comme nouS venons de
Ie voir un effet de Sens, raPProche Ie sujet dont le parcours
comporte 1'ascension à celui situé dans un autre espace
caractérisé par 1a même cat,égorie mais dans un sens différent
au niveau de 1a narration des événements. Prenons comme exemple
celui des parcours où apparaissent notamment /1-meTmura/ et
1
note 79COQUET, Le discours et son suiet, op. cit., voir65., P.
58
/1-Hasi/ relativement à des sujets humains dans des Contes
différents. Dans cet espace "§outerrain", retenons 1e faire
dont résuIte 1a dis jonction rians 1e sens où l'on y place
quelqu'un après 1'avoir " reti-:é" de 1'espace commun-humain.
Précisons tout, d'abord que ce quelqu'un est souvent représenté
au niveau actoriel par une femme. Citons à ce Propos /1-meHgura
.f-gae 1-meTmura/: f intention du mari 9ui, dans ce conte, met
sa femrne dans un silo est globalement de la "réduire" à un rang
au dessous de celui de 1'humain; f idée est renforcée par
/1-meHgura/ (ar: 1a sous-estimée). En p1us, certe "dégradatiotl"
rejoint 1e trait, investi dans 1'espace dlt, /meTnura/' Cz'l est
éclairant à ce sujet: /1-meTmura/ est dite habitée par des
serpents, Ie sujet humain représenté par l'héroine y est mis,.i
et sa mise auprès des reptiles n'est rien d'autre, nous semble- ' 'l)t.-il, eu'un effet qui consiste à signifj.er qu'11 y est mis pour
que l-ui soit, attribué un statut investi d'un traii dépréciatif.
D',autres parcours relevables dans notre corPus peuvenL
être intégrés dans ce schéma: ciLons entre autres celul de
/DDawya/, de /eLfa lfahma/, des sepÈ soeurs. ' Aussi, peut-on
dans une certaine mesure, avancer que 1es figures spatiales
./meTmura/, /Hasi/ et /Garl (substituables leS unes aux autres
dans des versions de nos contes ) ont narrativement et
t,hémat,iquementl un certain rapport avec une représentation
cult,urelle sur 1a femme?
devient possible de
, le vieil homme dans
Si la réponse est
revenir sur 1es figures:
affirmative, i1Ë.c
cousin de Leila
1 Poor plus de détails, voirpopulaire: r>oétique et mvtholoqie, PUE,
J. COURTES, Le conteParis, 1986 , PP. 41-58.
59
C'l1, Ie jeune homme dans C22, pour qui serait réservée
l'é1évation au rang de héros (initiation), alors que pour
/ lmeHgura/ , /DDawya/ , / eifa lfahma/ , les sept soeurs , nous
parlerions plutôt, de mise à un ranqi âvec un attribut
dépréciatif -une dégradation- investi dans " Ie si1o" , " 1e
puits" , " 1a grotte" , suivie d'une " réintégrat.ion" dans 1'espace
commun-humain: 1'é1évatir:n se rattache à 1'ascension alors que
1a réintégration prêsuppose 1a dégradation par 1a descente dans
1e souterrain. Toutefois, avec quelque recu1, ne s'agit-i1 pas
1à d'une interprétation qu'i1 faudrait peut-êt,re abandonner
pour reprendre "1e si10", "le pllits" et "la grotte" tels gu'ils
apparaissent dans leur contexte configuratif. Car nous venon§
de laisser entendre que "monlagne VS silo, puits,.." comportent
relativement aux représentations du sujet qul s'Y relient
1 ' " é1évaLion VS dégradat,i.on" . Or, un sirnple regard sur f idée
supposée opératoire en ce sens que "le si1o", "Ie puits" et "la
grotte" se rangent dans un nême champ, montre que ceLte idée
s'effondre d'e1le-même. Autrement dit, Ie rapprochement du
"Haut" à un sujet, représenté par 1'homme, êt du "Ba§" à un
sujeÈ représenté par 1a femme, s'avère relativement erronée.
Àussi faut-i1 changer de voie de lecture en reconsidérant nos
motifs.
Nous savons déjà qite "1a montagne" est généralenent un
espace où réside 1'objet visé par 1e sujet. Dans cette
configuration, 1a mise en relati-on de ce notif avec ceux de
"si1o", "puits" et "grotte", proPose une différence au niveau
de ce qui 1es enclenche comme espaces avec lesquels chaque
sujet, doit entretenir une relation. L'accès par Ie sujet à la
60
montagne s'impose pour 1a réalisat,ion d'un état conjonctif avec
1'objet alors que pour "1e si1o", "1e puit.s" et "1a grotte",
le sujet y est mis malgré iui et ii peut être représenté soit
par url homme (cf. C1), soit par une femme: sêul importe Ie fait
qu'aucune visée de conjonction âvec un objet de valeur qui soi+-
de i'ordre rlu "désirabIe" il 'ent,::e en jeu.Et, dans ce cad::e, )-e
mouvement dans 1e sens de }a direct,ion Haut, Bas, dont ie
régulaleur, avions-nous dit, est 1a terre à un point de repère
dcnné, devient intéressant à retenir. Ce n'est plus La seule
relation opposit,ive qui est sigrrif iante.
Par a j-11-eurs, nous savons que ie " si1o" , assez proche Ce
i if ril (ber: grot,te ) 1, dorrt au moins un t,rait sous- j acent est
" 1e souterrai-n" , peut nous alcler à mieux préciser certains de
nos propos. La grot.te dans C1 est utilisée dans Lln contexte q1-1i
ind.ique nettement f isolement du mari en vue de détourneî la
tâche qui 1ui est assignée t planter des fèves. Un certaln
rapp::cchement de "plant,er des f èves" à, en quel-que sorie,
" s'enLerrer soi-même" pour manger Les fèves au lieu de 1es
planter, est ce qui peut rendre relativement intéressante une
homologation issue d'une interprétation possible de 1'espace
souterrain avec i'ident,ité du su jet (mari ) eng)-obé par cet
espace. Dès lors, bien que des distinctions posslbles entre
/meTmura/ et /Lfri/ méritent d'être citées, ii reste à
souligner que f i-aenti-te selon "n'être rien" des su jets mis en
relation avec ces espaces, est valable comme point de
1 "tyu, nni iruH
(I'homme alIa dans unedevait, planter)), C1.
Ger idj-n yifri (...) it/a qa€ ibawenqrotte et mangea toutes les fèves (qu'il
61
vue.Toutefois, contrairement à /meTmura/, /Lfri/ est un espace
qui apparal,t dans un contexte de configuration où narrativement
1e sujet est mis en relation disjonctive à un devoir-fai.re dont
1e destinateur est représenté par "1es épouses", figure qui
représente 1a famille ou plus prêcisément 1a composante
soc j-a1e : au lieu <i'agir darrs 1e sens de ce devoir- f aire dans
J-'espace ouvert (1a t,erre pour planter 1es fèves), 1e mari se
met dans urr espace fermé (grotte) pour réaliser son progragmê.
D'une certaine manière, 1a grotte, prise pour témoignage ';is-à-vis de 1'acte du marj-, révè1e 1'annulation Ce f identité seicn
le devoir-f aire chez 1e su jet dans le cadre d.e son st,atut, (père
de f ami1le ) . Son exclusion de 1'espace orivert est alo::s
justif 1ée pâr 1'absence des modalités nécessaires ê'd sratrit"sujet-père" qul doit planter les fèves.
Si, à présent, nous reprenions ies trait,s d'"our/erture"
et de "fermeture" nous pourrions conclure que 1e sujet, mis en
::eiation avec un espace ouvert est représenté expLicitement par
/aryaz/ (ber: homme) au sens moral du terme tel qu'i1 apparalt
dans /lukan a y fttuGa 6 aryaz / (si tu étais un homme... )
dans C1 -1e code de 1'honneur esL facile à repérer ici- alors
que 1e sujet mis en reiat,ion avec 1'espace souterraln et fermé,
est représenté par "femme" comme nous 1'avons vu; et s'i1 1'estpar "homme", celui-ci ne peut en aucun cas prétendre à ia
dignlt,é du t,itre d'"aryaz". Nous retrouvons ici un traitthématique qui rejoint f initiation déjà évoquée.
E space s
62
0rqanisatiop d'ensemble.
Réunissons les données de notre leeture sous forme d'un
schéma où sera proposée 1a catégorie "§ature vs culture" dans
un seES relat,ivement banal r 1'espace culturer serait toutespace mis en relat.ion avec un sujet humain; et tout espace mi.s
en relation avec un sujet non humain sera dit naturel. ceci n'a
de portée que ce1le de proposltions pour cerner 1a manj.ère dont,
du sens est produit, à L'instar des parcours figurat,ifs spat,iaux
gui, selon des représentations interprétativesr permettent des
lectures à partir de codificationsl:
ouve r
natu re 1 cu 1 Ëure 1aturel
IIrottemontagne
collinevi-lIage g
groupement
social
si
Pu
1o
its
1 .1. couRTEsop. cit. p. 19.
, Le conte populairei- poéLique et mytholoqie
63
L'int,érêt de ce schéma réside dans son apparent,e gratuité.D'un côté, i1 est vrai qu'i1 semble ne rien justifier, mais
d'un âut,re, il permet d'atLirer notre att,ention sur un polntimportant, orr vo j-t que "monlagne" par exemple, qui re1ève de
1'espace naturet pulsqu'elle est, dit,e habitation de 1, ogresse ,
dri géni-e et d'êtres surnaturels, reLèrre aussi du culturel_puisqu'e11e est accessible , selon des condi."ions , pâr 1, humain.
c'est dire que 1'utj.llsation de ce motif est organi-sée de scrteque sa mise en discours en révè]e des effet,s: l,aspectmerverlleux de 1'ouverture vs fermeture dans c9 s, expliquealors par 1-a rel-atj-vit.é de culture vs Nature, dont rend compte
1e système iév1-straussien. Aussi , i'espace dit culrurel("si1o" et "puiÈs") supposé comme te1 puisque des naissances
s'y réa1isent, (cf. c5 c15)1, esr aussi naÈureL puisqu,iiesL dit habité par Harus et Barus (cf. c5) et par des serpents( cf. c27, .
Dans cette perspective, 1'opposition reLative: Nature vs
culture, s'avère intéressante à retenir. Les configurationsspat,1ales, trartées sous 1'angle de 1'organisation des motifs,semblent tenir compt,e en même temps du naturei et du cu1ture1.
c'est du moins une ouverture possibre pour étudier ces
configurations où sont mises en contexte res figures de
"montagne", "si1o" et "puits,', dont 1,ana1yse peut rejoindre1a thémat.isation déclarée r i, init,lat,ion.
1 DDa*ya a mis au monde l-Hasan et r-Husin dans un( ou puit.s selon les versions ) , C5eila lfahma a mis au monde sur, Dur et Nur dans un silo (
siloc15).
64
sl 1'espace ne comporte que 1'un des éréments de racatégorie Nature vs culture, 1'effet, quant à son utilisati.on,s'éloigrre du premier: "1a grotte"l considérée dans 1e schéma
comme espace nat,urel n'éiant habité par aucun sujet. eomparable
à celui de /meTmura/ ou de /'rlasi/ dans c5 et c15, s, avère un
lieu d'isolemerrt2 dans 1e sens où:
1. par son apparition dans des configuratlons discursives,se réa1ise une disjonction du sujet avec 1, espace social( culturel ) ;
2. ce sujet est souvent
nous Iaisse croire que cet
actorielle, sinon quand i1I'avons dé j à vu, celui-cirapproche de 1a femme.
représenté par 1a femme, chose qui
espace est réservé à cette figure1'est pour un homme, ccmme nous
est investi d'une valeur qui ie
esclave
grotte )
grotte )
pults )
1 C1, 1e mari a1la dans une grotte.2 il-eebd dexxel bent, 1-maIik f -waHed 1-Gar (1,introduisit, 1a fiI1e du roi dans une grotte) (CZ).l-mra we1la-t 1-l-Gar (la femme iet,ourna dans la(c26l, .
1-malik dar mert-u f-l-Gar ( Ie roi mit sa femme dans la(c28).dexl-u 1-bnat f-1-Hasi ( les fi11es descendirent dans 1e(c3B).
65
3. Espace rles vivants et espace des norts
A. Le pouvoir divin
D'un côté, 1es vivants et 1es morts sont généralement,
situés dans des espaces différent,s comme si une organisat,iorr
de ces espaces était soum j-se à 1a reiation opposit.j_ve: vie vs
Mort. D'un autre côt,é, 1'opposition e11e-même, devient rela-u j-ve
si 1'on se réfère aux contextes de mise en scène des vivantset cies morts dans 1e conte. cet.te relation erriie virlanls etmorts est en généra1 dépendante d'un pouvoir divinl qui
1'organi-se de te1le sorte que 1a notion de frontière qui
rejoint le discontinu, entre 1es espaces occupés respect,ivemenL
par 1es uns et 1es autres, ne soit pas pertinente.
1 Rappelons que ce pouvoir est at,tribué aux mort,s et quec'est ce dont usent 1es vivants (cf. ssi muHend f-fergi et sescompagrrons) pour obtenir 1'objet désiré qui leur est interditpâr 1e propriétaire du jardin ( cf. c17 ) . c'esL encore de cepouvoir qu'use 1e personnage pour ne pas sr:bir un chât,iment parle roi: i1 prend pour habitation 1e cimet,ière. par ai11eurs,précisons qu'à 1'espace des morts est attribué 1e trait dusacré dont 1e pouvoir hiérarchiquemeni supérieur à celui desvivantsr 1'accès à cet espace dans C39, bien qu'il ne soit pascelui de /qbtr/ (ar: t,ombes, cimetière), exige que soitproférée une expression qui puisse 1e rendre possible i cetteposslbilité est due au pouvoir divln seron 1'expression /b-'idnIlah/ (ar: litt. avec 1a permission de Dieu).
66
Le motif de Dieu, dont nous ret,enons le pouvoir sous-
i acent à 1a constructi-on d'une configuration discursive
apparait, du point de vue syntaxique, comme sujet transcendant
déf ini par /1-Hekma/ (ar: 1a sagesse divine ) : c'est Dieu qr-1i
enrichit qui I1 veut, (cf.C32) grâce à une bague magique qu,fl
attribue au sujet humain ou grâce à une communication établie
ent.re ce dernier et les /jnun/ (délégués de Dieu) dans c33. Les
expansior:s désignatrices du pouvoir divin dans notre corpus
sont nombreuses! entre autres, Dieu est celui qu'on invoque
poLtr avoir urr enf ant (cf . c7 et c2g) . La prospectivité per
rapport à 1'act,e, dans un temps présenL, pour aboucrr à un
résul-tat quelconque , dépend encore de ce pouvoir (cf . cg ) ; D j-eu
est aussi celui qui exauce 1es invocations des vivant.s, 1es
bénii et 1es rappelle à 1a mort (cf.C18 ei C34).
Compte tenu de ces attributions, Dieu est pris comme
1:énoin suprême lors d'un dire qui voudrait, se f aii-e cro j.re: r1
est 1e "cacheL" de l-a vérlté et peul être pris pour renforcer
f irrjure par celul qui maudit: 11ah yeneel (ar: que Dieu
maudisse... ). c'est à son nom qu'une entreprise au sens large,peut être entamée (cf. C13, C15, C2e ...) et c'est par sa
vol-ont,é que se réalise 1e merveilleux: La porte s'ouvre et se
referme par ia profération d'une formule (cf. C3g).
Grosso modo, pâr 1e mot.if de Dieu s'installe cians 1e
discours une isotopie religieuse qui se réa1ise par d,'autres
figures terles que /j-jamee/ (ar: mosquée), lieu d'accueir- des
désespérés ou des égarés et de repli pour re pratiquant. ces
figures apparaissent dans des parcours comparables à un niveau
de const.ruct,ion de configurations où res "univers sémantiques",
67
quelles que soient leurs natures, sonL gouvernés par 1e pouvoir
divin. L'univers des morts et celui des vivants prennent rang
dans ces configurations par des figures telles que /1-muta/
(arr 1es morts) -dlts 1it,téralement "propriêtaires de 1'autre
monde" (mwalin 1-'axira) (cf.C17)- et /1-Hiyyin/ (ar: 1es
vivants ) .
Nous avons dit que ce qui dist,inguait les uns des autres
résidait dans 1es espaces dit,s /1'axira / eL /a-AenyaZ (ar: ici-
bas). Ces espaces sont dotés de certains trai'us que 1e CL1
résume dans 1a séquence suivante: 1e propriét.aire du jardin
(verger) croit que ceux qui demandent leur part de raisins son'L
réel1ement des morts comme si ce iardin -espace Oes vivants ou
relatif aux vivants- pouvait être occr:pé par des norts. Cr,
justement, 1a configurat,iCIn en tant que discours joue ici sur
des modalités vérldict.oires en ce sens que 1e croire du
propriétaire du jardin s'instal1e comme déclencheur de cieus
interprétations complémentaires. D'un côté , 1'espece
figurat,ivisé par " 1e jardin" et 1'objet à eonsommer ( 1es
ralsins ) ne sont en principe accessi'bles ni par les morts n j.
par les vivants (à 1'exception du propriétaire). D'un autre
côt,é, si les morts peuvent accéder à cei, espace (se1on Ie
croire du propriétaire du iardin), c'est qu'un pouvoir manipule
ce dernj-er, faisant en sorte que 1es vivants obtiennent 1'objet
désiré (les raisins), non pas selon un vouloir du propriét,aire
mais selon un devoir. Âut,rement dit, l'accès à 1'espace prlvé
est rendu possj.ble par le pouvoir des morts i ce pouvoir pose
ces derniers comme sujet; donc 1'accès à 1'espace des vivants
présuppose un pouvoir hiérarchiquement supérieur à celui des
68
,vivants. ces derniers cessent d'être maitres dans 1e sens de
"seuls occupants" de leur espace.
Partant de ces considérat,ions auxqueiies nous reviendrons
{cf. p. ?0 ), nous pourrions élargir le débat: 1es moîLs,
ciisent nôs conles, ont pour espace /t-qbur/ i ils n'accèdentpâs, selon 1'être, à 1'espace des vivants. Retenons cette idée
pour aÿancer une aut,re: 1es vivants semblent, ne pas accorder
de place dans leur espace aux morts. ceci dit,, 1a configurat.ion
dont nous donnons une référence (c29) remet en cause cett,e idée
que nous venons d'avancer. En effet, re roi ordonne aux
esclaves d'enterrer 1a femme apparemment morte darrs 1e jardin
du parais comme si cÊt acte devalt 1a falre ressusciter. En
fait,, c'est jusLenent ce qui se produi-tr ra femme ret.rouve 1a
vie, ce qui- revient à dire qu'eIle n'était pas morte €t, par
conséquent, même si 1e paraLt.re fait admetLre qu'i1 fa1laitl'enterrer sachant qu'e1le est dite morte (selon le croire de
1'observateur), le jardin étant un mot,if qui réfère à un espace
de vivants , fait maintenir , à 1a femme 1'être ( vivante ) . Le
conte fait jouer deux dimensions: 1'une, relative au paraltre( la fernme paralt morte ) qul motive sans ambiguité
1'enterrement, mais -deuxième dimension- étant donné que cet
eirterrement, se réa1ise dans 1e jardin, i1 sera annulé par 1a
conjonction avec cet espace en tant qu'espace de vivantsfaisarrt ainsi actualiser 1'être (e11e est vivante) €t, du nême
coup, 1a contrariét,é par rapport à 1a mort reconstruite par 1e
blals d'une "sémantique du conte". Àutrement dit,, i1 semble que
la reconstruction de Ia mort esÈ déjà prévue par sa mise en
re.l-at,lon avec 1a vie. Or, cette relation n'est pas donnée a
69
prlori Comme évidence. Àu motif du jardin e§t sous-jacente dans
la structure de la configuration f isotopi-e de la Vie VS Mort
même si rien ne semble 1es relier. Dans ce Sens, 1a eat,égorie
Vie V§ ltort est sous*tendue par un jeu d'adhésion selon le
croire vrai à propcs de 1'état apparent de 1a femme et, ausgi,
par un savoir cognitif attribué au roi §ouS forme d'effet de
l'acte même d'enterrer la f ernne supposée lîorte dans 1'espace
des vivants (iardin). Néanmoins, il est vrai que rien ne nous
dit que ee savoj.r est construit par 1e roi; en fall, i1 ʧi
donné comae t,e1 co§me si notre eonfiguration 1'utilisart' en
1'octroyant au roi dont 1e st.atut, à ce point de vue, resSemble
à celui d'un " f igrirsn1" . Un soubassement syntaxique e1:
sémantique dans cetLe configuratLon revient à unë instanse
orgânisatrice de 1'espace des vivants et des morts dans 1e sens
où, pour réintêgrer 1a fennme supposée morte dans eelui des
vivarrts, i1 fal1ait, 1'enterrer dans 1e jardin, C'est dire que
1e motif de 1'enterrement est mis en discours selon une règle
qui distingue entre deux espaces: ne sera entet"Ut*) dans
L'espace des morts que celul ( ce11e ) pour qui s'achève Le
parcours dans l'espace des vivants. Si un(e) supposé{e} mort(e)
est enterré(e) dans 1'e§pace des vivants, f inplicite Y e§t que
cet(te) enterré(e) rêalisera une conjonction âvec 1a vie.
70
B. Étud-e de cas.
selon cet,t.e lecture, i1 apparal,t que 1es manlf estations
Lexicales, dans notre configuration, faisant signifier les
espaces des vivants (jardin, maison ou généralement tout, lieuproche de 1'habitation des vivant,s) et des morts (cimetière,
tombe ) , se soumet,tent à une analyse sémantique supposant La
répartition des vivants et des morts selon deux €spaces (cf.Chapitre IIi le cadre spat,ial ) : 1e conte, sous eet ang1e,
propose un ajust,ement sémantique de 1a cont,rariété dans Vie VS
Mort par une catégorie spatiale dont 1'effet est que Iaréattribution de 1a vie à un sujet se fait, par 1'enterrenent
dans un espace de vivants. selon ce point de vue, i1 seraitfrappanÈ que soit, mis en discours un parcours où le défunt est
enterré dans un espace de vivants, comme i1 serait aussi
curieux qu'un su jet, récupère 1a vie s'i1 est ent,errê dans
1'espace des mort,s. I1 semble que c'est pour ces raison.s que
1e cont,e utilise des fi.gures telles que celles du "puits", du
" si1o" (ou "tunnel" ) 1 {ti, @ se rapprochent,
1 Rappelons que les co-épouses trouvent Ie noÿen de sedébarrasser de leur rivale, /DDavrya/, en 1a faisant tomber dansun puit.s (silo); ainsi, pour /1-meHgura.../ que le roi met dansun si1o. Ces figures comportent Ie trait "souterraj-n" maispermett,ent la communlcation du sujet, qui en est I'englobé avec1e "surterrain" par 1e t,rait "ouvert"I 1e jardin comporte 1etrait, de "proximlté" à 1'espace des vivants gui, aussi, rendpossible la communication du sujet avec 1es vivants,
77
d'une cerLaine manière de 1'espace des vivantsf, pour rendreprévisible 1a re-conjonction des sujets mis en scène avec 1a
vie niée symboliquemeat à 1,état initial.Ceci dit, ne nous fions pas trop à ce que ces
consi.dérat.ions lalssent entendre; i1 ne f audrait pas Iesprendre à 1a lettre. Bien entendu, ir est tout à falt 1égitimede 1es interpréter dans 1e sens suivantr les espaces des
vivants et, des morts semblent si bien traeés qu,irs peuventêtre considérés sel-on une relatlon de 1, ordre du disconti.nul.Néanmoins, sous un autre vo1et, i1 n, en est rien car 1es
figures du "si1o", du "puits;' et du,,jardin,' assurent, une formede conrrexion sémantique entre 1'espace des vlvants proprementdit et l'espace des morts (/t-qbur/), seLon 1es t,raits: ,,sur-
terre" / "sous-terre". En outre, si ce dernier espace ne
comporte pâs, au delà du t,rait ,'sous-Lerre,,, celui de ,,fermé,,
ou "cros", iI ne peut être considéré dans 1e sens où i1 rendcompte de 1a fin du parcours du sujet, qui re prend pourhabitation, c'est bien dans ce sens que le cll ut,ilise/L-qbur/: 1'accès à cet espace par 1e vivant est possibl_e tantque 1es t,raits de "souterrain, clos" n,affectent pas 1e sujet,;dans 1e cas contraire, ce sujet cessera d,avoir 1e trait de
vivant. Àjoutons, enfin, Çruê /1-qbur/ est utilisé comme espaceinvesti de ra valeur dite "sacrée": pris eomme refuge par ]esujet pour ne pas subir un châtiment, par 1e roi,1r s,avèreinvesti d'un autre trait ( 1e royaume des morts sort desprérogatlves des vivants, y compris cerles du rol).
1o138
DUCROT, Dire et ne pas dire , Hernann, Paris, L972, p.
72
Jusque 1à, nous avons mis 1'accent essentiellement, sur
f intérêt à retenir dans 1a relation entre 1'espace des vivants
et celui des morts. Pour ce faire, nous avons essayé d'étudier1e motif de /j-jnan/ (ar: vêrgeï ou jardin) entre autres
figures. Reprenons cette figure pour enLamer I'ét,ude sous un
nouvel arrgle. Cette reprise nous invi.te de prime abord à voirdans 1'unité la déclarat.ion d'une représentation du "végéta1".
I1 suffit pour s'en rendre compte de reprendre les occurrences
lexicales qui se rangent sou,s cette rubrique pour y saisirf intelligibilité de 1a représentation produite par Ie champ
en question.
Dans C141, /)-jnan/ prend pour frontière une rivière (une
source ) ; dans Cfi2, i1 est situé près de /1-qbur/. Si nous
nous contentions de ces deux occurrênces, nous serions bien
tent,é de penser que /1-)nan/, en soi, est révélateur d'une
représentation par sa proximité à Ia rivière dans un cas, et
au cimet,ière, dans L'autre, Aussi peut-on supposer que 1a
rivière et 1e cimet,ière font -par une relation sémant,ique
hypothétique- signifier /j-jnari/ selon une valeur que nûus
ignorons encore, Théori.quement, 1'analyse devrait reconnal.tre
des traits que Ie conte at,Lribue à ce motif par La
narrativisation d'événements dont 1es contextes feront
signifier "rivière" et "cinet,ière" gui, à leur tour, pâr 1es
1 /weSlet n-naga 1-waHed 1-bIad s, wegfet f-waHed I-einguddam-ha jnan s-selTan/ (ar: la chamelle arriva dans un pays,e11e s'arrêta près d'une source, à côté de cette source setrouvalt Ie verger du sultan ) .
2 /kan waHed j-jnan guddam I-qbur/ (ar: i1 y avait unverger près du cimetière ) .
73
rerations qu'erres ( figures ) entretiennenÈ, donneront, des
indlcations sur 1a valeur sémantlque de /j-)nan/cette hypothèse nous amène à reprendre guelques points
deja évoqués et que nous a11ons résumer.
Dans 1a conf iguration où apparait / )-inan,/ comme motif ,
1e sujet mis en scène ent,retient une relatj.on jonctive avec 1a
vie ( /mort) . Le "dégulsemeni" en morts dans cL7 (mode du
paral,tre ) f ait accéder /ssi mui{emmed f *lergi/ et ses compagnôns
à /j-jnan/. Dans c!4t 1a vie à 1aquelle la femme est conjoint.esous 1e mode de 1'être ent,re en jeu dans un parcours où
apparalt 1e motif de 1a riviêre comme si -nous interprétons-"vie" devait s'homologuer à "rivière". si nous acceptions ceLiedernière interprét,at,ion nous clevrions 1a justifier en précisantque / j- jnan / reçoit des indicat,ions sémant.iques qui 1uiaccordent un fonctionnemenL selon:
1. / i-lnan/ et /]--ein/ se rat,tachent à une eonf,i.guraiionoù }e sujet mis en scène est, sous le mode du parait,re {p), en
conjonction avec "mort" et sous le mode de 1'être (E) en
con j onct,ion avec " vie " :
u/j-jnan/, /L-eLn/ {/s-sagya/l»
E
(s n Vie )
2. "/i-jnan/, /1-qbur/», rrvêrgêrr
une configuration où Ie sujet nis en
P
(S n Mort)
cinetièx€» ss rattachent
scène est, sous 1e mode
du
de
74
paral.tre (P), en conjonction avec "mort" et, sous Ie mode
1'être (E) , avec "vie".
À y regarder de près, touL donne lieu à penser que
/1-qbur/ et /L-€.Lnl (/s-sagya/) n'ont aucun impact sur un
quelconque effet de sens, êâ tant que valeur spécifique, dans
les parcours des sujets. Or, i1 est nécessaire ici de tenircompte du "procès" selon Ia modalit,é du "derrenir" 1 des su jets:
/l'eLn/ et /1-qbur/ anticipent, nettement sur 1es orient.ations
des actions au niveau syntagnatique:
1. f investissement sous-jaeent à /L-eLn/ { /s-sagya/ } ;
E S O Vie)
(S n Hort)
I ' inve stissenent sous-jacent à /1-qbur/
(s n Vie ) (s U Vie SN Mort )
')
P
IE
I
E
(s n Vie )
1 voir J.-c.cit. pp,68-75.
E
tort
\I
*" l;
COQUET, te discours et son suiet, T. L, op.
75
De ce dernier palier d'ana1yse, iI est facile de retenir:
1. / j-)nan/, êB soi, n'est sémantiquement investi de
valeur que lorsqu'i1 est mls en relation avec /\-eirL/(/s-sagya/ ) et /1-qbur/ darrs des conf igurations <iiscursives;
2. /L-eLr./ (/s-sagya/) et /I-qbur/, êD relation avec
/ j- jnan/ , reçoiverrt des j-nvestissements qul renvoient,
respectivement à "vie" eL à "mort" sans pour autant gue 1'on
puisse prétendre gue ees investissemetlts posent une relation
opposit,ive dans un sens discont,inu. Ceci nous semble éviCent,
vu 1e niveau synt,agmat j-que dans 1eque1 )-'analyse s'inscrit.3. Conséquence: /j-jnan/ ne se ratiache ni à "vie" ni à
"mort"1 c'est plutôt par sa relation à /T-ein/ et à /1-qbur/
gue "vie" eL "mort" prennent sens en tant, qu'axe que Greimas
et Court,ès dénomment " ex j.stence " . Ces articulations peuvent
être présentées de 1a manière suivante:
/ i-lnan/
/ L-eLn/
/ s- sagya/
/ I-qbur /
P
IL
;
rffiil (iîe)
16
Retenons pour ce qui va sui','re Ie rapprochement de
/j-jnan/ à /]--ein/, qui seqgbie avoir comme effet, de sens par
son it,ératicr: celui de "vie" qui serait un investj-ssenent
sémantique dans /l-ein/ ( /s-sagya/ ).
Dans ce même ordre d'idées, i1 semble que /l-ein/ est
sémantiquement un invest,issement constitutif d'un sens de
/j-jnan/ et que /l-fe)ra/ (ar: arbre), élément de /j-)nan/, est
aussi constltutif de ce contexte sémantique. C'est ce dont 1es
C10 et C30 semblent, rendre compter i1s donnenL, au niveau de
1a conf igurat,ion qui nous intéresse, une j.ndlcation relativeà /j-jnan/ dans Ie parcours de métamorphose Ce Ia fenme en
colombe (perdrix selon 1es versions). L'arbre (roseaux selon
1es versions) y est 1'ê1ément. retenu pour servir de refuge à
1a femme métamorphosée. Ce11e-ci, dans 1'une des versions de
notre conte, n'est pas métamorphosée; elie es-L sj-mplement
perchée sur un arbre de /i-)narr/, Son image est reflétée par
1'eau de la rivière dlt,e frontière de /j-jnan/ dans Ç14.
Ces occurrences montrent que 1a configuration où /)-inan/ ,
/ l- fe)ra/ , /L-eLn/ ( /s-sagya/ ) et /Ganim/ ( ber: roseaux C30 )
apparaissent, est relative d'un point de vue thématique à un
parcours où 1a femme ( 1a fi1le ) sera visée par Ie roipropriét,aire de /)-inan/. Ce n'est pas tout. §i, comme nous
1'avons dit, /)-inan/ , ou plus précisément, 1es relations qu'iI
entret,ient avec /L-eln/ et /L-qbur/, permet à 1a catégorie Vie
VS Mort de prendre sens , I f-lejra/ qui en est 1'é1ément
constitutif et, qui peut servir à 1e désigner selon une relation
métonyni{uê, lul retlre apparemment cette fonction: sous un
volet,, sl 1'on admet Ie sens que nous venons
77
d'att,ribuer à l'arbre, aucun lien ne permet de le rattacher à
notre catégorie lorsque 1a configuration où 1e parcours de la
femme (f11le) hérorne est tracé, utillse 1a figure de 1'arbre.
Toutefois, sous un autre voIet, quelque trait devrait en
principe rapprocher 1'arbre de / j - j nan/ puisqu' i1 est un
éIément f iguratif const.it.utif darrs CL0 et C30 , avec d'autres
figures, d'une configuration relative à 1a métamorphose, ou du
moins, à une disjonction avec 1'espace "terre" des vivants,
relation qul situe 1a femme dans 1'espace "haut" (perchée sur
un arbre) par rapport à un espace "bas" (terre). Lalssons Ce
côt,é cette intult j.on et essayons de voir si d'autres contes
peuvent nous servir de secours pour ia justlfier ( ou la
reSeter).
Utltisêÿ dans C31 et, C332, pour ne citer que ces contes,
comme mot,lf mais sans réf érence explicit,e à / j - jnan/ , i'arbre
(figuier) est investi d'une "performance communicante" à propo§
de 1a vie et. de l-a mort du frère dans C3 et du sort Cu héros
qui entreprend un combat avec 1'anti-sujet dans C33. Cet
exemple monlre dans une certaine mesure que 1a métamorphose
n'esL qu'une manifestante de 1'effet de sens cians 1e
rapprochement de /j-jnan/ -dont C10 et C30 ne retiennent que
1'élément, représent,atif métonymiquement (1'arbre)- à / s-sagya/
1 /TarHen zza1 i y1/t n tiziT yenna i uma-s maHedBiZiT u Oedder qa qlayi €a6 dcireG mi. Ga OazeG iwa qa mmuêeG/(ber: i1 s'assirent près d'un figuier i1 dit à son frère:tant gue ce f iguier est vivant sache que j e suis ',r j-vanL; 1ejour où i1 s'assèche sache que je suis mort.).
2 / tlaqaw eend waHed T- leira . . . / ( ar: its serencontrèrent près d'un arbre; le roi dit, à ses compagnons:restez icLi si cet arbre s'assèche sachez que je suis mort,s'i1 deneure vivant sachez que je suis vivant).
78
dont, encore une f ois r rlos contes reti-ennent 1, é1ément
représent.atif (r'eau qui reflète l,image). Dès 1ors, selon une
visée syntagmatlque , 1e clevenir ce 1, héroine r eu, e11e soitmétamorphosée ou non, est ideniique quant à son orientation à
ceLui de 1'héroïne dans c14. par cette circularité des mot,ifs,i1 s'avère que 1a configuratiorr reste approximativement ramême. c'est cela, nous semble-t-ir , r'enseignement qu, iIfaudrait retenir pour 1'ét,ude des configurations discursives,seuls -toutes proportions gardées- rieux narratifs aptes à
rendre possible 1'élaboration d'analyses lexicales êt, plusgénéralement, d'une "sémantique du conLe popuraire ora1,,.
De manlère 910ba1e, i1 est opportun de retenir que
/ )-)nan/ , indépendamment, de réalisat,ions particulières de
récits, par f intermédiaire de il arbre, de 1a rivière et ce
1'eau, se trouve à 1a base de constructions d,une configurationdiscursive dont I organisatiorr généra1e est structurée par une
"ordonnance syntaxigue " et un invest,issement, sémant,ique où cles
thèmes comme "refuge" et "mariage" par exemple, sont, construitspar références intra-textuelres aux parcours figuratifs dans
1es contes. A ce propos, précisons que ces dernlers, chaque
fois qu'ils font muter une figure d'un fonctionnement de
représentation à un autre, 11s prennent soin d,lndiquer des
é1éments-traces qui valident, 1'opération. A l,arbre dans c3,11s donnent 1a caractéristique ou 1e t,rait ,,sec,. pour une f insémantique que nous rapprocherions de 'mort,'1i alors que dans
1 "Si I'arbre s,assèche sacheest vert, sache que je suis vivant:sec = morti vert = vi.e.
que je suls mort; tant qu,ilun rapport s'établit selon:
79
1'une des versions de C101, pour signifier ,,vie,,, 1e conte
utilise Ie motif de Iarbre (roseaux) en rapport avec /)-jnan/qui cesse d'être appelé ainsi lorsque "sa verdure" s'évanouit.
Dans un sens paral1è1e ci'int,erprét.ation de 1, arbre dans
c3 et c10, 1e c5 expLicit.e davantage le fonctionnement de ce
rnotif : " 1e dattier" assure une connexion sémanti-que qui
neutralise 1'opposition dans vie vs i"tort. en La f aisantsignlfier selon "mort située sous terre" (os enterrés) et "viesituée sur terre" (dattier-nourriture) dans 1e sens où, bienque morte égorgée, 1a mère continue à nourrir ses enfants, ce
dont e11e tire sa propre vie.En somme, nous pouvons retenir que le végétal en tant que
champ, entretient. toujours, selon 1es exemples que nous avons
donnés, un certain rapport avec vie / Mort. pour citer Lln autre
exemple parmi d'autres, prenons celui de " 1'herbe curative "
Qui, rappelons-1e, est aussi un motif dans une configuraticndiscursive qui apparait dans divers contes comme, pêr exempl-e,
ie c1. cette herbe est dite transformatrice de 1a vieprovisoirement niée (1'évanouissement) en vie définitive2.
L t)-jnan dyal I-malik gae ybes ... bqa 1-maI1k y/uf HetÈa1ga dik r-Hej1a glee l--ha r-ibra w vrellat mra w dak j-jnançve1la xDer klmma kan/ ( ar: Ie verger du roi s, asséchasubitement. Le roi , i.nquiet, se mit à regarder part,out et vit,1a perdrix i1 1'attrapa et Iui ôt.a 1'aigui11e; aussitôt,elle redevint, femme et Ie verger redevint verL comme i1 étaitauparavant ) .
2 Voir not,re t,hèse de 3e cycle, Étude de contes populairesoraux d'expression berb 'orient ri but, i onà une sémiotique des cultures. EHESS , Paris, 1986 ,particulièrement " le codemythigue " .
flguratif spatial comme forme du
80
Nous avons donné quelques indications sur les motifs
considérés en prenarrt comme point de départ 1es cont,extes
cl'utilisation cle /)-)nan/, ajcutcns que Ie conte utilise pour
1a corrstitut,ion du champ du végéta1 que nous avons é1aboré
avant d'entamer notre analyse, une autre occurrence dlte
/1-Gaba/ larr forêt). Les deux motifs se dist,inguent par au
moins 1e lrait de "propriété": / )-)nan/ est dlt, propriété
privée alors que 1a forêt ne 1'est pas.Ce trait suffirait à
lui seul pour que s'ét,ablisse une distinct,ion entre deux
stratêgies de construction de parcours qui mettent en scène des
sujets dont les "à-venir" prennent des orienÈati.ons
différenles1.
Dans 1e C242, "1a forêt" est un espace hablt,é par Les
ogres: 1e trait spat,ial qui caractérise ce motif s'oppose aiors
à celui qui caract,érise /j*jnan/ comme propriété de 1'humain3.
L'accès par 1'humain n'y est possible qu'après confrontaiion
avec Le non-humain (l-es ogres) sous forne de combat,
1
procès1).
Nous maintenorrs ici 1'ang1e d'analyse qui considère 1etel qu'iI a été défini par J.-C. Coquet, (cf. p. 74, note
2 /^7^ dak r-rajel wSel l-waHed d-dar f-waHed 1-Gabasaknin-ha sebea nta€ l-Gwal/ (ar: 1'homme s'en aIla et arrivaprès d'une maison située dans une forêt, habltée par septogres ) .
3 E*""ptionne11ement, dans 1e C37, /j-jnan/ est dii"propriét,é d'un ogre". Ceci dit, 1'utilisation du motif de1'ogre dans ce conte est à préciser selon un trait qui 1erapproche de l'humain dans: /naDet l-bent tejri w tgul a seedibba [I-Cu1] ja w huwa gal l-ha a seedi b-bent-i (ar: la fillese mj-t à courir en disant! que je suj-s contente (de te voir),père [1'ogre]. CeIui-ci Iui ditr que je suis content (de t,evoir) ma fille).
81
Dans les C29, C3O et C38,1a forêt est un espace de
1'exclusion de 1'humain représenté part.iculièrement par 1a
femme: 1e roi (1e père) répudie sa (ou ses) fi11e(s) dans Ia
forêt pour y être égorgée(s) par 1e fils (ou 1'esclave) ou pour
1es y égarer. Dans certaj-nes versions, e11e est aussi espace
dysphorique pour un su j ei représen"ué par " un homme " , ou du
moins, e1le est espace où se réalise une mise à 1'épreuve: lec11 donne 1'exemple que nous avons déjà eu 1'occasion de citer;ainsi, dans le c22. L'initiatlon sous-jacente à 1'épreuve dans
1es c11 et c22 prend alors pour espace non seulernent 1a
montagne (cf.supra) mais aussi 1a forêt. ceci ne nous étonne
guère puisque f initiation, avions-nous dit, est un thème qui
s'actualise lorsgue, pour 1a mise en structure narlative, 1e
cor-lte oppose des traits suivarrt 1a dis jonction avec 1'espace
"curturel" pour être conjoint à un espace "nature1" (montagne,
forêt....).
Les figures qul se rattachent à " forêt" , t,e11es que
/Lfel{Laf/, /iqeJwaD/ (ber: bois utili.sé pour faire du feu) dans
C2, C3... sont reliées par leur "sens immédiat' à "feu" dest.iné
à brtler I'ogresse dans C2, C3, C4, C6, Cq4... GlobalemenL, laforêt, pâr ses diverses occurrences explicites ou implicites,est un t'terme-motif
'r de base pour que soient mis en discours
configuratif des parcours où sont mis en scène des personnages
qui entretiennenL un rapport. à un moment donné de leur devenir
avec des figures qui signifient métonymiquement la forêt. Le
motif de /i/eHIaf/ dans 1a configurat.lon entretient un rapportassociatif avec 1a forêt de 1a même manière que l'arbre avec
/ )-)nan/ . Dans le C38 par exemple, 1e ramassage du bois
82
s'effectue dans 1a forêt comme espace choisi par le père pour
y conduire ses fi11es dans f int,ent,ion de 1es égarer. Dans ce
parcours, nous pouvons sélectionner 1a forêt comme motif dontL'itération n'a pas besoin d'être soulignée: une lecturesuperficielle du corpus peut 1e montrer. ce motif est, en
me§ure, pâr sorl fonctionnement syntaxique et sémantique, d,êtreà Ia base de constructions de deux programmes consiitutifs de
1a configuration discursive: un programme de manipulat,ion dont
la struct,ure dans c38 par exemple, se résume par l, inviLationdes fi-11es par le père à descendre dans un puits, espace d,une
fête de mariage seron 1e dire du père (un mensonge gLle seuls1'observateur et 1e père détiennent selon un savoir non avoué
aux fi11es). Le puits associé à ra forêt est donc, du point, de
vue du père, un espace de mort auguer ce dernier veut affecterses fi11es selon un secret qu'i1 croit détenir seul pour
réaliser son programme. En fait, même avec ce secret, 1e
programme ne peut aboutlr à sa fin: d'une part, l,alnée semble
détenir un savoir inplicit.e sur 1, intention de son père1;
d'autre part, le choix du puits par le père pour réaliser son
1 L'rrnu des versions de notre conte est explicite à cesujetr 1e père dlt à ses filles -avec l, lntention de leségarer-: "mes fi11es, demain votre tante cé1èbre 1e mariage de1'un de ses fi1s, i1 faudra alrer 1a féliciter',. L,ainée luidit: "père, rrous n'avons rien à mettre pour assister à ceLt,efête". Le père répondit,: "je vais enprunter pour vous desbijoux et des vêtements"... Le père accompagne ses fi11es; i11es conduit près d'un puits dans une forêt et leur dit quec'était 1à qu'i1s devaient, se rendre et ajoute: "i1 vous fautôter vos vêtements et bijoux pour ne pas res abimer,'. chacunedes soeurs, sauf 1'aLnée, ôte ses affaires avant de descendredans Ie puit,s. L'aînée dit, à son père: "ma pudeur m,empêche deme déshabiller sous ton regard". Quand re père se rét,ourne,elIe prend t,outes res affaires, les jette dans le puits etrejoint ensuite ses soeurs.
,ï
ll.l
.i
I
::
i;i
ili'tlij
83
programme est, allions-nous dire, mauvais car, à la visée par
Ie premier programme, se substitue par une transformation dans
1a ségr.lence , 1e contenu c1'un second programme réa1isé. Ce
progrâmme est la rencorrtre des soeurs et des sept frères et le
mariage -qui renforce 1a conjonction des soeurs avec 1a vie-
de chacurre d'entre e11es avec chacun d'entre eux. La renëontre
et 1e mariage rendent cul-turel 1'espace naturel { 1a forêt
contenant 1e pult.s). Cette "eulturalisation" est en fait déjà
mlse en exergue par le puit.s eui, dans ce sens, n'est pas un
espace totalement naturel- -sauf du point de vue du père qui ne
dispose d'aucune compétence de maitrise de 1'espace par un
savoir cognitif- êt, de ce fait, Dê peut être espace de ia1mortt puisqu'en tous les cas, i1 est porteur du sème "ouvert"
comme /1-meTmura/ dans C15.
Cependant, cette lecture semble pius porteuse d'appor'"s
d'interprét.ations discutables que de critères d'ana1yse. Nous
estimons t.outefois que toute analyse est en droit de procéder
par tâtonnement -surtout lorsqu'i1 s'agit d'une étude sur des
formes dltes simples où 1a simplicité cache un tas de
complications- à conditlon qu'e11e soit capable de se corriger.
Nous avons estimé qu'une distinction devait s'établir
entre Ies motifs de /j-jnan/ et de /1-Gaba/. Pourtant, en
adoptant 1a visée syntagmatique, s'appuyant sur 1a notion du
procès pour examiner le devenir des sujeÈs mis en scène dans
1 S"1on un sens lexical /l-Hasi/ (ar), /anu/ (ber: puits)esÈ supposé contenanL de 1'eau. Par.ce trait, peut-on 1erapprocher de /L-eLn/ (/s-sagya/) dont I'eau reflète f imagede 1'héroine (un rapprochenent, dont i1 t,ire son fonctionnementopératoire conme motif dans Ia configuration dlscursive ) ?
B4
les configurat,ions utilisant ces deux motifs supposés
distlncts, nous sommes finalement arrivé à y retenir cettecaÈégorie r vie / mort. C'est comme si , en suivant lecheminement de r'étude de chaeun des motifs associés à
d'autres, les résultats devaient sembler identiques. A ce
stade, une "bonne distance" doit êt,re prise par I,analyste.Résumons de:nanière aussi précise que possible notre
lecture de / 1-Gaba/ , espace dit, naturel , êR tentant de
schématiser suivant 1'esprit de 1a manière dont nous âvon§
procédé pour /j-jnan/ dit, espace culturel. Ensuit,e, faisons
abstraction d'une anaryse détai11ée de 1a véridiction: E (êt,re)
/ P (paraitre), facile à repérer dans 1'attitude du père vis-à-vis de ses fi1les dans c3B ( Ies filles paraissent comme
nettement affectées à 1a mort lorsqu''e1res sont conjointes/r-Gaba/ associée à /ileï]-af/i mais pour qu'e11es le soient
rée11eme,nt, Ie père "aurait dû" ut,iliser /ijeHrafl selon 1a
fonction de 1'usage (feu pour brû1er, tuer)), Or, i1 s,avèreque 1e conte n'attribue pas ce savoirl au père car les fillesn'assument pas un rô1e d'anti-sujet (au sens de celui gui est
du côté du mal au sens large) et même s'iI 1e Iui at,trj-buait.,
à condition que 1es fi11es n'assument pas ce rô1e, 1e feu se
transformerait en /lwtz/ (ar. et berr louls d'ort2: c€ci
1 seule une association de /l-Gaba/ contenant /anv/(/Hasl/), Iui-même contenant /i/eHlaf/ (ü--HTebl), qui retireà "puits" le trait "contenant de 1'eau", implique Ia mort, d,unacteur dont Ie rô1e est anti-sujet vis-à-vis du sujet-héros(héroine).
2 Ct. C 6. N'étant pas un acteur représenLant, un anti-sujet, /rnqide!/ est nis dans un puits (siro) pour y être brtrépar }e contenu (bois): re feu se transforme en llwLzl dont re
(suite... )
85
explique 1e pourquoi de 1'utilisation du
un sens lexical qui retient "contenant
explicitemenc- dans la configuration pour
de Ia vie chez ies filles.
mot,j-f "puits" -selon
1'eau" sans être ditsignlfier 1e maint,ien
,/ 1- qbua,r
Organisons nos 1dées par un récapitulatif:1 . Rappelons:
/j-jnan/ lespace culturel)
E
v1e
/L-ein/
/ s- sagya/
rr,I
E)D
2(. . . suire )trait "or" estf initer, finit,1'anti-sujet.
lntéressant à reLenir;Iepar être brtlé: Ia mort est
roi, essayant deconjointe au roi,
,:ÿ
(mort. ) (vie)
Résumons les données relatives à / 1-Gaba/ ( forêt ) :
86
/L-Gaba/ (espace naturel)
/anu/ , /Hasil-Iêin-nt L'eauselon 1e sens l-exieal)
-> la
vie est maintenue* (C38).
/ Lf eËlat"/ , /HTeb/ { selon1'usage: feu, du sens Lexi-cal ) --1> la mort af f ect.e1'anti-sujet.
qui consiste à
"morL", objet
manifestée par
que les fil1es
* L'association de /1-Gaba/ contenant, 1e puit,s, contenant 1'eau( sens lexical ) implique 1a vie des filies dans C38 { selon1'être) par 1a négation de 1a mort (selon 1e paraLtre),
CetLe dernière présentation nous amène à retenir quelques
iciées exprimées dans 1a configuration: Le C38 nous sert à en
rendre compte partieLlement,; d'autres contes nous servil:ont à
1es complét,er:
1. nous avons déjà dit que 1e programme de manlpulation
qui conslste à donner 1a mort par "1e secreL" et par "1e
mensonge" dont on sait qu'i1s qualifient 1'attitude du père
dans C38, est t,ransfcrmé en un autre progranne
ce que "vie" soit impliquée par 1a négation de
conjoint aux fi1les dans le premier programmei
2, la strueture de ce dernier programme est
1'association sémantique de /1-Gaba/ à / i/eH1af/
se mettent à ramasser...
87
3. La strucLure du second programme esL manifest,ée par
1'association de /l-Gaba/ à /anu / ( /L-Hasi/ ) i
4. de ces points, nous pouvons enfin retenir que les
connecteurs figurat,lfs ou "motifèmes" qui servent à rendre
compte de 1a relativité dist,inctive t,elle que nous 1'avons
supposée théoriquement pour /j-jnan/ et /l--Gaba/ sont:
a): "1'eau" de /s-sagya/ (/ 1-ein/) qui sert à refléter
f image de 1'héroine perchée sur 1'arbrei son contenant étânt
1a rivière , se trouve à proxrmit,é de / j - jnan/ . Cet,te connexion
qui joue sur:
Ia proximit,é: rivière / verger
1a contenance: rivière; verger = contenant,
eau arbre conienu
falt. de 1'eau (contenu de rivière) ce qui Céfinlt le verger
(contenant 1'arbre) qui, à son tour, falt signlfler rivj"Ère
eui , dans 1a configuration, reflète f image de 1'héroine
perchée (sorr eau reflèLe cette image);
b), "1'arbre" qui peut servir à reconstruire, par procédé
mét,onymiguê, Ia iorêt qui serait un contenant,, servirait à
définir ce motif. On sait, que dans C33 par exemple (cf. p.7? ,
n. A) le vert de 1'arbre comme indice est homologué à "vie" et
"sec", à mort. Not,ons que i'arbre par "sec" se transforne après
avoir été "vert" en /iJeï1af/, /HTebZ (iois qui sert à faire
du feu).
88
c ) : Dans ce cas, 1a mort est dite implicit,ement dans
"bois" et explicitement dans "cj.metiètê"; quant à "vie", elIe
est dite explicitement dans "vert, de I'arbre".
Par une réartj.culati_on de ces idées, en rapprochani les
trait,s investis dans chacun oe ces not,if s , i1 apparaît, que !
1. "1'arbre": sec = Rortr présupposerait 1'absence de
1'eau pour avoir été sec, chose qui implique son utii-itÉ ou
usage en tant que bois pour faire Ie feu dont 1e rôIe est de
conjoindre 1'anti-sujet,' à 1a mort dite explicitement, dans
/1-gbur/;
2. "1'arbre": vert = viêr presupposeralt 1a présence ou
i'act,ua1isat,lon de 1'eau (contenu de 1a rivière ) pour êt,re dltverL ( en quelque sorte vivant). Àinsi 'vie'" est-eLje
lmplicit,ement, dit,e dans "1a rivière" par f intermédialre de
1'eau qui en est 1e contenu.
Arrivé à ce stade d'étude, nous pouvons conclr:re pâr:
1. /1-€ê!ikO/ (ber), /n-nar/ (arr feu), est en même tesips
un motif dans les contes et un trait de sens lexical d'un autre
motif dlt /Lf e}ll-af./ , /:.-HTeb/, lui-même, t,rait, d'un sens
lexical du mot.if dit l!.ijS-e.§-/ (ber), /f-feira/ (ar: arbre
(sec) ). Dit "sec", quelque soit son contenant (puits, silo),"1'arbre" est à rapprocher de son usage selon 1e sens lexical:faire du feu pour servir f imprication de la mort de 1'anti-su jet.. rr se trouve que 1'arbre peut aussj. être dit vert. Dans
ce cas, iI est à rapprocher, quelque soit son contenant (forêt,
1 En berbère,9edder)/r cet arbreils signifient: cêt
les énoncés: /§i/ejretest mort (encore vivant)arbre s'est assëché (est
u 0emuru 0 (eao, sont attestés;encore vert).
89
verqer ) , du motif de 1 'eau , t,rait Iexical(ber), /!-eLn/ (/s-saqya/) (ar: rlvière),(ar: source), /alu/ (ber), /1-Hasi/ (ar:
et contenu de /Qarva/
/ïil/ (ber), /t-eLn/puits), pour servir
l'impl j-cation de 1a vie du su jet;
2, enfin, -c'est ce que nous voudrions souligner- Ie fetr
et 1'eau que nous avons considérés comme traits lexicaux dans
"bois" et dans "rivi-ère, soqrce, pui-ts", sont, du point, <ie vue
sêmantique, généraLeurs d'une configurat,ion dlscursive par
f intermédiaire de " sèmes-connecteurs" investis dans t,aute
"1'ordonnance" de nos motifs. constatons que i'utirisati,:nd"'ordonnance" se just.ifie par 1e caractère ou 1'aspect"récursif" de 1a liste des mot,ifs soulignés. A ce propos, 1a
circurarité des motifs, dit.e "inlassable récurrence"l s,avère
n'être circurarité que par 1a récurrence d'unj-tés données dans
1e dépouiilement lexicat. cette circularité n'esi pês, à coup
certain, urr qarant pour considérer toutes ces unit,és comme
motifs. En outre , i1 est certain que 1es fonct,ionnements
sémant,iques des motifs sont aussi sous-t,endus par 1e principe
connu des rerations différentlelles; mais 1a nalure de ces
relations n'est pas aussi définie gu'on re croit car il s'agitde relat,ions généralement, conditionnées par un processus de
génération dans un sens propre -entendons-nous bien- et limitéà 1a méthode de présentat.ion de 1'êt,ude que nous proposons.
Produisons quelques aspeets de cet,t,e étude pour montrer 1e
processus en question:
1 J couRTEs,op. cit. p. 9.
Le conte populaire: -poét.ique et mvtholoqi_e,
90
"Nature1"I
I
forêt
Espaces
conten
tra
stériIe" (* )
Cu
vergert"I
I
Icontenanc
4bre
\,.",
\"vert,
tenance
1turel
I
.-\---\
epdistance-/
e culturel
anc roximitél--I -----ÿ ----\
rivière cimetièreespac \ar
i.t sSi
Iübois,
con
I
üi1e4 ( ,!,,, ) 4_ eaufert
I
I
ISCNSSENS: lexical
"fai
esp ace : puits
anti
alors
(* )Par "stéri1ité" s'actualise }e sème de "mort" dans "1e feu" (= absence de 1'eau)(*:k) Par "fertilité" s'actualise 1e sème de "vie" dans "1 'eau"; ce sème affectele sujet contenu (perché dans) par I'arbre dans notre version du c.10; aussi,"rester près de 1'arbre,'dans C.3 et C.33 signifi.e, d.ans une certaine mesure,"être conten-u par 1'espace ori se situe 1'arbie"; d'otr 1e rapprochement d.esC.3, 10 et 33.
usageI
II\y
re du
te
c
con
contenant
I ,,,",
J@
feu'
T-I
nuI
I
üi1o.
91
3. Enfin, du point de vue syntaxique, l,ordonnance en
question est organisée aulour de programmes dont nous avons
déjà parlé et dans lesquels serait privilégié par 1'analyse 1e
devenir du sujet selon une relat.ion conflictuel1e avec 1,anti-sujet quelles que soient Ies représentations act,orielles de ces
deux rô1es.
c'est par ces ressorts que des condit.ions dans 1es
ut,ilisations lexicales s'imposent pour proouire des motifs etdes configurations discursives intégrées dans nos contes.
92
c_-EAPTTRE IrI
RÉCURRENCE ET LISTBITTTE des H0TIE§
Le conte , comme nous venons de le voir, a lacaractéristique de jouer sur 1a récurrence d,occurrences
d'unités signifiant 1e végét,a1 pour mettre en place un état de
"dégradation"l mis en expansion par des contenus dont Les
effets attribuent au sujet un statut où les modalités dont ilj ouit re situent, dans un état dysphorique êt, après
transformation, dans un état euphorique. Le c272 utilise/0azukkarO/ (ber), /s-sedra/ (ar: le jujubier sauvâge) comme
é1ément de choix par rapport à /0ajerbi-0/ (ber), /],-g[ifal (ar:1e tapls). ce choix proposé au sujet (firle) par un destinateur(une femme dont 1e statut, est ambigu) est, une figure de
manipulation: à 1a place du jujubier sauvage choisi par
1 oegradation (vs amélioration) est emprunté à c. Brémondqui l'utirise dans 1'anaryse des cont,es; citons quelques unsde ses travaux: Loqique du récit, seui1, paris, Lg73i "L"s bonsrécompensés et, les méchant,s punis" in c. cHÀBRoL (éd.),, Larousse, paris, Lg73; ,,Le
meccano du conte", maqazine littéraire N" 15q Lg7g.2 /1-rr. galet 1-1-bent wasem n-ferre/ 1-k s-sedra wel1a1-gTifa galet 1-ha ferrefi 1-i Gi s-sedra/ (ar: la femme dità 1a fille: où déslres-tu dormir ? sur du jujubier sauvage oubien sur un tapis ? la firle répondit: js m" contenterai dujujubier. E11e obtint Ie tapis pour dormir dessus.
93
1'héroine, c'est le tapis qui lui est accordé. Ceci explique
relat,ivement 1'ambiguité du statut du sujet donateur. Àussi,
à ia place du t,apls que 1a soeur-rivale de 1'héroine demande
à 1a femme donatrice, c'esL 1e jujubier qu'elle obtient. Le
chcix de L'é1ément dégradant s'avère ce qui fait, obtenir au
sujet i'inverse, 1'é1ément amé1ioranl.
Le C32, polir prendre cet exemple que nous n'avons pas
encore int.égré à ceux dé I à cités , mentionne que " 1e
charbonnier" (le bûcheron selon les versions) est une fonction
ou Lln métier dégradantl. Or, ceci est " 1e ccn.uenu irrve.rsé "
(avant) par rapport à celui "posé" (après)2 puisque cians 1e
récit, 1e charbonnier ( btcheron ) finit par épouser 1'une Ces
f11les du roi et par hériter 1e royaume. C'est d'ail1eurs dans
ce cas précis qu'i1 serait intéressant de signaJ-er que
1'util-1sat.ion lexicale de /1-f axer/ joue sur deux sens
complémentaires: en tant que nom, /l-faxer/ est l-lt.téralement
charboni en tant qu'adjectif, i1 est utilisé, sel-on Beaussier,
pour signifier "glorieux, splendide, magnifique, riche" . On
voit que ie contenu dégradant correspondrait à une vaieur
sémantique invest,ie dans "charbon"3 §ous f orme de sèrne; alors
que "1'amé1iorant" correspond nettement au sens de 1'adjectrf
1 /r"je1 meskin ybie 1-faxer (1-HTeb) n-nas t,€eqqer bi-h/(ar: un homme pauvre qui vendait du charbon (du bois) eL que1es gens sous-estimaient.
2 À. J. GRETMAS, Du sens, op. cit. p. L87.
3 on sait que 1'un de ces traits lexicaux (noirceur) estutilisé dans des énoncés attest,és en berbère pour signifier"dégradant" (exemples: /aGembu n ufan (n ujeHmum, n ujaruf)/respectivement: visage de /fan/ (ustensile noir de cuisine quisert à faire cuire du pain), espèce d'oiseau noir, corbeau).
94
de /faxer/. Les catégories grammat,icales seraient ici
articulées à 1a transformation narrative dans 1e programme de
ia configuration utilisatrice de /1-faxer/ et, pâr substit,ution
à ce dernier, de /1-liTeb/ (/i/eHlaf/). Ceci permet de préciser
que l-e C32 indlque une précision capitale: dans une
conf igurat.ion cliscursive, pour que se réalise Ia transf orma",-ion
de l-'état init.ial (dégradation) à 1'état final (améiioration),
tel1e qu'eIie se manifeste narrativement dans C32, 1e ramassage
du boi.s dans La forêt cians c2L et c38 est une condii,ion ou une
sorle d'épreuve que les fi11es subissent avant d'être
con joi.ntes à 1'état euphorique (améliorat,ion ) Dès Lors,
vendus, cu
signifrent
/i/el{Laf/ , /!-HTeb/, /l-faxer/, objets ramassés
tout simpl-ement ramassés dans 1a forêt,presqu'explicitement, euê ce soit, en langue arabel or., en
langue berbère, Line évaluation négative qui af f ect,e
provisoirement 1e sujet pour signifier un effet de sens dont
rend compte 1a structure syntaxique dans 1a configuration: un
phénomène d'init,iatron comme déduction é1émentaire s'avère
1 R.ppulons que /1-HeTTab/ ( ar: btcheron) dans 1atradition orale notamment dans 1e proverber /rebbi yexlef e1al-f elra \^r ma yexlef -l ela geTTae-ha/: Dieu f ait repousser1'arbre et ne récompense guère 1e btcheron (1itt. son coupeur),est soumis à une évaluation négative. Néanmoins, dans 1e conte/cette évaluation correspond uniguemen.u à 1'état initialdysphorique du sujeL-héros, qui se transforme en un état. finaleuphorique. N'entrons pas dans 1es détails car pour débattrede ces données, i1 faudrait, para1lèlement à notre étude, menerune analyse approfondie du proverbe, voie qu'on ne peu+-humainement ent,reprendre. Soulignons tout de même que les deuxanalyses ne peuvent aboutir à des résultat,s contradictoires car1'arbre dans ce proverbe signifie probablement "1'arbre vert"(vivant,) et non "sec" (mort): bois, Çui est 1e mot,if de notreconfiguration. Pour plus de déta11s, voir M. NAJJI, Recueil deproverbes en usaqe à Ouida , D. E.S. , ( dactylographié ) , Fès,1986.
et
95
globalement possible si on retient les trois cont,es cités (c21,
C32 et C38) au niveau de:
1. f intervention ou 1a mise en discours d'une unité du
végétal s'impose apparemment pour qu'un état évarué dysphorique
se transforme en un autre qui sera dit euphorique du point de
vue du su jet.-héros (héroine ) ;
2. 1e végét,a1 pourra être conçu comme mot,if dont lesréalisations lexicales dans res t,rois contes cités sont:
/ife[Laf/, /iqefwaD/, /0azukkarÊ/, /s-sedra/, !!-faxer/ eui,t,ous et sans exception, comportent, un t,rait, rexical eommun ,, j-1s
servent à faire du feu"1; ces occurrences rnises en context.e ne
servenL syntaxiquement à fonctionner dans 1e cadre de latransformat'ion selon des contenus inversé vs posé, euê par leurréférence à "feu". ce motif devient dès lors -indépendamment
de ce que nous avons déjà souligne2- ce qui per$.et, de
constituer 1e thème de I'init,iation chez /Hemmu 1-Hrami/ (ou
/nqLd,ef /), explicité dans 1es C4, C6 et C34: 1,or (/I-Lw]z/)est utle figure parfaitement significative lorsque 1e conte ditgu'il est " issu" du feu. Notre conte , Ie C27 , en rësume
1'hor:-zon à sa manière: lorsque 1a soeur rivale de 1'héroine
dit qu'el1e préfère le tapis au jujubler, elle obtient, par ce
1 Pour /s-sedra/, retenons 1'occurrence dans C39: /jabusebea nLa€ !-felfarvat, ntaÉ s-sedra Hellu meTmura w daru n-narf1-ha/ (ar: i1s apportèrent, sept fagots de jujubier sauvâÿe;ensuite ir creusèrent ( litt. ils ouvrlrent) un silo et yal1umèrent 1e feu).
z torsque le feu est contenu par le puits (Ie silo),cont'enant res ogres ou les ogresses (anÈi-héros), i1 sert àdonner 1a mort à ces dernlers. sinonr re feu se transforme en/LwLz/ si le sujet,, contenu par le puits contenant le feu,s'inscrit dans une axiologie d'héroisne.
tfl
iiiri.l
iiiiltl
ll.t;i,
tltt
ili4i
95
choix 1e jujubier car -nous touchons encore une fois à cet
aspect de thématisation- e11e n'est pas préalablement conjointeà un savoir relatif à f initiatlon lors de sa soumission au
choix entre deux objets dont 1es valeurs s'opposent en ce
qu'eLles permettent 1'amélioration par le feu = jujubier et ladégradation par ! o tapisl.
suite à ces remarques, nous avons tendance à présumer
qu'en fin de compte, 1es motifs évoqués ne sont considérés
comme tels que parce qu'opératoires aussl bien au niveau
synt,axique que sémantique suivant:
1. Leur subsomption modale esL corrélative -du point, qle
vue sémantigue- à un investissement dans 1e feu pai: associaf,ion
aux mot,ifs (charbon, bois, jujubier sauvage) auxquels it serrdéjà comme trait de leurs sens lexicaux. Le tout e pour effeithématique r f init,iation. rnversement,, l'absence d'une te1learticulation ne peut produire une configuration où se réaIise"un renversement de 1a situaÈion" selon 1es termes de Greimas,
par une transformation dans un cadre thymique:
avant et aprè s
dysphorie ( dégradation ) euphorie ( amélioration )
Dans Ia même rubrique du végét,al, certaines figures qu,i1
est temps d'étudier, semblent fonctionner à un niveau
1 un"jujubier nsubstitué;Pernet 1esubstit,ué.
interprétat,lon du'est guère commodeet c'est parce guebien-être dans 1e
don dirait.: c'est parce que lepour dormir que Ie tapis lui est1e tapis est exclusivenent ce quisommeil que 1e jujubier lui est
97
syntaxique de 1a même manière que celIes de "l,arbre,', du
"jujubier", du "charbon"... Cependant, e1les s,en distinguentpar leurs invest,issements sémantiques qul diffèrenL par res
isotopies qui leur sont sous-jacentes. ceci, étant en véritéressentl comme curieux, nous amène à donner la parole aux
cont,extes d'utilisation. prenons de rnanière arbitrairel1'occurrence de /aze].]laD/2 (ber), /zeI.al/ (arr tiged'arbre,verge), dans 1es c6 et c34. D'un por-nt de vue narratifdans ce conte, lazellaD/ assure 1e rôle de transformer 1,étatde " stériLité" des juments. s'ii est utilisé pour ces firisautres que ce rôle, il cesse d'assumer ce à quoi ii est ciest,i-né
ou programmé (cf. 1e pré-récit du conte): 10rsqu,i1 esi utiLisécomme moyen de défense conLre 1e chien ( serpent selon lesversions), son rô1e n'est plus assumé intégralement, ceci rreut
dire gue 1a programmat,ion fonctionnerl-e de transforrnat,ion
assurée par cette figure, s€ ramène à un investissement
sémant.ique cans d'autres figures que nous ignorons
théoriquement, €t qul constitueraient -d'après 1a démarche
adopÈée jusqu'à présent- un parcours de configuration selon des
1 L'arbitraire ne porte pas sur 1e choix de ce moti-f audétriment des autres que nous verrons; il est dt au fait quethéoriquement, par 1es rapports associat,ifs, quel que soit 1emot,if choisi comme point de départ, 1a démarche analyt,ique estamenée à renconÈrer dans son parcours les autres qul lui sontassociables.
2 No" informateurs précisent que /aze11aD/ doit être "fin,,l/6 az6a6/, d'une certaine longueur (/6 azirar/) environ unmètre ) fral.chement arraché d'un arbre vert ( olivler ouamandier), généralement, utirisé pour dissuader un enfant defaire des bêtises (/1-qbaHat/) ou éventuellement pour mener desbêtes ; lorsqu'i1 devient, sec, peut-on encore 1, appeler/aze1laD/ ? un informateur répond, non sans humour: i1 nepourra faire ni peur nl ma1 et risque de se casser à tout,moment d'usage.
98
a*e§ qui restent, à définir et qui seraient préalablement prévus
par 1'utllisation de ces figures. sinon /azerlaD/ ne peut êtredit, motif et 1'hypothèse théorigue sur d'autres figures qui s'yassocient, s'êffondre d'elle-même1.
Le probLème qui rest,e à discut,er est le pourquoi de
1'utilisat.ion de /azellaD / (lzellaT/) pour prévoir ilannulationde la stérilitê dans C6 et C34.
Pour 1e moment, rien ne semble indiquer une voie de
rëponse possible; mais nous pourrions quand même donner deux
indieations relevables dans toutes 1es versions que nous avons
pu recueillir: d'abord, 11 est dit, ,,arraché d,un arbre,,,
ensuite, il sert à "donner des coups aux juments pour les
rendre ferti1es". De cette dernière indicat,ion, nous auroris
intérêt à reten'ir 1a f ertilité ; de 1a première , 1'arbre dont,
on sait qu'i1 apparait en prusieurs occurrences dans 1e corpus.
Des cont,extes de ces occurrences, nous ret.iendrons celui de c3
et C33: "axbre sec" / "arbre verL" dont 1a mise en
configurat,ion prévoit 1'homorogation ou Le rapprochenênt gue
nous avons déjà signalé (arbre sec = mort, arbre vert = vie).Par ailleurs, on sai.t, que /azel1aD/ est dlt ',arraché d,un
arbre y*" selon 1e conte et selon nos inf ormat.eurs.
D'ailleurs, dans 1e cas contralre: s'i1 est arraché d'un arbre
1^ Remarguons que nous venons, dans une certaine mesure, dechanger de technique d'étude: jusqu'à présent nous avons citédes motifs en nous appuyant, lmplicitement sur leur récurrencedans 1e dépouillenent du corpus. rci, nous partons d'une unitésupposée motif pour vérifier -si c'est un notif- ra mantèredont e1Ie fonctionne selon 1'aspect que nous avons qualifié de"récursif" dans un processus dit "génératif". ceci nousperneÈt,ra aussi d'évaluer la recherche que nous avons menéejusque 1à.
99
sec, i1 sera dit sans aucune ambiguité en berbère /aqeffuD/
(équlvalent de /eud/ (ar: morceau de bois) et aussi de /emud/
( ar: bâton ) ) .
Dans ce cas, si nous admettions que / zel-J.a? / soitexactement 1'équivalent, lexical de /azellaD/ eL sachant que
Mercier et Beaussier définlssent 1e premier par "bâton", alors
I'invest,i-ssement, sémantique de /azel1aD/ devrait. rer.oindre
celui déjà dlt de /ifellLaf/, /1qe/waD/ (pl. de /aqef luDi),/1-faxet/ et pius généralement "bois". Or, ce n'est absolument
pas dans ce sens qu'iI est atteslé dans Ie conte car, par l_es
indications de son sens lexical: "arraché d'un arbre vert *t-
sert à rendre fertiles 1es juments", 11 se rapproche netteinenr
cie I'arbre par f intermédiaire du vert auquel s'ajoute iC
fert-i1ité pour êt,re dit investi ou sème de vie (et non de celui
de mort reconnu dans "bâton" dans le sens de /€mud / dit en
berbère /aqeJ/uD/ qui signifie aussi "morceau de bois ) .
Au_t,rement, i1 serait dif f icile d'admettr:e que / zelJ.a\ / et
/azelIaD/ aient 1e même sens dans 1es versions d'expressicns
arabe et berbère de notre conte.
De fi1 en aigui11e, une autre remarque peut êt,re faitersi lazellaDl comporte "vie", en principe /aeukkaz/ (ber: bât.on
pour s'appuyer) {ui, dans C1, cesse d'avoir cette fonctionl,devra comporter "mort". Dans un certain sens, en effet, iI sertdans ce conte à conduire les femnes vers le champ des fèves de
1'ogresse. La eonjonction des femmes avec "mort" dans ce
conLexte est supposée réaIisable par /aeukkaz/ du point, de vue
1 Dans ce cas il sera(ar: bât,on, morceau de boi
dit /aqe//uD/ (ber), /emud/, /eud/s).
100
du mari. Par conséquent, 1e sème de "vie" dit dans /azel1aD/
oppose bien ce dernier à /aeukkaz/, /emud/, /eud/.
CetLe révision des sens lexicaux gue 1e conle nous
conselll-e vivement pour ne pas 1ui faire dire ce qu'i1 ne veut
pas dire, p€rmet d'expliquer 1a place que notre motif occupe
dans 1a configuration discursive: i1 désigne métonymiquement
1'arbre vert etrselon une charge sémantique dans "fertilité",
i1 est significatlf par f intermédiaire du sème de "vj-e" pour
être dit, partiellement sous-jacent à 1a construction de 1a
configuration en atlendanL que d'autres fj-gures entrent Cans
ce jeu de signification
Ce fonctionnernent dans ie conte se rapporte en général à
1'animal domestique diL " jument" . Toutefois , d'après deux
versions -1es seules quL nous sont communiquées darrs un sens
particulier et lntéressant, à nos yuu*1- ce foncf,ionnemenc
touche aussi 1'humain dans 1a mesure où 1a vaLeur qui y est
investie ( fertilité ) devient fonctionnelle vis-à-rris des
épouses dites stéri1es. C'est dlre que /azel1aD/ ne serait pas
moins chargé sémanLiquement selon 1e sème de "vie" que 1'arbre
1 C"s versions ont été enregistrées par A. Derfoufi à1'aide d'un magnétophone. La première version néglige 1e motifde "pomme" r 1'occurrence n'y esL pas reLevable. Résumons-Ia.Pour que les sept femmes cessent d'être stériles, 1e maridevait frapper chacune avec un /ze7laTl en prenant soin de nepas 1e câssêr; en ce qui concerne les sept juments, iI devait,aussi frapper chacune d'e11es avec un /ze11aT/ mais cett,e foisen prenant, soin de les casser. La deuxième version utilise"pomme" et " /ze!1aï/": 1e mari devalt offrir une pomme àchacune de ses femmes et, aussi, frapper chacune d'e1Ies avecun / zellaT/ . Notons que dans cette version 1a figure desjuments n'apparal.t pas. Pour plus de détai1s, voir À. Derfoufi,Recueil de versions d'un cont.e oral: /mqide f/ . Étudecomnarative, mémoire de licence, (dactylographié), Eacult,é desLettres, Oujda , !99L-1992.
101
"vert" sl une lecture donnée s'appuyait, sur f idée que 1e
premier se rapporte à 1'animal et que 1e dernier, comme nous
l'âvons déjà vu, à 1'humain. Sous cet ang1e, par 1e procédé
métonymique signalé et ce sème de "vie", cett,e catégorie
s'avère non opératoire dans Ia configuration, L'analyse a
d'ai11eurs tout int,érêt à suivre cette voie car au moins une
ouverture vers "un univers myt,hique"1 esL assurée pour rendre
compte d'un sens profond du conte.
Compte tenu du champ dit, végéta1 dans les contes, I,étudedoit vérifier sl ces unit,és se rapprochent, (ou non) par 1es
investissements sémantlques que nous avons pu relever dans
/ azellaD/, /emud/, / aeukkaz/ . . .
Prenons /i--qsiL/ (ar. et ber.: b1é vert,)2 dans C363 et
/r-rble/ (ar. et ber.: herbe, verdure) dans C54.
Dans 1e C36, /1-qs11/ est ce qui sert à réint,égrer 1a
f itre enLerrée à la surf ace: la connexion ent,re " sous-te.rre "
I ,1. -C. COQUET, Sémiotlque littéraire , o,p. cit. p. t2A ,
2 M"rcier. signale Ie sens: orge vertei nos informateurssignalent 'vert" guelles que soient l-es céréales semées. I1semble bien que c'est ce qui explique 1'ut,llisation de manièreindifférente de /L-qsiL/ et de /r-rbie/ (arr herbe) dans lesversions du C5 et du C36.
3 /d"fnu dik 1-bent f-j-jnan waHed n-nhar ja l-ma1ik fayetguddam l-qber w L-eewd dyal-u faf fi rbie ( qsi1 ) fug-u !ÿ bqayakul iwa temma bqat dik l-bent tgul Hawer a yis n siôi Hawelxi qa y azellif inu ihelk-y1/: on enterra la fitre dans reverger. un jour, 1e roi sur son cheval passa près de ra tombe.son chevar vit des herbes vertes sur la tombe et se mit àbrouter. À ce moment,-là, du fond de la tombe, la fille se mità direr éparqne-moi cheval de mon seigneur, tu me fais mal àla t,êt,e, j'âi mal à Ia tête.
4 /luk.n Jem Ga w$eG zi ÊHezzamt inu ôi weerur att,af unast, a tt,Je6 rrbie u ( ber: si j e te donne unceinture sur Ie dos, tu deviendras une vache et tumanger ces herbes).
ddewledcoup depourras
ta2
et.'sur-terre" se réalise par cette figure dans 1e sens où, dit
1e conte, Iês cheveux (sous-terre) sont du /qsLt/ sur 1a
surface. .{utrement dit, /L-qsiI/ assure un rôle qui fait, jouer
à ta fois 1a disjonction de 1a fille avec 1a surface et sa
conjoncilOn aVec le souterrain; ou encore, iI aSSUre Ia
conjonctiorr et Ia disjonction à Ia surface en même temps qu'au
souterrain. Pris dans 1e contexte de 1'apparition du "cheval
qul en mange", i1 provoque un dialogue par f intermédiaire
duquel Ie passage de "souterrain" vers "la surface" 5'opère:
/1-qs11/ se trouve dès lors à 1'origine de la réintégrat,ion de
}a fille dit,e enterrée, donc supposée morte, dans Ie monde des
vivants ( 1a surface ) . C'est à ce nj-veau que 1e rapprochement
de /\-qsi-l-/ à /azellaD/ (/ze|Lat/1, semble inléressanL. Ceei
dit,, ils se distinguent à plusieurs égards: 1es glissements par
association danS "arbre", /aze1laD/ - vert = vj-e eL dans /qsiL/
= Vêrt et cheveuX - ? , pour assurer la Connexj-on entre
"SOUtef1.ain" et "SU1.faCe", deVraient pr6pgSer deS traits de
di stlnction .
Eaisons provisoirement abstraction du sème de "vie".
/azellaD / {/ze]1aT/) dans 1es versions -à 1'exception de ce1les
que nous avons signalées- est utilisé relativement aux juments
(ee1les-ci en reçoivent des coups); quant à /1-qsil/ dans C36,
iI utilisé relativement au cheval du roi (et aussi à la vache
dans C5): le cheval (et 1a vache) en mange(nt). A présent,
suivons la voie suivante: dans le premier cas, / azellaD/
( /zeLLaT /') est "arraché de I'arbre" I dans 1e second , /L-qsLL/
est Ia forme nanifestée sur terre des cheveux {ui,
mét,onymiquement, désignent 1a fille eIle-mêne (cf. C35). C'est
103
dire que 1a "re-naissance' de cette dernière se soumet à un
mouvement du bas vers Ie haut, du souterrain vers la surface;alors que 1a naissance des poulains dans c5 et c34, se rapport,e
à un mouvement du haut, vers re bas: de l,arbre dont /azellaD/est arraché vers 1e bas (surf ace de 1a t,erre ) . cett,e surf ace
est 1'espace de "rencontre", 1'espace commun à 1a ,,re..
naissance" de Ia firle et de 1a naissance des poulains.
ces points peuvent être réorganisés par quelques
remafque S I
1. /1-qsi1/ entretient un rapport avec vie / mort lorsqueIe motif des cheveux int,ervient, comme élément de La
configuration discursive. Nous admet,trons alors que "cheveux,,
ent,reÈient dans ce cadre un rapport étroit avec vie / mort. De
ce fait, i1 cesse d'être un slmpre é1ément du conte, i1 seraconsidéré comme motif dans ra configuration. ïcl, re conte aura
réalisé un glissement sournois de /qslr/ (végétal) vers/f'f€er/ (ar), /a/enkuk/ (ber: cheveux, figure mét,onymique de
1'humain ) . Aussi, "cheveux" , sans que rlen ne se prête à
f investir expricitement de vie / mort, sera théoriquement du
moins une rëférence de mise en discours de cette catégorie dans
des configuratiortl discursives du conte, sur 1a base du rapportqui Ie relle en t,ant que fiotlf à /l-qsi1/. ce rapport,, nous
1'avons bien entendu reLevé dans c36 dont ra séquence qui s,yrapporte peut êt,re dans une certaine nesure considérée comne
référence de configuration.
2, sl nous tenons compte de 1'une des deux versionssignalées de c6, qui n'utirise pas '1es pommes,,, i1 apparaitque la distlnction éIémentaire entre 1'humain (1es femnes) et
104
I'animal (Ies juments) se réalise par 1'acte de ne pas casser
les bâtons en frappant, les fennes et de les casser en frappant
Ies jument,s, eui est en soi sans grand intérêt,. Le plus
important: rendre fert.iles 1'humain et 1'animaI, se fait par
1e recours à 1'arbre vert dont, sont arrachés et les pommes et
1es bâtons. C'est-à-dire que 1e motif des pommes n'est pas
investi du pouvoir rendre fertile comme nous 1e pensions.
"Donner 1a vie" (ou "rendre fertile") est rendu possible dans
toutes 1es configurations par 1'effet sémantique et fonctionnel
du végéta1r "1'arbre" dont les versions retiendront /aze1laD/
(/ze1laT/) et éventuellement /teffaHat,/ (ar: pommes). Du "vert"qui définit, 1'arbre, 1a configuration de nos contes ret,iendra
dans fe végét,aI /1-qsi1/ qul fonctionne doublement en posant
1a mort -par f intermédiaire de "cheveux enterrés" comme écho
du "don de la vi.e" init,ial dans /azellaDl- et la vie étant
investie dans "vert".
11 reste à présent à préciser un sens dans les contextes
d'utilisat,ion du végétal de manière indifférente par Ies
occurrences de /r-rbie / et de /t-qsiL/ dans C5, C141 et C36.
Ces figures désignent toutes 1e motif de "1a verdure" dil
/ r-rbLe /2.
Ce motif est utilisé selon deux cas de configurations.
Dans le premier, i1 entretient, un rapport avec " la
métamorphose" dans C5, qui est une négat,ion de "1'humain"I dans
l'autre, iI représente le maint,ien de Ia vie en ce sens que 1es
1 /n-n"g" bqat ela Terf j-jnan terte€ f-r-rbie/ (ar: 1achamelle se mit, à brouter près du verger)
2 voir H. HERCIER, op. cit. et M. BEAUSSIER, op. cit.
105
herbes sont en fait les cheveux de Ia fille enterrée. Ici, le
végétal. qu'i1 soit, dit dans /r-rbLe/ ou dans /1-qsi1/,
fonctionne comme intermédiaire entre 1'humain et 1'animal dans
l-e sens où lorsqu'ii est visé comme ob jeL ,le censonmation par
1'humain ( la femme dans C5 ) , i1 devient, suj et ( agenl ) Ce La
métamorphose de ce dernier en animal (vache eui, rlit Le conLe/
sera égorgée ) ; lorsqr:'i1 est ob jet de consonmatiCIn par 1'arrimal
(vache, chamel1e, cheval), i1 permet de réintégrer l'hunain
dans Ia vie.
Enfin, nous Çonstatons gue 1'utilisation cie notre motlf
selon ces deux cas n'empêche pas 1'élaboration dans nos contes
d'une même conf iguration sous 1'angle de 1a catégrcrie r.'1e /
nort. En outre, dans ceLte configuration, l-e sème investi dans
/r-rbie/ réapparalt même dans C5: vert = vie est sous-lêcenc
au parcours de Ia mère-vache égorgéer. sa mort {se)-on " humaine "
{1'être ) et " animal -vache" i 1e parai.tre ) relativemer:t à 1a
consommation des herbes ( /r-rbie/ ) est utilisée en Lânt
qu'i-nvestissemenl de 1a consommation pour qu'apparaisse 1e inême
sème "vie" du végét,al en 1a figure de l'arbre d:.t, "daitier" qui
sert à faire vivre les enfantsl. Aussi est,-i1 aisé de conclure
PâT:
1 R.ppelons que cette vle investle dans Ie fruit deI'arbre (dattier dans C5 et "pommier" dans C6 et C34), sêréalise narrativement par 1'enterrenent des os de Ia vache, guisurgissent sur Èerre sous forme de végét,aI: arbre-dat,tier dont/DDawya/ et son frère se nourrissent selon C5.
106
1. /a/enkuk/ , / f- feer/ r /L-qsil/ ,
(cheveux : verdure :! mort: vle)1
2. /iGessan./ (ber), /1-€Dam/ (arr
on
/r-rbie/ t -. mort : vie
os) : /0iyni/ {ber:
dattier) :: mort : vie.
Inversement et, de façon complémentalre entre 1 et 2t
vie r rnort, i3 /I-qsi1/, /r-rbLe/,l0iyni/ : /afenkuk/,
lf-feer/, /iGessan/.
En sonme, nous poserons:
vie : rnort : : végét.a1 : humain, dont nos contes proposent, 1es
deux réalisat,ions contextuel'1es par deux associations, pour
rendre 1a lecture assez pratique, utilisons 1es traductions err
français des termes des deux langues, arabe et berbère: "herbe"
est associé à "cheveux" et "dattier" à "os". De ces deux
associations attestée" i.. nos contes, nous pouvons coâcl-ure
que chaque fois que 1'une d'enlre el1es est rencontrée dans un
conte donné, L' isotopie de 1a vie s'insta11e pour mettre à
1'ombre celle de 1a mort. tes investissements thêmatiques dans
les parcours fJ.guratifs propres à chaque conte peuvent, être
vraisemblablement dlstincts mais leurs distinctions ne 1es
empêchent pas d'être ramenés symboliquemenÈ à cet,te catéqiorie.
Le symbolisme de cette catégorie n'echappe pas à 1a
description; au contraire,
rigoureusenent décrit,.
i1 est susceptible d'être
En dehors des réalisations attestées par nos contes, peut-
par un procédé de distribution selon des associations
1 Llsons: 'cheveux' est (,) à "verdure" ce que (,r) "mort'esÈ à "vie* (cette notation enpruntée à C. Lévi-SLrauss permet1'êconomie dans 1a formulation des rapports entre nos motifs).
107
binaires, supposer que d'autres réalisations théoriques
pulssent apparal,t,re dans 1e conLe ? Falsons 1 , opération:
1 . Herbe / dattier: t.héoriguement, cê ne peut. êtrepcssible à moins que ce ne soit dans un contexï.e d'uiilisatlon"pléonastique" ou "tautoiogique" puisque dans: vêrt, (= herbe)
= vie et dat,t.ier nutrit,ii = vie, les deux "vie" ne sont pas
structurês par 1a dlfférence;
2. lierbe I os: ce serait. possible si "herbe" assurait La
fonction nut,ritive (cf. c5) de 1'humain, trait construit par
1es os qui poussent sous forme oe dattier nutrit.if;3. Cheveux / dat,tierr ce serait, possible si "cheveux,,
assurait 1a même fonction que "arbre fruit,ier" qui permet une
substitution par "pommier" dans C6 et par "figuier" dans C3,
auxquels est associée 1a vie qui s'oppose à 1a mort dans "arbre
sec" donc "stérile", trait qui s'oppose à "fertrl-isation"( fonct.ion de / azellaD/ du pommier dans C6 et C34 ) ;
4. Cheveux / os: p1éonastique ou tautologique (cf. 1).
Int,égrons à ces assoeiations "arbre sec":
5. Herbe / arbre sec ! 1'association ne pourraii être
possible si on t,enait compte du falt qu'i1s sont, en relationde 1'ordre du discontinu. Or, nous avons vu que 1a catéqiorie
vie {= vert ( = herbe)) VS mort (sec (§ arbre)) s'excluantl-'une 1'autre, est utilisée dans 1e conte relativement à un
devenir du sujet dans son parcours selon r'être et 1e paral.tre
(êt,re vivant, paraitre mort). En plus, "herbe" et "arbre sec',
sont situés dans 1'espace "sur terre" qui ne peut se mettre
dans ce cas en relation avec "souterrain" pour permettre
1'association;
108
6. Cheveux / arbre sec; os / arbre sêc: pléonastique ou
tautologique {cf. 4).
Ces associaLions méritent, des commentaires apprqfondis;
rnais, vü I'angle dans iequel se sit,ue notre étude, nous
préférons plutôt que de nous en occuper, donner sous forne d'un
schéma récapitulatif, des voies qui pui-ssent pêrnettre des
lecLureS. NOus laisonS ee choix pour donner des ouvertures
possibles p3-utôt que de rendre compte de lectures personnel'l es
eui, forcément, ne peuvent être conplètes. En 5omme, nûus
clonnerons des indications qui rendenL possible une lisibiliié
dont les angles se veulent aussi larges que po§sible.
(Voir t,ableau page suivante )
109
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\ t>
.-r.iO(,>ol.o
(.)
§lr.iÈ)ofl tr\o c,
ot'
qJpFo
(d
'ni OI,5
110
Par opérations de conversion de "verL", opérations quiassurent 1a récurslvité, nous aurons:
ïrLl'
t----------ï-----------fIIF::_::___---___---:_:__:F
Sec * ,iiiûft :
/iJehlal/ , /iqe jwaD/ ,
,/ Hteb /:boi.s
/gua/,iLmud/ :
b âton
---- -- -;------l------;-----a------;----- I ------_.--------l
l"l'l'l: : : : _ _ _ _ _ : _ : _ :
T : _ _ _ : :: _ : _ : _F : _ _ _ _ : : _ _ _ : _ _I : : _ : : _ _ _ : _ _ _ _ : :-r
/ alenKuK/)I
I
I
I
I
)l
I
I
I
/ a qe l(uD/</,.\/aLuKl\az/ )
morceau dehnic
bâton, (cann
Ci
/iGessan/ (1):
0s
r-t\- -)
/ijehtaf// lelf aw at/ t
410v J)
fonctions :
(contextes fi.quratifs)contextespatial :
ogresse: mort
..--'--'---/ldits enterrds (métonlrmie )
( cadar,pe )({)cf . rapocn à
"ieu"(cf,supra)
NB. Les colonnes 1, 2, 3 et, 4pour être lues respectivement àvice-versa; euant aux colonnes 5,correspondent à Ia 5e du t.ableau
du tableau If, correspondentL, 2, 3 et 4 du tableau I et6 , 7 et 8 du tableau I, e1lesrï.
1 L"s aspects de conversion sont expliclt,és par 1es contesqui précisent 1a manlère dont se réa1isent, les opératlons. Dansce cas, Ia lecture des tableaux considérera que /aqe!fuD/ ...(ber: morceau de bois) et "cadavre" selon 1a piesentàtion, sontsitués dans un même cont,exie sémantique comme si ,,cadavre,.pouvait être diL lingulstiquement, /aqeffuD/. En effet, entreaut,res sens signalés ,/aqe//uD/ signifie en arabe /xe!ba/i etsur un f onds commun cliamito-sémitique ,/ x.fB, 1, entr ée /xelba/devrait, signifier "morceau de bols" et "cadavre": ici nousrejoignons Beaussier qui atteste ce sens. En outre, / ax/eb /attesté en berbère signifie "cadavre": /aqe//uD / Le slgnifieclans un sens mét.aphorique et f iguré (cf . /yegga bHal aqef/uD,yez6e6/ (11t,t. 11 esL sec comme un bâton, i1'est squelettique,on dirait un cadavre ) ; ces informations nous ont étécmmuniquées par M. Hamdaoui (parémioloqie berbère: analvsesémio*linquistique , thèse d, Éta
1. 11
Nous avons annoncé ( p. 108 ) que nous reviendrions à
"cheveux" sous un autre angle que celui qui l-e rattache au
vé.qétaI. Cett.e ulilisation contextuelle dont 1'ef f ei esl la re-
rraissance de 1a f emme dite morte (1e paraître ) , semhJ-e, lout
conpte fait, assez curieuse. Essayons de ne pas atxrj-buer ce
forrctionuement au simple fait qu'i1 se manifesie comme tel dans
notre texie. Aulrement dit, )-e merveiileux dans ce cas précis,
est-iL susceptible d'être appréhendé par une description ies
configuraticns où apparait 1e motif de "cheverix" ?
Citons quelques cas. Util-isés comme unit,é dcnt i'e:ret
est d'ordre esthétique, les cheveux atiribueni à l-a figure
actorielLe (f 1l.Le ou f emme ) un statut au pcint, or)
1'anthroponyme de 1 'héroine est diL dans C25 ".,'i-nGeTTy3
b-ieer-ha/ (ar: celie couverte de ses cheveux) (ci. ;:r)tre 3e
partie ) . Dans 1e C1, 1es cheveux sont utilisés pour dési,Jneï
Lrn trait physique dans Ie sens de 1'extrême beauté <ie
I'héroine.
Dans une autre perspective, "q cheveu" , notê.fliment dans
1e C25, est une marque qui décLenche un processus de
communication: i1 est offert par la femme au princel. Dans ie
C33, les cheveux sont aussi une marque <ie reconnaissance de l-a
femme adversaire du héros ou encore de 1a soeur dans le C35.
Cette reconnaissance est en général- ce qui invite 1e héros à
épargner 1a mort à 1a femme, oE dans autre sens, êLre en
L /ga1 1-ha bGit. neddi-k galet 1-u hak 1-mara €Tat-u/eera/ (ar: i1 lui dit: j'aimerais t,'épouser; e1le lul dit: jete.1'accorde (comme marque de cet accord, eIIe 1ul donne uncheveu ) .
1-12
possession de "cheveu" comne
conjonctj.on à 1a vie. Détruire
C25 d'anéantir 1'adversaire l/ldu génie ) ou 1'ogresse dans
marque est 1'équivalent d'une
Ie cheveu est dit "moyen" dans
-eefrita/ ar. et ber.: Ia filIeC3... Enfin, "cheveu" est sipas nécessaire d'en donner tousrêcurrenL qu'11 ne nous semble
Ies corltextes d'utilisat,ion.Par ailleurs, i1 convient, comme cera peut être aisément
const,até , de distinguer 1a forme du pruriel ( cheveux ) nôn
définle par 1e numéral (/a/enkuk/, /f-feer/, /s-salef/) et 1a
forme définle par un numéra1 l,/feera/ (ar.), /anziw/ (ber: rrrr
cheveu)) dans C25 et t,rqis 'cheveux da,ns C1.
 ce propos, rappelons que dans c10, 1e cheveu au sens de
1',unité , engage un programme de nariage culturell"ement,
int,erdit. Le récit produit cette valeur par un j eu
ci'articurations modales sous-jacentes à la prohibltion de
f i-nceste ( cf. ci-dessous ) . Dans 1e c1 , la perte de troischeveux par Leila en aidant son cousin à réaliser laconiorrction spatiale dans 1e programme de 1'ascension de 1a
montagne, engage par cette conjonct,ion un autre programme de
réalisat,ion du mariage. si, par ces deux contes, nous retenionsun rapprochenent possible entre "cheveu(x)" (avec 1e numéral)
et le mariâg€ r nous pourrions conclure güê r par
référentialisation intra-Lextue1le, res cheveux anticipent, surune représentation de connaissances (un savo.ir') .;à propos du
mariage, qu'ir soit, posslbre ou impossible. ceci se confirme
dans c25 (cf. page précédente). 11 senble ainsi que c'est sur
cet,te évaluation d'ordre de pernissivité ou d,interdictiondfunions que porte 1'enseignement en tant qu'effet de sens dans
113
une configurati.on utilisatrice de "cheveux" défini Par un
numéraI. Si un mariage n'a guère besoin d'être sounis à cett,e
évaluation dans 1e sens où 1a permissivité va de soi, les
cheveux, dans Ies divers parcours figuratifs des conLes, sont
souvent appelés /salef/ i d'où 1'expression connue /salef lunja/
{ar: 1a chevelure de lunja (Lei1a dans notre version C1)).
Enfin, dans Ie cas où les cheveux ne peuvent être dits
/salef/, on peut sensiblement s'aLtendre à ce qu'iIs
§'âssocient à une représentation conflict,uelle entre actants,
qui débouche sur 1'affectation de 1'un à la vie et cie 1'autre,
à ia mort. Ceci se réalise particulièrement dans le C4r /Hemnu
lHrami / se déguise en portant 1es cheveux Ce Ia fill-e de
1'ogresse après I'avo j.r t,uée pour tromper 1a mère (1'oqresse )
et enfin, réussir 1'épreuve ( 1a victoire ) .
Ce qui nous semble important à souligner, QUêlles que
solent les Iectures des micro-récits dont nous avons reLenu les
guelques cas que nous venons de citer, eSt le fonctionnement
de "cheveux" en tant que mot,if , Sachant qu'i1 apparal.t dans nos
contes pour une mise en discours de contenus thématisables en
vie / mort et en mariage, nous pouvons nous poser Ia question
sulvantes quel lien organique y a-t,-i1 entre ces contenus ?
ce lien organigue est apParemment un investissement
sémantique par associat,ion entre "vie" et "mariage permis" et
entre "nort" et "mariage interdit"; mais dans ces rapports
d'association ou d'homologation:
Vie nariage permis
mort mariage interdit
1L4
nous devrions chercher des trait.s responsables sémantiguement
et synt,axiquement de leur mise en relation. proposons ceci de
manière provisoire car cet axe nous servi-ra par la suite à
d'aut,res f irrs d'analyse: dans 1e mariage interdit est actualisé1e trait "acuIturel" ; dans 1e perm5_s, " le culturel" par i-a
f ertilité (1itt.. 1'engendrement) qui permet 1a cont,inuit,é
sociale par la vie. Dans ce cas, cett,e vie s'actualise pour
metLre à 1'ombre 1a mort qu'actualiserait, t,out mariage que 1e
sociar rejette en f interdisant cu1turellement,. Nos contes
permett,ent d'éclairer ce point de vue.
Le fonctionnement, sêmantique propose ici deux voies: 1'une
suppose que Ia vie est motivée par 1e mariage permis. L'autrepose des interactions -au niveau narratif- impriquées par une
opposition entre termes actualj-sés par 1e rapport entre 1e
héros et 1'ogresse.
Apparemmentf un problème d'analyse se pose plus pour iapremière voie que pour 1a seconde. Essayons d'y voir pj_us
n'l:i r
Dans 1es C3 et C4 , 1a rnort, avions-nous dit, af f ect,e
1'ogresse lorsgue ce1le-ci est désignée selon un procédé
métonymique par "cheveux"; du même coup, 1e sujet humaln est
affecté à la vie. À ceci s'ajoute Ie cas où le motif des
cheveux apparalt. dans des histolres de mariage. A ce niveau,
supposons que "se marier" au sens de /dar ximt-u/ (ar), /yegga
axxam nn-s/ (ber: 1itt. i1 a fait sa maison), soit. investi d,un
sème de "vie" dont f itération est assurée dans 1e discours
configuratif; dans ce cas, i1 ne restera plus qu'à ajouter que
ra vie au sens 1arge, est à appréhender relativement au mariage
115
qut la rend possible . Par 1à, 1e mariage n'est plus à
comprendre dans son seul sens d'union entre un homme et une
femme, mais surtcut, dans celui qul rend possible La vie pêr,
par exempie, 1'engendrement des enfants à traverB lesquels l-a
vie symbolique des parents (et surtout, du père par- ie biais du
garçon, semble-t-i1) donne urre représentat,ion cu1t.ure11e, cionc
collective, selon un univers précls de valeurs. ceci ncus aide
à mieux comprendre comment ce terme positif de 1a catégorie vievs l"lort fournit une articulation par le biais du rnariage à 1a
curture. slnon, rien ne prévoit dlrectement que Le motif de
"cheveux" ait une quelconque affaire de sens à renpiir <ians re
sens. D'aj-1leurs, pour être amené à retenir ce sens, i1 a falluque nous nous basions sur une remarque que 1'étude du c36 nouc
a fait retenir: le mariage du roi avec la fille dont, ie conre
dlt, qu'e11e a ét,é enterrée et que ses cheveux ont poussé sous
forne d'herbe et tout, ce qui suit.Récapitulons. Nos propos ont eu comme point de départ ce
que rrous avons nommé "végéta1" dont 1'un des termes était,
/1-qsi1/ gui, par son contexte d'utilisat,ion dans C36, a faiisubir à 1'analyse un glissement vetrs "cheveux' comme motii qui
se rattache au mariage. selon un sens immédiat, nous avon§ posé
que "cheveux" désigne mét,onymiquement 1'héroine. Ce jeu de mise
en rapport nous invlt,e à présenÈ, à examiner t,out ce qui se
rapporte direct.ement ou indirectement au "corps" dilt /jlsm/dans c7L et dont res partles constitutives communément,
connues, sonL presque toutes relevables dans 1e corpus,
1 zr-tuiua dehnet1a guérisseuse étala du
1-1-bent eeI 1-jism dyal I-mriDa/ (ar:petit lait sur le corps de Ia malade ) .
116
1. ,/1-xe fba/ { 1e _corps } et, ses parties
Dans 1'occurrence de /1-wjeh/ (ar), /aGembu/ (ber: visage)
"€'§t générarernent sélectionnée l'identif ication de f inconnu par
la uu"1.
/1-einin/ {ar), /aTTawen/ (ber: ÿêux) est une occurrence
intéressante à retenir. Le ct2 y indlque une valeur par ra.
qualificatiorr de 1a vieille femme: /bSLra/ (ar: euphém. pour
aveugle). Dans le c24, "1'oei1 enlevé au sordat par te héros"
est une condensation de 1a séquence qui met en scène J-e rappor',
tiu héros avec /1ea1ya bent lmensur/: une narque qui anticipesur 1'échec de cette derrrière dans son duel avec 1e héros avanr
même gue ce duel soit raconté dans Ie récit,.
Se1on ces premières remarques sur 1'usage de "yeux" par
1e conte, nous pouvons présumer qu'i1 est possible de
reconstruire un fonctionnement sémantique dans un certain sens
à définir. Rendre 1a vue à la vieille dans ctz par exemple,
e'est 1ui éviter Ia noyade en lui accordant 1e pouvoir se
déplacer vers Ia colline; autrement dit, sans la vue, Ia
vieille n'auraj-t pas pu se déplacer pour ne pas subir l'effetdu âetug" prédit par 1es saints. plus expricitement, une
1 citonsbqa y.fuf / (arregarder).
entre autres 1e: i1 se couvrit,
C38: /GeTTa eIa ras-u (wejh-u) wla tête ( Ie visage ) et se mit à
L17
paraphrase de C331 nous fera retenir gue,'ôter 1a vue,,est1'équivalent de "donner 1a mort"; de même, dans CL2, "donner
1a vue" serait comparable à "donner 1a vie" en ce sens que
"vue" et "vie" sont parfaitement rapprochables: vue = vi€. De
f il- en aigui11e, orl peut, darrs ce sens, reprendre f idée selon
laqr:eile les enfants reiativement aux p*runt"2, pâr
f intermédiaire du mariage, est comparabre à une vie symbolique
aussi bien pour Les uns que pour les autres selon une valeursocio-cu1t.ure11e.
IIous venons cle sélectionner "yeux" qui s'associe par un
serrs lexical à "cheveux": parties du corps. Néanmoins, par ce
sens, ie rapport de ces motifs à rzre / mort au même titre que
"végét,a1" dont. i1 a été suffisamment débattu, Êê s'expliquepas.
Réurrissons quelqlles donrrées de noLre analyse. D'abord, on
sait que 1e rapprcchement dans une configurat,ion discur-sive
errtre "vue" et "vj-e"., apparemment problématj.que, est attestépar un usage 1-inguistique social dont, 1e consensus esï.
mat /lIr(lIL:
/iihudl giee 1-u 1-einin vr xella-h ga1 l-u safl Druk rahârr 1e juif iui arracha les yeux et l'abandonnai i1 seça y est/ 1à, i1 est mort).
2 D"ns notre thèse de 3e cyc1e, nous avons déjà rencontréce phénomène dans ci: 1a séquence narrat,ive de la perte deLel1a ( 1'ogresse s'empare d'e11e ) est une expansj-on du motifqui apparait scus une forme qualiflant ra mère ( /tt,a6erGait / :borgne) dans 1e sens où ce qualifj"catif anticipe au niveau dudiscours sur 1e cont,enu ce 1a eonfiguration con.t, nousretiendrions au niveau narratif "1a perte de 1'enfant" et auniveau t,hématique ( ie thématico-narratif de J . courtès )1'af f ectation de cet,te dernière à 1a mort gui, invest.ie dans1a figure actorierte (1'ogresse), réfère par 1à même au trait"sarrs vue (borgne)". Dans un sens para11è1e, dans c4, c6 et,c34, 1e héros ôte la vue à 1'ogresse avant de 1a tuer; en fait,ici , la mort de 1'ogresse n'est qu'une expansion de1'aveuglement.
1
(
118
const,ruit, par 1e conte. cet usage linguistique s,actualise dans
des énoncés comme, pâr exempre, /wlad-i eini -ya/ ( ar: mes
enfants scnt "ma boussole, mon guide,,1, traits que nous avons
déjà rencont,rés dans cl2 à propos de 1a vue dont, la relationde contrariété pose la céclté comme ce qui va avec 1a mort, ranoyade. ceci serait suffisant pour expliquer les rapportsconstruits par 1a configuration; mais relativement au
"végétal", i1 faudrait situer 1a question dans 1es ressortsinternes des configurations des contes.
En reconstituant certains détails de not,re approche, nous
fêpfeilohs:
1. 1e mariage relativement à "vie / mort" :
f ertilité : vie : : stéri1it,é : rnort (1a f ertllité est à lavie ce que 1a stéri1ité seralt à la mort)
2, f a vie relativement au végét,a1:
vert r vie i: sec : rnoft (re vert est à 1a vie ce que 1e sec
est à 1a mort).
En somme:
fert,ilité eL vert : stérilité et se'c :: vie :
fert'iI1té et le verr sont à la stériIité et au sec
vie est à la mort),
mort (
ce que
1a
1a
Intégrons à ces mises en relation "vue
vue : vj.e : ! cécit,é r inort ( la vue est à
cécité est à Ia mort,).
" et "céci_té"t
la vie ce que 1a
Tenant, conpt,e de I'univers mythique (cf . p. trgT , n. A- )
où "végétar" et "hunain" sont deux isotopies contradictoires,
1 voir M. BEAussrER, op. cit.
1
119
i1 s'avère que 1a f ert,i11t.é (engendrement des enf ants comparé
à "yeux" = vue (attest,ê ) ) et 1e vert du végét,al , sont à Ia
stérilité = cêcité (non att,esté mais lmplicit,e) et au sec du
végéta1 (attest,é par Lln sens f iguré {cf . /xefba/ p. tt0, n.1)) ,
ce que la vie est à la mort.
ün résumé sous f orme cl'homologat,ions se présentera comme
suit:
fertilité v1e
stéri11Lé no rt
ve rt v1e
sec mo rt
fertilité + vert v1e
stérilité + sec mort
vue v1e
cécité mo rL
fert,ilité+vert+vue v1e
stérilité+sec+cécité norL
+ : les associat,ions
dans notre corpus et
de traits, dont
dont d'autres
certaines sont actualisées
restent théoriques;
====> : 1es sommes sont ces
configurations des contes.
associat,ions sous-jacentes à des
L20
ces homologations nous amènent, à rendre compte
partiellement des conditions d'inscription dans 1e discours
narratif des isotopies contradictoires sous l,angle de notreét'ude pour qu'ensuite l-es unités qui s'y rapportent soientappréhendées comme motifs du conte. Ainsi,
cheveux + verdureI
{zqsill, trbie
cécit,é
Mar
--Mo
rt
Àux partles du corps, relevées dans notre corpus, s'âjout,e
1'occurrence de "1èvres" substituée dans le c24 à "oeil',: au
premier soldat, 1e héros arrache un oeil i au second, 1es
Ièvres. A 1a vue se subst,ltue la parole. partant de vue Ê vie,i1 faudra garder 1e même plan cle lecture exigé par 1a
subst,itution. une précision doit tout de même être f ait,e ! au
fond, L' acte d"'arracher un oeil (un seul)" et "1es rèvres"équivaut à 1a perte partielle de 1a vue et de la parole. 11 y
1tq
seI
rt I'alII
t
I
IIIII
Humain Vé qéta1
yeux
fertilit.é
StériIité
a bien lieu de préciser ce
selon:
- / eewr-al ( ar: borgne ) dit en
signifie aussi aveug1e1. Par cette
d'utilisation de /e.in/ et /fnayef/s'éclaircit:
1 À notre connaissance Iede t,ermes pour distinguer conmeet aveugle (lema/ et /bSir/).
!21
fonctionnement dans notre conte
berbère /0aoerGalt/ suipréclsion, le contexte
(ar: lèvres) dans 1e C24
berbère znassni ne dispose pasen arabe entre borgne (/ewet/)
- un oeil arraché = "non vue" qui implique J.a cécit,é; non
vue {borgne) = non vie;
- les lèvres arrachées = "tlon ioquacité, non paro1e" , qui
implique le nutisme; non parole = non vle.
Toutefois, cês j-ndications basées sur des Éens lexicaux
n'assurent pas une assise opératoire pour homologuer "l-èvres",
par f intermédiaire de "paro1e", à "vi-e". Évitons Le terne de
connotation.
Pour peu qu'on prenne une certaine distance, i1 apparaLt
que cet,t,e occurrence peut être étudiée relat,ivement à d'autres,notamment à ce1le de /1-fumm/ (ar), /aqemmum/ (ber: bouche)
dont 1a récurrence n'a pas besoin d'être soulignée. Précisons
noLre proposlt,ion en prenant le C14 comme référence
d'utilisation de "bouche" comme motif.
Dans ce conte, 1a bouche de 1'héroine esL un contenant
d'une bague empoisonnée, otr si 1'on préfère, imbibée d'un
122
poison, eL tant que cette bague est contenue par 1a bouche de
1'héroine, celle-ci demeurera disjointe de 1a vie'
Par ail1eurs, otr Sait que "parole" que nous venons
d'éVoquer à prOpos de "1èVreS" se maintient dans "bouche" eL
que "bouche " s'associe dans , entre autres , Ie C33 à
"nourriture"l. CeS deUx fOnCtions s'aetualiSent dans 1e CL4:
la bague mortelle cause la mort provisoire de 1'héroine au
moment même où cel1e-ci s'apprête à réparer de 1a nourriture2'
A cet égard, le C? sera plus explicite: i1 propose 1a
possibllité de maintenir f idée que "la faculté de parler" el
" 1a nourriture" sOient actualisées dans 1a Configuration
discursive par 1e motif de 1a bouche. Ici, 1a paroie esi
conditionnée quant à sa réalisation par Ia régurgitation d'un
morceau de viande3: d'un point de vue sémantique, ceci rejoj-nt
1e parcours évoqué dans C14 où, pour retrouver la vie, la filie
doit régurgiter 1a bague. Dès ]ors, selon cette structure
syntaxique, 1a parole relativement à "IèvreS" et à "bouche",
esi parfaitement homologable à "vie". Ceci dit, sous un auire
ang1e, peuÈ-on confier 1'étude de f investiSsement sémantique
dans "bague" et "morceaU de Viande" par 1a SUbStitutj-on de
l,une à 1',autre, à cette structure syntaxique qui leur est
1 /drr l-u vraped j-jeGma Gi weSSei-ha l-u 1-1-fumn/ (ar:il }ui donna une gorgée d'eau qu'iI lui fit à peine parvenirà la bouche ) .
2 /^!n tebci TTeyybi diri had I-xatem f i-f emm-k/ ( ar:préparer de laIorsque tu t
nourriture ) ,
3 /r-mra1a fenme se(/jeIda/)).
'apprêtes à faire la cuisine (àmets cetLe bague dans ta bouche ) .
TaHet b-fumm-ha waHed j-jelda w bqat t,ehDer/ (ar:mit à parler lorsqu'eIle vomit un bas norceau
sous- jacente dans une
Expliquons-nous.
L23
configurat,ion supposée comme te11e ?
Notre approche nous a conduit à supposer que si 1e morceau
de viande régurgité équirraut à 1a récupération ie 1a facuitéde parler, 1a parole ne diffère pas de l-a vie retrouvée après
1a régurgitat,ion de 1a bague , et qu'en même t.emps , 1e morceau
de..riande et la bague sont substituables 1'un à J-'autre par un
rôIe thématique de 1a bouche qui leur sert de contenant. ce qui.
semble assez problématique est 1'uti.iisatlon de 1a bague dans
un parccurs figuratif thémat,isabie en ce quj. esi susceptible
d'être attaché à 1a bouche, À 1a limite, 1e morceau de vian,ie,
on peut 1ul admettre 1e t,rait, "cctlsommabie" ou "ncn
consommable" ; mais pour la bague , L'étude de ses effetssémantiques -même si 1e conte particuLier dit que 1'héroine mei
Ia bague dans sa bouche au moment où elle s'apprête à préparer
de 1a nourrit,ure- semble en état, de crise: y a-t-11 un rapport
qui permette d'associer "bague" à "nourriture"? Ce rapport ncus
sembl-e pratiquement impossible à reconstruire.
Vue sous cet ang1e, 1a bague ne devrait pas être ditefigure substituable à "morcêau de viande " ; et l-a vie
conditionnée par 1a bague n'est pas à mettre sur le même plan
de saisle (valeur ) sémantique que ce11e invest,ie dans "parol_e " .
Dans ce sens, i1 doit y avoir plus d'une voie d'interprétationqui ne s'appuie pas sur les seules manifestations de nos
unités, car ce gui nous intéresse est ce quelque chose, un "je-ne-sals-quoi" qui nous ramène à f idée initiale selon 1aque1le
1'empoisonnemenL, en soi, ne peut en principe affecter que ce
qui est consommable. 0r, le récit utilise la bague au lieu d'un
L24
objet consommable. A ce niveau, iI semble que ce n'est plus 1e
plan de manifestation des figures qui importe, mais bj-en plutôt
celui des configurat,ions qui assurent dans 1e discours une
construction d'effets en provoquant ou en convoquant ces
figures: d'un côté, 1es rô1es figuratifs sont semblables à ceux
assumés par un anti-sujet €t, de 1'autre, 1a cohërence
textuelle eL narrative à 1a manière d'une "mémoire" de discours
selon 1'expression de Greimas, intervient dans ces
conflgurat,ions pour assurer "le chrono-loglque" des récit,s. En
d'autres termes, 1a bague maintient 1a cohêrence du récit qui
met, en scène /lihudi/ (ar), /t)6ay/ (ber: juif , marchand de
bijoux) utilisé par 1a marâtre qui programme 1a transformat,ion
disjonctive de 1'héroine avec 1a vie: Ie maintien d'une
isotopie dans ces rapports assure la cohérence du récit au
niveau de 1'armature et de 1a structure de 1a séquence
narrative de notre conte.
Un procédé analogue est utilisé dans Ie C7: si on se
souvient que 1'héroine est présentée dans 1'espace de 1a forêt,
et qui plus est, e11e est déguisée en gaze11e, i1 sera plus o1-1
moins adéquat, que soit ut.ilisé 1e morceau de viande
relativement à cet espace dit "nature1" 1. Mieux encore ,
-puisque 1a régurgit,ation s'est avérée nécessaire , 1e morceau
de viande est jugé comme "non consommable" culturellement:
1 R"pp"lons que 1'héroine se déguise en gazelle et quepour que ce déguisement soit, efficace, i1 faut qu'e11e perdeI'usage de la parole par l'intermédiaire du morceau de viandeavalé i ceci explique 1e pourguoi de la régurgitaÈion pourréint,égrer 1'espace cuIture1.
125
peut-on dire qu'i1 comporte 1e trait, "cru" que laisse supposer
1'espace naturel de la forêt ?
En tous Les cas, la cohérence interne à chacun des récits,
se trouve à la base de 1a distribution des figt-rres dans des
parcours de configuraiions gui, dès lors, ûÊ sont pas pour
autarrt sensiblement distinctes ou éioignées les unes des
autre s .
Pour expliciter ce point de vue, prenons \e C22r La bouche
y est utilisée en rapport avec I'oubli. Écoutons le récit: dès
que 1e mari de 1'héroine (fi1Ie du géaie) est embrassé par une
femme, ceci provoque un élat (f1 oublie son épouse); celle-ci
est mise en quelque sorte dans 1'univers du non-sor:venir, une
f orme de mort qui re joint celle que nous avons dé jà reler."ée.
On voit, bien que d'un côt,é, Iâ bouche associée au ba j.ser
fonctionne autrement que ci-dessus au niveau de 1a
rhémat.1sation, mais , d'un autre côt,é , 1'oubli causé par 1e
baiser sur 1a bouche, auaueL$g est sous-jacente une isotopie
( appelons-1a "passi.on" ) , rejoint par f implication de 1'oub1i
Ia perte partielle de Ia vue ou de 1a parole.
En gros, nous avons vu que Ie faire qui assure ia
conjonctj-on du sujet, avec 1a parole etlou la vie, exige une
disjonction préalab1e entre 1e sujet et 1'objet représentés
respectivement par "femme" et "morceau de viande, bague". Pour
1e C22, i1 en va auLrement, le baiser ne peut être considéré
comme objet dont 1e sujet, (mari) peut se dlsjoindre: 1e récit,
exploite 1e statut même de 1'épouse pour annuler 1'oub1i. Cecl
dit, quelles que soient les mises en contexte de nos figures,
nous pouvons toujours y reLenir la vie conme investissement
L26
dont le sens se laisse appréhender par sa relation avec Ia mort
suivant une structure éIémentaire. Dans chaque parcours, seront
notées des ut,ilisations particulières des f i-gures, ce qui
assure 1a part,icularité et Ia singularlté à chaque conte au
niveau, pâr exemple, de 1a thémallsation; mais pour que
1'exploitation de ce niveau soit approfondie, i1 faudrait,malgré les différences apparenLes, y repérer des régu1arit,és
syntaxiques et sémantiques sous-jacentes à 1a configurationdiscursive.
Posons comme point de .départ, pour 1'élaboration d'un
schéma ce qui sous-tend nos parcoürs: autour de 1a bouche son-L
orgarrisés le baiser et 1'union conjugale dans C22, 1e morceau
de viande et la parole dans C7, êt enfin, ia bague et 1a vie
dans C14. La configuration exploite ces "Lraces" figurativesde parcours partlculiers de 1a manière suivant,e:
cL4 c22
Vle = union conjugale
de viande ( /jelda/ )
N.B. Le jeu des rapprochenents sénant,iques reconsidêre lesparcours figuratifs et, -les particuTarités des récits au nond'une configuration discursive de contes dont, la constructiande sens se résune par vie â union conjugale, laisant par 1à
j\
I,lIr
)
l\,
" bai se r"
I
I
J
" bague "
t
I
+
1"paro1e"tI
morceau
c7
1.21
signifier "bague", "baiser", "/jelda/" -dontt en plus de celuidé jà signaTé , Mercier signale: "nenbrane"- et "paîo7e" ,associables sans exception au not,if de Ja bouche.
Si nous nous cont,entions cles cas des occurrences examinées
lusque 1à sous 1'angJ-e de yie / mort, nous devrions signaler
que finalement 1a composante de figurativisatir:n en vue de
constructions de configurations discursives, investj-t les
unités de 1a langue utilisée de manière à ce que ieur étuoe
doive prévoir Les moyens d'al1er au delà des apparences du
niveau de leurs manifesLations. I1 est peut-être exact qu'à
première vue, rien ne permet 1a prévisibr-iité de rapprochet: et
de ramener ces "unités-figures" à une t,hé:natisa1:ior: cli:i
entret.ienne un rapport avec vie / mort, mais ceci est au f onci
dt au fait qu'une ôccurrence -prenons 1a bouche comme exernpie-
récurrente (motif), bien qu'e11e soit mise dans des contextes
dits cians des parcours dlfférents, e11e déc1are par un procédé
mét,onymlque qu'eIle réf ère à un su jet, dont 1e devenir se résurne
par 1'acquisition ou 1a perte d'un objet de vaLeur dcrri
f invesLissement se superpose aux divers horizons séman'f,iqi:es
que propose f isotopie de 1a vie l/ mort). C'est ainsi que 1a
bouche réciame un rô1e dans une configuration où 1a passion
sera dite dans 1e baiser et 1e souvenir: 1e iien passionnel
cesse d'occuper 1'univers cognitif du mari vls-à-vis <ie sa
femme par 1a transgression de f interdictionl: 1e conseil par
1a parole cesse de gulder 1es act.es du sujet (mari) au moment
même où le siège (1a bouche) d'extériorisation de 1a parole est
1 /".r 1ba1 ml x-k Ga sellmen qawqemmum/ (ber: f ais attent.ion qu'on ne tbouche ( sur 1es 1èvres ) .
y a x-k sellmen 6i'embrasse pas sur 1a
728
visé pour être embrassé; d'où, L' oubli du lien conjugal et
passionnel (une forme qui remet en cause la vie (conjugale) ).
Dans un sens plus généra1, nous pouvons présumer que 1es
cccurrences diies "parties du corps" sont qénéral-ement
ut.ilisées dans des conLextes qui les soun'rettent à des
fonct.j-onnements qui entretiennent entre eux des rapports
sémantiques dont ies axes sont isotopes. Ce caractère isot,ope
est, à un niveau ou à un autre, âssuré par une organisation
syntaxique et sémantique 1 "o**" nous avons essayé de 1e
mcntrer. Dans cette perspective, 1es substitut,ions souvent
relelvables dans des parcours dont ia structure syntaxique esr
id.entique, quel1e que soit la fiEure dans 1a configuration,
sont tout à fait possibLes non seulement par 1a struci.ure
syntaxique mais aussi par ieurs investissements sémantiqr.ies qui-
ne dépendeni pas de leurs sens lexicaux à proprement parler,
mais de l-eur f orce de rendre i-ndif f érentes 1'une oLl 1'autre
apparitions d'unités pourvu que 1'obj ectif ( La valeur
sémantique) soit atteint; 1a muÈi1ation, par exemple, (arracher
Lln ceil , des 1èvres , un bras , 1e nez. . . ) est prise comme
prétexte pcur ciéclencher "un connecteur" narratif et, discurs:-r
pour établir un contrat entre 1e héros qui mutile 1e solda-u,
eÈ 1'adversaire / 1ealya . , , / , Tanl qu' i1 s'agi1: de parties
physiques, 1es substitutions sont toujours possibles par ce qui
1 A ce propos, rappelons que 1es configurationsdiscursives " occupent une organisation syntact,ico-sémanËiqueautonone (et) s'int,ëgrent dans des unités discursives (contes,versions et variânËes ) pius Targes en y acquérant (, . , ) dessignificat,ions fonctionnelles correspondant au disposititd'ensenbTe" , A. J. GREIMÀS et J. COURTES, op. cit. art."Configuration".
129
les affecte: Ia mutilation dont le conte se sert pour des finsde narrativisation et, de discursivisation. c'esL ce qui doitfaire franchir à toute analyse du conte le seuil du lexical,et c'est aussi, à ce titre que Ie conte, disposit.if d'ensemL-rle,
par " -Ie.s conf igurations qui acquièrent des signif icationsfonctionneTles qui lui correspondent" n'est jamais "§t,éril-e"
ou "stérilisant (?)" dans 1e choix du lexique à condlt,ion que
1a structure syntactico-sémant.ique légitime ou apprivoise
1'utilisation d'un "mot" à 1a piace d, un autre. L, aspect
eonfiguratif est ici forcément sous-tendu par un fonctioniiement.
énonciatif relatlf aux prccessus de génération du discours
rrarratif (re rëcit-conle ) . Àutrement dit, darns ie conte, lenj-veau discursif présuppose que 1a eomposant,e sémantique
bénéficie d'une cohérence assurée par les isotopies structurées
syntaxi quement .
2. L'aninal et l'hunain: étude de cas
Dans cette partie, nous nous sommes int,éressé au cadre
spat.ial et aux représenlations actorielles mlses en scène, d.ont
1e t.ralt est "animé humain" . I1 est peut €tre tenps C, y
intégrer une étude sur 1es représentations qui ont pour trait,"1'animé" autour duquel un champ peut être é1aboré à I,aidecl'occurrences relevables dans 1e corpus. ces occurrences sont
nombreuses ; rlen d'étonnanL. En plus , leurs contextes
ft,tr.'
F,
I
i;I[r:
130
'permettent d'ét,abIir une crassif ication gui s'appuie sur des
régurarités syntaxiques et sémantiques. ces régularit,ésentretiennent des rapports de tissaEe dans diversesconfigurations. c'est, pâr exemple, selon certaines relat.ionsentre la f igure actorlelle ciit.e /yis/ (ber), /eewd / (ar;cheval) et 1a figure aclorielle représentée par 1'humain, euê
nous pourrions analyser 1a première dans 1e cadre de !arubrique déc1arée. ces mises en relation avec 1e sujet (roi)sont, si récurrentes qu'i1 nous est impossible de les reprendre
toutes. En gros, 1e cheval est un bien du roi; au nombre de
sept,, i1 reçolt un t,rait dont 1e caractère dû au chiffre eËL
merveilleux. En t,ant que monture, i1 est réservé à ceux dont,
1e rang social est particurier; s'il n'est pas un bien du roi,i1 est, proprlété d'un héros. Dans 1e c1g par exemple, le sujethumain ne bénéficie de cetle monture qu'à ra fin du parcollrc
de 1a vengeance vis-à-vls de /rihudi/: 1e cheval fa1? alorssignifier 1a réussit,e de 1'épreuve, étape qui coincide avec ler€tour au vl11age et, 1a réalisation de 1,être-héros.
Relat,ivement à ce contexte du cheval, le c27 en propûse
un autre: cQ serait une monLure accordée à 1'héroine.Toutefois, quand 1e choix entre un cheval "borgne" et un autre"normal" est proposé à 1'héroine, ce11e-ci choisit 1e borgne:
ir senbre -par ce choix comme nous 1'avons dit- que 1,héroinese reconnalt comme sujet qui ne doit pas choislr 1e cheval"norma1". ceci, dirait-on, ne rerève pas de ce qui lui seraitpermis. cett,e reconnaissance, comme savoir, est 1,unique voiequl lui permeÈ d'obtenir à la suite du choix un chevar dont ravaleur ne diffère guère de celle du cheval du roi ou du héros.
131
Implicitement, nous pouvons supposer gue 1e conte fait valolrf idée qu'un cheval ne peut être monture pour Ia femne au même
ranq gue 1'homme-roi et/ou héros sauf si cette femme admet cet
"ordre des choses", ce dont 1e C2'7 semble rendre compte; 1a
fi1le (soeur de 1'héroine), ne connaissant pâs cet ordre et
n'ayant pas ce savoir, obtient à la suite du mêrne choix proposé
un cheval borgne.
Un autre point, de vue dira qu'indifféremment, à 1'homme
ou à la femme, 1e cheval sera accordé comme monture solls Idcondit,ion d'une conjoncticn avec Ie pouvoir qui gère 1a
construction de r'être-hëros ou héroine. rl s'agit dans ce cas
d'une articulation nodale présupposée qui priviléqiera, Ên
déf initlve , 1e pouvoir sous- j acent et condit,iorrriâni
1'afflrmation de I'être selon deux voies qui distingueronr
enLre 1'homme eL 1a femme (nous y reviendrons ci-dessous).
Darrs le C31, le cas contextuel particulier de '"cheval'l est
assez signlflcatif: 1e mari loue un cheval dont sa femne se
sert pour a1ler rendre visite à sa mère; autremenl dit, encore
une f ois, i1 serait dif f icile d'admett,re qu'une rel.at, j.on
direct.e puisse s'établir entre 1e cheval et 1a femme, car Le
chevar y demeure une figure dont.1a valeur esÈ précisément
modale âu sens où cet,te valeur ent,retienL une relat,ion avec ce
qui qualifi.e 1'homme de / aryazl au sens berbère: 1e mari ,
1'homme noble , êrr tant que t,rait qui accorde au suj et ]a
monLure-cheva1.
En généraI, la monture accordée à Ia femme est une mu1e,
ut,ilisée aussi pour diversês charges. En comparaison avec Iecheval, monture à 1aque1le est attribué 1e trait "nobIe',
132
conf ormément au st,atut de celui_ à qui e11e accordée , / 1-bec1a/ou /L-bGeL/ (ar), z0aserdunt/ (ber: mure, mulet), est -c,estdu moins ce que nous relevons dans les cont,elit,es de
1'occurrence- une monture réser.'lée indif f éremment. à 1a f emme,
aux charges ou encore aux ogres mis dans des sacs ettransportés ( cf. c34, c39 ) . Dans ces contextes, 1es charges
sont mises sur le même plan que la femme consldéréeparticulièrement comme "objet" transportable par l_a mu1e. par
1à, i-1 semble que l-a f emme est, af f ect.ôe par une rraleur dont 1a
qualificat,ion est dépréciative par 1e falt même que 1a monture
qui Lui est réservée ne jouit d'aucun trar-t homologable ou
rapprochabl-e à cerui du cheval. plus encore, si on consldéraitQUê, Se10n les ccntext,es de notre occurrence, la femme est mise
sur ie même plan que les charges transport,ables comme 1es sacs
contenant des ogres / 1a valeur dépréciative serait plusaccentuée par 1a flgure "ogres". N'a11ons pas plus loin/ nos
contes peuvent, remettre en cause cette voie d, interprétat.i_on.En effet, Ie c39 indique qu'un cheval esr acheté par une femme;
i1 est évident que dans ce cas, 1'achat présuppose quelques
conditions -un statut modal- que nous développerons par lasuite, mais Le fait, est Là.
Résumons. À un niveau syntaxique, 1es charges ont, un même
rôle que cerui de 1a femme en relatlon avec le cheval loué par
1e mari dans c31. rci, la femme serait diie -que l,expressionnous soit parclonnée- " choséi-f iée " ; mais cette qualif icat.ions'annule lorsque, notamnent dans c39, Ia fi1le, en acheÈant un
cheval , sê met en position d'appropriation de ce dernler.Toutefois, 1e conte préclse que seul re passage par le
133
déguisement de cette fille en honme lul pernet cetteappropriation. c'est ce qui explique l'exception de conjonction
entre 1a femme et 1e cheval1. sinon, 1a femme mise en rerationavec 1e cheval serait à consiciérer -toutes proportions garoées*
sur Ie même plan que 1es objets ou 1es charges llransportabLes.
En tous cas, 1'utilisat,lon récurrente de la mule dans ces
cont,extes semble intéressante à retenir. Tout donne lieu à
penser qu'une ciimension appréciat,ive / déprêciatlve sépare
1'homme en conjonction avec 1e cheval et 1a femme enconjonction
avec 1a mule, sans tenir compte des cas exceptionneis t,els que
celui de c39 puisque 1'ordre des choses y est impllcite,Néanmoins, notre seul critère de faire jouer des
rapprochements entre montures (cheval et mule ) ei image*<
relatives à L'homme et, à Ia femme d'un point, de vue êvaluateur,reste lacunaire, voire arbitraire. r1 faudrait examiner
1'évaluation en quest,ion sous d'autres angles el à d'auLres
niveaux pour asseoir de manière satisfaisante et non lacunaire1a manj-ère dont 1e conLe construit des représent.ations sur
1'homme et 1a femme2, car 1a lecture que nous venons de
proposer est restrictive.
1
savoirque 1'1e C27
Rappelons que ce déguisement nécessaire se rattache auen tant, gue reconnaissance de "1'ordre des choses', pour
obtention d'un "bon cheval" par 1'héroine ait, lieu dans
2 A ce propos, nous aurons tendance à priv11égler pourl'examen de ce volet les séquences où 1e rapport homme / femmeest mls en scène de manlère beaucoup plus représentative que1a simple mise en rapport, de figures terles gue "cheval" et"mure". ces séquences sont précisément cerles où i1 estquestion de mariages (cf. notre troisième partle).
..._...T
134
Dans 1e cadre de ce rapport, une question s'impose: 1es
occurrences constitutives de 1a rubrique de 1'animal sont-e11es
toujours mises dans des contextes où 1'humain est mis en scène?
Pour répondre à cette question, i1 faudrai'u examiner et
reprendre chacune des occurrences de 1a rubrique. Prenons par
exemple ce11e de /1-Hu1i/ (ar), /lzmer/ (ber: mouton) qui nous
paralt intéressante dans la mesure où ses conLextes montrent
qu'e11e fonctionne comne ce qui se fait substj-tuer à 1a fi11e
répudiée par Ie père ou la mère eL destinée à être égorgée: le
C7 et 1e C29 , entre autres récits, en donnent un exemple. C'est
dire que la vie de 1a fiLle dépend de 1'égorgement du mouton.
Ce rapprochemerrt entre 1'égorgement du mouton et la vie de
1'humain (f111e) se retrouve déjà dans CL: 1e père égorge un
mouton à Ia suit,e de quol son fils est régurgit,é par
1'oi"u"u1.
Contentons-nous de ces deux exemples pour montrer que
1'égorgemenL du mouton est un€prescription qui rend possible
la négation de Ia mort de 1'humain pour le maintenir en vie ou
pour lui rendre 1a vie provisoirement n1êe (cf. C1). En fait,nos exemples sont récurrents dans 1e corpus, chose qui rend
fonctionnel I'égorgement dans une configurat,ion discursive2.
1 Voir les séquences du retour de Leila et son cousin dela montagne vers le village et du père ayant égorgé un moutonpour 1'offrir aux oiseaux (aigles) dans notre traduction de Iaversi-on.
2 Citons entre autres:C7 z / 1-eebd dbeH waHed 1-HuIi f-blaSt bent 1-malik/ ( ar:1'esclave égorgea un mouton à la place de la f11Ie du roi);C18: /mf aw 1-xxut, debHu waHecl 1-Hul1 (waHed j - j ru ) w 1-bent,eTaw-ha 1-fL nas yrebbiw-ha/ (ar: 1es frères égorgèrent unmouton (un chiot,) et confièrent Ia fille à des gens pour
(suite... )
135
Ce caractère fonct,ionnel s'actualise selon deux cas dans 1a
conf igurat ion:
1. Ia conjonction entre 1'humain et 1a vie sans que soit
présupposée une mort définitive (effective), exige l'égorgement
de 1 'animal domestique ( mouton , chiot, lapln , 1ièvre ) ;
2, inversement, dans Le C24 , 1'usage de 1'égorgement d'un
mouton est dans 1e Sens de valider 1'égorgement de 1'humain
( Ies brus ) : 1e beau-père de ces dernières fait égorger Lln
mouLon gu'i1 falt imprégneI de se1 -motif sur leque1 nous
reviendrons- et le soir, i1 rassemble ses fiLs autour cie cë
mouton; ensuj-te r i1 ordonne à Çhacun d'eux d'égorger sa
femme. . .
Ici, 1'égorgement propose une inversion de fonctionïleffiê11t
dans 1a mesure où dans C1 et C7 par exemple, c'est par
)-'égorgement que S'annule dans le programme Ia mort visée pollr
être att,ribuée à 1'humain, alors que dans le C24, 1'égorgemenL
des femmes dans 1e Programme est vaiidë par 1'égorgement
préaIable d'un mouton
1',
1a
Si nous faisons provisoirement abstraction de C1 pui§que
humain n'y est pas dest,iné à 1'égorgement dans 1'espace de
forêt, nous verrons que f inversion se réa1ise selonl
1. C24r égorger un mouton pour ordonner I'égorgement
femmes fait du premier acte ce qul valide 1a réalisatlon
des
de
.\'(,,.suit,e)
I'é1ever ) ;
C29 z / L- €bid ddaw 1-bentxellaw-ha/ (ar: les esclaveset êgorgèrent un mouton à saC? : /xu-ha ma sxa / bi-ha w
1e frère ne put égorger saIièvre (un lapin) ).
debHu waHed 1-Hu1i w
la fille dans la forêt
I-rneb (1-gnina)/ (ar:égorgea à sa place un
I - 1-Gaba ÿ,
emrnenè rentplace ) ;
dbeH waHedsoeur; iI
136
1'ordre: iI y a ici un ordre chronologique dans Ie sens où le
premier acte doit, nécessairement précéder 1e second ( 1a
performance -égorgement, des femmes- exige et présuppose une
compétence par J-'égorgement du mouton);
2, C7 , CL8, C29 crdonner 1'égorgement de 1'humain
(1a fi11e) sans que cela solt préalablement validé ou rendu
possible par 1'égorgement d'un mouton, est transgressé ; êt,justement, 1e fonctionnement est tout à fait isotope en ce sens
que 1'égorgement du mouton dans cette configuraLion annule
celui de 1'humain (ia fil1e).
De ces deux remarques, nous déduisons que 1'égorgement et
1e non égorgement ne peuvent affecter l'humain que s'i1s se
soumett,ent, êrr tant qu'actes, aux conditions de 1'égorgement
de 1'animal (mouton, chiot,... ) dans Ie sens où c'est ce dernier
qui implique la possj-bi1ité ou f interdiction implicites
d'égorger 1'humain. Dans ce sens, nous arrivons à repérer ce
qui entre en jeu clans 1'êgorgement pour signifier Ia force de
permett,re l'acte de donner la mort ou de ie nier dans 1e sens
de 1e neutraliser.
Si 1a figure du mouton persiste par son itération dans Ie
corpus, iI sera évident qu'i1 s'agit d'un motif qui comporte
une charge cu1t,urel1e relative à 1'humain. Ceci dit,,.puisque
dans 1e conte i1 apparaS.t comme figure à laque11e peuvenL se
substituer d'autres (cf; chiot, 1apin, 11èvre) dans une même
configuration, nous pouvons avancer f idée que ce ne sont plus
ces figures qui importent, mais Ie résultat immédiat de
1'égorgement dans Ies parcours, à savoir 1e sang. Ce sera, êD
fait, cê résultat que nous devrions considérer comme mot,if
137
puisque c'est ce qul sous-tend 1es parcours quelles que soient,
les figures animales que nous venons de citer. Le sang sera un
trait invariant que nous considérerons, empruntons 1e terme à
J. Courtès, comme "noyau notiféntique". C,est aussi ce qui_
assure re disposiiif d'ensemble auquel est, sous-jacenLe une
struct,ure syntactico-sémantique. Dès 1ors, 1'égorgement, estloin d'êLre ramené à de simples "événements" de substitutionau niveau narratif de 1'acteur (fi1le) à une figure de traitanimal pour ra préservation de ra'vie humaine. l1 est aussi
loin de ne représenLer gue re rile qui rend permise raconsommation de 1a viande du mouton préparée pcur 1e dl,ner dans
le c24. D'une façon généra1e, i1 entretienl un rapport étroit-avec une initiation à la vie et à La mort dont, res
représent,atiorr"l dans 1e conte sont di:,,erses. pour ces
représentations, citons par exemple cel1e de z's-sabee/ icu
/s-sbue/, ar. et ber.: baptême, 1itt. le 7e jour) dans C2g qul
est,, en soi , selon une sémantique lex j.cal"e r ljil passage d, un
état à un autre par 1'acquisition d'un prénom: une forme de
vie. Aussi , 1'accès à un espace, apparemment impossible à
at,têindre dans C252, est rendu possible par 1, égorgement
(1itt,. "1'écoulement du sang d'un animal domestique,').
À ce niveau, nous devri.ons préciser que 1,égorgement se
précise dans nos contes selon au moj.ns deux cas,
1 C"= représentat,ions se manifestent par tout ce qui exige/t-Le,ergibal (ar), /aeerqeb/ (ber: sacrif ice d,un animal ensigne de soumission), voir M. BEAUSSIER, op. cit.
2 /n"1d l-malik dbeH waHed l-Huli... w dxul I-1-qSer / lartIe prince égorgea un nouton pour entrer dans 1e palals).
F
lm
,il,
rllir 138
1. 1'égorgemenL, dont nous retenons 1e sang conme motif,
est vu sous le seul angle du rituel (cf. C28);
2. 1'égorgé (1e mouton) cuit,, imprégné de seI et destiné
à 1a consommatlon -contrairement au mouton égorgé darrs 1a
forêt- est un parcours où uu investiSsement sémânt.ique s'ajoute
par rêpport, à celui du rituel; on y reiève des indications
d'ordre cultUrel sur 1a Consomniation ou La nourriture: "Cui-t"
et "Sa1é" Sont des traits aUtour deSqUels Une ouverture de
lectures peut êt,re exploitée caI ce sont des oceurrences
récurrentes dans notre corPus.
Par ai11eurs, i-orsque 1'anlmal égorgé n'es! pa§ un mouton
-prenons comme exemple 1a perdrl-x dans C25- le contexte situe
1 ' acte dans un cadre spat.la1 qul n'esL pas culture I et q'cii
conditionne généralemenL 1a conjonction Ou héros avec
1'héroiner 1a perdrix est porteuse d'un cheveu qui détient ia
vie d'un génie (feme1le) qui garde prlsonnière 1a femme visÉe
par 1e héros. Pour vaincre 1e génie (femelle), 1e héros dolt
égorger 1a perdrix,couper 1e cheveu qu'e11e garde conterru dans
ses entral11es1. . . Ici, 1a perdrix entle en jeu dans une
configuration qu1 s'apparenterait à 1a première s'i1 n'y avait
pas 1a mise en scène de 1a figure actorielle /l-eefrit,a/ (ar:
génie femelle), qui exige qu'i1 y ait, dans ceLte configuration
un effet, fantastique. Par cet effet, 1a substitution de
"perdrix" par l'une des figures gue nous avons déjà citées
1 Zgb"p waHed 1-Hei1a dbeH-ha w glee bi-ha Hejra w herres-ha w tga fi-ha /eera w geTTeÉ-ha v, we1la 1-dar 1-eefrita 1ga-hamiyyta/ (ar: iI (1e héros) attrapa une perdrix et i1 1'égorgea;ensuite i1 enleva de ses entrailles un caillou qu'i1 cassa;dans Ie cal}}ou iI trouva un cheveu qu'il coupa en deux aprèsquoi il retourna chez le génie (femelle) qu'iI trouva morte).
139
clevient, difficile pour 1es raisons investies dans 1a figure
même de "génie": plusieurs feuillets sont ici mis en contexte
pour proposer plus d'un plan sémant.ique dont 1a slructure
rejoint d'ail-leurs 1'organisation syntaxique. Ces effets ne
sont pas dûs à Ia seule figure (génie) car Ia ptrdrix est aussi
un motif qui appara1t. dans des contextes de dimension
fantastique; 1e C10 où e11e représente 1e paraLtre de 1'héroine
en est révélateur; mais 1à, i1 s'agit d'un contexte différent
de celui de 1'égorgementr cê qui gère 1a const,ruct"ion de La
configuration n'est pas Ie "sang" mais des associations entre
figures dont 1'effet est 1a métamorphose de i'humarn (fi11e,
femme) en oiseau (perdrix ou colombe). Pour en dire un mot,
1'utillsation du fantastique dans 1e conte s'appuie quel-que
part dans 1a configuration sur des traces 1j-nguist,lque de
1'oiseau, dit colombe ou perdrix, dans un sens métaphoriquel.
Bien enterrdu, ce sens est utilisé dans Le conte sel-cn deux
plans: tra métaphore en Èant que figure sert à Ces fins
d'investissement qui ne sont pas dlrectement ce1les du coRr-Ê;
mais ce sens est tout de même récupéré pour êt,re utillsé dans
url contexte fantastique intrinsèque à notre conte { son
actualisation dans la métaphore est SouS-jacente syntaxlquement
et sémantiquement à 1a configurat,ion).
En général, ce procédé narratif semble ne retenir que "1e
retour" de la femme-perdrix (colombe) à son état de femme
1 En arabe, cê sens est at,testé dans par exemple 1eschants populaires; citons entre auLres /1-mraH 1-eaIi vr j-jnangbal-u w l-Hmam yruj fi-weST-u/ (ar: près (en face) du verger,dans une cour dont les murailles Sont hautes, Ies fi1les sepavanent comme des colombes ) i en berbère, /Sasekkurg/: laperdrlx, est utilisée couranment dans ce sens.
,ü
flr
fi
t
140
qualifiée de be1le1 d"n" tous les récits où apparait 1a
configuration qui se résume par la perte êt, ensuite, 1a
récupération de 1'apparence physique d'une femme 9ui, à 1a fin
des contes, est souvent épousée par un roi.
Essayons d'en dire un peu plus pour mieux cerner 1es
contextes d'Utillsation de "1a perdrix" (ou cie "1a colombe").
Dans 1e CL0, "1'aigui11e", en tant que motif récurrent dans
d'autres contes du corpus, est ce par quoi 3e réa1ise 1a
métamorphose de 1a flIle en colombe. Comparativement à cette
métamcrphose, selon un autre contexte, fe C222 propo§e Ia
lecture d'une jonction entre "1e sur-humain" et "1'humain" par
f intermédiaire de 1a colombe. De manière plus précise: si dans
1e C1O "1a colombe" est en fait le paraitre de 1a fiIle {p !
colombe; ê : fi1le), dans Ie C22, e}]e est le paraltre Cu "sur-
humairr" ( fille du /ruHani/ ( ar: génie ) ) . Dans ce contexte,
commenL 1e conte réalise un arrangement entre f inveslissement
séiirantique dans "colombe" relativement à "1'humain" dans C10,
el le staLut actoriel des filIes dites /yessi-s uruHani/ (ber:
fi11es du génie)? I1 est évident que "1'aiguil1e" ne peut
assurer un quelconque rôIe dans ce conLexte du C22 puisque les
lsotopies sous-jacentes à 1a configuration où e11e fonctionne
syntaxiquement et sêmantiquement, sê limitent à "animal
1 A ce propos, rappelons que " 1a femme déguisée engazelle. . . " clans C1 peut -en tant que déguisement oumétamorphose- êt.re Iu sous cet angle: " gaze11e " re joint"colonbe" r "perdrix".
2 /r1* giouirin nni ô yessi-s uruHani ... ssersent trL!nsent dewlent 6 lxalaS/ (ber: cês colombes ét,aient en fait 1esfi11es du génie. . . elles déposèrenL leurs plumes et devinrentsubitenent des femmes).
sémantique dans "colombe" persiste dans C22.
A ce propos, de manière explicit,e -comme si toutes ces
questions avaient été prévues- 1e conte C22 r:LLlise /rrifl (ar.
et ber. r plumes) au lieu d"'aigui11e"1. Par 1à /rrLf/ rend
isotope 1e statut actoriel inltial ( fi11e de génie ) et le
slatut final ( f111e humaine par f int,ermédiaire du mariage avec
1e héros): /rrifl qui désigne métonymiquement 1a colombe {ui,à son Lour, cIésigne métaphoriquenent la beauté de 1a femme, est
un médiat,eur dans 1a t,ransformatj.on du premier statut au
second.
Sous ,un autre volet, "1e vo1" intrinsèque à "coIombe" (ou
percirix) n'est pas sans rappeler I'ascension au sens large du
terme, valorisée par une thêmatisation propre, comne nous
I'avons déjà vu, aux contes. La montagne dont, le fonctionnement
semble privilégj-er 1a réussite de 1'épreuve du héros dans CtLz
par exemple, renforce cel investlssement par 1e vo1 de 1'oiseau
au profit du héros dans C22. Le vo1 devient 1'élément qui sous-
tend 1a transformation ei, 1a mise en place d'un thème qui
subsumerait 1es contenusr inversé VS posé, si nous retenions
141
(colombe) t humaln (fi1Ie)";
1e parcours narratif du
confrontation du héros
pourt,ant,, f investissement
héros. L'épreuve dont la lut,t,e ou Ia
et de 1'anti-héros n'est qu'une forme
but, que celui d ' indique r 1e t,hème dereprésent.ative, n'a de
,t
'/yisi rri/ j. yi/t n teôbirâ TTareH TTameTTuO/ (ber: i1(Ie héros) saisit, les plumes de 1'une des colombes; celle-cidemeura femrne).
2 Zterrl yenna i wessar nni ayetJa a rruH aôrar a neqqelmani-s r{u x-s izemren/ (ber: 1'ogre dit au v j.eux: demain nousirons dans 1a montagne pour voir qui peut la détruire ( 1avaincre ) ) .
FT
Ë"
tiII
142
il initiation dont la sanction sous-jacente est lareconnaissance du sujet comme héros. ce st,atut est, du pointde vue actantiel, purement f onct.ionnel: comme dans l-e c1 ( à
prCIpos des cheveux de teila qui permett,ent au héros l,ascensionde 1a montagne ) , dans Ie cz2 , le vo1 de la colombe s'avère ce
qui rend perf ormant Ie héros pour bénéf icier de ce stat,ut,. 11
en est ainsi dans c3 et c24 dans ra mesure où /n-nser/ (ar;vautour) accorde au héros 1e pouvolr faire le voyage à traversles sept cieux en échange de sept perdrix sous forme de
contrat. La digression serait trop longue i nous préférons
réserver à cette conflguration une analyse plus détai11ée.
Quant à certaines autres unités que nous n'avons pas pu
intégrer ici, nous 1es étudierons ailleurs selon Ies exigences
d'organisat,ion de notre étude
3. Ouelqueg objets de consomuation
L'une des rubriques relat,ivement riche quant aux
occurrences qu'e11e comporte est cel1e que nous appellerons"nourriture". ce terne est, dit, /makla/ (ar) et /maLfa/ (ber)qui signlf ient aussi" 1 'al-imentation d'une f açon générale.
Nous ne reviendrons pas sur "1e comestibre" exigeant qu'i1soit cuit et sa1é (cf. p. t?+) mais partlcurièrenent, surquelques occurrences redondant,es dans re corpusr ra poBme par
exemple est dotée du pouvoir guérir lorsqu'er1e est donnée au
143
héros par / 1-muj erreb/ ( ar: Ie sage , 1'expérimenté ) ou par
/1-fqih/ ou encore, lorsque 1e héros dolt part,ir à sa quête au
de1à des sept mers ou au septième cie1... De prime abord, nous
constatons que 1es pommes ( ou 1a pomme selon 1es cas )
a1:paraissent dans un contexLe tiguratlf où l-'espace comporte,
d'urre manière ou d'une autrer une caractéristlque particulière:
un a j-11-eurs dont I'une des f igures le repréeentant est ia mer
dans c221. Dans ce conte, 1e héros esL soumis à 1'épreuve de
la quêt,e des pommes dont Ia fonction n'est pas Ia guérison
comme c'est 1e cas dans d'autres contes, mais 1'ati.ribution all
hércs rlu por-tvoi.r-épouser 1a f i11e <iu génie. Curieusement, Cans
ce parcours de 1a quête interviennent 1'égorgement et 1a
cuisson de 1a colombe pour rendre posslbie L'accès à L'es5,acr
(mer) et 1'acquisition des po**"*2. I1 semble que c'est cet'Le
cuisson qui rend culturel -du point de vue du hércs- 1'espace;
en quelque sorte, "f impossible à réa1iser" devient poss:-bIe
par cette voie comme pour 1e cas de 1'égorgemenL du moLltor-r à
faire cuire et à imprégner de se1 pour que 1'égorgement ries
f emmes soit permis selon 1e conte (cf . p. '1 35) .
Nous venons de signaler que " 1a pomme " apparaît cians l-a
configuration discursive comme ce qui guérit Ie roi malade. -sa
quête est explicitement assumée par un sujet dont, Le statut est
L /tt"ffaH n yiJt, n t,teffaHà ôegg idjn weôrar ôi lweSg l--lebHer/ (ber: 1es pommes d'un pomnier qui se Lrouvait dans unemorrtagne au milieu de la mer ) .
2 /*i Ga GerSeG 1 inan inu senw aysym inu aI Ga yeHDa ôRRwa RRwa nni yegga abri6 aI êateffaHÊ.../ (berr Çluand je meserai exécut,ée fais bien cuire ma chair jusqu'à ce qu'e11edevienne du bouiIlon... Ce bouillon jeté dans Ia mer fit unchemin jusqu'au pommier) .
t44
représent,é par 1e lien qui Ie relie au roi:1e héros est Ie
gendre du roi. ce lien se maintient dans tous 1es parcours où
entrent, en jeu 1a quête des pommes. Dès iors, cê motif peut
être rapproché plus de ce lien dont l'effet, se rapporte au
st.atut du suj et mis en scène ( héros ) que du simple sens
"comestible" par 1e roi pour permettre sa guérison. ceci esi,i'ailleurs f ac11e à comprendre par la lecture ô,e C22t 1e Eérrie
demande aLl héros de ramener 1es pommes non pas pour qu, e11es
servent à une quelconque guérlson mals pour sanclionner ses
performarrces en iui accordant, 1a main de sa fi11e. Àinsi, ce
t.hème du mariage avec 1a f ille du génie est soLis- jacent, sous
diverses f ormes, darrs 1es cont,es qui mett,ent en scène des
sujets humains: héros, roi, fil1e du roi. ceci- nous ramène à
certaines considérations à propos du mariage, de 1a fertil_itéet de 1'arbre fruitier, notamment 1e pommier.
contrairement à "pomme" dont f investissement ne vise pas
1'actuaiisaiion du Ërait "comestible" pour produire un ce;iaj.neffet. sémantiquel, "1es fèves" dans c1 ( 1e mari mange Les
fèves au lieu de les planter), est une figure qul fonctlonne,dans ce conte particulièrement, pour signifier 1a rupture du
lien conjugal: étant consommées par 1e mari, 1es fèves
n'assument plus leur fonction. r1 aurait fa11u qu'e11es soientplant,ées pour signlfier scus forme d'effet la fertillté et Ie
maint,ien du mariage en tant, que iien conjugal. Dans ce sens,
1e sujet, représenté par 1e héros dans 1a quête des pommes
1 l1 nous semble que ce sont Ies"mariage", "f ertilité", 'vie,', "vert". . .
f investissement sémantique de "pomme".
associations entrequi sélect,ionnent,
14s
réalise en général une ascension dans 1a montagne, dans 1e
septième ciel ou au-de1à des sept cieux oU, de manière plus
renforcée, dans Ia montagne qui se trouve au milieu de la mer,
alo::s que Ie mari dans C1 réalise une descente dans 1a grotte
où iI consomme Ies fèves: le mari est ici tout le contraire du
héros. Dans un certain sens, Ia consommation des fève*1 prt le
mari dans C1 est au fond un parcours nettement rapprochable de
1a négat,ion du statut du mari viS-à-vis des épousesr 1a rupture
du lien, dite explicitement dans le conte, est dite
implicitenent par "fèves consommées (mangées) au lieu d'être
plantées". A ce propos d'ailleurs, rappelons que La pomme dans
1'autre configuration n'est jamais consommée par 1e héros
puisqu'e11e est destinée, lorsqu'e11e est dite consommable, au
malacle ou à la f emme stérile; f isotopie sous- jacent,e, à savoi-r
1a vie par 1a guérison et 1a fécondité (ou fertilit,é), reste
identique.
4. te notif de 1'habit
D'une manlère générale, les occurrences des habits sont
porteuses de valeurs dont les effets Se rapportent à une
identité des acteurs: 1'hablt a pour effet de donner des
l voir H. HERCTER, op. cit. /tuL/.
746
indications sur une image de son porteur par une modalisationselon 1, être et 1e parait,re.
Le cont'e utilise ce procédé fonctionnei de 1,habit, pournarraLiviser des rappoïts entre sujets; 1es statuts modaux deces derniers sont largement manifestés dans des contes commelo /':o1 h-Àç çr> _. .Har cette f onction , L, habit est un motif dont1',utilisation est souvent sltuée à des plans contextuelsexpédiés à url niveau de régu1arit,és syntaxique et sémant'guesouvenL imprévlsibles. Dans cette perspective, des effets desens sont actualisés dans 1e conte; 1,exemple de /r_Hzam/ (ar),/oaHezza*L/ (ber, ceinture) en rémolgne dans ra nesure où sonr-rtilisation, 1iée à 1a parure à proprement parler, est 10inc1',être actuallsée comme telle dans 1es conLes, car sonutllisation dans 1e C192 par exemple, rejoint ce11e proche dulangage usuel de manière lndirecte3. un sens globaL peut êtreretenur /r-Hzam/ a un sens qui peut éventuellement désigner ouréférer à un rapporr intime entre l,homme et 1a femme. Dansc39 ' 1e serment émis par 1e roi sert à indiguer un jeuimplicite qui consiste à nier 1e croire du dest,inataire. ici/.-'Hzam/ occupe une position centrar.e dans 1a manif est.ation dudiscours; i1 est 1'objet sur lequel porte 1e serment pour
1 trr^t *lHgd j-je1laba w waHed 1-qe//aba w waHed R_Re zza/(ar: e11e ( Ia f i1le j J;*"f."t" une d j elf ira, une blouse en l_aineà marrches courtes et "upu"fron et un turban).
2 /eahd,lIah Hzam-ha eemmri ma /eft,_u/ (ar: litt. par IeXli}iil" ,1" Dieu ( i e te j ure ) ;;" - j; n'ai j.;"r; vu sa
3 -.- 11 est de coutume que 1a_femme porte une ceinture; dans1es mariaqes traditionneis, ,1e rituei a" 1a ceinlure,, sedérou1e le lendemain ae--il-nuit de noces.
L47
rectifier 1e croire du mari de Ia femme. C,est ce jeu
relativement po1émique par 1'utilisation de cette figure à un
niveau coqnit.if : 1e croire du mari et sa mcdalisat. j-on par
" f aux" assuré pàr ie sermetrL, qui 1égitime 1e sens ,ie "ce qui
f ait d'une f emr,re une f emme " (un sens dépiacé qui dési.gne la
f emme darrs un serls précis ) .
En dehors de ce jeu /l--Hzam/ est util:sé dans c5 ccmrrre
irrstrument pour donner queiques cotrps à 1a iemme à 1a suit,e ce
,{uoi cette dernière devient une vache. Noions que i'tisage est,
ici dép1acé: au lieu d'ê'ure porté par l-a remme, /l--Hzami sertà donner des coups. ceci nous rappe11e, dans une certaj.ne
mesure, 1'usage de 1a bague: âu Ii-eu d'être porl-ée, eiie est
mise dans 1a bouche. Dans 1e cas de /1-Hzam/ nous acimet,t,rons
que Les coups signifient en querque sorte 1a nétarnorpticse en
vache dans Ia mesure où La femme "n'aurait pas dt" recevoir ies
coLlps et, à plus forte ralson, ceux de 1a eeinlure. A:.risi pcLir
la bague: La femrne "n'auraiL pas dû" 1a mettre dans ia bouche
ou, d'une façon plus généra1e, Cêpiacer 1'usage <ie Ia ceinture
ou de la bague, sê rapproche, respect,ivement dans 1a
cotrfiguratiorr, de "métamorphoser en vache 1a femme" eL de iui
dr)hfiêf 1a mort, parcours que chaque récit, manif este
narrativement à sa mani-ère.
Enfin, d'après notre sens de /l-Hzam/ qui sert à désigner
" 1a femme. . . " , nous nous apercevons qu'i1 comporie quelque
mystère qui sert à une construction dans c5 d'un aspect de
1'ordre du fantastique: son usage déplacé ne retire pas
seulement 1e t,rait "humain" à Ia femme, i1 peut a1ler jusqu,à
lui donner 1a mort ( cf 1'égorgement de 1a femme-vache ) .
148
Partant de cela, ir suffit de rappeler quelques associationsfiguratives dans 1e cadre des formes narratives qul s, y
rapportent pour reconst,ruire leur mise en discours: 1es
séquences narratives de c5 et, de c19 1e monlrent assez
c 1ai rement .
ceci dit, d'un autre point de vue, /l--Hzam/ d,ans nos
contes est une occurrence dont, les contextes cités semblent ne
pas entretenir de rapports si nous ramenons cÊs contextes à ce
que nous venons d'appeler "mét,amorphose". ce procédé n,apparaitpas dans c191; mais i1 peut aisément rapperer La confi.gurationoù apparait 1'aiguil1e qui transforme 1a fi.11e dans ci0 en
colombe ( ou perdrix ) .
Du point de vue syntaxique sous-jacent à 1e métamorphose,
ces deux cas laissent, entendre que seules i, aiguLJ.1e et 1a
ceinture sont dotées du pouvoir transf ormateur. En f ai-r_, dans
c5 et c36 , 1a métamorphose se réal-ise aussi par l_, eau2 quimétamorphose respectivement 1e frère de 1,héroine en faon,I 'esclave en maitresse et ra maitresse en esclave. ces
transf ormatiorrs dans lesquel-1es s'inscrit un jeu de 1, êire eL
du paralt.re des métamorphosés, soni assez curieuses sl nous
admettons qu'i1 est possible de faire abstraction des contextespartlculiers à chacune des figures dans 1es versions prises en
1L.propos deson mari.
séquence finale du récit précise que la femme, àlaque11e le serment est fait par 1e roi, est tuée par
2 C5, /uma-s n DDawya yeswa zi Oit f-lGzal i6we1 ô tlzaL/(ber: dè.s que re f rère de DDawya but de la source des gazelles11 devint un faon ic35: /min /erbet b-1-ein nta€ r-kuHel werlat keHla/ (ar: dèsqu'el1e but de 1a source des noirs, eI1e devint noire).,
considération. D
s'inscrivent dans
L49
'un point de vue
des parcours que
é1émentaire,
nous pourrions
ces figures
ré sumer :
- "celnlure"I
I t opérer )
t.f emme (co-épouse ) vache
1e"
{ femme ) eolombe (perdrlx)
escLave ( noire )
faon
Remarguons qu'au niveau syntaxiqu€, pour que le retour à
1'être humain des sujets métamorphosés se réaIise, les mêmes
flEures assumeront 1e rô1e du sujet transformateur. L,exceptionest fait,e pour "ceinture" Çui, dans c5, ne peuÈ assurer ce rôlesi nous tenons compt,e de 1'univers sénantique du récit qui esten part,le 1'histoire des orphelins. En gros, dans ce récit,, lamère est à 1'ét,at f inal con jointe à 1a mort, (ce point de vue
retient 1 'égorgement ) ; mais cecl , comme nous 1'avons deja
souligné, est reratif car tout en étant, morte, ra mère dont lesos sont, enterrés contlnue à nourrir ses enfants: une forme de
vle.
Les nises en discours de nos figures attirent, r,atLentionâ plusieurs égards. §ous avons déjà reconnu une structure
- "aiguilt
f11 1e
- "eau" (des esc.t,
fi11e blanche
eau (des gazefÉjeune homme
laves )
( maltresse )
11es)
150
synt,axique au niveau de 1a métamorphose assurée par 1'aiguille
et 1a ceinture; ajoutons à cela que ces deux figures
fcnctionnent dans un cadre contextuel qui consiste à séparer
de l-eurs maris ce1les qui en subissent 1'effet. Au fond, cê
fonciionnement est implicitement dit par des traits lexicaux.
D'urr côté , / L-Hzarn/ se met 1à où §'uni-ssent les parties
supérier:re et inf éri-eure du corps, proche de ce qu'i1 désigne
chez 1a femme (parties intimes); eL dan§ ce sens, nous pouvons
dire qu'iI unit, entre ces parties tout en les séparant. De
I'autre, 1'aiguille, comparati-vement à celnture, sert aussi à
unir entre parties séparées d'un tissu, d'un habiÈ. '. quI
seraient portés par 1a femme désignée indirectement par
"ceinLure". D'un point de vue configurat,if, nos moLiis
s'apparentent sémantiquemeut même s'i1s sont uti1lsés dans ces
parcours particuliers en s'associant à d'autres figures. Ces
associations particulières sont d'ai1leurs tout à fait
prévisibles suivant les "besoins" des récits pour des fins <ie
thématj.sations particulières.
Quant à 1'eau, bien qu'elte apparaisse comme
représentation du pouvoir transformer 1'être humain en animal
(faon ou ânon selon 1es versions), e11e n'est guère susceptible
d'être rapprochée de 1a ceinture et de 1'aiguille. C'est-à-dire
que Ia forme de "déshumanisation" inscrite dans 1'animal est
syntaxiquement comparable à cel1e dlte dans "vache', "colombe" I
mais 1'eau est aussi dite transformatrice de 1'humain (cf . C36)
en esclave dont 1e trait dépréciatif est, clalr dans Ie récit,
chose qui ne nous éclaire guère sur un fonctionnenent
sémantique comparable à celui des motifs ci-dessus. Toute autre
1s1
serait, notre lecture si cette eau n'était pas "eau des
esclaves" et "eau des animaux" à moins que 1'on considère que
Ie parcours "boire de 1'eau des esclaves (ou des animaux)" pour
deveni.r -transf crmatiorr synt,axique- respectivement " esciave { ou
f,aon, ânon) ", est sous-i,endu par une structure qui rejoint,
cel1e du "devenir colombe ou vache" assurée par L'aigui11e et
l-a ceinture, Dans ce eas, 1es figures (colombe, vache, facn,
ânon, escl-ave ) seraient un représentant ou "une instance"
centrale cl'une catégoriel; e1les ne se p11ent pas f orcémerit à
des rapprochements ou même si el1es peuvent L'être, Les Lrairsqui 1e permettent sonL peu opératoires sinon non pertinents
quand on considère Ies thématisations particulières à chacun
des contes qui 1es utilisent. À ce propos, on voit. que 1a
structure syntaxique n'est opératoire dans 1'étude de
1'organisatiorr d'u:1e conf iguratlon que si e11e a en quel-que
sorle 1'aval de 1'organisation sémantique cians l-'ensembl-e du
dispositlf narratif, Ie conLe i car 1'eau particuiièrement,
seion ses contextes d'utl1isation, ûê peut être réduite à un
simple rô1e synt.axique qul assure 1a transformation-
métamorphose. Son invest,issement sémantique apparait, nous
semble-t-i1, lorsqu'e11e comporte un sème de "purification"plutôt, que celui de "boisson". Cette nouvelle voie de lecture
s'impose par f intérêt que 1'analyse y trouve selon la
construction de 1a configuraLion discursive d'un effet de sens
en tant que représentation cult,urelLe: dans ce sens, 1e sème
cle "puri-f icat,ion" plutôt que celui de "boj-sson", investi dans
1\̂J
1990 , p.KLEIBER, La sénantique du prototvpe, P.U.F. Pari-s,
48
t52
1'eau, est intéressant à retenir; 1e C11 que nous pouvons
prendre comme référence pour éclairer ce point. de vue, utilisejustement 1'eau pour des fins précises: "se laver", avant que
soit céIébré Ie mariage, âcquiert une signification
fonctionnelle qui correspond à un dispositif syntaxique et
sémantique global du récit, qui 1'exploite au profit de "la
purification" signiflant un rite avant 1'union afin de rendre
sacrée cette dernière.
A préserrt, reconsldérons ce que nous avons essayé de
rapprocher par "1'habit" -la ceinture et 1'aiguille- sous un
autre angIe. Pour ce faire, rappelons que "1a métamorphose en
vache" n'est pas Lransformée en une conjonction de 1a fenne
subissant des coups de ceinture avec 1'être-humain; par conLre,
f'1a métamorphose en colombe" est transformée; 1a femme reLrouve
son être-humain dès que 1'aiguiIle est ôLée de sa tête par 1e
roi. Les organisations syntaxiques de ces Lransformations
comporterrt quelques effets de sens: 1'aiguille , par sa
ccnjonctioÊ avec 1a femme-colombe, fonetionne pour prohiber
f irrceste dans C10 oü, plus généralement, pour romPre un
mariage ( cf. C3O et C35 j2 et, aussi, pour permettre un mariage
1 /arba nni yenna i yebbwa-s ô yemna-s ur ôa Gir a6 awyeGSayoiê u uHHIen ôi-s aweddi ma aLawye6 êayôi§ ôi wneggar qeblenyenna i yemma-s sewjeô aman bal Oayôi0 a tessireô/ (ber: 1ejeune homme dit, à ses parents qu'iI épouserait Ia chienne; sesparents tentèrent de Ie dissuader; à 1a fin, i1 acceptèrent.Le fils dit alors à sa mère! prépare de 1'eau pour que 1achienne se lave (avant que le mariage soit céIébré)).
2 /0amGar9 n bbwa-s 0egga-s ifï n tisSinef0 ôi wzellifnettaO a teôvüeI ttaôbir0/ (ber: 1a marâtre enf onça une aiguilledans Ia tête de Ia fille; subitement, Ia fi1le devint unecolombe ) .
(suit,e. . . )
153
non j.ncestueux ou tout simplement 1e rét.abIir dès que Ia
colombe-femme en est dlsjointe. Ce fonctionnement, à 1a manière
de 1'aigui1le qui unit entre parties séparées d'un tissu, t.ient
compte narrativemeirt de "1a séparatio[", de 1a "désunion" êt,
ensuite , cle 1a " ré-union" seion des règIes cu1turel1es.
Par cette l-ecture, 1a disjonction de la femme-vache de son
être, sans que solt, prévue une re-conjonccion avec l-'être-
femme , s'explique par ia rupture du lien conjugal entre 1a
vache-femme et le marj-; en somme, là où I'aigui11e joue le rô1e
d'unir dans 1a configuration du inariage suivanL fes conditions
développées ci-dessus, ia ceiniure intervient dans un autre
type de conf iguration où ie mariâg€, ou pJ-us exactement 1e l-1en
ccnjugaJ-/ est rompu p(:ur une raison qui nous semble tout à fart
convaincanLe: 1a ceinture n'assure pas sa fonction -comme
1'aiguille- d'unir entre parties physiques; son rô1e dans 1e
conte est déplacé (e11e sert à donrrer des coups au 1i-eu d'être
portée par la femme). C'est dire que L'aigui1le et, ia ceinture
assLrrerrt des Lransformations dans les cc,nfigurations toui en
y j-nscrivant des effets de sens exploités dans 1a stru.cture
sémantique de chacune des corrfiguratiorrs; mais -toutes
proportions gardées- ces configurations sont suscept.ibles
d'être analysées sur un même plan à condition que quelques
trait.s f onctionnels d j-st,inctif s soient précisés.
Le niveau syntaxique sous-3acent à 1a transformation:
"perdre 1'apparence humaine'r
-;','retrouver 1'apparence
2(...suire)/refget 1-ha waHed f-ibra f-r-ras Vr
enfonça une aiguille dans 1a tête;pigeonne ) .
we1Iat Hmama / (ar: eIle luielle devint subitement une
rill
154
humaine", sans même recourir à f intérêt que propose lasignification de 1'aiguille, montre que cette dernière est 1a
figurativisation modale du sujet transformateur. ce sujettransformateur (une jeune fi11e: C10, 1a marâtre: C30, Ia co-
épouser C36), utilisateur de L'aiguil1e, use du pouvoir investidans cette figure. C'est ce pouvoir qui virtualise dans un
certain sens 1'ét,at, f 1nal avant même que 1e récit, rende compt,e
de Ia réallsation de Ia transformation qul aboutlt à 1a
conjonction avec 1'être-humain. L'aiguille devient, dès 1ors,
1 'unit,é f onctionnelle 1a prus importante de t,out 1e dispositifnarratif au profit d'une forme sémantiquement prévisib1e. cecl
dit, son autonomie fonctionnelle, en tant que virtualité, est
t.out de même en décalage par rapport à La narrat.i_vité
succession d'états et des transformations- dans nos récits, car
1'aiguille en soi, vue sous 1'angle lexical ( elle serÈ à
coudre ) pernet de réaliser une union présupposant une
séparation, ou une conjoncLion présupposant une disjonction,entre parties de tissu, Or, 1es récits posent un état,
disjonctif lorsque Ia femme est con'iointe à 1'aiguille: ce11e-
ci est dite enfoncée quelque part dans 1a tête de Ia femme;
1'état conjonctif avec 1'être-humain est impliqué par lafonction de 1'aiguille au sens lexicar au moment même où cet,t.e
aiguille est ôtée de Ia tête de Ia femme par Ie roi selon nos
récits. ce qui semble assez curieux est, Ia manière dont res
récit,s réalisent "un déplacement" de sens rexical au profit de
1a conjonction avec 1'être-humain; 1à où 1'unlon entre part,ies
de tissu exige f inÈervention de 1'aigui1le, la conjonction
15s
"avec 1'être-humain à I'état final, exige que 1'aiguille cesse
d'assurer sa fonction Propre:
femme n aiguille = femne-colombe;
femme U aiguille - femme (future épouse du roi)
A y regarder de près, nous consLatons que 1'univers
mythique dans 1eque1 sont. coordonnés deux attributs: humain
(être ) vs animal-colombe (para!.t,re ) , pouvant être dans une
certaine mesure comparables aux parties séparées d'un tissu,
est, après tout, asSuré par 1e motif de 1'aigu111e dans 1â.
configuration. L'absence de cet, Univers, dans 1e Sens où seul
l'humain est retenu à i'état final des récits, correspond -ceci
va de soi- à 1'ahsence de 1'aiguilIe dans 1e sens cù sa
fonction n'eSt plus de rigueur. En d'autreS termes, pour que
seul 1'attribut humain se maintienne, i1 faut logiquement que
1'aiguille cesse de coordonner entre deux attributs appartenanL
à des lsoLopies contradictoiresr cêci est dlt dans les réeits
lorsque 1e roi intervient pour ôt,er 1'aiguiIJ.e de 1a tête de
la femme.
Le problème qui s'est posé dans 1'analyse trouve
vraisemblablement une réponse dans cette dernière voie de
lecture: 1'aigui1le coordonne entre at,tributs selon des
isotopieS contradictoires et inplique aussi par son absence Ie
maintien de 1'at,t.ribut humain et 1 'union entre Ia f emme et Ie
ro1.
155
A ce niveau, i1 semble que la syntaxe narrative n'estquère en mesure de nous renseigner sur f implication attendue,
à savoir 1a conjonction finale qui est justemenL 1a
sigrrification fonctionnelLe de 1'aigui11e, eui fait abstraction
du caractère dysphorique à 1'état dis j onctif pour 1e
trarrsformer en un état non pLus dysphorique mais euphorique
dont 1'effet de sens sembLe investi dans la figure de "co1ombe"
(ou "perdrix" ) comme nous 1'avons déjà dit.
Cont,rai-remenL à 1 'aigui11e qui semble " ''imposer" (motiver )
par sa signification fonctionnelle lexicale une organisation
synt,actico-sémantique qul actuallse f implication de l-'état
final dans 1a configuration, Ia ceinture ne prévolt pas ce t,ype
de fonctionnement dans C5. D'abord, remarquons qu'ici 1'univers
mythique où sont coordonnés 1es deux attributs ci-dessus, se
maintient dans l'ensemble du récit car la rupture de cet
univers exige que 1a ceinture transforme d'une manière ou d'une
autre 1'état de fenne-vache pour 1equel elle a serl,i comme
f igurativisation modale. Errsuite, 1a ceinLure nous seinble
ccmplètement vidée de sa foncLion: le déplacement de sa
fonction lexicale est utilisé pour ne servir qu'à donner des
coups.
Les coups ne pouvant être annulés, après avoir été donnés
à 1a femme, s'associent à la fiEure de "vache", alors que
1'enfoncement de 1'aiguille dans la tête -même s'iI y a 1à un
cert,ain déplacement de 1a fonction de 1'aiguille, qui n'est pas
total parce que cel1e-ci peut être retirée- s'associe à la
figure de "eolômbe" (ou perdrlx) que 1e procédé métaphorique
renforce en permettant à 1'aiguille de ne pas être vidée de sa
L57
fonction d'unir 1es séparés. ce procédé est, parfaitement absent,
dans Ie premier cas, celui de la vache.
Dans une certaine mesure, cê point de vue sert à
distinguer entre nos figures selon ra mise en exergue de
1'univers myt,hlque: dans c5, i1 se maintient dans l,ensemble
du récit; alors que dans c10, c30 et c36, i1 est rompu par larupture du rô1e de 1'aiguille qui sert à eoordonner entre 1es
deux attributs appartenânt aux deux isotopies contradict,oires( cf. ci-dessus ) . De même, 1a structure syntaxique sert à
distinguer ent.re ces deux attrlbuts dans 1es étatscontradictoires que chacune de nos flgures -en t,ant que rôles-implique à 1a fln des récits. par rà, i1 devienu clair que
1'utilisat, 1on de "vache" dans ra configuration comme "résult,at'.de 1a transformation de 1'être-femme en parai.tre-vache, ne peut,
impliquer un retour du sujet à son êire, car aucune ut,ilisationen tant qu'effet, de sens n'intervient dans re conre pour
L'assurer. Le seul j.nvestissenent que nous puissions supposer
opératoire est 1e maintien du lien maternel qul ratLache 1a
vache-mère à ses enfants lorsque ceux-ci enterrent, les os qui
se manifestent sur terre sous for:me de dat.t,ier qui assure 1a
fonct,ion de "nourrir 1es enfants": Les os enterrés de la vache
sont une mère-dattier pour Ies enfants,
Faisons un pas de plus: dans ,,vache,', nous venons de
retenir son lien aux enfants par f intermédiaire du dattier (un
sème de maternit,é); dans "colombe", ce sème n'apparait dans
aucune de ses utilisations contextuelles. En effet, "colombe',
(ou perdrix), même quand e1le est présentée comme ayant déjà
en tant que femme- connu un lien conjugar (cf. c3o, c35), e1le
158
n'est pas dite mère. Ce point n'est pas tout à falt un détail
car i1 semble qu'une mère ne peut, subir 1e sort assuré par
1'aj-guiile et une non-mère ne peut subir le sort assuré par la
ceinture. Dans 1e cas ccntrai-:'e, ce serait absurde car
1'aiguille dans notre configurat.ion motive 1'union entre un
homme et une femme à ia suite 'le quoi celle-ci deviendrait
éventueliement, mère; 1a cei-nlure se rattache à une union déjà
réalisée ent-re un homme et une femme qui a déjà -Cans ce cadre-
Ie staluÈ de mère.
Dans 1es C5 et C10, nous ayons vu que l-es métamorphoses
se sont réa1isées grâce à ( ou à cause de ) "ceinture" eÈ
" aigui11e " . Selon un rapprochement posslble , nous evons
rat,taché ces mot,if s à " 1 'habit" su j-vant un critère peut-être
peu intéressant en soi: 1a ceint.ure sert, à ajuster 1es
vêtements au niveau de Ia t.ai11e, 1'aiguille sert à coudre
tissu, habits, vêtements... Nous avons aussi vu que Les deux
occurrences entretenaient, un rapport, avec 1a femme, J-e mariage,
1e lien conjugal, Ia maternité. . . comme si 1'habit., ie
vêtement, 1e tissu, entreLenaient aussi un rapporÈ avec "1es
affaires conjugales", chose qul n'est pas tout à fait viCe de
sens puisque par ces sens lexicaux, oD peut reccnstruire ce
rapport attesté culturellement1.
1 Voir Le Coran, /hunna libasun 1a-kum wa 'antum libasunla-hunna/, S. TI, v. 187: e1les sont un vêtement, pour vous etvous êtes un vêtement pour elles (traduction de M. Hamidullah,8e éditlon, Beyrouth, 1973); el1es sont votre vêtement et vousêtes 1e leur (traduction de Kazimirskl, Garnier-Flammarion,Parls, 1970). Voir aussi Ibn manDur, lisan a1-earab, Dar a1Haarif, Le Caire, 1981: /labistu 'imra'tan/ ( titt, je me suisvêtu d'une femme ) .
159
Dans cette rubrique, nous nous proposons d'intégrer ,'Ie
f11age" ou plus généralemenL "1e tissage" qui nous invit,e à
consiclérer 1'occurrence de /1-muGzel/ (ar), /az}i/ lberzfuseau) dans C231.
Les méLamorphoses que nous avons vues jusqu,à présent
concernaient la femme; avec "1e fuseau", nous assistons à une
mé tamorpho se qui conce rne 1'homme Comparons 1es
transformat,ions selon
1'état final:les contenus de I état init,ial et de
Etre Para L tre
/\femme co lombe
pe rdrlx
transf ( ? )
trans f
( aiguille enfoncée. .
1 l1g.t waHed 1-muGzel refdat-u dart-u fug Dher-hahiya ngelbet hakda w lgat-u rajel/ {ar: e11e (I'héroineun fuseau et eIIe le prit; au moment où elle Ie mitdos, e11e tomba par terre; guand e11e se ret,ournâ,rendit compte que c'était un homme ) .
w TaHet,) trouvasur sone1le se
hoûme
2. ParaÎtre
,/\,/\
,/\C o-l ombe f u se au
160
femme homme
pe rdrix
trans f 1
t,ransf
( aigu11 1e soustraite
Dans cette comparaison au niveau des transformation§, nou§
repérons une forme syntaxique où sont mis en jeu 1'être eÈ le
paral.tre. Toutefois, soulignons que les figures utiliséescomportent, des t.raits distinctifs: dans un cas, 1a méLamorphose
s'opère sur 1'homme; dans l'autre, sur 1a femme. En outre, lafemme est métamorphosée par 1'aiguil1e ut,ilisée pour cette finpar 1'une des rivales (cf. C30 et C36); alors que I'homme
n'apparait pas dans un contexte conflictuel où un autre sujet
1 L. transfornation se réalise lorsque 1'héroine ramasse1e fuseau trouvé pour Ie meLtre sur son dos; ici, le conteprécise que Ie ramassage qui correspond à un mouvemenL du basvers le haut, provoque Ia chute de 1'héroi.ne (eIle tombe parterre), qul correspond à un mouvenent du haut vers le bas. Cecipeut laisser entendre que ces mouvements dans des senscont,radictoires anticlpent sur des posit.ions en tant que rô1esassumés par les acteurs mis en scène.
.)
151
(un anti- su j et, ) lui f ait, subir 1a mét,amorphose . En tous les
cas, notre cont,e ne dit rien sur ce point. Ces positlons de
"1'aigu1lle" et du "fuseau" montrent que leurs distributionsdarrs La conf iguration ne sont pas ident,lques, ceci devrai*. en
principe nous empêcher de 1es rapprocher; mais, tout compte
fait, i1 semble que ces distinctions au niveau des
distributions sont des effet,s qui rappellent gue 1'aiguiileconcerne 1a femme et que 1e fuseau concerne 1'homme. Aut,rement
dit, les procédês distincÈifs entre l'aigu111e et le fuseau
sont corrélatifs à ceux qu:. établlssent des distinctions entre
Ia femme et 1'homme quelles que soient les relations qu'i.1s
entretiennent dans 1e discours narratif. Le niveau syntaxique
esl ici fonctlonnel pour rendre compte du statut de 1'homme
vis-à-vis de La f emme et vice-versa: I'analyse cioit t.enir
compLe de cette remarque car, et à plus forte raison, J.es
récits développent des "histoires de mariage". Pour éclairercette raison, nous pouvons préciser que 1'analyse de ce genre
d'histoires est toujours invitée à prévoir deux plans de
lecture selon deux angles; 1'un, thénatique , où Ies formes
syntaxiques qui 1e sous-tendent sont comparables (i1 s'aqit du
mariage propremenÈ dlt); 1'autre, figuratif, où i1 n'est guère
possible de comparer les rôles assumés par 1'hornme et Ia femme
pour les mettre sur un même plan de posit,ions syntaxiquesl.
1 La r"lat,ion conjonctive entre 1'homne et la femme, dont1e thème sous-jacent est 1e mariage, exige parmi ses conditionsde réalisation que 1'homme occupe -en premi-er lieu- 1e rôIe desujet, qul vise Ia femme comme objet de valeuri et ce n'estqu'en second lieu que 1a femme peut prétendre -soit enacceptant soit en refusant'le pas" de 1'homme- un rô1e de.su jet visant, 1'homme. cet ordre est important; nous avons eu
(sulte...)
1,62
c'est cela même qui expllque approximat,ivement les dlst,inct,ionsqul s'établissent entre "aiguilre" et "fuseau,' par rescontextes de leur utirisation. sinon, pourvu que ces
distinctions puissent surgir à tout moment cle 1,ana1yse, nos
deux f igures se rapprochent à pl-us cl, un titre.Regardons de plus près nos conf igurations. Daris les ci.0,
c30 et c36, nous avons dlt qu'un gli-ssement sémantique estactuaiisé par "colombe" (perdrix) par 1e procédé nétaphoriquequi signifie "be11e femme". ce glissement va dans 1e sens de
1'organisation syntaxique de la configuration: r,homme (Le roi)y est en position de sujet. qui vise 1a femme en vue de
1 'épouser,
Prenorrs l-e c23: 1e f useau est une tror:vaille apparemment
due au hasard. Dans ce cas, pour gue le mariage se réaLise, i1ne faudrait pas que ce fuseau contienne "un rudiment,' de sens
par un glissement sémantique à 1'aide d.'un sème quercongue qui
actualise 1'être-homme à 1a manière cle colombe-femme, sinon 1e
cont,e ne peut, développer 1e thème du mariage seron la règle ci.-dessus. ceci dit, une interprét.aiion du conte pourrait retenir"la trouvaille" qui accorde à Ia femme re rô1e de sujet et gui,par conséquent, permet, 1a t,ransformation du fuseau en homme.
Pour expliciter ce point, de vue, rappelons le sens lexical de
fuseau: instrument que la femme utilise pour filer; en tanL
1(...suite)1'occasion de 1e montrer par des exemples rerevés dans 1ecorpus de notre thèse de 3e cycle: lorsque la femme occupe IerôIe de sujet visant 1'homme sans que celui-ci fasse,'re pês,.,cette femme s'avère ( r'être ) une ogresse. L, effet de sens 1ci ,rejolnt ce que nous avons appelé "mariage jugé culturellementineff1cace".
163
qu'instrument,, i1 est effectivement et 1i.ttérarement"trouvai11e" de ra femme, mais en tant, qu,homme, ir assume -ditle conte- le rôre de sujet qul demande à ra femme de L,épouser.De ce point de vue, remarquons gu'aucun procédé métaphorique,ou autres, ne reIle "fuseau" à "homme": seure latransformation, sans que quelque trace 1a motive, assure ee jeuselon 1'être et 1e paraître, contrairement à ,,colombe,' âssociéeà " femme" . Dès lors, f intérêt, dans un cas r du procédé
mét'aphorique et son ef f et au niveau syntaxigue, en tant-qu'actualisation dans Ia configuration €t, dans l,autre, son
absence totale, servent à distinguer ent,re deux parcours:
1. 1'aigu111e associée à 1a colombe ( paraitre ) associéeà la femme (être) que Ie roi épouse après 1ui avoir ôté de La
t,ête 1'aigui11e: c'est ici que réside re statut ce sr:ret de
1'homme (roi) en reration conjonct,ive avec 1a femne;
2. 1e fuseau (paraltre) associé par un sens lexical" à "rafemme qui l'utilise pour firer" et, pâr transformaiionnarrative à proprement parler, à 1'homme (être) qul, à 1a suitedu "pas" -donc sujet- envers 1a femme, déclenche re programme
du mariage.
cependant, ra distinct,ion que nous venons de faire est-e11e rée1lement opératoire ? car i1 ne suffit, pas de tracer des
distinctions, i1 faut aussl, à nos yeux, rechercher des
arti-culations entre données qui se distinguent, à un niveauparticulier et qui se rapprochent à un autre niveau.
Dans cet,te perspective, faisons abstraction des
distributions associatives, en tant que rô1es assumés par nos
figures dans le cadre du mariage, êt consldérons leurs
t64
'investissements sémantiques et 1a manière donÈ lls s'associentpour construire un univers sémant.ique dans une configuration
discursive. Lexicalement , L'aiguille est un instrument qui
sert, à 1'aide d'un fil, à unir entTe parties séparées; en
somme, e1Ie utilise le produil dit "fiI" que 1e fuseau -en tantqu'instrufient- produit.
Ayant déjà retenu les sêquences du marlage où
interviennent, 1'aiguille et Ie fuseau selon les posit,ions
syntaxiques ci-dessus, nous nous rendons compte que ces figures
sont sémantiquement et, syn!,axiquement complément,aires: leurcomplément,arité re j oint leurs 'sens lexicaux êt, à un autre
niveau, 1es staluts dit.s sujet et objet assumés par 1'homme êt
la femme dans le cadre de leur union:
1 . 1itt,éral-enent,, 1'union se réa1ise au niveau syntaxique
par 1es rô1es du fuseau et de 1'aiguille en t,ant qu'instrunent,s
(1'un sert à filer;1'autre se sert du produit "fi1"); nos
figures se rapprochent par 1e fil;2. 1'union de 1'homme eL de 1a femme {sens métaphorique:
colombe) est ce que Ie fil est, au fuseau et, à 1'aiguilIe.
De manière globale nos associations se réalisent comme
sult:
165
tissage (relat,ivement au f i1)
It
" Ceci expTique Ja f igüre nét,aphorique t "tissu, vêtenent," ,signifiant 7'union entre un homne et une temne (cf. p,458, n.L? ) ; 1e fil sera retenu dans 7e sens de ce qui seît, à produire" 7e t,isstJ" , " Le vêtenent" qrâce aux instruïrent,s t " f Llseau" et"aiguilJe".
3. Selorr une acception possible du fi1 dans ce cadre, les
récits réalisent des expansions discursives par un dispositifconfiguratif qui met en oeuvre "ie mariage". Ce mariage pourra
êt,re considéré comme motif dont la mise en oeuvre est au même
tlt,re que 1e fi1 qui se manifeste par 1es instruments qui
servent à le produire ou à le rendre fonctionnel.
Ces dernières voies d'interprétati-on nous amènent
apporter guelques corrections et précisions suppl-émentaires.
Àu début,, nous avons eu tendance à rapprocher 1'aiguille du
fuseaui or, c'est de Ia colombe comme paraLt,re de la femme
qu'i1 aurait faIlu rapprocher 1e fuseau comme paraitre de
fuseau
I
I
II
I
,'thomme
\\
con I or
aiguille\t\ilI j (paraitre)
,lrcolombe )
tif emrne : (êt,re
,/'{rrrr: mariase, union
166
1'honme. En'prus, si res récit,s avaient omis l,utilisatlon dela colombe,1'aiguiIle, à f instar du fuseau, aurait, été dotéede son propre pouvoir-transformer son paraltre en être, chosequl serait relat,ivement une plaisanterie pulsque l,intervent.ionde 1'homme (roi) n'aurait pas eu lieu, le mâriage n,aurait paspu §e produire en tant que motif des récits et, 1es récits, telsqu'i1s sont racontés, n'auraient pas existé. Toutefois, pulsquenos récits sont des "histoires de inariage", leur mise endLscours exige f intervention de 1,homme, cê11e-ci exige que1a colombe soit, mise en contexte pour que l,homme puisse opérerpar son faire. En somme, dans 1a configuration discursive,1 'arrangement par associat,ions entre f igures et moti.f s, estmot,ivé par 1e mariage se10n une organisat,ion syntaxique oùlntervient re faire transformateur de 1,homme. Le c23 fait.abstraction de certains déta11s de cetce configuration: 1efuseau semble doté de son propre pouvoir-.t,ransformer 1eparaltre en être; 1es rô1es de sujet de faire et de sujetd'état en relation avec la femme font valoir un syncrétisme auniveau du rôle assumé par Ie fuseau QUi, non seulement s,auto-mét'amorphose (sans recours à un sujet çlui 1ul soit. extérieur)mais aussl provoque selon Ie récit, la ehute de 1a femme qul leranasse après I,avoir trouvé par terre.
Ce statut, relatlvement singulier, nous amène à rechercher-s'i1 y a lieu- les traces qui en,sont responsables. pour cefaire, donnons ra parole au conte: r,homme auquel te fuseausert de paralLre, est dlt, "descendant, d,une ogresse,. sous cetangle , nous pourrions nous demander si ,'f useau,. est uneutilisatlon appropriée dans Ie conte, dans Ie sens où i1
,.,,
ir[ti
riii'
tiir
L67
entretiendrait, un certain rapport avec ',descendant d, une
ogresse". En t,ous les cas, homme sans en être uD, i1 estintégré dans 1'univers humain selon le parcours dont le thème
sous- jacent est 1e mariage. En rr-rl cohabitent, 1e non-humain( descendant d'une ogresse ) et 1'humain puisqu, i1 épouse
1'héroïne dont le trait est humain. par 1à, 1e fuseau, ioin de
ne représenter que Ie paral.tre , s'avère une ut j.lisation dans
1e conte pour assurer une connexion entre deux attribut.s dont1es sèmes "non-humain" et "humain,, sont contradict,oires. c,est,cela même qui orgarrise , d'un point de vue synt.axique etsémantique, llunlvers myt,hique dont nous pouvons dire -selonles cas que nous avons examinés jusqu'à présent,- qu, i.1 est prisen charge par des motifs particuliers puisque "composés,,
suivant les jeux de 1'être et, du parai.tre: citons ,,femme-
vache"r "femme-colombe'. (perdrix, pigeonne),,,homme_fr-tseau,,.
ces compositions sont toutes réaLisées par des inétamorphoses
où interviennent d'autres motifs, cette fols non composés:
citons "cei-nture", "aiguil1e" r "fuseau,, et, chose curiêuse, ceS
motlfs sont tous susceptibles d, être rapprochés selon 1es
niveaux que nous avons essayé de montrer.
ceci justif ie en quelgue sorte 1e choix de ces unit.és: l_es
contextes où 1es mises en discours de ces mot,ifs fonctionnentdotent nos récits d'une caractérist,ique particulière quidéflnit non seulement 1e discours mais 1e dispcsitif d,ensemble(Ies contes en t.ant que récits mythiques).
L'univers mythique où "1'humai.n" et, "1e non-humain" sontcoordonnés est ce qui rend possibre Ie mariage qui, à son tour,"neutralise" 1a cont,radiction pour y retenir 1,effet culturel
168
reLatif à 1'humain. L' actualisat,ion de cett,e neutralisationdépend dans Ie récit du fonctionnement et de f investissementsémant,ique du fuseau dont ra "rétro-lecture', est éc1airée parsa valeur culturelle qui joue ici sur 1e mariage.
Ce mariage, à vrai dire, rl,êst pas at,tendu par une lecturequi assiste à 1'apparition dans Ie récit, de ,'descendant d,une
ogresse"i eL pourtant, c'est ce mariage qui a permis 1a
"rétro-1ecture" du fusear: dans 1a configuration dlscursive. ce
ca§ de figure est, effectivement inhabit,ueL si nous nous
appuyon§ sur ce à quoi 1es versions de c2 nous ont hablt,ué:nous pensions que la raison de i,échec de l,union entre /mHend
themm/ et 1'ogresse résidait dans 1,êt,re de ce11e-ci et dans
Ie falt que c'est elle qui a visé /mHend themm/ dans 1e sens
d'une anomalie de ra règle dont nous avons parlé ci-dessus. or,en fait, iI ne s'aglt pas seulement, de ce1a. rr semble même que
les raisons de 1'échec du mariage jugé dans ce sens i.neffieaceselon les traits qui caractérisent la femner ogresse et sujetqui vise 1'homme dorrt 1'effet est 1e déplacement spatial vers1e village (cf. czl, sont é1émentaires et superficielles; car1a raison profonde de ceL éehec réside dans 1e fait, que 1es
attributs dans la métamorphose de l,ogresse (non-humain :
ogresse = être / humain : femme a paral,t,re ) ne sont pas
coorclonnés par le fonctionn€ment, d'un mot,if qui puisse. lors de
sâ mise en contexte sous forme d,effet, de. sens, signifierilunion seron une représentat,ion culturerte à 1,instar de
1'aigullIe, de la ceinture et du fuseau seron au moins un t"raitde leurs sens lexicaux. Àutrement dit, dans le passage de
1'êt,re au paraLtre , il taut qu'i1 y ait une espèce de
169
modulateur ou de régulateur investis dans un motif dont, Ia
fonction consiste à coordonner entre les isotopies
cont,radictoires des att,ributs humain VS non-humain.
Étant donné que ce motif n'apparal,t pas dans Ia séquence
du mariage de /mHend lhemm/ avec 1'ogresse, 1'échec est comme
s'i1 était, implicitement dit, chose que 1e conte met en
expansion comne simple "paraphrase" de f implicite. Le fuseau
sert justement à appuyer ce point, de vue, bien que 1'homme
auquel iI sert de paraître soit un descendant d'une ogresse eldonc, ogre.
Dans un sens plus large, il est à présent possible de direet même d'affirmer que les mot,ifs que neus venons de voir(alguille, ceintLlre , f useau ) f onct,ionnent comme "mémoires" de
contenus qui s'actualisent dans des parcours figuratifs et qui
servent en mêrne temps 1a construction d'une configuration dont
les manifestatlons sont diverses selon Ies parcours inscritsdans 1es récits particuliers. En d'aut,res termes , par un
" codage rhétariÇu€" , comme dirait, Lévi-St,rauss, 1e fuseau par
exenple, sert au non-humain à réaliser 1'accès au rang de
I'humain êL, par 1à, à neutraliser l'opposition des at.t,ributs
par la réalisatlon dans le conte du mariage auquel 11 §ert de
'ménoire" au niveau discursif. En tous cas, pour nous, i1 n'esL
pas étonnant que le fuseau, selon au moins 1'un de ses traitssémi.ques, fasse prévoir à la lecture du conte un rapport, au
"tissu, vêtement' selon le sens métaphorique (mariage, union
conjugale ) .
De manière plus générale, une question se pose: est-ce que
1'organisation syntacÈico-sémant,ique de 1a conflgurâtion
170
discursive, tel que notre ét.ude vient de 1e montrer en
s'appuyant sur les occurrences de 1'aiguiIIe et du fuseau, ne
se modlfie pas lorsqu'un autre instrument est mls en contexte
narrat,if ?
Prenons 1'occurrence de /iqerDa/en/ (ber), /qrade/ / (artcardes, instrument dont, les femmes se servent pour démê1er et
séparer les fibres de la laine pour pouvoir ensuite fil.er à
1'aide d'un fuseau; 1. Autrement dit, Ies cardes servent à
séparer (une forme du faire dlsjonctif) 1es fibres dont, 1e
filage est exécuté à 1'aide du fuseau. Selon ces sens, nous
pouvorrs dire que nos instruments se définissent par leurcomplément,arit,é quant aux exécutions de leurs fonctions e:
aussi par ce à quoi chacun d'eux sert indépendainment' de
1'aut,re. Par ces critères de définitlons, on ne s'étonnera pas
devant 1'utilisation des cardes par /mql d,el / ( ou /Hemmu
lHrami/) comme arme pour se protéger contre 1'ogresse, car, en
effet, 1a conjonction spatiale entre 1e héros et cette dernière
( ils sont mis dans une même chambre selon 1e conte ) est
renversée en tant que programme dont 1'effet consiste à donner
1a mort à /nqidef/ (ce dernier tue 1'ogresse à 1'aide des
cardes à 1a fin du récit).
Grosso-modo, er! comparant " fuseau" et "cardes" , nous
pouvons conclure que Ie premier entre en jeu dans un univers
myLhique où se coordonnent 1es att,ributs dont les isotopies
sont eontradictoires; alors que le second joue exactenent 1e
1 c.tt"informationsqrade/ ) / .
définition estqul nous ont ét,é
reconstruitedonnées sur
à partir des/iqerda/en ( 1-
ffi
ffi
{$ilill,
ltl
flllr
17L
rô1e inverser ce qui est supposé coordonnable, sans qu'i1 y aitun régulateur qui puisse le permetLre, à f instar du fuseau,
(non-humain (ogresse) VS humain {/mqidefl ) ), par 1a conjonction
spat.iale (urre même chambre ) -1'univers n'est pes multipie- ,
s'avère impossible à réaliser. Dans ce cas, au lieu que ce soit
I '-.]lItion de s séparés qui L 'emporte par f intervention du f usea.u
qui f:!-]s-, ce sera 1a désunion ou la qéparatlon -par
l- 'uLilisation des cardes- ou encore , 1a dis j onct j.on entre
lmqidef/ et 1'ogresse, qui sera manifestée dans ie conte par
1a mort de cel1e-ci. Ce qui nous int,éresse dans üet,1:e
comperaison est, 1a possibilité de noter que certains traits de;
sens lexicaux de nos instruments se manifestent, ou surgissent
dans 1a configurat,ion sous forme de sèmes. C'est précisément
à ce niveau que nous touchons de près au rôle du lexique par
rapport aux corrfigurations discursives dans les contes.
Les fonctionnemenLs cie nos motifs, pour servlr de mélRoire
à 1a coi:struction de conf igurations discursives, sont é1ucidér;
par d'autres occurrences que nous al1ons convoquer.
Prerrons ,/ aherkus / (ber), /herkus/ '.(ar: §igna1é par
Beaussier: chaussure (viei1le chaussure) ) dont 1e rô1e dans CB
consiste à reconnal,t.re Le héros tueur de 1'ogre, eui épouse par
Ia suite la princesse. A côté de cetLe occurrence, prenons
celle de /Dar/ (ber: pied) dont 1e rô1e dans C2Z consiste à
reconnaltre cel1e parmi res fi1les du géni.e que 1e héros
épouse 1.
1 /9enna-s0iteônet ttenniparmi nos piedsappartient sera
rtÿaH tfafa akeô iDarren 0enni ur GeraGa §e?feD/ (ber: la fille lui dit:celui qui n'a pas un ortell; ceIlecelle que tu choisis).
Ga 0afeôcherche
à qui iI
L72
Ces deux références cle récit,s nous font assister à une
mise en contexte de deux figures qui entretiennent un rapport
dans 1a confi.guration du mariaqe. Dans une perspective
complémentaire entre "chaussure" et "pied", le mariage
f onct,ionne selon 1'une or: 1'autre des deux occurrences suivant
un contexte de recorinaissance: la chaussure est utilisée
relativement au héros êt, relat,ivement, à 1'héroine, 1e pied
auquel 1a chaussure sert, d'"habit"1. Ainsi, nous ne sommes pas
loin du rapprochement entre 1'hablt au sens figuré du terme et
le marlage que nous avons déjà signalé.
Notre quest,ion c1-dessus (p. 1651 a laissé entendre que
Ies mot.ifs qui se rattachent à la configuration de 1'habit ou
plus généralement du filage, sont en gros exploit,és par les
contes pour des fins de mise en dlscours de séquences ci'union
ou de séparation entre sujets représentés respectivement par
1'homme et la femrne dont 1es rô1es sont, à un autre niveau
narratif, modalisés par des jeux de 1'être et du paraitre.
Seulement, comme nous venons de 1e voir, dans C8, I'habit
signifiant dans sa mise en discours cette relation, s'actualise
dans Ia configurat,ion en s'associant à une partie du corps: le
pied est 1'un des mot,if s qui s'intègrent dans 1e champ l'..ge
des parcours sûus-t,endânt 1e mariage par I'internédiaire de
"chaussure". À f instar de ceit,e dernière unité , /l-xatem/ (ar:
bague) s'int,égrera dans. ce champ par au moins 1'une de ses
1 C" sens est attesté(voir /ireD iherkas/, /lbesutilisés aussi bien dans ledans Ie sens de "nettre ses
aussl bien en berbère qu'en arabes-sebbaT/; /ireD / et /Lbes/ sontsens de 'se vêtir d'un habit" quechaussures".
173
mi.ses en fonctionnement qui convoque son associat,ion à "doigt"
et par extension, à "main".
Ces indications ne sont pas gratuit,es car, avec e11es,
nous comprenons mieux pourquoi iL faudrait étudier certaines
prat,iques cu1t,urel1es qui portent sur " 1e pied" , " 1a
chaussure", "la bague" et "1a main": d'un côté, on sait, que les
investissements sémantiques dans "bague " et "main" se
manifestent culturellement, raison pour laquelle elies ne sont
pas vues, nous semble-t,-i1, comme porteuses d'un "je-ne-sais-
quoi"; leurs investlssements sont, canalisés vers des thèmes
cult.urels comportant un aspect du sacré comme le cas dans 1e
mariage. Les sélections langagières des expressions t,e:.fu" qu"
"demander 1a main d'une fi1Ie" attestée en arabe ou encore
"11re dans 1a main de quelqu'un" attest,ée chez 1es voyantes,
en sont révélatrices; du côté de Ia bague, 1nut11e d'insister.D'un autre côté, "pied" et "chaussure" dont 1es investissement,s
ne se manifestent pas expressivement à 1a manière de "main" eL
"bague", sont en quelque sorte mis à I'ombre pour ne surgir que
sous forme d'indicationsl lor= de circonstances approprlées.
Ceci clit., 1e conte permet de reconstruire leurs investissements
dans 1a conf iguration du mari-age.
1 S"1on nos informateurs, 1e pied est 1a partie physiquequi permet 1'élaborat,ion d'une évaluation morale sur Ia femme:si cel1e-ci à des pieds dont la partie qui se trouve au-dessousde Ia cheville est "creuse", it s'agit d'une femne à craindre(méchante); si, par ailleurs, el1e a un pied dont Ia taille estcomparable à celle d'un homme, iI s'agit d'une femme qui n'aaucune qualité de fémlnité. Une chaussure ne doit jamaislorsqu'e1Ie est ôt,ée au seuil d'une pièce- être posée à1'envers (semelIe en position de ce qui se laisse voir) carceci est porteur d'un malheur; si une chaussure est au-dessusde I'autre, cela signifie selon nos infornateurs toujours, guêson propriétaire doit s'attendre à un long voyage.
174
Ret,enons 1a bague, eu€ la distribution dans 1es parcours
considérés (cf . c8 et c2z) rat.tache à "chaussure,' de 1a même
manière que "main" , à "pied" . l,lous avons dit qtr, e11e entre en
jeu dans un cadre thématique d,e mariage; ajoutons que ce
dernier dans c32 ne se réaiise pas conjoint,ement aux rô1es
octroyés à 1'homme et à 1a femme seLon 1a scructure syntaxique
dé jà signalée, mais sel-on d.es condi-tions verbaLisées par Le
rang social de 1a femme. ce rang falt, exception à l"a règLe
selon 1aque11e "1'homme f ait, 1e pas". Â première vue, ce-LLe
lecture devrait remettre en cause ce que noLls avons dit. à
propos de la rè91e. r1 n'en est rlen; notre ét.ude de ce ces va
tenter de 1e montrer.
Dans 1e c32, chacune des f i1r.es du rci_ exprime l_e ciroi;<
de l-'homme qu'e11e désire épouser par 1e ccn d'une i:ague dc,n:
La fonction semble particulariser un context,e disrinct de celuiqui exigerait, que ce soit L'hcmme qui "habill_e" 1e dolgt de 1a
femme Çomme c'est Le cas, dans un certairr sens, de la chatissuîe
qul "habi11e " 1e pied de la femme dans cg. conlrairemenE à
ce1a, darrs c32, les fi11es jouissent du pouvoir*choisir leursmari-s; mais ce pouvoir -pour peu qu'on soit attentif- est Lu1-
même ccnditionné r c'est aLrx bagues que revienr la f oncr:,j-cn de
sous-tendre ra mise en discours de ra possibillt,é d,e ces
mariages. Àutrement dit, 1e pouvoir-choisir est conditlonné par
1e don des bagues: s'i1 n'y avait pas utilisation de ces
bagues, 1a rè91e aurait pris son droit, de systématiser 1a
reration, car si nous tenions compte uniquement du rang social( royar ) qui accorde à son représentant, 1e pouvoir selon une
lecture superficlelle, 1e mariage incestueux dans c10 se serait,
775
-sel_on ces considérations_ réa1isé. Or, ce n,est pas le casmalgré 1e rang social du prince dans c10, raison pour laque11eaucune trace comparable à ceile investie dans 1a bague n,estpossible à repérer' Le repérage d'une te11e irace est<i'a1l,eurs une tâche insensée. Dans 1e C32, i1 en est autrementtant que f inceste ne s'y installe pas cer 1a bague , dansL'univers des cont.es, ne fonctionne que dans 1e cadre dumariage permis culture11ement,. La mise en fonctionnement de 1abague dans une configurat,ion donnée est, en somme t,ributaire<i'un f orrds cultureI.
Dans cet ordre d'idées, ies bagues retirées aux gendresdu roi dans notre conte c32 signifient r_,annulation du mariaçlerrarrativisée par f incapacité (ne pas pouvoir faire ) desgendres de s'élever vers 1e rang royal. Dans cette perspect,ive,1e rapport co*f 1ict.uel entre 1e charbonnier ( i , un des genclres<iu roi ) et 1es autres est sous-tendu par ia bague dans r-e §ensoù e11e sert comme marque de reconnai§sance 1 du gendreméritant: 1e passage du "paraitre-charbonnier,, à,,r-,être_horrime,,rend ciigne du rang roya1.
un pa§ s'impose. Les flgures examinées jusqu,à présentproposent toutes des cas de pluri_isotopies: 1a bague, 1achaussure' 1'aigui11e, 1e fuseau, 1a ceinture..., qui serventà faire jouer une dimension de 1 , ordre de 1, identlté sel0n1'être et Le paral.tre, sont mises en contexte de telle §ort,equ'el1es laissent prévolr dans les configuraÈions unethémat.isat,i-on en termes de mariages sans qu,il y ait réel1ement
chau=l"T::" rejoisnons ici ce qui a éré dir sur le pied er la
176
une indicat,ion querconque qui permette explicit.ement de res
associer pour fonctionner dans ce cadre. pourtant, ceci se
réalise d'un point, de vue narratif et, discursif selon une
cohérenÇe tout à falt adéquate à Ia narration des récits priscomme références. ce fonctionnement ne devrait, même pas êt,re
étorrnant du moment que 1es récits utilisent, nos figures suivantdes valeurs sémantigues investj-eg dans des sèmes, et que ces
usages sont situês à des plans syntactico-sémantlques expédiés
à de s niveaux de régularités tant b j.en que relat,ivement
imprévisibles, elles ne sont janais tout à fait détachées de
sens lexicaux que Ies rêcits utl1isent,. La bague en témcigne
dans 1e sens où sa mise en contexte actualise un pouvsir-faire;e11e entre en jeu pour régurariser un mariage que eertainsprésupposés relatifs auraient annulé ou inversement. Sa lecturese fait a10rs se10n des strates 30us-tendues per un
fonctionnemenL pluri-isotope :
contrairement à 1a bague Qui, conme nous venons de 1e
voir, fonctionne dans 1e cadre du mariage posslble gu,i1 solt.
réarisé provisoirement ou non, r'aiguille appara1t dans 1es
récit,s selon une dimension bi-fonct,ionnerle dans 1e cadre du
même thème suivant qu'eL1e est conjoint,e ou disjointe de 1a
femme. EIle sert comme ce qul rend impossible 1e mariage dans
c10 dans le cas de Ia conJonction virtuelle et comme ce qui Le
rend possibre dans le cas de 1a disjonct,ion virtuelre: ce qui
semble à just.e titre arnbigu sémantiquement dans Iaiguille estdésambiguïsé-par son fonctionnemenL à un niveau synt,axique.
Dans ce cas, tout mariage n'apparai,t comme réalisabre et
177
définitivement possible dans un conte qu'à condition qu'i1
satisfasse 1'exigence d'une transformation que 1'organisat,ion
sémant,ique de Ia confi-guration adopte par 1es effetsd't-ttil-isation de motlf s. La discursivisatio:t de ces derniers
rend compie d'un phénomène où 1e facteur sémantique régit, 1a
mise en relation de traits sémiques pour rendre isotope -en
s'appuyant sur des régularités synLaxiques- ce qui n'est pas
à première vue susceptible de 1'êt,re, notamment lorsque nos
mot,ifs ne sont pas vus sous 1'ang1e des associations possibles
qu'ils comportent.
Partant de ce1a, nous estirnons qu'i1 est possible
d'émettre une conclusion provisoire; 1es investissements
sémarrtiques qui s'actualisent dans le discours narratif, par
f intermédiaire des motifs, fonctionnenL comme ce qui, en même
temps, gouverrre et se trouve qouverné par 1es opérations
syntaxiques sous-jacentes aux séquences du mariage. Ces
irrvestissemenËs sont des "Çodes sémantiques" qui agissent dans
1a mise en discours par une dépendance mutuelle d'une syntaxe
rlarrative. C'est, dans f interaction de ces paramètres quê 1a
lecture des rapprochements ou associations de motifs, peut
proposer des voies d'analyse pour pouvoir élaborer "une
sémantique du conte ora1" et peut-êt,re même, des productions
dites i'Lradition ora1e"1 selon deux hypot,hèses:
1. à un niveau théorique, Ia reconnaissânce de "codes"
reconstruit,s par des traits sémiques invest,ls dans des motifs,
1 volr F. BouALrr , " 1'ogresse farésienneconte à 1'oralité de 1'écriture ( ou dusémlotique ) " , Ecriture et. oralité, Revue de, ue v!u5Àev,
: de 1'oral dufabuleux au
la Faculté des@, No spécial, Fès, L992, pp. 31 -33.
s l avère opêrat,oire et
contextualisations qui
t.hématisations données ;
178
possible en s'appuyant sur 1es
sont forcénent, des lieux de
2. à un niveau d'étude partant de manifestations de ces
motifs, ]a pratique de l'analyse est suffisamment renseignée
sur Ies possibilit,és en lanEue de rapprocher par des relations
associafives entre unités1 de sorte que 1'élaboration de
champs lexicaux permette d,e retenir au moins un t rait, coîîmun
aux unltés qui constituent chacun d'eux et que 1e conte
exploite. En cl'autres t,ermes , une unitÉ lexicale mise en
discours ne devient symbolique ou connotative que relativement
à une stratégie présupposée quj. rejoint ce que ncus appeLierons
"énouciation narrat,ive". La mise en discours de cet,te unité ne
s'appuie pas forcément, sur un trait (des traits) parni 1es plus
apparents en langue mais, des f ois, sur un d_étgil- de sens qui
rapproche 1'unité en question des autres constit,utives C'un
champ: cê déLai1, eomme celui du fi1 par exempl-e, comporLe une
charge sémantique dont, la saisie revient à sa mise en conLexte
de manière iraplicite puisqu'eLle y est actualisée sous f orr,e
de t,rait, sêmique.
Faisons un pas pour essayer de montrer comment le conte
convoque un trait (ou des traits) spécifique(s) -des détails-
d'une unité lexicale f aisant, part,ie d'un charnp pour lui
accorder un emploi dont 1'actualisat,ion dépend de st,rat,égies
de mise en discoursi car s'i1 était questlon d'utilisations
arbitraires d'une unlté en sous-tendant, des intentions de
1 voir 1es déf init,ions de "aiguj-11e", "fuseau", 'carde"l et"ceinture" , "chaussure" , "habit"...données ci-dessus.
179
fonctionnemenL varabres pour n'importe quer état de mise en
discours, 1'aiguille aurait pu être utirlsée dans 1a
confiquration où /mgide// utilise u gissubla/ (ber), /1-mexyeT/
(ar: grande aigui1le, selon Beaussier, et grosse aiguirle à
coudre 1es sacs selon Mercier), en 1'enfonçant dans 1e genou
de son cheval afin de dissuader ses frères de Le choisir (ee
cheval est Ie meilleur des chevaux que Ie père achète pour ses
f i1s )1.
on voit bien que d'un point de vue rexical /l-mexyeT/ a
un sens comparable à celui de /l-Lbta/ i mais, cont,rairement, à
ce11e-ci qui agit sur 1'humain, /1-mexyeT/ agit, sur l-'animal:d'un point de vue syntaxique, iI joue un rôle au niveau rj'une
transformation modale qui concerne 1a qualité du chevar sel"on
1'être et re défaut selon 1e parai.tre, et selon une relationj onctive :
genou ( cheval )
gênou (cheval )
1 -mexyeT /
1-nexyeT/
n/üt
défaut, (paraître ) ;
qualité (être : rneilleur cheval )
ceci rejoint dans un certain sens l'aiEuilIe en rerationjonct.ive avec 1a femme. Pourtant, une distinction dans
1'utilisation des deux unités perslstênt; alors, comment p€ut.-
on distinguer ent,re deux unit,és dont les mises en contexte
semblent se rapprocher synt.axiquement à plus d,un titre ?
1 c"tte séquence apparalt, dans une version particurière deC34 qui n'est pas celle gue nous donnons dans le corpus.
180
Cette question n'est pas nouvelle; en fait, nous }a posons
explicitemerrt pour consolider certaines des voies de lecture
déjà proposées.
Rappelons les rapprochements entre "aigui1le" et "tissu,
vêlement" et entre "tiSSU, habit" et "1'hgmain" qgi apparalt
elt posit,ions initiale et f irrale dans Les Lransf orinations:
Si nous admett,ons que 1e "tisSu, vêtement" eSt ut111sé par
1'humain et pour 1ui-même, et que pour cet,te raison 1'aiguiIle
est mise en discours dans un parcours relatif à 1'humaln, nous
dirons para11èlement que /l-mexyeT/ ne sert pas à coudre ie
tissu-vêtement de 1'humain mais, généralement, des sacs
transportables par des solipèdes t,els que 1e cheval, ü§ du
moit:s, des sacs donL 1'usage se met en rapport avec ce dernier.
Une catégo::isation se dégage alors en termes Ce huma:-n VS
ô.rr:-rûa1 par 1a mise en discours de 1'aiguille et de 1a groSSe
aiç1ui11e; ainsi, un sens se dessine: 1'aiguille et 1a grcsse
aiguille ont au moins un trait qui 1es dist,ingue et au moins
un autre qui leur eSt commun en langue et que 1e conte récupère
pour 1es mettre en dlscours et leur attribuer des effet's
sémantiques:
.oo
t-o+JUL
(+<
+r
181
cd
/r
rrcd
.Fr
.
/r
(n
A\(f)
U.T-1
#C,)(H
H
(H
pU
]J(l-)
lJ
!F
(d
U
xC)
tJ)
O
-
oU
#(Ü
!Ê-
d!ê
I
)(H
0,,
x(]
I
Çi
tr
-1
oU
L82
La catégorie humain VS animal caractérise 1es sujets -que
1'aigui1le et /1-mexyeT/ affectent et font distinguer par "sac"
et "tissu, vêtement"- tout en se coordonnant par le trait
"coudre" dont 1'un des effets consiste à rappeler 1'univers
mythique et à indiquer une régularité syntaxique dans les
programmes des parcours considérés. La suggestion à retenir
ici, est euê, syntaxiquement, seuL /L-nexyeT/ peut dans 1e
conte conjoindre /mqldef/ au cheval désiré, tout comme seuLe
1'aigui11e peut conjoin<ire définitivement La femme au roi; "1a
paraphrase" de cette conjonction est laissée âu soin des
récits.
Sous un autre vo1et, iI semble qu'i1 est clair maintesant
que /1-mexyeT/ n'est pas substituable à I-'algui11e et vice-
versa pour Ia simple raison que sa forrction n'est pas valable
pour 1e tissu-vêtement de 1'humainl et -pendant, que nous y
sommes- ne peut faire valoir 1a prévisibilit,é que 1a
configuration dans laque11e 11 aPpara]t soit "une histoire de
mariage " .
1 Le seul cas, à notrecoudre un tissu destiné à I
connaissance, où /I-mexyeT/ sert'humain est celui du linceul.
à
,l!!i1
183
CHÀPÏTRE IV
ÉY.AIUATIOH de Ia DESCRTPTIOI{
1. Notre descript,ion ne peut réduire les mr:tif s *ma1gré
i'organisation syntaxique des configurations cù iLs
apparaissent, même en nous basant sur des associat,lons rendues
possibles par 1'élaboratlon de champs lexicaux- à un thème
'ldirecteur" sans en préclser les distinctions à faire au niveau
de ieurs effets sémantiques particuliers;
2. eIIe ne sauralt se suffire à elIe-mêne en opérant par
l-a seule dimension des traits lexicaux communs et distinct,lfsentre unités Ilnguistiques: c'est par 1'j.nscription de ces
unités dans 1a trame configurative que les procédures
d'argumentat,lon peuvent être déployées pour asseoir un rô1e
explicatif ou, mieux, interprétat,if;3. 1a descript,ion et f interprét,ation pro<iuisent un
dlscours issu ou produit par une sorte de dérive1 qu"
1'analyse dolt être en rnesure de maitriser. cette dérlve exige
1 voi. c. CALAME, 'pausanias le périègète enou comment, décrlre un culte grec" 1n,anthropoloqlque, op. clt. pp, 23L-232.
ethnoqraphieLe dlscours
184
que Ie processus argumentatif soit justlflé par 1e recours auxprocédures narratlves et discurslves des configurations pourtent,er, comme nous ilavons falt,, de voir par quelre issue cesdernières " f i1t.rent" des sens donnés en utilisant tel ou t,e1
aut.re moti f ;
4. ces procédures sont
1'utilisati_on des mot,if s -et,
eomme générateurs de sens à un
sur une syntaxe qui iégitime en
à Ia manière de "codes".
partiellement, inscrites dans
non plus d'unit,és quelconques-
niveau sémantique qul s, appuie
quelque sorte 1e fonctionnement,
cette évaluation, nous a11ons éclairer quelques uns de ses
ressorts par un résumé du fonct,ionnement de L,algu11Ie et de
/1-mexyeT/:
- 1'aiguille est au tissu ce que 1e vêternenc est1 ' humain 1.
- /l--mexyeT/ est au tissu ce que re sac est à 1,animaI-cheval 2.
N. B. Une remarque reste inavouée; cotnnêr7t notre descriptionpeut,-elle oser sous-prétexte gu'i7 s,agirait, d'une except,ion,faire du "tissLt' dest,iné â un défunt, (linceul, voir p, ,gz, n.7), un élénent incomparable â "tissti" dans ce résuné conne si7e prenier ét,ait eonparable â "sac" ? Nous nous contentans deposer 1a quest,ion ,Sar.s pouvoir y répondre rigoureusenent,Quelqrues détails seuiement peuvent êt,re suggérés à ce sujet:1-'investissêment, que nous aÿons reconnü dans je tjssu-vetenentrelativenent à 7'aiguiTle est sous- tendu par un paîcoursfigurat,if qui rappelle "Ja vie', J,un des sêmes inpli-cit,es du
1 L" trait commun: oseri à coudre,, au niveau lexicals'actualise par "tissu'1 relat,ivement au "vêtement', , i1 motive1e mariage et,, par "rét,ro-1ecture", 1'utilisation de ,,co1ombe,,au sens métaphorlque.
2 s.rr= investissement à 1a manlère de Uaiguirle, sa seuremlse en relation avec "chevaf rappelle par ce dernier restralts du sens litt,éra1 signalés par H. Mercler.
185
nariage qui n'ent,re guère en jeu dans Je tjssu-l inceul qui nousnet en présence -faut-i1 7e dire ?- de 1a nort. const,atonsalors cette forne "indirtérente', -ie terme n,est peut_être pasexact- au niveau de I 'ut,ilisat,ion de / 7-nexyeT/ , que Le tissu_sâc s'associe â "chevar.n ou eu "déf unt,, , ceci iie senbie pasavoir d'inportance puisque , de tautes Jes 1açons, -
fe cont,econstruit i-'univers du défunt seJon un cade difiérent de ceJuides vivants. Irn outre, J'int,ention de parler de Ja nort par Jes_inpJe fait gue nous avons indiqué tt:nixyert utirisabJe pourie linceu), senbl"e pluiôt éviÀcée par l,absence de tracessa ti s faisan te§.
Cecl dit, selon 1es contextes, Les m j.ses en di-scours d'unmct,if défini par sa récurrence dans res conLes, ne cherchentpoint à formaliser un contenu défini par une thémat,isationdonnée de pareours et^ prls en charge par 1e clscours narrat,i.f .
Là où un investissement est pertinent, pour 1a construcz:.ont,hémati que , te i que 1'aigui11e dans 1a conf,igurat:.,::r Cu
marlâgê, peut nê pas être un lieu de "col'!centraLion" d,i.in a'ltreparcours si celui-ci est repéré dans d, autres contextes de
réeit,s part,icuLiers. pour s'en apercevoir, i1 suf f it, de :eLeverdans C34
plurlel ) .
et ses varlantes 1'occurrence de "alguilies" ( au
Dans ce conte, Ie pluriel de /SisSinefS/, à savoir,/Sissinaf/ (ber: aiguiiles) est fonct,ionnel; ia figure n,a pLtrs
rien à voir avec 1, investissement que nous avûns souligné dansc10 par exemple, où erle est utilisée au singulier. Àutrementdlt, dans c34, par 1e pluriel de "aigui1re", s€ réar-ise un
déplacement, de sens, sinon une
( slngulier) 1 s'actualise dans
nouvel lnvestissement y apparaisse.
"désémantisation" de l,alEuillel-a conf igurat,ion pour qu, un
r /mqldef tverslons ) sur 1e
disperse des aiguilles (outapls de 1'ogresse.
épines selon 1es
185
ces déta11s s'avèrent pertlnents d'un point, de vue
descrlptlf pour r'étude de 1'organisation syntactlco-sénantlque; car 1es aiguilles sont une figure qui ne peut, êtrecon§1dérée comme mot,if ne serait*ce que parce que dans 1a
narration du conte, nos informateurs lui substltuent alsément"épines" qul apparalt darrs c27 comme élément du cholx proposé
à 1'héroine. Dès lors, pâr 1a Lrace de cette récurrence dans
c27, c34 et ses variant,es, nous sommes en droit de di.re que letralt, à retenir dans "aigui11es" n,est plus celui de "coudre"
mais, bien plutôt, celui de "piguant", "épineux,, et ce sera parce trait, que le motif d'"aigui11es, épines" prend forme et sens
dans une nouvelle conflguration où l,organisation syntaxiqueconsist,e à sous-tendre "un f aire-f aire,' af in d, obtenir 1 , cb jet,(tapis ) dans c27 et c34: " r'épineux" f ait, céder " 1e t,api_s" à
ses proprléÉaires (ogresse dans c34, femme dans c27t.Toutef ois , 1a subst,it,ut,ion r aigu111es / épines , n, évlnce
pas t,otalement re fonctionnement des aiguilles dans 1e sens où
e11es ne sont pas totarement réduites au seul trait, "épineux,piguant", car Ies contes associent ce trai.t au tapis dit,/1-gTifa/, /Srakna/ (ber) de ra même manière que 1,alguiL1e,comne nous 1'avons vu, à "Èissu, tissage, f13.age...,,. Ce donT
i1 faut tenir compte est que 1'ut,llisation des aiguilles dans
ce champ ne doit pâs êt,re confondue avec celle de 1,alguirledans c10. Le plurier rappelle prutôt, "1es cardes,', instrumentqui contient, un ensemble d'aigul1les pour dénê1er res flbresde ra laine gui, après flrage, servent à È1sser re tapis.Enfin, cette dernière flgure ne comporte aucun t,rait, sous forned'effet qul ra dispose à fonctlonner dans une configuratlon
187
suivant, des i-nvestissements qul concernent, les propriétés de
1'algui11e transformatrice de 1a femme en colombe. La tracelinguistique qui sert à rendre compte de ce point de vue est"ensemble d'aiguiJ.1es" {des cardes) rlont /nqideï/, comme nolls
1'avons déjà vu, se sert pour se protéger contre 1'ogresse (cf.Ie trait de "séparâtiorr", 1:. WD, n, i).
La pertinence de l-a concentration du faire descriptif du
motif de 1'aiguille est invitée à a11er au derà de 1a simple
constatation de la récurrence; e11e doit viser non seuiement
1a mi.se en relation de 1'aiguilre avec 1a colombe et des
aiguilles avec le tapis suivant 1e singuller et j"e p1urie1,
mais aussi, 1a combinaison entre ies é1éments de chacune des
relationsi "ce ne sont pâs Jes mots, la phrase, bret cfes fcrmes
que naus devons avoir uniquenent er vue i ce sofit cies1opératiorts" ' qui sont une technique par laquelie s'actualisent
des sens particuli.ers des motifs dans les configurations.Ce serait, à notre avis, une solutlon pour expliquer d,,une
manière peut-être abstraite 1e comment d'une ut,ilisat:-onlexlcale dans des contextes dist,inct.s par des traits tels gue
"serl à coudre", "sert à piguer", "sert à démê1er les fi.bres
de la laine"., dont 1'un s'act,ualise dans un contexte et non
dans 1'autre, pour que la thématisat,lon prenne des voies
d'expansions qui soieni, -bien que le notlf soit apparemment l"e
même- sous-t,endues par des opérations portant sur des
combinaisons entre traits du motif " aigu111e " dans 1a
1 ,1. -c. coQUET,à 1'autre", Pressesp.103.
"L'être et Ieunive rs L tai re s
passage ou d'de Vincennes
une sémlotique, Parls, 1988,
188
conflguration. cette configuratlon qui ne peut, nous semble-t-
i1, se manifester dans les variantes d'un seul conte, sera
construlÈe théoriquement, pour prévoir l'ensemble des contextesd'utilisatlon d'une unlté lexicale suivant l, exp't 6itation de
chacun de ses traits combiné à d'autres t,raits d'uniLés te1lesque "colombe", "Lapis". . .
permettent de relever.
que les récit,s partlculiers
Ealsons un pas de plus dans ce sens pour éclalrer 1a
questlon, cette fois, du principe de substitution d'une unltélexlcale par une autre dans un même cadre configurat,if. L,idéede combinaison entre unités substltuables l'une à 1, autredemeure opératoire car, c'est aut,our d'un même t,rait que 1e
mot,if manifesté par 1'une cu 1'autre des unités est ut,ilisédans une configuration donnée: 1a prototypicalité estdêpendante de ce trait, sél"ectionné par une opération de mise
en rel-ation entre unités. cett,e sélection est lnt,entionnellepar "le besoin" adéquat à sa mise en dj_scours.
Prenons deux exemples, celui du tapis que nous venons de
volr et celui de /L-HsLra/ (ar), /aHSir/ (ber: natte en joncs,
en sparte ) , qui se substituent 1'un à 1'autre de manière
lndifférente dans, entre autres, 1es versi-ons que nous avons
pu recueillir de C201.
Le t.hème sous-jacent à notre conflguratlon dans ce conte
est 1'adult,ère: si 1'on en croit, 1a substit,ution c1-dessus, on
1
naDetu teHttempsdé1ir,et le
/nfa weld 1-ma1ik eend dlk 1-mta Gi dxul !ÿ rajel-ha dxuldik 1-mra lwat weld 1-ma1ik f-1-HSira (f-1-gTifa) r+ dHar-s-srir/ (ar: le prince se rendit chez la femme. peu de
après, 1e mari renÈra. Pour ne pas être prise en flagrantIa femme "enrouIa" autour du prince une natte (un tapls)
cacha ensuite sous 1e lit).
189
ne peut dlre gue ilune des flgures solt plus appropriée que
l'aulre pour être ut,llisée dans 1e parcours f igurat,if sous-t,endant ce thème. Autrement dlt, l,utilisatlon de l,une ou de
1'aut're de nos f lgures n'est pas importante; par corrtre, 1a
combinalson entre 1es f igures qui s, actuallsent, dans -la
comparaison des versions du parcours permet de retenir qu,elrese base non pas sur 1a 1eçon saussurienne de "différence'. mais'sur celle de " groupement" . cett,e combinaison permeL une
constit.ution du parcours suivant, deux plans r
1' au niveau de 1a trame narrat,i-\re du conte, e11e
entretient. un rapport avec " l-a f emme en état, d, a,lu j.t,ère " : cecirappelle "1a séparatlon" (1a rupture du lien conjugal) en tantque trait des alguilles (des cardes...) qul nous ramène au
champ du tlssage êt, par conséquent, au "tapis" ut,iiisé <ians
notre conflguration. Dans ce cas, signaLons que 1a natte en
joncs s'1nt,ègre aussi dans 1e champ du tissage blen qu,i1fai11e en préciser quelgues trait,s dlst,inctifs par rapport à
"tapis'1.
2. Par cette combinaison, "1a séparation,' que nous venons
de voir ne se réalise pas en tant que telle dans 1e conte r
appartenant au même champ du t,lssage, 1'une ou L,aut,re de nos
figures permett,ent, dans ce sens de sauvegarder le lien conjugalentre 1a femme et 1e mari à conditlon que ce dernier ne sache
rlen de 1'adultère de sa f emme r cê don-u nos f igures se
chargent. La vaLeur sémantique de "tissu-natte" acguierL lclsa fonction conjonctive à 1a manlère de 1,aigullLe dans le
1Àcecomme "natte
propos signalons queservant de tapis"
Beaussier déflnit, /I-HSLra/(c'est nous qui soulignons).
190
parcours qui débouche sur le mariage et de ra grosse aiguiltequi permet au héros 1a conjonction avec 1e melrleur cheval.Évidemment, nous n'aI10ns pas reprendre Ia quest,ion gue pose
1e rapport entre 1'aiguille, 1a Erosse aigulrle et 1e t,issu,entre 1e tissu -qui se manifeste icl sous forme de natte, de
t,apis- et 1e mariage ou lien con juga1.
Àu fond, cette lect,ure nous amène droit vers une
interprétation peu commune. Notre motif, qu,il soir manlfesrépar 1'une ou 1'aut,re des uti-lisations <ies unités (tapis ou
natte en joncs), est ut.ilisé dans une configuration dont 1a
construction représentative est assez curieuse; 11 assure en
même temps "1e cours normal" d'une union 1éga1e et sert comfiie
moyen à 1a femme de réaliser ce que l_a règ1e socio-cuLturel-1einterdit (1'adultère), Ce mot,if, cl,un point, de r./ire
interprétatif, constltue -toutes proportions gardées- une" complicité " vis-à-vis de 1a femme. . . Dans ce cadreint,erprétatif, nous pensons comprendre mieux pourquol /1-HS ita/particulièrement, comporte une connot.ation reLative à une
éthlque1.
sous un autre vo1et, sachant que /1-HSLra/ -qu,i1 noussoit permis de préciser res définitlons de Beaussier ei de
Mercier- est "faia"'o'alfa', nous nous trouvons en présenced'un trait, qui la distingue du tapls dont, le terme équivalent,du molns en berbère, /grakna/, comporte 1e trait ,,fait, de
1 D"ns certains milieux ruraux des Bén1-znassen: ent,reautres cit,ons celul dont nous-même sommes issu, on ne tissejamais de natte en joncs ou en spartei en outre, les milieuxchez qui cet,te pratique est courante sont vus par les premiersà 1a manière du "jugement" de ce tissage dit, ,,rabaissanÈ,,.
191
1aine". ReLenons ici /1-Hel-fa/ qui apparalt explicitement dans
1e C38 pour nous renseigner par son contexte d'utilisation sur
1'un de ses investissements sénantiques,
/ 1-HeJ-ta/ apparalt d.ans d,es context,es bien précis; 1a
conf iguration se résume à per-r près de l-a manière suj-rrante r 1e
père, pûur égarer ses f i11es, leur riemande il'ailer ramasser du
bois; Çuant à Lul, ieur dlL-ii, i1 pilonnerait de L'a1fa (ies
âoLrps du piionnage sont un:.ndice de la présence du père rlans
1es lieux où Les fi1les ramassent du boisi. Ce dire esL, bien
entendu, mensonger car 1es coups sont en f ait assurés pa-î ie
vent qui f ait ba.lancer Le pi1on..,. Le père, devenu roisé::abl-e
mendiant, s€ retrouve Lrn jour chez l-'une de ses fiil.es; Le
soir, c€Lle-ci se met à raconter -en présence d.e son -oère et
de ses errf anLs- son histoire. Au f ur ei à mesure qr:'eJ-Ie
racorrte , le père s'enf once per terre i avec .La f j-n Ce
L'histoire , i1 rre reste de l"ui que 1a barbe en sr-trf a,Je. À ce
momerrt. ià , la f j.1le Lui arrache 1a barbe et dit r que Dier: f asse
rie toi (de bes poils) de 'l 'alfa quj. pousse sur 1es coLl.ines {ou
dans 1e s dé serts ) 1.
Ce qui semble assez intéressant dans notre confi.guratiorr
est que /1-Heïfa/ apparal.t dans un contexte qui pose 1e Lien
de parenté que nous dénommons "organisation familiale" dans un
cadre thématique sulvant un effet thymiqr:e de 1'ordre du
dysphorique du point de vue des fi11es, Nous savons que dans
C20 / 1-HS Lra/ ( faite d'alfa ) rend possible 1'éviction de 1a
1 c*re groupant,conte quifil1es(s).
résumé , nous I'avonsdes éléments à Lravers 1raconte 1'histoire du
en fait. reconstruit en'ensemble des variantes dupère qul éqare sa ( ses )
t92
disjonction assurée par 1'aduItère -si 1e mari ne l'apprend
pas- eL qu'e1Ie permet justement à la femme de ne pas faire
acquérir ce savoir à son mari , êt donc, de maintenir la
relation conjonctive ( lien conjugal ) . Selon ces pararnètres,
/1.-HS ira/ et /]-HeLfa/ acquièrent une valeur relative à
" 1'organisation familiaIe" , mais se distinguent selon:
1 . / I-HSira/ assure Ia contlnuité d'une uni-on
ôïganisatrice de 1a famil1e, 9ui, normalement -i1 s'agit d'une
interprét.ation- devrait cesser de voir 1e jour. Notons que 1a
séparatlon eSt présupposée dans .Ie sens où on en sait quelque
chose: bien que roi (ou prince), i1 se fait contenir par une
/HSira/ -au sens péjoratif- est,le prix qu'i1 faut pour que l-a
séparation n'ail pas lieu;
2, /1-He:-.fa/ entre en leu dans 1e désordre -forme de
disjonction entre 1e père êt 1es fj-11es- de "1'organlsation
familiale" qui, nornalementr âu nom du lien sacré entre Le
pater et les enfants, flê devrait pas avoir 1ieu. /L-Heifa/
assure cette valeur irrtrinsèque à ce lien pârticulièrement'
lorsque, êr paraphrasant 1a fin de notre résumé, 1e père qui
abandonne ses fi11es devient un mendiant que 1e hasard conduit
jusqu'à 1'une de ses fiIles devenues toutes mères de famiIles.
L''ayant reconnu, sâ fille Iui reproche impllcitement de les
avoir abandonnées. Sous I'effet du regret, le père se fait
engloutir petit à petit par la terre jusqu'au menton...
Retenons cette unité pour donner des ouvertures de lecture
possibles de tout motif qul s'y associe, Dite "planÈe qui
pousse sur 1es collines ou dans les déserts' selon 1e conte,
par sa mise en relation avec U$nar$/ (ber), /1-1eHya/ (ar:
193
barbe) ciu père, elre met bien en place un sens sur le lienparental: dans une certalne mesure, le père se définlt par
rapport au trait de "sLéri1it,é" des déserts et des colIines,ou encore, les déserts ou Les colrines sont 1e seul espaee
d'enterrement, que mérite un père qui aurait égaré et abandonné
ses propres filles (cecl nous rappelle dans un certain sens lec1 où Ie mari "s'enterre" 1ui-même dans une grott.e). Enfin, pâr
L'lnvocation de 1a fi11e, un rapprochement s'étabrlt entre 1e
père et 1a stérilité: aucune f,ert111té n'est, attendue d,un t,elpère qui est pCIur ses flIles ce que 1es.déserts (res collines)
Dans cette perspectlve, i1 faudrait peut-être rendre
hommage au conte: cês formes de mlse en dlscours de /r-!IeLta/,/1-HSLra/, les déserts... par des procédés qul consistent à lesinvestir de signif ications peu communês à l, ai.de d,e
"groupements" dans une configuration, nous semblent tout à faitrecherchées. Ajout,ons que ces procédés ne sont, pas part,icullers:ct!
/1-He1fa/ ; déserts (collines) rr
(1'alfa est aux déserts (collinesest aux flIIes), dont nous pouvons
de s " groupements " comme su j-t;
barbe (le père) : flIles
) ce que Ia barbe ( 1e père )
déta111er les soubassements
194
" parenté " : t' --- pousse dans--- "
al fa déserts ( collines ) barbe (père) ; f111es>-r*
stéri1itéll
llmétaphore=æ métonymie
ces procédés rejoignerrt "1e code rhétorique" que aous
avons déjà évoqué à propos de "aiEullre { s } , colombes,
femme..."1. ce code se maintient, en sous-tendant, 1a mise en
oeuvre des motifs et plus généralement des rêcurrences
d'occurrences par au moins un trait dans des parcours donnés.
Provisoirement, l'un des crlLères définitoires de ce code sera,pour nous, celul d'associat,lons combinëes par des relatlonsentre des catégorles sémlques dont la reconnaissance ne se
fonde absorument. pas sur ra constitution d'j-nventaires de
l Nous sommes conscient qu'arrivé à ce stade d,ét,ude, iInous faudrait syst.ématiser nos propos en classant, mêmearbitrairement peut-êt,re, 1es conflgurations des contes orauxpour examlner chacune d'e11es selon le code rhét,orique qui luiest sous-jacent. D'un autre polnt, de vue, Iorsque 1es codespart,iculiers auront été étudiés sulvant les paramètres desorganlsatlons syntactlco-sémantiques, 1'analyse sera en mesurede just,lfler 1e projet d'une "authentlque" sémanLique du conteoral i malheureusement, nous ne disposons ni des moyens ni dutemps qu'i} faut pour ce projet trop anbltieux pour une seuleâme.
subst it,ution
I
f e rt.ilité
(mères)
195
figures puisqu'e11es sont soumises à des règ1es syntaxiques etsémantlgues. En outre, cês règles ne sont guère prévisibresavant, 1'examen descript,if <les contextes conf iguratif s. c, est-à-dlre que 1es phénomèrres <1e connexions, d, associations, de
combinaisons entre relations. . . ne sont décryptés qu, aprèsutilisation d'instrurnents appropriés qui puissent -aprèsvérification de traces dans 1es récits particuliers- promettre1a cohérence du discours descriptif et interprétat,if dont nous
avons déjà parlé. Essayons d'éclairer cela en prÊnant, cettefois, comme occurrence cerre de /1-hi.Dura/ (ar: peau de mouton
lavée et' tannée (avec sa laine) ) qui propose guelques avantagesà 1'étude.
certaines variantes du c41 commencenr ainsi: 1a nouverieépouse du roi mei au monde deux enfant,s (ou un enfant, seion Les
versions); 1es co-épouses prises de jaiousie décldent de fesséparer de leur mère; e11es chargent ta sage-femme d,exécuter1e comp1ot,. cel1e-ci prend 1es enfant,s, 1es enveloppe dans une
/hiDura / et 1es j ett.e à ra mer après les avoir mi_s dans un
cof f re en bois. . . Fin de 1'histoire r un pêc,heur trouve Le
coffre, découvre les enfants et décide de 1es é1ever.
Dans le c14, ra marâtre envoie 1a fille à 1a rivière après
1ui avoir donné deux /hyaDer/ (plurle1 de /hiDura/) poui- leslaver de telle sorte que cel1e qul est noire devienne branche
et celle qul est blanche devienne noire.Dans nos deux contes, nous pouvons retenir 1e 11en de
parenté entre 1es personnages mis en scène narralive. ces lienssubissent un désordre: les enfants sont jetés à 1a mer et, lafi1le se trouve dans 1'obligatlon de partlr de chez eIle
196
puisque Ie faire-faire de la marâtre est programmé dans 1e sens
de ne pas pouvolr-fa1re chez 1a fille êt, par conséquent, du
devoir-partir (qultter) 1e foyer nata1. L'exclusion des enfants
du foyer familial est ainsi 1e programme qul est déveioppé dans
notre configurationr les marâtres assunent syntaxiquement un
même rô1e en ut,llisant l-es peaux de moutons associées à
1'aquatique ( mer, rivière ) . Dans ce cas , avec 1e coffre , 1â
peau sert à envelopper leS nouveaux nés; elLe sert aussi à
maint,enir une reiation disjonctive avec 1a fonctlon de 1a mer
dans un programme de "noYade = mort" du point, de vue des
marâtres dont 1e dé1égué est 1a sage-femme. Autrement dlt, "la
peâu et 1e coffre" servent d'é1éments d'un anti-programme par
rapport à celui du repêchage et qui se réalise par Ie pêcheur.
Toutefois, dans 1e cas du C74,}e coffre n'apparalt pês: nous
supposerons gue cett,e unité est utl11sée pour des fins
narratives spécifiques au C41 qui utilise 1a mer et Ie pêcheur,
ce dont le c14 peut se passer puisque seule la peau Peut
assumer 1e rôIe -par f investlssement que nous al1ons Y
repérer- de transformer 1'état dysphorique de 1a fi11e en
euphorique.
En somme, nous n'al}ons retenir que les unités communes:
Ia peau et 1',aquatiQtrê, 1a mer et la rlvlère, en dlstinguant
ces dernières par deux effets implicites aux programmes des
marâtres ( Ia mer eSt un eSPace de noyade, 1a rivière est,
évoquée pour son eau qui sert à laver les peaux).
si nous examlnons ces flgures à 1a manière d'une simple
paraphrase de leur manifestatlon dans Ies récits, nous ne
pourrons Pas les rendre lntelIigibles: iI sera
197
vralsemblablement nécessaire, après avoir évoqué 1'aquatique,
de voir à quel univers sont affectés Ia peau, 1e coffre et
/1-Gurbal/ (ar), /arekkuê/ (ber: tamis)1. Nous sommes en
présence d'urre même figure ( peau ) et de deux autres
difficilement rapprochables. Pourtant, bien que "peau" el
"coffre" soient ut,ilisés dans un même parcours alors que
"peaux" et "tamis" se substituent 1'un à 1'autre sel-on 1es
versions de 1a configuration, ceci devrait nous lnvlter à faire
abstraction de ces données manifestées pour nous placer à un
nlveau relativement profond où se pose la question des
assoëiat.ions de "peau", "cof f re", "tamj-s" dans ia
configuration.
Hypothèse: 1es dlstributions de ces figures tel-1es
qu'e11es sont mises en contexte devraient leur faj-re entretenir
des relations sémantiques sous-tendues par L'organisation
syntaxigue si on les mettait en rapPort avec 1'aquatique en
tant qu'univers contenant 1e coffre, lui-même conLenant l-a
peau, e11e-même contenant les enfants dans C41,. De ce point de
vue, Ie coffre empêche Ia mer d'être un e§paëe de l-a noyade.
Ne s'agissant pas de noyade = mort dans C14 et C27, la fille
aura été située non pas dans 1'espace aquatlque mais terrestre
t,out en étant impliquée dans un progranme qui eonslste à lui
faire sublr quelque chose de rapprochable à 1a noyadei c'est-à-
1 R"pp"lons que dans les C14 et c27 sont utilisées deuxversions d'une même configurationr dans 1'une apparaLt' 1eprogranme du lavage des peaux dans 1a rivlère; dans 1'autre,le programme du puisage de 1'eau (de rivlère) dans un tamis.Notons que les deux programmes ont la même vlsée du point' devue de Ia marâtre! meLtre 1a fille dans I'impossibilité depouvo i r- f ai re .
198
dire, Ia mortr ou du moins, 1'égarement ou la disjonction par
rapport au foyer familial devant 1, impossibllité de rendrenoire par le lavage }a peau blanche, êt blanche cel1e qui esL
noire (varlante de "remplir d'eau un tamis',). par cet effet,investi dans 1e programme, 1e rapprochement, bien que curleux,s'explique <ie manière assez sournoise: 1e coffre, empêchant 1a
mer de réaliser 1e faire programmé par les marât,res, donc ne
pouvant contenir 1'eau bien qu'i1 en soit engrobé, se rapport,e
au t,ami-s qui -destiné à puiser de ileau, se3.on Ie programme de
La marâtre qui servlralt à donner 1a mort- ne peut justement
servir comme "récipient" (instrument pour cette fin); 1a mort.
programmée ne peut. en aucun cas avoir 1ieu.
seron ce point de vue, i} doit y avoir au molns un traitqui rapproche 1e coffre du tamis. Dans un sens général, nous
voyons dé jà que 1e rapprochement s'ét,ab1it par 1a conf igurat,ionspatiale relative à 1'aquatique et aux sujets qul entreti-ennentdes relations avec 1'espace en question; mais ceci n,expliquerien encore. Du point de vue figuratif, le coffre et 1e tamisse font rapprocher par f intermédiaire de la p""u1 récurrentedans 1es deux parcours des enfants et de 1a fiire; ceÈÈe figurePeut' ' nous semble-t,-i1, être saisie comme effet de
régularlsatlon du rapprochement des deux premières seron le
1 Dans ce cas, la peau est uti11sée au singulier; dans1'autre, âü pluriel: il nous semble que ceci peut s, expliquerrelativement à:- le recours à "coffre" sembre exigé par Ie fait, que 1e sujet(enfants) est présenté comme engrobé par 1'espace aquat,ique;- alors que pour 1a fil1e, e11e est située dans 1, eJpaceterrestre en tant que sujet, de faire (rempllr d,eau Ie tamls).Ble-n entendu, cette expllcation reste dlscut,abre tant qu, erren'est pas justlfiée.
199
'sènê de "protection contre 1'eau". rci, 1, aquatique mis en
rapport, avec 1a noyade qui se manifeste sous forme d,égarement,,
d'exclusion de 1'espace familiar, de rejet..., se met, sous un
autre aspect, en relation avec 1e terrestre comme espace du
repêchage au sens gënéral du terme.
si nous persistions dans ce jeu de mise en relatlons, nous
devri-ons de manière assez précise expliquer la nature du
rapprochement entre "cof f re", "tami-s" et '.peaux,,: 1e contedéfin1t 1e coffre selon le t,rait ,'fait en bois',. r1 se trouveque Ie cerceau du tamis, où on fixe une peau percée de chèvreou de mout,on pour permett,re 1e tanrlsage, e§t aussi f ait, en
bois. Le tamis comport,e aLors 1e trait, déf j.nitoire du cof f reque nous venons de slgnaier et un aut,re re1at,1f à "peau" 1.
si nous rapprochons "cof f re" de '"cerceau", 1a ca-uégorie
susceptible d'êLre retenue grâce à "bols,, serait, dans un sens,
ce1Ie du végétal. 11 ne reste plus qu'à mettre en place cerl_e
de 1'animal (chèvre ou mouton) dont provient 1a peaur ,'végéta1
vs animal" -dont nous venons de p,réciser un sens suivant La
provenance oe "bois" par végéta1 et de,,peau,,par ,,anima1"-
sera retenu en tant que catégorie sou§-jacent,e à un universsémantique de 1a configuratlon globale:
1 ceci permet de comprendre pourquoi 1e.aux peaux et, pourquol Ies peaux peuventut,ilisées dans 1e même micro-récit.
tamis se substltuevislblement être
200
Caté gorie
/hiDura/,
/Oah 1Du rtz
l\
+
végéta1
bois / S enDuq /( coffre )
,/\anlmal
+ 1aine1 lainetroué e
/Gurbal/, /arekku0/
A ce stade, i1 apparalt que des relations se tissent ent,re
1'aquatlque (mer, rivière) et Ie terrestre comme espace de
1'humain (enfant,s, f i11e), entre ,'végéta1" (= bois) et ,'animal',
(= peau ) , qui constlt,uent trois att,ributs qui sont dans
1'univers conf igurat.if coordonnés nême s'ils comportent <ies
isotopies contradictoires. Lorsque "végéta1" = "bols sec,'2 estcoordonné avec "anima1" - "peau tannée avec Iaine ou trouée
sans 1ai.ne", cela signif ie la mise en place de.ra mort. dans un
programme non réa1isé puisque arinulé par 1'absence d,assomption
1 "4u"" laine" mot.ive 1'utillsation de /1-hiDura/; ,,sanslalne + trouée" motive celle du t,ami.s dans ra conf iguration.c'est dire que non seurement 1a substitution se jusiitie parces traits mais, aussi-, que 1e trait "1aine" que nous avonslaissé en suspens (cf. p. lgo) devient fonct,ionnelle pour1égitimer "animal" gui n'acquiert d'intérêt, fonctionnel que par"végétal" qul se manifeste dans "bois" soit par re cerceau qui,à son tour, sê met en rapport avec 1a peau trouée et sans1aine, solt par Le coffre.
2 À propos de "bois seco, rappelons gue nous y avons déjàreeonnu '1a mort".
pe au
241
du rôle de donner cette mort par l',eau (mer, rivlère) qui, dans
ce sens, comporterait le sème de la vie. Autrenent dit, à ce
nlveau, nous pensons gue 1a catégorie vie vs mort est aussi
impliquée dans cette configuration en tant que traits lnvestis
rlans "rivièI.ê" , "mer" = "eau" et "végéta1" = "cof f re" (bois
sec) VS "animaL" = "peall",,. , coordonnés d'un Point de vue
discursif par 1e molif du tamis qui comporte aussi bj-en "boj's"
= "CefceaU" qUi Se r'Appor'Le à "Végéta1", que "peau" qqi Se
rapporte à "animal". Nous assistons ici à une configuratlon
dont 1e parcours du sens exploite un unlvers mythique qui
habille Sémantlquement la structure narrative de 1a
transfOfmaLiOn dU "prOgramme de mOTt" en "prOgramme de Vie".
Voici en gros une organisation <ie mot,if S dans un univers
myÈhique de configuration, Scrus-tendu syntaxiquement par des
11éterminations inscrites dans 1'univers terrestre qui exclut
de l,aquatique Ia possibilité à I'anti-sujet (marâtres ) de
clonner 1a morL au sujet ( nouveaux-nês, fi1le ) : place à 1a
morale du conte.
Essayons de justifier notre iecture du motif du tamis que
nous retenons pour y avoir repéré une forme coordonnatrice du
végétal et de 1'animali ca::, d,ire qu'un lami§ entre en jeu dans
Ia configuration pour en quelque sorte nier le progranme de 1a
répudiation dont 1'effet eSt proche de 1a nort -nouS dlrlons
une mort symbolique- pourrait générer une question Sur 1a mlse
en place de cette même mort sl notre motif Cessait d'être "un
tamis'. tout en gardant les traits suivants! "cerceau autour
duquel on flxe une peau de mouton ou de chèvre"
202
La réponse à cette questir:n ne peut se faire que par une
autre question! est-ce que 1e cerceau et 1a peau qui y estfixée peuvent ou non contenlr de 1'eau ? si, à la manlère du
coffre, ils ne 1e peuvent pâs, c'est que 1a mise en place de
1a mort ne peut, être motivée dans 1a configuration; sl, parcontre, ils 1e peuvent, c'est qu'i1s entretlennent un rapport,ét,roit avec une réalisation motivée de la mort. En effet, si1a peau n'est pâs trouée, ce tamls, non seulement ir cesse
d'être investl par les t,raits que nous venons de voir pourassurer son rô1e fonctlonner, mais, aussi, i1 cesse d, êt.reclésigné linguist,lquement comme te1: <iu moment qu,ir peutcont,enir de L'eau, ii sera appelé /1-bendir/ (ar. et ber.:tambour genre basque sans sonnettes ou grelots ) dont1 'occurrence apparai.t dans 1e eonte connu, 1e c3s 1. Toutcompte fait, cê motif est utilisé dans Le cadre configuratlfsuivant une mise en relation avec "1a mort = noyace,, de raf111e dlte "chanteuse de /Hebb r-remman/".
Grosso-modo, Ies isotopies de 1a vie et de
deux parcours rapprochables au même tltre que vieconstit,uent suivant un processus "déformant,'2,
nous -
1a mort dans
VS mort, se
Exp 1i. quon s -
1Lasous forme1es autres1e rêsumé1'essentieversions.
verslon que nous en proposons nous a été racontéed'un résumé ; e1le est la rnoins développée de t,outesque nous avons pu recueillir. Nous la retenons carest intéressant dans 1e sens où i1 retient,r de 1a configuration récurrente dans toutes res
1'Nous empruntons ce terme à A. J. GRErMÀs, Du sens, op.nlt h oo=_=__:1.
È,. JJ.
203
Un sens manlfeste décrit selon des trait,s supposés
définltoires d'unités dans des parcours tels que "peau, coffre,
mer" et "tamis, rivière" est 1e résu1t.at de 1'élaboration d'un
sens latentl "orçu dans/par une relat,ion catégoriel1e: végéta1
(* bois) et animal (= peau), qui produit justement -puisque
végét.a1 et animal sont coordonnés- une valeur connotative qui
est la négat,ion de ia mort el 1'lmplicatlon oe Ia vie en tant
que sème -dans cette configuratiorr ciiscursive- accordé à 1'eau
de 1a mer (ou cie 1a r j-vière ) . Ceci dit, avec un mlnimum de
" bonrre cii stance " , on se rendra compte qu'une lecture comme
ce1le que nous venons de faire doit reconnal.tre -par l-e seul
fait gu'e11e s'efforce de contracter dans son activité avec l-a
méfiance- gu'e11e devrail reprendre ce sens latent et, voir s' j-l-
se maintient lorsqu'au niveau du sens manifeste s'ajoute un
quelconque t,rait,. Comme nous venons de 1e voir, 11 suf f :-t
qu'apparaisse 1e trait de "peau trouée" relativement à "peau
non trouée", définissant successivement 1e tanis et /1-bendir/
pour que f investissement sémantique en termes d'isotopies
change même si "bois, peau" se maintient.: ce changement ie
visée, en tant qu'intent,ion dans la mise en discours d'un mot.1f
t,e1 que "f 'eau" conportant j-nit,ialement "vie" et f inalement
"mort" avec 1'apparition de "peau non t,rouée" de /L-bendlr/,est ce que nous appellerons processus "déformant". Ceci nous
permet de " (mesurer) la dist.ance qui existe entre 7e sens
1 rUia., voir "Pour une sociologie du sens commun", Pp.93-115.
204
Tatent. et 1e ,sen,s manif este, résultatsecondaire, canoufLante et défornante,'1.
contrairement, à "1'annoLation', dénotat,ive( instrument, de muslque ) .
Pour exploiter au mieux /1-bendir/ eL nous en servir comme
exemple de t,raitement, des autres nrotif s selon 1es cas, nous
voyorrs que, sans chercher à Le trailer sous 1, angle connotatifou symbolique, le sens dénct-atif (instrument de musique) esté11miné par le cont,exte dans 1e sens où même si "L,isotopiedénotative", selon l'expression de Greimas, apparait, dans c35,el-1e n'est guère "sérieuse": elre se fait évincer par 1a mise
en rapport de /1-bendir/ avec. 1'héroine ayant, subi. 1a noyade
sulvant un procédé mét,onlrmique (1e cheveu de Ia f i1Ie noyée estutilisé comme corde pour /i-bendiri ) . si ce dernier estcr-rlturellemerrt utilisé dans 1es occasions heureuses (sens
c1énotatif), dans c35, i1 apparaît dans un contexte éva1ué dans
1e conte même comme étant dysphorique ou ,,négativement
heureux". c'est 1à qu'apparait, "le camouflage,, (ie l,isotopiedénotative r on ne peut. nler 1e fait gue 1a mi-se en contexte de
/1-bendir/ dans C35 soit une forme de renversement dans ie sens
où 1e dysphorique s'actual-ise dans 1a conf iguratioir
Ce renversemenL dû au
en dlscours de /1-bendir/ n
interprétatlfs des visions
processus camouflant
' e st pas sans rappe J-e roniriques2.
d'une élaborat,ion
du sens commun
dans 1a mise
1es discours
1 rnia. p. gg .
2 Qu"lques informationsde femmes mères de famillesprès : ürl rêve dont " 1 , hi sto
que nous avonset d'un cert,ainire" raconte 1a
recueillies auprèsâge, dtsent à peuj ole , 1'euphorie ,(suite... )
205
rr serait, vraisemblablement int,éressant que 1es démarches
d'analyse des systèmes de connotatlon ou des langages
connotat,if s se servent, des "acquis" de 1a psychanalyse, l4ais,ces systèmes sont,-11s suffisamment éLaborés par des analysesfaites concrètement de f inLérieur des productions cultureLteset. populaires ? La psychanallrse tient-el_1e compte de 1a culturedite populaire pour en recevoir des enseignements gui 1uipe rmet,tent d 'approcher ce ger!re de phénomène ?
voiLà gue nous sommes arrivé à une extrapolation dont nous
ignorons aussi bien 1'efficacité que 1,apport. Â 1,état act,uelcle nos connaissances, 11 serail hasardeux de nous aventul:eîdans cette voie sous peine que 1es principes de not::e démarche
subissent, un déplacement des horizons de lecture. A l-a rir,ite,nous pensons qu'opérer par pro j ection d'un acquis sur des
données du produit dit conte populaire oral, est dangereux pour
1a simple raison que nos connaissances sur ce produit sontactuellement tout à fait lacunaires. En outre, nous avons Iaconviction que 1'étude des contes dans 1e contexte de no§
recherches, doit. se faire de f int,érieur du produit; s,i1 y a
quelque chose à en dlre,11 dolt y être inscrit, d,une manière
ou d'une autre. Que cette digression nous soit pardonnée.
2(...suit,e)1e bonheur, signifle que celui qui 1,a fait connai.trait dans1a réalité un malheur; le mariage dans le rêve est interprétépar 1'unanlmité de nos informatrices comme mort d,un proche.Partant, de cela, "1a musique" serait, selon nous, interprétablepar "pleurs" qui se manifestent dans c35 par /T1iba/ (ai, ce11equi cause un malheur ) et, de manière plus explicit,e , pâr"larmes" du père et de 1a mère lorsque, à 1a fin àu récit, irsapprennent 1'hlstolre de leur filre noyée. cecl n,est bienentendu valabre que pour /l-bendir/ dans c35, définlssabrecomme instrunent de musique.
206
Enfin , /l-bendir/ , le tamis, le coffre, la peau, Dê
peuvent être étudiés dans un système dénotatif quand i1s sont
utilisés comme motifs parce qu'en tant, que te1s, i1s évacuent
ce système par les iridlcatiorrs sémantiques qu'11s s'acquièrentpar groupements et combi-naisons dans des micrc-récitsconfiguratifs. Ces indications qui re1èvent d'un " langage
..configuratif " exigent, que leur analyse dépende d'un modèle qui
assure 1a lisibilit,é des contes sous des angles aussl diversque possible. Les t,echniq,:es qui peuvent (ou devraient )
articuler 1e dénot,atif et "1e langage configuratif" connotatifpour rendre lislble 1e conÈe ora1, n'ont pâs, à noLre
connaissance, atteint un niveau suffisamment développé pour
prétendre à 1a notion de "modèle" sous forme de "sémiot,ique ce
cultures" sous 1'arrgle de /i-mHa jyat/.
Par ailleurs, étant donné que nous avons utilisé 1a notion
d'espace r nous devrions préciser comment i1 est, construit dans
}a configuration g1oba1e. Dans nos contes pris comme
références, nous avons précisé 1e conLexLe de 1a mer et de l-a
rivière; i-1 reste à préciser celuj- du puit.s auguei se substit,ue
la rivière selon 1es versions de C35, comme lieux où se réal-ise
la noyade de la filte dont le cheveu est utilisé comme corde
de /1-bendlr/ par /1-meddaH/ (ar), /ameddaH/ (ber: espèce de
trouvère religieux errant qui récite des p1èces de poésie; cf.Beaussler).
Compte tenu de ce qui a été dit sur 1'espace aguatique,
i1 appara1t que " 1'horizontallté = ïlêr r rivlère" sous-tend
f isotopie de 1a vie; par conséquent, 1a t,hématisation dans
not,re configuratlon est produite par "un fonds sénantique" qui
207
joue sur "1'horizontalité et 1a verticalité" = "puits, rivière"
comme espace de Ia noyade. Retenons que la rivière fonctionne
ici selon les deux traits r une remargue qui devient
traditionnelle d.ans notre rechercire. El-1e se rattache tant,ôt
à "vie", t,antôt, à "mort", ce qui permet de rendre reLative
1'opposition vie VS mort dans 1e sens où si 1a rivière est
'associée à 1a mer selon 1'horizontalité, ce qul s'actualise
dans 1a configuration sera 1a vie; si, par conire, e11e -ainsique 1a mer d'ai11eurs- est associée à "puiÈs" selon 1a
verticalité, 1a mort
conf iqiuration.
e§t ce qul s'ac'tualise dans 1a
Nous voyons que 1a not,iorr d'isolopie est " itération de
,sêries" êt, aussi, à just.e titre comme 1'a écrit, Greimas,
organisatiorr d'un " faisceau de catégories sénantiques
redondantes" l, combinées et organisées syntaxlquemenL et
sémantiquement pour sÈruclurer une configurat.ion discursive.
Ce sont ces conditlons prélirninaires de structuraLion par
1'lntermédiaire des ut,llisat,ions des motifs gui, semble*t-i1,
prédominent dans 1a tentative de repérer les procédures de
connotation dans une configuration discursive déterminée.
Autrement dit, c'est de combinaisons possibles -que 1a
description sémiotique justifie par 1'utilisation d' instruments
adéquat,s- entre motifs du conte que dépendent les
actualisations des isot,opies. Donnons 1'exempLe suivant: 1a
c omb irra i- s on entre " ri-vière " " /bendir,/ " pe rme t
1'actualisation de l'isotopie cie 1a noyade, 1a combinaison
1 À. J. GRETMAS, Du sens, op. cit. p. 10"
208
entre "rivière" et "tanis" ou entre "mer" et "coffre", permeL
1'actualisation du "repêchage"; etrfin, une combinalson, à un
seconcl niveau, est possible entre lesdltes isot,opies pour
permettre 1'actualisation catégorie1le de 1a mort et de 1a vie.
La lecLure à rebours est possible, sinon i1 aurait été inexact
de parler de "structuration" et encore moins de "combinaisons".
Concluons gu'à chaque configuratj-on est sous-jacent un
mode de mise en discours des motlfs, définl par 1es diverses
reiations au sens large, eu'entreLiennent ces motlfs.
Décj-dément, 1e concept de "relation" est sl opératoire que sa
force aglt même au niveau des désambiguisations; un motif telque celui de 1'eâu ne peut être analysé et saisi selon ",/ie"
ou "mort" que si on 1ul applique ce principe qul perme-,-
j ustemerrt de j ust.i f ier 1e procédé de connotation.
1. eontenants / contenus et réqtllarités svntactic-o-
sénanti que s
Abandonnons "le coffre", bien gu'i1 présente un cas de
contenant, pour éviter 1'éventuelle lassltude d'en parler.
Toutefois, pour situer nos propos, i1 faut. bien prendre des
textes de référence et, ensuite, essayer de voir si 1es données
d'un premler examen peuvent s'étendre à d'autres récits
ut,ilisateurs de motifs comporLant 1'un ou I'autre des traitsr
eontenant / contenu.
209
Un point de départ comme notre démarche s'y est
accoutumée: /1-geSea/ (ar), /0abqly0/ (ber: plat creux et très
large en bois ou en terre cuite; on y sert en généra1 du
couscous comme on peut y pétrir de }a farine ) . Le choix de ce
motif nous pernet d'évoquer un champ dont. nous n'avons pas
erlcore parlé.
Remarquons que cecte occurrence cornporte 1e t,rait:"contenant" de nourriture dans, entre autres, CLO, C15 et
C36 1. La nourriture en tant que contenu n'est pas une
occurrence dont 1e seul trait, est, "objet de ccnsommation". Dans
C15 par exemple, elle est mise en contexte dans une
conf igurat,ion qul j oue sur une f orme de manipulation i.nscriie
dans une sorte de devinette; dans C36, cette forme de
manipulat,ion esL expiicit.e dans 1a mesure où 1'héroine t,rempe
1a main de 1a vieille dans un p1at. et ne ia retire qu'à
condit,ion que ce11e-ci raconte 1'histoire qu'e11e déiient.: "je
ne t,e 1âche que si t,u me racontes mon hlst.oire". Ce conËrat est
récurrent dans Cl et C36 pour ne citer que ces deux contes.
Nous nous dispensons de 1'analyse de cette forme de
manipulation gue nous reprendrons u1t.érieurement (p. 276) dans
un autre cadre; par contre, cê qui nous semble,
particulièrement i-ci, inté re s sanL retenir est la
configuration dans laque11e 1e plat appelé / gesea/ est
contenant de 1'eau dans un contexte particulierr f interdictionde boire de cette eau pour que 1'héroine, après avoir consommé
1
vlande )
les gra
/geSea nta€ T-T€am ÿ, 1-lHem/i / , .. qeSea ntaÉ berkukef/ins sont gros).
{ar: plat de couscous et de(ar: plat de couscous dont
21A
excessivement de 1a viande cuite et imprégnée de se1, puisserégurgiter 1e serpent qui s'est développé dans son ventrel.
Essayons d'ét.udier ce qul rapproche les unes des autresnos figures (eau, sei, serpeni: et cuit (mouton égorgé... ) ),sachant qu'e11es apparaisseilt darrs une même configuration.
De prime aborcr, nous pouvons const,ater gue 1e sei dont 1a
viande cuite est imprégnée se rapproche de 1,eau (dont 1e selest 1it-téralement dit "extrait" ) . Narrativement, l, eauinterdite associée au se1 consommé darrs 1a viande cuite, permetd'extraire (de faire disjoindre) 1e serpent du ventre de
1'héroine dans un certain sens à la manière dont le seL est drc" extrait' de , eau" . seLon une int.erprétation po5sible , 1a
séparatiorr du sei et de r.'eau permet de rétablir ,'un ord:e,,dans 1e sens où 1 'engeridrement d'un serpent par 1 , héroïnes'annule grâce à 1a "technique" ut,ilisée par 1e roi dans notreconfigurationz. cette technique se résume en gros par un
savoir-manipuler (ut,iliser) ie sel et, i,eau en tant qu,é1ément.s
1 s"1on 1'explicat,ion de 1'une de nos informatrices, raviande cuite doit, être excessivement sa1ée et conscrnrnée par1'héroïnei 1'eau dolt 1ul être en même temps interdite pour que1e serpent, soit régurgité. Remarquons que lorsqu,ii s,agit de-l-'aig1e qul dolt régurgit,er Ie jeune hom-me dans c1, 1,eau n,estpas interdite: 1'aigle consomme de 1a viande cuit,e et sa1éeprès d'une rivière; lorsque -se1on l,informarrice- cet aigres'apprête à s'envoler, i1 ne 1e peut pas à cause de Iaconsommation excessive de 1a viande et de 1, eau r cê qui 1econtraint à régurgit,er 1e jeune homme.
2 /I-malik dbeH waHed 1-Hu1i w dar-u mar-eH w jab waHed 1-ges€a nta€ 1-ma HeTT-ha guddam dlk l-bent dik l-bent, bqat,takul takul dak 1-Henf bqa yexruj yexruj Hetta TaH f-r-ges€a/(ar: Ie roi égorgea un mout,on et f imprégna de se1 pour reltir" cuire; ensuj-te, i1 posa un plat plein d,eau devant raflrle. cel1e-ci se mit à à.ng". et à manger de 1a viande dumoutoni ensuite, le serpent se mit à sortir petit à p"tit êt,enf ln, i1 tomba dans ,1e plat (C36 ) ) .
2Lt
à aSSOCier respeCtiyement AU "Cuil" et aU "reptile". POUf gue
ceS associationS Soient pluS clalres, nous poserons que 1e sel
et le cuit consommabl-es par 1'humain (1'héroine), servent à
conjoindre 1e serpent â i'eau à conditlon que ce11e-ci soit
inierdite à 1'humain. Le se1 et le cuit sont alors des objets
" cu1ture1s" relatifs à 1'humain; et 1'eau, dans Ia
Configuration, eSt un objet, "nature1" qUl sépare L'humain du
reptile dans Le sens apparent où 1'aquaiique serait l'univers
de ce dernier. ceci dit , 1a séparation de 1'humain et du
reptile ne se réalise pas à 1a façon d'une espèce de
"duplicata" ce I'extracLion du sel ce 1',eau suivant Le rapport:
1e se1 est à i'humaln ce que 1'eau e§t au reptile/ câr,
ef f ectivement, Ia con jonction de i.'hurnain avec ie reptLle
signif ie que ce dernier n'est pas à sa place ou q'ü'i1 esc
clis joint de son univers aquati-que; et pour gu'il- en soit
disjoint, i1 ne suffit pas d'uti11ser un éLément de ce même
univers (1e seI), iL faut, tul associer quelque chose d'autre
qui soit err mesure de rendre possible 1a transformation: Ie feu
qul sert à faire cuire ie mouton égorgé. Dès lors, 1e cuit -et
implicitement le feu- sa1é ( sel ) s',avère un procédé
d'associat,ions qui se met en rapport, avec 1'aquatique qui
manlfesté Sous forme d'eau- est dit univers du serpent tout en
rappelant 1e motif du sel selon Ie sens précisé plus haut:
vs
2L2
eaufeu
cuit +\\_
consommés par 1'humain
(fi11e)
(=
non consommée par 1'humain
( fi11e )
//
seL
a----'
aquat,l que )
\se rpent
tllt
+Transformation:
S n 0
->
S U O (St fi11e; Or serpent.)
cett,e transformation est rendue possible par un choix
d'é1éments "naturers" , cholx déterminé par un savoird'utiLisation: eau u sel , sel n cuit ( feu ) . L'utilisation y
opère par (ser n cuit) u eau, comme si 1e reptile n'était pas
apte à sacrifier 1'un ou 1'autre des deux é1ément,s de son
univers (se1 et eau), chose que 1'humain (1e roi, ra firLe)utilise justementr (se) priver de ileau sous 1'effet, du salépour que 1a Lransformation se réaIise.
ce point de vue nous amène à considérer gue re sel, comme
"é1ément naturel" relativemenÈ à I,eau (= aquatique),"culturalisé" par Ie cuit (mouton égorgé ) , comporte un
investissement sémantique en tant, que sème d'une isotopie"cu1ture1re": 1e se1 sert à r'homme conme ce qul protège son
être de tout ce gui peut en quelque sorte le "déshumaniser" en
2L3
engendrant par exemple un serpent, (cf. C36) ou encore, êfl se
faisant avaler par un aigle (cf. C1) i ce seralt alors 1'un des
é1énents sous-jacents à 1a relation nature / cuiture au sens
1arge. Dans ce sens, nous pensons que les contes enseignent l-a
manière dont Ies "élément,s" de la nature tels que 1e seI et
1'eau peuvent êt,re manipulés par 1'homme pour sa propre
"protection" . À ce propos, nous pouvons donner cet exemple de
no"Lre conflgurat,ion dont, 1es textes de référence sont 1es
variantes de C351r
fi1le ft serpent
nlI
I
I
,J
uti 1 i sat1i sa
Feu
irn
;I
utili
Feu
cuit, O
lt"'I
l_r
tion:
se1)
uti I i sation:
Eau
cult fl sel)
8au
( cuit n
non
10
SE
fille U serpent
sati on
sel)
1 No,r" ne retenons ici que 1'opération de transformationdans 1a configuration sachant que s1: " feu ( cuit n seI ) "intervient conjointemenL à "eau (cuit 0 se1)" 1a transformationne peut avoir lieu.
2L4
À ce niveau, iI nous semble que 1a modalité du savoir
portant sur 1'utilisation de: "cuit", "se1" , " feu", "eau",
s'avère nécessaire püur prétendre au pouvoir. Le roi, doté de
ce savoir te1 iiue la configuration en rend compte, n'est PIUS
un simple rô1e qui consiste à faire disjoindre la fi1le du
serpent; i1 est une figurativisation d'un "eSprit" mythique qui
,ccordonne entre 1'humain et 1e reptile touc en les séparant
grâce à un enseignement sur 1',usage du "eult n salé" et de
"1'eau U (cuit fl salé)".
Nous nous sommes éloigné de notre occurrence (/1-geSea/\,
It nous Semble à présent que sans 1'eau gu'e1le contient, elie
ne serait pas touL à fait intéressante à retenir. Le C1 1e
monLre de manière asseZ claire: 1'eau est 1'occurrence qui
mérite d'être retenue qu'e11e soii cont,enue par "un réciPient,"
quetconque ou qu'e11e soit dite dans " 1a rivlère " 9ui ,
justement, appara1t darrs les versions de c1. Reprenons ce
conLe.
À 1a différence du premier (c36), dans ie c1, 1'anlnal-
aigle apparait comme contenant. 1e jeune homme: Pour 1e premier
conte, 1'humain contient 1e serpenti pour 1e second, 1',aigJ-e
contient I',humain. En outre, 1a "technlque" du faire-régurgiLer
utllise les mêmes é1éments: "viande cuite et Salée, eau" Selon
deux procédés distincts: dans 1'un, "1a viande cuite et salée"
eSt Consommée par 1'hUmain, Cê qgi ne 1'est pas eSt "1'eau";
dans l',autre, elles sont toutes consommêes par 1',aig1e. Dans
ce sens, si I'eau n'avait pas été consommée par 1',aigle, nous
dirions que ce dernier se substitue à Ia f|I1e dans C36 et que
Ie jeune homme se substitue au serPent, nais puisque les contes
r
lli*t[Jil
iil
thl
2L5
semblent, t,enlr compte du f ait que 1 'univers de I ' a1g1e n' e st
pa§ 1'aquaLique comne nous 1'avons posé pour 1e serpent, il
s'avère assez clalr que 1'aigIe comporte un trait sous-jaeent
à ee qul coordonne entr€ 1'espace céleste et l'espace
terrestre, i1 est ce que nous pourrlons appeler "un régulateur"
qui coordonne entre 1'animal et 1'humain. Dès lors, 1a relationqul peut s'étab11r entre 1'aigle contenant 1e jeune homme et
la f111e contenant 1e serpent nous renseigne sur une
organisation spatlale dans 1'univers des contesr 1e terrestre
apparalt eomne espace lnt,ernédiaire entre 1'aquatique et 1e
céleste suivant }a dlstribut,lon où 1'humain apparait dans nos
contes comme tantôt contenant, tantôt contenur
"Jeune homne"-contenu parr "aigle" (C1)
huma
"fi1le"-contenant! ose ( c36
ê3pâces: rrestre vs aqu céleste
La remarque généra1e selon }aquelle le "cuit, salé" et
'1'eau" entretiennent des rapprochements selon des règles pour
réa11ser des transformations dont les effets consistent à
organiser les espaces qul reviennent respectlvement à I'humaln
in
jte vs
rpent"
I
Iatique
( jeune homme, femne
2L6
terrestre), au reptile (serpent
aquatique ) et enfin, âu "vautour" ( aigle - céIeste ) , se
maint,ient, dans nos contes. Ce qui varie dans leurs mises en
rapport sulvant 1es configurations peut être exploité à des
niveaux qui consist.ent à éclairer "1'armature"1 d"" eonLes en
tant que récits particuliers: une interprétation traditionnelle
peut s'appuyer sur 1'affectation du jeune honme au céleste par
f internrédiaire de 1'aigle et 1'affectation de 1a fille à
i'aquatique par f intermédiaire du serpent confornément à des
t,raits tels que "masculin - homme", "féminin = femme", "haut
= cé1este", "bas = aquatigue"...
Nous avons retenu dans C36 /l-geSea/ comme contenant de
1'eau et nous avons laissé en suspens 1a forme de manipuJ-ation
qui s'inscrj-t dans 1a conf iguration ut,ilisatrice de cette
occurrence lorsqu'e11e est dite "contenant de norJrriture" dont
i'utilisation apparai.t pour falre dire à 1a vieille dans C1,
C15 et C36, un savoir. De nanière plus explicite, nous
retiendrons dans cette nourriture 1e tralt "brt1ant" qu1 fait
avouer à 1a vieille ce dont le destinateur ( 1e jeune homme dans
C1 et la fil1e dans C36) a besoin pour connaître I'histoire
d'un (ou des) membre(s) de 1a fam11le (couslne, frères). Ce
trait nous rappelle "le feu" que nous avons reconstruit par "1e
cuit" . L'isotopie modale sous-jacent,e à 1'utllisation du
brtlant et du cuit, dans 1e cadre de 1a manipulation est,
avions-nous dit,, 1e savolr visé par le destinateur lorsque 1a
1 No,-r= entendons parqui met en scène des sujetspar des traits t,e1s que'ranpant". . .
"armature" 1'organisation généraledont les caractérlstiques diffèrent"mascu1in"r "fémlnin"r "voIant",
217
nourriture est " contenue " par leprésent, i1 revient à 1'analyse de
de savoir:
plat dans C1 et C36. A
distinguer entre deux cas
- quand L'eau apparaî.t dans 1a conf igurat j-on utilisa'cricede 1a nourriture (vlande cuit,e associée au se1), re savoir du
destinat,eur manipulateur ( 1e père dans c1, 1e roi dans c36 )
impl j-que 1e pouvoir-dis joinclre ilhumain (jeune homme, f iile )
de 1'animal (aig1e, s€rpent.): L'univers sous-jacent à cetreconflguration est mythique clans la mesure où L, animal et1'humain sont des attributs coordonnés suivant 1es rapportscontenant / contenu.
- Quand 1'eau n'apparal,t pas dans 1a conf igurat,ionutilisat,rice de 1a nor:rrit,ure (couscous par exemple ) , l_a
manipulation joue essentieLlement sur 1'acquisltion per 1e
destinat,eur (jeune homme, flrte) d'un savoir sur 1'histoire de
ce qui se trouve à 1'origine de 1'i.nsulte1 eui, à son Ëour,
devient 1'effet d'une manipulation du sujet insulté pour en
réparer 1a cause: rétablir 1'ordre.
Dans 1e premier cas, 1e sujet (père, roi) est présent,é
comme "savant" dont 1e faire pragmaÈique correspond à 1a
transformation dans 1e programme de base de ra configuration.Par contre, dans 1e second cas, le sujet est modalisé par un
savoir dont 1'acquisition est, rendue possible par 1'utirisation
1 C1, /ami 6ik §aryaz0 u ]ukan 0ruHeô aterzuô x ye11l-saeemml-k yellan Ger thwal ô lGwa1/ (berr puisque tu te montressl courageux, tu devrais aller à la recherche de ta cousine quise trouve chez Ies ogres);c36: /klyyt-k a mejliyyet sebea/ (arr si tu ressentais Iamolndre "douleur morale" (ef. Mercier), tes frères n'auraientpas dlsparu à cause de tol ) .
218
de la nourriture "brtlante" ( implicitement, Ie feu ) et qui
implique un devoir-agir ( retrouver 1a cousine, retrouver 1es
frères). Autrement dit, Ie jeune homme et la fi1le ne sont pas
lnitiés dans 1e sens où 1e savoir acquls (communiqué par 1a
vieille) implique un pouvoir-agir comparable à ce1uj. du père
et du roi; i1s sont modalisés par 1e devoir-agir à Ia suite de
f insulte. À ce niveau, nous pouvons présumer que lorsgue 1'eau
est utilisée dans 1a configuration ( premier cas ) ,
1 'artlculat,ion modale sous- j acente permet d'actual j-ser
f isotopie du pouvoir impliqué par 1e savoir préalab1e du sujet(utilisateur du cuit, salé séparé de 1'eau); alors gue "le feu"
lmpliclte à 1a nourrit,ure dit,e brtlante dans 1a conf iguration,se rattache à f isotopie du savoir qui s'articule au devoir-
agir. C'est-à-dire qu' ici , de suj et qul prétend pouvolr-
manipuler pour acquérir un savoir, it devlent sujet dont, Ie
faire est "ré91é" par ce mêne savoir qui 1ui est communiqué et
conformément à des dét,erminations qui lui sont extérieures.
Ces considérat,ions sont à peu-près dit,es implicitement
Cans "roi", "père", "fqih" en tant, que représentations d'un
actant dont 1'ldentité semble "fixée" suivant un savoir qr:i
implique le pouvoir, ce qui n'est pas Ie cas pour /mejliyyetsebea/ et /waHed 1-we1d/, chez qui f identité semble nettement,
"défaiIIante" suite à f insulte. En d'autreB termes, f identitéroyale, paLernelle et "savante reli-gieuse" ( fqih) , situées
relat,ivement à I'isotopie du pouvoir, et cel1e de 1a fille et
du jeune homme, relative à f isotopie du devoir, ne devraient
pas nous étonneri ceci dlt,, Ies conflgurations en font l'usage
2t9
en les justifiant comme pour les léqitimer dans un cadre où 1es
mot,if s y servent comme ef f et,s pour 1es rendre intelrigibles.Nos figures actorj-elles: 1) "un jeune homme" et. "1a fille"
-dont, nous dirions pudiquement que ce sont des "non*initiés"ou tout simplement des sujets qul ne disposent d'aucune libertéde vouloir ou de refuser d'agir- et 2) "Ie ro1", "le père", "1e
f qih" -qui sont pour nous des su jets " i.ni_tié§"- se di_st,inguent
lorsque nous 1es resituons dans leurs cont,extes narrarifs par
les associations dans 1es conf igurations ent,re les nrot,if s de:
1) "nourriture cuite (= brtlante = feu)" êt, 2\ "nourrilurecuite (= feu) salée (se1), eau". ce qui manque dans 1a première
"ordonnance" qui situe son utilisateur dans un statu+, auqueJ-
est sous-jacent 1e devoir, est une association entre "feu" eÈ
"eau" pour que son utilisate,r:r ai_t I'id.enti."é de "celui quf
peut". Â déf aut de cette dernière associat,ion enf;re moli-is
auxquels s'intègre Ie se1 dit, implicltement dans 1'eau, 1e
sujet utj-lisateur ",se réduit à (un) rô7e instrunentaj"L. Four
prendre 1'exemple dans C1 , 1a vieille y est une flgurearchétypale dï sociar dans un univers curturel, ayant, pour rô1e
de sanctionner Ie jeune homme (n'être pas un homme ) t,ant qu'i1
ne retrouve pas sa cousine: une morale sur 1es liens de parent,é
dont au moins une règle se manifeste ici. L'actant qui assure
le maint,ien sous forne de rappel de cette règle est représenté
par cette viei11e.
tro1-
9. V. COQUET, Le discours et son sujet , T.1, op. clt. p.
Par ai11eurs, ce rapport
de destinat,eur par rapport au
selon 1e devoir dans:
220
qui met " Ia
j eune homme
viei1le" en position
représentant un sujet
D^-eù
pouvo i rdevoir
(D, destinateur; S: sujet)
engendre narrativenent un autre rapport -',le jeune homme estingurgité par 1'ai91e"- où 1e sujet se laisse paraphraser parune déf inition "descripti-ve" r " i7 r,e.st ri8r," QUê nous
empruntons à J.-c. coquet pour l,utirlser au profit de notreétude dans Ie sens où Ie sujet n,est ni humain ni animal toutcomme c'est Ie cas pour la fiI1e dans C36.
Pour 1'analyse du figuratif qui apparai.t, maintenant comme
composante sur laque1le porte notre approche, i1 semble
nécessalre de faire un choix dét,erminé par le lien qu,i1 y a
entre des confi.gurations discurslves et 1es utllisat,ions des
motifs. Dans ce cadre, 1'une des caractéristiques quin'étonnera certainement, pas 1es habltués aux cont,es pulsqu,elleest relativement tradit,ionnerle, se résume dans l,analyse pardes "carrefours" au sein même de parcours figurat,ifs.
22L
Dans ce chapltre, nous aurons Ie souci d'examiner ce qui
constitue ces "carrefours" selon 1'organisatlon et 1'usage
qu'en font des contes, aussl distincts soi-ent-ils, au niveau
des histolres qu'irs racontent et au niveau même de la manière
clont 1ls art,iculent des séquences pour parler de
représentations parentales.
En faitr cê vo1et, nous 1'avions déjà entamé dans notre
t,hèse de 3e cycre dont cel1e-ci. est un prolongement. Nous nous
sommes intéressé à 1a parenté selon un dépouiLlement de Lermes
signlfiant des relat,ions consanguines entre pexsonnas€s; cet,te
ét,ude n'a pas pu produire des ouvertures concrètes sur
f int,érêt, gue nous saisissons à présent sur 1a constructlonclans 1e cont,e de représentations cur."urelles du motif de 1a
parenté. Par conséquent, nous estinons qu, i1 seraiivraisemblablement int,éressanL de reprendre ce voIet" En tous
cas, 1e conte est en mesure de 1égitimer L, intérêt de laparenté entre personnages mls en scène.
Deux angles servirorrL à rendre compte de f intérêt de ce
volet essentiel à 1a constructlon du conte selon des parcours
relatifs à des personnages:
1. Le cont,e construit par f intermédiai
un point de vue organisateur de Ia famillesocial;
re de
et du
1a parent,é
groupement
2, 1a parent,é produit. des ef f et,s de sens i sa mise
contexte dans 1e conte n'est jamais gratuite: e11e
product,rice de représentat,ions sous- jacentes à ra culture.
en
est
un rerevé des termes qui signiflent, des relat,ions de
parenté nous sera utile; toutefois, 1a mét,hode qui servira à
222
t,rait.er ce relevé exige d'abord que nous 1'organisions d'une
certaine façon: nus essaierons de ramener les contextes
d'utilisat,ion des t,ermes à des consensus d'effets de sens êt,par 1à même, d'étudier 1es relations entre Les acteurs définispar 1'organi-sation parentale suivant des règ1es sous-jacent.es:
1es configuratiorrs discursives auront alors un lien organique
avec 1'organisation des structures actorieLles dont 1es nises
en discours comporteraient des effels de sens.
Soit I'exemple suivant;
1. le père dans C2, induit en erreur par /l-GeRRaR/ (ar.
et ber. r Ie trompeur) révei11e son fils pour sortir l-es
chameaux; 1e fi1s, après avoir subi 1'égarement et iout ce qul
s'y rapporte, retourne chez son père. Celui-ci, de son côté,
après avoir pris connaissance du "malheur" de son fi1s1, ne se
sent plus de joie: i1 retrouve son fils;2. du côté du fils devenu père, après avoir tué sa femme
(1'cgresse), il tue sa propre fil1e (lssue de son mariage avec
1'ogresse ) .
Cet exemple montre que le lignage qui sort du cadre de
1'humain selon une union qui produit à part entière une
descendance en même temps humaine et non humaine, est banni:
ayant pour mère une ogresse et pour père un humain, Ia fille
1 lXult 11i10 yebbwa-s yetnakkar ôi 1weq0 nni mayen ôiyessekker memmj.-s yeqqar GeRRlt-ni ya lGeRRaR wlid waHedSifeTT-u bla ewin juwweet IIi ma €enmru jae w /ebbeet 111 maeemmru fbeel (chaque nuit, le père se levait au noment où 1Iavalt réveit1é son fils et dlsait,: tu m'as trompé Trompeur;j'al un seul fils et je 1'ai envoyé sans nourrlture; tu asrassasié I'affamé et tu as affané 1e rassasié).
223
est tuée par son père; cê dernier doit, êD fa1t, Ia tuer1.
L'acte de tuer Ia fi1le rejoint implicltement, une valeur dit'e
sous forme de charge cuit,urelle dans /azwet/ (ber: racine):
d, une mère ogresse, i1 ne faut pas espérer avoir une
descendance "adéquate" ( tel1e mère telie filIe ? ) .
Quarri au rapport père / fi1s, nous prendrons 1',exemp1e
clans C4: 1e père assume un rô1e qui correspond aux souhaits de
chacun de ses fils (construction de hutles) plutôt que de leur
permettre de monter sur 1a chamelle blanche. Le refus
d,'exécuter ce Souhait des fils (monter sur 1a chameiie), esi
donné comme justifié par la val-eur que le père accorde à ce-Lte
chameLle dont 1a blancheur sembie spécifier un trait, pour l-ui
aLtribUer ce qui 1a rend "chère" au père au point de.a
préférer aux fiIs.
Dans 1e cadre de ces rapports: père / fils / chamel-ie
blanche, on peut s'altendre à ce que ]e récit' at,tribue au père
un sort évalué négat,lf. I1 n'en est rlen r 1à n'est Pas
1'objectif d.u conte pulsqu'i1 laisse à 1'ombre 1e Cevenir Cu
père pour ne retenir que celui de /Hemmu l--Hrami/2 (ou
/mqid,ef/) et, de Ses frères, mais dans d'autres ver§ions du même
récit, le conte utillse le rapport père / fils en faisant
apparaLtre dans Ia configuration qui raconLe le rôIe du père,
un discours évaluatif: dans C5, Le père rend just,ice à /mqidef/
Iorsque 1es frèreS de ce dernier agissent à 1'encontre d'une
1 /xseç €aô a6 RebbiG zi wezwer 1-1Çu1a/ (ber: et dire queje voulais avoir (élever) de 1'ogresse une descendante ! ) '
2 R"pp"Ions que le récit de /Hemnu lgrami/ est une
variante de celui de /nqLdel / .
224
valeur qui consiste à malntenir Ia fraternit,é. Dans d'autres
récits, notamment 1'ensemble des versions de C2!, 1'acte du
père est nettemerrt évatué1. Ceci nous amène à supposer que ce
qui a été iaissé à 1'ombre clans C4 comme discours évaluatif sur
l-e rô1e du père, s'actualise dans C21,,
De ces remarques, simples en e11es-mêmes, décou1e 1a mise
err valeur de la notion de 1a famille dans un univers représenté
par Ie conte sous forme de rapports ent.re le père et 1e fi1s,
entre 1es frères ou demi-frèt""2, entre ies frères et les
soeurs. . .
è- J,a relation père / f i1s
D'une manière généra1e, 1e reievé des occurrences de
/weld/ (ar) dans 1e sens de /mmi-s/ (ber: fils de... ) monLre
que chaque occurrence entre dans un parcours diL de telle sor-Le
i R"pp"1ons /a6 yegg reBBi 0marg nnek ô ari x taprar anlaneG $mepre§/ (berr comme tu nous a répudiées, QUê Dieu fasseque les poils de ta barbe soient alfa sur les collines).
2 Darrs C3, Ia femme privilégie son fils à son beau-fils.Ceci consiste à poser un contenu qui sera transformé de te1lesorte que la solidarit.é fraternelle s'affirme en tant valeurrelative à 1a famiIle. Dans ce sens, le C6 dlra que ce n'estpas parcê que |e frère est un /mqide// (sens dévalorisant:nain) qu'il n'a pas droit à être considéré et reconnu sur Iemême pied d'égaIit,é que les autres frères: ceci est renforcépar 1e conte en falsant valoir f idée que 1'évaluationdévalorisante est remise en cause. Morale: 1'héroisation de/mqideJ/ dans 1a séquence finale falt écho à 1a dévalorisationinitiale.
225
qu'iI soit, thématisable en une viel qui comporte des étapes,
des épreuves. C'est ainsi que certalns contes donnent des
traces de 1'origine d'un personnage qui nal.t /Sabiy/, /mezyud/
( ar: nouveau-né ) 2. A cette naissance , 1es conLes feront
succéder c1 'auires naissances d'un autre type à l-a suite
d'épreLlves , d'in j-tiations. Erif in, ces occurrences se rapportent
cians un sens ou dans un auLre à un investissement par une
évoluiiorr darrs des parcours qui en racontent les histoires:
/1-ne1ci/ se construit, une identlté par ses performances comme
tarrt de personrrages de nos récits; toutefois, cette identité
n'est pas révé1ée uniquement par 1e faire qul présuppose une
compétence, e11e L'est aussi par L"'êt,re fils de son père". A
ce propos, i1 s'avère que 1a famille ou son représent,ant (1e
père) entre en jeu pour déterminer 1e devenir du fils. Ceci esc
explicitement développé dans 1e Câg où 1e fiLs est présenté
comme conpagnon du père, âü sens de celui qui suit, son père3
sans que ce dernier 1e consulte pour avoir son avis. Le fils
agit ici sous 1a contraint,e du père; d'ai-11eurs I son reiour du
pèlerinage pour égorger sa soeur en est révé1ateur4.
Cette présentation du contexte du fils montre que 1e lierr
de parenté vis-à-vis du père est ce qui définlt. Ie premier sous
1-. A. J. L,REIMAS,sêmioticue narrat,i-ve
"Préface" à J. COURTES, Introduction à 1aet discursive Hachette, Paris, 7976, p.
..i_u.
2 /s.bly SGlr yetReBBa €adde naLtre , un nouveau-né ) , cf.
3 /e "di nem/i ana !{ weld-iirons en pèIerinage ) .
4 /l-bb"y"n SafeT weld-u ga1 I-u ruH dbeH xte-k/ (ar: Iepère envoya son fiLs; i1 lui dlt: va et égorge ta soeur) .
zad/ (ar: un enfant qui venaitc7, c15, C18.
1-1-Hejj/ (ar: mon fils et moi
226
un certain angle, t'agir du fl1s apparalt comme modelé par ce
lierr de parenté. Ceci dit, ce modelage est remis en cause
lorsqu'i1 n'est pas conforme à une règ1e socio-cu1turel1e; 1e
fils agit aussi selon 1a modalit,é du refus d'égorger sa soeut-
en faisant substituer à cette dernière un animal.
De ce poirrt de vue, constatons que plus les iiens de
parenté se compliquent, plus 1e fils accumule des modalisations
qui sont sous-jacentes aux rapports qu'il entretient avec
chacun de ceux envers qui i1 entretient des rel-ations de
parenté. Vis-à-vis du père, i1 agira sous 1e mode du paraitrepour 1ui cacher la vérité de n'avoir pas êqorgé sa soeur; vis-à-vrs de 1a soeur, i1 ne peut 1'égorger parce que contraint par
ce même 1i-en de parenté. La satisfaction du faire manipulateur
procède par 1e rappel de pouvoirs en conflits: ne pas pouvoir
égcrger 1a soeur et ne pas pouvoir transgresser 1'ordre portani
sur 1'égorgemer-It. La conf iguration discursive, f aisant jouer
ce cli1emme, propose de manière systémat.ique dans Lous 1es
cont,es I ' interverrlion d'arrangements per L 'utilisation d'un
animai qui satisfait, 1a contrainte due au pou'roir du père:
ordorrrrer au fils d'égorger la soeur et 1ui ramener son sang en
ne ret,enant que le sang obtenu par 1'égorgement d'un animal et
qui est, en fin de compte, 1a résolution du dilemme dont nous
venons de parler1. L'effet du dilemme consiste en falt à poser
sous 1'un de ses deux volets,1a valeur du "père" comme noyau
définitoire du fi1s. Ceci dit, notre corpus donne au moins un
1 II n'est, pas étonnant quepouvons rapprocher de celui/d-demm/ (ar), /idammen/ (ber)
Ie sang soit un motif que nousde 1a parenté; rappelons que
signifie aussi "parenté".
227
exemple gui semble remett,re en cause f idée: le c3g présente
Ies sept frères non pas par rapport à ce noyau qui est Ie père,
mais par rapport à la mère ( figure qui se fait substituer dans
d'autres versions par "une chatie"). voyons 1e parcours darrs
lequel s'inscrivent Ies filsr €st-i1 à ra manière cu fils dans
C1E, soumis à une valeur modale caractérisant 1a mère?
Un seul détail peut nous servir pour répondre à cettequestior:r 1es fils sont des chasseurs; par conséquent, 1'espace
dans Leque1 1e cont,e les situe est extérieur, contrairement à
1a mère (ou chatte) que ie conte situe dans 1'espace intérieur( maison ) . Autrenent dit, 1es fils peuvent ent,retenir une
relation corr j onctive aussi bien avec 1'espace in*,érieur(maison ) qu'avec 1 'espace extérieur: l'ef f et modal qul ''t eu:
permet cet,te relation conjonctive avec deux espaces opposés
leur at,tribue un statut où 1e pouvoir est hiérarchiquement
supérieur à celui de 1a mère i ce11e-ci est exclue, selon l-e
conte , de 1'espace extérieur. Nous pouvons alors -toutesproportions gardées- conclure qu'à f identité des flls mis en
scène dans c38 ne serait pas sous-jacent Ie lien de paenté avec
1a mère ; cette identité sembie flxée ( dé j à flxée )
indépendamment de ce lien: 1a découverte (1a t,rouvail-le ) des
fi1les et 1e mariage de chacun avec chacune des fi11es sonL
réa1isés par 1es garçons eux-mêmes sans aucun recours à un
tiers qui 1es dote du pouvoir (de 1a pernission de) réaltsercette performance. Contrairement à ce1a, 1e père dans C1 par
exempre, joue 1e rô1e de celui qui communique cette permlssion
à son fils: sans le père qui a égorgé un mouton pour fairedls joindre 1e f 11s de 1'espace cé1este, Ia con jonct,ion à 1'ét,at
228
final du programme du mariage n,aurait,1e conte est explicite Ià-dessus- 1e
marlage qu'après avoir communiqué son
sa mère ) .
pas eu 1ieu. En plus,
fils n'a entrepris 1e
<iésir à son père (et à
E* somme, dans 1e conte, une valeur culturelle relativeau" iien de parenté entre Le père et Le fils semble récurrenLeau même titre que 1a figure du f11s.
Faisons un pas pour tenter d'examiner 1es occurrences de
/1*waLldini (ar. et ber.: 1es parent,s). Nous venons de préciserurre dlstinction entre 1e père et 1a mère par rapport ar-r ix )
f i1s; tout,ef cis, 1e conte ne r.es présente pas tou jours seroncette distinction. Au contraire, chaque fois qu,i1 en cionne une
représentation, c'est pour 1es invesrir du trait cuiturel quiest de 1'ordre du sacré, D'ailreurs, nême r-e pouvoir du pèrevis-à-vis ou flLs , comme nous venons de 1e souligner, se
justifie par ce t,rait. Aussi, la vlsite de ra tombe ce la nèredans c9 est en soi. une référence à ce t.rait. Dans un eutresens, f injure ou f insultef par exemple, sont au plus hautrlegré i-orsqu'e1res sont dites à propos des parents (cf . c3g ) .
La différence entre 1es représent,at,ions rer-atives au père
et à La mère vis-à-vis des errf anLs résicie, au de1à de celle gue
nous avons déjà évoquée, dans les t,ypes de rapports qu,i1serrtretiennent. c'est à la mère que, pâf exemple, 1e fils confiesa fut,ure épouse jusqu'à ce gu'el1e atteigne 1,âge de mariagedans c19. Dans ce sens, 1a mère est une confidente, une
conseillère de ses enfants (cf. C23, C2B, C39). Étant, sacrée,11 suffit qu'on dise qu'elle est souffrante pour que son filsse préclpite vers e1re, abandonnant 1es desseins urgents (cf.
229
c3); mais, sous un autre volet, une mère -même ce1le d'un roi-a des contralntes envers re fils: 1e prix du pêché de ra mère
dans c1s1 y va de sa vie. De même, dans c26,1e fi1s, suivantson refus d'avoir un serpent comme père, tue sa mère êt, du
même coup, iI évite à son oncLe naternel La mort courplotée par
sa mère.
Examlnons ces conÈextes.
d'établissement des liens de
rapports: fils / mère, f11s
1 'organisation su j-vante:
IL semble gu'une règleparenté apparaLt dans 1es
/ oncle, fils / père dans
1 Lu mère tente de se débarrasser de son firs en1'empolsonnant pour pouvolr épouser /beneeddi/ seron notreverslon; euand re flls (rol) apprend qu'erre a été tuée par cethonne , 11 approuve 1'acte non pas parce qu, erle a tentéd'épouser 1'homme en question nais parce qu,e1le a Èent.é deconmettre un crlne.
230
fils / mère fils / oncle flIs / pè e - serpent
neveu
soeur rère
épouse
hunain- vs
-rept,l1e
(f 11s ? )1
ta relation oppositive: humain V§ reptile, caractêrisant
dans 1e scbéma 1'organisation parentale, indique que 1a mort
affecte Ie père (serpent) et Ia mère et qu'elle n'atteint pas
le f1ls et 1'oncle car seule cette dernière relation est
parertale; la première (épouse / serpent) ne 1'est pas: aucun
tralt ne rend lsotope cette relation. En d'autres termes, le"totalement humaln" caractérlsant la mère et le "totalement
reptile" caractérisant, 1e serpent (père) rendent inconclliables
1 L. fils n'est nl hunain nl reptlle: 1a mère estresponsable de 1'ambiguité de son idenLit,é; cecl lul donned'après ce que nous retenons du conte- 1e drolt, de tuerl"orlgine responsable de cette anbiguité et de sauver 1'onclepar f intermédiaire duquel i1 retrouve son tralt hunain.
mari-serpent
I
I
I
beau- frère
23L
les deux sujets aux yeux de I'organisation parentale dont 1es
représentants sont 1'oncle et son neveu. Aussi, la
réintégration du neveu dans 1e rang humain n'esL possible que
parce qu'i1 est "partiellement" reptile ( descen<iant d'un
serpent) et "doublement" humain (i1 a une nère originellenent,
humaine et un oncle humain). Quant, à Ia mère, e11e ne peut pas
ne pas subir 1a mort car, bien qu'e1i-e soit originellement
humair:e , e11e est quand - même " doublem"t :" reptile r elLe a
épousé un serpent et elle a un flls issu de ce serpent.
Reterrorrs ceci: au père ( serpent ) se substitue 1 'oncle ,
frère de Ia mère luée par le fi1s. L'onc1e est ainsj- Ie garant
du lignage dans un cadre humain: LtIlÊ valeur est à iden"uif ier
ici si nous nous référons à 1'expression fiqée /r-rjal-
l--1-xwal/ (ar: litt. 1es hommes pour? 1es oncles materrlel-s =
1es hommes tiennent Ce leurs oncles maternej-s).
Ramenons cette valeur au contexte de notre exemple pris
r-1ans C26. I1 semble que ce contexte rend dans un certain sens
intel11gib1e 1'expression: 1'oncle. maternel est au neveu 1e
garant du lignage en absence du rô1e du père dlgne de ce statut
ou de celui- de 1a mère qui doit assurer à son fils le lignage
par Ia voie d'un père digne.
I1 résulte de ces constatatlons que 1'engendrement d'un
fils dans un cadre inadéquat aux normes et lois de mariage et
de lignage, est rejeté par les concernés directsl. Devant ce
1 Pout cette configuration, rappelons que 1e corpus donnedeux cas, celui du C26 et celul du C2: /mHend themm/ a tué sapropre fille issue d'une ogresse. Le rapprochement se faltentre "le fils qul tue son père, le serpent, et, sa nère" eL "Iepère qul tue sa femme-ogresse et sa f11le issue de cetteogresse" (voir notre t,roisième part,ie).
232
cas, on en t,rouve un autre dans C15 et C28 où la mère s'avère
digne d'être mère: e11e se falt réintégrer dans 1a vie
communautaire après avoj.r subi un rejet de Ia part du nari.
Cett.e réint,égration se réa1ise comme " écho" du f ait, qu'ei1e
assume 1'éducation de ses enfants dans 1e sens de Leur assurer
ie lignage.
S'appuyant sur ces indications en 1es utllisant dans des
conf igurations, 1e conte déveJ.oppe un t.hène selon 1equel n'esr
Cigne d'êt::e mère que ce11e qui 1e mérite en assumant 1es
impératifs cie val-eurs en termes de devoir vis-à-vj.s des
enf arrts: 1a reconnaissarrce réciproque père enfants dont
rendent compte 1esC15 et C28, est ce qui permet Ia présomption
de f isotopie, selon 1es termes de f . Rast j-er, diie " -seci^é du
Tignage" sel-on une doubie perspective de reconnaissâDCê:
père <====> enfants. C'est d'aiLleurs dans cette ooubLe
perspective de reconnaissance que 1a mère dans 1a configuration
(C15 et C28 ) est réintégrée darrs un rang statuant la l-égrtimit,é
cle 1'épouse du roi, mère de ses enfants et des enfants du roi.
Dans 1e cas contraire: si Ia mère cesse d'être digne de
l'être1, e1Ie meurt tuée; mieux encore, 1e C29 réserve à cette
mère une mort parLiculièrement "juste": 1e suicide. C'est du
moins 1a manière dont le conte pousse le paroxysme jusqu'au
bout. Dès lors , i1 suffit, qu'une mère ait une attitude,liscriminatoire envers ses enf ants pour qu'une morale
apparaisse. Bien entenclu, cette morale ne s'applique pas
1 c" castente de t,uer( Ia fille estqui qualifie
est explicité particulièrenent par C29t 1a mère(ou de faire tuer) sa propre f1lle par jalousieplus belle que Ia mère): ici, Ia jalousie est ce
la mère d'indigne vis-à-vis de sa filIe.
422
uniquement à 1a mère. Entendons-nous bien car tout ce gue nous
avons dlt à propos de 1a mère peut êt,re récupéré pour
s'appliquer au père si celui-ci aglt dans le mêne sens des
contextes cités.
Notre point de départ était bien celui de 1'étude des
occurrences de /1-walidln/. La configuration dans 1es verslons
de C35, qui joue sur Ia préférence par Le père de Ia plus jeune
au détriment. de ses aulres fi1les 1e montre bien. La morale à
retenir ici est qu'un père ne dolt pas préférer un de ses
enfants au détriment des autres. Plus encore, La conflguration
darrs les nombreuses versions de C2! | a pour effet oe sens non
seulement de conjoindre 1e père à 1a mort, mais de faire de
cette mort une espèce de symbole: les poils de la barbe Cu père
qui poussent sur les collines ou dans 1es déserts.
Pour mieux expliciter les relaLions parentaies que nous
avons considérées jusqu'à présent, nous pensons gue 1a reprise
de C2 et de C26 dont nous avons s1gna1é La possibll-ité d'un
rapprochement, peut être écl-airante.
Dans C2,Ia mère n'ayant pas de trait humain (c'est une
ogresse), nous invite à }a rapprocher du père dans e26, n'ayani
pas rron plus ce trait (c'est un serpent). Nous avons vu que ce
dernier est tué par son fils alors que la mère-ogresse, n'ayant
pas engendré un fils mais une fi1le, est tuée par son mari qui
lue aussi sa fifie. Dans un cas, il s'agit d'exprimer un refus
d'être père d'une fille engendrée par une ogresse ; dans
1'auLre , d'exprimer un refus d'être fils engendré Par un
serpent. Autrement dit, 1'union de /mHend themm/ avec l'ogresse
fait de }ui un sujet à qui Ie nariage retire le tralt humain
234
par 1'engendrement d'une ogresse-fi11e-d'une-ogresse. Dans ce
sens, 1'ascendant du fils retire aussi à ce dernier Ie trait
humain. Dans 1es deux cas, la récupération de ce trait exige
que 1'ogresse et 1e serpent soient t,ués ainsi que 1a f j-I1e de
1'ogresse et 1'épouse ( -vipère ) 1 du serpent. En absence du fils
dans C2, c'est le mari qui donne la mort aux ogresses. C'est
aussi dans à peu-près ce sens que nous pourrions reprendre 1e
suicide de 1a mère dans C29: 1e miroir -motif complexe dans le
corrte- est ce par quoi s'actualise 1e programm.e du suicide.
SeLon au moins deux plans: 1e miroir dédouble 1e rô1e de La
mè::e en sujet et anti-sujet: c'est son reflet -para11è1e au
rapport mère / fîI1e dans 1e sens où Ia mère se compare ou plus
précisément se regarde à travers sa filLe- doté du pouvoir-
ciire: "ta f111e est plus be1le gue toi", eui se trcutre =i
1'origine de 1a motivation de se donner La mort, prix ie ia
curiosité de Ia nère qui veut savoir si el1e esl ou n'est pas
plus be11e que sa filLe.
Dans ce cadre de rapport entre mère / mère reflét.ée par
Le miroir, s'inst,alle Ia valeur du sens que le conte évalue de
manière positive à propos de 1a mère dans C15 et C28,
contrairement au sens où 1a rnère ne se réalise pas par sa
progéniture (cf. C29) mais par ce gu'e11e est et ce qu'e11e
veut être sans pouvoir I'êLre par rapport à sa fille. Dans un
certairr sens, I'humain ou 1a dignité d'être mère, comme nous
1 En arabe comme en(vipère) peuvent être utllfiguré pour déslgner unedangereuse.
berbère /1-te fea/ et /0a1efsa/isés dans un sens métaphorlque et
femme méchante, malfaisante et
235
1'avons dit auparavant, s'estompe eL, du même coup, 1e sortréservé à cette mère ne peut être surprenant.
De façon plus généra1e , L'absence du rô1e du "pater
familiaris" vu sous 1'angle du sacré amène 1es enfant,s à un
état de disjonction avec 1'espace familial dans divers contes:
n'étarrt, pas désirées par l-a marâtre, 1es sept soeurs son-,-
répuciiées par 1e père. Le maint,ien de 1a solidarité ent,re 1es
soeurs oans c38 0u entre une soeur et les frères dans c5 eic36, est, prls en charge par 1a soeur aî.née. ce11e-ci assume en
quelque sorte 1e rô1e de 1a mère décédée. Bien entendu, c3
cont,enu est aussi présenté de manière inversée dans des contes
qul développent une rupture de 1a solidarit.é comme
représentation possible lorsqu'e11e est motivée par un traiichez 1'un des frères ( cf. C34 ) ou chez I'une des soeurs ( cf.C35: Ia plus jeune des soeurs est Ia préférée de son père). Ce
cont,enu est. évidemment évacué ou rejeté comme valeur non admise
dans L'univers moral des récits: nous retrouvons alors le
premier conterru qui demeure 1'unique valeur que 1e cônte
enseigne. A ce niveau, la t,ransf ormat,ion du contenu second
rejoint en gros 1a profération de cette valeur morale sur lafamllIe en tant qu'organisation.
I
te rapport frères / soeurs
Le rapport entre 1es soeurs et
une configuratlon dont nous avons déj
Dans le ClB par exemple, le frère n'
les frères apparalt dans
à évoqué quelques polnt,s.
égorge pas sa soeur même
236
s'i1 cloit transgresser 1'ordre du père qui 1ul assigne cett,etâche. Pour rendre plus expliclte ce sens de complicité entreune soeur et un frère, le c7 souligne que la soeur assume Ierô1e d'Llne mère vis*à-vis du frère qui ra prend comme
conseillère au sujet, de l-a femme qu,i1 compte épouser. Dans un
aLltTe sens, 1a soeur et 1e frère se syncrétisent, en un seulactant dans un ét,at, dysphorique (cf. c5).En outre, un garçon
11'ayant, pas de soeur, peut être rejeté par 1e groupe social:il n'est pas admis parmi res invit,és à une fêt.e de mariage cians
1e c36. Paral1èlement, 1a soeur doit a11er à 1a recherche ce
ses frères partis après avcir ét,é injuriés pour cause ien'avoir pas de soeur. A Leur tour, 1es f rères lui_ cor-ven-,
reconnaissance. ces contenus sont maint,enus dans l_e conte mêne
qualrd certains récits en proposent une invers j-on: 1e f rère darrs
c26 est visé comme victime par 1a soeur; dans c1g, 1a soeur
trahit son frère. Dans cette configurarlon, 1e conte prévoitIa mort qui affecte Ia soeur; ce procédë narratif s,avère une
construction dont, 1'effet de sens est d,impliquer 1e maintiendu lien parental" en tant que vareur que nous avons homoloquée
au premier eonLenu ci-dessus.
Les exemples gue nous venons de citer présentent deux cas
proches par au moins re para11élisme suivant: dans cLg, ref rère t,ue sa soeur; cette séquence est, presqu, identi.que à celrede C26 (la soeur projette de t.uer son frère comme si ce dernierét,ait un rival qui 1'empêche cle se marier ) . ce même ef f et de
sens est susceptible d'être attribué au rapport soeur / frèredans c18. En tous les cas, ce rapprochement, précise re sens de
1a valeur dit,e "sacré du lien parental"\entre frères et soeurs:
237
i1 lalsse entendre presqu'explicitement. que 1a règ1e pL-- vÇ
lien construit une morale en ce sens que cette morale
préclestine les intéressés à ne jamais entrer en conflits quels
que soient 1es intérêts réalisables par 1es uns aux dépens des
autres SouS forme d'atteinte au caractère sacré de 1a parenté.
3. Le tenpg comne cadre
Au début cie ce travail, nous avons formulé quelques idées
sur 1e cadre spat,ial; pour compléter ces idées, essayons de
cerner 1e cadre du poinl de vue du temps. Nous verrons que 1e
tenps rejoint, quelques aspects de 1'espace: cle 1a nême manière
que 1'espace ne bénéficie pas dans Ie conte de détermlnations
qui indiquent un ancrage énonciatif, 1e temps dit /zik/ (ber),
/bekri/ (ar: autrefois, jadis) fait du conte qui 1'utilise dans
Ies formules inaugurales un produit' dont l-es faits qu'i1
racorite ne sont gttère suSceptibles d'être soumis à un ancrage
énonciat,if . Âinsi , / Lll.- n tmurg/ (ber) , lwaHed 1-b1ad / {ar: ürrê
terre , un pays ) se superposerrt, par f indét,ermination à / zik/ ,
/bekri / .
Par ailleurs, comme nous 1'avons suggéré Pour 1'espace
social lntérieur, noLamment la maisonr une Segmentation du
temps est aussi récurrente dans le conte.
Les effets de sens de 1a segmentat'ion de I'espace
intérieur n'ont pas bénéficié d'une analyse approfondie. Ceci
238
ne nous a pas été possible vu 1'ang1e auquel nous avons essayé
de ramener cette segmentation: 1'absence d'un rée1 anerage, à
moins que 1'on suppose que cette absence d'ancraqle so j-t le
propre du corrte êt, de ce fait, cÊ serait un type d'ancrage
spécifique à ce que nous appellerons "ènonciation narrative"
i cf. notre troisième partie ) .
L'idée relat,ive à cet aspect énonciat,if nous semble
intéressante dans 1a mesure où e11e corrobore celIe qui
consiste à relever des effets de sens dans 1a segmentation du
temps. Pour s'en rendre compte, i1 sufflt de s'apercevoir que
cette répartition du temps se fait. selon deux dimensions mises
ei-r rapport avec Ie jour et 1a nuit €t, qul plus est, ies
supports lexicaux, particulièrement dans 1es versions
d'expression arabe, y sont des références à une répartition
sous-tendue par le temps cles prières r / L-flet /: aurore ,
/S-SbaH/: matin, /D-Dhur/ r mi-journée , / s- sahe1/: "mi-après-
midi", /1-meGreb/: fin d'après-midi et enfin /1-efa/: soir (ou
dlner ) .
Cette répartition nous servlrait à tenir compte d'une
isotopie religleuse sous- j acente. L'espace social , otr plus
exactement, 1e social à Èravers 1'espace cuIturel, sera
neÈÈement représenté dans les contes d'expression arabe
relativement à f isotopie rellgieuse sous-jacente à 1a
répartition du temps. Toutefois, pour que ce polnt. de vue ait
suffisamment de crédlbiIit,é, iI faudrait préciser 1es contextes
d'ut,ilisation ou de recours à cetle répart,it,ion; ensuite, i1
faudrait tenter d'intégrer dans ce cadre Ies occurrences des
verslons d'expression berbère.
239
une première renarque est à faire ! comparativement aux
versions des conLes d'expression arabe , cêrles des cont,es
d'expression berbère utilisent, une répartition selon /].-t)er/ ,
/s-sbaH/ , sans que 1'on puisse pour autant, dire que ces
occurrences soient nettement ernpruntées à 1, arabe et lesrapprocher de f isotopie religieuse pour 1a slmpJ.e raison que
/D-Dhur/ , /s-sahe1/ et /1-mGreb/ n, apparaissent pas
systématiquement dans nos versions d, expression berbère.
/D-Dhur/ sera dit. /amekli/: déjeuner, /l-meGreb/ sera dii,/aeefJI/t soir, /l-elal est utilisé concurrenÈieliemeric avec
/amensi-,/: d1.ner.
En somme, i1 semble qu'une distinci,ion s'érabiic rlans ce
cadre entre 1es contes d'express j-on ara):e et ceu:* c, expression
berbère par 1es dénomirrations ies indicert.ions qui :.épari: l-sserir
1e temps r 1à où 1es premiers répart,issenr- l_e iemps seLcn iescinq prières de l-a journée, 1es seccnds 1e répartissent selon
1es heures de table : /!-f tur/ 1, /amekli/ et ,/amensi./ .
11 émane de cette remarque que le znasni {parLer berbère
des Béni-Znassen ) ne dlspose pes d'unit.és l-exlcales F,represpour déslgner /D-Dhur/, /s-sahei/ et /1-meGreb/. /D-Dhur/ eL
/1-meGrebl notamment, ne seront retenus que comme ccincldencesà /amekli/ et à /aeef!L/ i /1-easer/ (/s-sahe1/jest généralement
dit, /0amedd10/ sans effet de référence à ra prièreLes interprétations possibles de cette ciistinct,ion ne nous
intéressent pas comme ouverture vers une lecture qui t,ienne
1 L'"ffort de traduction est nu1 pour ce terme ainsl quepour /0ameddi0/r fln d'après-midl, si f'on admet qu,irs solentproches des termes arabes: /!-f\ur/ et /:--elj-ya/.
240
compte des propriétés d'utillsations linguistlques dans lesrépartitions du temps. ces utilisatlons ne seront pas examinéesse10n 1es éventuels effets dans les présomptions d,isotopiessous- jaeentes à "temps des prières" et ,,heures de tabIe,,; seule1a fonction segment,atrice sera retenue. En d,autres Èermes,nous essaierons de voir s'i1 y a une relative mise en rapportentre ce qui se passe sur 1a scène narrative et,Ies Eempsauxquels réfèrent /L-f)er/, /S_SbaH/, / D_Dhur/ (/amekI i/)...Les partenaires des rapports entret,enus dans 1es parcours oùces figures apparaissent, seront l,objet de cette descriptlon,car, pour ne prendre gu'un exemple, i1 sernble bien que /r_f.jer/dans c11 attribue un ef fet, de sens au faire du ,,vieux,,,. i1 1emet en valeur. Désignant le temps qui est à l,origine ce 1acause de 1'égarement de /mHend themm/ dans cz, iL_f1er/ estau§si utilisé dans une configuration comparable à ce1le de c11à propos de 1'égarement prétendu dans Ie ciei de r.a vict:me du"vi-eux". Àussi /r-f)er/ est-i1 1e moment, propice choisi par1'ogresse pour appeler /mql d,ef / en vue d, en f aire sa victirne,chose qui se rapproche nettement de la séquence de czr.
Enfin, dans un certain sens, on voit blen gue /L-fjer/ est,requls pour étab11r un rapport entre des partenaires définlsmodalement par une hiérarchie des uns par rapport, aux autres.L'effet, du faire du vieux face à 1,ogre dans c11 est actualisédans/par /l-fjer/: nous supposerons a10rs que /l-f3er/, termecomplexe (nl nuit ni jour), joue un rôle régulat,eur
1
i I eGmancroyantj urnent
/mHend themm yekker tlaGra_sIeuda 0edja ift, 1-tcuIa/ (berrque c'était 1, aurore; i1 sortitmit bas une ogresse).
ô lefjer yessufeG/mHend themm se 1evaIes chameaux... la
241
narrativement de rapports conflictuels dans Ie sens où un sujetdit, dans un ét,at donné, démuni de pouvoir, devient, puissant
au moment même où "nui"t" s'annule pour iurpliquer " jour"( aurore ) ( cf. /mqi def / darrs c34 er re vieux dans c1 1 ) . un
sujet, dit puissant, cesse de l-'êt,re face à l-'humain: /t-fjer/est alors doté d'un effet, sémant.ique qui se rattache à un
certain style de configurations discursives où apparaissent
nettement des articulatj-ons modales caractérisant 1es sujetsmis en scène.
§i nous nous permettions de falre une digressiorr pour
saisir 1'occasion de mieux appréhender ces ar.t.iculaLions
modales, nous pourrions 1es résumer par queiques rema'rques que
nous al1ons f ormrrler.
Err gros, dans les exemples que nous avons prls iC2, C5 et,
c11), les rapports ent,re sujets représentés par des acteurs
humains (/mHend themm/, /mqidei/ et 1e vieux) ei non hurnains
(1'ogre, !'ogresse) se résument, par une articuration du pouvoir
au savoir: 1) c'est, par 1a ruse (savolr) que /mqide// eL levieux détiennent 1e pouvoir; 2) dans cz, le non-savoir, donc
1'absence du pouvoir du savoir, enclenche l'égarement de /mHend
themm/.
Partant de ces deux cas, i1 devient facile d'interpréterla ruse. Au fond, le savoir de /nqLdel/, étant un savoir gui
se manifeste par 1a ruse dans 1e conte, flê nous semble pas
réciuct,ible à cette manif estation; ce savoir porte, à notre
avis, sur un effet d'utilisation de /L-tser/ dans 1e conte: 1a
mal.trise ciu temps en ce sens que /mqide// (ou Ie vieux) doitse réveilIer avant 1'ogresse, eBt ce qul rend sans effet 1e
242
pouvoir de celle-ci. par contre, r,ignorance due à l,ilrusionchez /mHend themm/ et son père, serait en fait une absence demaltrise du t'emps; d'où, les effets néfastes cle cet.e ignorancequi explique vralsemblablement /l*hemm/.
ces versions présentent aLors deux cas. ccntralrement à
c2 , c# et c1r. mettent en scène un su jet donr 1e savoJ.r, ayant,pour effet 1a manifestation de 1a ru§e, porte sur 1a maltrisedu temps dit' /r-fjeru1. c'est ce qui semble expliquer repouvoir du savoir -détenu par ce sujet,- qui_ ne caractéri.se pas1a compétence du suiet (ogre, ogresse) même s,il- est a prrorimodalement compétent se10n re pouvoir. Âui,rement dii, ceiernier pouvoir n'est pas régi par Lrn savoir sur re t,emps; 1aconstruction de 1a performance, si 1'on peut s,exprimer en cestermes, se réarise par une stratégie modale qui porte sur 1e
temps et sa mai.trise de te1le sorte gu,e11e transforme iepouvoir de 1'ogre eÈ de 1'ogresse en non-pouvoir. cetteLransformation devient ainsl tout à fait posslble puisc;ue1'ogre et 1'ogresse ne disposent, pas de ce savoir sur 1e iemps.Par conséguent, güê ceci soit ctlt, au passage, rien n, e§tétonnant dans la vict,oire de /mqideî/ et, du vieux et rien n,estnon plus étonnant dans /1_hemm/ de /mHend/.
-§e10n cette lecture, i1 semble posslble de conclure que1a figure de manipulation2 est sous-tendue par urre stratégieparticulière: rêco,,nar.tre 1'autre ( I , adversaire ) selon un
1 cecl apparal.t de manière explicite dans cg: ce n,estqu'en temps opportun (/L-f.)er/) que 1e héros peut accéder auxmontagnes des êtres surnaturels.2 voir, À. J. GREruÀs, ge-sens, essais sémiotiques, "!,2,Seuil , Parls , 19g3 , pp. 2L3_223.
243
staLut modalement supérieur au sien, exige une stratégie qui
fasse nier ce statut, par un savoir dont 1'autre ne dispose pas,
et s'i1 essayait de 1'obtenlr iL ne saul:ait d'où 1'obtenir pour
about,ir à 1'af f irmatiorr de son pouvoir. Le principe de
reconnaissance du "1ieu" où résicle 1'obtention rlu savoir,
( / L-f j er/ ), se trouve à 1a base de cette strat.égie .
Retenons pour Ie moment qlle darrs une perspective
d'appréhension de cett'e f orme part,iculière de manipulat,ionl,
/mqidel/ et 1e vieux procèdent ainsi: i1s reccinnaissent, dans
un premier temps, Ie pouvoir de i-'ogre ( or: l-'ogresse )
initialement destinaLeur, et font en sorte, en un second i:emps,
que ce pouvoir soit mis à un rang:-nfêrieur à leur propre
pouvoir du savoir aussi bien en termes de reconnaissa,rrce dr:
pouvoir du destinateur que de maitrise du temps qui :::-e
j ustement ce dernier pouvoir. Cette mait,rise 1 ' enporce
forcément, sur tout pouvoir du destinateur qui ne soit pas régi.
par un savoir portant sur le temps.
Ce jeu qui prévoit, une dimension pragmatique assurée par
une dimension cognitive peut rendre conpte rle situations
rel-ativement banales dans des cas commet 1) je sais que tu
peux; 2) tu sais que tu peux; en définitive, je dois agir sous
1a contrainte que ton pouvoir m'impose: le nier, Ie rendre un
non-pouvoir par 1e savoir que je dét,iens sur ton pouvoir
(reconnaissance); cet agir me sera possible car tu ne sais pas
1 cette manipulation joue essentiellement sur 1a négationpar 1e destlnateur de 1a performance du destinataire selon une"sanction anticipée": ne pas pouvoir-faire, lbld' pp. 2L5-216.
244
que je sais que tu peux, êt tu ne sais pas non plus guê,
contrairement à tol, ie maitrise 1e temps /r-fjer/./]--f)et/, avions-nous dlt, est ce gui n'est ni jour ni
nuit dans le sens où "jour" en est impliqué (i1 n,est plus toutà falt, nuit et n'est pas encore jour) r
I our,t
nui
(/l-f.j (/aeef f i/, /0ame<idie/,
/7-efiVa/
c'est, dans ce sens qu'au fond, nous 1'avons étudi-éi et, pour que
cette ét,ude soit, relativement plus complèÈe, i1 faudraitconsidérer "nuit" et "jour".
commençons par 1es contextes d,ut,ilisation de ra nuit: c9
donne un exemple int,éressant que nous retrouvons dans d,autrescontes tels que C2, C4 , C11, CZz, C3O. . . , où ,,nuit,, estgénéralement un temps d'activités, au sens large du terme,d'êtres surnaturels ou non humains.
De cett,e constatat,ion simple en e11e-même, nous pourrionsdéduire -vu 1a récurrence que nous venons de signaler dans
différents contes- que 1a nult se rattache à une mise en
discours où, nodalement par1ant., 1e pouvoir du sujet représentéPar 1',ogre ou 1'ogresse, 1e dispose à avolr une posltion
uitI
i
t
our
er/\
245
hiérarchiquement supérieure à celle de 1'humain. Au de1à de
1'exemple dans C9, celui de C2 nous apprend que 1'ogresse
(épouse cie /mHend thenm/) sort ia nuit pour s'incruster au
milieu du troupeau et en dé'zorer un mouton. Dans un autre sens,
pour que /mqi def / puisse vaincre 1'ogresse , i1 a fa11i: qu'i1
Ia ramène SheZ___I!;i, c'est-à-dire dans L'espace social et
humain: 1'ânnulatlon du pouvoir de 1'ogresse, bien que 1e temps
y soi1: 1a nuit, se réalise par 1a conjoncti"on de celle-ci auec
1'espace culturel auquel s'ajoute i'utilisation des cerd::es et
des cardes. Comparat, j.vement à ce cas, C1 propose 1e sui-vant.:
1e j eune homme est dépourvu de t.out pour,roir parce qrl'il- se
situe dans 1'espace "naturel" {mont,agne) hablté par:1'ogresse
eui, darrs ce parcours précis, est doté du pouvcir f igurat:"vtsé
par 1e chaudron ( grosse marmite ) engiobant 1e j eune Lrcmme .
Enfin, 1es configurations où est mise en jeu l-a figure de La
nuit, r€tiennent, dans un sens ou dans un autre, une mise en
exergue d'un univers propre à un su j et partlc'J1ier par 1es
représentations qu'en donnent les contes: ogre, oqresser génie,
serpent. . .
Para11èlement à "nui.t" dont nous venons de résumer
quelques codifications, 1e jour semble nettement relever d'un
contexte dont f int,erprétation est déjà entamée par /L-f)er/.Àutrement dit', les contextes d'utilisation de /1-f3er/ se
rapprochent facilement de ceux d'ut-ilisation de "jour" puisque
celui-ci est impliqué par celui-Ià: /L-f)er/ est alors un
lntermédiaire qul lmplique Ia réussite de 1a performance du
sujet humain. Une seule exception semble ne pas se soumettre
à ce point de vue! le cas de /nHend themm/ qul se lève à un
246
moment dit /t-f)er/ selon deux versions d'expression arabel
sans signaler qu'en fait, i1 s'agit d'une illusion ou d'un
paraitre -conme 1e disent sans exception touÈes nos versions
d'express:-on berbère. Dans ces deux versions, tout laisse
croire que /L-f)er/ est à 1'origine de L'égarenent (échec de
performance ) . Or, pour peu qu'on réexamine 1'organisationgénérale de ce conte, i1 apparait gue /L-f)er/ n'est pas letemps où est enclenché 1'égarement; i1 s'agit plutôt, de
/1-GeRRaR/2: trompeur, pris par /mHend themml et son père pour
/i-fjer/. C'est eetLe mocialité selon 1'être et 1e paraitre qui
est à 1'origine de 1'égarement: /1-GeRRaR/ , t,rompeur
manipulateur, auquel adhèrenL /mHend themm/ et son père selon
le croire, est ce qui explique /7-fjer/ dans C2 sulvant les cas
examinés précéciemment. Dès Iors, i1 n'est plus étonnant que 1e
conte justifie, par cette procédure de faire apparaitre
/ l-f)er / selon 1e parait,re (/1-6eRRaR/), l'organisation
strucLurant modalement Ie parcours de /mHend ihemm/ par un
croire qui f induit en erreur et non par un savoir pour
acquérir le pouvoir tel que Ie cas dans C4 et C11.
1 D"u* versions de ce conte, sur une dizaine que nousavons recueillie, notenL cette exception.
2 C" terme est utl1isé tel quel dans les versionscl'expressions arabe et berbère: i1 déslgne, selon nosinformateurs, 1a pleine lune au point où 1a perception de1'entourage est aisénent possible même à quelque distance.
247
/1-fier/ et l1:'efival (I'aurore et Le {oir)
Para11èlement. à /1-f)er/, nous pourrions exarniner 1e t,erme
qui n'est pas " jour" et qui implique "rruit'' r 11 s'agit, de
/aeelf i/ , /l-ef Lya/ et /amensi,/: dlner, /!-ef a/ r dl.ner ou
dernière prière de 1a journée. Qu'ii nous solt permis oe falreabstraction des t.raits distinctifs entre /aeeffî/ et /amensiz
t/\-efa/| pour ne retenir que le trait. temporeL tradurs:-ble par
" so j-r" qui leur est commun.
Selon nos lectures de /\-fier/, 1'organrsat.ion Ces
rapport-s entre Les su jet,s humain et non humain, i.nscr:.te cans
un temps dit "soir", devrait nous faire retenir L'aifirnationdu pouvoir du sujet, non humain quelles que soient, Bes
représentations actorielles. Nous avons déjà évoqué f iCée à
propos du jeune homme englcbé par 1e chaudren dans Cl, ceci se
confirme aussi de manière implicite dans C11: 1a reconnaissa.nce
clu pouvoir de l'ogre par 1e vieux est une façon de supposer que
1e pouvoir du premier s'affirme provisoirement. Les exemples
ne manquent pas.
Ceci dit,, dans 1e conte, I'utilisatlon de "soir" n'est pas
restreinte à des rapport,s entre ces représent,ations de su j ets.
248
En effet, 1a récurrence de 1'occurrence ,,soir,, gui, dans 1e
c11 entre autres, nous servlra de référence, est intéressantedans 1a mesure où /rHenni/ (ber: henné) entre en composit,icnde 1',énoncé dont 1'effet se situe justement dans ce tempsprécis /aeef fi/: re pouvoir-manipuler 1a viei1le2 pour obtenir1e savoir, exige f intervention du henné pour at,ténuer l,effetde 1a nourriture brtLante. ce rapprochement iu henné à 1a
nourriture brtlante est, dans un certain sens, assez curieux,mais peut-i1 offrlr des renseignements sur 1, effetd'utillsation de "soir"? Nous n,en sommes pas tout à falt sûr,raison pour laquerle nous préférons abandonner cette pist,e pourreprendre ce11e de ra manipulat,ion qui entral.ne L,acquisitiondu savoir détenu par La vieille.
À ce niveau, i1 est facile de constater qu,une relatlonapparalt entre trois actants représentés respeetivement par 1a
viei11e,le jeune homme et 1e savoir détenu par la viei.lle etque 1e jeune homme doit, s'acquérir. Jusque 1à, rien de
part,iculier puisque nous ne faisons que paraphraser 1a
7 /^uelfi gawessar0 nniyeTTef-as fus yeSSeGDes-t 61a1la chez Ie jeune homme...;Lrempa dans du henné ) .
9ruH axxam n werba... arba nnilHennl/ (ber: 1e soir, ia vieillecelui-ci Iui t,1nt Ia main et 1a
2 Dans cette configuratlon, la vieille ne peut êtrecomparable à 1'ogre ( ogresse ) en tant que représentationfigurative. ceci dit, re pouvoir qui nous a servi pour définlrpartiellement cette représentation ( ogre, ogresse ) seraégalement retenu pour "la vieilre" en ce sens qu,e11e occupeune position de destinateur qui détient un savolr utilisé pourinsulter 1e jeune homme: si tu étais un homme...; ",-"=t biende ce savoir qu'elre détient un pouvoir reconnu comme teI par1e jeune homme._?'uirleurs, celui-ci aglra dans 1e sens du codesous-jacent à f insurte: 1'honneur. fussl ra vieille reçolt-e11e un lnvest.issement beaucoup plus complexe qu,une simplereprésentat,ion actorielle.
249
configuration; mais, sachant que /t-ftermes de 1'axe des subcontraireslpossible de rapprocher 1es contenus
ceux invest,is dans /L-e.fiyal selcn un
théoriquement par Ia subcontrariét,é.
jer/ et /1--efiya/ sont Ies
, i1 serait, sensiblement
investis dans /7-fjer/ de
type de relation indiquée
L'effet sémantique de cette relaLion nous amène à ét,ab1irune comparaison entre /mqidef/ (c6), Ie vieux (c11) et 1e jeune
homme (c1), à 1a recherche du savoir; nous pouvons constâterqu'une dlstir:ction s'instarle. Les premiers construisen+. leursavoir -une construction basée sur 1a mal.trise d.r: temps
/7-tiet/ , avons-nous dlt- par leurs propres molrensi aLors que
pour le jeune homme, le savolr l-ui est communiqué par un tiers:deux types d'actants à distinguer.
Dans cette perspective, i-1 s'avère que l_e savoir se irouveau centre de f intérêt à définir deux st,atuts actantiels dontt 'un4"présenté par re j eune homme êt , r'autre , pâr /nqide f /et Ie vieux. En tous cas,1e statut du jeune homme s,expliquepar la structure du conte qui comport,e un réclt, introductif où
est mise en scène Ia perte de 1,héroine (Le13.a) par sa mère;
ensuite, par ce micro-réclt procède Ia construction du récitenchâssanÇ, hlstoire du jeune homme qui cloi*, retrouver sa
cousine. cette technique narrative d,enchâssenent d,un récitet d'un micro-récit joue sur 1e devoir-retrouver 1a cousine et,par 1à, eIle met, en scène un sujet dont le statut est, distinctde celui de /nqidef/ et du vieux dans Ia mesure où ces derniersconstruisent par eux-mêmes 1e savoir qui régit 1e pouvolr
1. A. J." Bubcontrariété "
GREIMAS êt J. COURTES, op. cit., art
2s0
supérieur à celui de 1,adversaire. pour ces derniers,lerapport conflictuel entre 1e sujet et 1,anti_sujet n,est pas
clt à un devoir qui les modalise: Ie su jet qui est ledestinateur de ce devoir , n'est pas comparable au sujet que
représente 1a vieille vis-à-vis du jeune homine. A ce dernier,le devoir n'est pas communiqué par un sujet lndlviduel t,e1 que
1'ogre ou 1'ogresse, mais par une "règie moraie,,relative à un
code culturel (1'honneur) dont 1a vleille n,est qu,undestinat,eur dé1égué. Le statut de ce dernier représentédlfféremment selon qu'on considère câ et ci.1 d,un côté et cide 1'autre, est, ce qui semble cont,aminer et déterminer iestatut du su j et représent,é par /mgidei/ e t l_e vieux r.i, un côté ,
et cle I'autre , pâr Ie j eune homme.
Prenorrs un autre exemple: dans c2 , plus exactement. dans1a séquence de 1'arrivée de 1 'ogresse au vi1iage1, Le sarroi-rdéterru par /mHend themm/ sur 1'être de la femme n, ent;e pas en
vigueur: 1e paraitre-femme au point où il émerveille Les gens
du vlliage annule 1a possibilité de démasquer ee paraitre bienque /mHend themm/ en prévienne 1a djemââ. c,est dire que iecroire des gens du village 1'emporte sur 1e savoir individuel:la totalité constituant un actant, co11ect,1f valide un point de
vue évaluat'if sur 1e parai.t,re de 1, ogresse er nie, parconséquent, 1e savoir de /mHend themm/. ceci se rapporte encore
1 /.k"ô u€efli djemaeeô qa€ TTareH 1.fr n tmeTTug 0iweoGer-sen qa€ qimen nbehDen... nHend lhemm yenna sen aweddi qattu ô lGula nnan as djemaee0 -fek daymen À:.t îfekit iu"r: 1esoir, quand 1a jmaea se réuniL, ,rr" -f
"*me arriva au village;tout 1e monde fut, éb1oui par cett,e femme. /mHend themm/ leurdit: c'est une ogresse. on rul dlt: toi, Èu as toujours étéméfiant).
25t
nett,enent à une forme de manipulation décrenchée par 1'être /parar.tre ( ogresse / femne ) qu'une anaryse indépendante peut
préciser.
Dans 1e cadre du ni-veau où nous situons nolre élude, c€
qui semble opératoire est f impact de cette forme de
manipulation sur la mise en valeur du temps /aeefli/ eL vice-versa dans Ia configuration.
Darrs ce sens, c5 utillse aussi /aeeîfil comme temps où se
situe 1a manipulation ! amener le mar j- à égorger ia f ernme
devenue vache. Le savoir du mari (i1 sait que cette vache est
1a mère de ses enfants) lui interdit d'égorger cet:e vache;
mais, cette modalité s'annule devant ie por:voir de 1a voix
mystérieuse qui provient 1e soir c'une col't ine r une
manipulation où 1e pouvoir du dest,inateur (voi-x mystérieuse ie
soir) 1'emporte (1a vache est à 1a fin égorgée par ie :rari).
La séquenee t,out,e ent,ière, précisons-1e, se situe dans un cadre
t,emporel de /aeef f i/,
Nous venolls de donner queLques indications préliminaires
en sélectionnant parmi les occurrences dê 1a répartition du
temps /l-tjer/, /aeelli/, /L-efiya/, /l-efal er /amensi/. Ce
qui nous paral.t intéressant dans cet t,e sé1ect,ion est 1a
possibilité d'examiner les termes en ce sens qu'i1s ne sont pas
f onct.ionnels par leur simple représentat,ivit,é d'un temps donné
mais, surtout, en ce sens que le conte les utiliseparticullèrement pour des fins de mise en discours de parcours
suffisamment rapprochabres les uns des autres dans des
configurat,ions discursives. rl nous semble que ce point de vue
a ét,é suffisamment exploltê, raison pour laquelle nous n'avons
252
pas repris les occurrences tel1es que /D-Dhur/, /1-eaSer/
( /s-sahel/ ) ou encore, /L-eam/ (ar), /asuggwas/ (ber: 1'année)
ciont la représenlation de segmentation est en généra1
rlétermlnée par /S-Sif / ( ar ) , /anebôu/ (ber: été ) ou par
/1-Humman/ (ar. et ber.: chaleur) ou /aSemmiD/ (ber: froid,
hiver ) . . . Nous avor-Is f ait économie de l-'étude de ces
occurrences pour 1a simple raison que leurs utilisations dans
1e conte nous ramèneraierrt à une saisie de parcours
rapprcchables suivant cies technigues semblables à celLes que
rrOUS aVOnS VUe S.
Pour clore cette partie, i1 nous semble opportun d'avoue:
qu'e1ie a été réduite à quelques configurations anal ysées ;
sinon 1'étude gue nous avions entreprise et qui a dt examine:
sans aucune c1 istj-nction tcuies 1es occurrences du ciépouil ienenc
lexical que rious avons ef f ectué avant de parler d'anai_.7se r est
beaucoup plus large que ce11e que nous présentons ici. i'ious
avons dt sélectionner quelques configurations dont nous avons
estiné que 1es fonctionnements sont 1es plus redondants dans
1e corpus. Précisons aussl que sl nous avions respecté
1'object.if que nous avions tracé au début: étudier toutes ies
occurrences du dépoui11ement, nous aurions été amené à produire
des répétitions inutiles, raison pour laqueLle nous nou§
contentions de donner chaque fois que nous entamions un angle
cionné d'une configuration, des exemples tirés de Èextes de
référence sans pouvoir donner tous 1es contextes d'utilisation
des occurrencesi à ce niveau, nous avons optê pour 1'économie
en situant l'étude à des niveaux syntact,ico-sémanÈiques qui,
justement, définissent les configurations discursives.
253
Ceci dit, 1es quelques motifs que nous avons sélectionnés,
sans préterrdre à une que3"conque exploitation approfondie de
l-eurs f onct,ionnements, itcntrent que 1'analyse devait considérer
liotl pas 1a constiiutiorr dans 1e conte d'uniLés lexicaies
riét,errninées guant à ieurs ut.itisations par ce gue Ch. Ba11y
appelie " nent,alité ;nayenne"L, mais une certaine soumission Ce
ces unités aux nécessités qui découlent de "J-'esprit" du conte
ir:dépendanment, cles soucrs de ses récepteurs-auditeurs ou cie ses
récitants, eui chercheraient à justlfier ou à improviser
1'utilisation de tei ou ieL autre mot,if : ceci ne dépend pas rie
ces parterraires du conte mais du conte 1ui-même comme ncus
essaierons de 1e préciser u1t,érieureraeni. Tous Les mr:tifs que
11ous avorrs étudrés mon-urerlt qu' j-i y a un aspect " ixRpersonnel "
c1 ans leurs utili-sations. Par conséquent, conir.li-remeni à ce que
1'orr pourrait croire, 1e 1e:<ica1 n'est pas utiiisé spcntartément
cu de manière "artif icielle" clans l-e contê; mieux, cette
ut.ilisation est porteuse de mouvemerrts inteliigibles non pas
pour f individu niais pour l-a collectivité. Âulrement dit, 1e
conte est, doté d'un "niveau irrtellectuel" qui s'acëommode à des
procédés configurat,ifs que seul-es les anaiyses Ces
ûrganisat.ions si/ntactico-sémanti-que§ semblent en mesure d'être
ce qui renseigne sur 1es valeurs sémantiques, les effets de
sens et 1es charges culturel,les des unités utilisées. Encore
faut-11 que tout cela soit décrit de manière à ce que Ie niveau
présupposé, celui de 1'énonciation, rre soit pas perdu de vue.
1 voir, ch.1 , 3e édltion, LlPari.s, 195L, pp.
BALLY, traité de stvllstique française, vo1.brairie Georg et Cie et Nlincksieck, Genève-195-196.
254
Enfin, 1e bilan sous forne d'évaruation que nous venons
de faire, est proposé dans cette conclusion à titre provisoirepuisque nous n'avons pas rapperé tous 1es ressort,s de l_, étude
des configurat,ions que avons citées. Nous nous épargnons cettenécessité car, de toutes res façons, nous y revienclrons dans
1es part,ies qui vorrt suj-vre sous d'autres angles qui vonts'imposer par 1es résultats mêmes de cette partie.