etude analytique et quantitative des troubles du langage par lesion du thalamus gauche:...

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ETUDE ANALYTIQUE ET QUANTITATIVE DES TROUBLES DU LANGAGE PAR LESION DU THALAMUS GAUCHE: L'APHASIE THALAMIQUE J.M. Mazaux et J.M. Orgogozo (Service de Reeducation Neurologique, Centre de la Tour de Gassies, Bruges, et Unite de Pathologie Vasculaire Cerebrale, Clinique Neurologique, Universite de Bordeaux II) L'existence de troubles du langage au cours d'atteintes thalamiques a ete suggeree des 1906 par Dejerine et Roussy, et en 1925 par Hillemand. Par la suite quelques observations anatomo-cliniques en ont ete rapper- tees (Schuster, 1937; Smyth et Stern, 1938; Fisher, 1959; Penfield et Roberts, 1959), mais ce sont surtout les donnees tirees d'interventions sur le thalamus chez l'homme qui ont stimule les recherches sur ce sujet. De nombreux auteurs ont en effet signale des troubles aphasiques, notam- ment des perseverations verbales et des troubles de denomination, apres lesions stereotaxiques du thalamus chez des Parkinsoniens (Bell, 1968; Riklanetcoll., 1969; Samraetcoll., 1969, VilkkietLaitinen, 1974, 1976)et au cours de stimulations electriques stereotaxiques de certains noyaux du thalamus (Ojemann et coli., 1968, 1971). Sur le plan anatomo-clinique, les observations de Van Buren et Borke (1969), Bugiani et coli. (1969), Ciemins (1970), Fazio et coli. (1973), Mohr et coli. ( 1975) ont apporte des precisions sur la localisation des lesions, qui concerneraient surtout la partie posterieure du thalamus, notamment le Pulvinar et le V.L. La semiologie de ces troubles du langage a ete etudiee avec un soin particulier par Luria (1977) chez un sujet dont les lesions anatomiques n'etaient cependant pas limitees au thalamus. Malgre !'ap- port de quelques observations recentes (Reynolds et coli., 1978; Samarel et coli., 1976; Elghozi et coli., 1978; Cappa et Vignolo, 1979), les des- criptions detaillees des troubles du langage par lesion du thalamus gauche restent peu nombreuses. La frequence de "l'aphasie thalamique" est en effet mal connue, mais certainement assez faible si I' on ne considere que les troubles durables. En outre, les lesions thalamiques d'une certaine importance s'accompagnent generalement de troubles de vigilance qui rendent difficile une etude aphasiologique detaillee ou quantitative. L'examen tomodensitometrique nous a permis de rattacher des trou- bles du langage a des lesions limitees du thalamus gauche chez 8 patients. Cortex (1982) 18, 403-416

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Page 1: Etude Analytique et Quantitative des Troubles du Langage par Lesion du Thalamus Gauche: L'aphasie Thalamique

ETUDE ANALYTIQUE ET QUANTITATIVE DES TROUBLES DU LANGAGE PAR LESION DU THALAMUS

GAUCHE: L'APHASIE THALAMIQUE

J.M. Mazaux et J.M. Orgogozo

(Service de Reeducation Neurologique, Centre de la Tour de Gassies, Bruges, et Unite de Pathologie Vasculaire Cerebrale, Clinique Neurologique,

Universite de Bordeaux II)

L'existence de troubles du langage au cours d'atteintes thalamiques a ete suggeree des 1906 par Dejerine et Roussy, et en 1925 par Hillemand. Par la suite quelques observations anatomo-cliniques en ont ete rapper­tees (Schuster, 1937; Smyth et Stern, 1938; Fisher, 1959; Penfield et Roberts, 1959), mais ce sont surtout les donnees tirees d'interventions sur le thalamus chez l'homme qui ont stimule les recherches sur ce sujet. De nombreux auteurs ont en effet signale des troubles aphasiques, notam­ment des perseverations verbales et des troubles de denomination, apres lesions stereotaxiques du thalamus chez des Parkinsoniens (Bell, 1968; Riklanetcoll., 1969; Samraetcoll., 1969, VilkkietLaitinen, 1974, 1976)et au cours de stimulations electriques stereotaxiques de certains noyaux du thalamus (Ojemann et coli., 1968, 1971).

Sur le plan anatomo-clinique, les observations de Van Buren et Borke (1969), Bugiani et coli. (1969), Ciemins (1970), Fazio et coli. (1973), Mohr et coli. ( 1975) ont apporte des precisions sur la localisation des lesions, qui concerneraient surtout la partie posterieure du thalamus, notamment le Pulvinar et le V.L. La semiologie de ces troubles du langage a ete etudiee avec un soin particulier par Luria (1977) chez un sujet dont les lesions anatomiques n'etaient cependant pas limitees au thalamus. Malgre !'ap­port de quelques observations recentes (Reynolds et coli., 1978; Samarel et coli., 1976; Elghozi et coli., 1978; Cappa et Vignolo, 1979), les des­criptions detaillees des troubles du langage par lesion du thalamus gauche restent peu nombreuses. La frequence de "l'aphasie thalamique" est en effet mal connue, mais certainement assez faible si I' on ne considere que les troubles durables. En outre, les lesions thalamiques d'une certaine importance s'accompagnent generalement de troubles de vigilance qui rendent difficile une etude aphasiologique detaillee ou quantitative.

L'examen tomodensitometrique nous a permis de rattacher des trou­bles du langage a des lesions limitees du thalamus gauche chez 8 patients.

Cortex (1982) 18, 403-416

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Dans 5 de ces cas le trouble linguistique etait suffisamment pur, et les alterations de vigilance et des fonctions intellectuelles suffisamment moderees pour permettre de pratiquer 1' examen d' aphasie analytique et quantitatif propose par Goodglass et Kaplan (1972). Durant la meme periode nous n'avons observe aucun cas de trouble du langage associe a une lesion isolee du thalamus droit.

METHODOLOGIE

Cinq patients ont ete selectionnes pour cette etude sur la presence de troubles du langage associes a un syndrome thalamique clinique et a une lesion cerebrale unique limitee ala region thalamique gauche a l'examen tomodensitometrique. Les deux premiers patients ont ete explores avec un ACTA Scanner de lere generation, les trois derniers avec un CGR Scanner de 3eme generation. Con­formement a une etude precedente consacree a I' apport de la tomodensitometrie dans l'aphasie (Barat et coll., 1978), six plans de coupe inclines de 20° par rapport au plan orbito-meatal ont ete realises dans tous les cas. Le 3eme et le 4eme plan explorant les regions thalamiques.

Ces cinq patients ont ete soumis au Boston Diagnostic Aphasia Examination (Goodglass et Kaplan, 1972), qui est compose d'une epreuve de conversation spontanee (7 parametres) et de 36 subtests exp1orant ana1ytiquement les perfor­mances linguistiques. Ces subtests ont ete etablis par les auteurs d'apres I' analyse factorielle des resultats de 189 aphasiques. Leur cotation quantitative tient compte du niveau de performance obtenu, et du temps de reponse pour chaque item. Nous avons utilise pour cette etude une version fran~aise etablie et validee par rapport a l'Echelle Americaine a partir de 20 temoins et de 40 aphasiques (Masson, 1980).

Enfin, les resultats des 5 patients presentant une lesion thalamique ont ete compares a ceux de 5 sujets temoins apparies pour l'age et le niveau culture!.

OBSERVATIONS

n. I: Femme de 56 ans, droitiere, hypertendue, atteinte brutalement le 29 Novembre 1976 d'une hemiparesie droite et de troubles du langage sans altera­tion de la vigilance. IY l'examen l'hemiparesie s'accompagnait d'une hypoesthesie de tout l'hemicorps, predominant sur les modalites douloureuses et vibratoires, de syncinesies homo-laterales d'imitation et d'une hemianopsie laterale homo­nyme droite. 11 existait un syndrome de Claude Bernard Horner gauche. L'exa­men tomodensitometrique fait au 3eme jour montrait un petit hematome intra­cerebral gauche tres median, interessant le thalamus dans son ensemble, et affleurant le bras posterieur de la capsule interne (Figure 1a). Six semaines plus tard, un controle tomodensitometrique ne montrait plus qu'une plage d'hypo­densite capsulothalamique gauche. A sa sortie du service, trois semaines apres le debut des troubles, la malade presentait encore une lenteur de raisonnement, des troubles du langage ecrit et un deficit sensitivo-moteur droit peu marque, mais touchant tout l'hemicorps.

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L'aphasie thalamique 405

A 8

c D E

Fig. I - Tomodensitometrie. Acta Scanner: a, nematome. b, hypodensite probablement tumorale. CGR Scanner, lecture des coupes inverse aux 2 precedentes, /'hemisphere gauche apparaft a droite sur Ia figure. c et d, hematomes capsulo-thalamiques. e, hypodensite de nature ischemique.

n. 2: Femme de 39 ans, droitiere, sans antecedent particulier, souffrant depuis Novembre 1976 de cephalees et d'une hemiparesie droite d'aggravation progres­sive. A l'examen le 15 Decembre 1976, on constatait des perturbations qualita­tives et quantitatives de I' expression orale, des difficultes de raisonnement et une certaine distractibilite. Le deficit moteur predominait au membre superieur droit, qui etait le siege de douleurs vagues et mallocalisees, et s'accompagnait d'une amyotrophie de }'eminence thenar. II existait un deficit sensitif pour le tact, la douleur et la sensibilite vibratoire, interessant tout l'hemicorps y compris la face, et des syncinesies homolaterales d'imitation. Un examen tomodensitometrique pratique le 16 Decembre 1976 (Figure lb) montrait une dilatation ventriculaire moderee et une lesion hypodense situee a cheval sur la partie externe du thalamus gauche et le bras posterieur de la capsule interne, non modifiee par !'injection de produit de contraste. En raison de l'histoire clinique, le diagnostic le plus pro­bable etait celui d'un astrocytome. Sous traitement anti-oedemateux, la malade s'ameliorait partiellement mais durablement puisque son etat clinique etait sta­tionnaire jusqu'en Fevrier 1978.

Ces deux observations ont fait 1' objet d'une publication preliminaire (Mazaux et coli., 1979).

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n. 3: Femme de 86 ans, droitiere, sans antecedent, atteinte brutalement le 31 Mai 1978 d'une hemiplegie droite sensitivo-motrice avec perte de connaissance. A son entree dans le service, le soir meme, la malade avait retrouve une vigilance normale, mais presentait d'importants troubles de I' expression orale, et un deficit moteur droit complet, avec une hemianesthesie a tous les modes, un signe de Babinski et une hemianopsie laterale homonyme droite. L'examen tomodensi­tometrique fait le 7 juin 1978, montrait un hematome capsulo-thalamique gauche entrainant un petit syndrome de masse, assode a une dilatation ventriculaire globale (Figure 1c). L'evolution ulterieure s'est faite vers une regression incom­plete des troubles du langage et de l'hemianopsie, avec persistance d'un deficit moteur et sensitif complet au membre superieur.

n. 4: Homme de 46 ans, droitier, diabetique et hypertendu non traite, pre­sentant brutalement le 12 Aout 1978 des paresthesies et une sensation de brulures de l'hemicorps droit, rapidement sui vies d'une hemiplegie a predominance facio­brachiale et de troubles de la parole. A son admission le lendemain, il etait conscient et son langage etait reduit dans son contenu linguistique et dans ses capacites de synthese et d'abstraction. Le deficit moteur s'accompagnait d'une hemihypoesthesie superficielle, touchant les modalites douloureuse et vibratoire et d'un signe de Claude Bernard Homer contro-lateral. L'examen tomodensito­metrique fait le 25 Aout 1978 (Figure 1d) montrait un petit hematome de la partie posterieure du thalamus et du bras posterieur de la capsule interne gauche, affleurant le noyau lenticulaire, ainsi qu'une atrophie corticale assez marquee. Les troubles du langage devaient regresser en trois semaines environ, mais le deficit moteur est reste important au membre superieur, s'accompagnant de douleurs spontanees d'intensite supportable.

n. 5: Femme de 78 ans, ayant une lateralisation intermediaire (dominance manuelle gauche pour les travaux fins, existant aussi chez son pere) atteinte le 7 Septembre 1978 d'une hemiparesie droite rapidement progressive avec troubles du langage. A l'examen dans le service le lendemain, I' expression orale compor­tait des paraphasies, des perseverations et des contaminations semantiques d'une phrase a l'autre. 11 existait un deficit moteur droit a predominance facio­brachiale, accompagne d'une hemi-anesthesie droite proportionnelle interessant toutes les modalites sensitives. Lereste de l'examen clinique etait normal. L'exa­men tomodensitometrique pratique le 13 Septembre 1978 montrait unimportant foyer de ramollissement capsulo-thalamique gauche (Figure 1e). L'evolution devait se faire vers une regression partielle des troubles: deux mois plus tard, la patiente presentait toujours des paraphasies et quelques incoherences semanti­ques, ainsi qu'une hemiparesie droite sensitivo-motrice residuelle.

RESULTATS

Les resultats quantitatifs sont regroupes dans le Tableau I oil figurent les scores individuels des patients. Les scores moyens des patients sont compares a ceux des temoins sur la Figure 2.

Sur le plan qualitatif, nous pouvons faire les constatations suivan­tes.

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L'aphasie thalamique 407

TABLEAU I

Resultats Generaux. Performances chiffrees des 5 patients etudies dans les differents items de l'examen de Goodglass et Kaplan. Les notes correspondant a Ia meilleure performance

theorique (plafond du test) sont indiquees dans Ia colonne Ia plus a droite du tableau.

Osservation n°1 n°2 ri0 3 n°4 n°5 Max.

Delai debut des troubles/test de langage 24 j 35 j 14 j llj 6j

Severite globale 3 4 3 3 4 5

Fluence Realisation arthrique 5 5 4 4 5 7

verbale Longueur de phrases 4 7 6 6 6 7 Agilite d'articulation 12 10 9 9 10 14

Discrimination verbale 66 57 66 66 70 72 Comprehension Schema corpore! 16 18 18 17 20 20 orale Ordres 8 11 13 13 13 15

Logique, raisonnement 5 4 7 7 5 12

Stock verbal D. par l'usage 27 29 30 27 30 30

et D. d'images 90 66 97 96 87 105

denomination Enumeration d'animaux 5 8 5 10 8 23 D. de partie du corps 22 25 27 24 30 30

Lecture a Mots 30 28 25 27 30 30 haute voix Phrases 8 8 5 9 9 10

Mots 9 10 10 10 9 10 Repetition Phrases faciles 8 8 7 8 8 8

Phrases difficiles 8 6 6 5 6 8

Neologismes 0 0 1 0 2 16

Paraphasies P. litterales 0 2 0 0 0 24 P. verbales 2 2 7 0 0 16 Jargon 0 0 4 0 8 12

Langage Series 6 8 8 8 8 8 automatique Recitation 2 2 2 2 2 2

Rec. litterale 5 9 9 9 10 10

Comprehension Rec. verbale 2 6 8 8 8 8 Epellation 0 3 2 6 5 8

ecrite Mots-images 6 9 8 10 8 10 Lecture de textes 6 3 4 6 5 10

Realisation graphique 1 3 2 3 3 Automatique 10 42 10 43 47 Dictee 7 14 10 16 16

Ecriture Denomination ecrite 0 8 5 10 10 Epellation 0 9 5 8 10 Dictee de phrases 1 10 5 8 10 Description 0 2 2 1 4

Musique Chant 2 2 2 Rythme 1 1 2

Severite des troubles Elle est moderee, et pratiquement tous les sujets de conversation

courante peuvent etre abordes. 11 n'y a done pas de perturbation impor-tante de la communication orale.

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SEVERITE

FLUENCE

COMPREHENSION ORALE

STOCK VERBAL DENOMINATION

LECTURE Hte VOIX

REPETITION

PARAPHASIES

LANG. AUTOMATIQUE

COMPREHENSION ECRITE

ECRITURE

MUSIQUE

J.M. Mazaux et J.M. Orgogozo

Real. Arthrique Longueur phrases Articulation

Discrimination verbale Schema corpore! ordres Logique, raisonnement

D. par usage D. images Enumeration animaux D. parties du corps

Mots Phrases

Mots Phrases faciles Phrases difficiles

N eologismes P. litterales P. verbales Jargon

series Recitation

Rec. littorale Rec. verbale Epellation Mots-images Lectures textes

Realisation Automatique Dictee Denom. ecrite Epellation Dictee de phrases Descriptions

Chant Rythme

,, I

I I

I

---=-----r- --

~--' ' \

I I

' ,)

Fig. 2 -Profit "Z-score" n?sumant /'ensemble des performances obtenues au test de Good­glass et Kaplan ( 1972). Comparaison entre les profits moyens des 5 patients (trait plein) et les 5 temoins de meme age et de meme niveau culture/ (trait pointil/e). Les scores individuels figurent au Tableau I.

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L'aphasie tha/amique 409

Conversation et langage spontane L'expression est perturbee dans sa forme, avec une voix basse, mono­

corde, un debit un peu hache, des pauses, et peu d'intonation melodique. Deux patients signalaient d'eux-meme ces anomalies. L'articulation est parfois floue, empatee, mais la syntaxe est conservee et les paraphasies sont rares. Le langage est dans rensemble informatif, et le stock verbal proportionnel a la fluence. Au cours de l'entretien, tous les patients produisent, avec une frequence variable, des reponses deroutantes, sans rapport avec la question posee, ou des incoherences semantiques, laissant penser que le cours de la conversation n'est pas parfaitement suivi. Ces troubles ont un caractere perseveratif manifeste chez trois malades.

Fluence verbale et realisation arthrique Les troubles de la parole constates en conversation sont retrouves au

cours de ce test, de fac;on plus prononcee. La fluence est reduite. L'arti­culation est floue ou imprecise, mais sans phenomene de desintegration phonetique. Les phrases sont de longueur moyenne. Les epreuves de langage automatique sont normales.

Paraphasies Les productions paraphasiques sont rares. II s'agit surtout de para­

phasies verbales ou de bribes de jargon semantique:

- "gene" pour "chaise" - "telephoner" pour "boire" - "13600" pour "1936" - "lune" pour "fumer" - "il /t-r-e-s/ de l'eau" pour "goutter" a propos d'un robinet - "le coeur ferme" pour "le ciel soit loue" -"a propos d'une belle emeraude" pour "une statue ornee d'eme-

raudes".

Ces paraphasies correspondaient chez trois patients a des persevera­tions, en particulier pour les denominations de chiffres et les denomina­tions par l'usage. Dans la seule observation n. 3, les paraphasies etaient plutot phonemiques.

Repetition et lecture a haute voix Des difficultes n'apparaissent qu'a la repetition ou a la lecture de

phrases longues et/ ou abstraites, et concernent souvent la derniere partie de l'item. Ces difficultes etaient plus marquees chez le patient n. 3. Pour les mots et les phrases courtes, aucune difference n'a ete constatee entre les patients et les temoins.

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Stock verbal et denomination On observe peu d'erreurs au cours des epreuves de denomination des

parties du corps, et en denomination d'apres l'usage. Mais il existe une lenteur de reponse, apparemment liee a Ia distractibilite des patients, qui est surtout manifeste en denomination d'images. Le test d'evocation de noms d'animaux est par contre tres perturbe, surtout dans les observa­tions n. 2 et 3. Au defaut d'evocation s'ajoutent des perseverations sur les reponses precedentes:

"Le loup/ le (v-E:-1- -111 le chien, le chat, et le loup/ le chien/ je l'ai deja dit? I le chat/ le renard, euh I' ours, I' ours/ je sais plus/ I' ours." (Obs. n. 3).

Comprehension orale Les epreuves de designation d'images et des parties du corps montrent

une conservation des capacites de discrimination phonemique mais avec souvent une latence de reponse et des erreurs d'inattention, en general auto-corrigees. L'execution d'ordres de complexite croissante est pertur­bee par des erreurs, des oublis ou des simplifications.

L'epreuve de logique et de raisonnement, qui comporte egalement des enonces de complexite croissante, est franchement deficitaire: seules sont reussies les epreuves a enoncescourt ou dont Ia reponse peut etre deduite directement de l'enonce. Mais des items simples sont parfois moins bien reussis que d'autres plus complexes, le trouble apparaissant ainsi variable d'un instant a l'autre:

"Une planche coule-t-elle dans l'eau?" "Oui, oui, bien sur ... " "Une pierre coule-t-elle dans l'eau?" "Oui, je vous l'ai dit, pourquoi?" (Obs. n. 4) "Peut-on scier du bois avec un marteau?" "Ah, c;a depend, c;a depend, si c'est du bon bois, du bon bois, on peut"

(Obs. n. 3)

Les enonces plus complexes deroutent les patients, qui manifestent alors leur impuissance a comprendre }'ensemble:

"Pierre doit aller a Paris en train. Sa femme l'accompagne en voiture a Ia gare, mais un pneu creve en route. lis arrivent toutefois assez tot pour que Pierre prenne son train. Pierre a-t-il rate son train?"

"Oui" "Est-il arrive a l'heure a Ia gare?" "Je ne sais plus, je ne sais plus". (Obs. n. 5)

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Comprehension ecrite. Les epreuves de reconnaissance litterale et verbale n'etaient pertur­

bees que dans l'Obs. n. 1. La patiente, assez impressionnee par ses diffi­cultes a reconnaitre meme des lettres isolees, a cependant mieux reussi les epreuves oil existe un contexte semantique facilitant. Les epreuves d'epel­lation, d'appariement mots-images et de lecture de texte suivie de phrases a completer sont significativement perturbees dans tousles cas. En par­ticulier' 1' epreuve de phrases a completer met en evidence des phenomenes de distractibilite, des erreurs d'inattention et des perseverations tres sem­blables a celles observees en comprehension orale.

Ecriture Les resultats sont tres variables d'une observation a l'autre, et la

dispersion importante. Deux malades ne presentaient des troubles nota­bles que pour les epreuves de dictee de phrases et d'elaboration du Ian­gage. Mais deux autres (Obs. n. 1 et 3) avaient d'importantes perturba­tions dans la dictee et dans l'ecriture spontanee, meme a un niveau elementaire. Les lettres sont difficilement reconnaissables ou mal formees (Figure 3), alors que les chiffres etaient moins deformes et que la copie et le dessin sont conserves. Nous n'avons pas observe de perseverations graphiques. Apres quelques essais infructueux, la derniere patiente (Obs. n. 5) a refuse de poursuivre le test d'ecriture. Dans !'ensemble, seules les epreuves de dictee de phrases et de description ecrite different significa­tivement de celles des temoins.

Chant et rythme

Malgre un appauvrissement general de la melodie et une tendance ala monotonie, le chant est dans !'ensemble conserve. Mais la reproduction des rythmes est tres deficitaire, avec des erreurs et des iterations des que le rythme se complique.

Les patients presentant une lesion thalamique different de fa<;on significative des temoins aux subtests suivants:

Realisation arthrique, denomination d'images, reconnaissance de mots epeles, lecture de textes a completer, et rythme (p < 0.01), ainsi qu'aux subtests:

Agilite verbale, execution d'ordres, logique et raisonnement, enume­ration d'animaux, lecture de phrases a haute voix, repetition de phrases difficiles, recitation, correspondances mots-images, dictee de phrases et description ecrite (p < 0,05).

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ECRITURE SPONTANEE (Nom et adresse)

DICTEE DE LETTRES (A. B. C. D. E.)

DICTEE DE CHIFFRES (7. 15. 42. 193.)

DICTEE DE MOTS (Va. Bien. Court.)

Fig. 3 - Performances graphiques du patient n. 2 Subtest: realisation graphique.

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L'aphasie thalamique 413

DISCUSSION

En I' absence de verification anatomo-pathologique, le siege thalami­que de la lesion de ces patients presentant un syndrome thalamique clinique (Castaigne et Cambier, 1969) a ete mis en evidence par l'examen tomodensitometrique. Cala et coil. (1976) et Walshe et coli. (1979) ont montre la valeur de cette technique pour localiser des lesions thalamiques de petite taille. Le siege des lesions chez nos patients parait done sans equivoque, mais on ne peut exclure l'atteinte des structures voisines ni !'existence d'autres lesions infra-tomodensitometriques. Les noyaux tha­lamiques impliques par la lesion ne peuvent etre precises, tout au plus note-t-on la constance de l'atteinte posterieure. Differents travaux ana­tomocliniques et stereotaxiques concordent pour incriminer les lesions posterieures et laterales (Pulvinar et VL) dans la genese des troubles du langage(Ojemannetcoll., 1968, 1971; VanBurenetBorke, 1969; Vilkkiet Laitinen, 1974, 1976).

Du point de vue aphasiologique, !'etude quantitative a permis de mettre en evidence des caracteres communs a ces observations. Les trou­bles sont moderes et fluctuants. La voix est alteree, basse voire chuchotee, avec des anomalies de debit et d'intonation. L'articulation est floue et imprecise, sans veritable desintegration phonetique. Bell (1968) a suggere que ces troubles pouvaient correspondre a une extension de la lesion vers la capsule interne. Ces patients font peu d'erreur en repetition et en lecture a haute voix, et les paraphasies sont rares. Les mecanismes d' encodage aux niveaux phonetique et phonemique ne semblent done pas fondamenta­lement perturbes, mais la richesse et la dynamique du langage sont for­tement reduites. De meme, la reception du langage oral ne parait pas alteree au niveau de la discrimination phonemique, mais les scores des patients traduisent une grande distractibilite et des difficultes a percevoir les relations grammaticales et a etablir des relations logiques entre les termes des enonces. Ces aspects se retrouvent dans la lecture. L'ecriture est moins alteree dans sa forme que dans sa dynamique, mais les perfor­mances sont tres variables d'un cas a l'autre.

Nos observations ne ressemblent pas aux aphasies classiques, par lesion corticale, et leur profil moyen differe sensib1ement des profils types decrits par Goodglass et Kaplan (1972). Elle evoquent par certains aspects les aphasies semantiques decrites par Luria dans 1es lesions du Cortex Parietal Associatif, par d'autres les aphasies dynamiques par lesion du Cortex Frontal Premoteur (Luria, 1970), ou les aphasies dites transcor-ticales (Cappa et Vignolo, 1979). ·

De nombreuses theories ont ete avancees pour expliquer ces pheno­menes. Ces troubles resulteraient pour certains auteurs d'un deficit d'at­tention et de memoire immediate pour le materiel verbal (Ojemann et

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Ward, 1971; Vilkki et Laitinen, 1974; Luria, 1977) ou d'un defaut d'ac­tivation selective des aires dulangage (Jasper, 1949; Elghozi et coli., 1978). D'autres auteurs ont suppose que le VL et le Pulvinar pouvaientjouer un role dans !'identification semantique des messages linguistiques (Oje­mann et coli., 1968; Van Buren, 1975) ou dans le transmission d'Clements linguistiques entre des aires corticales du langage (Penfield et Roberts, 1969).

Dans une conception plus integree du role du thalamus dans le Ian­gage, Brown (1974, 1979), insiste sur !'importance des projections thala­mo-corticales, en particulier entre les noyaux dorsaux et medians du thalamus et le cortex frontal, et entre VL et Pulvinar et cortex parietal associatif. Sur la base de constatations neuroanatomiques recentes (Jones et Burton, 1976), Creutzfe1dt (1977) attribue a ces projections un role determinant dans la specificite du fonctionnement cortical, depassant un simple niveau d'activation. La perturbation de ces unites fonctionnelles thalamo-corticales, en particulier entre VL-Pulvinar et cortex parietal, pourrait realiser une dysconnexion intrahemispherique dans un sens ver­tical, et rendre compte de la semiologie des troubles observes et de leur similitude avec les aphasies transcorticales dues a des lesions des voies d'association entre les aires corticales du langage (Cappa et Vignolo, 1979).

Outre la demonstration d'une indiscutable coherence du tableau d'aphasie thalamique tres similaire d'un patient a l'autre, nos observa­tions confirment le concept d'une dominance cerebrale au niveau sous­cortical: dans tous les cas de la litterature les troubles du langage etaient associes avec des lesions thalamiques gauches, etjamais avec des lesions droites (Elghozi et coli., 1978; Cappa et Vignolo, 1979).

RESUME

Cinq patients presentant un trouble du langage consecutif a une lesion tha­lamique gauche mise en evidence par tomodensitometrie ont ete etudies au moyen d'une version Fran~aise du Boston Diagnostic Aphasia Examination de Goodglass et Kaplan. L'analyse quantifiee des troubles linguistiques a montre que ceux-ci predominent dans I' expression orale avec des anomalies de la fluence, du volume et de !'intonation de la voix assez particuliers. 11 s'y ajoute des troubles d'evocation, une aspontaneite verbale evoquant l'aphasie dynamique, d'assez frequentes perseverations et de plus rares paraphasies a type surtout d'incohe­rences semantiques. La comprehension n'est perturbee qu'a un niveau elabore. Le langage ecrit est af(ecte de maniere inconstante. Le tableau est suffisamment coherent d'un cas a l'autre pour qu'on puisse le considerer comme une forme particuliere d'aphasie, et d'autant plus qu'il correspond toujours a une lesion du thalamus gauche.

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ABSTRACT

We have studied 5 patients having a language disturbance associated with a left thalamic lesion documented by computerized tomography. These patients were submitted to a french adaptation of the Boston Diagnostic Aphasia Exa­mination, originally designed by Goodglass and Kaplan. A quantitative analysis of these language disturbances has shown that they are characterized by reduc­tion of fluency, resembling that of dynamic aphasia, with impaired volume, tone and articulation of speech. There is also a difficulty at finding word categories. Perseverations are frequent while paraphasias are scarce, being then mostly incoherences. Comprehension is impaired, but only at a complex level. Reading and writing are inconsistantly affected. This symptom-complex is coherent enough from case to case to be considered as a recognizable type of aphasia, and specially since it is invariably associated with a left thalamic lesion.

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