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Réflexions prospectives Et demain ? Le marché du travail et l’emploi Des éléments d’anticipation : tendances lourdes, révolutions en cours et leurs effets sur l’organisation économique et sociale. Document publié le 02 juillet 2018

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Réflexions prospectives

Et demain ?

Le marché du

travail et l’emploi Des éléments d’anticipation : tendances

lourdes, révolutions en cours et leurs effets sur

l’organisation économique et sociale.

Document publié le 02 juillet 2018

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un seul pays d’Afrique, le Nigéria, devrait compter plus d’habitants que l’ensemble de l’Europe,

20% de la population mondiale vivrait ailleurs que dans son pays natal,

la température devrait augmenter d’au moins 0,55 °C, le niveau de la mer de 12 cm, obligeant entre 200 et

300 millions d’individus à émigrer,

la demande d’énergie devrait bondir de 50%, les besoins en eau de 40%, les besoins alimentaires de 30%,

le barycentre de l’économie mondiale continuerait de se déplacer vers l’Asie, avec la Chine en 1er investis-

seur mondial, 1ère puissance économique, 1er marché de consommation,

50 milliards d’objets numériques seraient connectés au Web en 2020, dix fois plus qu’aujourd’hui et 1 000 fois

plus qu’en 2000.

Et dans notre Région Grand Est ?

1 habitant sur 3 aura plus de 60 ans (1 sur 5 en 2005),

deuxième région française pour l’augmentation des 60 ans et plus,

25% des personnes dépendantes en plus,

60% de la population vivra en ville (50% aujourd’hui) ; en 1900, la moitié de l’Europe était couverte par des

champs.

Ne nous leurrons pas, ces chiffres donnent le vertige. Ils peuvent être complétés par des tendances de fond, guère rassurantes :

la déforestation massive menace la survie même de 70% des espèces animales,

selon Jeremy Rifkin, nous sommes au début d’une sixième vague d’extinction massive comme notre planète

n’en a pas connu depuis 450 millions d’années. Lors des cinq premières vagues, il a fallu 10 millions d’annéespour que se reconstitue la biodiversité.

un emploi sur deux serait menacé par la numérisation et la robotisation de l’économie d’ici 2045

le chômage de masse n’est pas près de baisser en France.

On pourrait multiplier là les alertes et les fatalités. Le début du film « Demain » les résume parfaitement. Cependant, à l’instar de la suite de ce documentaire, notre approche est résolument positive.

Il nous faut ouvrir nos horizons de réflexion à un raisonnement global. En effet, les sujets de notre monde contempo-rain sont plus interconnectés que jamais. L’environnement impacte l’économie, les évolutions sociétales le marché du travail, etc…

A ce jour, sont souvent différenciées les approches quantitatives et les approches qualitatives. Toutes deux ont leurs avantages et leurs limites. Si la prospective consiste à déterminer différents scénarios, la prévision inclut quant à elle une dimension quantitative souvent objet de critiques méthodologiques.

1 « Les nouvelles trajectoires », CNN, janvier 2016

2 « La troisième révolution industrielle », Jeremy Rifkin, rééd. coll. « Babel », Actes Sud, 2013

EDITO

Si seulement nous savions de quoi demain sera fait !

Dans un monde qui change en permanence, de plus en plus rapidement, connaître l’avenir serait tellement plus ras-surant. Selon l’institut national des arts divinatoires, 100 000 professionnels exerceraient des activités prédiction-nistes, pour un chiffre d’affaires de 3 milliards d’euros par an, ce qui prouve que les français sont avides de ces pra-tiques… ou passablement inquiets pour l’avenir. Identifier les compétences dont la région Grand Est aura besoin dans les années à venir est une préoccupation de l’OREF Grand Est. Outil d’aide à la décision en matière de relation emploi-formation, nous sommes régulièrement interpellés sur notre vision du futur, qu’il s’agisse d’identifier les métiers porteurs ou les secteurs d’acti-vité moteurs de l’économie du futur.

Cette démarche prend d’autant plus de sens à l’heure où le monde change, évolue, se restructure aussi rapidement. Le Conseil National du Numérique affirme « que la période que nous traversons est celle d’une évolution systé-mique, exceptionnelle et rarement connue dans l’humanité. En ce sens il ne s’agit pas d’une crise, mais d’une méta-morphose. » Nous partageons totalement cette vision d’une intensification extraordinaire des mutations, à tous les niveaux de nos sociétés. Si on se projetait en 2050, dans quel monde vivrions-nous ?

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Alors, comment faire ?

Nous avons choisi une voie intermédiaire. A partir d’une série de contenus documentaires, ainsi que de projections chiffrées, nous nous sommes immergés dans les mondes possibles de demain. Nous avons croisé l’ensemble des moyens disponibles à ce jour, disséqué les tendances et les évolutions majeures, pour vous proposer ce document synthétique. Il constitue notre point de vue sur les évolutions attendues et qui impacteront le champ de l’emploi et de la formation.

Ce monde qui change sous nos yeux, avec des impacts et des enjeux fondamentaux, qui sollicite des capacités et des compétences nouvelles et renouvelées !

Ce monde en mutation qui nous conduit également à dépasser nos regards traditionnels !

Nous avons souhaité prendre une part de risque avec cette production inédite, en toute humilité. Nous savons que ces quelques pages ne peuvent être suffisamment exhaustives pour détailler les enjeux capitaux auxquels nous se-rons individuellement et collectivement confrontés, mais nous avons préféré le risque de proposer cette synthèse, plutôt que de rester attentistes et inactifs.

La vocation de ce document est d’élargir vos champs de réflexion, de vous questionner, de vous éclairer sur les transformations à venir, de vous donner envie d’approfondir ces sujets passionnants, qui nous concernent tous au premier plan.

Excellente lecture !

Olivier LETZELTER, OREF Grand Est

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Les mutations emploi-formation sont en partie liées au contexte économique et social actuel marqué par trois

tendances lourdes, dans la mesure o% il s’agit de tendances indiscutables et persistantes.

Au-delà des tendances lourdes, deux révolutions récentes pourraient bouleverser l’organisation économique

dans son ensemble et donc le marché de l’emploi et du travail.

Tendance lourde #1 : Un chômage de masse qui dure

PREMIERE PARTIE

DEUXIEME PARTIE

Un chômage de masse alimenté par un contexte démographique et économique particulier

Un rapport à la formation et à l’emploi modifié par le chômage de masse

Tendance lourde #2 : Une population qui vieillit

Des cessations d’activité (départs à la retraite) en augmentation

Un développement de la silver économie et une hausse de la population dépendante

Tendance lourde #3 : Une prise de conscience environnementale qui grandit

Des comportements modifiés du consommateur au producteur

Un verdissement généralisé de l’économie avec des domaines plus impactés

Le verdissement : un moteur de croissance et de créations nettes d’emploi ?

Révolution #1 : La nouvelle révolution technologique : la transformation digitale des entreprises

De nouveaux modes de production transforment le contenu du travail et des emplois proposés

Les possibilités offertes par l’automatisation provoquent un déplacement de la valeur (notamment du travail).

Quel sera l’impact de cette automatisation sur le nombre d’emplois ? Créations ou destructions d’emploi ?

Révolution #2 : La transformation du travail : vers une plateformisation de l ’économie ?

Après deux siècles de hausse continue, la part du salariat dans l’emploi total recule au détriment de formes

nouvelles d’emploi.

Assiste-t-on à la plateformisation (uberisation) de l’organisation du travail ?

Ou bien se dirige-t-on vers une multiplication des formes de travail ?

PLAN SCHÉMATIQUE

A l’issue de ces deux parties, en guise de conclusion, vous trouverez une synthèse visant à lister l’ensemble des

métiers et des compétences qui compteront ces prochaines années.

SYNTHESE

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Baby-boom

En France, l’après-guerre

s’est caractérisé par une

forte remontée de la fécon-

dité. L’indicateur de fécondi-

té a été compris entre 2,5 et

3,0 enfants par femme de

1946 à 1969. Pendant près

de 30 ans on compte près

de 850 000 naissances pour

à peine 40 millions d’habi-

tant ; Aujourd’hui environ

800 000 pour plus de 65

millions d’habitants.

PREMIERE PARTIE - Trois tendances lourdes

Pour comprendre et anticiper les transformations prochaines du marché de l’emploi, identifions

les évolutions économiques et sociales en mesure d’impacter durablement l’organisation du tra-

vail et le contenu des emplois. Parmi ces évolutions en cours, trois apparaissent particulièrement

pertinentes pour l’analyse des enjeux à venir concernant l’emploi et la formation :

la persistance du chômage de masse

le vieillissement de la population

la prise de conscience environnementale

Ces évolutions en cours sont qualifiées de tendances lourdes dans la mesure ou il s’agit de dy-

namiques présentes depuis longtemps et dont il est difficile d’imaginer qu’elles s’arrêtent.

De plus, ces trois tendances auront un impact fort sur le marché du travail, son organisation, ses

dynamiques, ses besoins en nombre et en compétences.

Le chômage de masse

Depuis la fin des années 70, la réalité du marché du travail n’a cessé de s’éloigner du modèle de

plein emploi accompagné d’un faible taux de chômage qualifié de frictionnel. Aujourd’hui le taux

de chômage en France a dépassé les 10% et ne devrait pas connaître de baisse sensible ces

prochaines années.

La présence et la persistance d’un tel niveau de chômage affectent la sécurisation de l’emploi.

En outre, elles constituent un facteur important dans le développement de nouvelles formes

d’emplois qui dérogent à la traditionnelle relation salarié-employeur. Parmi elles : le portage sala-

rial, l’auto-entrepreneuriat, le prêt de personnel, la sous-traitance, le télétravail, le travail à temps

partiel, le multi-salariat, le travail en free-lance...

Le vieillissement de la population

L’avènement des papy boomers issus du baby-boom d’après guerre, la baisse de la fécondité,

l’allongement de la durée de vie ont naturellement pour conséquence un vieillissement de la

population. L’observation de la pyramide des âges permet de faire des projections de population

et d’affirmer que le vieillissement va même s’accélérer ces prochaines années.

Les conséquences sur le marché du travail sont multiples : de nombreux besoins de renouvelle-

ment suite à une augmentation des cessations d’activité, le développement de la silver écono-

mie, l’augmentation des besoins en professionnels du sanitaire et social suite à la hausse de la

population dépendante...

La prise de conscience environnementale

Si la nécessité de produire autrement apparaît comme nouvelle aujourd’hui, l’idée n’est pas ré-

cente. Voilà plus de 40 ans que de nombreux experts affirment qu’il sera indispensable de pen-

ser une organisation économique respectueuse de l’environnement. Ces recommandations se

transforment en actions concrètes avec le protocole de Kyoto (1992) et commencent aujourd’hui

à être communément admises.

Les effets sur la production et l’emploi sont nombreux : une production repensée, une valorisa-

tion des déchets, des métiers qui évoluent et intègrent la dimension environnementale, l’appari-

tion de nouveaux métiers et surtout, de nouvelles compétences environnementales de plus en

plus recherchées quelque soit la profession concernée.

Le caractère certain et durable de ces trois tendances lourdes en font un point de départ perti-

nent pour la réflexion concernant l’avenir du travail et de ses composantes.

Limits of Growth

Est le titre d’un rapport com-

mandé en 1970 par le Club

de Rome au MIT, reposant

sur un modèle informatique

de type dynamique des sys-

tèmes. Il est la première

étude importante soulignant

les dangers écologiques de la

croissance économique et

démographique que connaît

le monde à cette époque.

Tendance lourde ?

Il s’agit d’un mouvement de

longue date affectant un

phénomène de telle ma-

nière que l’on puisse prévoir

son évolution dans le

temps. C’est un concept

différent de celui de

« germe » qui regroupe les

facteurs de changements à

peine perceptibles mais qui

seront à l’origine des ten-

dances lourdes de demain.

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Tendance lourde #1 : Un chômage de masse qui dure

Il existe deux composantes à l’évolution du chômage et du nombre de demandeurs d’emploi :

1- Le nombre de personnes désirant travailler : la population active évolue constamment

à la baisse ou à la hausse. Si les sorties (départs à la retraite…) du marché de l’emploi sont

plus importantes que les entrées (arrivées des jeunes sortis de formation…), le nombre de per-

sonnes désirant travailler diminuera ; à l’inverse la population active augmentera.

2- Le nombre d’emplois disponibles : continuellement des emplois sont détruits et

d’autres sont créés. Il en résulte soit, une augmentation du nombre d’emploi (création nette

d’emplois), soit une diminution du nombre d’emplois (destruction nette d’emplois) ou encore

une stabilisation du nombre d’emplois si les destructions sont égales aux créations d’emplois.

Schématiquement, si d’un mois sur l’autre le chômage diminue c’est que le nombre d’emplois

disponibles a évolué plus favorablement que le nombre de personnes désirant travailler. Pour

savoir si à l’avenir le chômage finira par diminuer, il convient donc de se poser les deux ques-

tion suivantes :

La population active (désireuse d’occuper un emploi) va-t-elle continuer d’augmenter ?

Ces prochaines années, l’économie bénéficiera-t-elle de créations nettes d’emploi en

nombre important ?

Un chômage de masse alimenté par un contexte démographique et économique particu-

lier

Le nombre de personnes désirant travailler devrait continuer de croître à un rythme soutenu.

Selon le scénario central des projections de l’INSEE, le nombre d’actifs augmenterait encore

fortement jusqu’en 2025, pour ensuite se stabiliser avant de repartir légèrement à la hausse à

partir de 2035 sous l’effet de la fécondité élevée de ces dernières années. En France métropoli-

taine, le nombre d'actifs serait de 30,1 millions en 2030 et atteindrait 31,2 millions en 2060, soit

2,85 millions de plus qu’en 2010. Il faudra donc 2,85 millions d’emplois supplémentaires en

2060 pour que le nombre de demandeurs d’emploi n’augmente pas entre 2010 et 2060.

L’évolution de la population active n’est cependant pas homogène sur l’ensemble du

territoire national. En région, la situation sera plus favorable dans la mesure où la population

active devrait rester stable à l’horizon 2025 et même diminuer légè-rement par la suite.

Cette baisse du nombre de personnes désirant travailler restera néanmoins faible et ne devrait

pas suffire à absorber massivement le stock de demandeurs d’emploi et donc à faire

baisser significativement le chômage au niveau régional. Pour ce faire, la création d’emplois

supplé-mentaires et donc une conjoncture économique favorable seraient nécessaires.

Projections de population active en moyenne annuelle selon le scénario

central de l’INSEE

Chômage de masse

depuis 30 ans

Depuis les crises pétrolières

des années 70, pas une

seule année depuis 1983, le

taux de chômage de notre

pays n'est plus retombé

sous la barre des 7%. Sur

ces 33 dernières années, 25

ont affiché un taux de plus

de 8%, dont 7 années à plus

de 9% et 5 années à plus de

10%.

20 000

22 000

24 000

26 000

28 000

30 000

32 000

1975 1980 1985 1990 1995 2000 2005 2010 2015 2020 2025 2030 2035 2040 2045 2050 2055 2060

Population active projetée

Population active observée

Champ : population des ménages de 15 ans et plus de France métropolitaine en âge courant

Source : INSEE, projections de population active 2060

Les origines de la hausse

de la population active

en France

Une fécondité élevée :

parmi les plus élevées en

Europe

La féminisation du travail

n’est pas arrivée à son

terme.

Suite aux réformes de la

retraite, les seniors modi-

fient leurs comportements

vis-à-vis de l’activité : ils

désirent travailler plus long-

temps, différant ainsi leur

inactivité (retraite).

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La conjoncture économique sera-t-elle ainsi en mesure de créer un volume d’emplois supplémen-

taires en mesure d’absorber l’augmentation de la population active et de faire diminuer significati-

vement le stock de demandeurs d’emploi ces prochaines années ?... Difficile à dire.

Nous pouvons cependant apporter quelques éléments de réponse à partir de la relation empi-

rique entre le taux de croissance du PIB et le volume de l’emploi (ou le niveau de chômage). Les

économistes s’accordent à dire qu’en France il y a une augmentation du volume d’emplois dès

lors que le taux de croissance du PIB avoisine ou dépasse les 2%. En observant l’historique du

taux de croissance du PIB national et les prévisions de l’INSEE, il est difficile d’imaginer, dans un

avenir proche, un retournement de la conjoncture économique portant le taux de croissance na-

tional nettement au dessus de ce seuil de 2%.

Si davantage d’individus souhaitent travailler, dans un environnement où les créations

nettes d’emplois restent faibles, le nombre de demandeurs d’emploi ne devrait pas dimi-

nuer significativement.

C’est d’autant plus préoccupant quand on sait qu’aujourd'hui le stock d’inscrits à Pôle emploi n’a

jamais été aussi conséquent.

Un rapport à la formation et à l’emploi modifié par le chômage de masse

Avec un système d’organisation du travail inchangé, le taux de chômage ne devrait donc pas

baisser massivement ces prochaines années. Le chômage de masse est un fléau économique,

politique et social qui concerne désormais toutes les catégories socioprofessionnelles (employés,

ouvriers et cadres). Il influence de manière directe et indirecte le comportement des demandeurs

d’emploi et des salariés qui, pour certains, vivent dans un climat d’insécurité et de précarité.

Chômage et allongement de la scolarisation

Les raisons pour lesquelles les formations longues durées se sont développées ces dernières

décennies sont nombreuses. Le chômage de masse a joué et joue encore un rôle déterminant

sur ce phénomène. Selon les enquêtes « génération » du CEREQ, plus de 50% des jeunes d’une

même classe d’âge accède à l’enseignement supérieur. L’allongement des études est, d’une part

un moyen pour les jeunes de retarder l’entrée sur le marché du travail et sa « case chômage »

quasi-inévitable et, d’autre part, un choix stratégique : plus le diplôme obtenu est élevé plus la

probabilité de rester longtemps au chômage est faible.

Chômage et formation professionnelle

La crise économique du milieu des années 1970 a mis la résolution du chômage au premier plan

des objectifs de la formation post-scolaire. À partir des années 1980 et 1990, période durant la-

quelle sont prises des mesures destinées à réduire le chômage des jeunes, la formation profes-

sionnelle a connu de nombreuses réformes.

La notion de promotion disparaît de la loi de 1993 : l’impératif n’est plus de permettre la promo-

tion mais d’éviter l’exclusion. Il ne s’agit plus d’espérer “grimper dans la hiérarchie” mais de “se

maintenir dans l’emploi ou d’en retrouver un”. Non seulement le terme “promotion” a disparu de la

législation, mais l’affirmation d’un progrès social, condition ou conséquence du développement

économique, est désormais absente.

L’apparition et l’amplification du chômage de masse a donc modifié l’approche des politiques de

formations et notamment celles de la formation professionnelle continue. Eviter l’exclusion en

apportant les compétences nécessaires au retour à l’emploi est devenue la priorité des politiques

publiques de la formation professionnelle.

Chômage et conditions de travail

Il n’y a pas que les chômeurs et les demandeurs d’emplois qui sont concernés par le chômage :

les salariés le sont également.

La menace du chômage devient une pression que subissent de nombreux actifs en emploi. Pour

éviter de se retrouver au chômage, les salariés acceptent plus facilement des conditions de tra-

vail plus difficiles qui se traduisent souvent par une flexibilité à tous les niveaux : rythme de tra-

vail, missions du poste occupé...

Chômage en Grand Est

La région n'est pas épargnée

par la présence d'un

chômage de masse durable.

En mars 2016, pour le

94ème mois consécutif* le

nombre de demandeurs

d'emploi (catégorie ABC)

inscrits à Pôle emploi, a

inexorablement poursuivi sa

progression.

Cette augmentation quasi

continue se répercute

nécessairement sur les

chômeurs de longue

durée : en région, 45% des

demandeurs d’emploi sont

inscrits depuis plus d’un

an.

* seuls 8 mois de stabilité ou de

très légère baisse sur cette période.

Enrichir et diversifier ces

compétences : un enjeu

pour la formation

Selon Futuribles, dans un

contexte économique tendu

par la crise, confrontés à des

technologies en évolution

croissante et rapide, les

adultes qu'ils soient en

emploi, à la recherche d'un

emploi ou en reconversion

ont (ou vont) éprouver un

besoin croissant de se

former pour s'adapter au

marché du travail.

Futuribles n°410 (Janvier, février

2016) : La formation continue en

France, pour une réforme à la hau-

teur des enjeux.

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Chômage et nouvelles formes de travail

Cette persistance d’un chômage de masse pourrait avoir des effets à priori moins attendus sur

l’organisation du travail et pourrait se révéler être un facteur important de la transformation en

cours de l’organisation du travail.

En effet, l’insécurité grandissante et la précarisation permanente qui résulte d’un chômage de

masse de long terme commencent à transformer le comportement des actifs vis-à-vis du travail.

Ces derniers imaginent et mettent en place de nouvelles formes de travail, plus ou moins éloi-

gnés du standard du salariat (voir : la freelancisation du travail) afin de créer les emplois que

l’organisation économique actuelle ne leur procure plus. S’il est difficile d’évaluer la part de res-

ponsabilité de cette situation de chômage dans la transformation de l’organisation du travail, il

apparaît évident qu’elle y participe.

Le régime de

l’auto-entreprise

Créer son propre emploi

devient un moyen d’éviter

ou de sortir du chômage.

En France, c’est dans cette

optique que le statut d’auto-

entrepreneur a été crée en

2009 : le régime a pour but

de simplifier les formalités

de création et de cessation

d'une activité profession-

nelle individuelle à but lu-

cratif.

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Tendance lourde #2 : Une population qui vieillit Le vieillissement de la population est un phénomène touchant l’ensemble des pays occiden-

taux. Le nombre de personnes âgées de plus de 60 ans est celui qui augmente le plus rapide-

ment dans tous ces pays, à l’inverse de celui concernant les personnes plus jeunes.

Selon les projections de populations de l’INSEE, en 2050, en France, un habitant sur trois

serait âgé de 60 ans ou plus, pour un sur cinq en 2005. La part des jeunes diminuerait, ainsi

que celle des personnes d’âge actif (les 15-64 ans). En 2050, 69 habitants seraient âgés de

60 ans ou plus pour 100 habitants de 20 à 59 ans, soit deux fois plus qu’en 2005. Même si ces

résultats sont sensibles aux hypothèses retenues, aucun des scénarios envisagés par l’INSEE

ne remet en cause le vieillissement de la population.

Un vieillissement plus prononcé dans notre région

Structure par âge de la population en région - Comparaisons nationales

Comparée à la structure natio-

nale la région se caractérise par

une sous-représentation des

moins de 45 ans et une sur-

représentation des 45 ans et

plus.

Ces différences vont être à l’ori-

gine d’un phénomène de vieil-

lissement accentué au sein de

la région ces prochaines an-

nées.

35 500

42 400

47 300

55 500

57 000

59 700

81 100

0 10 000 20 000 30 000 40 000 50 000 60 000 70 000 80 000 90 000

Electricité, électroniqueInformatique

Etudes et rechercheIngénieurs et cadres de l'industrie

AutresCommunication, information, arts

Matériaux souples, bois, industries graphBanque et assurances

Hôtellerie, restauration, alimentationMaintenance

Industries de processMécanique, travail des métaux

Agriculture, marine, pêcheEnseignement, formationBâtiment, travaux publics

Transports, logistique et tourismeCommerce

Santé, action sociale, cult & sportGestion, administration des entreprises

Administration publique, armée et policeServices aux particuliers et collectivités

Ces 7 familles de métiers regroupent

380 000 actifs en emploi de plus de 50

ans ; soit près de la moitié des seniors

en activité en région.

0,0% 5,0% 10,0% 15,0% 20,0%

0 - 14 ans

15 - 29 ans

30 - 44 ans

45 - 59 ans

60 - 74 ans

75 - 89 ans

90 ans et +

France métropolitaine

Alsace Champagne Ardenne Lorraine-0,2 pt

+0,0 pt

+0,1 pt

+0,9 pt

-0,3 pt

+0,1 pt

-0,7 pt

Source : INSEE, Estimations de population au 1er janvier 2015

Inévitablement une telle transformation de la structure par âge de la population impactera le

paysage économique, bouleversera les dynamiques sectorielles et nous obligera à relever un

certain nombre de défis.

Des cessations d’activité (départs à la retraite) en augmentation

Le vieillissement de la population entraîne automatiquement une augmentation des départs à

la retraite. En région, 7 familles de métiers concentrent actuellement la moitié des seniors

(les plus de 50 ans) en activité. En supposant que les futures mobilités professionnelles ne

transforment pas cette répartition, ces 7 familles de métiers regrouperont une part importante

des nombreux départs à la retraite des quinze prochaines années.

Nombre de seniors (plus de 50 ans) en activité par famille professionnelle en région

Source : « Approche prospective des métiers à l’horizon 2022 en Grand Est », OREF Grand Est.

Les projections de

population de l’INSEE

En 2050, en France métro-

politaine, près d’un habitant

sur trois aura plus de 60

ans, contre un sur cinq en

2005.

On prévoit un doublement

du nombre de personnes

âgées de plus de 85 ans sur

la période 2005-2020.

Même si l’espérance de vie

en bonne santé connaît une

croissance plus rapide que

celle de l’espérance de vie,

le nombre de personnes

dépendantes est en cons-

tante augmentation.

Les seniors en activité en

Grand Est

En 2012, en région

Grand Est, environ 576 000

seniors, ce qui représente

27% de l’en-semble des

actifs travaillant sur le

territoire régional. D’ici

2022, ces actifs seront dans

leur quasi-totalité par-tis à

la retraite.

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Source : « Approche prospective des métiers à l’horizon 2022 en Grand Est », OREF Grand Est.

L’étude OREF dont sont issus ces résultats permet de prendre la mesure des forts besoins de

recrutement à venir pour l’ensemble des métiers du sanitaire, du social ou encore des services

à la personne et des aides à domicile.

Au-delà des professions qui vont enregistrer des départs massifs à la retraite, se pose égale-

ment la question, dans une moindre mesure, du remplacement des dirigeants des petites et

moyennes entreprises. Une étude du ministère des PME du commerce et de l’artisanat, dé-

montrait que plus de la moitié de ces dirigeants n’avait pas trouvé ou n’avait pas cherché un

repreneur avant leur départ à la retraite. Si ce problème concerne un nombre réduit de sala-

riés, il pose la question de la disparition des savoirs faire et de la transformation du tissu éco-

nomique de notre région.

Un développement de la silver économie et une hausse de la population dépendante

Le vieillissement aura également pour effet d’augmenter le niveau de la dépendance, à savoir

le nombre de personnes en perte d’autonomie dans la gestion de leur quotidien. Cette hausse,

déjà entamée, multiplie les besoins sur les professions du domaine sanitaire et social et sur les

métiers d’aide à la personne.

A la lumière des données disponibles sur le seul territoire alsacien, entre 2010 et 2020, 4 000

recrutements par an seraient nécessaires sur les professions du sanitaire et du social pour

garder un niveau de service identique : 2 400 remplacements par an suite aux départs en re-

traite, auxquels s’ajouteraient la création de 1 800 emplois par an.

Afin de relever le défi du vieillissement de la population, les dernières réformes engagées vi-

sent à faciliter le maintien à domicile des personnes âgées le plus longtemps possible. La ré-

ussite de cet objectif de maintien à domicile nécessite de disposer d’un nombre d’actifs en

emploi suffisant sur les métiers liés aux services à la personne (hors sanitaire et social). Selon

la DARES sur les métiers à l’horizon 2022, en France les plus forts besoins de recrutement

seront concentrés sur le métier d’aide à la personne. Entre 2012 et 2022, le nombre d’actifs

exerçant cette profession augmenterait de 2,6% chaque année, soit une création nette d’em-

plois de près de 160 000 postes sur l’ensemble du territoire national, durant la période.

Anticiper les départs à la retraite par famille de métiers n’est cependant pas suffisant pour iden-

tifier les professions pour lesquelles les besoins de renouvellement seront les plus importants à

moyen terme. Il est nécessaire de prendre également en considération les dynamiques de cha-

cune de ces familles de métiers, certaines étant en déclin (baisse des effectifs) et d’autres en

expansion. La juxtaposition des dynamiques métiers et des anticipations de cessations d’activité

permet de classer l’ensemble des professions selon un degré de besoin de recrutements pour

ces prochaines années.

Cette double analyse à l’échelle de la région, révèle que sur la période 2012-2022, 8

domaines professionnels auraient des besoins de recrutements supérieurs à 30 000 postes.

Besoins de recrutements 2012 - 2022 pour les 8 domaines professionnels les plus concernés en région

Les métiers avec les plus

forts besoins de recrute-

ments en région :

A l’horizon 2022, 7 profes-

sions spécifiques offriraient

plus de 20 000 postes :

agents d’entretien, ensei-

gnants, aide à domicile,

vendeurs, conducteur de

véhicules, aide-soignant,

infirmiers.

Le maintien à domicile

Dans un contexte de restric-

tions budgétaires, le déve-

loppement de prises en

charge sanitaires et sociales

pour développer le maintien

à domicile des personnes

âgées est une des réponses

aux enjeux du vieillissement.

Il fait intervenir de nom-

breux acteurs aux objectifs

parfois différents : santé,

lien social, soutien psycholo-

gique...

Nombre de

seniors en activité

Poids sur total

des seniors en

activité

Services aux particuliers et aux collectivités 106 200 15,2%

Santé, action sociale, culturelle et sportive 81 400 11,7%

Gestion, administration des entreprises 70 000 10,0%

Commerce 68 600 9,8%

Admin. publique, prof. juridiques, armée et police 50 200 7,2%

Transports, logistique et tourisme 49 600 7,1%

Bâtiment, travaux publics 45 200 6,5%

Enseignement, formation 36 000 5,2%

Total des 8 familles professionnelles 507 200 72,6%

Total des 21 familles professionnelles 698300 100,0%

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Une population qui vieillit, ce sont également des consommateurs qui vieillissent. En dehors des

activités du sanitaire et social, les retombées économiques du vieillissement concernent de

nombreux domaines d’activité : assurance, loisirs, tourisme, mobilité, technologie, habitat collec-

tif, équipement de la maison, domotique... Les séniors consomment plus de services, avec no-

tamment une composante technologique de plus en plus présente (téléassistance, domotique,

robotique…).

On assiste au développement d’une économie transversale qualifié de silver economie. Cette

économie du vieillissement avait même été identifiée comme l’un des sept axes

à développer dans le rapport de la commission Innovation 2030, remis par Anne Lauvergeon au

président François Hollande.

Cependant, plusieurs incertitudes persistent : marché très hétérogène, tissu économique mor-

celé, impact inégal suivant les secteurs. Il apparaît néanmoins évident que de nouvelles oppor-

tunités économiques en résultent et constituent des leviers d'évolution en matière d'industrie, de

services, d'innovations sociales et technologiques.

L’économie du

vieillissement

Cette économie transversale

va toucher toutes les activi-

tés en mesure d’apporter de

l’autonomie aux plus âgés.

Le secteur de la construction

résidentielle fait face à une

demande croissante de lo-

gement adaptés (douche

ergonomique, téléassis-

tance, monte-escalier, ). Les

ergothérapeutes auront

également un rôle impor-

tant dans la réalisation de

ces logements.

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Tendance lourde #3 : Une prise de conscience environnemen-tale qui grandit

Dans un contexte où les pics de pollution sont désormais récurrents et les désastres écolo-

giques nombreux, une plus grande prise de conscience de la fragilité de notre environnement et

de ses ressources naturelles est à l’œuvre. Les mises en garde écologiques apparues il y a

près de 50 ans avec les environnementalistes du Club de Rome sont aujourd’hui entendues par

une grande partie de la population.

Si cette prise de conscience n’a pas encore conduit à un changement profond de nos modes de

vie, la nécessité d’intégrer la contrainte environnementale est admise et commence à modifier

et « verdir » nos comportements économiques et sociaux.

Des comportements modifiés du consommateur au producteur

Une part grandissante de consommateurs, informés des risques environnementaux, deviennent

plus attentifs à ce qu’ils achètent. Ils sont de plus en plus nombreux à réfléchir leur consomma-

tion selon son impact sur leur santé, sur l’environnement, sur les équilibres géopolitiques et

économiques mondiaux. N’acceptant plus passivement les biens et les services proposés, ces

consommateurs deviennent des « consom’acteurs » : ils utilisent consciemment leur pouvoir

d’achat pour défendre les idées auxquelles ils croient. Ces convictions vont de la nécessité de

réduire l’impact environnemental de notre consommation, à celle de limiter le phénomène d’ob-

solescence programmée, en passant par le besoin de créer du lien et de favoriser la cohésion

sociale.

Toutes ces convictions se matérialisent de plus en plus et font apparaître des mouvements qui

repensent les modes de consommation pour les rendre plus responsables, plus éthiques, plus

« propres »... Les plus répandus sont :

Made in Local : très présent dans l’alimentaire, ce mouvement vise à consommer des

biens produits à proximité de chez soi - paniers de légumes, vente directe, AMAP...

Economie du partage : davantage de biens sont concernés par ce mouvement qui vise à

acheter en commun ou à se prêter des biens dont l’usage est occasionnel : matériel de brico-

lage, de jardinage, jouets, ustensiles de cuisine...

Economie de l’usage : à l’image de l’économie du partage, l’idée ici est de ne pas acheter

les biens que nous utilisons peu mais de les louer. Il s’agit de payer pour l’usage d’un bien plu-

tôt que de payer pour en devenir propriétaire : voitures, vélos, outils...

Si ces mouvements prennent de l’ampleur, l’impact sur l’organisation économique sera impor-

tant. Les entreprises, pour répondre à ces attentes grandissantes, modifient leurs process de

production et leurs produits, les rendant plus « propres », moins énergivores, plus durables…

De tels changements obligent les producteurs de biens et de services à repenser la consomma-

tion énergétique de la production (énergie renouvelable, économie circulaire…), à allonger la

durée de vie des produits fabriqués, à s’engager à développer une démarche éthique et respon-

sable.

Un verdissement généralisé de l’économie avec des domaines plus impactés

A l’instar des nouvelles technologies, initialement cantonnées à quelques professions, le verdis-

sement transforme aujourd’hui l’ensemble des métiers et des secteurs d’activité. Certains do-

maines, pourtant au départ très éloignés des questions environnementales, se tournent vers

une activité « verdissante » : le tourisme par exemple, avec le développement de séjours axés

sur le respect de la nature ou encore, la valorisation des déchets par des entreprises de l’indus-

trie traditionnelle.

La pollution, une réalité

Classements et indicateurs

en temps réel existent au-

jourd’hui pour permettre de

repérer les différents types

de pollution, la durée en

nombre de jour par an des

dépassements des seuils

d'alertes… La plupart des

grandes métropoles euro-

péennes subissent des pollu-

tions importantes et répéti-

tives.

Economie du partage :

échanger et coopérer

Le concept solidaire, né en

2002 au Québec, de l’Accor-

derie propose un système

économique alternatif repo-

sant sur la création d’une

nouvelle forme de richesse :

une richesse collective et

solidaire qui s’appuie essen-

tiellement sur le potentiel

des membres de toute la

communauté. Le principe

est simple et original : pro-

poser aux habitants d’un

même quartier d’échanger

entre eux des services sur la

base de leur savoir-faire.

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Certains domaines, du fait de leur cœur d’activité et des métiers qu’ils regroupent, seront tout

particulièrement impactés par la prise de conscience environnementale et la législation qui en

découle.

La construction, secteur énergivore, soumis à une forte réglementation environnementale

Afin de respecter les normes environnementales (BBC, bâti-

ment passif…) en vigueur, de nouveaux métiers liés au dia-

gnostic et au contrôle se développent. Le respect de ces

normes impose une nouvelle conception du bâtiment et né-

cessite une plus grande coordination entre les différents

corps de métiers. De plus, afin d’informer le consommateur

de toutes ces nouveautés, on observe un développement du

champ commercial dans ce secteur d’activité.

L’agriculture, l’enjeu des produits phytosanitaires

La prise de conscience des dangers pour la terre d’une agri-

culture trop intensive et une demande de nourriture saine de

la part des consommateurs ont pour effet le développement

d’une agriculture plus raisonnée, d’une agriculture biologique

ou en biodynamie. A ce phénomène s’ajoute le développe-

ment des circuits courts avec de plus en plus de vente di-

recte des produits agricoles (achat à la ferme, marché de

producteur, paniers de légumes…).

La mobilité, première source d’émissions de CO2 en France

Ce domaine d’activité composé de multiples secteurs subit

un impact environnemental dont les origines sont diverses.

La réglementation impose des véhicules moins polluants, les

entreprises optimisent la consommation énergétique des

déplacements (éco-conduite, éco-mobilité…) et les consom-

mateurs, aidés par les nouvelles technologies développent

de nouveaux usages des transports (multi-modalité, location

de véhicules, co-voiturage, priorité aux déplacements

doux…).

Le verdissement : un moteur de croissance et de créations nettes d’emploi ?

Cette prise de conscience environnementale s’est concrétisée en France avec le Grenelle de

l’environnement, en 2007. On évoquait alors la création de plus d’un demi-million d’emplois à

plus ou moins long terme, la contrainte environnementale devenant ainsi un moteur de la crois-

sance et de l’activité économique.

Avec le recul, on s’aperçoit que cette révolution verte, même si elle modifie le paysage écono-

mique, n’est pas un moteur inconditionnel de créations nettes d’emplois. Ce verdissement, à

l’instar de toutes les mutations économiques, relève d’un processus de « destruction créa-

trice » : certaines activités, certains biens, services et métiers vont disparaître au moment où

d’autres se développeront ou se modifieront. Une telle réallocation des emplois et des métiers

ne permet pas d’assurer que cette dynamique conduira à des créations nettes d’emplois.

Le véritable changement engendré par ce verdissement relève de la transformation de l’en-

semble des métiers et des activités, bien plus que de la création de nouveaux emplois spécifi-

quement verts ou issus de la relance de l’activité économique. Ce verdissement devrait transfor-

mer nos comportements et notre organisation économique dans son ensemble mais rien ne

permet d’affirmer qu’il représente une réponse à la fragilité de la conjoncture économique ac-

tuelle.

Mesureur de

perméabilité à l’air :

un métier d’avenir

Face aux enjeux écologiques

et environnementaux, les

entreprises de bâtiment et

travaux publics ont un nou-

vel objectif à atteindre.

L’isolation seule ne suffisant

pas à limiter les pertes

d’énergie, le métier de me-

sureur de perméabilité à

l’air devient indispensable

afin de s’assurer de l’effica-

cité de l’isolation réalisée.

Gestionnaire de

plateforme de mobilité :

un métier nouveau

La mission de la centrale de

mobilité consiste à donner

des informations sur tous les

modes de transports et ainsi

faciliter les déplacements

des usagers sans recours à la

voiture individuelle. Ces

centrales de mobilité sont

devenues obligatoires pour

les agglomérations de plus

de 100 000 habitants avec la

loi de Solidarité et Renouvel-

lement Urbain (SRU).

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Nous vivons actuellement une période de grands changements. Au-delà des tendances

lourdes évoquées précédemment, nous pouvons observer deux révolutions, qui se croisent et

s’enrichissent mutuellement :

la nouvelle révolution numérique

la « free-lancisation » de l’économie

Ces deux bouleversements posent la question de la place et du statut pour le travail humain

dans la société de demain et alimentent les nombreux débats autour de la question de la fin du

travail, entendu au sens universel.

La notion de travail-emploi, inventée au XVIIIème siècle, ne cesse d’évoluer. Les transforma-

tions importantes de notre époque, font apparaître de nombreuses interrogations sur la capaci-

té pour la forme actuelle d’emploi à demeurer le vecteur de l’organisation économique.

D’autres organisations du travail sont-elles possibles ? L’emploi salarié est-il réellement le seul

fondement de l’appartenance économique et sociale ? Qu’en est-il des autres activités sociali-

santes (bénévolat, associatif, collaboratif…) au sein de l’espace public ?

Une automatisation grandissante

La transition numérique est en marche. Des médias à l’industrie en passant par le bâtiment, les

transports, le tourisme ou encore la santé, c’est toute l’économie qui se numérise. Ces

« ordinateurs », toujours plus puissants, envahissent notre quotidien professionnel et privé.

Robots de loisirs, imprimante 3D, cloud, smartphones, réseaux sociaux, big data… Autant de

terminologies inconnues il y a moins d’une génération qui sont aujourd’hui courantes dans nos

sociétés.

L’automatisation de nombreuses tâches et l’exploitation des données à grande échelle entraî-

nent l’apparition de nouveaux modèles d’affaires dans tous les secteurs d’activité et créent une

nouvelle dynamique économique. Un tel contexte est propice à l’apparition et au développe-

ment de nouveaux métiers et surtout de nouvelles compétences de plus en plus recherchées

par les employeurs.

Malgré sa capacité à insuffler un vent nouveau sur l’activité économique, cette transition nourrit

de nombreuses inquiétudes concernant l’avenir de l’emploi. En effet, au-delà de son impact

évident sur la transformation du contenu des métiers, elle pourrait modifier structurellement le

nombre d’emplois salariés disponibles.

Une nouvelle organisation de l’emploi

De nombreuses études ont récemment été menées pour mesurer l’impact potentiel du déve-

loppement de l’automatisation sur le niveau de l’emploi. S’il est évident que le numérique va

continuer à détruire certains postes de travail, l’incertitude porte sur la capacité de cette révolu-

tion technologique à en créer de nouveaux.

Le cabinet d’étude McKinsey relève qu’en France 1,5 million de professions seraient liés au

numérique alors que d’autres analyses soulignent au contraire que le numérique est le moteur

d’une croissance d’un nouveau genre, sans augmentation du nombre d’emplois.

Dans un contexte de chômage persistant et grandissant, on observe depuis le début des an-

nées 2000 une rupture de tendance : l’emploi non salarié, dont le poids dans l’emploi total n’a

cessé de diminuer depuis deux siècles, se stabilise voire augmente. Certains y verront les ef-

fets d’un développement économique sans création d’emploi où les personnes désirant travail-

ler vont, de fait, créer leur propre activité. Aujourd’hui, aux Etats-Unis, ce phénomène prend de

l’ampleur avec un tiers des actifs en emploi qui exercent une activité non salariée indépen-

dante.

La fin du salariat ?

« L’esclavage aura duré

8000 ans, le servage 800

ans : le salariat risque de ne

durer que 200 ans. »

(Jean Emmanuel Ray, professeur de

droit à l’université Panthéon Sor-

bonne)

DEUXIEME PARTIE - Deux grandes révolutions sont en marche

Robotisation de masse ?

1 332 218 robots industriels en stock

dans le monde entier en

2013, dont 32 000 en

France, 167 000 en Alle-

magne et 216 000 en Amé-

rique du Nord.

Révolution ?

Il s’agit d’un changement,

d’un bouleversement im-

portant et brusque qui

marque profondément le

devenir des cultures et des

pratiques.

Au contraire des tendances

lourdes, il est difficile de

prédire l’ampleur et les

conséquences d’une révolu-

tion sur l’ensemble de la

société.

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Révolution #1 : La nouvelle révolution technologique : la trans-formation digitale des entreprises

Il y a trente ans environ les nouvelles technologies de l’information et de la communication

(NTIC) révolutionnaient une première fois le monde du travail. Les apports de cette diffusion

rapide de l’ordinateur dans le milieu professionnel ont été nombreux : circulation accélérée de

de l’information, outils de gestion plus performants, réduction de la consommation de papier…

Aujourd’hui, la puissance, l’interpénétration et les interactions de toutes ces technologies nu-

mériques permettent de franchir un nouveau palier : l’automatisation du travail nécessitant jus-

qu’à présent des compétences humaines. Cette substitution de la main d’œuvre par les nou-

velles technologies amplifie les modifications des structures de travail et pose la question de la

place du travail humain dans la société de demain.

Il est possible de regrouper les impacts de cette nouvelle révolution technologique, et les inter-

rogations qu’elle suscite sur le monde du travail en trois problématiques distinctes :

La fin des formes traditionnelles de production : les nouveaux outils numériques

favorisent l’apparition de nouveaux modes de production et de stratégies marketing

inédites qui nécessitent de nouvelles compétences.

Des chaînes de valeurs modifiées : que ce soit dans l’industrie ou dans les ser-

vices, ces nouvelles interactions technologiques amènent à repenser le modèle écono-

mique de nombreuses activités.

Le volume d’emplois : le numérique va-t-il créer plus d’emplois qu’il n’en détruit ?

Quels sont les secteurs en mesure d’absorber les travailleurs rendus inactifs du fait de

l’automatisation ?

De nouveaux modes de production transforment le contenu du travail et des emplois

proposés

Bien plus qu’une technologie de rupture, la révolution digitale constitue un faisceau d’innova-

tions issues de multiples domaines : l’informatique, la connectique, les nanotechnologies, les

neurosciences, la production d’énergie… Outre leurs nouveautés, c’est l’interpénétration de

ces technologies qui en fait un phénomène exceptionnel. Des perspectives inédites s’ouvrent

avec le développement de nouvelles formes de production, notamment dans l’industrie déjà

largement impactée par l’automatisation, mais également dans les services ou encore les acti-

vités liés à la mobilité et aux déplacements.

Le renouveau du secteur industriel ?

L’industrie est à la veille d’une nouvelle révolution liée aux récents progrès technologiques

avec deux grandes transformations : une production « 4.0 » et l’essor de l’impression tridimen-

sionnelle.

L’industrie 4.0 / l’usine du futur : la capacité d’assembler des ordinateurs embarqués,

puissants et autonomes, mis en réseaux les uns avec les autres rend possible la trans-

formation de l’ensemble du processus de production et la conversion des usines en

« espaces intelligents ». Demain, l’usine 4.0 s’apparentera à une sorte de chaîne numé-

rique intégralement automatisée qui intégrera la production, le stockage, le marketing,

la distribution et le service. Les ouvriers de type opérateurs de lignes ou manutention-

naires ne seront plus nécessaires au sein de ces nouvelles usines ; en revanche les

besoins en maintenance, programmation informatique et exploitation de données de-

vraient s’accroître.

L’imprimante 3D : depuis une dizaine d’années, les grands comptes comme Airbus,

Safran ou encore Peugeot ont intégré des machines d’impression 3D dans leurs usines.

Pour l’industrie, c’est une vraie révolution. Elle remet en question le modèle de la pro-

duction de masse et des effets d'échelle, en offrant la possibilité de fabriquer des petites

séries à moindre coût, voire de relocaliser certaines productions au plus près des don-

neurs d'ordre.

Les SMACS ?

Un seul acronyme qui repré-

sente bien des domaines.

SMACS désigne en effet :

Social, Mobility, Analytics,

Cloud et Security soit les 5

domaines phares du numé-

rique qui ont affiché une

croissance de 18% en 2014.

Les impacts de

l’automatisation

40 à 70%des emplois seront robotisés

ou automatisés dans les 20

prochaines années selon les

différentes projections.

Impression 3D

Selon Xerfi (médiateur du

monde économique), le

marché mondial de l’impres-

sion 3D va passer de 2,8

milliards d’euros en 2014 à

8,5 milliards en 2020, soit

une croissance annuelle

moyenne de plus de 20%.

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Le « tout compris » est-il l’avenir des transports et de la mobilité ?

Les activités de transport du futur seront multiples, associeront un tissu croissant d’opérateurs

publics et privés et seront concurrencés par de nouveaux moyens de transport tels les véhi-

cules autonomes.

La mobilité multimodale : les nouvelles technologies mobiles permettent l’utilisation

d’applications informatives en temps réel mettant en relation l’usager avec l’ensemble

des services de transport. L’avenir de la mobilité réside dans des plateformes recensant

toutes les offres de transport disponibles dans une aire géographique (ville, pays…).

Ces plateformes finiront par proposer des abonnements uniques donnant accès aux

transports en commun locaux, mais aussi à des services de taxis ou de VTC, à une

offre d’auto-partage en ville et, si besoin, à des kilomètres de train ou de location de

voiture pour les week-end et les vacances. L’opérateur de ces nouveaux services dispo-

sera d’un cœur d’activité diversifié avec d’une part la relation client et d’autre part la

gestion de l’information, à savoir, définir le meilleur moyen de transport pour l’usager à

un lieu et à un moment précis.

Les véhicules autonomes sont une des applications typiques du domaine de la robo-

tique mobile. Il s’agit de véhicules capables de rouler automatiquement et en toute auto-

nomie dans le trafic réel sans l’intervention d’un être humain. Le virage de l’automatisa-

tion de la conduite est aujourd’hui entrepris par de nombreux acteurs du secteur auto-

mobile. Cette approche est résolument nouvelle et ne fait qu’ajouter du contenu à la

mobilité multimodale précédemment évoquée. Si les grandes marques du secteur se

penchent sur ce type de véhicules c’est entre autres parce qu’il y voient l’opportunité de

produire des véhicules qui, contrairement à l’Homme, ne commettraient pas d’erreur (de

trajet, d’horaire, de conduite…). Fin 2015, Yves Pasquier-Desvignes, le PDG de Volvo

France, déclarait : « En 2020, dans une Volvo neuve, il n’y aura plus de mort ».

Les services : le nouveau terrain de jeu du développement numérique ?

Jusqu’ici assez peu concernés par l’automatisation, les services profitent pleinement de ces

innovations pour transformer et élargir leurs activités. C’est notamment la récolte et le traite-

ment de données à grande échelle (Big Data) qui alimentent la mutation des activités de ser-

vices. Il est difficile d’établir une liste exhaustive des transformations liées au numérique tant

les domaines touchés par ce phénomène sont multiples et variés mais voici quelques

exemples évocateurs :

La récolte massive de données et la possibilité de les analyser instantanément ont

transformé les activités des annonceurs et du marketing. Le profil, les préférences, les

habitudes des consommateurs sont désormais disponibles à moindre coût à un niveau

de détail jamais atteint. Ces informations sont acquises notamment grâce à l’historique

de navigation internet de chacun, permettant d’afficher de la publicité personnalisée sur

les pages internet consultées.

Le prêt à porter connecté et les services associés sont en plein développement. D’après

le cabinet d’étude Gartner, 232 millions de wearables se sont vendus durant l’année

2015. Ces objets récoltent et analysent de nombreuses informations concernant ceux

qui les portent : durée et qualité du sommeil, nombre de pas, calories consommées,

battement du cœur, déplacements… Ces données liées au comportement des per-

sonnes, intéressent tout particulièrement le domaine des assurances. Ces dernières

voient dans ces objets connectés la possibilité d’offrir des tarifications personnalisées

selon les conduites plus ou moins à risque. Trois des cinq plus grandes assurances de

santé aux Etats Unis ont déjà ajouté des clauses à leurs contrats concernant le port de

bracelet électronique qui mesure notamment l’activité physique des assurés, leur per-

mettant une tarification différenciée.

La distribution de contenus culturels (films, musique, livres) connaît depuis quelques

années de grands changements. Des plateformes internet légales comme Netflix, Dee-

zer, Spotify permettent un accès illimité et personnalisé selon les préférences à des

biens culturels, de n’importe où, à partir d’un téléphone ou d’un ordinateur connecté à

l’internet.

Feuille de route du

constructeur automobile

PSA

A partir de 2018, des véhi-

cules équipés de fonctions

de conduite autonome arri-

veront sur le marché. D'ici

2020, ces voitures pourront

évoluer totalement seules,

avec une délégation de con-

duite plus étendue. Son

approche est résolument

nouvelle et multimodale. Le

système intelligent cherche

d'abord à améliorer l'inter-

face homme-machine pour

« apprendre » à la voiture à

agir de façon adaptée.

Le Sweat Sensor

Une équipe de l’université

de Berkeley travaille sur la

conception d’un bracelet

capable d’analyser la sueur

de celui qui le porte au ni-

veau moléculaire et fournir

différents taux d’éléments

comme les métabolites, les

électrolytes, le potassium, le

glucose, le sodium, le lactate

ou encore la température

du corps en action.

La croissance

exponentielle des

données disponibles

90% de l’ensemble des don-

nées aujourd’hui dispo-

nibles ont été créées ces

deux dernières années

grâce au développement

des technologies et des

infrastructures et usages qui

y sont liées.

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Les possibilités offertes par l’automatisation provoquent un déplacement de la valeur

La numérisation de l’économie et la transformation des modes de production qui en résultent

ont pour conséquence un déplacement de la valeur à tous les niveaux. Dans un monde où

l’automatisation est grandissante, la valeur du travail humain se modifie et l’incitation financière

à délocaliser les lieux de production s’atténue. La multiplication des plateformes offrant la pos-

sibilité d’user des biens quand il nous sont utiles diminue la valeur que nous accordons à la

propriété : pour de nombreux biens c’est de plus en plus l’usage qui est valorisé au détriment

de cette propriété. Enfin, ces technologies ont permis l’exploitation systématisé d’une quantité

gigantesque de données dont la valeur ne cesse de s’accroître.

Une industrie « relocalisée » ?

La dématérialisation industrielle évoquée précédemment rend possible la réalisation d’une in-

dustrie « dans les nuages » : Cloud Manufacturing. Tout comme pour le nuage informatique

dans lequel les entreprises localisent le stockage et le traitement des données au sein de

« fermes » de serveurs et de centres de calcul dont elles ne sont pas propriétaires, l’entreprise

de demain pourrait louer des tranches de processus industriels, pilotées à distance, à d’im-

menses plates-formes de production autonomes. La valeur de cette entreprise ne dépendrait

donc plus du process industriel en lui-même mais de sa capacité à programmer efficacement

ses processus industriels.

Toutes ces technologies (Cloud, automatisation, impression 3D) réduisent considérablement

l’avantage compétitivité-coût des pays en développement, offrant la possibilité de fabriquer

localement des objets à moindre coût.

Valeur de la propriété Vs valeur de l’usage ?

L'économie de la fonctionnalité, qui vise à privilégier l'usage sur la propriété prend de l'ampleur

dans de nombreux domaines grâce aux possibilités de mise en relation qu’offrent les plate-

formes issues des nouvelles technologies.

Michelin, en ne vendant plus des pneus mais leur usage au kilomètre, a été l’un des précur-

seurs de ce nouveau modèle économique. Depuis, il s’est développé et s’est même largement

étendu aux particuliers. Le domaine où il semble promis à un bel avenir est celui de la mobilité.

Les offres de mobilité « all in one » évoquées précédemment ne concernent pas que le trans-

port public, mais la mobilité dans son ensemble. Une telle offre de mobilité complète devrait

pousser au moins les populations des grands centres urbains à abandonner définitivement la

propriété d’un véhicule tout en ayant accès facile à l’usage ponctuel d’une voiture.

Ce regain de valeur accordée à l’usage du bien plutôt qu’à sa possession s’observe également

sur le marché des biens culturels. De nombreuses sociétés proposent contre le paiement d’un

abonnement mensuel l’accès illimité, et non la propriété, à un catalogue de films, d’albums

musicaux, de livres ou de BD.

La « DATA » : le nouvel eldorado ?

La massification de l’usage du Web et des terminaux numériques multiplie les capteurs et les

sujets d’observations possibles : comportements, préférences, goûts, déplacements, embou-

teillages… Toutes ces données deviennent plus accessibles et la puissance actuelle de calcul

des machines rend possible un traitement en masse de ces dernières.

La valorisation grandissante de ces « datas » et de leur interprétation correspond à une lame

de fond au sein de nos économies. Ces acteurs du Big Data sont et seront de plus en plus des

"méta-intégrateurs" de données en mesure d’en extraire toute la valeur. Le business model qui

va prendre de l’ampleur est celui de la monétisation des données et services associés. Ces

informations issues d’une récolte massive deviennent la clé de voûte des systèmes du fait

qu’elles permettent d’élaborer des publicités plus ciblées, une personnalisation plus grande de

la relation client, une optimisation d’un processus de production ou encore, une prévention plus

efficace.

Trois familles d’activité, en réponse au développement d’une demande de services divers as-

sociés à l’utilisation des données, sont en plein essor :

La captation des données : Google, avec nos historiques de recherche et de navigation

se retrouve en possession d’un véritable trésor autour duquel il a développé un modèle

économique lui permettant de mettre à disposition gratuitement tous ses produits.

Les métiers du Big Data

Le Data Miner récolte les

données à analyser

Le Data Analyst administre

et créée les bases de don-

nées

Le Data Scientist interprète

et donne un sens aux don-

nées

Le concept de valeur à

l’ère du numérique

Les possibilités offertes par

les nouvelles technologies

font que la valeur est au-

jourd’hui co-créée, co-

transformée et co-capturée

par l’ensemble des acteurs

de l’écosystème : consom-

mateurs, concurrents, parte-

naires stratégiques et com-

munauté.

L’économie de la fonc-

tionnalité

Elle consiste en la substitu-

tion de la vente d’un produit

par la vente de l'usage.

Dans une économie de fonc-

tionnalité, les consomma-

teurs achètent de la mobili-

té plutôt qu’un véhicule,

une climatisation constante

à 18 degrés plutôt que du

gaz ou de l’électricité, un

service de nettoyage régu-

lier plutôt qu'un lave-linge,

etc. .

Page 20: Et demain ? Le marché du - OREF Grand Est · 2020. 11. 12. · Et demain ? Le marché du . travail et l’emploi. Des éléments d’anticipation : tendances. lourdes, révolutions

20

World Economic Forum

Un rapport de 2016 estime à

5 millions le nombre d’em-

plois menacés par la qua-

trième révolution indus-

trielle d’ici 5 ans dans une

quinzaine de pays dévelop-

pés et émergents.

Les métiers de la

sécurité informatique

Systèmes d'information de

plus en plus complexes,

cybercriminalité... la sécuri-

té des applications et des

données devient la préoccu-

pation majeure des entre-

prises. Pour preuve, le bud-

get sécurité augmente 3 fois

plus vite que les autres

postes liés aux nouvelles

technologies. Cela explique

que les spécialistes de la

sécurité sont de plus en

plus recherchés.

Le traitement et l’analyse des données : le volume de données produit et à traiter par les

entreprises ne cesse d'augmenter et l'analyse de ces informations hétérogènes est de-

venue complexe. Des sociétés comme IBM, EMC ou Cisco proposent de nombreuses

solutions d’analyse basées sur des technologies très pointues.

La sécurité des données : la sauvegarde et la sécurité des données, qu’elles soient per-

sonnelles ou professionnelles sont des enjeux majeurs. La location d’espace de stock-

age à l’aide de serveurs distants (cloud) se développe et les solutions proposant aux

internautes la protection de leurs données voire l’anonymat sont de plus en plus nom-

breuses.

Elargir son champ d’action pour maitriser ces nouvelles chaînes de valeur ?

Les entreprises de la nouvelle économie ont bien mesuré toutes les évolutions du concept de

valeur au sein de l’organisation économique et développent de nouvelles stratégies afin d’avoir

une plus grande maîtrise sur ces nouvelles chaînes de valeur. Ces stratégies ont souvent pour

point commun d’étendre les activités de l’entreprise en amont et/ou en aval du produit fabriqué

ou du service rendu. Le but : contrôler une plus grande partie de la chaîne de valeur.

C’est le cas notamment de la société Apple dont l’activité première est de fabriquer et de distri-

buer des produits informatiques tels que des ordinateurs et des smartphones. Aujourd’hui

Apple est également un acteur important de la distribution de contenus (applications, jeux, mu-

sique, films, actualités…) s’assurant ainsi des sources de revenus supplémentaires. Pour

Google, initialement simple moteur de recherche, la stratégie de développement de ses activi-

tés poursuit les mêmes objectifs.

Cette volonté de capter les consommateurs à partir d’un produit d’appel à travers lequel il sera

possible de monétiser des biens et des services se retrouve également chez HP qui a dévelop-

pé une imprimante capable d’anticiper ses besoins en encre et de passer commande chez le

fournisseur permettant aux utilisateurs de ne plus jamais connaitre de panne d’encre. C’est en

rajoutant un service au bien vendu (une imprimante) que HP s’assure de nouvelles sources de

revenus.

Quel sera l’impact de cette automatisation sur le nombre d’emplois ?

Les progrès autour des nouvelles technologies résident certes dans la puissance de calcul des

« machines » qui continue de progresser mais également, dans la capacité d’apprentissage de

ces dernières. Aujourd’hui les avancées concernant le domaine du « learning machine » sont

impressionnantes et semblent augmenter considérablement les probabilités d’automatisation

des activités humaines. A cet égard, ces dernières années, de nombreux chercheurs ont voulu

quantifier ce « chômage technologique » en estimant le nombre potentiel d’emplois automati-

sables dans les prochaines décennies.

Combien d’emplois seront détruits par les machines ?

Selon l’étude parfois discutée de l’Université d’Oxford The future of employment la moitié des

emplois seraient potentiellement automatisables ces 20 prochaines années. En effet, l’automa-

tisation actuelle va au-delà de la robotique classique industrielle et concerne des secteurs tel

que le traitement de l’information, le divertissement, la domotique et même le domaine de l’édu-

catif avec des robots dont l’objectif est d’enrichir socialement et intellectuellement les humains

avec lesquels ils interagissent.

Cependant, toutes ces prévisions concernant l’automatisation des emplois font l’objet de nom-

breuses critiques concernant leur méthodologie. D’une part, ces études ne prennent pas en

compte d’éventuelles résistances au changement, notamment culturelles, à l’automatisation.

D’autre part, ces études raisonnent à « métiers constants » pour réaliser leurs estimations mais

n’analysent pas les possibilités de création de nouveaux emplois, encore inconnus aujourd’hui.

Le numérique va-t-il créer des emplois ?

S’il est évident que l’automatisation détruira certains emplois dans certains secteurs, reste à

savoir si cette nouvelle révolution technologique aura conjointement des effets positifs sur le

niveau global de l’emploi.

Achat en zéro clic

ou comment maitriser la chaîne

de valeur dans son ensemble

Nos réfrigérateurs, informés

de nos habitudes alimen-

taires, seront bientôt ca-

pable d’analyser leur conte-

nu afin de commander les

aliments qui viennent à

manquer.

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Des postes à pourvoir à

l’horizon 2022 en Grand Est

Entre créations d’emplois et

remplacements des départs

à la retraite, il y aurait

700.000 postes à pourvoir

dans le Grand Est entre

2012 et 2022.

Si la majorité de ces emplois

sont liés au sanitaire et so-

cial, le numérique devrait

impacter une bonne partie

de cette dynamique : de

forts besoins de renouvelle-

ment dans le commerce, la

gestion, la construction, le

transport, la maintenance.

Selon une étude de 2014 du cabinet McKinsey, le secteur du numérique contribue à créer un

grand nombre d’emplois dans l’économie :

directement car le numérique, qui représenterait 5,5% du PIB français, regroupe 1,5

million d’emplois qui n’existaient pas il y a 30 ans

indirectement, à travers l’influence du numérique sur le PIB national et ses effets béné-

fiques sur l’activité économique

La question est donc de savoir si les créations d’emploi liées au développement du numérique

sont en mesure d’absorber les emplois disparus à cause de l’automatisation : le développe-

ment technologique permettra-t-il une création nette d’emploi ? D’autres analyses soulignent

que le rapport entre les destructions et les créations d’emploi ne sera pas positif, voire négatif.

Ces études conduisent à la conclusion que le numérique est le vecteur d’une croissance éco-

nomique d’un nouveau genre sans augmentation significative du nombre d’emplois.

Quelle est la nature des emplois concernés ? Quels métiers seront automatisés ?

Si les premières innovations technologiques ont supprimé des emplois peu qualifiés, aujour-

d’hui ce sont les emplois des classes moyennes qui sont les plus menacés par la nouvelle ré-

volution technologique.

A ce sujet, le Conseil d’Analyses Economiques (Economie numérique, Octobre 2015) soutient

que l’économie numérique conduira principalement à la création de deux catégories d’emploi :

des emplois bien rémunérés, à dimension managériale ou créative requérant une quali-

fication élevée

des emplois peu qualifiés largement concentrés dans les services à la personne qui

sont peu rémunérés

Parmi les métiers les plus menacés

Parmi les métiers moyennement menacés

Parmi les métiers les moins menacés

L’effet de la robotisation sur l’emploi aux Etats-Unis (Probabilité d’être automatisé en %)

Source : Ofrey & Osborn (2013), « the future of employment : how susceptible are jobs computerisation ? »

99% Comptable

fiscaliste

96% Réceptionniste

99% Démarcheur téléphonique

94% Serveur

98% Guichetier de banque

93% Inspecteur des impôts

89% Boulanger

80% Coiffeur

57% Contrôleur de

gestion

52% Architecte

55% Pilote

49% Technicien

télécom

54% Kinésithérapeute

48% Programmateur

informatique

0,2% Ludothérapeute

0,3% Orthophoniste

0,4% Médecin

0,4% Physicien

0,4% Chorégraphe

0,4% Instituteur

0,7% Infirmier

Le robot journaliste

Les journalistes de l’édition

électronique de Forbes sont

en concurrence avec des

machines produisant des

articles à partir de toutes les

analyses et autres bilans

chiffrés disponibles sur le

Web.

Ces néo-journalistes sont

même en mesure de varier

leur style à la demande.Nous avons connu, ces dernières années, une automatisation des gestes répétitifs, notamment

dans le domaine de la production industrielle. Cette nouvelle vague d’automatisation continue

d’affecter les métiers les plus répétitifs mais commence également à menacer des métiers plus

qualifiés nécessitant jusqu’à présent des compétences cognitives humaines : journaliste, comp-

table, démarcheurs, inspecteur des impôts ….

Page 22: Et demain ? Le marché du - OREF Grand Est · 2020. 11. 12. · Et demain ? Le marché du . travail et l’emploi. Des éléments d’anticipation : tendances. lourdes, révolutions

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Révolution #2 : La transformation du travail - vers une plateformisation de l’économie ?

L’emploi non salarié

en France

En France, 2,8 millions de

personnes exercent une

activité non salariée à titre

principal ou en complément

d’une activité salariée fin

2011. Ils exercent plus fré-

quemment que les salariés

dans la construction, le com-

merce ou la santé. De 2006

à 2011, hors agriculture, les

effectifs de non-salariés

progressent de 26 %, et plus

encore dans certaines activi-

tés de service : conseil de

gestion, design, informa-

tique, activités artistiques

et récréatives ou enseigne-

ment, notamment.

Après la révolution numérique, la seconde révolution concerne l’organisation du travail, boule-

versée par l’arrivée de nouvelles formes d’emploi à la frontière du salariat traditionnel. La recon-

naissance de certaines activités comme étant un travail, voire un emploi, dépend de conven-

tions sociales, de choix culturels et politiques. Aujourd’hui dans les sociétés occidentales, le

travail est souvent assimilé à un emploi salarié. Cette forme s’est progressivement installée à

partir du début de l’ère industrielle et s’est révélée comme étant l’organisation optimale du tra-

vail. Par conséquent, la part de l’emploi salarié dans l’emploi total n’a cessé d’augmenter de-

puis le début de la première révolution industrielle.

Cependant, l’organisation du travail ne fait pas exception aux évolutions importantes que con-

naît actuellement le système productif. La révolution numérique lève les freins géographiques,

accélère les rythmes et aplatit les hiérarchies. L’internet, les réseaux sociaux, le co-working, le

télétravail et le travail nomade modifient les modes/schémas traditionnels d’organisation. Des

formes d’emploi à la périphérie du salariat traditionnel (CDI) se multiplient ces dernières an-

nées.

Les raisons de ces changements d’organisation sont multiples, difficiles à cerner et la descrip-

tion de l’organisation du travail de demain fait l’objet de bien des débats. La question est de

savoir si le mouvement en cours entraînera un déplacement massif du statut de salarié vers un

statut d’indépendant (pigiste, free-lance…) ou bien s’il en résultera des changements plus pro-

fonds provoquant l’existence d’une multiplicité des formes de travail.

Le non salariat et les formes particulières d’emploi progressent

Depuis le début des années 2000, on observe, dans l’ensemble des économies occidentales,

une rupture de tendance concernant la structure de l’emploi : après deux siècles d’augmenta-

tion continue, la part de l’emploi salarié dans l’emploi total a cessé de croître ; elle a même ten-

dance à diminuer. En France, selon les estimations de l’INSEE, le nombre de travailleurs indé-

pendants a explosé ces quatre dernières années : le chiffre symbolique du million d’auto-

entrepreneurs a été atteint à l’été 2015.

La rupture du début des années 2000 observée sur ces graphiques est le résultat de l’appari-

tion et du développement de formes hybrides d’emploi, à la frontière du salariat : portage sala-

rial, franchise, intérim, emplois de très courte durée… Le salariat va-t-il devenir totalement ob-

solète ? Le travailleur du futur sera-t-il un « free-lance » accumulant les piges au gré de ses

envies et des besoins du marché ?

L’uberisation de l’économie ?

Ces nouvelles formes de travail, qualifiées d’indépendantes, sont celles qu’utilisent de nom-

breuses plateformes,

Emploi salarié / emploi non salarié : une rupture au début du XXIème siècle

Part de l’emploi salarié dans l’emploi

total : dans notre région / France métro

Part de l’emploi non salarié dans l’emploi

total : dans notre région / France métro

6,0%

7,0%

8,0%

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13,0%

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13

France métropolitaine

ACAL

2001 - 20131989 - 2001

France metro : -31%ACAL : -32%

France metro : +15%ACAL: +26%

85,0%

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France métropolitaine

ACAL

2001 - 20131989 - 2001

France metro : +5%ACAL : +4%

France metro : -1%ACAL : -2%

Source : INSEE, Emploi au 31 décembre Source : INSEE, Emploi au 31 décembre

Le télétravail

en France

12,4% des salariés français

ont télé-travaillé au moins

8h par mois en 2012

1 370€ : coût moyen de la

mise en place du télétravail

pour un poste.

+22% : gain de productivité

grâce à une réduction de

l’absentéisme et une plus

grande efficacité

45 minutes : temps de som-

meil moyen supplémentaire

par jour de télétravail

Page 23: Et demain ? Le marché du - OREF Grand Est · 2020. 11. 12. · Et demain ? Le marché du . travail et l’emploi. Des éléments d’anticipation : tendances. lourdes, révolutions

23

l’entreprise Uber. Le service offert par cette entreprise est une application de smartphone

permettant la mise en relation, en temps réel, des demandeurs de transport avec des particu-

liers prêt à les transporter, dans leur véhicule personnel, contre un prix défini préalablement.

Ces services d’intermédiation entre producteurs/offreurs et demandeurs/consommateurs utili-

sent une force de travail non salarié rompant ainsi avec les standards de l’organisation du tra-

vail. Ce phénomène concerne de plus en plus de secteurs d’activité où les acteurs historiques

sont désormais concurrencés.

L’hôtellerie : AirBNB concurrence les professionnels de l’hôtellerie en proposant sur sa plate-

forme Web mondiale 1,5 million de lits chez le particulier, accessibles simplement et rapide-

ment.

La restauration : Vizeat modernise la gastronomie en permettant à des hôtes d’offrir faci-

lement leurs services culinaires en proposant de venir déjeuner ou dîner chez eux.

La banque : les plateformes de crowdfunding et de peer to peer lending permettent de fi-

nancer des projets à des taux plus faibles et plus souplement qu’avec le circuit plus convention-

nel de l’emprunt bancaire.

Les avocats : WeClaim propose des services juridiques en ligne via des algorithmes de

génération documentaire, des outils sémantiques et du big data.

Les libraires : Amazon investit l’édition en proposant aux auteurs de publier leur œuvre de

façon électronique, et en intégrant les moyens logistiques.

Le marché de l’occasion : le site internet Leboncoin.fr est l’équivalent d’un marché de la

seconde main, sans limite géographique ou tout le monde peut devenir vendeur ou acheteur.

La réussite et l’essor de ces plateformes reposent sur des techniques développées sur le Web

permettant d’offrir aux usagers les services suivants : d’une part, des gages de confiance dans

le cadre d’échanges monétaires effectués à distance (indices réputationnels, avis clients, com-

mentaires, notes…) et d’autre part, des services plus performants et plus adaptés à la demande

(fluidité des usages, immédiateté et disponibilité de l’offre).

L’expression d’«uberisation de l’économie» est fréquemment employée pour décrire cette évo-

lution. Comme pour signifier que l’essor de l’entreprise Uber (50 milliards de dollar de valorisa-

tion boursière) serait symptomatique du développement d’une nouvelle économie portée par les

acteurs précédemment cités. Cependant, ces plateformes, aux technologies similaires, propo-

sent une variété importante de modèles de développement (mise en relation gratuite, freemium,

commission au pourcentage, commission fixe…) et concernent des échanges de nature très

diverses (ventre, troc, prêt, location, financement, don, partage, prestation de services…). L’ex-

pression d’uberisation semble trop limitative du fait qu’elle empêche de prendre la mesure de la

complexité du sujet : mutations technologiques, transformation des chaînes de valeur, muta-

tions des usages, défis pour les modèles de protection sociale…

Dans une interview pour Les Echos, le dirigeant de BlaBlaCar estime qu’il est sans doute plus

juste de parler de plateformisation de l’économie plutôt que d’uberisation. La transformation

économique en cours serait celle de la naissance de plateformes globales d’échange reposant

sur des technologies numériques permettant de libérer les échanges entre offreurs et deman-

deurs des obstacles traditionnels (informations imparfaites, réglementations, coûts, distance

géographique…).

Ces plateformes seront-elles à l’avenir l’équivalent des employeurs actuels ? Tous les travail-

leurs seront-ils à l’avenir, leur propre patron acceptant ou non les propositions de missions is-

sues de ces nouveaux acteurs de l’économie que sont Uber, Airbnb, TripAdvisor... ?

Une simple mutation plutôt que la fin du modèle traditionnel ?

Une observation plus attentive relativise quelque peu la fin annoncée du modèle salarial tradi-

tionnel. Le contexte de ralentissement économique couplé à la précarisation d’une partie des

emplois conduit de plus en plus d’actifs à cumuler plusieurs emplois. Le nouveau modèle qui

apparaît semble être la pluriactivité, l’entrepreneuriat en complément du salariat.

On parle d’une généralisation du « moonlighting », désignant le fait de compléter son revenu

salarial stable par un revenu complémentaire issu d’un travail indépendant non salarié. Les

exemples sont légion : le journaliste animateur de tables rondes, le professeur d’université qui

fait du conseil, le livreur se transformant en taxi le week-end. Il faut bien sûr y ajouter tous ceux

Le modèle Freemium

Il s’agit d’une stratégie com-

merciale associant une offre

gratuite, en libre accès, et

une offre plus haut de

gamme en accès payant.

Les éditeurs d’applications

mobiles, abordent souvent

le concept de freemium

comme un moyen d'attirer

les utilisateurs à payer pour

une offre après en avoir

testé une version gratuite,

mais limitée.

La plateformisation

révolutionne le capital

Le groupe AirBnB, qui pos-

sède une clientèle interna-

tionale immense, est aujour-

d’hui valorisé à près de 30

milliards de dollars sans

posséder le moindre bâti-

ment et sans employer de

personnel d’accueil ou de

ménage.

Peu importent les actifs

physiques, leur va-

leur repose en grande partie

sur leur base de données

utilisateurs et les algo-

rithmes développés.

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24

qui rentabilisent leur voiture ou leur maison via ces plates-formes collaboratives, sans en faire

une source de revenus principale.

Il s’agit de nouvelles organisations du travail, supplémentaires, qui viennent se greffer au modèle

traditionnel du salariat. Elles alimentent le développement d’une forme d’économie du partage

(collaborative) dans la mesure où ces activités tendent bien souvent à optimiser les ressources

privées (voiture, appartement…) jusque-là sous utilisées.

Il apparaît qu’en lieu et place de la fin annoncée du salariat, se dessine une ère que nous pour-

rions qualifier de « néo-salariat » qui coïncide avec le passage d’une production de masse stan-

dardisée à une production de masse personnalisée pour laquelle le salariat traditionnel à temps

plein et peu mobile n’apparaît pas toujours optimal. Cette nouvelle organisation maintiendrait la

structuration socio-économique globale dans le modèle salarial tout en instituant de nouvelles

formes de travail souvent apparentées au salariat.

Le travail salarié ne semble pas près de disparaître à court terme mais il est confronté à de pro-

fonds changements dans son organisation même. Le principal questionnement concernant cette

mutation porte sur la dilution progressive des responsabilités juridiques et sociales des em-

ployeurs rendue possible par des modèles de contournement des limites du régime salarié. Les

impacts sur l’organisation du travail soulèveront des enjeux politiques forts qui concernent les

politiques publiques de l’emploi mais également la formation, la protection sociale et encore le

développement et la régulation économique.

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SYNTHESE - Métiers et compétences en devenir

Les trois tendances lourdes et les deux révolutions évoquées tout au long du document transforment l’organisation sociale et éco-

nomique dans son ensemble et tout particulièrement les besoins en compétences, qui ne cessent d’évoluer. Ces transformations

entraînent d’une part l’apparition ou le développement de nouveaux métiers et d’autre part la modification du contenu de métiers

existants, généralement en y intégrant des compétences supplémentaires.

Au regard de ces tendances et révolutions, quels seront les métiers porteurs d’avenir ces prochaines années ? Quelles sont les

compétences transversales qui deviendront indispensables ?

LE VIEILLISSEMENT DE LA POPULATION

En terme d’effectifs, les besoins les plus importants et les plus évidents concerneront les métiers du sanitaire et du social. D’une

part le maintien du niveau de service sanitaire actuel passe par une augmentation des personnels de santé, et d’autre part, la

nécessité de prendre en charge la population dépendante impose un développement du secteur des services à la personne. Se-

lon les projections de la DARES, aides à domicile, aides-soignants et infirmiers figureraient ainsi parmi les métiers qui gagne-

raient le plus d’emplois à l’horizon 2022, avec environ 350 000 créations nettes en dix ans. Le métier d’aide à domicile serait

même celui qui créerait le plus de postes dans les dix années à venir, aussi bien en taux de croissance qu’en nombre (près de

160 000 postes créés d’ici 2022, soit une hausse de 2,6 % en moyenne chaque année). Le vieillissement de la population en-

gendre en effet des besoins croissants en matière de soins et d’accompagnement de la dépendance, dans un contexte où les

possibilités de prise en charge par les familles tendent à se réduire.

De plus, l’objectif affiché de développement du maintien à domicile imposera une véritable professionnalisation du secteur des

services à la personne et aura des impacts moins nets sur des domaines tels que la construction ou la domotique,avec

une réflexion autour de l’ergonomie des habitations.

De plus, le vieillissement entraîne une hausse des départs à la retraite dont le renouvellement est nécessaire pour certaines pro-

fessions. Ces nombreuses cessations d’activités concernent essentiellement les métiers d’assistantes maternelles, de cadres

administratifs et financiers, les métiers de l’assurance, et dans une moindre mesure les comptables et les commerciaux.

LA REVOLUTION TECHNOLOGIQUE

Les projections de la DARES démontrent également que les ingénieurs et les cadres techniques de l’industrie, le personnel

d’études et de recherche, et surtout les ingénieurs de l’informatique devraient bénéficier de nombreuses créations d’em-

plois, portées par le développement des nouvelles technologies, l’essor du multimédia et les efforts en matière de recherche-

développement. Sur les dix prochaines années, ces trois familles professionnelles, hautement qualifiées, pourraient offrir au total

220 000 emplois supplémentaires, soit un taux de création nette de 2 % par an en moyenne. Enfin, l’automatisation grandissante

de nombreux processus de production entrainera nécessairement des besoins croissants en maintenance de machines, auto-

mates ou autres ordinateurs.

Mais les impacts de cette numérisation de l’économie vont au-delà d’un calcul simple de créations ou destructions d’emploi. Notre

approche du travail se transforme, l’organisation économique et sociale évolue, faisant apparaître des services innovants, des

métiers nouveaux et un besoin croissant en compétences transversales.

L’importance actuelle des données personnelles entraîne le développement des métiers du Big Data. La nouveauté actuelle ré-

side dans le nombre de domaines qui utilisent aujourd’hui les compétences afférentes à ces métiers. Le champ des compétences

de ces professions s’étend de la récolte et stockage des données au traitement et analyse de ces dernières en passant bien évi-

demment par tout ce qui a trait à la sécurisation.

Enfin, cette automatisation/digitalisation de l’économie va transformer, à divers degrés, l’ensemble des professions en y ajoutant

des compétences nouvelles. La maitrise de l’outil informatique, l’aisance avec les nouvelles technologies et autres compétences

liées au numérique vont devenir des incontournables pour exercer la quasi-totalité des métiers. Parmi les professions les plus

touchés, citons : le mécanicien automobile qui devra développer ses connaissances en électronique et en informatique avec l’arri-

vée de véhicules de plus en plus autonomes, la nécessité d’être en mesure de s’approprier les nombreuses données clients dis-

ponibles pour les responsables commerciaux, la transformation des métiers de cadres des transports et de la logistique due à la

plateformisation des services liés au transport et à la mobilité en général.

LE VERDISSEMENT DE LA SOCIETE

L’idée que le verdissement constituait un moteur de la croissance économique et de la création d’emplois grâce à l’apparition de

nombreux nouveaux métiers verts a fait son temps. Il apparaît aujourd’hui que ces nouveaux métiers sont peu nombreux et qu’à

l’instar de la révolution technologique, la prise de conscience environnementale transforme les métiers déjà existants dans l’en-

semble de l’organisation économique.

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Le secteur de la construction est certainement le plus touché par le verdissement du fait qu’il est particulièrement affecté par les

récentes réglementations environnementales. On y observe le développement de « nouveaux » métiers liés à la mesure

(mesureur de la perméabilité, métré du bâtiment, économiste du bâtiment…) et l’apparition d’un champ commercial plus

important afin d’orienter efficacement le consommateur parmi les nombreuses possibilités de minimiser les dépenses énergé-

tiques. Des compétences nouvelles sont à acquérir pour quasiment tous les métiers du bâtiment : le couvreur doit désormais sa-

voir poser un panneau photovoltaïque, le chauffagiste doit connaître de nouvelles technologies telles les pompes à chaleur, la

maçon doit travailler en étroite collaboration avec les autres corps de métiers…

PLATEFORMISATION DES ACTIVITES

La plateformisation des activités, le statut d’auto-entrepreneur, le chômage, la transformation du travail sont autant de phéno-

mènes qui contribuent à alimenter une tendance consistant à créer son activité, voire son propre métier. Il est aujourd’hui délicat

de dresser une liste des principaux métiers car tous les domaines sont concernés de l’artisanat au commerce en passant par la

réparation. Qui aurait imaginé il y a dix ans qu’ils seraient nombreux aujourd’hui à ouvrir leur boutique de cigarettes électroniques

ou encore leur atelier de conseil et réparation pour smartphones ?

Cependant, il apparaît évident que certaines compétences sont nécessaires à la réalisation de tels projets. Monter son entreprise,

inventer son métier nécessitent d’être convaincu, rigoureux, créatif, persévérant, polyvalent...

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Les 8 collections de l’OREF

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Emploi-Formation

Observer

Une vue d'ensemble de la relation « emploi-formation »

en région, dans les territoires et les secteurs d'activités.

Tableaux de bord Suivre

Des synthèses régionales sur l'emploi, le marché du

travail, la formation en région. Des documents actualisés

en permanence.

Études et analyses

Approfondir

Des informations-clés aisément exploitables pour faciliter

et approfondir la réflexion sur un sujet ou un secteur

donné.

Réflexions

prospectives

Anticiper

Des éléments d'anticipation : tendances perceptibles

et défis concernant la formation sur la relation « emploi-

formation ».

Sanitaire et social Observer le SaSo

Une observation du domaine Sanitaire et Social unique

en région. Des documents variés pour comprendre le

présent et éclairer l'avenir.

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prendre les chiffres et les concepts « emploi-formation ».

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