essai des matÉriaux

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448 LA HOUILLE BLANCHE N û 5 Ces considérations pratiques, la liberté du choix, ne trou- vent pas grâce devant les partisans de la correction par le bas qui condamnent les autres systèmes au nom du prin- cipe de rérosion régressive des cours d'eau à partir d'un ni- veau de base et citent, à l'appui de leurs dires, géologues et géographes. 11 ne s'agit pas de nier cette théorie qui s'appuie sur des remarques incontestables, mais bien de voir si elle s'applique bien dans la lutte contre l'érosion torrentielle et la forma- tion des laves. En de telles matières, le fait prime tout et s'il est contraire à une théorie, c'est que la théorie ne peut s'étendre au cas observé. L'érosion torrentielle est provoquée par l'écoulement d'une masse liquide considérable, d'un « sac d'eau » tombé brusquement dans le bassin de réception. On voit aussi en quelques moments tomber 5o, 6o litres d'eau par mètre carré et souvent plus encore. Cette masse s'écoule sur des pentes excessives, sa vitesse s'accroît (gfSina) uniformément et, quand elle a atteint une valeur suffisante pour attaquer le lit, l'érosion commence. Il ne faut pas oublier que les roches les plus dures sont affouillées dès que l'eau atteint une vitesse de 3 mètres par seconde. Les filets liquides ar- rachent des matériaux au thalweg, les poussent et bientôt l'abondance des particules solides est telle que ce n'est plus de l'eau, mais un magma où la proportion du liquide est des plus faibles (i/5, i/io) et qui avance par bonds succes- sifs. Viendra-t-on soutenir que les lois de l'hydraulique ré- gissent encore l'écoulement de la lave ? Alors que la lave emprunte tous ses matériaux aux ré- gions supérieures, peut-on valablement prétendre, qu'elle est due à l'érosion régressive du coaxrs d'eau ? Ecoutez ce que dit Surell ( l ) à ce sujet : « Quand une grande masse d'eau se concentre subitement dans le goulot d'un bassin de réception, lancée sur une pente très rapide et resserrée dans une gorge profonde, cette masse ne s'écoule plus suivant les règles ordinaires de l'hy- draulique. Elle monte de suite jusqu'à une très grande hau- teur, roule sur elle-même et descend ainsi la gorge avec une vitesse excessive, bien supérieure à celle du torrent d'eau régulier qui s'écoule devant clic vers l'aval. Elle doit donc atteindre successivement tous les points de ce courant ; elle l'assimile à sa propre masse ; elle le balaye et, lorsqu'elle débouche dans la vallée, elle arrive chargée .de tout le vo- lume d'eau répandu dans le lit du torrent, depuis sa nais- sance, jusqu'à sa sortie de la gorge. » Qu'ajouter à une telle citation ? Mais où l'érosion régressive se fait d'une façon nette, c'est après l'arrêt de la lave. Les matériaux se sont déposés for- mant une courbe convexe vers le ciel ; lorsque les eaux plus claires qui succèdent au phénomène arrivent au contact de cet amas mou, sans cohésion, on les voit se creuser un chenal de plus en plus profond et donner au profil en tra- vers du dépôt la forme d'un M. C'est à ces faits bien connus de tous ceux qui ont pratiqué les Alpes, qu'on veut opposer la théorie du creusement par des eaux claires courantes ! Alors pourquoi ne pas dire que les lois de l'écoulement des liquides s'appliqueront aux laves? Où donc est la faute de technique que commettent ceux qui, dans les parties supérieures du torrent, veulent dimi- nuer la vitesse des eaux, augmenter la résistance du lit afin de prévenir l'érosion au point où elle se manifeste ? Surell, auquel il faut encore revenir, disait déjà à ce sujet ( 2 ) : « II reste à parler de Tordre dans lequel il con- ( l ) Surrell, Etude sur les torrents des Hautes-Alpes, Chap, IX p 46 (*} S u r e l l , lac. cit. Chap, XXXII, p. 20&, viendra de pousser les travaux. Cet ordre, loin d'être arbi- traire, est une des conditions principales du succès. (t J'ai déjà si souvent fait ressortir dans le cours de ce travail la nécessité d'attaquer les torrents dans leurs sources mêmes, qu'il est inutile d'y revenir encore. Ainsi c'est dans les parties les plus élevées que les travaux seraient d'abord entrepris : ils avanceraient de là vers les parties basses. » Il faut, enfin, ne pas perdre "de vue le but que l'on se propose en entreprenant la correction d'un torrent qui est la reconstitution de la forêt et le maintien du sol sur les pentes. Tout ce qui pourra hâter la réalisation de cet ob- jectif ne saurait être négligé. De là l'obligation de reboiser toutes les parties stables du bassin de réception afin d'atténuer le ruissellement, celle d'entreprendre des ouvrages de correction dans les régions supérieures pour fixer le lit, les berges, empêcher que cel- les-ci ne s'éboulent et n'entraînent peu à peu vers les thal- wegs les parties les plus voisines. suivre) ESSAI DES MATÉRIAUX Dans les « Annales des Travaux publics de Belgique^ », M. Paul GRISTOPHE , Ingénieur principal des Ponts et Chaus- sées, fait un rapport sur le VP Congrès de l'Association In- ternationale pour l'essai des matériaux. De. ce rapport nous extrayons quelques points intéressants pour nos lecteurs. D'autres questions très importantes, telles que celles des ma- tériaux de la route y ont été traitées, elles nous intéressent moins directement. L'Association internationale pour l'essai des matériaux-a tenu son sixième Congrès à New-York du 3 au 7 septem- bre 1912. Vingt Etats y avaient envoyé des délégués officiels. Sur Soo congressistes, 200 étaient étrangers au nouveau continent. Suivant la coutume des Congrès, outre les deux séances plénières présidées par M. le professeur Henry M. Howe, les travaux ont comporté des discussions en séances de sections. Celles-ci s'occupaient respectivement : A. des métaux, B. des ciments, pierres, bétons et béton armé, C. des matériaux di- vers, sous la présidence respective de MM. Robert W, Hunt 1L-W. Lesley et Mansfield Merriman. La tâche du Congrès était ardue. Les publications distribuées aux membres ne compre- naient pas moins de i53 rapports consacrés aux questions les plus diverses, classées en 29 catégories Cet éparpillcment extrême des sujets d'étude soumis au Congrès ne pouvait manquer d'amener un peu de confusion dans les discussions, bien que certains d'entre e u x aient retenu plus particulièrement Patient-ion des membres pré- sents. Aussi n'y a-t-il pas lieu de s'étonner que les conclu- sions soumises au vote et adoptées en séance plénière ne'dofl- nent qu'une idée imparfaite de l'activité de l'Association. Il ne saurait d'ailleurs être question, dans une matière aussi vaste et aussi perfectible que Fessai des matériaux, d'aboutir à des conclusions formelles et définitives. Ce que l'on appelle matériaux, même dans le seul do- maine de la construction, comprend la nature entière daris ce qu'elle peut offrir d'utilisable pour l'ingénieur. Etablir des méthodes d'essai, ce qui est le but de l'Asso- ciation, c'est rechercher comment il faut soumettre ces rnBr C 1 ) Le Congrès précédent, tenu à Copenhague en 1909, avait reç* 79 rapports répartis en 19 groupes de questions. Article published by SHF and available at http://www.shf-lhb.org or http://dx.doi.org/10.1051/lhb/1914028

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448 LA HOUILLE BLANCHE N û 5

Ces cons idéra t ions p ra t iques , la l iber té d u cho ix , n e t r ou ­ven t pas grâce d e v a n t les pa r t i sans de la cor rec t ion pa r le bas qu i c o n d a m n e n t les aut res sys tèmes au n o m d u p r i n ­cipe de r é r o s i o n régressive des cours d 'eau à p a r t i r d ' un n i ­veau d e base et c i tent , à l ' appui d e leurs d i res , géologues e t géog raphes .

11 ne s 'agit pas de n ie r cette théor ie qu i s ' appuie sur des r e m a r q u e s incontes tables , ma i s b ien d e voir si elle s ' appl ique b ien dans la lu t t e con t r e l 'érosion to r ren t ie l l e et la fo rma­t ion des laves. E n d e telles ma t i è r e s , le fait p r i m e tou t et s'il est con t ra i re à u n e théor ie , c'est que la théor ie ne peut s 'é tendre au cas observé .

L 'érosion to r ren t ie l l e est p r o v o q u é e pa r l ' écoulement d ' u n e masse l i qu ide cons idérab le , d ' u n « sac d 'eau » t o m b é b r u s q u e m e n t dans le bass in d e r écep t ion . On voit aussi e n que lques m o m e n t s t o m b e r 5o , 6o l i tres d ' eau p a r mè t r e car ré et souven t p l u s encore . Cette masse s 'écoule sur des pen tes excessives, sa vitesse s 'accroît (gfSina) u n i f o r m é m e n t et, q u a n d elle a a t te in t u n e va leur suffisante p o u r a t t aquer le lit , l 'érosion c o m m e n c e . Il n e faut pas oub l i e r que les roches les p lus d u r e s sont affouillées dès que l 'eau at te int u n e vitesse de 3 mè t res p a r seconde . Les filets l iquides ar­r a c h e n t des m a t é r i a u x au t h a l w e g , les poussen t et b ientô t l ' abondance des par t icu les solides est telle que ce n 'est p lus de l 'eau, ma i s u n m a g m a où la p r o p o r t i o n d u l iquide est des p lus faibles ( i / 5 , i / i o ) et qu i avance par b o n d s succes­sifs. Viendra- t -on sou ten i r que les lois de l ' hydrau l ique ré ­gissent encore l ' é cou lemen t d e la lave ?

Alors q u e la lave e m p r u n t e tous ses m a t é r i a u x aux ré ­g ions supér ieures , peu t -on v a l a b l e m e n t p ré t endre , qu 'e l le est d u e à l 'érosion régress ive d u coaxrs d ' eau ?

Ecoutez ce que d i t Surel l ( l ) à ce sujet : « Q u a n d u n e g r a n d e masse d ' eau se c o n c e n t r e sub i t emen t

d a n s le gou lo t d ' u n bass in de r écep t ion , lancée sur u n e pen te très r ap ide et resserrée dans u n e g o r g e profonde, cette masse ne s 'écoule p lu s s u i v a n t les règles o rd ina i res de l 'hy­d r a u l i q u e . Elle m o n t e de sui te j u s q u ' à u n e très g r ande h a u ­t eu r , r o u l e s u r e l l e -même et descend ainsi la gorge avec une vitesse excessive, b ien supé r i eu re à celle du to r ren t d 'eau régu l ie r qui s 'écoule devan t clic vers l 'aval . Elle doit donc a t te indre success ivement tous les po in t s de ce couran t ; elle l ' a ss imi le à sa p r o p r e masse ; elle le ba laye et, lorsqu'el le débouche dans la vallée, elle ar r ive chargée .de tout le vo­l u m e d 'eau r é p a n d u dans le lit d u to r r en t , depuis sa na i s ­sance, j u s q u ' à sa sor t ie de la g o r g e . »

Qu 'a jou te r à u n e telle c i ta t ion ? Mais où l 'érosion régress ive se fait d ' u n e façon net te , c'est

après l 'arrê t de la lave. Les m a t é r i a u x se sont déposés for­m a n t u n e courbe convexe vers le ciel ; lorsque les eaux p lus claires qui succèdent au p h é n o m è n e a r r iven t au contact de cet amas m o u , sans cohésion, on les voit se creuser u n chena l d e p lus en p lus p rofond e t d o n n e r au profil en t ra­vers du dépôt la forme d ' u n M.

C'est à ces faits b i en c o n n u s de tous ceux qui ont p ra t iqué les Alpes, q u ' o n veut opposer la théor i e d u c reusement pa r des e aux claires couran tes ! Alors pou rquo i ne pas dire que les lois de l ' écou lement des l iquides s ' app l iqueron t aux laves?

Où donc est la faute de t echn ique que c o m m e t t e n t ceux qu i , dans les par t ies supér ieures d u to r ren t , veulent d i m i ­n u e r la vitesse des eaux, a u g m e n t e r la résis tance du lit afin de p réven i r l 'érosion au p o i n t où elle se manifes te ?

Surel l , auque l il faut encore reveni r , disait déjà à ce sujet ( 2 ) : « II reste à par le r de Tordre dans lequel il con-

( l) Surre l l , Etude sur l e s torrent s des H a u t e s - A l p e s , Chap, IX p 46 (*} Sure l l , lac. cit. Chap , XXXII, p . 20&,

v iend ra de pousser les t r a v a u x . Cet o r d r e , lo in d 'ê t re arbi­t ra i re , es t u n e des cond i t ions p r inc ipa l e s d u succès .

(t J 'a i dé jà si souven t fait ressor t i r d a n s le cours de ce t ravai l la nécessité d ' a t t aque r les t o r r en t s d a n s leurs sources m ê m e s , qu ' i l est inu t i le d 'y r even i r encore . Ainsi c'est dans les par t ies les p lus élevées que les t r a v a u x se ra i en t d'abord en t repr i s : ils avancera ien t de là vers les par t ies basses. »

Il faut , enfin, ne pas p e r d r e "de vue le b u t q u e l 'on se p ropose en e n t r e p r e n a n t la cor rec t ion d ' u n t o r r e n t qu i est la r econs t i tu t ion d e la forêt e t le m a i n t i e n d u sol sur les pen tes . T o u t ce q u i p o u r r a h â t e r la réa l i sa t ion d e cet ob­jectif ne saura i t ê t re nég l igé .

De là l 'ob l iga t ion d e reboiser tou tes les par t ies stables du bass in de récep t ion afin d ' a t t énuer le ru i s se l l emen t , celle d ' e n t r e p r e n d r e des ouvrages de cor rec t ion d a n s les régions supér ieures p o u r fixer le lit, les be rges , e m p ê c h e r que cel­les-ci n e s 'éboulent et n ' e n t r a î n e n t peu à peu vers les thal­wegs les par t ies les p lus vois ines . (à suivre)

ESSAI DES MATÉRIAUX

Dans les « Annales des Travaux publics de Belgique^ », M. P a u l G R I S T O P H E , I n g é n i e u r p r i n c i p a l des P o n t s et Chaus­sées, fait u n r a p p o r t s u r le V P Congrè s de l 'Association In­te rna t iona le p o u r l 'essai des m a t é r i a u x . De. ce r a p p o r t nous ex t rayons que lques po in t s in té ressan ts p o u r nos lecteurs. D 'au t res ques t ions très i m p o r t a n t e s , telles q u e celles des ma­té r i aux de la rou te y ont été t rai tées , elles nous intéressent m o i n s d i r ec t emen t .

L'Associat ion in t e rna t iona le p o u r l 'essai des matériaux-a t enu son s ix ième Congrès à New-York d u 3 au 7 septem­bre 1 9 1 2 . Ving t Etats y ava ien t envoyé des dé l égués officiels. Sur Soo congress is tes , 200 é ta ient é t r ange r s au nouveau c o n t i n e n t .

Su ivan t la c o u t u m e des Congrès , ou t r e les d e u x séances p lénières présidées pa r M. le professeur H e n r y M. Howe, les t r avaux on t c o m p o r t é des d iscuss ions en séances de sections. Celles-ci s 'occupaient r e spec t i vemen t : A. des m é t a u x , B. des c i m e n t s , p ier res , bé tons et b é t o n a r m é , C. des ma té r i aux di­vers , sous la p rés idence respect ive de MM. Rober t W , Hunt 1L-W. Lesley e t Mansfield M e r r i m a n .

La tâche du Congrès était a r d u e . Les pub l i ca t ions d is t r ibuées aux m e m b r e s n e compre­

n a i e n t pas m o i n s de i 5 3 r appo r t s consacrés a u x questions les p lus diverses , classées en 29 catégories

Cet épa rp i l l cmen t ex t r ême des sujets d ' é tude soumis au Congrès ne pouva i t m a n q u e r d ' a m e n e r u n p e u d e confusion dans les d iscuss ions , b i en q u e cer ta ins d ' e n t r e eux aient r e t enu p lus p a r t i c u l i è r e m e n t Patient-ion des m e m b r e s pré­sen t s . Aussi n 'y a-t-il pas lieu de s ' é tonner que les conclu­sions soumises au vote et adoptées en séance p lén iè re ne'dofl-n e n t q u ' u n e idée impar fa i t e de l 'act ivi té de l'Association.

Il ne saura i t d 'a i l leurs ê t re ques t ion , dans u n e matière aussi vaste et aussi perfect ible que Fessai des matériaux, d ' abou t i r à des conc lus ions formel les et définit ives.

Ce q u e l 'on appel le m a t é r i a u x , m ê m e dans le seul do­m a i n e de la cons t ruc t ion , c o m p r e n d la n a t u r e entière daris ce qu 'e l le peu t offrir d 'u t i l i sab le p o u r l ' i n g é n i e u r .

E tab l i r des m é t h o d e s d 'essai , ce q u i est le b u t de l'Asso­cia t ion, c'est r e che rche r c o m m e n t il faut s o u m e t t r e ces rnBr

C1) Le Congrès p r é c é d e n t , t e n u à C o p e n h a g u e en 1909, avait reç* 79 rapport s r é p a r t i s en 19 g r o u p e s de q u e s t i o n s .

Article published by SHF and available at http://www.shf-lhb.org or http://dx.doi.org/10.1051/lhb/1914028

M A Î LA HOUILLE BLANCHE

lériaux, s o u s u n e échelle r édu i t e , à des e f f o r t s ana logues à ceux: qu'ils do iven t s u p p o r t e r en service, afin de pouvoi r apprécier et d é t e r m i n e r leurs qual i tés nécessai res .

L' ingénieur d u l abora to i re d'essais doi t d o n c être à la fois un h o m m e d e sc ience et d e p r a t i q u e . On n e peu t d 'ail­leurs lui d e m a n d e r de c o n n a î t r e a u m ê m e deg ré les p ro ­priétés et u s a g e s des m é t a u x e t des hui les , des p ier res et du caoutchouc, des c imen t s et des b i t u m e s , etc.

Et quelle é tude i n g r a t e et quelquefois décevante que celle des propriétés des corps î En ma t i è r e de p h é n o m è n e s n a t u ­rels, la vérité, m ê m e dans u n cas b ien d é t e r m i n é , n 'es t ja ­mais quelque chose de l imi té , de préc is , telle q u ' u n e loi mathématique. Elle s'offre sous l 'aspect de mani fes ta t ions d'une riche complexi té d o n t le p r i n c i p e m ê m e se cache dans la profondeur cle la ma t i è r e .

Le progrès des m é t h o d e s d 'obse rva t ion ne fait q u ' a u g ­menter la variété des p h é n o m è n e s qui n o u s sont visibles. Nous ne pouvons d o n c les e x p r i m e r pa r u n e f o r m u l e défini­tive. A peine s o m m e s - n o u s hab i tués à lier dans no t re espr i t la qualité d 'un corps avec sa rés is tance à u n effort déter­miné, que nous découv rons , pa r u n au t r e g e n r e de sollici­tation, un défaut don t j u s q u ' a l o r s on ne s 'était pas avisé cl qui peut être d a n g e r e u x dans l 'usage p r a t i q u e . E t q u a n d toutes ces observat ions , ces é tudes sont poursu iv ies dans des laboratoires différents, pa r d ivers e x p é r i m e n t a t e u r s , avec des appareils, des m a t é r i a u x var iés , c o m m e n t conci l ier les résultats ob tenus et su r t ou t les h a b i t u d e s prises p o u r en faire éclore u n e m é t h o d e i n t e rna t i ona l e d'essai f o r m a n t loi pour la réception ds m a t é r i a u x ? Que d'efforts louables ce­pendant ont été faits en ce sens i1), ma i s c o m m e on com­prend leur vani té q u a n d on cons ta te q u e la p rogress ion ra­pide de nos connaissances d é m o d e en que lques années des rnéihodes réputées c lass iques .

Ce n'est donc pas en s o m m e d a n s les conc lus ions m ê m e s de ces discussions q u ' i l faut c h e r c h e r l ' in térê t de cette r é u r

nion des spécialistes, ma i s p lu tô t dans la voie .générale vers laquelle s 'oriente leur espr i t . L 'Associat ion in t e rna t iona l e pour l'essai des m a t é r i a u x est dans le vrai lo r squ 'e l l e , ac­cueille toutes les recherches de ses m e m b r e s et en c o m m u -nique les résultats p o u r les s o u m e t t r e à la c r i t i que et exciter l'émulation. Mais il v a d e soi q u ' u n e telle œ u v r e n e peu t se résumer. Chacun doit c h e r c h e r d a n s les pub l i ca t i ons m ê m e s du Congrès ( 2) le suje t qu i l ' in téresse spéc i a l emen t et faire Bon profit de tous les détai ls , aucun d 'eux n ' é t a n t négl i ­geable. Une é n u m é r a l i o n des sujets t rai tés , m ê m e en se bornant à les définir, n ' a u r a i t que la va l eu r d ' u n e table des matières. Nous croyons préférable , en n o u s r e s t r e i g n a n t à eeux qui sont les p lus famil iers , d 'esquisser p o u r c h a c u n d'eux la tendance actuelle des recherches ' soumises au Congrès.

L — METAUX

LsKÀÏS P A R G K O C STJU B A R R E A U X E N T A I L L É S . L 'eSSai de

rupture par t rac t ion l e n t e n e s u f f i t pas p o u r r en se igne r sur la façon dont l e métal s e c o m p o r t e r a en service s ' i l e s t ap-

(') A l'occasion du Congrès d e B r u x e l l e s (1900), l 'Assoc ia t ion a a d o p t é Ri publié un recueil des m é t h o d e s qu 'e l l e r e c o m m a n d e pour l 'essai des métaux, agg lomérants h y d r a u l i q u e s , b o i s et t u y a u x en terre cui te , g r è s et ciment.

(j) U s rapports et te c o m p t e r e n d u officiel du C o n g r è s de N e w - Y o r k ont été réunis en d e u x v o l u m e s m i s en v e n t e c h e z II. D u n o d e tK. Pinat , *';*9, tquai des G r a n d s - A u g u s t i n s , à P a r i s , .au prix de 32 francs , Le Premier volume, de 1236 p a g e s , c o n t i e n t le c o m p t e r e n d u généra l d u ™ m g l f e S ' l e s ' P p 0 ( > è s - v e r b a u x d e s s é a n c e s p lén iôres , les rappor t s et le compte rendu des s é a n c e s de la s e c t i o n A. Le s e c o n d v o l u m e , de 094 B n f r c ^ n t i e T î t l e s rapports e t l e c o m p t e r e n d u d e s s é a n c e s d e s s e c t i o n s a « Ces publ icat ions s e v e n d e n t a u s s i s é p a r é m e n t .

pelé à s u b i r des mises en charges b rusques . L'essai au choc a d o n c été p r a t i q u é depuis l o n g t e m p s , ma i s les procédés d ' une t e c h n i q u e p u r e m e n t a rb i t ra i re don t on faisait u s a g e ont fait p lace à des mé thodes suscept ibles d ' u n e définit ion précise e t d ' u n e in te rp ré ta t ion facile. L 'épreuve par chocs répétés a été a b a n d o n n é e . La r u p t u r e d ' u n e éprouvet te faite en u n seul coup de m o u t o n au m o y e n d ' u n apparei l per­me t t an t d ' éva luer le t ravail absorbé a été r econnue c o m m e l'essai le p lus ut i le . On p e u t opérer pa r t ract ion ou par i lexion. Les é ludes faites depuis que lques années ont con­dui t à préférer ce de rn ie r m o d e opératoi re c o m m e le p lus carac té r i s t ique et à adopter c o m m e éprouvet te le ba r reau entai l lé dans lequel la déformat ion est localisée et la r u p t u r e ob t enue à coup sûr . P o u r l 'exécution de cet essai, on place le ba r r eau entai l lé sur deux appuis et on le frappe avec u n poids t o m b a n t d ' u n e cer ta ine h a u t e u r , et ce dans la section c o r r e s p o n d a n t à l 'entai l le , d u côté opposé à celle-ci. On d é t e r m i n e le t ravai l exact en k i l o g r a m m è t r e s qui a p r o d u i t la r u p t u r e et on divise pa r la surface de la section t r ans ­versale de r é p r o u v e t t e au dro i t de l 'entai l le , expr imée en cen t imèt res ca r rés . Le coefficient ainsi o b t e n u , auquel on a d o n n é le n o m de rcsilience, a été adopté c o m m e caractéris­t ique de l ' ap t i tude du méta l à résister aux chocs .

P o u r faire l 'essai de r u p t u r e , on peu t employe r u n ap­pareil à c h u t e vert icale dans lequel le m o u t o n tombe l ibre­m e n t su r le b a r r e a u . Différents dispositifs on t été imagines pour la m e s u r e du t ravai l de r u p t u r e . Dans l 'apparei l Fré-mon t , le m o u t o n , après avoir p rodu i t la r u p t u r e de r é p r o u ­vette, c o m p r i m e des ressorts don t r a b a i s s e m e n t est mesu ré et d o n n e le travail rés iduel . En r e t r a n c h a n t celui-ci du tra­vail dépensé (p rodui t du poids du m o u t o n pa r la h a u t e u r de c h u t e ) , on ob t ien t le travail absorbé par la r u p t u r e . On peut aussi faire t racer pa r le m o u t o n sur un cy l indre en re ­g is t reur u n d i a g r a m m e qui d o n n e sa vitesse immédia t e ­m e n t avan t et après la r u p t u r e du ba r reau . La va leur de ces deux vitesses permet de calculer le travail ut i l isé. Un au t re p rocédé consis te à calculer le travail résiduel du m o u ­ton après la r u p t u r e pa r la m e s u r e du temps employé a pa rcour i r u n e l o n g u e u r dé t e rminée .

Mais on a r r ive p lus s i m p l e m e n t au résul ta t che rché par l 'emploi des appare i l s à pendu le , n o t a m m e n t ceux de M. C h a r p y , d i r ec t eu r des us ines Sa in t -Jacques de la C o m p a g n i e des Forges de Chât i l lon , C o m m e n t r y et Neuves-Maisons, a Mont luçon (All ier) . L 'appare i l Cha rpy compor t e un m o u t o n -pendu le qui se m e u t au tou r d 'un axe hor izonta l et qu i , levé à u n e ce r ta ine h a u t e u r repérée su r u n cad ran , brise dans sa c h u t e le b a r r e a u entai l lé placé h la base de son bâ t i . Après la r u p t u r e , le p e n d u l e r e m o n t e à u n e h a u t e u r ind i ­quée p a r u n e a igui l le qu i le sui t et se déplace devan t le cadran . Conna i s san t la h a u t e u r ini t iale, la h a u t e u r d'élé­vat ion après la r u p t u r e et le poids d u m o u t o n , on a i m m é ­d i a t emen t le t ravai l dépensé p o u r r o m p r e le ba r r eau C1).

L'essai pa r choc sur ba r r eaux entail lés a été l 'objet de discuss ions assez vives au sein de l 'Association in te rna t io ­nale p o u r Fessai des m a t é r i a u x . I n t r o d u i t e au Congrès de Budapes t ( 1 9 0 1 ) . la ques t ion fut confiée à l ' examen d ' u n e commiss ion chargée de définir les condi t ions e x p é r i m e n ­tales à adop te r p o u r cet essai. Le r a p p o r t p résen té au Con­grès de Bruxel les (1906) ne réuss i t pas à conva inc re l 'Asso­ciation d e la nécessi té d ' u n e r ég l emen ta t i on et de la g é n é ­ral isat ion de la m é t h o d e . Mais, l ' emploi des essais de ce

(i) A côté d e s a p p a r e i l s à c h u t e vert ica le et à p e n d u l e , m e n t i o n n o n s é g a l e m e n t l 'apparei l Gui l lery , qui e s t fondé s u r ïa var ia t ion du travail a c c u m u l é d a n s u n v o l a n t Celui-ci e s t lancé à u n e v i t e s s e d o n n é e e t le chop produi t par d é c l a n c h e m o n t d'un c o u t e a u qui frappe le barreau . Un t a c h y m è t r e d o n n e l a v i t e s s e a v a n t et après le choc .

150 LA HOUILLE BLANCHE

g e n r e ayan t pr i s depuis lors u n d é v e l o p p e m e n t cons idé ra ­ble, l 'Association a l l emande des m é t h o d e s d'essai se chargea e l le -même d e résoudre la ques t ion et adopta en 1907 les conclus ions d ' u n r a p p o r t r e c o m m a n d a n t et définissant cette m é t h o d e sous u n e forme à peu près semblab le à celle qui était préconisée par M. Cha rpy . Au Congrè s de C o p e n h a g u e (1909) . la ques t ion rev in t devan t l 'Associat ion in te rna t io ­nale et fit l ' o b j e t , d ' u n r appo r t généra l de M. Charpy . Les conclus ions votées à ce Congrès fu ren t 1res ne t tes en ce qu i concerne le choix des éprouvet tes , ma i s rése rvèren t celui des apparei ls . Elles r e c o m m a n d e n t l ' emplo i de ba r r eaux de 3o x 3o x 1O0 mi l l imè t re s enta i l lés su r u n e h a u t e u r de Ï 5 m i l ­l imètres , le fond cle l 'entai l le é t an t fo rmé pa r u n cy l indre de l\. mi l l imèt res cle d i a m è t r e , et r eposan t sur des couteaux espacés de 120 mi l l imè t r e s . P o u r les tôles, les ba r r eaux on t l 'épaisseur m ê m e de la tôle, les au t res d imens ions res tan t les m ê m e s . P o u r les pièces ne p e r m e t t a n t pas l 'emploi de bar reaux de 3o x 3o, le Congrès a d m e t des ba r r eaux d'essai ayan t les d i m e n s i o n s ci-dessus divisées toutes pa r t rois . Le m o u t o n doit ê t re t e r m i n é pa r u n couteau p ré sen t an t u n ar­rondi de a mi l l imè t re s de r a y o n . La t e m p é r a t u r e est, a u t a n t que possible, compr i se en t re i 5 et 25 degrés . Le Congrès décida eu ou t re de m e t t r e à l ' é tude la corréla t ion exis tant outre les résul tats des essais et la façon d o n t les pièces se c o m p o r t e n t en service, ainsi que la compara i son des diffé­rents appare i l s .

La Commiss ion cha rgée de cette é tude et présidée pa r M. Charpy j u g e a p r u d e n t de r e p r e n d r e é g a l e m e n t l ' examen des condi t ions de comparab i l ï t é des essais su r ba r r eaux de diverses d imens ions . L 'adopt ion des deux bar reaux- types g é o m é t r i q u e m e n t semblab les que le Congrè s de C o p e n h a g u e avait r e c o m m a n d é s se fondai t é v i d e m m e n t sur la p robab i ­lité, en t revue pa r cer ta ins e x p é r i m e n t a t e u r s , d ' u n e loi de s imi l i tude c o n d u i s a n t à a d m e t t r e c o m m e égaux les résul­tats donnés pa r des b a r r e a u x des d e u x types . Cette hypo thèse n 'a pas été conf i rmée. Au con t r a i r e , les expériences font reconna î t re q u ' u n m ê m e méta l a u n e rési l ience bien diffé­ren te su ivan t qu 'e l le est d é t e r m i n é e sur éprouvet te de 3o x 3o ou sur éprouve t te de 1 0 x 1 0 . Elle est t ou jou r s plus faible pour la pet i te éprouvet te que p o u r la grosse, ma i s la p ro ­por t ion est va r iab le . Ces cons ta ta t ions conf i rmen t le carac­tère a rb i t ra i re de la défini t ion de la rési l ience. Il est évi­den t que le t ravai l absorbé par la r u p t u r e ne peu t être p r o ­por t ionne l à la section de Poprouvct tc . Théo r iquemen t , la rés is tance vive d 'élasticité est p ropor t ionne l l e au vo lume de la ba r re . Mais la résis tance vive de r u p t u r e comprend , ou t re le travail é las t ique, u n travail de s tr ic t ion qui est en r appor t avec le v o l u m e dans lequel on constate u n e défor­m a t i o n . Ce de rn ie r est u n e fraction du vo lume total, la­quelle a u g m e n t e avec l ' ap t i tude du méta l à résister aux chocs. C'est ce que l 'expér ience paraî t conf i rmer , car la dif­férence des chiffres cle rési l ience dé te rminés dans les deux ba r r eaux a u g m e n t e avec la va leur absolue de ces résil iences.

Le plus s imp le serait é v i d e m m e n t d 'adopter un modè le d 'éprouvet le u n i q u e mais cette solution se h e u r t e à des dif­ficultés p ra t iques et des d ivergences d e vues très net tes d o n t on re t rouve la t race dans divers r appor t s et dans les déli­béra t ions du Congrès de New-York. E n faveur du peti t bax^ reau, on fait valoir qu ' i l est réal isable dans des pièces de toute d i m e n s i o n et p lus facile à ép rouver . Il p e r m e t de r e ­conna î t r e b e a u c o u p m i e u x des défectuosités locales et, pa r l'essai de p lus ieurs éprouvet tes prélevées dans la m ê m e pièce, d ' appréc ie r le degré d ' h o m o g é n é i t é du méta l . C'est ainsi q u ' u n e m ê m e éprouve t te de m o u l a g e découpée e n plu­sieurs b a r r e a u x d o n n e des rési l iences très différentes selon

l ' e m p l a c e m e n t de ceux-ci , le m é t a l de la p é r i p h é r i e étant p lus rés i s tan t que celui de l ' i n té r i eur . Les pa r t i s ans d u gros ba r r eau font observer qu ' i l t r a d u i t m i e u x le fonc t ionna m e n t réel d e la pièce en service et évite p r é c i s é m e n t d'ac­corder t rop d ' i m p o r t a n c e aux défectuosités locales. On ne voit pas b ien où p e u t c o n d u i r e u n e discuss ion de ce genre, que seules p e u v e n t clore la p r a t i q u e et les h a b i t u d e s . Si l 'on ajoute à cela q u e , c o m m e l ' ense igne la théo r i e , la ré­si l ience doi t var ie r d 'après le r a p p o r t ex is tan t e n t r e la sec­t ion utile m e s u r é e au dro i t de l 'entai l le et la sec t ion totale d u ba r r eau et q u ' e n ou t re , d 'après ce r ta ins expérimenta­teurs , elle var ie encore avec la fo rme de l 'enta i l le , on com­p r e n d que l ' adop t ion d ' un b a r r e a u u n i q u e est chose dési­rab le .

M. C h a r p y a c e p e n d a n t été d 'avis de m a i n t e n i r provisoire­m e n t les conclus ions , d u Congrès de C o p e n h a g u e tou t en p o u r s u i v a n t des recherches en vue d 'é tab l i r expérimentale­m e n t u n tab leau ou u n e f o r m u l e p e r m e t t a n t de comparer les résul ta ts fourn is pa r les deux éprouvet tes - types . Le Con­grès a suivi cette m a n i è r e de voi r et a a j o u r n é la question.

Il en a été de m ê m e p o u r le cho ix de l ' appare i l d'essai, à ra i son des d ivergences de vues q u i pe r s i s t en t à ce sujet. Les appare i l s à c h u t e ver t icale se voient r e p r o c h e r la com­pl ica t ion des m e s u r e s , m a i s ceux d u type à mouton-pendule soulèvent de graves ob jec t ions c o n c e r n a n t l ' inf luence des f ro t tements su r l 'axe et des v ib ra t ions de la masse recevant le choc q u i , les u n s et les au t res , a b s o r b e n t u n e par t ie du t ravai l déve loppe et faussent le calcul d u t rava i l ut i l isé pour la r u p t u r e , en d o n n a n t u n e rés i l ience p l u s élevée qu'elle n e l 'est en réal i té . Si ces f ro t t emen t s son t in tenses et va­r iables et la masse de la chabo t t e insuff isante, il est évident que les résul ta ts d e l 'essai p e u v e n t ê tre r e n d u s tou t à fait inexac ts . Mais on a p u d i re q u e ces ob jec t ions son t applica­bles à tous les apparei ls e t que la va l eu r des résul ta ts dé­p e n d au m o i n s a u t a n t d u soin appor t é à la cons t ruc t ion , à l ' en t re t ien e t m ê m e au m a n i e m e n t de la m a c h i n e qu ' au sys­t è m e su ivan t lequel elle est c o n s t r u i t e . Quel q u e soit celui-ci il est d o n c ind i spensab le de r é du i r e au m i n i m u m les pertes d e force vive et d 'é tabl i r u n procédé r i g o u r e u x d e tarage de la m a c h i n e et d e vérif ication de ses ind ica t ions à u n mo­m e n t q u e l c o n q u e ( n o t a m m e n t en p résence de l ' agen t récep­t i onna i r e ) (*).

Une au t re ques t ion n o n c o m p l è t e m e n t é lucidée et qui t ouc he à l ' emplo i des appare i l s c o n c e r n e la h a u t e u r de c h u t e d u m o u t o n . Cer ta ins e x p é r i m e n t a t e u r s a t t r i buen t une g r a n d e i m p o r t a n c e à cet é lément , qu i d é t e r m i n e la vitesse d u choc . Mais le sens m ê m e de son in f luence n ' e s t pas bien précisé . Il s emble q u e , dans cer ta ines l imi tes , la résilience a u g m e n t e avec la vitesse d u choc et q u e , p a r conséquent, adop te r u n e h a u t e u r u n i f o r m e , c o m m e o n a cou tume de le faire avec cer ta ins appare i l s , re lève le chiffre d e la résis­t ance au choc d a n s u n e m e s u r e d 'a i l leurs va r iab le par rap­po r t à la rési l ience vra ie qu i c o r r e s p o n d au t ravai l stricte­m e n t nécessaire p o u r ob t en i r la r u p t u r e . Mais cette loi n'est c e r t a i n e m e n t pas généra le , car u n e vitesse de choc très g r a n d e c o m m e celle d ' u n projectile- doi t d o n n e r u n e rési­l ience t rès faible, le v o l u m e intéressé p a r le choc étant r é d u i t au m i n i m u m . E n fait, l 'essai au choc produi t usé dé fo rma t ion p lus ou m o i n s r ap ide m a i s j a m a i s instantanée et rrui a le g rave i n c o n v é n i e n t d 'ê t re effectué à vitesse va­r iab le si o n p r o p o r t i o n n e le t rava i l déve loppé à la résistance de r é p r o u v e t t e . D ' au t r e pa r t , on a s igna lé l ' influence de la forme d u t r a n c h a n t d u m o u t o n et des cou teaux d 'appui, qui

(M On p r é c o n i s e n o t a m m e n t d a n s ce b u t l 'essai de barreaux e n t a i l l é s s o u m i s h u n e d é f o r m a t i o n d é t e r m i n é e .

MAI LA HOUILLE BLANCHE 151

peut p rovoquer des dé té r io ra t ions capables d ' a u g m e n t e r le volume déformé et p a r sui te la rés i l ience .

On voit que l 'essai pa r choc sur b a r r e a u x entai l lés sou­lève des ques t ions mu l t i p l e s su r lesquel les l 'accord n 'es t pas encore fait. Le Congrès d e New-York a r e t e n u spéciale-nient pour être examinées p a r la C o m m i s s i o n , celles q u i concernent la h a u t e u r de chu t e , le poids de la chabo t t e , les procédés de t a rage , la fo rme des suppor t s de Péprouve t t c et la définition de l 'entai l le des pet i tes ép rouve t t es . Il appar ­tiendra donc à u n Congrè s fu tur d ' é laborer si possible la réglementation désirée, à m o i n s que , d' ici là, on ne t rouve un mode opéra to i re e t u n e défini t ion de la rés is tance aux chocs qui se p rê te à une généra l i sa t ion des résul ta ts ob t enus .

En a t tendant , il conv iend ra i t que les cahiers des cha rges n'exigent pas u n e rés i l ience d é t e r m i n é e sans définir ne t t e ­ment les condi t ions de l ' épreuve . C'est d 'a i l leurs u n e règle qui s ' impose p o u r p r e s q u e tous les essais.

Quant à la cor ré la t ion qui existe en t re les résul ta ts des essais par choc et la façon d o n t les pièces se c o m p o r t e n t en service, l ' enquê te ouver te p a r l 'Associat ion i n t e rna t i ona l e et qui nécessite la r é u n i o n de n o m b r e u s e s observa t ions mé­thodiquement classées, se c o n t i n u e p a r les soins de la C o m ­mission spéciale p o u r ê t re présentée à u n p r o c h a i n Congrès .

IL — CIMENTS

E S S A I S A C C É L È R E S D ' I N V A R I A B I L I T É D E V O L U M E . — Le c i m e n t Portland de b o n n e qua l i t é var ie de v o l u m e sous l ' inf luence de la prise et de la t e m p é r a t u r e . P e n d a n t le du rc i s s emen t , une éprouvette s 'a l longe si elle est conservée sous l 'eau et se rétrécit si elle se t r o u v e à Pair . La t e m p é r a t u r e ag i t su r le ciment c o m m e sur t o u t au t re co rps solide, sauf l ' inf luence perturbatrice de la gelée su r Peau inc luse . Ce son t là des phénomènes régu l i e r s et iné luc tab les . Mais t o u t au t r e est la variation de v o l u m e d u e à la m a u v a i s e qua l i t é d u c i m e n t . Si celui-ci con t ien t en excès de la c h a u x l ib re , d u sulfate de chaux (plâtre ou gypse) ou de la m a g n é s i e n o n h y d r a t é s , l'extinction ta rd ive de ces é l émen t s d é t e r m i n e u n gonfle­ment qui peu t ê t re assez i m p o r t a n t p o u r dé t ru i r e la cohé­sion résultant de la p r i se . L ' emplo i d e c i m e n t s expansifs a provoqué des accidents g raves . Aussi a-t-on depuis l ong ­temps reconnu l 'u t i l i té d ' u n essai q u i p e r m e t t e de déceler les variations dangereuses d e v o l u m e .

L'épreuve la p lus g é n é r a l e m e n t employée dans ce b u t et qui, en Al lemagne , fait pa r t i e des n o r m e s officielles p o u r les essais des c imen t s P o r t l a n d , consis te à p r é p a r e r u n e ga­lette de c i m e n t p u r q u e l ' on m a i n t i e n t à l 'a i r p e n d a n t vingt-quatre heu res t o u t en la p r o t é g e a n t c o n t r e la dessi-cation et que l 'on p lace e n s u i t e sous Peau . L ' appa r i t ion d e déformations ou d e fissures su r les b o r d s de la gale t te est l'indice du gonf lement d u c i m e n t . Elles se m o n t r e n t e n gé­néral après trois j o u r s , m a i s l ' observa t ion doi t ê t re pou r ­suivie pendan t p lus i eu r s s e m a i n e s p o u r q u e l 'essai soit dé­cisif. On se con ten te d ' h a b i t u d e de v i n g t - h u i t j o u r s .

La durée de cet essai es t p r e s q u e t o u j o u r s t rop g r a n d e pour la p ra t ique . Le dé fau t de s c i m e n t s expansifs est si grave qu 'on doit le r e c o n n a î t r e r a p i d e m e n t et avan t tout emploi. On a aussi r e p r o c h é à Pessai n o r m a l d e ne pas ê t re absolument décisif e t n o t a m m e n t de n e pas déceler la p ré ­sence de la chaux l ib re . O n a d o n c r e c h e r c h é u n procédé à la fois plus rap ide e t p lus sû r , e t p o u r y a r r iver o n a u t i ­lisé la propriété que possède l 'eau c h a u d e d ' h y d r a t e r e n peu d e t e ^ P s tous les é l émen t s d u c i m e n t . Différents procédés ont été imaginés p o u r le t r a i t e m e n t pa r Peau c h a u d e ou la ^ p e u r en vue d e faire a p p a r a î t r e le gon f l emen t . L ' u n des Plus connus consiste, c o m m e dans Pessai à Peau froide, dans l 'emploi d ' une gale t te q u i , après exposi t ion à Pair h u ­

m i d e p e n d a n t v i n g t - q u a t r e heu re s , est soumise à l 'act ion de la v a p e u r d 'eau à 100 degrés d u r a n t que lques heures et do i t la s u p p o r t e r sans fissures, crevasses, émie t t emen t ou r a m o l ­l i ssement .

Mais il a p a r u ut i le d 'observer le p h é n o m è n e dans des con­di t ions qu i p e r m e t t e n t de chiffrer le résul ta t ob t enu . C'est ce qu ' a p roposé il y a u n e qu inza ine d ' années sous la fo rme su ivan te , M. Henry Le Chatcl icr , Inspec teur généra l des Mi­nes , à Pa r i s ; Le c i m e n t gâché est ver lé dans u n mou le fo rmé d ' u n e b a g u e en cuivre ou en la i ton fendu su ivan t une généra t r i ce et p o r t a n t près de cette fente deux aiguil les qui son t e n contac t . Le m o u l e est p lacé d u r a n t v ing t -qua t r e heures d a n s Peau froide puis dans l 'eau chaude p e n d a n t p lus ieurs h e u r e s . On m e s u r e Péca r t emen t des aiguil les avan t et après le t r a i t e m e n t à l 'eau chaude . La différence re­présen te l ' expans ion d u c i m e n t qui doi t ê t re infér ieure à u n e l imi te d é t e r m i n é e p o u r que le c imen t soif acceptable .

Cet essai q u e les fabr icants français t rouvè ren t d 'abord trop r i g o u r e u x , pu i s adop tè ren t eux -mêmes , fut i n t rodu i t en 1902 dans les cah ie rs des cha rges français (*). En Angle­terre la m é t h o d e r e n c o n t r a d ' abord la m ê m e opposi t ion , pu is fut admise officiellement, mais elle y soulève encore cer­taines c r i t iques . E n Al l emagne , les fabr icants et expér imen­ta teurs res ten t i r r é duc t i b l e me n t opposés et s 'en t i e n n e n t à Pessai n o r m a l à Peau froide. Ils r e p r o c h e n t à Pessai Le Cha-telier d e d o n n e r des résul ta ts var iables avec u n m ê m e ci­m e n t et s o u t i e n n e n t qu ' i l peu t faire accepter des p rodu i t s m a u v a i s et en faire refuser de b o n s .

L 'Associat ion in te rna t iona le p o u r l'essai des ma té r i aux m i t la ques t ion des essais accélérés d ' invar iab i l i t é de v o l u m e à Pé tude e n 1 9 0 1 . A la sui te d u Congrès cle Budapest , u n e c o m m i s s i o n fut cha rgée de ce p r o b l è m e sous la p rés idence de M. B e r t r a m Bloun t , Di rec teur de l a b o r a t o i r e à Londres . Ses conc lus ions , favorables à Pessai Le Ghafelici% furen t p r é sentées au Congrès d e Bruxelles (1906), mais , la quest ion ayan t été a jou rnée au Congrès de C o p e n h a g u e (1909), un n o u v e a u r a p p o r t fut déposé dans le m ê m e ordre d ' idées. Sa conc lus ion , qui avait, soulevé l 'opposi t ion des m e m b r e s alle­m a n d s de la C o m m i s s i o n , fut v ivement c o m b a t t u e au Con­grès pa r la dé pu t a l i on a l l emande . Mais, à la ma jo r i t é des voix, le C o n g r è s décida de r e c o m m a n d e r la m é t h o d e Le Chate l ier c o m m e essai type accéléré de la cons tance de vo­lume des c i m e n t s . Cette m é t h o d e avait été définie c o m m e suit p a r la C o m m i s s i o n :

Le c i m e n t est p r épa ré et versé dans le m o u l e sur u n e p laque de ve r re , les po in tes des aigui l les é tan t tenues en contac t . Q u a n d le m o u l e est r e m p l i , on le recouvre d ' u n e p laque de ve r re pressée par u n poids léger et le tout est p l o n g é dans Peau à i 5 ° C p e n d a n t v i n g t - q u a t r e heu re s . Tou t l ien ou a t t ache qu i aura i t été employé p o u r m a i n t e n i r au con tac t l ' un de l ' au t re les bords du m o u l e p e n d a n t la prise est alors enlevé . La d is lance en t re les aiguil les indicatr ices est m e s u r é e et le m o u l e est placé dans Peau froide qu 'on por te à u n e t e m p é r a t u r e cle TOO° C en u n e d e m i - h e u r e et q u ' o n m a i n t i e n t à Pébul l i l ion p e n d a n t six heu re s . Le m o u l e est sorti de Peau el, après ref ro id issement , on m e s u r e à n o u v e a u la d i s tance en t r e les aiguil les indicat r ices . La diffé­rence e n t r e les deux mesu re s représente l ' expansion du ci­m e n t .

L 'oppos i t ion des m e m b r e s a l l emands fut actée p a r le Con­grès ma i s , c o m m e elle persis tai t , force fut d e m a i n t e n i r le p r o b l è m e à l ' o rd re d u j o u r . Au Congrès de New-York la

(*) V o y . Annales des Travaux publies, t. VII, p* 1117, l 'arrêté m i n i s ­tér ie l d u % j u i n 1902 c o n c e r n a n t la fourniture d e c i m e n t s e t de c h a u x pour l ' A d m i n i s t r a t i o n d e s T r a v a u x p u b l i c s .

m LA HOUILLE BLANCHE N° 5

ques t ion r ev in t donc en discussion avec divers r appor t s à l ' appu i , p r é sen t an t des p ropos i t ions con t rad ic to i res . Chacun res t an t su r ses posi t ions , il n ' e n résul ta q u ' u n nouve l a jour ­n e m e n t f o r m u l é d a n s ces t e r m e s : « La miss ion de con-(( t i n u e r les r echerches relat ives à toutes les m é t h o d e s d 'es-u sais accélérés d ' invar iab i l i t é de v o l u m e d u c i m e n t P o r i -« l and , est confiée à u n e c o m m i s s i o n qu i devra s'efforcer « de faire exécuter des expér iences dans d ivers labora to i res , « n o t a m m e n t dans des labora to i res officiels en différents u pays ».

On peu t s ' é tonner de voi r , d a n s u n e ma t i è re aussi b i en é tudiée que les p ropr ié tés du c i m e n t , des d ivergences de vues si net tes en t re des e x p é r i m e n t a t e u r s é g a l e m e n t r épu tés . 11 semble é t r a n g e , au p r e m i e r abord , que des h o m m e s de science pu i s sen t sou ten i r avec u n e égale b o n n e foi et p r eu ­ves à l ' appu i , les u n s q u e l ' appare i l Le Chatel ier d o n n e des résul ta ts r égu l i e r s et décisifs, les au t res qu ' i l fourn i t des chiffres d i scordan t s et sans va leur . Mais ces cont rad ic t ions s ' expl iquent assez a i sément pa r des p h é n o m è n e s inhé ren t s à l ' apparei l m ê m e ou à la n a t u r e des c i m e n t s .

11 est b i en cer ta in que le m o u l e Le Chatel ier n 'est pas u n i n s t r u m e n t d e précis ion ma i s u n appare i l s imple pou­van t serv i r à des essais rap ides effectués m ê m e s u r le c h a n ­tier. L ' éca r t cmcn t des a igui l les au gonf l emen t dépend de la r a ideu r d u m o u l e et celle-ci var ie avec les d imens ions de l ' apparei l , l 'épaisseur , la n a t u r e d u mé ta l , son élasticité, etc. Les conclus ions d u Congrès de C o p e n h a g u e sont i ncom­plètes sous ce r appor t . Il est d o n c ut i le d ' a jou te r que , d 'après la règle admise en F rance , les mou les sont en la i ton, p résen ten t u n d i amè t r e de 3o m i l l i m è t r e s , u n e h a u t e u r de 3o mi l l imè t res e t u n e épaisseur de o,5 m i l l i m è t r e et que les aiguil les soudées de c h a q u e côté de la fente on t io cent i ­mè t re s d e l o n g u e u r .

Mais cette défini t ion ne suffit #as encore à donne r des résul tats équiva len ts . Il se p e u t que les deux bords de la fente ou les aigui l les m ê m e s a ien t , pa r sui te d ' u n e pression ini t ia le , u n e t e n d a n c e à res ter en contac t . Dans ce cas, u n p r e m i e r gonf lement du c i m e n t est nécessaire p o u r ouvr i r le m o u l e , ce qu i r é d u i t F éca r t emen t final o b t e n u . De m ê m e , si on a d û forcer le m o u l e p o u r fe rmer la fente, il peut en résul ter p lus t a rd u n é c a r t e m e n t in tempest i f . Ce sont là des causes d ' e r reur impu tab l e s aux opéra teu r s e t que Ton peu t éviter avec u n peu de soin.

Une au t re incor rec t ion p e u t se p r o d u i r e par suite d u m o d e de soudure des a igui l les à l ' anneau q u i , dans cer tains dispositifs, a u g m e n t e la r ig id i té d u m o u l e l u i - m ê m e . Enfin, la flexibilité d u méta l var ie avec le degré d 'usage de l 'ap­pare i l . P a r suite de l ' u su re d u méta l ou du dépassemen t p ro­longé et répété de la l imi te d 'élast ici té, les moules usagés sont p lus flexibles que les mou les neufs .

On peu t r emédie r à ces défauts p a r u n ta rage . Il suffit, de définir la r a ideu r du m o u l e au m o y e n d ' u n poids dé t e rminé su spendu au po in t de s o u d u r e d ' u n e des aiguilles qui doit p r o d u i r e u n éca r t emen t d é t e r m i n é des pointes , l 'appareil é tant iixé pa r le po in t de s o u d u r e de l ' au t re aigui l le . M. Fo­ret , chef du Labora to i re des Pon t s e t Chaussées à Boulogne-sur-Mer, qu i a fait d u procédé Le Chatel ier u n e étude très complè te , p ropose de prescr i re que , sous u n poids de 3oo g r . ainsi su spendu , l 'écart des aigui l les doi t rester compr is entre i 5 et 20 mi l l imè t r e s .

Le m o d e opéra to i re a é v i d e m m e n t son inf luence. Les con­clusions d u Congrès de C o p e n h a g u e r e c o m m a n d e n t de con­server Féprouvet te dans 'l 'eau avan t de procéder à l 'ébull i-t ion, t and i s qu ' en F rance o m prescr iva i t depu i s 1902 la con­servat ion ini t iale à Pair h u m i d e . ï / e x p é r i e n c e semble p rou­

ver que le choix en t re ces deux procédés n ' a pas g r a n d e im­por t ance , ma i s le p r e m i e r m o d e est c e p e n d a n t préférable, é tan t m i e u x défini.

Pa r con t re , la du rée de ce d u r c i s s e m e n t préa lab le dans l 'eau froide est u n é l émen t essentiel de l 'essai. P l u s on le p ro longe , p lus le gonf l emen t dev ien t faible, ce q u i sex T

p l ique a i sémen t car l 'essai ne d o n n e que la différence entre l'effort de gonf l emen t et la rés is tance q u e le c i m e n t lui oppose grâce à son d u r c i s s e m e n t . Mais les c i m e n t s n ' o n t pas u n e du rée de pr i se égale . Il su i t de là q u e , no rma lemen t , u n c i m e n t à pr i se p lus rap ide doi t m i e u x résis ter au gonfle­m e n t Cette d u r é e de pr ise var ie n o n s e u l e m e n t avec la compos i t ion d u c imen t ma i s avec la finesse de mouture , l ' aéra t ion, la p r o p o r t i o n d 'eau de g â c h a g e , etc . P o u r mesu­re r le gonf lement d a n s des cond i t ions égales , il faudrait d o n c ne pas s ' as t re indre à u n e d u r é e u n i f o r m e de durcisse­m e n t , c o m m e Fa a d m i s le Congrès de C o p e n h a g u e , mais p lu tô t définir la d u r e t é que doi t p ré sen te r le c i m e n t au mo­m e n t de l'essai à l 'eau c h a u d e . J u s q u ' à p r é sen t o n ne s'est pas m i s d 'accord sur u n m o d e p r a t i q u e de vérif icat ion com­pat ib le avec le p rocédé Le Chate l ie r . On a p roposé , toute ques t ion de rés is tance à pa r t , d ' a d m e t t r e u n r a p p o r t fixe e n t r e la d u r é e d e conserva t ion avan t le chauffage e t la durée de la pr ise . Mais il a r r ive que celle-ci m ê m e n e puisse être dé t e rminée avec u n e a p p r o x i m a t i o n suffisante. De plus , la du re t é ne progresse pas de façon u n i f o r m e et p e u t ne pas être suffisante lo r sque la pr i se a été r ap ide . Enf in , la varia­t ion d u délai d ' a t t en te serai t telle que l 'essai n e serait pas appl icable p r a t i q u e m e n t . D 'après M. Fere t , le m i e u x est d ' en r even i r à la règle p roposée p r i m i t i v e m e n t pa r M. Le Chatel ier et qu i consis te à faire Fessai d a n s les vingt-quatre heu re s qui su iven t la fin de la pr ise ( 2 ) . Les pa r t i s ans de cet essai a d m e t t e n t donc u n e cer ta ine l a t i t ude d a n s la durée du du rc i s s emen t préa lable et pa r c o n s é q u e n t des var ia t ions dans le résu l ta t . Mais ils sont d 'av is q u ' e n p r a t i q u e celles-ci ne condu i sen t pas à fausser la conc lus ion , qu i est simplement d ' a d m e t t r e ou de re je ter le c i m e n t .

Les condi t ions d a n s lesquelles se fait Fébu l l i t i on n'exer­cent pas g r a n d e inf luence sur le r ésu l t a t de l 'opérat ion. La durée d e Fessai, fixée à six h e u r e s , p e u t ê t re r édu i t e à trois heures sans g r a n d i nconvén i en t , l ' ac t ion de Feau chaude é t an t t rès r ap ide ,sauf p o u r les c i m e n t s c o n t e n a n t u n e forte p ropor t ion de m a g n é s i e . La r èg le d u Congrès de Copenha­gue prescr i t de faire la m e s u r e finale après refroidissement du m o u l e . Il semble préférable de la faire à c h a u d , pour éviter l ' inf luence des déco l l emen t s .

E n s o m m e la flexibilité des mou le s et la du rée du dur­c i ssement p récédan t Fébul l i t ion son t les deux conditions p r inc ipa les d o n t u n e déf ini t ion insuff isante p e u t donner des d ivergences d a n s les résu l ta t s . C e p e n d a n t elles ne peuvent à elles seules exp l iquer les écarts é n o r m e s q u e l 'on a cons­tatés, n o t a m m e n t dans les essais faits en Al l emagne .

Ces écarts p e u v e n t ê tre a t t r ibués à des différences dans l 'état des c imen t s lors de Fessai . P u i s q u e le gonf lement est p r o d u i t p a r l ' h y d r a t a t i o n de cer ta ins é l émen t s , il est évident que , si cette h y d r a t a t i o n a p u avoir l ieu a v a n t Fessai, soit pa r Feau c o n t e n u e dans le c i m e n t , soit p a r F humid i t é de Fair, Je p rodu i t dev ien t s table . L ' i m p o r t a n c e d u gonflement cons ta té à Fessai d é p e n d d o n c d u t e m p s écoulé depuis la fa­br ica t ion d u c i m e n t et d u m o d e cle conse rva t ion de celui-ci,

!>) Mais il se p e u t qu'en fait il r é s i s t e m o i n s s'il cont i en t -p i :sd'étt-m e n t s gonf lant s .

(~) P o u r l e s produi t s , a s s e z rares , dont la fin d e pr ise d é p a s s e quarante-hu i t h e u r e s , le délai d 'attente s e r a i t a u g m e n t e r a i s ceci ne conce ne pas l e s c i m e n t s .

M a i LA HOUILLE BLANCHE 153

notamment de son expos i t ion à l 'air , de la t e m p é r a t u r e , etc. On a observé, m ê m e sur des c i m e n t s c o n t e n u s en boîtes sou­dées, des var ia t ions no tab les dan» l ' expans ion , selon la durée d'attente. D 'au t re pa r t , on a r e m a r q u é , ce qu i est p lus g rave , que dans cer ta ins c i m e n t s le g o n i l e m e n t a u g m e n t e après aération. La p rop r i é t é des c imen t s expansifs est d o n c très variable, mais cette var ia t ion ne peu t être i m p u t é e à la mé­thode et p rouve au con t r a i r e sa sensibi l i té .

A cette a r g u m e n t a t i o n , développée pa r les m e m b r e s fran­çais de l 'Association, les e x p é r i m e n t a t e u r s a l l e m a n d s oppo­sent le r a i s o n n e m e n t su ivan t : P u i s q u e l ' appare i l Le Chate-îier donne des résul ta ts va r i an t avec divers é l éments d o n t certains ne sont pas encore définis c o m p l è t e m e n t , il est re­connu que la p réc i s ion n ' e n est pas t rès g r a n d e . D 'au t re part, on admet que l'essai d o n n e des résul ta ts différents à divers états du c i m e n t . Dès lors, quel le est l 'u t i l i té d ' u n essai qui caractérise c o m m e expansif u n c i m e n t essayé peu de temps après sa fabr ica t ion , alors que le m ê m e c i m e n t est accepté si on a t t end que lques j o u r s avan t de l 'essayer, ou bien au cont ra i re a d m e t u n c i m e n t qu i , essayé p lus ta rd , deviendrait expansif. G o m m e n t faire accepter pa r le fabri­cant un refus qui peu t résul te r u n i q u e m e n t de la hâ te avec laquelle on a opéré , ou avoir conf iance d a n s u n essai q u i , répété, donne d ' au t r e s résul ta ts ?

Aux personnes dés intéressées , ces deux objec t ions para î ­tront ce r ta inement fort e m b a r r a s s a n t e s . A la p r e m i è r e on peut répondre sans dou te en d o n n a n t u n e défini t ion la p lus précise possible des cond i t ions de Pessai, ma i s l 'Associat ion ne l'a pas fait j u s q u ' à p r é sen t et il faut c r a i n d r e que l 'excès de précautions ne fasse p e r d r e à la m é t h o d e son carac tère pratique. Q u a n t à la ques t ion de var iab i l i té des p ropr ié tés du ciment, il est év iden t que Pessai ne p e u t r ense igne r que sur le produi t tel qu ' i l est au m o m e n t où on l 'essaie. Mais ce que demande le p ra t i c i en , c'est à savoir si le c i m e n t p ré ­senté doit être accepté ou refusé, ce qu i nécessi te le choix d'une valeur m a x i m a de l ' expans ion . Les m e m b r e s de la Commission cha rgée de l ' é tude des essais accélérés d ' inva­riabilité de vo lume o n t résolu la ques t ion de façon é légan te , en se met tant d ' accord p o u r la d i s t ra i re d u débat , ce qu i était leur droi t . Pas p lus q u e p o u r les au t res essais, il n ' a p ­partient à l 'Association d e fixer les chiffres à ob t en i r . C'est évidemment au c o n s o m m a t e u r à i n d i q u e r le gonf lement limite qu'il adme t selon la qua l i té d u p r o d u i t qu ' i l désire . Encore serait-il in té ressan t p o u r lu i de savoi r à quel état de conservation d u c i m e n t la va leur d o n t il fait cho ix doi t se rapporter. En Ang le t e r r e on a adop té d e u x va leurs d 'ex­pansion selon la durée d 'aéra t ion d u c i m e n t f 1 ) . Ce qu i a été dit ci-dessus de l ' ex t rême var iab i l i t é des p h é n o m è n e s expansifs m o n t r e i m m é d i a t e m e n t Pécueil de cet te m a n i è r e de procéder, car le gonf l emen t d é p e n d de n o m b r e u x élé­ments autres que le t e m p s .

Reste à examine r si Pessai à Peau c h a u d e ne fausse pas les réactions à tel p o i n t q u e ses résu l ta t s n e p e u v e n t déceler '«s produits d a n g e r e u x p o u r la p r a t i q u e , ou condu i sen t à écarter des c iments p a r f a i t e m e n t u t i l i sables .

Pour s'en r end re c o m p t e , l 'Un ion des fabr ican t s alle­mands de c iment P o r t l a n d a fait exécuter en 1896, de con­cert avec le laboratoire royal d 'essais des m a t é r i a u x de Gross uchterfelde (Berlin), su r d ix c i m e n t s d u c o m m e r c e , des es-

LANRWIST 5Sali-ons 1 1 0 m a l e * a n g l a i s e s e x i g e n t q u e l 'expansion à

c i i w x l f G H a l e l i e r n c d é p a s s e pas d ix m i l l i m è t r e s l or sque LE m è r * < - i t é ? / ? o s é à l ' a i r P é d a n t v inert-quatre h e u r e s et c inq mi l l i -ALLUIINN *' 1 JT G / p 0 S é s e p t - î ° u r s - L e s r è p l o s f rança i se s n e font a u c u n e OUMNÎN m * d , e x P ° s i u o n m a i s f ixent u n chiffre d 'expans ion p lus À la m e / s u l v a n t q" 1»! s 'agit de t ravaux ord ina ire s ou d e t ravaux

sais de va r i a t ion d e vo lume d 'après la m é t h o d e n o r m a l e à Peau froide et d ' après divers procédés accélérés à Peau chaude . En m ê m e t emps , elle faisait confect ionner , avec les m ê m e s c i m e n t s , des obje ts e n mor t i e r mou lé qu i , depuis lors, o n t été exposés à Pair l ibre . 11 a été r e c o n n u q u e tous ces c i m e n t s , qui ava ient satisfait à Pessai n o r m a l , se sont pa r f a i t emen t compor té s sans a u c u n gonf lement d a n s les objets soumis depu i s seize ans à l 'act ion des in t empér ie s , alors q u e les essais accélérés avaient d o n n é des résul ta t con­t radic to i res et m a u v a i s p o u r cer ta ins d ' en t re eux . De n o m ­breuses obse rva t ions faites sur des appl ica t ions p ra t iques de d ivers c i m e n t s on t d o n n é les m ê m e s résul ta ts . Dans d 'au­tres essais exécutés en Al lemagne , spéc ia lement à l 'aide de l 'apparei l Le Chate l ier , depuis le Congrès de C o n p e n h a g u e , on a r e c o n n u que , dans cer ta ins cas, cet i n s t r u m e n t a d o n n é des résu l ta t s acceptables alors que le c i m e n t gonl la i t forte­m e n t d a n s Peau froide et que les gon l l emen t s ind iqués é ta ient très var iables p o u r u n m ê m e c imen t . On en a conc lu que les essais à l 'eau chaude , n o t a m m e n t le procédé Le Cha­telier, sont peu sûrs et t r o p sévères et Pessai n o r m a l à Peau froide p l e i n e m e n t suffisant.

Sans aller j u s q u e là, cer ta ins expé r imen ta t eu r s font valoir que les c i m e n t s gonf lan t à Peau chaude ne s u p p o r t e n t pas un l o n g sé jour dans Pair sec et que , par conséquent , Pessai accéléré est ut i le p o u r les c imen t s des t inés aux t ravaux spé­ciaux tels q u e r evê t emen t s , bé ton a r m é , e tc . , exposés à Pair , mais n e l 'est pas p o u r les t r avaux ord ina i res , c o m m e le dé­m o n t r e la b o n n e t e n u e de maçonne r i e s cons t ru i t e s avec des c imen t s expansifs , r é su l t an t de la l en teur avec laquel le les réac t ions s 'opèrent d a n s la réal i té .

Tel n ' e s t pas Pavis des par t i sans d u procédé Le Chate l ier . Il n 'y a pas , se lon e u x , g r a n d inconvén ien t à écarter des c imen t s gonf lants don t l ' emploi pour ra i t ê t re toléré e t il y a tout a v a n t a g e à obl iger les fabr icants à p rodu i r e des c imen t s mei l l eurs , ce qu ' i l s peuven t faire sans a u g m e n t a t i o n sen­sible d u p r ix de rev ien t . P a r cont re , il serait r egre t tab le de se lier à u n essai insuffisant .

P o u r é luc ider ce dern ie r po in t , ils on t soumis à Pessai Le Chate l ie r des c imen t s add i t ionnés d ' é léments expansifs . On a r e c o n n u que le procédé en décèle la présence , sauf pour le sulfate de c h a u x Au sujet de celui-ci , o n serai t m ieux r e n s e i g n é en m e s u r a n t non seu lemen t le gonf lement à c h a u d , ma i s é g a l e m e n t le gonf lement préalable dans Peau froide.

En s o m m e , Pessai Le Chate l ie r d e m a n d e à être perfec­t ionné et précisé , p o u r a u t a n t que la chose soit possible sans t rop le c o m p l i q u e r , mais il n 'y a pas lieu de le rejeter . C'est ce q u e le Congrès de New-York a admis en refusant de re t i re r la réso lu t ion d u Congrès de C o p e n h a g u e , tou t en r econna i s s an t l 'u t i l i té de nouvel les r echerches .

111. — BETON ARME.

Des spécialistes é m i n e n t s on t affirmé et répété à Penvi que le bé ton a r m é est un matériau. La s ingu la r i t é d e ce sin­gul ier ( 2 ) est peu t -ê t re vou lue , ma i s il n 'é ta i t sans doute pas nécessaire d'offenser la g r a m m a i r e pour r econna î t r e au bé­ton a r m é des p ropr ié tés spéciales, comparab l e s à celles d ' u n e mat iè re h o m o g è n e . L 'op in ion est d 'a i l leurs contes table . Le béton a r m é n 'es t pas u n al l iage, ni u n m é l a n g e , n i u n e c o m b i n a i s o n . E n fait, l o r squ 'on u n i t le métal au bé ton ,

(*) On a t t r ibue ce fait à ce que le s u l f o a t u m i n a f e de c h a u x , qui e s t Tarent pr inc ipal du g o n f l e m e n t , s e dé tru i t v e r s 48°, nu bien exijre la d i s so lut ion préa lab le du suï a i e qui e s t p lus faible à chaud qu'à froid.

(Î) n f»st p e r m i s de croire q u e le s i n g u l i e r de m a t é r i a u x sera i t matérial. a n c i e n n e f o r m e de matér ie l fdù latin materialis, dériva de maferia, m a t i è r e ) , e t qui s e r e t r o u v e te l l e q u e l l e en a l l e m a n d et en a n g l a i s .

154 LA HOUILLE BLANCHE

on crée u n e construction tout c o m m e en a r m a n t cle fer, le bois, la foule ou la m a ç o n n e r i e . Il se conçoit donc que l 'As­sociat ion in te rna t iona le oour l'essai des matériaux, d o n t l 'activité s'est géné ra l emen t exercée d a n s les études de la­bora to i re , ait pu hésiter à m e t t r e à son p r o g r a m m e , déjà si cha rgé , cet objet nouveau .

C'est au Congrès d e Bruxel les qu 'e l le s'y est décidée. Con­f o r m é m e n t à celte résolut ion, le Comi té d i rec teur a ins t i tué e n T 9 o 7 une c o i m n i s s i o n in t e rna t iona le p o u r T é t u d c d u béton a r m é . Présidée d ' a t n r d par M. Considère , inspecteur généra l des " Ponts el Chaussées à Par i s , elle est depuis T qoS p J aeéc sous la d i rec t i on de M. Sel i (île, professeur à l 'Ecole po ly techn ique et d i rec teur d u Laboratoire fédéral d'essai de matériaux, de Zur ich , oui a présenté en son n o m au Congrès de C o p e n h a g u e , puis à celui de New-York, u n rappor l d ' ensemble a c c o m p a g n é des con t r ibu t ions de quel ­ques m e m b r e s .

En lui confiant l 'é tude d u béton a r m é , l 'Association inter­na t ionale a ouvert à cette commiss ion u n c h a m p immense . Aussi ses t ravaux n 'onl- i ls eu j u s q u ' à présent q u ' u n carac­tère p ré l imina i r e . Les éeueiîs à éviter 1 étaient n o m b r e u x : Une association scientifique doi t avoir p o u r objet des é tudes d 'ordre généra l . Elle doit exclure de ses dél ibérat ions tout ce qui peut m a r q u e r une préférence ou condui re à con­clure en faveur d 'un sys tème d é l e r m i n é . Il ne pouvait , no­t a m m e n t , être quest ion p o u r elle d ' examine r la valeur re ­lative de types spéciaux d ' a r m a t u r e s . N'étant pas chargée de résoudre des p rob lèmes de cons t ruc t ion , elle ne pouvai t non plus envisager des cas d 'appl ica t ion qui relèvent de Par t du cons t ruc teu r . D'au Ire par t , l ' é tude des propriétés des maté r iaux (béton et méta l ) considérés isolément , ne con­cernai t la commiss ion d u béton a r m é (pie dans la mesure où ils sont d i r ec t emen t uti les au calcul de ce genre de cons­t ruc t ions . En fait, elle aura i t pu , en se b o r n a n t à l 'objet

p r inc ipa l de l 'Associat ion, l imi te r ses r eche rches aux mé-thodes d'essai du bé ton a r m é . EUe n 'a pas cru devoir le faire et a considéré l ' é tude expé r imen ta l e , non seulement dans sa forme, ma i s dans son obje t .

Il devena i t alors fort difficile d 'en l imi te r le cadre . Les

recherches de laboratoi re doivent , p o u r le béton a r m é , s'ap­

p l ique r à des pièces d ' u n e cer ta ine i m p o r t a n c e . Pour se

r a p p r o c h e r davan t age de la réal i té , iJ para i t utile de réaliser

des cond i t ions d ' encas t r emen t , de coït li nui lé, de charge­

men t , e tc . , ana logues à celles des cons t ruc t ions complètes.

On en v ient ainsi à vouloir é tudier les cons t ruc t ions exis­

tantes e l les-mêmes, ce qui ne peut se . fa i re que sous faib'c

cha rge , lors des épreuves de récept ion , ou en t i r an t parti

des acc idents .

Le p r o g r a m m e ainsi élargi est très vaste , m a i s on doit r econna î t r e que , m ê m e l imi té aux études de laboratoire , il ne serait guère p lus abordab le . L'Associat ion internationale ne dispose, en effet, ni d ' un labora to i re , ni m ê m e d ' un bud­get suffisant p o u r lui p e r m e t t r e d 'a ider ses m e m b r e s dans leurs essais .Lorsqu ' i l s 'agit de m a t é r i a u x cou ran t s tels que les c imen t s , les mé t aux , e tc . , qui sont p résen tés en abon­dance p o u r subi r des épreuves de récep t ion , les expérimen­tateurs ont ma in tes occasions de pou r su iv r e des études d'or­dre scientifique ; ma is , avec le béton a r m é , il faut, pour procéder à un essai, réal iser spéc ia l emen t p o u r cet objet des cons t ruc t ions ou des disposit ifs coû teux . Il va donc de soi que l 'Association ne pouva i t g u è r e faire œ u v r e d'initiative ni m ê m e de consei l . La commiss ion aura i t p u avoir comme tache essentielle d e g r o u p e r les résul ta ts o b t e n u s , mais elle a été précédée dans celte voie pa r de n o m b r e u s e s publica­t ions . Aussi, n 'est-il pas é t o n n a n t que , j u s q u ' à présent , son activité se soit d i r igée su r des sujets spéc iaux d o n t il sera ques t ion c i -après . (A suivre.)

REVUE DES SOCIETES SAVANTES ET DES PUBLICATIONS TECHNIQUES

A C A D É M I E D E S S C I E N C E S

MÉTALLURGIE . S U R la fragilité produite dans les fers et aciers par

déformation à différentes températures. — Note de M . G e o r g e s C I I A U P Y . Séance du 2 février 191-4.

On .sait que le travail absorbé par la rupture d'un barreau de fer ou d'acier varie avec la température à laquelle est effectuée cette rupture el passe généralement par un minimum avant d'at­teindre la température du rouge ; c'est ce qu'on appelle souvent le phénomène de la fragilité au bleu, quoique la température du maximum de fragilité soil, pour la plupart des aciers, de 45o° à /17a", c'est-à-dire nettement supérieure à celle où le mêlai se co­lore en bleu par recuit. Un antre phénomène du même genre est constitué, par ce qu'on appelle souvent la fragilité après tra­vail au bleu ; on a signalé, en effet, à diverses reprises, que cer­tains aciers étaient devenus très fragile* après avoir subi, entre 3oo° ef 4oo \ une déformation qui, à d'autres températures, n'au­rait fias altéré notablement leurs propriétés.

Les données obtenues jusqu'ici à ce sujet sont peu nombreuses et d'ailleurs contradictoires. Par exemple, M M . Onnv et B O X N E T

ont observé des augmentations considérables de fragilité par tra­vail à chaud, tandis que .M. D E S . H ziuin, opérant, il est vrai, sur des aciers doux très purs et préalablement trempés, n'a obtenu que des variations très minimes ; il serait cependant très'impor­tant d'élucider cette question, car les résultats fournis par son

étude pourraient conduire à modifier profondément les habitudes usuelles -dans le travail des métaux ferreux, en proscrivant toute déformation à certaines températures considérées comme critiques.

M, G. CiunrY a effectué, à ce sujet, diverses expériences dans lesquelles il a cherche à séparer plus complètement qu'on ne Lavait fait jusqu'ici les principales variables, savoir : la nature et la grandeur de la déformation, la température et la nature ik l'acier employé. Dans une première série, actuellement terminée, il a soumis des barreaux à deux flexions successives, égales el de sens contraire, de façon à les ramener finalement à leur forme primitive, en opérant à diverses températures comprises entre o° cl 4 o o \ Les barreaux étaient ensuite soumis, dans la région déformée, à l'essai de choc sur entaille au moyen de l'appareil dit mouton-pendule, qui permet de déterminer le travail absorl»; par la rupture (ou résilience, dont les variations sont inverses de celles de la fragilité). Ces essais semblent déjà permettre quel­ques conclusions. On a vérifié d'abord que, ainsi qu'il était "fa­cile de le prévoir, la diminution de résilience produite sur un métal donné à une température déterminée était d'autant plu* marquée que la déformation était plus grande ; on a constate en second lieu, que pour un même métal, soumis à une nicine déformation à diverses températures, rabaissement de la rési­lience croît d'abord à mesure que la température s'élève, atteint un maximum aux environs de 2 0 0 ° , et décroît ensuite aux tem­pératures supérieures. Cette température défavorable ne coïncide donc nullement avec celle du maximum de fragilité à chaud, qui est de prés de 2 0 0 0 plus élevée. Par contre, elle paraît cor-