espérance des fragilités · 2014. 5. 27. · gaudium et spes 24/1 dieu qui veille paternellement...
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« Ce trésor nous le portons dans des vases d’argile pour que cette incomparable puissance soit de Dieu et non de nous. Pressés de toute part, nous ne sommes pas écrasés ; dans des impasses, mais nous arrivons à passer. » Deuxième lettre de saint Paul aux Corinthiens (4,8)
L’espérance au cœur des fragilités
L’espérance au cœur des fragilités 3
Présentation ......................................................................................... Page.3
Fiche 1 Repérons les fragilités territoriales et ecclésiales.................................................................. Page.7
Fiche 2 Regardons les mécanismes qui fabriquent des fragilités et traversent nos sociétés ................................................................. Page.9
Fiche 3 Puisons dans l’expérience biblique .............................................. Page.13
Fiche 4 Puisons dans l’expérience associative et ecclésiale.................................................................... Page.19
Fiche 5 Entrons dans un agir pastoral....................................................... .Page.23
Sommaire
L’espérance au cœur des fragilités 5
Le Carrefour de l’Eglise en RuralLe Carrefour de l’Eglise en Rural (CER) est une plate-forme qui regroupe des instances d’Eglise (mouvements, congréga-tions et instituts religieux, services d’Eglise, vicaires épisco-paux) investies dans le rural. Dans la tradition de l’Action catholique, les membres du CER témoignent de la Bonne Nouvelle de Jésus-Christ, en s’impliquant dans les territoires ruraux avec un parti pris d’Espérance. Le CER se veut un lieu de recherche, de communication et de formation.
Au terme de trois années de travail autour des fragilités, le CER vous propose un travail de synthèse qui peut permettre de prolonger la réflexion.
Le monde sent son avenir fragile et l’Eglise elle-même se sent fragiliséeNous vivons un bouleversement général dans ce qui structure notre vie humaine. Nous entrons dans un monde nouveau ; mais ce passage produit de nombreuses fragilités… au cœur de ce monde incertain, dans une société qui manque de points de repères, que faire ? Que dire ? Quoi imaginer ? N’y a-t-il pas urgence à conjuguer les réflexions et analyses humaines et les apports que nous propose la foi chrétienne ?
Cinq fiches de travail
• Fiche 1 : repérons les fragilités territoriales et ecclésiales• Fiche 2 : regardons les mécanismes qui fabriquent des fragi-lités et traversent nos sociétés• Fiche 3 : puisons dans l’expérience biblique• Fiche 4 : puisons dans l’expérience associative et ecclésiale • Fiche 5 : entrons dans un agir pastoral
Méthode
Ces fiches peuvent être travaillées sur une soirée ou lors d’un cycle de formation. Elles sont progressives. A titre indicatif, chaque fiche nécessite une durée de deux heures minimum.
DémarcheAvant d’entrer dans la réflexion nous redisons le fondement théologique d’une démarche qui est la nôtre, basée sur l’at-tention à la vie :
L’attention à la vieL’attention à la vie n’a pas pour finalité une analyse sociale ou même politique (même si elle en comporte des éléments). Elle doit nous permettre de discerner les signes du Royaume, car Dieu est à l’œuvre en ce monde. « Le règne de Dieu est tout proche de vous » disait Jésus au début de son ministère. Son Es-prit d’amour a été répandu sur l’humanité et travaille le cœur des hommes. Il nous précède sur les routes humaines et nous nous efforçons de l’y rejoindre. Cf. Gaudium et Spes n°2/2 et 11/1(voir annexe 1)
Le mystère de la Création La création, œuvre de Dieu, est le lieu qui nous est donné pour discerner comment se réalise le dessein de Dieu concer-nant la dignité de l’homme et la construction de la commu-nauté humaine. Cf. Gaudium et Spes n° 24/1 et 37/4 (voir annexe 2)
La foi en un salut apporté par Jésus-ChristTout part du Christ. Par le sacrifice de la Croix, Il nous libère du mal et du péché et nous ouvre une espérance de Vie. Cf. Gaudium et Spes n°22/4-5 et 39/3 (voir annexe 3)Ce mystère est d’abord celui de la Croix : l’affrontement et la lutte contre le mal comme le Christ lui-même l’a vécu tout au long de sa vie ; refuser de se compromettre avec le mal parce qu’il défigure l’humanité. Cette lutte se décline de bien des manières : de la compassion, comme Mère Teresa, à la dénonciation et la lutte contre le mal dans l’action sociale, ou encore à l’éducation au bien et au mal… Mais ce mystère est aussi celui de la Résurrection et de l’es-pérance qu’elle apporte : quand l’homme se remet debout, quand il est debout malgré les épreuves, quand il base son action sur la confiance en un monde meilleur, lorsque le par-don et la réconciliation surviennent,… Tout cela est porté par l’attente de « la Terre nouvelle et des cieux nouveaux ».
Présentation
6 L’espérance au cœur des fragilités
Annexe 1
Gaudium et Spes 2/2
Le monde que le Concile a ainsi en vue est celui des hommes, la famille humaine tout entière avec l’univers au sein duquel elle vit. C’est le théâtre où se joue l’histoire du genre humain, le monde marqué par l’effort de l’homme, ses défaites et ses victoires. Pour la foi des chrétiens, ce monde a été fondé et de-meure conservé par l’amour du Créateur ; il est tombé, certes, sous l’esclavage du péché, mais le Christ, par la Croix et la Ré-surrection, a brisé le pouvoir du Malin et l’a libéré pour qu’il soit transformé selon le dessein de Dieu et qu’il parvienne ainsi à son accomplissement.
Gaudium et Spes 1/1
Mû par la foi, se sachant conduit par l’Esprit du Seigneur qui remplit l’univers, le Peuple de Dieu s’efforce de discerner dans les évènements, les exigences et les requêtes de notre temps, auxquels il participe avec les autres hommes, quels sont les signes véritables de la présence ou du dessein de Dieu. La foi, en effet, éclaire toutes choses d’une lumière nouvelle et nous fait connaître la volonté divine sur la vocation intégrale de l’homme, orientant ainsi l’esprit vers des solutions pleine-ment humaines.
Annexe 2
Gaudium et Spes 24/1Dieu qui veille paternellement sur tous, a voulu que tous les hommes constituent une seule famille et se traitent mutuelle-ment comme des frères.
Gaudium et Spes 37/4
« L’homme peut et doit, en effet, aimer ces choses que Dieu lui-même a créées. Car c’est de Dieu qu’il les reçoit : il les voit comme jaillissant de Sa main et les respecte. Pour elles, il remercie son divin Bienfaiteur, il en use et en jouit dans un esprit de pauvreté et de liberté…
Annexe 3
Gaudium et Spes 22/4-5
Certes, pour un chrétien, c’est une nécessité et un devoir de combattre le mal au prix de nombreuses tribulations et de subir la mort. Mais, associé au mystère pascal, devenant conforme au Christ dans la mort, fortifié par l’espérance, il va au-devant de la résurrection.Et cela ne vaut pas seulement pour ceux qui croient au Christ, mais bien pour tous les hommes de bonne volonté, dans les-quels, invisiblement, agit la grâce. En effet, puisque le Christ est mort pour tous et que la vocation dernière de l’homme est réellement unique, à savoir divine, nous devons tenir que l’Esprit Saint offre à tous, d’une façon que Dieu connaît, la possibilité d’être associés au mystère pascal.
Gaudium et Spes 39/3
Car ces valeurs de dignité, de communion fraternelle et de liberté, tous ces fruits excellents de notre nature et de no-tre industrie, que nous aurons propagés sur terre selon le commandement du Seigneur et dans son Esprit, nous les retrouverons plus tard, mais purifiés de toute souillure, il-luminés, transfigurés, lorsque le Christ remettra à son Père un Royaume éternel et universel, royaume de vérité et de vie, royaume de sainteté et de grâce, royaume de justice, d’amour et de paix.
L’espérance au cœur des fragilités 7
Repérons les fragilités territoriales et ecclésiales
Fidèles à notre attention à la vie, nous commençons par regarder les fragilités de nos territoires.
Fiche 1
Nous vous proposons de réfléchir à partir d’un apport de Joël Morlet, diplômé en sociologie, formateur à l’Institut Catholique de Paris, prêtre et vicaire général du diocèse de Châlons en Champagne.
1er temps
En rural, lorsque nous parlons de fragilités, de quoi parlons-nous ?1) Tempête de cerveau : chacun est invité à nommer sur son territoire trois fragilités repérées 2) L’animateur lit les points de repères de Joël Morlet (an-nexe 4)3) Temps d’échange sur ce point.
2e temps
En rural, lorsque nous parlons de fragilités ecclésiales, de quoi parlons-nous ? (Veiller à discerner de quel type de fragilité : évangélique ou institutionnelle)1) Tempête de cerveau : chacun est invité à nommer trois fragilités qu’il rencontre2) L’animateur lit les points de repères de Joël Morlet (an-nexe 5)3) Temps d’échange sur ce point.
3e temps 1) Voyons-nous des interactions entre fragilités territoriales et ecclésiales ? (annexe 6)2) Chacun peut exprimer la découverte et la question qui l’ont marqué.3) Pour aller plus loin, possibilité de faire une cartographie précisant les potentialités et les faiblesses de votre territoire
4e temps
Texte méditatifReprendre la feuille de présentation en l’exprimant sous for-me de prière :
Seigneur, rends nous attentifs à la vie de notre territoire…Seigneur, donne nous de savoir discerner les signes de ton Royaume, toi qui es toujours à l’œuvre dans ce monde…Seigneur, donne nous comme toi, la force de l’affrontement et de la lutte contre le mal, de refuser toute compromission…Seigneur, merci pour ta création…
8 L’espérance au cœur des fragilités
Annexe 4
Fragilités ruralesJoël Morlet
…Lorsqu’on parle de fragilités en rural, on évoque sans doute davantage des fragilités liées à un territoire. Depuis qu’existent des spécialistes de l’aménagement du territoire (depuis la se-conde guerre mondiale), ont été déterminés des facteurs « struc-turels », indices de forces ou de faiblesses, à partir desquels s’éva-luent les fragilités d’un territoire. En voici quelques-uns :• La population : sa densité, ses variations, son vieillisse-ment ; par exemple, un territoire de faible densité avec une population plutôt âgée et en hémorragie est en mauvaise pos-ture. Mais à l’inverse une arrivée de population peut créer des déséquilibres.• L’activité économique : sa répartition entre les secteurs pri-maires (agriculture et mines), secondaire (industriel), tertiaire (services,..) ainsi que les chiffres de l’emploi et du chômage ; par exemple, un chômage important mais aussi la concentra-tion des emplois sur un seul secteur sont des indices négatifs.• Les infrastructures de communication et de transport ; par exemple, l’enclavement est pour le territoire une donnée défavorable.• Les équipements commerciaux et publics (scolaire, spor-tifs, culturels,…) ; ainsi la faiblesse des équipements entraîne une faible attractivité.• L’état de l’habitat et les disponibilités locatives sont aussi des indices de bonne ou mauvaise capacité attractive.• Le niveau scolaire et le niveau de revenu des habitants : indices de la présence de capitaux culturels et économiques, ils sont des signes de vitalité potentielle s’ils sont élevés….
Annexe 5
Fragilités ecclésialesJoël Morlet
• Il faut sans doute déjà déterminer de quel type de fragilité ecclésiale on parle : évangélique ou institutionnelle. Il y a ma-tière à débat sur la manière dont elles coïncident ou ce qui les distingue, voire peut les opposer. Les critères de la réussite sociale sont-ils ceux de la réussite évangélique ? Dans quelle mesure le nombre de participants à un grand rassemblement est-il le signe d’une avancée du Royaume de Dieu ?
• Si l’on s’en tient aux fragilités institutionnelles, celles aux-quelles le sociologue est le plus habitué, on peut déjà penser
aux fragilités héritées de l’histoire : l’implantation de l’Eglise catholique n’est pas la même partout en France depuis fort longtemps et nous connaissons les diocèses aux troupes consé-quentes et ceux aux maigres effectifs. Mais actuellement les mêmes processus sont en cours partout et conduisent à repérer une fragilité radicale : « la fin d’un ca-tholicisme ». Cela ne signifie pas la fin de toute manifestation ou créativité religieuse mais sans doute la fin ou plutôt la transfor-mation radicale d’une forme institutionnelle de l’Eglise. Faut-il s’étendre sur les différents indices (croyance en Dieu, confiance dans les Eglises …) dont la baisse de la « pratique religieuse » est le plus connu ? Cette transformation institutionnelle est en cours sans doute mais ses manifestations sont encore dispersées et… fragiles… mais porteuses d’espérance.
• L’Action catholique rurale est traversée par les fragilités dont nous venons de parler, mais elle subit aussi d’autres fragilisa-tions qui sont liées, me semble-t-il, à l’affaiblissement d’une forme de militantisme liée à l’époque précédente et à une pro-position qui lie l’Evangile à une territorialisation alors que nous connaissons une grande mobilité : la volonté d’apparte-nance au monde rural est-elle un fondement pour l’annonce de l’Evangile ou simplement une condition sociale à prendre en compte pour cette annonce ?
Annexe 6
Fragilités rurales et ecclésiales Joël Morlet
Pouvons-nous maintenant regarder comment sont liés les deux types de fragilités ?
• Il est évident qu’un certain nombre de fragilités ecclésiales institutionnelles sont le fruit de fragilités rurales : comment faire vivre un mouvement de jeunes là où les jeunes sont ab-sents ? comment faire vivre un dynamisme dans un pays en pleine hémorragie d’habitants ?
• Les fragilités ecclésiales handicapent en retour les dynamis-mes possibles en terme d’acteurs pour un développement in-tégral de chaque homme et de tous les hommes. L’Eglise est une force sociale comme les autres et elle peut manquer à la société là où elle disparaît. Ce qui accentue cet aspect est le fait que l’Eglise catholique a tendance à se polariser sur ses fra-gilités internes et notamment la pénurie de prêtres : c’est un phénomène sociologique bien connu pour les organisations. Lorsqu’elles se sentent menacées, les objectifs d’institution peuvent prendre le pas sur les objectifs de mission.
Fiche 1
L’espérance au cœur des fragilités 9
Fiche 2
Regardons les mécanismes qui fabriquent des fragilités et traversent nos sociétés
Après avoir repéré ensemble les fragilités territoriales et ecclésiales, il s’agit maintenant de les resituer dans les changements de société qui sont en train de s’opérer. Ceci, afin de discerner les défis que nous sommes appelés à relever.
Nous vous proposons de réfléchir à partir d’un apport de François Boursier, historien, enseignant à l’université catho-lique de Lyon, conseiller technique dans une fédération asso-ciative, chargé des politiques de lutte contre l’exclusion.
1er temps
Lecture de l’annexe 7 : « regard sur les mécanismes qui fabri-quent de fragilités et traversent nos sociétés ».• A quoi ai-je été le plus sensible ?• Qu’est-ce qui éclaire les situations locales évoquées lors de la première rencontre ?
2e temps
Lecture de l’annexe 8 : « des défis aujourd’hui qui donnent le goût de l’avenir »• A quoi ai-je été le plus sensible ?• Qu’est-ce qui éclaire les situations locales évoquées lors de la première rencontre ?
3e temps Temps de prière (texte du Père Dagens, évêque d’Angoulême)
« Alors, Seigneur, à ces heures d’épreuves et d’écrasement,Apprends-nous à regarder en face les échecs qui marquent notre vie d’hommes,d’hommes engagés au service de ton peuple, de ton Corpset sûrs d’être intimement associés à tes luttes et à ta Passion.Rappelle-nous que nous travaillons à la manière des apôtres,Simon-Pierre, Paul et les autres,souvent accablés, mais pas découragés, et fiers, malgré nos dé-faillances humaineset malgré les faiblesses de notre Eglise,oui fiers, d’être investis de cette charge.Cette charge qui fait parfois souffrir, Mais qui fait vivre aussi…..Parce que le Royaume de Dieu est comme les semailles :il n’en finit pas de commencer,de disparaître en terre et de germer !Réjouis-toi parce que ta vie a été semée en terre humaine,et qu’elle porte du fruit, bien au-delàde ce que tu avais imaginé ! »…
10 L’espérance au cœur des fragilités
Annexe 7
Regard sur les mécanismes qui fabriquent des fragilités et traversent nos sociétés François Boursier
Nous vivons un bouleversement général qui produit une fra-gilité généralisée de nos sociétés. Celle-ci a perdu ses cadres et ses repères. Sur ces questions de fragilité, nous sommes à l’articulation du sociétal et de l’individuel.
1. La perte du cadreNous vivons un temps mondial nouveau fait de bouleverse-ments d’incertitudes et de dangers qui se conjuguent avec ce formidable mouvement de la mondialisation, de la globalisa-tion des affaires du monde.
La mondialisation est notre nouvel horizon de pensée et peut être notre « horizon d’attente ». Un « temps mondial » nouveau. Si le « temps mondial est avant tout un imaginaire » (Voir les travaux de Zaiki Laïdi chercheur au CERI, IEP de Paris), il y a cependant l’idée qu’il existe une nouvelle dynamique du monde, faite d’enchaînements de faits et de situations inédi-tes. « Le moment où toutes les conséquences géopolitiques et cultu-relles de l’après guerre froide s’enchaînent avec l’accélération des processus de mondialisation économique, sociale et culturelle ». C’est l’interaction des deux processus qui est nouvelle.
Il faut prendre en compte la fin de la guerre froide et la dis-parition d’une géopolitique du sens. Une nouvelle gram-maire des civilisations s’impose (à partir de Fernand Braudel) entre universalité et replis identitaires. Une géopolitique des passions qui produit un monde dangereux et incertain. C’est dans ce contexte qu’il nous faut repérer les fragilités qui tra-versent nos sociétés.
La mutation technologique, la sortie du monde industriel qui se traduit par le développement d’un capitalisme finan-cier et la fin des économies industrielles, la logique de flux, les technologies nouvelles, et une nouvelle économie des images et des écrans. Tout ceci produit un rapport au réel complexe au sein duquel l’émotion devient un nouveau vecteur de no-tre rapport au monde.
2. De nouvelles trajectoires de vie qui révèlent des fragilisationsNous vivons dans une société des individus marquée par la perte de « la groupalité ». C’est le temps de l’individualisme négatif et de la solitude. Nous avons rompu les appartenances
qui étaient les nôtres (Famille, Eglise, Syndicats, Mouvements etc.). L’émotion devient le vecteur central de notre rapport au monde. C’est le culte de la performance, l’impératif d’être soi et son pendant qui touche de plus en plus de personnes dans nos sociétés : la dépression, la subjectivisation de l’utopie. Une société liquide et des flux qu’évoque Zygmunt Baumann.
La fin d’un mondeNous reprenons ici les travaux de la sociologue des religions, Danielle Hervieu Léger. Celle-ci pour qualifier les transfor-mations de nos sociétés, préfère le mot d’ultra modernité à celui de post modernité. Pour celle-ci il y a continuité, la nou-veauté procédant de l’accélération extrême du changement. Elle parle d’une mutation culturelle que nous sommes en train de vivre et qui bouleverse de fond en comble l‘armature symbolique de notre société.
Les composantes essentielles de cette ultra modernité sont : • L’affirmation de la composante psychologique de la moder-nité qui donne à l’individualisme contemporain sa tonalité particulière. Sur le plan religieux, cela donne « Une recomposi-tion décisive des besoins spirituels sous le signe de l’intériorité et de l’intensité personnelle » (Yves Lambert, historien, Dieu change en Bretagne, écrit en1985). • La transformation du rapport au temps et à l’espace qui se traduit par un double mouvement de raccourcissement des temporalités et d’élargissement des spatialités qui confronte les individus à « l’instantanéisation » de leurs expériences. Ici se joue la modification de notre rapport au temps : crise de l’ave-nir, rapport au passé qui devient le « lieu de mémoire » et enfer-mement dans le présentisme (ici, maintenant, tout de suite).
• La transformation qualitative du rapport à la nature qui, au-delà de la simple artificialisation, bouscule la définition des frontières entre humain et non humain, animé et inerte etc. (exemple des manipulations génétiques).
• La contractualisation généralisée des relations sociales dans tous les domaines qui met en cause l’idée que ces liens puissent avoir une autre légitimité que la volonté des individus : « On parachève ici l‘arrachement du principe d’autorité à toute transcen-dance » écrit Hervieu Léger. Dans tous les domaines le relation-nel prend le pas sur l’institutionnel et nourrit puissamment les représentations d’une vie. Cette contractualisation conduit à une société en crise au regard de la transmission : celle-ci se manifeste par la crise des institutions et la crise de l’autorité. Le fondement de cette difficulté est à rechercher dans la crise de notre rapport au temps qui débouche sur la surchauffe du présent, le culte de l’immédiateté, de l’urgence. C’est ici qu’il faut introduire le constat d’une société qui vit à l’ère du « Tous victimes ».
Fiche 2
L’espérance au cœur des fragilités 11
3. La crise du travailNotre monde est passé insensiblement de la culture du travail qui procurait sens et sécurité à chacun (dans un contexte de crise de ce dernier : chômage, précarité, pauvreté et exclusion) à celle de la consommation qui devient notre seul horizon. Ce changement de paradigme est à prendre en compte : nous sommes devenus collectivement une société rassasiée.
Qu’est ce qui a changé fondamentalement ? D’abord, la no-tion de temps a été bouleversée. Nos grands-parents, en 1914, avaient une espérance de vie moyenne de 500 000 heures. Ils travaillaient 200 000 heures. Aujourd’hui, l’espérance de vie est passée à 700 000 heures mais on ne travaille plus, en moyenne, que 67 000 heures. Cela veut dire, que temps de sommeil dé-duit, le Français, dispose en moyenne de 400 000 heures pour des loisirs ou des activités diverses. C’est l’explosion du temps libre. Cela explique notamment que l’on investisse massive-ment dans la maison. Cela ne fera que s’accentuer.
Le sentiment de déclassement exprimé par la société française est un autre aspect de cette crise du travail. La pauvreté et la précarité vécues entre sentiment réel et représentation. Nom-breux sont ceux qui vivent un sentiment de déclassement exprimé par la société française, où l’idée et la promesse de la promotion sociale ont été remplacées par la peur du « des-censeur social ». Ce sentiment nous envahit et nous donne à penser que nos enfants auront une vie moins bonne que la nôtre. La pauvreté est de retour avec la précarité vécue. Le social apparaît éclaté et la solidarité moins pertinente.
4. Des individus plus mobilesLes gens sont aussi plus mobiles. Nos grands-parents effec-tuaient, en moyenne, 5 km par jour. À pied, le plus souvent. Aujourd’hui, les déplacements quotidiens moyens s’élèvent à un peu moins de 45 km dont 30 km dans le proche périmètre de son lieu de vie, et à 40 % seulement pour des trajets travail/domicile. Le reste du kilométrage, 15 en moyenne, concerne les déplacements de week-end ou de vacances.
Paradoxe, les personnes les plus mobiles sont les femmes d’agri-culteurs. Dans des agglomérations qui font désormais une tren-taine de kilomètres de diamètre, en moyenne, l’objectif des actifs est d’habiter à moins d’une heure de son travail. Attention ! La mobilité n’est pas la migration. Nos grands-parents montaient à Paris pour faire leur vie et n’en bougeaient plus. A contrario, 4 millions de Français ont changé de région au cours des dix derniè-res années. C’est considérable. 50 000 retraités quittent la capitale chaque année. C’est pourquoi dans les cantons où les résidences secondaires sont les plus nombreuses, on crée le plus d’emplois, généralement par les enfants qui ont découvert la région avec leurs parents et ont choisi de s’y installer. Or, généralement, on
juge le phénomène des résidences secondaires de manière néga-tive. On considère que cinq retraités créent un emploi.
5. La métamorphose des territoiresNouvelles inégalités et nouvelles mobilités, une France plus homogène et des territoires plus divisés. Les territoires fragiles sont autant en milieu urbain que rural.
6. Nous vivons dans une société de défianceUne crise du système démocratique : la défiance s’installe et tend à devenir soupçon. Pourquoi ? Nous sommes face à une crise du politique. C’est la crise du politique comme défiance. c’est « la société d’éloignement » évoquée par Michaël Walzer. Nous constatons que les pays où la confiance envers les gou-vernants est la plus forte sont les pays où la confiance entre les individus est aussi la plus forte (66,5 % des Danois font confiance à leur concitoyens et seulement 22,2 % des Fran-çais font confiance à leurs concitoyens).
La crise du modèle politique français se manifeste à travers quatre crises de la représentation politique : divorce consommé entre les citoyens et leurs représentants, l’impossible transcription du social éclaté en politique, le sentiment de dépossession démo-cratique et le discrédit des politiques. Pour appréhender la vie démocratique il faut mettre en évidence les deux scènes fonda-mentales de l’action politique. La vie politique électorale avec les élections qui donnent légitimité, et le principe de la démocratie représentative avec ses mandats confiés aux candidats élus. Ce qui suppose notre participation électorale. Et nous savons que l’abstention devient un phénomène majeur de la vie politique.
Nous sommes en présence de l’instance d’organisation de la confiance. Mais à côté de cet espace central de la vie politique, il est nécessaire de penser les interventions citoyennes face aux pouvoirs : c’est la mise à l’épreuve permanente des gouvernants, les pouvoirs de surveillance, et les formes d’empêchements de cet exercice du pouvoir que nous pouvons développer (grève, mani-festations etc.). Il s’agira ici d’organiser l’espace de la défiance.
7. Tension entre universalisme et replis identitairesIci est l’enjeu d’un dialogue des cultures. Notre monde reste marqué par une tension entre universalisme et replis identitai-res, la question de l’immigration qui devient un impératif, celle du dialogue des cultures qui devient une exigence. On parle de diversité culturelle ou de danger d’uniformisation. On assiste à l’émergence d’une culture planétaire qui pose le problème de la diversité géographique, industrielle et artistique de la culture. Pour certains notre avenir serait celui du choc des civilisations. C’est tout l’enjeu de la construction d’une culture universelle dialoguant avec la diversité des cultures à l’encontre du risque que représente la question du « choc des civilisations ».
Fiche 2
12 L’espérance au cœur des fragilités
Annexe 8
Des défis aujourd’hui qui donnent le goût de l’avenir François Boursier
Face à ce monde incertain, dans cette société où manquent les repères, Que faire ? Que dire ? Qu’imaginer ? L’enjeu central est de conjuguer tous les niveaux de l’action : de l’individuel au sociétal en passant par le politique.
1. La question de la solidaritéIci se joue la question de ce que Pierre Rosanvallon appelle : « l’arithmétique de la dette ». Comment réaffirmer et vivre, et sur quelles bases fonder nos solidarités, qui confirment que nous avons toujours besoins les uns des autres. Histo-riquement la même question s’est posée a la fin du XIX° siècle et les acteurs de l’époque ont su refonder un contrat social pour une société que l’on appelait à l’époque « société en poussière ».
2. Il faut être de son temps, en épouser les tendances, afin d’accompagner la sociétéen étant présent à elle, à ses questionnements, ses inquiétudes, à ses risques de replis. Il est nécessaire de faire avec la réalité et à partir de la réalité. C’est au cœur du travail de tous les jours que l’on peut apporter des réponses, vivre des valeurs. Il n’y a pas d’un côté le social qui serait bon et de l’autre l’éco-nomique qui serait mauvais. Il s’agit du double aspect d’une même réalité à prendre en charge et à assumer. Cela induit des orientations : inventer un rapport dans le travail entre ex-cellence, qualité et humanité, travailler à plusieurs, travailler à une véritable communauté humaine. Prendre en compte ici les mutations du religieux.
3. Etre en capacité de témoigner de certaines valeurs dans un contexte marqué par la fin des identités héritéesLa société est marquée par des comportements qui en tout domaine privilégient : hors piste, hauts lieux, temps forts, bricolages et comportements pèlerins (Pour reprendre ici les catégories de la sociologie des religions). Cependant la sécularisation n’est pas ce qu’elle était. Il faut aujourd’hui repenser la question du sens des religions au cœur de la so-ciété. Deux axes forts émergent et sont défis : l’exemplarité et le témoignage.
4. Il y a des batailles à venir, notamment celle de la personne humaine (l’enjeu est ici anthropologique), de sa dignitéPour cela il convient de prendre en compte certaines dimen-sions : une dimension éthique à construire entre les valeurs partagées et sens de notre responsabilité ; une dimension communautaire au cœur des repères d’appartenance, de la question du bien commun et de l’intérêt général. Comment redonner toute sa place à la dimension collective de nos exis-tences ? Une dimension culturelle qui renvoie ici à l’expres-sion des savoirs, des savoirs faire, des élaborations savantes. Une dimension émotionnelle au centre de l’expérience du « nous », affective et conviviale. Une dimension démocrati-que qui fonde le partage de la responsabilité.
5. La question de la transmissionCette crise qui se nourrit de la crise des institutions est au cœur du vivre ensemble et de notre capacité à redonner sa place à la tradition.
Ainsi notre monde semble dur à vivre pour des sociétés fra-gilisées et des individus incertains. Face à ce monde dange-reux, inquiétant, dans cette société où manquent les repères, je retiendrai ces quelques pistes : Il faut être de son temps, en épouser les tendances, afin d’accompagner la société en étant présent à elle, à ses questionnements, ses inquiétudes, à ses risques de replis. Etre en capacité de témoigner de certai-nes valeurs dans un contexte marqué par la fin des identités héritées. La société est marquée par des comportements qui en tout domaine privilégient : hors piste, hauts lieux, temps forts, bricolages et comportements pèlerins (Pour reprendre ici les catégories de la sociologie des religions). Il est nécessaire de repenser la question du sens, et la place des religions au cœur de la société.
Deux axes forts émergent et sont défi : l’exemplarité (impor-tant de donner l’exemple) et le témoignage. Il y a d’ores et déjà des batailles à mener, notamment celle de la personne humaine (l’enjeu est ici anthropologique), de sa dignité surtout.
Fiche 2
L’espérance au cœur des fragilités 13
Fiche 3
Puisons dans l’expérience biblique
Notre époque n’est pas la première qui fragilise personnes et institutions ; regardons dans la Bible l’expérience croyante que Dieu fait traverser à son peuple.
Quatre textes au choix. Chaque étude de texte nécessite deux heures. Chaque groupe prend une fiche ou plus selon ses pos-sibilités.
Michée 6, 1-8 (annexe 9)
Michée dénonce l’injustice sociale et invite le peuple à se re-centrer sur l’essentiel.
Isaïe 55, 1-13 (annexe 10)
Après la catastrophe de l’Exil, le peuple a vu s’effondrer ses références (la terre, le temple et le roi) ; le prophète rappelle une référence oubliée.
Jean 21, 1-14 (annexe 11)
La mort de Jésus vécue comme un point final, les disciples retournent à leurs anciennes occupations.
Actes 11, 1-18 (annexe 12)
Juifs et païens : Faut-il passer par les observances juives pour devenir disciples du Christ ?
Cette fiche demande un animateur d’équipe.
Pédagogie
Lecture du texte
a. Un premier temps de réactions des personnes du groupe aux phrases. Mon attention est retenue par telle phrase, telle expression.
b. Un second temps donnant des éléments pour resituer le texte dans un contexte plus large, pour attirer l’attention sur la structuration du texte, pour dire ce que l’auteur pointe. (colonne de gauche)
c. Un troisième temps d’actualisation par des questions. Comment la situation de crise de ce texte éclaire la situation de crise d’aujourd’hui ? (colonne de droite). L’animateur pri-vilégiera une ou deux questions.
Temps de prière
a. Allumer une bougie
b. Se resituer devant notre Dieu
c. Chacun des participants exprime en quoi ces textes ouvrent à l’espérance dans l’aujourd’hui de ses fragilités
d. Proclamation du Notre Père
14 L’espérance au cœur des fragilités
Fiche 3
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L’espérance au cœur des fragilités 15
Fiche 3
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L’espérance au cœur des fragilités 17
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L’espérance au cœur des fragilités 19
Fiche 4
Puisons dans l’expérience associative et ecclésiale
Déjà des hommes et des femmes, au cœur de ces fragilités, expérimentent des chemins d’avenir. Dans cette quatrième fiche, nous vous proposons de mettre en évidence les ressorts d’espérance sur lesquels ils s’appuient.
Deux exemples Le Secours Catholique (annexe 13) : S’associer avec des personnes dans leurs projets pour s’organi-ser, monter des projets, vivre ensemble
Un prêtre en rural (annexe 14) Se mettre ensemble pour réaliser quelque chose qui animera le territoire.
Vous pouvez aussi choisir un témoin local pouvant exprimer les ressorts sur lesquels il s’appuie pour son action.
Pédagogie
• lecture du témoignage ou écoute• ce qui m’a intéressé • ce que je retiens
Temps de prière Privilégier l’action de grâce sous forme d’une préface, par exemple celle de la réconciliation n°1 (ci-dessous), et terminer par un chant de louange de votre choix.
PrièreVraiment, il est juste et bon de te rendre grâce, Dieu très saint, car tu ne cesses de nous appeler à une vie plus belle : toi, Dieu de tendresse et de pitié, sans te lasser tu offres ton pardon et tu invites l’homme pécheur à s’en remettre à ta seule bonté. Bien loin de te résigner à nos ruptures d’alliance, tu as noué entre l’humanité et toi, par ton Fils, Jésus, notre Seigneur, un lien nouveau, si fort que rien ne pourra le défaire. Et, maintenant que ton peuple connaît un temps de grâce et de réconcilia-tion, tu lui donnes dans le Christ de reprendre souffle en se tournant vers toi, et d’être au service de tout homme en se livrant davantage à l’Esprit Saint. Pleins d’admiration et de reconnaissance, nous voulons joindre nos voix aux voix in-nombrables du ciel, pour clamer la puissance de ton amour et la joie de ton salut dans le Christ : Saint !…
Chants de louange • Louange et gloire à ton nom (C250)• Psaume de la création (C 556)• Psaume 150 de Didier Rimaud
20 L’espérance au cœur des fragilités
Annexes 13
S’associer avec les pauvres, avec les personnes dans leurs projets.Elles peuvent ensemble s’organiser, monter des projets, vivre ensemble.
Texte écrit à partir du témoignage de Marie-Agnès Fontainier, du Secours Catholique
Les différentes actions • Aller de l’accompagnement personnel à l’action collective• Aller vers • L’action collective• Penser ensemble
1. Accompagnement individuel Il est tout d’abord essentiel de renoncer à savoir ce qui est bon pour l’autre. Chacun a besoin de se sentir exister, de pouvoir donner, d’être sollicité selon ses compétences.La personne ne se résume pas à ses manques et à ses difficul-tés. Voir quels sont les ressources, les dynamismes, les capaci-tés de la personne en difficulté et pour celles qui ont une vie dure, deviner la demande au-delà de la demande. Ne pas faire de projection sur la personne, ne pas la déposséder, ni la victi-miser. Qu’elle en soit là n’est pas seulement le fait d’erreurs de parcours, mais cela est du aussi à des phénomènes de société. Il y a symétrie des droits et devoirs.La relation de confiance, ça se construit dans le temps par un engagement réciproque ; donc la relation ne va pas laisser indemne (l’accompagnateur). Comment redonner envie, donner envie d’avoir envie ? Ce qu’on appelle la résurrection du désir ce n’est pas seulement donner des réponses administratives, ni une relation à deux, mais être avec une équipe et notamment pour la relecture. L’idée étant que la personne puisse reprendre maitrise sur sa vie. Collectivement, la culture de l’accompagnement : voir ce qui m’a aidé, ce qui m’a bloqué. Les personnes fragiles peuvent devenir à leur tour bénévoles, c’est la transformation collective. Pour l’association, comment se faire repérer différemment, avoir des relations qui vont permettre à l’autre d’avancer. Comment veiller à la liberté de l’autre dans cet engagement ? Qu’est-ce que ça veut dire pour l’autre ? Il ne faut pas forma-liser l’engagement tout de suite et ne pas le tenir pour acquis. C’est un engagement lourd pour un bénévole et c’est un che-min dont on ne connait ni l’issue ni la durée.Etre attentif à ce que l’outil ou le dispositif ne soit qu’un moyen et non une finalité.
C’est différent aussi pour chaque personne parce qu’on n’est pas toujours en même disposition d’écoute et de compréhen-sion.Qu’est-ce qui fait changer de choix ? Par exemple sur le bud-get, réfléchir avec la personne. Qu’est-ce qui est important pour elle, quelles conséquences pour les enfants ? Quelle lo-gique derrière ? Quelles valeurs ? Le lait maternisé, comment donner le meilleur mais payer moins cher ? la nourriture pour les animaux, etc.Revoir au niveau de l’affectif. L’affectif ne va pas changer même si j’achète du lait maternisé moins cher, mais cela sup-pose d’aller au fond de la réflexion, d’être à l’écoute et on n’en sort pas indemne. Derrière le budget il y a plein de valeurs, et on ne peut discuter de tout cela que dans la confiance et donc dans la durée. Cela peut être plus facile dans une rencontre collective ; les gens peuvent s’interpeller et dire peut-être plus aisément pourquoi ils font tels choix et réfléchir ensemble.
2. Aller versSi l’on dit qu’on va vers les gens c’est que l’on se déplace là où ils sont ! Par des visites à domicile, par la présence sur les lieux de vie des gens. Dans un quartier, on a choisit d’animer un lieu de lecture dans la salle d’attente de la PMI.Aller vers, cela induit un changement de positionnement. Se faire accueillir chez la personne, se faire offrir un café, ça chan-ge le rapport et la position. Mais, ça peut être aussi se mettre soi-même en difficulté, ce n’est pas le même positionnement, la même posture que dans un local derrière un bureau. C’est aussi découvrir la personne différemment.Axer sur la coopération avec d’autres, cela permet de décou-vrir le quartier.Aller vers, ce n’est pas facile et on sent bien des résistances, des fragilités, ça suppose un changement de culture, c’est une autre façon de créer des relations.Il peut y avoir un problème de culpabilité à assumer, d’où la nécessité de reprise en équipe. Par exemple, à la fin de la maraude, prendre un quart d’heure pour se dire comment chacun l’a vécue.
3. Action collectiveLa rencontre avec les partenaires du sud nous a permis de penser autrement l’action collective.Ici quand on vit la pauvreté on est jugé. On est dans un senti-ment de non réussite. Quand on partage autour d’un café, le positionnement n’est plus le même. Cela permet de voir que d’en être arrivé là ce n’est pas seulement dû à des erreurs de parcours, mais aussi à des phénomènes de société. Les groupes de parole sont très importants. Il y a des moments où les personnes pauvres n’ont de relations qu’avec des gens payés pour les rencontrer (instituteur, assistante sociale…), du coup, la rencontre autour d’un café permet d’échanger et
Fiche 4
L’espérance au cœur des fragilités 21
d’échanger sur ses compétences, faire découvrir ses talents. Le savoir-être et le savoir- faire. Le bénévole doit être attentif à dire, à mettre en valeur les capacités de chacun. Des groupes se réunissent autour de sujets précis, par exemple, les accédants à la propriété. Provoquer une rencontre, sachant que le Secours Catholique ne peut pas résoudre financière-ment le problème, mais proposer aux personnes concernées de réfléchir ensemble, trouver des solutions et s’entraider. Et là ils s’échangent des tuyaux, s’entraident et créent une ému-lation et cela va bien au-delà du groupe.Une autre action collective dont le bénéfice va au-delà du groupe, c’est le « Théâtre forum », appelé aussi « théâtre de l’opprimé ». Pour montrer le manque de transports en com-mun dans le rural, dans les Monts du Lyonnais, tout un tra-vail a été fait et maintenant un circuit est mis en place et à tarif modique, pour permettre à tout le monde d’y accéder.Cela a permis un changement pour les personnes et le terri-toire ; c’est une action de développement.Un autre exemple : donner un nom à un immeuble au lieu de n’être reconnu que par un numéro. Là, c’est le regard, l’image du quartier qui change, mais c’est surtout la démar-che du groupe qui permet une dynamique dans le quartier. A la suite de cela, une association d’habitants s’est créée. Il y a du mouvement. Mais, surtout l’action collective permet de déculpabiliser. L’action de développement permet à la personne de s’investir, mais de voir que l’on compte sur elle : « si je dois aller à la mai-rie, il faut que je sache de quoi je vais parler, donc nous devons travailler et préparer la rencontre et se former ».Au Secours Catholique, nous avons nos fragilités aussi. Tous ces gens sont-ils bénévoles ou pas ? Il y a une telle tendance à la classification. La grande difficulté aujourd’hui, c’est l’indif-férence, le fatalisme.C’est difficile d’y croire, d’où la nécessité pour chacun d’avoir, d’être une force de conviction. On se heurte à la fatalité. On s’engage dans un combat où les personnes en situation diffi-cile ou même les bénévoles risquent de se démobiliser. Ils ont toujours l’impression que ça n’a jamais marché ! Les gens ont des idées mais ça peut être inconfortable pour le bénévole ; celui-ci apporte de la méthodologie et donc du coup n’a aucune maîtrise.Quand on pense aux bénévoles du départ qui vient pour trois heures, c’est un tout autre engagement !
4. Penser ensemble Depuis 2005, nous travaillons avec la méthode « recherche-action », dans toute la France, sur des sujets divers. Il n’y a que les gens concernés par un problème qui peuvent se poser les vraies questions (souvent ils n’ont pas le choix !).Ce sont des questions qui sont renvoyées à la société. La so-ciété ne peut pas se dispenser de ces questions.
On déborde sur l’altérité. Penser ensemble, poser ensemble. Notre action institutionnelle s’interdit de dire des choses sans solliciter les personnes. Comprendre les choses, ça met du temps. Les bénévoles ne savent pas tout, mais ensemble, on cherche et on trouve. Il faut arrêter de penser pour les autres. On travaille actuellement sur « les semaines sociales », sur les nouvelles précarités ; ce n’est pas simple de dire à une orga-nisation que six mois avant on ne peut pas donner de nom pour mettre sur une plaquette. Mais si l’on dit travailler avec les pauvres, les personnes fragiles et qu’ils se mettent en route, il faut aussi aller à leur rythme.Nous sommes en lien aussi avec l’observatoire des nouvelles solidarités. Ce qui définit la pauvreté : la peur de l’avenir. L’insécurité au quotidien (« pourvu que le frigo ou la voiture ne me lâchent pas ») l’enfermement, la difficulté de comprendre et de se faire comprendre, ne pas pouvoir faire faire d’études à nos enfants.Les leviers de passage à l’espérance : être vrai, aller vers, le compagnonnage, la proximité, faire avec, les principes de l’éducation populaire.
Annexe 14
Signes et témoins d’espérance d’une Eglise en milieu rural défavoriséTémoignage de Jean Michel Bortheirie, curé de paroisse sur le plateau de Millevaches
Le territoire accuse, comme en bien d’autres lieux de la Fran-ce rurale, des handicaps structurels : démographie déclinante et vieillissante, crise de l’élevage, déprise, effets cumulatifs de la faiblesse démographique à l’horizon proche (école, services publics, communications). Mais aussi des espoirs de renou-veau, avec de nouvelles populations, jeunes éduqués venant des grandes villes, britanniques, jeunes retraités qui restent liés à leurs lieux d’engagement. Une vie associative intense se manifeste avec ces personnes venues au cours de ces deux dernières décennies.Les communautés qui sont regroupées dans la paroisse (25 communes sur 50 km, 11 000 habitants) subissent les mêmes handicaps, accentués par une tradition locale qui s’est déta-chée depuis longtemps du christianisme officiel. La pratique dominicale n’excède pas les 0,5 à 1 %.Comment prendre en compte ces réalités, tout en proposant une manière heureuse de vivre la foi, malgré les obstacles apparents, dus au territoire mais aussi aux mentalités tradi-tionnelles.
Fiche 4
22 L’espérance au cœur des fragilités
1. Une Eglise sur les chemins et dans les maisonsEn quelque sorte, nous avons fait le deuil d’un territoire qua-drillé jusqu’aux dernières décennies par une présence perma-nente de prêtres dans les communes. Par contre, nous avons entrepris une démarche de proximité, en allant à la rencontre des habitants, avec des visites chez les personnes, dans les fa-milles. Ainsi, se créent des liens, des relations entre personnes isolées ou mises de côté. Depuis 4 ans, se sont constitués 8 groupes de lecture d’évangile ou de Bible qui se réunissent dans les maisons, à tour de rôle une fois par mois. Un de ces grou-pes est bilingue. Egalement, des groupes de réflexion de jeunes couples, un qui fonctionne et qui s’agrandit, un qui démarre. Tous les deux mois, un dimanche à thème, « inter-généra-tions », rassemble des familles, des enfants, des jeunes, des personnes âgées dans une salle des fêtes, à tour de rôle, dans une des communes du territoire paroissial. A l’occasion de ces journées (nous en avons déjà vécu 10), musique et pro-jection sur grand écran, des ateliers, un repas en commun, des témoins, une célébration festive. Ainsi, non seulement se rassemblent des personnes venues de tous horizons, mais l’accueil de témoins très divers, acteurs du monde associatif, professionnel, sportif, etc. (souvent des gens très simples qui n’avaient jamais eu l’occasion de témoigner de leur vie), élar-git l’espace relationnel des personnes. Pendant l’été et à l’occasion de certains événements plus ex-ceptionnels, nous vivons des marches, des randonnées, des circuits (de croix, de fontaines, d’églises romanes, de lieux de pèlerinages). Cette année, nous avons démarré un circuit de croix de villages, avec lecture de la Passion, la nuit du ven-dredi saint. A la fin de chaque été, un groupe de 50 personnes très variées, de tous les âges, issues du territoire paroissial ou amies, marche pendant une dizaine de jours, les nuits sous la tente, sur le chemin de Saint Jacques de Compostelle. Arrivée prévue en 2012.Ainsi, par une variété de propositions de proximité, certaines personnes se révèlent dans leurs capacités, selon leurs compé-tences parfois cachées, et deviennent capables de les partager à d’autres.
2. Des communautés et des personnes en « relation significative »Les 25 églises de la paroisse correspondent à autant de commu-nes : 5 plus grandes que les autres et 20 petites. Dans les plus grandes communes, les rencontres communautaires sont régu-lières et assez fréquentes : le samedi ou le dimanche. Dans les petites, nous avons engagé des célébrations avec les gens des vil-lages, à chaque grande fête. Retrouver ainsi un rythme saison-nier paraît plus ajusté à la mentalité des habitants du territoire. Ainsi, depuis 4 années, outre l’organisation d’une « messe d’été » suivie d’un temps de convivialité en lien avec la municipalité, les « missionnaires » des villages vont animer la bénédiction des
Rameaux, la célébration de la lumière à la Toussaint, la crèche de Noël. Préparer, animer, relire, et appeler d’autres personnes. On n’a plus besoin d’envoyer des courriers d’invitation ; les per-sonnes sont impliquées et le savent. Il y a aussi parmi elles des non-catholiques membres de la communauté.On peut en dire autant pour la préparation sacramentaire des baptêmes et mariages, des célébrations d’obsèques ; un nom-bre plus important de personnes sont participantes dans l’ac-compagnement et la célébration, avec des liens qui s’affermis-sent avec les familles, avec un suivi, et des propositions pour la suite. La qualité des célébrations qui en ressort permet à d’autres d’entrer dans cette perspective communautaire, une communauté animée par des personnes reconnues et estimées pour leur qualité d’être. Une formation est proposée pour accompagner toutes ces personnes. On a travaillé sur l’écoute ; dernièrement, sur le voir : comment repérer autour de nous des « personnes en re-lation significative », à partir de témoignages et de la lecture de saint Paul. Une conscience ainsi grandit et les personnes deviennent plus ajustées à leur mission.
3. Dépasser les peurs, s’engager collectivementUne émergence de conscience, donc, paraît. On était seuls ou isolés ou enfermés dans des problématiques individuelles, on parvient à se mettre ensemble pour réaliser quelque chose qui animera le territoire. Alors qu’on n’a jamais travaillé avec d’autres, on créera des liens en vue d’une œuvre commune. Plusieurs projets sont en chantier. En 2009, c’est la mise en pla-ce des Ostensions limousines, disparues dans la région depuis la dernière guerre. Une centaine de personnes de tous milieux sont engagées pendant une année pour les réaliser, mobilisant ponctuellement des dizaines d’autres. Dépassant les craintes des uns ou des autres, avec une conduite qui tienne compte des opinions de chacun, un dialogue inouï s’est engagé entre les différentes catégories de la population du territoire. En de nombreux lieux, la communauté reçoit des témoignages de sympathie de la part des autorités municipales, l’invitant à s’engager davantage dans le domaine du culturel et de l’as-sociatif, pour l’accompagnement des exclus et une meilleure solidarité sur le territoire.
4. PerspectivesL’ensemble, toutefois, demeure fragile. Grâce à l’engagement de personnes nourries dans une vie communautaire (dans les grou-pes de lecture d’Évangile, par exemple), un renouvellement des forces s’opère. Les équipes d’animation (EAP, conseil pastoral) s’étoffent. On demeurera, certes, marginaux dans l’animation d’un territoire, mais notre pierre compte dans cet ensemble ru-ral. Mais, ce qui paraît émergent, au milieu des fragilités, c’est une petite ligne d’espérance, portée par des personnes toutes simples qui se veulent proches de leurs frères.
Fiche 4
L’espérance au cœur des fragilités 23
Fiche 5
Entrons dans un agir pastoral
Nous arrivons au terme de notre réflexion : « l’espérance au cœur des fragilités ». Pour un agir pastoral, reprenons-les. L’Eglise est signe de la présence du Royaume et moyen de sa réalisation tout en participant à son avènement, par son témoignage communautaire et par ses membres qui la constituent.L’action de l’Eglise se déploie traditionnellement selon trois modalités : celle du vivre, celle du croire et celle du célébrer.
Pour le Vivre L’Eglise est solidaire de cette humanité dans ses efforts pour la vie, pour la dignité de chacun, pour la construction de la communauté humaine. Témoigner, c’est tout simplement vi-vre avec les autres, partager leurs espoirs, leurs peines, leurs efforts. L’Eglise est en particulier attentive aux plus pauvres. Elle est ainsi présence et action.
Quels chrétiens ou communautés chrétiennes sont au cœur et au service de ces enjeux d’humanité que nous révèlent les évènements et situations que nous avons examinés ? Comment favorisons-nous leur témoignage ?
Pour le Croire
L’Eglise discerne et annonce l’œuvre de Dieu en train de s’accomplir, le Royaume de Dieu en train d’advenir. Elle le peut, parce qu’elle est à l’écoute de la Parole de Dieu. Grâce à l’écoute de cette Parole, elle situe l’histoire humaine dans l’œuvre du Christ en train de s’accomplir par la force de l’Es-prit. Elle révèle ainsi le sens et la source : le mystère pascal, le Christ mort et ressuscité.
Comment cette parole de foi et d’espérance s’exprime-t-elle dans nos groupes et communautés chrétiennes ?
Pour le Célébrer L’Eglise est priante et manifeste la primauté de son lien avec son Seigneur. Elle est louange pour son œuvre et offrande de soi-même pour qu’elle se réalise. Par les sacrements, l’action du Christ et de son Esprit est signifiée et actualisée ; les chré-tiens accueillent cette grâce pour participer à l’œuvre de Dieu en ce monde.
Comment au cœur des liturgies, la réflexion sur les fragilités peut-elle imprégner nos prières de supplication et d’action de grâce ?
Commande à la Mission Monde Rural 58, avenue de Breteuil 75007 Paris Site : http://rural.cef.fr
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