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N° 011 - Décembre 2013 n) Doing Business 2014 : Classement et réactons Environnement des affaires : Comment attirer les investisseurs ? BAnque Mondiale 11_Mise en page 1 10/12/13 16:10 Page1

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n)

Doing Business 2014 : Classement et réactions

Environnement des affaires :Comment attirerles investisseurs ?

BAnque Mondiale 11_Mise en page 1 10/12/13 16:10 Page1

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901 BP 1850Abidjan 01, Côte d’IvoireTel : (225) 22 40 04 00Fax : (225) 22 40 04 [email protected] du Bureau Régional de la Banque mondiale (Côte d’Ivoire, Burkina Faso, Togo, Bénin)

Directeur de la PublicationPublisherMadani M. Tall

Rédacteur en ChefEditor in chiefTaleb Ould Sid’Ahmed

Conseiller de la rédactionAdvisorEmmanuel Noubissie Ngankam

RelectureEditingMarie France Anet

Comité EditorialEditorial BoardMadani M. TallLorenzo BertoliniTaleb Ould Sid’AhmedMarie France AnetCendrine AdalberonEmmanuel Noubissie NgankamFofana Bintou Fatima

CollaborationSylvie NÉNONENELionel F YaroNadiath A Dende

Graphisme et ImpressionDesign and PrintingIMPRISUD Abidjan

SOMMAIREL’ÉVÈNEMENT

DOSSIER

4

30

18

28

Côte d'Ivoire

ZOOM SUR

INSIDE THE BANK

BANK IN ACTION

Doing Business 2014, Classement et réactions

Environnement des affaires Comment attirerles Investisseurs ?

BéninRizicullture :

Vers une révolution agricole ?

Revolution Mobile Money

Stéphane Eholié : African succes story

La parole est à…Kobido, Koffi et Honoré

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Par / By MADANI M. TALLÉ D I T O R I A L

3L’espoir The World Bank Magazine Abidjan / N° 011

Cet éditorial que vous lisez en ce moment est sans nul doute ledernier que je signe pour le magazine L’Espoir. Nombreux sontceux parmi vous qui le savent déjà, j’ai décidé de mettre un termeà ma carrière à la Banque mondiale à compter du 31 décembre2013 après 25 ans de collaboration d’une richesse inestimable.À vous tous qui êtes au rendez-vous de chaque parution de L’Es-poir et qui prenez du plaisir (ou de la peine) à lire ces colonnes,je vous dis Merci. Merci de votre fidélité, de votre complicité etsurtout de vos critiques qui ont contribué à me rendre davantagehumble quelle que soit la force de ma pensée, la vigueur de mesconvictions, la pertinence de mes arguments et le rayonnement del’institution que je représente.

Il y a un peu plus de trois ans, quand des collègues et moi avonsporté notre magazine sur les fonts baptismaux, nous lui avonsdonné le nom L’Espoir, car après avoir remué nos méninges, aucunnom n’incarnait le mieux notre mission et notre ambition pour lespays dont nous avons la charge au nom de la Banque mondiale.Au moment où je quitte cette prestigieuse institution, il serait pré-somptueux de ma part de vouloir esquisser un bilan. Non seule-ment parce que je mesure l’ampleur du travail qu’il reste à faire,mais également et surtout parce qu’il me semble plus honnête delaisser ceux pour qui nous nous échinons chaque jour, faire l’éva-luation de notre action à l’aune de l’espoir (hé oui !) que nous leurapportons à défaut de résoudre tous leurs problèmes de mieuxêtre.

Mais je me dois à la vérité d’avouer la main sur le cœur qu’au-delà de la position qui fait de moi un privilégié au plan social, j’aifait ce que j’avais à faire, sans ménager ni ma force ni ma peine,au mieux de mes capacités, de mon intelligence et de mon inté-grité.

Malgré tout ce que j’ai pu donner, comme d’autres d’ailleurs avantmoi, je mesure le précipice qui sépare ma foi d’acteur du déve-loppement de la réalité quotidienne des hommes et des femmesqui aspirent au mieux-être. Aussi paradoxal que cela puisse paraî-tre, c’est justement pour cela que j’ai décidé de partir, pas en je-tant l’éponge, pas pour prendre une retraite qui du reste ne seraitpas justifiée, mais pour continuer d’agir autrement.

Parce que je reste dans l’arène du développement, parce que cettemousse que j’ai amassée pendant 25 ans à la Banque mondiale, jepourrais la mettre autrement au service du développement, je vousdis donc au revoir parce que nos chemins se croiseront très cer-tainement, parce que la route reste encore longue, très longuemême.

Merci et au revoirThis editorial you are reading right now is undoubtedly thelast I sign for the magazine L'Espoir (Hope). As many of youalready know, I decided to end my career at the World Bankas of December 31, 2013 after 25 years of invaluable col-laboration.

To all of you who welcome each issue of L’Espoir and arepleased (or reluctant) to read these columns, I say Thankyou. Thank you for your loyalty, your complicity and espe-cially your criticism which helped me become more hum-ble regardless of the power of my though, the strength ofmy convictions, the relevance of my arguments and the in-fluence of the institution I represent.

A little more than three years ago, when some colleaguesand I launched our magazine, we named it L’Espoir (Hope)because after brainstorming, no name best embodied ourmission and our ambition for the countries we are respon-sible for on behalf of the World Bank. As I am leaving thisprestigious institution, it would be presumptuous of me totake stock. Not only because I realize the extent of what re-mains to be done in terms of work, but also and especiallybecause it seems more honest to leave those for whom wework every day evaluate our actions vs. the hope (yes!) weprovide them, while unable to resolve all their wellness is-sues.

However I have to admit in truth, hand on heart, thatbeyond the position that makes me a socially privileged, Idid what I had to do, sparing neither strength nor pain, tothe best of my abilities, my intelligence and my integrity.

Despite all I could give, as others before me did, I measurethe chasm between my faith as a development actor andthe daily reality of the men and women aspiring to well-ness. Paradoxical as it may seem, this is exactly why I deci-ded to leave, not throwing in the towel, not for a retirementthat would not be justified, but to continue to act differently.

Because I am staying in the development arena, becausethe most that I gathered for 25 years at the World Bankcould be put differently at the service of development, I saygoodbye to you knowing that our paths will surely cross be-cause there is still a long way to go, a very long way even.

Thank You and Goodbye

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The World Bank Magazine Abidjan / N° 0114 L’espoir

Le rapport Doing Business ne manquepas de soulever le courroux de certains dirigeants, certes perceptible de

puis peu de temps, avant d’éclater augrand jour le 29 Octobre dernier à la publication de l’Édition 2014. La réaction quia le plus retenu l’attention est celle du

Président Macky Sall pour qui le rapport,qui a relégué son pays a la 178eme placesur 189 économies, « ne reflète pas la réalité des progrès réalisés par le Sénégal ». Pourtant, globalement, l’Afrique au Sud duSahara s’en tire assez bien, avec 66 réformes qui y ont été enregistrées en 2013,en alignant de surcroît 3 pays (Burundi,Côte d’Ivoire et Rwanda) dans le top 10des réformateurs. Mieux, selon le mêmerapport, 9 des 20 plus gros réformateurs aumonde durant les 5 dernières années sontsubsahariens1.S’agissant des 4 pays couverts par le bureau régional de la Banque mondiale baséà Abidjan (Côte d’Ivoire, Burkina Faso,Togo et Bénin), la moisson est plutôtbonne. La palme d’or revient sans nul

doute à la Côte d’Ivoire avec ce formidable bond de 10 points. Mais le Togo n’apas non plus démérité, avec 2 points deplus, juste devant le Bénin qui continue saprogression, passant de la 176eme placeen 2012 à la 174eme en 2013. Seul leBurkina Faso, qui stagne à la 154eme

place, sembledonner raison aux89% “ d’insatisfaits” selon uneenquête menéepar la Maison del’Entreprise (Lirepage 6). En 2012 déjà, laBanque mondialeavait observé unetendance réformatrice chez la plu

part des Etats des 16pays de l’OHADA (Doing Business dansles Etats membres de l’ Ohada, 2012). Lerapport avait noté que tous les Etats membres avaient rendu plus facile la possibilitéde faire des affaires pour les entreprises locales entre 2006 et 2012. Plus spécifiquement, le rapport a salué la réforme del’Acte uniforme relatif au droit commercialgénéral dans la région, ce qui a permis desimplifier la création d’entreprise dans huitEtats membres, en renforçant notammentle droit des sûretés pour l’obtention desprêts dans chacun des seize Etats membres. Salutaires, les réformes entreprisesau sein de l’espace OHADA auraient lemérite, selon les estimations du rapportcité plus haut, de réduire en moyenne lescoûts nécessaires pour créer une entre

prise de 67% du revenu moyen par habitant ; quant à la durée moyenne d’enregistrement d’un titre de propriété, laréduction est de 28%. En revanche,L’OHADA a été épinglée pour ses contreperformances en imposant “ des réglementations lourdes et coûteuses auxentrepreneurs locaux” Un contexte favorable, mais fragile"Les vents contraires qui soufflent àl'échelle mondiale ont peu affecté sacroissance en 2013 et le rythme de celleci devrait s'accélérer en 2014" notait le 31Octobre dernier (soit 2 jours après la publication de Doing Business) le FMI à propos de l’Afrique Subsaharienne dont lesprévisions de croissance se situent autourde 5%2 . En zone UEMOA, les experts dela BCEAO prévoient en moyenne jusqu’à7% en 2014. Cette embellie devra profiternotamment à la Côte d’ivoire, poumon dela sous région : +10% de taux de croissance. Les experts notent cependant la fragilité des bases de la croissance au sein del’Espace UEMOA et une forte dépendancedes Etats à l’égard des financements extérieurs. Une chose est sûre: c’est une belle boufféed’oxygène qu’aura apporté cette 11ème édition du rapport Doing Business pour denombreux pays soucieux d’attirer plusd’investisseurs, gage de financement deleurs projets de développement, avec enperspectives des opportunités de créationd’emploi. Mais le défi est énorme, car lemême rapport indique que sur les 20 derniers pays du classement 2014, 16 sont situés en Afrique sub saharienne. Ce qui estdit est dit. À bon entendeur salut !

Chaque année, depuis 2002, les investisseurs et les gouvernements de 189 pays l’attendent avec l’impatience dedeux amoureux séparés par des années de chagrin : Vont-ils s’aimer à nouveau ou se fâcher momentanément? L’édi-tion 2014 du Doing Business n’a pas dérogé à la règle, loin s’en faut, le rapport ayant publiquement provoqué, choseinédite, des réactions forts contrastées au plus haut sommet des institutions politiques et économiques sur le conti-nent africain. “ Faire des Affaires en 2014”, titre du dernier rapport annuel Doing Business de la Banque mon-diale, a certes fait de nouveaux heureux, mais aussi des émules. Rapport phare, baromètre des lieux où il fait bond’investir, Doing Business ne laisse plus indifférent. Décryptage

Doing Business 2014

1 Il s’agit des pays suivants: Burundi, Sierra Leone, Guinée Bissau, Rwanda, Togo, Bénin, Liberia, Côte d’Ivoire et Guinée2 Regional Economic Outlook: Sub-Saharan Africa. Keeping the Pace. IMF, October 2013.

Collaboration : Taleb Ould Sid’Ahmed, Lorenzo Bertolini, Cendrine Adalberon, Sylvie Nénonene, Maxime Domegni,Nadiath A. Dende, Louis Akakpo, Lionel F Yaro, Laurent Quenum, Marie Géneviève Compaoré, Inoussa Ouédraogo,Magueye Dia, Hamidou Sorgo

La Côte d’Ivoire a fait un bon de 10 points dans le DB 2014

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5L’espoir The World Bank Magazine Abidjan / N° 011

C’est la révélation du Doing Business 2014 pourrait-on écrire : Après plus d’une décennie de mauvais scores dû engrande partie aux effets de la crise militaro-politique, la Côte d’Ivoire est entrée dans le peloton des 10 meilleursréformateurs. Une performance qui tombe à point nommé, le pays s’apprêtant à accueillir fin janvier 2014 plus de3 500 visiteurs dont 1 000 investisseurs, selon les prévisions du commissariat général chargé de l’organisation duforum Investir en Côte d’Ivoire.

La revanche !

De manière générale, les pays d’Afrique subsaharienneconstituent la moitié des pays qui ont le plus réformé leurrèglementation pour les affaires en 2013. Dans cette ré

gion, 66 réformes ont été comptabilisées pour cette année, avecune forte tendance à la réduction de la complexité règlementaireet des coûts qui y sont associés. Quant à la Côte d’Ivoire, elle a su faire preuve d’un « véritableélan réformateur » selon Yolande Duhem, Directrice pourl’Afrique de l’Ouest et du Centre pour la Société Financière Internationale (SFI). Son bond en avant de 10 places dans le classement Doing Business ramène le pays de la 177e position à la167e sur un total de 189 économies. La Côte d’Ivoire compteainsi parmi les 10 pays ayant le plus amélioré leur climat des affaires, aux côtés du Burundi et du Rwanda. Pour faire partie decette tête de classement, il fallait réaliser au moins trois réformes,mais le gouvernement ivoirien a été plus loin en implémentantquatre réformes de poids pour faciliter les affaires.

D’abord, la création d’entreprise : un guichet unique a été mis enplace à cette fin à travers le Centre de Promotion des Investissements en Côte d’Ivoire (CEPICI). Depuis le 2 janvier 2013, unnouvel entrepreneur peut désormais enregistrer son affaire en 48heures, contre 32 jours avant 2013. Dans la même perspective,les frais d’enregistrement auprès des notaires et autres élémentsconstitutifs ont considérablement chuté. On est passé de plus de601.038 F Cfa à seulement 187.400 F Cfa pour la création d’uneentreprise au capital de 1.000.000 F Cfa. La seconde réformetient en l’obtention du permis de construire qui prend aujourd’hui environ trois mois quand cela demandait habituelle

ment jusqu’à plusieurs années. Ensuite, le transfert de propriétéa vu ses procédures simplifiées, conduisant à une réduction desdélais de 17 jours et une réduction de la taxe de transfert. La dernière réforme porte sur l’exécution de contrat rendue possiblegrâce à la création d’un Tribunal de Commerce. Avec l’apportdes juges consulaires, ce tribunal essaie de donner des réponsesimmédiates aux différends commerciaux, en délivrant des jugements impartiaux. La mise en place de cette institution était fortement demandée par le secteur privé et a représenté unecontribution non négligeable à la progression de la Côte d’Ivoiredans le classement Doing Business 2014.

Défi : Si l’on peut se réjouir de toutes ces réformes et de leur impact à moyen et long terme sur la vie des affaires en Côte d’Ivoire,de nombreux efforts sont encore bien évidemment à fournir. Ilne suffit pas d’entrer dans la liste des 10 pays les plus réformateurs, il faut savoir s’y maintenir dans les années à venir, commeont su le faire le Rwanda et le Burundi dans les années précédentes. En la matière, on trouve plusieurs points communs dansla stratégie de ces deux pays. Par exemple, tous deux ont créédes groupes de travail public/privé par décret ministériel. Ils sontaussi parvenus à effectuer des améliorations dans l’ensemble des10 indicateurs pris en compte par le classement au bout de 2ans. Enfin, ils ont concentré leurs efforts de réformes dans leursdomaines respectifs de performances, tout en cherchant à minimiser les points faibles. La Côte d’Ivoire doit, certes, construiresa propre stratégie pour maintenir le cap, mais s’inspirer deschoix de ces deux pays peut constituer un point de départ porteurpour l’avenir.

Côte d’Ivoire

Les Tribunaux de commerce, gage de confiance pour les investisseurs

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The World Bank Magazine Abidjan / N° 0116 L’espoir

C’est un accueil mi figue, mi raisinque l’opinion publique nationale aréservé au rapport Doing Business

2014 classant le Burkina Faso au rang de154ème sur 189 économies examinées.Les milieux d’affaires sont particulièrement restés sur leur faim selon une enquête réalisée par la Maison del’Entreprise sur la base d’unéchantillon composé de cabinetsde notaires (03), d’avocats (02),de commerçants (10) et d’insdustriels (03). Les plus tolérants, soit72% des enquêtés pensent que lemeilleur est à venir et que le Burkina Faso « peut mieux faire » contre 17%qui qualifient ce score de « mauvais ». Ces derniers fondent leur jugement sur cesentiment de recul que suggère la stagnation du pays qui était pratiquement logé àla même enseigne au précédent classement de 2013, soit 154ème sur 185 pays.C’est en revanche au sein du grand public

que les avis paraissent plus intransigeants.Dans ce registre des impressions et sentiments généraux, la Maison de l’Entrepriserévèle que 89 % des clients sont insatisfaits au motif que cette performance duBurkina Faso « n’est pas un bon signalpour un pays qui aspire à l’émergenceavec le secteur privé comme leitmotiv de

sa croissance ». Là également, ils sontnombreux à penser que le Burkina Fasomérite mieux et doit mieux faire.Toujours est il que, des mécontents auxplus optimistes, une constante se dégageautour de cette recommandation bien partagée : ne pas dormir sur ses lauriers etfaire mieux que par le passé en se dotant

de stratégies de réformes plus efficaces. Enattendant des lendemains meilleurs, l’Etatet ses partenaires techniques et financiersdevront s’atteler à diffuser et à assurer unebonne appropriation par les opérateurséconomiques, de l’ensemble des réformesvisant l’amélioration du climat des affaires,avec un accent particulier sur la nouvelle

loi autorisant l’importation dematériaux de construction enexonération du droit de douaneset de la taxe sur la valeur ajoutée pour l’exécution de projetsimmobiliers agréés.Il est attendu de l’application de

cette nouvelle réforme qu’elle ait un effetcatalytique pour l’émergence de nouveaux acteurs, en l’occurrence des promoteurs immobiliers privés capablesd’appuyer l’Etat dans sa politique d’accroissement de l’offre de logements accessibles au plus grand nombre.

Entre déceptionet optimisme…

« 89 % des clients sont insatisfaits au motifque cette performance du Burkina Faso n’estpas un bon signal pour un pays qui aspire àl’émergence avec le secteur privé comme

leitmotiv de sa croissance »

Burkina Faso

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7L’espoir The World Bank Magazine Abidjan / N° 011

Au delà du classement, il faut tout d’abord saluer les avancées au niveau de la performance. En notant d’abord quesur les 10 dernières années, le Togo a effectué 9 réformes

dont 3 ont été mises en œuvre en 2013. Ensuite, les réformesopérées cette année portent sur trois domaines (contre un seuldans le rapport précédent). Il s’agit de la création d’entreprise,de l’obtention des permis de construire, et de l’exécution descontrats.

Consolidation des résultats sur l’indicateur « Création d’entre-prise »Au Centre de Formalité des Entreprises (CFE), tout est prêt en 24heures au maximum : la carte d’opérateur économique et la carteunique de création d’entreprise portant tous les numéros d’enregistrement nécessaires. Le dossier à composer a été revu et allégé et les frais de traitement réduits de moitié.

Il faut noter qu’en dehors des procédures au CFE, le délai pour cequi concerne l’ensemble du processus de création d’entreprise aété réduit de 50%, soit de 38 à 19 jours. L’optimisation des délais de création d’entreprise au Togo apparait ainsi comme la réforme la plus aboutie en matière de pratique des affaires.

Réduction des délais pour l’obtention des permis de construireLe Togo a aussi enregistré des progrès sur la facilité d’obtentiondes permis de construire, avec une réduction des délais de 50%,passant de 309 jours à 155 jours. Les efforts de réformes sur cetindicateur sont importants et ont permis au pays de progresserde 27 points dans le classement Doing Business 2014.

Des chambres commerciales spécialisées pour accroître l’effi-cacité de la justice commerciale et améliorer l’exécution descontrats Pour accélérer le règlement des litiges commerciaux, le Togo a dûrompre avec une anomalie judiciaire vieille de 35 ans. En effet,même si l’organisation judiciaire prévoit que le tribunal siège enmatière correctionnelle, civile et commerciale, depuis 1978 lesdeux dernières chambres avaient été jumelées. Pendant toutesces années, les affaires commerciales étaient donc noyées dansl’océan des affaires civiles : « Des dossiers commerciaux trainaient pendant cinq ans au tribunal », avoue le Président dudittribunal, Awoulmère Nayo. Avec la création par ordonnance (enmars 2013) de trois chambres commerciales spécialisées au seindu Tribunal de Lomé, on a pu mettre fin au jumelage des deux entités. Cette réforme a ainsi permis d’affecter des magistrats et greffiers recevant uniquement des affaires commerciales etd’accroître la fréquence des audiences commerciales. Les troischambres commerciales créées sont dotées d’effectifs et de salles

d’audiences propres. Elles fonctionnent déjà à plein régime avecdeux jours d’audience pour chacune d’elles. « Aujourd’hui, onpeut faire une lecture des dossiers commerciaux, savoir à quelniveau se trouve tel dossier, pourquoi ce n’est pas encore traité(si c’est le cas) », commente le Président du tribunal. Il affirmeavoir fixé un délai d’un mois et demi au maximum pour le règlement de chaque affaire, de l’introduction de celle ci à sa sortie du tribunal. Par ailleurs on n’autorise pas plus de 4 renvois,contrairement à la pratique en cours jusque là. Pour éviter que le« naturel ne revienne au galop », le tribunal lance des appelspour l’aider à équiper en matériels lesdites chambres. Déjà, desdiscussions avancées sont en cours avec le PADSP (Projet d'Appui au Développement du Secteur Privé ) pourrait contribuer à répondre aux besoins des dernières nées de toutes les chambresjudiciaires du Togo.

Toujours au chapitre des réformes en matière judiciaire, il fautnoter le jeune Code d’investissement togolais qui offre désormaisla possibilité à l’investisseur, en cas de litige, de saisir la juridiction de son choix : nationale, communautaire ou internationale.

Consolider les acquisUne progression de 2 points par rapport au classement de l’année dernière. Le Togo conserve la 3ème place au seindes pays de l’UEMOA et confirme ainsi son engagement résolu pour des réformes solides.

Togo

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The World Bank Magazine Abidjan / N° 0118 L’espoir

Le Bénin a enregistré deux réformes majeures en 2013 dansles domaines de la création d’entreprise et du commercetransfrontalier. En effet, les délais de création d’entreprise

ont été réduits considérablement, passant de 26 à 15 jours (soitune réduction de 42%), avec une progression de 13 places dansle rapport sur cet indicateur. Quant au commerce transfrontalier,le pays a aussi gagné 16 places avec la mise en œuvre des réformes au Port de Cotonou qui ont permis d’améliorer les systèmes de gestion portuaires et les infrastructures autour du port.Ceci a permis une réduction du temps à l’importation et à l’exportation respectivement de 10 et 11%, ce qui constitue uneavancée significative pour la pratique des affaires au Bénin. Parallèlement, de nouvelles règles pour le transit des camions ontété mises en place.

Avant sa progression dans le rapport Doing Business 2014, leBénin était classé 175e sur 185 économies dans le rapport 2013.Après avoir enregistré pendant plusieurs années une détérioration de sa position, le pays a donc entamé une remontée timidemais continue depuis 2011. S’ils sont menés à terme, les chantiers de réformes en cours qui portent entre autres sur des aspectsaussi importants que l’exécution des contrats devraient permettre au pays d’améliorer de manière beaucoup plus significativeson climat des affaires et son classement Doing Business.

Classements du Benin dans le rapport Doing Business de 2007à 2014

Cependant, on note une faible appropriation des réformes par lesdépartements techniques (ministères et directions techniques), cequi conduit à une mise en œuvre tardive une fois ces réformesadoptées. Ensuite, il y a le niveau d’implication encore insuffisant du secteur privé dans la conduite des réformes : un effort reste à fairedans ce sens à travers un renforcement du dialogue public privéUne initiative est en cours pour établir une plateforme de dialogue inclusive. Une fois mis en place, ce nouveau cadre feral’objet d’un appui du Groupe de la Banque mondiale. Enfin, la communication reste encore timide autour des réformes,entraînant une méconnaissance des réformes par les bénéficiairesqui sont impactés.

Soutien de la Banque mondiale au Bénin pour améliorer son cli-mat des affaires :Le Groupe de la Banque mondiale (IFC et BM) soutient déjà leBénin pour améliorer son climat des affaires. Il fournit une assistance technique et des équipements pour l’élaboration et la miseen œuvre des réformes. Ceci notamment à travers deux projets :(i) le Projet d’amélioration du Climat des Affaires soutenu par IFC,et (ii) le Projet de Compétitivité et de Croissance Intégré soutenupar la Banque mondiale doté d’une enveloppe de 25 millions dedollars US. Dans le cadre de ces deux projets, la Banque mondiale travaille avec le Conseil Présidentiel des Investissements, leGuichet Unique pour la Formalisation des Entreprises, la Direction Générale des Impôts, le Centre de Gestion Agréé, la Mairiede Cotonou, de même qu’avec les Ministères de la Justice, duCommerce, de l’Economie et des Finances. Ceci en vue d’améliorer quelques indicateurs clés du Doing Business, notamment :(i) la création d’entreprise ; (ii) l’exécution des contrats ; (iii) l’obtention des permis de construire ; et (iv) le commerce transfrontalier.

Thierry Verdier, Directeur de SEGUB (Société d'Exploitation duGuichet Unique du Bénin)« Nous nous réjouissons du classement de cette année qui a étépossible grâce à la mise en œuvre d'un certain nombre de réformes sur l'indicateur ''commerce transfrontalier''. Aujourd'hui,le temps de passage d'un conteneur a été ramené de 5 à 1 semaine, ce qui illustre l'impact du Guichet Unique quelques moisseulement après son operationalisation ; un temps de dédouanement qui pourrait tendre vers 24 heures. L'adoption de cet outiltrès flexible relève de la bonne gouvernance économique et galvanise la mise en place de solutions communautaires, bénéfiquesau plus grand nombre ".

Année

2007

2008

2009

2010

2011

2012

2013

2014

Classement

137e

157e

172e

172e

173e

176e

175e

174e

Le pays fait partie des 20 économies qui ont le plus reformé la règlementation des affaires depuis 2009, maisdevrait accentuer le rythme de la mise en œuvre.

Réformer pour conforterune légère progression

Bénin

Port autonome de Cotonou

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9L’espoir The World Bank Magazine Abidjan / N° 011

DOSSIER

Une décennie durant, la Côted’Ivoire a connu des crises successives qui ont affecté plusieurs pans

de son économie. L’environnement des affaires en a payé un lourd tribut. Le secteurprivé ivoirien s’était en effet confronté à denombreuses difficultés, limitant ainsi sacapacité de création d’emplois et de richesses. Selon une étude réalisée par l’Institut Ivoirien de l’Entreprise (INIE), quatrefacteurs clés justifient des difficultés rencontrées par les Petites et moyennes entreprises (PME) en terre ivoirienne.

Premièrement, 84,5% des entreprises affirment que leurs ennuis proviennent desdifficultés d’accès au financement. Ensuite, près de 65,7% brandissent lemanque de clients ou de marchés commeobstacles pour faire de bonnes affaires.Pour 59,6% des entreprises, c’est lemanque d’équipements adéquats qui estconsidéré comme un blocage. En dernierlieu, 49,9% des entreprises pointent lesimpôts et taxes comme goulot d’étranglement à la prospérité de leurs affaires.

Un environnement des affaires qui s’amé-lioreFort heureusement, les autorités sont passées à la vitesse supérieure à travers desactions vigoureuses pour améliorer le climat des affaires. La création du guichetunique des Formalités d’ Entreprises etcelle du Tribunal de Commerce d’Abidjan,avec l’appui de la Banque mondiale, ontpermis d’atteindre des résultats très encourageants. Depuis la création du Guichet Unique des

formalités d’Entreprises (CEPICI) en décembre 2012, 2300 entreprises ont été enregistrées dans un délai moyen de 48h. Àvrai dire, cette seule réforme a suscité deréels engouements auprès des jeunes entrepreneurs ivoiriens. Parallèlement, on

remarque aussi la mise en place par lamême institution d’un Guichet unique desAgréments, d’un autre pour l’acquisitionde terrains industriels et un point d’informations et de facilitation pour la créationd’entreprise en terre ivoirienne. De plus,les réformes observées au niveau des procédures aux services du Guichet uniquedu foncier et de l’habitat, ont systématiquement rendu la vie plus facile aux Ivoiriens. À côté de ces actions, on note lesnombreuses facilités offertes par le nouveau code des investissements en Côted’Ivoire, rendu applicable par l’ordonnance n°2012 487 du 7 juin 2012. Il offretrois zones économiques avec chacuneses avantages fiscaux et opportunités. L’autre réforme majeure achevée en Octobre2012 est la création du Tribunal de Commerce d’Abidjan. Cette institution représente une contribution de poids au climatdes affaires, notamment à travers sa politique de transparence et la rapidité de sesprises décisions, qu’elle publie de surcroîtrégulièrement sur son site internet. Par ailleurs, le gouvernement a créé enjuillet 2011, une Unité de Lutte Contre leRacket (ULCR), ainsi qu’un centre d’appelpermettant aux citoyens de signaler plusfacilement les actes de racket dont ils sont

victimes. Une étuderéalisée par l’EcoleNationale de Statistique et d’EconomieAppliquée (ENSEA)en 2012 a permisde constater la réduction de barrages

et une baisse significative du racket sur lesroutes. Selon cette étude, le coût moyenglobal du racket sur les produits à la tonnekilométrique est de 12,642 FCFA. Par rapport à 2008, cela représente une baisse de42,22 %.

L’économie ivoirienne reste l’une des plus dynamiques de la sous-région africaine. Ces dix-huit derniers mois, ellea fait de nombreux pas en avant lui permettant de se situer parmi les 10 pays les plus réformateurs duclassement Doing Business 2014. Malgré ses nombreux atouts, de nombreux défis sont toutefois à relever.

Côte d’Ivoire is back ?

Environnement des affaires, comment attirer les investisseurs ?

Collaboration : Taleb Ould Sid’Ahmed, Lorenzo Bertolini, Cendrine Adalberon, Sylvie Nénonene, MaximeDomegni, Nadiath A. Dende, Louis Akakpo, Lionel F Yaro, Laurent Quenum, Marie Géneviève Compaoré,Inoussa Ouédraogo, Magueye Dia, Hamidou Sorgo

‘’Parmi les 20 pays ayant fait le plusde réformes depuis 2009, on note 10pays africains, au nombre desquels setrouve la Côte d’Ivoire’’

Côte d’Ivoire

La création du guichet unique et le tribunal de commerce d’Abidjan ont contribué ont propulséla Côte d’Ivoire au Top 10

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Pour parvenir à tous ces résultats, le gouvernement ivoirien a mis en place unefeuille de route basée sur quatorze recommandations prioritaires pour le pays. Lesretombées sont palpables. ‘’Parmi les 20pays ayant fait le plus de réformes depuis2009, on note 10 pays africains, au nombre desquels se trouve la Côte d’Ivoire’’,précise le rapport du ‘’Doing Business2014. Avec cette performance, les autorités ivoiriennes veulent maintenir le cap etmême accélérer ses actions pour encoreaméliorer son climat des affaires avant2015

Des atouts pour être plus compétitifTel que l’environnement des affaires setrouve, l’économie ivoirienne regorge denombreuses potentialités. Comptant parmiles secteurs les plus attractifs, l’agro industrie reste un des investissements les plusrentables. Les matières premières (café,cacao, noix de cajou, banane, ananas, produits vivriers, etc.) sont disponibles dansdifférentes contrées du pays, mais Il fautdavantage les transformer. Et le Plan national de développement (PND) 2012 2015fixe l’objectif de transformer 50% des matières premières de l’économie ivoirienne.Ces investissements ont commencé avecl’inauguration de la plus grande usinemondiale de transformation de noix de

cajou à Bouaké dès février 2013. Legroupe Olam, détenu par un groupe indien, a réalisé un investissement de 17 milliards FCFA, à la pointe de la technologieavec un domaine propre pour transformerprès de 30.000 tonnes de noix brute decajou par an, générant plus de 2.400 emplois. Le secteur tertiaire offre égalementde nombreuses opportunités avec, notamment, le secteur de la téléphonie mobileoù les trois gros acteurs, Orange CI, MTNCI et Moov CI, engrangent des ressourcesfinancières non négligeables. Ce qui donneen même temps l’occasion à de nombreuses Petites et moyennes entreprises(PME) de se positionner comme sous traitants, ou partenaires d’affaires. De nombreuses zones disposent de ‘’Mobilepayment center’’ pour faciliter les opérations de transfert d’argent (lire p19 et 20),de paiement de factures, de règlement deprimes d’assurances, etc., aussi bien àAbidjan qu’à l’intérieur du pays. Des milliers d’emplois directs sont ainsi généré.Autres atouts dont dispose la Côte d’Ivoire: les investissements dans les infrastructureséconomiques. Ces deux dernières années,le gouvernement ivoirien a mis l’accent surde vastes chantiers qui doivent contribuerà accélérer les investissements privés. Déjàen 2012, plusieurs travaux ont été entaméset verront leur aboutissement avant fin

2015. On note le démarrage effectif destravaux de construction du troisième pontdénommé « Pont Henri Konan Bédié »d’un coût d’environ 150 milliards de F Cfa.Ou encore la mise en route de l’Echangeurde la Riviéra II, financé par la Banquemondiale, à hauteur de 5,4 milliards defrancs Cfa, et qui devrait être achevé enMars ou Avril 2014. L’autoroute AbidjanGrand Bassam, longue de 28,65 km, estaussi en plein chantier pour un coût globalde 82 milliards de francs Cfa. Quant à l’autoroute du nord, sa prolongation sur l’axeSingrobo Yamoussoukro et ses 85,9 km,est prévue pour être achevée en Décembre 2013. Elle a coûté près de 136 milliards francs Cfa.

Par ailleurs, il faut noter le démarrage destravaux de construction du barrage hydroélectrique de Soubré, pour environ 350milliards de FCFA. Au niveau énergétique,la centrale thermique d’Azito en est à saphase III pour atteindre une capacité optimale de 450 Mégawatts, tandis que Ciprel4 est en cours pour propulser sa production à une puissance totale installée de 543Mégawatts. L’énergie solaire se déploieaussi progressivement. Tout cela constituedes atouts remarquables grâce auxquels lesinvestisseurs étrangers et locaux devraientpouvoir faire des profits en Côte d’Ivoire.

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DOSSIER

Environnement des affaires, comment attirer les investisseurs ?

Délégation de la MIGA (Groupe Banque Mondiale) sur le site d’Azito 3

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Côte d’Ivoire

11L’espoir The World Bank Magazine Abidjan / N° 011

DOSSIER

Par rapport aux autres pays de la sousrégion, l’économie ivoirienne restel’une des plus dynamiques en ma

tière d’investissements privés, mais présente certains points de faiblesses auniveau de son environnement des affaires. Des décennies durant, la Côte d’Ivoire atoujours été le pays phare de la sous région ouest africaine. Elle est vue commele catalyseur qui tire les autres pays sur letrain de la croissance économique et dudéveloppement. En 2012, le taux de croissance du Produit intérieur brut (PIB) de9,8% et celui de l’inflation à 1,3% a fortement profité à ses voisins immédiats.

Surtout les pays de l’hinterland, notamment le Mali, le Burkina Faso et le Niger,par l’entremise des deux ports du pays. Auport d’Abidjan, le volume du trafic a atteint environ 21,713 millions de tonnesde marchandises en 2012, contre 16,642

millions de tonnes en 2011. Du côté duport de San Pedro, ce sont près de 1,057millions de tonnes de cargaisons enregistrées l’année dernière, comparées à 1,017millions de tonnes un an plutôt. Ces performances rejaillissent sur les autres pays de la région, à des proportionsdifférentes selon le rapprochement. Aujourd’hui, plus besoin d’énumérer les potentialités dont regorge le pays. Du nordjusqu’au sud, toutes les contrées présentent des sols fertiles propices à l’agriculture, la pêche, l’élevage, etc. Lesgisements pétroliers et gaziers ne sont pasen reste. De récentes études estiment que près de90% du sous sol ivoirien possède des ressources minières (or, diamant, bauxite,nickel, etc.), dont moins de 5% est en exploitation. L’adoption début Décembrepar les autorités ivoiriennes du nouveaucode miner, est un bon signe. Avant sa finalisation, Randgold Resources, qui exploite la mine d’or de Tongon, a déjàproduit plus de 600 000 onces d’or. Sesréserves sont évaluées à plus de 90 tonnesd’or. La firme britannique détient aussi unportefeuille de 15 permis pour la recherche d’autres gisements de multi millions d’onces d’or sur le territoire ivoirien. Comparée à ses voisins les plus immédiats(Burkina Faso, Mali et Ghana) la Côted’Ivoire a certes de nombreux atouts,mais est elle vraiment compétitive ? Sonclimat des affaires pose encore problème.

Selon la Conférence des Nations Unies surle Commerce et le Développement (CNUCED), le flux des Investissements directsétrangers (IDE) entrants a évolué de 339 à478 millions de dollars US sur la périodeallant de 2009 à 2012. Une évolution quimarque le retour de l’Elephant d’Afrique

dans le flux des IDE. Un climat des affairesplus adéquat devrait aussi accroître sesperformances, au regard du ballet desmissions de prospection économique effectuées à Abidjan depuis la fin de la récente crise post électorale.

GouvernanceLa gouvernance, c’est le talon d’Achilledes économies africaines et sur ce point,la Côte d’Ivoire a encore des efforts à fournir pour non seulement attirer plus d’investisseurs, mais surtout les rassurer et lesmaintenir durablement. Sur ce point, le critère de la corruption

reste l’un des facteurs défavorables pourla Côte d’Ivoire. En témoigne l’Indice deperception de la corruption (IPC) 2012 :Transparency International a logé la Côted’Ivoire au 130ème rang, tandis que leGhana et le Burkina sont respectivementà la 64ème et 83ème place sur 174 pays.Autre évaluation : L’indice CPIA 2012 dela Banque mondiale (Country Policy andInstitutional Assessment) qui affichait 2,5points sur 6 concernant le critère de laTransparence responsabilité et luttecontre la corruption dans le secteur public.

De même, la Côte d’Ivoire dans saconquête du Millenium challenge corporation (MCC) a cette année atteint le pointmédian de 0.00 requis pour passer cet indicateur au vert. On le voit donc, il y a encore des efforts à fournir et l’on note quele gouvernement semble avoir entendu lemessage, avec la création de la nouvelleAutorité nationale pour la bonne gouvernance lors du léger réaménagement ministériel du 20 Novembre dernier.Auparavant, le Secrétariat national à lagouvernance et au renforcement des ca

Le pari de lacompétitivité régionaleL’économie ivoirienne reste l’une des plus dynamiques de la sous-région africaine. Ces dix-huit derniers mois, ellea fait de nombreux pas en avant lui permettant de se situer parmi les 10 pays les plus réformateurs du classementDoing Business 2014. Malgré ses nombreux atouts, de nombreux défis sont toutefois à relever.

Environnement des affaires, comment attirer les investisseurs ?

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DOSSIER

pacités (SNGRC) avait lancé, sur la période allant de juillet à septembre 2013,une campagne médiatique pour éveillerla conscience par rapport aux méfaits dela corruption.

Les priorités pour le ‘’Doing Business’’2015Après avoir gagné 10 points dans le classement ‘’Doing Business’’ 2014, la Côted’Ivoire veut accélérer sa marche. Le 13novembre 2013 avait lieu l’atelier de validation de la stratégie de développementdu secteur financier. Organisé en collaboration avec la Banque mondiale, cet atelier s’inscrivait dans la volonté dugouvernement de faire du secteur financier un véritable moteur du développement permettant d'atteindre le statut depays émergent d’ici 2020. L’objectif : réfléchir aux produits et services financiersà mettre en place, à la disposition des acteurs économiques du pays. Autre action d’envergure : la validation le13 Novembre dernier de l’agenda des réformes du « Doing Business 2014, FocusDoing Business 2015 ». Au total, 34 réformes doivent être menées avant fin décembre 2014. Le Guichet unique desformalités d’entreprise permet en 48heures, voire 24 heures de donner forme àune entreprise, cependant il faut près de8 jours pour que cette entreprise soit intégralement créée. D’où la volonté du gouvernement ivoirien de ramener ce délai à3 jours. Autre objectif, celui de réduire le

capital social pour créer une Société àresponsabilité limitée (SARL) de 1.000.000F Cfa à 100.000 F Cfa. Toutefois, une réforme des textes de l’Ohada s’impose.En Côte d’Ivoire, il fallait près de 474jours pour obtenir un permis de construire.Il n’ en faut plus que 364 jours avec lesréformes déjà engagées. Mais l’Etat veutaller plus loin pour le faire dans un délaide 93 jours. Par ailleurs, il faut près de 14jours pour qu’un opérateur économiqueobtienne un branchement électrique via laCompagnie ivoirienne d’électricité (CIE).L’objectif est de ramener ce délai à 5 joursmaximum. Au niveau régional, la libre circulation des biens et des personnes posetoujours problème. Une raison de pluspour que le Guichet unique du commerceextérieur (GUCE) soit opérationnel de fait,

ce qui aura une incidence positive entermes de renforcement des liens commerciaux et l’accélération de la compétitivité, qui passent nécessairement par uneréduction des coûts de passage des marchandises aux ports d’Abidjan et de SanPedro. Pour faciliter l’accès aux crédits, ilfaut passer par la mise en place des bureaux de crédits dans chacun des pays del’Union économique et monétaire ouestafricain (UEMOA). Ce sera le gage pour offrir plus de crédits et baisser, un tant soitpeu, les taux d’intérêts bancaires. Il estégalement recommandé de faire de latélé déclaration et du télé paiement desimpôts et taxes en Côte d’Ivoire. Quant àl’exécution des contrats et de la protectionde l’investisseur, le délai des audiences etde jugement des litiges doivent passer de210 jours à 120 jours.La communication est elle aussi un aspectà ne pas négliger. Il est donc primordialde communiquer sur toutes ces réformesdès qu’elles seront effectives, surtout en direction des contribuables ivoiriens et desinvestisseurs locaux et étrangers sur lesavantages qui leurs sont offerts. Avectoutes ces réformes, la Côte d’Ivoire pourrait davantage renforcer son image dans leclassement ‘’Doing Business’’ 2015 et accroître sa compétitivité au niveau régional.

Environnement des affaires, comment attirer les investisseurs ?

Note : * L'indicateur de Performance de la CNUCED est basé sur un ratio entre la part du pays dans le total mondial des IDE entrantset sa part dans le PIB mondial. ** L'indicateur de Potentiel de la CNUCED est basé sur 12 indicateurs économiques et structurels telsque le PIB, le commerce extérieur, les IDE, les infrastructures, la consommation d'énergie, la R&D, l'éducation, le risque pays.*** Les investissements greenfield correspondent à la création de filiales ex-nihilo par la maison mère. **** La formation brute de ca-pital fixe (FBCF) est un indicateur mesurant la somme des investissements, essentiellement matériels, réalisés pendant une année.

Emmanuel Esmel, Directeur du CEPICI, remet le rapport «Focus Doing business 2015»au Premier Ministre Ivoirien Daniel K. Duncan

2010 2011 2012 Flux d'IDE entrants (millions USD) 339 286 478 Stocks d'IDE (millions USD) 6.978 7.024 7.653 Indicateur de performance*, rang sur 181 économies 150 152 - Indicateur de potentiel**, rang sur 177 économies - 141 - Nombre d'investissements greenfield*** 2 2 2 IDE entrants (en % de la FBCF****) 17,7 15,5 15,2 Stock d'IDE (en % du PIB) 30,4 29,1 31,9

SITUATION DES INVESTISSEMENTS DIRECTS ETRANGERS

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13L’espoir The World Bank Magazine Abidjan / N° 011

DOSSIER

De nettes améliorationspour les affaires !

Burkina Faso

Le climat des affaires au Burkina Faso s’améliore indéniablement depuis cinq ans. En témoigne une batterie deréformes qui ont touché les principaux leviers de développement du pays: création d’entreprise, droit du travail, viejudiciaire ou encore sur le plan fiscal.

Des chantiers aux résultats prometteurs

Depuis l’institution du Centre de formalité des entreprises (CEFORE) etdes Centres de gestions agréées, il

est plus aisé de constituer une entrepriseau Burkina. Le coût de constitution au CEFORE est d’à peine 50 000F CFA et ledélai pour l’obtention de tous les documents de constitution est de cinq (5) joursouvrables.Par ailleurs, un travail considérable a étéfourni avec la réforme des licences d’affaires. D’après une étude indépendantemenée en 2009, la complexité de l’obtention de licences d’affaires était perçuecomme une contrainte majeure par les entrepreneurs burkinabè. En collaborationavec le Groupe de la Banque mondiale etsa société financière internationale (IFC),le gouvernement burkinabè a donc lancéune étude en 2012 faisant l’inventaire deslicences d’affaires existant dans tout le

pays. Cette étude a permis de réformerl’octroi des licences d’affaires, favorisantainsi l’exercice d’activités commercialeset industrielles. La rationalisation a portéessentiellement sur l’ajustement de certains délais, la mutation de certaines licences vers les départements ministérielsvéritablement concernés ou encore la réduction des coûts et des procédures de délivrance. Concernant la fiscalité, il faut retenir la réduction du taux de l’impôt sur les sociétés, qui est désormais de 27,5% au lieu de30% ; la réduction et l’uniformisation dutaux de la taxe patronale et d’apprentissage qui est désormais de 3% ; l’exonération des acomptes à l’impôt sur lesbénéfices pour la première année d’exercice ; la réduction de l’IUTS (l'ImpôtUnique sur les Traitements des Salaires)depuis le mois d’octobre 2013.Quant à la vie judiciaire, la création d’un

tribunal de commerce est un atout majeurpour l’environnement des affaires dans lamesure où cette juridiction ne connaît quedes affaires commerciales. Cette spécialisation judiciaire a l’avantage de prendreen compte la célérité du monde des affaires.Enfin, sur le plan social, le plafonnementdes indemnités de licenciement à 18 moisde salaire assure une sécurité juridique aumonde des affaires.

Un traitement égalitaire entre les entre-preneursL’amélioration du climat des affaires, enplus des efforts déjà fournis par le pays,suppose un traitement égalitaire de tousles acteurs. Il y a donc lieu, pour l’exercice de certaines activités, d’imposer laforme juridique sociétaire et interdire laforme individuelle. Il s’agit notamment dusecteur de transport des marchandises et

des hydrocarbures,dont plus de la moitiédes intervenants relèvent du secteur informel et perturbent demanière substantiellece secteur. En soumettant tous les acteurs à laforme juridique sociétaire, aucun d’eux nese trouverait dans lesecteur informel et chacun s’acquitterait desmêmes obligations fiscales. Un changementqui encouragerait sansle moindre doute les volontés d’entreprendre.

Environnement des affaires, comment attirer les investisseurs ?

8ème Journée de l’entreprenariat burkinabè en juin 2013

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The World Bank Magazine Abidjan / N° 01114 L’espoir

DOSSIER

La sécurisation et la réduction des délais de transfert de propriétéconstituent un autre objectif des autorités togolaises. Aujourd’hui, si la loi fixe le délai minimum de délivrance du titre à3 mois, le processus met en général des années, selon les témoignages. Les efforts en cours actuellement avec l’appui duPADSP visent à faire respecter déjà les trois mois, quitte à poursuivre les réformes pour faire sauter, plus tard, le verrou légalpour le réduire davantage. En plus de l’optimisation des délais,il apparaît impérieux de sécuriser le titre de propriété et rompreavec des situations anormales, pourtant très fréquentes, où l’onparvient à délivrer à plusieurs personnes des titres différents surle même bien. Déjà, on note une certaine avancée au niveau des services cadastraux selon Yves Amegnizin, Coordonnateur du PADSP :« Cette année par exemple, c’est nouveau, on a réalisé la cartographie du processus de transfert de propriété, ce qui nous a permis d’avoir une visibilité de tous les acteurs impliqués, decombien de temps on passe à chacune des étapes, quelles sontles difficultés qui surviennent, quelles sont les opportunitésd’amélioration possibles ».Le Togo a donc ouvert plusieurs chantiers de réformes qui vontcertainement se poursuivre et se consolider pour améliorer sensiblement le climat des affaires. Sans oublier les facteurs humains, tels que la volonté des principaux acteurs à changer lasituation, et la perception qu’ont les opérateurs économiques etles citoyens ordinaires des avancées réalisées.

C’est l’itinéraire d’un visiteur du Centre de Formalité des Entreprises (CFE), Me Tsakadi, notaire togolais, venu un Vendredi 25Octobre, tôt le matin pour retirer la carte d’opérateur économique de son client. C’est seulement la veille, le 24 octobre, quele dossier avait été déposé, à 17h, à la fin de la journée de travail. Illustration édifiante d’une célérité qui tranche avec unelourdeur bureaucratique longtemps décriée par le milieu des Affaires. Cet exemple montre que le Togo confirme et maintientainsi l’amélioration déjà notée en 2013 sur la durée du traitement des dossiers au CFE. La centaine d’appels téléphoniquesque recevait chaque jour son directeur, Samuel Sanwogou, de lapart des opérateurs économiques qui sollicitaient son intervention pour un traitement accéléré de leurs dossiers, a cessé d’exister. « Nous sommes directement connectés aux serveurs de laDirection des impôts, des services de la Caisse nationale de sécurité sociale et du greffe du Tribunal, ce qui facilite les procédures » explique t il avec fierté. .

Au total 6670 entreprises ont été créées en 2012, un record pourle pays. En 2013, avec une moyenne de 600 entreprises enregistrées par mois, un nouveau record est attendu. Avec un personnel très déterminé, passionné et requinqué par les résultats del’Edition 2014 du Doing Business, le directeur du CFE a milleet une raison de rêver de nouveaux challenges : « Le Projet d’appui au développement du secteur privé (PADSP) financé par laBanque mondiale va nous équiper en matériel et en ressourceshumaines additionnelles. En 2014, nous allons donc pouvoir délivrer des cartes de création d’entreprise en une demi journée ».

Quant à l’obtention des permis deconstruire, l’une des avancées importantes sur cette réforme concerne leCertificat d’enregistrement de l’Ordredes architectes du Togo : il coûtait environ 150 000 CFA francs. Désormais,ce permis n’est plus une obligation etles demandes et les retraits des permisse font désormais en un seul lieu : laMairie.

Environnement des affaires, comment attirer les investisseurs ?

Togo Investir devientplus rapide et moins cher

La création d’entreprise facilitée Améliorer les délais de délivrance etsécuriser les titres fonciers

Visiteurs au CFE de Lomé

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15L’espoir The World Bank Magazine Abidjan / N° 011

DOSSIER

Fondateur et Président de la Chambre de Commerce Européenne en Côte d’Ivoire depuis 2009, Maximilien Lemaireest l’un de ces acteurs fermement engagés dans le dévelop

pement des activités économiques du pays. Installé depuis longtemps à Abidjan, il a vu les choses évoluer dans le bon sens ausortir de la crise. Il reconnaît ainsi que les entreprises peuventêtre aujourd’hui rassurées par une nette amélioration, depuis unan, de la sécurité physique et juridique des opérateurs économiques. La création du Tribunal de Commerce est, à ses yeux, unsigne positif fort : « On le voit commeune institution indépendante et noncorrompue, notamment grâce à la participation de juges issus du secteurprivé.» Il faut toutefois continuer lesefforts en matière de gouvernance, lacorruption étant encore trop répandue. Autres atouts ivoiriens mis en exergue : les infrastructures, notamment les routes, et les services en télécommunication plussolides que dans le reste de la sous région, donnant un avantagecompétitif de poids.

Toutefois, pour améliorer considérablement le climat des affaires, « le plus gros du travail est encoreà fournir » insiste le président de la Chambre, enparticulier en matière de gouvernance et de corruption. Certains domaines doivent être mieux cadrés. L’attribution des marchés souffre encore d’unmanque de transparence non négligeable. Quantaux critères d’éligibilité, ils ne sont pas assez exigeants au détriment de la qualité des services fournis. Dans la même veine, il faut être plus regardantsur la crédibilité des entreprises soumissionnaires.Lemaire rappelle à ce sujet la spécificité des entreprises européennes : « Il y a une volonté forte d’intégration locale de la part de nos entreprises ».Autrement dit il ne s’agit pas seulement de recruterdes Ivoiriens mais aussi de les former et de les accompagner tout au long de leur expérience. Le Président d’Eurochamci entend ainsi rappeler que siles entreprises européennes proposent des prix parfois plus élevés que ceux de leurs concurrents, il nefaut pas oublier qu’elles apportent au pays des bénéfices qui dépassent le strict cadre des affaires etprofitent à son développement global. Par ailleurs,les réformes manquent de mesures d’accompagnement. On peut par exemple penser à la centained’entreprises européennes qui ont obtenu un agrément via le CEPICI mais sont toujours en attented’un terrain industriel. Enfin, la hausse de certainestaxes, comme la hausse des redevances sur les terrains industriels, et la fréquence élevée des

contrôles fiscaux est perçue comme contre productive, amoindrissant l’attractivité de la Côte d’Ivoire.

Pour terminer, la Côte d’Ivoire doit investir dans la formation.« Elle possède des instituts qui offraient des formations d’unegrande qualité jusqu’à la fin des années 90. Mais aujourd’hui onvoit arriver des ingénieurs ou des techniciens issus d’écoles réputées et qui ont pourtant tout à apprendre ». Les Ivoiriens sont

toujours qualifiés dans les métiers techniques tels que les BTP, l’acier ou lasoudure. Mais il s’agit de personnes enmilieu ou fin de carrière pour lesquellesil faut préparer une relève. Forte de cesconstats, la Chambre avait d’ailleurs en

cadré la formation de plus de 500 jeunes en stage dans des entreprises européennes, dans le cadre du Projet Emploi Jeunes etDéveloppement des Compétences (PEJEDEC) financé par laBanque mondiale. Le genre de partenariat public privé dont onne peut que souhaiter le développement pour l’avenir du pays.

La parole est aux acteurs

Maximilien LemairePrésident de la Chambre de commerce européenne en Côte d’Ivoire

La création du Tribunalde Commerce

est un signe positif fort

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The World Bank Magazine Abidjan / N° 01116 L’espoir

DOSSIER

Joseph Désiré Biley, a bien des choses à dire quand on lui parledu climat des affaires dans son pays. Si un bond de 10 places enavant dans le classement Doing Business 2014 est évidemmentappréciable à ses yeux, il en faut plus pour l’impressionner. Bileyet son directeur général, Louis S. Amédé, préfèrent rester concentrés sur les efforts qu’il reste à faire et sur les retombées concrètesdes réformes valorisées par le rapport Doing Business 2014 :« Cela ne doit pas rester un classement aux effets virtuels. La Côted’Ivoire a un cap à atteindre à l’horizon 2020 et cela requiert des actionsconcrètes en faveur du renforcementde la compétitivité de l’industrie etdes services associés»Les points forts de la Côte d’Ivoire selon Biley ? Les infrastructures économiques, notamment le réseau routier qui permet de

desservir les pays voisins plus facilement que sesconcurrents de la sous région. Il y a aussi la qualitédes ressources humaines. Nombre d’Ivoiriens sonttrès bien formés dans divers domaines dont l’industrie et constituent pour les entreprises ivoiriennes unexcellent vivier de compétences où elles peuvent recruter. Cela est moins le cas dans certains pays de lasous région ouest africaine, par exemple au Sénégaloù des entreprises doivent compter sur le recrutement d’expatriés, dans bien des spécialités industrielles, une solution nécessairement plus onéreuse. Les réformes gouvernementales saluées par DoingBusiness telles que la mise en place d’un guichetunique pour la création d’entreprise ou d’un Tribunalde Commerce sont certes des signes positifs. Mais lesreprésentants de la Fnisci estiment que « c’est toutl’écosystème des affaires qui doit progresser si l’onveut aider nos entreprises à prendre de l’ampleur etcontribuer plus effectivement à la croissance et audéveloppement». Ils pointent notamment la nécessité de faciliter la mobilité des marchandises dans leprocessus de dédouanement ou encore d’ajuster lepoids de la fiscalité. Selon la Fnisci, ce dernier paramètre amenuise actuellement la capacité d’autofinancement des entreprises. Concernant plusparticulièrement l’industrie ivoirienne Joseph DésiréBILEY pensent que les choses sont on ne peut plusclaires : « Il nous faut nous positionner en matière dequalité et d’innovation sur des segments de gammessupérieures par rapport à nos concurrents régionaux,comme a su le faire l’industrie allemande. Nous serons ainsi moins sensibles au facteur prix. » Pour l’avenir économique de la Côte d’Ivoire, le président de la Fnisci résume ainsi sa vision : « Je suis de

toute façon de nature optimiste ». Au delà de la filière café cacaoet des points forts que sont les secteurs minier et énergétique, ilprédit un bel avenir à la culture de l’Hévéa : «Nos exploitationsaffichent un rendement à l’hectare bien plus élevé que celui denos concurrents malaisiens ou thaïlandais, nous pouvons tout àfait challenger ces géants de la production mondiale dans les pro

chaines années». Dans cedomaine, le Fonds de Développement pour l’Hévéa, présidé par M. Biley,projette de faire consacrer300 000 hectares à la cul

ture de cette variété d’arbre. Une belle ambition qui contribuerait sans le moindre doute à faire de la Côte d’Ivoire un paysémergent d’ici 2020.

La parole est aux acteurs

Jospeh-Désiré BileyPrésident de la Fédération nationale des industries de Côte d’Ivoire (Fnisci)

«La Côte d’Ivoire a un cap à atteindre à l’horizon2020 et cela requiert des actions concrètes en faveurdu renforcement de la compétitivité de l’industrie

et des services associés»

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17L’espoir The World Bank Magazine Abidjan / N° 011

DOSSIER

La parole est aux acteurs

Pour Maître Dembele , Directeur du cabinet d’avocats DEMBSASSOCIATES, les efforts restant à fournir ne manquent pas pourgagner la confiance des investisseurs au Burkina Faso. « On peutraisonnablement affirmer que le climat des affaires s’est nettement amélioré » concède t il. Il insiste toutefois sur les différentsaxes qui doivent encore être travaillés. Maître Dembélé avait prispart en octobre 2012 à l’atelier de validation de l’étude sur l’inventaire des licences d’affaires au Burkina. Il se positionne résolument parmi les partisans d’une parfaite égalité entre lesentrepreneurs. Selon lui, « toute forme de discrimination doit êtreproscrite ». Autrement dit, il faudrait imposer la forme juridiquesociétaire à toutes lesentreprises qui souhaiteraient intervenir dansles secteurs que les autorités considéreraientcomme importants pourle pays (bureau d’études, ventes de matériels informatiques, prestations de services relatives aux marchés publics). Les entreprisesindividuelles seraient ainsi uniquement réservées aux petites activités d’achat revente.L’avocat Burkinabé se focalise aussi sur l’exécution des décisions

de justice qu’il définit comme « le nerf del’environnement des affaires ». Sur cepoint, il affirme que les difficultés sontnombreuses, tant au niveau de l’obtentiondes décisions (dont la rédaction peut prendre plus d’une année) que de l’exécutiondes décisions de justice rendue difficile àcause de la possibilité énorme de dilatoireofferte aux avocats. Pour lui, il est doncimpérieux de revoir le dispositif juridiqueafin que l’environnement des affaires soitcaractérisé par une réelle célérité dans letraitement des dossiers judiciaires sans laquelle tout effort d’amélioration de l’environnement des affaires serait sans effet.Lorsqu’on lui demande de citer des domaines attractifs pour les affaires au Burkina Faso, Maître Dembele évoque sanshésitation le secteur de l’agrobusiness,perçu comme l’un des plus porteurs pourle pays. Ce constat découle de l’engouement des investisseurs étrangers pour leprojet de Bagrépôle : un programme visantà créer une plate forme d’activités agro industrielles rentables de production et decommercialisation, susceptibles de contribuer significativement à l’amélioration desconditions de vie des populations de la ré

gion et à la croissance économique du Burkina. Cette grande attractivité se justifie par la qualité des aménagements prévus etsurtout par les avantages fiscaux et douaniers mis en place pourles investisseurs. Ces avantages conséquents sont justifiés parl’implication du Gouvernement dans la réussite de ce projet, quiest le projet pilote des pôles de croissance au Burkina Faso.De même, parmi les domaines particulièrement attractifs pourles investisseurs étrangers, on trouve ceux qui entrent dans lechamp d’application de la LOI N° 025 2012/AN du 04 juin 2012portant institution d’un régime fiscal et douanier spécial appli

cable aux conventions d’investissement signées avec l’Etat dans lecadre de la mise en œuvre de la stratégie de croissance accélérée et dedéveloppement durable (SCADD)encore appelée LOI SCADD. Toutefois, rappelle Maître Dembele, il

existe une double condition à respecter, à savoir, des investissements d’un montant d’au moins vingt cinq milliards (25 000 000000) de francs CFA et la création d’au moins cent (100) emploispermanents.

Maître Salifou DEMBELEAvocat à la Cour, Docteur en Droit, Fiscalité et Droit des Affaires (Burkina Faso)

«L’exécution des décisionsde justice est le nerf de

l’environnement des affaires»

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The World Bank Magazine Abidjan / N° 01118 L’espoir

IN ACTION

Par : Meritxell Martinez, Cedric N'Guessan & Rita Oulai

Que signifie ne pas avoir accès auxservices financiers formels ? La plupart des Ivoiriens le savent très

bien. Ils n'ont pas de compte bancaire,donc gardent leur argent à la maison où ilperd lentement de sa valeur et est facilement à la portée des voleurs. Ils n'ont aucunautre moyen d’effectuer des transactionsqu’en espèces, de sorte qu'ils sont obligésde garder l’argent du loyer en poche, craignant de se le faire voler en se rendant chezle propriétaire. Ils ne possèdent pas de cartede crédit. Même quand ils sont un peu àcourt d'argent à la fin du mois, ils n'ont pasles moyens d'acheter de la nourriture ni desuniformes d'école pour leurs enfants. Ilsn'ont pas accès aux prêts bancaires, d’oùl’impossibilité d’investir dans le genre demachines qui permettraient de transformerleurs entreprises et multiplier leurs revenus.En cas de sinistre, ils ne disposent pas d'assurance. Au mieux, ils pourraient solliciterl’aide des amis et de la famille. Au pire, ilsdoivent aller voir l’usurier local.

Seule 4% de la population adulte en Côted'Ivoire a un compte bancaire formel, et environ 7% utilise les services de microfinance. Le manque d'accès aux servicesfinanciers signifie que la majorité des Ivoiriens ne disposent pas de beaucoup dechoix financièrement productifs qu'ils aimeraient faire pour eux mêmes, leurs familles et leurs entreprises. L'économie dansson ensemble en souffre également. Sansaccès au financement, de nombreuses petites entreprises ne parviennent jamais à développer leur potentiel, ce qui entrave lacroissance économique et la création d'emplois. Mais il y a de l’espoir. Neuf Ivoiriens sur dix possèdent un téléphone cellulaire. Cela suggère que le marché en Côte d'Ivoire estmature pour les services financiers mobiles. La Côte d'Ivoire pourrait elle emboîter le pas au Kenya qui, aujourd'hui, possède le système de paiements mobiles le plus développé au monde ? Leservice leader M Pesa au Kenya est passé à 17 millions d'utilisateurs en seulement six ans et permet aux clients de déposer, transférer et retirer de l'argent à l’aide d’un téléphone cellulaire ou d’unappareil mobile. Il a véritablement révolutionné le secteur des services financiers dans ce pays.

Il n'y a pas de raison qu’une transformation similaire ne puisse seproduire en Côte d'Ivoire, pays qui possède déjà le secteur des services financiers mobiles le plus dynamique d’Afrique de l'Ouest,avec environ 3,4 millions de clients enregistrés et plus de 12 000agents qui offrent des services de dépôt et de retrait d’argent grâceà des appareils mobiles. En 2012, la Société Financière Internationale (SFI) et la Fondation MasterCard ont lancé ensemble le $37.4Partnership for Financial Inclusion (Partenariat de 37,4 $ pour l'inclusion financière) visant à accroître l'accès aux services financiersen Afrique sub saharienne. Le Partenariat a choisi la Côte d'Ivoire

Révolution mobile moneyCôte d’Ivoire

Les services de transfert d’argent par télép nette progression ces deux derni

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19L’espoir The World Bank Magazine Abidjan / N° 011

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pour un programme quadriennal de développement du marchépour apporter un soutien large et intense afin d’accélérer l'adoptiondes services de banque à distance. Ce programme vise à accroîtreconsidérablement l'utilisation des services financiers mobiles entravaillant au niveau du marché, au niveau institutionnel et en aidant les principaux acteurs du secteur. Son équipe collabore avecles acteurs et établissements locaux pour créer un climat d’affaires

favorable à travers des études de marché, des ateliers, une assistance technique, une campagne nationale de sensibilisation etl'amélioration du système économique.

Lors de l'atelier le plus récent, tenu au début du mois d’octobre2013, le programme a réuni 50 représentants de huit banques, desopérateurs de réseaux de téléphonie mobile, des établissements demicrofinance et des distributeurs de services financiers mobilespour explorer les possibilités et les défis en matière de gestion desservices d’agent bancaire. Un objectif clé du programme est d'ap

porter à l’Afrique les meilleures pratiques dans le monde et de partager les solutions innovantes développées en Afrique avec le restedu monde. Pour le dernier atelier, le programme a réuni des expertsdu Kenya (Mme Jennifer Barassa et M. David Ongera) afin de partager leurs expériences et connaissances avec le secteur ivoirien.L'atelier a été coparrainé par le CGAP, le Groupe consultatif d'assistance aux pauvres, une autre entité leader dans la promotion del'accès au financement. Le programme collabore également avec laBanque mondiale et la BCEAO dans la conception de réglementations appropriées pour les services bancaires mobiles et d’agentbancaire. Le nouveau cadre réglementaire portera sur les questionsd'interopérabilité, d'utilisation du porte monnaie électronique,d’agent bancaire et devrait entrer en vigueur en 2014.

Tout comme en Afrique de l'Est, le premier service adopté sur lemarché des services financiers mobiles en Côte d'Ivoire est le transfert d'argent. Il est désormais possible d'effectuer des transferts d'argent à l’aide de la technologie mobile dans la plupart des zonesurbaines et semi urbaines. La prochaine étape pour les fournisseurssera d'explorer des produits financiers mobiles plus avancés telsque l'assurance mobile, l’épargne mobile, les paiements de factures, les paiements mobiles et les paiements de salaires. Il y a d'autres défis. En effet, Bien qu'il existe des millions d'utilisateursenregistrés de services financiers mobiles en Côte d'Ivoire, la plupart d'entre eux restent inactifs. Le taux moyen d'activité des implémentations de services financiers mobiles est actuellementd'environ 20%. Le Partenariat pour l'inclusion financière vise à travailler avec les acteurs du marché pour porter ce taux à environ33% de la clientèle totale d'ici à 2016 et mène des recherches surles raisons de la faiblesse du taux d'activité afin d'aider à améliorer les interventions en termes d'éducation financière, de produitsfinanciers adéquats et de déploiement de réseaux d'agents dans leszones difficiles d’accès. Le programme du Partenariat met également l’accent sur la recherche de moyens efficaces de numérisationdes flux de paiement dans le secteur agricole, pilier essentiel del'économie ivoirienne. Dans les filières agricoles importantes tellesque le cacao, la noix de cajou ou le coton, la plupart des transactions se font en espèces et représentent un risque considérable desécurité et de gestion pour les acteurs du secteur tout au long de lachaîne d'approvisionnement, des petits exploitants agricoles auxdétaillants en passant par les distributeurs. Les services financiersmobiles pourraient changer cette situation.

L'accès au financement se développe rapidement en Afrique subsaharienne. La dernière Enquête sur l’accès au financement réaliséepar le Fonds monétaire international indique que l'écart d'accès enAfrique sub saharienne se réduit plus rapidement que dans d'autres régions du monde. Bien que l'enquête ne tienne pas compte del'effet de l’essor des services financiers mobiles sur le continent, lescomptes d'opérations mobiles sont éventuellement en train d’ouvrirla voie à une large offre de services financiers grand public abordables aux personnes à faible revenu et aux petites entreprises, cequi pourrait considérablement changer la vie de nombreux Ivoiriens, en leur donnant les outils financiers nécessaires pour participer à l'essor économique actuel du continent.

r téléphone ont connu une dernières années

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Mobile money revolution

What does it mean not to have access to formal financial services?Most Ivoirians know this very

well. They have no bank account, so theykeep their cash at home where it slowlyloses value and is easy for a thief to find.They have no other way of transactingmoney than in cash, so they are forced tocarry their rent money in their pockets,afraid they will be robbed on the way tothe landlord. They don’t have a credit card.Even when they are just a little short ofcash at the end of the month, they have nomeans of buying food or school uniformsfor their children. They don’t have accessto bank loans, and so they can’t invest inthe kind of machinery that would transform their businesses and multiply theirincomes. If disaster strikes, they haveno insurance. At best they might beable to ask friends and family for help.At worst, they have to go see the localloan shark.Only about 4 percent of the adult population in Cote d’Ivoire has a formalbank account, and about 7 percentuses microfinance services. The lack ofaccess to financial services means amajority of Ivoirians are unable to makemany of the financially productive choicesthey would like to make for themselves,their families and their businesses. Theeconomy at large suffers too. Without access to finance, many small businessesnever grow to their potential. As a result,both economic growth and employmentare hampered. But there is hope. Nine outof ten Ivoirians have a cell phone. Thissuggests the market in Cote d’Ivoire is ripefor mobile financial services. Could Coted’Ivoire go the same way as Kenya, whichtoday has the most developed mobile payments system in the world? The leading MPesa service in Kenya has grown to 17million users in only six years and allowscustomers to deposit, transfer and withdraw money using a mobile phone a mobile device. It has truly revolutionized the

financial services industry in the country. There is no reason a similar transformationcould not happen in Cote d’Ivoire. Coted’Ivoire already has the most dynamic mobile financial services sector in WestAfrica, with approximately 3.4 million registered customers and over 12,000 agentsoffering cash deposits and withdrawalthrough mobile devices. In 2012, IFC andThe MasterCard Foundation together launched the $37.4 Partnership for FinancialInclusion to increase access to financialservices in Sub Saharan Africa. The Partnership selected Cote d’Ivoire for a fouryear market development program toprovide broad and deep support to accelerate the uptake of branchless banking

services. The program aims to considerably increase the usage of mobile financialservices by working at market level, institutional level and by assisting key playersin the industry. Its team collaborates withlocal stakeholders and institutions tocreate a favorable business environmentthrough market research, workshops, technical assistance, a national educationcampaign and the improvement of theeconomic system.

At the most recent workshop, in early October 2013, the program gathered 50 representatives from 8 banks, mobilenetwork operators, microfinance institutions and mobile financial services distributors to explore opportunities andchallenges in agent banking management.A key objective of the program is to bring

best practice from around the world toAfrica, and to share innovative solutionsdeveloped in Africa with the rest of theworld. For the latest workshop, the program brought experts from Kenya, Mrs.Jennifer Barassa, and M. David Ongera, toshare their experience and knowledge

with the Ivorian industry. The workshop was co sponsored by CGAP, theConsultative Group to Assist the Poor,another leading entity in the advancement of access to finance. The program also works together with theWorld Bank and the BCEAO in designing appropriate regulation for mobile banking and agent banking. Thenew regulatory framework will address issues of interoperability, elec

tronic wallet usage and agent banking,and is expected to come into force in2014.Access to finance is increasing rapidly inSub Saharan Africa. The latest FinancialAccess Survey from IMF, the InternationalMonetary Fund, shows that the access gapin Sub Saharan Africa is closing faster thanin other areas of the world. Although thesurvey does not capture the effect of therise of mobile financial services on thecontinent, mobile transaction accounts arepossibly paving the way for a broad supplyof affordable mass market financial services for low income individuals andsmall businesses. It could make a huge difference in the lives of many Ivoirians, giving them the necessary financial tools tobecome part of the current economic riseof the continent.

By : Meritxell Martinez, Cedric N'Guessan & Rita Oulai

Côte d’Ivoire

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Achille Kouton, préside le groupement « Tonafa » installé dans le village de MondoTokpa. Un sentier bordé d’une canalisationd’eau mène au domaine de « Tonafa » établi sur une superficie de soixante hectares.Quarante personnes y travaillent. Depuisenviron une quarantaine d’années, cetteplaine inondable, abandonnée du fait desdifficultés de labour, est devenue une savane. « Personne n’osait s’y aventurer »confient les propriétaires des lieux. Mais actuellement, l’espace est quasiment libéré etl’on attend avec impatience la période descultures. À plus de dix kilomètres de Mondo Tokpa,

à la descente du pont de Goutin (en allantvers Kpédékpo), le site de Kodé occupeégalement soixante hectares. Là, travaille legroupement « Finagnon » composé de 41personnes dont 24 femmes. HippolyteAhossa Agossa, président du groupementexplique que depuis 35 à 40 années, cetteplaine inondable est jonchée de hautesherbes. Seules quelques cultures de riz sontpratiquées en bordure.Espoir. C’est donc grâce au PADA placésous la bannière du Programme Cadred’Appui à la Diversification Agricole (ProCAD), que 5600 ha de terres sont mis en valeur dans tout le Bénin. De cette superficie,

environ 2500 ha se trouvent dans la valléede l’Ouémé pour la culture du riz et dumaïs. « Nous avons cru que ce n’était pasdu sérieux car nous avions déjà connu desdésillusions avant cela » confient les responsables de l’organisation villageoise « Finagnon ». À en croire Achille Kouton, deTonafa, des projets avaient été menés sur lepérimètre de Mondo Tokpa par le passé,mais n’avaient pas eu un impact durable dufait du mode de gestion. « Avec le PADA,les choses sont différentes » précise t il. Ceprojet utilise la stratégie de « faire faire » enmettant les producteurs en amont et en avalde la gestion des activités. Achille Kouton

Riziculture : vers unerévolution agricole ?

Par : Nadiath A Dende & Osseni Sofiath

Le Programme d’Appui à la Diversification Agricole (PADA), initié par le gouvernement du Bénin sous financement Banque mondiale pouraccompagner la révolution agricole, force l’admiration des bénéficiaires. Grâce aux divers dispositifs mis en place, des facilités sont offertes auxproducteurs pour accroître le rendement des cultures.

Bénin

Préparation des sols pour la culture du riz dans le nord du Benin

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estime que l’innovation réside dans la miseen place d’un système rigoureux de suiviévaluation assuré par les agents du Centred’Action Régionale pour le DéveloppementRural (CARDER) Ouémé. Le contrat d’exécution prévoit que le PADAapporte 75% des ressources prévues, et lesexploitants assurent les 25% restants, en nature ou en numéraire. Déjà, un appui d’environ 21 millions de Fcfa est apporté par leprogramme, assure le président du groupement « Tonafa ». En outre, des formationssont offertes aux producteurs sur des techniques culturales à haut rendement, la gestion des ressources humaines et desressources financières en milieu associatif.L’organisation paysanne « Finagnon » deKodé a bénéficié, quant à elle, d’une aideestimée à plus de 27 millions de Fcfa. Cequi a permis l’acquisition de cinq motopompes, de casques, de bottes, de filets, detuyaux, d’engrais, de semences, etc. explique le président de cette organisation,Hippolyte Ahossa Agossa. Quant à JeanneAgbokannou, qui préside le groupement« Mihinmidé » de Honmè, elle indiquequ’environ 30 millions de Fcfa ont été octroyés aux quatre groupements de sa zone.Innovation. Dans le cadre du programme,des formations sont offertes aux populationssur le Système de riziculture intensive (SRI)qui permet d’accroître le rendement.Des travaux de débroussaillage, essouchage sont effectués et le sol estactuellement préparé pour la culturegrâce à une technique enseignée parles agents du Carder. Le dispositif quiconsiste à élever des diguettes de cloisonnement autour de plusieurs espaces de 25 mètres carrés, séparés pardes drains qui conduisent les eaux vers uncollecteur principal qui les déverse ensuitedans un cours d’eau. Achille Kouton ne peutcontenir son émotion : « C’est une technique merveilleuse. Lorsque nous creusonsla terre, l’eau jaillit. L’eau est ainsi filtrée dela surface du sol pour favoriser la culture.Le sourire renaît désormais sur nos lèvres ». Pour célébrer ce bonheur retrouvé, les cultivateurs du site de Mondo tokpa travaillenttous les jours (exceptés les dimanches) aulieu des mardis et vendredis initialement retenus. En attendant le retrait des eaux, lespremiers semis sont prévus entre octobre etnovembre. Et le rendement prévisionnel estde cinq tonnes par hectare.

Selon Emile Noukpo Houansou, secrétairegénéral du Conseil de concertation des riziculteurs du Bénin, l’appui global offert àDangbo en 2012 s’élève à plus de 700 millions de Fcfa. « L’accompagnement duPADA induit une subvention de 80% pour leproducteur. C’est une source de richesse ». Le but du PADA est de faciliter la vie auxproducteurs, accroître leur revenu et assurer les besoins alimentaires nationaux ainsique ceux des pays voisins. Source d’emploi .Jacob Ishola rappelle

l’ambition du projet : « Il faut que l’impactsoit fort pour que les gens comprennentqu’il y a de l’argent dans l’agriculture etviennent s’y installer, surtout que le gouvernement est prêt à les soutenir ». EdouardDofonsou Gbègbèlègbè, chargé d’Aménagement hydro agricole au CARDER OuéméPlateau, constate pour sa part que «beaucoup de jeunes sont revenus au villagecar les terres sont libérées ». Dans le périmètre « Honmè » les quatre groupementscomptent au total près de quatre cent personnes. « Maintenant, tous le monde affluevers la riziculture, y compris des parents quiconduisaient les taxi motos » confie JeanneAgbokannou de « Mihinmidé ». Mais par

rapport à la jeunesse, principale cible duprogramme, les différents acteurs constatentque des réticences subsistent encore. PourBulgide Zoumènou, point focal ProCAD auCARDER Ouémé Plateau, seul le dispositifd’accompagnement et d’encadrement misen place pour lever les contraintes (maîtrisede l’eau, financement, etc.) contribuera àl’amélioration des revenus, et à susciter plusd’engouement. À cet effet, les regards sonttournés vers la campagne 2014 qui devraitsensibiliser davantage de personnes, surtout

les jeunes, par ses résultats.

Défis : Au delà de la libération desterres, qui est déjà une réalité dansla Vallée de l’Ouémé, les producteurs auront besoin de tracteurspour le labour, de batteuses vanneuses pour la récolte et de filets

pour protéger les plants contre l’invasiondes oiseaux granivores (à défaut de solutions plus adéquates). Théodore Agbogninou travaille aussi à « Mondo Tokpa ». Ilplaide pour l’aménagement des voies d’accès aux sites. Il sollicite également des appuis du ProCAD pour aider l’Entreprise deService et Organisation de Producteurs(Esop) et la Coopérative d’Amélioration dela Filière Riz de l’Ouémé Plateau (Cafrop) àaccroître leurs capacités de production. Lesresponsables du ProCAD rassurent que lessolutions viendront de manière progressive,mais avec l’implication de tous.

Groupement des femmes de Honmè

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Par : Nadiath A Dende & Osseni Sofiath

Le secteur des semencesévolue avec le Programmede productivité Agricole en

Afrique de l’Ouest Dans le cadre de la mise en œuvre de son volet semence, le Programme de productivité Agricole en Afrique de l’Ouest (PPAAO) vise à géné-rer et accélérer l'adoption de technologies améliorées pour les produits agricoles prioritaires. Pour cela, il a mis en place une stratégie deproduction et d’utilisation effective de semences de variétés améliorées. Il s’agit d’une stratégie révolutionnaire qui facilite l’accès des petitsproducteurs aux semences de qualité en vue d’assurer une meilleure productivité agricole au Bénin.

Bénin

Avant le PPAAO Bénin, le secteur semencier était caractérisé par un dysfonctionnement des structures chargées del’animer. Les volumes de semences produits n’étaient pas suffisants pour permettre de couvrir les besoins réels ensemence. Le coût était trop élevé et la qualité peu satisfaisante en raison de l’inefficacité du système de contrôle de qualitéet de certification des semences ainsi quede l’inexistence d’un circuit organisé decommercialisation des semences liée àl’absence d’entreprises semencières éta

blies. Cela limitait l’accès aux producteursbéninois. Autant de contraintes qui fragilisent le secteur et que le PPAAO Bénin, depuis bientôt deux ans, contribue à lever.

La gestion du volet semence par lePPAAO-BéninLa première action concrète du PPAAOBénin a été d’appuyer la revue des textessemenciers nationaux pour les mettre enconformité avec les directives du règlement « REG4 » de la CEDEAO. Aujourd’hui, le « REG4 » est inscrit au

journal officiel du Bénin, ce qui le rendapplicable dans le pays. Une synthèse dece règlement est disponible et sera traduitedans trois principales langues béninoisespour sa large diffusion dans le monde desproducteurs.La seconde action du PPAAO Bénin c’estl’appui qu’il apporte à la production et à ladistribution des semences de qualité issuesde variétés performantes de maïs, de riz,d’ananas et d’anacardiers. Ainsi, au termede la campagne 2012 2013, 2000 kilogrammes de semences de pré base de septvariétés de maïs ont été produites par l’Institut National des Recherches Agricoles duBénin (INRAB) et distribuées dans deuxfermes semencières d’Etat et douze exploitations privées pour être multipliées ensemences de base. En ce qui concerne lafilière riz, huit cent seize (816) kilogrammes de semences de pré base de sixvariétés de riz de plateau et de bas fondsont été produites par l’Institut National deRecherche Agricole (INRAB) et utiliséespour la production des semences de base.Au niveau des semences de base, 50 800kilogrammes de semences de maïs ont étéproduites sur les fermes semencières de laDirection de l’Agriculture (DAGRI) et auCentre de Recherche Agricole Nord(CRA/Nord) d’Ina. Ces semences ont également été distribuées aux agriculteursmultiplicateurs de semences de maïs répartis sur toute l’étendue du territoire na

Couplage maïs et gombo

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tional. Par ailleurs 17 127 kilogrammes desemence paddy (semence de riz) sont réparties dans les localités productrices deriz pour y être multipliées en semencescertifiées.Pour ce qui est de l’ananas et de l’anacardier, des actions sont en cours pour la production et l’acclimatation des vitro plantsd’ananas de Cayenne lisse et de pain desucre et des plants greffés d’anacardiersissus d’arbres pairs pour l’installation desjardins grainiers de quatre variétés.

Le renforcement de capacités des acteursdu secteur semencierC’est le troisième acte de la stratégie duPPAAO. Le PPAAO Bénin a entrepris derenforcer les capacités des acteurs du secteur tant public que privés. C’est ainsi quedu 23 au 30 juin 2013, se sont dérouléesdans les différentes zones de productionde semences à Kandi, Parakou, Natitingou,Djougou, Dassa Zoumé et Bohicon, dessessions de formation au profit de 250agriculteurs multiplicateurs de semencesde maïs. Il s’agit de permettre à ces derniers, de maîtriser le mécanisme de production et de s’approprier les exigencesrèglementaires de la législation semencière en vigueur au Bénin.

Les attentes du PPAAO-BéninAvec les semences de pré base de maïsmises en place par le PPAAO Bénin, 111ha de champs semenciers ont pu être emblavés et il est attendu, au terme de lacampagne en cours, une production de206 tonnes de semences de base. Ces semences de base seront distribuées auxagriculteurs multiplicateurs pour la campagne 2014 2015.Pour le riz, les semences de pré base ontpermis d’installer 13 ha de champs semenciers pour une production estimée à40 tonnes de riz.

Les semences de base mises en place ontpermis d’avoir respectivement pour lemaïs, 3040 ha de champs semencier pourune production nette de 5 624 000 kg etpour le riz, 17124 kg de semence de basepour 342 ha pour une production de semences certifiées de 1 026 000 kg depaddy.

Toutes ces productions de semences certifiées seront directement livrées aux producteurs pour la réalisation desproductions de riz et de maïs de consommation.

La joie des bénéficiairesFrançois Worou SANDA est un retraité duMinistère de l’Agriculture ayant servi à laDirection de la Promotion, de la Qualitéet du Conditionnement des Produits Agricoles (DPQC). À ce titre, il mesure plusque quiconque l’importance des semences de qualités dans la modernisationde l’agriculture. « J’ai bénéficié de l’appui du PPAAO Bénin pour la multiplication des semences de pré base de maïsdans ma localité de Borodarou dans lacommune de Gogounou dans le Nord duBénin. Sur 5 ha, j’ai produit la variété desemence QPM Faaba. Je suis très heureuxde participer à l’éclosion de cette nouvellegénération de promoteurs de PME semence au Bénin. Je souhaite que lePPAAO Bénin puisse nous accompagnerdans l’élaboration des plans d’affaires. »Bossou AROUNA est un producteur de lavallée du Niger à l’extrême nord du Bénin.Contrairement à SANDA qui opère en in

dividuel, il est à la tête d’un groupementde huit agriculteurs multiplicateurs de semences de riz. Il espère devenir un professionnel de semence de riz dans cetterégion afin d’aider les producteurs à disposer, en temps réel, de semences de rizde qualité.

PerspectivesSans la contribution des entreprises, lesecteur semencier au Bénin, ne pourra passe développer pour induire la promotiondes filières agricoles. C’est pour cela quele PPAAO Bénin continuera d’appuyer lesmultiplicateurs privés à devenir des promoteurs de PME semence sans lesquels laviabilité et la durabilité du secteur seraient un vœu pieux.

Le Projet entend donc poursuivre ses interventions pour faire de la promotion dessemences de qualité, le levier incontestable du développement économique et social. Il s’engage donc à contribuerefficacement au renforcement de capacités organisationnelles, infrastructurelles,techniques et entrepreneuriales de cespromoteurs pour la réalisation de ses objectifs.

François Worou SANDA, retraité de l’administration béninoise, dans son champ de maïs

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Accompagner la jeunesse ivoirienne pour réussir l’aventure entrepreneuriale

En 2009, la Banque mondiale a mobilisé leFonds Fiduciaire State and Peace buildingFund (SPF) pour lancer un projet d’appui auxjeunes entrepreneurs et à la création d’emplois en milieu urbain. Financé à hauteur de2.5 millions de dollars, ce programme pilote« Entreprenariat et Création d’Emplois pourles Jeunes » qui vient d’être clôturé, a permisà de nombreux jeunes de préparer des plansd’affaires, de lancer des entreprises et decréer des emplois. Le programme visait troisobjectifs : (i) permettre aux jeunes entrepreneurs de lancer des affaires pérennes, (ii)créer des emplois pour la jeunesse ivoirienne, (iii) soutenir le processus de reconstruction de la paix et de la cohésion sociale.

Le programme « Entreprenariat et Création d’Emplois pour lesJeunes » a été mis en œuvre sous la gouvernance d’un ComitéExécutif Public Privé, par l’ONG internationale Technoserve dontla mission de développement économique et l’expérience del’entreprenariat répondaient aux exigences de la Banque mondiale. Le programme a été conçu en deux (2) composantes : (i) le renforcement des capacités entrepreneuriales des jeunes qui s’articule autour d’une Compétition de Plans d’Affaires, CPA, et (ii) lapromotion de la Responsabilité Sociale d’Entreprise, RSE. Le renforcement des capacités combine d’une part la formation en gestion d’entreprise et à l’élaboration de plans d’affaires avecl’assistance technique de la Société Financière Internationale (SFI)et ses modules de formation « Business Edge » et d’autre part, unsuivi opérationnel individualisé de 12 mois qui permet aux entrepreneurs de développer des compétences opérationnelles etde mettre en œuvre leur plan d’affaires. La première édition de la CPA s’est déroulée en 2010 à Abidjanet a permis à 100 entrepreneurs de finaliser leurs plans d’affaireset pour la plupart, de démarrer activement leurs entreprises. Les

20 meilleurs projets d’entreprise ont reçu des prix de $ 25.000pour chacun des 10 premiers et $ 10.000 à chacun des 10 autres.La deuxième édition, étendue à la région de Bouaké, a sélectionné 160 entrepreneurs dans le même dispositif de renforcement de capacités. Ce sont 64 projets qui ont été récompensés àtravers trois niveaux de prix : $ 15.000 pour chacun des 16 premiers projets, $ 10.000 pour chacun des 16 projets suivants et$ 5.000 pour chacun des 32 autres projets. 1.200 jeunes ont été ainsi sensibilisés à l‘entreprenariat, 260 entrepreneurs dont 33% femmes ont été formés à la gestion d’entreprise et à l’élaboration de plans d’affaires, 150 entreprises sontdéjà actives et 1.026 emplois créés soit 7 en moyenne par entreprise. Les apports en financement des projets ont atteint 855 millions de FCFA dont 455 millions FCFA sous forme de prixapportés par le programme et près de 400 millions FCFA sousd’autres formes. Parmi les secteurs d’activités privilégiés par lesjeunes, citons l’agro industrie, la restauration, le bâtiment, lesservices à la personne, l’énergie, les technologies de l’information et de la communication ou encore l’éducation et la formation.

Certains entrepreneurs désiraient depuis longtemps créer une entreprise mais n’en trouvaient pas les financements nécessaires.C’est par exemple le cas de Madame Adico Ollo Sarah, fondatrice et directrice de l’école maternelle « La Coccinelle ». Initia

lement gestionnaire de trésorerie dans une école internationale àGrand Bassam, Madame Adico avait le projet de créer une écolespécialement dédiée à la petite enfance à Abidjan. Cependant,les ressources financières et certaines compétences pour concré

Un véritable tremplin pour les entrepreneurs

Entreprenariat etCréation d’Emplois

Par : Désiré Bankolé, Cendrine Adalberon& Hafsa Batchily Dia

Les lauréats de la compétition plan d’affaires primés à Bouaké

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The World Bank Magazine Abidjan / N° 01126 L’espoir

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tiser son ambition lui faisaient défaut jusqu’à ce qu’elle prennepart à la Compétition Plans d’Affaires et bénéficie de la formationet du coaching. Lauréate de la CPA 2010, Madame Adico a reçucomme prix la somme de 4 millions FCFA. « C’est avec cet argentque nous avons pu avoir le local et avons fait les investissementsnécessaires, les aménagements et les équipements pour ouvrirl’école. Le programme a été le moteur même de notre projet. Ila donné vie à une idée qui était juste sur papier avant cela. ». Six

emplois pour jeunes diplômés ont été créés par la même occasion : quatre institutrices et deux aides éducatrices préscolaires.Madame Adico voit aujourd’hui l’avenir de son école avec optimisme : « L’année dernière nous en étions à 17 élèves car nousavons commencé un peu tard, cette année nous sommes à 54élèves. Nous pensons que les perspectives sont bonnes, l’annéeprochaine nous attendons 75 élèves et pensons que nous pouvons atteindre cet objectif. »

L’école Coccinelle de Madame Adico fait partie des lauréats primés à Abidjan

Quant à Monsieur Ouattara Hamidou, son activité existait depuis 2004 mais de manière informelle. Lancé dans l’élevage devolaille à Bouaké après un DUT en gestion des entreprises agropastorales et une maîtrise en sciences de gestion, Monsieur Ouattara rencontrait des difficultés à donner à ses affaires le statutofficiel d’Entreprise Individuelle. C’est chose faite depuis 2012.Sa participation à la compétition lui a permis de remporter undeuxième prix lui permettant de faire des investissements stratégiques : « Je possédais déjà un terrain où j’élevais quelques volailles mais les normes techniques et d’hygiène pour ouvrirofficiellement un commerce exigeaient des investissements trèscoûteux. Remporter ce prix m’a permis d’acheter un bâtiment etdes infrastructures adéquates. Aujourd’hui j’élève 1.050 bêtes ».Ce technicien agropastoral entamera en décembre 2013 la commercialisation de ses produits pour lesquels il a déjà trouvé desclients. L’aventure ne s’arrête pas là. Encouragé par un tel développement de son activité, il souhaite maintenant se lancer dansla culture maraîchère biologique, grâce aux engrais produits parson élevage de volaille et former des jeunes à ce mode de culturepour les réinsérer dans la vie professionnelle. Il capitalise la formation dispensée par les consultants « Business Edge » et repartà la recherche de financement avec cet atout et l’appui conseil deson coach.

Ouattara Hamidou

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27L’espoir The World Bank Magazine Abidjan / N° 011

IN ACTION

Grâce au programme « Entreprenariat et Création d’Emplois pourles Jeunes », un Réseau des Entrepreneurs Actifs de Côte d’Ivoire(REACT) est également né. « L’idée était de constituer une communauté économique forte avec des liens solides sur lesquelsnous allons nous appuyer pour développer les entreprises quenous avons déjà et créer celles que nous rêvons de créer » précise Francis Nibon Koné, Directeur Général du Cabinet EDUCASet Président du REACT. La mission première de ce réseau est detrouver des solutions plus adéquates aux problèmes de la création et du développement des entreprises en Côte d’Ivoire sansoublier celle de « faire de l’entreprenariat, le poumon de l’économie ivoirienne » insiste Francis Nibon.À très court terme, les participants aux CPA bénéficient du suiviopérationnel de leurs activités d'entrepreneurs. Certains ont eu la

possibilité de s'inscrire dans les démarches similaires commeSEED, Stanford Institute for Innovation in Developing Economies,qui devraient leur permettre de confirmer et d'amplifier leurs résultats. Les autres trouveront un soutien important et durable dansle REACT.

L’entreprenariat reste un levier majeur du développement économique et de la création d’emplois et figure au rang des axesprioritaires de l’Etat de Côte d’Ivoire dans sa stratégie de développement des PMEs, en cours de validation avec l’assistance dela Banque Mondiale.Sa promotion réussie combinera l’exploitation de nombreusessynergies avec d’autres programmes de la Banque Mondialecomme le PARE PME , le PAPC et le PEJEDEC .

Un réseau émergent d’entrepreneurs pour accom-pagner l’avenir

Certains entrepreneurs possédaient déjà une activité au statut officiel mais les fonds et les compétences leur manquaient pour ladévelopper. Monsieur et Madame Gueï ont constitué leur commerce d’élevage et de vente de porcs, appelé JMEC, en entreprise individuelle en 2010. À cette époque ils sont propriétairesd’un cheptel de 211 bêtes et d’un terrain d’environ 3.500 m². En2011, ils étendent leur activité à 6.700 m² de terrain et 2300bêtes. Mais les fondateurs de JMEC sont confrontés à un manquede compétences pour gérer une entreprise de cette ampleur. Ilsparticipent alors au programme d’appui aux jeunes entrepreneurset notamment à la formation incluse dans ce programme. « Cetteformation m’a apporté beaucoup. Je n’avais pas vraiment l’espritd’entreprenariat, je le voulais mais les rudiments me manquaient. Avec cette formation j’ai pu mettre en place une organisation par rapport à mes collaborateurs, chacun sait ce qu’il aà faire maintenant et on ne se cache plus derrière quelqu’und’autre, chacun connaît ses tâches et sa place», explique Ma

dame Gueï. De plus, les 10 000 dollars (5 millions FCFA) reçuspar JMEC permettent de faire de nouveaux projets : «Ce prix vame permettre de souffler un peu. J’ai déjà agrandi mes magasinsmais avec cet argent je vais pouvoir acheter des aliments car icic’est le stock qui me manque ».

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The World Bank Magazine Abidjan / N° 01128 L’espoir

Stéphane Eholié :African Success story

Il fait partie incontestablement de ceux qui vont changer la face de l’Afrique de demain. A la tête de SIMAT (Société ivoirienne demanutention et de transit) Stéphane Eholié peut aujourd’hui se targuer, par la force de sa conviction et la performance de sonéquipe, d’être le premier africain à introduire son entreprise sur les marchés des valeurs internationales. Parcours d’un succès 100%made in Africa

Destin :En puisant dans ses souvenirs, on pouvaitdire de lui qu’il avait le profil parfait del’adolescent classique : Amoureux du footet du basket, très enjoué et plein de vie.Sur le plan des études, Stéphane avouequ’il s’en tenait au strict minimum. «Rien ne laissait présager à cette époque

l’entrepreneur que je suis aujourd’hui. Leschoses ont réellement commencé à prendre forme après le BAC, année durant laquelle j’ai pris conscience et fait de mesétudes une priorité. » dit il. C’est alorsqu’il développe une attitude dont il ferason bréviaire : Etre appliqué. C’est quoi aujuste ? « La passion du travail bien fait. Letravail est devenu ma vraie devise et j’avaisla certitude que par la force du travail, on

pouvait réaliser beaucoup de choses. ».Tour à tour, il décroche un DESS (Diplôme d'études supérieures spécialisées)en économie et finance d’entreprise desuniversités de Nantes et de Paris IX Dauphine. Pendant tout son parcours, il vas’efforcer à être parmi les meilleurs, touten gardant sa bonne humeur. « J’avais desprédispositions à me consacrer à une activité et à la mener à bien, mais l’idée d’en

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treprendre en elle même a fait surfacequand je suis entré dans le monde du travail » reconnait Stéphane affirme que, depar ses études, il aurait dû se tourner versles organismes internationaux, lesbanques et autres institutions financières.Mais il accepte une proposition de stagechez Bolloré Paris, qui décide très rapidement de le garder. Bolloré, qui sent venirl’heure des cadres africains au sein desmultinationales opérant sur le continent,dépêche Stéphane auprès de sa représentation en Côte d’Ivoire, chez SDV précisément où il va gravir les échelonsjusqu’au poste de Directeur de la Manutention. Reconnaissant. « J’ai énormémentappris à SDV. Cela m’a donné l’opportunité d’apprécier le monde maritime à travers le regard du leader dans ce domaine, J’y ai appris les rouages du métier. J’estimais avoir tous les atouts pour me lancerà mon propre compte ayant été à si bonneécole ».

Fierté :Depuis la nuit des temps, l’activité portuaire et maritime est l’affaire des occidentaux qui règnent en maîtres, surtout surla façade atlantique ouest africaine. Laprouesse de Stéphane Eholié est d’être parvenu à casser le monopole de la manutention portuaire en donnant naissance àla toute première société intégralement fi

nancée par des capitaux ivoiriens, jusqu’àl’introduire, chose inédite, à Euronextbourse Paris en 2007. « Sans moyens, j’airéussi à fédérer des gens pour réunir lescapitaux nécessaires à la création deSIMAT. Mon premier succès a été la naissance de SIMAT alors que le pays traversait une période d’instabilité. Il n’y avaitque mon bureau et 8 chaises blanches quiservaient de sièges aux collaborateurs quiavaient accepté de me suivre dans cetteaventure. Je me suis dit alors : ça y est,nous y sommes par la force de notre travail ! Là a été mon premier succès » raconte Stephane qui eut aussi le mérited’avoir gardé intacte la cohésion de sonpersonnel durant la crise postélectorale deNovembre 2010, alors que le port d’Abidjan avait fermé ses portes quelques moisplus tard . « La période de crise en Côted’Ivoire a été assez difficile. Nous avonspassé six mois sans travailler, trois mois deplus et nous aurions mis la clé sous le paillasson »L’introduction à la Bourse de Paris permetà Stéphane de réaliser 2 objectifs majeurs: D’une part, La visibilité internationaled’une entreprise made in Africa ; d’autrepart, la preuve qu’il n’y avait pas de fatalité africaine et que l’image de mauvaisegestion collée aux entreprises africainesn’avait pas raison d’être. Ses qualités managériales, Stéphane neles tire pas d’une quelconque « dictaturede la performance » qui rabaisse l’em

ployé au stade mécanique. Bon père de 5enfants qu’il a eus avec la même épouse,il cultive le sens du respect et la responsabilité « Ma journée de travail débute dès4h30. A 5h, je suis dans mon bureau pourcommencer à travailler puis je fais unepause à 7h pour appeler mes enfants ; cesont eux qui me donnent le courage et mepoussent à ne jamais renoncer ; ils sontmon talon d’Achille. A midi, je rentre enfamille. Puis je retourne au bureau pourfinir généralement vers 20h. Le reste de lasoirée est réservé exclusivement à ma famille. Dans ce périple, j’y ai été avec mafamille et elle m’a suivie jusqu’au bout.Ma famille me rappelle la promesse de nejamais renoncer et me permet de garder latête sur les épaules. »

Rêve :Stéphane est conscient des effets nocifsd’une mauvaise gouvernance politique etéconomique sur le devenir de l’Afrique. Ila l’humilité de ne porter aucun jugementde valeur sur les politiciens, cependant ilestime que l’instabilité ne sert pas les PMEqui sont le poumon de l’économie ivoirienne. « Mon rêve le plus cher pour monpays et pour l’Afrique, c’est de voir lesAfricains sortir de la grisaille du sous développement de leur propre chef »,conclut il.

Nombre d’employés de SIMAT : 531➢ Chiffre d’affaires 2012 : 11 349 419 340 F CFA➢ Moyenne progression annuelle : 10%

Chantiers pour l’avenir :➢ Augmentation des capacités opérationnelles et renforcement de la compétitivité de la SIMAT

(Entrepôts, magasins, matériels de levage)➢ Consolidation du Management et de la gouvernance (Formations…)➢ Augmentation du chiffre d’affaire de 15% avec une réduction des charges d’exploitation de 10%➢ Renforcer les fonds propres➢ Réduire les frais financiers en consolidant une partie du découvert bancaire.➢ Renforcer la gouvernance d’entreprise par une démarche qualité➢ Consolidation de sa position concurrentielle sur son marché

➢ Visibilité sur le marché des capitaux

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INSIDETHE BANK

The World Bank Magazine Abidjan / N° 01130 L’espoir

Kobido : « Mon travail à la Banque mondiale est très importantpour moi. Les bénéfices que l’institution nous accorde, surtoutpour la couverture médicale, sont très généreux. Il y a beaucoupde boulot, mais on me respecte et on se comprend toujours. LaBanque m’a permis de visiter plusieurs pays (Sénégal, Ouganda,Kenya) pour suivre des formations, et pour moi c’est formidable !»Honoré : « Quand j’ai été recruté à la Banque il y a un peu plus 2ans, j’avais très peur des gens. Mais j’ai réalisé très tôt que le staffest très simple, et qu’il y a une très grande convivialité au sein del’institution. On s’appelle par les prénoms (même avec les Chefs !)et on se tutoie. On nous donne des formations régulières et noussommes respectés. C’est tout simplement extraordinaire ! »

Koffi : « Ce que j’aime le plus à la Banque, c’est que l’institution abeaucoup de reconnaissance pour le travail que fait chaque staffet le valorise. En dehors des formations que nous suivons réguliè-rement à l’extérieur du Togo, j’ai eu personnellement la chanced’aller jusqu’au siège, à Washington, pour participer à une réuniondu Staff Association avec le Président de la Banque. Pour moi, c’estune expérience formidable que je n’oublierai jamais ! »

Laparoleest à…Kobido, Koffi et Honoré, Trois personnes formidables auBureau de Lomé !

Dominique Aka-Abhe, (1957-2013)

Une collègue d’exception qui nous a quittés subi

tement le 4 septembre dernier, au terme d’une

courte maladie. Nous avons demandé aux enfants

de Dominique de lui faire un témoignage dans nos

colonnes pour que son esprit continue à souffler

ses qualités exceptionnelles dans nos archives.

Lisez plutôt.

Maman était une femme précieuse, délicate dans ses attentions,toute en distinction mais dans la plus grande discrétion. Elle avaitdécidé d’être soignée et méticuleuse dans tout ce qu’elle faisait etd’être bienveillante envers tous et malgré tout. Elle n’aimait ni lesmauvais comportements ni les voies détournées et encore moinsl’injustice. Elle savait dire le fond de sa pensée et défendre sesopinions avec beaucoup de fermeté. A ses côtés, nous avons trouvéune oreille, un soutien, un réconfort, un conseil. Plusieurs ontégalement connu son respect, sa courtoisie et sa générosité. Au quotidien, elle était plus qu’une maman, elle était aussi notreamie. Elle voulait tout savoir de nos journées, des activités quenous avions mené, des personnes à qui nous avions parlé, et pardessus tout, ce que nous avions mangé. Malgré la distance et lesdécalages horaires, elle savait nous communiquer son calme et sasérénité dans les moments de doute. Elle était très présente et ànotre écoute même après les heures passées à « la Banque», dontelle nous revenait souvent avec des anecdotes empreintes de laconvivialité et de l’esprit de famille qui liait les membres du personnel. Pour nous, ce fut un bonheur, un plaisir, un honneur de vivre ensa compagnie. Nous l’aimerons certainement pour la vie.

Tes enfants qui t’aiment et qui ne t’oublieront jamais (Joël, Fabrice, Lau

rianne et Céline)

Kobido Alofa, Koffi Ekoutsé et Honoré Logossou ne sontpeut-être pas des TTL (chargés de projets), ils ne sont pasdes « high level staff » comme on dit, mais ils sont indis-pensables pour l’accomplissement du travail de laBanque.Kobido, Koffi et Honoré sont les trois chauffeurs du Bu-reau de la Banque mondiale au Togo. Ils connaissenttous les coins et recoins de Lomé, la capitale, et du paystout entier. Très sollicités pour les courses quotidiennesà faire pour le bureau, ils ont la confiance de tout le per-sonnel.

In memory

NSHE BANK

he o d Ban agazine bi jan / N 0110 L espoi

New StaffOusmane Diagana, Directeur des Opérations dela Banque mondiale pour la Côte d’Ivoire, Burkina Faso, Togo, Benin et Guinée (a partir du 1erjanvier 2014). De nationalité mauritanienne,Ousmane Diagana remplace à ce poste MadaniM. Tall à partir du 1er Janvier 2014. Son dernierposte est celui de directeur des Opérations pourle Mali, Tchad, Guinée, et Niger, avec résidence à Bamako. Diplômé des universités deDakar (Sénégal) , Sussex (Royaume Uni) et Harvard (États Unis), c’est un homme rompu au développement, qui a reçu en 2009 le prix duMeilleur Manager de la Banque mondiale. Marahba Diagana !

Lucienne M’Baïpor a rejoint l’équipe de laBanque mondiale d’Abidjan en Septembre dernier comme spécialiste senior en développementsocial. Elle vient du bureau du Tchad où elle occupait le même poste. Lucienne écrit depuis unedizaine d’années des articles sur le droit de lafemme, des nouvelles et des contes pour les enfants.

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Lettre à un « Grand frère » nommé Madani M Tall.

“You are just the BEST !”

C’est une de tes anciennes collègues du bureau de Yaoundé, Bernadette Djapa Nyanjo, qui m’a inspiré cetitre et je revois encore l’émotion qui étreint sa voix en évoquant les 3 années passées à tes côtés lorsque, pour tonpremier poste de Country Manager, tu avais posé tes valises à Yaoundé. Vois-tu, dans l’émotion, il est très facile d’élever quelqu’un au rang des personnages clés del’Histoire de la condition humaine, magistralement décrite par Malrauxau début du siècle passé. Mais j’ai appris à connaitre en toi l’humilité de faire ce que tu estimes êtrebon, utile et juste pour la bonne cause, sans attendre rien en retour. Je viens d’une famille modeste dont les deux défunts parents n’ont jamaiseu accès à l’école, à cause de l’archaïsme d’une société segmentaire qui alongtemps pointé l’arme de l’injustice sur la tempe des innocents.J’ai un profond respect pour les hommes et les femmes qui se bat-tent contre la bêtise humaine, sans demander la gloire. J’ai vu tarévolte à Bouaké , dans le Centre Ouest ivoirien contre ce re-présentant de l’Administration locale qui faisait l’apologie de ladiscrimination à l’égard des femmes. Les yeux dans les yeux, tu lui as dit ceci , avec le courage et l’élé-gance qui te caractérisent : « Je suis le petit fils d’ El Hadj OmarTall, grand érudit par qui l’Islam est entré dans une bonne par-tie de l’Afrique noire. Jamais je ne cautionnerai des pratiques quiavilissent les femmes, quelles que soient leurs bases idéologiques ».Les Almoudos de Dakar, ces enfants de la rue qui vivent le bagne au nom d’une prétendue tradition séculaire,continuent leurs aventures ambiguës ( Cheikh Hamidou kane, 1961) et mangent toujours dans leurs sébiles.Mais ils auront trouvé en toi un défenseur et un combattant pour la dignité de l’enfance.

Ton « langage de l'aîné aux cadets », j’ai appris que c’est au Cameroun que tu l’as conceptualisé quand tu avaiseffectué le tour des principaux établissements secondaires de Yaoundé, dans le cadre des « Causeries éducatives» sur le Vih sida. Plus tard, j’ai aussi appris que c’est suite au départ prématuré de l’un de tes meilleurs amis, emporté par cette ma-ladie, que ta conscience a été secouée. Là-haut, s’il pouvait nous entendre et parler à nouveau, il t’aurait certai-nement dit Merci pour ta loyauté. C’est extraordinaire le charisme que tu exerces sur de nombreuses personnes dont j’ai été témoin de quelques scènesde rencontres et d’échanges. Mes amis de la presse ivoirienne me confient l’effet « hypnotique » que ton argumen-taire produit très souvent sur eux, même si tous ne partagent pas forcément notre discours. Alors j’en suis venuà douter de ma propre posture intellectuelle pour avoir défendu les thèses de l’Utopie de la communication (Phi-lippe Breton). «A chaque fois que je viens avec des questions en béton, ton boss me désarme » me dit un jour unjeune reporter dans un Nouchi dont seuls les Ivoiriens ont le secret. Jusqu’aux derniers jours de ta mission, tu auras servi l’institution avec passion, compétence et un sens sublimi-nal du respect de la parole donnée. Prosper, Alexis, Robert et moi-même avons encore en mémoire cette belleleçon que tu nous as donnée dans ton bureau il y a encore quelques jours, sur le sens de la parole donnée, pouravoir trainé sur un dossier de moins de 15 000 dollars. Je perçois encore la peine que tu avais sur le visage et taphrase « Vous voulez nous mettre la honte ? ». La honte ou comment éviter de perdre la face lorsque nous re-présentons une institution aussi prestigieuse que la Banque mondiale et que nous prenons des engagements depouvoir venir à bout, sinon la réduire drastiquement, de la pauvreté d’ici 2030.J’ai tellement de choses à écrire et dire sur le court chemin que nous avons effectué ensemble. Toi, le natif deBandiagara, berceau d’un haut foyer du savoir Peulh, saches que tu seras pour toujours mon grand frère à moi.Adiaarama Tall, Tall, Tall….

Taleb Ould Sid’Ahmed. Abidjan le 5 décembre 2013.

31L’espoir The World Bank Magazine Abidjan / N° 011

Post-Scriptum

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L’Editorial

L ’Eveneme

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trimestriel publié par le bureau régional de la banque mondiale (Côte d’Ivoire, Burkina Faso, Togo, Benin) gratuitementdistribué gratuitement

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Energie, Routes, Assainissement, Transport :

Le Pari de la Réhabilitation

Burkina FasoLe financement de l’eau potable en question Bénin« mWATER »Petite révolution en millieu rural

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