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Envie_de_lire_28

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Vous tenez entre les mains un recueil éclectique de propositions de lectures concocté par vos dévoués bibliothécaires. Vous y trouverez aussi bien des nouveautés que des classiques, des essais que des bandes dessinées ou des romans, sans oublier la scien-ce-fiction ou les polars, bref, tout ce qui fait la diversité des collections que les bi-bliothèques municipales mettent à votre disposition.Nous, bibliothécaires passionnés de lecture, partageons avec vous nos coups de cœur dans ces petits textes que nous vous laissons découvrir et dont nous espérons qu’ils vous donneront envie de lire.

Visitez aussi le blog des Bibliothèques municipales :lhibouquineur.wordpress.com

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ALEXIS RobertLa robeParis, Seuil, 2008 (Points ; 1978). 93 p.Disponibilité CIT • EVIcote R ALEX

Premier roman d’Alexis Robert, abreuvons-nous de cette écriture dentelée, sertie à la manière des écrivains de jadis et goûtons à ce récit décalé. Un jeune officier, aspirant issu de la grande noblesse s’ennuie entre les interminables exercices à la caserne et les soirées passées dans les cafés. Un enchaînement tragique lui fera rencontrer des per-sonnages incroyables, traverser le miroir des bienséances et poursuivre une femme-déesse enivrante qui le mènera au duel, à l’opprobre, sinon à la déchéance ou la mort certaine. L’aspirant ne perdra pas la vie dans ce tragique guet-apens, mais son identité éclatera et révélera le côté sombre de son âme sans plus de repère aucun. De la très grande littérature est enfermée, tel un trésor, dans ce petit livre : un pur joyau.

MCM

ANTUNES Antonio LoboMémoire d’éléphantParis, Bourgois, 1998. 206 p.Disponibilité CIT • EVI • MINcote R ANTU

Titre original portugais : Memoria de elefanteDisponibilité JONcote R69 ANTU

A Lisbonne, un psychiatre touche le « fond du fond ». Séparé de sa femme depuis 5 ans, il pleure encore cet amour. Hanté par les 27 mois où il était médecin pendant la Guerre d’Angola, il ne peut comprendre les gens qui tiennent des propos racistes, qui s’estiment de classe supérieure et qui regrettent le régime de Salazar. Il soigne les fous qu’il trouve souvent plus normaux et plus agréables à côtoyer que ses col-lègues. Chaque semaine il se rend à une thérapie de groupe qui ne fait qu’accentuer sa colère contre cette société qui ne lui convient pas. Les phrases d’Antonio Lobo Antunes prennent des allures de gros serpents qui nous attrapent pour lentement nous étouffer par cette tension intérieure que le narrateur, double de l’auteur, nous transmet. Ensuite, c’est nous lecteur qui devons digérer ces pages de cris mais aussi, heureusement, de drôlerie compensatoire. L’auteur a écrit ce premier roman à la fin des années 70, une belle entrée dans son œuvre car on y trouve tous les thèmes qui seront ensuite revisités.

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ACKROYD PeterLa chute de TroieParis, Rey, 2008. 233 p.Disponibilité BUS • JONcote R ACKR

Vous êtes attiré(e) par les vieilles pierres et les trésors cachés ? Les temps anciens vous fascinent ? Alors ce roman vous captivera. Ackroyd, auteur de nombreuses biographies et romans, y retrace la vie d’un certain Obermann, personnage inspiré par l’illustre archéologue Heinrich Schliemann. Obermann est bien résolu à prouver au monde entier que le chantier d’Issarlik qu’il fouille avec ses ouvriers, correspond à la cité de Troie. Sa jeune épouse Sophia, aussi effrayée par l’extravagance qu’éblouie par la per-sonnalité hors du commun de son mari, commence à se poser des questions sur le passé de celui-ci… Aventure, histoire, agrémentée d’un brin de romance sont les ingré-dients de ce roman captivant. Et pour approfondir le sujet de Troie et de Schliemann, je vous invite à consulter le documentaire suivant : L’or de Troie ou le rêve de Schliemann, d’Henri Duchêne, disponible dans de nombreuses bibliothèques.

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AGUS MilenaBattement d’ailesParis, Liana Levi, 2008. 153 p.Disponibilité BUS • CIT • EVI • JON • MIN • PAQ • STAcote R AGUS

Si vous avez envie d’un petit instant de bonheur, je vous invite à lire Battement d’ailes de l’écrivaine Milena Agus. La famille de la jeune narratrice de l’histoire, a dû «se rabattre» sur ses terres sardes car le papa est parti ou mort -on ne sait pas vrai-ment- et la famille s’est retrouvée ruinée. La jeune fille (on ne saura jamais son prénom) reste en contact avec ce père absent grâce à des battements d’ailes et communique ainsi avec lui. De plus, elle est fascinée par sa voisine, une femme to-talement incongrue et excentrique. Pensez donc, à 50 ans, toujours pas mariée ! Cette « Madame », comme la jeune fille l’appelle, pourrait devenir riche en vendant ses terres aux promoteurs immobiliers, mais elle s’obstine à conserver son gîte sans télé, à recueillir les blessés de la vie qui passent à sa portée, et à garder ses amants minables. Elle taille ses robes dans de vieux rideaux et offre à tous légumes, amour et bonté à profusion sans rien attendre en retour. Pourtant un jour le bonheur s’in-vite chez elle…

FA

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BUZZATI DinoLe désert des TartaresParis, Laffont, 2002. (Pavillons) 230 p.Disponibilité CIT • EVI • JON • MIN • PAQ • SER • STAcote R BUZZ

Titre original italien : Il deserto dei TartariDisponibilité BUS • EVI • PAQ • SERcote R5 BUZZ

Un jeune soldat, Giovanni Drogo, est enrôlé au fort Bastiani, un lieu isolé sur un pan de montagne entouré par le désert des Tartares. Peu accueillant, ce fort d’aspect lugu-bre et déprimant attend depuis des années l’arrivée d’envahisseurs venus du Nord. Dès son arrivée, Giovanni n’a qu’une idée : repartir, mais cette forteresse possède une em-prise étrange sur les esprits et il n’a plus le courage de fuir. Drogo rêve de gloire, de batailles sanglantes, comme tous ses collègues militaires. Cependant, rien ne se passe, la routine s’installe et les mois défilent. Or un jour, des ombres s’éveillent dans les profondeurs du désert, et l’espoir d’une armée en marche s’installe dans tous les es-prits. Malheureusement, Giovanni a pris de l’âge et la mort s’approche. Sera-t-il encore capable de combattre ces (hypothétiques) ennemis ? L’écriture légère et sensible de Dino Buzzati nous emmène dans un monde isolé où le temps est disproportionné. 70 ans après sa publication, on reste captivé par ce chef-d’oeuvre de la littérature ita-lienne qui décrit si bien la vie d’un soldat dont l’espoir est l’unique raison de vivre.

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CARRERE EmmanuelD’autres vies que la mienneParis, POL, 2009. 309 p.Disponibilité CIT • EVI • JON • MIN • SER • STAcote 848.03 CAR

Couple en crise, Emmanuel Carrère et sa compagne ont choisi de passer un dernier Noël ensemble au Sri Lanka. On est en 2004, le tsunami emporte une petite fille, Juliette. Proches de ses parents, ils vont lui demander d’écrire sur cette disparition. Quelques mois plus tard, une autre Juliette, la belle-sœur de l’auteur, meurt d’un cancer foudroyant. Ses 3 jeunes enfants vont devoir grandir sans leur maman. Le meilleur ami de Juliette convoque la famille car il veut raconter le lien particulier qui le liait à la disparue : leur handicap physique, héritage d’une grave maladie de jeu-nesse. Il demandera lui aussi à l’auteur d’écrire sur la maladie, sur la mort. Ne pas se mettre « à la place de », mais rester le témoin qui relate, voilà ce va tenter Emmanuel Carrère et le résultat est là, magnifique, dépouillé, sans pathos. Il se montre authen-

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BERNHARD ThomasLe neveu de WittgensteinParis, Gallimard, 1985 (Folio ; 2323). 133 p.Disponibilité CIT • EVIcote R BERN

C’est une amitié passionnée, furieuse et singulière que nous retrace l’écrivain autri-chien Thomas Bernhard. Paul Wittgenstein est un homme fascinant, extrêmement cultivé, musicien, épicurien et tragiquement fou. Souvent interné dans un asile, il en ressort libre mais toujours plus philosophe et narquois. Le narrateur et lui se fré-quentent assidûment, s’enivrent, discourent sans fin dans une Vienne qui les inspire, les rapproche, les enchante. Wittgenstein, le neveu du célèbre philosophe et logicien est riche ; prodigue, il donne à tous. Ruiné, il se retrouve abandonné par sa grande et noble famille autrichienne. Qu’importe ! le récit de cette belle et grande amitié se révèle drôle et grave à la fois, témoignages croisés du narrateur qui se retrouve dans la folie du fou et de l’ami insane qui devient le personnage écrivant sa propre vie d’errant magnifique et perdu.

MCM

BURNSIDE JohnLes empreintes du diableParis, Métailié, 2008 (Bibliothèque écossaise). 217 p.Disponibilité BUS • CIT • EVI • JON • PAQ • STAcote R BURN

Il est un petit village de la côte est de l’Ecosse que le diable en personne a traversé il y a bien longtemps. Les habitants ont vu de leurs yeux ses empreintes dans la neige, un beau matin de décembre. Lorsque commence l’histoire de Michael, l’une de ses anciennes petites amies, Moira, s’est suicidée en entraînant dans la mort deux de ses enfants, mais en épargnant sa fille aînée. Michael le mélancolique, le solitaire bien que marié, l’éternel étranger au village, se demande si cette fille miraculée, Hazel, n’est pas la sienne. Timidement, maladroitement, il l’approche, avec d’autant plus d’anxiété que lui-même porte un secret depuis l’enfance, un lourd secret que Moira avait peut-être deviné…

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COE JonathanLa pluie, avant qu’elle tombeParis, Gallimard, 2009 (Du monde entier). 248 p.Disponibilité BUS • CIT • EVI • JON • MIN • PAQ • SER • STAcote R COE

Rosamond vient de mourir. Elle qui n’a jamais été mariée et n’a jamais eu d’enfant confie à Gill, sa nièce, le soin de remettre un paquet à une certaine Imogen. Il contient des cassettes sur lesquelles Rosamond s’est enregistrée, commentant vingt photos triées avec le plus grand soin qui, toutes, racontent une partie de sa vie ou de celle de sa famille. Gill apprendra, médusée, des facettes de sa tante qu’elle n’aurait jamais soupçonnées, et des secrets de famille profondément enfouis. Je préfère ne pas vous en dire plus sous peine de gâcher votre plaisir de lire ce roman sensible, intimiste et plein de grâce qu’on ne lâche pas.

DM

CURVAL PhilippeLothar bluesParis, Laffont, 2008 (Ailleurs et demain). 450 p.Disponibilité BUS • CIT • PAQcote R CURV

Dans les années 30 du 21ème siècle, il a été décidé que l’éducation des jeunes enfants serait confiée à des robots spécialisés qui, eux, ne pourraient jamais être dépassés ni découragés. Les humains n’ont plus aucun travail pénible à effectuer. D’ailleurs, pour chaque problème éventuel, il y a un quasi, ou un simili, ou même un matsushita. Pourtant, dans cet univers parfait, certains éléments de la population demandent le rétablissement du travail pour l’homme, alors que d’autres, tout aussi catégoriques, réclament l’émancipation des robots. Noura M’Salem, lui, gagne magnifiquement sa vie : ses créations d’environnement virtuel sont très à la mode. Lorsqu’il reçoit l’ordre d’aller récupérer au garde-meuble le vieux robot Lothar qui l’a élevé, Noura est contraint de faire face à la question qui le hante depuis plusieurs années et à la-quelle il n’a jamais voulu faire face jusque là. Pourquoi ses parents biologiques l’ont-ils abandonné lorsqu’il avait 14 ans ? On ne peut pas ne pas penser au grand maître Asimov en lisant ce roman… Les lois de la robotique qui condamnent les robots à l’obéissance ne peuvent pourtant pas les empêcher de penser…

FA

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tique, impliqué, tout en restant en retrait. Après avoir parlé de l’affaire Romand dans L’adversaire, il nous invite encore ici dans l’intimité « d’autres vies que la sienne », d’autres morts qui nous renvoient à la nôtre. Les larmes ne sont jamais loin.

RL

CHATENAY Philippe, MARTY SimonIls l’ont fait ! Paris, Milo, 2008. 319 p.Disponibilité STAcote 808.87 CHA

Des stewards saouls qui tabassent un passager… Un braqueur qui s’échappe à ski… Un Rottweiler qui attaque son maître alors que celui-ci tentait de lui brosser les dents avec son propre dentifrice… Un mari qui va au bordel et qui tombe sur sa femme… Un père de famille qui efface le tatouage de son fils au fer à repasser… Un automobiliste de 102 ans qui conduit sans permis… C’est incroyable, mais ils l’ont fait ! Ils ? Ce sont ces inconnus qui, chaque semaine, alimentent une rubrique publiée dans l’hebdomadaire « Marianne » et qui est consacrée uniquement aux faits divers les plus drôles, les plus insolites, les plus cocasses. La réalité dépasse souvent la fic-tion. La nature humaine se révèle parfois sidérante. Ses excès dévoilent une créati-vité sans borne et une bêtise métaphysique. Une compilation désopilante qui réunit des imbéciles, des étourdis, des jobards et leurs victimes… Savoureux.

CL

CHESSEX JacquesUn Juif pour l’exempleParis, Grasset, 2009. 103 p.Disponibilité BUS • CIT • EVI • JON • MIN • PAQ • SER • STAcote R CHES

Le 16 avril 1942, à Payerne, un marchand de bestiaux, Arthur Bloch, juif et Bernois est sauvagement tué puis découpé en morceaux «pour l’exemple». Ses assassins se-ront vite démasqués : des revanchards, des oisifs antisémites, fascinés par Hitler et manipulés par un pasteur illuminé et privé de paroisse, Philippe Lugrin. Myria Bloch, épouse de la victime, fait poser une dalle sur la tombe de son défunt mari. On peut y lire cette devise ironique : Got weiss warum, Dieu sait pourquoi. Elle mourra quel-ques années plus tard, d’absolu désespoir. Ce dramatique fait d’histoire, Jacques Chessex, qui avait huit ans à l’époque, n’a jamais pu l’oublier. On reste interdit à la lecture de ce récit méthodique et implacable.

TLa

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DIAZ JunotLa vie brève et merveilleuse d’Oscar WaoParis, Plon, 2009 (Feux croisés). 293 p.Disponibilité BUS • CIT • EVI • JON • MIN • PAQ • STAcote R DIAZ

Comment parler de ce roman inclassable ? Certes il raconte la vie brève, mais certaine-ment pas merveilleuse du pauvre Oscar, un jeune Dominicain vivant aux Etats-Unis où sa mère s’est réfugiée sous la dictature du terrible dictateur Trujillo. Obèse et quelque peu asocial, il passe le plus clair de sa vie à écrire et décrire des mondes qui n’existent pas, rêvant de devenir le Tolkien dominicain, à défaut de pouvoir se débarrasser de sa virginité. Il y a sa soeur, la belle Lola, et leur mère Beli, obligée de fuir Saint-Domingue lorsque Trujillo a fait de son pays son propre lupanar. On y croit ou pas, mais le fuku – la malédiction – est là, s’acharnant sur nos héros. Autant livre d’histoire de la République dominicaine que prouesse littéraire (les langages se confondent, l’Histoire et les histoi-res se mélangent), ce roman jouissif, luxuriant comme peuvent l’être les récits latino-américains, se dévore d’une traite et dévoile un formidable conteur.

DM

DIAZ-ETEROVIC RamónLa couleur de la peauParis, Métailié, 2008 (Noir). 227 p.Disponibilité BUS • CIT • EVI • PAQcote R DIAZ

J’avais déjà présenté du même auteur Les sept fils de Simenon et ce nouvel épisode des aventures du privé Heredia, homonyme du poète du Parnasse, est tout aussi attachant. Pour moi, Heredia est le digne descendant de Philip Marlowe, le privé solitaire et désabusé de Chandler. Descendant, ne veut pas dire copie conforme, heureusement ! D’abord, Heredia a son chat Simenon, avec lequel il philosophe volontiers : petit rappel, en arrivant dans le bureau miteux du détective, le chat s’est couché sur les œuvres du romancier liégeois. Ensuite, il peut compter sur l’indéfectible amitié d’Anselmo, le kiosquier turfiste qui sait tout ce qui se passe dans le quartier. Cette fois-ci, Heredia fait la connaissance d’un Péruvien exilé à Santiago, ou plutôt prend la défense d’un Péruvien pris à parti car il a osé s’asseoir dans un bar pour boire une bière. Cette rencontre va l’amener à se lancer sur la piste d’Alberto Coiro, Péruvien et travailleur clandestin lui aussi. De bar en salle de jeux clandestine, et de cadavre en cadavre, Diaz-Eterovic nous entraîne dans les nuits glauques de Santiago. Pourtant, de toute cette noirceur, surgissent parfois quelques lueurs en la personne d’un clochard magnifique ou d’une jeune exilée.

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CUSK RachelEgypt FarmParis, Olivier, 2008. 297 p.Disponibilité BUS • CIT • EVI • JON • MIN • PAQ • STAcote R CUSK

Michael, le narrateur, se souvient d’un merveilleux week-end passé dans la famille d’un ami, les Hanbury. Leur excentricité, leur vie bohème et nouvelle pour lui, lui firent forte impression. Des années plus tard, sa propre vie de père et d’homme marié est loin d’être idyllique et le jour où la chute du balcon de sa maison manque l’écraser, sa décision est prise et il retourne à Egypt Farm, espérant retrouver la légè-reté et la fantaisie d’alors et surtout s’éloigner de sa femme de plus en plus empêtrée dans sa névrose. La ferme, la campagne et les bêtes sont toujours là, mais c’est un champ de bataille familial qu’il découvre : rancœurs, manques affectifs, problèmes d’argent, litiges autour du partage à venir du domaine. Le paradis est devenu un enfer et rejaillissent sur Michael ses propres pensées maussades et désappointées sur sa propre vie : déceptions, ironie et amertume ont transformé ces vies rongées par le temps cruel et les désillusions… Voici un livre acide, lucide, roman du temps qui passe et ne fait rien à l’affaire, ce temps qui nous aspire en nous rendant incon-solable de la perte de notre jeunesse.

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DARCHINGER Josef HeinrichWirtschaftswunderCologne, Taschen, 2008. 285 p.Disponibilité CIT • JON • STAcote 779 DAR

L’après-guerre et le miracle allemand photographié par un jeune reporter photogra-phe, Josef Heinrich Darchinger, entre 1952 et 1967. Les premières pages de ce pas-sionnant ouvrage nous montrent un pays dévasté et l’on ne peut s’empêcher, en voyant ces enfants jouer dans les ruines, d’évoquer le film de Roberto Rossellini tourné à Berlin en 1947, Allemagne, année zéro. Puis, peu à peu, l’on reconstruit le pays, la société se réorganise, le miracle économique s’accomplit. La plupart des clichés et particulièrement ceux en couleurs, nous restituent la vie au quotidien avec intensité, quelques-uns font naître un sentiment d’étrangeté.

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ELLIS Mary RelindesWisconsinParis, 10/18, 2008 (10/18 ; 4157. Domaine étranger). 442 p.Disponibilité BUS • CIT • EVIcote R ELLI

Ce roman à plusieurs voix nous transporte dans l’Amérique du Wisconsin, celle d’une nature intacte : champs, forêts giboyeuses, marais et rivières encore sauvages, le terrain de jeux et de chasse des familles de fermiers dont Mary Ellis nous livre ici une peinture des plus émouvantes et riches qui soient. Et voici la famille Lucas, délabrée parce que le père boit et exerce sa cruauté sur sa femme Claire, impuissante et soumise et ses deux fils, James et Bill, l’enfant rêveur. Plus loin vivent le sang-mêlé Ernie et sa femme Rosemary qui recueillent les deux garçons et les nourrissent de douceurs et de tendresse. Pour fuir son père et la médiocrité de cette vie sans avenir, l’aîné s’engage comme marine pour le Vietnam. Tous attendront patiemment les lettres du soldat, telles des éclaircies dans ce tableau familial et misérable. James ne reviendra pas de l’enfer de la guerre, mais son fantôme flottera toujours près d’eux, telle une conscience sévère mais généreuse qui les guidera vers le salut.

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ERACLE JeanDe la croix au lotus ou l’itinéraire spirituel d’un prêtre devenu bonzeGenève, Musée d’ethnographie, 1996 (Nouveaux itinéraires Amaudruz ; 3). 229 p.Disponibilité CIT • MINcote 294.3 ERA

Voici le manuscrit autobiographique d’un prêtre genevois ayant étudié, professé et prêché à l’abbaye de Saint-Maurice. Prédestiné au christianisme étant jeune, il n’a pas un grand intérêt pour les religions asiatiques, jusqu’au moment où il doit créer des expositions et des articles sur l’Asie dans le cadre du Comité suisse des Ecoles associées de l’Unesco dont il est le président. Sous forme d’interview, nous suivons ici son itiné-raire spirituel, ses parcours de vie, ses choix, ses influences qui l’ont conduit à «aban-donner » le christianisme pour le bouddhisme. Par la suite, il est conservateur au Musée d’ethnographie de Genève, section Asie. Il introduit l’amidisme à Genève. Plus on pro-gresse dans la lecture, et plus on entre dans une philosophie basée sur l’entraide, la méditation et surtout le bien-être intérieur. La spiritualité qui émane du bouddhisme est individuelle, chacun choisit son itinéraire qui le guide vers sa propre paix intérieure. Le vénérable Jean Eracle avait trouvé sa voie, il nous offre sa vision de la vie de manière naturelle. Jean Eracle est décédé en septembre 2005.

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DOCTOROW Edgar LawrenceLa marcheParis, Olivier, 2007. 382 p.Disponibilité CIT • EVI • JON • PAQ cote R DOCT

Dans ce roman qui se situe durant la Guerre de Sécession, tout le monde marche. Les armées de l’Union avancent, les troupes sudistes manoeuvrent, les populations civiles fuient la guerre et ses horreurs, les foules d’esclaves noirs à peine libérés suivent les troupes nordistes comme de nouveaux maîtres, ne sachant que faire d’une liberté si brutalement offerte. Et parmi ces mouvements incessants, quelques destins particuliers et disparates qui finiront par se rencontrer dans les conditions toujours imprévisibles de la guerre. Un vaste roman au souffle épique.

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EFFA Gaston-PaulNous, enfants de la traditionParis, Carrière, 2008. 164 p.Disponibilité BUS • CIT • EVI • MINcote R EFFA

Comme un miroir de sa propre vie, Gaston-Paul Effa nous conte l’histoire d’Osele, un ingénieur africain vivant en France et qui reste partagé entre deux cultures, deux pays, deux identités. Enfant, il fut désigné « aîné de la famille », une famille d’une trentaine de membres, et donc destiné à subvenir à tous les besoins de la commu-nauté. Il envoie tout son salaire au pays et sa femme blanche, excédée par leur propre indigence, le quitte. Privé des siens, Osele se met à douter de lui et essaie de comprendre pourquoi, lui, l’homme éduqué et instruit se retrouve piégé par la tra-dition qui veut que celui qui a donne et doive répondre sans faillir à l’avidité de sa famille africaine. Mais comment renoncer, se couper de ses racines et rester sourd aux demandes pressantes, aux menaces des châtiments et pires maléfices qu’on lui prédit ? Les coutumes archaïques et obscures à nos yeux sont enracinées et encore très vivaces dans les mentalités africaines, cependant Osele trouvera la force de rompre, de commencer le chemin d’homme libéré du carcan de sa communauté et le courage de devenir libre et indépendant.

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GALLAY ClaudieLes déferlantesRodez, Rouergue, 2008 (La brune). 524 p.Disponibilité BUS • EVI • JON • PAQcote R GALL

Quelques maisons frissonnant sous les assauts du vent, un quai grand ouvert aux vagues furieuses de l’océan, une lande, refuge de milliers d’oiseaux marins, voici la toile de fond où a choisi de vivre la narratrice, jeune femme venue s’échouer dans ce village du Cotentin. Un jour, un inconnu apparaît : venu vendre la maison fami-liale, il intrigue les autochtones qui pensent reconnaître en lui le survivant d’un naufrage. La narratrice approchera l’homme, essaiera de comprendre les motifs de son retour. Elle devra aussi chercher la vérité enfouie dans la mémoire de ceux qui ont toujours craint le retour de ce Lambert et leur culpabilité dans la tragédie passée. Des phrases claires, des personnages vrais, de courts mais profonds dialogues : voici un très beau roman où la mer toujours présente rythme inlassablement le récit lourd du passé.

MCM

GARCON FrançoisLe modèle suisseParis, Perrin, 2008. 253 p.Disponibilité BUS • CIT • EVI • JON • MIN • PAQ • MIN • SER • STAcote 949.407.4 SUI

La France est en panne. En panne d’inspiration, ne devrait-elle pas regarder du côté des Helvètes qui, eux, affichent toujours une belle sérénité et un sens des réalités infailli-ble ? Mais pour les fiers Gaulois, l’image de la Suisse reste le plus souvent négative : conservatisme, banques richissimes, secret bancaire, évasion fiscale, paysage idyllique chocolaté mais plombé par un passé parfois douteux. Peu d’entre eux savent que la Suisse s’est dotée d’un système politique unique : démocratie directe et participative, état light, parlements à tous les niveaux et enfin système de concordance. Cette bonne administration favorise une belle santé économique, encourage et soutient la recher-che et un enseignement de très bonne qualité et la Confédération Helvétique peut s’enorgueillir d’un dynamisme économique à faire pâlir Bercy. Affaiblie par les crises des banlieues, le chômage, un endettement indécent et des institutions grippées, la France ne devrait-elle pas réfléchir au modèle suisse ? Voici la thèse que développe l’auteur qui veut montrer aux Français qu’il existe d’autres voies.

MCM

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ERDRICH LouiseLove medicineParis, Albin Michel, 2008 (Terres d’Amérique). 391 p.Disponibilité BUS • CIT • EVI • JON • PAQ • MIN • SER • STA cote R ERDR

Ce roman, plusieurs fois repris, augmenté et modifié se (re)lit avec passion : on le dévore à belles dents ou on le déguste : à chacun son rythme. Voilà la saga des Kashpaw et des Lamartine, deux familles amérindiennes vibrantes d’humanité et dans lesquelles chaque protagoniste vit sa vie d’Indien pauvre ou miséreux, galère ou travaille, mais tous aiment leur famille et la nature, la croyance et la religion de l’homme crucifié ; ils s’allient ou se méprisent. Dans un tourbillon de scènes fortes, contemporaines ou anciennes, d’étonnants portraits nous sont livrés par l’écrivaine amérindienne Louise Erdrich, destins d’indiens sans racines, sans plus d’histoire, mais qui veulent vivre, s’ancrer dans ce Dakota imaginé et rêver de paix et d’entente, de rêver à ce à quoi rêvent tous les hommes : le bonheur.

MCM

FOURNIER Jean-LouisOù on va, papa ?Paris, Stock, 2008. 154 p.Disponibilité BUS • CIT • EVI • JON • MIN • PAQ • SER • STAcote 848.03 FOU

Avoir un enfant handicapé, ça peut arriver. C’est arrivé à Jean-Louis Fournier. Son fils aîné, Mathieu, d’enfant « anormal », s’est avéré lourdement handicapé, aussi bien phy-siquement que mentalement. Il pourra à peine parler, peu communiquer, deviendra ce gnome à la tête cabossée et de plus en plus bossu. Avoir un deuxième enfant souffrant du même handicap relève de l’acharnement du destin. C’est arrivé à Jean-Louis Fournier. Quand Thomas est né, une somme d’espoirs incommensurable reposait sur lui et il deviendra lui aussi un gnome à tête cabossée qui ne sait dire que « Où on va, papa ? ». Dans ce récit, l’auteur, connu pour avoir été le compagnon de jeux du regretté Pierre Desproges, dont il partagea l’humour noir, le cynisme, et dont on peut lire un brillant aperçu de son style dans ses précédents livres, s’exprime pour la première fois sur ses deux fils, manière de leur demander pardon d’avoir mis au monde deux petits êtres voués à une vie si misérable. Si le récit est poignant, le ton reste celui de l’auteur, empreint de tendresse mais d’un cynisme glaçant. « Il y a ceux qui disent : un enfant handicapé est un don du Ciel. Et ils ne le disent pas pour rire. Ce sont rarement des gens qui ont des enfants handicapés. Quand on reçoit ce cadeau, on a envie de dire au Ciel : Oh ! Fallait pas… ». Ce livre a reçu le prix Femina 2008.

DM

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GREENLAND SethUn patron modèleParis, Liana Levi, 2008. 396 p.Disponibilité BUS • CIT • EVI • JON • MIN • PAQ • SER • STAcote R GREE

Au moment où il se retrouve sans emploi pour cause de délocalisation, Marcus Ripps voit son horizon s’ouvrir grâce à un héritage inattendu : son frère Julian, patron d’une blanchisserie, vient de mourir d’une crise cardiaque et lui lègue son affaire. Pas besoin d’avoir fait de hautes études pour se rendre compte assez vite que la blan-chisserie en question possède étonnamment peu de presses à repasser et que ses employées, des bombes à l’accent russe, ont l’air plus douées pour porter de la lin-gerie que pour l’entretenir… Marcus décide néanmoins de reprendre le business, mais en bon mac, promettant à ses filles assurance sociale et plan de retraite. En quelque temps, il a amassé un magot considérable et tout semble marcher comme sur des roulettes jusqu’à ce qu’il se retrouve avec un cadavre sur les bras…

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GRUNBERG ArnonLe bonheur attrapé par un singeArles, Actes sud, 2008 (Lettres néerlandaises). 141 p.Disponibilité CIT • EVI • MIN • PAQ • SERcote R GRUN

Ce pourrait être d’un ennui mortel. Le héros, un diplomate, a tout pour être heureux, comme on dit : une femme à la maison qui se pique d’artisanat, deux petites filles adorables. Chaque fin de journée à 17 heures, il prend un verre de riesling avec son supérieur, l’ambassadeur des Pays-Bas à Lima. Avant l’apéro, il est allé lire Newsweek et se fait cirer les chaussures par le même jeune garçon accompagné de sa sœur. Son seul tic est de boutonner et déboutonner sa veste, car il est toujours en costume trois pièces. Warnke est tout à fait conscient qu’il est payé à ne rien faire ; il est peut-être moins conscient qu’il est aussi payé pour ne rien voir ni entreprendre. La ren-contre d’une jeune fille péruvienne va faire de lui une marionnette ridicule et pi-toyable, enfin, pas si pitoyable que cela finalement. Ce diplomate hollandais a certainement « peu de talent pour le cynisme », mais l’auteur de ce roman, Arnon Grunberg, lui, en a à revendre ! De son écriture un peu sèche mais très visuelle, il décortique le destin de ses personnages à la manière d’un entomologiste à la fois fasciné et compatissant.

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GEMMEL DavidLe seigneur de l’arc d’argentParis, Bragelonne, 2008 (Troie ; 1). 447 p.Disponibilité CIT • EVI • JON • MIN • PAQ • SER • STAcote R GEMM

Enée, Prince de Dardanie, appelé Hélicon par ses amis, voyage sur la Méditerranée pour faire prospérer ses affaires. Menacé et recherché par les Mycéniens dont le roi Agamemnon a juré sa perte, il profite de son immense navire pour passer d’un port à l’autre et, au besoin, affronter les pirates qui le traquent. Arrivé dans le port de Troie, puissante cité qui assoit son autorité sur les côtes d’Asie mineure, il découvre une ville remplie de complots qui visent à destituer son roi, Priam et reconnaît, derrière ces manigances, la main des Mycéniens. Aidé par ses amis ainsi que par des alliés improbables et inattendus, il va se retrouver au cœur des luttes de pouvoir d’une de ces grandes fresques épiques dans lesquelles savait si bien nous plonger David Gemmell, décédé en 2006.

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GOURIO Jean-MarieBrèves de comptoirParis, Laffont, 2002 (Bouquins). 2 vol.Disponibilité CIT • EVI • MIN • PAQ • SER • STAcote 808.87 GOU

« A la naissance le nain est normal, c’est en grandissant qu’il rapetisse. » Jean-Marie Gourio a un métier sympa. Depuis une vingtaine d’années, il va boire des coups dans les bistrots, laisse insidieusement traîner ses oreilles et consigne toutes les phrases et les citations absurdes, cocasses, désopilantes que les piliers de comptoir lancent d’un ton péremptoire au cours de leurs discussions embrumées par l’alcool. L’actualité, les grands sujets de société, les tracas du quotidien et les questions exis-tentielles sont traités sans concession et souvent déformés par le filtre de la bou-teille. Il s’en dégage malgré tout une vraie humanité, teintée de poésie, d’humour, de sensibilité, et parfois d’une certaine forme de philosophie. Les Brèves de comp-toir, c’est la parole des ouvriers, des chômeurs, des paumés, des petites gens. Publiées régulièrement en recueils, elles composent un florilège ahurissant de bêtise hu-maine, de raisonnements hasardeux, de raccourcis simplistes et de théories impro-bables dont on se régale avec délice.

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HOMES A. M.Ce livre va vous sauver la vieArles, Actes Sud, 2008 (Lettres américaines). 445 p.Disponibilité BUS • CIT • EVI • PAQ • STAcote R HOME

Titre original en anglais : This book will save your life.Disponibilité BUS • EVI • PAQcote R2 HOME

Nonobstant son titre, ce roman ne va pas sauver votre vie à vous, peut-être celle d’un millionnaire presque ermite, le dénommé Richard Novak qui ne communique plus qu’avec ses coach et nutritionniste et sa femme-à-tout-faire qui lui ouvre les sachets multivitaminés dont il se nourrit à longueur de temps. Sa vie de financier reclus vo-lontaire cessera pourtant lorsque de cuisantes et mystérieuses douleurs apparaîtront, prémices du dérèglement de son environnement : sa terrasse tombe dans une faille, un cheval tombe dans cet accident géologique et sera sauvé glorieusement par son voisin l’acteur qui connaît tout sur tout et peut tout. Richard rencontrera tour à tour et se liera à un vendeur de donuts, une mère de famille déprimée et toutes sortes de copains, de phénomènes dont il avait oublié l’existence en s’exilant de ses dissemblables ! De son monde lisse, il passera, descendra et montera vers l’humanité des autres, renouera des liens en cascade, se dénudera et renaîtra. Je conseille vivement la lecture de ce livre joyeux, improbable et qui colle vraiment à notre époque épatante.

MCM

HOSSEINI KhaledMille soleils splendidesParis, Belfond, 2007 (Littérature étrangère). 405 p.Disponibilité BUS • CIT • EVI • JON • MIN • PAQ • SER • STAcote R HOSS

Après Les cerfs-volants de Kaboul, qui connut un immense succès, à mon avis à juste titre, on peut se jeter sur le deuxième roman de Khaled Hosseini qui se ré-vèle à nouveau un conteur hors pair. C’est de nouveau l’Afghanistan d’aujourd’hui qui est le théâtre de cette histoire terrible. Je vous laisse découvrir comment la malheureuse Mariam fut mariée à quinze ans à Rachid, un « vieux », qui l’emmena chez lui à Kaboul, à qui elle ne put jamais donner d’enfant, et comment elle vit, à plus de 40 ans, arriver la « concurrence » sous la forme d’une jeune femme pré-nommée Laila… D’abord hostile, elle finit par comprendre qu’il vaut mieux s’allier avec elle, surtout dans un monde où les talibans revenus au pouvoir dictent leurs lois, inacceptables pour les femmes mais parfaitement acceptée par leur mari rétrograde. Même si les personnages peuvent paraître un rien caricaturaux,

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GUARNIERI LuigiLa double vie de VeermerArles, Actes sud, 2006 (Lettres italiennes). 229 p.Disponibilité BUS • CIT • EVI • JONcote R GUAR

Existe aussi en grands caractèresDisponibilité CIT

Hans Van Meegeren est un artiste né en 1889 au Pays-Bas. Subjugué par l’art du 17ème siècle, il peint à l’ancienne. Les critiques d’art alors admiratifs de Picasso le méprisent. Pour se venger de ceux qui décident du bon et du mauvais goût, il devient faussaire. Il connaît si bien le « Maître de Delft » qu’il sait ce que les critiques aimeraient découvrir au fond d’un grenier : un Veermer à sujet religieux. Il crée alors un « Christ à Emmaüs ». Pour cela il s’imprègne des techniques de cette époque. Il fabrique un four pour cuire et recuire l’œuvre afin de lui apporter les craquelures voulues et il l’enduit d’une fine couche de suie pour la vieillir. Les experts en art accueillent unanimement ce Christ retrouvé. Le faussaire jubile et continue son commerce de découvreur (et fabriquant) d’autres toiles du 17ème engrangeant ainsi beaucoup de florins. Jusqu’au jour où Goering est condamné à mort et sa prestigieuse collection d’art analysée. Hans Van Meegeren est alors accusé d’avoir collaboré avec l’ennemi. Il nie cela mais révèle qu’il peint des faux. Qu’importe ce qu’il risque, il a enfin gagné la reconnaissance et la postérité. Le roman d’une histoire vraie !

RL

HATZFELD JeanLa stratégie des antilopes : récitsParis, Seuil, 2007 (Fiction et Cie). 302 p.Disponibilité BUS • CIT • EVI • JON • MIN • PAQ • SERcote 967.571 HAT

La stratégie des antilopes est le troisième volet de l’étude de Jean Hatzfeldt sur le génocide rwandais de 1993. Après avoir abordé les années 1992 et 93, d’abord du côté des Hutus puis du côté des Tutsis, Hatzfeld entremêle les témoignages des victimes et des génocidaires à leur retour des prisons. En effet, pour pallier le man-que de main d’œuvre et en vue d’une réconciliation nationale, le gouvernement rwandais libère une dizaine de milliers de Hutus. Ils sont donc de retour dans ces villages où ils ont commis les pires atrocités et on assiste à la cohabitation forcée entre ces bourreaux et les familles de leurs victimes. Hatzfeldt réussit à recueillir leurs témoignages et les retranscrit en se gardant à distance. Un témoignage rare où les véritables acteurs prennent la parole.

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marasme de l’Union soviétique, qui cherchent à sortir de leur misère quotidienne à coup de petites magouilles, de moments de franche rigolade, le tout toujours copieu-sement arrosé de vodka.

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ISKANDER Fazil AbdoulovitchLe buffle Front LargeBruxelles, Complexe, 1990 (L’heure furtive). 121 p.Disponibilité CITcote R ISKA

Front large est un brave buffle qui, à tort, accorde sa confiance à l’homme. Ce dernier va pourtant le trahir en l’emmenant à l’abattoir, « là où les chevaux pleurent ». Tout le texte part du point de vue du buffle qui se raconte, qui s’épanche. Evidemment il s’agit également d’une allégorie face à l’obscurantisme de la bureaucratie, soviéti-que en l’occurrence, mais la satire pourrait s’appliquer à toute bureaucratie ! Vous l’aurez compris il est question ici de trahison, le pauvre Buffle « Front large » va très vite le comprendre. Là aussi il y a allégorie face à l’idéal trahi !

CD

IWEALA UzodinmaBêtes sans patrieParis, Olivier, 2008. 175 p.Disponibilité BUS • CIT • EVI • PAQcote R IWEA

« Quand je me souviens que j’ai fait des belles choses bien avant d’être soldat, eh bien là alors je me sens mieux. D’ailleurs, si vraiment j’ai fait toutes ces belles choses avant la guerre et que maintenant je ne fais que mon boulot de soldat, comment même je peux être un mauvais garçon, moi ? ». Ainsi parle Agu, un enfant enrôlé dans une milice juste après la disparition de sa mère et sa sœur évacuées par l’ONU et encore sous le choc de la mort de son père. L’auteur, né aux USA d’origine nigériane, manie et dé-forme les mots du gamin avec talent pour rendre son monologue authentique. Vols, viols, massacres, l’enfant raconte, pleure, souffre, rêve et se souvient. Aux jours de combats succèdent des nuits tout aussi atroces puisque l’enfant-soldat a le privilège de « dormir » avec le commandant. Afrique ? Asie ? Europe ? Le lieu n’a pas d’importance car il s’agit là d’un récit qui nous questionne sur la nature qu’on dit humaine…

RL

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comme le très très « méchant » Rachid, ce roman tient la route et nous fait pren-dre conscience des réalités de l’Afghanistan à l’heure où les médias ont d’autres sujets à débattre.

DM

HUSTVEDT SiriElégie pour un américainParis, Actes Sud, 2008 (Lettres anglo-américaines). 399 p.Disponibilité BUS • CIT • EVI • JON • MIN • PAQ • SERcote R HUST

A la mort de leur père Lars, Erik Davidsen, psychiatre new-yorkais, et sa sœur Inga découvrent une lettre qui évoque un décès dans lequel leur père aurait été impliqué dans sa jeunesse. Erik et Inga vont devoir plonger dans le passé de leur père. Entre passé et présent, cette élégie évoque les destins de leurs ancêtres norvégiens, cou-rageux pionniers du Minnesota, ainsi que ceux plus contemporains d’une multitude de personnages qui gravitent autour d’eux. Famille, amis, colocataires, patients, cha-cun sera confronté à ses secrets et à ses fantômes. Siri Hustvedt évoque les senti-ments et les fragilités de ses personnages avec une magnifique humanité. Récit à tiroirs - nous avons tous des tiroirs secrets - ce roman dense et exigeant brosse fort subtilement le portrait d’une Amérique encore vacillante sous l’onde de choc du 11 septembre.

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IKONNIKOV AleksandrLizka et ses hommesParis, Olivier, 2004. 213 p.Disponibilité CIT • EVI • JON • STAcote R IKON

Née dans un petit village de l’Union soviétique, Lizka n’a qu’une envie : le quitter. Pour cela, elle n’a pas d’autre solution que de rejoindre la ville la plus proche pour commen-cer une formation d’infirmière. Lorsqu’elle se lie d’amitié avec ses camarades de cham-bre de sa pension miteuse, elle comprend que l’amélioration de son ordinaire passe par la fréquentation d’hommes influents qui pourront lui offrir de meilleures condi-tions de vie. Au gré de ses rencontres, elle va sortir avec un politicien promis à un grand avenir au sein du parti communiste, un chauffeur de bus qui lui permettra de trouver un travail qui la fera vivre, un poète, etc. jusqu’à devenir indépendante et mener sa vie comme bon lui semble. Comme dans Dernières nouvelles du bourbier, Aleksandr Ikonnikov raconte avec tendresse et humour la vie de gens simples dans le

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KASISCHKE LauraLa couronne verteParis, Bourgois, 2008. 225 p.Disponibilité CIT • EVI • PAQ • SER • STAcote R KASI

Michelle, Anne et Terri, trois adolescentes fraîchement diplômées de l’Illinois, débar-quent pour une semaine de vacances hors du nid familial, à Cancun, haut lieu du « sea, sex and sun » pour des milliers de jeunes Américains. L’alcool coule à flots, le soleil cogne sec, garçons et filles forniquent partout et les jeunes filles oublient vite les recommandations maternelles : ne jamais boire un verre sans savoir ce qu’il y a dedans et ne jamais monter dans la voiture d’un inconnu. A peine arrivées, deux d’entre elles acceptent la proposition d’un archéologue du coin de partir visiter le site de Chichen Itza. Mais cette visite sur les traces de Quetzalcoatl au cœur d’une jungle moite et oppressante prendra une tournure qui marquera leur existence à jamais. Une fois de plus, Laura Kasischke explore la fragilité adolescente et la part d’ombre de l’être humain avec une cruauté glaçante.

CLR

KHALIFA SaharUn printemps très chaudParis, Seuil, 2008. 302 p.Disponibilité EVI • JON • MIN • PAQ • SERcote R KHAL

Ahmad vit avec sa famille dans un camp palestinien. Son père tient une librairie et s’inquiète de la propension d’Ahmad à rester dans la lune et encourage son fils à sortir. Pour le stimuler, il lui offre un appareil photo. Manque de chance ? Ce qu’Ah-mad découvre au-delà de la déchetterie et du barbelé qui les séparent de la colonie israélienne, ce sont des vergers, des fleurs, une pelouse, et sur la pelouse une balan-çoire avec une petite fille. Au fil des jours, les deux enfants sympathisent. Le garçon sent que ce qu’il fait est interdit, mais il n’en dit rien à son père, rien à son grand frère non plus, laissant les deux hommes s’affronter sur la vocation contrariée de Majid qui veut devenir chanteur et célèbre. Ahmad a un chat, Ambre, qu’il a élevé et dorloté depuis tout petit. Comme gage d’amour, il le montre à la petite fille israé-lienne, mais le chat disparaît derrière le barbelé et Ahmad n’a d’autre choix que d’aller le chercher. En une nuit, il n’est plus un jeune garçon, mais est devenu aux yeux des autorités un dangereux terroriste. Parallèlement, le camp relativement pai-sible bascule dans la seconde Intifada et Yasser Arafat est assiégé. Sahar Khalifa nous conte magnifiquement la vie de ces adolescents qui rêvent comme les autres, mais qui ont le malheur d’être pris au piège de la violence.

FA

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JEROME Jerome K.Pensées paresseuses d’un paresseuxParis, Arléa, 1996 (Arléa-poche ; 4). 188 p.Disponibilité CIT • EVI • MIN • SERcote 808.87 JER

Si vous voulez vous offrir un moment de bonne humeur, alors ouvrez vite ce petit livre, condensé de méditations joyeuses et plaisantes. Beaucoup de plaisir ne peut que surgir à la lecture de ce petit ouvrage, paru en 1886 et qui fut le premier succès populaire de l’auteur de Trois hommes dans un bateau. J.K. Jerome, lui, un pares-seux ? Non, un oisif possédant un sens de l’observation aigu de ses contemporains, une bonne dose d’humour british et de dérision. Chacun de ces chapitres vous feront sourire, alors pénétrés par l’absurdité des mœurs humaines, et par ce charme désuet, anachronique d’un style d’écriture disparu.

MCM

JONES Julie VictoriaLe livre des motsParis, Calmann-Lévy, 2005. 3 vol.Disponibilité CIT • EVI • JON • PAQcote R JONE

Jack, petit apprenti boulanger orphelin de père et qui a perdu sa mère très jeune, et Melliandra, fille du grand seigneur Maybor sont poussés par les circonstances à s’enfuir de Château Harvell. Ils se retrouvent sur la route et décident de voyager ensemble puisqu’il ne leur reste rien d’autre. Au cours leurs péripéties, ils seront re-joints par Taol, le chevalier déchu, et Chipeur, son associé, et ils se ligueront pour essayer de rendre réelle la prophétie de Marod contenue dans le légendaire Livre des mots, à savoir empêcher le monde de basculer dans la folie de Kylock, nouveau roi des 4 royaumes qui veut faire des terres connues son empire. Modèle de high fan-tasy, cette trilogie en possède tous les codes : l’aventure se passe dans un monde imaginaire d’inspiration médiévale et la magie, bien que présente, ne prime pas sur les actions humaines, même si elle leur donne parfois un sérieux coup de main, chaque personnage suivant sa quête.

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LEWINSKI CharlesMelnitzParis, Grasset, 2008. 776 p.Disponibilité BUS • CIT • EVI • JON • MIN • PAQ • STA • SERcote R LEWI

Titre original allemand : Melnitz Disponibilité CIT • MIN • SERcote R3 LEWI

Je ne peux que vous encourager à entrer dans la saga Meijer et suivre cinq généra-tions de cette famille, allégorie d’une communauté juive d’Argovie. Ascension so-ciale, difficultés d’intégration, antisémitisme ou sionisme, le tout teinté d’humour juif, cette œuvre magnifique est servie par une très belle écriture. Nous découvrons des personnages attachants, ni pires ni meilleurs que d’autres. Ils aiment, se déchi-rent, pardonnent ou n’oublient pas les injustices, sont pieux ou apostats, comme tous ridicules ou touchants. L’auteur nous livre tout d’eux, et s’efface devant cette tribu hors norme pour les gens de leur époque. Melnitz, c’est la mémoire d’une époque, d’un peuple, des récits qu’on ne veut pas forcément entendre, c’est cet aïeul qui revient aux temps difficiles nous dire à l’oreille que notre chemin devra rester toujours celui de la bonté, de la réconciliation et de l’amour inconditionnel.

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MABANCKOU AlainMémoires de porc-épicParis, Seuil, 2006. 228 p.Disponibilité BUS • CIT • EVI • JON • MIN • PAQ • SER • STAcote R MABA

Existe aussi en gros caractèresDisponibilité BUS • EVI

Porc-épic raconte à Baobab ce que fut sa vie de « double nuisible » qui consistait à être au service d’un humain. Ce dernier, initié à l’âge de 10 ans à l’insu de sa famille, n’éprouve dès lors plus de sentiments tels que la pitié, les remords ou la miséricorde. Ainsi lorsque Kibandi, son alter ego humain, se sent blessé, humilié, il envoie son animal commettre des meurtres. Il commencera par tuer, à l’aide de ses piquants, la jeune fille qui n’a pas voulu de son protégé comme fiancé. Puis c’est le tour d’Amé-dée qui vient de terminer ses études en Europe : Kibandi lui reproche de penser comme ces Blancs qui veulent que les Africains soient « exotiques et continuent à s’habiller en peaux de léopards et habiter dans les arbres ». Et puis les crimes s’en-

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KOIKE MarikoJe suis déjà venue ici : récitsArles, Picquier, 2008. 206 p.Disponibilité BUS • CIT • JON • PAQ • STAcote R KOIK

Ce recueil de nouvelles assène un sacré coup de massue au cliché de la femme japonaise effacée. Ici, il est au contraire question de femmes osant braver les interdits en fréquen-tant des hommes mariés. Dans la plupart des nouvelles, le schéma se répète : une femme, déjà plus toute jeune, rencontre un homme marié et se fait entretenir par lui. Plusieurs versions sont déclinées mais elles finissent toujours mal ! Amour, passion, désir… bon-heur et malheur sont au rendez-vous de ces textes au rythme vif qui sans nul doute vous captiveront. Je suis déjà venue ici est le premier recueil de nouvelles de cette auteure japonaise qui a excellé jusqu’à présent dans les romans à suspense psychologique.

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LEHANE DennisShutter islandParis, Rivages, 2003 (Rivages/Thriller). 293 p.Disponibilité BUS • CIT • EVI • MIN • PAQ • STAcote R LEHA

METTER Christian de :Shutter islandBruxelles, Casterman, 2008 (Rivages/Casterman/Noir)Disponibilité CIT • EVI • JON • PAQ • STAcote BD METT

Lecteurs, lectrices insomniaques ou amateur(trice)s de sensations fortes, ce roman est pour vous ! Le décor : une île isolée par la tempête, et un hôpital psychiatrique réservé aux patients dangereux. Les personnages : deux marshalls, dont l’un, Teddy, ne s’est pas encore remis de la mort de sa femme Dolorès. Ajoutez à cela une mère infanticide, Rachel, qui a réussi à quitter sa cellule close de toutes parts en laissant un énigmatique message chiffré, et bien sûr, de mystérieux médecins peu enclins à collaborer à l’en-quête. De ces ingrédients à la limite du stéréotype, Lehane réussit à nous embarquer dans un thriller haletant. De rebondissement en rebondissement, il nous plonge dans un univers machiavélique et envoûtant où les repères ne sont plus de mise. Il n’est donc pas étonnant qu’un tel scénario et qu’une telle atmosphère aient inspiré d’autres artistes. Le dessinateur Christian de Metter en a fait une BD fort aboutie, parue dans la collection Rivages/Casterman/Noir et le film de Martin Scorcese. avec Leonardo DiCaprio dans le rôle de Teddy est sorti en français en février 2009.

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s’en tirer avec les honneurs soit courir à la catastrophe. Comme on est chez MacEwan, qui n’est pas précisément connu pour peindre la vie en rose bonbon, je vous laisse deviner quelle direction prend le livre… C’était avant la révolution sexuelle, il y a 50 ans à peine, les inhibitions et les tabous, pouvaient, comme ici, faire basculer le cours d’une vie.

DM

MANN KlausMephistoParis, Grasset, 1997. 413 p.Disponibilité CIT • EVI • JON • MIN • PAQ • SERcote R MANN

Titre original allemand : MephistoDisponibilité CITcote R3 MANN

Ce livre est terrible : témoignage de l’époque tourmentée et terrifiante de l’avant-guerre sous le régime de Weimar en Allemagne. Le talentueux acteur dramatique Höfgen, si orgueilleux qu’il a transformé son prénom Heinz, trop ordinaire, en Hendrick, virevolte entre les idées novatrices, voire révolutionnaires de ses amis avant-gardistes qu’on dira bientôt dégénérés et la plus franche et abjecte colla-boration avec le système nazi. Il deviendra ainsi le protégé de l’Obèse (Goering) rencontrera le Boiteux, Goebbels lui-même, et ses succès iront grandissant, tout cela afin d’éviter une vie misérable d’exilé banni, par veulerie ou carriérisme, il en oubliera ses amis d’avant, reniera sa maîtresse métisse. Le fils écrivain du grand Thomas Mann signe ici une grande œuvre, fortement inspirée de sa propre exis-tence et des aléas de l’époque qui le vit s’opposer farouchement au nazisme et à ses dogmes. Paru en 1936, longtemps interdit, je vous engage à suivre le roman d’un comédien pour qui la vie ne peut que se jouer, et qu’il doit en être le héros, le jeune premier, celui qui vainc. Je souligne aussi l’excellente préface due à Michel Tournier.

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chaînent, son maître devenant de plus en plus hargneux à force de « manger » ses ennemis et boire du vin de palme. Jusqu’au jour où le porc-épic doit envoyer ses pics sur un nouveau-né… Un La Fontaine contemporain, africain et bourré de talent !

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MacAULEY Paul J.Une invasion martienneParis, Laffont, 2008 (Ailleurs et demain). 458 p.Disponibilité CIT BUScote R MACA

Nous sommes en 2025, plusieurs voyages sur Mars ont déjà eu lieu et des bases permanentes sont même installées par les Etats-Unis. Une équipe de scientifiques chinois y aurait même trouvé, semble-t-il, une forme de vie microscopique sous plusieurs kilomètres de glace ! Par ailleurs, sur la terre, de très inquiétantes nappes d’un micro-organisme inconnu et se reproduisant extrêmement vite, se répandent et menacent très sérieusement la survie de milliers d’espèces marines. Que se passe-t-il ? Est-ce qu’il y aurait un rapport entre ce qui se passe sur la Terre et sur Mars ? Une célèbre biologiste est envoyée par la Nasa sur Mars pour enquêter. Très vite, elle comprendra que de puissants organismes essaie de s’approprier la découverte de cette molécule de vie afin de la breveter.

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MacEWAN IanSur la plage de ChesilParis, Gallimard, 2008 (Du monde entier). 148 p.Disponibilité BUS • CIT • EVI • JON • MIN • PAQ • SER • STAcote R MACE

Titre original anglais : On Chesil beachDisponibilité BUS • CIT • EVI • JON • MIN • PAQ • SER • STAcote R2 MACE

Florence et Edward mangent en tête-à-tête dans un restaurant chic sur la plage de Chesil. Ils sont mariés depuis quelques heures. La tension monte, au milieu du silence rarement entrecoupé par des « je t’aime » embarrassés, le cliquetis des cou-verts et la ronde tournoyante des serveurs. Le moment qui va suivre est aussi at-tendu par Edward, à qui Florence a toujours refusé de se donner, qu’il est redouté par celle-ci. Néanmoins, cet étudiant en histoire brillant et cette musicienne douée, trop bien éduqués, ne parlent jamais de « ça », chacun ne peut qu’interpré-ter les gestes et paroles de l’autre. Autant dire que notre jeune couple peut soit

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des tsars. On est aussi horrifié en lisant comment les révolutionnaires, assoiffés de vengeance, ont traité ensuite les bourgeois retombés en bas de l’échelle sociale. Le sang est présent tout au long du livre… pourtant d’une lecture très facile grâce au talent de l’écrivain et historien Luc Mary.

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MAUMEJEAN XavierPoids mortMonaco, Rocher, 2007 (Novella SF). 127 p.Disponibilité CIT • PAQcote R MAUM

Paul Châtel subit sa vie au jour le jour, ne se trouvant rien de bien original. Lorsqu’il rencontre un de ses anciens camarades de classe dans un bistrot, il remarque la bonne tenue et l’air enjoué de quelqu’un qui a « réussi », alors que dans ses souvenirs ce n’était pas gagné. Cette ancienne connaissance lui donne alors sa recette miracle : la société Taxinom, et lui conseille de se présenter à leur bureau. Après quelques brèves hésita-tions, Paul va passer des tests en vue de participer à un programme mené par cette entreprise spécialisée dans les études de société et il intègre le programme « Pondération ». Dans sa course pour devenir quelqu’un d’unique, Paul va surtout devenir quelqu’un d’autre et il va perdre sa famille et ses amis qui seront remplacés par la société Taxinom. Mais qu’adviendra-t-il de Paul lorsque Taxinom n’aura plus besoin de lui ?

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MOTSCH ElisabethLa bécassine de WilsonArles, Actes Sud, 2008 (Domaine français). 116 p.Disponibilité PAQcote R MOTS

L’histoire se déroule le temps d’un après-midi d’été alors que Gabriel a 15 ans. Pendant ces quelques heures, nous faisons la connaissance de ce garçon étrange et remontons le temps pour comprendre son parcours. C’est un livre sur la différence, sur le regard des autres mais aussi et surtout sur le parcours de combattants des parents face aux institutions scolaires et médicales, face à l’incompréhension. Leurs interrogations, leur révolte s’égrainent au fil de ce récit qui raconte aussi la passion de Gabriel pour la Bécasse de Wilson. Alors que le garçon cherche à l’apercevoir au cours de la promenade, il trouvera un vieil homme qui a décidé d’en finir avec la vie.

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MARI Jean-PaulSans blessures apparentes : enquête sur les damnés de la guerreParis, Laffont, 2008. 296 p.Disponibilité BUS • CIT • EVI • PAQ • SERcote 355 MAR

Jean-Paul Mari est reporter de guerre : il a couvert de très nombreux conflits et crises de tout acabit : Irak, Afghanistan, Bosnie, Rwanda ou Liban… Empli de rage et de res-sentiment contre l’injustifiable, il cherche à comprendre « la douleur de la guerre », la barbarie, les morts et violences atroces et surtout comment vivent ceux qui s’en sor-tent : les blessés, les violées, les humiliés ou ceux intacts mais toujours brisés, anéantis par ce qu’ils ont vu, subi ou fait subir dans ces situations incroyables. Sachant qu’un vétéran sur trois souffre de névrose post-traumatique (PTSD), comment revenir de ce monde du chaos : certains deviennent fous, violents, névrosés, ils se mutilent ou se suicident et vivent un sempiternel cauchemar peuplé des fantômes de la guerre. Au-delà des relations et compte-rendus de la guerre, au delà de l’Histoire qui s’écrit, l’auteur enquête sur la partie invisible des conflits : le psychisme des combattants, les traumatismes de ceux qui ont donné la mort, le retour à la vie, de l’anormal au normal. Cette passionnante enquête donne la parole aux victimes, et aussi à ces hommes de-venus des tueurs sur ordre, par patriotisme ou devoir. Mari tente de percer l’indicible mécanisme de ces guerres qui broient hommes et peuples, civils ou soldats enlevant toute humanité. Comme le chantaient les Doors, « This is the end, my friend. Tous les enfants sont devenus fous ». Un livre très fort. Indispensable et bouleversant.

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MARY LucLes derniers jours des RomanovParis, Archipel, 2008. 261 p.Disponibilité JON • PAQcote 947 ROM

Au lendemain de son sacre, en 1896, le tsar Nicolas II avait déclaré : « Je ne connais rien à l’art de gouverner. Que va-t-il m’arriver, que va-t-il arriver à la Russie ? ». C’est ce que le lecteur apprend dans Les derniers jours des Romanov. Le régime tsariste déjà en mauvaise posture subit une première alerte en 1905 lorsque ouvriers, pay-sans et soldats se liguent en un énorme mouvement de contestation. Puis, avec la montée des Bolcheviks, la dynastie des tsars tombe : en 1917, la famille impériale est incarcérée dans son propre palais, puis exilée d’abord en Sibérie, puis à Ekaterinbourg où tous ses membres seront exécutés. Ce document donne un bon aperçu de l’his-toire tragique de la Russie au tournant du 20ème siècle. On est frappé, à sa lecture, du moins l’ai-je été, par la dureté de la vie imposée aux gens du peuple du temps

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surprise et obliger Smokey à retourner dans la ville de son enfance, Atlanta, alors qu’il s’était juré de ne pas y retourner après la mort brutale de ses parents. Je n’en dirai pas plus pour ne pas déflorer ce magnifique polar à la forme classique ter-riblement efficace.

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NEMIROVSKY IrèneLes chiens et les loupsParis, Albin Michel, 2004. 334 p.Disponibilité BUS • CIT • EVI • JON • MIN • PAQ • SER • STAcote R NEMI

Témoin des bouleversements de son siècle, Irène Némirovsky, morte à Auschwitz en 1942, est l’auteur d’une œuvre à la fois foisonnante et étonnante. Le poids de la société et la fatalité du destin sont au centre de ce roman qui évoque l’amour d’une fillette pauvre pour un garçon issu d’une autre classe sociale. Le roman suit le destin de ces deux êtres qui vont s’exiler, quitter leur shtetl et finalement se retrouver dans une capitale étrangère. Ils vont peut-être se rencontrer justement par le manque et la déchirure qui les habitent. Comme un goût de l’enfance que l’on recherche inconsciemment. Leurs différences vont les rapprocher car Ada, artiste révoltée, et Harry, riche banquier, sont peut-être les deux facettes d’une même personne.

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OSTER ChristianTrois hommes seulsParis, Minuit, 2008. 173 p.Disponibilité CIT • EVI • JON • MIN • PAQ • SER • STAcote R OSTE

Pour récupérer une chaise à laquelle elle tient et qu’elle n’a pas emmenée lors de leur rupture, Marie, son ex-femme, invite Serge à venir passer quelques jours en Corse avec qui il veut. Il propose à Marc, son partenaire de tennis, et à Kontcharski, un ami de celui-ci, ancien funambule, de l’accompagner. Les trois hommes et la chaise embarquent donc pour un périple sur l’autoroute du sud puis sur le ferry qui les emmènera jusqu’à Bastia. Comme toujours chez Christian Oster, les personnages sont habités par un désespoir tranquille et laissent déri-ver leur vie à son gré, dans une sorte d’hébétude et de désoeuvrement. Ces trois-là, qui se connaissent à peine, se retrouvent en huis clos dans une voiture, chacun avec sa propre blessure. Pour Serge, la séparation d’avec Marie, qu’il n’a

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MULISCH HarryLa découverte du cielParis, Gallimard, 1999 (Du monde entier). 683 p.Disponibilité CIT EVIcote R MULI

Au commencement : une discussion entre deux anges, l’un expliquant à l’autre la genèse de la mission qu’il vient de finaliser. Il a d’abord fallu tout mettre en place pour permettre la rencontre de Max Delius, un astronome, coureur de jupons, extra-verti, fils d’un collabo et d’une mère juive avec son contraire, Onno Quist, un spécia-liste des langues anciennes, timide, solitaire, fils d’une bonne famille calviniste hol-landaise. Sans aide divine, ces deux-là ne seraient jamais devenus des amis inséparables. Lorsqu’ils croisent la belle Ana, l’un puis l’autre va en tomber amou-reux. Quintin, l’enfant d’Ana et de… (chut, je ne vous le dirai pas, demandez au ciel ou lisez le livre) est avant tout l’« L’Etincelle » divine, celui qui a été conçu pour récu-pérer les Tables de la Loi que Dieu avait données à Moïse mais qu’il veut récupérer car trop déçu par les hommes… « Tout a fait son temps, sauf Lucifer », dira l’ange supérieur après le long compte-rendu de son collègue… 700 pages d’érudition où sciences, arts, religions sont cousues d’un solide fil d’humour, ce qui rend ce chef-d’œuvre du 20ème siècle simplement magnifique.

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NELSCOTT KrisLa route de tous les dangersLa Tour d’Aigues, Aube, 2008 (L’aube poche). 421 p.Disponibilité EVI • PAQcote R NELS

Voici le roman fondateur de la série de Smokey Dalton et de Jimmy, dont j’ai déjà présenté Blanc sur Noir.Rappelons que Smokey est noir et pauvre, que l’histoire se passe en 1968, et que l’Amérique connaît de nombreuses manifestations pour la reconnaissance des droits civiques des Noirs. Au moment où l’histoire commence, Memphis se pré-pare à accueillir Martin Luther King. Les flics sont sur les dents. De jeunes Noirs rêvent d’en découdre et pencheraient plutôt pour les Black Panthers. Parmi eux, le grand frère de Jimmy. La mère des deux garçons a disparu et Smokey essaie de persuader le plus jeune, à savoir Jimmy, de ne pas abandonner l’école. C’est dans cette atmosphère tendue que Smokey voit débarquer dans son agence une jeune femme blanche, Laura, qui lui apprend tout de go que sa mère à elle, blanche et riche, lui lègue, à lui, noir et pauvre, 10 000 dollars. Laura le charge d’enquêter sur les raisons de ce legs. L’enquête va les mener tous les deux de surprise en

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PENNEY StefLa tendresse des loupsParis, Belfond, 2008 (Littérature étrangère). 445 p.Disponibilité BUS • CIT • EVI • PAQ • SERcote R PENN

Titre original anglais : The tenderness of wolvesDisponibilité BUS • CIT • EVI • JONcote R2 PENN

Amateurs de grands espaces et d’aventure, ce premier roman d’une jeune Ecossaise est pour vous. L’histoire se passe au 19e siècle, dans un petit village perdu du Canada. Dans ce village qui a vécu il y a quelques années la disparition de deux sœurs comme un traumatisme, survient un autre drame : le meurtre d’un trappeur d’origine fran-çaise. L’enquête est menée par le timide Ecossais d’origine, Donald, employé à la Compagnie de la baie d’Hudson. Le trappeur assassiné vivait en marge du village, mais il apparaît vite que beaucoup de gens le connaissaient. Son assassinat est-il dû à une rivalité entre trappeurs ? Le monopole de la compagnie sur les fourrures est de plus en plus controversé. Ou provient-il de l’étrange objet en corne qu’il possédait et qui prouverait l’existence d’une langue écrite chez les Indiens ? Tour à tour, Stef Penney donne la parole à Donald, puis à celui qui avait enquêté sur la disparition des deux sœurs, et surtout à Mme Ross, celle qui a découvert le cadavre, et dont le fils adoptif a disparu. La quête de cette femme fragile pour retrouver son fils envers et contre tous réconcilie avec le froid, la neige et le genre humain.

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RAMONET IgnacioPropagandes silencieuses : masses, télévision, cinémaParis, Galilée, 2000 (L’espace critique). 200 p.Disponibilité CIT • PAQ • SER • STAcote 303.375 RAM

La propagande est omniprésente, qu’elle soit visible ou silencieuse, on la retrouve partout : à la télévision, au cinéma, dans la rue… L’auteur de ce documentaire, un journaliste et sociologue de renom, nous offre des outils pour identifier cette pro-pagande à travers des citations d’acteurs, de producteurs ou de spécialistes. De Hollywood à la guerre du Vietnam, des spots publicitaires à l’invention du cinéma en passant par des séries comme « Columbo », il nous informe sur les techniques utili-sées pour plaire à la masse. Du western italien au film catastrophe américain, tous les procédés sont utilisés pour faire réagir ou, au contraire, pour hypnotiser le spec-tateur. Cet ouvrage nous fait prendre conscience que tous les moyens sont bons

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pas oubliée, pour Marc l’obsession pour une jeune femme croisée à un arrêt de métro et qu’il n’a pas le courage d’aborder. Kontcharski, lui, ne se sépare pas de son filin d’acier, même si un accident l’a contraint à abandonner le funambu-lisme. Avec ce roman impalpable, aussi drôle qu’étrange, Oster poursuit son œuvre, personnelle et inclassable.

DM

PAJAK Frédéric, LUND Lea L’étrange beauté du mondeLausanne, Noir sur blanc, 2008. 269 p.Disponibilité EVIcote 848.03 PAJ

Lea et Frédéric sont mariés depuis 25 ans. Ce livre, il voulait l’appeler « Un couple passe », elle a rétorqué « Un couple trépasse ». Pour raconter ce « passage à vide », il a choisi l’écriture, elle, le fusain. Ils ont composé un magnifique journal à quatre mains qui se lit et se regarde. Il évoque d’abord leur rencontre pendant qu’elle dessine leurs corps, leurs visages. Il se définit comme « Explorateur passionné » et Lea c’est « L’Incivilisée ». On est ensuite introduit dans la chambre de la maman de Lea qui décide de mourir dignement pour que son cancer arrête ses ravages. Choisir son propre rivage avec en miroir Laura, la deuxième fille de Marx, qui se suicidera avec son mari Paul Lafargue à l’aube de leurs 70 ans ; peur de vieillir. Puis les nombreuses conquêtes de Stendhal sont évoquées avant qu’on nous parle d’un voyage en Italie qui les désole. Il leur faudra partir plus loin et franchir le Cap de Bonne-Espérance pour que Pajak écrive : « Nous en avons trop vu pour ne pas être un couple… ». Il conclut ce récit graphique avec « Quel bonheur de se jeter dans notre propre vide » et Lea aura l’image de fin : trois chamanes.

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les ravages, les prises d’otages et les saccages des hordes armées. Un vieil homme erre et notre cœur se serre à la lecture de ce livre si beau, si tendre. J’ai adoré ce roman.

MCM

RUFIN Jean-ChristopheGlobaliaParis, Gallimard, 2004. 495 p.Disponibilité BUS • CIT • EVI • JON • MIN • PAQ • SER • STAcote R RUFI

Existe aussi en grands caractèresDisponibilité CIT

Au-delà des aventures de Baïkal, propulsé bien malgré lui ennemi numéro un de Globalia, société et démocratie prétendument parfaite, cet ouvrage de politique fiction nous offre la vision saisissante d’un avenir possible. En extrapolant à l’extrême les grandes tendances de notre société - liberté individuelle, démocratie, consumérisme, sécurité, globalisation ou nationalismes - Jean-Christophe Rufin se fait un malin plai-sir de mettre en relief les travers de notre temps. Ecrit volontairement sous la forme d’un roman plutôt que d’un essai, Globalia fait souvent sourire mais tout autant grin-cer des dents car les limites entre fiction et réalité sont parfois par trop perméables !

JM

SARAMAGO JoséLe dieu manchotParis, Albin Michel, 2003 (Les grandes traductions. Domaine portugais). 397 p.Disponibilité CIT • JON • MIN • PAQ • STAcote R SARA

Titre original portugais : Memorial do conventoDisponibilité EVIcote R69 SARA

Si vous lisiez un roman qui fleure bon le Portugal ? En plein 18ème siècle le roi Jean V décide de construire un couvent près de Lisbonne pour remercier Dieu de lui avoir enfin donné un enfant (légitime). Parallèlement à la grande Histoire, les histoires de la jeune Blimunda Sept-Lunes et de Balthazar Sept-Soleils se croisent sur la place du Rossio où les gens sont rassemblés pour célébrer le grand autodafé : les bûchers sont prêts à accueillir les hérétiques et les sorcières... Blimunda est la fille de l’une d’elles et possède aussi un don : elle lit à l’intérieur des gens ; c’est ainsi qu’elle reconnaîtra, dans

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pour nous conditionner à devenir de bons consommateurs. Il nous explique pour-quoi les industries du cinéma ont survécu en période de crise et par quels moyens certains réalisateurs comme Tim Burton ont réussi à se faire un nom à Hollywood. Une mine d’informations pour nous tous, ces manipulés de l’image.

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RIGHETTI NicolasLove me TurkmenistanGenève, Labor et fides, 2008. 80 p.Disponibilité CIT • MIN STAcote 779 RIG

Nicolas Righetti est un photographe genevois à qui l’on doit déjà un recueil sur la Corée du Nord (Le dernier paradis). En quelques clichés, l’atmosphère est rendue. Moi qui ne savais pas grand chose de la politique du Turkmenistan, j’ai pu m’en faire une idée assez précise à l’aide de ces quelques 35 photos dont la vocation n’est pas de servir de complément à un guide touristique, les images représentant des villes ou des paysages étant fort peu nombreuses. Par contre, on y retrouve comme une obsession le portrait de Nyazov, qui fut président de la république de son accession à l’indépendance jusqu’en 2006, date où un accident cardiaque l’emporta vers un paradis qu’il a promis aux citoyens turkmènes s’ils connaissaient par cœur le Ruhnama (œuvre écrite par… lui-même, qui reste le principal support de cours de l’éducation turkmène !). Nyazov apparaît sur les tubes de dentifrices, les bouteilles de vodka, encadré au-dessus des lits conjugaux et moult fois statufié en or, sur le dos de contribuables maintenus dans la faim et l’ignorance. Edifiant.

DM

ROSERO EvelioLes arméesParis, Metailié, 2008. 155 p.Disponibilité BUS • CIT • EVI • JON • SERcote R ROSE

Un gros bourg en Colombie, un vieil homme qui déambule dans les décombres à la recherche de sa compagne tellement aimée et qui lui manque tant : voici les ingré-dients de ce merveilleux roman d’Evelio Rosero. Que s’est-il passé ? Où se sont enfuis le bonheur serein, les joies infimes de l’ancien instituteur devenu ombre errante, qui se souvient à peine de sa propre présence au monde et dont le futur va se déliter ? Lui qui épiait par-dessus le mur sa jeune voisine nue sur la pelouse, accroché aux branches d’un oranger, lui que tous ici connaissaient avant, avant que la Colombie se noie dans

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SHIMAZAKI AkiZakuroArles, Actes sud, 2009. 150 p.Disponibilité CIT • EVI • SER • STAcote R SHIM

Après sa superbe pentalogie Le poids des secrets (voir EdL no 26) Aki Shimazaki continue son exploration de l’histoire souvent douloureuse du Japon. Lors de la deuxième guerre mondiale près de 600’000 Japonais furent déportés en Sibérie. Parmi eux le père de Tsuyoshi Toda, vu pour la dernière fois par les siens en 1942. Vingt-cinq ans plus tard Tsuyoshi apprend que son père est vivant et qu’il habite au Japon. Lorsqu’ils se retrouvent seul à seul le père remet à son fils une lettre dans laquelle il lui explique pourquoi il n’a jamais pu rentrer chez lui… Avec une écriture simple et limpide, Aki Shimazaki témoigne de ces destins broyés par la guerre et oubliés de la grande histoire. Un texte court et in-tense par une auteure qu’il est urgent de découvrir si vous ne la connaissez pas encore !

CLR

SOMOZA José CarlosLa théorie des cordesArles, Actes sud, 2007 (Lettres hispaniques). 514 p.Disponibilité CIT • PAQ • STAcote R SOMO

Elisa, jeune physicienne espagnole, a l’honneur d’être choisie par un éminent cher-cheur, au côté de diverses grandes sommités scientifiques. Cette sélection dont le but est de créer un pôle de réflexion très qualifié, est financée par un mystérieux orga-nisme. Leur projet de base est de mettre en lumière la coexistence de multiples dimen-sions, autres que les trois que l’humain ait connu jusqu’à ce jour. L’ultime volonté d’une telle démarche se dévoilant être la possibilité, tant fantasmée, de voyager dans le passé. Les apprentis sorciers arriveront à leur fin. Mais, à partir du moment où ils auront franchi ce cap, une terrible menace mettra leurs vies en péril. L’engouement et la joie dus à leur découverte révolutionnaire tourneront au cauchemar. La narration, nous faisant naviguer dans les méandres de la physique quantique, permet au lecteur de construire ses hypothèses. En effet, l’auteur s’étant bien documenté, il nous livre de nombreuses informations, mais laisse pénétrer également l’indicible. Les sens en éveil nous nous laissons porter, un instant, hors de l’espace-temps.

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cette foule en liesse, Balthazar comme l’homme de sa vie. Ce dernier revient de guerre, une main en moins et le cœur également amputé de quelques illusions. L’écriture de Saramago est particulière. Les phrases s’étirent, sans ponctuations, les dialogues se heurtant au récit, mais très vite on se sent porté par ce souffle dans le monde fascinant de l’auteur qui, rappelons-le, a obtenu le Nobel de littérature en 1998.

RL

SCEPANOVIC BranimirLa bouche pleine de terreParis, Privat, 2008. 94 p.Disponibilité CIT • EVIcote R SCEP

La bouche pleine de terre raconte la double fuite à travers une vaste forêt du Monténégro d’un homme chassé par ses propres peurs et par des poursuivants improvisés. La course haletante devient très vite symbolique. Un homme donc apprend incidemment qu’il est condamné par une maladie et décide de se fuir. Durant sa course en pleine forêt il rencontre deux chasseurs qui, surpris, entament une poursuite à laquelle viendront se joindre d’autres poursuivants. Tout ne de-vient plus qu’un immense malentendu, une farce totalement surréaliste où l’au-teur excelle à dépeindre les mécanismes de la peur et de la haine qui en découlent.

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SCEPANOVIC BranimirLa mort de Monsieur GoloujaLausanne, Age d’homme, 2003. 110 p.Disponibilité CIT • EVIcote R SCEP

Un employé de bureau part en train pour ses congés annuels. Le train fait halte dans une petite gare de campagne et contre toute attente, sur une simple impulsion, Monsieur Golouja descend, va à l’auberge et demande une chambre. Comme c’est un lieu peu fréquenté, les autochtones lui demandent ce qui l’amène là et combien de temps il compte rester. Pour Monsieur Golouja il s’agit bien d’une rupture dans le temps, d’un véritable basculement involontaire. Ne sachant que répondre puisque lui-même l’ignore, il laisse venir la confidence que la vie lui est devenue un peu indifférente. C’est alors qu’il est l’objet d’une attention toute particulière, attention qu’il ne connaît pas, lui le terne employé de la capitale. Les villageois comprennent ou veulent comprendre que Golouja est venu ici pour en finir avec la vie et vont le chouchouter. De là va se développer un immense malentendu qu’il serait dommage de dévoiler complètement.

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VAN DEN BRINK, H.M.Sur l’eauParis, Gallimard, 2000 (Du monde entier). 144 p.Disponibilité EVI • SPO • STAcote R VAND

Peu avant la deuxième guerre mondiale, Anton, le fils unique d’une famille modeste d’Amsterdam, demande à son père de l’inscrire au club d’aviron. L’endroit est plutôt sélect et il doit surmonter un sentiment d’infériorité pour faire plaisir à son fils qui rêve de pratiquer ce sport. Contre toute attente, sa candidature est acceptée et il commence l’entraînement en groupe jusqu’au jour où un entraîneur allemand le remarque, ainsi que David. Les garçons vont alors s’entraîner ensemble, jour après jour. Sans mots, ces jeunes communiquent dans le mouvement de leurs corps unis dans l’effort et à travers leur sueur. Dans ce livre l’auteur réussit à transmettre la cohésion des rameurs, la souffrance des muscles mis à rude épreuve, l’essouffle-ment, la plénitude après la victoire, des sensations qui pourraient évoquer celles de l’orgasme. Une amitié étrange, ancrée uniquement dans les entraînements et les compétitions qui va se développer jusqu’au jour où la guerre éclate. Sur l’eau de l’Amstel, Anton et David ont été heureux et, heureusement, insouciants…

RL

VITALI AndreaLa folie du lacParis, Buchet-Chastel, 2008. 402 p.Disponibilité CIT • EVI • JONcote R VITA

Dans l’avant-guerre fasciste, sur les rives du lac de Côme, la population s’agite et bouillonne : pensez donc ! les autorités en grande pompe, maire et fanfare en tête vont inaugurer la première ligne d’hydravions, soit l’idée géniale du colérique édile de Bellano. Cela n’augure rien de bon, les caisses municipales seront-elles assez ar-gentées pour rétribuer les pilotes, acquérir les plus beaux engins volants et assurer les pots-de-vin indispensables… ? Et Monsieur le Maire a d’autres soucis, sa fille fantasque n’est-elle pas encline présentement à le ridiculiser par ses frasques ? Et cet aviateur qu’on nourrit et loge à grands frais, pourquoi ne veut-il pas décoller ? Voici un livre vraiment amusant, burlesque alliant les scandales aux aventures lou-foques et peu glorieuses des citoyens de Bellano, vous savez, là-bas, au bord du lac de Côme.

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TAVARES Gonçalo M.JérusalemParis, Hamy, 2008. 246 p.Disponibilité CIT • EVIcote R TAVA

Ce roman ne se passe pas à Jérusalem, mais dans une ville qui pourrait se situer quelque part en Allemagne. Le lien avec le titre, c’est Theodor Busbeck qui le tisse. Médecin spécialiste de la folie, il travaille sur « L’histoire de la terreur » et ses recher-ches vont le mener naturellement vers les horreurs des camps de concentration. Le récit, commence une nuit, un 29 mai. Mylia, l’ex-femme de Theodor schizophrène, Kaas le fils de Mylia et d’Ernst amants pendant leur internement en hôpital psychia-trique, Hinnerk un homme apeuré et traumatisé par une guerre et Hanna sa maî-tresse prostituée, tous ces personnages vont sortir de leur ordinaire et briser leurs chaînes intérieures. La vie de chacun prendra alors un autre cours... Grâce à de ta-lentueux flashbacks, l’auteur réussit à expliquer ce qui relie ces personnes entre elles et nous installer dans une étrange ambiance. Le premier roman traduit en français d’un jeune auteur portugais très prometteur.

RL

TOURGUENEV Ivan SergueevitchJournal d’un homme de trop, Trois rencontresParis, Stock, 1984. 123 p. (Bibliothèque cosmopolite)Disponibilité CIT • EVI • MIN • SERcote R TOUR

Cet homme de trop s’appelle Tchoulkatourine. Agé de 30 ans il est gravement malade. Son médecin ne lui accorde plus que quinze jours à vivre. Tchoulkatourine rassemble ses dernières forces pour écrire le journal de sa vie qu’il juge désespérément vide et inutile : « Pendant toute la durée de ma vie, j’ai constamment trouvé une place occu-pée, peut-être parce que je cherchais cette place là où je n’aurais pas dû le faire. » Dans son journal le jeune homme fragile et inquiet, aussi touchant qu’exaspérant dans son rôle d’éternel inutile, dépeint une société russe médiocre, une vie de province en-nuyeuse et mortifère. Tchoulkatourine tombera follement amoureux de la jeune Lise qui le méprisera et lui préférera un prince qui finira par la délaisser. Il trouvera (parfois) un peu de consolation dans la beauté de la nature qui l’entoure, avant de sombrer dans une tristesse sans retour. Ce court texte fut partiellement censuré lors de sa parution en 1850 : cette peinture d’une société russe à la mentalité étriquée n’épargnait en effet aucune catégorie sociale et ne fut pas du goût de tout le monde.

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l’obtenir ! ». Or c’est ce qui est advenu : lui restait éternellement jeune tandis que le portrait, miroir insupportable de sa vie dissolue, ses vices et ses crimes, se marquait d’ignobles stigmates. Miroir tant fascinant que haï, le tableau mènera Dorian à sa perte. Réflexion sur l’esthétisme, l’art et la nature humaine, ce roman plus que cente-naire n’a pas pris une ride !

JM

ZAHAVI HelenDirty week-endParis, Phébus, 2000. 208 p.Disponibilité BUS • CIT • EVI • PAQ • STAcote R ZAHA

« Voici l’histoire de Bella qui se réveilla un matin et s’aperçut qu’elle n’en pouvait plus. Bella n’a rien de particulier. L’Angleterre est pleine de gens blessés. Qui étouf-fent en silence. Qui hurlent à voix basse pour ne pas être entendus des voisins. Vous les avez sans doute vus. Vous les avez probablement croisés. Vous leur avez certai-nement marché dessus. Trop de gens n’en peuvent plus. Ce n’est pas nouveau. Seule compte la façon dont vous réagissez ». Et cette fois, Bella va réagir... Après des an-nées passées dans la peau de la victime idéale pour tous les prédateurs masculins de passage, elle va décider de devenir à son tour la chasseuse. Quitte à se transformer en tueuse, voire même en serial killeuse. Un retour de bâton jouissif, cruel et violent pour un roman noir, très noir.

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ZELTER JoachimChômeurs AcademyParis, Autrement, 2008 (Littératures). 153 p.Disponibilité BUS • EVI • MIN • PAQ • SER • STAcote R ZELT

Vous êtes chômeur et n’arrivez pas à retrouver un boulot ? Qu’à cela ne tienne, la Sphericon va se charger de vous… si vous acceptez cette seconde chance qui, insiste votre placeur, n’est pas offerte à tout le monde. Alors vous dites oui, vous ne perdrez ni votre assurance-maladie, ni votre – maigre - revenu. Vous êtes désormais un « trainee » du groupe A, coaché par un « trainer ». Vous vous retrouvez dans un dortoir spartiate, hommes et femmes séparés par un rideau. Lever à 6 heures, extinction des feux à 23 heures. Mais ne confondez pas : vous n’êtes pas à l’armée. D’ailleurs, les punitions ne sont pas de mise dans cette « Chômeurs Academy » même si la quantité et la qualité de nourriture que vous recevez dépend des jetons que vous avez méri-

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WEISMAN AlanHomo disparitusParis, Flammarion, 2007. 396 p.Disponibilité MIN • SER • STAcote 303.4 WEI

L’auteur part du postulat que l’humanité a disparu de la surface du globe. Sans ex-plication, ni lyrisme apocalyptique, mais dans le but d’analyser de quelle manière la nature évoluerait à partir de cet instant. En se demandant comment la planète réagirait à notre absence pure et simple, il développe un travail conséquent et scien-tifique. Alan Weisman a, en effet, interrogé nombre d’experts dans moult domaines, du climatologue au botaniste, en passant par l’architecte et le géographe. Cette projection futuriste s’accompagne d’éléments du passé sur l’évolution de la terre et de l’homme. Ce livre, que le lecteur parcourt parfois comme un roman de science-fiction, parfois comme un manuel d’histoire, est aussi un bel ouvrage de réflexion écologique. La responsabilité de l’homme est mise en avant, nous permettant de saisir la grandeur de notre histoire et de nos civilisations, sans oublier les terribles conséquences de nos actes. Mais, au final, c’est la puissance de la nature qui ressort de cette lecture, nous démontrant que malgré le constant effort pour marquer notre passage, le temps et le vent balaient tout un jour ou l’autre.

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WILDE OscarLe portrait de Dorian GrayParis, Gallimard, 2007 (Folio ; 2360). 408 p.Disponibilité CIT • EVI • JON • MIN • SER • STAcote : R WILD

Titre original anglais : The picture of Dorian GrayDisponibilité CIT • JON • MIN • PAQ • SERcote R2 WILD

Un grand classique d’Oscar Wilde que ce Portrait de Dorian Gray, mais toujours aussi contemporain sur le fond. Dorian Gray, jeune dandy admiré de tous pour sa grande beauté fait ses premiers pas dans la vie mondaine. Son ami Basil Hallward en particu-lier lui voue une passion cachée qui l’amènera à peindre l’œuvre de sa vie, un portrait exceptionnellement réaliste de Dorian. « Comme c’est triste ! Je vais devenir vieux, horrible, effrayant. Mais ce tableau n’aura jamais un jour de plus qu’en cette journée de juin... Si seulement ce pouvait être le contraire! Si c’était moi qui restais jeune, et que le portrait lui vieillit! Pour obtenir cela, pour l’obtenir, je donnerais tout ce que j’ai! Oui, il n’y a rien au monde que je refuserais de donner ! Je donnerais mon âme pour

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ZWEIG StefanLe voyage dans le passéParis, Grasset, 2008. 173 p.Disponibilité BUS • CIT • EVI • JON • MIN • PAQ • SER • STAcote R ZWEI

Louis, jeune homme pauvre mais orgueilleux, décide de s’en sortir par son acharne-ment au travail. Il devient le secrétaire particulier d’un homme d’affaire. Logé chez son bienfaiteur, il s’éprend de sa femme et tout deux vivent une passion ardente mais platonique. Peu après, engagé au Mexique pour une mission qui s’éternisera, la première guerre mondiale ayant éclaté en Europe, Louis finit par se marier là-bas. De cette union naissent deux enfants. Neuf longues années passent lorsqu’il revient en Allemagne. Les retrouvailles sont amères. Louis évoque ces deux vers de Verlaine : « Dans le vieux parc solitaire et glacé / Deux spectres cherchent le passé ». L’amour n’a pas résisté au temps. Nouvelle partiellement inédite en français, cette réédition bienvenue est aussi un immense succès en librairie.

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tés ou pas. D’ailleurs pourquoi vous obstinez-vous à avoir étudié la biologie à Stuttgart ? votre trainer se donne pourtant un mal de chien à vous faire comprendre que sans un voyage à New York, votre CV ne vaut pas un clou. Comme il vous l’ex-plique patiemment « Aucune de vos vérités ne vous donnera un travail. Aucune ! » Alors petit à petit, vous y croyez, et cerise sur le gâteau, un étrange bonheur vous envahit lorsque vous apprenez que vous, simple « trainee », pouvez vous porter can-didat au poste de « trainer » que Sphericon vient d’ouvrir…

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ZWEIG StefanLe monde d’hierParis, Librairie générale française, 1996. 506 p.Disponibilité CIT • JON • PAQ • SERcote 838.03 ZWE

Titre original allemand : Die Welt von gesternDisponibilité CIT • SERcote 838.03 ZWE

Le chef d’oeuvre de Stefan Zweig. Le monde d’hier, c’est l’Europe d’avant la grande guerre, c’est l’Age d’Or de Vienne, ville où l’auteur a grandi. Il y évoque avec bonheur ses amitiés avec Rilke, Romain Rolland, Verhaeren, Paul Valéry, ses premiers succès d’écrivain, ses nombreux voyages. Pacifiste convaincu, il vivra ensuite la grande bou-cherie de 1914 puis la montée du nazisme. Exilé au Brésil, désespéré par la folie des hommes, il mettra fin à ses jours en 1942. « Parlez, ô vous, mes souvenirs et rendez au moins un reflet de ma vie avant qu’elle ne sombre dans les ténèbres. » Ce témoi-gnage essentiel nous fait mieux comprendre les grands bouleversements de notre proche passé.

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CHABOUTE ChristopheTout seulIssy-les-Moulineaux, Vents d’ouest, 2008Disponibilité CIT • JON • PAQ • SER • STAcote BD CHAB

En presque 400 pages et dans un format inhabituel, Chabouté dresse le portrait de trois personnages qui se croisent dans une histoire émouvante et poétique, avec des dessins en noir et blanc construits comme des séquences cinématographiques.Toutes les semaines, un marin pêcheur et son matelot, fraîchement engagé, dépo-sent une caisse de nourriture sur une île déserte surmontée d'un phare, perdue en pleine mer. Qui est cet homme qui habite encore dans ce phare alors qu'il est auto-matisé ? Pourquoi tout le monde le surnomme-t-il Tout seul ? Que fait-il de ses journées ? En se posant ces questions, le matelot va peu à peu percer le secret de cet homme mystérieux, qui partage ses journées avec un poisson et un dictionnaire.Avec de longs passages muets, Chabouté parvient parfaitement à retranscrire ces différentes solitudes qui se croisent, se cherchent et peut-être aboutiront à un dé-nouement heureux.

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DAVODEAU EtienneLulu, femme nue : un récit en deux volumesParis, Futuropolis, 2008Disponibilité CIT • EVI • JON • PAQ • SER • STAcote BD DAVO

Lulu a 40 ans, trois enfants et un mari pas toujours tendre et attentionné. Lulu dé-cide de retravailler après 16 ans consacrés à sa famille. Suite à un entretien d’em-bauche où elle comprend qu’elle ne vaut plus grand-chose sur le marché du travail, Lulu s’en va. Sans projets, sans préméditation elle se retrouve au bord de la mer. Seule et libre Lulu rencontre de « drôles de gens » en rupture comme elle. Mais la li-berté peut-elle se vivre sans danger ? Ces quelques jours vont faire de Lulu une autre femme… Etienne Davodeau réussit une fois de plus à évoquer avec sensibilité et tendresse un destin ordinaire. On attend avec impatience la deuxième partie de la balade de la touchante Lulu.

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BANDES DESSINéES

BRULLER HélèneHélène Bruller est une vraie salopeParis, Vent des savanes, 2008Disponibilité CIT • EVI • JON • MIN • PAQ • SERcote BD BRUL

Hélène est à nouveau l’héroïne de sa dernière BD, vêtue de son habituel pull rouge et bleu et arborant son bandeau dans les cheveux. Elle sort avec Martin, qui la quitte pour une certaine Elisa (très belle). Entre la rupture (à l’unanimité moins une voix) et le nouvel amour, il y a beaucoup de larmes, de la rage, un indéniable désir de vengeance, une spectaculaire baisse de l’estime de soi, des hommes de remplace-ment, un peu de stratégie, des repas chez maman… Oui, Hélène Bruller est une vraie salope car elle utilise comme faire-valoir ce pauvre Alain-Didier qui la drague depuis des âges et qu’elle a toujours ignoré. Qu’est-ce qu’on ne ferait pas quand on est déprimée et qu’on a besoin de se retaper l’ego… Grâce à Hélène Bruller, qui a passé par là, on saura ce qu’il ne faut pas faire quand on est fragile psychologiquement, on reconnaîtra les différents types de femmes fraîchement larguées, on bénéficiera d’un guide pour choisir sa proie de réparation et un tas d’autres conseils fort utiles. Avec toujours un humour décapant.

DM

BOULETBorn to be a larveParis, Delcourt, 2008 (Shampooing)Disponibilité JON • SERcote BD BOUL

Parmi les grands noms de ce succès grandissant que connaissent les blogs de bande dessinée, je demande Boulet ! Son blog, truffé de petites anecdotes quotidiennes mises en dessin, est tout simplement incontournable dans le petit monde des blogs BD francophones. Pour ceux qui n’aiment pas lire à l’écran et surtout pour tous ceux qui veulent le plaisir de retrouver les deux premières années de www.bouletcorp.com (2004-2005).

JM

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SIENKIEWICZ BillJimi Hendrix : la légende du Voodoo childParis, Delcourt, 2004Disponibilité BUS • CIT • EVI • STAcote BD SIEN

« The Jimi Hendrix Expérience », plus qu’un groupe, une légende. L’atmosphère pre-nante de cette bande dessinée retrace la totalité de la vie d’Hendrix avec une grande finesse. Parsemée de clins d’œil burlesques aux groupes fondateurs des sixties, ces planches nous emmènent au cœur des années hippies. Le quotidien d’un guitariste hors-pair et les situations surprenantes qui ont majoré sa vie (Hendrix se fit connai-tre en Europe en première partie de Johnny Hallyday). La richesse de sa courte « ex-périence » est repeinte dans ces illustrations flamboyantes. Un graphisme peu com-mun fait vibrer les planches au son d’Hendrix ; mêlant l’ordinateur aux couleurs pastel cette bande dessinée retranscrit l’âme de Johnny Allen Hendrix.

SL

SIMMONDS PosyTamara DreweParis, Denöel, 2008 (Denoël graphic)Disponibilité CIT • EVI • JON • SER • STAcote BD SIMM

Stonefield, petit village niché au cœur de la campagne anglaise, abrite une résidence pour écrivains tenue par la dévouée Beth qui veille au bien-être de ses pensionnaires pendant que son mari, l’égocentrique Nicholas, lui-même écrivain à succès, passe son temps à lui mentir au sujet de ses conquêtes féminines. L’arrivée au village de la belle et sexy chroniqueuse littéraire Tamara Drewe va provoquer toute une série d’événements au dénouement aussi brutal que surprenant… Posy Simmonds brosse avec un grand talent d’observation les travers de ses pairs. Que ce soit l’épouse ménopausée et délaissée, les ados désoeuvrées biberonnées aux magazines people, l’écrivain raté, le mari volage, la chroniqueuse ambitieuse et fragile, le garçon de ferme amoureux transi etc. chacun en prend pour son grade ! Autant BD que roman, Tamara Drewe allie avec brio le texte et l’image : le dessin aux tons pastels est ac-compagné, of course, de bulles pour les dialogues mais également d’extraits des chroniques de Tamara ainsi que de textes plus ou moins longs façon roman. Fin et grinçant, ce livre, qui a reçu le Grand prix 2008 de la Critique bande dessinée ravira les amateurs de BD et de littérature. Posy Simmonds, chroniqueuse au Guardian, est une véritable référence en Grande-Bretagne.

CLR

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DURIEUX ChristianLes gens honnêtes : première partieMarcinelle, Dupuis, 2008 (Aire libre)Disponibilité CIT • MIN • PAQ • SER • STAcote BD DURI

Alors qu’il fête ses 53 ans en famille, Philippe reçoit un coup de fil de son patron qui lui annonce qu’il est viré. Après 27 ans de bons et loyaux services dans l’entreprise, le nom de Philippe s’ajoute à la liste des victimes collatérales de la mondialisation et du capitalisme sauvage. Dès lors tout s’effondre autour de lui : il perd son logement, se clochardise, touche le fond. Cette épreuve permettra à Philippe de découvrir qui sont vraiment les gens qui l’entourent… et de tisser avec eux d’autres liens. La fin très jubilatoire (même si elle est hélas peu réaliste !) propose une belle revanche à Philippe : celle des petits sur le monde sans scrupules d’un capitalisme pourri et broyeur de vies. Le nouveau duo formé par Durieux (scénario) et Gibrat (dessin) traite de ce sujet tristement d’actualité avec beaucoup de finesse et d’humanité.

CLR

KIM Dong-HwaLa mal aiméeParis, Casterman, 2008 (Ecritures)Disponibilité CIT • EVI • JON • PAQ • SER • STAcote BD KIM

Avec la série La bicyclette rouge ou l’incontournable Histoire couleur terre en trois tomes, l’auteur coréen a conquis un public grâce à la simplicité de ces récits et la magie qui s’en dégage. La mal aimée est un recueil de onze nouvelles qui plongent le lecteur dans le quotidien de jeunes hommes et femmes de la Corée rurale, qui semblent être à l’abri du temps. Les gens vivent encore au rythme des saisons, des cultures de fruits ou de légumes et des fleurs. Une fois de plus, les femmes sont au centre de ces nouvelles qui sont indépendantes, tout en gardant un fil conducteur : l’amour. Les personnages font, quel que soit leur âge, l’expérience de l’amour qui s’accompagne souvent de descriptions florales. Même lorsque les liens amoureux qui unissent deux personnes sont rompus et se terminent de manière tragique, l’auteur parvient à rebondir avec une touche positive.Du très grand art.

PB

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SQUARZONI PhilippeUn après-midi un peu couvertParis, Delcourt, 2008 (Mirages)Disponibilité CIT • EVI • STAcote BD SQUA

Pierre est un jeune bibliothécaire parisien qui rend visite, pour une journée, à sa compagne ornithologue en mission de surveillance sur une île bretonne qui fait penser à Ouessant. Malheureusement celle-ci a une réunion de travail imprévue. Il va donc passer son après-midi à se promener sur l'île. Au gré de ses rencontres, il met à jour les trésors et les contradictions de la vie sur cette île : les avantages rela-tifs du tourisme, les rivalités entre les pêcheurs et les agriculteurs ou le vieillissement de la population. Il découvrira aussi un secret qui divise les habitants. Après des al-bums engagés sur la Shoah, le conflit israélo-palestinien ou la mondialisation, Philippe Squarzoni explore de nouveaux horizons et entraîne le lecteur dans un récit fait d'instantanés poétiques, contemplatifs et intemporels. Il y a assurément de la grâce dans certaines pages et principalement dans la fin.

PB

TAMAKI JilianSkimBruxelles, Castermann, 2008 (Ecritures)Disponibilité CIT • EVI • JON • MIN • PAQ • SER • STAcote BD TAMA

Adolescente de seize ans, Skim peine à se couler dans le même moule que les autres filles de son école. Lorsqu’un élève se suicide, son look un peu gothique, ses fréquen-tations, son mal-être visible font d’elle la prochaine victime sur la liste pour la plu-part de ses camarades. Et pourtant, sa vie intérieure secrète est bien loin de ces considérations... Si le sujet de ce roman graphique n’est peut-être pas foncièrement original, le dessin bien particulier parfois proche de certaines estampes japonaises lui confère une saveur toute singulière et donne une réelle force à son propos.

JM

VICOMTE LaurentBalade au bout du monde, vol 1 à 4Paris, Glénat, 1988Disponibilité BUS • CIT • EVI • JON • MIN • PAQ • SERcote BD VICO

Arthis Jolidon, jeune photographe déçu par le côté superficiel de son métier, décide de quitter Paris pour réaliser un reportage photo sur de célèbres marais. Installé la veille au soir à « L’hôtel des marais » il apprend par la bouche du patron que ceux-ci ont la réputation d’engloutir ceux qui s’en approchent de trop près. Au cours du repas, Arthis a le temps de croiser une belle photographe qu’il retrouve sur le terrain le lendemain. Soudain tout bascule ! Des cavaliers du Moyen Age surgissent de nulle part et enlèvent la jeune femme… Arthis se réveille au fond d’un cachot, entouré de dizaines d’hommes prisonniers comme lui, certains depuis des décennies. Avec l’énergie du désespoir, Arthis va essayer de retrouver la jeune femme et de fuir cette prison. Mais il se trouve maintenant au royaume de Galthédoc en plein Moyen Age, un royaume sur lequel pèse une étrange malédiction.Laquelle ? Vous le saurez en lisant ou plutôt en dévorant les quatre volumes de cette balade qui fut un véritable best seller dans les années 80. Grâce à un scénario béton et des dessins magnifiques, très précis et colorés quand il s’agit d’évoquer le Moyen Age et plus délavés et ordinaires lorsque l’histoire se déroule au 20e siècle, il vous sera impossible de refermer cette BD, véritable fresque médiévale et fantastique.

CLR

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Ces résumés vous ont été proposés par

Françoise Aellen • Françoise Bonvin • Philippe Bonvin • Philippe Cosandey • Catherine Demolis • François Gerber • Paul Kristof • Caroline Langendorf Richard • Tony Larsen • Roane Leschot • Thierry Leu • Christian Liechti • Simon Liengme • Marie-Claude Martin • Dominique Monnot • Joëlle Muster

CIT • bibliothèque de la Cité 5 place des Trois-Perdrix 1204 Genève tél. 022 418 32 22

EVI • bibliothèque des Eaux-Vives 2 rue Sillem 1207 Genève tél. 022 786 93 00

JON • bibliothèque de la Jonction 22 bd Carl-Vogt 1205 Genève tél. 022 800 13 61

MIN • bibliothèque des Minoteries 3-5 rue des Minoteries 1205 Genève tél. 022 800 01 31

PAQ • bibliothèque des Pâquis 15-17 rue du Môle 1201 Genève tél. 022 900 05 81

SER • bibliothèque de la Servette 9 rue Veyrassat 1202 Genève tél. 022 733 79 20

STA • bibliothèque de Saint-Jean 19 av. des Tilleuls ( entrée rue Miléant )

1203 Genève tél. 022 418 92 01

BUS • service du Bibliobus 40 points de stationnement dans tout le canton, renseignements auprès de votre commune ou au 022 418 92 70

SPO • bibliothèque des sports 4 ch. du Plonjon parc des Eaux-Vives 1207 Genève

VOS BIBLIOTHÈQUES MUNICIPALES :

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