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Page 1: Entreprises · Entreprises 22 lundi 7 juillet 2008 1 A FOCUS La situation économique est devenue la première préoccupation des électeurs. Barack Obama et John McCain revoient

Entreprises22 lundi 7 juillet 2008 1

A

FOCUS

La situation économiqueest devenue la premièrepréoccupation desélecteurs. Barack Obamaet John McCainrevoient certainsde leurs engagements.

LE VENT de récession qui souffleaux États-Unis favorise BarackObama. Avec le ralentissementde la croissance, l’envolée desprix de l’essence et la chute del’immobilier, la confiance desAméricains est tombée au plusbas depuis seize ans. Bien plusque la guerre en Irak, la situationéconomique est devenue la pre-mière préoccupation des élec-teurs. Pour le moment, le candi-dat démocrate profite de cemécontentement général pourdevancer son rival, John McCain,dans les sondages nationaux.

Trois électeurs sur cinqjugent que le sénateur de l’Illi-nois est mieux placé que le can-didat républicain pour redresserl’économie. Plus de la moitié desélecteurs estiment que McCainconduirait la même politiqueéconomique que le présidentBush. Comme la popularité de cedernier est tombée à 23 %, si lesénateur de l’Arizona veutgagner en novembre, il lui fautabsolument changer cette per-ception. En matière fiscale, com-

me sur la question de la réformedu système d’assurance-mala-die, par exemple, les Américainssont pour l’instant plus séduitspar les solutions proposées parObama.

Après des mois de campagnepour les primaires, marquéesdes deux côtés par des sloganspopulistes souvent caricaturaux,John McCain et Barack Obamaentrent enfin dans le vif du sujet.Le temps est venu pour les can-didats de préciser leurs positionset d’effacer certaines de leurscontradictions souvent criantes.C’est ainsi que tout à coupBarack Obama est moins viru-lent à propos de la nécessité de« renégocier » l’Accord de libre-

échange nord-américain (Alena).Le sénateur de l’Illinois ne parleplus que d’« ouvrir un dialogue »avec le Canada et le Mexique« pour trouver un moyen de faireen sorte que le libre-échangecontribue au bien-être de tous ».

Le choc pétrolierOn est loin des déclarations

enflammées du mois de février,où le candidat démocrate accu-sait son rival, Hillary Clinton,d’avoir du temps de l’Adminis-tration de son époux, fait passerles intérêts des entreprises avantceux des cols bleus en faisantadopter par un Congrès démo-crate l’Alena négocié par le pré-sident Bush père.

John McCain est lui aussicontraint de corriger le tir. Lesénateur de l’Arizona a fait cam-pagne pendant des mois pourmaintenir en place l’interdictionvieille de vingt-sept ans de prati-quer des forages pétroliers auxabords des côtes américaines.Cette position le distinguait decelle du président Bush. Elleplaisait aux écologistes. Depuisquelques jours, John McCain estobligé d’expliquer pourquoi il achangé de position. L’envolée duprix de l’essence l’a conduit à cerevirement, explique-t-il. Le faitque les sondages révèlent sou-dainement la popularité de telsforages y est sûrement pourquelque chose. Pour autant, le

candidat républicain reste oppo-sé à l’exploration pétrolière dansla réserve arctique de l’Alaska,où les chances de découverte deressources importantes sontpourtant élevées.

Le dossier de l’éthanolLe choc pétrolier que connaît

l’Amérique force les deux pré-tendants à la Maison-Blanche àdétailler leurs positions enmatière de politique énergéti-que. Sur ce plan, les écologistes,tentés de soutenir Barack Oba-ma, sont troublés par l’appuimarqué du sénateur pour lesmultiples subventions dontbénéficie l’industrie de l’étha-nol. Ce carburant distillé à partir

du maïs, abondant dans l’Illi-nois, que Barack Obama repré-sente au Sénat, est en effet beau-coup moins « vert » qu’on avoulu le dire. La culture du maïsnécessite, par exemple, beau-coup d’eau, ce qui épuise lesnappes phréatiques de certainesrégions. La culture, la récolte etla distribution de l’éthanol ne sefont qu’à l’aide de véhicules pol-luants, gros consommateursd’hydrocarbures. La consomma-tion d’éthanol artificiellementfixée par le Congrès commeadditif de l’essence dope le prixdu maïs et réduit les surfacescultivées consacrées à d’autresdenrées.

S’il est un dossier où JohnMcCain a osé se mettre à dos lelobby agricole du Midwest, c’estbien celui de l’éthanol. Le candi-dat républicain a toujoursdénoncé les régimes de faveuraccordés à cette filière, au nomdu principe de « liberté du mar-ché ». Néanmoins le libéralismequ’il professe pour que les forcesdu marché déterminent lesmeilleures alternatives au pétro-le a ses limites. McCain est eneffet favorable aux aides àl’industrie nucléaire, dossier surlequel Obama est plus en retrait.Autant de contradictions quivont animer le débat d’ici ànovembre.

PIERRE-YVES DUGUA

(à Washington)

Les deux candidats face à des Américains inquiets

■ On l’avait oublié. Carly Fiorina,ancienne PDG de Hewlett-Pac-kard, revient sur le devant de lascène comme conseillère écono-mique de John McCain. Évincéeen 2005 de la direction du géantde l’informatique, faute de résul-tats, et surtout pour s’être fait tropd’ennemis, « Carly » monte aucréneau pour défendre le pro-gramme du candidat républicain.Elle n’a rien perdu de son mor-dant. C’est peut-être un atoutdans une campagne qui s’annon-

ce dure. Âgée de 53 ans, celle quiavait été sacrée « femme la pluspuissante du monde des affai-res » par le magazine Forbes,accuse aujourd’hui Obama devouloir écraser les Américainsd’impôts. On devine son influencesur le programme du candidatrépublicain, notamment pourminimiser l’intervention de l’Étatfédéral dans la crise du créditimmobilier. Carly Fiorina joue aus-si un rôle important pour solliciterdes contributions financières

pour Victory 08, le comité républi-cain qu’elle préside et dont la mis-sion est de faire élire JohnMcCain.Sa forte visibilité n’est pas sansrisque. Elle compte beaucoup dedétracteurs dans la Silicon Valleyet à Wall Street. Les démocratesaiment à rappeler qu’elle est res-ponsable de milliers de suppres-sions d’emplois dans le cadre dela fusion de Compaq et Hewlett-Packard en 2002. Les 21 millionsde dollars qu’elle a reçus lors de

son départ forcé de la présidencede Hewlett-Packard font aussimauvais effet. Ils ont certes étéapprouvés par le conseil d’admi-nistration de la firme. MaisMcCain dénonce souvent lesrémunérations excessives despatrons et insiste pour que lesparachutes dorés fassent l’objetdu vote des actionnaires. Sur ceplan-là, la blonde Carly est malplacée pour défendre le sénateurrépublicain.

P.-Y. D.

Le retour de Carly Fiorina, l’ex-PDG de Hewlett-Packard