enseigner le langage oral à l’école maternelle
TRANSCRIPT
À P A R T I R D E S T R A V A U X D E M I C H E L G R A N D A T Y , V É R O N I Q U E B O I R O N , M I R E I L L E B R I G A U D I O T ,
A G N E S F L O R I N , E L I S A B E T H B A U T I E R , J E R O M E B R U N E R … .
E V E L Y N E C O L L I N 2 0 1 7
Enseigner le langage oral à l’école maternelle
Quelques constats
De programmes en programmes, «l’oral» devenu priorité mais…
1/3 des enfants ne parlent pas/ très/ trop peu (étrangeté de l’école, parler devant le groupe, opacité de la consigne et de la tâche…)
Pas d’enseignement explicite du langage oral , pas /trop peu d’outils pour les maîtres ou propositions pas à la hauteur des enjeux
ex. UN mot nouveau/jour, littérature et langage, fiches, devinettes, questions/réponses…
L’école française est une école de l’écrit : très/trop tôt ?
Le langage oral doit devenir la PRIORITE du cycle1
Le programme
Le langage oral : utilisé dans les interactions, en production et en réception, il permet aux enfants de communiquer, de comprendre, d’apprendre et de réfléchir.
C’est le moyen de découvrir les caractéristiques de la langue française et d’écouter d’autres langues parlées.
Les interactions orales sont centrales : les êtres humains ont
une capacité génétique à structurer des informations selon des règles (Chomsky)
Nécessité beaucoup d’interactions dans toutes les situations
Pourquoi cette priorité au langage à l’école maternelle?
Importance du langage/langue Construction du sujet Insertion sociale Construction de la pensée et des savoirs
Communiquer, parler, dire, comprendre, penser, réfléchir, savoir, douter Raconter, imaginer, espérer, planifier, anticiper, reconstruire, rêver, aimer Lire, écrire, interroger, questionner, expliquer, justifier, argumenter…
Différences entre langage maison/langage école : • Nombre d’interactions • Contenus des interactions (langage de l’action/ mise à distance
des objets et du faire) • Communication minimale /élaborée • Code restreint/élaboré
Ce que montre la recherche
Variabilité individuelle forte et développement progressif non linéaire. C’est au niveau du langage oral qu’il y a le plus d’écarts entre les enfants
= très discriminant socialement
Compréhension bien plus développée que la production (1ère préoccupation des maîtres)
Vocabulaire passif bien plus développé que le vocabulaire actif
3 à 5 mots nouveaux / jour dans UN contexte (contextualiser, décontextualiser, recontextualiser)
Modèle de langage fondamental : langage du maître seul langage élaboré pour nombreux enfants (double négation, sujet inversé, débit, pauses , silences !) REFORMULATIONS langage travaillé/enseigné
Ce que montre la recherche
C’est l’intérêt que l’enfant porte à une situation qui l’amène à développer une diversité de conduites langagières, à s’approprier de nouvelles manières de penser-parler (Vygotski, François…)
Les propositions doiveent donc se caler sur le projet de l’enfant, ses centres d’intérêt, tout en lui permettant de multiplier les expériences du monde
Les enfants apprennent à parler-penser en partageant une expérience sociale (jouer, faire un gâteau, se promener, faire du vélo, dessiner…) avec un expert adulte ou enfant (Bruner)
Langue/langage
Le langage renvoie à des usages et des fonctions (pratiques, activités, jeux de langage).
La langue est un produit social conventionnel qui comporte des régularités et des règles (grammaticalité du message) et qui fixe les données de l’expérience à travers son prisme.
C’est la pratique du langage qui donne accès à la langue
Les attendus de fin de cycle, le langage oral
Communiquer avec les adultes et avec les autres enfants par le langage, en se faisant comprendre.
S’exprimer dans un langage syntaxiquement correct et précis. Reformuler pour se faire mieux comprendre.
Pratiquer divers usages du langage oral : raconter, décrire, évoquer, expliquer, questionner, proposer des solutions, discuter un point de vue.
Participer verbalement à la production d’un écrit. Savoir qu’on n’écrit pas comme on parle.
Les enjeux :
Passer de l’usage pratique de l’oral à un usage élaboré
Devenir locuteur/interlocuteur : apprendre à raconter, décrire, expliquer, argumenter, justifier, commenter…
Etablir des ponts entre l’oral et l’écrit en termes culturels et techniques
Le langage de l’école
Plusieurs dimensions : sociale, psychologique , méta langagière, symbolique , cognitive
Le langage sert à transformer les objets du monde et les objets d’expérience en objets d’étude et de questionnement
Ces usages dits "seconds" du langage sont ceux qui permettent de reconfigurer une expérience, de la décontextualiser pour la construire en savoirs.
Objectif : travailler les fondamentaux du langage (V. Bouysse)
Passer du langage psycho affectif à une pratique décontextualisée (secondarisée) du langage
Ce glissement progressif peut s’opérer à travers des pratiques réflexives : chercher le mot
juste, reformuler, proposer un autre énoncé, se demander si le message est compréhensible par d’autres…
par des activités discursives partagées au sein de la classe (nommer, décrire, raconter, expliquer) dans les interactions langagières provoquées par l’enseignant.
Il s'agit d'aider les élèves à comprendre qu’ à l’école, il s'agit de parler "sur" et non essentiellement de parler "de" (E Bautier)
Le langage oral
Le langage oral : utilisé dans les interactions, en production et en réception, il permet aux enfants de communiquer, de comprendre, d’apprendre et de réfléchir.
Il faut faire pour parler sur le faire, c’est l’idée du projet qui mobilise
l’enfant
C’est le moyen de découvrir les caractéristiques de la langue française.
Les interactions orales sont centrales : les êtres humains ont une
capacité génétique à structurer des informations selon des règles (Chomsky)
Pour cela nécessité de nombreuses interactions
Les fonctions du langage à l’école
Instrument de communication
Instrument du développement et de la construction de soi (donner de la valeur à sa parole et à celle de l’autre à travers des comportement interactionnels et notamment l’écoute)
Instrument de représentation du monde, mise en mots et prise de distance
Le langage pivot des apprentissages et de la vie de l’école
Faire vivre le langage oral à l’école
Dans et par la communication
Composantes langagières et linguistiques
Composantes socioculturelles (registres, rôles, postures)
Composantes pragmatiques (spontanées/préparées)
Deux formes à distinguer :
En situation (soutenu par l’enseignant)
En décontextualisant (langage complexe et élaboré=scriptural)
Les conditions favorable aux échanges
Créer un contexte d’apprentissage favorable aux échanges langagiers scolaires (observation, attention, VIP)
Varier les dispositifs pour favoriser la prise de parole de tous
Tenir compte du silence et de l’auto langage
Le rôle de l’enseignant
Organiser la classe pour favoriser les interactions langagières Créer un contexte (confiance, bienveillance) Aménager le temps et l’espace (explorations, résolution de problèmes, jeux
d’imitation…)
Assurer les gestes d’un étayage langagier permanent Réguler et dynamiser la communication Enrôler , accompagner, montrer, valoriser, valider, reformuler Expliciter les tâches langagières, rendre visibles les tâches de production ou
de compréhension REFORMULER
Evaluer par l’observation pour adapter les situations Programmer les situations langagières et les apprentissages Identifier les indicateurs de progrès Observer et ajuster Garder les traces
Associer les parents
L’oral travaillé / L’oral enseigné
L’oral travaillé dans les situations ordinaires (Bruner)
Habillage/déshabillage, passage aux toilettes, réveil, déplacements, résolution de conflits
Relation adulte/enfant (dimensions affective et psychosociale)
L’oral travaillé dans les situations pédagogiques régulières = le bain de
langage ne suffit pas (activités autour du temps, jeux langagiers, de
compréhension, de description…)
exemple l’emploi du temps , l’appel, les retours d’ateliers, les jeux de langage…
Créer un cadre stable avec des activités régulières ou ritualisées
Répéter sur une période assez longue
Donne des repères, favorise la concentration et l’identification des rôles de chacun
L’oral travaillé / L’oral enseigné
L’oral enseigné dans les situations d’apprentissage des différents domaines : l’oral est d’abord l’objet de l’apprentissage
• Aborder le vocabulaire spécifique aux différents domaines (les verbes en éducation motrice, le vocabulaire spécifique en découverte du monde ou dans les domaines artistiques…)
• Assurer les apprentissages notionnels ET langagiers
• Favoriser les conduites langagières spécifiques : argumenter, expliquer, questionner, faire des liens, raconter, relater, construire l’altérité et la théorie de l’esprit….
• Assurer l’entrainement spécifique de certaines conduites langagières, par exemple expliquer, raconter, relater
• Réfléchir aux traces, soigner le lien oral/écrit
Une illustration : la pâte à papier
L’articulation oral/écrit
La pédagogie de l’oral ne fonctionne que si on met en œuvre une pédagogie de la production d’écrit qui la structure
Les comptines
La compréhension des histoires et des textes
L’écriture de mots et production d’écrits
Les essais d’écriture de mots et l’étude du principe alphabétique
La dictée à l’adulte
La démarche
1) Créer un milieu d’apprentissage
A partir des domaines d’apprentissage
L’enseignant met en place dans sa classe des situations d’apprentissage variées : jeu, résolution de problèmes, entraînements, etc. et les choisit selon les besoins du groupe classe et ceux de chaque enfant.
La démarche
2) Créer une communauté discursive Pour éclaircir les enjeux des tâches d’apprentissage. Pour favoriser les interactions orales. Pour passer de l’enfant à l’ élève.
L’enseignant favorise les interactions entre enfants et crée
les conditions d’une attention partagée, la prise en compte du point de vue de l’autre en visant l’insertion dans une communauté d’apprentissage.
Il développe leur capacité à interagir à travers des projets, pour réaliser des productions adaptées à leurs possibilités.
D’où l’importance des situations pédagogiques régulières.
Programmer les situations pour des apprentissages langagiers progressifs
En résumé :
Programmer les situations pour des apprentissages langagiers progressifs
Mettre en œuvre des outils
Observer pour ajuster et évaluer
Des exemples d’organisation :
21 M.GRANDATY et J.GUÉGANO / ESEN 17 janv.2017
PERIODE 3
22 M.GRANDATY et J.GUEGANO /ESEN 17 janv.2017
Observer pour ajuster
Observer le langage oral dans 3 conduites langagières fondamentales (expliquer, décrire, raconter)
Rendre compte à travers les carnets de suivi
Pour valoriser
Pour enrôler les parents
Pour garder la trace du parcours
26
fait des phrases courtes pour exprimer ce qu’elle reconnait sur une photo d’un vécu de la classe. Elle utilise les mots appris en classe.
Maïssa
janv.
2016
fev.
2016
fait la liste du matériel et décrit les actions à réaliser pour faire du jus d’orange .
Maïssa manipule les marottes et raconte tout ce qui arrive à Flaubert dans l’histoire.
mai.
2016
attend que ses camarades aient fini pour prendre la parole . Elle écoute ce qui se dit au coin regroupement quand tout le groupe regarde le résultat de ses activités.
avril.
2016
Maïssa
M.GRANDATY et J.GUÉGANO / ESEN 17 janv.2017
27
accole deux mots pour
exprimer ce qu’il reconnait sur
une photo d’un vécu de la classe.
Il utilise quelques mots appris
en classe.
Dino
fév.
2016
avril.
2016
fait la liste du
matériel et donne quelques
mots clés des actions à
réaliser pour faire de la
confiture .
manipule les
marottes et raconte un
événement de l’histoire.
mai.
2016
répond aux questions
qui lui sont posées au coin
regroupement
mai.
2016
Dino
Dino
M.GRANDATY et J.GUÉGANO / ESEN 17 janv.2017
Des outils
Des éléments théoriques, des pistes didactiques et des démarches pédagogiques :
Dans les ressources accompagnant les programmes sur le site EDUSCOL L’oral dans les 3 types de situations
Organiser la classe pour favoriser les interactions langagières
Les repères
Les ressources pour les activités ritualisées
Dans les expérimentations du val d’Oise : Pour enseigner le vocabulaire en syntaxe
Pour enseigner la compréhension des histoires
Pour construire et développer la culture littéraire
http://www.pedagogie95.ac-versailles.fr/index.php/l-ecole-maternelle
Le vocabulaire
La compréhension des histoires
La construction d’une culture littéraire
En conclusion
La loi de refondation : pour une école bienveillante
Favoriser la prise d’initiative, l’agir
Favoriser la coopération, l’appropriation de postures communes
Donner du sens à l’activité et donc à l’action de l’élève (motivation, concentration)
Faire construire et transmettre des procédures d’action
Mettre en œuvre une évaluation positive