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Culture Nature Livres Multimédia Événement JMJ de Cologne Gestion Au rendez-vous de la vérité des comptes Actualités Une alternative au collège après la 5 e Devenir ensemble Communauté éducative Fairel’école enEurope La zone scandinave : l’école du vivre ensemble Enseignement catholique www.scolanet.org Numéro 296, septembre 2005, 4,50 ACTUALITÉS

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CultureNatureLivres

MultimédiaÉvénementJMJ de Cologne

GestionAu rendez-vous de la vérité

des comptesActualitésUne alternative au collège

après la 5e

Devenirensemble

Communauté éducative

Faire�l’écoleen�Europe

La zone scandinave :l’école du vivre ensemble

Enseignementcatholiquewww.scolanet.org

Numéro 296, septembre 2005, 4,50 €ACTUALITÉS

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N° 296, SEPTEMBRE 2005 Enseignement catholique actualités 3

sommaire

ÉDITORIALUne rentrée toujours nouvelle 5

ACTUALITÉSÉvénement 6Enseignement catholique 9Éducation 13Religion 16Revues express/Agenda/BO 18

PAROLES ET CONFIDENCES«L’infirmerie est un lieu à part» 32Françoise est infirmière dans un établissement catho-lique de près de 600 élèves, doté d’un internat.

INITIATIVES COLLÈGEL’informatique marque un pointsur la dyslexie 34Aider et stimuler les élèves dyslexiques comptent parmiles ambitions d’un logiciel en cours d’expérimentation dansdeux classes de sixième d’un collège du Puy-de-Dôme.

Des quatrièmes mettent la gommecontre le chewing-gum 36Opération éducation à la citoyenneté et au respect de l’en-vironnement au collège Saint-François-de-Sales à Cham-béry.

FORMATIONLa passion de la différence 38L’enseignement catholique a une longue tradition d’ac-cueil des élèves handicapés ou en grande difficulté.

GESTIONAu rendez-vous de la véritédes comptes 40Ce n’est pas un hasard si les « Journées comptables et finan-cières » de la Fnogec font le plein...

PAROLES D’ÉLÈVESCôté cour, côté jardin 42De janvier à juin 2005, deux classes de l’institut Saint-Pierre-Fourier (Paris XIIe), un CM2 et une sixième, se sontrencontrées sur le thème de la botanique.

Le prix du soutien scolaire 48Dans un rapport établi à la demande du Haut Conseil del’évaluation de l’école (HCEE), le sociologue DominiqueGlasman a étudié les tâches liées à l’activité scolaire que lesélèves effectuent en dehors des heures de cours. À cetteoccasion, il s’est intéressé au marché du soutien scolaire.

École et sexualité 50Dans un ouvrage original, Claude Lelièvre, professeurd’histoire de l’éducation à l’université Paris-V, et FrancisLec, avocat-conseil de la Fédération des autonomes de Soli-darité laïque, font le point sur l’évolution de l’école parrapport à ce qui y fut longtemps un tabou : la sexualité.

CULTURENature 52Micropolis, la cité des insectes. Un voyage au cœur de l’in-finiment petit, du peuple de l’herbe, de la mer et des cieux.La grue cendrée, l’autre star de la Champagne. Les lacs derégulation de la Marne et de la Seine offrent aux amoureuxde la nature la migration de dizaines de milliers d’oiseaux.

Livres 54Une sélection de quinze titres.

Multimédia 57CD et télévision.

FAIRE L’ÉCOLE EN EUROPELa zone scandinave : l’école du vivre ensemble 44À la découverte d’un concept original d’« école unique » oùles élèves vivent toute leur scolarité obligatoire dans unemême classe.

RÉFLEXIONLaïcité et revendications religieuses 46En lisant le rapport Obin, on apprend que dans certainsétablissements, on n’ose plus aborder des parties du pro-gramme. Issus de quartiers contrôlés par des intégristesmusulmans, des élèves veulent y imposer de nouvellesrègles. État des lieux avec Jean-Pierre Obin, inspecteurgénéral de l’Éducation nationale.

« Toutes les religions sont pour la paix entre les hommes » 47Dans l’enseignement catholique, on aborde autrement leproblème des revendications religieuses à l’école. Le pointde vue du père Daniel Fournel, éducateur et aumônierdepuis 30 ans à la Fondation d’Auteuil.

DOSSIER : Devenir ensemble 21Risquer la communauté éducative, ainsi que le préconise l’une des trois résolutions nationales de la deuxiè-me phase des assises de l’enseignement catholique, c’est avoir le souci constant de faire grandir chaque per-sonne en lui ouvrant des espaces de confiance. Et répondre par là même au besoin de dialogue, de rencontre,d’échange et de reconnaissance, exprimé par tous les acteurs de l’établissement : enseignants, élèves, parentsou personnels de service. De Belley à Lisieux, en passant par Saint-Étienne et Fontainebleau.

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Ce numéro comporte un encart jeté CERAS.

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(Re) vivez les assises...La deuxième phase desassises a aussi son affiche

Commandez-la dès maintenant !

AFFICHES ASSISES 12 € les 2 exemplaires (frais de port compris)

DÉCEMBRE 2004 25 € les 5 exemplaires (frais de port compris)

45 € les 10 exemplaires (frais de port compris)

Nom/Établissement : .. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Adresse : .. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Code postal : ............................... Ville : .. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Souhaite recevoir : ........................ exemplaires. Ci-joint la somme de : ........................ € à l’ordre de AGICEC

277 rue Saint-Jacques - 75240 Paris cedex 05. Tél. : 01 53 73 73 75

LES ENGAGEMENTS NATIONAUX DE L’ENSEIGNEMENT CATHOLIQUE

Risquer la communauté éducative et ses lieux de parole

Que la place de chacun soit reconnue

● Nous nous engageons à ne pas exclure de fait de la communauté éducative certaines catégories de personnels, les parents, les gestionnaires et les élèves.

● Nous engageons les partenaires de la communauté éducative à ne pas chercher à prendre le pouvoir mais à participer à la mission de l'enseignement catholique

sous la responsabilité de ceux qui ont reçu mission d'Église.Sinon nous ne serions pas l’enseignement catholique mais un enseignement privé.

Risquer la différenceQue « l'enseignement catholique ouvert à tous »

ne soit pas seulement un slogan.

● Nous nous engageons, en réseaux d'établissements, à ne pas exclure les « pas comme les autres » et à rattraper notre retard dans leur accueil et leur accompagnement.

● Nous invitons les réseaux d'établissements à faire en sorte que ce ne soient pas toujours les mêmes qui scolarisent les élèves en grande difficulté.

● Nous engageons les réseaux d'établissements à imaginer sur le plan financier des mutualisations ou péréquations, notamment pour ceux qui ont besoin d’un internat,

dans l'objectif de n'exclure aucune famille et aucun élève pour des raisons d'argent.

Risquer l'inattendu de la PersonneQue l'élève ne soit pas considéré comme un individu conditionné et programmé,

et que toute personne, quelle que soit sa fonction dans l'établissement, ait même dignité et même reconnaissance.

● Nous nous engageons à ne pas enfermer l'élève dans son histoire antérieure, dans ses résultats, dans ses comportements mais à lui ouvrir un espace de confiance.

● Nous engageons les conseils d'école et les conseils de classe à toujours dégager dans leurs appréciations des éléments positifs et à repenser l’évaluation.

● Nous nous engageons à casser les fausses hiérarchies : entre le personnel enseignant et les autres personnels, entre les enseignants, les éducateurs et les parents,

entre le secondaire et le primaire, entre l'enseignement général, l'enseignement professionnel et l'enseignement agricole,

entre les grands et les petits établissements.

Ce qui fait la taille d'un établissement, c'est la qualité de ce qu'il vit.

Journée nationale des assisesdu 4 décembre 2004

Il est toujours possible et passionnant d’éduquerDes messages ont manifesté des souffrances dues à la difficulté de faire équipe, au sentiment de solitude, à la complexitécroissante du rôle d'éducateur et du métier d'enseignant. Mais les engagements viennent nous redire qu'il est toujours

possible et passionnant d'éduquer. Parce qu'au nom de l'Evangile toute Personne est Éspérance incarnée et signe de vie,nous invitons tout l'enseignement catholique français à avoir le courage de l'avenir.

Paul MalartreSecrétaire général de l’enseignement catholique

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Publication officielle du Secrétariat général de l'enseignement catholique / AGICEC

■ Directeur de la publication > Paul Malartre ■ Rédacteur en chef > Gilles du Retail ■ Rédac-teur en chef adjoint > Sylvie Horguelin ■ Ont participé à la rédaction de ce numéro > Jean-Louis Berger-Bordes, Sophie Bizouard, Père Gilbert Caffin, Élisabeth du Closel, Yvon Garel, Véronique Glineur, BrunoGrelon, José Guillemain, Marie-Christine Jeanniot, Mathilde Raive ■ Édition > Marie-Françoise Comte, Domi-

nique Wasmer (rédacteurs-graphistes), René Troin (secrétaire de rédaction) ■ Diffusion et publicité > Dominique Wasmer, avec Géraldine Brouillet et Jean-Noël Ravolet (com-mandes) ■ Rédaction, administration et abonnements > 277 rue Saint Jacques, 75240 Paris Cedex 05. Tél. : 01 53 73 73 75. Fax. : 01 46 34 72 79 ■ E-mail >[email protected] ■ Abonnement > 45 €/an ■ Numéro de commission paritaire > 0707 G 79858 ■ Imprimeur > Vincent, 26 avenue Charles-Bedaux, BP4229, 37042 Tours Cedex 1.

Éditorial

Nous�voulons�relever�ensemble�

le�défi�2005-2006�:�« Tenir �parole. »

Une rentrée scolaire ne doit jamais devenir une habitu-de. Toute rentrée est nouvelle parce que les élèves nereproduisent jamais des modèles à l’identique mais nousouvrent à l’inattendu de la personne ; toute rentrée est

nouvelle parce que la démarche éducative est découverte perma-nente et formation jamais achevée.

Pour l’enseignement catholique français aussi, cette année 2005-2006, qui s’inscrit dans la continuité des assises, sera nouvelleparce que la concrétisation des engagements de décembre 2004est encore plus exigeante que leur annonce. Deux rendez-vousdevraient nous y aider : celui des communautés éducatives, le2 décembre prochain, pour prendre le temps de mesurer le che-min parcouru et d’ajuster l’action collective ; celui des diocèses,les 4 et 5 avril 2006, pour donner au concept d’évaluation tou-te sa dimension relationnelle entre enseignants, élèves et parents,en vue de la construction d’un espace de confiance et d’un par-cours de réussite pour tout élève.

Par ces rendez-vous, mais surtout par votre engagement quoti-dien pour risquer encore plus la communauté éducative dansvotre établissement, nous voulons relever ensemble le défi 2005-2006 : « Tenir parole. »

À chacune, à chacun d’entre vous, particulièrement à celles et ceuxqui effectuent leur première rentrée dans l’enseignement catholique,bonne nouvelle année scolaire.

Paul MalartreSecrétaire général

de l’enseignement catholique

U n e � r e n t r é e � t o u j o u r s � n o u v e l l e

N° 296, SEPTEMBRE 2005 Enseignement catholique actualités 4

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6 Enseignement catholique actualités N° 296, SEPTEMBRE 2005

actus /événement

Avant Cologne…À 90 kilomètres d’Aix-la-Chapelle,Kirchenhoven. C’est là que les jeunesdu XIIe arrondissement de Paris ontcommencé leurs JMJ, après avoirassisté à la messe d’envoi à Reims.Du 11 au 14 août dernier, ils ont étéhébergés dans des familles alle-mandes. Puis le 15 août, tous les Pa-risiens se sont retrouvés à Düren au-tour de Mgr Vingt-Trois avant legrand départ pour Cologne...

Arrivée à CologneSurprise, surprise. Le groupedécouvre, le 15 août au soir,qu’il est logé dans un quartier« sensible » de Cologne, loind’une station de métro. Uneécole a mis à sa disposition unegrande salle toute nue. Les fillesà droite, les garçons à gauche

déplient leurs duvets au coude àcoude. D’autres groupes sontlogés dans cette même école quine possède que trois douches !Certains râlent mais d’autresqui ont appris que des Françaisse trouvaient à 80 kilomètres deCologne, s’estiment vernis.

Mardi 16 août : lancement officiel des JMJLe ciel est gris mais Cologne esten liesse. Sur le parvis de la ca-thédrale, « une foule de toutes na-tions, races, peuples et langues » sepresse. Des groupes de jeuneschantent à tue-tête et tapentdans leurs mains. Partout dansla ville, de petites escouades quisuivent le drapeau de leur paysse croisent. On échange quel-ques mots en anglais, on troque

un foulard contre une broche.C’est toute l’humanité quisemble s’être donné rendez-vous pour une grande fête de lafraternité. Et le cœur de chacunse dilate devant un rassemble-ment si joyeux. Un arrêt pournotre groupe devant le mémo-rial d’Edith Stein, et déjà il nousfaut penser au déjeuner. C’estalors que les ennuis commen-cent. Trouver le point de distri-bution des repas relève du jeude piste, puis il faudra attendrelongtemps pour obtenir unebarquette de riz aux légumes.Rien de plus pour le midi et despaniers-repas bien maigrespour le soir. Les responsables dece carême anticipé seront vouésaux gémonies chaque jour. Leriz englouti, reste à rejoindre un

stade à l’autre bout de la ville,où a lieu la messe de lancementdes JMJ. Catastrophe, la lignede métro qui y conduit est inter-rompue et il faudra s’y rendre àpied. Les Allemands, tout aulong de la semaine, useront dece procédé brutal pour gérer latrop grande affluence dans lestransports en commun, trans-formant les pèlerins en mara-thoniens. Deux heures demarche au pas de charge etnous arrivons devant un stadequi affiche complet. Noussommes 150 000 à rester ainsisur le carreau. Les organisa-teurs n’avaient décidément paspris la mesure de l’événement !Après la messe, soirée festive…dans le stade ! Pas de messepour nous, pas de fête, qu’à celane tienne. Sur la pelouse quientoure le stade, des courses dedrapeaux s’organisent, desrondes de 200 personnes se for-ment, on construit des pyra-mides humaines. On rit, ondanse, on s’embrasse. Les Jour-nées mondiales de la jeunesses’ouvrent dans l’allégresse.

Mercredi 17 août : jour de tristesseLe soleil brille mais les cœurssont en berne. Mgr Perrier quianime la catéchèse de cettematinée, apprend aux Fran-çais réunis, que frère Roger aété assassiné la veille. L’évêquede Tarbes-Lourdes est sous lechoc, les jeunes aussi. Ilsconnaissent Taizé. Beaucoups’y sont rendus. Pour certains,les JMJ ne sont d’ailleurs que« Taizé en plus grand ». L’espritqui y souffle est le même. Le

Vivre les JMJPour comprendre les Journées mondiales de la jeunesse (JMJ), il faut les vivre… de l’intérieur. À Cologne,du 16 au 21 août 2005, nous avons suivi un groupe paroissial comprenant des élèves de l’enseignementcatholique1. Sur la route des Mages, épreuves et grâces ont surabondé.

Temps fort. Quelques jeunes Parisiens pendant la messe célébrée par Mgr Lustiger à Cologne, le 17 août.

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actus /événement

N° 296, SEPTEMBRE 2005 Enseignement catholique actualités 7

thème de la catéchèse du jourporte sur le sens de l’existen-ce. Des groupes de six adoles-cents se forment pour en dé-battre. Dans l’un d’eux Sté-phane déclare : « Pourquoiprendre la vie au sérieux, on n’ensortira pas vivant ! » Xavier luirépond que « la mort est unautre chemin que l’on va prendre,sans savoir où il nous mène ».Pierre se pose lui aussi le pro-blème de la « fin » : « Va-t-onêtre absorbé par Dieu ? » Leséchanges sont sincères. Onpartage ses doutes plus queses convictions. Mgr Perrierexplique : « Si vous avez votreCredo et que vous ne vous sentezpas sur un chemin, ce n’est pas bonsigne. Cela veut dire que vousvous êtes fabriqué une idole. »

Sous un chapiteau, Mgr Lustigers’apprête à célébrer la messe.Des jeunes du monde entiers’assoient dans l’herbe et en-tonnent l’hymne des JMJ – ce-lui de Rome en italien, plus vo-lontiers que l’hymne allemandparce qu’il reprend dans sonrefrain la devise gravée sur lesboucles des ceinturons nazis :« Gott (ist) mit uns » (« Dieu estavec nous »)… « La recherche dubonheur nous habite tous, exposeMgr Lustiger dans son homélie,plus qu’avant, car nous résonnonsdésormais au malheur universel.[…] Nous sommes comme un frêleesquif sur une mer déchaînée, nesachant où va frapper le malheur.[…] Jésus ne nous promet pas unbonheur illusoire. Il prend notre vieavec ses failles. Il nous promet unbonheur qui aide à porter ses diffi-cultés. » Suit un commentaireinspiré des Béatitudes, tandisque sur un écran apparaît le vi-

sage du fondateur de Taizéavec l’inscription : « Merci frèreRoger. »

Jeudi 18 août : pèlerinageà la cathédrale« Le peuple de Dieu se lève », chan-te à tue-tête le père Gaël Corne-fert qui a pour tâche de réveillerle groupe chaque jour. Il est4 heures du matin et personnen’a envie de bouger. Mais il fautêtre à 6 heures sur les bords duRhin car notre tour est venu decontempler les reliques des Roismages. En chemin, les jeunessont invités à « suivre l’itinérairespirituel des Mages, en se deman-dant quel est l’écho de leur quêtedans leur vie ». La foule est densedans la cathédrale, mais l’atmo-sphère est recueillie. Devant lachâsse qui renferme les reliques,on s’agenouille, on murmureune prière, on chante à voix bas-se. À la sortie, chaque pèlerin re-çoit une broche ronde qui attes-te de son passage en ces lieux.Elle devient aussitôt pour lesjeunes un objet précieux, char-gé de toutes les émotions de lamatinée. Autre moment de grâ-ce : le dîner partagé avec la com-munauté de l’Arche. La glaceest rompue grâce aux adoles-cents trisomiques qui, sentantnotre gêne, improvisent des fi-gures de hip-hop, en invitant lesgarçons de notre groupe à lessuivre. Quand l’un d’eux se metau djembé, tous les adolescentsentrent dans la danse. Suit unebelle conférence de Jean Vanier.« Saint Paul compare l’Église avec lecorps, explique-t-il. Les parties ducorps qui sont les moins présentablessont nécessaires et doivent être hono-rées. C’est cela l’Arche ! » Et d’ajou-ter avec douceur : « J’espère qu’àCologne vous découvrirez que c’est lepauvre qui me change, qui meconduit vers la lumière et versJésus. »

Vendredi 19 août : Festival de la jeunesseQuartier libre cet après-midipour profiter du « Festival de lajeunesse ». Partout dans la ville,

Anne-Lise, élève de secondeà Carcado-Saisseval, Paris.

« Je suis venue poursavoir si j’y crois ou si j’y crois pas. J’ai desdoutes à cause de laposition conservatricede l’Église… surl’avortement, lacontraception, lemariage des prêtres.On n’est pas auMoyen Âge ! On abesoin que l’Égliseévolue. J’espère que le nouveau pape

va continuer ce qu’a fait Jean-Paul II. Je suis triste qu’il ne soit pas là. Je m’étais inscrite aux JMJ pour lui. Il a ouvert les portes de l’Église ;maintenant les évêques sont obligés d’aller dans le même sens. J’attendsde voir les actes de Benoît XVI. S’il est conservateur, cela va pas trop lefaire mais ce sera quand même le pape et on le respectera. C’est bienqu’on soit venu en masse. Moi je suis pratiquante avec mon aumôneriemais je ne vais pas à la messe tous les dimanches. »

Charles, élève de seconde à Saint-Pierre Fourier, Paris.

« Les gens quicomptent le plus pourmoi à l’aumônerieallaient à Cologne,alors je me suisinscrit. On nous avaitmontré une cassettedes JMJ de Rome.J’avais trouvé trèsbeau qu’autant de personnes serassemblent pourDieu. J’avais aussienvie de rencontrer

des jeunes du monde entier. C’est étonnant d’entendre le « Je vous salueMarie » en chinois ! Cela permet de sortir du cliché : la France est catho,ailleurs non. Un soir, nous avons eu un temps de prière entre nous.Chacun a pris à tour de rôle une bougie en disant ce qu’il avait sur lecœur. J’étais extrêmement ému. C’était très fort. On est venu ici chercherJésus comme les Rois mages. J’espère rentrer différent des JMJ. J’ai tant dechoses à changer en moi ! »

Dans le brouillard, des ombres commencent à bouger. Il est 6 heures

du matin. Le peuple de Marienfeld s’éveille.

concerts, conférences, tempsd’adoration… sont proposés.Chacun fait son choix et rendez-vous est pris pour aller écouter,le soir, le « curé des loubards ».Guy Gilbert, 70 ans, entre sousles vivats. À sa tenue habituelle –perfecto et santiags –, il a ajoutéun col romain et s’en expli-

que : « On est en Allemagne. Or lesflics, quand ils voient ma gueule,ils ont envie de sortir leur mitraillet-te. » Les jeunes sont sous lecharme, les adultes un peumoins… Le côté « paillettes » agace, mais Guy Gilbertbalance quelques vérités quifont du bien : « Il faut porter

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8 Enseignement catholique actualités N° 296, SEPTEMBRE 2005

actus /événement

Combien de jeunes Parisiensont participé aux JMJ ?

Père Olivier Teilhard de Chardin, responsable des

JMJ pour Paris : Au total4 800* sont venus avec le

diocèse de Paris : 2 000 sontpartis le 11 août, 2 000 le

15 août, et 800 jeunes nousont rejoints le 20 pour être

présents à Marienfeld.

Parmi eux, on comptait denombreux élèves et

étudiants de l’enseignementcatholique...

C’est exact, mais comme ilsétaient mélangés avec des

jeunes du public, nous n’avons pas de chiffre spécifique lesconcernant. Lycéens et étudiants se trouvaient dans des groupes

paroissiaux. Certains élèves de l’enseignement catholique étaientaussi venus avec un mouvement, un réseau ou une congrégation.

Le groupe des Lasalliens, par exemple, comptait 322 jeunes de la France entière.

Quel est votre premier bilan à chaud ?Je suis très heureux car les jeunes ont répondu avec enthousiasme auxpropositions : catéchèses et festival de la jeunesse, messes, sacrement

de réconciliation, temps d’adoration… Les problèmes de logistiquerencontrés – liés aux dysfonctionnements des transports à Cologne età une mauvaise distribution des repas les premiers jours – ne leur ont

pas fait perdre leur bonne humeur. Le pèlerin apprend à s’ajuster.

Quels furent les temps forts pour les Parisiens ?Les jeunes se souviendront de la messe d’envoi du 11 août à Reims,

dont la liturgie était très belle, et de la journée à Düren (une ville entreAix-la-Chapelle et Cologne) qui les a réunis autour de Mgr Vingt-Trois.

Et puis bien sûr, il y a eu la messe célébrée par le pape à Marienfeld.Tout cela était porté par l’accueil des familles allemandes et par un

échange fantastique entre jeunes du monde entier.

Quel message le pape a-t-il voulu adresser aux jeunes à Marienfeld ?Il leur a dit qu’en communiant avec le Christ, ils trouveraient le

bonheur. Un bonheur qui prend sa source dans l’Eucharistie, force detransformation de soi et du monde, « comme une réaction de fission

nucléaire ». Son homélie sera relue en aumônerie car elle mérited’être méditée. Au début de la messe, les « Benedetto » scandés par la

foule étaient timides. Et puis au fil de son homélie, nous l’avons sentide plus en plus libre dans sa parole. Il quittait des yeux son texte pourvoir les réactions des jeunes, et un échange a pu s’établir. À la fin de

la célébration, Benoît XVI avait pris sa place, avec une grandehumilité et clarté de langage.

Ces JMJ n’étaient pas réservées aux croyants…L’appel de Jean-Paul II aux non-baptisés, à convier des jeunes en

marche vers la foi, était une première. De ce fait, il ne fut pasimmédiatement perçu et donc difficile à répercuter. Les jeunes et les

prêtres n’étaient pas encore prêts. Aussi, je pense que l’on réentendral’appel missionnaire qu’a lancé Benoît XVI à Marienfeld...

PROPOS RECUEILLIS PAR SYLVIE HORGUELIN

* Pour 9 000 d’Ile-de-France, 45 000 Français et 800 000 jeunes du monde entier.

l’amour sans dire d’où il vient.Avant, je pensais qu’il fallait évan-géliser en parlant. Maintenant j’aicompris que c’était en fermant sagueule. On parle trop de Dieu, onne le vit pas assez. » Puis le re-gistre change : « On croyait les Al-lemands super organisés, mais plusbordélique qu’eux tu meurs ! »

Samedi 20 août : MarienfeldLe grand jour est arrivé. Nouspartons au petit matin pour Ma-rienfeld, un grand champ tristeà 25 kilomètres de Cologne.Une partie du voyage se fera entrain, le reste à pied. En traver-sant un village, nous décou-vrons avec émotion que les habi-tants ont dressé des tables de-vant leurs maisons pour offrirboissons et gâteaux aux pèlerinsfatigués. En rase campagne, onaperçoit au loin une colline surlaquelle semble s’être posée unesoucoupe volante. C’est là que lamesse sera célébrée. Aucuncontrôle à l’entrée du site, ce quine manque pas d’inquiéter.Dans le carré qui nous est affec-té, il n’y a déjà presque plus deplace. Il nous faudra nous ser-rer. Sur l’herbe gorgée d’eau,dans la boue, l’on déplie son ta-pis de sol pour occuper l’espaceet attendre le pape. Au fil desheures, les 65 hectares se rem-plissent. Sur des bâches en plas-tique toute l’Église campe : reli-gieuses en bleu, blanc ou gris,prêtres en soutane ou en jeans,jeunes des beaux quartiers oudes banlieues... On parle toutesles langues de la terre en cher-chant une « bonne place ». Lesoir tombe. Benoît XVI est arri-vé, si l’on en croit les imagesprojetées sur grand écran. Lacolline au loin s’est couverte deflammèches. La veillée peutcommencer. On entre dans laprière en s’enfonçant dans lanuit, et la fraîcheur grandit. Laferveur aussi.

Dimanche 21 août : Nous étions un million.Dans le brouillard, des ombrescommencent à bouger. Il est

6 heures du matin. Le peuplede Marienfeld s’éveille. Derriè-re nous, une jolie voix deman-de : « Vous n’êtes pas trop maga-nés ? » L’accent est québécois etl’on apprend que « magané » si-gnifie « fatigué ». Il fait froid.Deux hélicoptères militaires tra-versent le ciel. Le pape ? Tandisque les laudes débutent, beau-coup dorment encore. La foules’épaissit à nouveau un peuavant dix heures. De nouveauxvenus affluent de la ville. Le pa-pe apparaît à l’écran. Il semblemoins tendu que la veille. Lesjeunes, bien qu’un peu déçuspar sa froideur, scandent avecentrain « Be-ne-de-tto ». Trois mil-le prêtres concélèbrent cettemesse avec lui. Pendant l’homé-lie, on colle un transistor à sonoreille pour avoir la traductionfrançaise. « Dieu n’est plus en facede nous, comme le Totalement autre,déclare le pape. Il est au-dedansde nous, et nous sommes en Lui.»Les cœurs d’un million de fi-dèles battent à l’unisson quandla messe s’achève. Les JMJ sontfinies. Enfin presque, car il fau-dra près de huit heures pour re-joindre Cologne dans une pa-gaille indescriptible, puis unenuit de bus pour rentrer à Paris.Au petit matin, on se quitte pla-ce de la Nation. Chacun re-prend son sac, le cœur un peuserré. Nous étions un million etnous voilà à nouveau seuls. Der-rière les paupières qui papillo-tent, une vision inouïe : Marien-feld. En chacun, la même pen-sée : « Ô vous frères humains, com-me il fut bon de vous rencontrer ! »

SYLVIE HORGUELIN

1. Deux paroisses du XIIe arrondissementde Paris, Immaculée-Conception et Saint-Antoine-des-Quinze-Vingt, s’étaient ré-unies pour les JMJ. Elles formaient ungroupe de 45 jeunes de 16 à 21 ans, d’ori-gines sociales très diverses, issus de l’au-mônerie Vacourdy et du lycée catholiqueSaint-Michel-de-Picpus. Sept adultes lesaccompagnaient dont les pères NicolasDelafon (un des prêtres référents de Saint-Michel-de-Picpus) et Gaël Cornefert (au-mônier à Vacourdy), Françoise Ogier (pro-fesseur à Saint-Michel-de-Picpus), CécileMoret (institutrice à l’école Paul-Lange-vin de Villejuif).

JMJ, PREMIER BILAN POUR PARIS

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N° 296, SEPTEMBRE 2005 Enseignement catholique actualités 9

La pédagogie est à lamode : « Faisons preuvede plus de pédagogie ! » cla-ment les hommes poli-tiques ou les scientifi-

ques, quand ils ont le sentimentde n’être pas suivis… Partout oùune relation est instituée, partoutoù elle s’institue entre deshommes, il s’agit désormais defaire œuvre de pédagogie. « Toutse passe comme si, pour atteindre unobjectif, il fallait se préoccuper prio-ritairement du chemin pour y abou-tir, de la méthode qui permettra del’atteindre », signalait d’entrée dejeu Michel Soëtard1, philosopheet coordinateur du colloque.

Par ailleurs, aujourd’hui, on va-lorise beaucoup les sciences co-gnitives, leur efficacité producti-ve, les apprentissages censés me-ner à des diplômes. Au nom dequelle idée de l’homme ? Celui-ci serait-il d’abord un cerveau-magasin où s’empileraient desconnaissances ? Jean Piagetavertissait déjà dans les annéessoixante-dix : « Vous finirez paravoir de jeunes docteurs et de vieuxenfants ! » Trois jours durant, des universi-taires (dont certains venus duChili, du Portugal, d’Espagne,de Grèce, d’Italie, d’Allemagne),des doctorants, des enseignantsse sont donc interrogés lors ducolloque organisé à Vannes(Morbihan), au début de l’été,par l’Université catholique del’Ouest. La pédagogie, qui seprétend scientifique depuis que

les sciences de l’éducation sontentrées à l’Université en 1967,l’est-elle vraiment ? La questionest d’importance : « En ces tempsde crises à répétition, de confusion desvaleurs, peut-on faire confiance à lasociété pour tracer une voie de l’édu-cation qui ne sente pas l’intérêt biencompris des mieux nantis, financière-ment mais aussi intellectuellement ? »insistait Michel Soëtard.D’autant plus que la pédagogieest d’abord « une affaire deconfiance », rappelait Daniel Ha-meline2. Même si le pédagogueest soumis aux modes et aux dé-cisions des politiques, mieuxvaut en prendre clairementconscience, soulignait LoïcChalmel, expert en histoire desidées pédagogiques à l’universi-té de Rouen. Ce dernier insistaitsur un point d’ancrage histo-rique qui fonde notre enseigne-ment : depuis la Révolutionfrançaise, l’école, influencée parles idées de Lakanal3, a préféréla transmission de connaissancespointues dès l’école élémentaireà un compagnonnage forma-teur. Est-ce pour cette – mauvai-se – raison qu’à l’école 70 % desactivités relèvent de la routine ?« On voit bien que la pédagogie estd’abord une pratique sociale, alorsqu’elle prétend à la reconnaissanced’une discipline scientifique », affir-mait, direct, Jean-Yves Robin4

avant d’ajouter : « La plupart desenseignants ne sont pas pédagogues(mais le deviennent) dans la dialec-tique théorie-pratique où l’on essaied’expliciter non seulement ses lo-giques d’action mais la cohérence desactions posées. Car c’est l’incohérencequi empêche l’autre de se repérer. »« La pédagogie surgit quand rien neva plus dans l’éducation, a rassu-ré, avec humour, le philosophe

Michel Fabre5. Ellese dresse contre la tra-dition et la routinequ’elle questionne ! Lesproblèmes ont-ils leurssolutions dans lessciences de l’éduca-tion ? Non. [...] Ce quidoit être relève d’unchoix de valeurs. L’édu-cation n’a de sens qu’ense distinguant du condi-tionnement et en appe-lant à la liberté... C’estau pédagogue de deve-nir philosophe (à lamanière d’un Bache-lard) pour pouvoirpenser sa pratique jus-qu’au bout… »Alors, que choisir ?Le projet humanisteou celui de l’éduca-tion nouvelle, florissante dansles années soixante-dix ? de-mandait Michel Soëtard. Ac-tuellement, « l’humanisme sert latradition », a souligné ConstantinXypas6.

Prendre sa placeLe christianisme, lui, peut certescontinuer d’inspirer des pra-tiques éducatives, s’est réjouiGuy Avanzini7. D’autant mieux,« qu’il saura proposer une pédagogiedu pardon et aider les gens à se dé-prendre d’eux-mêmes », comme lesouhaitait dans la salle un jeuneuniversitaire québécois. Se sou-venant des principaux intéres-sés, les élèves, Britt-Mari Barth8

a rappelé que « l’enjeu de l’école, etdonc de la pédagogie, est d’obtenirleur adhésion en leur permettant departiciper à une société ». Une adhé-sion qui se construit lorsqu’on sesent invité à prendre sa place,

nanti d’outils intellectuels, et enconfiance avec un enseignantmédiateur. « L’intelligence, c’est depénétrer un monde commun, àconstruire… Il faut former des per-sonnes qui pourront se rencontrer ! »Beau programme pour réflé-chir à l’année scolaire qui s’ou-vre.

MARIE-CHRISTINE JEANNIOT

1. Auteur de Qu’est-ce que la pédagogie ?, ESF,2001. 2. Enseignant à l’université de Genève. Der-nier ouvrage paru : L’éducation dans le miroirdu temps, Loisirs et Pédagogie, Lausanne,2002. 3. 1762-1845. Philosophe, organisateur desécoles du premier degré et fondateur de l’École normale. 4. Directeur du Laboratoire de recherche enéducation et formation (Laref) à l’Universitécatholique de l’Ouest. Auteur de Chefs d’éta-blissement - dans le secret des collèges et lycées,L’Harmattan, 1997.5. Université de Nantes.6. Université catholique de l’Ouest. 7. Université Lyon-2.8. Institut catholique de Paris.

Que choisir ? Le projethumaniste ou celui

de l’éducation nouvelle ?Sur la toile. L’Université catholique de l’Ouest est sur www.uco.fr

L’Université catholique de l’Ouest a organisé, du 30 juin au 2 juillet 2005, un colloque international destiné aux pédagogues. Objectif : réfléchir aux finalités de leur travail.

Quelle idée de l’homme pour le pédagogue ?

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durable. » D’où la res-ponsabilité des édu-cateurs dans le pro-cessus de transmis-sion des sentimentsgénérateurs de paix.C’est à eux qu’il re-vient non seulementla charge d’instruireles élèves dans les ap-prentissages intellec-tuels, mais aussi cellede les former aux re-lations fraternellesavec l’autre pour fa-voriser l’unité, la soli-darité et la paix dansle monde.Mgr Zaïdan, prési-dent de l’OIEC, parson regard sur leMoyen-Orient etplus particulière-

ment sur le Liban, a invité à pro-mouvoir la culture du dialogue,à éduquer les personnes au res-pect et à l’estime mutuels, à dé-fendre le droit de toute person-ne humaine à mener une exis-tence digne, conforme à sonidentité culturelle, et à fonder librement une famille... Toute-fois, a-t-il poursuivi, il est néces-saire d’encourager l’amitiéentre les peuples, menacée parles risques croissants de destruc-tion et de mort, dus aux progrèstechnologiques. Yolande Mukagasana3, rwan-daise, prix Unesco de l’éduca-tion pour la paix, a apporté untémoignage émouvant et fort.Par son histoire personnelle etses démarches de réconciliationauprès des bourreaux de sonmari et de ses enfants, elle a in-duit une dynamique de forma-tion qui exige un retour pri-

mordial sur soi-même. Elle a ex-primé combien les secrets familiaux, transmis de généra-tion en génération, qu’elle avaitportés, étaient au cœur du drame qu’elle a vécu. Il fautrompre avec l’histoire et lestraces de haine imprimées dèsl’enfance : comme les famillesde Roméo et Juliette, chacun denous porte l’héritage de liens defraternité et d’inimitiés fami-liales, culturelles, tribales, régio-nales et sociales sans en connaî-tre forcément l’origine.

Écoute et regardLes analyses de situations deconflit dans les pays d’Afrique,ont conduit à cette questionterrible : nous, éducateurs del’enseignement catholique, quicroyions éduquer les jeunes àla paix, nous constatons queces mêmes jeunes ont pris lefusil quand on le leur a deman-dé. Avons-nous formé deshommes et des femmes tropobéissants ? Quel est le discerne-ment résistant qu’il leur auraitfallu pour éviter qu’un diffé-rend ne dégénère en conflit ar-mé ?Nous avons à travailler plus enprofondeur. C’est en nous quese trouve la force du premierpas vers la paix, nous n’avonspas à l’attendre d’abord del’autre. Bâtir la paix est une vio-lence envers soi-même, une ré-sistance à l’obéissance aveugle.C’est ainsi que certains partici-pants, dans les ateliers, ont puévoquer des blessures person-nelles. L’écoute et le regardbienveillant de l’autre ont per-mis une avancée vers un peu

de paix. Certains ont même, à l’issue de la semaine, puprendre contact avec la person-ne concernée par une histoireconflictuelle, demander pardonet appeler à la réconciliation.Les ateliers ont aussi été le lieud’un échange d’outils et d’exer-cices pédagogiques, et d’élabo-ration de programmes adaptésaux situations de paix, deconflit, de pré-conflit ou depost-conflit.Les conclusions ont soulignél’importance vitale des pédago-gies personnalisées et différen-ciées, et de la créativité. Elles ontinvité aussi au développementdu multilinguisme, comme unapprentissage à d’autres façonsde penser. Si le Sénégal est bien le pays dela « Terranga » (« Bienvenue », enfrançais), il porte aussi les cica-trices d’un haut lieu de la traitedes esclaves dans l’île de Goréeface à Dakar. C’est là que les par-ticipants au séminaire se sontrassemblés pour la cérémoniede clôture. Et pour affirmer unedernière fois que « c’est le cœur del’homme qui doit être transformé ».

MARIE-HÉLÈNE CUENOT

1. Office international de l’enseignementcatholique.2. Cet établissement international, primépar l’Unesco pour son projet d’éducationà la paix, est dirigé, depuis la rentrée sco-laire 2005, par Marie-Hélène Cuenot. Onpeut contacter cette dernière par e-mail :[email protected]. Cf. ECA 277, p. 49.

Une semaine pour bâtir la paixDu 7 au 14 août 2005, à l’initiative de la représentation permanente de l’OIEC1 auprès de l’Unesco,

les représentants de l’enseignement catholique de 31 pays d’Afrique subsaharienne se sont réunis à Dakar autour du thème « Éducation à la paix, à la réconciliation et au vivre ensemble ».

◗Le contexte, les objectifs et les par-tenaires de cette session sont pré-

sentés dans ECA + à l’adresse :www.scolanet.org

Savoir +

Aux couleurs du monde. Drapeaux, globe monumental... Le coursSainte-Marie-de-Hann, à Dakar, affiche sa volonté d’éduquer àla paix.

Avec ses sculptures, sesœuvres d’art, ses sallesde cours, couloirs et alléesdédiés aux bâtisseurs de

paix, le cours Sainte-Marie-de-Hann2, à Dakar, était tout dési-gné pour accueillir, du 7 au14 août dernier la session de for-mation des éducateurs à la paix,à la tolérance et au vivreensemble, réunie à l’initiative del’OIEC1.

C’est Mgr Sarr qui a ouvert cesjournées. Pour l’évêque de Da-kar, construire la paix passe parun changement des mentalités :« C’est donc l cœur de l’homme qu’ilimporte de changer, pour une paix

Avons-nous formé des hommes et des

femmes trop obéissants ?

D.R

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Airap : les formations 2005-2006

Ateliers didactiques, semai-ne d’observation, sessionsde deux jours… Commechaque année, l’ Associa-

tion internationale de rechercheet d’animation pédagogique(Airap) propose des formationsaux formules variées aux ensei-gnants désireux d’approfondirleur connaissance et leur pratiquede la démarche pédagogique ini-tiée par le père Pierre Faure1.Les trois premières sessions sedérouleront au mois d’octobre :– « L’utilisation des Tice2 dans lapédagogie personnalisée etcommunautaire », les 8 et 9 oc-tobre, pour les enseignants descycles I, II, III et AIS3, à Vau-jours (Seine-Saint-Denis).– « Enseigner autrement au col-lège4 », les 8 et 9 octobre, à Paris.

Le chiffre du moisProfs : certifiés en forte hausse

A la rentrée de septembre 2004, 92 591 professeurs exercent dans le seconddegré de l’enseignement catholique en métropole. Parmi eux : 3,59 % sontdes agrégés, 50,63 % des certifiés (augmentation de 10 % en 5 ans),14,84 % des adjoints d’enseignement-chargés d’enseignement (diminu-tion de 6 points en 5 ans), 6,67 % des maîtres auxiliaires (diminution de4 points en 5 ans).

Source : InfoSolfège (mai 2005).Sur internet : www.observatoire-solfege.org

– « Ateliers didactiques » autourdes nouveaux programmes demathématiques et de français,du 24 au 26 octobre, pour lesenseignants des cycles I, II, IIIet AIS, à Paris. RT

1. Le 8 mai 2004, à l’Institut catholique deParis, un colloque a marqué le centenaire dela naissance du père Faure, promoteur de la« pédagogie personnalisée et communau-taire » (cf. ECA 285, p. 11).2. Technologies de l’information et de la com-munication pour l’enseignement.3. Adaptation et intégration scolaires.4. Session programmée sur deux week-ends,le second ayant lieu les 11 et 12 mars 2006.

◗Airap, 78 A rue de Sèvres, 75007Paris.

Tél. : 01 44 49 36 77.E-mail : [email protected] : www.airap.org

Savoir +

À Rédéné, l’or est au fond du puits D

.R.

Ils nous ont quittés

Le décès de Francis de Baecque, le 16 juillet 2005, toucheprofondément l’enseignement catholique. Ancien vice-pré-sident du Conseil d’État, Francis de Baecque a notammentparticipé, en sa qualité de président de l’Unapec1, à la condui-

te de réformes de structures difficiles qui ont abouti à la rédactiondu nouveau statut de l’enseignement catholique, promulgué en1992, ainsi qu’aux négociations des accords Lang-Cloupet. Sa com-pétence, sa gentillesse et son témoignage de chrétien seront parti-culièrement salués, le vendredi 16 septembre 2005, lors d’une messecélébrée à son intention en l’église Saint-Séverin à Paris (Ve arron-dissement). Bernard Eyraud, directeur du collège Notre-Dame-de-Bon-

Accueil à Vienne (Isère), conseiller na-tional de l’Addec2 , nous a quittés brus-quement le 20 juillet. 2005. Pédagogueet éducateur, Bernard Eyraud permet-tait à chacun de trouver confiance enlui-même et de faire germer l’espéran-ce. Ses talents de poète, de chanteur etd’animateur resteront dans nos mé-moires. En son souvenir, nous repre-nons ici le refrain de l’hymne qu’il avaitcomposé pour l’Addec : « Alliance pourun monde en couleurs, / Dire sa foi, procla-mer le Seigneur, / Donner sa vie sans compter,

sans retour, / Enseigner, éduquer avec amour, /Croire en l’homme, artisand’humanité. » GDR

1. Union nationale pour la promotion pédagogique et professionnelle dans l’enseigne-ment catholique.2. Alliance des directeurs et directrices de l’enseignement chrétien.

Grand jour. Le 25 juin 2005, les élèves de Notre-Dame-de-Lorette ont créé l’événement avec un spec-tacle tout droit sorti... du puits.

C’est dans les vieux puitsqu’on fait les meilleureshistoires – le proverbe estinventé tout exprès pour

l’école Notre-Dame-de-Lorettede Rédéné (Finistère). Le 25 juindernier, elle a créé l’événementavec Et « puits » tout s’emmêle. Cespectacle son et lumière compo-sé, selon la définition d’une éluelocale, d’«un peu d’histoire et de beau-coup d’imagination », a attiré plusde 800 spectateurs sur la place del’église de cette commune rura-le de 2 800 âmes. Pour raconterles déboires de villageois aux prisesavec des lutins venus déposer unsac à malices au fond du puitscommunal, les enseignantes ontpuisé dans la rubrique « Rédénéautrefois » du bulletin municipal.Et surtout, elles ont invité le grand-

père de Nina et quelques autresanciens à venir dans les classesraconter le Rédéné de naguère.Cette belle dimension intergéné-rationnelle a sûrement joué pourl’attribution du premier prix duconcours «Mon école, c’est de l’orpour ma commune !1 ». Mais ellen’était qu’un des atouts de cetteaventure qui a impliqué tous lesélèves, de la petite section dematernelle au CM2, le personnelde service, les parents d’élèves, laparoisse, des associations, la com-munauté Emmaüs, des entre-prises locales, la directiondiocésaine… Un bel exemple decommunauté éducative… élar-gie. RT

1. Organisé par le comité académique del’enseignement catholique-Bretagne et sou-tenu par le conseil régional Bretagne.

Incident de routageUn problème de routage a fortement per-turbé la distribution du numéro 295 d’En-seignement catholique actualités. Denombreux exemplaires dépourvus d’étiquettes(et n’ayant pu, par conséquent, être livrés

à leurs destinataires) nous ont été retour-nés. Si vous comptez parmi les abonnés quin’ont pas reçu leur(s) exemplaire(s) de notrenuméro de juin 2005, merci de bien vou-loir nous contacter : – par e-mail : [email protected] – par fax : 01 46 34 72 79.

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Nous n’imaginions pas quenous pourrions avoir unprix ! » Ainsi s’exprime,ravie, le 8 juin dernier,

au Sénat, sœur Marie-ThérèseJean, directrice de l’école Notre-Dame-de-la-Couldre, à Parthe-nay (Deux-Sèvres) et enseignantedans la classe de CM1-CM2,deuxième prix du concours du«meilleur journal de classe» orga-nisé par le Sénat et le journal MonQuotidien. Thème du travail qui s’est dé-roulé sur près de deux mois au-tour de la 16e Semaine de lapresse et des médias dansl’école1 : « Comment combattrela violence à l’école ? » Les élèvesétaient invités à composer desarticles, en adoptant la maquet-te de Mon Quotidien. Le résultatétait ensuite évalué par un juryde journalistes professionnels etde sénateurs. « Une journaliste est venue nous

aider à réfléchir aux différentstypes de violence, raconte Alexia,11 ans, en CM2 à Parthenay.Nous avons inventé une bande des-sinée, écrit le témoignage d’une fillede la classe… Nous avons comprisque les coups peuvent venir denous, pas toujours des autres. »

« C’est déjà super de pouvoir dis-cuter de ces choses-là », expliqueDanièle Parnaudeau, ancien-ne directrice d’école catho-lique à la retraite. Aujourd’huicorrespondante de La NouvelleRépublique, elle est venue tra-vailler une journée avec la

classe. « Les enfants ont reconnuque les silences, les mises à l’écart,peuvent eux aussi être violents »,ajoute-t-elle.Les écoles catholiques fontpreuve d’un réel dynamismedans ces investissements péda-gogiques parallèles que sont lesconcours : le 11 juin dernier, leSénat accueillait les lauréats desDéfis de la paix, organisé en par-tenariat avec le Mémorial deCaen dans le cadre du soixantiè-me anniversaire de la Libéra-tion. Le lycée professionnelJeanne-d’Arc d’Argenteuil (Val-d’Oise), en lien avec l’Istituto tec-nico commerciale statale SandroPertini de Rome, a décroché lepremier prix. Le Lycée privéJean-XXIII des Herbiers2 (Ven-dée), a lui obtenu une mentionspéciale du jury ! MCJ

1. L’édition 2005 a eu lieu du 14 au 19 mars.2. Cf. ECA 293, p. 17.

que l’on trouve dans bien des ouvrages proposésaux élèves ». Comment ? En leur faisant dé-couvrir, avec l’aide de leurs professeurs defrançais, des livres qui promeuvent les va-leurs chrétiennes : « l’amour du verbe et de labeauté, le souci de la personne humaine, l’amourdu prochain et la fraternité ». Et le documen-taliste de fustiger Littérature jeunesse3, l’ou-vrage de référence des professeurs de col-lège, qui propose une sélection de livrespour les adolescents, « discutable ». SelonFrançois-Xavier Clément, le chef d’établis-sement, il faut aller plus loin encore. « Poursoutenir auteurs et éditeurs chrétiens qui ont dumal à vivre, pourquoi les établissements catho-liques de Paris, voire de France, ne décerne-

raient-ils pas collectivement un prix similaire ? » a-t-il lancé en guised’appel. Marie de Beaujeu contre Da Vinci Code, c’est David contreGoliath. C’est pourquoi tout espoir n’est pas perdu… Aussi, JoëlJégouzo invite tous les documentalistes intéressés à le contacterpour étendre cette initiative. SH

1. Éditions du Triomphe, 2004, 378 pages, 19,50 €. Les deux autres livres sélectionnés étaient :Mes racines sont dans le ciel du père Pierre Ceyrac (Presses de la renaissance, 2004, 10 €), Leprisonnier du bloc 26 - Carl Leisner, martyr du nazisme de René Lejeune (Téqui, 2002, 9 €).2. La nouvelle peste, Éditions du Triomphe, 2000, 10 €.3. Littérature jeunesse - 900 titres pour le collège, CRDP de Grenoble, 483 pages, 15 €.

Notre-Dame-de-France décerne un prix littéraire

Concours à la Une

Ravis. Les enfants ont entrepris le voyage dans la capitale pour découvrir la rédaction du journalMon Quotidien et visiter le Sénat.

La vie semble heureuse au château-fort de Beaujeu, bien que déjà réson-nent au loin des cliquetis d’armes.La huitième croisade se prépare sur

fond de haine et de pardon... Telle est latrame de Marie de Beaujeu1, le roman histo-rique écrit par Élisabeth Bourgois, qui areçu, le 14 juin dernier, le « prix de littéra-ture chrétienne Notre-Dame-de-France ».Le jury était composé des élèves de ce col-lège parisien, qui avaient dévoré ce pavé de378 pages. Élisabeth Bourgois, quant à elle,était ravie de constater que son roman d’ap-prentissage avait trouvé son public. Cetteancienne infirmière, reconvertie avec bon-heur dans la littérature jeunesse – une dou-zaine de titres à son actif – a commencé sa nouvelle carrière par unehistoire d’amour pour évoquer le sida avec des mots justes2. Depuis,sa plume alerte ne s’est pas arrêtée. À Notre-Dame-de-France, ellerépondait de bonne grâce aux questions des élèves.

L’idée de créer un « prix de litté-rature chrétienne » revient à JoëlJégouzo, le documentaliste de cecollège. Son envie : mettre à mal« les écritures vulgaires ou bâclées etcette esthétique du laid et du morbide

◗Joël Jégouzo (documentaliste), Grou-pe scolaire Notre-Dame-de-France,

63 rue de la Santé, 75013 Paris. Tél. :01 44 08 69 70. E-mail : [email protected]

Savoir +

Signatures. Élisabeth Bourgois, l’auteur de Marie de Beaujeu, et l’unede ses jeunes lectrices.

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Soixante-dix-sept jeunes lau-réats ont été récompensésen 2004 pour leur enga-gement envers les autres.

Ils avaient participé au concoursnational Envie d’agir, reconduitcette année par le ministère dela Jeunesse, des Sports et de laVie associative. Parmi eux, RémiBetin, 15 ans, dont le projet, « Unchœur pour un cœur », consis-tait à récolter des fonds pour opé-rer quatre enfants défavorisés depays du Sud. Le chœur de soncollège s’est produit en concertavec des instrumentistes profes-sionnels, et les fonds ont été rever-sés à Mécénat chirurgie cardia-

que (MCC). Envied’agir, c’est unprogramme pourles 11-30 ans, quiveut valoriser leurcapacité créatri-ce. En 2004, il aconcerné vingtmille jeunes, l’in-vestissement del’État s’élevant à5 440 000 euros.Chacun des voletsdu programme(« engagement »,« défi », « volontariat », « entre-preneuriat ») donne accès à desconcours à l’issue desquels les

lauréats reçoiventdes récompensesfinancières pouraider à la péren-nisation ou audéveloppementde leur projet :concours régio-naux, national eteuropéen. Sur lesite enviedagir.fr,riche et attrayant,les jeunes trou-veront plus de10 000 organis-

mes, projets et dispositifs pourrejoindre une action ou obtenirun conseil. Mais aussi des infor-

Participez aux concours « Envie d’agir » !

◗Pour retirer un dossier d’inscrip-tion et connaître les dates des dif-

férentes sessions des concours, uneadresse : www.enviedagir.fr

Savoir +

Dans ECA+Le redoublement revisité : dans « Leredoublement au cours de la scolarité obli-gatoire : nouvelles approches, mêmes

constats », la Direction de l’évaluationet de la prospective (DEP) synthétise lesanalyses conduites sur la question duredoublement au cours de la scolarité obli-gatoire.

La « Génération 2001 » et l’emploi :après « Génération 92 » et « Génération98 », cette nouvelle enquête du Centred’études et de recherches sur les qualifica-tions (Céreq) analyse les premières années

de vie active des jeunes sortis de formationinitiale en 2001.Pour accéder en trois clics à ces deux articlesde Véronique Glineur : www.scolanet.org /couverture ECA 296 / ECA+

L’histoire de ce Cahier du citoyen éditépar Hachette a démarré avec les pro-grammes Chevènement, il y a plus de15 ans. Le principe est le même pour

chaque classe. Permettre d’aborder l’éduca-tion civique de manière non pas magistrale,mais ludique et pratique. Ce qui justifie detels ouvrages ? « La souplesse éditoriale, com-mente Christian Defebvre qui dirige cette col-lection avec une équipe mixte de professeursde l’enseignement privé et public. Tous les ans,nous réactualisons un niveau scolaire, en y incluantl’actualité récente. » Tout prof conscient qu’être

citoyen s’apprend au contact des réali-tés, oubliera donc le manuel scolairetrop rigide, trop figé. « Car notre outilreprenant les notions des programmes favo-rise le dialogue avec les jeunes, ainsi que leurprise de responsabilité. Chacun peut se sen-tir concerné. » Cette année, le cahier des5e a été entièrement revu dans le fondet dans la forme. EDC

Christian Defebvre (sous la dir. de), Le Cahier ducitoyen – éducation civique, 5e, Hachette Éducation,80p., 6,60 €.

mations locales, des témoignagesd’anciens lauréats, un forum, unservice individuel de réponse enligne. Par ailleurs, des « pointsd’appui » Envie d’agir se retrou-vent sur l’ensemble du territoi-re, au sein de structures telles quele réseau Information Jeunesse,les services municipaux, les asso-ciations et missions locales, lesétablissements scolaires… SH

Élèves citoyens de 5e, à vos cahiers !

École-Entreprise : instaurer un dialogue dans la durée

L’entreprise demeure enco-re mal connue des élèveset de leurs professeurs,malgré la multitude d’ini-

tiatives pour l’ouvrir aux jeuneset plus largement au système édu-catif. C’est pourquoi, conformé-ment à l’accord signé le 19 juillet2004 entre le ministre de l’Édu-cation nationale et le présidentdu Medef1, la « Semaine École-Entreprise » 2005 sera organisée

du 21 au 25 novembre danschaque collège et lycée. Cettemanifestation préparée dès la ren-trée de septembre par les chefsd’établissement et des chefs d’en-treprise mettra particulièrementl’accent sur la découverte pro-fessionnelle en classe de troisiè-me de collège. Elle sera notam-ment l’occasion de renforcer ledialogue entre responsables d’en-treprise et responsables d’éta-

blissement sur les enjeux et lesfonctionnements de leurs métiersréciproques, d’aider à la connais-sance de la réalité des entreprises,des métiers qui y sont exercés etdes formations qu’ils nécessitent,de donner l’envie aux jeunes d’en-treprendre, et de développer lesstages en entreprise pour les ensei-gnants. N’hésitez pas à nous tenir infor-més des projets mis en œuvre

dans les établissements afin quenous puissions les relayer tantdans Enseignement catholique ac-tualités que sur le site portail Sco-lanet. GDR

1. Mouvement des entreprises de France.

◗Pour découvrir cette Semaine :www.medef.fr/staging/site/page.php

?pag_id=28252

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14 Enseignement catholique actualités N° 296, SEPTEMBRE 2005

actus/primaire et collège

14 Enseignement catholique actualités N° 296, SEPTEMBRE 2005

Luc Ferry, on s’en sou-vient, avait fait de la pré-vention de l’illettrismeun des chantiers priori-

taires de son ministère. Aunombre des mesures alors enga-gées, la réduction des effectifsau cours préparatoire. L’expé-rimentation avait été lancée enseptembre 2002 puis élargie àla rentrée 2003. Elle avait étéjugée décevante par l’Inspec-tion générale de l’Éducationnationale1. Un bilan que confir-me la direction de l’évaluationet de la prospective2 (DEP).Celle-ci a observé les perfor-mances de 454 élèves répartisen deux groupes : 230 étaientscolarisés dans des CP à effec-tifs réduits3 et 224 dans des CPà effectifs habituels. Et ce, viacinq prises d’informations4

entre octobre 2002 (début deCP) et juin 2004 (fin de CE1).Si les élèves scolarisés dans lesclasses à effectifs réduits enre-gistrent en fin de CP des scoressupérieurs à ceux des CP à ef-fectifs habituels, cet avantagediminue au début du CE1pour disparaître totalement enfin de CE1. Ainsi la réductiondes effectifs n’a pas d’effet du-rable sur les performances desélèves. Par ailleurs, ajoute la

DEP, cette mesure n’apporterien en termes d’équité : « […]la réduction des effectifs des classesde CP ne profite pas plus aux élèvesles plus défavorisés qu’aux autres etne permet pas de réduire les écartsliés aux caractéristiques sociodémo-graphiques qui existent entre lesélèves à l’entrée au CP. »L’étude s’est également inté-ressée aux pratiques des ensei-gnants : il s’agissait de vérifiersi « une diminution des effectifspourrait permettre des change-ments de pratiques enseignantesdont les effets seraient bénéfiques

pour les élèves ». Pour les au-teurs, les effets de la réduc-tion de la taille des classes surles pratiques des enseignantssont limités : « […] la comparai-son des diverses modalités d’ensei-gnement sur l ’ensemble desséances observées ne fait pas ap-paraître de différences significa-tives. Surtout, une extrême diver-sité des pratiques est constatée toutautant dans les classes à effectifsréduits que dans les classes à ef-fectifs habituels. »Conclusion de la DEP : « […]une réduction de la taille des

classes des CP est, à elle seule, d’unintérêt pratiquement nul. » Etl’étude de souligner que lecontexte de la classe (sa com-position, l’école dont elle faitpartie) et les pratiques des en-seignants comptent bien da-vantage que la réduction deseffectifs dans les résultats desélèves. Ce à quoi il convientd’ajouter le niveau des élèves àleur entrée au CP, les auteursinvitant alors « à s’interroger nonseulement sur le cours préparatoi-re, mais aussi sur l’école maternel-le, et notamment la grande sectionfréquentée par la quasi-totalité desenfants ».

VÉRONIQUE GLINEUR

1. Cf. « La mise en œuvre du plan de pré-vention de l’illettrisme au cours prépara-toire en 2003-2004 », rapport de l’Inspec-tion générale de l’Éducation nationa-le, mai 2004. Disponible sur internet :www.education.gouv.fr/syst/igen/rapports.htm2. Cf. note d’évaluation 05.03 d’avril 2005,« L’expérimentation d’une réduction deseffectifs en cours préparatoires ». Disponi-ble sur internet à l’adresse suivante :www.education.gouv.fr/stateval/noteeval/ne.htm3. De 8 à 12 élèves.4. Celles-ci devaient permettre d’évaluerles performances des élèves dans les do-maines suivants : reconnaissance desmots, lexique, sémantique, écriture, pho-nologie, compréhension orale, traite-ments complexes et mathématiques.

Cours préparatoires à effectifs réduits : quels effets ?

C ’est en novem-bre 2000 quele ministèremettait en pla-

ce le brevet informa-tique et internet (B2i).Objectif de ce disposi-tif : « Spécifier un ensemblede compétences significa-tives dans le domaine destechnologies de l’informa-tion et de la communica-

tion et attester leur maîtrise par les élèves concernés1. » Dans une notede mai 20052, la Direction de l’évaluation et de la prospective (DEP)analyse les modalités de mise en œuvre et de fonctionnement du

B2i dans les collèges publics3. En septembre 2003, deux tiers seu-lement des collèges l’avaient mis en place. Et la DEP souligne l’im-plication déterminante des chefs d’établissement. Côté enseignants,le bilan est des plus mitigés. Alors que le B2i relève de l’ensembledes disciplines, il ne concerne, aux termes de l’enquête, qu’unquart des enseignants. Par ailleurs, pas plus qu’il n’a contribué àl’usage des TIC4 par les enseignants, le B2i n’a fait évoluer leurspratiques. VG

1. Note de service 2000-206 du 16 novembre 2000 au BOEN 42 du 23 novembre2000.2. Cf. note d’évaluation 05.04, « Le fonctionnement du brevet informatique et internet au collège ». Disponible sur internet :www.education.gouv.fr/stateval/noteeval/ne.htm3. Le B2i concerne les écoles (niveau 1), collèges (niveau 2) et lycées (niveau 3).4. Technologies de l’information et de la communication.

B2i au collège : bilan mitigé

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N° 296, SEPTEMBRE 2005 Enseignement catholique actualités 15

Les collégiens qui ontbesoin d’une appro-che éducative et péda-gogique différentedevraient pouvoir

apprendre ailleurs et autrement.Imaginons pour eux des classesà petits effectifs, de l’aide indivi-dualisée et du tutorat, un travailen interdisciplinarité dans desétablissements vastes, de préfé-rence au vert, des sorties et desstages pour découvrir la vie pro-fessionnelle... Utopie ? Non, undescriptif des nouvelles « 4e/3e

de l’enseignement agricole » inté-grées dans des lycées (cf. « Savoirplus »).

Parfois mal connues, ces classesont d’abord été conçues pourdes élèves en recherche de pro-jet professionnel. Les famillesbien informées choisissent l’en-seignement agricole pour sa« bonne réputation1 ». Elles sa-vent que le suivi des élèves y estattentif, les enseignants chaleu-reux, l’ambiance familiale. Aus-si, quand en 5e un collégien batde l’aile, la pédagogie pratiquéedans ces lycées peut faire mer-veille... « Après quelques mois dansl’enseignement agricole, des parentss’exclament : “Le voilà heureuxd’aller à l’école, qu’est-ce quevous lui avez fait ?” » expliqueen souriant Corinne Lépine. Cette ancienne prof, devenueformatrice à l’Ifeap2, se déplacedans toute la France, avec son

N° 296, SEPTEMBRE 2005 Enseignement catholique actualités 15

collègue Christian Louvet, pourformer les professeurs concer-nés par la rénovation des 4e/3e

de l’enseignement agricole pri-vé. Depuis la rentrée, ces classesremplacent les 4e et 3e « techno-logiques » et « préparatoires àprojet professionnel »3. L’objec-tif de la réforme : rapprocher lescursus du ministère de l’Agri-culture de ceux de l’Éducationnationale. Ainsi, les nouveauxréférentiels prennent en comp-te les évolutions des program-mes du collège. « Ces changementsétaient nécessaires, étant donné lasuppression des séries technologiqueset préparatoires du brevet des col-lèges, qui devrait prendre effet dès lasession 20064 », expose ChristianLouvet. Une suppression quisuscite quelques craintes. « Onpouvait jusqu’alors présenter libre-ment des élèves au brevet dans unesérie adaptée, mais avec la loi Fillon,il devient obligatoire de passer unbrevet unique. » Or, l’objectif deces classes est de réconcilier avecl’école autant que d’acquérirdes savoirs.

Fibre éducative « La première finalité, c’est de re-trouver une motivation », confir-me Louis Le Lagadec, respon-sable du service des adaptationspédagogiques au Cneap5. Laconstruction du projet person-nel et professionnel de l’élèvedoit se faire en douceur… Libreà lui, après sa 3e, de rester dansl’enseignement agricole, enpréparant un Capa6 ou un Be-pa7, ou de s’inscrire dans unCAP8 ou un BEP9 de l’Éduca-tion nationale, voire de passeren seconde générale ou techno-

logique. Malgré l’inquiétudeliée au brevet unique, les ensei-gnants ont accueilli très favora-blement la rénovation. PourPierre Dréan, directeur des ser-vices pédagogiques du Cneap,« la loi d’orientation de l’école donneleur légitimité à ces classes dans l’en-seignement agricole ». Une recon-naissance bien méritée pour letravail remarquable effectuépar des professeurs à la fibreéducative forte, qui acceptentd’enseigner dans des classes« pas comme les autres ».

SYLVIE HORGUELIN

1. Cf. ECA 284 (mai 2004), « Enseignementagricole : le défricheur » (pp. 22 à 33).2. Institut de formation pédagogique del’enseignement agricole privé. Internet:ifeap.cneap.scolanet.org3. Les 4e/3e technos sont supprimées de lamême façon dans les lycées professionnels.Mais l’enseignement catholique comptait,en 2004, 13 416 élèves scolarisés dans des4e/3e technos qui ont perduré, des 3e d’in-sertion et autres classes identiques... À par-tir de la rentrée, le ministère de l’Éduca-

tion nationale prévoit que les élèves de 3e

puissent choisir entre une option « décou-verte professionnelle » de 3 heures en col-lège ou de 6 heures, principalement en ly-cée professionnel. 4. Pour la session 2006, les trois séries dubrevet sont maintenues à titre transitoires(circulaire n° 2005-124 du 26 juillet 2005,BO n° 30 du 25 août 2005).5. Conseil national de l’enseignement agri-cole privé.6. Certificat d’aptitude professionnel agri-cole.7. Brevet d’études professionnelles agricole.8. Certificat d’aptitude professionnelle.9. Brevet d’études professionnelles.

◗On trouve des « 4e/3e de l’enseigne-ment agricole » dans le privé catho-

lique. Les lycées du Conseil national del’enseignement agricole privé (Cneap) sco-larisent environ 4 440 élèves en 4e et6 040 élèves en 3e. Internet : http://cneap.scolanet.orgSur l’organisation des 4e/3e de l’ensei-gnement agricole : BO n°16 du 21 avril2005, pp. 832-835 ; arrêté du 23 mars2005 (JOdu 5 avril 2005, pp.6137-6138).Internet : www.educagri.fr

Savoir +

L’objectif de ces classesest de réconcilier avec

l’école autant qued’acquérir des savoirs.

Formateurs. Corinne Lépine et Christian Louvet se déplacent dans toute la France pour former lesenseignants concernés par la rénovation des 4e/3e de l’enseignement agricole privé.

Les 4e et 3e technologiques et professionnelles sont supprimées. Mais les élèves mal adaptés à la pédagogie du collège demeurent. Après la 5e, des lycées les accueillent toujours.

Zoom sur les nouvelles « 4e/3e de l’enseignement agricole ».

Une alternative au collège après la cinquième

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actus /éducation

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16 Enseignement catholique actualités N° 296, SEPTEMBRE 2005

actus /religion

Frat et la revue Initiales4 ont œu-vré en ce sens. À tous ceux quisouhaitent bâtir, avec un groupede jeunes, un temps fort tel que

le Frat, le hors-série, « Plaidoyerpour l’espérance5 », présente laréflexion et l’organisation quisous-tendent une telle initiative.

VG

1. Cf. ECA 295, p. 19. Le Frat, qui a vu lejour en 1908, rassemble les jeunes catho-liques d’Ile-de-France. Les années impaires,les collégiens (4e et 3e) se retrouvent à Jamb-ville. Les années paires, les lycéens sont ac-cueillis à Lourdes.2. Délégué général des évêques d’Ile-de-France pour le Frat de Jambville.3. Père Albert Gambart.4. Initiales est une publication du Centrenational de l’enseignement religieux (Cner),réalisée en collaboration avec l’enseigne-ment catholique, l’aumônerie de l’ensei-gnement public et d’autres mouvementset services d’Église. 5. En vente dans les librairies religieuses oupar correspondance : CNER, Initiales, 6 ave-nue Vavin, 75006 Paris. Tél. : 01 43 25 23 75.Prix : 4,50 € (+ 1,20 € de frais de port).

En changeant d’hébergeur,le site internet du réseaumennaisien a gagné ensécurité, en fiabilité et en

rapidité d’affichage des pages.Ce confort d’utilisation s’accom-pagne de la création de deux nouvelle rubriques. « Frère men-naisien » détaille notamment lavie des communautés fondéespar Jean-Marie de la Mennais etGabriel Deshayes dans un alpha-bet qui va de «A» comme «appel»à « W » comme « Why not ? » (ou

Avec « Initiales », bâtissez votre temps fort !

Lourdes et la petite Ber-nadette, Lourdes et sagrotte, Lourdes et ses700 000 pèlerins… Lour-

des un 15 août… L’espérance s’yconjugue dans toutes les langues,la paix et la fraternité y sont unmessage courant, palpable, incon-testable. Une grande malade,pauvre parmi les pauvres, fitrécemment cette confidence :« C’est beau ici, peut-être parce quenous sommes si précieux, qui que noussoyons, quelle que soit notre condition,et parce que nous avons à vivreensemble. » Quand tout a été brisé, anéanti,massacré, tué, le mot « paix »peut-il encore avoir un sens ?« Oui », ont voulu dire les organi-sateurs de cette journée de la

paix du 14 août1, lancée en 2000, année jubilaire, en même tempsque l’Unesco ouvrait la « Décennie internationale de la promotiond’une culture de la non-violence et de la paix au profit des enfants dumonde ». « Oui », ont répondu en écho les membres de l’associationisraélo-palestinienne Parents Circle - Families Forum2, venus à Lourdesen cette avant-veille de l’évacuation de la bande de Gaza pour évo-quer la paix en connaissance de cause. « Oui », a renchéri MatthieuRicard, l’interprète du Dalaï-Lama, lui aussi convié à participer à cet-te journée. Il n’y a sans doute aucun lien tangible entre les situationsau Moyen-Orient et au Tibet, si ce n’est, au-delà de « territoires occu-pés », une universalité de l’homme et une aspiration commune. Et ce« oui » unanime et sans frontières s’est concrétisé cette année par unecharte pour la paix, cosignée avec des parlementaires français et eu-ropéens. Ce texte ouvert à tous, qui sera présenté prochainement àl’Onu, est actuellement en ligne sur le site de la mairie de Lourdes3. Lourdes donc, où religions et nationalités cohabitent sans haine niressentiment ; Lourdes, formidable caisse de résonance pour cla-mer une « utopie réaliste » dans le dialogue et la reconnaissance del’autre ; Lourdes et sa souffrance offerte – cet immense pèlerinagede malades – qui rejoint celle de ces Israéliens et Palestiniens s’étant(re)trouvés et (re)connus dans une même expérience de violence etde deuil. Lourdes pour s’opposer à la religion sacrificielle, pourcrier que la violence n’est pas une solution, et que la paix est pos-sible. Un symbole ? Une goutte d’eau dans l’océan ? Peut-être, maisrien n’empêche d’autres gouttes d’eau de s’additionner pour créerune vraie culture de paix de par le monde. Si tous les hommes et lesfemmes de bonne volonté voulaient se donner la main…

ÉLISABETH DU CLOSEL

1. Le maire, Jean-Pierre Artiganave ; l’adjoint au maire, fondateur de l’événement et pro-fesseur d’histoire au collège-lycée Peyramale – Saint-Joseph, à Lourdes, Michel Azot ; le di-recteur du comité d’organisation, Denis Crampe. 2. C’est dans la souffrance, la mort de proches que ces familles se sont réunies, parlé et com-prises, abolissant les frontières qui les séparent. Site internet : www.theparentscircle.org 3. www.lourdes.fr

Geste symbolique. Rihab Essawi, de la déléga-tion palestinienne Families Forum-Parents Circle,signe la charte pour la paix.

◗Pour visiter le site, cliquez sur : www.mennaisien.org

Savoir +

« Pourquoi pas être frère aujour-d’hui ? ». Quant aux laïcs, « dési-reux de découvrir plus en profondeurle charisme mennaisien », ils peu-vent rejoindre ou fonder une« fraternité mennaisienne ». Pour« faire équipe », ils trouveront un« mode d’emploi » à téléchargerdans la rubrique « Laïc mennai-sien ». RT

Lourdes, 14 août 2005 : une charte pour la paix

Réseau mennaisien :du nouveau sur la Toile

En juin 2005, le Frat1 a ras-semblé quelque 12 000collégiens à Jambville(Yvelines). Thème abor-

dé au cours des trois jours qu’aduré le rassemblement : l’espé-rance. Il s’agissait, explique lepère Albert Gambart2, d’amenerles jeunes à faire l’expérience desdisciples d’Emmaüs : « Le Christne se révèle pas d’emblée, il se laissedécouvrir. Ce n’est qu’au terme de leurmarche et au fil de leur conversationque les disciples reconnaissent le Christ,à la fraction du pain. Dans cette ren-contre, ils trouvent une espérance quirenouvelle complètement leur foi, espé-rance qui les pousse au témoignageet à l’action. » Cette expérience qui a permis« aux adolescents d’oser une parolechrétienne et de la tenir par leursactes3 », il convenait de faire ensorte que d’autres puissent lavivre à leur tour. L’équipe du

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N° 296, SEPTEMBRE 2005 Enseignement catholique actualités 17

Dans bien des réseauxcongréganistes, des for-mations destinées auxenseignants et aux per-

sonnels des établissements sontl’occasion pour chacun de se sai-sir de l’intérieur du caractèrepropre de l’enseignement catho-lique et de l’intuition des fon-dateurs. Aussi, à l’initiative de ladirection diocésaine de Mont-pellier, et en partenariat avecl’Action catholique des membresde l’enseignement chrétien(Acmec) et le secrétariat généralde l’enseignement catholique,les jeunes enseignants des éta-blissements catholiques d’ensei-gnement du diocèse de Mont-pellier étaient-ils invités à seretrouver les 1er et 2 juillet 2005

pour se situer au regard du sen-timent d’appartenance.L’intuition qui a présidé à cettesession réside en trois points :– permettre aux jeunes ensei-gnants d’opérer une relecturede leur pratique. L’Acmec dis-pose ici d’une expérience histo-rique ;– leur permettre de mettre enœuvre les réseaux nouveauxd’amitié, de partage et de sou-tien mutuel nécessaires dansl’espace du diocèse ou dans ce-lui, plus neuf, du territoire.Bref, pouvoir à terme établirun réseau entre eux, via inter-net ou d’autres moyens decommunication. S’agit-il ici derefonder l’Acmec… à l’iden-tique ? Certainement pas, mais

de prolonger et de trans-mettre à de nouvelles généra-tions son savoir-faire. L’avenirde l’enseignement catholiquene se fera pas sans cette géné-ration !– enfin, leur donner accès auxfondements de la traditionchrétienne dans son enracine-ment évangélique et universitai-re pour faire œuvre de raisonainsi que de culture, et leur don-ner la liberté et l’audace de fon-dations nouvelles pour releverles défis d’aujourd’hui et de de-main.Ainsi, nous avons travaillé les ré-cits de la Genèse où Dieu parleet crée comme un éducateur.Nous avons retrouvé, pournous-mêmes, la manière de po-

actus /religion

Aller au cœur du sentiment d’appartenance

Comprendre la vie de la cité

ser la question de la décisionmorale et de l’éclairage de la liberté de conscience.En entrant de plain-pied danscette tradition réflexive, les dou-ze participants ont été heureu-sement surpris de découvrirune tradition de raison critiqueet scientifique qui permetd’éclairer la foi, mais aussi lapratique éducative.Terminons par un souhait. Ce-lui d’inscrire ce type de sessioncomme une priorité danschaque territoire, et de mettreen place les relais nécessairespour informer et sensibiliser lesplus jeunes enseignants.

PÈRE HUGUES DERYCKESecrétaire général adjoint

de l’enseignement catholique

◗Revue Projet, numéro spécial 287, « Mixités, Égalité, Identités ». Prix : 11 €.Commandes : Ceras, 14 rue d’Assas, 75006 Paris. Tél. : 01 44 39 48 04.

E-mail : [email protected]

Savoir +

Le Centre de recherche et d’action sociales (Ceras) des Jésuitesde France promeut la réflexion, le débat et l’engagementsur les questions politiques, économiques et sociales. Inspi-ré par les valeurs de l’Évangile et se réfé-

rant à l’enseignement social de l’Église, il portele souci de la justice et le désir que tous puissentparticiper à la vie de la cité. Il accompagne lespersonnes et les groupes animés de cette mêmerecherche. Le Ceras met ses publications – en particulier larevue Projet –, ses propositions de formation(rencontres et sessions) et ses contributions audébat public (conférences et débats) au servicedes acteurs de la vie sociale qui partagent sesobjectifs. En 2005, la session a eu pour thème « Vivre lesmixités sexuelles, sociales et culturelles ». Elles’est traduite par la publication, en juillet der-nier, d’un numéro spécial de la revue Projet, in-titulé : « Mixités, égalité, identités ». Ce numéromontre, à travers de nombreux articles, com-ment les identités sont aujourd’hui bousculées,comment il est devenu essentiel de reconnaîtreles différences, et pourquoi le vivre ensembledans la diversité est un impératif pour l’homme et l’humanité. « Lesmixités appellent une hospitalité, où l’autre se révèle aussi intérieur à soi quesoi-même, une hospitalité qui ouvre un dialogue “équitable” , un commerceentre humains », écrit Bertrand Cassaigne dans l’introduction de cenuméro spécial. « Mais, ajoute-t-il, cette hospitalité interroge d’autantplus les identités que celles-ci sont figées, derrière des barrières qui couvrentdes inégalités. Elle passe par une forme de déconstruction de l’espace com-

mun auquel nous nous sommes habitués. Ni les murailles de protection dres-sées autour de communautés, de résidences, de rôles, ni celles de principes abs-traits ne permettront de l’habiter à nouveau ensemble. »

Le thème de cette année, «Vivre lesrisques. Entre audace et précaution1 »,touche à son tour à des questions vives del’actualité de notre temps. Il rejoint aussiles problématiques concrètes rencontréespar les trois partenaires de la session – leSecours catholique, le Secrétariat généralde l’enseignement catholique et les Scoutset Guides de France – dans le champ del’éducation.« Nous invitons donc chaleureusement lesmembres des communautés éducatives, notam-ment les chefs d’établissement, les enseignants etles animateurs en pastorale scolaire à nourrirleur réflexion à partir des dossiers de la revueProjet et à s’inscrire aux sessions du Ceras pourun temps de formation personnelle ou profes-sionnelle », préconise le père Hugues Deryc-ke, secrétaire général adjoint de l’ensei-gnement catholique. GDR

1. Cette session de formation aura lieu à Paris les 27 et 28 janvier, 3 et 4 mars, 31 marset 1er avril 2006.

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18 Enseignement catholique actualités N° 296, SEPTEMBRE 2005

actus /revues express /agenda

À vos dates➞Pour une parution dans

le numéro 297 d’Ensei-gnement catholique actuali-tés, vos dates doivent nous par-venir avant le 22 septembre2005.

Le travail à l’œuvre« Les nouveaux visages du tra-vail » : tel est le thème auquel s’estintéressé Le journal du CNRS1.Dans « Le travail a-t-il toujours lacote ? », Fabrice Impériali croiseréflexions philosophiques, tra-vaux d’historiens, enquêtes so-ciologiques… Il rappelle que si« la valeur du travail est loin de dis-paraître », « la place qu’elle occupedans nos vies paraît moins marquéequ’auparavant ». Et ce, du fait del’émergence de valeurs concur-rentes : famille, amitié, loisirs…Côté temps de travail2 , il s’inter-roge : « […] on est en droit de se de-mander si la réduction du temps detravail, qui paraissait inhérente à nossociétés modernes est, oui ou non, unprocessus inéluctable, et si la durée lé-gale du travail a encore un sens. » Del’organisation scientifique du tra-vail au management par projet,à la polyvalence ou encore à laflexibilité, l’organisation du tra-vail a subi de profondes muta-tions, dont les conséquences fu-rent loin d’être toutes positivespour les salariés. Et Fabrice Im-périali de pointer la montée dustress, des pathologies mentales,des maladies professionnelles,des accidents du travail…, dessuicides3 . Sur ce dernier sujet –le suicide comme ultime témoi-gnage de la souffrance au tra-vail –, on lira l’interview deChristophe Dejours4 .

VÉRONIQUE GLINEUR

Le journal du CNRS est disponible surinternet : www2.cnrs.fr/presse/journal

1. N° 184, mai 2005.2. Cf. « Temps de travail : la pression mon-te ».3. Cf. « Organisation du travail : les sala-riés sous tension ».4. Psychiatre et directeur du laboratoire depsychologie du travail et de l’action auConservatoire national des arts et métiers(Cnam).

Sur l’arme nucléaireLe mouvement Pax Christi1 aconsacré un numéro du Journalde la paix à l’arme nucléaire2 .Dans son éditorial, Mgr Stenger3

pointe quatre questions par

rapport au concept de dissua-sion nucléaire : « Est-il morale-ment légitime d’obtenir la sécuritépar la menace d’utiliser l’arme nu-cléaire ? […] », « Justifier la posses-sion des armes nucléaires par la ga-rantie de la sécurité de ceux qui lespossèdent ne revient-il pas à vali-der une profonde injustice […]entre […] ceux qui ont les moyensde s’approprier la technologie nu-cléaire et d’assurer leur sécurité et[…] ceux qui n’en disposent pas etqui dépendent du bon vouloir deceux qui les détiennent ? », « […]N’y a-t-il pas une incitation inad-missible à la prolifération quandon ne remet pas en question cedésarmement au nom d’un dangerde prolifération incontrôlable[…] ? », et enfin « Est-il morale-ment concevable de continuer à dé-tourner, au bénéfice du maintien del’armement nucléaire et de sa pro-gression, des ressources importantesqui sont ainsi perdues pour l’aideau développement et à la sécuritéhumaine ? ».Dans son dossier, Pax Christidonne la parole aux spécialistesen stratégie militaire et géopoli-tique internationale, commeaux militants de la cause nonviolente. À lire aussi dans ce numéro, unedéclaration de Pax Christi surl’immoralité qu’il y a « pour desÉtats et des acteurs non étatiques[…] [à] utiliser et [à] posséder desarmes nucléaires ou à menacer de lesutiliser comme moyen de dissua-sion ». Dans ce numéro égale-ment, la réflexion de ChristianMellon4 sur les positions de l’Église face à la dissuasion nu-cléaire. VG

Pax Christi, 5 rue Morère, 75014 Paris.Prix au numéro : 9,50 €

1. Pax Christi, mouvement catholique in-ternational pour la paix, est né en Franceen 1945. Présent dans plus de 60 pays, iljoue un rôle moteur dans la recherche desolutions aux conflits.2. Le journal de la Paix, n° 488 (juin 2005),« L’arme nucléaire : enjeux stratégiques,débats éthiques ».3. Évêque de Troyes, président de Pax Christi.4. Jésuite, ancien secrétaire général de Jus-tice et Paix France.

Héritage en partagePARIS (75)28 septembre 2005Musée d’art et d’histoire du judaïsme, musée du Louvre

Cette journée de formation des-tinée aux enseignants présente-ra le parcours « Héritage enpartage ». Celui-ci s’adresse auxélèves de la sixième à la termina-le. Au musée d’art et d’histoiredu judaïsme, un atelier « Juifs etchrétiens » leur permettra, à tra-vers la fabrication du pain oul’étude d’objets trouvés dans desfouilles archéologiques, de sepencher sur la Bible, héritagecommun autour duquel lesdeux traditions religieuses,après s’être différenciées, puisaffrontées, pourraient se re-trouver et dépasser leur antago-nisme. Au Louvre, l’exposition« Regards croisés sur des figuresde la Bible » leur présentera desœuvres inspirées du Livre ainsique leurs interprétations juiveet chrétienne.

Inscription : 01 53 01 86 62 ou [email protected]

Conférences ISPPARIS (75)3 et 17 octobre 2005ISP-Formation, 21 rue d’Assas

Les deux premières confé-rences du cycle 2005-2006 pro-posé par l’Institut supérieur depédagogie auront lieu :– le 3 octobre 2005 : « L’enfant etla peur d’apprendre. » Repre-nant le titre de son livre paruchez Dunod en 1999, Serge Boi-mare, directeur psychopédago-gique du centre Claude-Ber-nard, à Paris, parlera de la ma-nière dont il utilise les contes, lesrécits mythologiques et l’œuvre

de Jules Verne pour luttercontre une appréhension quitouche de nombreux enfants.– Le 17 octobre 2005 : « Versune école où les élèves appren-nent… » Après avoir été institu-teur, professeur de collège et delycée, André Giordan est actuel-lement professeur à l’universitéde Genève et l’auteur, entreautres ouvrages, d’Une autre écolepour nos enfants ? (Delagrave,2002).

Contact : [email protected]

Monument jeu d’enfant7e ÉDITION8 et 9 octobre 2005Une cinquantaine de sites à travers la France

En organisant ce week-endd’animations pour les enfants etles adolescents, le Centre desmonuments nationaux – désor-mais plus connu sous le nom deMonum’ – espère voir les fa-milles trouver (ou retrouver) legoût de la visite des sites classés.Ainsi, le château de Coucy (Ais-ne), proposait-il l’année derniè-re, de s’initier à l’héraldique oude s’essayer à la taille de pierre.

Sur internet : www.monum.fr

Les Rendez-vous de l’histoireBLOIS (41)Du 13 au 16 octobre 2005Château, Halle aux grains et autres lieux

Thème de ces huitièmes Ren-dez-vous de l’histoire : « Reli-gion et politique ». Au program-me : débats, expositions, films…Et comme chaque année, cesRendez-vous tous publics pro-posent, en accord avec l’inspec-tion pédagogique régionaled’histoire et géographie, des ac-tivités sur mesure (interventionsdans les établissements, visitesguidées…) pour les scolaires.

Sur internet : www.rdv-histoire.com/indexbis.html

Suite de l’agenda, p. 58

Page 19: enEurope Culture e Enseignementcatholique

N° 296, SEPTEMBRE 2005 Enseignement catholique actualités 19

BO 21CAP2 en tout genre Huit créations de CAP tousorientés vers la confection :« chaussure » ; « couture flou » ;« fourrure » ; « mode et chapel-lerie » ; « prêt-à-porter » ;« tailleur dame » ; « tailleur hom-me » ; « vêtement de peau ».

Nouveau concours des professeurs des écolesModalités d’organisation,contenu des épreuves etquelques indications sur lesprogrammes du concours derecrutement des professeursdes écoles à compter de la ses-sion 2006. Sont concernés leconcours externe, le concoursexterne spécial, le secondconcours interne, le secondconcours interne spécial et letroisième concours.

Promotion en MA2343 maîtres auxiliaires MA3 et4 sont concernés par cette pro-motion en MA2. Cet arrêté enprécise la distribution par aca-démies.

BO 22Créations et abrogationsCréation du baccalauréat pro-fessionnel spécialité « systèmesélectroniques numériques », duCAP « maroquinerie », et desmentions complémentaires« maintenance des systèmesembarqués de l’automobile » et« organisateur de réceptions ».Abrogation du brevet de tech-nicien dans les spécialités « pro-duction de cuirs et peaux » et« industries des céréales », etdes mentions complémentaires« installation de matériel élec-tronique de sécurité » et « tech-nicien des équipements audio-visuels professionnels ».On notera aussi la définition et

les conditions de délivrance duBTS « design des produits ».

Ouverture sur l’EuropeUne circulaire définit le cadrede la mise en application dansles établissements de l’actioneuropéenne de jumelage élec-tronique (eTwinning).

BO 23Ah ! le vocabulaireRégulièrement, la commissiongénérale de terminologie et denéologie fournit les termes à uti-liser dans des domaines précispour éviter l’utilisation massived’un vocabulaire étranger. Dansce numéro, sont concernés lesdomaines des télécommunica-tions, de l’économie et des fi-nances ainsi que l’internet.

Forfait d’externatPour l’année 2004-2005, le ta-bleau précisant la contributionde l’État aux dépenses de fonc-tionnement des classes du se-cond degré.

Des créations encore !Deux CAP des métiers de labouche, cette fois : « boucher »et « restaurant ».

BO 24Livret scolairePrésentation du livret scolairepour l’examen du baccalauréattechnologique, série « scienceset technologies de la gestion »(STG).

ArchivageUne longue instruction fournitles indications pour les diversservices de l’Éducation nationa-le et pour les établissements,afin d’assurer dans les meil-leures conditions le tri et l’ar-chivage des documents et dos-siers.

BO 25Des bac proDeux créations : spécialité« maintenance des équipementsindustriels » et spécialité « ser-vices de proximité et vie locale ».

Évaluation en début d’annéeL’évaluation diagnostique miseen place depuis de nombreusesannées dans nos établissementsconcerne les CE2 et les sixiè-mes. Cette année, l’expérienceconduite au niveau CE1 s’élar-git à un plus grand nom-bre d’écoles.

Mission des IA-IPR et des IEN3

Quatre dimensions à la missiondes inspecteurs : évaluation,animation et impulsion, forma-tion, expertise.

BO 27Mise en ordreAbrogation de circulaires et denotes de service dans un soucide simplification administrative.

PromotionsRépartition académique des1 720 maîtres délégués des éta-blissements d’enseignementprivé sous contrat du second de-gré, susceptibles d’être inscritssur une liste d’aptitude acadé-mique pour obtenir un contrat.

BO 28À propos du bacÀ compter de la session 2006,de nouveaux référentiels pourl’évaluation de l’éducation phy-sique et sportive.

Ouverture sur l’EuropeUne circulaire expose et préci-se les informations concernantl’appel à projets dans le cadredu programme européen Leo-nardo da Vinci pour l’année sco-laire 2005-2006.

BO 29Taux des indemnitésDes enseignants sont concernéspar certaines indemnités ver-sées aux fonctionnaires (ISO4,indemnités pour activités péri-éducatives…). Leurs montantssont revus à compter du 1er juil-let 2005.

Toujours à propos du bacModalités d’évaluation de l’en-seignement de spécialité d’arts,domaine « arts du cirque » de lasérie littéraire.

Hors-classe Des précisions sur les condi-tions requises et sur les critèresde choix des professeurs desécoles pouvant accéder à lahors-classe.

Montants de la part de bourseIls sont fixés pour le lycée(40,71€), pour l’enseignementd’adaptation (26,13€) et pourl’internat (234,93€).

NUMÉROS SPÉCIAUX– Spécial n° 6 du 16 juin sur lesconcours de recrutement desmaîtres des premier et seconddegrés. – Hors série n° 3 du 23 juin surl’organisation et les pro-grammes des classes prépara-toires aux grandes écoles (ma-thématiques, sciences phy-siques et chimiques, sciences dela vie et de la Terre...).

YVON GARELSecrétaire général de la

DDEC des Côtes-d’Armor

1. Si un numéro du BO n’est pas pris encompte dans cette rubrique, c’est qu’il necontient pas de texte concernant directe-ment nos établissements.2. Certificat d’aptitude professionnelle.3. Respectivement : inspecteurs d’acadé-mie-inspecteurs pédagogiques régionaux,inspecteurs de l’Éducation nationale.4. Indemnité de suivi et d’orientation.

Pour vous guider dans le BOJuin-Juillet 2005 (nos 21 à 29)

Voici les textes essentiels1 parus dans le Bulletin officiel de l'Éducation nationale. Pour en savoir plus, consultez le site : www.education.gouv.fr/bo

Page 20: enEurope Culture e Enseignementcatholique

Ouvrir un espace de confiance

L’ALPHABET DE LA PERSONNE : 12 € L’exemplaire TENIR PAROLE : 3,50 € L’exemplaireNom / Établissement : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Adresse : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Code postal : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Ville : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Souhaite recevoir :........... exemplaires de « L’ALPHABET DE LA PERSONNE » au prix de 12 € l’ex., 8 € l’ex à partir de 10 ex., 7 € l’ex. à partir de 50 ex.., 6 € l’ex. à partir de 100 ex............ exemplaires de « TENIR PAROLE » au prix de 3,50 € l’ex., 2 € l’ex. à partir de 10 ex., 1,80 € l’ex. à partir de 50 ex.., 1,50 € l’ex. à partir de 100 ex.

Ci-joint la somme de . . . . . . . . . . . . . . . . €, à l’ordre de AGICEC : 277 rue Saint-Jacques - 75240 Paris cedex 05. Tél. : 01 53 73 73 75

« Dans la continuité des assises 2004

de l’enseignementcatholique,

ce hors-série d’ECA, est un vrai petit bijou

de poésie en images qui se décline au fil deslettres de l’alphabet… »

Présence, n° 170

« Ce document, avec le parcours des 7 familles qu’il propose, n’ad’autre ambition que d’être une aide possible à ceux qui au quotidienfondent toute leur démarche éducative sur la confiance »

Paul Malartre, secrétaire général de l’enseignement catholique

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N° 296, SEPTEMBRE 2005 Enseignement catholique actualités 21

La communauté édu-cative ? Vaste sujetdont on ne connaîtque quelques aspects.L’expression serait

née dans un congrès des Apel1il y a près de trente ans. Com-ment allaient s’en emparer lesprincipaux intéressés ? Pendantdes années, ces mots ont fleurisur les lèvres, mais en avait-onperçu le sens profond ? Preuveque rien n’est définitivementacquis, certains se demandaient,encore récemment, si les per-sonnels Ogec2, les personnelsde service ou encore les élèvesfaisaient partie de cette com-munauté éducative. Et lesparents, premiers éducateursde leurs enfants, faut-il les faire participerpleinement à la vie d’un établissement ? N’est-ce pas faire entrer le loup dans la bergerie ?Faut-il prendre ce risque ? Perdre ainsi unpeu de son pouvoir ? « Oui », a dit PaulMalartre en lançant, le 3 décembre dernier,la journée des communautés éducatives. Lesecrétaire général de l’enseignement catho-lique a clairement demandé aux établisse-ments de réunir, ce jour-là, un vendredi, tousles membres de la communauté éducative,c’est-à-dire toutes les personnes adultes fai-sant acte d’éduquer, sans omettre les princi-paux intéressés : les jeunes. Après un temps de perplexité quant à sa mi-se en œuvre, ne percevant pas clairementles enjeux d’un tel rassemblement, unegrande majorité a joué le jeu. Et l’on a puentendre, à l’issue de cette journée, des pe-tites phrases tout à fait inattendues : « C’est la

première fois que j’ai pu parler avec des profs »(une cuisinière, une femme de ménage) ;« Les jeunes ont pris la parole, c’est fou ce qu’ilsavaient à dire sur eux, sur nous, sur l’établisse-ment » (un homme d’entretien, un prof, unéducateur). « Nous avons pu échanger surl’éducatif sans être jugé, d’égal à égal » (une fem-me de ménage, un éducateur). « Notre besoinde partenariat a été entendu, ce qui a permis debriser la glace avec des enseignants. Trop souvent,d’un côté comme de l’autre, nous restons sur nospositions, par peur, par méconnaissance ou in-compréhension. Cela ne produit que des heurts quine contribuent pas à resserrer les liens » (des pa-rents).Pourquoi le secrétariat général s’est-il lancédans une telle aventure ? « Lors des assises dedécembre 2001, le texte des résolutions invitait à“penser l’établissement scolaire autrement”. Nousavons alors constaté, en cheminant, la nécessité de

nous interroger sur la manière donton faisait attention aux personnesdans l’établissement », précisePaul Malartre. « Un sentiment desolitude et de non-reconnaissance asouvent émergé lorsqu’on écoutaitles personnes une à une, font re-marquer Christiane Durand etYves Mariani, de l’observatoirenational de pédagogie. Ce ma-laise est l’expression d’un symptômeet montre le déficit de parole dansl’établissement. » Yves Mariani vamême jusqu’à comparer celui-ci à une « boîte d’œufs », chacunvivant dans son alvéole, dans sabulle. « Une des solutions, poursortir de ce malaise, est de faire“communauté éducative”, en cas-sant les murs entre les différents

membres qui la composent, en reconnaissant àchaque adulte un principe de parité dans l’éduca-tion, chacun restant cependant à sa place et danssa fonction. »

Une priorité fondamentaleUn constat quelque peu tempéré parLouis-Marie Piron, directeur du collège-lycée Lamartine à Belley (Ain) : « Dans lesdifférents établissements que j’ai dirigés, les per-sonnels de vie scolaire ont toujours été reconnusdans leur compétence professionnelle et leurtravail par les enseignants. Leur avis était tou-jours pris en compte. Il subsiste cependant uneréaction première : quand on n’est pas ensei-gnant, on se sent un peu dévalorisé, mal recon-nu. C’est très subjectif et encore plus fort de lapart du personnel de service ou administratif.Le remède ? faire en sorte que toute personne

Dossier

Au-delà d’un slogan ou d’une notion, la communauté éducative correspond-elle à une véritable réalité dans les éta-blissements ? Si depuis longtemps et de manière plus ou moins explicite, des actions visant à lui donner toute sa per-tinence se mettent en place, la première journée des communautés éducatives du 3 décembre dernier a fait émergerune multitude de questions, de remarques, de pierres d’achoppement. Partout, il a été question de la nécessité dudialogue, de la rencontre, de l’échange entre les différents membres de la communauté éducative, chacun expri-mant une demande de reconnaissance de ses responsabilités et de ses engagements. Risquer la communauté édu-cative, c’est avoir le souci constant de faire grandir chaque personne en lui ouvrant des espaces de confiance.

Devenir ensemble

Savant dosage. Ouverture, écoute, parole, attention, médiation, reconnaissance, formation... entrentdans les exigences de la communauté éducative.

D.R

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22 Enseignement catholique actualités N° 296, SEPTEMBRE 2005

ait une fonction valorisante, connue de tous etlégitimée, et qu’elle s’épanouisse dans sonchamp de compétence. La parité, pour moi, estfondamentale. »Beau défi, dès lors, que de reconnaître àchaque adulte sa place et son rôle d’éduca-teur ; beau défi que de leur donner lesmoyens d’accéder pleinement à ce statut ;beau défi que de s’accorder le temps de larencontre, de l’échange et de ne laisser per-sonne sur le bord du chemin. Beau défi,parce que, comme le rappelait Jean-Baptis-te de Foucauld3, « les réformes envisagées por-tent en général trop sur les savoirs, les pro-grammes, plutôt que sur des apprentissages decomportements, de rapport à l’autre, de rapport àsoi, et de rapport aux systèmes symboliques. Or,c’est cela qui armera les personnes pourl’avenir ».

Beau défi, pas toujours facile à relever parcequ’une communauté éducative, ça ne se dé-crète pas d’en haut. Celles qui fonctionnent(cf. pp. 26-27) sont bien souvent le résultatd’une démarche volontaire d’individus ani-més d’un projet, sinon on retrouve dansl’établissement la même stratification quedans la société. Et si l’on reconnaît aujour-d’hui qu’elle est indispensable, elle est tou-jours à reprendre. « Normal ! s’exclame Daniel Watremez, directeur du collège-lycée Saint-Louis - Saint-Clément à Viry-Châtillon (Essonne). Elle n’est pas un longfleuve tranquille, comme toutes les relations. Elleest sans cesse à bâtir, à relancer. S’il est relative-ment facile de créer des liens, il est beaucoup pluscomplexe de les recréer sans cesse. Car on est surdu vivant. C’est vraiment dans les moments diffi-ciles, dans la capacité de chacun à dépasser lesconflits, que l’on voit si, oui ou non, l’on constitueune véritable communauté éducative. » Unepause avant d’ajouter, dans un sourire :« L’expression de l’abbé Pierre – “désillusion en-thousiaste” - me paraît admirablement s’appliquerà la notion de communauté éducative. Après

vingt-cinq ans de poste de direction, on a toutes lesraisons d’être désabusé. Malgré tout, on continueà vouloir aller au-delà. »

Micro-trottoirNous avons interrogé des chefs d’établisse-ment pour savoir comment ils percevaientleur communauté éducative, ce qui faisaitsens pour eux, quels moyens ils mettaient

en œuvre pour la renforcer et travailler àson épanouissement, quels chemins ils em-pruntaient pour donner à chacun de sesmembres ce sentiment si précieux d’appar-tenance. Si certains restent dans les bonnesintentions – « savoir mettre un nom sur chaquevisage, se dire bonjour le matin ou dans la cour derécréation, se donner du temps informel pouréchanger, organiser des pots, savoir faire passerdes messages d’appréciation car on sait mieux

RÉSOLUTION 1 DE LA DEUXIÈME PHASE DES ASSISES➤Risquer la communauté éducative

et ses lieux de parole Que la place de chacun soit reconnue.– Nous nous engageons partout à ne pas exclure de fait de la communauté éducative certainescatégories de personnels, les parents, les gestionnaires et, faut-il le rappeler ? les élèves.– Que chacun participe dans son rôle et avec ses compétences propres à la réalité vécue du pro-jet éducatif.– Nous engageons les partenaires de la communauté éducative à ne pas chercher à prendre lepouvoir mais à participer à la mission de l’enseignement catholique sous la responsabilité deceux qui ont reçu mission d’Église. Sinon, nous ne serions pas l’enseignement catholique mais un enseignement privé.

Selon le vécu, la taille, le niveaude scolarité, la localisation

géographique de l’établissement,chaque directeur s’emploiera

à mettre en place ce qui semble le mieux convenir pour

renforcer tel ou tel aspect de la communauté éducative.

Primordial. Même s’ils ont parfois du mal à se considérer comme tels, les personnels de service sont des éducateurs dont le rôle, vis-à-vis des é

Dossier/Devenir ensemble

D.R

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N° 296, SEPTEMBRE 2005 Enseignement catholique actualités 23N° 296, SEPTEMBRE 2005 Enseignement catholique actualités 23

pointer l’erreur que voir ce qui marche, reconnaîtreet encourager l’esprit d’initiative... » –, arguant àjuste titre que c’est au quotidien que l’on doitavancer, d’autres ont mis en place de véri-tables stratégies pour sortir du cloisonne-ment et créer des passerelles entre les diffé-rents acteurs de la communauté éducative. Mais avant tout, micro-trottoir auprès deschefs d’établissement pour connaître leurdéfinition de la communauté éducative. Un

concept qui se décline un peu partout sur lemême ton : c’est « le bien vivre ensemble, enharmonie, dans le respect du rôle et de la fonctionde chacun » (Daniel Rossignol, école-collègeFénelon, à Béziers, Hérault) ; « l’ensemble despersonnes dans l’établissement, qui concourent,chacune à sa place, à une animation intellectuel-le, spirituelle et éducative. C’est du vivre en-semble, dans le respect des uns et des autres tout enpartageant une même visée éducative » (MichelLarrory, ensemble scolaire Jean-Baptiste-Vatelot, à Toul, Meurthe-et-Moselle) ; « Cesont autant de personnes qui, bien que ne s’étantpas choisies, doivent mettre en commun leurs diffé-

rences pour essayer de faire grandir les jeunesensemble » (Pierre-Marie Puech, directeurde l’ensemble scolaire Saint-Joseph, à Tou-louse, Haute-Garonne). Jean-François Gaud, directeur du collègeJeanne-d’Arc – Saint-Aspais, à Fontaine-bleau (Seine-et-Marne), « fai[t] une grandedifférence entre un groupe et une communauté.Le premier est finalisé par un vivre ensemble ; laseconde va plus loin, c’est un devenir ensemble.Qui que l’on soit, on a quelque chose à vivre qui vaau-delà d’un être ensemble. Et cela va se perpé-tuer. Nous sommes là pour le devenir des uns et desautres ».

Jean-Marie Cœuret, à la tête du lycée Fré-mont à Lisieux (Calvados), traduit son senti-ment au travers d’un engagement auquel ilattache beaucoup d’importance : il y a né-cessité d’un « passage d’une collectivité éducati-ve à une communauté éducative pour une solida-rité éducative, cohérente entre le dire et le faire encessant soi-même d’être central pour rendre l’autrecentral ». Et d’expliquer la nécessité de cespas de côté : « La collectivité éducative est, selonmoi, une association d’individualités, chacuneétant trop centrée sur elle-même, défendant ses in-térêts propres. Pour qu’il y ait communauté, c’est-à-dire mise en commun, il faut qu’il y ait recon-naissance des personnes et que chacune, à son ni-veau, comprenne qu’un établissement n’est pas laseule affaire du directeur. Dans la notion de com-munauté, chacun doit avoir le souci non seule-ment de lui-même, mais d’autrui. Sinon, aucunesolidarité éducative n’est possible. Aujourd’hui,chacun doit apprendre à se décentrer pour faireexister l’autre. Alors, nous pourrons devenir com-munauté éducative. »

Climat aimableDès lors, en fonction du vécu, de l’histoire,de la taille, de la spécificité, du niveau descolarité, de la localisation géographique del’établissement, de son implantation urbai-ne ou rurale, chaque directeur s’emploieraà mettre en place ce qui semble le mieuxconvenir, souhaitant renforcer tel ou tel as-pect de cette communauté éducative. Sa-vant dosage de tact, de modestie, d’ouvertu-re, d’écoute, de parole, d’attention, de mé-diation, de petits gestes symboliques de re-connaissance et de réelle formation. Tout en

Comment faire, dans le quotidiend’un établissement, pour passer

des intentions à la réalité ?

ET LES JEUNES, DANS TOUT ÇA ?➤« Bien sûr, ils font partie de la com-

munauté éducative, s’exclament leschefs d’établissement. Bien sûr, ils ont droità la parole. Et nous avons à tenir compte deleurs messages. Même si l’on ne peut toutsatisfaire. Mais cela, ils le comprennent sion prend le temps de leur expliquer. » Conseilsde vie de classe, heures de vie de classe,temps libéré... Aujourd’hui, un peu partout,il est des lieux de parole pour les jeunes. Devraies instances, qui ont leur poids. Et si l’onen croit leur participation active aux assises,on accorde du crédit à ce qu’ils disent. Le3 décembre 2004, ils n’étaient pas les der-niers à la saisir cette parole, à la grande sur-prise de nombreux adultes, parfois « bluffés »par leur maturité et leur perspicacité. Louis-Marie Piron confirme : « Nos élèves sontdemandeurs d’une autre journée de ce sty-le. Ils ont aimé discuter avec des adultes surdes sujets les concernant, d’autant que celaa été longuement préparé en amont. » Et aulycée Lamartine de Belley (Ain) qu’il dirige,leur intégration à la communauté éducati-ve est une réalité. Notamment par le biaisdes conseils de classe. « Nous avons mis enplace un fonctionnement pour les premièreset terminales, où chaque élève participe àson conseil de classe. Du coup, chacun entredans une collaboration avec les profs. L’idéeest vraiment de mener l’élève à la réussiteen lui donnant des conseils et des objectifspour le trimestre suivant. » Jean-Marie Cœu-ret, du lycée Frémont, à Lisieux (Calvados),s’il ne va pas jusqu’à leur donner les rênesde la gestion de l’établissement (!), « trouveimportant de les intégrer à cet aspect de lacommunauté éducative ». Quant à Domi-nique Mazoyer, responsable des classes d’ai-de et de soutien (AES) au collège Jeanne-d’Arc– Saint-Aspais de Fontainebleau, elle a enten-du les souhaits des plus jeunes en difficultéd’apprentissage. Laissons-leur la parole. Quelschangements voudraient-ils pour le collè-ge ? « Que les grands aient le même règle-ment que nous ; qu’il n’y ait plus d’élèvesqui restent seuls, sans amis, ou d’autres quise tapent dessus ; que les délégués ne soientpas des chefs ; qu’il y ait moins de violen-ce. » Quant à leurs relations avec les adultes,ils y voient beaucoup de « respect de nosrythmes et de nos difficultés, de douceur, degentillesse, d’accompagnement, d’encou-ragement ». EDC

èves, est primordial.

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24 Enseignement catholique actualités N° 296, SEPTEMBRE 2005

Dossier/Devenir ensemble

osant pointer du doigt la difficulté de l’en-treprise. « Quand je parle de mon établissement,je parle de “climat aimable” entre les personnes,précise Michel Larrory. Nous devons tousconcourir à ce climat aimable, à commencer par le

chef d’établissement. Il existe certes quelques frotte-ments entre les métiers, parfois entre les ensei-gnants eux-mêmes – ce serait un mythe de croireque tout le monde s’entend parfaitement bien –,mais je pense que le chef d’établissement doit être là

pour garantir, faciliter, créer un climat de commu-nication. Depuis quinze ans, j’ai mis en place, defaçon régulière, des formations à la communica-tion et à la gestion des conflits, dans lesquelles lesprofs se retrouvent aux côtés des secrétaires ou des

➤Quelle « connivence » éducative avecles parents ? Le sujet fâche. Si on recon-

naît la nécessité de les associer au projet péda-gogique, on admet qu’on ne sait pas très biencomment s’y prendre et jusqu’où on peut aller.Pas de souci lorsqu’il s’agit de les appeler pourdes kermesses, des sorties, des animations culturelles ; pas de problème quand il s’agitde prendre en main le BDI*, de les mettre àcontribution pour la catéchèse ou de les invi-ter à témoigner de leurmétier. Et l’on se réjouit deconstater que, de plus enplus souvent, les parentssollicitent l’établissementpour organiser des soiréesde réflexion autour de sujetsde société : violence, dro-gue, santé... Preuve queleurs enfants les préoccu-pent en dehors de la notescolaire. Mais comment passer àl’étape suivante ? Les consi-dérer comme de vrais par-tenaires ? On se plaint, ducôté des enseignants, d’êtreface à des consommateursqui n’auraient que des re-vendications ; et du côtédes parents, on constatequ’on est en présence d’uncorps de métier parfois re-plié et sûr de lui. Entre lesdeux, beaucoup de malentendus. Les assisesauront-elles changé les regards, fait baisser lestensions et permis d’entrer dans une meilleu-re compréhension entre parents et enseignants ?« La place des parents dans l’établissement res-te pour moi un point d’interrogation, recon-naît Louis-Marie Piron. Mais je reste convain-cu que l’on arrivera à définir leur vraie placelorsque l’on parviendra à redéfinir celle desenseignants. Plus on légitimera leur rôle enprofessionnalisant leur fonction – être ensei-gnant, c’est un métier avec des compétences,des savoirs et des savoir-faire –, mieux on pour-ra délimiter le champ et le territoire sur les-quels les parents peuvent intervenir en tant

que partenaires, sans que l’enseignant se sen-te menacé. » Un constat partagé par de nombreux chefsd’établissement. Michel Larrory confirme : « Ladifficulté tient surtout aux rapports avec les en-seignants. Il y a une méfiance réciproque. Il ya un gros travail de médiation à faire par leschefs d’établissement pour permettre à ces deuxcomposantes de la communauté éducative dese rencontrer et de se comprendre plutôt que

de se juger mutuellement. » Dans son établis-sement, comme dans beaucoup d’autres, lesparents assistent aux conseils de classe. « J’ai identifié le conseil de classe comme étantle lieu majeur de la concentration des inquié-tudes des familles, commente Arthur Obringer.Il faut sans cesse rassurer, expliquer. Je rappel-le toujours, en ouverture d’un conseil, qu’unmoment important va se dérouler selon uncadre de référence qui doit être compris partous. Libre après à chacun, dans ce cadre biendéfini, de donner la pleine mesure de ce qu’ilest capable de faire. La présence des parentspermet de réguler la parole des profs. » Jean-Claude Morillon se définit comme un fa-

rouche partisan de la présence des parents dansl’établissement. « Quand chacun joue son rôle,tout son rôle mais rien que son rôle, quand onprend en compte leur parole, beaucoup de mal-entendus disparaissent. Dans un conseil de clas-se, si un prof dérape, il doit pouvoir se soumettreau regard de ceux qui lui ont confié leurs en-fants. La parole doit sortir. Mieux vaut que cesoit dans l’établissement, même si certaines chosesne sont pas faciles à entendre. C’est une ques-

tion de posture mentale.Le parent n’est pas un ad-versaire mais un parte-naire. Il faut avoir en tê-te cette attitude de lacommunauté éducativequi ne se résume pas àdeux ou trois bénévolesvenant de temps à autre.»Au lycée Jeanne-d’Arcde Rennes (Ille-et-Vilai-ne), Annie Postigo-Oillicva plus loin, quitte à pro-voquer des remous :« Quand j’entends pé-dagogues ou formateursdire que les parents nedoivent pas empiéter surle terrain de la pédago-gie, ça me gêne. On leurdemande d’entrer dansla dynamique du projetd’établissement ; on leurdemande de l’aide ; on

leur demande d’avoir les mêmes repères d’exi-gence que nous ; on ne peut donc pas les can-tonner au périphérique, les écarter de l’essen-tiel. Leur parole doit pouvoir exister sur lamajorité des objectifs puisque nous contribuonstous au même projet. Pour cela, il faut que lechef d’établissement ait une bonne dose d’éner-gie pour jouer à fond la médiation et tenir bonsur tous les fronts, car les remarques pleuvent,les craintes aussi. Mais en rappelant constam-ment les enjeux et la signification de leur pré-sence, au bout du compte, tout le monde s’yretrouve. » EDC

* Bureau de documentation et d’information.

PAS SANS LES PARENTS...

Enjeu. Souvent associés à la vie de l’école lors des kermesses, sorties et autres animations, les parents ne sont pas tou-jours considérés comme de vrais partenaires par les enseignants.

© Y

.Élé

goët

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N° 296, SEPTEMBRE 2005 Enseignement catholique actualités 25

côté Laurence Perrière, directrice du lycéeprofessionnel L’Ermitage à Agen (Lot-et-Garonne). Ils le reconnaissent, même s’ils ne sesentent pas toujours à la hauteur. Mais ils peuventpleinement remplir ce rôle quand un élève, puni,vient faire des travaux d’utilité publique sous leurautorité. Le ponçage de notre minibus, parexemple. C’est tout simple, mais cela valorise le rô-le éducatif de l’homme d’entretien qui a ce jeunesous sa responsabilité. »

Des idéesRisquer la communauté éducative... Nousne pouvons être exhaustifs, prétendre toutdire et tout montrer, en illustrer toutes lescomposantes. Mais nombreux sont encoreles établissements qui ont réfléchi à la placeà donner aux personnels Ogec – « Je suis trèsattentif à les intégrer dans toutes les instances dela maison, car la vie de l’établissement est aussimatérielle et financière » (Jean-Claude Mo-rillon) – comme aux catéchistes – « Nous in-sistons pour que les catéchistes soient partie inté-grante du cursus scolaire de l’enfant. Ils sontdonc conviés aux conseils de classe parce qu’ilsont leur mot à dire. L’élève, qui plus est dans l’en-seignement catholique, n’est en aucun cas réduc-tible à un résultat scolaire. Il est une personne àconsidérer aussi dans sa dimension spirituelle »(Daniel Rossignol). Mais comment fairepour que ce temps fort5 du 3 décembre2004 se prolonge ? Comment faire, dans lequotidien d’un établissement, pour passerdes intentions à la réalité ? Une ébauche deréponse avec Michel Larrory : « Ces assisesont été un moment très fort pour tous. Nous avonspris conscience de l’importance de donner dutemps au dialogue, et ce régulièrement. Nousavons un établissement catholique partenaire, àMunich. Est inclus dans l’emploi du temps du“Zeit für uns” – du “temps pour nous”. Cela medonne des idées. Nous ne retrouverons sans doutepas toujours la richesse des échanges du 3 dé-cembre, car il y avait la force de l’événement,l’énergie nationale, les documents fournis pouraider à la mise en œuvre. Mais ces rendez-vousréguliers ne peuvent que donner à chacun unnouvel élan, un carburant indispensable pouravancer encore et toujours. »

ÉLISABETH DU CLOSEL

1. Associations des parents d’élèves de l’enseignement libre.2. Organisme de gestion de l’enseignement catholique.3. Président de l’association Solidarités nouvelles face auchômage. Cf. ECA 287, pp. 28-29. 4. Numéro hors série d’Enseignement catholique actualités,publié en mai 2005 (cf. bon de commande, p. 20).5. Une nouvelle journée des communautés éducatives au-ra lieu le 2 décembre 2005.

éducateurs. Cela contribue à la bonne ententeentre les différents métiers. » « En tant que chefd’établissement, je dois sans cesse me demander ceque je fais pour mettre du lien, de l’unité, de la parole et pour que tout cela circule, commenteDaniel Watremez. Aujourd’hui, on ne peut plustravailler seul. Il est quasiment indispensabled’avoir une véritable équipe de direction soudéequi, bien qu’ayant des points de vue différents, visele même objectif. Cette année, concrètement, pourrenforcer les liens entre enseignants, nous avonsvoulu faire réfléchir les profs principaux avec unepsychologue sur des thèmes qui les préoccupent :gestion des conflits, non-reconnaissance... Celaaboutira à un travail avec l’ensemble de l’équipeenseignante. C’est petit à petit, en recommençantsans cesse, en décloisonnant, en dialoguant, enmettant en relation que nous parviendrons à avoirune communauté éducative plus mûre. »

Le sentiment de n’être pas reconnu : voilàce qui a motivé Louis-Marie Piron à mettreen place une formation à la gestion mentaleet à l’accompagnement méthodologiqueaux devoirs pour les éducateurs scolaires.Dès lors, ils ne sont plus considérés commede simples surveillants, et les heures d’étu-de comme des bouche-trous entre les coursmais comme des temps où les élèves ont lapossibilité d’acquérir des méthodes de tra-vail. « Cela donne aux éducateurs une spécificitévalorisante sans empiéter sur le travail des profs.L’autre idée que nous lançons, toujours dans cetesprit de reconnaissance et de meilleure compré-hension du travail de l’autre, ce sont les “portesouvertes en interne”. Nous voulons, par exemple,laisser la possibilité aux enseignants de passer unesoirée à l’internat pour voir comment il fonction-ne. C’est très attendu par le personnel éducatif. Etdes profs sont prêts à jouer le jeu. »Pour renforcer sa communauté éducative,Arthur Obringer, directeur du collège-ly-cée Notre-Dame-de-Valbenoîte - Le Rond-Point, établissement mariste de Saint-Étienne (Loire), a organisé, tout récem-ment, dans la continuité des assises, un ren-dez-vous de la totalité de ses personnels« pour évoquer les valeurs auxquelles nouscroyons, rattachées au projet éducatif mariste.C’était fondamental, car nous nous sommes ren-du compte, au fil des années, que des tensionspeuvent se créer dans une équipe pédagogique

parce que nous n’avons pas les mêmes valeurs deréférence. Comment, dès lors, donner des pointsde repère à des jeunes si nous ne sommes pas cohé-rents dans nos propos et attitudes ? » Et puisque, rappelle Yves Mariani dansL’Alphabet de la personne4, « l’idée de commu-nauté éducative n’est pas d’abord fonctionnelle,administrative, gestionnaire, mais de liens et derelations », Daniel Rossignol a mis en place,avec sa collègue Brigitte Bourdel, un véri-table travail sur « la relation dans la communi-cation, d’abord à destination des enseignants.L’idée, c’est que les enseignants, par des jeux derôles, se mettent dans la peau d’enseignants, si-tuation qu’ils connaissent, puis dans la peau deparents, puis dans celle d’élèves. Dès lors, desquestions émergent. Par la suite, ce travail seradestiné aux parents puis aux délégués d’élèves.Cela aboutira à une charte de la relation. Ce n’estpas facile, car les peurs, les tensions, les résis-tances émergent. Mais si l’on y arrive, cela per-mettra de sortir de positions frontales trop rigideset de mieux respecter les uns et les autres avecleurs demandes, leurs attentes, leurs réactions. »« Changer le nom de la salle des profs en sal-le de la communauté éducative » : un défique beaucoup d’établissements veulent re-lever. Au-delà du symbole, il s’agit parfoisd’un grand changement de mentalité.« Nous l’avons mise en place il y a trois ans, juste-ment pour montrer le rôle éducatif des différentsmétiers », commente Jean-Claude Morillon,directeur de l’ensemble scolaire La Provi-dence à Montauban-de-Bretagne (Ille-et-Vilaine). Si le personnel enseignant et leséducateurs s’y retrouvent sans difficulté, ilest sans doute moins aisé pour le personnelde service – femmes de ménage, hommesd’entretien – de se faire une place et de seconsidérer comme éducateurs à part entiè-re. « Ils sont souvent conviés à se prononcer dansdifférentes instances, fait remarquer MichelGoussin, directeur du collège Notre-Dameà la Ferté-Macé (Orne). Mais ils ont souventun complexe par rapport au corps enseignant. Ilsont le sentiment qu’ils ne sauront pas s’exprimer.Alors il faut faire très attention de ne pas les mettreen porte-à-faux. » Pour valoriser leur fonctionparfois ingrate, certains agissent. Compre-nant que ces personnels étaient à même derepérer les signes physiques de l’usage de ladrogue, les directeurs des établissements duréseau Causse et Vallées (Aveyron, Lot, Can-tal) leur ont donné la possibilité de suivreune formation avec la brigade spécialisée dela gendarmerie, chargée d’intervenir à titrepréventif dans les espaces scolaires. « Nousleur rappelons souvent combien leur présence au-près des jeunes est importante, avance de son

Nombreux sont les établissementsqui ont réfléchi à la place

à donner aux personnels Ogeccomme aux catéchistes.

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éducative. À cette manière dont on se mobi-lise pour accueillir tout nouveau venu, quelque soit son poste, son âge, son origine.À cette façon de se comporter qu’ont lespersonnes, cherchant dans le dialogue plu-tôt que dans le conflit la résolution à un pro-blème, évitant de se braquer, essayant detrouver des points de rencontre, des portes

de sortie, des issues positives et construc-tives. À cette écoute que l’on a de chacun,sans aucun jugement. Au collège Jeanne-d’Arc - Saint-Aspais1 deFontainebleau (Seine-et-Marne), tous cespetits riens se vivent pleinement, c’est une« culture d’établissement. Ici, on se dit bonjour,on se parle, on communique, d’un pôle profes-sionnel à un autre », commente Marie-Clau-de Pamart, responsable des sixièmes, de-puis vingt-sept ans dans l’établissement.Personne n’est laissé de côté, sauf ceux quile veulent bien. « La solitude ? Je ne l’ai jamaisressentie. Je n’ai jamais été mise à part, re-marque de son côté Isabelle Chaboureau,parent d’élève et responsable de la pasto-rale. Et je suis mêlée à tout ce qui se décide dansl’établissement. La pastorale est considérée com-me fondamentale. »

Un sens, une réalitéCette ambiance, on y tient. Sans commu-nauté éducative, c’est-à-dire « sans conver-gence d’énergies », selon l’expression de Dominique Mazoyer, responsable desclasses d’aide et de soutien (AES), on nepeut rien construire qui tienne debout.Comme le précise encore le directeur,Jean-François Gaud, « la communauté éduca-tive, c’est avant tout un état d’esprit, l’attentionportée à chacun, une volonté de faire équipe ; c’estaussi entendre qu’on ne peut agir seul, que toutedécision prise engage l’ensemble des personnes.En filigrane, il y a une mission : mettre un petitd’homme debout, faire en sorte qu’il puisse s’insé-rer dans la société, cette société qui ne cesse de luitendre des pièges et fait tellement pression sur lui.Cette communauté éducative n’est jamais facile àconstituer. Elle existe dans le discours, mais restesouvent un idéal. Il faut bien l’avouer, si l’on re-garde les vingt dernières années, aucune réformen’a eu lieu sur ce thème. On évoque les savoirs, lesprogrammes, la pédagogie, guère l’éducation,sauf à lire entre les lignes. » Mais alors, pourquoi la communauté édu-

Dossier/Devenir ensemble

Cohérence au collègeUnité, harmonie, travail en équipe, engagement, écoute, dialogue, semblent être les moteurs de la commu-nauté éducative du collège Jeanne-d’Arc - Saint-Aspais de Fontainebleau.

Mobilisés. Autour de Gilbert Gafah, conseiller principal d’éducation, quelques-uns des animateurs-éducateurs qu’il a formés. Degauche à droite : Sandrine Journoud, Isabelle Liniger, François Hude et Johanna Blondy.

C’est d’abord à des petits riens quifont signe dans le quotidien quel’on repère qu’une communau-té éducative existe. À ces bureauxpartagés entre profs, où les rires

fusent, où les idées et les projets s’échan-gent. À cette confiance mutuelle qui existeentre tous du début à la fin de la chaîne

D.R

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N° 296, SEPTEMBRE 2005 Enseignement catholique actualités 27

cative, dans ce collège, donne-t-elle le sen-timent d’avoir un sens, une réalité ? Com-ment a-t-elle émergé ? Quels en sont lespoints forts ? Comment les liens se sont-ilscréés ? « Notre communauté éducative s’estconstruite à travers l’histoire de l’établissement,font remarquer deux vieilles routières ducollège, Helen Bocquet, responsable desclasses « Dickens » et « Shakespeare » –classes « d’anglais + » – , et Dominique Ma-zoyer. La fusion des deux établissementsqu’étaient Jeanne-d’Arc et Saint-Aspais n’a pasété simple. Les difficultés ont soudé la majoritéd’entre nous. Nous n’avons pas hésité non plus àremettre en cause nos pratiques éducatives et cer-tains de nos comportements. Mais rien n’est ja-mais définitivement acquis. Restent les “résis-tants” qui n’entendent pas ces nécessités. Qui necomprennent pas non plus vraiment ce besoin decohésion, de cohérence. »

« Cohérence d’autant plus fondamentale dans lemonde d’aujourd’hui pour donner des repèresaux enfants », enchaîne Gilbert Gafah,conseiller principal d’éducation et forma-teur des animateurs-éducateurs, véritablestampons entre l’enseignant, le jeune et lesparents. « Dans ma culture africaine, togolaise,l’éducation est dévolue à l’ensemble des adultes.Ils ont une référence commune qui s’est transmi-se, de génération en génération et est soutenuepar une forme de spiritualité vivante. Dans lesvillages, quand un gamin commet un acte allantà l’encontre du bien de la communauté, toutadulte, quel qu’il soit, lui fera une remarque. Il yva de sa responsabilité et nul n’y trouvera à redi-re ou ne songera à se décharger sur un autre, enestimant que ce n’est pas son rôle. Je me bats icipour cela. C’est beaucoup plus difficile. Dans lacour de récréation, on aura tendance à s’en réfé-rer au surveillant si l’on voit un jeune commettreun impair, fuyant en quelque sorte sa propre res-ponsabilité d’adulte-éducateur. Il y a souvent deshiatus avec les parents. Dans la société actuelle,il y a tellement de contradictions entre l’éducationtelle que nous l’entendons à l’intérieur des mursdu collège et celle de l’extérieur, des familles, sansparler du poids de la rue. Nous nous donnons letemps, en conseil de direction, d’aborder ces diffi-cultés. Cette démarche au quotidien fait partie dela constitution d’une communauté. »

« Ici, je vis une vraie cohérence d’équipe au ni-veau du conseil de direction, confirme Jacque-line Gicquel, directrice adjointe et respon-sable des quatrièmes et des troisièmes.Nous sommes tous et toutes très différents, maisl’harmonie existe. Il y a une vraie reconnaissancedes uns et des autres. Idem avec les animateurs-éducateurs, de vrais piliers de la communauté, etla majorité des enseignants. Il est vrai que j’aime-rais voir des parents plus présents auprès de leursenfants. J’aimerais, qu’en tant qu’adultes, notresouci éducatif soit commun. Je leur rappelle sou-vent que l’on y parviendra s’il y a association deleur vigilance et de la nôtre. » Dans ce collège, les élèves semblent heu-reux. Parce que l’on réagit à ce qu’ils sont,à ce qu’ils font. Parce qu’ils ont toujoursdes adultes à qui parler, dont le discours etles actes sont sans dissonance. « Toujoursmettre des ados face à des ados n’est pas trèsconstructif », reconnaît Jean-François Gaudqui veille à ce que chaque adulte – ensei-gnant, surveillant, mais aussi personnel deservice ou secrétaire – intègre son rôled’éducateur. « L’adulte doit se positionner faceaux enfants. Un exemple : un surveillant face àun jeune ne doit pas tenir le même langage, por-ter le même vêtement. Il doit être repéré en tantque tel, et doit savoir s’opposer. Ce que j’attendsde l’homme d’entretien, c’est qu’il sache dire“non” s’il voit un papier jeté par terre. Chacun, àson niveau, doit pouvoir intervenir, sans pourautant punir, de son propre chef. Il doit en référerà l’équipe de direction. Tout adulte fait partie dela communauté éducative, mais ne peut investirdes champs qu’il ne saura prendre en charge. » Même écho chez Gilbert Gafah : « Un sur-veillant ne pourra sanctionner qu’après concer-

tation avec l’équipe de direction. Ce sera alors àlui de donner la punition. Ce qui lui donne unevraie responsabilité en l’incluant dans cette com-munauté. »

Une mentalitéÀ Jeanne-d’Arc – Saint-Aspais, l’objectif estbien de mettre l’enfant au centre du projetpédagogique. Et ce n’est pas un vain mot,une expression en l’air. « L’élève est vraimentnotre préoccupation à tous, reconnaît AudreyParein, la toute jeune secrétaire de direc-tion, 24 ans. J’ai vu des profs, même après tren-te années d’enseignement, se remettre en questionface à un élève qui leur disait : “Je ne suis pasd’accord.” Quand un jeune a des difficultés, etqu’on ne peut le garder, on ne dit pas : “Tantmieux, il s’en va.” Non, on s’inquiète : “Queva-t-il devenir ?” » Mettre l’enfant au centre, cela signifieaussi s’intéresser aux plus démunis.« C’est une mentalité, chez nous, qui a déter-miné nos choix, commente Gilbert Gafah.Ce n’est pas pour rien que nous avons mis enplace le tutorat, l’AES. N’est-ce pas ce qui faitle fil rouge de notre établissement depuis desannées ? » Les commissions alternativesau conseil de discipline n’ont-elles pasété instituées dans le même but ? Toutcomme les formations régulières aux-quelles beaucoup adhèrent, avec tou-jours pour objectif, précise JacquelineGicquel, « de renforcer la cohérence de lacommunauté ».

ÉLISABETH DU CLOSEL

1. Adresse : 1 rue Saint-Merry, 77300 Fontainebleau.

IL N’Y A PAS SI LONGTEMPS…➤Un samedi après-midi du printemps 2005, dans une rue d’une de nos grandes villes, un gar-

çon d’une dizaine d’années se voit demander poliment mais fermement par une passantequinquagénaire de ramasser le sac de bonbons vide qu’il vient de jeter par terre. Le signe qu’il luiadresse en guise de réponse vaut tous les mots pas très jolis à entendre… Rapprochée des proposde Gilbert Gafah (cf. notre article), soulignant que « dans [la] culture africaine […], l’éducation estdévolue à l’ensemble des adultes », cette anecdote rappelle qu’il n’y a pas si longtemps, il en allaitde même chez nous. Et certains s’en souviennent. Le cinéaste Manuel Poirier, par exemple, qui faitdire à l’un des personnages de son film Les femmes ou les enfants d’abord (2002) : « Les enfants,les engueulades, ils en ont besoin. Et puis, hein, que ça soit les tiens ou les miens, ça se distribuepareil, je fais pas de différence. » Ou encore le philosophe Fred Poché qui écrit dans Témoignagechrétien* : « […] lorsque les adultes se posent comme éducateurs auprès de jeunes qu’ils ne connais-sent pas nécessairement, […] ils travaillent à construire une plus grande sécurité. » Et si cette belle idée circulait au point de faire de la communauté humaine une immense com-munauté éducative ? RT

* N° 3163 du 30 juin 2005, p. 11.

Mettre l’enfant au centre du projet pédagogique, c’est aussi s’intéresser

aux plus démunis.

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28 Enseignement catholique actualités N° 296, SEPTEMBRE 2005

Que signifie «Faire communauté éducative»?Michel Carletti : On est « communauté édu-cative » quand chacun a conscience que lesactes posés, les paroles prononcées, lescomportements affichés sont partie pre-nante de ce qui se joue dans l’établisse-ment. Prenons le personnel d’entretien.

La femme de ménage est bien placée pourvoir comment fonctionne une classe. Ellejauge en un coup d’œil l’état des lieux – pa-piers jonchant le sol, graffitis sur lestables… Elle peut, dès lors, renvoyer auxprofs une image de ce qui se passe dans laclasse. Les profs s’interrogeront et renver-ront cela à la vie scolaire qui le transmettraau directeur. À travers cet exemple, onpeut faire prendre conscience aux jeunesqu’ils participent également à leur éduca-tion. Toute la chaîne éducative est ainsiconcernée.

Le « principe de parité » (chacun est éducateur,dans sa fonction, à sa place) est-il évident?M. C. : C’est fondamental, mais pas toujoursévident. Car il y a des « forces adverses », lesintérêts de chacun. Pour un prof, être payépour donner son cours et s’en aller, parexemple ! En outre, la prise de consciencene suffit pas. Il faut un objectif, savoir ce versquoi l’on tend, et que tout le monde y adhè-re. Il existe une forme d’utopie, d’idéal, quinous porte. Pour paraphraser Thomas More : « Il y a quelque chose ailleurs que nousvoulons atteindre ».

Une communauté se réfère à un projet qui ladépasse, « transcendantal » en quelque sorte.Comment est-ce ressenti ? M. C. : Il est plus difficile qu’autrefois demarquer cette transcendance. Les publicssont différents, peu de personnes sont vrai-ment attachées à cet aspect, tout en sentantqu’il serait nécessaire. C’est dans la manièredont on vivra nos propres conflits, dont onrésoudra les problèmes, dont on prendraen compte les personnes que la transcen-dance se fera jour.

Quand cela est-il particulièrement percep-tible ?M. C. : Quand des difficultés surgissent – unenfant dont on ne sait plus que faire, parexemple. S’il n’y a plus d’autre possibilitéque l’exclusion, il faut avant tout l’écouter,lui demander s’il a conscience de la difficul-té qu’il pose ; voir le prof, les parents. Ne ja-mais rompre le dialogue, ne pas rester dansle conflit qui est toujours une agression, unevoie mortifère. C’est la « parole aimante », le« regard bienveillant » qui permettent d’ensortir, quelle que soit l’issue. Ce qui fait com-munauté éducative dans les actes, c’est cettepermanence du contact, du dialogue, del’écoute. C’est plus dans la manière dont onfait face aux difficultés que dans la facilité,

lorsque tout marche bien, que l’on ressentqu’il y a « communauté éducative ». « Je nesuis pas venu appeler les justes, mais les pécheurs,à la conversion2. » Souvenons-nous de cela.C’est au chef d’établissement de constam-ment le rappeler.

Comment se passe le partenariat éducatifavec les parents ?M. C. : C’est assez difficile. Dans le premierdegré, à l’initiative d’une institutrice de peti-te section de maternelle et de l’Apel3, nousavons réussi à faire financer une rencontrerégulière, tout au long de l’année, avec unepsychologue, pour échanger sur des pro-blèmes d’éducation des petits enfants. Nousvoudrions étendre ces réunions. Mais nousnous heurtons à des réticences, car elles ontlieu hors du temps scolaire pour que les pa-rents puissent être présents.

« Améliorer les relations entre les parents etles enseignants en mettant au point une char-te définissant les rôles respectifs de chacun enmatière d’instruction et d’éducation » est unde vos engagements. Où en êtes-vous ?M. C. : J’ai senti une équivoque dans la ré-daction de cet engagement. Pour certainsenseignants, cela signifie poser des limitesaux parents. D’autres souhaitent, aucontraire, faire un pas vers eux. Ils visentune « école des parents » qui permettraitd’aborder les problèmes concrets : aide autravail du soir, utilisation d’internet, soucisd’ordre psychologique… Mais on se heurtetoujours à la question du temps, de la dispo-nibilité des uns et des autres. Je suis réaliste :tant que l’on n’obligera pas l’enseignant àadmettre qu’il doit se libérer parfois le soir,on n’avancera pas beaucoup. Mais com-ment l’exiger ? C’est très complexe.

Aura-t-il fallu attendre les assises pourprendre conscience de la nécessité de cette« communauté éducative » ?M. C. : Non, les gens en ont toujours euconscience. Mais une communauté éducati-ve est un peu à l’image d’une famille. S’iln’existe pas des temps symboliques pour ré-unir chacun des membres, elle se délite. Lesassises, bien que voulues par le Sgec4, ontvraiment proposé que la parole vienne« d’en bas ». C’est remarquable.

PROPOS RECUEILLIS PARÉLISABETH DU CLOSEL

1. Adresse : 4 rue des Écoles, 13870 Rognonas.2. Luc, 5,32.3. Association des parents d’élèves de l’enseignement libre.4. Secrétariat général de l’enseignement catholique.

Dossier/Devenir ensemble

Une chaîne de transmission

Rencontre avec Michel Carletti, directeur du collège Alpilles-Durance1,à Rognonas (Bouches-du-Rhône).

« Une communauté éducative est un peu à l’image d’une famille. »

D.R

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Une communauté ancréedans un idéal partagé

La journée du 3 décembre 2004 a mis en lumière la belle formule de « communauté éducative ». Nous devons y voir à la fois une continuité et un approfondissement. Continuité, car est réaffirmé ainsi un principe d’action fondamental : l’on ne peut construire du changement qu’en travaillant dans la proximité, c’est à portée de voix et d’échanges, au sein de l’établissement que se gagnent les évolutions positives de la relation éducative. Approfondissement, car parler de« communauté éducative » c’est insister sur ce qui constitue, au sens le plus fort du terme, l’établissement, l’ensemble des personnes qui le font vivre.

Les années qui viennent de s’écouleront, dans notre pays, été marquéespar un curieux débat pour savoirqui l’on devait placer « au cœur dusystème » : l’élève, nous disait la loi

d’orientation de 1989, entraînant parfoisincompréhension ou contestation. Le pèreLamotte dans son guide de l’action pastora-le – guide qui a gardé toute son actualité –nous rappelle que « [la] déclaration Gravissi-mum educationis marque un tournant décisifdans l’histoire de l’école catholique : le passage del’école-institution à l’école-communauté […]. Fontpartie de l’école-communauté tous ceux qui y sontdirectement impliqués : les enseignants, le person-nel de direction, d’administration, les auxiliaires, lesparents qui sont les acteurs principaux en tant qu’édu-cateurs naturels et irremplaçables de leurs enfantset les élèves, participants et responsables comme vraisprotagonistes et sujets du processus éducatif1 ».

Les engagements pris en décembre 2004ont souvent mis en lumière l’importance etles difficultés du vivre ensemble. Il n’est pasrare que l’on ait eu l’heureuse surprised’entendre des voix que l’on n’entend pasou trop peu ordinairement. De l’aveu debeaucoup, cette rupture, ce temps de pau-se, cette respiration dans la vie de l’établisse-ment a conduit à une écoute mutuelle qui apermis que des personnels de service, desadministratifs, des élèves, des parents, desenseignants éprouvent enfin le sentimentqu’ils « comptaient » et que malgré lescontraintes de fonctionnement, la chargede travail, le cloisonnement des tâches, ilspouvaient avoir leur place dans ce qui nedemandait alors qu’à devenir non pas seu-lement un établissement scolaire mais une

communauté. À l’évidence, le défi est enco-re à relever et nous occupera de longues an-nées. Mais une prise de conscience fortes’est dessinée. Les témoignages recueillisdans ce dossier l’illustrent avec force.Si l’on ne veut pas que cette prise deconscience, riche d’avenir, entraîne décep-tions et désillusions, il nous faut peut-êtrerassembler ici quelques premières « idéessimples » pour faire de cette notion de« communauté éducative » un outil d’action.

L’acceptation de la confrontation des points de vue, voire du conflit, desaspirations, des engagements, des actions,est l’un des ferments de la communauté.Le danger n’est pas mince de réduire l’idéede communauté à une sorte de conceptmou, fusionnel, de consensus, d’acceptationd’un plus petit dénominateur commun sus-ceptible d’assurer une artificielle paix inter-ne. Si la déclaration romaine, rappelée plushaut, insiste avec force et précision sur lacomposition de la communauté éducativeet y accueille tous les acteurs de l’établisse-ment scolaire, c’est aussi une façon de nousrappeler que ce qui fonde la communauté

ce n’est pas la ressemblance, mais la diversi-té et la différence. Le chef d’établissement,garant de cette communauté, porte la res-ponsabilité, souvent lourde et difficile, detrouver les moyens de l’expression de cesdifférences. C’est bien ce que nous avons vé-cu le 3 décembre dernier et qu’il nous fautvivre régulièrement pour permettre la viede cette communauté. Là encore, le pèreLamotte nous guide avec lucidité : « [Parlerde communauté] ce n’est pas […] parler entermes d’unanimité ; on confond souvent commu-nauté chrétienne et fusion : “tout le monde il estbeau, il est gentil”, comme un retour dans le nidchaud et préservé du sein maternel. Parler de com-munauté chrétienne, c’est envisager aussi des op-tions différentes et des confrontations même vives.La communauté est alors un lieu de parole libre,de discernement et de réconciliations en vue[d’une] mission […]2. »

La communauté n’est pas une cellulefermée, repliée sur elle-même, elle n’existeque parce qu’elle reçoit une mission qui l’interpelle et l’oriente. Il arrive que dans son histoire, un établisse-ment ait la tentation de vivre en autarcie,

Il nous faut, dans un premiertemps, postuler une radicale

égalité entre tous les membres de la communauté éducative.

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largement de notre capacité à nous sentirporteurs en solidarité du projet qui est lenôtre.

La communauté éducative ne peut avoir de réalité sans la prise en compte de chacunde ses membres en tant que personne. Nous l’avons déjà souligné, c’est l’un des en-seignements les plus forts des prises de pa-role multiples lors de la journée des com-

munautés éducatives du 3 décembre 2004.Le sentiment d’être insuffisamment pris encompte, reconnu, valorisé dans la vie quoti-dienne est très largement partagé. Symptô-me social, phénomène de société, sansl’ombre d’un doute, cette alerte nous amè-ne à sortir de mauvaises habitudes, assuré-ment, mais aussi à lever des malentendus et,osons le dire, des idées fausses. Il nous faut,dans un premier temps, postuler une radi-cale égalité entre tous les membres de lacommunauté éducative : on ne peut êtrepartie prenante de celle-ci sans voir sa placeet sa parole reconnues et prises en compte.Radicalement. Et sans compromis. Le défi-cit en la matière est souvent considérable.Mais dire cela, si l’on ne veut pas sombrerdans la démagogie et être paralysé par desconfusions redoutables, c’est dire aussi, etdans le même temps, que la communautén’est pas qu’« horizontale ». Il est urgent quel’on donne davantage la parole aux élèves,qu’on les écoute sans crainte et avec atten-tion, certes… à condition qu’on ne leur fassepas croire que l’on renonce en le faisant à cequi fonde la relation éducative : la dissymé-trie entre celui qui éduque et celui ou cellequ’on éduque. On pourrait parler dans lamême logique de la relation entre les pa-rents et les enseignants, entre les différentescatégories de personnel. Faire des membresde la communauté éducative des per-sonnes, c’est ouvrir, comme nous y invite

30 Enseignement catholique actualités N° 296, SEPTEMBRE 2005

d’être à lui-même sa propre référence. Onobserve ainsi des dérives qui pourraient, sil’on n’y prenait garde, dessiner un ensei-gnement catholique constitué par une col-lection d’établissements vivant loin des ra-cines pastorales, éducatives et anthropolo-giques qui, seules, donnent sens à son pro-jet. Notamment depuis le texte « Donnerdu sens à l’école3 », l’enseignement catho-lique par le biais du mouvement des assisesn’a de cesse de revivifier, derendre lisibles, tangibles lesfondements de son projetd’éducation. Insister sur notreattachement à l’idée de com-munauté éducative, c’est mili-ter pour l’inscription, l’ancra-ge, l’enracinement solidairesde tous les établissements,dans leur diversité qu’il nes’agit pas de réduire, dans cet-te œuvre commune.La communauté n’est pas pre-mière, c’est le projet qui la fon-de. Il n’y a pas de communautésans un point d’ancrage exté-rieur. « Ce sont les personnes rassemblées en fonc-tion d’un projet qui donnent sens et signification àl’institution4. »

La communauté éducative est d’abord un idéal, une visée. Elle repose sur une conception forte de l’exercice de la responsabilité et de la solidarité.Responsabilité. Passer de l’idée d’établisse-ment à l’idée de communauté, c’est refuserde faire de celui-ci un simple maillon admi-nistratif ou de gestion. C’est refuser uneconception du pilotage institutionnel pure-ment vertical, descendant, hiérarchique,dans le mauvais sens du terme. C’est aucontraire dire que la communauté se fondesur une interpellation, un appel à l’exercicede l’initiative, de l’imagination et de la res-ponsabilité de chacun.Solidarité. On ose à peine employer le ter-me tant il est galvaudé, il est pourtantd’une actualité aiguë pour l’enseignementcatholique. L’engagement national, « Ris-quer la communauté éducative », pris à lasuite de ceux des communautés éducativeset de ceux des diocèses, en témoigne, s’il lefallait. Encore faut-il s’entendre : « […] lasolidarité n’est […] pas un sentiment de compas-sion vague […]. Au contraire, c’est la détermina-tion ferme et persévérante de travailler pour lebien commun, c’est-à-dire pour le bien de tous etde chacun, parce que nous sommes vraiment res-ponsables de tous5. » Notre avenir dépend

Dossier/Devenir ensemble

ET SI… ➤Et si chaque communauté éducative

avait à participer à la construction et àl’écriture de l’histoire de la confiance humai-ne ? Avoir confiance en l’autre et en soi, accep-ter la confiance de l’autre, donner confianceà chacun, se confier… sont-elles des attitudesexceptionnelles ou des attitudes à vivre jouraprès jour à l’école, en montrant que celle-ciest bien un lieu qui permet à chaque person-ne de grandir quelles que soient sa place et safonction ? GDR

Paul Malartre, secrétaire général de l’en-seignement catholique, un espace deconfiance dans lequel nous postulons quechacun peut exercer la responsabilité de satâche, de son engagement, de son travail.Mais si l’on veut éviter l’angélisme et l’inef-ficacité, nous savons que la confiance seconstruit. Il n’y a pas d’exercice de la res-ponsabilité sans la possibilité de rendrecompte de son action. Considérer chacun

comme une personne pourfaire vivre la communauté estalors le contraire du laxismeou de la démission mais nousconduit à la plus haute exi-gence. Exigence mutuelle, etrisquons ce mot un peu passéde mode, bienveillante. Êtrepris en compte en tant quepersonne advient avec uneforce particulière quand l’onse sent regardé, au sens litté-ral, « veillé » – c’est-à-dire prisen compte et mis en sécurité –avec un a priori positif. Labienveillance n’est-elle pas un

repère cardinal et bien difficile à vivre, tantde la relation éducative que de la vie com-mune ?Frère Roger, le fondateur de la communau-té de Taizé, avait l’habitude de le dire : « Laconfiance est au début de tout. » Acte d’espéran-ce, volonté lucide de ne pas renoncer à cequi fait sens et permet à chacun de grandiren humanité.

CHRISTIANE DURAND, YVES MARIANI

1. « Dimension religieuse de l’éducation dans l’école catho-lique », § 31 et 32. Congrégation pour l’école catholique, Ro-me, 1988. Cité par Paul Lamotte, Guide pastoral de l’ensei-gnement catholique, Droguet-Ardant, 1989.2. Paul Lamotte, op. cit.3. Enseignement catholique documents n° 195 (septembre 1994).4. Paul Lamotte, op. cit.5. Jean-Paul II, Sollicitudo rei socialis, § 38.

NOM DE L’ÉTABLISSEMENTÉcole et collège Fénelon,

ADRESSEBéziers (Hérault)

Changer le nom de la« salle des professeurs »pour la baptiser « salle de la communautééducative » avec tout ceque cela implique…

De l’idée à l’action. L’un des nombreux engagements pris le 3 décembre 2004.

Page 31: enEurope Culture e Enseignementcatholique

Relier

enseignement

et

fait religieux

Hors sérieEnseignement catholiqueEnseignement catholiqueACTUALITÉS

www.scolanet.org

Mars 2005 - 10 e

Intégrer le fait religieux

Une problématique

Situer le fait religieux

Des réflexions

Prendre en compte le fait

religieux dans les disciplines

Des approches

S’approprier

le fait religieuxDes outils

« Ni une mode ni une matière

à option ! »

RELIER ENSEIGNEMENT L’exemplaire : 10 €ET FAIT RELIGIEUX 8 € à partir de 5 exemplaires

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Page 32: enEurope Culture e Enseignementcatholique

PROPOS RECUEILLIS PAR ROLANDE HATEM2

Quand un élève a envie de se confier, je rencontre deuxcas de figure. Il y a celui qui demande s’il peut parler :il entend alors par là me voir sans personne. Et puis ily a celui qui n’arrive pas à dire qu’il a besoin de parler.Derrière une demande banale, je comprends qu’il s’en

cache une autre. Je prends alors les devants. Je ferme la porte der-rière lui, et le jeune comprend qu’on est deux, qu’il peut parler.Mais parfois l’élève n’est pas demandeur. Il ne vient pas me voir, ilne souhaite pas me rencontrer. L’information, je l’ai eue pard’autres. Je ne peux ignorer ce que j’ai appris. Dans de pareils cas,je convoque l’élève. Je m’arrange pour qu’il n’y ait personne. J’agisde la sorte en cas de problème de drogue, par exemple. Quand unélève me dit : « Je voudrais que ça reste entre nous », je lui réponds : « Çane sortira pas d’ici, sous réserve de ce que cela implique. » Par exemple,quand il s’agit de maltraitance, je ne peux pas garder ça pour moi.Cela dépend bien sûr de la gravité de la situation, mais pour la per-sonne qui se confie, il n’y a pas de hiérarchie. Pour la personne qui

se confie, le problème qu’elle vit est toujours grave.Les élèves me racontent

aussi des histoires deleur vie de tous les

jours : « J’aime cegarçon ; il ne

m’aime pas » ;« J’en ai ras le

bol de l’école, rasle bol de tel prof ! » ;

« Je me suis disputée avecma mère ». Cette élève pleu-

rait. Elle est arrivée à 8 h 30. Je l’aicalmée et renvoyée en classe.

Ils me confient leurs histoires de cœur et d’amitié.

32 Enseignement catholique actualités N° 296, SEPTEMBRE 2005

Elles concernent l’internat, les cours. C’est souvent un manque deconfiance en eux. Ils ne savent que faire de ce manque de confian-ce, à qui en parler... Ils se sentent en échec. La maison leurmanque. C’est comme si, un jour, les parents ne rentraient pas etque l’enfant se retrouvait seul parmi des inconnus. L’angoisse estalors lourde à supporter. Quand ils en parlent, elle leur semblemoins pesante. Ce sont aussi des histoires de sexualité : des infor-mations sur la pilule, la prise de risque... Dans les cas d’abus sexuel,de grossesse, je fais appel à d’autres professionnels. Je suis l’inter-médiaire qui l’apprend à la famille. Un problème d’abus sexuel aeu lieu il y a quelques années. J’ai fait intervenir le médecin scolai-re. C’est lui qui décide du signalement à la justice.Les élèves racontent parfois des bêtises qu’ils ont faites, des pro-blèmes de vol, par exemple. Ils ont volé, ils regrettent. Je ne gardepas ce genre de problèmes pour moi. Avec l’accord de l’élève,j’avertis tel ou tel responsable.C’est la confiance qui fait qu’ils viennent me parler. C’est moins di-rect quand ça passe par moi. Je sers de médiatrice. Ils ont le senti-ment que je les soutiens et les comprends. L’infirmerie est un lieu àpart. Et je suis moi aussi une personne à part pour diverses raisons.Je ne reflète aucune discipline scolaire. Je ne suis pas dans la vie ducollège, c’est-à-dire dans la classe. Je ne suis pas dans ce qu’ils vi-vent en cours de journée. Ici, ils sont à l’abri du regard des autres,des camarades, des professeurs, des cadres éducatifs. Le regard decertains de leurs camarades est très lourd à supporter, à vivre. C’estaussi parce que l’image de l’infirmière est, pour eux, celle d’unepersonne qui est là pour rassurer. Elle est celle qui tempère leschoses. J’entends parfois ce genre de discours : « Je viens ici parce queje vais péter les plombs. Sinon, je vais taper sur... » Ils ont la notion du se-cret médical. Voilà pourquoi je les mets en garde quand ils seconfient. Quand un élève arrive, j’ai une relation individuelle avec lui, unerelation de personne à personne. Je ne connais pas ses résultatsscolaires. Je ne m’y intéresse pas. Je ne fais pas attention à ce qu’il y

paroles et confidences

« L’infirmerie est un lieu à part »

Françoise1 est infirmière dans un établissement catholique de près de 600 élèves, doté d’un internat.Elle assure une permanence à temps plein dans la journée, avec un médecin présent à certaines heures.Témoignage.

« Quand un élève vient me dire qu’un autre vend

du cannabis, même s’il ne veut pas que je passe l’information,

s’il le dit, c’est parce qu’il veut que cela se sache. »

D.R

.

Page 33: enEurope Culture e Enseignementcatholique

N° 296, SEPTEMBRE 2005 Enseignement catholique actualités 33

J’essaie de fai-re confiance. Je

cherche à faire monboulot de conseillère de santé.

Je regrette qu’il n’y ait pas de for-mation à la fonction d’infirmière sco-

laire. Dans le public, cette formationexiste. Les infirmières y ont des temps de ren-

contre programmés : elles discutent de leurs difficultés... Moncomportement avec les élèves ne m’est pas venu naturellement.C’est une de mes collègues qui m’a donné l’info sur la manière defaire un signalement. Et je me suis formée toute seule au coup parcoup... Je serais curieuse de connaître le vécu d’autres collègues.Je me sens seule. On est lâché sur le terrain et on s’adapte au fur età mesure. Je fais ça avec ma conscience. Parfois, je me demande si

je rends suffisamment compte des situationsexposées. Je n’ai pas de recul. Je peuxm’adresser au médecin, c’est la seule

personne qui me soutienne. Aveclui, je sais que je peux tout dire.(Une semaine après l’entretien,Françoise a ainsi commenté,

après les avoir relus, les proposqu’elle avait tenus : « Je suis très émue.

C’est exactement ce qui se vit au quotidien àl’infirmerie, ce sont exactement les problèmes que

je me pose. C’est comme un miroir de mes journées.Voir ainsi, pour la première fois, les questions que je me pose

par écrit m’aide à être moins “collée” à tout ce qui se déroule ici au jourle jour. ») ■

1. Le prénom a été changé.2. Entretien mené dans le cadre d’une recherche dirigée par Pierre Robitaille pour l’Asso-ciation pour la formation, l’animation et la recherche dans l’enseignement catholique (Afa-rec) : « Savoir se taire ou la confidentialité dans l’enseignement et la formation profes-sionnelle », 2004.3. Protection maternelle et infantile.

a autour, à l’ex-tér ieur.Comme

c’est unerelation in-

d iv idue l l e ,l’élève le plus ter-

rible dans la courpeut être un agneau ici.

Je considère commeconfidentiel ce qui ne concerne

que l’élève et n’a pas d’incidence sur lascolarité. Et puis aussi ce qui n’im-

plique personne d’autre. Quand j’ail’impression que mon conseil suffit, je

n’en parle pas à l’extérieur. Des problèmes entre co-pains, par exemple.Dans les affaires de racket, les élèves ne parlent pasde racket, mais plutôt de pression qu’ils vivent.Au lieu de « Tu veux bien me prêter ? », ce sera « Tuas intérêt à me donner ton truc ! » Ils craignent lesreprésailles. J’en parle alors aux respon-sables. Quand un élève a de gros soucis desanté, je le dis au professeur principal. Jene donne pas forcément de détails. Jedis seulement que l’élève est dans unemauvaise passe. Il y a des choses que jetransmets sans le dire à l’élève, peut-être parce que je ne pense pas au momentmême à le lui dire. Quand un élève se sentpersécuté par un maître d’internat parexemple, ça je le fais sortir. J’expose les problèmes quand je pense que je peux changer leschoses, être l’intermédiaire. Je vais voir la personne concernéepour éviter que l’information soit connue par tous. Quand c’estquelque chose de grave, je le passe à d’autres, mais en ayant, aupréalable, demandé son accord à l’élève. J’hésite parfois à faire part de la confidence que je reçois. Quand,par exemple, l’élève demande : « Surtout, vous ne dites rien ! » Quandc’est un problème relationnel avec un adulte, j’hésite toujours. Cequi me fait hésiter aussi, c’est quand j’ai peur que l’élève se sentetrahi. Si j’en parle au directeur, il va forcément convoquer l’élève,et cela me gêne. Il est arrivé qu’un élève se sente trahi. Ainsi quandun élève vient me dire qu’un autre vend du cannabis, même s’il neveut pas que je passe l’information, s’il le dit, c’est parce qu’il veutque cela se sache. Dans certaines situations, je suis comme coincée.Lorsqu’une jeune fille ayant eu, par exemple, un rapport sexuelnon protégé veut être prise en charge, je n’ai pas de moyens de sui-vi. J’aimerais pouvoir être sûre que l’élève ne se retrouve pas seule.Mais à la PMI3, personne ne la connaît. Ses parents ne sont pas aucourant. Je prends moi-même le rendez-vous, mais ce qui se passeaprès m’échappe.Ce qui va compter, ce sera ma capacité à persuader l’élève de bienaccepter que je fasse part de la confidence qu’il m’a faite. Je re-cherche ce qui peut améliorer le contact, le lien. Parfois, je ne saispas avec qui partager, qui faire intervenir. Mais quand j’hésite, celafinit toujours par sortir. En fait, j’essaie de les rendre acteurs : s’ilsont un problème, une difficulté, je fais en sorte qu’ils prennent encharge leur difficulté. Je suis respectueuse de ce qu’ils décident.

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UNE NOUVELLE RUBRIQUE ! ➤La solitude est un sentiment partagé par de nombreux acteurs de

la communauté éducative. Ce constat, fait dans plusieurs dio-cèses, fut une des surprises des dernières assises de l’enseignement catho-lique. Pour un chef d’établissement, un enseignant, un cadre éducatif,un animateur en pastorale scolaire, un psychologue ou une infirmière,il n’est pas toujours facile d’échanger avec ses collègues sur ce qui poseproblème dans l’exercice de son métier. Pas facile non plus pour lesparents de parler aux enseignants. Pudeur ? Peur d’être jugé ? Manqued’écoute de ses pairs et de la hiérarchie ? Problème d’organisation ? Lesraisons peuvent être nombreuses, et sans doute chaque établissementdoit-il réinterroger ses pratiques. Plus modestement, Enseignement catho-lique actualités se propose, avec cette nouvelle rubrique, de contribuerà rompre cette solitude. « Paroles et confidences », ce sont deux pagespour dire ses raisons d’espérer et ses souffrances, ce qui mérite d’être suou ce qui doit changer. Vous voulez nous parler de votre métier, n’hési-tez pas nous contacter. ■

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34 Enseignement catholique actualités N° 296, SEPTEMBRE 2005

Initiatives / collège

pédagogie sur mesure, le tout eneffectif restreint, douze enfantscomposant chaque groupe. Chris-tiane Faugère, professeur demathématiques de la 6e B2 – la« seconde » année des sixièmesdyslexiques – évoque les débutsde ce qui est aujourd’hui l’unedes expériences les plus étendueset les plus anciennes en la matiè-

re dans l’enseignement catho-lique : « La classe existe depuis vingtans, mais à ses débuts, elle ne com-portait qu’une année. À l’époque, iln’y avait pas de formation spécifiquepour les enseignants, les équipes quiencadraient ces classes se constituaientsur le principe du volontariat, aidéesseulement par un médecin phoniatre,ami personnel du directeur alors en

poste. Je me souviens que ce mêmemédecin avait fait un bilan sur deuxans de l’ensemble de nos élèves de sixiè-me, qui lui avait permis de détecterquinze enfants dyslexiques au lieu destrois officiellement recensés. » Le pro-jet d’accueil de ces élèves a pro-gressivement pris forme. L’internatproposé par Saint-Joseph a per-mis à des enfants venus des quatrecoins du Massif central de trou-ver enfin un établissement quiprenne en compte leurs difficul-tés, la seconde classe y a été ajou-tée en 1987.

Saint-Joseph compte parmi lesmembres fondateurs de laFEED2 et est impliqué dans desréseaux d’équipes éducativestravaillant sur la dyslexie. C’esten participant à une journéede formation de l’associationCoridys, consacrée à la dys-lexie, qu’Arnaud Patural, di-recteur du collège, a rencontréGilles Vessière, directeur de lapetite entreprise L&T.I (pour

L’informatique marque un point sur la dyslexie

Aider et stimuler les élèves dyslexiques comptent parmi les ambitions d’un logiciel en cours d’expérimentation dans deux classes de sixième d’un collège du Puy-de-Dôme.

Récit de cette aventure qui pourrait ouvrir de belles perspectives.

Les enfants semblent

même vivre cetteexpérience

comme un privilège.Conquis. Un casque, un micro et quelques branchements aident à trouver le goût de lire et le plaisir d’écrire.

SOPHIE BIZOUARD

Au collège Saint-Jose-ph, à Saint-Saturnin1

(Puy-de-Dôme), deuxclasses de sixième sontréservées à l’accueil des

enfants dyslexiques. Deux classes,car la sixième s’y fait sur deuxans : les élèves y progressent àleur rythme et y bénéficient d’une

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Page 35: enEurope Culture e Enseignementcatholique

N° 296, SEPTEMBRE 2005 Enseignement catholique actualités 35

« Langue et Technologie Ingé-nierie »), implantée sur la pla-te-forme technologique del’Isima3, une école d’ingénieursdu campus Blaise-Pascal à Cler-mont-Ferrand. En septembre2004, ils posaient ensemble lesbases d’un partenariat, afin deproposer un nouveau disposi-tif d’aide aux sixièmes dys-lexiques : une adaptation du logiciel Dragon Naturally Spea-king4 – un nom plein de pro-messes pour ces élèves – recon-figuré pour leur usage. Saint-Joseph est ainsi devenu établis-sement pilote, et cette expéri-mentation, prévue pour êtrepoursuivie durant deux ans, adéjà commencé à porter sesfruits.Depuis les débuts de cette aven-ture, Gilles Vessière vient régu-lièrement à la rencontre descollégiens. Il leur enseigne lesrudiments nécessaires à l’utili-sation de « son » Dragon, obser-ve leur approche de l’outil, re-cense leurs difficultés et, au furet à mesure que leurs besoins seprécisent, s’en inspire pour ré-ajuster les fonctionnalités dulogiciel. Ce dernier, « dans saprésentation ou ses textes, n’est pasencore complètement adapté auxenfants, convient-il. Or, la péda-gogie est un élément fondamentaldans notre démarche. »

Touche ludiqueÉquipés d’un ordinateur por-table – dont nous parleronsplus loin – sur lequel ils bran-chent leur micro-casque, lesenfants s’amusent, et se ren-dent très vite compte des ser-vices que la machine va pou-voir leur rendre : afficher sousleur dictée – par le biais de lareconnaissance vocale – desmots et des phrases sans fauteset bien formés, corrigeant ain-si leur orthographe et leursyntaxe, ou décomposer letexte en « tables de lecture »pour en donner une présenta-tion plus visuelle et aider à sacompréhension. Ils naviguent

et choisissent les différentesoptions au moyen d’une barred’outils visuelle et intuitive,spécialement conçue à leur in-tention.Pour le directeur de Saint-Joseph, le but de l’opération nedoit pas se résumer à « donnerun outil aux élèves ». Il s’agit plu-tôt d’un « accompagnement », et,si l’outil doit prendre sa place,« tout ne doit pas reposer dessus »,réaffirme Gilles Vessière. Cettephase expérimentale a déjàpermis de dessiner de nou-velles voies de développementdu logiciel : « Nous travaillons surdes projets de résumés automatiquesdestinés aux enfants qui ont du malà comprendre le sens d’un texte, ex-plique-t-il. Pour eux, les motsécrits ne font pas sens. Cette fonc-tion se trouvera utile, notammentdans le cadre d’un examen compor-tant un énoncé avec un texte long. » Autre avantage de Dragon : fai-re entendre et réentendre àl’élève sa voix, et notammentses problèmes de transforma-tion des graphèmes en pho-nèmes, ce qui peut l’aider àmieux cerner ses difficultés.Gênes liées aux sons, à l’écritu-re, au découpage des mots :l’outil développé par L&T.I ap-porte des réponses à différentssymptômes de la dyslexie.Après quelques mois seule-ment, il a commencé à faire sespreuves et a conquis ses jeunesutilisateurs. Les enfants sem-blent même vivre cette expé-rience comme un privilège. Ilssont fiers. Ils perçoivent encorel’informatique comme un ac-cessoire de leurs loisirs. Cettetouche ludique contribue à dé-dramatiser leur handicap, tan-dis que le logiciel en lui-mêmeaide à le surmonter.Dans les premiers temps del’expérimentation, les élèvesutilisaient un poste fixe, maisune fois rentrés chez eux, ils setrouvaient plutôt démunis sansleur logiciel devenu familier.La direction de Saint-Joseph aalors décidé de fournir à cha-cun un ordinateur portable :

elle a ainsi permis aux enfantsde conserver leur part d’auto-nomie déjà acquise, d’assurerune continuité dans leurs mé-thodes de travail et de se voirconfier, en plus, la responsabili-té du matériel. Un investisse-ment de poids (cf. encadré)mais nécessaire pour que lesenfants s’approprient l’outil etparviennent à le maîtriser defaçon optimale.

Essai grandeur natureÉtablissement pilote, le collè-ge devient également centrede formation pédagogiquedurant ces deux années d’ex-périmentation. ChristianeFaugière et Gilles Vessière yproposent des stages, ouvertsà toutes les communautéséducatives, pendant lesquelsils transmettent un savoirthéorique et une pratique enconstante évolution. Les sta-giaires (chefs d’établissement,enseignants, spécialisés ounon, et personnels de mainte-nance informatique) sont ac-cueillis sur place – quatorzed’entre eux avaient pris part àl’une de ces sessions la semai-ne précédant notre venue. Ilsvisitent la structure, décou-vrent le logiciel et l’usagequ’en font les collégiens, puisapprennent à leur tour à lemaîtriser. « C’est une formationqui lie informatique et pédagogiespécifique, insiste Gilles Vessiè-re. On ne peut pas réfléchir àl’utilisation de l’outil informatique

sans l’intégrer dans une pédagogieparticulière. »Arnaud Patural vise dans cet es-sai grandeur nature trois objec-tifs clefs : compenser les difficul-tés des élèves dyslexiques, lessoutenir sur le chemin de l’au-tonomie et développer leur es-time d’eux-mêmes. Ces jeunesont en effet des capacités intel-lectuelles normales, mais leurhandicap (puisque la dyslexieest reconnue comme tel) les pla-ce souvent en situation d’échec.Le directeur du collège dresseun premier bilan : « Nous ensommes aux débuts de notre expéri-mentation, mais nous en ressentonsdéjà les effets très positifs. Avec cetoutil, ces élèves ont “quelque chosede plus” que les autres. Cela créechez eux une sorte d’émulation, aupoint que, chose impensable aupara-vant, certains se sont même mis àécrire un journal intime. » ■

1. Adresse : 13 rue Principale, 63450 Saint-Saturnin. Internet : http://perso.wanadoo.fr/st-joseph-st-saturnin/accueil.html2. Fédération des établissements accueil-lant des enfants dyslexiques. Internet :http://feed.web-fr.net3. Institut supérieur d’information et demodélisation avancée.4. Logiciel de traitement du langage éditépar la société Scansoft.

◗On trouvera une présentation du logi-ciel évoqué dans ces pages, sur inter-

net : www.isima.fr/lti - Pour plus derenseignements : Gilles Vessière, L&T.I,Plate-forme technologique de l’Isima, Cam-pus universitaire des Cézeaux, 63170Aubière. Tél. : 04 73 40 52 01. E-mail : [email protected]

Savoir +

LE COÛT DE L’OPÉRATION➤Pour couvrir les frais d’équipement en machines et logiciels des

deux classes, Arnaud Patural (cf. notre article) a dû engager enpremier lieu le budget du collège : deux tiers ont été à la charge deSaint-Joseph – qui a inscrit l’expérimentation dans son projet d’éta-blissement –, le premier tiers étant couvert par des apports extérieurs.Ses demandes d’aides aux pouvoirs publics sont restées vaines, et seulsquelques partenaires, parmi lesquels l’Office chrétien du handicap oul’entreprise Michelin, voisine, ont contribué à financer ces investisse-ments. Les chiffres d’un tel projet grimpent rapidement : il faut bien comp-ter 2 000 euros par élève et multiplier par… 24. SB

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36 Enseignement catholique actualités N° 296, SEPTEMBRE 2005

Initiatives / collège

d’un constat, raconte Reda, l’undes actifs participants. On trou-vait du chewing-gum partout : dansla cour, sous les tables et les chaises,mais jamais dans les poubelles ! »Cette prise de conscience, ils sontnombreux à l’avoir faite, maispar quel bout prendre le pro-blème ? « Nous ne voulons pas inter-dire le chewing-gum, insisteMathilde, mais sensibiliser les jeunesde notre âge au respect de l’envi-

ronnement. Nous avons donc réagipour les convaincre de ne pas jeterleurs chewing-gums par terre. »Quelques échanges entre cesjeunes porteurs d’idées et uneenseignante, et le projet prendtrès vite corps. Mylène DallaCosta, professeur de technolo-gie, s’associe avec deux col-lègues, Loredana Gilbert, pro-fesseur de français, et ClaudieGodoy-Perez, professeur d’arts

plastiques, pour proposer à laclasse de concevoir et d’organi-ser une campagne de commu-nication. Une initiative qui ré-pond aux directives ministé-rielles sur l’éducation à la ci-toyenneté2 et qui permet, outrel’interdisciplinarité, de faire ac-quérir des compétences trans-versales. Dans cet établissement particu-lièrement ouvert, avec sa sixiè-me « d’adaptation renforcée »,ses sections trilingues et euro-péennes, ses enfants précocesou sa 4e des métiers, le direc-teur, Jean-Victor Le Guern, sai-sit vite la balle au bond car celaentre dans le projet pédago-gique du collège Saint-François-de-Sales : « Rendre l’élève acteur desa pensée. » Lancée en octobre 2004, l’idéese concrétise au fil des semaineset des mois, et la classe lui choisitun nom qui sonne bien : EchoChwing. Le nom et le conceptsont aussitôt déposés à l’INPI3

et un plan de bataille se dessine.« On a conçu le projet comme une vé-ritable entreprise, précise MylèneDalla Costa, afin que tous les élèvesprennent conscience des différentesétapes de sa réalisation. »Premier travail : déterminer lescibles. Sans faire de la sociologie,les élèves connaissent assez bienleurs pairs du collège, pour sa-voir à quels publics ils s’adres-sent. « L’objectif, ajoute encore laprofesseur de technologie, étaitde trouver le langage adéquat, lesmessages les plus pertinents, lesimages les plus persuasives en fonc-tion des cibles et de l’objectif de l’opé-ration. » Pour les élèves du primaire, on aété simple. Le visuel et le texterappellent un jeu bien connu :« Pierre, feuille, ciseaux, papier, che-wing-gum, poubelle. Le jeu de lapropreté, vous connaissez ? »Côté collège, pour les « classi-ques », plutôt respectueux deleur environnement et desrègles de la collectivité, on achoisi l’encouragement – « Lechewing-gum à la poubelle et la vieest plus belle » – et un personnage

Des quatrièmes mettent la gomme

contre le chewing-gumOpération éducation à la citoyenneté et au respect de l’environnement au collègeSaint-François-de-Sales à Chambéry, où trente élèves, soutenus par leurs profes-seurs de français, de technologie et d’arts plastiques, ont lancé une véritable cam-pagne de sensibilisation sur le chewing-gum dans le département de la Savoie.

BRUNO GRELON

Le chewing-gum, c’est bon,mais pas pour tes godas-ses. » Fort et bien mar-qué, ce slogan est l’undes quatre d’une cam-

pagne d’éducation et de pro-preté lancée par les élèves d’uneclasse de quatrième du collègeSaint-François-de-Sales1, à Cham-béry (Savoie). « Le projet est né

Créatifs. Affichettes, tapis de souris et slogans sur mesure... Le chewing-gum a inspiré ces élèves de quatrième. Et ce n’est peut-être pas fini...

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relo

n.

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N° 296, SEPTEMBRE 2005 Enseignement catholique actualités 37

p o u -belle plutôt souriant,

qui, d’un coup de langue, ra-masse les déchets. Pour undeuxième groupe, les « skaters »,considérés comme blasés, l’ar-gument le plus efficace et le gra-phisme le plus explicite souli-gnent l’entrave à la pratique deleur sport favori : « Si tu le jettesn’importe où, il se retrouvera sous tesroues. » Enfin, pour les derniersconcernés, les « caille-ra », lesplus rebelles et les plus difficilesà convaincre, les créatifs en her-be ont utilisé un langage popu-laire et une image frappante :« Le chewing-gum c’est bon, maispas sous ta godasse. » Une fois les dessins et textestrouvés, il a fallu passer au stadeprofessionnel. « Pour aller plusloin, explique Lisa, et concréti-ser nos projets d’affiches, on atout de même demandé l’aide d’unemaman d’élève, madame Kanal, quiest concepteur graphique. » Cette opération a un coût etpour boucler le budget d’envi-ron 3 000 euros, il était nécessai-re de trouver des financements.« Avec la prof de français, on a écritdes lettres pour demander des spon-sors et des partenaires », se souvientMathilde. Le dossier complet,expliquant les principes et ac-compagné d’un exemple sous laforme d’un tapis de souris re-présentant l’une des affichettes,est un plus. L’idée plaît beau-coup et plusieurs entreprisessont prêtes à aider les élèves soitpar un soutien financier, soit parune aide technique.Du coup, on voit plus grand.« Au début , évoque Benjamin, on

ne voulaitque faire de l’information

pour les élèves du collège. Puis ons’est pris au jeu et on a écrit à toutesles écoles de Savoie pour leur en-voyer nos affiches. » La campagneest véritablement lancée au troi-sième trimestre. Cinq mille affi-chettes et 120 tapis de sourissont ainsi fabriqués à l’intentiondes 300 écoles primaires – soit40 000 élèves – et des 44 collèges– 21 000 autres élèves – du dé-partement. Par ailleurs, près de200 affichettes voyagent dansles bus des transports urbains etdans les cars Transavoie, durantune semaine en avril, mai etjuin. Le résultat s’est révélé trèssatisfaisant pour les compagniesde transport, car les affichessont restées tout le temps surleurs panneaux, et cette cam-pagne sera renouvelée dès larentrée 2005.

Un parrain nommé Grégory ? Mais l’opération ne se limite pasà un visuel. Des spots radio sontégalement enregistrés pourFrance-Bleu Pays de Savoie, repre-nant les slogans sur les désagré-ments du chewing-gum. Ducoup, la presse s’est emparée del’opération. « Outre les quotidiensrégionaux, on a été interviewés surtoutes les radios régionales, ainsi qu’àRCF, France 3 et TV 8 Mont-Blanc, se rappellent les qua-trièmes qui ont apprécié l’exer-cice. C’était un peu comme un expo-sé à l’oral. On a expliqué notre dé-marche et sa réalisation. »Nouveau rebondissement dansl’opération Echo Chwing, quand,

sur leur lancée créative, septélèves se mettent à écrire le tex-te d’une chanson reprenant etdéveloppant les slogans. Ils lesoumettent à un compositeurqui revoit leur copie et leur pro-pose une musique. Façon StarAcademy. Les jeunes auteurs ontainsi enregistré la chanson dansun studio d’Aix-les-Bains.

Le résultat est plus que satisfai-sant : un rythme soutenu, unemélodie entraînante, des motsqui parlent juste. Il y a tout pourfaire un beau succès, mais rienn’est encore décidé ; seuls quel-ques passages ont été program-més sur les radios locales. « On at-tend la rentrée pour rebondir sur cethème avec l’aide de ce nouveau sup-port, précisent les enseignantes.Pour l’instant nous n’avons qu’unematrice. Il faudra un nouveau bud-get et une nouvelle sensibilisation dupublic si l’on veut réussir. » Et peut-être un parrain serait-il le bien-venu pour ce CD ? Sans oser sel’avouer, profs et élèves pensenten secret à Grégory Lemarchal,le vainqueur de la Star Ac’ 4,

l’émission de TF1. Ancien élèvede Saint-François, il a gardéd’excellentes relations avec l’éta-blissement et ses anciens profes-seurs (ils ont tous été gratifiés dephotos dédicacées). En atten-dant, on sait d’ores et déjà quetous ont décidé que les bénéficesde cette opération iraient à uneœuvre caritative, les Chiffon-niers du Caire.Autre reconnaissance, celle desautorités municipales qui ont in-vité les participants à présenterEcho Chwing à la mairie, devantles élus et tous les partenaires del’opération. Un diaporama réa-lisé par un groupe de jeunes apermis de refaire vivre toutes lesétapes de cette campagne.Au bout du compte, que du po-sitif avec d’abord une ouverturesur le monde du travail. « Lesélèves ont pu visiter différentes entre-prises, soulignent les ensei-gnantes, et découvrir un certainnombre de métiers – graphiste, impri-meur, journaliste, technicien de studiod’enregistrement ou de radio. » ■

1. Adresse : 20 avenue du Docteur-Desfran-çois, 73000 Chambéry. Internet : www.saint-francois.org 2. Note de service n° 2004-205 du 12 no-vembre 2004, BO n° 43 du 25 novembre 2004.3. Institut national de la propriété indus-trielle.

Au bout du compte, que du positif.

➤Aux côtés des arts plastiques,le français et la technologie

ont pris toute leur part dans la créa-tion d’Echo Chwing, mini-entre-prise qui s’inscrit dans le projetéducatif du collège Saint-François-de-Sales, à Chambéry.

FRANÇAIS– Définition du projet : brainstorming,objectifs, organisation, démarches.– Usage de la langue : lexique spé-cialisé, niveau de langage.– Élaboration et mise en page decourriers, communiqués de pres-se ; organisation et structurationd’un dossier.– Argumentation orale et écrite (in-terview, recherche de sponsors,présentation de l’opération aux dif-férents partenaires…).

– Argumentation publicitaire.– Enquêtes auprès de divers orga-nismes et services.

TECHNOLOGIE– Approche marketing de l’action.– Définition du besoin.– Définition des cibles.– Définition des moyens pour at-teindre les cibles.– Définition des moyens de diffu-sion.– Évaluation du budget prévision-nel.– Recherche de sponsors.– Initiation à l’infographie et auxlogiciels professionnels de créa-tion.– Protection industrielle du nom,de la marque (INPI).– Protection des auteurs.

LEUR « PETITE ENTREPRISE »…

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38 Enseignement catholique actualités N° 296, SEPTEMBRE 2005

formation

JEAN-LOUIS BERGER-BORDES

Tous volontaires. Trop peu nombreux enco-re. La parole de « l’Institution », généreu-se, est pourtant là : « Que “l’enseignementcatholique ouvert à tous” ne soit pas seulementun slogan », affichent les récentes assises,

sous l’exhortation à « risquer la différence ». Et pourcela, « nous nous engageons à ne pas exclure les “pas com-me les autres” et à rattraper notre retard dans leur accueilet leur accompagnement ».Car « retard » il y a bien, confirme Raymond Duittoz,responsable de la mission AIS à l’Unapec1. Un re-tard « qui se creuse même, car comment faire avec unnombre global d’enseignants qui diminue ? ». Un retardqui touche d’ailleurs « privé » comme « public », en-semble dans lequel « on estime à 15 % la part d’enfantsqui rencontrent des difficultés dans leur scolarité ». En re-gard, aucun des deux systèmes n’a les moyens d’yrépondre. Même si le pourcentage de ces enfants« pas comme les autres » est sans doute moindredans le « privé », du fait des caractéristiques actuellesde son « recrutement ». Mais il ne faudrait pas, biensûr, que la tentation de l’exclusion grandisse, sous leprétexte du manque d’enseignants spécialisés…Un signe positif, toutefois : à la rentrée, comptabili-se Raymond Duittoz, 140 enseignants du 1er degréentrent en formation CAPA-SH2, contre 110 en2004. Pour le second degré, la formation 2CA-SH3

créée en 2004, est encore trop jeune pour un tel bi-lan. Sauf à constater que l’année passée les pre-mières filières de formation mises en place n’ontpas fait le plein. Manque de vocations ? « De sensibi-lisation plutôt, dans le second degré », analyse Ray-mond Duittoz. « Ici, la terminologie AIS n’est pas “pas-sée”, elle fait un peu peur. Peut-être faut-il déjà en chan-ger l’intitulé… ». Ce qui n’exclut pas, fort heureuse-ment, quelques magnifiques initiatives, mais biendiscrètes, comme pour ne pas… inquiéter. Carl’explication de l’enjeu de l’accueil des « pas comme

les autres » est aussi à faire en direction des fa-milles…Tous ces enseignants spécialisés sont, en tout cas,soigneusement suivis et aidés autant que possiblepar les instances de l’enseignement catholique.L’Unapec organise ainsi chaque année, à Lyon, enfin d’année scolaire, une session de trois jours pourles enseignants du 1er degré qui ne bénéficient pas(encore) dans leur diocèse d’une formation, ou sonttrop peu nombreux pour la justifier. Enseignantsde Clis, UPI et IME4 se retrouvent là, une centaineenviron, pour des temps de formation mais surtout« beaucoup d’échanges de pratiques. Chacun a tellementbesoin de se rassurer ».Reste une question : être enseignant spécialisé, est-ce le choix de toute une vie d’enseignant ? Bérengè-re Dumeyniou, toute jeune dans cette orientationprofessionnelle (cf. page de droite), se dit déjà que« sans doute, il doit être bien, à un moment, de reprendrecontact avec le milieu “ordinaire”, avec le métier fonda-mental de professeur des écoles. Pour reprendre souffle, serégénérer, avoir aussi davantage de temps pour “réviser”un peu et actualiser ses méthodes pédagogiques ». Et pourque cette réimmersion ne soit pas trop déstabilisan-te, l’Unapec sera aussi là pour l’accompagner. Cetorganisme a mis en place une formation « d’aide auretour » en enseignement « ordinaire » (cf. « Lepoint »). Ne serait-ce que pour prendre pleinementconscience de toute la richesse acquise dans l’ensei-gnement spécialisé, de ce sens de l’attention véri-table à la personne, à chaque personne… ■

1. Union nationale pour la promotion pédagogique et profession-nelle dans l’enseignement catholique.2. Certificat d’aptitude professionnelle pour les aides spécialisées, lesenseignements adaptés et la scolarisation des élèves en situation dehandicap.3. Certificat complémentaire pour les aides spécialisées, les ensei-gnements adaptés et la scolarisation des élèves en situation de han-dicap.4. Respectivement : classe d’intégration scolaire, unité pédagogiqued’intégration, institut médico-éducatif.

La passion de la différence

L’enseignement catholique a une longue tradition d’accueil des élèves handicapésou en grande difficulté. Cette mission, dite AIS – adaptation et intégration scolaires –, se fait dans des établissements « ordinaires » ou spécialisés.

Regard sur la formation et le « profil » des enseignants spécialisés.

Les options del’enseignement

spécialisé*Deux certificats – le

CAP-SH et le 2CA-SH –comportant des options

permettent d’exercer dansl’enseignement spécialisé.

●A : enseignants spécialiséschargés de l’enseignement et

de l’aide pédagogique auxélèves sourds ou

malentendants (1er et 2d degrés).

●B : Enseignants spécialiséschargés de l’enseignement et

de l’aide pédagogique auxélèves aveugles ou

malvoyants (1er et 2d degrés).●C : Enseignants spécialiséschargés de l’enseignement et

de l’aide pédagogique auxélèves déficients moteurs ou

présentant des troublesgraves de la santé (1er et

2d degrés).●D : Enseignants

spécialisés chargés del’enseignement et de l’aide

pédagogique aux élèvesprésentant des troubles

importants des fonctionscognitives (1er et 2d degrés).

●E : Enseignants spécialiséschargés des aides

spécialisées à dominantepédagogique (uniquement

1er degré).●F : Enseignants spécialiséschargés de l’enseignement et

de l’aide pédagogique auxélèves des Erea et des

Segpa** (1er et 2d degrés).●G : Enseignants

spécialisés chargés des aidesspécialisées à dominanterééducative (uniquement

1er degré).

* Voir aussi le dossier « Relever ledéfi des handicaps » dans ECA 286(septembre 2004), pp. 24 à 35. Ain-si que l’article « Superviseurs pourenseignants spécialisés » dans ECA293 (avril 2005), p. 38-39.** Respectivement : établissementrégional d’enseignement adapté,section d’enseignement général etprofessionnel adapté.

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N° 296, SEPTEMBRE 2005 Enseignement catholique actualités 39

Devenir enseignant spécialisé Qui est concerné ?Tout enseignant du 1er ou du 2d degré. Il est toutefois souhaitable d’avoir d’abord exercéen classe « ordinaire » un ou deux ans. Dans la réalité, les enseignants qui font ce choixont en majorité la quarantaine et restent pour la plupart dans l’enseignement spécialiséjusqu’à la fin de leur carrière.

À qui s’adresser ?Il faut d’abord trouver un poste avant de se former. Le responsable AIS – ou le directeurdiocésain s’il n’y en a pas – du diocèse est donc le premier interlocuteur.Pour en savoir plus sur l’enseignement spécialisé, on peut aussi s’adresser à l’Unapec,Département Adaptation et intégration scolaires, 35 rue Vaugelas, 75015 Paris. Tél. : 01 53 68 60 17 - E-mail : [email protected] ou [email protected] consultera aussi le site www.formiris2.org/cytais

Comment se former ?Trois centres de formation nationaux accueillent les candidats :- Ispec, 17 rue Merlet-de-la-Boulaye, BP 154, 49001 Angers. Tél. : 02 41 24 24 75.- Institut catholique de Paris-Institut supérieur de pédagogie, 3 rue de l’Abbaye, 75006Paris. Tél. : 01 44 39 60 00.- L’Oratoire (Institut privé pour la recherche et la formation pédagogique), 2 rue de l’Ora-toire, 69300 Caluire. Tél. : 04 72 10 69 02.Pour le 1er degré, 3 semaines de formation initiale (90 heures) en juin, avant donc la pre-mière affectation. Puis, en cours d’année scolaire, 310 heures de formation par modulesde 2 ou 3 semaines.Pour le 2d degré, et les enseignants qui vont accueillir dans leurs classes des élèves ins-crits par ailleurs en Segpa, UPI ou en « intégration individuelle », ou encore qui vont allerenseigner en Segpa ou UPI : deux modules de formation (150 heures) de 2 et 3 se-maines sont prévus.

Les qualités demandées à un enseignant spécialisé– Être assez fort : il faut de l’énergie, de la disponibilité, beaucoup d’empathie, mais aussisavoir garder de la distance. – Vivre en équipe pour articuler son action avec celles de ses collègues des classes « or-dinaires » et des autres enseignants spécialisés. Les temps de concertation sont nom-breux.– Travailler en partenariat avec d’autres professionnels : médecins psychologues, ortho-phonistes, kinésithérapeutes, assistants sociaux… ou encore l’administration de l’Édu-cation nationale (commissions spécialisées).– Écouter et observer, pour élaborer des hypothèses et, par ses observations, participeraux diagnostics, tout en ajustant sans cesse son action.- Se former « continuellement » afin de maintenir et développer ses compétences. Lessituations sont très diverses, les acteurs nombreux, et les handicaps et les difficultésdans le développement humain demeurent des réalités mystérieuses et mouvantes.

Peut-on retourner dans des classes ordinaires ?Le retour est bien sûr toujours possible, même si dans les faits les demandes sont peunombreuses, tant l’enseignement spécialisé relève d’un vrai choix. L’an dernier, seulsquatre enseignants du 1er degré ont suivi la formation de 3 semaines d’« aide au retour »en classe « ordinaire » proposée par l’Unapec. Pour réapprendre à gérer des groupes de25-30 élèves et à recaler ses pratiques pédagogiques.

La voix vive et gaie, Bérengère Dumeyniou, 30 ans, commu-nique une vraie joie de son métier. Enseignante spécialiséedepuis deux ans au collège Saint-Joseph d’Aix-en-Provence(Bouches-du-Rhône), auprès d’enfants porteurs d’un han-dicap mental, autistes aussi, de 12 à 16 ans, elle voulait à l’ori-

gine s’occuper d’enfants en difficulté scolaire. Tel était son choixlorsqu’elle a passé le concours de professeur des écoles, après unemaîtrise de génétique. Et puis à Digne (Alpes-de-Haute-Provence),elle occupe un premier poste en CE2, avec un contact avec des enfantsde la DDASS*, en difficulté comportementale et sociale ou déficientsintellectuels. C’est là qu’une enseignante spécialisée lui explique cequ’est son métier. De fait, se souvient Bérengère, « en centre de forma-tion pédagogique [CFP], on manquait d’information sur ces filières et mis-sions ». Ce sera donc pour elle le CAPA-SH, à l’époque sur deux ans,et Saint-Joseph, un petit collège qui comprend huit classes « ordi-naires » et une UPI. « Là, on continue les apprentissages fondamentaux duprimaire tout en apportant aux enfants l’univers d’un collège, un véritableespace de socialisation. » Une classe de 11 élèves – « c’est-à-dire aussi de11 niveaux » – mais qui n’est pas coupée du « reste » du collège pourautant, bien au contraire : « Chacun intègre dans la semaine, en fonctionde sa possibilité de socialisation, les autres classes de 6e, 5e et 4e, en musique,dessin, technologie, sciences de la vie et de la Terre, histoire et, s’il peut, édu-cation physique. » Difficile, son métier ? « Bien sûr, il faut toujours être atten-tif, ils sont un peu imprévisibles. Mais il s’agit plus d’attention que de tension.Et puis, beaucoup de travail hors temps scolaire, avec les familles, les servicesde soins, etc. » Parfois aussi en soirée. Quant à envisager déjà un jourd’arrêter… « Pour l’instant, je m’y sens vraiment bien. Un peu seule par-fois… Il faudrait créer un réseau d’enseignants sur le diocèse. Mais cela vasûrement se faire. » JLBB

* Direction départementale des affaires sanitaires et sociales.

Bérengère, professeur spécialisé

depuis deux ans

Le point

D.R

.

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40 Enseignement catholique actualités N° 296, SEPTEMBRE 2005

gestion

JEAN-LOUIS BERGER-BORDES

Les comptes de la première « Jour-née comptable et financière » dela Fnogec1, organisée à Paris le24 juin 2005, étaient vite faits :elle a « joué à guichets fermés », se

félicitait, ravi, Paul Malartre, secrétaire géné-ral de l’enseignement catholique. La Fno-gec a même refusé tant de monde qu’unedeuxième Journée est déjà programmée,le 30 septembre prochain.Les enjeux, exposés par Patrice Mougeot,secrétaire général de la Fnogec, sont de faitvitaux pour l’enseignement catholique,confronté à la fois « à une stagnation de ses ef-fectifs (malgré une forte hausse d’élèves-candi-

dats) limités par le nombre d’enseignants oc-troyés, à des normes de sécurité plus prégnanteset à des exigences pédagogiques croissantes ».Plus question donc de se confier à la seuleProvidence pour la gestion des établisse-ments – certains se retrouvant même à larue pour avoir, telle la cigale, trop misé surle commode commodat sans se soucierd’épargner pour leurs bâtiments2.

De nécessaires efforts de gestion ontconduit la Fnogec « à tout reprendre à zéro,en établissant des recommandations pour un

plan comptable légal et adapté ». Huit ex-perts3, membres de la commission comp-table de la Fnogec, sont venus les présen-ter. Ces fins bretteurs juridiques ont éga-lement signalé au passage toutes leschausse-trappes d’égarement budgétaireà éviter.Bien sûr, ce sont plutôt les « bons élèves »de la gestion d’établissement – plus de200 responsables Ogec4, chefs d’établisse-ment, économes, experts-comptables… –qui étaient venus de toute la France, aurendez-vous de la vérité des comptes. Ils sesont plongés avec ravissement dans d’obs-curs – pour le non-initié – modèles comp-tables et autres règles sur les immobilisa-tions corporelles5.

Alerte imagée et forteMais les 6 000 et quelques établissementsde l’enseignement catholique devront,toutefois, bien tous finir par s’y initier, tantil est vrai, devait relever Paul Malartre,qu’en matière comptable, mieux vaut nepas trop compter sur les miracles. Une fa-çon de dire qu’un plan comptable est uni-versel, et qu’il « n’y a pas de gestion chrétienne,même s’il doit, en revanche, y avoir des prioritésde gestion qui traduisent notre projet éducatif, autravers de quelques questions : quel budget pourl’accueil ? pour la pastorale ? pour l’accompa-gnement des élèves en difficulté ? pour la poli-tique sociale de gestion des personnels de l’établis-sement… ? ».Encore faut-il, pour faire ces arbitrages,qu’il y ait quelques sous en caisse à leurconsacrer ! Et s’imprégner de l’alerte ima-gée et forte de Roland Janny : « Nous nepouvons plus conduire un Ogec avec une lampede poche. Il nous faut des phares qui projettentloin – avec des budgets prévisionnels à quatre oucinq ans – sinon… on risque le mur ! »Première urgence – puisqu’une « écolesans murs6 » est certes une belle formuleéducative mais sûrement pas une exhorta-tion à enseigner sous la tente : bien séparerles comptes de la « gestion scolaire » et dela « gestion propre », c’est-à-dire du non-scolaire et surtout du patrimonial. Et là, ac-cepter déjà que si un déficit « scolaire » doitêtre pour le moins alarmant, un déficit descomptes de l’immobilier peut simplementsignifier une phase d’investissement encours d’amortissement, donc « rentable » àterme en possibilité d’accueil d’élèves. Onne relèvera jamais assez combien d’établis-sements sont timorés dans leurs investisse-

Au rendez-vous de la vérité des comptes

Si l’ardeur éducative des établissements d’enseignement catholique porteses fruits, le laisser-aller de gestion – encore trop souvent constaté – peutvite mettre à mal leurs efforts. Et ce n’est pas par hasard que les « Journéescomptables et financières » de la Fnogec1 font le plein…

« Nous ne pouvons plus conduireun Ogec avec une lampe de poche. »

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N° 296, SEPTEMBRE 2005 Enseignement catholique actualités 41

ments, hors-la-loi même par rapport auxnormes de sécurité, et aveugles face auxconséquences que peut avoir, pour leursurvie, leur médiocre attention portée à laqualité d’accueil des élèves.Pour éviter un réveil douloureux, deuxrègles impératives :– Toujours intégrer dans ses comptes –lorsqu’on ne verse pas de loyer (le gros en-tretien relevant du propriétaire) – un« équivalent loyer », calculé en fonction ducoût de reconstruction des bâtiments né-cessaires à la vie scolaire de l’établissement,sur la base par exemple d’un taux annuelde 3 %, recommande la commission comp-table de la Fnogec. « Le pire – mais hélas leplus fréquent – étant d’ignorer tout simplementcette notion d’équivalent loyer », se désolaitGilles Bosher.– Toujours « augmenter, chaque année, lacontribution des familles, même d’un faible pour-centage, afin de ne pas se retrouver un jour bru-talement acculé à la décision couperet » d’unehausse brutale, recommandait BernardAzzi.Quant au « prévisionnel », il est absolu-ment indispensable au contrôle que sedoit d’exercer le conseil d’administrationde l’Ogec, et il sera, de toutes façons, ré-clamé par les banques lorsque l’établisse-ment devra – ce qui est de plus en plus fré-quent – recourir à l’emprunt. Un « prévi-sionnel » qui peut, sans risque de grosseerreur – le « privé » ayant ces temps levent en poupe –, être établi à 2-3 ans, esti-mait Bernard Azzi.Mais il peut être tout aussi important defaire apparaître dans les documents de« budget de fonctionnement », un rappeldes budgets réalisés à N - 1 et N - 2 : cela,afin de mieux détecter les petites haussesrégulières de certains postes… qui finis-

sent, par accumulation, en coûteux déra-pages.Et puis, enseignement catholique ou pas,foin d’« angélisme ». Le « contrôle inter-ne7 » doit s’appliquer avec toute sa ri-gueur… comptable, afin, notamment, deminimiser les risques de détournement defonds. « Je travaille comme expert-comptabledans l’enseignement catholique depuis dix-septans, et j’y ai déjà été confronté quatre fois. Et,soyons humble, il y a tous ceux que je n’ai pasvus », témoignait Yves Delarra. Ce qu’il abien vu, en revanche, et pas qu’une fois, cesont les chéquiers soigneusement rangésau coffre… mais présignés ! À proscrireaussi, le mélange des fonctions, lorsquepar exemple c’est le comptable qui a la si-gnature. Attention enfin, a-t-il poursuivi,au contrôle des associations périphériquesqui prolifèrent si volontiers, pour la fêtede l’école, les voyages, les garderies… :leurs relations avec l’établissement doi-vent absolument être validées, et contrô-lées, par le conseil d’administration del’Ogec.

À fleurets mouchetésToutes ces règles, toutes ces alertes, peu-vent paraître lourdes. Mais elles sont leprix de la transparence des comptes et dela bonne gestion des deniers publics et des« contributions » des familles. Sans comp-ter l’exemple que se doivent de donner desétablissements qui s’affichent « d’enseigne-ment catholique ». Une illustration enfin, pour signifier com-bien une bonne connaissance des règlescomptables peut contribuer à d’appré-ciables économies. C’est l’histoire d’un dé-bat à fleurets mouchetés entre les expertsde la Fnogec et la Compagnie nationale

des commissaires aux comptes, portant surce qui relève ou pas du poste « subven-tions » (ressources facultatives, donnéespar des collectivités publiques pour descantines, des classes vertes, etc.). Selon quel’on y intègre ou non, au regard des inter-prétations divergentes de commissairesaux comptes, les « forfaits d’externat »(participations pourtant clairement obliga-toires et ne relevant donc nullement desubventions aléatoires), ce poste peut trèsvite « gonfler » jusqu’à dépasser le seuil des153 000 euros , au-delà duquel le recours àun commissaire aux comptes est obligatoi-re. Et on comprend bien tout l’intérêt pourcette profession de sa généreuse attentionà éclairer l’enseignement catholique de sespropres interprétations…Comment mieux illustrer l’envoi de Ro-land Janny, exhortant à toujours plus detransparence de gestion, et appelant à lamobilisation de responsables Ogec al-liant en leur mission « générosité et compé-tence » ? Comment mieux comprendreaussi l’ardente obligation de cet engage-ment national des assises, rappelé par PaulMalartre, « de ne pas exclure de la communautééducative les gestionnaires ». ■

1. Fédération nationale des organismes de gestion de l’en-seignement catholique.2. Cf. ECA 293 (avril 2005), pp. 40-41.3. Roland Janny (président de la commission comptablede la Fnogec), Claude Bauquis, Gilbert Guihaire, GillesBosher, Christian Lizan, Roger Tressols, Bernard Azzi, YvesDelarra.4. Organisme de gestion de l’enseignement catholique.5. La Fnogec a aussi conçu un « Guide comptable et fi-nancier », afin que chaque établissement puisse s’assu-rer de la bonne conformité de ses documents comptables.Sur commande à la Fnogec, 277 rue Saint-Jacques, 75005Paris. Prix unitaire, frais d’envoi inclus : 40 €.6. Engagement des assises de 2001.7. Cf. ECA 282 (mars 2004), pp. 42-43. Et aussi : le guide « Lecontrôle interne », publié par la Fnogec (prix unitaire : 6 €).

SUR LE VIFANDRÉ BOULAIRE, SECRÉTAIRE GÉNÉRAL DE L’UDOGEC* DU MORBIHAN« Si on veut tenir, il nous faut vraiment être trèsrigoureux en gestion. Et ne plus naviguer à vuemais avoir une gestion qui se préoccupe dumoyen-long terme. Il y a 10-15 ans, on ne par-lait pas trop de ces exigences. Mais aujourd’hui,il nous faut coller au plus près avec une législa-tion qui évolue et se complexifie. On doit vrai-ment travailler tous en professionnels. La Fnogec

fait des efforts importants pour former les per-manents comme les élus. Et puis, fort heureuse-ment, si la gestion est plus complexe, l’outil in-formatique permet désormais une gestionanalytique beaucoup plus fine. »

GÉRARD PENNES,VICE-PRÉSIDENT DE L’UDOGEC DES PYRÉ-NÉES-ATLANTIQUES ET EXPERT-COMPTABLE« Une telle journée de formation nous permetd’avoir un langage de gestion commun et de bé-néficier ensuite de comparatifs entre établisse-ments de mêmes caractéristiques, afin d’en reti-rer les fruits. Il reste qu’il est difficile d’appliquer

toutes les recommandations de tenue comptabledans un Ogec à deux ou quelques classes seu-lement, comme il en est beaucoup dans mon dé-partement. Pour ces derniers, le “langage” comp-table ne peut être le même que dans de plusgrands établissements : équivalent loyer, gestionpropre, etc. – il faut expliquer cela autrement. Ilfaudrait donc peut-être mieux sérier les publicsdans ces journées. Nous allons d’ailleurs orga-niser, au niveau départemental, des journéesadaptées aux petits établissements. » ■

* Union départementale des organismes de gestion del’enseignement catholique.

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Promenades dans les rues de Paris, escapades à Giverny et vers les châteaux de la Loire, expériences enlaboratoire, arts plastiques, informatique et poésie… De janvier à juin 2005, deux classes de l’institut

Saint-Pierre-Fourier1 (Paris XIIe), un CM2 et une sixième, se sont rencontrées chaque jeudi autour de travaux pluridisciplinaires sur le thème de la botanique. Les élèves dévoilent

les grandes lignes de ce projet collectif et livrent quelques-uns des souvenirs qui les ont marqués.

42 Enseignement catholique actualités N° 296, SEPTEMBRE 2005

paroles d’élèves

Chloé : On a disséqué une grai-ne et une fleur.Marcus : On a commencé parmettre de la terre, des graines,et on a fait une expériencepour voir si quand on les met-

tait sans soleil, ça donnait quand mê-me une plante. On a fait notre expé-rience à nous. D’autres l’ont faite sansmettre d’eau, et d’autres sans coton.On en a tiré une conclusion : on n’apas besoin de soleil pour planterune graine, mais il faut absolumentde l’eau et du coton. Et dans lecongélateur, ça ne poussait pas dutout.Azwin : Tous les jours, on mesu-rait des lentilles pour voir lescentimètres, et après, en cours

d’informatique, on a rentré lesmesures sur Excel, et on a fait un ta-bleau de proportionnalité.Jean-Christophe : On a fait un gra-phique avec une courbe pour voircomment elles évoluaient chaquejour.Serge : Ce n’était pas un tableau deproportionnalité parce que ça nepoussait pas tous les jours.Hélène : On a aussi fait des calli-grammes et des contes sur lesfleurs.Cécilia : Il y avait un groupe« contes » et un groupe « calli-grammes ».Alexis : J’étais dans le groupe « calli-

grammes ». Il y avait une bonne ambiance,on travaillait en s’amusant. Je voulais re-mercier tous les profs et tous ceux qui sesont occupés de nous. J’ai trouvé quec’était très bien ce projet, et j’en garderaiun bon souvenir.

Jean-Paul : On a fait des contes et despoèmes pour s’instruire sur les fleurs etaussi pour se distraire.Cécilia : Les calligrammes et les contes,c’était bien parce qu’on s’amusait, et qu’enmême temps, on faisait du français.Marcus : Chaque calligramme était unpoème qui parlait d’une fleur. En lisant lescalligrammes des autres, on a appris deschoses sur des fleurs que l’on ne connais-sait pas.Alexis : C’était plus du plaisir qu’autre cho-se, c’était sympa. Moi j’ai bien aimé la visitede Giverny, il y avait de très belles fleurs.Timothée : Giverny, c’est un jardin à l’an-glaise, avec des dégradés de tons diffé-rents.Pierre-Alexandre : À Giverny, on a pris desphotos qu’on a mises ensuite dans un ques-tionnaire.Bryan : En SVT2, on a été dans une salle eton a utilisé un scalpel et un microscopepour disséquer les fleurs.Jean : On a appris que quand on regardaitdans une graine, on pouvait voir la fleur enminiature.Célia : On a vu ce qu’il y avait dans unefleur : le pistil, les pétales.Alexis : Quand on a disséqué les fleurs, on apris notre cahier de SVT et on a fait undessin d’une fleur en coupe : pétales, pistil,ovule…Marie : Quand on est allés à Giverny, on apris des photos de fleurs. Moi, à la maison,j’ai fait des cartes avec.Azwin : Après être allé Giverny, on a peintles allées du jardin à la façon de Monet,avec des petits points ; on a mélangé dujaune, du rouge et du rose pour faire desfleurs orange, et la maîtresse a peint lefond.Manon : Dans le dossier pour Giverny, on

« En lisant les calligrammesdes autres, on a appris

des choses sur des fleurs quel’on ne connaissait pas. »

« Ça nous a aussi préparés

à la sixième parce qu’on avait

plusieurs professeurs. »

Phot

os :

S.B

izou

ard

Côté cour, côté jardin

Page 43: enEurope Culture e Enseignementcatholique

N° 296, SEPTEMBRE 2005 Enseignement catholique actualités 43

devait faire l’identitéd’une fleur, en mettantsa photo…Jean : … son nom savant,comment elle était…Serge : Par exemple, pourl’iris : « famille des irida-cées », son nom latin, ses dif-férentes couleurs…Marianne : On a résumétout ce que l’on a fait dans ledossier de fin d’année. Pourla couverture du dossier, onest allés au musée [des Arts décoratifs], et on aréalisé chacun une affiche en miniature.Hélène : On est aussi allés se promenerdans les rues, photographier des maisonsart nouveau.Serge : Elles ont surtout des formes arron-dies.Marie : Il n’y a jamais de lignes droites,c’est toujours en courbe.Bryan : Souvent, les ferrures des barreauxreprésentent des insectes ou des fleurs.Alexis : On a travaillé en binôme toutes lessemaines : un CM2 mélangé avec un sixiè-me. Au début, il n’y avait pas trop de cou-rant entre mon binôme et moi, et puis, on aappris à se connaître, et maintenant, ça va.Jean-Christophe : On a vu que les CM2n’étaient pas si différents que nous pour letravail. Nous, on venait compléter ce qu’ilsfaisaient.Tex : Et même parfois, les CM2 appre-naient des choses aux sixièmes.Bryan : Le travail avec les sixièmes, ça nousa un peu préparés à l’entrée au collège. Çanous a permis de savoir ce qui nous atten-dait : c’est presque comme le CM2, mais onaura beaucoup plus de travail.Marianne : Ça nous a aussi préparés à la

sixième parce qu’onavait plusieurs profes-seurs.Cécilia : Entre sixiè-mes, on est aussi par-tis en Auvergne, oùon en a profité pourobserver les fleurs.Alexis : On est partisen randonnée ducôté de Cler-

m o n t - Fe r -rand. Un gui-de nous ac-

compagnait. Il nous a montré les es-pèces de fleurs qui étaient protégées, ilnous a expliqué comment reconnaître lesviolettes des pensées : à la forme et à la dis-position de leurs pétales.Marcus : En Auvergne, il y avait pleind’animaux, on a vu des vaches blanches etdes vaches de Salers, il y en avait mêmeune noire dans le troupeau.Timothée : On est aussi allés voir les jardinsde Villandry : ce sont des jardins à la fran-

çaise. On a aussi vu plein de châteaux de laLoire.Diana : À Villandry, on a vu des jardinsd’eau, des labyrinthes, des vergers et despotagers.Léa : Les jardins de Villandry sont à lafrançaise : tout y est symétrique.Cécilia : La première fois que l’on a eucours avec les sixièmes, il n’y avait pas assezde place pour tout le monde.Diana : Le premier cours était un peubruyant parce qu’on était tous rassemblésdans une classe…Marianne : Alors, on a commencé à tra-vailler en demi-groupes : une moitié allaiten cours de SVT, pendant que l’autre moi-tié allait en anglais. Ça nous a appris le tra-vail à deux.Marie : Ce qui était bien, c’est que, quandon ne trouvait pas une réponse, on pou-

vait demander à l’autre binô-me de nous aider.Alexis : Moi, j’ai aimé être enbinôme parce qu’on tra-vaillait avec des gens qu’onne connaissait pas. C’était in-

téressant parce que, l’année prochai-ne, ce seront les CM2 qui seront en sixiè-

me. On a appris qu’onpouvait travailler en-semble, en collectivité eten solidarité.Samantha : Un CM2 adit qu’ils avaient plus deprofs pendant le projet,mais moi je trouve quedu coup, les sixièmes, çane les a pas trop chan-gés.Chloé : J’avais l’impres-sion d’être plus grande.Serge : S’il y avait eu desnotes, il aurait fallu toutregarder, on aurait été

stressés.Céline : On n’était pas tendus : on ne se di-sait pas « on peut toujours faire mieux »,mais « on fait ce qu’on peut ».Diana : Moi, je me sentais plus à l’aise.Alexis : Même si on n’était pas notés, ça n’apas changé mon attitude au niveau du tra-vail : j’ai toujours bien travaillé, je trouve.Mais on aurait peut-être moins rigolé pen-dant les calligrammes si on avait été no-tés...

Propos recueillis par Sophie Bizouard

1. 13 rue de Prague, 75012 Paris. 2. Sciences de la vie et de la Terre.

« Quand on ne trouvait pasune réponse, on pouvait

toujours demander à l’autre binôme. »

« J’avais l’impressiond’être plus grande. »

. « On ne se disait pas

“on peut toujours faire

mieux”, mais “on fait

ce qu’on peut”. »

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À la découverte d’un concept original d’« école unique »où les élèves vivent toute leur scolarité obligatoire dans une même classe.

44 Enseignement catholique actualités N° 296, SEPTEMBRE 2005

PÈRE GILBERT CAFFIN

La zone scandinave regroupe le Dane-mark, la Suède, la Norvège, la Fin-lande et l’Islande. Géographiquement,d’un point de vue climatique, presque

physiquement, on entre dans un espace oùjouent étrangement le jour et la nuit.Dans les pays du Nord, le grand hiver –huit, neuf mois – replie chacun dans son pe-tit groupe de vie. « Quand le soleil nous aban-donne, on entre en dedans », dit-on. L’essentielapparaît alors de savoir vivre ensemble. Jus-tement, ici, la réponse de beaucoup à laquestion « À quoi sert l’école ? » est bien« Apprendre à vivre ensemble ».Pour cela, ces peuples ont inventé l’« écoleunique ». Pendant la durée de l’école obliga-toire, un professeur suit un même grouped’élèves d’année en année, sans redouble-ment, et embarque avec lui à l’image de

l’équipage du drakkar des Vikings pour cet-te longue traversée de la scolarité, prolongéepetit à petit jusqu’à dix ans comme partoutailleurs en Europe, mais vécue autrement.« C’est peut-être sur le plan politico-moral que lespeuples vikings ont lancé leur propre semence deliberté, surtout ils ont mis en pratique le principed’égalité. Ils n’ont pour chef que celui qu’ils choi-sissent… Ils ont ainsi apporté une remarquablecontribution à notre commune histoire », écritJean-Baptiste Duroselle1.Viking a pour racine vik – lieu où l’on se reti-re, où la terre cède la place à l’eau.

Un monde à partPour comprendre l’originalité de l’écolescandinave, il faut prendre le temps de dé-couvrir les conditions de vie et la sensibilité,l’âme de ces peuples. De la mer Baltique au pôle Nord, l’hiver iso-

lait les petites communautés villageoisespendant des mois, il fallait pouvoir comptersur ses voisins et on ne choisit pas ses voisins.Il fallait pouvoir s’appuyer sur toutes les res-sources locales pour survivre. Chacun à samanière pouvait devenir un jour un sau-veur ou du moins un secours indispensa-ble ; pas d’échappatoire pendant le grandhiver, pas d’isolement dans le drakkar pourles quelques dizaines d’hommes affrontantensemble les tempêtes et le rationnementdu bord.

L’éclosion soudaine du printemps et de lavie, les bourgeons qui éclatent encoredans les dernières glaces, est si brusqueque certains ne supportent pas ce regainformidable de vie, cette montée de sève,ils en meurent. Un vieil homme d’Helsin-ki concluait songeur : « Est-ce pour cela quebeaucoup de nos jeunes se suicident ces jours-là ? » Tous égaux devant la rudesse du cli-mat et tous égaux dans le besoin desautres, il faut bien apprendre très tôt àvivre ensemble, à découvrir chez chacundes proches une réserve de survie pourtous. Mais pour cela, que de concessions,il faut en urgence trouver le « consensus »,mot magique dans cette « mentalité ».Pour compléter cette première approchede ces peuples, il faut remarquer aussi un

faire l’école en europe

Jusqu’à la huitième année,les professeurs ne mettront pas

de notes ...

DANEMARK

SUÈDENORVÈGE FINLANDE ISLANDE

Il est intéressant de rechercher les liens entre les mentalités despeuples et leur manière de fairel’école. Cela explique beaucoup

nos différences en Europe. Pour comprendre la complexité

de l’Europe, faire le tour de ses écolesest très instructif. Pourquoi n’enseigne-

t-on pas de la même manière ?Pourquoi les responsables de cesécoles répondent-ils différemment

à la question « À quoi sert l’école ? »On peut considérer que les pays

du continent européen appartiennentà cinq grandes zones culturelles

qui se sont progressivementdéterminées et délimitées au cours de l’histoire. Commençons ce tour

d’Europe par le Nord.

La zone scandinave :l’école du vivreensemble

Page 45: enEurope Culture e Enseignementcatholique

certain mysticisme chez beaucoup de leursécrivains ; l’influence d’un Swedenborg2 enest un exemple. La lecture de la Bible dansla tradition luthérienne s’est accentuée dansce retrait intime des longues journées d’hi-ver à la chandelle. Pour permettre à chaqueenfant de s’y plonger lui-même, il était né-cessaire d’apprendre à lire à tous, garçons etfilles. Les Norvégiens furent le peuple leplus anciennement entièrement scolarisépour cela. Les sources du vivre ensembles’enracinent dans cette piété de l’écoute dela parole de Dieu qui rassemble et isole toutà la fois.Il ne faut pas s’étonner que l’on trouve àl’origine de l’école scandinave, un pasteur : Nicolaj Frederik Severin Grundtvig. Il naquit à Udby, en Seeland, le 8 septem-bre 1783, et mourut à Copenhague le 8 septembre 1872, après une vie bien rem-plie où il se distingua comme poète, pas-teur, théologien, philologue, spécialiste desantiquités nordiques, historien, hommepolitique et auteur d’ouvrages pédago-giques… Il est difficile de définir l’impor-tance de Grundtvig pour le Danemark.Son œuvre fut le point de départ d’une réaction en chaîne qui non seulementconcerne le mouvement populaire et reli-gieux qui porte son nom (le grundtvigia-nisme), mais se manifesta aussi par la re-structuration de l’agriculture à la fin duXIXe siècle et dans le mouvement du com-merce coopératif.

Comment font-ils l’école? Dès 1838, Grundtvig initie une « école pourla vie » contre l’« école noire » comme il lastigmatise. Elle va devenir aussi la Hojskole,haute école populaire ouverte en 1844 quiaura une grande influence sur tous les paysnordiques. Celle-ci s’adresse aux jeunesadultes des milieux défavorisés, hors desschémas universitaires, sans examen, privi-légiant l’oral comme action spirituelle et ai-dant à l’émancipation de la femme. Il pro-clame que l’esprit rend libre et que la foichrétienne ne peut s’épanouir que dans laliberté. Il sera considéré comme le père del’idée d’« école unique3 ».Dans cet héritage, on rencontre l’expérien-ce singulière du socialisme à la suédoisemais aussi la création des prix Nobel et desmonarchies bourgeoises, s’accordant bienavec les sociétés les plus égalitaires qui soientet les moins aristocratiques d’Europe.L’originalité de ces peuples est de faire ensorte qu’un enseignant pilote un groupe

DIFFÉRENCES ET POINTS COMMUNS➤Si de plus en plus d’étudiants suivent une partie de leur

parcours de formation dans l’un ou l’autre des pays del’Union européenne, de nombreux établissements scolairesde ces pays développent des initiatives qui permettent auxjeunes de mieux se comprendre et de tisser des liens durables.Aussi, il nous est apparu nécessaire d’ouvrir cette nouvellerubrique pour examiner les différences et les points communsdes systèmes éducatifs, mieux cerner les attentes des jeuneset celles de leurs enseignants, envisager des actions au planeuropéen. Le père Gilbert Caffin, qui durant de longues annéesfut le représentant permanent de l’Office international de l’en-seignement catholique (OIEC) au Conseil de l’Europe, a bienvoulu nous accompagner dans cette démarche et nous tenonsà l’en remercier. GDR

d’élèves reçu au départ, d’année en annéeet sans redoublement ; ce qui faisait dire àun professeur qui prenait sa retraite : « J’aiconnu seulement trois classes pendant macarrière. » En cours de route, d’autres ensei-gnants spécialisés rejoindront le « drakkar »mais le pilote reste à bord.

École de civismeJusqu’à la huitième année, les professeursne mettront pas de notes pour empêcher lesmembres du groupe de se mépriser ou dese concurrencer, mais de simples apprécia-tions pour leur apprendre à coopérer, às’entraider, à avancer ensemble : école de ci-visme en même temps qu’apprentissage decompétences. Les deux dernières annéesseront davantage conçues pour préparerl’orientation à venir.Il s’agit bien de faire comprendre quechaque jeune a sa place dans la classe et ain-si, à l’avenir, dans la société. La classe, main-tenue la plus stable possible, devient unemicrosociété pour apprendre à vivre en-semble. Chacun y découvrira la richesse deses aptitudes aussi variées soient-elles, fus-sent-elles peu intellectuelles.

École de consensusUn exemple significatif : une stagiaire da-noise, dans une école de Lyon, s’étonne quele professeur qu’elle assiste demande auxélèves en fin de classe de prendre le cahierde textes afin de noter la leçon pour la pro-chaine fois. Les collègues, surpris de sonétonnement, lui avouent que tous en Francefont ainsi. Alors, elle raconte que dans lesécoles danoises, il est recommandé de faireréfléchir la classe en fin de cours sur ce qu’ilfaudrait travailler pour en savoir plus : re-

cherche du consensus. Après quoi, sur le ca-hier de textes, on inscrit le sujet choisi. À cha-cun de le préparer. Cela a donné lieu à uneréflexion non seulement sur l’usage des pro-grammes mais aussi sur le fonctionnementde la mémoire. À l’objection des Français :« Mais on n’aura jamais le temps de finir le pro-gramme ! », la réponse est toute simple : « Onest ensemble pendant dix ans, ce qu’on n’aura pasvu cette année, l’an prochain y pourvoira. »Quant à apprendre la leçon : « On retientmieux si on prépare le sujet. »Ces pays les plus égalitaires d’Europe respec-tent tellement la recherche du consensusqu’ils ne pouvaient imaginer une école sansune étroite collaboration avec les familles etl’environnement. Inscrite dans le quartier oula région, et dans le bassin d’emploi, l’écoles’appuie sur bien des partenaires locaux. ■

1. Jean-Baptiste Duroselle, L’Europe - histoire de ses peuples,Librairie académique Perrin, 1990, p. 120.2. Homme de sciences, philosophe et théosophe suédois.3. N.F.S. Grundtvig : tradition et renouveau, traduit du danoisen 1983, édité par Det Danske Selskab (Institut danois d’in-formation et d’échanges culturels à Copenhague).

◗Ce système scolaire se caractérise selon lespoints suivants (que nous reprendrons pour chaque

étape de notre tour d’Europe de l’école).●Les traditions culturelles de la zone : Le mondescandinave et nordique.● Les accents prioritaires : le vivre ensemble etl’égalité sociale. ●Les conséquences systémiques : l’école unique, lacontinuité, l’évaluation collective.●Les qualités à développer : l’esprit d’équipe, savoircompter sur l’autre.●Les perspectives envisagées : la société, le grou-pe local.

en résumé

N° 296, SEPTEMBRE 2005 Enseignement catholique actualités 45

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Père Gilbert Caffin

Page 46: enEurope Culture e Enseignementcatholique

46 Enseignement catholique actualités N° 296, SEPTEMBRE 2005

réflexion

PROPOS RECUEILLISPAR SYLVIE HORGUELIN

Pourquoi un rapport sur « les signes et mani-festations d’appartenance religieuse dans lesétablissements scolaires1 » ?

Jean-Pierre Obin : Au printemps 2003, bienavant le rapport Stasi et la crispation sur laquestion du voile, des témoignages d’ensei-gnants, de personnels d’éducation et de di-rection nous avaient alertés. Dans les quar-tiers où s’opère une ségrégation des popula-tions sur la base de leur origine, la vie des éta-blissements, nous disait-on, était perturbéepar des revendications d’élèves, essentielle-ment de religion musulmane. Nous avonsvoulu vérifier ce phénomène dont les raisonssont connues : l’arrivée récente de popula-tions musulmanes, l’exclusion sociale dontune large part est victime, la recherche iden-titaire des jeunes générations, la vigueurprosélyte de certains courants religieux et lepoids des événements internationaux.

Comment avez-vous procédé ?J.-P. O. : Nous sommes allés observer un pe-tit nombre de collèges et de lycées2 qui re-crutent une partie significative de leurs

élèves dans des « quartiers-ghettos ». Notreétude ne peut donc prêter à une généralisa-tion. Toutefois, nous savons que certainsphénomènes sociaux, comme la violence enmilieu scolaire, éclosent sur des terrains deprédilection, avant de s’étendre à l’en-semble du système. Il faut donc rester vigi-lant.

Qu’avez-vous constaté ?J.-P. O. : Dans certains endroits, qui ne secantonnent pas aux banlieues des grandesvilles, se sont édifiées des contre-sociétés. Ilne s’agit pas du repli identitaire des plus an-ciens, mais d’une identité de substitutionqui se diffuse chez les jeunes de la deuxièmeou troisième génération. Des organisations,le plus souvent structurées sur le plan inter-national, prospèrent sur ce terreau. Le pro-jet de ces groupes est de rassembler ces po-pulations sur le plan politique en les disso-ciant de la nation française et en les agré-geant à une vaste « nation musulmane ». Ceprojet est déjà bien diffusé auprès de collé-giens et lycéens qui ont pris comme hérosles partisans de la guerre à outrance contrele monde occidental.

Quelles formes prennent ces manifestations ?J.-P. O. : Elles revêtent parfois des formes lici-tes comme la participation au jeûne rituelou le refus d’aliments non consacrés, ou en-core le marquage vestimentaire des pa-rents. D’autres fois, ces formes sont illicitescomme l’absentéisme sélectif ou la contesta-tion d’activités et de contenus d’enseigne-ment. Nous avons noté par ailleurs que cesmanifestations sont l’objet d’un déni géné-ralisé de beaucoup de personnels et de res-ponsables qui ont peur d’être taxés d’isla-mophobie.

Pouvez-nous nous donner quelques exemplesd’entorses à la laïcité ?J.-P. O. : C’est le sort réservé aux filles qui mechoque le plus. Il est fréquent que les« jeunes frères » soient chargés au collège deleur surveillance morale et vestimentaire.Les plus âgés les punissent à l’extérieur del’établissement, mais même parfois dans lecollège. Gifles, coups de ceinture et tabas-sages nous ont été signalés. Les activitéssportives des filles sont « surveillées », voireprohibées, tout comme les sorties scolaires sielles comportent une nuitée. Certains com-portements révèlent des conceptions obses-sionnelles de la pureté, comme le refus de sebaigner dans « l’eau des filles » ou des « non-musulmans ». Confrontés à ces difficultés,des professeurs, individuellement ou collec-tivement, transigent ou « négocient », ac-ceptant grands ou menus accommode-ments avec les règlements. D’autres les refu-sent et réussissent à maintenir l’intégralitéet la mixité des activités physiques et spor-tives. Les professeurs de lettres sont, eux

aussi, désarmés quand des élèves refusentd’étudier certaines œuvres jugées licen-cieuses (comme Cyrano de Bergerac) ou favo-rables à la liberté de la femme (comme Ma-dame Bovary). Et l’on constate le mêmedésarroi en histoire, quand des élèves neveulent pas entendre parler des croisadesou de la Shoah. Dans notre rapport, nousdénonçons aussi le fait qu’en France, les en-fants juifs ne peuvent plus, de nos jours,être scolarisés dans n’importe quel établisse-ment. C’est un vrai scandale.

Que faire ?J.-P. O. : Sur un sujet aussi grave, puisqu’ilconcerne la cohésion nationale et la concor-de civile, il est deux qualités que l’on devraitrechercher davantage chez les responsa-bles : ce sont la lucidité et le courage. C’est làoù l’on a transigé que l’on a reculé. C’est làoù l’on a passé des compromis que l’on a ob-servé les entorses les plus graves à la laïcité. ■

1. Rapport disponible sur internet :ftp://trf.education.gouv.fr/pub/edutel/syst/igen/rapports/rapport_obin.pdf2. De janvier à mai 2004, Jean-Pierre Obin et son équipe ontvisité 61 collèges, lycées et lycées professionnels publics, « ju-gés susceptibles, davantage que d’autres, d’être affectés par desmanifestations de la religion » et répartis dans une vingtainede départements.

Laïcité et revendications religieusesSorti en avril 2005, le rapport Obin n’a pas fini de déranger. On y apprendque dans certains établissements, on n’ose plus aborder des parties duprogramme. Issus de quartiers contrôlés par des intégristes musul-mans, des élèves veulent y imposer de nouvelles règles. État des lieuxavec Jean-Pierre Obin, inspecteur général de l’Éducation nationale.

« C’est le sort réservé aux filles qui me choque le plus. »

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N° 296, SEPTEMBRE 2005 Enseignement catholique actualités 47

« Toutes les religions sont pour la paix entre les hommes»Dans l’enseignement catholique, on aborde autrement le problème desrevendications religieuses à l’école. Le point de vue du père DanielFournel, éducateur et aumônier depuis 30 ans à la Fondation d’Auteuil1.

PROPOS RECUEILLISPAR SYLVIE HORGUELIN

Le rapport Obin [Cf. article ci-contre]ne m’a pas choqué car j’y ai trouvéune analyse approfondie de ce quise passe dans les banlieues. Quandje dirigeais la maison des Orphelins

apprentis d’Auteuil (OAA) de Thiais [Val-de-Marne], j’ai été confronté à ces problèmes. Ily a dix ans déjà, on sentait la montée d’unintégrisme religieux. Lors de la première guer-re en Irak, j’ai entendu des jeunes déclarer :«Vive Sadam Hussein, on les aura!», puis quelquesannées plus tard, au moment des attentats du11 septembre 2001 : « Ben Laden a raison ! »Je leur ai dit à chaque fois : « Croyez-vous quela religion musulmane invite à une telle violence ?La guerre sainte, ce n’est pas d’aller tuer les autres.C’est d’abord pour soi, pour se convertir. » Certainsle comprenaient. Il fallait les aider à analyserles événements et à sortir d’une réaction tropaffective. Pour eux, les attentats, c’était larevanche des pauvres sur les riches.

Le RamadanJe suis maintenant aumônier à Château-des-Vaux, en Normandie où les OAA ac-cueillent 750 jeunes de 7 à 20 ans. Beau-coup de musulmans veulent suivre le Ra-madan, même des collégiens qui n’y sontpas tenus. C’est une façon d’affirmer leuridentité. Mais peu jeûnent de bout en bout.Nous, établissements catholiques, nous de-vons respecter les autres religions. C’estpourquoi nous adaptons l’emploi du tempspour que ces élèves puissent se lever plus tôtet prendre leur petit déjeuner avant le leverdu soleil. Comme ils ne mangent pas à midi,je leur propose de réfléchir sur leur religionqu’ils connaissent très mal. Je leur parle descinq piliers de l’islam. Je leur apprends quele Ramadan ne consiste pas uniquement àse priver de nourriture, qu’il faut aussi

prier. Et je leur propose d’associer leur au-mône à celle des chrétiens pendant l’Avent.Ils sont toujours d’accord pour que nousmenions une action de solidarité commune.

Viande hallalQuand des élèves disent ne pouvoir man-ger que de la viande hallal, je les invite à lirejusqu’au bout la sourate 16 qui aborde cepoint. Il y est dit, au verset 115, que lors-qu’on est contraint en collectivité de man-ger ce qui est interdit, « Dieu est celui qui par-donne. Il est miséricordieux ».

La chapelleDepuis quatre ou cinq ans, il arrive, quandnous organisons une manifestation dans lachapelle, que des musulmans déclarentqu’ils n’ont pas le droit d’entrer. Je dois leurexpliquer que c’est un lieu comme un autre,et que lorsque nous n’y allons pas pourprier, rien ne s’oppose à ce qu’ils nous ac-compagnent.

Lieu de culteLes élèves musulmans peuvent prier dansleur chambre. S’ils réclament un lieu deculte, je leur réponds : « Vous êtes dans un éta-blissement catholique. Vous pouvez pratiquervotre religion, mais vous ne rencontrerez pasd’imam ici. En revanche, nos aumôneries voussont ouvertes. »

Prière communeBeaucoup de prières du Coran sontproches des nôtres. La prière envers le pluspauvre, écrite par l’arrière-petit-fils du Pro-phète, me convient bien par exemple : « ÔDieu, asile des sans-abri, […] sauveur de ceux quise perdent, toi qui as pitié des pauvres, guide deségarés, secours pour les sinistrés […]. » Aussi, celane me gêne pas de prendre une prièrechrétienne puis musulmane avec les jeunes.J’explique aux élèves que nous prions le

même Dieu et qu’Abraham est le père deschrétiens, des juifs et des musulmans. Onapprend à un enfant musulman qu’il doitréciter le Coran, aimer ses parents, faire dubien à celui qui a fait du mal, aider lespauvres et les orphelins... Mais après, c’estl’interprétation que certains font du Coranqui pose problème. Les prières, je les trouvedans la revue Prier2. Et pour faire com-prendre la religion musulmane aux jeunes,je me sers du hors-série « 50 clefs pour com-prendre l’islam », édité par Pèlerin Maga-

zine3. Je ne cesse de répéter aux jeunes queplus on connaît sa propre religion, plus onrespecte celle des autres.

LaïcitéLa laïcité, ce n’est pas renvoyer tout ce quitouche à la religion dans la sphère privée,de peur de se confronter à de graves pro-blèmes. Nous devons montrer aux jeunesque toutes les religions sont pour la paixentre les hommes, même si chacune d’ellespossède des courants intégristes qui perver-tissent ce message de vie. Notre rôle dechrétiens est d’être accueillants avec tous lesjeunes et de leur apprendre la tolérance etl’acceptation de l’autre. ■

1. Le père Fournel est actuellement aumônier aux OAA pourla région Centre-Normandie, mais aussi aumônier à Notre-Dame-du-Thieulin, une maison qui accueille des collégiensà Château-des-Vaux (Eure-et-Loir). 2. Cf., par exemple, « Les plus belles prières du monde », lotde 2 hors-série, 10 €, à commander sur www.prier.presse.fr3. À commander sur www.pelerin.info - Prix : 6 €.

Notre-Dame-du-Thieulin. Dans cet établissement de la Fondationd’Auteuil, on apprend aux élèves musulmans à mieux connaîtreleur religion.

D.R

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réflexion

VÉRONIQUE GLINEUR

Une enquête réalisée en Rhône-Alpes, dans les années 90, mon-trait que plus d’un tiers des élèvesavait eu recours, à un momentde leur scolarité, aux cours par-

ticuliers. Même s’il n’existe pas, à ce jour,d’étude qui permette de quantifier le nombred’élèves concernés par le phénomène, lesoutien scolaire touche sans doute aujour-d’hui une population plus importante. Eneffet, une mesure fiscale instaurée dans lesannées 90 permet aux parents de bénéfi-cier d’une réduction d’impôts de 50 % autitre des emplois familiaux, encourageantainsi « des familles qui pouvaient, en raison ducoût, hésiter à franchir le pas [...] ». Et s’il fal-lait une autre preuve du succès de ce mar-ché du soutien scolaire, on la trouverait ducôté des entreprises qui offrent ce soutien :elles ont connu, affirme le sociologue, « uneexpansion spectaculaire au cours des dix dernièresannées ».Ce recours aux cours particuliers se nour-rit de la compétition scolaire, aujourd’huidonnée essentielle du système scolairefrançais. « Pour tous les élèves de toutes les caté-gories sociales, se joue dans le parcours scolaireleur avenir social, celui-ci est de plus en plus dé-pendant de l’école, le diplôme étant pour tous deplus en plus nécessaire même s’il est de moins enmoins suffisant […]. »

Stratégies scolairesConséquence de cette montée de la com-pétition scolaire, souligne DominiqueGlasman, « l’enjeu devient d’accéder aux éta-blissements, aux filières et même aux classes lesplus ‘‘rentables’’ en termes de placement scolaireet social ». Pour cela, les parents dévelop-

pent des stratégies scolaires dans lesquellesla fréquentation des cours particuliers fi-gure en bonne place. Et si le recours ausoutien scolaire reste le fait d’élèves quicherchent à combler leurs lacunes ou en-core « veulent garantir leur maintien dans uneclasse ou un établissement auquel ils ont accédéavec peine et dont ils savent qu’ils pourraientêtre refoulés si [leurs] résultats ne suivent pas »,il concerne aussi les bons, voire très bonsélèves « qui tiennent à s’assurer, par ce biais, laréussite [à un] concours, l’orientation qu’ils dé-sirent, ou l’entrée dans l’établissement qu’ils vi-sent [...] ». En résumé, « [p]lus l’école fonc-tionne comme un marché, mettant en concurren-ce, face à des clients que l’on s’arrache, des éta-blissements impitoyablement classés sur uneéchelle hiérarchique […], plus la tendance àuser de l’arme des cours particuliers dans cette“course” s’impose ».

Autre explication à cette expansion dumarché du soutien scolaire, « des raisonsliées à la place de la scolarité dans les relationsau sein de la famille ». Et Dominique Glas-man d’expliquer que les cours particu-liers, dans leur forme actuelle, permet-traient d’externaliser les tensions liées à lascolarité et constitueraient « un indice par-lant de l’évolution des rapports éducatifs entregénérations ».Mais le succès de ce marché parallèle queconstituent les cours particuliers, tient aus-si aux insuffisances de l’école elle-même.

« [L]es cours particuliers n’existeraient pas si lesexigences scolaires, telles qu’elles sont vécues au-jourd’hui par les élèves des différentes catégoriessociales, ne conduisaient pas ces derniers à yavoir recours. […] S’ils remportent le succès quel’on a vu [...], c’est vraisemblablement parcequ’ils se présentent et se veulent les compléments(indispensables) de l’école », rappelle Domi-

Le prix du soutien scolaireDans un rapport1 établi à la demande du Haut Conseil de l’évaluation de l’école (HCEE),

le sociologue Dominique Glasman2 a étudié les tâches liées à l’activité scolaire que les élèves effectuent en dehors des heures de cours3. À cette occasion, il s’est intéressé au marché du soutien scolaire.

Il dresse un constat sévère pour le système éducatif.

Le succès de ce marché parallèle que constituent les cours particuliers

tient aussi aux insuffisances de l’école elle-même.

Égalité. Pour Dominique Glasman, l’acquisition des méthodes d’apprentisPhilippe Meirieu, le sociologue pense que l’école doit être « son propre re

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nique Glasman. Pour le sociologue, les en-treprises de soutien scolaire s’érigent en« contre-dépendance » de l’institutionscolaire : les cours particuliers, « par leurexistence d’abord, par leur mode de fonctionne-ment d’autre part, par l’insistance enfin qu’ilsdonnent à tel ou tel aspect, [soulignent] ce quel’école ne fait pas, ou pas assez, ou pas de maniè-re satisfaisante ». Via leur approche des ap-prentissages, ces entreprises mettent enavant leurs avantages comparatifs : « choixde l’enseignant », « garantie de résultats » maissurtout « réactivité » et « individualisation ».Ce à quoi vient s’ajouter le fait que les coursparticuliers permettent « l’exercice, [...] l’en-traînement, [...] la répétition, [...] l’acquisition

d’automatismes qui libèrent l’esprit pour la réali-sation de tâches complexes [...] », soit autantd’apprentissages qui relèvent d’une mé-thodologie du travail scolaire et qui « nesont pas systématiquement, c’est-à-dire à la foisdurablement et avec une certaine fréquence, réa-lisés dans le cadre de l’école [...] ».Aux côtés de la maîtrise des savoirs disci-

plinaires, la réussite scolaire requiert, rap-pelle Dominique Glasman, la maîtrise detoute une série de savoir-faire « qui tiennentde la compréhension de ce que sont les attentes del’école dans telle ou telle discipline, et qui tien-nent aussi de la familiarisation avec des tech-niques, que ce soit dans l’organisation d’un tex-te, l’écriture, l’expression orale, la résolution deproblèmes, le découpage et décryptage d’un do-cument, etc. ». Et le sociologue d’inter-roger : « [Où] et quand l’école enseigne-t-elleces savoirs et ces techniques qu’elle exige sans ledire, et qui, de fait, sont indispensables pour ve-nir à bout des épreuves qu’elle organise ? Où etquand peut-on acquérir ce qui n’est pas del’ordre de connaissances stricto sensu, mais quipermet de mettre celles-ci à profit et en valeur aumoment des contrôles, des examens, desconcours ? »Pour Dominique Glasman, il appartient àl’école de se ressaisir de cet apprentissagedes techniques et méthodes, aujourd’huitrop souvent pris en charge par le marchédu soutien scolaire, et de remédier, par làmême, aux dérives qui creusent la fracturescolaire. Pour ce faire, il préconise, « sansrien changer à l’ambition des programmes entermes de formation intellectuelle », d’intégrercet apprentissage dans le temps scolaire :l’acquisition d’une méthodologie du tra-vail scolaire, l’accompagnement des élèvesdoivent être pris en charge par les ensei-gnants dans la classe. Par ailleurs, poursuitle sociologue, il convient de prévoir, dansl’école, des lieux et des temps pour acqué-rir ces méthodes de travail. C’est ainsi que« l’étude surveillée [pourrait être] réactivée »,que « la salle de permanence [pourrait être]organisée et pensée comme une salle d’étude avecun personnel disponible pour les élèves [...] ».Propositions relayées par le Haut Conseilde l’évaluation de l’école dans son avis4 :« [L]a maîtrise de savoir-faire, de techniques, deméthodes pour apprendre, mémoriser, faire ‘‘vite

et bien’’ [...] doit être explicitement prise en comp-te dans la conception et la mise en œuvre des ap-prentissages et des progressions scolaires par lesenseignants. L’acquisition des méthodes d’ap-prentissage et l’aide au travail personnel […]doivent d’abord se construire dans la classe, et ilfaut ensuite organiser, au sein de l’école et avecdes personnels compétents, un temps et un lieupour l’exercice et l’entraînement. »

Rapports antérieursReste toutefois que ces propositions évo-quent les préconisations formulées dansdes rapports antérieurs. Ainsi dans celui5qu’il a remis à Claude Allègre, PhilippeMeirieu invitait l’école à être « son propre re-cours ». Pour cela, il recommandait d’inscri-re, dans l’emploi du temps de chaque disci-pline, des « temps de travail dirigé » réservés àdes exercices d’entraînement effectuéssous le contrôle et avec les conseils des en-seignants. Par ailleurs, dénonçant « les diffé-rences notables d’encadrement familial et le déve-loppement massif du marché privé du ‘‘soutienscolaire’’ », il suggérait « l’organisation, danstoutes les disciplines, d’heures de ‘‘permanenced’aide individualisée’’ ». Faut-il le rappeler,ces préconisations sont restées lettre mortetout comme, quinze ans plus tôt, la propo-sition de Louis Legrand6 d’aménager aucollège un système de tutorat. ■

1. « Le travail des élèves pour l’école en dehors de l’éco-le ». Le rapport et l’avis rendu par le Haut Conseil del’évaluation de l’école sont disponibles sur internet :http://cisad.adc.education.fr/hcee - Le rapport de Domi-nique Glasman est également disponible à l’adresse sui-vante : www.ladocumentationfrancaise.fr (rubrique « Rap-ports publics »).2. Université de Savoie.3. Cf. encadré.4. Cf. note 1.5. « Quels savoirs enseigner au lycée ? », 1998.6. « Pour un collège démocratique », La Documentationfrançaise, 1983.

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SECTEURS MARCHAND ET GRATUIT➤Dans son rapport, Dominique Glasman distingue « le travail explicitement demandé par

l’école » et « le travail “en plus” délibérément choisi par les élèves, ou par leurs parents, enlien direct avec les exigences scolaires ». Le premier est étudié dans le chapitre d’ouverture :« Devoirs à la maison ». Le second relève de modalités diverses analysées dans la suite du rap-port. Certaines de ces modalités – cours particuliers, coaching scolaire, devoirs de vacances, maisaussi jeux éducatifs – relèvent du secteur marchand et doivent être distinguées des dispositifs d’ac-compagnement scolaire mis en place par les collectivités territoriales et les associations. Ces aidesà la scolarité, proposées gratuitement, visent des élèves qui ont besoin à la fois d’un cadre pourfaire leurs devoirs et de l’appui d’un adulte dans leur travail. VG

sage et l’aide au travail personnel doivent se faire dans la classe. Avec cours ».

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réflexion

PROPOS RECUEILLIS PARMARIE-CHRISTINE JEANNIOT

Étonnant : d’après l’enquête que vous avezmenée avec Francis Lec, il semble que le dis-positif de 1997 mis en place par SégolèneRoyal2 pour lutter contre la pédophilie n’aitpas marqué un si grand progrès...

Claude Lelièvre : Certes, la culture de l’étouf-fement était très préjudiciable aux enfants.Mais on ne peut néanmoins s’affranchird’une double obligation : écouter sérieuse-ment l’enfant et respecter la présomptiond’innocence. La circulaire de SégolèneRoyal, en août 1997, l’affirmait avec forcemais sans accorder de préséance à l’un oul’autre droit. Si bien que la présomptiond’innocence est de fait mise à mal par leseul fonctionnement de la machine judi-ciaire. L’adage « Mieux vaut un coupableen liberté qu’un innocent en prison » estprogressivement devenu « Mieux vaut uninnocent en prison qu’un pédophile en li-berté ». Les chiffres montrent que danstrois cas sur quatre, les accusations se sontrévélées infondées. Mais le tort causé auxpersonnes est difficilement réparable, etleur réhabilitation professionnelle, pour-tant promise, souvent problématique. Se-lon les statistiques de Solidarité laïque etde l’Union solidariste universitaire, surles cinq dernières années du XXe siècle,208 dossiers sur 285 clos ont fait l’objetd’un classement sans suite ou d’une re-laxe, soit près des trois quarts des dossiers.

Aujourd’hui, écrivez-vous, il devient risquéde s’occuper d’enfants seuls…C. L. : Oui, c’est ce qui remonte du terrain.En particulier des professeurs d’éducationphysique, particulièrement exposés, qui sedisent conduits à des pratiques profession-

nelles aseptisées. Le rugby féminin, ou mê-me masculin, qui se développait, disparaîtau profit d’exercices qui ne nécessitent pasd’implication physique de l’enseignant.Les femmes – institutrices ou aides mater-nelles – qui travaillent en école maternelle(le personnel n’y est masculin que pour5 %) disent éviter tout contact physique outoute présence seul à seul avec un enfant.Elles peuvent, elles aussi, êtres accuséesd’attouchements sexuels. La pensée durisque encouru perturbe la relation péda-gogique.

Pourtant, la circulaire a été saluée en sontemps comme une libération, y compris parles syndicats…C. L. : Elle avait été demandée, en effet,par la FSU3, et plus particulièrement parle SNUipp4-FSU qui souhaitait un éclair-cissement des responsabilités dans des af-faires difficiles à vivre. Mais le dispositifmis en place comporte deux points qui nesont pas conformes au respect de la pré-somption d’innocence ni à la tradition ju-ridique des enquêtes. D’abord, le fait de semettre immédiatement, dès le signale-ment, entre les mains du procureur. En-suite, le principe d’organiser des réunionsd’information pour rompre l’isolementdes familles : elles sont contraires à l’exi-gence d’isolement de chacun des témoins,destiné à éviter la propagation de ru-meurs. Le caractère dramatique et l’issueparfois fatale de ce type d’affaires de-vraient faire réfléchir les croisés unilaté-raux de tous bords. Une affaire, qui s’estproduite à Blois, met en évidence les li-mites de cette procédure de signalementet les atteintes au droit des personnesqu’elle provoque. À la fin de l’année scolai-re 2001, le directeur d’une école commu-nale décide d’organiser une randonnée

cyclotouriste avec plusieurs de ses classes.Au cours de la nuit d’hébergement dansles vestiaires d’un gymnase, deux enfantsde 11 et 12 ans auraient vu, dans les cou-loirs, le directeur se « masturber ». Sansemployer ce mot, ils en parlent à un troi-sième camarade, et le lendemain, à une ai-de éducatrice, qui traduit et en parle à uncollègue instituteur, qui recommande d’en

parler à la psychologue scolaire, qui en in-forme l’inspecteur d’académie. Lequel« ouvre immédiatement le parapluie » enfaisant un signalement au procureur.Quelle que soit l’authenticité du récit desenfants, l’affaire suit son cours. Le direc-teur est appréhendé et placé en garde-à-vue ; il clame son innocence mais y restequinze heures. Heureusement pour lui,l’accusation s’effrite au fil des jours et ilpeut prouver qu’il a prêté un film duCDDP5 pour des cours d’éducationsexuelle : Le bonheur de la vie6. Cinquante-deux jours après sa mise en garde-à-vue,le 23 novembre 2002, il est informé par leprocureur que l’affaire est classée sans sui-te. Il s’est juré de ne plus emmener sesélèves en randonnée et de ne plus passerles films sur l’éducation sexuelle recom-mandés par l’Éducation nationale.

Comment légiférer pour protéger les enfants,ce qui était indispensable, si les responsablesse contentent d’ouvrir le parapluie ? Dansl’affaire Hanse7qui s’est terminée par le sui-cide de l’enseignant, le procureur a été im-

École et sexualitéDans un ouvrage original1, Claude Lelièvre, professeur d’histoire de l’éducation

à l’université Paris-V, et Francis Lec, avocat-conseil de la Fédération des autonomes de Solidarité laïque, font le point sur l’évolution de l’école par rapport

à ce qui y fut longtemps un tabou : la sexualité. Rencontre avec Claude Lelièvre.

« La pensée du risque encouru perturbe

la relation pédagogique. »

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médiatement prévenu par le principal quin’a pas fait d’enquête interne pour vérifierles allégations d’un élève de 13 ans…

C. L. : Auparavant, on ou-vrait le parapluie en fermantles yeux, maintenant, on faitle contraire. C’est la rançondu changement. Il y a, en ef-fet, plusieurs façons de se la-ver les mains… Il faut direque le chapitre de la circulai-re sur le signalement est parti-culièrement incisif : « […] toutmanquement à [l’]obligation léga-le [de signalement en cas deconnaissance directe desfaits] expose [le fonctionnaire]à être poursuivi en justice pournon-empêchement de crime[…]. » « Concrètement, pour-suit le texte, chacun doit com-prendre que les mutations desti-nées à étouffer les affaires ou àfaire taire les familles consti-tuent des délits sévèrement répri-més par la loi. » C’est donc pa-role contre parole. Une foisqu’une affaire est lancée, elleest longue et coûteuse, mora-lement et matériellement.L’organisation Solidaritélaïque a fait des propositionsconcrètes pour améliorer lasituation : il faudrait davan-tage d’experts, mieux formésà l’écoute de la parole del’enfant. Dans une société enmal de repères, celle-cisemble devenue une valeur refuge, quasi-manifestation de « la » vérité. L’accusationdevient preuve.

Vous montrez bien dans votre livre que bienque l’école ne soit plus un sanctuaire, elle n’apas encore réussi à inventer une véritableéducation sexuelle… C. L. : Même le tabou le plus grand jus-qu’ici à l’école, l’homosexualité, parvient àfranchir ses murs. Banale dans n’importequel reality show, elle restait exclue desclasses, au point de ne jamais mentionner,par exemple, l’homosexualité de Michel-Ange. Aujourd’hui, des homosexuels adhé-rents du SNES8 défilent à la Gay Pride, cer-tains demandent des aménagements dansles programmes pour que les différencessexuelles y soient prises en compte. Nous

sommes loin de la vie privée exemplaire etnormée attendue des enseignants sous latroisième République, où une célibataireayant une liaison discrète avec un célibatai-

re, était démission-née. Autrefois, l’Ins-titution était extra-or-dinaire, les ensei-gnants, des per-sonnes extraordi-naires. Maintenant,tout est ordinaire, etsusceptible d’être judiciarisé. L’archaïsmen’est plus de mise. Et pourtant, jusqu’ici,l’école a évité de se colleter au problèmed’une véritable éducation sexuelle. Elle atransformé la mixité (installée dans les an-nées 1970) en triomphe du neutre. Seul, lesecrétariat général de l’enseignement ca-tholique prévoyait l’ampleur de la tâche,quand il écrivait, en juin 1966, qu’il ne fal-lait pas se contenter d’une co-instruction,mais que « nous avions le devoir grave de faire

une véritable co-éducation ». On est, en 2003,sorti de la dichotomie qui régnait depuis1973 entre instruction sexuelle (obligatoi-re à l’école) et éducation sexuelle (facultati-

ve, à la discrétion des pa-rents), notamment à causede la menace du sida, desgrossesses précoces plus fré-quentes chez des jeunes fillescolarisées plus longtemps.Les textes de février 2003prévoient désormais troisséances annuelles obliga-toires d’éducation sexuelleà chaque niveau d’enseigne-ment. Et les circulaires, si on les regarde de près, sonttrès ambitieuses ; mais ellesne sont guère appliquées. À quoi éduquer, en effet,quand les normes ont dispa-ru et que le consensus se résume au droit à la différen-ce ? quand les interdits sontjudiciairement définis, mais

sans que l’on sachesur quelle base ?Pour le moment,l’Institution ne s’estpas vraiment em-parée du problè-me. Il serait pour-tant urgent qu’elleouvre les yeux surces questions.Notre livre est unpeu un pavé dans lamare… ■

1. Les profs, l’école et lasexualité, Odile Jacob,2005, 352 p., 25 €. 2. Ségolène Royal était alorsministre déléguée chargéede l’enseignements sco-laire. 3. Fédération syndicale uni-fiée, la principale fédéra-

tion syndicale d’enseignants du premier et du second de-gré.4. Syndicat national unitaire des instituteurs, professeursdes écoles, et professeurs d’enseignement général de col-lège.5. Centre départemental de documentation pédagogique.6. Une série de dessins animés de Jacques-Rémy Girerd,destinée aux 7-12 ans.7. Bernard Hanse, enseignant d’éducation physique, s’estsuicidé le 10 juin 1997, après avoir appris la saisie du pro-cureur. L’élève a été mis en examen pour allégations men-songères le 8 juillet de la même année. 8. Syndicat national des enseignements de second degré(principal syndicat des enseignants du secondaire).

D.R

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Vous vénérez l’abeil-le pour son miel ;la coccinelle – la

bête à bon Dieu – est votreporte-bonheur ; le labeurde la fourmi vous inter-loque. Vous aimez aussi lescarabée, doré ; le ver à soie,brillant dans l’or noir de lanuit ; et l’orchestre que com-posent la cigale (aux cymbales),le criquet (au hautbois) et legrillon (au violon). Mais lesautres – puces, termites,punaises, blattes, phasmes,mantes religieuses femelles dévorant le mâle,doryphores saccageant les champs de patates –,pas de place pour eux dans l’album aux souve-nirs heureux. Pas plus que pour l’araignée répu-gnante ou le scorpion tueur. Halte-là ! Insectes,ces deux-là ? Nenni ! À Micropolis, la cité desinsectes sise au cœur du Larzac, à vingt kilo-mètres du désormais célèbre viaduc de Millau,vous apprendrez pourquoi... Micropolis : un étrange bâtiment posé dans lapetite bourgade de Saint-Léons (Aveyron), villa-ge natal de l’entomologiste Jean-Henri Fabre(1823 - 1915). Le projet dont il rêvait verra lejour près d’un siècle après sa mort, grâce notam-ment à Jacques Perrin, le producteur du filmMicrocosmos (cf. encadré) qui a fait connaître aumonde entier le petit peuple de l’herbe. Micropolis est une cité qui fourmille d’idées,d’ingéniosité dans la mise en scène, de mouve-ments, d’impressions. Ici, on apprend qu’une

puce peut tirer 400 fois sonpoids (contre 4 pour le cheval) ;qu’un termite pond un œuftoutes les trois secondes, soit30 000 par jour ; qu’un taon debœuf peut voler jusqu’à 40 km/heure. Par une étrange alchi-mie, voilà que ces petites bêtesqu’on écrase sans vergognenous deviennent sympathiques.Surtout, lorsque sur une balus-trade, on en voit des milliers se

diriger en processionvers le Microrex, leurcinéma. Mais la séancedébute mal : les publi-cités de l’avant-pro-gramme sont consa-crées à des insecti-cides. Ce qui ne leurplaît guère, et n’estpas fait pour les ral-lier à la cause deshommes qui ont,pourtant, besoindes insectes. Sa-

vez-vous que lacoccinelle est élevée pour faire de

la lutte biologique dans les vergers ? que certainsasticots sont utilisés en médecine pour nettoyerdes plaies ? et que la teneur en protéines de cer-tains en fait d’excellents aliments ?

Idées nouvellesDans les quinze espaces qui leur sont dédiés, onapprend une foultitude de choses, souvent ens’amusant. Ainsi, dans une vitrine, on assiste à ladéposition d’une mouche Calliphora venue por-ter plainte contre un droséra, plante carnivore,pour « tentative de meurtre » ! Micropolis, c’est tout ça. Et sans arrêt, des idéesnouvelles pour les enseignants et leurs élèves.Cette année a été également créée une stationd’expérimentation sur la biodiversité, nouvellefacette de la mission pédagogique du lieu.

ÉLISABETH DU CLOSEL

Micropolis-Cité des insectes, Le Bourg, 12780 Saint-Léons. Tél.: 05 65 58 50 50. Internet: www.micropolis.biz

VIVANTDE MICROCOSMOSÀ MICROPOLISQuand Microcosmos, film

documentaire de Claude Nuridsanyet Marie Pérennou,est arrivé sur lesécrans en 1996avec pour synopsis« Voyage sur terreà l’échelle ducentimètre »,Jacques Perrin, son producteur,savait-il qu’il allait

engendrer Micropolis, la cité desinsectes ? Oui, puisque l’idée de cemusée vivant est née de la rencontredu comédien-producteur et de JeanPuech, président du conseil général del’Aveyron, alors ministre del’Agriculture et de la Pêche. Encontrepartie d’une aide au financementdu film, le département de l’Aveyrondevenait propriétaire de 70 kilomètresd’images non montées et du robot deprise de vues. Ainsi naquit la cité tellequ’elle est conçue aujourd’hui,montrant des insectes vivants, lesimages non exploitées et le robot. EDC

Microcosmos en DVD aux éditions Montpar-nasse : 26 €.

BEAU ET PRATIQUELE VIADUC DE MILLAUIl y aura pour Millau (Aveyron) un

avant et un après-viaduc. Un avantqui voyait, chaque jour d’été, passer enson cœur 25 000 véhicules créant demonstrueux embouteillages. Un après

fait deretombéeséconomiquesinattendues !Le viaduc,suspendu dansle vide au boutde ses câbles,

est devenu un ouvrage d’art fréquentéautant pour sa beauté que pour soncôté pratique. Qui l’eût cru quand onannonça le projet, il y a treize ans ? Les boucliers brandisalors ont été remisés, et on vient departout pour l’admirer, le « visiter* ». Il faut se procurer le numéro horssérie** du Midi libre qui lui estconsacré pour comprendre la longuegestation et la maturation, les tenants etles aboutissants d’un tel ouvrage. EDC

* Réservations au 05 65 60 02 42.** « Le viaduc de Millau – un défi humain, uneprouesse technologique », Midi Libre-CentrePresse, juin 2004. Prix: 6 € (+ 1,50 € de port).Commande en ligne : www.guidesdumidi.com/pubs/viaduc/viaduc.html

Un voyage au cœur de l’infiniment petit, du peuple de l’herbe, de la mer et des cieux.

culture /nature

MICROPOLIS

La cité des insectes

Phot

os :

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N° 296, SEPTEMBRE 2005 Enseignement catholique actualités 53

Al’automne, la nature offre un véritable spec-tacle, en particulier quand vient l’époquedes migrations des oiseaux. » Stéphane

Gaillard, silhouette sportive et casquette àlongue visière sur la tête, s’enthousiasme dèsqu’il peut parler de son environnement. Gui-de du parc naturel régional de la Forêtd’Orient, en Champagne-Ardenne, spécia-liste animalier, il connaît la région comme lefond de sa poche. « Autour de ces lacs de rete-nue, destinés à réguler le cours de la Marne et dela Seine, a pu se développer toute une faune aqua-tique et ornithologique. En automne, plus de270 espèces d’oiseaux, migrateurs et sédentaires,élisent domicile ici : des canards, des oies, mais aus-si des faucons pèlerins, des pygargues à queue

blanche, des hérons pourprés, des butors étoilés...Mais notre vedette locale, la grande star des lacsde Champagne, c’est la grue cendrée, l’un des plusgrands oiseaux d’Europe, avec environ 2 mètresd’envergure et un poids de 4 à 6 kilos. »En effet, à la fin du mois d’octobre, puis plustard, en février-mars, les grues cendréesprofitent des conditions naturelles idéalespour marquer une pause dans leur voyageannuel, entre Suède et Espagne. En l’an2000, 70 000 individus de cette majestueuseespèce ont été recensés. « Depuis quelques an-nées, commente encore Stéphane, certainesgrues passent même tout l’hiver sur place, attiréespar la tranquillité, la nourriture et le climat peu rigoureux qui règnent au lac de Der. »

Avec ses 48 000 hectares et ses 77 kilomètresde rives, le lac du Der-Chantecocq est la plusgrande retenue d’eau d’Europe. Bien amé-nagé, il offre 3 500 hectares de sa vaste su-perficie aux activités nautiques (voilier,

planche, plage) et 475 hectares de bassinsaux pêcheurs de poissons blancs et de car-nassiers, 500 kilomètres de circuits baliséspour les randonnées à pied, à cheval ou enVTT. Mais c’est dans les roselières, bois desaules inondés, vasières et marécages que lesamoureux de la nature apprécieront la gran-de diversité de la faune et de la flore locales.Mais il n’est pas le seul plan d’eau de cette ré-gion surnommée « le pays des grands lacs »,car le parc naturel régional de la Forêtd’Orient (qui tient son nom de l’ordre mé-diéval du Temple, les chevaliers d’Orientqui l’imprègnent toujours de leur présence)abrite aussi les 5 000 hectares d’eau du lacdu Temple, du lac d’Orient et du lac Aman-ce. C’est d’ailleurs dans cette Champagnehumide que l’on trouve encore des espècesprotégées assez rares comme la salamandretachetée ou le sonneur à ventre jaune (élé-gant crapaud qui doit son nom, d’une part,à son chant musical, et, d’autre part, à lacouleur jaune orangé et gris bleuté de sonventre).

Sorties et conférencesUn pôle éducation à l’environnement, quicollabore avec la Maison du Parc, proposede nombreuses animations. Dans cette an-cienne ferme d’architecture purementchampenoise, on peut voir des expositionssur le patrimoine naturel (sol, eau et forêt),la présentation des grands aménagementsdu territoire, et choisir ses sorties nature ouses conférences naturalistes.

BRUNO GRELON

Maison du Parc naturel régional de la Forêt d’Orient,10220 Piney. Tél. : 03 25 43 81 90. Internet : www.pnr-foret-orient.frComité régional du tourisme Champagne-Ardenne, 15 ave-nue du Maréchal-Leclerc, BP 319, 51013 Chalons-en-Cham-pagne Cedex. Tél. : 03 26 21 85 80. Internet : www.tourisme-champagne-ardenne.com

La grue cendrée, l’autre star de la Champagne

La Champagne humide compte une trentaine d’églises et de chapelles

à colombages (édifiées entre la fin du XVe et le début du XIXe siècle). Bois de chêne, torchis et chaux ont été utilisés pour la constructiond’édifices religieux simples et rustiques. Cette architecture religieuse n’existe qu’enChampagne-Ardenne, exception faite de Sainte-Catherine de Honfleur (Calvados). Si l’extérieur de ces bâtiments de grande tailleretient l’attention, l’intérieur vaut également le détour (décor inédit en bois).À Troyes (Aube), les églises attestent de ladextérité des maîtres verriers médiévaux.

Créée au cours du XVe siècle, cette école connaît son apogée à la fin du XVIe siècle et perdure jusqu’au XVIIe. Malgré les guerres et les intempéries, Troyes abrite, à ce jour, laplus grand surface de vitraux d’Europe (près de 10 000 m2). Les maîtres verriers champenoiss’inspiraient des gravures de l’époque – cellesd’Albrecht Dürer sur l’Apocalypse par exemple– ou encore des peintures et sculptureschampenoises. La région du Der (Marne)possède également un patrimoine verrier d’unequalité exceptionnelle, illustrant l’art du vitrail sur plusieurs siècles. BG

Roselières, bois de saules inondés,vasières, marécages…

UN PATRIMOINE RELIGIEUX EXCEPTIONNEL

En Champagne, pays de vignes où les bulles sont reines, les amoureuxde la nature aussi ont l’œil qui pétille : les lacs de régulation

de la Marne et de la Seine leur offrent chaque année la migration de dizaines de milliers d’oiseaux, dont la star est la grue cendrée.

Espèces et espaces. Les 5 000 hectares de plans d’eau du parc régional de la Forêt d’Orient accueillent au fil de l’an desgrues cendrées et des milliers d’autres oiseaux migrateurs.

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TRAJECTOIRESAVEC DIEU➞Dans la chambre où mourut

François Mitterrand, le 8 janvier1996, il y avait un tableau représentantsaint François d’Assise. Sur soncercueil : une croix. Et ses funéraillesfurent religieuses. L’agnostique n’étaitpas sans paradoxe. Profondémentinscrit dans son siècle, ce président de la République « aura réussi là oùéchouent les Églises : réintroduire dansla société française une parole et uneréflexion publiques sur Dieu, la mort,le sens de la vie humaine au-delà du temps ». À travers trois générationsde catholiques, vingt-neuf trajectoireset autant de profils, l’auteur, directeurd’études à l’École des hautes étudesen sciences sociales, se penche sur la crise du modernisme et la questionreligieuse au XXe siècle. MR

Émile PoulatLa question religieuse et ses turbulences au XXe siècleBerg International328p., 28€

➞Les Américains restent nos alliés et nos amis, ils ne sontplus nos frères. » Fort d’une année – d’août 2003 à

août 2004 – passée au cœur de la « grosse pomme », pourenseigner les sciences politiques à l’université de Fordham,Pierre de Charentenay brosse un portrait sans concession desÉtats-Unis vus de la « capitale du monde ». C’est en finconnaisseur de l’âme et des mœurs new-yorkaises que ce jésuite nous livre son carnet de bord. Nous le suivons pas àpas dans les quartiers, dans les ruelles. Observateur de lagrandeur mais aussi des travers de l’Amérique, il nous parled’un peuple barricadé derrières des procédures juridiques,

obsédé par le port d’arme, travaillé par la liberté sexuelle etl’homosexualité, accro aux McDo, aux voitures toujours plusgrosses et aux dollars. Ségrégation, surconsommation et inégalités, est-ce vraiment le modèle à imposer au reste dumonde ?

MATHILDE RAIVE

Pierre de Charentenay s.j.Un Européen à New York

Bayard/Études 376p., 21,50€

L’ART SUBTILDU VITRAIL➞Une lumière rouge, pure,

vibrante, baigne le chœur de l’église Notre-Dame du prieuré de Salagon, dans les Alpes-de-Haute-Provence. Cinq verrièresmonochromes ont été imaginées par l’artiste Aurélie Nemours pour cette construction de la fin du XIIe siècle.Elles font partie d’une série de commandes publiques passées à des artistes contemporains pourrenouveler l’art du vitrail dans lesédifices religieux. En tout, vingt-septgrandes réalisations sont présentées ici.Avec Gérard Garouste, Olivier Debréou Sarkis, le verre se prête à un dialogue spirituel entre l’artisteet la lumière. Ce magnifique album,largement illustré, témoigne de cettecréativité. MR

Jean-François Lagier (dir.)Lumières contemporaines - vitraux du XXIe siècle et architecture sacréeCentre international du vitrail/Gaud 253p., 39€

LANGUESVIVANTES➞« Les manuels français opèrent

une certaine séparation entretravail et plaisir : alors que les bandesdessinées et les poèmes sont destinés àune lecture “récréative”, la plupart desdocuments donnent lieu à un véritabletravail. » Les auteurs, s’inscrivant dansla dynamique de recherche de l’équipede didactique des langues, des textes et des cultures de Paris-III, explorent les cultures linguistiques et leurs liens avec les cultures éducatives. En France(comme on l’a vu plus haut) mais aussiailleurs en Europe, en Afrique et en Asie. Hypothèses, analyses,références bibliographiquesabondantes... Les linguistes serontséduits. MR

Jean-Claude Beacco, Jean-Louis Chiss,Francine Cicurel, Daniel Véronique(dir.)Les cultures éducatives et linguistiquesdans l’enseignement des languesPuf276p., 30€

CHEMINSD’ÉVANGILE➞Bibliste de formation,

le cardinal Louis-Marie Billé a toujours puisé dans les SaintesÉcritures pour dire son espérance.Profondément humain, ce pasteur,emporté par un cancer en 2002, était habité par une unique mission :annoncer la Bonne Nouvelle du Christ Vivant. Ouvert à tous, sans pour autant s’abstenir de prendre position contre le Pacs ou l’euthanasie, Louis-Marie Billén’aura eu de cesse de croire à l’avenir de l’Église. Les homélies,discours et entretiens rassemblés ici donnent la mesure de son enseignement. « Je sais en qui j’ai mis ma foi », avait-il fait graver à l’intérieur de son anneau.Il nous laisse ce message en partage. MR

Cardinal Louis-Marie BilléParoles pour espérerMame144p., 17€

Grandeur et traversLE MODÈLE AMÉRICAIN ?

culture /livres

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N° 296, SEPTEMBRE 2005 Enseignement catholique actualités 55

CHRONIQUESHOSPITALIÈRES➞La situation a-t-elle vraiment

changé ? À l’hôpital,aujourd’hui, le manque de moyens, les horaires harassants, le dévouementet la souffrance sont encore le lot quotidien de ceux qui y travaillent, souvent pour des salairesde misère. Rédigé par une amie de Vercors et d’Éluard, ce « journal »hospitalier date de 1974. Best-sellerd’il y a trente ans, il est toujoursd’actualité et les scènes qu’il décritsemblent avoir été vécues la veille.Engagée incognito comme agenthospitalier, Madeleine Riffaud,résistante durant la Seconde Guerremondiale et correspondante de guerre,de l’Algérie au Viêt-nam, croquel’intimité, la douleur, la peur de la mort,la fragilité de l’existence et les tensionsdes urgences d’un hôpital. MR

Madeleine Riffaud Les linges de la nuitPresses de la Renaissance285p., 18€

LES YEUXAU CIEL➞Passionné par la grive, le geai,

la fauvette, le rouge-gorge ou la hulotte, Henri Brunel, promeneurdes bords de Loire et proviseur à laretraite, dresse le portrait de ses amis à plumes avec la minutie d’un peintrejaponais. L’œil aguerri et l’oreille auxaguets, il observe le peuple de l’air.Poétiques, légères, ces petites fablespassent du chevalier guignette à« l’aile arquée, recourbée en forme de serpette », au gorgebleue à miroir.Sans oublier le tadorne de Belon,« grand canard noir et blanc, qui vitaux bords de mer ». Un hommagesensible à tous ceux, qui « parmi nous[sont] une chance d’amour ». JérômeGarcin, qui signe la préface, écrit : « Je voudrais que vous aimiez, commemoi, les variations qu’[Henri Brunel]exécute dans son jardin. » MR

Henri BrunelÉloge de l’oiseauArléa110p., 6€

FABLEGRINÇANTE➞« Autour de moi, les enfants

battent des mains. J’embrasseune fillette juste à côté d’un petitrouquin qui me regarde, ébloui. »Kidou est une chanteuse pour enfants,adulée par son très jeune public. Vêtue comme une petite fille alorsqu’elle n’en est plus une depuislongtemps, entourée par ses pelucheset maternée par son manager, elle se laisse porter par l’existence avec uneseule obsession : rester jeune. Jusqu’aujour où, par hasard, elle découvre la vie, la vraie, en devenant mère à sontour. Elle commence alors à réaliserl’hypocrisie de son rôle et de ceux qui l’entourent. On jurerait reconnaîtreun personnage bien réel derrière cette figure de roman, récit sans farddes vaines illusions d’un monde de paillettes. MR

Camille de Casabianca Le lapin enchanté Seuil171p., 15€

CONTERÉALISTE➞Quand un défunt pacha surgit

brutalement de son tombeaud'un cimetière du vieux Caire surlequel est venu méditer un paisibleécrivain, cela donne une épopéerocambolesque où le passé percute le présent, dans cette Égypte où l'onsait ce que l'occidentalisation a laissécomme traces. Pour faire un parallèle,imaginons Louis XVI renaissant de ses cendres et projeté dans la Francecontemporaine. Il en perdrait unedeuxième fois la tête. Cet ouvrage,premier roman arabe se situant auconfluent de l'ancien et du moderne,est enfin traduit en français. Une langue pittoresque, une prose au long cours et moult détails qui nous entraînent d'aventures enmésaventures, dans cette confrontationde deux époques. EDC

Muwaylihî (traduction : Randra Sabry) Ce que nous conta ‘Îsâ Ibn Hichâm JasminColl. « Le Simoun », 394 p., 24€

➞Nathalie et son frère ont quinze ans d’écart. François estun enfant « sur le tard ». Le dernier-né d’une mère qui

refuse de voir la réalité en face. Ni l’hépatite contractée durantsa grossesse, ni les risques inhérents à un accouchement à do-micile, ni les séquelles de la méningite qui foudroie le petit gar-çon à dix-sept mois, ni même les radiographies qui mettronten évidence l’altération de sa zone du langage ne la feront dou-ter de la normalité de son fils auquel elle est viscéralement at-tachée. L’analyse par sa fille aînée de ce lien dévastateur entreune mère dépressive et son enfant-objet, met également en évi-dence l’importance de ce frère dans la vie de sa sœur. Ce té-

moignage troublant s’inscrit parmi une dizaine de récits defrères et sœurs face à l’«anormalité» de leur fratrie. Autant d’his-toires individuelles mises en perspective grâce aux analysesd’un juriste, d’un prêtre, d’une enseignante, d’une psychothé-rapeute... Remuant.

MATHILDE RAIVE

Maria Carrier (dir.)Handicaps - paroles de frères et sœurs

AutrementColl. « Mutations », 170p., 19€

Récits de frères et sœursHISTOIRES DE FAMILLES

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56 Enseignement catholique actualités N° 296, SEPTEMBRE 2005

FRÈREDE CŒUR➞Coup de foudre immédiat.

Dès le premier jour, Yann s’est pris d’affection pour Minh, de quatre ans son aîné, arrivé dans sa famille à quatorze ans. Et voilà qu’aujourd’hui, accompagné de ses nouveaux parents, de ses frèreset sœurs d’adoption, le jeuneVietnamien retourne dans son paysd’origine pour les vacances. Et Yann a peur. Peur de perdre son nouveaucomplice. Peur qu’il se sente trop bienchez lui et qu’il ne veuille plus reveniren France, oubliant tous les momentsqu’ils ont passés ensemble. Un récitsensible sur les retrouvailles d’unenfant avec les siens, vu par ceux quiont choisi de lui ouvrir leur cœur. Au risque de le perdre. À partir de 11 ans. MR

Karine ReyssetLa famille de mon frèreL’école des loisirsColl. « Neuf », 165p., 8,50€

➞Parfois, comme dans la vie, les plus belles histoires sontcelles qui s’écrivent à plusieurs mains. Celles qui per-

mettent à leurs auteurs de se retrouver quand le vent a balayéleurs souvenirs, détruit leurs espoirs, piétiné leur avenir. « Il nefaut jamais cesser de parler à ceux que l’on aime », murmurele fantôme de Clémence à sa petite-fille Karine, venue cher-cher dans sa maison d’enfance le sens de sa vie. C’est unedouble reconstruction que ce texte offre à ses lecteurs. Par lerécit lui-même mais aussi par sa genèse. C’est La Source, l’as-sociation de réinsertion que le peintre Gérard Garouste a crééedans l’Eure pour les jeunes en difficulté, qui est à l’origine dece beau projet. Grâce aux rendez-vous réguliers initiés durant

deux ans par le biais d’un atelier d’écriture et d’art plastiquedirigé par l’écrivain Ricardo Montserrat et le peintre OlivierMasmonteil, ce conte a été écrit par des enfants et leurs pa-rents. Une façon de renouer des liens dans le cœur de ces fa-milles souvent malmenées par l’existence. À partir de 13 ans.

MATHILDE RAIVE

La Source, Ricardo Montserrat, Olivier Masmonteil

Enfances et fantômesSyros

256p., 18,50€

MARIE : VIE ET PRIÈRES➞Marie rayonne. Mère de Dieu

et des hommes, elle veille sur le monde. Adorée par ses parents avant d’enfanter elle-même, celle quiaccueille et conforte ceux qui souffrent,parvint à surmonter sa propresouffrance pour soutenir son fils.Courageuse, la Vierge donne l’exempled’une vie discrète mais d’un amourabsolu pour son prochain. Ce joli livresur fond de bleu céleste permet dedécouvrir la douceur, le courage et lasensibilité de la jeune fille de Nazareth.Accompagné de prières qui rendentgrâce à Marie, ce portrait au quotidienest esquissé par un auteur sensible quia su extraire des évangiles ce beaudestin de femme. À partir de 8 ans. MR

Bernadette Gourlet-Loire (texte),Karine Anglade (ill.)Connais-tu Marie ?Le Sénevé64p., 12€

PETIT OURSET PETIT ŒUF➞C’est bien connu, les chiens

ne font pas des chats et les ours ne couvent pas d’œufs. Et pourquoi pas ? Freddy l’oursonaurait bien envie de couver lui aussi,comme les mamans cygnes installées près de l’étang. Et le voilà à la recherche d’un « p’tit z’œuf » dans la forêt de chênes… Un joli conte aux couleurs tendres –vert, brun et bleu – pour expliqueraux petits que si la tendresse peut faire des miracles, il faut pourtantrespecter certaines règles naturelles.Tout est bien qui finit bien pour Freddy qui s’est fait une raison grâceaux conseils pleins de bon sens de sa maman. À partir de 3 ans. MR

Julia Rawlinson (texte), Jane Massey (ill.)Le p’tit z’œuf de FreddyLipokili28p., 11,95€

SAINTS ET SAINTESDE DIEU➞De saint Pierre, compagnon

du Christ, considéré comme le premier évêque de Rome, jusqu’àMère Teresa, béatifiée par le pape Jean-Paul II en 2003, en passant par Bernadette Soubirous, saint Jean Bosco ou sainte Thérèsed’Avila, canonisée en 1622, ce sont vingt figures de saints qui se succèdent. Chacune est évoquéeà travers une biographie, une imagepleine page, une œuvre exemplaire,une action contemporaine inspirée par sa vie, et un texte de méditation.L’évocation de ces hommes et de ces femmes qui « ont marqué leur temps » et qui marquent le nôtre,est servie par le style concis de l’auteuret une maquette dynamique. À partir de 8 ans. MR

Xavier Lecœur Le grand livre des saintsBayard Jeunesse96p. 19,90€

En familleMOTS D’ENFANTS ET DE PARENTS

culture /livres jeunesse

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N° 296, SEPTEMBRE 2005 Enseignement catholique actualités 57

PERLEETHNOGRAPHIQUE➞« Gagou savi tou. » Traduction :

« La grenouille a pété. »Ces paroles répétitives sont au centred’un jeu de garçons Duru de Haar, au Cameroun. Collecté chez l’une des onze ethnies sur les deux centsoixante que compte ce pays de 15 millions d’habitants, ce chant est l’une des découvertes de cet album ethnologique. Cours d’école et cérémonies enfantines sont les lieux de prédilection de Francis Corpataux, professeur de la faculté d’éducation deSherbrooke (Québec, Canada), à l’initiative de cette réalisation quis’inscrit dans une collection déjà riched’une quinzaine de volumes. MR

CollectifCamerounArion1 CD, 1 livret (40 p.), coll. « Le chant desenfants du monde» (catalogue sur :www.arion-music.com), 21,31€

CHANSONSD’OCCITANIE➞Des ateliers d’improvisation

artistique organisés avec lesélèves et les instituteurs de l’écolebilingue (français/occitan) deMonestiès (Tarn) ont rendu possible la réalisation de ce CD qui mêlecompositions originales et airstraditionnels. L’accordéon diatoniquedonne le la à une instrumentation à dominante acoustique (mandole,hautbois, oud, bendir…) qui laisse la place aux samples le temps d’unDiga me Diga li (Dis-moi, dis-lui)flirtant avec le rap. Le tout ne devraitpas laisser insensibles les amateurs de langues régionales (les textes sont tous traduits en français) et de tradition ouverte. Sans oublier« tous les enfants d’Occitanie et du monde entier ». MR

La TalveraQuincarelet - cançons d’OccitaniaCordae/L’Autre Distribution1 CD, 1 livret (24 p.), 15€

L’ÉGLISEET L’ÉCOLE➞Émission de France 2 produite

par « Présence Protestante » et « Le Jour Du Seigneur », Agapè,animée par Catherine Matausch (notre photo) est un momentd'échanges entre chrétiens, croyantsd'autres religions et non-croyants. Ce programme de 52 minutes, diffusé le premier dimanche dechaque mois à partir de 10 heures,aborde de grandes questions sur la société, la politique, la morale,le sens de la vie. Le 2 octobre 2005,l’école, lieu et temps de transmissiondes savoirs, des savoir-faire et des savoir-être, sera au cœur du dialogue. Après un état des lieux du système éducatif, et un examen de ses tentations ainsi que de sestentatives, les invités s’interrogerontsur le sens et les raisons de l’implication de l’Église dans l’enseignement. GDR

www.lejourduseigneur.com

FAMILLES ENCONSTRUCTION➞Cent fois sur le métier, remettons

la famille. Car vivre sous lemême toit, c’est un vrai travail. Commeen témoignent deux fictions et unmagazine programmés sur KTO.Lorsque leur père se retrouve en prison,Émilie, la jeune héroïne d’Un pull par-dessus l’autre (le 6 octobre à 20 h 50),est séparée de son frère. Michel, qui estsourd, est placé en foyer, tandisqu’Émilie arrive dans une familled’accueil dont la mère, jouée par AnnieGirardot (notre photo), espère qu’elleremplacera sa fille morte. DansCherche famille désespérément (le 20 octobre à 20 h 50), Edward Milan se met en quête d’un petit-fils dont ilignorait l’existence. Mais ce dernier,orphelin fugueur, est occupé à seconstruire une famille d’adoption.Enfin, le 17 octobre à 20 h 50, KTOMagazine planchera sur « Commentconcilier agenda et vie de famille ? »RT

www.ktotv.com

➞« Il y a une zone d’ombre et une zone très claire... […].Nous voyons Armstrong de face, il a les deux pieds sur

le sol lunaire. Il marche. Il a fait un pas […]. » Nous sommesle 21 juillet 1969, à 3 h 56. Les commentaires émus des jour-nalistes sont à la mesure de cet événement exceptionnel. Pla-ge suivante : c’est le président Nixon qui s’entretient avecl’astronaute en direct de la lune. « C’est l’appel le plus im-pressionnant de ma vie. [...] Dans toute l’histoire, tous leshommes de cette terre sont fiers de ce que vous avez fait. » Cesdeux moments rarissimes autant qu’incontournables s’inscri-vent dans un ensemble de quelque 80 documents radiopho-

niques qui privilégient les épisodes… franco-européens de laconquête spatiale. Tout commence avec Louis Damblanc quidépose, en 1936, les brevets de sa théorie des fusées à étages.Puis viendront les Spoutnik, Gagarine, la fusée Diamant, Aria-nespace, le programme Galileo…

MATHILDE RAIVE

CollectifL’aventure spatiale – une histoire radiophonique del’aventure spatiale franco-européenne du XXe siècle

CNES/INA/Frémeaux & Associés2 CD, 1 livret (40 p.), 29,99€

Écoutez l’espaceON A MARCHÉ SUR LA LUNE

culture /multimédia

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58 Enseignement catholique actualités N° 296, SEPTEMBRE 2005

actus /agenda /pratique

Semainemissionnairemondiale79e ÉDITIONDu 16 au 23 octobre 2005Partout en France

Le service de la Pastorale desmigrants sera le « partenaireprivilégié » de cette édition pré-sentée dans notre dernier nu-méro (cf. ECA 295, p. 18).Comme chaque année, lesŒuvres pontificales mission-naires-Coopération mission-naire (OPM-CM) proposent di-vers outils d’animation à dé-couvrir et à commander via in-ternet.

Contact : OPM-CM, Service commandes, 5 rue Monsieur, 75343 Paris Cedex 07. Internet : http://mission.cef.fr

Parents,adolescents,vivre ensemblePARIS (75)20 octobre 2005Salle Hubert-Rousselier - Ubi France

Ces quatrièmes « RencontresFamilles au Cœur », organiséespar la Fondation Ronald McDo-nald sous l’égide de la Fonda-tion de France, réuniront desacteurs du monde de l’enfanceet de la famille qui s’attachentnotamment à lutter contre l’iso-lement physique, social et cultu-rel des adolescents, à favoriserles échanges entre parents etadolescents, et à développer desactions de médiation et de pré-vention.Parmi les intervenants : DanielMarcelli, professeur de psychia-trie de l’enfant et de l’adoles-cent au CHU de Poitiers, au-teur de Tracas d’ados, soucis de pa-rents (Albin Michel), et MaryseVaillant, psychologue clinicien-ne, coauteur avec Judith Leroyde Range ta chambre, petit traitéd’éducation familiale (Flamma-rion).

Invitations par téléphone au 01 30 48 61 49 ou par e-mail : [email protected]

Les sciences de l’information et la pédagogiedocumentaire àl’heure de l’EuropeSTRASBOURG (67)Du 22 au 24 octobre 2005Ciarus, Institution Sainte-Clotilde

Seize ateliers composeront l’es-sentiel de ces huitièmes jour-nées professionnelles natio-nales des documentalistes del’enseignement privé. Parmi lesthèmes abordés : la pratiqueprofessionnelle, bien sûr,(« Professeur documentaliste :quelles formations entre théo-rie et pratique ? »), mais aussil’information (« La validité del’information : comment lesjournalistes s’en assurent-ils ? »), l’évaluation (« L’évalua-tion au CDI : méthodes et ou-tils pour évaluer les compé-tences des élèves » ). Sans ou-blier l’Europe (« Comment sen-sibiliser à l’Europe : informa-tion et animations », « Monterdes projets européens à carac-tère culturel », « Allemagne,France : promotion de la litté-rature jeunesse »…).

Renseignements et inscriptions : www.ardep-alsace.com

L’avenir des BTSdans le cadre du LMDISSY-LES-MOULINEAUX (92)8 et 9 novembre 2005Palais des congrès

L’objectif de ce colloque organisépar Renasup (Réseau nationald’enseignement supérieur pro-fessionnel privé) est de définir lapolitique appliquée à ces filièresde formation : brevet de techni-cien supérieur (BTS) et licence-master-développement (LMD) ;et, en conséquence, d’envisagerdes innovations dans les projetsd’établissement et la conduitepédagogique des études.

Contact : [email protected] : www.renasup.org

Forum de la visite scolairePARIS (75)9 novembre 2005Cité des sciences et de l’industrie - Espace Condorcet

Le musée d’Orsay, le Louvre,la Cinémathèque française, leCentre de la mémoire d’Ora-dour, le château de Vaux-le-Vicomte, Vulcania, l’Opéranational de Paris, le Parc duFuturoscope, mais aussi leConsortium Stade de France,la tour Montparnasse ou leParc Astérix... Au total, « 45 ac-teurs majeurs du marché de la vi-site scolaire » seront présentslors de ce forum organisépour la troisième annéeconsécutive. Enseignants,chefs d’établissement, forma-teurs... iront à la pêche auxidées de sorties scolaires. Lemême jour et au même en-droit, ils pourront aussi dé-battre de leur utilité pédago-gique avec des spécialistes.

Entrée libre sur invitation (réservée aux membres de lacommunauté scolaire et éducative) en ligne à l’adressesuivante : www.cite-sciences.fr/forum-scolaire

Semaine de la solidaritéinternationale8e ÉDITIONDu 12 au 20 novembre 2005Partout en France

La solidarité internationale,c’est l’affaire de tous – pou-voirs publics, entreprises, mé-dias, syndicats, associations…– et de chacun – chaque ci-toyen est concerné. Chaqueannée, durant la Semaine, lamobilisation est impression-nante. Il suffit, pour s’enconvaincre, de consulter lesprogrammes départemen-taux. Marchés, spectacles, fo-rums, repas, stages, exposi-tions… L’imagination des or-ganisateurs est à la hauteur del’enjeu : « Construire un mon-de plus juste. »

Sur internet : www.lasemaine.org

OFFRES D’EMPLOI

➤Collège-lycée Haute-Savoierecherche :– Économe/chef du person-nel. Expérimenté, motivé.Convictions chrétiennes.– Surveillant d’internat prêtà s’engager dans la pastorale.Tél. : 04 50 73 01 20.E-mail : [email protected]

FORMATION

➤L’Institut international foi,art et catéchèse (Iifac) de l’uni-versité catholique de Lille pro-pose une introduction généra-le au mystère chrétien. Cetteformation de niveau licenceeuropéenne est intitulée «Lesseuils de la foi». Elle peut êtresuivie en un an à temps pleinou en quatre ans. Sur internet : www.iifac-france.org

SOLIDARITÉ

➤«Six copains de Nanterre ayantfait des études supérieures ont crééZy’va pour donner aux jeunes deleur quartier la possibilité d’un sou-tien scolaire et une plus grandeouverture d’esprit sur le monde[...]. » Cette pépite est extraited’une mine à idées sociales quien recense plus de 500 à tra-vers la France. Son titre ?Ensemble! Anne Legrand etBruno Manuel, les auteurs dece «guide des initiatives soli-daires en France», citent, biensûr, les grandes organisationsincontournales (Secours catho-lique, Civisme et Démocratie,ATD Quart Monde...), maisc’est du côté des «petits nou-veaux» qu’on fera de joliesdécouvertes. Comme l’opé-ration Arbramémoires qui invi-te les personne âgées deFécamp (Seine-Maritime) àpartager leurs souvenirs avecdes jeunes. Anne Legrand, Bruno Manuel,(préface de Jean-Claude Guille-baud), Ensemble ! - guide desinitiatives solidaires en Fran-ce,Autrement, 2005, 380p., 15€.

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