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en page 2: bourgeois et opportunistes: «feu à volonté sur l'antimilitarisme ro , e e bimensuel parti communi.ste international (programme communiste) aire Ce qui distingue notre Parti: La revendication de la ligne qui va du cc Manifeste communiste » Correspondance: Abonnements: 13 e ANNE:.E _ N° 209 à la révolution d'Octobre et à la fondation de l'Internationale communiste; la lutte contre 20, rue Jean-Bouton - 75012 Paris 1 an : 20 F (200 FB) LE NUMERO: 1 FF 6 mois: 10 F (100 FB) la dégénérescence de Moscou, le refus des Fronts populaires et des blocs de la Résistance; Versements: pli fermé: 34 F et 18 F 10 FB - 1 FS la tâche difficile de restauration de la doctrine et de l'organisation révolutionnaire, en liaison Chèque bancaire ou « programme communiste» du 13 au 26 déc. 1975 , avec la classe ouvrière, contre la politique personnelle et parlementariste. C.C.P. 2.202-22 Marseille 1 an: 32 F (320 FB, 20 FS) Un casque sous le bonnet de Marianne Faut-il croire à la version officielle selon laquelle l'armée, pilier de la continuité de la société civile, de ses institutions, de son intégrité territoriale, de son Etat, est investie par une cc guerre de subversion» dont les actes d'insubordination d'une trentaine de soldats, la naissance d'organes embryonnaires de défense des appelés, les manifestations de soli- darité de minuscules groupes de gauche, et même les tracts revendiquant l'antimilitarisme de classe (et distribués dans un rayon qui, bien malgré nous, est encore extrêmement restreint) ne seraient que le premier symptô me? Faut-il croire à cette cc grave menace» qui justifierait en principe et imposerait en fait une répression violente et systématique? Faut-il croire à la version offi- cielle allemande selon laquelle le puissant appareil administratif de la Bundesrepublik, super- structure d'un puissant appareil productif, court le risque d'une subversion analogue, dont les actions d'une poignée de jeunes anarchistes courageux serait le premier indice, et qui rendrait nécessaire et urgente l'introduc- tion de lois spéciales pour pro- téger la pureté de l'administra- tion et assurer la disposition des fonctionnaires à servir sans ré- serve l'Etat? D'autre part, faut-il voir dans ces réactions étatiques, qui ne son t que des épisodes caracté- ristiques de l'évolution contem- poraine de la société capitaliste un brusque passage de la dé- _0- cratie au «fascisme» ou, ' .our le moins, un coup d'arrêt scan- daleux de l'ascension 'as des formes toujours plus « vraies» et « élevées» de démo- _atie, ascen- sion qui caracté .serait notre époque engagée Jans cette voie conduisant au ~assage pacifique et indolore vers le socialisme ? Ou bien ~aut-il au contraire affirmer o ue ces réactions s'in- sèrent comme des anneaux né- cessai: ~S' dans un processus unique qui se dirige en sens inv- ..rse du ..socialisme, précisé- IJ· _11 en arborant les «valeurs uemocratiques » et en procla- .~mant la nécessité de les défen- dre par tous les moyens de pré- vention, de répression et de violence directe dont l'Etat, organe suprême d'administration de la «société civile », est le déposi taire"? gne de la concentration et de l'hypertrophie de l'appareil ré- pressif de l'Etat, qu'elle légitime. Contrairement aux affirmations de l'idéologie bourgeoise repo- sant sur les principes éternels, la démocratie ne se développe pas historiquement d'un état im- parfait, encore entaché de rési- dus absolutistes, vers un état idéal d'absorption et même de néga tion de l'E ta t dans la - vo- Ion té» individuelle et collective des ci toyens ; en fait elle va d'une phase O'J, drapeau d'une classe révolu: ionnaire, elle devait nier la ~Jncentration d'un appareil étr tique étranger et opposé au :~peuple », à la phase son "propre développement dans le sens horizontal est la prémisse et la justification de la concentra- tion verticale du pouvoir. Davan- tage de démocratie - il faut le répéter contre l'idéologie pré- dominante non seulement de l'opportunisme classique mais aussi des «gauchistes» - de- vient synonyme de davantage d'oppression et de répression, avec et non «malgré» les em- blèmes de la liberté, égalité et fra terni té. C'est là la signification de l'im- périalisme, stade suprême du capitalisme - sa superstructure, disait Lénine, et non une struc- ture nouvelle qualitativement dif- férente - qui pousse jusqu'au paroxysme la loi du mode de production capitaliste «la libre concurrence produit le monopole et le monopole produit la libre concurrence», l'une se nourrissant de l'autre et les deux ensemble exprimant le processus inexorable de domination du travail vivant par le travail mort, de la force de travail par le ,capital, la domination de classe du prolétariat par la bourgeoisie. Bien entendu, ce processus n'est pas rectiligne, mais se dé- veloppe à travers des secousses violentes dans lesquelles le lien * ** Le démenti le plus criant de la théorie qui voit le socialisme comme passage à la limite extrê- me et donc couronnement de la démocratie, est le fait que la prolifération des institutions dé- mocratiques et du réseau capi- laire du « consensus» s'accompa- Vient de paraître : PROGRAMME COMMUNISTE NO 68 Au sommaire: Le mythe portugais du double pouvoir Le marxisme et la Russie 'l LA CRISE DE 1926 DANS LE P.C. RUSSE .' ET L'INTERNATIONALE Introduction Lettre d'A. Bordiga à K. Korsch (octobre 1926) La Gauche communiste d'Italie face au débat dans le parti russe r- La cc relance de la consommation populaire» ou l'élixir du docteur Marchais Commandes au Prolétaire : 8 F. dialectique entre les deux ter- mes semble se briser et la classe dominante défait tempo- rairement l'entière structure des institutions démocratiques au DANS CE NUMERO Bourgeois et opportunistes «feu à volonté sur l'anti- militarisme! » La Gauche Communiste et la démocratie dans le cycle de l'après-querre. Portugal : la fin de la révo- lution de la phrase. Ronde de chacals autour de la proie saharaouie. On nous a demandé pourquoi la perquisition et les arrestations qui avaient eu lieu à notre local le mercredi 3 décembre après-midi n'avaient été connues que bien plus tard (première publication. dans la presse : «Libération» du samedi matin). Voici quelques éléments d'information: « Libération» a été prévenu dès mercredi soir 19 h 15 (c'est-à-dire avant le bouclage du journal) par un responsable qui s'est déplacé spécialement et qui a dicté l'infor- mation à un rédacteur qui l'a assuré qu'elle passerait : or « Libé- ration» de jeudi matin n'a rien publié, et il a fallu, en raison de la grève du vendredi, attendre samedi pour qu'il passe quelque chose. L'AFP a été avertie mercredi vers minuit par un responsable qui s'est rendu sur place, mais n'a rien passé. La palme de l'information revient sans conteste à ce fleuron de la presse démocratique qu'est « Le Monde». Deux militants s'y sont rendus dès jeudi matin, puis les jours suivants. A trois reprises, on a refusé de les recevoir. A trois reprises, ils ont laissé un communiqué relatant les faits (nous ne comptons pas les coups de téléphone). « Le Monde» n'a rien passé ni jeudi, ni samedi, malgré les assurances téléphoniques d'un rédacteur... Dans les pays « fascistes» comme l'Espagne, la police interdit à la presse (Suite page 2) profit de l'exercice sans fard, concentré, totalitaire et monoli- thique, du pouvoir. Mais ceci ne se produit que parce que de son côté la classe dominée a brisé ou menacé de briser les « règles du jeu », en balayant la mysti- fication qui identifie les droits de vie et de survie du capital avec les «Droits de l'Homme» tout court. Et, lorsque cette pa- renthèse hétérodoxe dans le cours normal du capitalisme a été refermée tant bien que mal, le cycle reprend à un niveau supérieur. C'est pourquoi, lorsque à la fin (Suite page 3) Perquisitions et interpellations dirigées contre notre journal Dans l'après-imidi du mercredi 3 décembre, la police judiciaire agissant sur commission rogatoire de la Cour de sûreté de l'Etat a effectué une perquisition au siège de notre journal, 20, rue Jean- Bouton (Parls-Iz'), en cherchant des éléments se rapportant à Un tract appelant les prolétaires à la solidarité de classe avec les soldats frappés par la répression bourgeoise (tract publié dans le 207 du «Prolétaire », paru le 14 novembre). Des tracts, des stencils et des brochures ont été saisis. Notre local ne contenait aucun fichier d'adresses. Deux. personnes ont été arrêtées et conduites au Quai des Orfèvres elles ont été interrogées et gardées à vue jusqu'à samedi soir. Entretemps, la police avait perquisitionné sans résultat à leurs domiciles. Vendredi matin, les policiers ont perquisitionné en son absence au domicile d'un contact parisien, sans rien trouver «qui se rapporte à l'affaire », Vendredi soir, le directeur de notre journal et de la revue «Programme Communiste» était à son tour perqui- sitionné et arrêté à son domicile de Marseille, avant d'être relâché samedi soir sans être inculpé. Notre local de Marseille a également fait l'objet d'une perquisition sans résultat. Enfin samedi, les deux personnes arrêtées rue Jean-Bouton ont été inculpées par le juge d'instruction auprès la Cour de sûreté de l'Etat de participation à une entreprise de démoralisation de l'armée, et remises en liberté provisoire sous contrôle judiciaire, avec interdiction de quitter la région parisienne. II est possible que d'autres inculpations interviennent, car d'autres personnes sont encore convoquées au Quai des Orfèvres . pour « audition », Nous ne disposons pas d'autres éléments mercredi après-midi, au moment de remettre ce texte à l'impression. * ** Il aura suffi qu'un détachement des commandos d'Amadora encercle la radio pour la reprendre, qu'il tire quelques coups de feu en l'air pour disperser la foule accourue pour aider les soldats; il aura suffi qu'un régiment de cavalerie se pré- sente dans l'arsenal « occupé» pour qu'on lui ouvre les portes; que l'on demande à Dinis de Almeida de se rendre pour que le «régiment rou- ge» suive, à la majorité des voix, ses chefs loyalistes dans l'hommage rendu à la hiérarchie; il aura suffi que les commandos encerclent les bases aériennes «investies» par les parachutistes pour les contrôler et remettre à leur place les chefs des- titués; il aura suffi que les com- mandos lancent l'assaut contre la caserne de la police mili taire pour qu'au premier coup de feu et au premier sang qui coule, les soldats rendent les armes, et pour qu'il n'y ait plus désormais qu'à attendre la soumission des paras de Tancos. PORTUGAL La fin de la révolution de la phrase Il aura donc suffi de quelques heures pour que le phénix de l'Ordre que la « Révolution portugaise» pré- sentait comme calciné par les flammes de 1'« offensive populaire» ressurgisse brutalement et terrasse le « deuxième pouvoir» que cette même révolution disait être sur le point de submerger la hiérarchie militaire. Il aura suffi de quelques heures pour que l'Ordre s'étale sans conteste avec tous les attributs traditionnels dont la révolution prétendait l'avoir dépouillé, ses arrestations, ses censures et ses couvre-feux, ses états de siège et ses chasses aux sorcières. Bref, il aura suffi du regard du phénix de l'Ordre ressurgi de ses cendres pour que les rebelles soient littéralement hypnotisés, pour que les larmes de rage succèdent à la joie d'être parvenus à rompre une discipline haïe, pour que, plus pro- saïquement, force reste à la Loi, à la Tradition, à l'Ordre, pratique- ment sans coup férir. de Tancos, c'est l'ensemble des offi- ciers (123 sur 128) qui ont demandé leur mutation, suivis par un seul sous-officier sur 300 et 7 soldats sur 1.300, et que même les officiers « honnêtes» sont, à la grande stu- peur des soldats, passés de l'autre côté : ccci doit nous rappeler cette loi que seule l'insurrection armée peut parvenir à briser ce complexe de solidarité et de discipline qui donne son armature au corps des officiers, même lorsque les soldats ne suivent plus ces derniers. D'ailleurs, l'opposition entre les officiers et la troupe qui s'est mani- festée à Tancos aussi clairement que celle qui a poussé dans les faits les ouvriers du bâtiment contre l'ordre officiel et semi-officiel ren- dait urgents le rétablissement de la discipline et le « redressement de la hiérarchie militaire. Il fallait en finir. * ** Ce qui est le plus étonnant n'est pas en réalité que la caste des offi- ciers se soit révélée aussi opération- nelle, mais que la « Révolution portugaise » l'ait imaginée dissou- te sous la vague d'indiscipline des soldats. Le haut de la hiérar- chie militaire a, sans nul doute, été parcouru par des courants contrai- res assez violents, mais les heurts ont toujours été amortis par la so- lidarité de caste. Considérons que devant l'agitation des parachutistes (suite page 4)

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en page 2: bourgeois et opportunistes: «feu à volonté sur l'antimilitarisme !»

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bimensuel parti communi.ste international (programme communiste)

•aireCe qui distingue notre Parti: La revendication de la ligne qui va du cc Manifeste communiste » Correspondance: Abonnements: 13e ANNE:.E _ N° 209à la révolution d'Octobre et à la fondation de l'Internationale communiste; la lutte contre 20, rue Jean-Bouton - 75012 Paris 1 an : 20 F (200 FB) LE NUMERO: 1 FF6 mois: 10 F (100 FB)la dégénérescence de Moscou, le refus des Fronts populaires et des blocs de la Résistance; Versements: pli fermé: 34 F et 18 F 10 FB - 1 FSla tâche difficile de restauration de la doctrine et de l'organisation révolutionnaire, en liaison Chèque bancaire ou « programme communiste»

du 13 au 26 déc. 1975, avec la classe ouvrière, contre la politique personnelle et parlementariste. C.C.P. 2.202-22 Marseille 1 an: 32 F (320 FB, 20 FS)

Un casque sous le bonnet de MarianneFaut-il croire à la version officielle selon laquelle l'armée, pilier de la continuité de

la société civile, de ses institutions, de son intégrité territoriale, de son Etat, est investiepar une cc guerre de subversion» dont les actes d'insubordination d'une trentaine de soldats,la naissance d'organes embryonnaires de défense des appelés, les manifestations de soli-darité de minuscules groupes de gauche, et même les tracts revendiquant l'antimilitarismede classe (et distribués dans un rayon qui, bien malgré nous, est encore extrêmementrestreint) ne seraient que le premier symptô me? Faut-il croire à cette cc grave menace»qui justifierait en principe et imposerait en fait une répression violente et systématique?

Faut-il croire à la version offi-cielle allemande selon laquelle lepuissant appareil administratifde la Bundesrepublik, super-structure d'un puissant appareilproductif, court le risque d'unesubversion analogue, dont lesactions d'une poignée de jeunesanarchistes courageux serait lepremier indice, et qui rendraitnécessaire et urgente l'introduc-tion de lois spéciales pour pro-téger la pureté de l'administra-tion et assurer la disposition desfonctionnaires à servir sans ré-serve l'Etat?

D'autre part, faut-il voir dansces réactions étatiques, qui neson t que des épisodes caracté-ristiques de l'évolution contem-poraine de la société capitalisteun brusque passage de la dé- _0-

cratie au «fascisme» ou, ' .ourle moins, un coup d'arrêt scan-daleux de l'ascension 'as desformes toujours plus « vraies» et« élevées» de démo- _atie, ascen-sion qui caracté .serait notreépoque engagée Jans cette voieconduisant au ~assage pacifiqueet indolore vers le socialisme ?

Ou bien ~aut-il au contraireaffirmer o ue ces réactions s'in-sèrent comme des anneaux né-cessai: ~S' dans un processusunique qui se dirige en sensinv- ...rse du ..socialisme, précisé-IJ· _11 en arborant les «valeursuemocratiques » et en procla-

.~mant la nécessité de les défen-dre par tous les moyens de pré-vention, de répression et deviolence directe dont l'Etat,organe suprême d'administrationde la «société civile », est ledéposi taire"?

gne de la concentration et del'hypertrophie de l'appareil ré-pressif de l'Etat, qu'elle légitime.Contrairement aux affirmationsde l'idéologie bourgeoise repo-sant sur les principes éternels,la démocratie ne se développepas historiquement d'un état im-parfait, encore entaché de rési-dus absolutistes, vers un étatidéal d'absorption et même denéga tion de l'E ta t dans la - vo-Ion té» individuelle et collectivedes ci toyens ; en fait elle va d'unephase O'J, drapeau d'une classerévolu: ionnaire, elle devait nierla ~Jncentration d'un appareilétr tique étranger et opposé au:~peuple », à la phase où son

"propre développement dans lesens horizontal est la prémisse etla justification de la concentra-tion verticale du pouvoir. Davan-tage de démocratie - il faut lerépéter contre l'idéologie pré-dominante non seulement del'opportunisme classique maisaussi des «gauchistes» - de-vient synonyme de davantaged'oppression et de répression,avec et non «malgré» les em-blèmes de la liberté, égalité etfra terni té.

C'est là la signification de l'im-périalisme, stade suprême ducapitalisme - sa superstructure,disait Lénine, et non une struc-ture nouvelle qualitativement dif-férente - qui pousse jusqu'auparoxysme la loi du mode deproduction capitaliste où «lalibre concurrence produit lemonopole et le monopole produitla libre concurrence», l'une senourrissant de l'autre et les deuxensemble exprimant le processusinexorable de domination dutravail vivant par le travail mort,de la force de travail par le

,capital, la domination de classedu prolétariat par la bourgeoisie.

Bien entendu, ce processusn'est pas rectiligne, mais se dé-veloppe à travers des secoussesviolentes dans lesquelles le lien

** *Le démenti le plus criant de la

théorie qui voit le socialismecomme passage à la limite extrê-me et donc couronnement de ladémocratie, est le fait que laprolifération des institutions dé-mocratiques et du réseau capi-laire du « consensus» s'accompa-

Vient de paraître :

PROGRAMME COMMUNISTE NO 68Au sommaire:

Le mythe portugais du double pouvoirLe marxisme et la Russie

'l LA CRISE DE 1926 DANS LE P.C. RUSSE.' ET L'INTERNATIONALE

IntroductionLettre d'A. Bordiga à K. Korsch (octobre 1926)La Gauche communiste d'Italie face au débat dansle parti russe

r-

La cc relance de la consommation populaire» oul'élixir du docteur Marchais

Commandes au Prolétaire : 8 F.

dialectique entre les deux ter-mes semble se briser et où laclasse dominante défait tempo-rairement l'entière structure desinstitutions démocratiques au

DANS CE NUMEROBourgeois et opportunistes«feu à volonté sur l'anti-militarisme! »

La Gauche Communiste et ladémocratie dans le cycle del'après-querre.

Portugal : la fin de la révo-lution de la phrase.

Ronde de chacals autour dela proie saharaouie. On nous a demandé pourquoi la perquisition et les arrestations

qui avaient eu lieu à notre local le mercredi 3 décembre après-midin'avaient été connues que bien plus tard (première publication.dans la presse : «Libération» du samedi matin). Voici quelqueséléments d'information: « Libération» a été prévenu dès mercredisoir 19 h 15 (c'est-à-dire avant le bouclage du journal) par unresponsable qui s'est déplacé spécialement et qui a dicté l'infor-mation à un rédacteur qui l'a assuré qu'elle passerait : or « Libé-ration» de jeudi matin n'a rien publié, et il a fallu, en raison dela grève du vendredi, attendre samedi pour qu'il passe quelquechose. L'AFP a été avertie mercredi vers minuit par un responsablequi s'est rendu sur place, mais n'a rien passé.

La palme de l'information revient sans conteste à ce fleuronde la presse démocratique qu'est « Le Monde». Deux militants s'ysont rendus dès jeudi matin, puis les jours suivants. A troisreprises, on a refusé de les recevoir. A trois reprises, ils ont laisséun communiqué relatant les faits (nous ne comptons pas les coupsde téléphone). « Le Monde» n'a rien passé ni jeudi, ni samedi,malgré les assurances téléphoniques d'un rédacteur... Dans lespays « fascistes» comme l'Espagne, la police interdit à la presse

(Suite page 2)

profit de l'exercice sans fard,concentré, totalitaire et monoli-thique, du pouvoir. Mais ceci nese produit que parce que de soncôté la classe dominée a briséou menacé de briser les « règlesdu jeu », en balayant la mysti-fication qui identifie les droitsde vie et de survie du capitalavec les «Droits de l'Homme»tout court. Et, lorsque cette pa-renthèse hétérodoxe dans lecours normal du capitalisme aété refermée tant bien que mal,le cycle reprend à un niveausupérieur.

C'est pourquoi, lorsque à la fin(Suite page 3)

Perquisitions et interpellationsdirigées contre notre journal

Dans l'après-imidi du mercredi 3 décembre, la police judiciaireagissant sur commission rogatoire de la Cour de sûreté de l'Etata effectué une perquisition au siège de notre journal, 20, rue Jean-Bouton (Parls-Iz'), en cherchant des éléments se rapportant à Untract appelant les prolétaires à la solidarité de classe avec lessoldats frappés par la répression bourgeoise (tract publié dans len° 207 du «Prolétaire », paru le 14 novembre). Des tracts, desstencils et des brochures ont été saisis. Notre local ne contenaitaucun fichier d'adresses. Deux. personnes ont été arrêtées etconduites au Quai des Orfèvres où elles ont été interrogées etgardées à vue jusqu'à samedi soir. Entretemps, la police avaitperquisitionné sans résultat à leurs domiciles.

Vendredi matin, les policiers ont perquisitionné en son absenceau domicile d'un contact parisien, sans rien trouver «qui serapporte à l'affaire », Vendredi soir, le directeur de notre journalet de la revue «Programme Communiste» était à son tour perqui-sitionné et arrêté à son domicile de Marseille, avant d'être relâchésamedi soir sans être inculpé. Notre local de Marseille a égalementfait l'objet d'une perquisition sans résultat.

Enfin samedi, les deux personnes arrêtées rue Jean-Bouton ontété inculpées par le juge d'instruction auprès la Cour de sûretéde l'Etat de participation à une entreprise de démoralisation del'armée, et remises en liberté provisoire sous contrôle judiciaire,avec interdiction de quitter la région parisienne.

II est possible que d'autres inculpations interviennent, card'autres personnes sont encore convoquées au Quai des Orfèvres

.pour « audition », Nous ne disposons pas d'autres éléments mercrediaprès-midi, au moment de remettre ce texte à l'impression.

** *

Il aura suffi qu'un détachementdes commandos d'Amadora encerclela radio pour la reprendre, qu'iltire quelques coups de feu en l'airpour disperser la foule accouruepour aider les soldats; il aura suffiqu'un régiment de cavalerie se pré-sente dans l'arsenal « occupé» pourqu'on lui ouvre les portes; que l'ondemande à Dinis de Almeida de serendre pour que le «régiment rou-ge» suive, à la majorité des voix,ses chefs loyalistes dans l'hommagerendu à la hiérarchie; il aura suffique les commandos encerclent lesbases aériennes «investies» par lesparachutistes pour les contrôler etremettre à leur place les chefs des-titués; il aura suffi que les com-mandos lancent l'assaut contre lacaserne de la police mili taire pourqu'au premier coup de feu et aupremier sang qui coule, les soldatsrendent les armes, et pour qu'il n'yait plus désormais qu'à attendre lasoumission des paras de Tancos.

PORTUGAL

La fin de la révolution de la phraseIl aura donc suffi de quelques heures pour que le phénix de l'Ordre que la « Révolution portugaise» pré-

sentait comme calciné par les flammes de 1'« offensive populaire» ressurgisse brutalement et terrasse le« deuxième pouvoir» que cette même révolution disait être sur le point de submerger la hiérarchie militaire.Il aura suffi de quelques heures pour que l'Ordre s'étale sans conteste avec tous les attributs traditionnels dontla révolution prétendait l'avoir dépouillé, ses arrestations, ses censures et ses couvre-feux, ses états de siègeet ses chasses aux sorcières.

Bref, il aura suffi du regard duphénix de l'Ordre ressurgi de sescendres pour que les rebelles soientlittéralement hypnotisés, pour queles larmes de rage succèdent à lajoie d'être parvenus à rompre unediscipline haïe, pour que, plus pro-saïquement, force reste à la Loi, àla Tradition, à l'Ordre, pratique-ment sans coup férir.

de Tancos, c'est l'ensemble des offi-ciers (123 sur 128) qui ont demandéleur mutation, suivis par un seulsous-officier sur 300 et 7 soldatssur 1.300, et que même les officiers« honnêtes» sont, à la grande stu-peur des soldats, passés de l'autrecôté : ccci doit nous rappeler cetteloi que seule l'insurrection arméepeut parvenir à briser ce complexede solidarité et de discipline quidonne son armature au corps desofficiers, même lorsque les soldatsne suivent plus ces derniers.

D'ailleurs, l'opposition entre lesofficiers et la troupe qui s'est mani-festée à Tancos aussi clairementque celle qui a poussé dans les faitsles ouvriers du bâtiment contrel'ordre officiel et semi-officiel ren-dait urgents le rétablissement de ladiscipline et le « redressement de lahiérarchie militaire. Il fallait enfinir.

** *Ce qui est le plus étonnant n'est

pas en réalité que la caste des offi-ciers se soit révélée aussi opération-nelle, mais que la « Révolutionportugaise » l'ait imaginée dissou-te sous la vague d'indisciplinedes soldats. Le haut de la hiérar-chie militaire a, sans nul doute, étéparcouru par des courants contrai-res assez violents, mais les heurtsont toujours été amortis par la so-lidarité de caste. Considérons quedevant l'agitation des parachutistes (suite page 4)

-- 2 PROLETAIRE N° 209

bourgeois e~ opportunistes:

«Feu "aIl n'échappe à personne que la

question des comités de soldats apris une importance politique sansproportion avec la tentative encorelimitée des soldats de s'organiserne serait-ce que sur le plan de ladéfense immédiate de leurs condi-tions de vie, et sans proportionsurtout avec les manifestations desolidarité dans le mouvement ou-vrier, qui sont précieuses, maisrestent encore bien en deçà des exi-.gences d'un soutien réel.

En frappant un grand coup pré-ventif contre la minorité combativeaujourd'hui en mouvement, la bour-geoisie ne tente pas seulementd'intimider le prolétariat dans sonensemble, et de paralyser toutevelléité de résistance de largesmasses à un momen t où la crise- et aussi la ({relance» économi-que - exigent une pression accruesur la classe exploitée.

La classe dominante a conscienceque nous sommes entrés dans une.période - une période qui se me-sure en longues années - qui verrase succéder des crises sociales etpolitiques, comme des crises diplo-matiques, internationales et militai-res. -Et de même qu'une arméen'attend pas qu'éclate un conflitpour s'organiser, mais se préparegrâce à des manœuvres systéma-tiques, teste ses aptitudes dans cesconflits mineurs et partiels où elleengage des forces plus grandes quene l'exige l'enjeu réel, la bourgeoisiea profité de l'épisode pour testerses forces.

Aussi va-t-elle dresser un bilan deces manœuvres. Mais les petitsdétachements prolétariens qui ontété contraints de se placer sur leterrain de la lutte doivent eux aussitirer leur propre bilan, et un deschapitres importants de ce bilan.doit concerner les forces qui agis-'sent dans le mouvement ouvrier etqui prétendent le guider.

A la première salve gouvernemen-tale, tirée il blanc contre le partisocialiste, mais à tir bien réel contreles comités de soldats et les anti-militaristes, les partis de gauchequi passaient par là et touchaient

.un peu à tout, s'alignent commeun seul homme, et se mettent àfaire feu dans la même direction.Le gouvernement et toute la pressen'ont plus qu'à relever la hausse etavec l'aide des partis de gauche,'faire un tir de barrage sur l'anti-militarisme, la « subversion »,J' « entreprise de démoralisation del'année », etc. « Les partis degauche expriment leur solidaritéavec les soldats, sous-officiers etofficiers qui, en tant que citoyens[etc.]. C'est pourquoi [ils] n'ontrien à voir avec les objectifs et lesméthodes des groupes minoritairesantimilitaristes» (déclaration com-mune PC-PS-radicaux du 6-12). Au-cune pitié pour ceux qui veulent({démolir notre armée», dernierrempart de l'ordre - pardon, de ladémocratie! - de nos festins etprivilèges impérialistes - pardon,de notre indépendance nationale!- bref, aucune pitié pour les {(I1'ê-cheurs en eau trouble» qui osentse rebeller contre le militarisme!

D'ailleurs comme le dit le PCF aumoment où tombe la 34e inculpationdans cette affaire, « rien ne nousprouve actuellement que parmi lespersonnes inculpées il n'y ait pasde véritables provocateurs avec enmain de véritables outils de provo-cation» (déclaration de LouisBaillot, 8-12).

La CGT, pour ne pas parler deFO et autres « syndicats », a évi-demment effectué la manœuvreavec l'aisance qui lui vient de l'ha-bitude : « toute unité d'action encette matière suppose une condam-nation catégorique et explicite desagissements antimilitaristes irres-ponsables des groupes gauchistes etleur exclusion de toute initiatived'action», rappelle Séguy à Mairequi feint de ne pas comprendrepourquoi la CFDT a été seule dansla manifestation du vendredi 5.Pourtant, s'exclame cc dernier, nousavons dénoncé sans hésitations tousles agissements de ces groupes de« provocateurs antimilitaristes ultra-gauchistes et ultraminoritaires » quiveulent nuire à « notre défensenationale ?» Alors pourquoi nouslaisser seuls?

En voici la raison : le gouver-nement, outre qu'il fait la chasse

volontéaux antimilitaristes, cherche, entapant sur les doigts des secteursde gauche dans la CFDT, à appren-dre à un syndicat qui n'a pas encoregrande habitude de la lutte ou-vrière véritable, et donc de lamanière de la canaliser, qu'il y ades limites raisonnables à ne pasdépasser. N'est-il pas proprementscandaleux que des unions localesd'une organisation « responsable »,« représentative », c'est-à-dire offi-ciellement {( reconnue» (comme ditMaire) pour les pouvoirs publicscomme un interlocuteur valable, selaissent aller jusqu'à tolérer, sousprétexte de la nécessité de concilierles intérêts des ouvriers et ceux del'armée, qu'un journal - qui plusest, fait par les soldats - para-phrase carrément un couplet del'Internationale? Non, messieurs leslarbins, apprenez à faire votre tra-vail sérieusement! Comme le ditLecanuet, nous n'en voulons à au-cune organisation, mais .à des indi-vidus qui ont commis des actesimpardonnables : en termes mili-taires, il ne suffit pas que le chefde peloton tire dans la bonne direc-tion, il faut obliger tous les soldatsà le faire. Cela s'apprend, les ma-nœuvres sont faites pour cela, etc'est aussi pourquoi les officiersont un pistolet. En d'autres termes,il faut savoir rester fermes sur lesprincipes et faire régner la disci-pline à la base. Et la CGT estd'accord sur ce point avec le gou-vernement. On ne se commet pasavec les gauchistes» qui, s'ils reçoi-vent des coups, « n'ont qu'à s'enprendre qu'à eux-mêmes ».

« Nos partenaires, répond la CFDT,s'inquiétaient des risques de dévia-tion et de débordement des mani-[estat iOl1S par des groupes gauchis-

sur l'antimilitarismetes sur des thèmes antimilitaristes.La CFDT était parfaitement cons-cient e de ces risques, La manifesta-tion du 5 décembre a d'ailleursmontré que la CFDT, bien que seule,a assuré à cette manifestation LESENS EXACT QU'ELLE ENTEN-DAIT LUI DONNER.» (Déclarationde la CFDT, Le Monde des 6, 7 et8 décembre).

Décidément, ces gens-là ont beau-coup à apprendre. Il ne suffit pasde tirer dans la bonne direction età la hausse correcte : encore faut-iltirer au bon moment et sur ordre;et il n'y a pas besoin d'être léni-niste, comme nous le revendiquons,pour comprendre que la tactiquedoit tenir compte de la «situationconcrète» et qu'elle doit fairel'objet d'une décision centrale,

En l'occurrence, le centre, c'est icil'Etat bourgeois, et la situation n'estpas jugée désespérée au point qu'ilfaille laisser se répandre le systèmeélectif dans l'armée, ni tenter decontrôler les soldats par l'intermé-diaire des syndicats opportunistes.De tout cela, la hiérarchie militaireest aujourd'hui suffisamment fortepour s'en charger, C'est ce quevient de rappeler haut et fort legouvernement (après l'état-major),quitte à laper sur les doigts de lagauche du PS, la fédération pari-sienne, qui s'est d'ailleurs aussitôtrangée, le CERES s'étant mêmefélicité de la position unitaire duPS et de la gauche; quitte aussi àtaper sur les doigts des secteurs dela CFDT « inconscients» des exi-gences de la situation réelle.

On sait évidemment que les par-tis de gauche, PS et PC, ont essayéde prendre pied dans les comitésde soldats pour tenter de canaliserleurs énergies vers une « union fra-

ternelle » non avec la classe ou-vrière, mais avec... la hiérarchiemilitaire. Comme l'affirme LouisBaillot, le PC est «favorable à l'ins-titution d'organismes de concerta-tion entre les appelés et les offi-ciers. Que ces organismes se nom-ment comités ou commissions élues,peu importe ». Tout ce qu'on veutpourvu que l'on respecte la voiehiérarchique, ce qui, soit dit enpassant, n'empêche pas le PCFd'avoir le culot de dénoncer le« syndicat de soldats » sous pré-texte qu'il serait nécessairemententre les mains de Bigeard!

Pour le PS, la démagogie des« comités », faite pour prendre pieddans le mouvement qui se dessinait,a elle aussi fait long feu : ondemande seulement que les fameu-ses « commissions » (déjà prévuespar la loi) soient mises en applica-tion et soient élues au lieu d'êtredésignées. Ce système n'existe-t-ildéjà pas en Allemagne sans qu'onparle de subversion ?

Oui, mais ici en France, nous nesommes pas en Allemagne, nousavons nos traditions, répond le gou-vernement. La classe dominante adéjà été divisée plusieurs fois surdes questions importantes, notam-ment en 1940 où une partie voulaitavant tout conserver l'empire colo-nial et fit la croisade antifasciste,et l'autre préférait garder quelquesmiettes en Europe centrale maisdevait pour cela s'entendre avecl'Allemagne, Et puis, il y a eu laguerre d'Algérie. Aussi, il ne fautpas que les divisions, en se reflé-tant dans l'armée, donnent auxsoldats - voyez le Portugal -l'occasion de s'organiser et de con-tes ter la hiérarchie militaire elle-même. Comme le dit le général

Lagarde, l'élection de représentantsdans l'armée est « une décision trèsimportante. Nous n'avons pas ledroit de nous tromper », Le toutest « de ne pas semer au sein del'armée des germes de contestationqui ne peuvent être que préjudi-ciables à la cohésion et à la sérénitéde celle-ci» (L'Unité du 5 décembre).Bref, pour l'instant, c'est non, maisau cas où, un jour, la situationsociale' exigerait de contrôler unmouvement que nous ne pourrionssimplement réprimer, alors nousferions appel à vous, partis degauche et syndicats réformistes,pour tenter dc maintenir la contes-tation dans les limites du respectde la hiérarchie militaire. Dès à pré-sent, d'ailleurs, nous avons apprisque nous pouvons compter survous.

La gauche a compris, Le PC de-mande un débat à l'Assembléenationale, la CGT continuera àrefuser de publier des journauxpour les soldats, et les argumentsconvaincants de la répression éta-tique invitent la CFDT à faire leménage chez elle. Quant aux jeunessoldats, influencés par ces partis,qui se sont égarés dans le mou-vement des soldats, quant aux jeu-nes ouvriers qui l'ont aidé, mêmesur une base des plus confuses, ilssont comme tous les antimilitaristesà l'heure du choix : ou «organisa-tion en général», ce qui demain,lorsque la bourgeoisie leur donnerale feu vert, laissera le terrain libreaux manœuvres des partis de gau-che - ou antimilitarisme de classe.

** *(UI'1prochain article sera consacré

à l'attitude de l'extrême-gauche etdes mouvements antimilitaristes.)

15 soldats ont déjà été emprisonnés et plus d'une quinzaine demilitants syndicaux et politiques sont détenus, parmi lesquels plusde 20 inculpations pour « démoralisation de l'armée ».

Prolétaires, Camarades!La brutalité de la répression bourgeoise contre des sodats dont

le crime est d'avoir cherché à s'organiser pour la défense de leursconditions de vie et de leurs droits élémentaires, confirme demanière éclatante que cette simple défense exige la lutte résoluecontre la hiérarchie militaire.

L'armée bourgeoise est essentiellement composée de prolé-taires et de travailleurs mais elle est au service exclusif des classesdominantes; elle est le dernier rempart de l'ordre établi. Elle nepeut surmonter cette contradiction qu'en exerçant d'une part ledespotisme du règlement militaire afin d'isoler au maximum lesoldat de ses camarades, même à l'intérieur de la case me, debriser toute tentative de solidarité; et d'autre part en inculquantaux travailleurs mis dans une telle situation d'infériorité la hainedu travailleur étranger, du « rouge», de la lutte des ouvriers et desopprimés en général.

Prolétaires, .Camarades!La sauvagerie de la répression contre les militants civils est

la seule réponse que peut donner une hiérarchie militaire éduquéedans deux guerres impérialistes, d'innombrables' guerres colon ialeset dans la répression anti-ouvrière, à la tentative des prolétairesd'aider leurs frères sous l'uniforme, même si cette solidarité n'estencore qu'embryonnaire. Elle est à plus forte raison le seul langageque peut avoir la bourgeoisie vis à vis des militants antimilitaristeset révolutionnaires, et aussi des responsables syndicaux qui onttoléré une telle propagande qui fait partie du riche patrimoinedu mouvement prolétarien.

Prolétaires, Camarades 1L'énorme disproportion qui existe entre les objectifs immédiats

et les résultats encore maigres de la lutte difficile pour unir lesprolétaires de l'usine et les travailleurs sous l'uniforme, et lacroisade lancée contre la « guerre subversive» et le « complotinternational» ne doit pas surprendre.

La bourgeoisie ne cherche par cet énorme tapage qu'à justifierl'utilisation de la Cour de sûreté de l'Etat, c'est-à-dire l'abandon- fait d'ailleurs le plus légalement du monde - des fameuses« garanties démocratiques» présentées comme un acquis de ladémocratie bourgeoise, tl. la moindre menace qu'un petit grain desable ne vienne gêner le fonctionnement de la machine répressivede l'Etat. Mais elle avoue aussi que démocratie, liberté et parle-mentarisme ne sont plus que des masques de sa domination declasse.

Prolétaires, Camarades!Alors que seule une riposte massive et frontale pourrait per-

mettre de s'opposer réellement à. l'offensive bourgeoise, d'arrêterle bras du gouvernement tout en resserrant les rangs de la 'classeexploitée, qu'ont fait les partis de « gauche » et les confédérationssvndicales qui prétendent guider la classe ouvrière?

Ils ont tous résolument dénoncé non la hiérarchie militaire(qui selon eux n'a rien à voir dans cette histoire car elle ne faitqu'obéir aux ordres d'un.: mauvais gouvernement 1), mais lessoldats qui voulaient s'organiser indépendamment de la hiérarchiemilitaire comme d'affreux « provocateurs », naturellement à la« solde du pouvoir ». En effet, selon eux, la défense des soldatsn'est concevable qu'avec l'autorisation des officiers, dans le cadrede commissions ou de clubs de soldats surveillés par les chefshiérarchiques.

Ils ont également dénoncé avec violence la propagande anti-militariste, le PCF allant jusqu'à expliquer que ceux qui «pêchenten eau trouble» n'ont: qu'à s'en prendre qu'à eux-mêmes. Ils sefont ainsi les complices de la répression bourgeoise. Ils ne peuvent

Pour .Ia défense des soldats et des militants emprisonnésmême pas donner l'illusion d'une action par de dérisoires effetsde robe d'avocat Ott de ridicules discours parlementaires. Et quandils daignent appeler à une manifestation, comme la CFDT hier,c'est pour tenter de concilier malgré tout la défense des soldatset la revendication d'une «année efficace ». Mais que fallait-ilattendre d'autre de forces qui 011t participé al/X guerres impé-rialistes sous prétexte de « déiense de la patrie», donné leurcaution directe ou indirecte al/X guerres coloniales 50US prétexted' « indépendance de la France », et prêté leur concours à unelégislation répressive antiprolétarienne sous prétexte rie « luttecontre le fascisme»?

Prolétaires, Camarades!Il est inutile de cacher que la lutte de défense prolétarienne

est aujourd'hui terriblement difficile et inégale. Mais on ne pourrajamais compenser la faiblesse provisoire du mouvement ouvrieren faisant appel à d'autres principes que les siens, aux fauxprincipes de la démocratie, de la légalité, de la patrie, etc.; caril n'y Cl aucune bienveillance ni aucun secours à attendre de ceuxqui les agitent, et ils ne peuvent avoir pour conséquence que destériliser la lutte.

Il est tout aussi illusoire de compter sur des forces qui, commele réformisme, ne prennent pied dans le mouvement que pourtenter de le maintenir dans les limites de l'ordre établi, quitte às'opposer ouvertement à la lutte.

La voie pour remonter la pente, pour que le prolétariat retrouvesa capacité de défense, et à plus forte raison d'attaque, est longueet difficile. Mais elle passe par l'indépendance de classe la plusabsolue, par la revendication ferme des objectifs et des méthodesspécifiques de classe, dans toutes les manifestations de la vieouvrière, dans les syndicats comme hors d'eux; elle passe parlm combat qui unisse tous les révolutionnaires sincères et tousles ouvriers conscients de leurs intérêts de classe en vue de laconstitution d'un front de classe contre la bourgeoisie et l'oppor-1unisme.

C'est pourquoi, aujourd'hui, il ne peut y avoir de solidaritéréelle avec la lutte des soldats et avec tous les militants empri-

. sonnés que sur la base d'lm antimilitarisme de classe.- POUR LE DROIT A L'ORGANISATION DES SOLDATS 1- POUR LES REVENDICATIONS DES SOLDATS.'- CONTRE LE MILITARISME BOURGEOIS ET SES VA-

LETS, LES DIRIGEANT REFORMISTES!- POUR L'UNITE DE CLASSE DES PROLETAIRES DE

L'USINE ET DE LA CASERNE!- POUR LA LIBERATION IMMEDIATE DE TOUS LES

MILITANTS DETENUS!Parti Communiste International - 6 décembre 1975.

Perquisitions et interpellations(Suite de la page 1)

« muselée» de diffuser des nouvelles qui pourraient compromettreson travail de répression. L'avantage des pays « démocratiques»est évident: la police n'a pas à interdire aux journaux «libres» dediffuser les nouvelles qui la gêneraient : ils le font d'eux-mêmes.

Signalons enfin qu'au cours de la manifestation « contre lecharcutage électoral» organisée par les partis réformistes pendantque la répression continuait à s'abattre sur les militaires et lesmilitants politiques et syndicaux, deux de nos militants qui diffu-saient le tract ci-contre ont été agressés et molestés par desresponsables du PCF, et leurs tracts jetés à terre. C'est ce quenous appelons la division du travail entre l'Etat bourgeois et sesvalets opportunistes.

PROLETAIRE N° 209 3 -", -

La gauche communiste et la démocratiedans le cycle de l'après-guerre

Nous publions ici des extraits de textes dont deux ont été écrits au début 1945, encore avant lafin de la seconde guerre, pour mettre en relief la stricte cohérence et continuité dans notre caracté-risation du cycle historique ouvert par la victoire militaire de la Grande Alliance démocratique. Ceque nous disons aujourd'hui n'est en réalité rien d'autre que ce que nous annoncions alors, et que lesfaits de tous les jours confirment avec éclat.

La guerre en cours est perduepour les fascistes, mais gagnée parle fascisme. Malgré l'emploi sur laplus vaste échelle du boniment dé-mocratique, le monde capitaliste,ayant sauvé, même dans cette criseterrible, l'intégrité et la continuitéhistoriques de ses plus puissantesunités étatiques, accomplira ensuiteun immense effort pour maîtriserles forces qui le menacent, et ins-taurera un système toujours plusserré de contrôle des processus éco-nomiques et d'entrave à l'autonomiede tout mouvement social et poli-tique susceptible de troubler l'ordreinstitué. De même que les vain-queurs légitimistes de Napoléondurent hériter de l'appareil social etjuridique du nouveau régime fran-çais, de même les vainqueurs desfascistes et des nazis, en un pro-cessus plus ou moins bref et plusou moins clair, reconnaîtront parleurs actes, tout en la niant parde vides proclamations idéologi-ques, la nécessité d'administrer lemonde, terriblement bouleversé parla seconde guerre impérialiste, avecles méthodes au tori taires et totali-taires qui furent d'abord expéri-mentées dans les Etats vaincus.

Plus qu'elle n'est le résultat d'ana-lyses critiques difficiles et apparem-ment paradoxales, cette vérité fon-damentale St' manifeste chaquejour davantage dans l'entreprised'organisation du con trôle écono-mique, social et politique du monde.

J a dis individualiste, nationale,libérale, isolationniste, la bourgeoi-sie tient aujourd'hui ses congrèsmondiaux et, comme la Sain teAlliance tenta d'arrêter la révolu-tion bourgeoise grâce à une inter-nationale de l'absolutisme, ainsi lemonde capitaliste tente de Icuderlui aussi son Internationale, qui nepourra être que centralist-: et tota-litaire.

(Extrait de Le cycle 'iistorique dela domination politic ue de la bour-geoisie aujourd'hui - début 1945,)

** *Cette victoir e' obtenue, les basesseront établies pour un déroulementde l'ère i.npérialistico-fascistc ducapitalisrr.e, qui prévaudra dans lesgrands '~ays du monde, et tourneraautoi /' d'une constellation desgrands Etats, seigneurs des classestravailleuses autochtones, des colo-nies de couleur, et de tous les petitsEtats satellites de race blanche,constellation dans laquelle entremanifestement la nouvelle Russieet au sein de laquelle le capitalismeallemand (qui a obtenu les meilleurs

.résultats en expérimentant la formecapitaliste la plus moderne decontrôle et de maîtrise de l'écono-mie bourgeoise ct en instaurant letype le plus achevée de l'Etat mono-poliste moderne) pourrait peut-être,en dépit des flots de malédictionsrhétoriques, avoir une place meil-leure que celle réservée aux classesdominantes des pays mineurs, nonseulement ennemis mais mêmealliés, ceux pour la prétendue libé-ration desquels on présente cetteguerre maudite, barbare et férocecomme une croisade pour le salutde l'humanité.

Face à cette nouvelle structuredu monde capitaliste, le mouvementdes classes prolétariennes ne pourraréagir que s'il comprend qu'on nepeut ni ne doit pleurer le stadedépassé de la tolérance libérale, del'indépendance souveraine des pe-tites nations, et que l'histoire offreune seule voie pour abolir toutesles exploitations, toutes les tyran-nies et les oppressions : celle del'action révolutionnaire de classe,qui, dans chaque pays, dominateurou vassal, pousse les classes tra-

TOUTES LES PERMA-NENCES DU PARTI SONTSUSPENDUES MOMEN-TANEMENT. CONSULTERLE JOURNAL POUR LAREPRISE.

vailleuses contre la bourgeoisielocale, en complète autonomie depensée, d'organisation, d'attitudepolitique et de lutte, et qui, par-dessus les frontières de tous lespays, dans la paix comme dans laguerre, dans des situations consi-dérées comme normales ou excep-tionnelles, prévues ou non prévuespar les schémas philistins de l'op-portunisme renégat, unit les forcesdes travailleurs du monde entieren un organisme unitaire dont l'ac-tion ne prendra fin qu'avec ladestruction complète des institu-tions capitalistes.

(Extrait du Cours historique dumouvement de classe du prolétariat- début 1945.)

** *Le type de la société bourgeoisedémocratique moderne, qui d'ail-leurs ne plaisante pas dans l'usagede véritables violences « cinétiques»policières et militaires, et qui l'em-porte là encore sur les anciensrégimes trop .calornniés, bat aussi lerecord pour ce qui est de l'usagede la violence « virtuelle» (commeil bat le record pour la productionet la concentration des richesses).C'est ainsi que tout en semblantchoisir librement leurs confessions,leurs opinions et leurs croyances,des groupes de masse en arriventà agir 'contre leurs propres intérêtsobjectifs, et à accepter les justifica-tions théoriques de rapports etd'actes sociaux qui en réalité lesréduisent à la misère ou même vontjusojr'à les détruire.

Le passage des formes pré-bour-geoises à la société actuelle a doncaugmenté et non diminué l'intensitéet la fréquence du facteur del'oppression et de la violence,

Et quand le marxisme exige quece processus historique fondamentalsoit pleinement achevé, il n'entend

nullement oublier ou contredirecette position fondamentale,

C'est seulement à partir de cri-tères en accord avec ceux que nousavons établis qu'il faut juger etdéchiffrer le problème actuel etbrûlant d'une transformation dumode d'administration et de gou-vernement de la bourgeoisie, quicorrespond à l'apparition des régi-mes totalitaires dictatoriaux etfascistes.

Il ne s'agit pas là d'un change-ment de classe dominante et encoremoins d'une rupture révolutionnairedans le mode de production. Quandon en fait la critique, il faut doncse garder de tomber dans leserreurs vulgaires qui, dans la lignedes déviations du marxisme, amè-neraient à attribuer à la forme et àla phase de la démocratie parle-mentaire une intensité et une den-sité moins grandes de la violencede classe. -

Ce critère, même s'il était confor-me aux faits, ne suffirait pas detoute façon à nous faire préconiseret défendre cette phase, pour lesraisons dialectiques que nous avonsappliquées à l'appréciation des mo-difications précédentes. Mais l'ana-lyse de cette question pourraégalement démontrer qu'en refusantde considérer seulement la violenceen acte et en mesurant au contrairetout le volume de la violence poten-tielle cachée dans la vie et dans ladynamique de la société, on éviterade tomber dans l'erreur de préférer,même de façon subordonnée etrelative, la méthode hypocrite etl'atmosphère méphitique de ladémocratie libérale.

(Extrait de Force, Violence et Dic-tature dans la lutte des classes,publié en 1946et repris dans la sérieLe texte du Parti Communiste In-ternational, n? 6.)

Ronde de chacals autourde la proie sahraouieLe Sahara occidental: un désert grand comme la moitié de la France

285.000 km2 - à peu près vide avec sa vingtaine de tribus, environ70.000 personnes (d'après le recensement espagnol de 1974, mais de250.000 à 700.000 d'après le Front Polisario), dont la plupart, nomades,échappe aux estimations car son nomadisme n'est pas circonscrit parles frontières artificiellement tracées par l'impérialisme. Mais un désertriche d'énormes gisements de phosphates évalués à 10 milliards detonnes, exploités depuis 1962 à ciel ouvert à Bou Craa par une sociétéà capitaux espagnols, français, américains et allemands, de gisements defer, de cuivre, d'uranium, de gaz naturel. Au large de sa côte atlantiqued'environ 1.000 kilomètres, un des plus riches réservoir de poissons dumonde, et une importante nappe pétrolifère sous-marine pour laquelleles grandes compagnies occidentales (Union Car bide Petroleum, StandardOil, Gulf Oil, etc.) cherchent à passer des accords avec l'Etat espagnol,Sans compter l'intérêt stratégique de cette zone, proche des îles « porte-avions» des Canaries, base américaine au travers de l'Espagne. Bref, unebelle proie sans défense, et son pillage est l'enjeu d'une lutte acharnéeentre les Etats voisins derrière lesquels s'agitent les impérialismesoccidentaux.

Quelles sont en effet les forcesen présence? L'impérialisme fran-çais a la part du lion au Maghrebet au Sahel. Il a intérêt à lastabilité sociale dans cette aire, eten particulier au Maroc, pointchaud du fait de son arriérationéconomique et sociale. Il a doncsoutenu la rapacité de l'Etat maro-cain qui avait le double avantage,som couleur de juste croisade pourle « Sahara spolié », de rassemblerderrière Hassan II son opposition,et de donner à la France une partde choix dans la rapine par l'inter-médiaire du Maroc.

Le Maroc, qui revendique officiel-lerrient le Sahara· espagnol depuis1956, a toujours essayé d'éliminerses voisins du partage du gâteau.Il a d'abord essayé de couperl'Algérie du Sahara espagnol, cher-chant à supprimer leur frontièrecommune en revendiquant Tindoufen octobre 1963, Ce fut un échec,et dans un deuxième temps ilchercha un accord sur le partageavec l'Algérie et la Mauritanie.Mais sous les affirmations hypo-crites - réitérées dans leurs ren-contres de 1970 à 1973 - de leurattachement aux principes del'ONU - autodétermination de lapopulation sahraouie, organisationd'un référendum sous les auspices

de l'ONU - les trois Etats cher-chaient chacun à tirer à soi lacouverture, Dès que l'Espagne, en1974, s'engagea plus nettement surla voie de l'indépendance {(danssa mouvance », le Maroc mit lespoints sur les {(i » : {( si le principede l'indépendance est posé, le Ma-roc refusera catégoriquement leréférendum» (discours du 20 août- Le Monde, 27-11-75). Pour leMaroc {(premier exportateurmondial de phosphates» qui, parl'annexion du Sahara espagnol,pourrait devenir aussi « premierproducteur lil occupe actuellementla 3e place, après les USA etl'URSS), ce qui lui permettrait [età travers lui à la France. Ndr ] d'enfixer les prix à sa guise» (LeMonde, 28-11) - la seule alterna-tive que le référendum devait poserétait : maintien de la colonisationespagnole ou rattachement auMaroc, prétextant les « droits his-toriques» du Maroc sur cette terre.D2 plus, une mobilisation nationalesur ce thème permettrait l' {(unionsacrée» avec l'opposition alors quela monarchie rencontrait des diffi-cultés, en particulier des rebellionsdans l'armée.

En coulisses, l'impérialisme jouela carte du Maroc : Paris {(accélère

, (Suite page 4.)

Un casque sous le bonnet de Marianne(Suite de la page 1)

du second massacre impérialiste,nous avons établi en stricte cohé-rence avec la doctrine marxistela caractérisation du cycle histo-rique ouvert par le triomphe mi-litaire des démocraties, nousl'avons condensée dans cette for-mule : le fascisme a été battumilitairement, mais sort de laguerre politiquement vainqueur.Cela ne voulait pas dire que lesvainqueurs sur les champs debataille allaient rejeter leur te-nue démocratique pour endosserla cuirasse fasciste, mais bienplutôt qu'ils allaient nous donner

'\ en même temps et le maximumde démocratie et le maximum detotalitarisme, le premier - répé-tons-le pour montrer qu'il s'agitd'une « constante historique» -pré mis s e et justification dusecond.

Voilà précisément ce qui nousdistingue, nous qui sommes anti-démocrates par principe, du ma-rais congénitalement démocrati-que du ({ g a u chi s me» : lareconnaissance du fait que ladémocratie représente pour lecapitalisme l'état optimum de sadomination totalitaire de classe;une domination par consente-ment, qui a d'autant plus besoinque le réseau de la libre consulta-tion des citoyens s'étende, seramifie et se multiplie, qu'elle seconcentre et se carapace davan-tage. Loin d'être une ({concessionà l'adversaire », à la classe do-minée, ce réseau de consultationsest au contraire l'arme de sareddition sans condition, de sacapitulation intégrale. Tant quece jeu marche, le fascisme n'aaucun besoin d'apparaître dansla forme, puisqu'il existe dans lasubstance : non seulement ladomination de classe de la bour-geoisie n'exige pas le casqued'acier et la chemise brune, maisle bonnet phrygien et l'écharpe

tricolore lui sont bien plus utileset donc nécessaires.

** *Sortie du bain de jouvence qu'a

constitué la seconde guerre mon-diale, le capitalisme a reprisson expansion impérialiste. Il àconnu une trentaine d'années deboom explosif, à peine marquémais non interrompu par lespoussées de fièvre des crises cy-cliques mineures. Les démocratespar principe pouvaient penseravec leur myopie habituelle quenotre caractérisation était dé-mentie, au moins au niveau dela ({politique interne»; en réali-té, le poids des monstrueux Etatsdémocratiques sortis armés jus-qu'aux dents du conflit s'exerçait,précisément grâce au « jeu duconsentement» dans les métro-poles du capitalisme impérialiste,surtout « à l'extérieur », sur lespays arriérés mais en fermenta-tion, sur les pays vaincus sereconstruisant péniblement, etmême sur les membres de secondrang de la « grande alliance»parfois récalcitrants.

L'éclatement de la premièregrande crise économique depuisla guerre a suffi pour qu'au plusminime signe - et malheureuse-ment c'est vraiment un minimumabsolu - non pas de reprise enforce du mouvement de résis-tance de la classe dominée, maissimplement de malaise, de désaf-fection envers l'Etat et le travail,il a suffi d'une étincelle d'indis-cipline sociale pour que l'appa-·reil de violence répressive reflue

-vers l'intérieur et se déchaînecontre les rebelles, même s'ilsne le sont qu'en puissance, avecune brutalité sans aucune pro-portion avec la gravité des faits.

Feignant de voir dans les timi-des propositions de réforme del'armée avancées par une CFDTnée dans les sacristies, ou mieuxencore, dans celles du 'PCF ou de

la CGT qui ne VIsent qu'à ren-forcer l'armée et la défense natio-nale en les ({rapprochant dupeuple », le spectre de la subver-sion rouge; tirant prétexte d'unepoignée de comités de simpledéfense immédiate des soldats,l'Etat se déchaîne contre ceuxqui comme nous contestent sesprincipes «admis par tous ».

même s'ils sont aujourd'hui ultra-minoritaires comme dit le PCF,c'est-à-dire sans large influenceet donc incapables aujourd'huide le menacer réellement. Demême qu'en Allemagne, l'Etat aressorti les tribunaux blindés dunazisme contre une douzained'insurgés!

** *La vérité, c'est qu'il devient

urgent de donner une leçon pré-ventive à la classe dominée. Demontrer d'avance que la « ferme-té» dans l'exercice central dupouvoir va de pair avec la « pru-dence » et la volonté de réformeannoncée par M. Giscard d'Es-taing promettant de {{gouvernerJe pays au centre », Il faut pré-venir la contamination de lacaserne par l' ({ absentéisme »dont les patrons se plaignentdans les usines, pour n'avoir pasà le «guérir» demain. Il fautprévenir . ces mouvements derefus qui, négatifs et impuissantsaujourd'hui, pourraient bien dé-ferler positivement demain. Ilfaut isoler les petits foyers denégation en les soumettant à unelégislation qui non seulement nesuspende pas le libre droitd'exercer les « libertés fonda-mentales» pour la majorité pas-sive, mais qui mette encoremieux en relief tous les avanta-ges que la démocratie rénovée etaméliorée apporte à ceux quisont prêts à tout sacrifier pour« faire sortir le Pays, la Nation,la Patrie, de la crise». Les loisque la classe dominante fran-

çaise peut tirer de sa tradition elson habitude à discipliner - etquand il le faut à massacrer -'le prolétariat; celles que sasœur d'outre-Rhin tire de la tra-dition parallèle qui va de Bis-marck et Noske au nazisme; ceslois contre ceux qui violent etmenacent réellement ou poten-tiellement l'Ordre établi, serventaujourd'hui pour frapper lesfranges d'une société encore .soli-de, mais qui n'est pas immuniséecontre un malaise qu'elle étouffeet exorcise en vain. Elles serventaussi à intimider d'avance ceuxqui aujourd'hui encore formentle troupeau conformiste car labourgeoisie a appris dans l'his-toire que les faits matériels ris-quent tôt ou tard de transformerles brebis en loups,

L'exemple portugais - nond'une révolution qui n'a pasexis té - mais d'une désaffectionet d'une indiscipline sociale ram-pantes, inquiète une bourgeoisiedésireuse d'avoir un «peuple» àla hauteur de la perfection tech-nique de ses moyens de produc-tion, de répression et de des-truction, un peuple discipliné,craignant Dieu et l'Etat, travail-lant à la grande machine quidébite le fumet délicieux de la« consommation de masse », Ré-primer tout de suite et sanshésitation ce qui, même vague-ment, annonce une lointainemenace pour l'ordre établi, estpour elle un impératif absolu-ment démocratique : que ceuxqui radotent de démocratie-pas-sage-au-socialisme cri e n t auscandale, il le faut, pour défen-dre ces principes éternels quisont l'oxygène et la lymphe ducapitalisme.

Pour le marxisme, cela confir-me une fois de plus qu'entre cesprincipes et les intérêts du pro-létariat il n'y a rien de commun.Ou on observe les uns, Ollonsert les autres,

4 PROLETAIRE N° 209

La fin de la(Suite de la page 1)

Seulement, pour y parvenir deuxconditions devaient être réalisées.La première était que l'on puissecompter sur des troupes absolu-ment sûres. Non que tous les régi-ments aient été contaminés, maisl'expérience montre que l'indisci-pline des soldats contient, en liai-son avec le mouvement social dansson ensemble, sa propre logique etque faire marcher un régiment ré-puté sain peut provoquer son pour-rissement (l'exemple de Tancosmontre bien que l'on en était arri-vé à ce point) ou susciter des réac-tions de solidarité dans d'autresunités encore endormies. Les forcessûres, l'Etat-major les attendaitd'Angola, et c'est pourquoi, dansl'intervalle, il alternait rappels àl'ordre et promesses, manœuvraitpour calmer l'agitation sans l'affron-ter ouvertement; et ceux qui sesont plu à montrer le présidentGomes comme hésitant n'ont pasvu où était la cause de cette appa-rence et n'ont malheureusement passu mener de lutte anti-impéria-liste conséquente apte à désorgani-ser les troupes de choc du corpsexpéditionnaire qui ont pu rentrerces derniers jours avec un « hautmoral ».

Ce sont elles qui ont été amal-gamées au régiment de cavaleriequi est intervenu à l'arsenal ; cesont elles qui sont venu épaulerles commandos de Jaime Neves(dont les effectifs sont... restés unsecret militaire) ; ce sont elles ainsique les mercenaires venus égale-ment des colonies qui ont vraisem-blablement constitué les « troupesinconnues » qui ont circulé dansLisbonne; ce sont elles qui ont sû-rement servi d'arrières et de réser-ves au coup de main.

L'autre condition était que lemouvement des soldats et des tra-vailleurs soit suffisamment contrôlépour que l'on puisse éviter au maxi-mum les réactions dans la troupeet une conjonction du mouvementouvrier avec celui des soldats.

La fameuse « gauche militaire» aici joué tout son rôle, faisant minede marcher avec les soldats et te-nant le langage démagogique del' «armée populaire ». cependantqu'elle tentait en retour de pren-dre appui sur eux pour favoriserson jeu politique, toujours main-tenu, il est vrai, dans les limites dela sacro-sainte unité des forces ar-mées, et que n'a pas su combattreune extrême-gauche croyant trouverdans ces officiers une aide pour lesouvriers et les soldats.

L'opportunisme ouvrier a égale-ment joué à fond le rôle qui luiétait classique. Bien qu'au gouver-nement, il a réussi à pénétrer cequi a été abusivement présentécomme des organes de « pouvoirpopulaire », les commissions de tra-vailleurs et les comités de soldats,cependant que l'extrême-gauchemontrait aux ouvriers qu'un frontavec lui était indispensable pourle sortir des griffes du PS et pourservir de point d'appui à la lutteouvrière. C'est ainsi que l'opportu-nisme a pu acquérir sans résistan-ce sérieuse une influence telle queces organisations étaient devenuesincapables d'initiative sans lui.

La manifestation du 23 octobre etbien plus encore celle du 16 novem-bre, celle-ci épaulée par le PCP, leFUR et Ies . SUV, ont donné lapreuve d'une emprise qui se tradui-sit par la revendication d'un gou-vernement plus à gauche. De plus,l'état d'urgence du 26 octobre,sous prétexte de lutte contre ladroite à laquelle on prêtait quel-ques attentats insignifiants, avaitdémontré que la classe ouvrièrel'avait gobé sans la moindre velléitéde combat.

Avant le coup du 25 novembre, lacampagne du PCP pour un gouver-nement de gauche jointe aux bruitsd'un danger de droite créait lesconditions propices pour désorien-ter complètement les larges massesouvrières.

C'est dans cette atmosphère quele développement de l'agitation desparachutistes de Tancos les pous-sait à chercher des appuis exté-rieurs pour se prémunir simple-ment des coups attendus de la hié-rarchie militaire : ne cherchait-onpas à démettre Carvalho ? Etl'unité absolue de la hiérarchien'était-elle pas une condition de lamise au pas des soldats? Et d'au-tre part n'étaient-ce pas les offi-

ciers qui avaient eu, dans le régi-ment l'initiative de la rupture ?

Toutes les conditions étaient dé-sorrnais réunies pour sortir l'épéedu fourreau, l'état-major pouvaitdonc prendre le prétexte de l'occu-pation des bases aériennes (maissinon on en aurait sûrement trouvéun autre !) pour accuser les soldatsde putsch, créant de surcroît lesmeilleures conditions psychologi-ques favorables à la reprise enmain.

L'absence de riposte des soldatset du mouvement ouvrier à l'atta-que des troupes loyalistes n'est-ellepas surprenante ? Ce serait oublierque les soldats comptaient sur ladirection des officiers de gauche,lesquels se sont laissé démissionnersans broncher conformément auxbonnes tradi tions hiérarchiques. Lefameux Carvalho a eu l'intelligen-ce de faire semblant de refuserde quitter son poste, ajoutantainsi à la confusion des soldatsqui trouvaient dans cette attitudeune raison supplémentaire pourgarder les yeux braqués sur lui etsuspendre leur action à sa décision,le cherchant partout pendant desheures et des heures : eh bien Car-valho était introuvable et c'estmême lui qui était à côté de CostaGornés lorsque ce dernier a annon-cé l'état d'urgence. Le mouvementdes soldats fut donc entraîné dansle gouffre sans' possibilité de résis-tance, subjugué par les chants decette nouvelle Lorelei, la « gauchemilitaire ».

L'autre élément qui aurait pu don-ner force et courage aux soldatsétait le mouvement ouvrier. Maisdès les premiers instants le PCPmit en garde contre le « dangerqu'il y avait pour la Gauche desurestimer ses forces » et rappelaque «tout affrontement faisait lejeu de la réaction » ; en même tempsles grèves tournantes pour unchangement de gouvernement aveclesquelles l'Intersyndicale tentait decanaliser l'agitation étaient suspen-dues, tandis que le PCP expliquaitque le nouveau gouvernement résul-terait d'un compromis toujours pos-sible, et quittait la scène, laissantla classe ouvrière sans aucuneconsigne,

Que pouvait faire d'autre uneextrême-gauche incapable de conce-voir une action sans les officiers « degauche» et sans le PCP, et imprépa-rée à une telle éventualité? Nous neparlons évidemment pas du maoïs-me qui s'est résolument rangéderrière Vasco Lourenço, quandce n'est pas Costa Gomés, sousprétexte que le mouvement dessoldats n'avait aucune autonomiepar rapport au «social-fascisme » ...

Privés de l'existence d'une lutteouvrière massive, privés des chefssur lesquels ils comptaient sansqu'aucune force ait pu prendre lerelais de la lutte, les soldats n'au-raient pu trouver en eux la décisionet la détermination, qui seules peu-vent donner la force de combattre.

** *Nous avons été trahis! Tel estle cri que profèrent aujourd'huipour justifier leur impuissanceceux qui hier encore prétendaientque toutes les conditions étaientmûres pour un « soulèvement popu-laire », Ils en voyaient les indicescertains dans ce qu'ils présentaientcomme la décomposition de la hié-rarchie militaire dont ils feignaientde voir une partie passer du côtédes soldats; dans le fait que lePCP était, selon eux, contraint defaire une politique exigée par lesmasses au lieu de pouvoir menerla sienne, Comme si le fait queCarvalho ait salué le «pouvoir po-pulaire» ou le fait que le PCP aitemboîté le pas à ce « pouvoir»pouvait réellement heurter l'Etat!Comme s'il n'était pas dans la na-ture de ces forces de se déroberau moment précis où frappe l'Ordredont elles sont complices, laissantles masses, aux facultés amoindriespar leur drogue, paralysées parmanque de direction.

C'est la faute au PCP! disentceux qui n'ont cessé de mon-trer au prolétariat que l' « unitéouvrière» conçue comme une unitéavec les partis opportunistes étaitun ({tremplin» nécessaire au mou-vement social sans voir que pourfaire face à la trahison inévitablede ces partis, 'il est indispensabled'avoir une direction qui ait menébien avant une action indépendante,se soit préparée dans cette lutteet rendue apte à capitaliser les

révolutionréactions pour pouvoir continuer lalutte, au lieu que cette trahisonentraîne la défaite du mouvementet, ce qui est plus grave, sa démo-ralisation pour une période difficileà prévoir,

Heureusement que la classe ou-vrière n'a pas bougé, se sont écriésles mêmes qui expliquent qu'elle aainsi gardé ses forces intactes!Comme si la reprise en mains del'armée n'était pas la conditionindispensable de la mise au pasde la classe ouvrière et des paysanspauvres, qui malgré tous les effortsde la démagogie opportuniste, ne sesont pas remis sérieusement autravail.

Bien sûr, ce n'est pas la révolu-tion qui a été battue, c'est la phraserévolutionnaire. Cc sont les illu-sions que le mouvement socialcharriait avec lui qui ont été bru-talement dissipées, celles d'uneaction bras-dessus, bras-dessousavec I'oppor tunisrne et la «gauchemilitaire », illusions qui prennentracine dans la faiblesse du mouve-ment et, il faut le dire, dans lechauvinisme.

Mais, ce qui est certain, c'est quela force qui a détruit ces rêves estla même qui, en restaurant la dis-cipline dans l'armée, se renforcepour faire courber l'échine à laclasse ouvrière. D'ailleurs, l'état desiège n'a-t-il pas déjà été mis àprofit non seulement pour éliminerles officiers de gauche, mais aussipour décapiter l'extrême-gauche etce qu'il y a de plus combatif dansla classe ouvrière? Et la premièremesure sociale n'a-t-elle pas consis-té à suspendre toutes les négocia-tions salariales d'ici la fin décem-bre, reprenant en un tournemain,cc qu'il avait fallu des grèves ma-gnifiques comme celle du bâtimentpour obtenir?

** *Le capitalisme portugais est dans

de la phraseune crise très profonde : il doit vité raisonnable et pour éviter cesimposer à la classe ouvrière travail revendications constantes qui nui-·et austérité; il doit faire cesser à sent tant à l'économie nationale»tout prix l'agitation incessante, (Le Monde du 18/11), Jaime Neveschasser des usines les travailleurs est là pour rappeler qu'« il y aqui s'imaginaient que le « contrôle» encore beaucoup de choses à faire»leur garantirait l'emploi sinon le et qu'« il est fermement décidé àsalaire, chasser des terres occupées aller jusqu'au bout» (Le Monde dules ouvriers agricoles du sud. Pour 2/12), c'est-à-dire qu'il est prêt àcela, comme pour tenter de sauver mater aujourd'hui les rebelles quiencore quelque chose de l'Angola ne comprendraient pas les « exi-et des autres colonies où il manœu- genees cie la situation» et, prêtvre toujours, l'Etat portugais s'est demain il se débarrasser aussi dudonné une arme décisive, la force larbin quand, sa fonction ayant prisrestaurée. Mais cela ne lui suffit fin, le moment sera venu de lepas. Il lui faut aussi pour un temps sacrifier aux «forces de l'amour ».

le mensonge démocratique et oppor- ***tuniste pour surmonter la crise La classe ouvrière se trouveéconomique et sociale en douceur. poussée à un combat terriblement

Comme l'a déclaré Melo Antunes : inégal dans cette deuxième étape«Le contrôle de la situation mili- de l'offensive bourgeoise contre sestaire nous permet d'avoir des conditions de vie et de lutte : ilgaranties pour clarifier la situation lui manque désormais le formidablepolitique et avancer avec un pro- appui d'un mouvement de soldatsgramme viable vers un gouverne- dont la prétendue révolution por-ment de gauche. La participation tugaise a gaspillé l'énergie dans undu parti communiste dans la cons- fantastique moulin à paroles, et elletruction socialisme est indispensa- trouve en face d'elle l'Ordre s'ap-ble» (Le Monde du 18/11). Aveu puyant sur les deux forces deprécieux que le mensonge n'est effi- l'autorité restaurée et de l'oppor-cace que s'il s'appuie sur la force. tunisrne ouvrier.Aveu cynique des classes dorninan- Si elle pouvait se donner néan-tes d'un monde sénile qui cloue au moins un atout dans cette duretapis de l'histoire les prétendus bataille, ce serait celui de la luci-révolutionnaires sans principe qui dité. Mais il faudrait pour cela quepensent encore s'appuyer sur un les révolutionnaires sincères tirent« gouvernement de gauche », pour la leçon que les faits viennent en-affaiblir l'Etat bourgeois! Et dans core une fois confirmer, celle de laquel abîme de servilité contre- nécessité d'une indépendance derévolutionnaire a pu sombrer un classe absolue, il faudrait qu'ilsopportunisme ouvrier qui colle tel- comprennent l'exigence d'un partilement à sa nature qu'il est capable qui se donne un programme d'oppo-de réclamer l'Etat fort même quand sition complète à l'Etat et à toutescc renforcement suppose l'élimina- les forces de la bourgeoisie et detion des éléments proches de lui l'opportunisme, un parti qui puissedans la machine militaire! donner à la lutte de défense qui

Ainsi, tandis que l'on envisage un est à l'ordre du jour la plus granderemaniement ministériel apte à efficacité, développer au mieux lestrouver, selon le mot de Gomés, potentialités classistes qu'elle ren-« un soutien chez les t.availleurs ferme, la transformant ainsi ensuffisamment fort pour assurer la terrain de préparation révolution-paix, la tranquillité, une pro:l.u_c_t_i_-__ n_a_i_.f_e_. _

La ronde des chacals(Suite de la page 3)

ses fournitures d'armes au Maroc»(Boumediène dan s L'Humanité,21-11), s'appuie sur l'expansionnis-me du « grand Maroc» Oe Marocrevendique le Sahara et Ia Mauri-tanie, et à l'est In-Salah, Tombouc-tou, Tindouf et Béchar) en luifaisant marquer un point dans la« zone de sécurité» de l'Algérie;voilà ce qu'il en coûte à l'Algériepour avoir refusé de se plier auxvolontés dé l'impérialisme en ma-tière de pétrole; voilà surtoutcomment l'impérialisme divise auMaghreb comme ailleurs pour ré-gner.

C'est pourquoi l'Etat algérien,intéressé à limiter les prétentionsterritoriales du Maroc et défendantsa seule voie d'accès à l'Atlantique,a misé sur le Front Polisario (mou-vement de lutte armée pour l'indé-pendance et la République ArabeSaharoui'e, constitué après la trèsdure répression des autonomistesdu Front de Libération du Saharasous les balles espagnoles en 1970),qu'il soutient matériellement depuis1975 sous prétexte de fidélité à lalutte menée par Ie FLN, et pro-clame son attachement au « prin-cipe cardinal de l'ONU que repré-sente le droit à l'autodétermina-tion », tout en précisant que« l'Algérie ne saurait entériner quel-que solution que ce soit à l'élabora-tion et à la mise en œuvre delaquelle elle ne serait pas associéeau titre de partie concernée etintéressée» (Le Monde, 16-17/11/1975).

Le Maroc étant soutenu par l'im-périalisme français, il ne restaitplus à l'impérialisme espagnol qu'às'entendre avec le Maroc s'il vou-lait préserver ses intérêts; c'estsans doute ce qu'a voulu lui fairecomprendre l'accord signé isolé-ment par le Maroc et la Maurita-nie en été 1974, alors que l'Espagnecontinuait à affirmer qu'elle n'ac-cepterait qu'un accord entériné parl'ONU et qu'elle tendait à tenir.compte de la position de l'Algérie,qui est son {(meilleur client afri-cain ».

Mais finalement, on est arrivé às'entendre : « le Maroc a proposé àl'Espagne l'indemnisation de sesinvestissements dans les gisementsde phosphates - estimés à 400 mil-lions de dollars - et l'exploitation

commune des gisements de Fos-Bou-Craa, l'Espagne conservant60 % des parts et des droits, desdroits «d'installation de bases mi-litaires», et une « offre de partici-pation au blocus de Gibraltar» (LeMonde 15-11, le Figaro 14 et 15-11) ;la flotte espagnole aurait des droitsde pêche réservés dans les eauxdu littoral saharien; les colonsespagnols du Sahara seraient in-demnisés. Moyennant quoi l'Espa-gne se retirera définitivement le28 février, laissant le Sahara par-tagé entre le Maroc et la Mauri-tanie, ayant mis en place dès le25 novembre une administrationmixte.

L'accord Maroc-Espagne-Maurita-nie, cristallisant l'axe Paris-Madrid-Rabat - Nouakchott et signé le14 novembre, était aussitôt ratifiépar les Cortès le 18 novembre,tandis que l'ONU observe un silen-ce prudent sur ses grands principes,On peut prévoir dans I'avenir un{(anschluss » du Maroc sur leSahara, tandis que la Mauritanie adéjà créé un « Front pour la libé-ration et le rattachement duSahara à la Mauritanie» (Huma-nité, 17111),

Sont-ils donc autre chose quedes chacals et des hyènes, ceux quise disputent la proie saharaouie?Nous ne pouvons que dire auxprolétaires de France, d'Espagne oudes autres hyènes impérialistes quirôdent autour des richesses de cepetit pays ou en tiennent déjà unepart dans leurs griffes : votrepremier devoir est de combattrevotre impérlalisme ! Ainsi vousœuvrerez à I'union des prolétairesd'Europe 'et d'Afrique! Nous nepouvons que dire aux prolétairesdu Maroc (et aussi de Maurita-nie) combattez les excitationschauvines et l'hypocrisie d'Has-san II (ou d'Ould Daddah) aveclesquelles ces régimes honnis cher-chent à se perpétrer sur votre dos!Nous ne pouvons que dire aux pro-létaires d'Algérie : combattez lesfausses prétentions de Boumediènequi cache derrière l'appel à la« guerre juste» de la républiquecontre Ia monarchie chérifienneses intérêts de classe et cherche àredorer grâce à lui son blasonterni! Nous ne pouvons que direaux prolétaires des pays concernésdu Maghreb et du Sahel : vous

devez lutter contre les prétentionsde vos classes dominantes, même sila population saharouie choisit dese lier à un autre Etat que le vôtre!Ains; vous acquerrez la sympathie

. de V02 frères des autres pays etvous œU: 'rerez à l'union des prolé-taires par-dessus Ies frontières devos Etats!

Et si une g oerre- avait des consé-quences révolutjonnaires, ne de-vrions-nous pas la soutenir, ducôté marocain ou c.i côté algérien,pourra-t-on se demander ? C'est unfait que la défaite ':'ilitaire duMaroc ou de l'Algérie er-traîneraita vec une forte probabilité i,ïe révo-lution dans le pays « vr "ncu »,révolution dont ne pourrait St" pro-téger le « vainqueur », tant' , lamonarchie marocaine est vermou-lue, et tant le régime de Boume-diène est essoufflé. Dans cesconditions lequel des deux Etatsest disposé réellement à la guerre,à une guerre sérieuse où il y aitjustement un vaincu, c'est-à-direune guerre qui ne soit pas seule-ment une parade destinée à exercerune pression pour une meilleurenégociation en même temps qu'unmoyen de rassembler le bon peuplederrière le drapeau du chauvinis-me? Serait-ce alors au prolétariatde pousser à une guerre qui nepeut être qu'une guerre de rapine?Evidemment non!

Bien plus, si une guerre devaitmalgré tout éclater et qu'elle soitmenée jusqu'à entraîner des consé-quences révolutionnaires, le seulparti qui pourrait en tirer profitserait celui qui se serait résolu-ment placé du point de vue de lalutte sans compris avec les régimesmoribonds. Nous ne pouvons parconséquent y voir qu'une raisonsupplémentaire pour inviter le pro-létariat et les paysans pauvres duMaghreb à se souvenir qu'il y adouze ans, des deux côtés, les vraisrévolutionnaires refusaient de mou-rir pour quelques arpents de désert,et pour appeler de tous les côtésau défaitisme révolutionnaire!

directeur-gérantF. GAMBINI

Imprimerie «E.P.»232, r. de Charenton, Paris-1~

distribué par les NMPPNo d'inscription à la commission

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