elisia blade séduire & conquérir tome 3 -...
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NishaEditions
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ISBN978-2-37413-243-3
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TABLEDES
MATIERES
Présentation
Règlenuméro13:soufflerle
chaudetlefroid
Règlenuméro14:êtreson
uniqueobsession
Règlenuméro15:décimer
l’opposition
Règlenuméro16:succomber
àlatentation
Àparaître
«Laséductionn’ajamaisétéaussi
douce-amère.»
TristanKane
Règlenuméro13
Soufflerlechaudet
lefroid
Lemondeautourd’elles’étaitcomme
éclipsé,
elle
avait
l’impression
d’avanceràtâtonsdansunbrouillard
épais.Elleavaitperdutoussesrepères.
Elleavaitl’impressiond’avoirétéprise
dansuncharmemagiquequil’avait
bloquéàjamaisàsesdix-huitans.Elle
s’étaitembourbéedanslessables
mouvantsdesonpassé.
—Edwinnedevraitpastarderà
arriver.Jeteraccompagnecheztoi,lui
annonçaTristan.
Elianor
l’écoutait
d’une
oreille
distraite.Elleposasamaincontreson
cœurpouressayerd’yestomperquelque
peuladouleurlancinante.Malgrétoutes
sesprécautions,malgrétoutesses
admonestations,elleseretrouvaitau
mêmepointquesixauparavant.Bien
sûr,ellen’étaitpluscettemêmefille
tropnaïveetpleined’entrain.Les
épreuves
qu’elle
avait
endurées
l’avaientfaitmûrirplusvite.Pourtant,
elleétaittoujoursamoureused’un
monstre.Unmonstrequ’elleaimaiten
dépitdetout.Elleadmiraitson
intelligence,sonintégrité,sonhonnêteté.
Illafascinait.Ill’avaittoujours
fascinée.Elleneluivouaitpluscette
admirationtotale,caràprésentelleétait
parfaitementconscientedetousses
défauts.
Quandunegrosseberlinebleunuitse
garajustedevanteux,Tristanposasa
mainenbasdesesreinspourlaguider
jusqu’àlaportièrecôtépassager.Dans
unétatsecond,elleneprotestapaset
baissalatêtepours’engouffrerdansla
voiture.Tristanindiqual’adressedeson
appartementàsonchauffeuretlavoiture
vibraavantdes’engagersurlegrand
boulevard.Lepaysageurbaindela
capitalebritanniquedéfilaitsousses
yeux.Lalueurfugacedeslampadaires
aumercureflashaitsoussesyeux,
illuminantsonvisageparintermittence.
Ellesentaitsesyeuxposéssurelle
commes’ill’avaittouchée.
—Est-cequetoutvabien?s’enquit-
ilavecinquiétude.
Sansprononcerunmot,Elianor
secoualatêteensignededénégation.
Non,toutallaitmal.EtTristandevait
bienlesentir.
—Jevaisposermonpréavisdès
demain,luiconfia-t-elleaprèss’être
éclaircilavoix.
—Tun’espassérieuse?Tuveux
vraimentdémissionner?
—Est-cequej’ail’airdeplaisanter?
rétorquaElianor,enluiadressantun
regardlourddereproches.Toietmoi,
c’étaitridiculedecroirequ’onpourrait
secôtoyer,piremême,travailler
ensemble.
—Leduoquenousformonsmarche
plutôtbien.
Incrédule,elleledévisageasans
cachersonscepticisme.Dequise
moquait-il?Leurrelationnepouvait
êtreplustordueetmalsaine.
—Jen’aipasparticulièrementenvie
dem’éterniseràPearl,rétorquaElianor
plushonnêtequ’ellenel’auraitsouhaité.
—Écoute,sic’estàcausedetoutle
travailquejet’aidonné,jesuisdésolé,
s’excusaTristanensemassantles
musclesdelanuque.J’aiétéunpeutrop
duravectoi,tropexigeantpeut-être.
Unpeutropduravecelle?Il
s’excusait?Dequoiexactement?De
l’accuserencoreettoujoursàtort?
L’expressiond’Elianorsedurcit.Ellene
comprenaitpascommentelleenétait
arrivée
là.
Était-elle
incapable
d’apprendredeseserreurs?Ne
pouvait-elledoncpastenircomptede
toussesdéfauts?Enêtredégoûtée?
—Tunemeferasjamaisconfianceà
causedecequ’onavécu.
—Sitoiettafamilleaviezdes
problèmesd’argent,tuauraispum’en
parler.Jet’auraiaidé,continua-t-il.Ça
auraitétébeaucoupplussimpleetmoins
dangereuxquedenousvoler.
Indignéecettefois-ci,Elianorenfonça
sesdentsdanssalèvreinférieurepour
s’empêcherderépliquer.Elleobservale
feurougeauquelilss’étaientarrêtés.Ils
n’étaientplusqu’àdeuxruesdechez
elle.Elleserrasespoingssifortsque
sesarticulationsblanchirent.Tristanne
comprenaitdoncrien.Commesi,eten
imaginantquecequ’ildisaitétaitvrai,
elleauraitoséluidemanderdel’aideet
s’humilierparlamêmeoccasion.Qu’en
auraitpensésafiancéedumoment,Tanis
?Ilmanquaitsérieusementunecaseàce
mec.Pourquoiaurait-ilvoulul’aider?
Aprèstout,ellen’étaitrienàsesyeux.
Elleinspirapuisexpiralonguement
alorsquelessecondess’égrenaient.
Jugeantinutiledecontinuercette
conversation,elleattrapasonsacposé
surlabanquetteentreelleetTristan.
QuandEdwinsegaraenbasdeson
immeuble,elleouvritlaportière
ignorantsonchef.Àcroirequ’ilse
complaisaitàimaginerlepired’elle.
Tristanl’empêchadeclaquerla
portièrederrièreellealorsqu’il
descendaitaussi.Alorsqu’ellemarchait
verslaportedesonimmeuble,elle
l’entenditluiemboîterlepas.Une
confrontationneluiavaitdoncpassuffi.
Maisilétaithorsdequestionqu’elle
continueàl’écouterl’insulterde
voleuse.Samainseposasursonépaule
pourlafairepivoter.
—Toi-mêmetul’asdit,sionveut
continueràtravaillerensemblesansque
celanedeviennetotalementmalsain,il
fautquetusoishonnêteavecmoi,
affirma-t-il.
Sonexpressionétaitsévère.Illa
regardaitdehaut,laréprimandaitmême,
commesielleétaitencoreettoujoursen
faute.Êtrehonnête?Ladernièrefois
qu’elleavaitjouélacartedela
franchiseaveclui,ilavaitpréférécroire
Tanis.Ill’avaitrepousséeavecdégoût
etrejet,jusqu’àluienécorcherlesdeux
coudes.Êtrehonnêteaveclui?Ça,non!
Ellenecommettraitpasdeuxfoisla
mêmeerreur.Latensionquihabitaitla
jeunefemmeétaitmanifeste.Sonpouls
s’accéléra,sonsouffledevinterratique
etseslèvress’entrouvrirent.C’était
ainsiàchaquefoisqueTristaninitiaitun
contactphysiqueavecelle.Elletentade
domptersesémotionsenvain.
—Quandtudis«êtrehonnêteavec
toi»,tuentendsparlàreconnaîtrequeje
t’aivolétoiettafamille?
IlhochasimplementlatêteetElianor
baissalesyeuxavecdéfaite.Alorsce
qu’ilattendaitd’ellec’étaitqu’elle
reconnaisseunefautequ’ellen’avait
jamaiscommise?Pourquoiytenait-il
temps?Désemparée,ellereleva–sans
vraimentlevouloir–lesyeuxvers
Tristanenespérantqueluilancerun
regardnoirsuffiraitàl’éloigner.Ilnedit
rien,nebougeapasd’uncentimètre.Il
étudialonguementsonvisage.Les
musclesdesamâchoiresecontractèrent
etilplongeasesmainsdanslespoches
desonpantalon.Quandill’observait
commeça,elleavaitlasensationque
l’airvenaitàmanquer,quel’atmosphère
entreeuxsechargeaitenélectricité.
—
Peut-être
qu’on
devrait
se
débarrasserdetoutçaetlefaire,lança
Tristanenfaisantungestedelamain
allantetvenantentreluietElianor.
Sedébarrasserdetoutça?Lefaire
?Maisdequoiparlait-il?
—J’aienviedetoi,précisa-t-il
devantsonincompréhension.Jetedésire
commeunhommedésireunefemme.
Bouche
bée,
Elianor
l’était.
Estomaquée,même.Sanslamoindre
gêne,avecindécenceetimpudence,il
étaitentraindeluiproposer…lui
proposerquoiexactement?Unepartie
dejambesenl’air?Lastupeurl’avait
renduemuettetantelleétaitabasourdie.
—Tume…quoi?répéta-t-elle,
incapable
d’articuler
une
phrase
cohérente.
—Jesaisquetoiaussi.Alorssitu
veuxcoucheravecmoi,jeseraiplusque
ravideterendreservice.
Il
attrapa
ses
mains,
certain
d’accueilliruneréponsefavorable.Un
millierd’expressionspassèrentsurle
visagedelajeunefemme.Sesmuscles
faciauxsemirentàsecontracteralors
qu’unfourireétaitentraindenaîtreàla
basedesagorge.Rapidement,l’envie
des’esclaffers’estompapourlaisser
placeàdelafureur.Commentosait-il?
Laprenait-ilpourunedecesfemmes
facilesàquiilsuffisaitdedemander
polimentpourqu’ellesseretrouventen
moinsdedeuxàl’horizontale?Elianor
sedégageadesonemprise,certaineque
siellecontinuaitàsentirl’impulsionde
sesmainssurelle,siellecontinuaità
êtretropprèsdelui,àhumersonparfum
mélangéàsonodeursiparticulière,elle
finiraitparaccepter.Ellehallucinait.
Elleavaitmêmepeut-êtredelafièvreou
undébutdegrippe.
Elianorplantasesyeuxdansceuxde
Tristan.Consternéeetahurie,elleouvrit
labouche,maisaucunsonnesortit.Illui
avaitlittéralementclouélebec.
—Jepensaisquec’étaitévident,
confessaTristancommesicettedernière
déclarationn’avaitpaseul’effetd’une
bombeatomique.Tudoiscertainement
culpabiliseràcaused’Alex,maissache
queressentiruneattirancesexuelleaussi
forteestextrêmementrare.
Elianorlaissaalorséchapperun
halètementdestupéfaction.Quec’était
évident?Culpabiliseràcaused’Alex?
Uneattirancesexuelleextrêmement
rare?Ilsefoutaitouvertementd’elle,
elleenétaitconvaincue.Ilavaitdeviné
sonattirancepourlui.Peut-êtremême
qu’il
savait
qu’elle
était
encore
amoureuse?Etparcequ’ilavaitenvie
d’elle,aulieudelacourtiseretde
l’emmenerenrendez-vousgalantcomme
avectoutessesautresconquêtes,ilavait
optépourcettepropositionindécente!
Elianorétaitrévoltée.
Suiteàcetourbillonderéflexions,
Elianorleméprisaitetelleseméprisait
encoreplus.C’étaitcomplètement
dingue.Ellerompitlapremièretout
contact
visuel
en
observant
ses
chaussures.Elleavaitl’impressionde
vivreuncauchemar.Quand–comme
touteslesautresfemmes–ellerêvait
d’unelenteetdouceséduction,debelles
déclarationsd’amourenflammées,voilà
cequ’ellerécoltaitàlaplace.Dusexe
pourdusexe.Pasdesentiments.
Uneragemonstrueusebouillonnait
souslasurface.Avantdeperdreses
moyensetdesuccomberàl’enviedelui
plantersesonglessursonvisage,elle
devaitlequitter.
—Moiquicroyaisquetuseraisce
quisefaitdemieuxquestionséduction,
murmuraElianorglissantdemanière
effrénéesurlapentedeladésillusion
totale.
—J’essayejusted’êtretotalement
honnête.Maisjepeuxteséduiresic’est
cequetusouhaites.
Elianornesutpascommentelleretint
sonfourire.Êtretotalementhonnête?
Etinsolentaupassage?
—Meséduire?s’exclama-t-elle,ses
yeuxn’exprimantqu’unprofonddégoût.
Commesij’enavaisenvie!
Sansprévenir,d’uncoupsec,il
l’attiracontrelui.Ildéployaalorsses
doigtsdanslebasdesondospourla
maintenirdanscettepositionindécente.
Ilsétaientsiprochesl’undel’autrequ’il
auraitétéimpossibledepasserune
feuilledepapierentreeux.Lesouffle
court,Elianortentadeluttercontrecette
tensionquil’habitaitsubitement.
—Sijelevoulais,jepourrais
remontertajupe,écartertescuissesette
prendrecontrecetteporte.J’aimele
fairedemanièrerapideetbrutaleetje
suiscertainquetuapprécieraisaussi.
J’aienviedetesentirm’enserrersifort
commesituvoulaisquejeresteentoi
pourtoujours.
Elleauraitdûêtreécœuréeparsa
grossièreté,sidéréequ’ilsecomporte
ainsialorsqu’ilsétaientsurletrottoir,à
lavuedetous.Pourtant,unvéritable
brasiersepropageaitdepuissonventre
jusquechacunedesesextrémités.Ses
musclesinternessecontractèrentà
plusieursreprisesetunemoiteur,
trahissantsonexcitation,commençaità
humidifiersonsous-vêtement.
—Merci,lecontra-t-elleavecune
pointedesarcasmepourcacherson
trouble.Bienquecescénariodefilm
pornosoittrèstentant,jemevoisdans
l’obligationdedécliner.
—Tupeuxrésistertantquetuveux,tu
finirasparcéder.Jesuisprêtàpatienter.
L’attentedécupleledésir.
Elianorsecoualatête.Sonegoétaitsi
grand,sonassurancesidémesurée
qu’ellenesavaitpassielletrouvaitça
mignonoujusteinsupportable.
—Est-ceunetechniquequifonctionne
d’habitude?semoqua-t-elleense
dégageantfacilementdesonemprise.
—D’habitude,jen’aipasbesoin
d’argumenteraveclademoiselle.
—Biensûr,tun’asqu’àclaquerdes
doigtspourqu’elleécartelescuisses.
C’estencoreplusefficacequelesportes
automatiques.N’est-cepaslassant?Ne
préférerais-tupasunpeudechallenge?
Tristanagitasesdoigtssoussesyeux
enlesclaquantàplusieursreprises.
—Tuvois,j’aibeauclaquerdes
doigtscommetudis,tescuisses
demeurentrésolumentcolléesl’une
contrel’autre.Tuesapparemmentmon
challenge.
—Tuauraistoutintérêtàentrouver
unautre,cen’estpascommesitu
n’avaispasl’embarrasduchoix.
Ilavançajusted’unpasetElianor
recula.Ellel’empêchades’approcher
enplaquantsapaumecontresontorse.À
traversl’étoffedesachemise,soncœur
palpitaitsoussesdoigts.
—Ceseraitplussimple,eneffet.
Maisc’esttoi.Toiquejeveux.
—Jevaisrentrermaintenant,
l’ignora-t-elle.
Tristanrepoussasavesteetenfonça
sesmainsunenouvellefoisdansles
pochesdesonpantalon.Ill’étudiait
minutieusement.Àcetinstantprécis,
Elianorauraitaiméêtrecapabled’entrer
danssatêteetd’yliretoussessecrets.Il
émanaitdeluitantd’assurance.
—Onsevoitlundi?
—Mêmesij’aibienl’intentionde
démissionner,jecompteaussirespecter
mesdeuxsemainesdepréavis.
Ilesquissaunsourire,commes’il
doutaitqu’ellenemetteàexécutionson
plan.
—Tutienstropàtonboulotpour
vouloirdémissionner.
—Sic’estcequetucrois,éluda
Elianor.Bonnesoirée,Tristan.
—Bonnenuit,Elia.
Ellefouilladanssonsacàmaineten
ressortitsontrousseaudeclefs.Pas
décidéàregagnersavoiture,il
l’observaitensilence.Sonimposante
staturecamouflaitlalumièred’un
lampadaireetElianorétaitincapablede
distinguerl’expressiondesonvisage.
—Permets-moidetedonnerquelque
chosepourquetufassesdebeauxrêves.
Commeunprédateurserefermantsur
saproie,ilréduisitladistanceentreeux.
Levisageàprésentéclairéparla
lumièreduhalld’escaliers,sesyeux
étaientassombrisparledésir.Salangue
humectafurtivementseslèvreset
Elianorn’eutplusaucundoutesurses
intentions.
—N’ysongemêmepas,leprévint-
elle.
Déjàsamaincaressaitsonvisage,ses
doigtss’entremêlantdanssescheveux.
—J’aienviedet’embrasser.
—Non!
Avecprécipitation,elletentade
badgerlaported’entréedel’immeuble,
maisTristanfutplusrapide.Sonbras
s’enroulaautourdesataillealorsqu’il
l’acculaitcontrelaparoiglacéedela
porte.Soncorpsseraiditsouslatension
quandilsecollacontreelle.Sa
silhouetteétaittoutaussirigideetsa
mainagrippaitfermementsahanche.
—Jevaist’embrasser,laprévint-il.
—Non!réitéra-t-elle,lagorgesèche.
Saboucheétaitsiprochequ’Elianor
nesavaitpassilachaleurqu’ellesentait
étaitdueàsonsouffleouàseslèvres.
Quandenfinill’embrassa,elleneréagit
pasaudébut,tropchoquée.Maisquand
ilsoulignadelapointedesalanguesa
lèvreinférieure,songoûtlaconsumaet
ellesombrarapidementdansles
méandres
d’un
désir
sombre
et
destructeur.Leursdentssecognèrentet
leurscorpss’imbriquèrentalorsquela
languedeTristanpoussaitlabarrièrede
seslèvres.L’urgenceetlachaleurde
sonbaisers’intensifièrenttandisqueses
mainscaressaientl’arrondideses
hanchesavantd’agrippersesfesses.
Elleempoignalecoldesachemiseavec
cetteenviedeseblottircontrelui,mais
aussilebesoindel’éloigner.Quandilla
touchait,l’embrassait,ellenepouvait
pasréfléchir.
—Stop,haletaElianor.Stop.
Lesdoigtsenfoncésdanssachair
desserrèrentleurétreinteetellele
repoussa.Paupièrescloses,elleinspira
etexpiraàplusieursreprises.Elleavait
besoinderetrouversesesprits,besoin
quesonjugementnesoitpasbrouillépar
cedésirbrûlant.
—Àlundi,murmuraTristan.
Ellesentitl’empreinted’unbaisersur
sonfront.Quandellerouvritlesyeux,il
avaitdéjàdisparu.
Règlenuméro14
Êtresonunique
obsession
—J’adorelesamedi!s’exclama
Elianorquandsamèrevintlaréveiller.
Après
cette
semaine
riche
en
émotions,ceweek-endseraitsalvateur.
Ellen’avaitjamaisautantaiméêtreen
repos.Elleenprofitapourremettreau
goûtdujourunevieillehabitudequ’elle
avaitpriseàsavoirallersebaladerdans
undesparcsdelacapitaleencompagnie
desamère.Aprèsdéjeuner,munied’un
vieux
plaid,
Elianor
trouva
un
emplacementidéalpoursereposeret
profiterdecetempsquasiprintanier.
L’herbehumideavaitétéfraîchement
coupée,lesoleilétaitchatoyantetau
loinellespouvaiententendredescriset
riresd’enfants.Touteslesdeux,elles
s’allongèrentsurlacouvertureet
fermèrentuninstantlesyeux.Elianor
entrelaçasesdoigtsavecceuxdeDafne.
Lapaumedesamèreétaitrugueuselui
rappelantlamanièredontelles’était
tuéeàlatâchepourleurpermettrede
survivre.C’étaitunemainqu’elle
vénérait,unepreuvetangibledel’amour
etdeladévotiond’unemère.
Bientôt,songeaElianoreninspirant
profondément,bientôtellepourrait
bénéficierdecetteopérationetoublier
sesproblèmesdesanté.Cequ’elle
souhaitaitplusquetoutc’étaitquesa
mèresoitheureuse.Ellevoulaitrevoir
Dafnesourireetrireauxéclats.Elle
voulaitqu’ellenesoitplusjamaisseule,
qu’ellesoitunefemmecomblée,quele
moindredesessouhaitssoitexaucés.
Ellepourraitreprendresesloisirset
pourquoipasrencontrerquelqu’un.Sa
mèreétaitencorejeuneetsielle
reprenaitunpeudepoids,Elianorne
doutaitpasuneseulesecondequ’elle
puissedenouveaucharmerlagent
masculine.
—N’as-tujamaispenséàteremarier,
Maman?questionna-t-elleenroulantsur
lecôté.
Ellerepliasoncoudeetlaissasatête
reposersursamain.Lesrayonsdusoleil
venaientluiréchaufferagréablementle
visageetlalégèrebrisefaisait
virevoltersesfinscheveux.Avecun
petitrire,Dafnerouvritlesyeuxpour
dévisagerétrangementsafille.
—Non,pourquoi?Tuasenviedete
débarrasserdemoi?
—Absolumentpas!Maisjemesuis
toujoursditquequelquepartdansce
monde,ildevaitbienexisterquelqu’un
quiseraittonâmesœur.
Leregarddesamères’assombrit
furtivementavantqu’ellenedétourneles
yeux.Sondivorcel’avaitaffectée,ça
Elianorenétaitcertaine.Etpourtant,
ellenepouvaits’empêcherdepenser
queDafneavaitapprislanouvelledu
départdesonpèreavectristesse
certes…maissanssurprise.Commesi,
toutdulong,elleavaitsuquesonpère
finiraitunjourparlesquitter.Jim
Luttrelln’avaitjamaisétéquelqu’unde
trèsaffectueuxavecsamère.Etsielley
songeaitbien,iln’avaitpasvraimenteu
defibrepaternelle.Lessouvenirs
qu’ellepartageaitavecluin’étaientni
mémorables,
ni
particulièrement
heureux.Ilavaitsouventétéen
déplacement.Iln’avaitjamaisassistéà
uneseuledesesauditions.Les
spectaclesdefind’annéel’avaient
toujourscomptéabsent.Etavecdu
recul,Elianorenavaitconcluqueson
pèren’avaitjamaisétéfaitpourlavie
defamille.
—Tuasunevisionbienromantique
del’amour.Jesuistropvieillepourtout
ça,machérie.
—Maispersonnen’esttropvieux
pourça!Àmoinsquetunecroiespas
augrandamour?répliquaElianor
faussementhorrifiéeparl’idée.
—Dites-moi,Mademoiselle,auriez-
vousunpetitami?Tupensesbeaucoup
àl’amourencemomentettupasses
beaucoupdetempsavectonpatron,
MonsieurKane.Est-cequ’ilyaurait
quelquechoseentrevous?
Letondesamères’étaitfaitléger,
taquinmême.Elianorauraitcertainement
rietmisdecôtécesous-entendusicela
n’avaitpasimpliquécettepersonneen
particulier.Cefutautourdesonvisage
des’assombrir.
—Iln’yaabsolumentrienentreluiet
moi,répondit-elled’unevoixblanche.
—Jenem’opposeraipasàceque
touslesdeuxvous…
—Maman,souhaites-turéellement
quetadouceetinnocentefillefinisse
danslagueuledugrandméchantloup?
Tristan
est
un
play-boy
fini,
probablementimmunisécontretoutela
panoplie
des
émotions
humaines,
énuméraElianorenfaisantungeste
circulairedelamain.Ilcollectionneles
aventuresd’unsoircommes’ilcherchait
àbattreunrecord.Jesuisd’ailleurssûre
qu’ildoitfaireuncheck-upcompletà
l’hôpitalchaquemoispourvérifiers’il
n’apasattrapéuneMSTquelconque.
Avecça,DafneDentons’esclaffa
franchementcequiréussitàadoucir
l’expressiond’Elianor.
—JesavaisdéjàqueTristanKane
étaittrèscourtiséparlagentféminine,
maisjenesavaispasquetuavaisunesi
hauteestimedelui.Iln’empêchequ’il
doitavoirunpetitfaiblepourtoi!
J’aienviedetoi.Jetedésirecomme
unhommedésireunefemme.
Cettemauditerévélationvenaitencore
unefoislahanter.Elleauraitvoulu
hurleràlaterreentièresafrustration.
Avoirunfaiblepourelle?Elianornesut
pascommentelleretintsonreniflement
dedédain.LesintentionsdeTristan
étaientbienplussombresquecela.Ilne
souhaitaitpaslacourtiser,loindelà.Il
voulaittoutsimplementfranchirlaligne
d’arrivéesansêtrepasséparlacase
départ.L’insultequ’illuiavaitbalancée
enluifaisantcettepseudo-déclaration
deperverssexuelétaitcommeuncoup
defouetsuruneplaiedéjàouverte.
—Trèsamusant,rétorqua-t-elleavec
unepointed’ironie.Unfaiblepourmoi?
Vraiment?Onauratoutentendu.
—Leshommesnes’exprimentpas
commelesfemmes.Ilsn’aimentpas
mettredesmotssurleurssentiments.
Souvent,ilssedéclarentparledésir
qu’ilsressententetnonpasen
verbalisantleschoses.
SaufqueDafneignoraitcequis’était
passéentreeuxsixansauparavant.Et
Elianorcomptaitbiengardercette
histoiresecrète,dumoinsauxoreilles
desamère.SiTristandisaitvraietque
sonpèreétaitmêléàunequelconque
affairededétournement,Dafnenedevait
jamaisenpâtir.
—Tunemecroispasc’estça.Je
connaisparcœurcepetitsourire
moqueur.Jepeuxtecertifierqu’iln’ya
rienentreMonsieurKaneetmoi.Je
préféreraisentrerdanslesordresplutôt
quede…
Leportabled’Elianorsemitàvibrer
désagréablementàl’intérieurdesonsac
àmain.Quandellelutsurl’écran
«Psycholunatique»,ellen’eutpasune
seuleseconded’hésitationetappuyasur
l’icôned’untéléphonerougemettant
ainsifinàsonappel.Ilestplusfacilede
l’ignorerquandiln’estpasàsescôtés.
Quinze
secondes
plus
tard,
son
téléphone
vibra
de
nouveau
lui
annonçantqueTristanvenaitdelui
laisser
un
message
vocal.
Trois
secondesplustard,ellerecevaitun
texto.
Elianormarmonnaquelquesinsultes
bienplacéesàsonégard.Ellesesentait
étouffer.C’étaitduharcèlement!
N’avait-ilpasdevie?C’étaitleweek-
end,bonsang!Qu’ilenprofitepour
fairedelagymnastiquedechambreavec
CynthiaPowellsouEdithConrad.Ce
n’était
pas
les
prétendantes
qui
manquaient.
Situveuxcoucheravecmoi,jeserai
plusqueravideterendreservice.
Savoixenrouéeetsesyeuxassombris
étaientimprégnésdanssonesprit.
C’étaitcommes’ill’avaithypnotisée
pourqu’ellenepenseplusqu’àcette
scandaleuseproposition.Seprenantla
têteentrelesmains,Elianorlaissa
échapperunecomplainte.Elleaurait
aiméavoirunebaguettemagiqueetsela
fracassercontrelecrânepourtout
effacer.Maisnon,HarryPotterétaitbel
etbienunefictionetlamagien’existait
qu’àPoudlard.
Psycholunatique:[Cesoir.21h.
SallederéceptiondePearl.T.K.]
Telétaitlanaturedumessagequ’elle
avaitreçu.Ellenesutpascombiende
tempsellerestalààfixerl’écran,mais
unechoseétaitsûreelle,écumait
littéralementderage.Là,c’enétait
vraimenttrop!Niunenideux,ellese
relevamaladroitementsursesdeux
jambesfranchementénervéeets’éloigna
légèrementpournepasêtreentenduepar
samère.Alorsqu’elles’étaitjurédene
pasl’appelerpendantleweek-end,elle
composa
avec
colère
le
numéro
personneldeTristan.Àpeineavait-il
décrochéqu’elleluibalançatoutesses
récriminationsàlafigure.
—Pourquiest-cequetuteprends?
Tucroisqueparcequetuesleboss,je
vaist’obéiraudoigtetàl’œil?Déjà,
j’aiprissurmoipournepasexprimerle
fonddemapenséesurtonindécente
propositionettuosesmerelancerlà-
dessusaveccemessagesalace?Parce
quetucroisréellementquej’aienviede
terevoircesoir?Tucroissincèrement
quejevaistomberdanslepanneauavec
tonjeudeséductionridicule?Cynthia
n’estpaslibre?Edithnonplus?Et
touteslesautresalors?s’égosilla
Elianorauboutdelaligne.
Unlongsilencesuivitsadernière
tiradeoùseulesarespirationirrégulière
pouvaitêtreperçue.
—C’estbon?Tuasfini?
Elianorserrasonpoinglibresifort
que
des
marques
en
demi-lune
apparurentsursapaume.Sielleavait
fini?Cetonsnobetblaséluidonnades
enviesdedécapitationetd’écartèlement.
—Oui,répondit-ellesimplement.Tu
permetsquejeraccrochealors?
—Unesoiréeaétéorganiséeparle
comitéd’entrepriseettouslesemployés
ysontconviés.Toiycompris.Jemesuis
justechargédeteprévenir.
Savoixétaitsicalmeetdétachée
qu’Elianoravaitl’impressionqu’ellene
parlaitpasaumêmehommequil’avait
embrasséelaveille.Elleécartason
téléphonedesonoreillepourl’observer
avec
effarement
devant
tant
d’indifférence.
—Le…lecomitéd’entreprise?
répéta-t-elleincrédule.
—J’étaisloindem’imaginerquemes
intentionsseraientsimalinterprétées.
Elianorsemitàgémirintérieurement.
Malinterprétées?TristanKanen’avait
vraimentpeurderienetcertainement
pasdelamort.
—Jenem’imaginaispasnonplusque
cequejet’aidithiersoirteferait
cogiteraussilongtemps.Jetetrouve
certessexuellementattirantepourdes
raisonsquej’ignore,maistun’espasla
seulefemmesurterre.
Cesphraseseurentl’effetdecoupsde
poignardenpleincœur.Tristanétaitsi
froid,c’étaitcommes’ilétaitdénuéde
sentiments.Ilnevoyaitpascequ’ily
avaitdemalàdésirerunefemmequ’il
méprisaitetdétestait.Ilnevoyaitpas
combiencelapouvaitêtredestructeur.
Elianorréprimaunfrissond’excitation.
Parcequelatentationétaittoujourslà.
Sondésirpourcethommemélangéaux
sentimentsqu’ilinstillaitenellela
transformaitenuneproiefacile.
—Bien,rétorquaElianoraprèsavoir
décidéqu’ilvalaitmieuxpourelle
ignorerlestrentedernièressecondesde
savie.Cesoir,21heures.Jenepromets
pasd’êtreàl’heureniderestertrèstard.
Etsansattendrederéponse,elle
raccrochapeuenvieused’entendreune
nouvellefoisletonmoqueurdeson
patron.
***
Cesoir-là,toutemotivationavait
désertéElianor.Ellen’avaitrienàse
mettre,ellen’avaitpasenviedese
préparerettrèsfranchementpasserdu
tempsavecsescollèguesn’étaitpas
quelquechosequ’elleaffectionnait.Pour
toutavouer,ellen’avaitréellement
aucunpointcommunaveclesautres
employésdel’entreprisedemode.
C’étaitpeut-êtrestéréotypédedireça,
maislapremièrefoisqu’elleétaitvenue
postuler
à
Pearl
elle
avait
eu
l’impressiond’êtreentréedansune
agencedemannequinat.C'étaitàcroire
quetoutlemondeavaitétérecrutépour
sonphysiqueetsongoûtdelamode
prononcé.
Allongéesurledos,Elianorroulasur
sonlitetjetauncoupd’œilàsonréveil.
Ilétaitexactement21h17.TroisSMS
cinglantsétaientarrivés,toussignésde
lagriffedeTristan.Detouteévidence,
onneluilaissaitpasvraimentlechoix.
Sansgrandenthousiasme,ellesereleva
etallaouvrirunedesportesdeson
placard.Elleneréfléchitpasplusdedix
secondesavantd’attraperunepetite
robenoirecintréetrèssimplequilui
arrivaitjusteau-dessusdugenou.Ellese
remitunpeudecrayonenguised’eye-
liner,separfumalégèrement,enfilases
escarpinsavantd’attrapersonsacà
main.Elleprévintsamèrequ’elle
partaitpuisclaquadoucementlaporte
derrièreelle.
Trenteminutesplustard,Elianor
débarquadanslasallederéceptionde
Pearlsansqu’onlaremarque.Lasalle
avaitététotalementréaménagéeavec
destablesrondesargentéesavecquatre
petitssiègesmolletonnés.Unedouce
musiqued’ambiancesejouaitdansla
salle.Lechampagneoutouteautre
boissonalcooliséecoulaitàflots.
Elianorbalayalapiècedesyeux.Tous
lesmannequinsqu’employaitlaboîte
étaientprésents.Leursrobeshorsde
prixrivalisaientenlongueurtantelles
étaientcourtes.Descouplesseformaient
augrédesdifférentesmusiquesque
pouvaient
diffuser
les
enceintes
accrochéesaumur.
Elianorrestaàl’entréesansvraiment
savoircequ’ellefichaitici.Ellene
savaitmêmepasoùelledevait
s’asseoir.Yavait-ilunplandetable?
Elleétudiaplusieursfoislagrandesalle
avantderepérerTristandedos.Satable
étaitsituéetoutaufond,dansunealcôve
lui
offrant
toute
l’intimité
qu’il
souhaitait.Desserveursdéambulaient,
remplissantçàetlàlescoupesde
champagneetlesverresàcocktailsdes
employés.LebrasdeTristanétaitrejeté
autourdesépaulesd’unejeunefemmeà
lachevelured’unrouxflamboyant.Elle
ignoralamorsuredelajalousieen
découvrantàquelpointelleétaitjolieet
àquelpointellecorrespondaitautype
desonpatron.
S’ilfallaitqu’Elianorfasseactede
présencepourquesonbosssoitcontent
etlalaisseenfintranquille.Etbiensoit.
Elleallaitjouerlejeuetlesaluerpour
luiprouverqu’elleétaitvenue.Elle
s’approchalentementducouple.La
conquêted’unsoirdeTristantourna
légèrementlatêteetElianorreconnut
immédiatementAramintaDrake,un
mannequintrèsenvogue.Qu’ils
flirtaientauraitmêmesautéauxyeux
d’unaveugle.Leursvisagesétaient
rapprochésetlamaindelabellerousse
dessinaitdesarabesquessurlapaume
deTristanposéesurlatabledevanteux.
Détaché,ilsemblaitêtreailleurs,
n’écoutantqued’uneoreilledistraitele
babillementincessantdutopmodel.
Elianorn’étaitplusqu’àquelques
mètresdeleurtable,lamusiques’était
adoucie,justeassezpourquelesparoles
d’Aramintaparviennentjusqu’àses
oreilles.
—J’aientendutesemployéesparler
detoiquandjesuispartiemerepoudrer
lenez,confia-t-elled’unevoixsi
mielleuse
qu’Elianor
frôla
l’hyperglycémie.
—Ahoui,etquedisaient-elles?
s’enquitTristanplusparpolitesseque
parintérêtpourcetteconversationdes
plusstimulantesintellectuellement.
Était-cecedétachementtotal,cette
indifférencemarquée,quiattiraittoutes
cesfemmes?sedemandaElianoren
ralentissantlepas.Ilétaitsnob,mais
surtoutsuperficielpourfréquenterdes
femmesdecegenre.Toutdanslesseins,
riendanslecerveau,voilàunsloganqui
collaitparfaitementaupersonnage.
—Ellesdiscutaientd’unerumeur
concernantunepotentielleliaisonquetu
auraisavectonassistante.«LaDenton»
pourlesciter.Commentest-elle?
Commentl’as-tuconnue?
Avecappréhension,Elianortendit
l’oreillepourmieuxentendrece
qu’allaitdireTristan.Etcequ’il
s’apprêtaitàluiconfier,elleenétait
sûre,n’allaitpasluiplaire.Enguisede
réponse,ilsemitàrireavecdérision.
—C’estunefemmetoutàfaitbanale.
Jel’airencontréeilyasixansdeçaàla
RoyalAcademyofMusic.Jesuisundes
donateursd’uneboursepourlaquelle
elleconcourrait.Elleétaittimideettrès
naïve.Ellen’étaitpasvraimentjolie,
encoremoinssexy,maiselleme
rappelaitquelqu’unàquijetenais
énormément…
Savoixmourutdansunmurmure.
Elianoravaitl’impressionqu’ilparlait
d’unvilainchatonaupelageunpeu
rêche,avecunœilcrevéetamputéd’une
patteoualorsd’uneœuvredecharité
pourdéfigurésqu’ilparrainait.Ilporta
sonverredewhiskyàseslèvreseten
butunelonguegorgée.
—Elleétaitissued’unefamilleassez
modesteetellen’avaitaucunami.Un
jour,
je
l’ai
écoutée
jouer
du
violoncelle.
J’ai
eu
l’impression
d’entendremapetitesœur.
Unbrefsilenceponctuasaphraseet
Elianorencaissacommeelleleputce
qu’ilavaitosédire.Était-ceréellement
unesurprisepourelle?Pasvraiment.
Maisqu’avait-elleespéré?Rien,ellene
devaitrienattendrevenantdecesalaud
sanscœurqu’étaitsonpatron.La
musique
d’ambiance
ne
couvrait
aucunementleurconversation.Pourtant
Elianorauraitsouhaitéêtreassourdie
pournepluspouvoirl’écouter.Lavoix
deTristanétaitgraveetelleportait,
rendantchacundesesmotsclairs
commedel’eauderoche.
—Sonpèretravaillaitpourlemien.
C’étaitlepireemployédelaboîte.
Fainéant,quandildaignaitfairequelque
chose,c’étaitunecatastropheetles
répercussionssurletravaildesautres
étaientterribles.Undossierprisen
chargeparsonpèreetquinousprenait
normalementquelquesjoursàboucler
nousoccupaitpendantunmois.Mon
pèreavaitunpeupitiédeluiàcausede
sonanciennetédanslaboîte.Unepitié
quejenepartageaispasdutoutpuisque
jel’aimenacéàplusieursreprisesdele
renvoyer.JimLuttrellétaitcequ’on
appellevulgairementunegrandegueule,
racontaavecundemi-sourirenarquois
Tristan.
Ildevaitréellementlahaïrpouroser
parlerd’elle,desafamille,desonpassé
aveccettebimbosiliconéequ’ilavait
ignoréquelquesinstantsplustôt.Les
muscles
du
visage
d’Elianor
se
contractèrentdouloureusement.Leson
desarespirationerratiquesifflaitàses
oreilles.Sespoingss’étaientresserrés
sifortquesesarticulationsavaient
blanchi.Soncœurbattaituntempo
rapideetprofondtrahissantsatension
grandissante.
—Ilavaitunfaiblepourtoutcequi
portaituneminijupe,desfemmesplus
vulgaireslesunesquelesautres.Son
penchantpourl’adultèreétaitconnude
tous.Sonépousedel’époque,Dafne
Luttrellaétéladernièreaucourant.
C’étaitlafemmecocuelaplusconnue
d’Angleterre,aprèsLadyDi.
LesrespirationsqueprenaitElianor
pourcalmersarageétaientdeplusen
pluslentesetdeplusenplusprofondes.
Commentosait-ilsemoquerdesa
mère?Commentosait-ilraconterles
déboiresdesafamilleàn’importequel
inconnu?Toutsoncorpstremblait.Une
colèrecommeellen’enavaitjamais
connufaisaitbouillirlesangdansses
veinesquivenaitmartelersesoreilles.
Elianoraussiavaitétéladernièreà
apprendrelesinfidélitésdesonpère.Le
chocetlapeineétaientencoreprésents.
Elleauraitpulaissercoulerceque
venaitdedéclarerTristansiseulementil
n’avaitpasimpliquésamère.Dafne
étaitunefemmedigne.C’étaitunemère
aimanteetdévouée.C’étaitlapersonne
laplushonnêteetlaplusdouce
qu’Elianorconnaissait.L’éclatderire
pleindemoqueriequ’ilslâchèrentfutla
gouttedetrop.
Aumêmemoment,unserveurpassaà
côtéd’elle.Elleattrapaàlavoléela
bouteilledevinrougedébouchéequ’il
transportaitsursonplateau.Sans
vraimentavoirdeplanentêteetsans
vraiment
connaître
ses
propres
intentions,Elianorselaissaporterpar
sesjambes.Ellefonçadroitcommeune
furieverslui.Sonbrassetenditau-
dessusdelatêtedeTristan.Samain
pivotaà180degrésetavecellela
bouteilleàdemi-pleine.Unliquide
bordeauxsedéversasursescheveux,
puissachemiseensoieetsoncostume
italienhorsdeprix.
Uncristridents’échappadelabouche
d’AramintacommesiElianorvenaitde
planterunefourchettedanslacarotide
deTristan.Unevéritablecacophonie
s’ensuivitalorsquetoussescollègues
setournaientdansleurdirection.
Surpris,ilserelevaavantdefairevolte-
facepourlaregarderdroitdansles
yeux.Sescheveuxcollaientàsestempes
etsachemiseétaitdevenuetransparente.
Dansuntoutpetitrecoindesoncerveau,
Elianorpensaquemalgrétoutilgardait
fière
allure,
encore
et
toujours
injustementsexy.
—Espècedesalaud!souffla-t-elleen
seretenantdejustessedelegifleravant
depivotersursestalonsetquitterles
lieuxsousleregardmédusédeses
collègues.
Cettefois-ci,c’enétaitdéfinitivement
trop,fulminaElianoralorsqu’ellese
dirigeaitverslesascenseurs.Écumante
derage,elleappuyaunnombreinfinide
foissurleboutondel’ascenseur.Elle
savaitqueTristanseraitfurieux.Mais
trèsfranchement,ellen’enavait
vraiment,maisvraimentrienàfiche.
Peut-êtremêmequ’illalicencierait.Ce
qu’ilnesavaitpasc’étaitqu’Elianor
avaitbienl’intentiondeluicouper
l’herbesouslepiedenrédigeantillico
presto,etnonlundi,salettrede
démission.
Unefoisarrivéeauquatorzièmeétage,
Elianorpoussalesportesdubureaude
Tristanetsansallumerleslumières,elle
ouvritd’unmouvementbrusquel’unde
sestiroirs.Ellebalançasonsacsurson
bureau,retirasavestepuislajetasursa
chaise.Avecunehargnequiluiétait
inconnue,elleappuyasurlebouton
«on»desonordinateur.Quandelle
relevalesyeux,poursoufflerunbon
coupafindesecalmer,soncœur
manqua
un
battement
quand
elle
distinguatrèsnettementunesilhouette
tapiedansl’ombre.Uncriétouffélui
échappaalorsquelalampedebureaude
Tristan
s’alluma.
Elle
reconnut
immédiatementChristianMatthews…le
cousindeTristan.
—MonDieu,vousm’avezfichuune
decesfrayeurs!s’exclama-t-elleen
posantunemaincontresoncœur.
Qu’est-cequevousfabriquezici?
Ensixans,lapointedesescheveux
étaitdevenueplusblondeetsapeauplus
bronzée.Bienquesacarruresoitplus
impressionnanteetmasculine,iln’avait
paschangé.Cachantsontroublecomme
illepouvait,Christianluiadressaun
sourireséducteuravantdesepasserla
maindanslecou.
—Jesuisvraimentdésolé.Jesuis
ChristianMatthews,lecousinde
Tristan.Jerevienstoutjusted’Australie
etjevoulaisluifaireunesurprise.
J’imaginequec’estraté,iln’estpasnon
plusdanssonappartement.
Elianornecédapasàl’enviede
froncerlessourcilsavecsuspicion.Elle
nesavaitpaspourquoiceChristianétait
danslebureaudeTristan,maisune
choseétaitcertainepourelle,çan’avait
riend’innocent.Faireunesurpriseà
Tristan?Vraiment?Pourquilaprenait-
il?Ladernièredesdébiles?
—Enréalité,Tristanestdanslasalle
deréceptiondel’entreprise,l’informa
Elianorensachantpertinemmentqu’il
étaitprobablementaucourant.Ilyaune
soiréeorganiséepourtouslesemployés
delasociété.Vousaurezplusdechance
enlerencontrantlà-bas.
Souhaitantdetouteévidencepartirle
plusvitepossible,Christiannetentapas
deconverserpluslongtempsqu’ilnele
fallait.Ellel’observarefermerlaporte
derrièrelui,etunefoisqu’ellefutsûre
qu’ilavaitquittéleslieux,elleen
profitapourallerjeteruncoupd’œilau
bureaudesonpatron.
Elleauraitmissamainàcouperque
Christianétaitvenufouiner.Que
cherchait-il?Elianor,quin’aimaitpas
franchementfouillerdanscequinelui
appartenaitpas,ouvritplusieurstiroirs.
L’und’euxétaitferméàclefcequi
éveillasessoupçons.Elleavaitdéjà
aperçuTristanouvrircetiroir.Passant
samainsouslasurfacedubureau,ses
doigtsfrôlèrentunlégercreux.Glissant
sonindex,elleappuyatroisfoissurun
petitboutonàl’intérieur.Quandelle
entenditunpetitdéclic,ellesutquele
tiroirétaitdéverrouillé.
Sansbruit,ellel’ouvrit.Satête
projetaituneombreassezlargeà
l’intérieurdutiroir.Elleydécouvritun
petitécrinenveloursnoir,une
enveloppeblancheetuneautregrande
enveloppeenpapierkraftavecle
tampond’uncabinetdedétectiveprivé.
Était-cecequecherchaitChristian?
Curieuse,Elianors’assitsurlegrand
fauteuiletpritlapetiteenveloppe
blancheentresesdoigts.Cornéeet
froissée,nuldoutequesonbossl’avait
souventmanipulée.Quepouvait-ily
avoirdesiprécieuxàl’intérieur?Enla
retournant,ellefutsurprised’identifier
sapropreécriture.Ellel’ouvrit,pencha
l’enveloppeetunechaîneavecson
pendentifenformedeclefdeFa
glissèrententresesdoigts.
Unebouleseformaàlabasedesa
gorgequandellereconnutleseulet
uniquecadeauqueTristanluiavaitoffert
poursesdix-huitans.Elleneluiavait
jamaisconfiéladatedesonanniversaire
et
pourtant,
par
un
beau
matin
d’automne,ilavaitdébarquéàlafin
d’unedesesrépétitionsetluiavaittendu
unepetiteboîteoùreposaientunepetite
chaînetteenoretsonpendentif.Son
cœurs’étaitemballéetelleavaitvu
dans
son
geste
des
signes
qui
n’existaientpas.
Pourtant,elles’étaitfaitviolencepour
effacertouteidéesaugrenueconcernant
Tristan.Untravailquiavaitétéanéanti
enunenanoseconde.Elianoravaitétési
touchéeparsoncadeauqu’ellen’avait
pasréfléchi.Elleluiavaitsautéaucou
etl’avaitenlacéaussifortqu’elleavait
pu.C’étaitleplusbeaujourdesavie.Et
sisoncœurn’avaitpasdéjàétésien,
elleleluiauraitdonnésansconcession.
Elleauraitsouhaitéresterainsipendant
desheures,pourl’éternitémême.Elle
s’étaitmiseàtremblersousl’émotion,
désormaisincapabledecontrôlerce
qu’elleressentait.Maisquandelleavait
sentiTristanseraidirdanssesbras,elle
l’avaitrelâché,embarrassée.
Avantsondépartprécipitépourla
France,Elianoravaitachetéàl’aéroport
uneenveloppetimbréedanslaquelle
elleavaitsimplementglissésoncadeau.
Ellen’avaitpasaccompagnésonbijou
parunpetitmot,jugeantquesasituation
était
déjà
bien
assez
honteuse.
L’humiliationqueluiavaitprodiguée
Tristan
était
encore
fraîche.
Sa
résolutiond’alorsavaitétédeneplus
jamaispenseràlui.Orcebijouétaitun
souvenirquiluirappelleraitsanscesse
sonexistence.QueTristanl’aitgardé
étaitdéroutant.Ellenecomprenaitpas
pourquoinidansquelbut.
Mettantsapremièretrouvaillede
côté,Elianors’attaquaensuiteà
l’enveloppeenpapierkraft.Undossier
avecdesdonnéesincompréhensibleslui
atterritentrelesmains.Desdocuments
signésdelamaind’experts,certains
aveclesceaud’unhuissierétaient
rangésparordrechronologique.Maisce
nefutpaslaraisonpourlaquelleson
cœurcessadebattre.Desphotosavaient
glisséd’entrelespages.Desphotos
uniquementd’elleoudesonpère.Elle
avaitétépriseenphotoentraindejouer
duvioloncelle,rentrantchezelle,
mangeantàlacantine,attendantlebus.Il
yenavaitdesdizaines.Ellen’avait
jamaisrienremarquédebizarreà
l’époqueetpourtantelledevaitse
rendreàl’évidenceaujourd’huipuisque
toutescesphotosleluicriaient.
Quelqu’unl’avaitfaitsuivre!
Abasourdie,
elle
tourna
plus
frénétiquementlespagesalorsqueson
cœurs’emballait.Surladernièred’entre
ellessetrouvaitimpriméunrelevéde
compteaunomdeJimLuttrell.Elianor
neréussitpasàcomprendrecequ’ily
avaitd’accablantpoursonpèredansce
dernierindice.Tenait-elleentreses
mainstouteslespreuvesqu’avaitTristan
ausujetdesaculpabilitéetcelledeson
père?Brusquement,ellerefermale
dossieravecmaladresseetunephoto
étonnammentnettetombaausol.D’une
maintremblante,ellelaramassapour
l’étudierdeplusprès.Ellesetenait
devant
les
bureaux
d’Aldstock
Techonologies.Undossierenmain,elle
tendaitletoutàsonpère.Elleavaitun
vaguesouvenirdecettescène.C’était
l’unedesraresfoisoùelles’était
renduesurlelieudetravaildeJim.Un
après-midi,alorsqu’Elianorétudiait,le
téléphonedelamaisonavaitsonné.
Quandelleavaitrépondu,sonpèrela
sommaitardemmentdeluiapporterun
dossier
d’importance
vitale.
Sans
broncher,maistrouvantcetterequête
extrêmementétrange,elleavaitattrapé
leseuletuniquetasdefeuillesqui
traînaitsurlebureaudelamaisonetle
luiavaitapportéaussivitequ’elleavait
pu.Était-cedonccelalapreuve
irréfutablequidémontraitqu’elleavait
étédemècheavecsonpère?
Ellerouvritledossieretétudiales
relevésbancairesdesonpère.Des
chèquesauxsommesastronomiques
avaientétéencaissés.Elianordevaitse
rendreàl’évidence.Sonpèreavaitété
impliquédanstoutescestransactions
douteuses.Qu’avait-ilfaitd’autrede
répréhensible?Elianorétaitcertaine
quesamèreignoraittoutdecettesombre
affaire.Elleétaittrophonnêtepour
avoirlaissépasserunechosepareille.
Tristannebluffaitdoncpasquandil
disaitqu’ilpouvait–enunclaquement
dedoigts–l’envoyerenprison.
Elleavaitdessueursfroidesetson
corpsentierfrémissait.Elletenta
d’encaisserlecoup,maislagravitéde
lasituationlaheurtadepleinfouet.Que
Tristanlamépriseetlahaïssene
l’étonnaitqu’àmoitié.Alorspourquoi
s’entêtait-ilàlagarderprèsdelui?
N’aurait-ilpasétépluslogiquedela
remettreauxautoritéscompétentes?
Perduedanssespenséesaccablantes,
elleouvritmachinalementlepetitécrin
develoursnoirpourydécouvrirune
bague.L’anneauenorgrisétaitfinet
ornétoutautourdepetitespierres
scintillantesetdispersant,telunprisme,
lesrayonslumineuxdelalampedans
touteslescouleursdel’arc-en-ciel.
L’incompréhensionagrippaElianoret
elletournadanstouslessenslabague
souslalumièredubureaujusqu’àce
qu’elledécouvreunepetiteinscription
gravéeàl’intérieur.
E.L&T.K05/05
Le«T.K»étaitsansdouteles
initialesdeTristanetle«05/05»
correspondaitàladated’anniversaire
dujeunehomme.Elianordéglutit
péniblementquandelles’interrogeasur
lasignificationdesinitiales«E.L».
Évidemment
Tanis
Rutherford
ne
correspondaitpas.Ellehochafaiblement
latêteensignededénégation.Non…
Elleserefusaitàémettrecette
hypothèse.C’étaitimpossible!Jamaisil
n’avait…
—Commetul’assansdoutedeviné,
«E.L»sonttesinitiales,déclarad’une
voixgraveTristan.
Avecunsursaut,Elianorfitpivoterla
chaisedebureau.Ilsetenaitdans
l’encadrementdelaportemenantàson
appartement.
Ses
cheveux
étaient
humidesetilportaitdésormaisune
chemisepropre.Commentavait-ilréussi
àrentrersansqu’elleneleremarque?
Uneautreporte,ildevaityavoirune
autreportepouraccéderàsonduplex,
songeaElianorencoresouslechoc.
—Situsongesàdétruirecespreuves,
sachequecenesontpaslesseules
copiesdecedossierquej’ai,l’informa-
t-ilenl’observantavecdédain.
Lesimplefaitderespirerluiétait
insupportable.«E.L»pourElianor
Luttrell?Semoquait-ild’elle?
Pourquoiaurait-ilvoululuioffrirune
bague?Çan’avaitaucunsens.Elle
secoualatêteunenouvellefois,refusant
d’ycroireneserait-cequ’uneseule
seconde.
C’était
impossible,
inconcevable,invraisemblable.L’idée
étaittotalementrisible.Tristanne
pouvaitpas…
—Tunecomprendstoujourspas?
Ils’approchadubureauetpritentre
pouceetindexlafinechaîneenor.Un
souriretristeapparutsurlevisagede
Tristancequiluibrisalecœur.
—Tuterappellesdujouroùjet’ai
offertça?laquestionna-t-ilsans
vraimentattendrederéponse.C’était
pourtesdix-huitans.Pendantdeux
semaines,jen’aicessédetechercherun
cadeau.Jouretnuit,jenepensais
pratiquementqu’àça.Jenesavaispas
vraimentpourquoiàl’époquejustequ’il
mefallaitabsolumenttetrouverquelque
chosequiteferaittoujourspenseràmoi.
Savoixétaitdétachée,sonregard
lointain.L’émotionmanquaitdanssa
voix.Lafroideurdesondiscourslui
glaçalesang.Etpourtant,ellene
pouvaitsedétourner.Ellesentaitquece
queTristanallaitluirévéleraurait
probablementlacapacitédel’anéantir.
—Jen’airienréussiàtrouverquime
satisfasse.J’aialorscontactéun
joaillierquejeconnaissaisetjeluiai
expliquéprécisémentcequejevoulais.
Lependentifglissaitentresesdoigts.
—Tuvois,ceciestunepièceunique,
iln’yapassondoublesurterre.Quand
jet’aioffertcecadeau,tut’esjetéedans
mesbras,serappela-t-iletpourla
premièrefoisdepuisqu’ilavaitouvert
laboucheuneétrangeémotionanimait
sestraits.J’aiététrèssurpris.Mais
alorsquetum’enlaçais,toncorps
tremblantcontrelemien…j’airéalisé
quelemientremblaitaussi.
Faiblement,
Elianor
secoua
de
nouveaulatêterefusantdecroirela
moindredesesparoles.Parcequele
croireseraittroppénible.Lecroirela
plongeraitdanslatourmente.Lecroire
ladétruiraittrèsprobablement.Ilancra
sesyeuxdanslessiens.Sonexpression
étaitglaciale,sonméprisindubitable,sa
rancœurdesplusamères.Souscette
carapaceetderrièrelemurqu’ilavait
érigéautourdesoncœur,Elianory
décelaunepartdevulnérabilité.
Sansavoirbesoindepreuves
supplémentaires,sanssequestionner
davantage,ellesutqueTristanluidisait
lastrictevérité.Unepeinecommeelle
n’enavaitjamaisconnuluiétreignitle
cœur.Sespoumonsnesemblaientplus
fonctionner.Sagorgeétaitcomme
obstruéealorsqu’unmillierdesanglots
s’yprécipitaient.Elleentrouvritla
bouchepourtenterd’yfaireentrerde
l’air
alors
qu’un
râle
d’agonie
s’échappait.Sapeauétaitdouloureuse.
Sesosétaientdouloureux.C’étaitune
peinecommeellen’enavaitjamais
connu.
Sisixansplustôt,Elianoravaitcru
vivresonpirechagrind’amour,ce
n’étaitrienencomparaisondelapeine
qu’elleressentait,là,maintenant…
Commeunbourreauassénantlecoup
fatal,Tristanfinitdecomplètement
l’anéantir.
—Etpourlapremièrefoisdemavie,
j’aisuquej’étaistombéraidedingue
amoureux.
Règlenuméro15
Décimer
l’opposition
Sixansplustôt,ill’avaitaimée.Il
étaittombéamoureuxd’elle.Ses
sentimentsavaientétéréciproques.Tous
sesgestes,sesregards,sessourires…
Toutavaitétéréel.Cettebagueenétait
lapreuveainsiquelesdernièresparoles
deTristan.
Elianor
avait
envie
de
se
recroquevillersurelle-mêmeetse
laisserdépérir.Sonamertumeredoubla.
Ellesesentaitconsuméeparlapeineet
ladouleur.Elleavaitétésiprochedu
bonheur.Alorscomment?Commenttout
avaitradicalementbasculé?Laréponse
étaitbiensimple:Tanisétaitpasséepar
là.Maisaussiunmalheureuxconcours
decirconstances.C’étaitégalementla
fautedeTristan.Pourquoin’avait-il
jamaisvulavéritablepersonnalitéde
Tanis?Pourquoiavait-ilchoisidela
croire?Pourquoinepasavoirconfronté
Elianor?
Elleseremémoralafroideuravec
laquelleill’avaitrepousséesixansplus
tôt.Illuiavaitététellementaisédene
plusl’aimer.Parcequesonamouravait
étéfaible.Peut-êtremêmequ’ilne
s’agissaitpasvraimentd’amour.Même
àl’époque,ilavaiteuuneréputationde
tombeur.Etpourtant,aujourd’huiillui
avouaitavoirétéamoureuxd’ellealors
qu’iln’avaitjamaisinitiédecontact
physiqueavecelle.C’étaitellequi
l’avaitenlacébrièvementquandillui
avaitoffertcecollier.Soncorpss’était
raidisouslatension.Gênée,elles’était
excuséedes’êtrelaisséeemporter.
C’étaitellequiavaitposésamainsurla
siennequandilavaiteul’airpréoccupé.
Troublé,ilavaitfiniparserrerses
doigtsdanssapaume.Chaquegesteétait
venud’elleetTristann’avaitfaitqueles
subir.Etilosaitluidirequ’ilavaitété
raidedingueamoureuxd’elle?Alors
commentavait-ilréussidujourau
lendemainàneplusl’aimer?Comment
avait-il
réussi
à
la
haïr
aussi
férocement?
Ellerelevalatêtepourleregarder,le
colliertoujoursentresesdoigts.Tout
soncorpstremblait.Elleétaitenétatde
choc.Apprends-moi,songea-t-ellealors
quesespaupièresbrûlaientdetoutesses
larmescontenues.Apprends-moiàne
plust’aimer.Apprends-moiàtehaïr.
Sinonj’aipeurdenejamaism’en
sortir.
—C’estim…impossible,cafouilla-t-
ellequandelleréussitàretrouversa
voix.
Illefallait.Illefallaitpoursasanté
mentale.Ellenesavaitpassielle
pourraitsupporterdevivreensachant
toutcequ’elleavaitraté,toutesces
annéesenvoléesqu’ellenepourrait
jamaisrattraper.
—Parcequetucroisqueçaaété
facilepourmoid’acceptercequeje
ressentaispourtoi?s’énervasubitement
Tristanenserrantdanssapaumele
collier.J’étaisfiancé!
—Quandbienmêmecequetumedis
estvrai,est-cequec’estdemafaute?
rétorquaElianord’unetoutepetitevoix.
Tristanlafusilladuregard.Devait-
ellecomprendrequ’àsesyeux,elleétait
fautive?L’avait-elleintentionnellement
séduit?Biensûrquenon,elleavaitété
troptimidepourcela.
—Audébut,jenecomprenaispasce
quim’arrivait.Dèsquejepassaisles
portesduconservatoire,jen’avais
qu’uneenvie:t’écouteretteregarder
jouerduvioloncelle.Jenemesuis
jamaissentiaussiheureuxetvivantque
quandtuétaisprèsdemoi.J’aifinipar
mepersuaderquec’étaitparcequetume
rappelaisTamsyn.Tevoirc’étaitunpeu
commecomblerlemanquequeson
absenceavaitcausé.
Sixansauparavant,Elianoravaitbien
sentiquerienn’auraitétépossibleentre
eux.Tristanavaitfiniparseconvaincre
qu’ellen’étaitqu’unesortedepetite
sœurdesubstitution.Commentdésirer
unefemmedanscecontexte?
—Maiscroireça,c’étaitchoisir
l’optiondefacilité.Jen’aijamaisété
quelqu’undetrèsbavardnidetrès
ouvert.Jenesaispascommenttute
débrouillais,maisj’arrivaisàme
confieràtoisanssouci,enfindansune
certainemesure.Cen’estquelorsque
Tanisacommencéàpiquerdescrisesde
jalousieàtonsujetquej’aicomprisque
quelquechoseclochaitchezmoi.Jene
saispaspourquoinicommentniquand
j’aicommencéàtevoirréellementen
tantquefemmeetnonpluscommeune
sœur.
Ildesserrasonpoingpuisexamina
unenouvellefoisdistraitementlecollier
qu’iltenait.
—C’estuniquementent’offrantce
cadeauquej’aicompris.Quandtut’es
jetéedansmesbrasalorsj’aisu.Ce
n’étaitpasdel’amourquel’onapour
unesœurquejeressentaispourtoi.Mes
penséesn’auraientpuêtremoins
fraternellesalorsquejeteserraistout
contremoi,déclara-t-ild’unevoix
détachée.
—Pourquoimeracontertoutça
maintenant?soufflaElianorqui
contenaitcommeellelepouvaitles
vaguesdedouleurquilasubmergeaient.
Lereniflementdedédainquisuivit
n’auguraitriendebon.Ellecarrales
épaulespuisrelevalementonfièrement,
setenantprêteàencaissercequiallait
venir.
—Parcequ’ilesttempsquetusaches
àquelpointtuétaisprèsdubut.Pour
quetuterendescompteàquelpointmes
sentiments
d’aujourd’hui
sont
aux
antipodesdeceuxd’hier.Aprèstout,ce
n’estpasdetoidontjesuistombé
amoureux.Jesuistombéamoureuxd’une
jeunefemmebelle,honnête,douceet
timide;dequelqu’unquetun’asjamais
été.
Prèsdubut?Ilnesavaitpasàquel
pointilavaitraison.Maislebutqu’elle
avaitentêteétaitcertainementdifférent
deceluiqu’imaginaitTristan.Peut-être
avait-ilraison?Ilétaitmanifestement
tombéamoureuxd’uneicôneparfaitequi
neluicorrespondaitenrien.Àquoibon
setortureraveccequ’ilvenaitdelui
avouer?Toutça,c’étaitdupassé,ça
n’avaitplusriendepertinentavecce
qu’ilsvivaientaujourd’hui.
Biensûr,ellesouffrait.Apprendre
quel’amourqu’elleluiportaitavaitété
réciproque
était
douloureux.
Une
véritabletorture,même.Ilsauraientpu
êtreheureuxensemble…Elianorsecoua
latêtecommepourchassercespensées.
Ilneservaitàriendes’imaginercequi
auraitpuêtre,maisquineserajamais.
D’ungestefébrile,ellereculasachaise
debureauetsereleva.Tristanobservait
chacundesesgestes,s’attendant
probablementàuneréactiondesapart.
MaisElianorn’avaitpasl’intentionde
discuterdequoiquecesoitaveclui.Il
pouvaitêtrefierdelui,seféliciter
même.Sonbutavaitétéatteint:il
l’avaitanéantiesanséprouveraucune
culpabilité.Parcequ’ilpensaitlepire
d’elle,parcequ’ilnesavaitpasàquel
pointellel’aimait.Luitournantledos,
elleenfilasonmanteaupuisattrapason
sacdansunsilencedemort.
—Lesoirdemonanniversaire,reprit
Tristanalorsquesamains’étaitposée
surlapoignée.C’estlesoirdemon
anniversairequejecomptaist’offrir
cettebague.C’étaitcenséêtreledébut
denotrehistoire.E.L.etT.K.le5mai.
Unedatesymbolique,n’est-cepas?Et
tuveuxconnaîtreleplusdrôlede
l’histoire?J’avaismêmerompumes
fiançailleslaveille.Jevoulaisqu’iln’y
aitplusaucunobstacleentretoietmoi.
Alors,peut-êtrequetudevraisprendre
cettebagueensouvenirdubonvieux
temps.
Sontonétaitchargéendérision.Elle
avaitl’impressiondesouffrirlemartyre,
quesoncœurs’épanchaitlentementet
douloureusementdanssapoitrine.
—Quelbonvieuxtemps?murmura
Elianorsansseretourner.
Dequelbonvieuxtempsparlait-il?
Detouscesmoisdefrustration?Detous
cesjoursàespérerquelquechosequi
n’auraitjamaislieu?Detouteslesfois
oùelleavaitsurprisTanisetTristan
échangerdesbaiserspluslangoureuxles
unsquelesautres?Etilprétendait
l’aimer.
Alors
pourquoi
n’avait-il
jamaisessayédeleluimontrer,luiqui
étaitsidémonstratifenverssonex-
fiancée?
Chaqueinspirationqu’elleprenait
étaitdouloureuseàprésent.Ellegrinça
desdentsetserraavecforcesespoings.
—N’oubliepasTristanquejesuis
censéeêtrecellequit’amenéparle
boutdunez.Àt’entendre,j’ai
l’impressionquetucroisvraiment
qu’unemanipulatricecommemoiaurait
enviedegarderprécieusementcette
bague,rétorquaElianorenouvrant
rapidementlaporte.Etpourquoias-tu
l’airdecroirequ’apprendreàquelpoint
tes…sentimentsétaientprofondspour
moivameblesser?Jenesuisqu’une
manipulatrice.
Une
manipulatrice
motivéeparl’argent,n’est-cepas?
Ellen’eutpasbesoindeseretourner
poursentirlatensionquiémanaitdelui.
Ellesavaitqu’ellel’avaitprovoqué.
Elleavaittoujourssusurquelbouton
appuyerpourlemettreencolère.Ellele
sentaitécumerderagederrièreelle.
Maisdel’avoirblessécommeill’avait
blesséen’atténuaenriensapropre
douleur.
Laportequ’elletenaitclaquaavec
fracas,faisanttremblerlemuradjacent.
Unemainagrippasonépauleetla
retournarapidement.Plaquéecontrele
mur,levisagemenaçantdeTristan
n’étaitplusqu’àquelquescentimètresdu
sien.Illatenaitfermement.Œilpour
œil,dentpourdent,pensa-t-elleen
plongeantsesyeuxdanslessiens.Elle
n’avaitplusrienàperdreàprésent…du
moinsc’étaitcequ’ellecroyait.
—Est-cequeçaveutdirequetu
reconnaism’avoirmanipuléetséduit?
siffla-t-illentement,sonexpression
sinistre.
—Depuisquandas-tubesoinqueje
t’affirmequelquechosepourlecroire?
riposta-t-elle,cinglante.Toutesces
années,tuaspensélepiredemoi.
Séductrice,manipulatrice,avare.Ton
egoadûenpâtir,non?Comprendreque
l’attirancequeturessentaisétaitàsens
unique,savoirqu’unefillecommemoi
avaitréussiàtefairetomberamoureux.
Tuasdûtesentirmanipulé,maissurtout
stupide?Tupensaisqu’enjouantdetes
charmessixansplustard,turéussiraisà
tevenger?
—Uneattiranceàsensunique?
coupaTristand’unevoixblanche.
Ill’observaitcommesiellele
fascinait.Sesyeuxnelaquittaientplus.
Sesmainsseresserrèrentautourdeses
épaules.Lecorpsd’Elianorfrémissait
souslatension.Elleétaitparfaitement
conscientedecequ’elleétaitentrain
d’attiser.Pourtant,elleavaitenviede
pousserTristanàbout,voirjusqu’àquel
pointilétaitcapabledegarderle
contrôle.Elleavaitcettepulsionsadique
deletitillerlàoùc’étaitleplus
douloureux
même
si
elle
devait
précipitersachuteenmêmetemps.
Les
muscles
de
sa
mâchoire
tressaillirentetsesnarinesfrémirent.Il
baissalesyeuxpourvoilersonregard
commesielleauraitpuyliretousses
secrets.Sescilsprojetaientuneombre
sursespommettesetpourlapremière
fois,Elianornotaàquelpointilsétaient
longs.C’étaitprobablementlaseule
touchefémininechezlui.Unetouchequi
contrastaitetaccentuaitsapuissante
masculinité.
Distraitequelquescourtessecondes,
elleétaitloind’avoiranticipéceque
Tristanavaitentête.D’unmouvement
sec,ilattirasoncorpstoutcontrele
sien.Lessymptômesétaienttoujoursles
mêmeschezElianor.Sarespiration
devintcourte,sespupillessedilatèrent,
unedoucechaleurirradiajusqu’àson
pelvis,sesmusclessetendirent.Etalors
qu’ilplaquaitsontorsecontresa
poitrine,ellesentitlapointedesesseins
sedurcirdansleconfinementdeson
soutien-gorge.Lafrontièreétaitsubtile
entrelahaineetl’amour,unefrontière
capabledetransformerlacolèreen
désirenunefractiondeseconde.
LesouffledeTristanétaitléger,ses
yeuxtoujoursancrésaufonddessiens.
Àcettedistance,ellepouvaitdistinguer
chaqueéclatdorédanssesiris
émeraude.Sonregardétaitintense,aussi
vifqueletroublequileshabitait.Mais
ellenedevaitpasbaissersagarde,
songeaElianorenenfonçantsesongles
danssesépaules.Elleréussitàse
dégagerdesonétreinteettrouvarefuge
prèsdubureau.Unrefugequidevint
rapidementuneprisonlorsqueTristan
l’ysuivitetfitbarragedesoncorps.
—Àsensunique?répéta-t-iltout
doucementavantd’inclinerlatêtevers
elle.
Ilfrottasensuellementsamâchoire
rugueusecontresajoue,telunchat
quémandantunecaresse.Lapeau
d’Elianorserecouvritdechairdepoule.
—
Permets-moi
d’en
douter,
ronronna-t-il.
Ilpassasamainautourdesataille.
Elianornesavaitplustropquoipenser.
Sondésiravait-ilétésigrand?Grand
aupointd’égalerlesien?Sesfesses
butèrentcontrelereborddubureau.Il
s’imposaentresescuisses,collantson
bassinavecimpudeur.Déstabilisée,elle
raffermitsapoignesurseslarges
épaules.Sesmusclesbandèrentsousses
doigts.Sentirsachaleuràtraversle
tissudesesvêtementsétaitleplusdoux
desaphrodisiaques.Siellevenaità
faufilersamainentrelesboutonsdesa
chemise,ellepourraitsentirsapeaunue
souslapulpedesesdoigts,découvrir
lesmusclesdessinésdesontorse,
apprécierlefinduvetquidescendaiten
flèchesoussaceinture.
Bienquecettevisionfûttentante,elle
devait
se
rappeler
à
l’ordre,
s’admonesta-t-ellealorsquetoutson
êtreseconcentraitsurcettemain
remontantlelongdesescôtespuis
repartantensensinverse.
—Doutesiçatechante,mais…
LesmotsluimanquèrentquandTristan
sepressaunpeupluscontreelle.Leurs
corpss’imbriquaientcommelesdeux
piècesd’unpuzzle.Avecdifficulté,
Elianortentaderesterconcentréeetde
garderlatêtefroide.Unetâchebien
difficilequandillataquinaitavecla
promessedesesdoigts,latentationde
saboucheetlavigueurdesonsexe.
—Maisquoi?susurraTristan,ses
lèvresfrôlaientlessiennes,sonautre
mainglissaitlicencieusementlelongde
sacuisse.Cen’estqu’unequestionde
tempsavantquetoietmoionseretrouve
danscelit,continua-t-ilenindiquant
d’un
mouvement
de
tête
son
appartement.
Ou
n’importe
quelle
surfacehorizontale.Jepourraiste
prendresurcebureau,cen’estpas
l’enviequimemanque.Dèsquetuauras
ditoui,attends-toiàcequejesois
enfouientoidanslesdixsecondes
suivantes.
Elleplantasesonglesdanslapeaude
sesépaulesalorsquesatensionmontait
d’uncran.Elleexpiralonguement,sa
boucheàunsouffledelasienneétait
plustorturanteques’ill’avaitcarrément
embrassée.Sesmotsétaientcrus.La
façondontildécrivaitcequ’ilavait
enviedeluifaireétaitchoquante.
Pourtant,ledésirquipulsaitentreses
cuisseslamitdosaumur.Elledevait
reconnaîtrequecelal’excitait.En
entendantlehalètementqu’ellenesut
contenir,leslèvresdeTristanse
retroussèrentetsesyeuxseplissèrent
avecmaliceetsatisfaction.Ellesortit
momentanément
de
sa
transe
en
s’écoutantgémircommeunechatteen
chaleuralorsqu’ilfrottaitsonpubis
contrelesien.
—Jenem’abaisseraipasà
commentercegenred’inepties!
s’énerva-t-ellesoudain.C’estamusant
commesixansauparavanttupouvais
aisémentrésisteràmescharmesalors
quedepuisquelquesjours,tunecesses
deparlerdesexe.
Lesdoigtsqu’ilavaitfaufiléssous
l’ourletdesajupecessèrentleur
scandaleuseascension.Tristanmanqua
des’étoufferderirealorsqu’illa
dévisageaitcommepourvérifiersielle
étaitsérieuse.
—Tutemoquesdemoi,pasvrai?
J’étaisdansunétatd’excitationextrême
chaquefoisquejetevoyais.Tun’aspas
idéedunombrededouchesfroidesque
j’aidûprendre.
—Des…douchesfroides?répéta-t-
ellebêtement.Parcequetu…
—Iltesuffisaitdepasserlamain
danstescheveux,d’humidifieroudete
mordillerlalèvrenerveusementpour
quemessenss’embrasent.Jen’aijamais
étéunmoine,jet’aimaisetj’étais
dévoréparledésir.
Sesdoigtstremblèrentsursescuisses
alorsqu’ilsoulignaitladentelledeses
bas.
—Tun’asjamaisessayéde…tune
m’asjamaistouchée!argumenta
Elianor,sceptique.
—Sij’avaiscommencé,jamaisje
n’auraispum’arrêter.Etladernière
chose
que
je
souhaitais,
c’était
t’effrayer.Jesavaisquetuétaisvierge,
tesauterdessuscommeunobsédésexuel
étaithorsdequestion.Jevoulaiste
séduire.Doucement.
Troublée
par
ses
dernières
révélations,Elianorn’eutpasletemps
des’exprimerànouveauquelacapacité
deparlerluifutarrachée.Lamainque
Tristanavaitgardéeautourdesataille
remontajusqu’àsanuqueetlapropulsa
contrelui.Avecforce,seslèvresavides
s’attaquèrentauxsiennes.C’étaitbrutal,
violentetd’unesensualitéaiguë.Loin
d’êtrerebutéeparcebaiseranimal,
Elianors’entenditgrognerdanssa
bouche.
Son
corps
s’enflamma
littéralementsouslapassionqu’il
exprimait.
Chaque
cellule
qu’elle
possédaitronronnaitdedésir.Lalangue
deTristanpassalebarragedeses
lèvres,taquinapuiscaressalasienne.Il
l’embrassait,
possédait
sa
bouche
commeilauraitpossédésoncorps.
C’étaitunassautsexuelflagrantet
féroce.Carnassieretexigeant.Il
tourmentaitsessens,entravaittoutes
penséescohérentes,séduisaitsoncorps
dansunbutbienprécis.Dessensations
qu’elles’étaitjuréedeneplusressentir
l’assaillirentlorsquesapaumerecouvrit
unsein.Malgrétoutessesrésolutions,
ellesavaitqu’elleétaitentrainde
perdretoutself-control.Lavolontéde
repousserTristans’étaitenvoléepour
êtreremplacéeparl’envieirrépressible
desecollerunpeupluscontrelui,
d’annihilercettedistancequiexistait
encoreentreeux.
—J’ail’impressiond’avoirrêvéde
çaunmilliarddefois,souffla-t-il.
Tristanémitungrognementde
satisfaction,pressasonérectioncontre
sonventreavantdeprendresonvisage
encoupeetdel’inclinerpour
approfondirleurbaiser.Ilmordillasa
lèvreavantdelatirerdoucement.Il
atténualapeinequ’illuiavaitinfligée
enléchantsamorsure.Elleaimaitça,
joueraveccettefrontièretroubleentrela
douleuretleplaisir.Sesongles
effleurèrentlapeausensibleàl’intérieur
desescuisses.Bientôtileffleuraitla
dentellehumidedesonsous-vêtement,
sesdoigtsdansantdélicieusementcontre
sachairgonflée.Quandilrepoussa
l’étoffesurlecôté,qu’Elianorsentitla
fraîcheurdubureaucaressersonintimité
trempée,ellerouvritavecaffolementles
yeux.Sesmains,nouéesautourducou
deTristan,secrispèrent.Seslèvresse
refermèrentformantunelignesévère.
Soncorpsseraidit.
Elleavaitcomplètementperdules
pédales.Ilyavaitàpeinevingtminutes,
elledéversaitunebouteilledevinau-
dessusdesatêteetmaintenant,ellene
semblait
pouvoir
attendre
plus
longtempspourqu’illaprenne.Elle
étaitvenuedémissionneretnonpas
copuleraveclui.Elletentaderepousser
sonvisage,séparerleursdeuxbouches
encorescelléesparcebaiserenfiévré.
QuandTristanpritconsciencedeson
changementd’humeur,ilsereculaetla
relâchatoutaussirapidement.Une
légèrerougeurombraitsesjoues,sa
respirationétaitcourte,haletantemême
etsescheveuxdésormaisenbataille.
Était-elleresponsabledesacoiffure?
Elleétudiaalorsseslèvresrougiespar
leurbaiser.L’imagequ’offraitTristan
étaitpurementsexuelleetElianorn’osait
imaginercellequ’elledevaitlui
renvoyer.
—Jevaism’assurerquelaporteest
fermée,souffla-t-il.Tun’asqu’àaller
réchaufferlesdrapsenm’attendant.
Qu’elle…quoi?s’insurgeaElianor
ensilence.L’épaisbrouillardérotique
danslequell’avaitplongéecebaiser
s’estompait
lentement.
La
réalité
reprenaitpetitàpetitsaplace.Ilétaitsi
sûrdelui,sisûrdelafaçondontelle
allaitrecevoircetteproposition,sisûr
desaréactionqu’Elianordevintlivide.
Lacandeuraveclaquelleilvenait
d’exposersesintentionslarévolta.
—Espècedequeutardlunatique!
hurla-t-elleenlerepoussantvivement.
Ilreculamaladroitementd’unpas.
Sonvisagesefermaetsonexpression
s’assombritd’indignation.Ilétaitoutré!
réalisa-t-elle.Incréduleetinsultée,
Elianorbouillonnaitderage.Les
musclesdelamâchoiredeTristanse
contractèrent,sespoingsseresserrèrent
jusqu’àcequesesarticulationssoient
blanchiessouslatension.Sarage
bouillonnaitsouslasurfacebienpolicée
qu’ilaimaitprésenteraumonde.Illa
regardaitcommes’ilavaitenviedela
tueretplusoffensantencore,illa
regardaitcommes’ilnepouvaiten
croiresesoreilles,commes’iln’en
revenaitpasqu’elleluirefuseses
faveurs.Unstupidebaiserinitiéparses
soinsetillavoyaitdéjàétendueet
offertedanssonlit,sansplusde
cérémonie.Elleétaitendroitd’avoir
l’airscandalisée,non?
D’unreversdemain,elles’essuyales
lèvresavecdégoût.Qu’est-cequi
n’allaitpaschezelle?Pourquoine
réussissait-ellejamaisàrembarrer
Tristanavantqu’ilnel’embrasse?Elle
étaitfaiblefaceàl’ascendantqu’ilavait
surelle.Etiln’avaitcertainementpas
tortderéagirdelasorte.Aprèstout,elle
n’avaitpaseul’attituded’unefemme
écœuréeparsesattouchements.Au
contraire.
Lesyeuxfixéssurlamainqu’elle
avaitutiliséepours’essuyerlabouche,
Tristanmitunpeuplusdedistanceentre
eux.Ilesquissaunpetitsourireencoin
etcaressasensuellementsalèvre
inférieureaveclapulpedesonpouce.Il
reniflaavecdédainenlaregardantde
haut.C’étaitàcroirequ’iln’étaitplusla
mêmepersonne.Cen’étaitpluscet
hommequi,quelquessecondesplustôt,
l’avaitacculéecontrecetteportepour
l’embrasserférocement.
—Tôtoutard,tufinirasparme
supplier,déclara-t-ilavecaplomb.
—Tesupplierdequoi?lança-t-elle
avecfièvre.
—Mesupplierdeteprendre,
réponditTristanenladétaillantavec
indécence.Etdetefairetoutcedontj’ai
toujoursrêvédetefaire.Tetoucher,te
caresser,tegoûter.Etceseratellement
bon.
Lamâchoireinférieured’Elianorse
détachadesapartiesupérieurepour
atterrir
juste
devant
ses
pieds.
L’assuranceaveclaquelleilavaitosélui
direça…l’impudencedesespropos…
C’étaituntoutquiavaitfiniparla
choquertotalement.Elleneconnaissait
aucunhommeaussicavalier.
Lesyeuxdanslevague,Elianorresta
immobilependantcequiluisemblaêtre
desheures.Quandelleréussità
reprendresesesprits,ellefutsurprisede
constaterqueTristanavaitdisparudu
bureau.Elletournalatêtesursadroite
pourapercevoirlaportemenantàson
appartemententrouverte.Unelumière
avaitétéallumée.
Ellen’enpouvaitplus.Ellenepouvait
plussupportercettesituationdavantage!
C’était
décidé,
ce
soir
elle
démissionnait.Ellesecontrefichaitde
sonsalaire.Ellesemoquaitdesavoir
commentlelendemainellegagneraitde
l’argent.Leplusimportantpourelleà
cetinstantc’étaitdequitterpour
toujoursPearl,s’éloignerleplus
possibledecethomme.
Elle
alluma
de
nouveau
son
ordinateur,furieuse.Quinzeminutesplus
tard,ellerelisaitpourlaquatrièmefois
lesquelqueslignesqu’ellevenaitde
rédigerpuislançauneimpression.Elle
ouvrituntiroir,fouillaquelques
secondesavantdetrouvercequ’elle
cherchait.D’unpasdécidé,ellealla
récupérerlafeuillesurl’imprimante
qu’ellepliaentroisavantdelaglisser
dansl’enveloppeblanchequ’elleavait
prisedanssonbureau.Elleplongeale
toutdanssonsacàmainavantdefixer
unregarddéterminésurlaportemenant
àl’appartementdeTristan.Cettefois-ci,
elleenétaitcertaine,s’écrivaientles
dernièreslignesdeleurtristeet
pathétiquehistoire.
—Tristan?l’appela-t-elleaprès
avoirtoquéplusieursfoiscontrela
porte.
Ellenesavaitpascommentallait
réagirTristan,maiselleétaitcertaine
d’unechose,leurfinneseraitpasjolie.
—Tristan?répéta-t-elleenavançant
àpasfeutrésdanslesalon.
Uneportesursagauches’ouvritavec
unbruitsourd.Lavisionahurissantequi
s’offritàellelaparalysa.Ilétaitnu…
enfinpastotalementnu.Maisl’effet
auraitétélemêmes’ils’étaittrimballéà
poil
devant
elle.
Il
avança
nonchalammentverslecanapé,lui
donnant
le
loisir
d’apprécier
le
spectacledesoncorpslargement
dénudé.Lesmusclesdesontorse
fléchissaientavecchaquemouvement.
Elianors’imaginauninstantdessiner
avecsalanguelescontoursdeson
corps.D’abordsespectoraux,puiselle
descendraitlelongdesesabdominauxet
encoreplusbasjusqu’àarriverà
l’élastiquedesonboxer.
LeslèvresdeTristanremuaient,mais
ellen’entenditrien.Lesangbourdonnait
àsesoreilles.Chaqueterminaison
nerveusequ’ellepossédaitvibraitavec
envie.
Il
s’assit,
les
jambes
scandaleusementécartées,sonsous-
vêtementblancnelaissaitrienà
l’imagination.D’ailleurs,elleavaitbeau
seréprimander,rienn’yfaisait,son
regardrestaitplantésursonentrejambe.
Undésirsourdchatouillasesreins.La
boucheentrouverte,elleallahumecter
aveclapointedesalangueseslèvres
sèches.Soncœurbattaitàtoutrompre,
menaçantd’imploseràtoutinstant.Sa
respirationsebloqua.Impossibledese
concentrerquandilluidévoilaitautant
depeau.Savoixn’étaitplusqu’un
fredonnementlointain.Aucunmotne
semblaitpouvoirpercerlabullequi
s’étaitcrééeautourd’Elianor.
Subitementetcommes’iln’avaitrien
remarquéd’anormalchezelle,Tristanse
relevaetlaseulechosequ’ellenotafut
lesplisdesonainequiformaientunV
mettant
en
valeur
ses
muscles
abdominaux.Elianorn’avaitjamaisrien
vud’aussisexydetoutesavie.C’était
delapuretorture,songea-t-elleen
prenantuneprofondeinspiration.
Avantquelasituationnedérape
totalement,ilétaittempspourellede
tirersarévérence.Expirantunboncoup,
ellecommandaàsoncerveaude
dompterseshormones,plongeasamain
danssonsac,enextirpaunelettre
qu’elledéposaàplatsurlatablebasse
deTristan.Doucement,elleglissa
l’enveloppejusqu’àluipuisplantases
yeuxdanslessiens.
—Qu’est-cequec’est?lançaTristan
d’unevoixsiglacialequedesstalactites
auraientpunaîtreauplafond.
—Mesdeuxsemainesdepréavis.Je
tel’aidéjàdit,jedémissionne.
Deuxsecondess’écoulèrentavantque
Tristannerejettelatêteenarrièrepour
éclaterderire.Voilàlegenrede
réactionquiluiétaitimpossiblede
prédire.Elianorneselaissapas
déstabiliseretpatientaensilence
jusqu’àcequ’ilretrouvesonsérieux.
—Jerefuse,déclara-t-ilsimplement.
Fronçant
les
sourcils,
elle
le
dévisagea.Ellen’ycomprenaitplus
rien.
—Mais…tun’aspaslechoix!
grinça-t-elledesdents.
—Pourquellesraisons?Sic’està
causedelaconversationquetuas
surprisetoutàl’heure,jem’enexcuse.
Jen’aipasl’habitudedem’autocensurer
quandjediscuteavecdesamis.
Soncorpssecontractadelatêteaux
pieds.Elianorsemorditl’intérieurdela
jouesifortquelegoûtferreuxdusang
emplitsabouche.
—Çat’excitedediredumaldes
autres?Est-cequetuprendstonpieden
déblatérantdeschosespareilles?
—Jeconnaisbiend’autresmanières
plusplaisantespourprendremonpied.
Jemeferaiunplaisirdetoutesteles
enseigner…situmeledemandes.Alors
sij’aiditquelquechosedefaux,jete
présentemesexcuses.Maistoietmoi
sommesconscientsquelesfaitsquej’ai
relatéssontvraisetsiçat’aporté
préjudice,cen’estpasàmoiqu’ilfaut
t’enplaindre.
—C’estçatafaçondet’excuser?
lâchaElianoravecdégoût.
Sesmainstremblaientsifortqu’elle
dutplantersesonglesdanssespaumes
pourrésisteràl’enviedeluisauteràla
gorge.C’étaitpirequedenepas
s’excuserdutout.Luidirequ’ilétait
désolédelapeinequ’illuiavaitcausée
sanspourautantregrettercequ’ilavait
raconté,c’étaitcommedonnerdupainà
quelqu’unquimourraitdesoif.
—Dois-jeenconclurequetuabondes
dansmonsens?
—Non.Tudoisjusteenconclureque
jedémissionnequandmême,rétorqua
Elianorenserrantlamâchoire.
Commepourlaprovoquer,Tristan
attrapasalettreetsansl’ouvrirnila
lire,ladéchiradetoutsonlong.
Franchementàboutdepatience,elle
invoqualespuissancessuprêmespour
nepascraquer.S’ilavaitdécidéde
jouerlesgamins,elleresteraitde
marbre.
—J’aisauvegardéunecopiesurmon
ordinateur.Etàquandbienmêmecene
seraitpaslecas,jepeuxaisémenten
réécrireuneetladonnerdirectementà
MarkPearson,leDRH.
—Jenetelaisseraipaspartir,contra
Tristan.
—Etcommentcomptes-tut’y
prendre
?
se
moqua
Elianor.
M’enchaîneràmonbureau?Me
menotteràmachaise?
Avecunsouriredeprédateur,il
contournalatablebassequilesséparait
puisencerclad’unemaindeferle
poignetd’Elianor.
—Cen’estpasunesimauvaiseidée,
déclara-t-iletelleeutl’impression
qu’ilsn’avaientpasforcémentinterprété
leschosesdelamêmemanière.
Avecsouplesseetrapidité,ilse
pencha,passaunemainderrièreses
jambesavantdelafairebasculersurson
épauletelunvulgairesacdepommesde
terre.Têteenbasetfessesversleciel,
illatransportaitcommeunvéritable
hommedeNeandertalamenantune
femelledanssagrotte.
—Lâche-moi!hurlaElianorenlui
frappantlebasdudos.
Pourseuleréponse,Tristanluimitune
petitefessée.Ilpoussauneporteàl’aide
desonpied.Sesgenouxfléchirentetil
larenversad’uncoup.Uncouinementde
surpriseluiéchappa,ellefermalesyeux
puisatterritsurunesurfaceétonnamment
moelleuse.Immédiatement,ellerouvrit
lesyeuxetaperçutunesuspensionquine
luiétaitpasinconnue.
Dansunbattementdecils,ellese
revitbasculersouslecorpsdeTristan,
l’odeurdel’alcoolémanantdesa
boucheavantqu’ill’embrassesurce
mêmelit.Paniquée,Elianorseredressa
brusquementpourledécouvriraupied
dulit.Ilavaitglissésesdoigtsderrière
l’élastiquedesonboxer,menaçantdele
baisseràtoutinstant.
—Qu’est-cequetufabriques?
s’égosilla-t-elle,toussesmusclestendus
etprêtsàl’aideràdéguerpirdansla
seconde.
—Çaneteparaîtpasencore
évident?répliquaTristanavecun
sourirerésolu.
Sesdoigtstirèrentlégèrementsurson
sous-vêtement.Elianorsuivitdesyeuxle
tissuglissélelongdesesjambes.Sa
languerestacolléecontrelavoûtede
sonpalais.Sagorgeétaitdevenuetrop
sèche,larendantincapablededéglutir.
D’ailleursellenepouvaitplusrespirer.
Maisqu’importepuisquesoncœuravait
cessédebattre.
Sonregardremontalentementlelong
desesmollets,passasesgenouxpuis
sescuissesavantdesefigersurson…
sexe.
Cettevisionl’avaitparalysée.Elle
n’étaitpluscapabledebougerle
moindremusclepourfuir.Ellene
pouvaitmêmeplusdétournerleregard.
Elleétaitcommecaptivéeparson
physiquesidifférentdusien.Fierdeson
effet,etpasgênélemoinsdumonde,
Tristanselaissacontempleràloisir,
danstoutesasplendeur.Etilétait
magnifique.Uncorpstoutenmuscles.
RevenantsurTerre,ellesentitune
rougeurterribleenvahirsonvisageet
elledétournarapidementleregard.
Seulement,ilssavaienttouslesdeuxque
c’étaituneréactionqu’elleavaiteue
bientroptard.Luicommeelleavaient
consciencequ’elleavaitpassétropde
tempsàappréciersaplastiquepour
jouerleschoquéesmaintenant.
—Rhabille-toiimmédiatement!cria-
t-elled’unevoixstridente,sesmains
plaquéescontresesyeux.
Horrifiée,lecœuraubordde
l’implosion,Elianorsentitlematelas
s’affaissersouslepoidsdeTristan.Son
corpssecrispaunpeuplusetcommeun
animalapeuré,ellerestaimmobileet
pétrifiéeaumilieudugrandlit.
—Merhabiller?murmura-t-iltout
contresonoreille.Pourquoi,quandde
touteévidencejepréfèrebaisernu?
Règlenuméro16
Succomberàla
tentation
Quevenait-ildedire?
—B-bai…
Ellen’eutpasletempsdeterminersa
phrase
que
Tristan
la
renversa
complètementsurlelitpourlarecouvrir
desoncorps.Elleécarquillalesyeux
souslechocenlesentantjustecontresa
cuisse.Del’excitation,delalangueuret
undésirréciproqueperfusèrentses
veines.Lecocktailétaitaddictifetlui
montarapidementàlatête.
—Onnepeutpas,s’étouffapresque
Elianor.
Satempératurecorporellegrimpasi
vitequ’elleeutl’impressiond’entreren
combustionspontanée.Sesmembres
tremblaient.Sonrythmecardiaquevenait
d’intensifiersacoursefolle.Elleétait
parcouruedesensationsétrangeset
inconnues.Sesmainsseposèrentsurla
peaunuedesontorse.Elleauraitvoulu
lerepousser,violemment,avecrageet
dégoût.Pourtantsesdoigtsrestèrent
immobiles,lecœurdeTristanpompant
rapidement.Ellelesécartaetplaquasa
paumecontresonsternum…ilétait
aussiaffectéqu’ellel’était.Toutesses
craintes
se
confirmaient
quant
à
l’emprisequ’ilavaitsurelle.
Les
grandes
mains
de
Tristan
relevèrentl’ourletdesarobepourse
faufilerendessous.Elianornerespirait
plus,ellehaletaitbruyammentdans
l’attenteimpatientedesescaresses.
—Onpeut.Onveut.Etonvalefaire,
susurra-t-ilenléchantcepointdepeau
sisensiblejustesoussonoreille.
Ellesemorditlalèvreinférieurepour
retenir
les
gémissements
qui
se
bousculaientdanssagorge.Gémirce
seraitadmettrequ’ilavaitgagné.Or,
jamaiselleneluidonneraitceplaisir.Il
sepenchajusqu’àcequeleurslèvres
s’effleurentdélicatement.Sabouche
étaitdoucecontrelasienne.Sonbaiser
étaittendre,chargéd’unesensualité
toutenouvellequisurpritElianor.Illui
auraitétéfacilederepousserTristans’il
l’avaitembrasséaussiviolemmentque
lesfoisprécédentes.Maiscebaiserétait
toutencontrasteavecledernierqu’ils
venaientd’échanger.Paumescontreson
torse,ellesentitlecœurdeTristan
s’emballer.Elleentenditsarespiration
se
saccader.
La
tendresse
qu’il
manifestaitlabouleversacomplètement.
C’étaitunelenteséductionfaitepour
conquérir.Seslèvressemouvaientà
l’unissonaveclessiennes.Doucement,
lesmainsdeTristancommencèrentà
caresserchaquecourbedesoncorps.Il
frôlal’angledesamâchoirepourglisser
lelongdesoncou.Sonautremain
s’étaitposéesursacuisseetremontait
verssahanche.Lecorpsdujeune
hommes’éloignaimperceptiblementdu
sien,ilremontasarobejusqu’àsataille
pourrevenirpeserunpeupluscontre
elle.
Elianorsesentaitlittéralementbrûler
del’intérieur.C’étaitcommesien
l’embrassant,Tristanavaitalluméunfeu
enellequinecessaitdelaconsumer.Et
quandsalangueplongeadansl’intérieur
desabouche,lesflammesbrûlèrent
encoreplushaut,luiarrachantunsoupir
decontentement.Ellesentitsoncorpsse
cambrersoussonpoids,sansréellement
levouloir.Elleétaituniquement
conscientedecettelangueurquila
poussaitàsecollertoujourspluscontre
lui.Sesmainss’enfoncèrentdansla
masse
de
ses
cheveux
pour
le
rapprocherunpeuplusd’elle.Avec
timidité,ellefitglissersalanguecontre
lalèvreinférieuredeTristancommeil
l’avaitfaitauparavantcontrelasienne.
Legrognementdeplaisirqu’ilémit
l’encouragea,décuplalapassionqu’il
luiinspirait,l’embrasadel’intérieur.Sa
mainglissadesanuquejusqu’àson
torseoùellelaissasesdoigtsdécouvrir
lafermetédesesmusclesetladouceur
desapeau.
—Tun’imaginespasàquelpoint,
confiaTristan.Àquelpointj’aieuenvie
defaireça!
Unhalètementdeplaisirluiéchappa
lorsqu’ellesentitlapaumedujeune
hommeseresserrerautourd’unsein.Sa
bouchequittalasiennepouraller
papillonnerdanssoncou.Salangue
caressalecreuxdesaclaviculeoùune
veinebattaitfrénétiquement.Illui
arrachaunautregémissementlorsqu’il
sereculapourlarepositionneraumilieu
desoreillers.Ilpritsonvisageencoupe,
sarespirationentrecoupéeetsesyeux
vibrantsdedésir.Ilcapturaalorsde
nouveauseslèvres,encoreetencore,
sensuel,
cherchant,
réclamant
une
réponseidentiqueenelle.Ellesesentit
tremblerunpeuplusdanslecerclede
sesbras.
—Tuesencorebeaucouptrop
habilléeàmongoût,murmura-t-ild’une
voixrauque.
Ilseredressalégèrementetcenefut
qu’àcemoment-làqu’Elianorserendit
comptequelezipdesarobeavaitété
descenduetqueledevantdutissu
rabattuexposantainsiladentelledeson
soutien-gorge.Unerougeurmonstrueuse
illumina
son
visage.
D’un
geste
maladroit,elleattrapaledrapettentade
secouvriravec.
—Netecachepas,lastoppaTristan
endétachantsesdoigtsdudrap.Tues…
tuesjusteparfaite.
Sonregardétaitfixésursapoitrine
avecuneintensitéflatteusepourElianor
quin’avaitjamaisététrèsàl’aiseavec
sescourbes.Ilpenchasonvisagepour
embrasseravecrévérencelehautd’un
sein.Sansqu’elles’enrendecompte,
Tristanvenaitdedétacherlesagrafesde
sonsous-vêtementpourglisserles
bretelleslelongdesesbras.Sentirune
légèrebrisesursapoitrinedénudéela
choqua.Maiscequilabouleversa
encoreplus,cefutdevoirlevisagede
Tristansepencherversellepourgoûter
cetétonfièrementtendu.
Alorsqu’untrèsfaiblegémissement
s’échappaitd’entreseslèvres,sondésir
décochauneflèchechatoyanteenelleet
soncorpss’arc-boutasoussescaresses.
Ébahieparlessensationsqu’illui
révélait,Elianorrouvritlesyeuxpour
observerTristan.Lavisionqu’iloffrait
étaittotalementérotique.Ellesesentait
agitée,elleavaitchaud,etpourtantelle
nepouvaitserésoudreàmettrene
serait-cequ’unmillimètrededistance
entreleursdeuxcorps.L’intensitédece
qu’elleéprouvaitàprésentenverslui
finitdelaterrifiertotalement.Elle
réalisaqu’ilpossédaitlepouvoirdela
briser.Unpouvoirdontilétaitencore
inconscient.
—Tu…tunepeuxpasvouloirme…
tunepeuxpasmedésirer,souffla
Elianoralorsquesaroberoulaitlelong
desesjambes.
Sansluirépondretoutdesuite,il
retiraseschaussuressursonpassageet
lesjetaausolsanstrops’yattarder.
—J’aipassél’annéedemesvingt-
quatreansàt’imaginernue,plianteet
enthousiastesousmescaresses.Depuis
deuxmois…depuisquetuesrevenue
dansmavie,jen’aipastouchéuneseule
femme.
Elianorrenifla,incrédule.Lui,vivre
commeunmoine?Quandlespoules
aurontdesdents!pensa-t-elle.À
présent,ellen’étaitpluscouverteque
paruneridiculepetiteculottede
dentellenoire.Ellesentitleregardde
Tristansursoncorpscommelaplus
intimedescaresses.
—Cynthia,Edith,Araminta,Sophia,
Lizzy…cettelisteestnonexhaustive,
lâcha-t-elleavecsarcasme.Tunelesas
pastouchées?
—Pasuneseule,avouaTristanen
passantlapointedesalanguesurses
lèvresgonfléesparleursbaisers.
Unelégèrerougeurombraitses
pommettes.Sespupillesétaientdilatées
etsonsouffleirrégulier.Quandses
mainsremontèrentlelongdesesjambes,
Elianorfutpersuadéed’hallucinerenles
voyantimperceptiblementtrembler.
—J’aipasséchaquenuitàfantasmer
surcemomentprécis.Jenevoulais
aucuneautreetmêmelavigueurdema
mainn’apasréussiàmesatisfaire.
Elianorfaillits’étoufferavecsa
salive.Venait-ildeluiconfiers’être
caresséenpensantàelle?Était-cesexy
ouembarrassant?Sexy,décréta-t-elle
enl’observantalorsqu’unedouce
moiteurrecouvraitsonsexe.Ilselova
entresesjambespuisluipritunemain
qu’ilcoulaérotiquementlelongdeson
torse,desonestomacplat,enpassant
parleduvetdescendantenflècheverssa
virilité
tendue.
Elianor
émit
un
halètementdestupéfactiontouten
écarquillantlesyeuxlorsqu’ilguidases
doigtsautourdesonpénis.Sonmembre
étaitdur,sapeauétaitdouceetveloutée,
unecombinaisoninattenduepourelle,
presquefascinante.
—Maintenanttusaissansl’ombre
d’undouteàquelpointj’aienviedetoi.
Mortifiée,Elianorsentitsonpropre
sexesecontracter,luirévélantparlàà
quelpointellerêvaitdesapossession.
Pourtant,
elle
savait
que
«techniquement»,ilsnepouvaientpas
lefaire.
—
C’est
énorme,
laissa-t-elle
échapperensedisantquejamaisuntruc
pareilnepourraitpasser…parlà.
Elianorfixaitlepénisqu’elleavait
danssapaume.Tristansuivitdesyeux
cequ’ellesemblaittrouverdefascinant
avantd’éclaterderire.
—Tusouffresprobablementde
gigantismeàceniveau-là.Oualorstuas
unereconversiontoutetrouvéedansle
mondeduX.
—Jesuisvraimentflattéquetume
trouvesparticulièrementbienmonté,se
rengorgeaTristanenondulantcontresa
main.
—Jenedisaispasçapourteflatter,
rétorquaElianor.
—Aucunefemmenes’estjamais
plaintedemataille.Jepeuxtepromettre
quetuaimerasça.
Dansuncoindesoncerveau,elle
tentaitdeseconvaincrequeriendetout
cequiétaitentraindesepassern’était
réel.Elleallaitbientôtseréveillerdece
rêveérotiquedesplusagréables.Encore
quelques
secondes
et…
avec
provocation,Tristanpassalapointede
salangueentreseslèvres.Unmurmure
deplaisirfranchitsabouchealors
qu’ellerefermaitsapoigneautourdeson
érection.Ilpalpitaaucreuxdesapaume
avecenthousiasme.Avidedeses
caresses,ilbasculasonbassincontresa
maincommes’ilmimaitunepénétration.
—Tristan,gémit-elleentredeux
baisers.
—J’aimeça…quetugrognes,quetu
gémisses,quetuhalètesmonprénom,
approuva-t-ilcontrasabouche.
Tristanentouradenouveausapoitrine
qu’ileffleurad’unemaintaquine.Il
avaitcomprisàquelpointelleétait
sensibleàcetendroit-là,maisil
s’amusaitàlatorturerdansunbut
qu’Elianornecompritpas.Ill’embrassa
encoreavecferveur,jouadesalangue
suruntétonavantdelemordiller
délicatement.Desamainlibre,il
caressa
son
jumeau
jusqu’à
ce
qu’Elianorn’enpouvantplus,prenne
sonvisagepourleremonterjusqu’àses
lèvres.
Lejeuétaitterminé.Ellerendaitles
armes.Parcequel’enviedetotalement
succomberàlatentationétaittropforte,
trop
torride.
Elle
le
regretterait
certainementplustard,maisàcetinstant
précis,êtreleplusprochedeTristan,
comblercevideétaitlachoselaplus
importantepourelle.Alorssansse
soucierdesconséquences,ellelelaissa
passersesdoigtsderrièrel’élastiquede
sonsous-vêtement.Ellerelevason
bassinetTristanôtaladentellequiroula
surseshanchespuislelongdeses
jambes.
Ilreculalégèrementetlaissasesyeux
vagabondersursanudité.Sonregard
s’attardasursonpubisalorsqueses
doigtscaressaientsonsexeépilé.
—Divineetsexy,commenta-t-ilen
traçantlalignedepoilsjusqu’àtrouver
sonclitoris.
Lesoufflecourt,lecorpslittéralement
enalerterouge,Elianoravaitletournisà
cause
de
toutes
ces
sensations
provoquées.Dessensationsqu’elle
aimaitressentirardemment.Avait-elle
euunjourunequelconquechancedelui
résister?Évidemmentquenon,une
petitevoixsournoiselanargua.Il
taquinaceboutonpuisinsinuason
majeurentresesreplissanslapénétrer.
—Divine,sexyetexquise,ronronna
Tristanenléchantsondoigtrecouvert
parsondésir.
Latensionétaittropforte,trop
enivranteetElianorsentitsespaupières
seclore.Ils’approchadesonvisageet
avalaseslèvrescommes’ilvoulaitla
dévorer.Lasaveurdesonexcitation
étaitdanssabouche.C’étaitunarôme
scandaleusementérotiquequiluigrisa
lessens.Ildécouvritdesalangueson
cou,sonépaule,sesseins,lapeaude
sonventreetsonnombril.Ellese
tortillaitsouslui,avecl’enviedecalmer
cettetensionquinecessaitdecroître,ce
désirquilatenaillait.Illuiembrassale
pli
de
l’aine,
se
rapprochant
dangereusementdesonsexe.Etquand
ElianorsentitleslèvresdeTristanlui
lécherl’intérieurd’unecuisse,ellese
figeaavecappréhension.Ellese
souvenaitencoredelamanièredont
Tristanavaitfaitjouersalanguecontre
sachairsixansplustôt.Etmêmesises
caressesavaientalluméunfeuenelle,la
suitedesévénementsl’avaitaussitôt
refroidie.Siellefermaitlesyeux,elle
pouvaitencoresentirlerejetetle
dégoûtquiavaientirradiédelui.
—Non,gémit-elleetpourseule
réponseTristanluiadressaunregard
coquinetunsouriremalicieuxavantde
reprendrelàoùils’étaitarrêté.
D’unemainfébrile,elletentade
toucherlatabledechevetsurlaquelle
étaitposéelaseulelampealluméedans
lapièce.Elletâtonnaavecmaladresse
alorsqueTristancontinuaitàlui
prodiguersescaresses.
—Jepeuxsavoircequetu
fabriques?laquestionna-t-ilenrelevant
latête.
—J’aimeraisjusteéteindrela
lumière.Jeseraiplus…euh,àl’aise
danslenoir.
—Horsdequestion!
Leregardobscurciparledésir,sa
réponseétaitsansappel.
—Maispourquoi?s’exclama-t-elleà
demi-voix.
—Jeveuxt’observer,lireton
expression,voirsicequejetefaiste
plaîtounon.
Rougepivoine,àprésent,Elianor
s’évertuaànepasdétournerleregard.Il
voulait…lavoir?Détaillerchacunede
sesexpressions,étudiersoncorpsse
cambrer,sepliersoussesdoux
attouchements.Nevoyait-ilpasàquel
pointcegenredesituationlamettaitmal
àl’aise?Yprenait-ilplaisir?
—Tupourrasfacilementconstater
queçameplaît…sanslumière,
cafouilla-t-elleenposantledoigtsurun
desinterrupteurs.
Tristanattrapaaussitôtsamainqu’il
plaquaimmédiatementau-dessusdesa
têteavecunsourireprédateur.
—Tupourraissimuler.
—Simuler?répétaElianorquiavait
l’impressiondelittéralements’enfoncer
danslessablesmouvantsdela
mortification.
—Nemedispasquetun’asjamais
simuléparcequejenetecroiraipas,
déclara-t-ilfaceàsagêneévidente.
Etsijamais,ilyavaiteuunmoment
plusopportunpourluiavouerqu’eneffet
ellen’avaitjamaissimulé–puisqu’elle
n’étaitjamaisalléeauboutavecun
homme–etbienc’étaitmaintenant.Mais
alorsqu’elleouvraitlabouchepourlui
avouercettevéritéinavouable,les
lèvresdeTristanseplaquèrentà
nouveaucontrelessiennes.Salangue
l’effleurapuislacajola.Sesmains
flattèrentchacunedesescourbespourla
plongerdansuneavalanchededélices.
Au-delàdunuagedesensationsquila
transportaient
dans
un
tourbillon
d’ivresse,Elianorfutconscientequ’il
venaitdeluidirequelquechose.Mais
savoixétaitétouffée,lesangfouettait
sestempesetellesentitsoncorpsse
cambrerpuiss’enfoncerdanslematelas.
D’uncoupdelangue,ilcentratouteson
attentionsurlecœurmoiteethumidede
saféminité.
—Oh…mon…
Sansprévenir,toutcontrôleluifut
arrachéparunecascadedesensations.
Ellesentitunbaiserdéposélà,salangue
dansantcontresachair.Sonexcitationse
déchaînaetseshanchessemurentde
leurproprechef.Sesmainsagrippaient
puissedesserraientautourdesdrapsen
rythmeàmesurequesondésir
augmentait.Elleplongealesdoigtsdans
sescheveux,s’arc-boutapourplaquer
sonpubiscontresabouche.Son
excitations’amplifiaitalorsqu’elle
poussaitdepetitscris.Soncorps
remuait
dans
l’ultime
espoir
de
satisfaired’unemanièreoud’uneautre
saproprelangueur,sonpropretourment.
Subitement,Tristanseredressaau-
dessusd’elle,labouchehumideet
sensuelle.Sesyeuxbrillaientde
détermination,levisagerésolu.Le
soufflecourt,étourdie,Elianoresquissa
unpetitsouriretimidealorsquesamain
effleural’angledesamâchoire.Ilétait
encoreplusséduisantquejamaisetelle
sesentitsubmergéeparunetendresse
irrépressible.Ilattrapasonpoignetet
déposaunbaiseraucreuxdesapaume.
C’étaituninstantmagiquepourelle,
chargéed’unesensualitéetd’une
intensité
irréelles.
Elle
avait
l’impressionquetoussesvœuxvenaient
d’êtreexaucésdanscequartdeseconde
quichangeraitàtoutjamaissavie.
Pourtantunevoixperfidedansun
recoin
de
son
cerveau
lui
murmuraitinlassablement:maisilne
t’aimepas,ilnet’aimerajamais.
Aveclâcheté,elledécidadel’ignorer
etpourunefoiselleprofiteraitde
l’instantprésentsansseposerde
questions.Elleimagineraitquecette
nuit,Tristanressentaitlamêmechose
qu’elle.Demainmatinarriveraitbien
asseztôtpourserepentir.Tousses
regretsettoutessesrécriminations,pour
unefois,allaientdevoirattendre.
Tristanrelevaadroitementsescuisses
qu’ileffleuralascivementpourse
positionnerexactementcommeille
souhaitait.
—Jemesenscommeunadolescent
surlepointdevivresapremière
expériencesexuelle.Jen’aijamaisrien
ressentidepareil,grogna-t-il.
Ilfronçasessourcilscommes’il
n’avaitpaseul’intentiondeluien
révélerautant.
—Sijen’étaispassurlepoint
d’exploser,jeteferaispatientertoutela
nuitavantdetelaisservenir,maisje
veuxquetujouissesalorsquejesuisen
toi.
Neluilaissantpasletempsde
méditersurcesdernièresparoles,
Elianorfutsurpriseetenmêmetemps
curieusedelesentirchaudetdurcontre
elle.Ilinsinuasonsexeentrelesreplis
rosésdesonsexe,frottantsonpénis
contresachairgonfléeettrempée.Son
glandécartaseslèvrespourse
positionneràl’entréedesonsexe.
C’étaitunchocsensueletétrangequila
paralysa.Ilétaittoutenmasculinité
alorsqu’illapénétraitcentimètrepar
centimètre,aveclenteuretdouceur.Elle
sentaitdelachaleur,delapressionalors
qu’ilétiraitsesmuscles.Elleseraidit
avecappréhension,maisfutémerveillée
parlessensationsplaisantesqueson
invasionrépandaitenelle.
Unecomplainteétoufféeluiéchappa
quandelleressentitbrusquementune
vivedouleurdanssonbas-ventre,si
aiguëqu’Elianorplantasesonglesdans
letorsedujeunehomme.Sesdents
s’enfoncèrentdansseslèvrespour
camouflerlalongueplaintequ’elle
auraitvoulucrier.LecorpsdeTristan
s’immobilisaalorsquetoussesmuscles
sebandèrent.Sestraitsauraientpuêtre
gravésdanslemarbre.C’étaitcommesi
letempss’étaitarrêté.Dessecondes
puisdesminutesdéfilèrentdansle
silencelepluscomplet.Unlapsde
tempsquipermitàElianordereprendre
sonsouffleetdedomptercetinconfort
provoquéparl’intromissiondeTristan.
—Elia?souffla-t-ilavecdifficulté,
plusinterloquéquejamais.Merde!Tu
esvierge…bordeldemerde…
Sesyeuxcherchaientlessienset
Elianor,honteuse,auraitvoulusefondre
dansledécor.Luiquiaimaittout
prévoir,ilétaitévidentqu’iln’avaitpas
anticipélefaitd’êtrelepremier.Avec
naïveté,
Elianor
ne
s’était
pas
attendue…elleavaitespéréqueTristan
neremarquepasqu’ellen’avaitjamais
euderelationssexuelles.Chagrinéeet
humiliée,elledétournalevisagetouten
exerçantunepressioncontreses
pectorauxpourlerepousser.Quandelle
futconvaincuequ’ilallaitseretirer,elle
lesentitdoucement,avecdélicatesse,
s’enfoncerunpeuplusenellejusqu’àce
queleursdeuxcorpssoienttotalement
unis.Denouveau,del’excitationpulsa
danstoutsoncorpsetelleémituncride
surprise,maisdeplaisiraussi.
—J’auraisdûlesavoirentesentant
siétroite…meretirer,mais…c’est…
trop…bon,articula-t-ilàtraversdes
dentsserrées.
Ellesecambrasousluienréponse,
ondulalégèrementleshanchesavantde
nouersesjambesautourdelui.Cefutle
signalqueTristanattendaitpour
commenceràdoucementsemouvoirau-
dessusd’elle.Rapidement,elleselaissa
emporterparunedoucechaleurnaissant
aucœurdesaféminitépourirradier
danstoutsoncorps.Cen’étaitpas
l’extasetotalequelesmagazines
fémininsvantaient.C’étaitplusdoux,
plus
léger.
Une
sensation
de
contentementqu’elleaccueillitavec
plaisir.Ilplongeasesyeuxdansles
siens,etlentement,trèslentementil
l’embrassa.C’étaitunbaisertroublant,
profondémenttendreetplusintimeque
l’actesexuelenlui-même.Legenrede
baiseràluiserrerlapoitrineetlui
donnerenviedepleurer.
Écœuréeparsacandeur,Elianor
chassacetteaberrationdesonesprit
pourl’embrasserallégrement.Ilreleva
doucementsonvisageetfixadesyeuxsi
intensesqu’elles’embrasatoutentière.
Lerythmedesesva-et-vients’accéléra.
Ilpassasesmainssoussesgenouxpour
les
relever,
approfondissant
sa
pénétration.Sonpubisvenaitbuter
contresonclitoris,offrantunefriction
délicieuse.Uneétrangelangueurenvahit
lebasdesoncorpsetlaprenant
totalementaudépourvu,Elianorpoussa
uncrideplaisir,sesmusclesinternesse
contractantenrythmeautourdeluialors
qu’elleatteignaitlepointculminantde
sajouissance.LecorpsdeTristanfut
parcourudesecousses,frissonnantde
plaisirau-dessusd’ellealorsqu’il
atteignaitl’orgasmedansungrognement.
Ellelesentitserépandreenellealors
quesonsexepulsait.Dansungeste
d’uneinfinietendresse,Elianorresserra
sesbrasautourdeluialorsquesa
respirationhaletantevenaitchatouiller
lapeausensibleàlabasedesoncou.
Troprapidementàsongoût,Tristanse
retiraetroulasurlecôté.Ilsrestèrent
quelquescourtessecondesétendusl’unà
côtédel’autre.Lesilencedevintpesant
etElianorneréalisaitpasencore
totalementcequ’elleavaitlaissése
produire.Quivoulait-elleconvaincre?
Elleavaitparticipéactivementàce
qu’ilsvenaientdefaireetsavoix
intérieurebientrophonnêteetfranche
l’obligeaàsel’avouer.
Maisétrangement,elleneregrettait
pasd’avoirchoisiTristancomme
premieramant.Ellesavaitpertinemment
quecettenuitnedonneraitpasdesuite.
Etmêmesi,elles’étaitinconsciemment
persuadéequepasserunenuitdansses
brasluipermettraitdeseguérirdeses
sentiments,elledevaitbienreconnaître
qu’ellen’avaitjamaiseuaussitortdesa
vie.Ellesesentaitvulnérable,nueet
exposée.Discrètement,elletiraledrap
jusqu’àrecouvrirsanudité.Elleavait
peut-êtrefaitunefoliecesoir,maiselle
n’étaitpasdevenuetotalementcingléeau
pointdeparaderdevantluidansson
plussimpleappareil.
Lematelasbougeaetquelquesinstants
après,ellevitlasilhouettedeTristan
disparaîtredanslasalledebains.
Elianorfermalesyeuxetentenditl’eau
couler.Était-ceunmessagesubliminal
pourluisignifierqu’ilétaittempspour
elledes’éclipser?Devait-elleêtre
partiequandilsortiraitdeladouche?
Uneaventured’unsoirn’étaitpas
censéeseprolongerjusqu’auxpetites
heuresdujour.Ettrèsfranchement,
Elianorsevoyaitmaldormirdansle
mêmelitetprendrelepetit-déjeuneren
sacompagnie.Lasituationétaitdéjà
assezembarrassante.Ellenesavaitpas
nonpluscommentelledevraitse
comporterfaceàluipendantcesquinze
prochainsjoursdepréavis.Ignorerce
quis’étaitproduitentreeuxlui
paraissaitêtrelameilleuretactiqueà
adopter.
Ledrapquilarecouvraitluifutretiré
sanscérémonieetellerouvritsubitement
lesyeux,horrifiée.Assisjusteàcôté
d’ellesetenaitTristantoujoursaussi…
nu,
constata-t-elle
en
laissant
vagabondersesyeuxunpeutropausud
de
son
anatomie.
Elle
redirigea
immédiatementsonregardsurson
visage.Inutiledesedistraireavecses
attributs,ensemi-érection,qu’ilsavait
utiliserscandaleusement.Quelnefutpas
sonchocdedécouvrirqu’ilsemblait
hypnotiséparunedeseszones
anatomiques
se
rapprochant
dangereusementdesonentrejambeà
elle!Déroutée,Elianorseredressa
maladroitementsursesdeuxcoudes,
prêteàvraimentdéguerpircettefois-ci.
—MonDieu,soufflaTristansans
quitter
des
yeux
l’objet
de
sa
fascination.Est-cequejet’aivraiment
blessée?Est-cenormaldesaigner
autant?Peut-êtrequ’ondevraitallerà
l’hôpital.
Ébahie,lesyeuxécarquilléset
totalementconsternée,Elianorsuivit
avec
réticence
son
regard
pour
découvrirunelégèretracedesangsur
l’intérieurdesacuisseainsique
quelquestachessurledrap.Cetinstant
magiqueremportaitletrophéedu
momentleplusembarrassantdetoutesa
vie.Parréflexe,ellerepoussaTristansi
violemmentqu’ilperditl’équilibreet
atterritausolsursonpostérieur.Gênée
commejamais,ellen’avaitaucune
intentiondes’excuser.
—Tun’esvraimentqu’unconnard!
hurlaElianorenserelevantenmême
tempsqueTristan.
Ellen’avaitjamaisétéaussihumiliée
detoutesavie.C’étaitpirequetout,un
véritablecauchemar.Elles’apprêtaità
partiractivementàlarecherchedeses
vêtementsquandlamaindeTristan
s’abattitsursonpoignetl’empêchant
d’avancer.Avecantagonisme,sesyeux
mitraillèrentsamaincommesiellen’en
revenaitpasqu’iloseencorela
toucher…quandelleconstataquede
l’autremainiltenaitunepetiteserviette
imbibéed’eau.Confuse,ellerelevales
yeuxverslessiensetd’ungeste
autoritaireTristanl’obligeaàse
rasseoir.Sanslabrusquer,ilécarta
délicatementsesdeuxjambeset
commençaàlanettoyerensilence.Dire
qu’Elianorauraitvouludisparaîtredans
unnuagedefuméeétaitl’euphémismede
l’année.Ellesesentaitdégringolerdela
falaisedelahontesansaucunespoirde
s’ensortirindemne.Elleinspirapuis
expiralentementàplusieursreprises.
—Tuauraisdûmedirequetuavais
mal,repritTristanalorsqu’Elianor
regardaitpartoutdanslapiècesaufdans
sadirection.
—Sincèrement,jepensequecette
situationestdéjàassezgênantecomme
çasansqu’onsoitobligésd’épiloguer
dessus.
Tu
comprendras
aisément
pourquoijen’aipasdutoutenvied’en
parler,baragouina-t-elle.
Iln’eutaucuneréactionetpourtantil
étaittoujoursaccroupienfaced’elle.
N’ytenantplus,lesyeuxd’Elianor
entrèrentencollisionavecceuxde
Tristan.Était-cedelaculpabilitéqu’elle
pouvaitylire?Croyait-ilréellement
qu’elleavaitsouffertlemartyre?Pour
toutavouer,elles’étaitattendueàsentir
beaucoupplusd’inconfortqueça.Il
avaitl’airdes’envouloiretelleneput
résisteràlatentationdeleréconforter
untoutpetitpeu.
—C’étaitunedouleursupportable.
J’ai…aimécequ’onafait,sesentit-elle
obligéedepréciser.Tupermetsqueje
merhabillemaintenant?
TristanserelevaetElianorse
dépêchaderassemblersesvêtements
qu’elleenfilaenquatrièmevitesse.Elle
perçutdesfroissementsdetissuderrière
elle.Levisagecramoisi,ellesetourna
pouraffronterTristan.Bizarrement,le
faitd’êtreàprésenthabilléen’atténuaen
riensonmalaise.
—Pourquoinepasm’avoiravoué
quejeseraislepremier?continua-t-il
commesicelaauraitchangéquelque
chose.
—Maisqu’est-cequetunepigespas
dans«jen’aipasenvied’enparler»?
s’énervaElianor.
Oui,elleauraitpuluidirebeaucoup
dechoses,maiselleavaitchoisidese
taireàdessein.QueTristannepuissele
concevoirdépassaitl’entendement.
—Tusemblesmereprochertoutun
tasdetrucs.Écris-moiuneliste,cesera
plusrapide.
Agacée,elleinspectalapiècejusqu’à
repérersonsacdansuncoindela
chambre.Ellel’attrapaparlacourroie
etgesticulapourleremettregauchement
sursonépaule.Alorsqu’elleétaitsurle
pointdesortir,lesparolesdeTristanla
stoppèrent.
—Onrisqued’avoirunproblème,
déclara-t-ilenentrantdanssonchamp
devision.
Sesyeuxsepromenèrentlentementsur
soncorpsrevêtud’unminusculeboxer
noir
qui
révélait
plus
qu’il
ne
dissimulaitcequ’ilyavaitendessous.
Etaprèscettemagistralepartiede
jambesenl’air,elleavaituneidéeassez
précisedecequ’ilcachaitàl’intérieur.
Elianordétournalesyeuxetinspira
profondément.Concentrationétaitle
maîtremot.L’expérienceluiavaitappris
qu’ilvalaitmieuxlelaisserparlersi
ellesouhaitaitrapidementpartir.Avec
uneexpressionblaséevisséeauvisage,
ellehaussaunsourcilinterrogateur.
—Jen’aipasutilisédemoyende
contraception.
Levisaged’Elianorsedécomposa
littéralement.Desmilliersdescénarios
défilèrentdanssatête.Ellesevitdans
quelquesjoursalleràl’hôpitalpourse
fairedépisterunequelconquemaladie
sexuellementtransmissible.Quelleétait
l’idiotequiavaitaffirméplustôtque
Tristanétaitunpartenairedechoix?Sa
respirations’accéléraenréponseàla
paniquequicoulaitàprésentdansses
veines.Commentunhommedeson
envergurepouvaitêtreaussiinconscient
avecsasanté,maissurtoutcelledes
autres?Combiendefemmesrisquait-il
d’infecter
avec
cette
attitude
d’irresponsable?Malàl’aise,ilse
passaunemaindanslescheveux.
—Çanem’étaitjamaisarrivé,lâcha-
t-ilcommes’ilavaitlusespenséeset
s’enétaitoffusqué.Jemesuislaissé
emporterparlemoment,OK?
—OK?Tut’eslaisséemporterparle
moment?pesta-t-elle.Aveccombiende
filles,tut’eslaissé«emporterparle
moment»?
—J’utilisetoujoursunecapote.
Ilenfilasonpantalonetsachemise
sansoserlaregarder.Elianorpoussaun
grognementavantdejurer.
—Jen’aipaspumecontrôler.Tuas
parlédemenotte!s’exclama-t-ilcomme
sicelajustifiaitquoiquecesoit.
—Et?s’indignaElianor,sans
comprendre.Sij’avaisparlécravateou
mieuxencorecravache,queceserait-il
passé?
Ilcaressasasilhouetted’unregard
libidineux.Lesmusclesdesonvisagese
détendirentetunsourirecarnassierétira
seslèvres.
—Tuosestrouverçadrôle?Tuesen
traindemedirequejerisqued’attraper
unedetessaloperies,etc’estamusant?
rétorqua-t-elleuneoctaveplushaut.
Sesmainstremblaient.Toutsoncorps
tremblait.Elleavaitdespalpitations.
Ellesesentaitvraimentmal.Elleavait
enviedevomir.Peut-êtrequesielle
restaittroplongtempsdebout,elle
finiraitpars’évanouir?Cetteoptique-là
neluiétaitpastotalementdéplaisantesi
c’étaitsynonymedeblack-outcomplet
quiluipermettraitdetout,absolument
toutoublier.
—Quoi?rugit-ilconsternéetoffensé.
Biensûrquenon,qu’est-cequetuvas
imaginer?Jesuisclean.MerdeElia,tu
risquesd’êtreenceinte!
Elianorrestaparalyséesurplace
pendantdelonguessecondes.Ellene
battitpasd’uncil.Elleétaitsûrequesa
respirationvenaitdesebloquer.
D’ailleurssondiaphragmenebougeait
plus.Soncœurnebattaitplus.Sonsang
n’avaitfaitqu’untouravantdeseglacer
àjamaisdanssesveines.
LaphrasedeTristanfaisaitécho
encoreetencoredanssoncrânecomme
unboomerang.Puis,petitàpetit,elle
sentitsesmusclesserelâcheretelle
émitunpetitrired’incrédulité.
—C’estridicule!
Biensûrqu’elleneseraitpas
enceinte.Premièrement,soncyclene
concordaitpasdutoutavecun
quelconque
risque
d’ovulation.
Et
deuxièmement,leDestinnepouvaitpas
êtreaussicruelavecelle.C’étaitune
certitudeprofondémentancréeenelle
queriennepourraitdéloger.
—Non,c’estimpossible,luidit-elle
calmement
avec
un
petit
sourire
supérieur.
—Pourquoi?TuesDameNature?
Tuconnaislaprobabilitédetomber
enceintelorsd’unpremierrapport
sexuel?Tuconnaislaprobabilitéde
tomberenceintelorsd’unrapportnon
protégé?
—Non.Nonetencorenon.
Pourquoi?Toioui?Tuasvouludevenir
gynécologuedansuneautrevie?
—Nejouepaslessarcastiquesavec
moi!Tuneterendspascomptedela
gravitédelasituation!
Elianorexpiralonguementetdécida
deprendresurelle.Ellefermalesyeux
quelquesinstantsavantdereprendrela
parole,pluscalmement.
—Iln’yariendegrave.Jenesuis
pasenceinte…
—Pourlemoment,lacoupa-t-ilce
quieutledondel’énerverauplushaut
point.
—Etjeneleseraipas.Satisfait?
—NON!Tunetebasesquesurdes
certitudessortiesdenullepart.
—Trèsbien.Puisquetuasquelque
choseentête,dis-moitout.Qu’est-ce
quetuproposes?s’égosillauneElianor
àbout.
Était-cetropdemanderqued’avoirun
peuderépit?Ellenevoulaitqu’une
seulechose:rentrerchezelleetmettre
cetépisodeloinderrièreelle.Les
musclesdelamâchoiredeTristanse
contractèrentetilsepassaunemainsur
levisage.Commeunlionencage,ilfit
lescentpasjusqu’àluidonnerle
tournis.Ilsemassalesmusclesdela
nuquequisemblaientêtredouloureux
tantsatensionétaitgrande.Illaissa
échapperunprofondsoupiretune
grimacedéformasestraits.
—Jamaisjen’auraiscrudireçaàune
femmeetencoremoinsàtoi,murmura-t-
ilpuisilplantasesbeauxyeuxverts
danslessiensavantdedéclarersurun
tonpéremptoire.Onvasemarier.Etle
plustôtseralemieux.
Retrouvezletome4dès
le10juin!
NishaEditionssoutient
l’initiativeFyctiaen
ElisiaBlade
Adéliaestprobablementlafillela
plusmaladroitedelaplanète.Cequila
sauve,c’estqu’ellel’assumetotalement
etcelaneluiposeaucunproblème…
jusqu’àcequ’elleéchoueaubeaumilieu
d’unchampaupieddeNateCalvin.
Coupdefoudre.Inévitable,non?Nate
CalvinestLAstarhollywoodiennedu
moment.Impensabledoncquecet
homme
tombe
immédiatement
et
irrémédiablement
amoureux
d’elle.
Commentpeut-ilêtresincèrealors
qu’ellen’apasassezdedoigtspour
énumérersesdéfauts?
Maispourquoilebelacteurest-il
venuseplanqueraumilieudela
campagneirlandaise?Adéliaa-t-elle
raisondeluifaireconfiance?
Untextehilarantetironiquequi
prouvequechaquefemme,aussi
imparfaitesoit-elle,méritedevivrede
grandesaventures.
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Extrait
Mesyeuxseposentsurlebélieroula
brebisdevantmoi.Etcommedansles
dessinsanimés,uneampoules’allume
dansmatêteaccompagnéed’unpetit
tingtriomphant.Leschevauxetles
bélierssontdesanimauxetentant
qu’animauxilsdoiventcertainement
réagirdelamêmemanière.
Monpèreétantungrandfande
Westerns,jenecomptepluslenombre
desoiréesquej’aipasséesàregarder
avecluilesdifférentesaventuresde
ClintEastwoodetdeJohnWayne.Cette
façonqu’ontlescowboysdetaperavec
leurstalonssurlesflancsdeleur
montureavantdedétalerdansunnuage
depoussièremedonnel’inspirationdont
j’aibesoin.
Jenedouteplus,certained’avoir
trouvélasolutionpourenvoyeraugalop
toutletroupeau.Monindextendu
s’enfoncedansleflancdubélierleplus
proche.Brusquement,l’animaldéblatère
colériqueetfoncedansletas,
provoquant…unminablemouvementdu
troupeaudanssonensemble.Maisjene
suispasdécouragée,bienaucontraire,
carc’estlepremierdéplacementque
j’observedepuiscestrentedernières
minutes.
Mesdeuxindexs’enfoncentdoncdans
lesflancsdesdifférentsmoutonsou
brebisàproximitéetenmoinsdecinq
minutes,j’airéussiàbougerletroupeau
entierd’aumoinsdixmètres.Jeretrouve
lamotivationetl’optimismequime
faisaientcruellementdéfautilyamoins
d’unedemi-heureetpoursuismonpetit
manège.
Jemecontrefichequemescheveux
dégoulinentd’eauetcollentàmes
tempes;quemonmaquillagenon
waterproofaitmerveilleusementcoulé
surmonvisagen’estpasplusimportant.
Jeressembletrèscertainementàun
pandaavecmoncrayonnoirdessinantla
racinedemescilssouslesyeux.
Dansuncoindemoncerveau,jesais
pertinemmentquejen’aijamaiseul’air
aussiabominable.Frankensteinestun
topmodelfaisantlaunedeVogueàcôté
demoi.
Lagrognes’installechezquelques
individus,probablementmécontentsdu
tohu-bohuquejecrée.
Jem’apprêteàtapoterleflancd’un
autreanimalquandunviolentcoupde
pattesarrièreestportéauniveaudema
hanche.
Letempsdecequartdeseconde
crucial,jeréalisequejesuissurlepoint
devivreunevéritablecatastrophe,je
laisseéchapperuncrisuraigu.
Enunbattementdecils,lesolinstable
glissesousmespiedsetl’horizonprend
subitementuneinclinaisontrèsétrange.
Moncôtédroitvientcognerlesol
brutalementetjeplongetêtelapremière
danslaboue.Lechocetladouleurme
coupentlesouffle.
Complètementsonnée,jen’aipasle
réflexed’essayerdemerattraperalors
quemoncorpsglisse.Descailloux
écorchentmesavant-brasdénudéset
certainsroulentets’enfoncentdansmon
dos,maisaussimonventre.Lapluie
druequicontinuedetomberarendula
terremeuble,facilitantcettefurieuse
dégringolade.
Jefinisparcognerunelégèrebosse
surmoncheminquistoppemacourse
effrénée.Surledos,lesyeuxdansle
vague,jemetsdelonguessecondes
avant
de
m’apercevoir
que
tout
mouvementacesséautourdemoi.Ma
têtetourneetmoncœurbatdesrecords
devitesse.
C’estlachutelaplusridiculedema
vieetlaplusdangereuseaussi.Mon
premierréflexeestdevérifierla
mobilitédechacundemesmembres.
Quandjesuiscertainequejenesuispas
paralysée,jerespiremieuxetnepeux
empêcherunlégersouriredesedessiner
surmonvisage.
Outrelefaitd’êtrecomplètement
choquée,jemesenssoulagée.Soulagée,
oui!Parcequepersonnen’aététémoin
decequiauraitpudevenirleplusgrand
momentdesolitudedetoutemon
existence.Jeremercielecieldem’avoir
permisdegardermadignitéintacteen
provoquantcettechutedansuncoin
reclusdumonde.
Jepousseunlongsoupir,atterréepar
mabêtise,maisjenesuispasétonnée.
Cen’estpaslapremièrefoisquej’ai
desidéesabsolumentstupidesquime
paraissentmiraculeusesaupremier
abord.Mesmusclesabdominauxse
contractentlégèrementetmarespiration
sesaccade;unfourirenaîtàlabasede
magorge.Depetitsgloussements
s’échappentdemabouche.Alorsqueje
pouffedeplusenplusfort,laterrese
metàtrembler.
J’entends…
j’entends
comme…
commelebruitdesabotsaugalop,
cognantlesolenrythme,jemeredresse
sur
mes
deux
coudes,
certaine
d’halluciner.
Auloin,bouchebée,jediscerne
parfaitementunesilhouettesedétacher
del’horizon.Ellesedéplaceavec
rapiditéetmoi,figéesurplace,jene
peuxencroiremesyeux.Qui,denos
jours,sedéplaceencoreàcheval?Ai-
jepasséunebrèchespatio-temporelleen
glissant?Jeplisselespaupièrespour
apercevoirunhommedescendredesa
montureavecl’agilitéetlasouplesse
d’unepanthère.
-Qu’est-cequevousfaiteslà?me
demande-t-il
avec
une
animosité
certaine.
Savoixestsifroidequ’ellepeut
aisémentempêcherlafontedesglaciers
del’arcpolaire.Alorsquemonregard
plongedanssesyeuxbleuélectrique,la
perfectiondesestraitsmecloue
littéralementlebec.
Legoûtduthé,
celuiduvent
EveBorelli
Élinorestunecurieusejeunefemme
passionnéeparlethé.Elleparcourtle
mondepourlefairedécouvrirsursa
chaîneYoutube,revenantàGruissan
uniquementpours’occuperdesapetite
boutique;adorablelieuderencontre,
sonrêved’enfant.
Uneviecalmeetdouce,soudainement
envahieparletrouble,lorsqu’enplein
orage,ÉlinorrencontrelebelAmaury,
kitesurfeuretchasseurdetempêtesaux
quatrecoinsdumonde.Laromantique
saura-t-elleconvaincrel’hommeblessé
deremplirsavied’amourplutôtquede
bourrasques?
ParEveBorelli.
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Extrait
Ilseremitauboulotengrognantet
Elinortoussa,histoirequePoséidonse
retourne.Illuifallaitvoirsilerecto
étaitaussimagnifiquequeleverso.Bien
entendu,ilnel’entenditpas.Forcément.
Unequintemaigrichonnecontredes
rafales
de
vent
et
une
pluie
torrentielle…
Ellerestaplantéelàencoreuneou
deuxminutes.Chassantfinalementtoute
divagationcoquine,elleparvintavec
uneadmirableforcementaleàse
ressaisir.
—Ilestoccupé.Demauvaispoil.Tu
asunenregistrementàboucler!
Remontantsonsacsurl’épaule,elle
poursuivitsoncheminenseretournant
régulièrementpourmatersansvergogne
Poséidonquiluttaittoujourscontreson
matériel.Soudain,ilsetournaverselle.
Elleplissalesyeuxpourdistinguerson
visage,maislebrouillardetladistance
l’empêchèrentdevoirnettementses
traits.
—Qu’est-cequetufichesici?Tues
complètementfolle!C’estdangereux!
hurla-t-il,lesmainsenporte-voix.
OK…
Commesiellen’avaitpasréaliséle
côtépérilleuxdutruc!C’étaitlebut,
merci!Etpuis,ilyavaitdesfaçonsde
ledire!Gaulécommeundieu,certes,
maispasagréablepourunsou!Pourqui
seprenait-ilpours’adresseràelle
ainsi?
—PourPoséidon,évidemment,
souffla-t-elle(cecidit,ilvenaitde
perdrequelquespointssurl’échellede
ladivinité).
—Merci,maisjeconnaismon
affaire!Jen’enaipaspourlongtemps!
luicriaElinor,seremettantenmarche.
Ducoindel’œil,ellelevithausser
lesépaulesetremuersondoigtsursa
tempe.D’accord,elleavaitpigé.Elle
étaitfolle.Pasbesoind’enrajouter…
—Tupeuxparler,hein!Qu’estquetu
fabriques,toiaussi,surcetteplage,dans
cesconditionsdechiotte?bougonna-t-
elle.
Elleatteignitlajetée,et,àboutde
souffle,ouvritsonénormesacpouren
sortirsonPC-étancheetsontea-bag.
Elledéposal’ordinateursurlerocherle
plus
plat
qu’elle
puisse
trouver,
s’installafaceàl’écranqu’ellealluma
etextirpadesontea-bagunetasserose
estampilléePlussexyqueBarryWhite,
unthermos,puisseversaunerasadede
thé.Lançantlawebcamsansplus
attendre,ellesepréparaàbraillerpour
couvrirlebruitduvent.
—Salutleshabituées!Bonjourà
touteslesautres!Sivousnousrejoignez
aujourd’hui,bienvenuesurmachaîne
YoutubeKeepzenanddrinktea!Nous
sommesle05dumoisetnousnous
retrouvonspourletraditionneltea-défi!
Unjour,jefiniraisousuniglooauPôle
Nord,jevousl’aipromis.Maispourle
moment,nousvoicienAngleterre,à
Portsmouthoùjen’hésitepasàbraver
lespiresdangerspourvous!Nous
sommesenalerterougeetjemetrouve
surlaplagedeSouthsea.Oui,votre
obligéeesthéroïque;non,ellen’apeur
derien…Regardez-moicesrouleaux!
Impressionnant,hein?
Elinorpivotapourmontrerlamerdu
doigt,ettremblaunpeulorsqu’elle
réalisaquelesvaguess’écrasaientde
plusenplusprès.Seretournant
rapidement,ellepoursuivitentâchantde
garderl’airenjoué.
—Noustestonsaujourd’huiunthéde
chezDamman,monpartenaire,queje
remercieencoreunefoisdemefournir
sesdélicieuxbreuvages!Ils’agiticide
l’infusionTerremouilléeaprèslapluie
quisembledecirconstance,n’est-ce
pas?Allez,sansplusattendre,
j’accomplismondéfi!
Elinorportasatasseàseslèvrespour
enavalerunelonguegorgée.
—Etvoilà!Letourestjoué!Encore
unthédégustédansdesconditions
périlleuses!Voyons!Qu’avons-nousà
diresurcettepetiteboisson?
Unformidablecoupdetonnerre,plus
puissantetplusprochequelepremier,
résonnadanslecielobscuretlafit
sursauter.Ilfallaitqu’ellesegrouille.
Çadevenaitréellementterrifiant:la
pluieavaitredoubléd’intensitéetle
ventsifflaittoujoursplusviolemment.
—Danscethé,enchaîna-t-elleàtoute
allure,nousavonsdesnotesambréesde
poire,unetouchedegingembreeten
fond,unsoupçondenoisettesavamment
dosé.Letoutdonneunmélangeassez
frais,bienquegourmandet…
et…
Et…Lechoc.
Ladouleuretlenoir.
Elleneputterminersaphrase.
Àparaître
CollectionDiamantnoir
Lanabellia
Nefermepastaporte–27mai2016
FannyCooper
Playandburn–17juin2016
Déjàdansvostablettes
Collection«Glamouretsuspens»
Alia,lesvoleursdel’ombre–Sophie
Auger
MisterWilde–EmmaLoiseau
EmmaWilde,saison1et2–LouDuval
&EmmaLoiseau
RugbyBoy,saison1et2–LouDuval,
Phoenix–EmmaLoiseau
CollectionDiamantnoir
Lachute,saisons1et2–TwinyB.
Nerougispas–Lanabellia.
CollectionCrushStory
Legoûtduthé,celuiduvent,saisons1
et2–EveBorelli.
HollywoodenIrlande–ElisiaBlade.
Journald’ungentlemansaisons1et2–
EvadeKerlan
Loveonprocess–Rachel.
ShineandDisgrace–ZoeLenoir.
Collection«l’héroïne,c’estvous!»
LaLunedemieldeSarahTrace–Dyna
Avril
Backtoschool–DynaAvril
Auteur:ElisiaBlade
Directricedecollection:Laëtitia
Herbaut
NishaEditions
Cognaclaforêt
N°Siret51078346700044