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2012012012011111
EFFETS DE SEUILS DE L’INFLATION SUR L’ACTIVITE ECONOMIQUE EN
CEMAC : analyse par un modèle de panel analyse par un modèle de panel analyse par un modèle de panel analyse par un modèle de panel àààà seuil non dynamiqueseuil non dynamiqueseuil non dynamiqueseuil non dynamique
BIKAI Jacques Landry Titulaire d’un DEA-MASTER-NPTCI en économie et doctorant à la Faculté
des Sciences Economiques et de Gestion de l’Université de Yaoundé II
E-mail : [email protected] � (+237) 99737082
et
KAMGNA Yves Séverin Ingénieur statisticien économiste Responsable de la
programmation monétaire et des finances publiques BEAC
E-mail : [email protected] � (+237) 99993407
TRAVAIL de recherche | LANDRY BIKAI et YVES KAMGNALANDRY BIKAI et YVES KAMGNALANDRY BIKAI et YVES KAMGNALANDRY BIKAI et YVES KAMGNA
Journées Internationales du Risque
26-27 mai 2011 - Niort
2011
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Résumé
Comme la plupart des Banques Centrale, la stabilité des prix est l’objectif prioritaire de la
Banque des Etats de l’Afrique Centrale (BEAC), et depuis les réformes et la libéralisation
financière des années 90, la BEAC utilise des instruments indirects1 pour réguler la liquidité
dans la Communauté Economique et Monétaire de l’Afrique Centrale (CEMAC), afin de
maintenir un niveau d’inflation de 3% pour la zone. La BEAC accorde ainsi peu d’importance
à la stabilité de l’activité économique contrairement à d’autres Banques Centrales telles que la
Federal Reserve2(FED) qui poursuit un double objectif : stabilité des prix et croissance
économique.
L’objectif de cette étude est donc de déterminer un seuil d’inflation optimal qui tient compte
des caractéristiques intrinsèques des pays membres de la CEMAC, afin de mettre en évidence
une éventuelle relation non-linéaire de l’inflation sur l’activité économique, et partant,
identifier l’effet de la politique monétaire sur l’activité économique conditionnellement à ce
seuil d’inflation optimal. Afin que la BEAC tienne compte de la stabilité de l’activité
économique dans ses missions.
Grâce à l’usage d’un modèle non dynamique à données de panel, la procédure itérative de
détermination des seuils endogènes initialement développée par Hansen (1996, 1999, 2000),
nous a ainsi permis d’identifier un seuil d’inflation optimal de 6% en CEMAC, qui rend la
relation inflation-croissance non-linéaire. Autrement dit, en dessous de ce seuil, l’inflation a
un impact positif sur l’activité économique et donc, toute politique monétaire générant de
l’inflation sera susceptible d’améliorer l’activité économique. Au-delà de ce seuil, c’est
l’inverse qui se produit.
Une telle étude ne ferait sans doute pas l’unanimité et se prête certainement à des
améliorations notamment méthodologiques, par exemple par l’utilisation d’une approche
dynamique (Drukker et al, 2005) ou alors par l’usage d’un modèle de panel à seuil à transition
lisse encore appelé Panel Smooth Treshold Regression (PSTR3).
Mots clés : Banque Centrale, Monnaie, Inflation, Croissance, panel, effets de seuils.
1 Taux d’intérêts, réserves obligatoires
2 Banque Centrale Américaine
3 Voire González et al. (2005)
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Introduction
La politique monétaire est un ensemble de mesures destinées à agir sur les conditions du
financement de l’économie. Ces mesures sont généralement prises par les autorités
monétaires, et notamment la Banque Centrale, afin de faire varier (injecter ou ponctionner) la
quantité de monnaie présente dans l'économie, pouvant ainsi agir sur un ensemble de
grandeurs macroéconomiques tels que la production, l'investissement, la consommation,
l'inflation, et même la valeur de la devise nationale. En effet, Jusqu'à la fin des années 1970,
la politique monétaire a été très généralement utilisée comme un instrument de régulation
conjoncturelle, elle participait donc à « la relance » économique quand c'était nécessaire, et à
« la rigueur » dans le cas contraire. Depuis le début des années 1980, les Banques Centrales
ont de plus en plus souvent obtenu leur indépendance et ont mené des politiques monétaires
d'inspiration libérale, visant pour l'essentiel à maintenir une stabilité des prix.
En effet, l’objectif de la politique monétaire dépend des courants de pensées. Il y a sur ce
point deux conceptions qui s'affrontent :
� Pour les uns, dont les keynésiens, la politique monétaire peut être utilisée dans un
objectif de régulation conjoncturelle macro-économique, c'est-à -dire qu'elle peut agir
sur la production et l'emploi. Ainsi, par exemple, quand le chômage est élevé du fait
d'une insuffisance de la demande, on doit abaisser le taux d'intérêt4 de manière
à stimuler la demande (les ménages vont plus emprunter, par exemple pour se loger et
satisfaire certains besoins, puisque cela coûtera moins cher, et les entreprises feront la
même chose pour financer leurs achats de biens d'équipement ; dans les deux cas, cela
contribue à augmenter la demande, et donc la production et l'emploi).
� Pour les autres, les monétaristes par exemple, la politique monétaire ne peut avoir
qu'un objectif, c'est celui de la stabilité des prix : pour ce courant d'analyse libéral,
l'inflation a des causes uniquement monétaires (on crée trop de monnaie) et la
politique monétaire doit donc seulement limiter strictement la création monétaire pour
qu'elle ne génère pas d'inflation structurelle.
4 Cette baisse des taux baisse le coût de refinancement des Banques, et donc entraine une augmentation de la
masse monétaire. Cette baisse sera répercutée sur le taux d’intérêts appliqué par ces banques.
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Au sein de la Communauté Economique et Monétaire de l’Afrique Centrale (CEMAC), la
politique monétaire est gérée par un institut d’émission à savoir la Banque des Etats de
l’Afrique Centrale (BEAC) et l’article 1er de ses statuts prescrit que l’objectif prioritaire de la
politique monétaire est d’assurer la stabilité monétaire c'est-à-dire implicitement : maintenir,
d’une part un taux de couverture extérieur de la monnaie (au moins 20% des engagements
extérieurs à vue doivent être couverts par les avoirs extérieurs disponibles), et d’autre part une
faible progression du niveau général des prix (la norme communautaire est de 3% en
moyenne par an dans le cadre du dispositif de surveillance multilatérale). Il apparait donc
que, depuis la réforme5 de la politique monétaire des années 90, les politiques monétaristes
sont privilégiées par la BEAC au détriment des politiques keynésiennes alors que, la question
des liaisons existant entre inflation et croissance économique revêt un intérêt particulier
depuis la courbe de Phillips (1958). Cette courbe rend en effet compte de l’arbitrage existant
entre inflation et chômage : en effet, la courbe de Phillips suggère que, par le biais d’une
politique monétaire expansionniste6 il est possible d’obtenir un supplément de croissance
économique devant se traduire par une baisse du chômage. Ainsi, la hausse du taux d’inflation
résultant de cette politique expansionniste, serait le prix à payer pour obtenir la croissance
économique.
L’amélioration de la croissance économique est un sujet très préoccupant dans la CEMAC
car, d’après les objectifs du millénaire pour le développement (ODM), les pays Africains
auraient besoin d’un taux de croissance du PIB réel de l’ordre de 7% par an afin de diminuer
de moitié la pauvreté d’ici 2015. L’objectif de croissance est encore d’autant plus préoccupant
dans la CEMAC car le pétrole est l’un des principaux leviers de cette, et sa part dans les
exportations est de plus en plus croissante dans le temps comme l’illustre le Graphique 1 ci-
dessous qui présente la structure des exportations de matières premières dans la CEMAC. En
effet, à la fin des années 80, le pétrole représentait environ 50% des exportations en CEMAC,
à la fin des années 90 cette valeur est passée aux alentours de 65%, vingt ans après, le pétrole
représente plus de 80% des exportations des pays de la CEMAC. Tandis que la part des autres
produits (bois, cacao, café) est en parfaite diminution dans les exportations.
5 Voire Kamgna (2009)
6 Politique consistant à une augmentation de la masse monétaire.
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Graphique 1 : Structure des exportations dans la CEMAC
Source : Auteurs, à partir des données de la BEAC et des administrations nationales
Cette forte extraversion et dépendance aux produits de base dont les prix varient
régulièrement sur les marchés internationaux de matières premières, contribue de manière
significative à l’instabilité de la croissance dans la zone. Il s’avère donc judicieux d’explorer
d’autres voies susceptibles d’améliorer la croissance.
L’une des voies possibles est d’utiliser la politique monétaire. Dans la zone Euro, certaines
études de l’INSEE7 tendent d’ailleurs à montrer pour la France que, le taux de croissance
augmente de 0,3 point au bout d’un an à la suite d’une baisse des taux directeurs de 1 point
(ce qui traduit l’efficacité d’une politique monétaire expansionniste et donc susceptible de
générer de l’inflation). A l’exemple des taux d’intérêt, les instruments de politique monétaire
peuvent donc avoir une importance dans les fluctuations économiques. Il paraît donc légitime
de vouloir utiliser la politique monétaire pour favoriser une croissance timide. Mais il ne faut
pas se tromper, car les problèmes économiques que connaît la CEMAC ne pourraient pas être
résolus uniquement par une politique monétaire moins restrictive8, plusieurs problèmes
structurels subsistent dans cette zone qui nécessitent une diversification significative des
7 Institut National de la Statistique et des Etudes Economiques (France)
8 Une combinaison efficace (policy mix) d’une politique monétaire réactive aux chocs et aux variations de
l’activité économique et de politiques budgétaires coordonnées (voire d’un réel fédéralisme budgétaire)
pourrait s’avérer un atout majeur.
0%
10%
20%
30%
40%
50%
60%
70%
80%
90%
100%
87-88 89-92 93-96 97-00 01-04 05-07
Divers
Bétail
Méthanol et autres gaz
Uranuim
Manganèse
Sucre
Rondins d'eucalyptus
Produits pétroliers
Tabac
Diamants
Banane
Caoutchouc
Aluminuim
Bois
Coton
Café
Cacao
Pétrole
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économies (Kamgna 2007, 2009). Néanmoins, plusieurs études tendent aussi à démonter
qu’un taux d’inflation beaucoup plus élevé que celui retenu dans le cadre de la surveillance
multilatérale, peut constituer un véritable moteur pour la croissance économique, et à ce titre,
Khan et Senhadji (2001) démontrent que le niveau d’inflation acceptable est de l’ordre de 1%
à 3% pour les pays développés et de 11% à 12% pour les pays en développement.
Certes, il est généralement admis qu’un taux d’inflation trop élevé doit être combattu
vigoureusement dans la mesure où il constitue un véritable impôt surtout pour les plus
pauvres, mais face à cette situation il importe de s’interroger sur l’objectif de 3% d’inflation
retenu pour la surveillance multilatérale, la BEAC ne pourrait-elle pas retenir une cible
différente pour impulser la croissance économique? La poursuite constante de cette norme de
3% ne constitue-t-elle pas un frein à la croissance économique des pays membres de la zone?
Autrement dit, n’existe-t-il pas un taux d’inflation supérieur à 3% en dessous duquel toute
politique monétaire inflationniste a des effets positifs sur l’activité économique?
Ces questions mettent en lumière le caractère non linéaire de l’inflation sur l’activité
économique, c'est-à-dire la possibilité que l’inflation ait un impact différencié9 sur l’activité
économique conditionnellement à un seuil. Aussi, l’objectif de la présente étude est de mettre
en exergue une éventuelle relation non linéaire entre inflation et activité économique. Il s’agit
spécifiquement de vérifier l’impact de l’inflation sur l’activité économique en CEMAC, afin
de déterminer un seuil d’inflation optimal, en deçà duquel la relation entre inflation et activité
économique est positive10, et au delà duquel l’inflation ne permet plus d’améliorer la
croissance.
Pour ce faire la première section de cette étude présentera la politique monétaire de la BEAC
de sa conception à sa mise en œuvre, la deuxième section s’attèlera à présenter une brève
revue de la littérature au sujet de la relation inflation-croissance, la troisième section quant à
elle exposera le modèle qui permettra de déterminer un seuil d’inflation optimal pour la
CEMAC, et enfin dans la quatrième section nous discuterons des résultats obtenus ainsi que
des implications en terme de politiques économiques.
9 Ici, cet impact peut être positif nul ou négatif
10 Rendant possible un arbitrage entre inflation et croissance économique.
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1. Evolution de la politique monétaire de la BEAC
Il faut noter que, l’arrimage du franc CFA à l’Euro contraint la BEAC d’avoir une politique
monétaire similaire à la zone Euro ou simplement, la BEAC ne devrait pas mener une
politique de taux d’intérêt ou d’inflation durablement différente de celle menée par la Banque
Centrale Européenne11 (BCE), mais dans la réalité cela n’est pas toujours le cas.
Néanmoins, la politique monétaire de la BEAC a connue deux phases bien distinctes traduites
respectivement par l’usage d’instruments indirects puis directs.
1.1. La politique monétaire de la BEAC avant la réforme de 1990 :
usage des instruments directs
Entre les indépendances des années 1960 et la crise des années 1990, la politique monétaire
de la BEAC avait pour objectif prioritaire le développement économique de ses Etats
membres, et il n’y avait pas à cette époque d’objectif intermédiaire. Cet objectif peut être
justifié même si les textes de 1972 ne le précise pas, les principaux axes de ces textes
préconisaient toutefois un financement en faveur des secteurs dits privilégiés tels que : le
trésor national, les petites et moyennes entreprises, les unités de commercialisation agricole et
particuliers pour leur opérations de construction immobilières. Le développement semblait
donc passer par la création monétaire conformément aux différents plans élaborés par les
Etats.
Parmi les instruments utilisés durant cette période, on peut noter : les taux d’intérêts, les
plafonds de réescompte, les réserves obligatoires et le contrôle qualitatif et sélectif du crédit
1.1.1. Les taux d’intérêts
La politique des taux d’intérêts mise sur pieds à partir de 1972 visait à stimuler les
investissements on pouvait donc observer des taux d’intérêts relativement bas durant cette
période. La banque disposait des taux suivants:
� Taux des avances aux trésors nationaux, applicable aux avances directs consenties par
la BEAC aux trésors des Etats membres12.
11
Cela permettrait d’ailleurs d’éviter certains comportements spéculatifs et opportunistes de certains agents. 12
Articles 19B et 21 des statuts de 1972 de la BEAC.
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� Taux d’escompte privilégié (TEP), applicable aux secteurs jugés prioritaires par les
Etats.
� Taux d’escompte normal (TEN), appliqué à d’autres opérations.
� Taux de pénalité (TP), applicable aux banques en infraction et aux trésors nationaux
pour la partie des avances dépassant le plafond statutaire (20% du PIB).
Entre 1974 et 1990, le taux des avances aux trésors n’a été modifié qu’en janvier 1988, le TEP
en moyenne une fois tous les trois ans et le TEN en moyenne une fois tous les deux ans. On
peut dès lors observer que la politique des taux d’intérêt n’était pas privilégiée et n’était pas
beaucoup usitée.
1.1.2. Les plafonds de réescompte
Ils constituaient le principal instrument de gestion monétaire de la Banque au cours de cette
période, les plafonds globaux de réescompte fixaient, pour chaque Etat, le montant maximum
des concours à court et à moyen terme que l’Institut d’Emission pouvait consentir aux
banques. Ces plafonds faisaient l’objet d’une répartition administrative très détaillée13. Cette
répartition, très complexe, rendait la gestion des plafonds peu aisée.
On note une tendance haussière de ces plafonds ils sont ainsi passés, entre juin 1973 et juin
1987, de 59,9 à 443,6 milliards pour le court terme et de 15 à 286,3 milliards pour le moyen
terme.
1.1.3. Les réserves obligatoires
Conformément à l’article 25 de ses statuts de 1972, et sur décision du Conseil
d’Administration, la Banque peut imposer aux banques et établissements financiers, la
constitution de réserves obligatoires.
Afin de fixer dans la Zone d’Emission les disponibilités excédentaires des banques, les
autorités monétaires ont adopté un mécanisme de réserves rémunérées ou dépôts spéciaux,
dont peuvent bénéficier les banques qui n’ont pas d’engagements vis-à-vis de la Banque
Centrale. Le taux de rémunération de ces dépôts spéciaux était égal au taux d’escompte
normal de la BEAC, diminué d’un quart de point.
13
Par terme, par nature et par banque
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9
La politique des réserves obligatoire ne permettait donc pas de réguler la liquidité dans
l’économie mais se présentait plutôt pour certaines banques comme une sanction.
1.1.4. Le contrôle qualitatif et sélectif du crédit
Pour soutenir les secteurs et opérations jugés prioritaires14, la Banque Centrale pratiquait à
une grande échelle la politique sélective du crédit, en utilisant principalement trois
instruments : taux d’intérêt et marges bancaires, sélectivité des plafonds de réescompte,
limites individuels.
Jusqu’au milieu des années 80, le succès de ces politiques a bénéficié en partie d’un
environnement international favorable. C’est pourquoi, l’effondrement des cours mondiaux à
la fin des années 80 a contribué à la dégradation de la situation monétaire de la zone. La crise
des années 90 voit donc le jour dans un contexte de déséquilibres macroéconomiques de la
plupart des balances.
Au total, concernant les instruments de politique monétaire la politique des taux d’intérêt s’est
caractérisée par une trop grande rigidité par rapport à une conjoncture interne et externe très
fluctuante. La politique sélective de crédit n’a pas eu les effets escomptés; au contraire, elle a
introduit certaines distorsions au niveau de l’allocation des ressources et a engendré un
gaspillage de ressources monétaires dans le secteur public et parapublic, chez certains
entrepreneurs nationaux et les organismes de commercialisation agricole. En effet, l’on a été
amené à reconnaître que la technique des plafonds globaux était partielle, rigide et constituait
un facteur contraignant la concurrence interbancaire. Enfin, les réserves obligatoires n’étaient
pas utilisées à bon escient, la constitution des réserves se présentait comme un élément de
sanction15 des banques, alors qu’elles sont un instrument de régulation de la liquidité globale
de l’économie, particulièrement lorsque les établissements de crédit sont surliquides et " hors
banque ".
Face à cette situation, le Gouverneur a été amené à introduire des réformes dès le 16 octobre
1990 et lors du Conseil d’Administration du 20 mars 1991 à Malabo, la politique monétaire
de la BEAC a été révisée et modernisée pour une efficacité plus accrue.
14
Petites et moyennes entreprises nationales, campagnes agricoles, habitat social, organismes de
commercialisation agricoles, etc... 15
Au Gabon lors de l’exécution du plan de stabilisation de 1977-1979, le Comité Monétaire National avait
décidé d’astreindre, à titre de sanction, les banques ayant consenti des crédits au-delà des limites qui leur
avaient été fixées, à constituer auprès de la Banque Centrale des réserves obligatoires non rémunérées pour un
montant égal au dépassement constaté.
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1.2. La politique monétaire de la BEAC16 après la réforme introduite
en 1990 : usage des instruments indirects
Entrée en vigueur le 25 Juin 1999 lors de la conférence des Chefs d’Etats et de Gouvernement
de la CEMAC à Malabo, la Convention régissant l’Union Monétaire de l’Afrique Centrale
(UMAC) et les statuts de la BEAC, confèrent à l’Institut d’Emission commun, les pouvoirs de
formulation et de mise en œuvre de la politique monétaire.
Selon l’article 1er de ses statuts : « l’objectif de la BEAC est de garantir la stabilité de la
monnaie. Sans préjudice de cet objectif, la BEAC apporte son soutien aux politiques
économiques générales élaborées dans les Etats membres de l’Union monétaire ». En effet,
l’objectif de stabilité monétaire signifie spécifiquement : un taux d’inflation faible (la norme
communautaire étant fixée à 3% maximum), et un taux de couverture extérieur de la monnaie
suffisant (le seuil statutaire minimale étant de 20%). Il faut tout de même noter que, pour
formuler son diagnostic et décider de l’orientation monétaire à mener, la BEAC se réfère à
une large gamme d’indicateurs économiques et financiers concernant l’activité économique
(PIB), le taux de couverture extérieure minimale de la monnaie (balance des paiements) et de
la situation des finances publiques (TOFE). Le taux de couverture extérieur de la monnaie
constitue la variable centrale, la BEAC suit aussi étroitement l’évolution des agrégats
monétaires (taux de croissance de la masse monétaire et des crédits à l’économie). En effet, la
politique menée par la BEAC trouve ses racines dans la théorie quantitative de la monnaie,
ainsi après avoir fait des prévisions sur le taux de croissance et l’inflation attendue (compte
tenu des indicateurs su-cités), la BEAC détermine la quantité de monnaie à injecter dans
l’économie.
Pour atteindre ses objectifs, la BEAC dispose d’un ensemble d’instruments indirects depuis
l’instauration du marché monétaire le 1er Juillet 1994. Ainsi, à travers la politique de
refinancement la BEAC peut agir sur l’offre de monnaie centrale, et à travers l’imposition des
réserves obligatoires elle peut agir sur la demande de monnaie centrale.
16
Inspiré du rapport de la BEAC (2007)
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11
1.2.1. La politique de refinancement de la BEAC : une action sur l’offre
de monnaie centrale
En ce qui concerne la politique de refinancement, elle constitue le principal mode
d’intervention de la BEAC et est mise en œuvre sous forme d’avance sur titre. Elle revêt deux
formes :
� L’action par les quantités, ici la BEAC s’appui sur l’exercice de la programmation
monétaire, qui permet de réduire les incertitudes car la politique monétaire est le plus
souvent formulée sur la base d’un cadre macroéconomique prévisionnel. En effet, son
but est d’établir des prévisions annuelles et trimestrielles des agrégats monétaires et de
déterminer les objectifs de refinancement de la BEAC par pays. Elle est aussi censée
attirer l’attention des autorités des pays membres sur l’implication de leur choix de
politique économique.
� L’action par les taux d’intérêts. La BEAC peut injecter de la liquidité dans l’économie
en accordant des avances à un taux TIAO (Taux d’Intérêt des Appels d’Offres). C’est
le principal taux directeur de la BEAC et il est fixé par le CPM (Comité de Politique
Monétaire). Par ailleurs, la ponction de liquidité peut s’effectuer par le biais des appels
d’offres négatifs à un taux TISP17 (Taux d’Intérêt sur les Placements).
Depuis cette réforme, la gestion des taux d’intérêt est devenue beaucoup moins rigide on peut
d’ailleurs observer qu’entre 1990 et 1997, le Gouverneur a modifié 24 fois les taux
d’intervention de la BEAC, contre sept aménagements seulement par le Conseil
d’Administration en seize ans (1974-1990). Le principal taux directeur (TIAO) de la BEAC
(comme la plupart des taux d’ailleurs) a été modifié 19 fois entre Janvier 1996 et juillet 2009
enregistrant cependant une tendance baissière traduisant ainsi un assouplissement de la
politique monétaire.
17
La BEAC dispose des TISP à 7jours, 28jours et 84 jours.
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12
Graphique 2 : Evolution des taux de la BEAC en fonction des dates de modification.
Source : Auteurs à partir des données de la BEAC.
1.2.2. La politique des réserves obligatoires : une action sur la demande
de monnaie centrale
L’article 20 des statuts actuels de la BEAC stipule que le comité de politique monétaire
(CPM) peut prendre toutes les dispositions pour imposer aux établissements de crédits la
constitution des réserves obligatoires, afin de mener des actions visant à la stabilité et au
contrôle du système bancaire, financier, et des moyens de paiement.
Compte tenu, d’une part de l’hétérogénéité observé entre les pays de la CEMAC, et d’autre
part de la situation de liquidité très différenciée dans les Etats membres, le conseil
d’administration de la BEAC, a adopté en 2002 le principe de coefficients de réserves
obligatoires différenciés selon les pays et a classé ces pays en fonction de leur situation de
liquidité observée.
Aussi, depuis le 03 Mars 2006, les pays de la CEMAC ont été séparés de deux à trois groupes.
Par ailleurs, la BEAC a suspendu l’application des réserves obligatoires aux banques de RCA
depuis le 22 Mai 2003 compte tenu des difficultés rencontrées dans ce pays.
Au vue de la situation de forte liquidité observée dans la plupart des pays de la CEMAC, l’on
peut comprendre pourquoi les coefficients de réserves obligatoires enregistrent une tendance
haussière entrainant par là une diminution de leur rémunération, il serait néanmoins
intéressant de déterminer l’origine de cette surliquidité (Kamgna et Ndambendia, 2008).
0,00
2,00
4,00
6,00
8,00
10,00
12,00
19
94
08
.02
.96
06
.05
.96
29
.07
.96
23
.05
.97
14
.01
.00
06
.09
.01
18
.12
.02
18
.06
.03
02
.12
.03
03
.03
.06
01
.09
.06
13
.03
.07
23
.10
.08
T
a
u
x
Dates de modification
TIAO
TIPP
2011
13
Tableau 1 : Coefficients des réserves obligatoires selon les trois catégories.
Pays à situation de liquidité
QUELQUES
DATES
Abondante18 : Guinée
Equatoriale
Satisfaisante : Cameroun,
Congo, Gabon
Fragile : TCHAD Taux19
DAV 20 DAT21 DAV DAT DAV DAT
01/09/01
30/12/01
1,00 0,50 1,20
12/12/02
10/03/03
6,00 4,00 3,00 1,75 0,80
20/01/05
02/03/06
7,75 5,75 7,75 5,75 5,00 3,00 0,40
20/03/08
02/07/08
14,00 10,05 11,75 9,25 9,00 10,50 0,35
Source : Auteurs à partir des bulletins du marché monétaire.
1.3. Faisabilité d’un objectif de croissance économique à travers la
politique monétaire
La plupart des banques centrales du monde entier retiennent comme objectif prioritaire la
stabilité des prix, seules quelques rares seulement à l’instar de la FED22 (Banque Centrale
américaine) y ajoutent un objectif de croissance économique. Ainsi, lorsque l’inflation
menace de s’écarter de l’objectif ou de la zone-objectif annoncée, les banques centrales
utilisent leurs instruments de politique monétaire pour aligner l’inflation prévue sur la cible
identifiée. Mais, l’on est en droit de se demander quel est le niveau d’inflation
optimal permettant une croissance satisfaisante? L’objectif de 3% retenu en CEMAC est-il
compatible avec une croissance de long terme viable?
Naturellement la réponse à ces questions peut être assez embarrassante dans la mesure où
l’on a observé à certaines périodes des moments de croissance avec faible inflation, inflation
élevée sans croissance, et croissance avec inflation élevée. Cette dernière situation nous
intéresse particulièrement dans la mesure où la BEAC a opté pour la stabilité des prix, visant
ainsi une cible d’inflation de 3% au maximum. Si pour certains, cette cible (comme la plupart
18
Les banques du Congo appartiennent à ce groupe depuis le 03 Juillet 2008 suivant la décision
N° 02/CPM/2008 19
Taux de rémunération des réserves obligatoires 20
Coefficient des réserves applicable sur les dépôts à vue 21
Coefficient des réserves applicable sur les dépôts à terme 22
Federal Reserve
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14
des critères de convergence23 en CEMAC) se présente comme une copie de la cible de la zone
euro, pour d’autres, c’est un véritable gage de stabilité macroéconomique. Il convient
toutefois de noter que, la croissance en CEMAC est assez timide et dépend énormément des
phénomènes conjoncturels dont le principal est la variation des prix des matières premières.
Cependant, certaines études tendent à démontrer que les pays en développement
nécessiteraient un taux d’inflation très largement supérieur à 3% (Ghosh et Phillips, 1998 ;
Bruno et Easterly, 1998). On peut d’ailleurs observer dans certains pays en développement
que, les taux de croissance assez satisfaisants s’accompagnent d’inflation élevée. En Afrique
du sud par exemple, on est passé de 4,9% d’inflation en 2006 à 7,2% en 2007. Au Vietnam,
elle est en moyenne de 8%, dans les pays pétroliers du Golfe elle est de 10% en moyenne. Et
pourtant il s’agit de pays qui ont des taux de croissance intéressants et parfois à deux chiffres.
Au vue de ces analyses, il serait intéressant de rechercher le niveau d’inflation optimal en
CEMAC qui serait compatible avec une croissance de long terme viable. Un niveau
d’inflation qui prendrait en compte les caractéristiques intrinsèques des pays membres de la
zone. L’objectif ici étant de mesurer la faisabilité d’un objectif de croissance dans les
missions de la BEAC. Aussi, pour des pays dont la structure est peu diversifiée il parait utile
de rechercher d’autres voies d’amélioration de la croissance économique dans le but
d’atteindre les ODM.
Aussi, utiliser l’inflation pour améliorer la croissance, est un sujet qui a fait couler beaucoup
d’encre et de salive, il s’avère donc intéressant de parcourir brièvement la théorie à ce sujet.
2. Inflation-croissance : une brève revue de la littérature
L’étude de l’impact de la sphère monétaire (taux d’inflation) sur l’activité économique
remonte à Alban William Phillips (1958), qui constate une relation décroissante entre inflation
salariale (taux de croissance des salaires nominaux24) et le taux de chômage. Les keynésiens (R. Lipsey) réinterprètent la courbe de Phillips comme une relation entre
Inflation et Chômage. Ce mécanisme a été remis en cause par les adeptes du courant libéral :
Phelps (1967) et Friedman (1968), puis Sargent et Wallace (1975), qui montrèrent grâce à
l’introduction dans les modèles keynésiens des anticipations dites adaptatives, puis
rationnelles, l’absence d’arbitrage entre inflation et chômage. La réponse des nouveaux
23
Voire Avom et Gbetkom (2004) 24
En effet il y a de très forts liens entre progression des salaires nominaux et l’inflation (inflation par la
demande et inflation par les coûts).
2011
15
keynésiens fut de réhabiliter la courbe de Phillips en passant par l’hypothèse d’imparfaite
flexibilité des prix. Mais toutes ces études étaient basées sur une relation linéaire c'est-à-dire :
soit la relation inflation-croissance est positive, soit alors elle est négative.
D’autres auteurs ont renouvelé la réflexion sur cette relation et ont mis en évidence la non
linéarité de l’impact de l’inflation sur la croissance économique on peut citer Fisher (1993),
Sarel (1996), Ghosh et Phillips (1998), Bruno et Easterly (1998), en supposant par là qu’il
peut exister un niveau d’inflation au dessus duquel cette relation est négative, et en dessous
duquel la relation inflation-croissance est positive.
Sarel (1996) fait remarquer à partir d’un échantillon de pays développés et en développement
qu’en dessous du seuil de 8%, l’inflation a un impact positif sur la croissance économique et
négatif au-delà du seuil.
Faria et Carneiro (2001) en prenant le cas du Brésil dans un contexte d’inflation élevée,
concluent que, à long terme l’inflation n’a aucun effet sur l’activité, mais peut avoir des effets
dans le court terme (qui peuvent être négatif).
De même, Khan et Senhadji (2001) trouvent que le niveau d’inflation acceptable est de l’ordre
de 1% à 3% pour les pays développés et de 11 à 12% pour les pays en développement.
Drukker et al. (2005) ont mené une étude sur un vaste échantillon de 138 pays couvrant la
période 1950-2000. A partir de la technique de détection du niveau de seuil préconisée par
Hansen (1999) sur des modèles de panel dynamique, ils trouvent que l’inflation exerce un
effet non linéaire sur la croissance économique. Les résultats et les tests indiquent qu’au-delà
du niveau seuil d’inflation de 19,6%, toute augmentation de l’inflation réduit la croissance
économique. Pour ce qui concerne les pays développés, ils trouvent deux seuils (2,57% et
12,61%).
Nous pouvons dès lors résumer l’historique de cette littérature ainsi que les méthodologies
utilisées dans le tableau suivant :
2011
16
Tableau 2 : Evolution de quelques études sur la relation inflation-croissance.
Auteurs
Echantillon
Méthodologie
Résultats
Phillips (1958)
Royaume-Uni pour la
sous-période 1861-1957.
Régression linéaire
Il découvre une relation inverse et séculaire entre
les variations en pourcentage des salaires
nominaux et taux de chômage. A l’équilibre on
obtient le NAWRU25 équivalent au taux de variation des salaires
nominaux pour la période étudiée par Phillips à
5,5 %. Traduisant l’idée qu’au delà d’un certain niveau de chômage, les salariés ne sont plus en position de force pour exiger une hausse des
salaires, et le partage des gains de productivité
s’effectue en faveur des entreprises
Lipsey (1960) Royaume-Uni pour la sous-période 1862-1957.
Après avoir établi l’évidence de la courbe
de Phillips, il construit un modèle théorique pour
mettre en évidence cette relation.
réinterprète la courbe de Phillips comme une relation inverse entre
inflation et chômage. En effet, d’après lui, le coefficient qui lie la
variation des prix à la variation des salaires est de
0,69. Samuelson et Solow
(1960) Etats unis sur la période
1933-1958 Ils utilisent une approche
analytique. Réinterprètent la courbe de
Phillips comme une « contrainte » d’inflation-
chômage à partir de laquelle
les pouvoirs publics doivent arbitrer entre leur
préférence26 pour la maîtrise des prix et le plein
emploi Phelps (1967) Données américaines
pour la période 1953-1964
Il maximise une fonction d’utilité sociale sous
contrainte de la courbe de Phillips dynamique. Il
postule que l’inflation (P) est une fonction du chômage (U) et de l’inflation anticipée
Pour lui, rechercher un bas taux de chômage dans le présent c’est rechercher une inflation sans limite dans le futur (inflation
galopante).
Friedman (1968) En prenant en compte Il conclut que, à long
25
Non accelerating wage rate of unemployment 26
Courbe d’indifférence
2011
17
l’hypothèse des anticipations adaptatives.
terme on obtient un taux de chômage naturel et le taux
de chômage est indépendant du taux
d’inflation. Pour Friedman, l’arbitrage Inflation-
chômage n’existe qu’à court terme. Ainsi, toute politique de relance ne
parvient finalement qu’à accroître l’inflation sans diminuer le chômage. A l’équilibre, on obtient le
NAIRU27 qui correspond à un taux de chômage
structurel qu’on ne peut réduire avec une politique de relance (conjoncturelle)
sous peine de relancer l’inflation sans réduire le
chômage voire même l’accroitre (Stagflation).
Sargent et Wallace (1975)
Ils utilisent un modèle à deux versions : une
version autorégressive, et une version qui prend en compte les anticipations rationnelles (inspiré par
Muth 1961).
Ces auteurs concluent qu’avec la prise en compte
des anticipations rationnelles, aucun
arbitrage entre chômage et inflation n’est possible.
Plusieurs autres études ont été développées à l’instar des nouveaux keynésiens qui ont redonné un souffle de vie à la courbe de Phillips, mais les études précédentes ne vérifient que l’aspect linéaire de la relation
entre inflation et activité économique ; les études qui suivront, tenteront d’évaluer une relation non linéaire entre ces deux variables.
Fisher (1983) Il mène une étude sur
53pays sur les périodes 1961-1973 et 1973-1981
Utilise un un simple modèle de maximisation
monétaire
Conclut que, un niveau élevé d’inflation est
généralement accompagné d’une croissance faible et de plus, en considérant
l’histoire de la courbe de Phillips il est peu probable d’avoir une relation unique
entre deux variables endogène (inflation et
croissance) Fischer (1993) Utilise 86 pays sur la
période 1961-1988. A travers un modèle de régression avec données
de panel.
Trouve que, la croissance est négativement associée à l’inflation, et le canal par lequel cela est possible, est
le suivant : l’inflation réduit la croissance en
réduisant les investissements et la productivité. Fischer
explique néanmoins que, dans certains cas, on peut noter qu’un faible niveau
27
Non accelerating inflation rate of unemployment
2011
18
d’inflation, associé à un bas niveau de déficit, n’est
pas toujours nécessaire pour une croissance
élevée. Et de même, un niveau élevé d’inflation
n’est pas compatible avec une croissance soutenue.
Sarel (1996) Avec 87 pays, durant la période 1970-1990
Utilise un modèle de régression avec données
de panel.
Arrive à la conclusion que, lorsque l'inflation est
basse, elle n'a aucun effet significatif sur la
croissance économique, et l'effet peut même être
légèrement positif. Mais quand l'inflation est élevée, il a un effet négatif sur la
croissance. Cet effet négatif est statistiquement
significatif, et très puissant. Il estime que le
point de rupture se produit quand le taux d'inflation annuel moyen est de 8%
Christoffersen et Doyle (1998)
Utilisent 22 pays de l’Europe du centre et de
l’ancienne union soviétique, sur la période
1990-1997.
A travers un modèle de régression à données de
panel.
L’une de leurs conclusions est que : l’inflation nuit à
l’activité économique seulement au dessus d’un
certain seuil estimé à 13%. Ghosh et phillips (1998) Utilisent dans leur
échantillon les pays membres du Fonds
Monétaire International, sur la période 1960-1996.
A travers un modèle en panel qui tient compte des spécifications non
linéaires
Ils arrivent à déterminer un taux d’inflation optimal au
delà duquel la relation entre inflation et
croissance change de signe, ce taux se situe entre
2 et 3%, ces auteurs trouvent également que l’inflation est l’un des
meilleurs déterminants de la croissance.
Bruno et easterly (1998) Mènent leur étude sur 31 pays pour la plupart en développement, sur la période 1960-1994.
Ils adoptent plutôt une approche non
paramétrique décrivant ainsi un pays en sévère crise d’inflation lorsque ce dernier a un niveau
d’inflation au-dessus de 40% et évaluent les
performances de ce pays avant, pendant, et après cette crise d’inflation.
Trouvent une relation négative au dessus de 40%
ils ne trouvent pas une relation consistante entre
inflation et croissance économique, mais constatent que la
croissance s’estompe rapidement en période de
forte hausse du taux d’inflation.
Khan et Senhadji (2001) Utilisent 140 pays, durant la période 1960-1998.
A travers un modèle de panel à seuil.
Ils trouvent des résultats différents selon que les
pays soient industrialisés ou pas, ils mettent en
exergue un taux situé entre 1 et 3% pour les pays
industrialisé et 11 et 12% pour les pays en développement.
2011
19
Faria et Carneiro (2001)
Ils prennent le cas du Brésil sur la période
1980-1995.
Pour la relation de long terme ils utilisent un vecteur autorégressif
bivarié, et pour la relation de court terme, ils
estiment un modèle de régression dynamique.
Ces auteurs aboutissent à la conclusion selon
laquelle, dans le long terme l’inflation n’a aucun
effet sur l’activité, mais peut avoir des effets dans
le court terme (qui peuvent être négatifs). Il faut noter
que ces résultats sont valables si le pays étudié
est dans un contexte d’inflation élevé.
Drukker et al (2005) Utilisent 138 pays sur la période 1950-2000
A travers un modèle de panel à seuil dynamique
Avec l’ensemble de l’échantillon, ils trouvent
un taux d’inflation optimal de 19,16%, mais pour les
pays industrialisés uniquement, ce taux se situerait entre 2,57% et
12,61%
Source : Auteurs
Il s’agira dans le cadre de notre étude d’estimer la relation entre inflation et croissance28 dans
le souci de déterminer un niveau d’inflation optimal au-delà duquel la croissance est
compromise par toute politique monétaire expansionniste, et en-dessous duquel cette politique
monétaire expansive favorise la croissance économique.
3. Effets de seuils de l’inflation : tests économétriques dans un modèle
de panel à seuil non dynamique
La mise en évidence de ce type d’effet non linéaire peut être rendu possible dans une union
monétaire grâce à un modèle de panel à seuil ou Panel Threshold Regression (PTR29)
développé initialement par Bruce Hansen (1996, 1999). Les modèles à seuil ont été introduits
par Tong et Lim en 1980 (voir aussi Tong, 1990). En effet, dans les modèles de panel à seuil
non dynamique par opposition à ceux qui font intervenir des variables endogènes retardées
(dynamique), le seuil peut être déterminé de façon exogène (Tsay, 1989) ou de façon
endogène (Hansen, 1996). Une comparaison des deux méthodes se trouve dans l’article de M.
Ben Salem et C. Perraudin (2001).
28
Puisse que la croissance et l’inflation sont des variables endogènes pouvant avoir chacune un effet sur l’autre
la croissance sera la variable à expliquer par l’inflation, contrairement à la formulation de la courbe de phillips
des nouveaux keynésiens (NKPC) de Gali et Gertler (1999) où c’est l’inverse. 29
Ici la transition d’un régime à un autre est brutale, mais on a également des modèles à seuil dont la transition
est lisse, on parle dans ce cas de Panel Smooth Threshold Regression(PSTR) : voire Gonzáles et al. (2005), ou
Colletaz et Hurlin (2006).
2011
20
3.1. Le modèle
Aussi, se reférant à Drukker et al. (2005), nous utiliserons ainsi la modélisation des seuils
endogènes initialement développée par Hansen (1996) qui consiste à estimer la relation
suivante :
������ = � + �� + ���∗ ∗ ����� ≤ �� + ����∗ ∗ ����� > �� + ��� �1�
La variable à expliquer est le logarithme de l’évolution30 du PIB et X représente un vecteur de
variables de contrôles.
γγγγ est le seuil commun à tous les pays
Dans l’équation (1) ��. � est une fonction indicatrice qui prend la valeur 1 si la
condition entre parenthèse est respectée et 0 sinon.
La spécification met en exergue deux régimes : un premier régime pour lequel l’inflation est
inférieur au seuil � et ce régime est dit normal ; et un deuxième régime pour lequel l’inflation
est supérieur au seuil �, ce régime est dit critique.
En effet l’impact de l’inflation sur l’activité est supposé positif en régime normal ( > 0�
traduisant ainsi un effet keynésien. De même, en régime critique, l’impact de l’inflation sur
l’activité est supposé négatif (� < 0� traduisant un effet monétariste. Il n’est donc pas
superflu de rappeler qu’en régime keynésien, une politique monétaire expansionniste a des
effets positifs sur l’activité tandis que dans un régime monétariste l’effet est inverse.
Notre équation peut donc se réécrire comme suit :
������ = � + �� + ���∗ + ��� � ��� ≤ � (2)
������ = � + �� + ����∗ + ��� � ��� > � �3�
L’indice i (i=1…N) est relatif aux individus représentés ici par les pays de la CEMAC, et
l’indice t (t=1…T) représente la période d’observation. Par � on désigne les effets
spécifiques pays que l’on considère comme des effets fixes, cette hypothèse restrictive
signifie que toute l’hétérogénéité inobservable entre les pays est de caractère additif. ��� est
30
Ce choix est justifié en annexe.
2011
21
un bruit blanc indépendamment et identiquement distribué de moyenne nulle et de variance
constante.
Les variables explicatives
��� mesure le taux annuel d’inflation (capté ici par l’indice de prix à la consommation) du
pays i à la date t et pour éviter de biaiser les résultats par les observation extrêmes ou
négatives d’inflation, nous utiliserons une approche semi-log préconisée par Khan et Senhadji
(2001) et Drukker et al. (2005). On aura donc :
���∗ = ���� − 1 � ��� ≤ 1 ln����� � ��� > 1" (4)
Le vecteur � contient plusieurs variables de politique économique ( t_invest ; t_pop ; rupt ;
t_ouv ; dep; t_te) avec :
t_invest : le taux d’investissement (en logarithme) ;
l_open : le logarithme du taux d’ouverture ;
t_pop : le taux de croissance de la population ;
rupt : une dummy, caractérisant la dévaluation de 1994 ;
dep: la consommation publique (en pourcentage du PIB) ;
t_te: le taux de croissance du terme de l’échange ;
L’estimation de ce modèle se fait en plusieurs étapes dans un premier temps il s’agira de
déterminer le seuil optimal, puis dans un second de tester la linéarité du processus et enfin de
donner un intervalle de confiance du seuil.
i. Détermination du seuil optimal
La première étape consiste à déterminer la valeur optimale du seuil �. Hansen (1996, 1999)
propose pour cela tout d’abord d’enlever les effets fixes individuels. L’objectif étant
d’éliminer les différences permanentes qui existent entre les individus sur la période et qui
pourraient biaiser l’estimation. L’élimination des effets individuels qui sont des paramètres
2011
22
déterministes, consiste à ôter les moyennes individuelles spécifiques. Cette étape est standard
dans les modèles linéaires (transformation within) cependant elle nécessite un traitement plus
prudent dans le contexte des modèles à seuil. Cette nouvelle difficulté vient du fait que les
effets individuels dépendent du seuil et doivent donc être recalculés à chaque itération de
recherche de ce dernier. Autrement dit, nous allons retrancher à chaque variable la moyenne
selon l’individu :
����#�$ = ��% + �#�& ∗ �� ��� ≤ �� + � �#�& ∗ �� ��� > �� + ��̃� (5)
Avec :
����#�$ = ������ − ����#(((((((( )* ����#(((((((( = +, ∑ ������,�.+ (6)
�% = ��� − �#/ )* �#/ = +, ∑ ���,�.+ (7)
�#�& ��� = ������ − �#/ ��� )* �#/ ��� = +, ∑ ������,�.+ (8)
��̃� = ��� − �#/ )* �#/ = +, ∑ ���,�.+ (9)
Après avoir éliminé les effets fixes, il convient de déterminer le niveau de seuil optimal �0 .
Pour cela, il convient d’estimer par les moindres carrés ordinaires l’équation (1) et ce, pour
toutes les valeurs possibles de γ. Puis, déterminer le vecteur de résidu �̂��� ainsi que la
somme des carrées des résidus S1.
2+��� = 3�̂���4′3�̂���4 (10)
Chan (1993) et Hansen (1999) recommandent de minimiser la somme des carrés des résidus
concentrés à l’aide des moindres carrés. Le seuil optimal sera donc celui qui minimisera la
somme des carrés des résidus tel que :
�5 = argmin; 2+��� (11)
Une fois �5 obtenu, nous pouvons déterminer les coefficients de pente ainsi que le vecteur des
résidus qui permettra de calculer la variance résiduelle <5=:
<5= = +?�,@+� 3�̂���4′3�̂���4 = +
?�,@+� 2+��5� (12)
2011
23
Pour le seuil et la variance ainsi déterminés, nous pouvons procéder au test de linéarité du
processus.
ii. Test de linéarité et intervalle de confiance du seuil
La deuxième étape consiste à tester l’hypothèse de linéarité contre celle de non linéarité à
savoir :
AB: = � A+: ≠ �
La statistique utilisée par Hansen est :
D+ = EFGEHI0J (13)
Où 2B représente la somme des carrés des résidus sous AB et 2+ la somme des carrés des
résidus sousA+.
Cette statistique de test est certes classique dans la littérature économétrique, mais elle ne suit
pas en revanche une distribution standard ; et les valeurs critiques correspondantes au Chi-
deux ne sont plus appropriées. En effet, le seuil n’est pas identifiable sous l’hypothèse nulle,
cette difficulté est appelée dans la littérature « problème de Davies » (voir Davies 1977,
1987). Ce problème peut toutefois se résoudre en se rapportant à la méthodologie de Hansen
(1996). Il suffit de simuler par bootstrap la distribution asymptotique du test de ratio de
vraisemblance afin de déterminer la p-value de la statistique. Etant donné la forme des
données de panel, la procédure des simulations est la suivante :
� Traiter les regresseurs (les variables explicatives) comme données, ainsi que la
variable de saut ��� , et tenir leur valeur fixée lors des simulations répétées de
bootstrap.
� Reprendre les résidus ��̂� les classer par individus ��̂ = ���̂+, ��̂=, … , ��̂,� et traiter
l’échantillon �+̂, �=̂, … , �?̂ comme la distribution empirique à utiliser pour le bootstrap.
� Tirer avec remplacement un échantillon de taille n de la distribution empirique, et
utiliser ces erreurs pour créer un échantillon de bootstrap sous AB .
� Avec l’échantillon de bootstrap, estimer le modèle sous AB et A+ puis calculer la
valeur de D+ (14).
2011
24
� Répéter cette procédure un grand nombre de fois puis calculer le pourcentage de tirage
pour lesquels la statistique simulée, dépasse la statistique estimée D+ . Ce procédé
donne la p-value de D+ sous AB.
Néanmoins, on peut générer cette p-value en utilisant une fonction de distribution (Hansen
2000) :
M − N�OP) = 1 − 31 − exp T− += D+U4 (14)
La règle de décision est la suivante : si la p-value de D+ est plus petite que la valeur critique
retenue (1%, 5% ou 10%), alors, on rejette l’hypothèse nulle de linéarité.
Hansen (1999) propose ensuite de construire un intervalle de confiance sur la base du ratio de
maximum de vraisemblance calculé pour tout � afin d’établir un intervalle de "non-rejet" de
la significativité du seuil :
VW+��� = EH�;�@EH�;0�I0J (15)
Cette statistique est différente de la précédente (14) car ici, pour VW+��B� on teste l’hypothèse
AB: � = �B , avec �B la vraie valeur de � . De même, pour la valeur du seuil endogène
identifié �5 , le ratio du maximum de vraisemblance VW+��5� est égal à zéro et tend vers une
variable aléatoire X dont la fonction de distribution est :
��X ≤ Y� = �1 − )@ZJ�² (16)
L’inversion de cette distribution permet de dériver l’expression :
[�\� = −2 log�1 − √1 − \� (17)
Cette expression est nécessaire pour construire l’intervalle de confiance qui correspond pour
tout risque de \% à toutes valeurs de � tel que :
VW+��� ≤ [�\� (18)
3.2. Les données
Le panel est constitué des six pays de la CEMAC à savoir : Cameroun, Congo, Gabon, Guinée
Equatoriale, République Centrafricaine, et Tchad durant la période 1987-2008, car l’année
1985 marque la date d’entrée de la Guinée Equatoriale en CEMAC et certaines données ne
2011
25
sont disponibles qu’à partir de 1987. Aussi, la quasi-totalité des données a été recueillie à la
direction des études de la Banque des Etats de l’Afrique Centrale (BEAC), seul le taux de
croissance de la population provient de la base de données de la Banque Mondiale (World
Development Indicator 2009).
4. Résultats et implications
Les résultats des tests sur les effets de seuils, confirment l’existence d’une relation non
linéaire entre l’activité économique et l’inflation, en effet, l’on peut observer sur le Graphique
3 ci-dessous que le seuil d’inflation qui minimise la somme des carrés des résidus est de
l’ordre de 6%.
Graphique 3 : Evolution des sommes des carrés des résidus en fonction des niveaux
d’inflation
Comme le confirme le tableau 3 ci-dessous, il s’agit d’un niveau d’inflation au delà duquel
l’inflation aurait un impact négatif sur l’activité économique, et en dessous duquel cet impact
serait positif.
2011
26
Tableau 3 : Impact de l’inflation sur l’activité économique
Variable à expliquer : logarithme de l’évolution du PIB (gpib)
Seuil d’inflation et intervalle à
5%
Estimation 1
6%
[5,7 ; 6,8]
Estimation 2
6%
[5,7 ; 6,8]
t_invest 0,04 -0,43*
l_pen 0,17 0,91**
t_pop 1,08*** 0,62
dep -5,25*** -5,41***
t_te 0,004 -0,17
rupt 0,77*** 0,69***
���∗ �inf) 0,1*** 0,04**
���∗ �sup) -0,36*** -0,21***
Test de Wald ab: c = d F1=17,23 F1=11,35
P-value=0,000 P-value=0,0008
Estimation1 : avec correction de l’hétéroscédasticité
Estimation2 : avec élimination d’effets fixes
Nombre de simulations bootstrap : 1000
Significativité : 1%(***), 5%(**), 10%(*)
Aussi, pour les trois seuils de significativité retenus, le test de linéarité abouti au rejet de
l’hypothèse nulle autrement dit, la p-value de la statistique de Wald étant inférieur aux
différents seuils (0,01 ; 0,05 ; 0,1), l’on peut conclure avec 1% de chance de se tromper que :
la relation entre inflation et activité économique est non linéaire en zone CEMAC.
De plus, on peut constater que la dévaluation de 1994 a eu un impact significatif et positif sur
l’activité économique car les coefficients de la variable rupt sont tous positifs et significatifs.
Cette politique de 1994 a d’ailleurs permis aux différents Etats de renouer avec la croissance
économique et certains équilibres macroéconomiques.
Au vu des caractéristiques intrinsèques des pays de la zone, il importe donc de noter que le
caractère non-linéaire de la relation inflation-activité économique implique que, toute
politique monétaire de la Banque Centrale susceptible de générer de l’inflation aura un impact
positif sur l’activité tant que le niveau d’inflation demeure en dessous du seuil de 6%. Ainsi,
2011
27
les contraintes de surveillance multilatérale peuvent être relâchées, et au vu de l’objectif
d’inflation retenu par la BEAC (3% maximum) l’on peut observer qu’il ya une marge de
manœuvre inutilisée qui serait de nature à rendre la politique monétaire inefficace impliquant
ainsi un aplatissement de la demande.
En effet, une création monétaire supplémentaire peut augmenter le financement de l’économie
à travers la création de projets structurants réputés pour leur capacité à générer de l’inflation.
Ainsi, étant en change fixe, les tensions inflationnistes pourront être résorbées à moyen long
terme. Pour cela il faudrait que les banques commerciales puissent jouer leur rôle de manière
efficace en dépit de la situation de surliquidité31 qui les caractérise. Aussi, le canal du crédit
étant le seul32 plausible en CEMAC, la banque centrale peut agir sur les réserves ou les
volumes de refinancement et encourager un approfondissement du système et des instruments
financiers33 (emprunts obligataires, bons de trésorerie).
31
Cette surliquidité est en grande partie générée par des opérations hors bilan. 32
En CEMAC, compte tenu de la quasi-inexistence de la finance directe, le canal du taux d’intérêt et du crédit,
semblent être les plus opérationnels. Artus (2003) explique à travers un modèle théorique pourquoi la
politique monétaire ne réagit pas aux prix d’actifs, de plus, vu la situation « hors banque » des établissements
de crédit dans la zone CEMAC, il serait difficile qu’une politique monétaire restrictive, ait un impact significatif
assez important sur les taux d’intérêts puisque ces établissements ne se refinancent presque pas auprès de la
BEAC et de plus, le taux du marché monétaire en CEMAC a tendance à être plus bas que le taux directeur de le
banque centrale. Le canal du crédit est donc considéré ici comme le plus important. 33
Afin d’absorber la liquidité des banques.
2011
28
Conclusion
Depuis les réformes des années 90, la politique monétaire de la BEAC met l’accent sur
l’usage d’instruments indirects tels que les taux d’intérêts et les réserves obligatoires, pour
atteindre son objectif de stabilité monétaire. On peut donc s’interroger sur l’efficacité de telles
mesures quant aux normes retenues par la CEMAC dans le cadre de la surveillance
multilatérale, notamment celle concernant le niveau maximal d’inflation de 3%. La présente
étude avait donc pour objectif de jeter un regard critique sur la capacité d’une telle norme à
favoriser une croissance soutenable et viable dans la zone CEMAC, compte tenu de la faible
diversification des économies de ses pays membres.
La méthodologie de détermination des seuils endogènes de Hansen (1996, 1999, 2000), nous
a ainsi permis de trouver un seuil d’inflation optimal de 6% pour la zone. En effet, à partir de
ce seuil, la relation entre inflation et activité économique est non linéaire. Autrement dit, au
delà de ce seuil, toute politique inflationniste34 aura des effets restrictifs sur l’activité
économique. La portée d’une telle étude est d’apporter un outil d’analyse supplémentaire à la
BEAC, afin de tenir davantage compte dans ses missions de l’évolution de l’activité
économique.
Une telle étude ne ferait sans doute pas l’unanimité et se prête certainement à des
améliorations méthodologiques notamment, par l’utilisation d’une approche dynamique
(Drukker et al, 2005) ou alors par l’usage d’un modèle de panel à seuil à transition lisse
appelé Panel Smooth Treshold Regression (PSTR35)
Néanmoins, compte tenu de l’hétérogénéité observée dans la zone et de la situation de
surliquidité, il serait intéressant de rechercher pour les prochaines études, l’impact de la
politique monétaire unique sur chacun des pays. Cet impact serait-il symétrique ou
asymétrique ? Mieux encore, de combien peut varier l’activité économique et l’inflation de
chacun des pays de la CEMAC, suite à une variation de un point du taux d’intérêt directeur de
la BEAC.
34
Par exemple une baisse des taux d’intérêts. 35
Voire González et al. (2005) ou Minea et Villieu (2007)
2011
29
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2011
31
ANNEXES
Annexes 1: Justification de l’usage du logarithme du PIB et l’approche semi-logarithmique de l’inflation
Annexe 2 : Quelques grandeurs macroéconomiques
Annexe 3 : Programme implémenté sous R pour la détermination du seuil optimal
(20 000,0)
0,0
20 000,0
40 000,0
19
87
19
89
19
91
19
93
19
95
19
97
19
99
20
01
20
03
20
05
20
07
Graphique 3: PIB en niveau et
inflation
pib inflation
-20
0
20
40
Graphique 2: Taux de croissance du
PIB et inflation
gpib inflation
-20,0
0,0
20,0
40,0
19
87
19
89
19
91
19
93
19
95
19
97
19
99
20
01
20
03
20
05
20
07
Graphique 4: Logarithme du PIB et
inflation
inflation lnpib
-10,00,0
10,020,0
19
87
19
89
19
91
19
93
19
95
19
97
19
99
20
01
20
03
20
05
20
07
Graphique 5: Logarithme du PIB et
approche semi-logarithmique de
l'inflation
Lninflation lnpib
-10
0
10
20
30
40
19
87
19
89
19
91
19
93
19
95
19
97
19
99
20
01
20
03
20
05
20
07
Graphique 6: Investissement et
croissance
gpib invest Lninvest lnpib
0,0
5,0
10,0
15,0
19
87
19
89
19
91
19
93
19
95
19
97
19
99
20
01
20
03
20
05
20
07
Graphique 7: Dépenses et
croissance
lndep dep/pib lnpib
2011
32
f=function(infla,gpib,invest,open,pop,dep,te,rupt,inf)
{
#seuil=c(0.01,0.05,0.1)
resid=c()
v=c()
w=c()
alpha=seq(1,10,by=0.001)
i=1
while(i<=length(alpha))
{
for(j in 1:108)
{
v[j]=ifelse(alpha[i]<=inf[j],infla[j],0)
w[j]=ifelse(alpha[i]>inf[j],infla[j],0)
}
v
w
reg=lm(gpib~invest+open+pop+dep+te+rupt+v+w)
reg
resid[i]=sum((reg$resid)^2)
i=i+1
}
reg0=lm(gpib~invest+open+pop+dep+te+rupt+infla)
resid
mat=cbind(resid,alpha)
colnames(mat)=c("resid","alpha")
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mat
pt.resid0=sum((reg0$resid)^2)
pt.resid=min(mat[,1])
alpha.min=mat[which.min(mat[,1]),2]
sigma.carré=pt.resid/6*17
LR=(mat[,1]-pt.resid)/sigma.carré
#c.alpha=-2*log(1-sqrt(1-seuil))
F1=(pt.resid0+pt.resid)/sigma.carré
p.value=1-(1-exp(-0.5*F1))
list(residus=mat[,1],alpha=mat[,2],s1=pt.resid,sigma=sigma.carré,ratio=LR,p=p.value,F=F1,s0=pt.resid
0,opt.alpha=alpha.min)
}