EDITORIAL

G.A. MARCEL*

Editorial

Rev. Mdd. Interne, 1986; Sp6cial : 5-6.

L'6volution des relations entre Universit6 et Industrie pharmaceutique au cours des vingt derni~res ann6es peut ~tre consid6r6e comme une v6ritable mutation. Cette mutation tient/~ un faisceau de facteurs parmi lesquels deux dominent: l 'accroissement des exigences en mati6re d'enregistrement de m6dicaments, et le transfert de m6decins hospitalo-universitaires vers I industrie. Cette mutation porte en effet avant tout sur le << d6veloppement >> des m6di- caments, c'est-/l-dire sur tous les stades qui, de la cin6tique et de la toxicologie animale, en passant par les phases I, II et III des essais cli- niques, jusqu'~ la pharmacovigilance, font d 'une mol6cule issue de la recherche, un v6rita- ble m6dicament. La recherche appliqu6e en mati6re pharmaceutique a certes 6volu6 dans ses modalit6s, mais elle 6tait et demeure le fief de l'Industrie. Mais le << d6veloppement >>, du fait de l'intensit6 de ses probl~mes cliniques, 6tait avant tout, voici vingt ans, le fief de l 'H6pital et de l'Universit6. Le <<d6veloppe- ment >> est devenu la substance m6me du pont qui relie Industrie et Universit6. Champ perma- nent de communication bidirectionnelle du fait m6me des individus qui l 'assurent : ~ voir les noms des auteurs des diff6rents articles de ce num6ro, qui pourrait clairement assigner une 6tiquette << industriel >> ou << universitaire >> /l bien d'entre eux? On serait presque tent6

* Pr6sident du groupe biom6dical du SNIP; Directeur du d6veloppement sant6 ROUSSEL-UCLAF, 25 route de Noisy 93230 Romainville.

Tirds ~ part: G.A. Marcel, adresse ci-dessus.

d'6crire que le << d6veloppement >> est devenu une nouvelle sp6cialit6 m6dicale, au m6me titre que r O R L ou la gastro-ent6rologie. C'est une sp6cialit6 qui, comme les autres, n6cessite des ann6es d'apprentissage mais, et c'est peut-6tre ce qui assure le dynamisme de sa jeunesse, ne poss~de pas encore de structures de formation rigides. Le d6veloppement des m6dicaments est une science nouvelle, apparue au cours des vingt derni~res ann6es, et qui a constitu6 un v6ritable appel vers rindustrie de nombreux m6decins et pharmaciens du monde hospitalo- universitaire. Les. structures ont 6volu6 en cons6quence. Le Syndicat national de rindus- trie pharmaceutique a vu croitre l ' importance de sa commission des affaires scientifiques et techniques et, en son sein, du groupe biom6di- cal. Ainsi une cinquantaine de m6decins et pharmaciens, tous anciens hospitalo-universi- taires, se regroupent r6guli~rement en r6unions de travail de faqon/l assurer l'6volution de nos pratiques professionnelles. Il existe un groupe recherche, un groupe biotechnologies, un groupe pr6clinique concern6 essentiellement par la cin6tique et la toxicologie, un groupe cli- nique et un groupe pharmacovigilance. Ces groupes entretiennent des rapports privil6gi6s avec tous ceux qui sont concern6s par ces m~mes probl6mes: autorit6s de tutelle, INSERM, instances internationales, et de nom- breuses soci6t6s savantes. Ces 6changes entre le groupe biom6dical du SNIP et d'autres ins- tances sont, ~ roccasion formalis6s par des s6minaires off tous contribuent ~ l 'avancement des connaissances. Ce num6ro regroupe sous forme d'articles, les 616ments essentiels issus de tels s6minaires. Ils concernent plus particuli6- rement les bonnes pratiques cliniques et la pharmacovigilance. Ce sont l/l deux domaines off industrie, monde hospitalo-universitaire, mais 6galement pratique de ville tant m6dicale qu'officinale sont r6guli6rement confront6s.

Numdro spdcial Editorial 6

Les bonnes pratiques cliniques sont non seule- ment indispensables /l la qualit6 des essais cli- niques, mals 6galement h leur reconnaissance par les autorit6s tant nationales qu'6trang~res, et le suivi correct d 'un protocole contribue, aussi,/t positiver la balance commerciale fran- qaise ! Quant ~ la pharmacovigilance, elle est le souci constant de t ous ceux pour lesquels le m6dicament est une arme efficace contre la maladie, mais une arme ~ double tranchant. Une m6decine sans effets secondaires est concevable, mais nous savons tous qu'elle

serait inefficace. Le risque m6dicamenteux est le prix h payer pour obtenir une m6decine aussi efficace que possible. De nombreux moyens d6taill6s ici sont mis en ceuvre pour r6duire ce risque au minimum, mais l'exigence tyrannique de s6curit6 ne doit pas venir tarir le progr~s du d6veloppement pharmaceutique. C'est ainsi au carrefour d'incidences scientifi- ques, 6conomiques et de civilisation que se ren- contrent industriels et universitaires. C'est entre autres de la qualit6 des ponts entre leurs domaines que nait le m6dicament de demain.