Économie au travail

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Les preuves s’accumulent et montrent que les budgets spartiates et la réduction des dépenses publiques ne fonctionnent pas – pas même pour réduire les déficits. L’Europe a été précipité de nouveau en récession, entraînée par les pays où les réductions des dépenses avaient été les plus importantes, notamment la Grèce, l’Irlande, le Portugal, l’Espagne, l’Italie et le Royaume-Uni (R.-U.). Au lieu de réduire rapidement les déficits, les réductions massives des dépenses ont ralenti l’économie, augmenté le chômage, réduit les revenus et prolongé les déficits. En fait, le déficit du R.-U. est encore plus élevé cette année que l’année dernière parce que les revenus ont diminué. Bon nombre de ceux qui appuyaient les mesures d’austérité préconisées par le pre- mier ministre du R.-U., David Cameron, ont abandonné le navire. Une majorité d’éminents économistes qui s’étaient publiquement prononcés en faveur des mesures d’austérité budgétaire exhortent maintenant le gouvernement à ralentir le rythme des réductions et à augmenter les dépenses publiques pour relancer l’économie. Même la chambre de com- merce britannique presse maintenant le gouvernement de stimuler l’économie. Le chômage a doublé dans plusieurs pays. Il est de plus de 20 pour cent chez les jeunes dans tous les pays qui ont adopté des mesures d’austérité et il est supérieur à 50 pour cent en Espagne et en Grèce. Aux États-Unis, la situation pourrait devenir encore plus préoccupante. Même si les États-Unis étaient à l’épicentre de la crise financière, ils s’en sont mieux sortis que l’Europe parce que le gouvernement fédéral a continué de stimuler l’économie. N’empêche, étant donné que les mesures de relance temporaires viennent à échéance à la fin de l’année et que les Républicains préconisent d’importantes réductions des dépenses, il se peut bien que les États-Unis basculent dans une falaise fiscale qui pourrait replonger le pays en récession. La Banque du Canada estime que la croissance américaine pourrait être réduite jusqu’à 4 pour cent ce qui en- traînerait des répercussions négatives Suite à la dernière page À L’INTÉRIEUR 2 COUP D’œIL SUR L’ÉCONOMIE 3 ORIENTATIONS ÉCONOMIQUES VEDETTE EMPLOIS : LES AÎNÉS À VOTRE SERVICE 5 PORTRAIT GÉNÉRAL DE LA SITUATION : LE PRIX DES MAISONS DÉPASSE LA CROISSANCE DES SALAIRES 6 LA FAIBLESSE DES TAUX D’INTÉRÊT PERMET AUX GOUVERNEMENTS D’ÉPARGNER BEAUCOUP 7 QUI OBTIENT QUOI : LES GELS VONT METTRE EN VEILLEUSE LA CROISSANCE DES SALAIRES POUR TOUS INDICE DES PRIX À LA CONSOMMATION EN VEDETTE L’effondrement du marché immobilier pourrait plonger le Canada en récession pages 4 et 5 HORS DES SENTIERS BATTUS Qu’est-il advenu de la semaine de travail de 15 heures? page 8 L’ÉCONOMIE AU TRAVAIL AUTOMNE 2012 1 FINANCES PUBLIQUES RÉDUCTION DES DÉPENSES L’austérité ne fonctionne pas : l’Europe est en récession et les déficits sont en hausse

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L’économie au travail est publié sur une base trimestrielle par le Syndicat canadien de la fonction publique pour offrir aux travailleurs et à leurs représentants de l’information accessible, des analyses éloquentes des tendances économiques et des outils pour faciliter les négociations. Il remplace la publication antérieure du SCFP, Le climat économique pour les négociations.

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Les preuves s’accumulent et montrent que les budgets spartiates et la réduction des dépenses publiques ne fonctionnent pas – pas même pour réduire les déficits.

L’Europe a été précipité de nouveau en récession, entraînée par les pays où les réductions des dépenses avaient été les plus importantes, notamment la Grèce, l’Irlande, le Portugal, l’Espagne, l’Italie et le Royaume-Uni (R.-U.).

Au lieu de réduire rapidement les défi cits, les réductions massives des dépenses ont ralenti l’économie, augmenté le chômage, réduit les revenus et prolongé les déficits. En fait, le déficit du R.-U. est encore plus élevé cette année que l’année dernière parce que les revenus ont diminué.

Bon nombre de ceux qui appuyaient les mesures d’austérité préconisées par le pre-mier ministre du R.-U., David Cameron, ont abandonné le navire. Une majorité d’éminents économistes qui s’étaient publiquement prononcés en faveur des mesures d’austérité budgétaire exhortent maintenant le gouvernement à ralentir le rythme des réductions et à augmenter

les dépenses publiques pour relancer l’éco nomie. Même la chambre de com-merce britannique presse maintenant le gouver nement de stimuler l’écono mie. Le chômage a doublé dans plusieurs pays. Il est de plus de 20 pour cent chez les jeunes dans tous les pays qui ont adopté des mesures d’austérité et il est supérieur à 50 pour cent en Espagne et en Grèce.

Aux États-Unis, la situation pourrait devenir encore plus préoccupante. Même si les États-Unis étaient à l’épicentre de la crise financière, ils s’en sont mieux sortis que l’Europe parce que le gouvernement fédéral a continué de stimuler l’économie. N’empêche, étant donné que les mesures de relance temporaires viennent à échéance à la fin de l’année et que les Républi cains préconisent d’importantes réductions des dépenses, il se peut bien que les États-Unis basculent dans une falaise fiscale qui pourrait replonger le pays en récession. La Banque du Canada estime que la croissance américaine pourrait être réduite jusqu’à 4 pour cent ce qui en-traînerait des répercussions négatives

Suite à la dernière page

À l’intérieur

2 Coup d’œil sur l’éConomie

3 orientations éConomiques

Vedette emplois : les aînés à Votre serViCe

5 portrait général de la situation : le prix des maisons dépasse la CroissanCe des salaires

6 la faiblesse des taux d’intérêt permet aux gouVernements d’épargner beauCoup

7 qui obtient quoi : les gels Vont mettre en Veilleuse la CroissanCe des salaires pour tous

indiCe des prix à la Consommation

en Vedette L’effondrement du marché immobilier pourrait plonger

le Canada en récession pages 4 et 5

Hors des sentiers battusQu’est-il advenu de la semaine de travail de 15 heures? page 8

l’éConomie au traVail AUTOMNE 2012 1

FinanCes pubLiQues réduCtion des dépenses

L’austérité ne fonctionne pas : l’Europe est en récession et les déficits sont en hausse

Coup d’œiL sur L’éConomiE pLeins Feux sur Les réCentes études et déveLoppements éConomiQues

salaires l’avantage syndical

Une analyse menée par le Congrès du travail du Canada montre que le fait d’être syndiqué offre aux travailleurs en moyenne 5,11 $ de l’heure de plus comparativement aux travailleurs non syndiqués. Étant donné que le Canada a plus de 4,5 millions de travailleurs syndiqués, cela représente environ 793 millions de dollars de plus qui sont injectés dans les poches des travailleurs et dans les collectivités canadiennes chaque semaine. Les syndicats contri-buent aussi à accroître la productivité et favorisent l’égalité salariale en obte-nant des salaires supérieurs pour les emplois moins bien rémunérés et des salaires moins excessifs pour les PDG, ce qui améliore incidemment la situation économique des autres travailleurs.

serViCes de garde les services de garde publics font plus que leurs frais

Une étude réalisée par Pierre Fortin (le plus éminent économiste du Québec) et ses collaborateurs a démontré que le programme des garderies publiques à 7 $ par jour de la province fait plus que ses frais. En effet, chaque dollar public investi produit un rendement de 1,05 $ sous forme d’augmentation des revenus et de réduction des dépenses pour la province et génère une retombée fiscale

de 44 cents à Ottawa, ce qui représente des recettes totales de 1,49 $ pour les gouvernements fédéral et provincial. Ces avantages fiscaux immédiats s’ajoutent aux avantages économiques à court terme et aux importants avantages à long terme que des services de garde de qualité en-traînent sur le plan de l’éducation, de la vie sociale et de la santé.

budgets les pdg exhortent flaherty à réduire les salaires des moins bien rémunérés

Lors de la retraite prébudgétaire 2011 tenue sous les auspices du ministre des Finances Jim Flaherty dans une station thermale de la région d’Ottawa, ses invités de marque – presque tous des PDG – l’ont exhorté à réduire le salaire des travailleurs, en particulier celui des moins bien rémunérés, à mettre à pied des travailleurs du secteur public, à repousser l’âge de la retraite, à introduire des lois forçant le retour au travail, à pri-vatiser les services publics et à instaurer un système de santé à deux niveaux. Tout est écrit dans le procès-verbal de la réunion! Le budget de Flaherty de 2012 a en grande partie emprunté cette direc-tion pour ce qui est de réduire les salaires des travailleurs. Accueillant encore une fois cette année une liste exclusive de PDG, il accélèrera probablement la privatisation dans le budget de 2013.

embauCHe payer plus pour moins en boudant les promotions internes

Une étude réalisée par la réputée école d’admi nistration des affaires Wharton a révélé que lorsque les employeurs embauchent à l’externe, ils paient habituellement davantage pour obtenir moins que s’ils offrent des pro-motions à des travailleurs internes pour des emplois comparables. L’étude a révélé que les personnes embauchées à l’externe présentent un rendement considérable-ment inférieur lors de leurs deux pre-mières années d’emploi, mais ils sont rémunérés environ 20 pour cent de plus que les employés déjà à l’emploi.

éConomie drummond admet qu’il a eu tort

Dans une « confession » remarquable, Don Drummond, l’ancien économiste en chef de la Banque TD et chef de la Com-mission Drummond sur la réduction des coûts du gouvernement de l’Ontario, a admis que les politiques qu’il a défendues et mises en œuvre pendant des décennies – réduction de l’impôt sur le revenu des entreprises, déréglementation du déficit, libre-échange – n’avaient pas réussi à accroître la productivité économique et sont donc sans issue. Sans pour autant connaître les solutions, il croit qu’il faut surtout pointer du doigt le secteur privé. Malheureusement, le gouvernement de l’Ontario et d’autres administrations n’ont pas démontré un niveau de courage et de franchise comparable et s’entêtent plutôt dans cette direction.

L’économie au travail est publié sur une base trimestrielle par le syndicat canadien de la fonction publique pour offrir aux travailleurs et à leurs représentants de l’information accessible, des analyses éloquentes des tendances économiques et des outils pour faciliter les négociations. il remplace la publication antérieure du sCFp, Le climat économique pour les négociations.

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2 AUTOMNE 2012 l’éConomie au traVail

l’éConomie au traVail AUTOMNE 2012 3

Croissance La croissance économique est beaucoup plus lente que d’habitude pour une période de redressement économique économique. Freiné par les réductions dans les dépenses publiques, l’incertitude économique, les dettes

élevées des ménages et un demi billion de surplus d’encaisse des sociétés, le pib devrait s’accroître seulement d’environ deux pour cent cette année et la suivante. L’effondrement du marché immobilier pourrait faire déborder le vase et provoquer une récession.

emploi La croissance de l’emploi a ralenti au cours de l’été. étant donné que le nombre d’emplois s’accroît un peu plus rapidement que la population et la main-d’œuvre, le taux de chômage diminue très lentement.

inflation L’inflation a ralenti au cours de l’été. La moyenne annuelle s’établit actuellement à 1,9 pour cent. Les écono-mistes des banques prévoient qu’elle atteindra une moyenne de 1,7 pour cent cette année et augmentera lé-gèrement en 2013, mais le prix plus élevé de l’essence exercera une pression inflationniste supplémentaire.

salaires Les salaires ont augmenté d’une moyenne de deux pour cent dans les principales conventions collectives signées au cours de la première moitié de l’année, une hausse similaire à l’augmentation des salaires horaires moyens. Les hausses de salaires sont plus élevées dans le secteur privé que dans le secteur public. Les mesures de suppression des salaires dans le secteur public en C.-b. et en ontario exerceront une pression à la baisse sur le salaire moyen (plus à ce sujet à la page 7).

taux Les taux d’intérêt devraient demeurer extrêmement bas jusqu’à la fin de l’année prochaine, en particulier lesd’intérêt taux d’intérêt à court terme. Les taux à long terme augmenteront plus graduellement par rapport à leur niveau

plancher record actuel. La faible inflation et la lente croissance économique sont deux facteurs qui font en sorte que la banque du Canada a peu de raisons d’augmenter les taux d’intérêt dans l’avenir prévisible.

Au Canada cette année, la croissance de l’emploi a été médiocre jusqu’à maintenant. Elle a peiné à suivre la croissance de la population. Toutefois, sous la surface de ce lent mouvement de reprise, des change-ments démographiques capitaux boule-versent la population active.

En effet, on a constaté une augmen-tation extraordinaire du nombre d’aînés sur le marché du travail – une hausse de 69 pour cent au cours des cinq dernières années – ce qui est beaucoup plus rapide que la croissance de la population qui elle est de 17 pour cent. Parallèlement, on a ob-servé un déclin sans équivoque du nombre de jeunes occupant des emplois alors que leur population continue de s’accroître.

Les aînés ne choisissent pas nécessaire-ment de travailler après l’âge de 65 ans de plein gré. Une enquête menée par la CIBC a révélé que 59 pour cent des Canadiens à la retraite ont des dettes et que plus de la moitié des cinquantenaires prévoient travailler à leur retraite. Chez les 65 ans et plus, le taux de chômage a augmenté à un rythme plus rapide que dans tout au-

tre groupe. Il a presque doublé au cours des cinq dernières années. Les aînés occu-pent de plus en plus des emplois moins bien rémunérés, des emplois « de niveau d’entrée » que les jeunes travailleurs comblaient auparavant, un phénomène qui s’accroît plus rapidement dans deux des secteurs les moins bien rémunérés : la vente au détail et les services alimen-taires et d’hébergement.

Si l’on tient compte des régimes de pension inadéquats qui contraignent les travailleurs plus âgés à travailler plus long-temps, souvent dans des emplois moins bien rémunérés, les progrès que le Canada a réalisés au chapitre de la réduction de la pauvreté chez les personnes âgées risquent d’être renversés, en plus de priver une géné-ration de jeunes travailleurs des emplois qui leurs étaient normalement destinés.

Les gouvernements font bien peu pour régler la crise croissante du chômage chez les jeunes. Au contraire, bon nombre d’entre eux aggravent la situation en repous sant l’âge de la retraite et en ne bonifiant pas les régimes de pension

publics. L’Organisa tion internationale du Travail a invité les gouvernements à adopter des mesures de création d’emplois ciblées pour s’attaquer à la crise de l’emploi chez les jeunes, notamment en mettant en œuvre des programmes d’emploi publics et en favorisant la sécurité d’emploi.

orientations éConomiQues Coup d’œil sur les plus récentes tendances économiques

vedette empLois Fini l’âge d’or : les aînés à votre service

Source : Enquête sur la population active de Statistique Canada, Tableau Cansim 282-0087

Changements dans La main-d’œuvre par groupe d’âge 2007 à 2012 (janvier à août)

100 %

80 %

60 %

40 %

20 %

0 %

-20 %15 à

24 ans25 à

54 ans65 ans et plus

population emploi Chômage

en vedette immobilier

L’effondrement du marché immobilier pourrait plonger le Canada en récession

au cours de la dernière décennie, au Canada, le prix des maisons a augmenté jusqu’à des niveaux records, dépassant de loin les aug-mentations de salaire et l’augmentation des autres prix à la consommation.

Bien que d’autres pays aient connu des effondrements du marché immobilier au cours des dernières années, au Canada, les prix ont diminué brièvement en 2009 avant d’augmenter à nouveau. Il est heureux que nous n’ayons pas connu un effondrement du marché immobilier parallèlement à la chute du marché boursier à la crise financière, mais ce n’est qu’une question de temps avant que la situation ne s’envenime. Un nombre croissant d’experts pensent que le prix des maisons chutera. La seule dif-férence d’opinion consiste à savoir à quel moment, dans quelle mesure et comment cette chute de prix touchera l’économie.

La question revêt une importance vitale car une maison est de loin le bien qui a le plus de valeur pour la plupart des familles. Un changement du prix des maisons pour-rait entraîner des répercussions majeures non seulement sur les finances de la famille, mais également sur l’économie tout entière.

Il est difficile de prévoir avec exactitude à quel moment le marché se repliera. Nous avons été mis en garde contre les répercus - sions économiques d’un effondrement du marché immobilier il y a cinq ans en 2007, mais les faibles taux d’intérêt, les incita tifs fiscaux et un assouplissement des règles ont maintenu les prix à la hausse et ont permis aux acheteurs de maisons de s’enliser encore plus profondément dans l’endettement. Depuis, plusieurs observa teurs ont mis en garde contre l’effondrement imminent du marché im-mobilier, mais aujourd’hui il semble que le prix des maisons se dégonfle. Étant

donné que les taux hypothécaires continu-ent de défier toute concurrence, les prix n’ont pas beaucoup diminué. Lorsque les taux d’intérêt commenceront à augmenter, le prix des maisons chutera à toute vitesse.

Quant à savoir quelle sera l’ampleur de cette chute, chacun peut y aller de ses prédictions. Tout dépend d’un ensemble de facteurs : les différents marchés, l’offre de maisons, le revenu et les finances des mé-nages, les conditions du marché hypothé-caire, les conditions économiques plus générales, l’attitude des personnes et des gouvernements. Un rapport réalisé par le Fonds monétaire international (FMI) estimait l’année dernière que le prix des maisons était surévalué d’environ 10 pour cent en Ontario et au Québec et de 30 pour cent en C.-B. Plusieurs banques canadiennes prévoient une diminution des prix de dix pour cent à l’échelle natio-nale au cours des deux à trois prochaines années, et des baisses plus abruptes à Toronto et à Vancouver.

Ces prévisions de diminutions de prix modérées peuvent être porteuses d’espoir. Plus les prix montent haut, plus ils tombent de haut. Les analyses relatives à l’effondrement du marché immobilier réalisées un peu partout dans le monde portent à penser que le prix réel des mai-sons (après le rajustement en fonction de l’inflation) diminuera d’une moyenne de 23 pour cent dans les pays touchés et que ce phénomène sera échelonné sur une période de quatre ans. Le prix des mai-sons au Canada a environ diminué de ce pour centage en dollars indexés au cours des contractions antérieures du marché dans les années 1980 et 1990. Ces contrac-tions avaient été déclenchées par des taux d’intérêt élevés, qui certes ne seront pas répétés, mais les prix ont augmenté jusqu’à des niveaux supé rieurs cette fois.

L’autre grande question consiste à déterminer en quoi un effondrement du marché immobilier touchera l’économie et l’emploi. Tout comme l’expansion du marché du logement et de la construction a été bénéfique pour

la croissance économique canadienne au cours de la dernière décennie, un effondre-ment du marché immobilier pourrait également lui être nuisible.

L’incidence la plus directe se fera sentir sur les personnes qui ont un emploi dans ce secteur. Le nombre d’emplois dans le domaine de la construction a récemment atteint 1,3 million d’emplois ou 7,4 pour cent du nombre total d’emplois : deux sommets records depuis au moins 1976. Si l’industrie de l’emploi diminue jusqu’à sa proportion moyenne de six pour cent, il faudra compter 220 000 pertes d’emplois; si elle chute en-deçà du minimum récent de 5,2 pour cent, les pertes d’emplois se chiffreront à 360 000. Les pertes d’emplois de cette ampleur pourraient entraîner à elles seules une hausse du taux de chômage de 8,5 à 10,4 pour cent, ce qui est supérieur au sommet de 9,1 pour cent atteint lors de la récente récession. Et cela ne tient pas compte des pertes d’emplois dans les

4 AUTOMNE 2012 l’éConomie au traVail

industries connexes comme l’immobilier, les finances, les services professionnels et le détail, ce qui pourrait porter le total au double.

L’impact potentiel sur le secteur de la construction et des emplois connexes est considérable. Il est tout aussi troublant de constater l’impact de la réduction du prix des maisons sur les dépenses de consom-mation et sur l’économie plus générale par ce que l’on appelle « l’effet de richesse ». Lorsque la valeur des maisons augmente, les dépenses de consommation augment-ent parce que les propriétaires sont – ou du moins se sentent – plus riches, parce qu’ils ont un meilleur accès au crédit par le biais de prêts sur la valeur immobilière de leur propriété et parce que les dépenses con-nexes dans d’autres secteurs augmentent également.

La Banque du Canada estime que pour chaque dollar d’augmentation de la richesse

immobilière, les dépenses à la consomma-tion augmentent de six cents de plus par année, ce qui correspond à d’autres estima-tions réalisées à l’échelle internationale. Selon les conditions et les réponses, nous pouvons nous attendre à une réduction de cet ordre des dépenses de consomma-tion attribuable aux diminutions du prix des maisons. Toutefois, l’analyse réalisée par le FMI montre que lorsque les effondre-ments du marché immobilier sont précédés d’importantes augmentations de la dette des ménages, l’impact économique a tendance à être beaucoup plus percutant. Dans ces situations d’endettement élevé, les dépenses de consommation chutent d’une moyenne de plus de quatre pour cent, et la produc-tion économique chute de 2,5 à quatre pour cent alors que le taux de chômage augmente d’environ un à deux points de pourcentage – autant de facteurs suscep tibles de pousser le Canada en récession.

Personne ne sait exactement quel sera l’impact parce que nous ne savons pas com-ment réagiront les gens, les marchés et en particulier les gouvernements. Mais ce n’est certainement pas le temps d’être complai-sant. Il existe des solutions évidentes que les gouvernements devraient mettre en œuvre pour atténuer ces possibles réper-cussions négatives.

L’une consiste à maintenir la stimulation monétaire et les taux d’intérêt relativement faibles – une solution à l’égard de laquelle la Banque du Canada a déjà démontré un fort engagement.

Nos gouvernements doivent assortir ces mesures de relance monétaire de mesures de stimulation fiscale, au lieu de restreindre les dépenses publiques, ce qui ralentirait l’économie et aggraverait la situation. L’investissement dans l’infrastructure publique et le logement abordable devrait être augmenté de manière à aider le sec - teur de la construction. Les ménages en difficulté financière devraient également être aidés par l’amélio ration du filet de sécurité sociale et la croissance des salaires, financés au besoin par des impôts progres-sifs. Des programmes de restructuration de la dette des ménages pourraient également être nécessaires.

Les différents ordres de gouvernement canadiens se sont concentrés sur les mesures d’austérité fiscale, en réduisant les dépenses publiques et en éliminant les salaires pour gagner un peu de marge de manoeuvre. Ils ont une capacité fiscale suffisante et ont encore le temps d’empê cher une autre récession : ils doivent maintenant agir.

l’éConomie au traVail AUTOMNE 2012 5

il y a un peu plus d’une décennie, le prix des maisons au Canada augmentait à peu près au même rythme que les revenus moyens et était équivalent environ à cinq fois les revenus annuels moyens des travailleurs. après 2000, le prix des maisons a grimpé en flèche au Canada et partout dans le monde. bien qu’il soit revenu à un niveau plus réaliste dans plusieurs autres pays, le prix des maisons demeure très élevé au Canada. Le prix moyen des maisons devrait atteindre en moyenne 365 000 $ cette année, ce qui équivaut à près de huit fois le revenu annuel moyen de 46 700 $.

portrait général de la situation :Le prix des maisons dépasse la croissance des salaires

Source : Enquête sur la population active de Statistique Canada, tableau Cansim 282-0088

7,5 %

7,0 %

6,5 %

6,0 %

5,5 %

5,0 %1976 1980 1984 1988 1992 1996 2000 2004 2008 2012

proportion du seCteur de La ConstruCtion de L’empLoi totaL Canada 1976-2012

part de la construction moyenne 1976-2012

prix des maisons et revenus annueLs moyens

400 000 $

350 000 $

300 000 $

250 000 $

200 000 $

150 000 $

100 000 $

50 000 $

0 $

199

0

199

2

199

4

199

6

199

8

200

0

200

2

200

4

200

6

200

8

2010

prix moyen des maisons rémunération annuelle moyenne

Source : L’Observateur du logement au Canada, SCHL, pour MLS© prix des maisons et Statistique Canada pour les revenus moyens (tableau Cansim 281-0027)

210 000 emplois

La faiblesse record des taux d’intérêt permet aux gouvernements fédéral et provinciaux d’épargner des milliards de dollars de plus que prévu. Cela entraînera des déficits inférieurs aux prévisions et offrira de belles occasions d’accroître l’investissement public pour stimuler l’économie.

Le taux d’emprunt à long terme du gouvernement fédéral a chuté à 2,14 pour cent en juillet, le plus bas taux jamais en-registré. Son taux d’emprunt sur dix ans a chuté jusqu’à 1,58 pour cent et s’est établi à une moyenne de 1,92 pour cent jusqu’à maintenant cette année. C’est un peu moins que les quatre pour cent prévus dans le budget de 2011 et un taux inférieur aux 2,2 pour cent prévus dans le budget de l’année courante. Par ailleurs, les taux d’intérêts à court terme ont chuté à un niveau inférieur à un pour cent – bien en deçà du taux d’inflation. Les coûts d’emprunt ont aussi plongé pour les gou-vernements provinciaux et municipaux.

Les faibles taux d’intérêt ont permis au gouvernement de réaliser des économies remarquables. Les économistes de la CIBC ont calculé que les faibles taux d’intérêt qui prévalent depuis 2007 ont déjà permis au gouvernement fédéral et provinciaux d’épargner 80 milliards de dollars en frais sur la dette publique, dont 25 milliards pour cette année seulement. Ces épargnes continueront de s’accroître dans les pro-chaines années. Les taux d’emprunt sur dix ans devraient augmen ter seulement de 3,5 pour cent d’ici 2016, ce qui est au moins 100 points de base inférieurs à ce

que prévoyaient les budgets des gouverne-ments fédéral et provinciaux. L’émission récente d’obligations d’un milliard de dol-lars de l’Ontario lui a permis d’emprunter sur plus de dix ans à moins de 2,5 pour cent, un taux nettement inférieur à celui prévu dans son budget.

Le gouvernement fédéral devrait avoir épargné 300 millions de dollars de plus cette année grâce aux faible taux d’intérêt à long terme, une épargne qui s’élèvera à plus de 2 milliards de dollars en 2016 à la faveur du refinancement de la dette et qui tota lisera 6 milliards de dollars au cours des cinq prochaines années. L’épargne prévue sur les intérêts en 2014 dépassera le déficit de 1,3 milliard de dollars. Le gou-vernement fédéral pourrait réaliser des épargnes encore plus importantes dans les prochaines années en accélérant son transfert d’emprunt à court terme en obligations à long terme.

L’Ontario devrait réaliser des épargnes en intérêts d’au moins 200 millions de dol-lars cette année comparativement à ce qui était prévu dans son budget. Cette épargne augmentera à 1,7 milliard de dollars en 2015 à la faveur du refinancement de la dette et à environ 5 milliards de dollars au cours des cinq prochaines années. Ces économies pourraient s’accroître encore davantage si la province éliminait la dette à un rythme accéléré. Ces épargnes viennent s’ajouter aux 3,3 milliards de dollars de réduction du déficit récemment déclarés par la province dans ses comptes publics pour 2011-2012, une baisse qui était large-ment attribuable à une réduction dans les dépenses de programmes.

il est temps d’investir Avec ces taux d’intérêt qui défient toute

concurrence et l’économie plongée dans le marasme, les gouvernements devraient investir davantage pour stimuler la crois-sance économique, comme l’ont allégué des économistes. Bien que ces investissements soient susceptibles d’accroître les déficits à court terme, la croissance économique supérieure compensera plus que largement pour ces paiements d’intérêts, en plus de réduire les déficits et les coûts de finance-ment de la dette à plus long terme.

Cela s’applique non seulement aux investissements visant à améliorer l’infra-structure publique, mais également aux dépenses dans les services publics. Les plus importantes menaces à l’économie cana-dienne sont maintenant les niveaux records d’endettement des ménages et l’impact qu’un effondrement du marché immobilier pourrait avoir sur l’économie tout entière. Des dépenses accrues dans les services publics clés contribueraient à atténuer l’augmentation de la dette des ménages et à réduire ces menaces pour notre économie. La faiblesse des taux d’emprunt publics signifie également que les gouvernements ont encore moins de raisons de privatiser les services publics et de conclure des parte-nariats public-privé, qui dépendent d’un financement privé beaucoup plus onéreux.

6 AUTOMNE 2012 l’éConomie au traVail

Les ChiFFres épargnes budgétaires

La faiblesse des taux d’intérêt permet aux gouvernements d’épargner beaucoup

rendement des obligations sur 10 ans épargnes en intérêts prévues (en millions de dollars)

prévision du budget prévision courante gouvernement ontario de 2012 (CibC, td) fédéral

2012 2,20 % 1,80 % 270 $ 200 $

2013 2,80 % 2,40 % 740 $ 520 $

2014 3,60 % 2,90 % 1 340 $ 840 $

2015 4,30 % 3,10 % 1 840 $ 1 730 $

2016 4,50 % 3,50 % 2 120 $ 1 670 $

épargnes attribuabLes aux bas taux d’intérêt

Source : Banque du Canada

6,0 %

5,0 %

4,0 %

3,0 %

2,0 %

1,0 %

200

3

200

4

200

5

200

6

200

7

200

8

200

9

2010

2011

2012

FaibLesse reCord des taux d’intérêt

rendement des obligations sur dix ans du gouvernement du Canada

Source : calculs du SCFP, basés sur les budgets fédéral et provinciaux et d’autres informations financières

Tant dans le secteur public que dans le secteur privé, les augmentations moy-ennes du salaire de base obtenues dans les conventions collectives couvrant plus de 500 employés conclues au deuxième tri-mestre cette année sont passées à 2,1 pour cent, comparativement à 1,7 pour cent au premier trimestre. Il s’agit néanmoins d’une aug mentation inférieure aux 2,8 pour cent d’augmen tation salariale moyenne que ces travail leurs avaient obtenus dans les règlements précédents.

D’autres mesures salariales présentent des tendances semblables. Une enquête sur

les salaires de Statistique Canada montre que les taux horaires toutes industries confondues ont augmenté d’une moyenne de deux pour cent au cours des six premiers mois de 2012 et ont connu une croissance plus élevées dans le secteur des biens que dans le secteur des services. À ce jour, les rajus tements salariaux du secteur privé ont augmenté plus rapidement cette année, soit d’une moyenne de 2,4 pour cent compara-tivement à 1,9 pour cent dans les conven-tions conclues dans le secteur public.

Au deuxième trimestre, les augmen-tations salariales dans le secteur public

étaient inférieures en C. B., car la province en était à sa troisième année de gel salarial; en Saskatchewan, elles ont été de un pour cent en raison de la convention de la SAHO avec le personnel infirmier (voir tableau). Les gains les plus élevés ont été observés en Alberta et au Manitoba. Les augmentations moyennes du salaire de base dans les règle-ments conclus en Ontario au deuxième trimestre s’élevaient à 1,7 pour cent.

Les mesures prises par le gouverne-ment de l’Ontario pour légiférer les gels salariaux et imposer des concessions aux travailleurs du secteur public réduiront in-dubitablement les augmentations du salaire moyen en Ontario, dans le secteur public et au pays au cours de la prochaine année. Les réductions des salaires d’entrée con-voitées par les entreprises du secteur de l’automobile dans leurs négociations avec TCA-Canada abaisseront également les salaires dans le secteur manufacturier de l’Ontario.

des enquêtes prévoient des augmen ta­tions de salaire de trois pour cent en 2013

Les enquêtes menées par WorldatWork auprès des employeurs canadiens portent à penser qu’ils augmenteront les salaires d’une moyenne de 3 pour cent en 2013, une légère hausse par rapport aux augmenta-tions salariales de l’année courante. Selon HayGroup, les augmentations salariales seront les plus élevées dans le secteur du pétrole et du gaz (3,9 pour cent), des mines (3,6 pour cent) et les plus basses dans les soins de santé, les médias et les services gouvernementaux – tous à près de deux pour cent.

pour plus de préCisions sur les augmen tations salariales et les récents règlements : scfp.ca/negociations

l’éConomie au traVail AUTOMNE 2012 7

saLaires qui obtient quoi

Les gels vont mettre en veilleuse la croissance des salaires pour tous

indiCe des prix à La Consommation

L’inflation baisse alors que le prix des aliments monte

L’inflation des prix à la consommation a légèrement reculé cette année. en effet, le taux d’inflation est passé de 2,5 pour cent enregistré en janvier à 1,3 pour cent en juillet et la moyenne pour l’année à ce jour s’établit à 1,9 pour cent. L’inflation est supérieure dans les provinces atlantiques et au Québec parce que les ménages n’ont pas pu profiter autant du prix inférieur du gaz naturel, car il n’est pas aussi facile-ment accessible pour le chauffage des maisons.

Le prix des aliments devrait continuer de s’accroître cette année. on prévoit un hausse de 3,5 pour cent après un été de sécheresse, ce qui portera davantage atteinte aux personnes à plus faible revenu. Les prix inférieurs du gaz naturel et la diminution du prix des maisons devraient permettre de conserver le taux d’inflation global à un niveau acceptable. Les exigences des gouvernements canadiens et amé ricains vou-lant que l’essence contienne de l’éthanol de maïs – dont le prix a augmenté – exercent une pression inflationniste sur le prix des aliments et le prix de l’essence à la pompe.

Les économistes des banques prévoient que l’inflation des prix à la consommation à l’échelle nationale s’éta - blira en moyenne à 1,7 pour cent cette année et aug- mentera à près de deux pour cent en 2013. Cependant, les hausses récentes du prix de l’essence pourraient la catapulter encore plus haut.

pour plus de renseignements y compris pour avoir accès à une calculatrice de l’inflation, consulter scfp.ca/calculatriceipc

Source : Travail Canada Réajustements salariaux, 31 août 2012

augmentation saLariaLe moyenne dans Les réCents règLements

secteur et compétence 2e trimestre de 2012

total à l’échelle nationale 2,1 % public 2,1 % privé 2,1 %

terre-neuve-et-Labrador - Île-du-prince-édouard - nouvelle-écosse 2,4 % nouveau-brunswick - Québec 2,0 % ontario 1,7 % manitoba 2,8 % saskatchewan 1,0 % alberta 2,9 % Colombie-britannique 0,5 %

Sources : Statistique Canada, tableau Cansim 326-0020 et prévisions récentes des banques TD, RBC et BMO

inFLation des prix à La Consommation

moyenne de moyenne janvier à prévue juillet 2012 pour 2013

Canada 1,9 % 1,8 %terre-neuve-et-Labrador 2,5 % 2,0 %Île-du-prince-édouard 2,3 % 1,8 %nouvelle-écosse 2,3 % 2,2 %nouveau-brunswick 2,1 % 1,8 %Québec 2,3 % 1,8 %ontario 1,8 % 2,0 %manitoba 1,6 % 1,9 %saskatchewan 1,9 % 2,3 %alberta 1,4 % 2,1 %Colombie-britannique 1,5 % 1,3 %

8 AUTOMNE 2012 l’éConomie au traVail

FinanCes pubLiQues réduCtion des dépenses

suite de la page 1 majeures au Canada et dans le reste du monde.

Le Canada a aussi ses propres problèmes. La dette des ménages a atteint des taux records et un effondrement du marché immobi - lier pourrait plaquer l’économie au sol (voir à la page 4).

À la vue de ces nuages menaçants qui pointent à l’horizon, la réduction des dépenses publiques semble d’autant plus farfelue sur le plan économique. Pourtant, dans son budget, le gouvernement fédéral réduit les dépenses de programmes directes jusqu’à un niveau plancher record depuis 50 ans en proportion de l’économie, comme l’a signalé le directeur parlementaire du budget (DPB). Le DPB et les économistes des banques privées estiment que les réductions fédérales et provin-ciales dégonfleront la croissance économique d’environ un point de pourcentage par année et entraîneront la perte de plus de 100 000 emplois.

Au lieu de réduire les dépenses, il serait beaucoup plus judicieux que les gouvernements stimulent l’économie, particulièrement face à la faiblesse record des taux d’intérêt. Même les économistes des banques et les économistes fiscalement conservateurs ont préconisé cette approche. En investissant davantage dans les infrastructures et la protec-tion sociale et en laissant les salaires augmenter, la croissance économi-que s’en trouverait renforcée et, incidemment, les déficits à venir seraient moins importants.

Voir aussi La faiblesse des taux d’intérêt permet aux gouvernements d’épargner beaucoup, à la page 6.

hors des sentiers battus Heures de traVail

Qu’est-il advenu de la semaine de travail de 15 heures?

Il y a 80 ans, lors de la Crise de 1929, l’économiste John Maynard Keynes portait un regard optimiste sur le monde en prévoyant que les progrès permettraient aux gens de travailler en moyenne seulement 15 heures par semaine ou trois heures par jour en 2030.

Ça semble fou aujourd’hui? Ce ne l’était pas à l’époque. La semaine de travail moyenne dans le secteur manufacturier était de 50 heures, ce qui représentait une baisse compara-tivement à la moyenne d’environ soixante heures dans les années 1900. En tenant compte d’une croissance économique décente (qui s’est matérialisée), on tenait pour acquis que le rendement par personne se multiplierait par six et que les heures de travail pourraient en être d’autant réduites si les personnes le voulaient.

Que s’est-il passé? L’objectif à long terme d’une semaine de travail de 40 heures a été en grande partie atteint avant les années 1960, mais il n’y a eu que peu d’améliorations depuis. Avec la faible croissance sa lariale et les ménages à double revenu qui sont maintenant la norme, les heures de travail des ménages ont plutôt augmenté. La hausse de l’inégalité est l’une des causes, et la gamme élargie de possibilités de consom-mation, même pour des activités de loisirs, en est une autre.

L’éConomiE au travaiL En LignEQu’est-Ce Que Le pib? Comment mesure-t-on L’inFLation?On peut décomposer la mesure de la croissance économique globale en quelques principaux indicateurs

apprenez les fondements de l’économie scfp.ca/economieautravail/fondements

Sources : Altman (1999), Statistiques historiques du Canada, Enquête sur la population active

moyenne du nombre d’heures travaiLLées,

employés à temps plein, Canada

60

55

50

45

40

35

30

190

0

1910

1920

1930

1940

1950

196

0

1970

198

0

199

0

200

0

2010