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REPBLIQUE DU CAMEROUN REPUBLIC OF CAMEROON ----- ----- Paix – Travail – Patrie Peace – Work - Fatherland ECOLE NATIONALE D’ADMINISTRATION ET DE MAGISTRATURE (ENAM) 8 ème FORUM PANAFRICAIN SUR LA MODERNISATION DES SERVICES PUBLICS ET DES INSTITUTIONS DE L’ETAT THEME : Vers de nouvelles stratégies de réforme et de modernisation du secteur public : innovative transformation de l’Administration, de la gouvernance et de l’Etat en vue d’atteindre le statut de pays émergents d’ici l’an 2025. (organisé en marge de la 50 ème session du Conseil d’Administration du CAFRAD le 27 juin 2012) Saïdia-Wilayer d’Oujda (Maroc) les 25-26 juin 2012. Le cas de l’ENAM : une institution de soutien à l’implémentation de la stratégie de l’émergence du Cameroun à l’horizon 2035 Présenté par : ABATE MESSANGA André Directeur Général Adjoint de l’ENAM

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REPBLIQUE DU CAMEROUN REPUBLIC OF CAMEROON ----- -----

Paix – Travail – Patrie Peace – Work - Fatherland

ECOLE NATIONALE D’ADMINISTRATION ET DE MAGISTRATURE

(ENAM)

8ème FORUM PANAFRICAIN SUR LA MODERNISATION DES SERVICES PUBLICS ET DES INSTITUTIONS DE

L’ETAT

THEME :

Vers de nouvelles stratégies de réforme et de modernisation du secteur public : innovative transformation de l’Administration, de la gouvernance et de l’Etat en vue d’atteindre le statut de pays émergents d’ici l’an 2025.

(organisé en marge de la 50ème session du Conseil d’Administration du CAFRAD le 27 juin 2012) Saïdia-Wilayer d’Oujda (Maroc) les 25-26 juin 2012.

Le cas de l’ENAM : une institution de soutien à l’implémentation de la stratégie de l’émergence du Cameroun à l’horizon 2035

Présenté par :

ABATE MESSANGA André Directeur Général Adjoint de l’ENAM

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8ème Forum Panafricain sur la modernisation des services publics et des institutions de l’Etat, 25-26 juin 2012 à Saïda-Wilayer d’Oujda (Maroc)

Présentation : ABATE MESSANGA André DGA ENAM

INTRODUCTION GENERALE

A la lumière des crises économiques de 1973 et de 1979, elles-mêmes résultant de crises pétrolières consécutives l’une à la guerre du YOM KIPPOUR, et l’autre à chute du CHAH MUHAMMAD RIZA PAHLAVI d’Iran, le monde voit surgir un nouveau phénomène qui a émaillé le 19ème siècle après son apparition dès la fin de la seconde guerre mondiale, à savoir, le chômage. Celui-ci frappe par son ampleur. Il concerne le monde entier et persiste à la hausse, ce qui va affecter la structure de l’ensemble des économies mondiales.

Loin de l’adoucir, le concept de la mondialisation va plutôt l’aggraver en ce sens que l’intensification des échanges planétaires ira de pair avec une mondialisation de la crise de l’emploi.

La crise de l’emploi devient ainsi le point de convergence de toutes les crises évoquées plus haut. Ses manifestations sont sévères parce qu’elles débouchent sur des malaises et des revendications qui remettent rapidement en cause les consensus sociaux patiemment construits durant des décennies, ouvrant la voie à des fractures sociales et politiques.

Il n’existe plus d’Etat dans le monde aujourd’hui qui ne soit affecté par cette question. Bien plus, il semble même acquis que les consultations électorales et référendaires se jouent de plus en plus sur la capacité des candidats à apporter des réponses claires à cette problématique et des Etats à élaborer des politiques et stratégies publiques pertinentes pour combattre le chômage et favoriser le plein-emploi.

On en déduit aisément que cette problématique est une préoccupation continentale voire mondiale, et qu’elle constitue une préoccupation actuelle tant les auteurs, les politiques et les économistes tentent d’en déterminer la genèse, les caractéristiques afin d’en affiner les stratégies au regard de l’espace et du temps.

Pour mener à bien notre réflexion, nous avons structuré notre exposé en trois grandes parties, à savoir : Les crises africaines (I) ; La vision d’un Cameroun émergent à l’horizon 2035 (II) ; Le Document de Stratégie pour la Croissance et l’Emploi (DSCE) comme un cadre d’implémentation de la vision des autorités camerounaises (III).

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8ème Forum Panafricain sur la modernisation des services publics et des institutions de l’Etat, 25-26 juin 2012 à Saïda-Wilayer d’Oujda (Maroc)

Présentation : ABATE MESSANGA André DGA ENAM

I - LES CRISES AFRICAINES

Celles-ci se singularisent par leur dimension multisectorielle et leur impact qui est généralement celui d’une crise de légitimité des pouvoirs publics.

1.1 Des crises multidimensionnelles

Comme beaucoup de théoriciens l’ont reconnu, l’origine des crises africaines date de la crise pétrolière de 1979 suivie du renchérissement des produits manufacturés avec comme principale conséquence une détérioration des termes de l’échange préjudiciable aux pays en voie de développement.

Cette situation va aboutir à un endettement excessif et à un déséquilibre budgétaire dans plusieurs Etats africains.

La conséquence est une crise généralisée multifactorielle dont les impacts sont autant sociaux, économiques que politiques. Ces domaines pouvant eux-mêmes être décomposés en sous facteurs, à l’instar de la crise économique qui peut être traduite en crises agricole, commerciale, industrielle, financière, etc.

Il en résulte que les déséquilibres économiques observés en Afrique sont en réalité un regroupement de plusieurs crises dont la plus emblématique reste celle de l’emploi, car elle puise son fondement dans toutes les autres, mais par-dessus tout, elle affecte la jeunesse qui constitue la plus grande portion de la population, compromettant ainsi l’avenir de tout un continent.

Dans la guerre contre les effets de la crise menée par les pouvoirs publics au Cameroun en l’occurrence, plusieurs fronts ont été ouverts pour apporter une réponse aux activations contraignantes sous diverses formes impulsées par la société à la base :

a) Au plan politique :

En 1990, le Cameroun connaît des soulèvements d’une frange de la population qui réclame plus de démocratie, décrète « les villes mortes » sur l’ensemble du pays et prend en otage les principales villes du pays, amenant le pouvoir à effectuer des descentes musclées dans la rue.

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Présentation : ABATE MESSANGA André DGA ENAM

Tout récemment encore, des voix se sont élevées pour décrier l’impartialité des membres d’Elections Cameroon (ELECAM) anciens militants du parti au pouvoir nommés par Décret du Président de la République.

L’amélioration du nouveau code électoral et une modification de la Constitution pour revenir à la limitation des mandats présidentiels, ou pour instituer un scrutin présidentiel à deux tours ne sont pas en reste.

b) Au plan économique :

En février 2008, le Cameroun est une fois de plus secoué par les émeutes dites « de la faim » dont les principales causes semblent être la pauvreté et la vie chère. L’Etat a dû prendre des mesures fortes tendant non seulement à réprimer ces mouvements d’humeur dont les principaux meneurs se recrutaient parmi les jeunes, mais aussi à lutter contre la pauvreté et à augmenter le pouvoir d’achat par un train de mesures visant à suppléer aux carences du marché. Il en est ainsi de :

- la réduction des impôts à l’importation des denrées de grande consommation ;

- l’organisation des approvisionnements en denrées de première nécessité dans les principales villes;

- etc…

Dans le processus de privatisation des entreprises publiques, des éclats de voix ont été enregistré parmi les employés qui n’ont cessé de revendiquer de meilleures conditions de travail, voire une prise de participation dans le capital social. C’est le cas par exemple de HEVEA DU CAMEROUN (HEVECAM) Société de culture de l’hévéa dans la zone de Kribi au Sud Cameroun dont les agitations des employés ont plusieurs fois paralysé le rendement de ladite entreprise.

c) Au plan socioculturel :

Le tissu social est fortement altéré par le chômage et le sous emploi, la dépravation des mœurs, la ébauche, les comportements déviants, la violence et le crime, le manque de repères et de respect envers les personnes âgées par une jeunesse marquée par le désespoir et le désir de l’exil.

d) Au plan administratif :

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Présentation : ABATE MESSANGA André DGA ENAM

Des voies se sont élevées dans le monde des agents des secteurs publics à travers leur centrale syndicale pour réclamer une harmonisation des âges de départ à la retraite à 60 ans et une hausse des salaires.

Sur un autre plan, la corruption, l’inertie, le laxisme, le poncepilatisme, le favoritisme, le népotisme, le clientélisme et plusieurs autres maux ont étendu leurs tentacules partout dans l’appareil administratif, le rendant du coup grippé et improductif.

A l’heure où beaucoup de gens parlent de la lutte contre la pauvreté, la corruption, le chômage et tous les maux qui minent la société camerounaise, il est évident qu’en l’absence de résultats tangibles, cette bataille est considérée comme vouée à l’échec.

Or, autant les victoires diverses remportées contre les obstacles au développement favorisaient et renforçaient le consensus national, autant les défaites sur le front de l’emploi fragilisaient le consensus national et les systèmes politiques en place. De fait, la plupart de ces systèmes reposent aujourd’hui sur un équilibre instable alors même que leur rôle est d’assurer la permanence et la continuité de l’Etat

1.2 Une crise de légitimité institutionnelle

a) La faillite de l’Etat :

Si l’on jette un regard rétrospectif sur l’évolution des peuples, il apparaît que les guerres avaient pour seule vertu, la création d’un consensus social permettant de souder les destins individuels et collectifs pour l’équilibre et la survie de la collectivité.

Aussi, face aux risques de fracture ou d’implosion de l’Etat et aux tentatives des forces réactionnaires de renverser les régimes en place, les différents gouvernements s’attèlent à formuler des politiques appropriées ou alternatives qui favorisent l’emploi des jeunes, recréant ainsi les conditions d’un consensus national et d’un bien être collectif.

b) La faillite de l’ENAM :

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L’évolution qu’a connue l’ENAM depuis sa création en 1959 est arrivée en phase de maturité à la fin des années 90, au moment même où le pays subissait de plein fouet une crise économique sans précédent. L’on peut donc affirmer aujourd’hui que la crise économique qui traverse le Cameroun a mis à nu la crise de l’ENAM caractérisée par des programmes de formation inadaptés aux nouveaux concepts en vigueur dans le monde, des élèves formés de façon approximative et des diplômés inefficaces au sein des administrations utilisatrices

Or, l’on s’attendait en principe à ce que l’ENAM constitue une force de proposition et un espace de formation professionnelle et stratégique adaptée au nouvel ordre mondial. Les produits issus de l’ENAM pouvaient ainsi contribuer intellectuellement et pratiquement à l’élaboration des propositions de sortie de crise. Il n’en a pas été le cas.

La maxime « Une école au service de l’Etat et du citoyen » ne constitue ni un slogan creux, ni une simple devise. Au contraire, elle manifeste dans les années 2000 la volonté affichée des dirigeants de cette institution de rendre l’ENAM à ses légitimes propriétaires que sont l’Etat et le Citoyen.

En effet, depuis les années 90, l’ENAM est l’objet de critiques acerbes et grandissantes de la part de certains experts et d’un segment de la population eu égard à la prestation de certains de ses diplômés une fois sur le terrain.

Cet état de chose s’est aggravée avec la persistance de la crise économique mondiale et ses effets pervers, dont la plus grande manifestation est le faible pouvoir d’achat du citoyen malgré la volonté manifeste des cadres issus de l’ENAM d’impulser la dynamique de changement à travers une série de réformes engagées au sein de l’appareil de l’Etat.

Ainsi conçue, cette maxime vise à réconcilier l’ENAM avec son environnement direct

c) La mouvance du changement :

Aussi, face à la crise et au regard de la mondialisation des échanges dans le domaine du travail et de l’emploi, face à la tendance vers une Fonction Publique mondiale et les exigences de qualité du service public, les défis que doit relever l’ENAM pour continuer à remplir efficacement ses missions de formation, de « socle sur lequel se bâtit l’Administration camerounaise » d’après la déclaration du Chef de l’Etat S.E PAUL BIYA à l’occasion de la célébration de son cinquantenaire en 2009,

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sont inscrits dans sa feuille de route avec trois objectifs stratégiques à très court terme pour sortir l’Ecole de la faillite décriée:. Il s’agit :

• Premièrement, de l’intégration de la vision globale du développement du Cameroun dans l’implémentation de ses missions ;

• Deuxièmement, de l’harmonisation des objectifs et des actions de formation ;

• Troisièmement, de l’adaptation à l’évolution de son environnement institutionnel et la sensibilité à l’innovation.

II – LA VISION : LE CAMEROUN, UN PAYS EMERGENT A L’HORIZON 2035

S’adapter ou disparaître, tel était le dilemme de l’Etat Sud Africain dans les années 80, celui-ci a choisi de s’adapter à son environnement avec les résultats que l’on connaît.

Tel est le choix qui reste aux Etats africains en ce début du troisième millénaire. Ils doivent s’adapter au nouvel ordre mondial et procéder à des réformes institutionnelles.

Bien qu’inter-Etats à l’origine, les démarches actuelles se construisent autour des stratégies à l’échelle continentale pour plus d’efficacité.

Ainsi, au regard des principaux obstacles au développement du Cameroun, trois perspectives pourraient être scrutées :

- la perspective économique et sociale ;

- la perspective humaine et culturelle ;

- la perspective politique et administrative.

2.1 Perspective économique et sociale :

Depuis l’accession du Cameroun à l’indépendance en 1960, la politique de

développement économique reste dépendante de la vision politique. Les exigences et

les contraintes liées à la construction nationale avaient pour corolaire le contrôle de

l’économie par l’Etat.

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L’objectif des quatre plans quinquennaux de 1961 à 1980 était de doubler le

revenu par habitant en 20 ans. Cet objectif a été atteint, mais ce n’en était pas le cas

concernant les nouveaux objectifs planifiés jusqu’en 2 000 à savoir : la diversification

de la production, le développement autocentré et l’accès aux services de base de

toutes les couches sociales (santé, eau potable, électricité, éducation primaire gratuite

pour tous les enfants de moins de 14 ans).

A cause de la crise de 1986, le nouveau plan quinquennal (1981-1985) et

dernier à être implémenté, sera suspendu par le Gouvernement, de plus en plus

préoccupé par la recherche des voies pour assurer la stabilité macro économique.

Cette situation va le contraindre à se tourner vers les Programmes

d’Ajustement Structurel avec l’assistance du Fonds Monétaire International. Son

adhésion à ce programme dure jusqu’en 2006 où il atteint le point d’achèvement de

l’initiative Pays Pauvres Très Endettés (PPTE).

Après l’atteinte du point d’achèvement de la dette vis-à-vis du FMI (Fonds

Monétaire International), le DSCE ou Document de Stratégie pour la Croissance et

l’Emploi est élaboré et mis en application. Il s’agit d’une réflexion entamée à partir

de 2008 dans une période marquée par les mouvements de la jeunesse contre le

chômage. Cette réflexion est une initiative du Gouvernement qui permet au

Cameroun de sortir des Programmes d’Ajustement Structurel, en lieu et place du

Document de Stratégie de Réduction de la Pauvreté (DSRP), considéré dès lors

comme ne répondant plus aux besoins du contexte.

Le DSCE est un support au plan de vision du Cameroun en l’an 2035 :

- Un pays émergent ;

- Un pays démocratique ;

- Un Cameroun uni et diversifié.

2.2 Perspective humaine et culturelle :

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Le Cameroun, à l’exemple du reste des pays en voie de développement, est

caractérisé par une croissance de la population à un taux de 2,8 % par an, dont la

moitié représente les jeunes, une croissance stagnante entre 2,8 % et 3 % du PIB, un

chômage endémique des jeunes diplômés des grandes écoles.

Cette situation est la cause de l’exode rural et d’une urbanisation incontrôlée,

d’une forte pression sur les facilités sociales et le marché de l’emploi.

En dépit des progrès significatifs notés à travers les stratégies mises en place

par le Gouvernement pour satisfaire les besoins de la population, notamment dans les

secteurs de l’éducation et de la santé, la longue période de récession économique

connue par la plupart des pays africains avait affaibli les capacités opérationnelles du

Gouvernement : baisse du capital humain, effondrement du secteur social, disparités

permanentes, appauvrissement du pays, baisse de l’espérance de vie.

2.3 Perspective politique et administrative :

Le Cameroun dans ses fondements est construit sur des communautés

distinctes n’ayant jamais fonctionné comme entité (diversité sociologique, diversité

ethnologique, religieuse, régionale et linguistique). Cette situation hétérogène s’est

davantage dégradée avec la colonisation étrangère marquée par trois systèmes

administratifs distincts, à savoir les systèmes allemand, britannique et français.

Dans ses efforts de construction d’un état unitaire, le Gouvernement va buter

contre l’incompatibilité entre l’Etat et la sociologie locale pour atteindre ses objectifs.

Son mode de fonctionnement, ses agents et son idéologie ne reflètent ni la

configuration du pays, ni le système d’une structure d’organisation endogène, avec

diverses croyances et des schémas mentaux différents. Bien plus, le pays continue à

faire face à certaines difficultés majeures :

1. La partition de la société en deux ;

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2. Le processus de démocratisation ;

3. L’aboutissement du processus de reconnaissance de l’indépendance judiciaire.

Au plan opérationnel les freins à l’émergence sont caractérisés par :

- le mimétisme ;

- la pléthore de ministères et des structures administratives qui sont à l’origine de nombreux chevauchements et autres conflits de compétence.

- la faible capacité de réponse du système sociopolitique ;

- l’inertie dans la Fonction Publique ;

- la corruption et les comportements déviants.

2.4 Le défi de la bonne gouvernance

2.4.1 L’état des lieux

Des balbutiements de 1960, l’Administration camerounaise est passée au

stade d’une administration en développement et à ce jour, elle est présente dans tout

l’espace national et couvre de ses infrastructures les services sociaux et

économiques.

2.4.2 Gouvernance Administrative :

Poussé par le désir de construction nationale, le service public en matière

économique et sociale s’était donné des bases solides en vue de l’émergence d’une

gouvernance durant les trois dernières décades.

Toutefois, le système présente un certain nombre de dysfonctionnements

parmi lesquels des lacunes structurelles qui s’étendent aux mécanismes

d’autorégulation, et constituent des entraves à la capacité de réponse et

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d’anticipation du système et qui pourraient empêcher l’atteinte des résultats

escomptés.

Il souffre également de défaillances en matière de suivi-évaluation, ce qui le

rend incapable de s’adapter aux exigences du management moderne et de s’inscrire

dans le changement dans un monde en permanente mutation.

2.4.3 Gouvernance économique :

Au plan économique, la mal gouvernance a contribué à faire du Cameroun un

pays où l’aversion pour le risque est assez élevé chez les investisseurs potentiels.

Le pays est de moins en moins attractif au niveau international, par manque

d’un environnement propice aux affaires, à la carence d’infrastructures d’accueil

doublé de l’inadéquation technologique.

2.4.4 Le secteur privé

Dans le secteur privé, les problèmes de gouvernance peuvent être identifiés :

- les mauvais choix dans un secteur productif peu compétitif (l’agriculture et le secteur informel) ;

- la gestion du patrimoine ;

- le manque de confiance au rôle de l’Etat et à ses dirigeants ;

- le manque de transparence dans la présentation des bilans financiers et des comptes d’emploi ;

- le manque de capacité d’opérer en joint-venture en matière d’investissement.

De tout l’éventail des règles et procédures à caractère systémique affectant le

fonctionnement de l’Etat (l’équilibre des pouvoirs, la transparence, l’obligation de

rendre compte, la participation des citoyens dans la gestion des affaires publiques, le

défi de bonne gouvernance) ce qui prime c’est la capacité de vaincre ces obstacles.

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L’idée c’est de rendre le système plus flexible et proactif, réduire le taux de

corruption et les nombreux goulots d’étranglement au plan administratif, anéantir les

disparités entre les différents groupes sociaux, restaurer l’image du pays et sa

crédibilité aux yeux des partenaires au développement et adapter la technologie à

l’environnement local. L’objectif c’est de mener des actions cadrant avec les

nouveaux schémas tels que la prévision, la numérisation et la décentralisation,

inhérents au principe de subsidiarités.

III – LE DSCE COMME UN CADRE D’IMPLEMENTATION DE LA VISION

3.1 Objectifs de la vision et finalité :

Devenir un pays émergent, démocratique et uni dans sa diversité, telle est la vision de l’émergence du Cameroun à l’horizon 2035.

3.1.1 Objectifs généraux

- Réduire la pauvreté à un niveau socialement acceptable ; - Atteindre le stade de pays à revenu intermédiaire ; - Devenir un nouveau pays industrialisé ; - Consolider le processus démocratique et renforcer l’unité nationale.

En tant que cadre d’orientation et d’éclairage de la gestion du développement institutionnel, à travers la gestion académique et pédagogique l’ENAM doit inscrire dans des stratégies d’accompagnement et de soutient aux efforts du gouvernement, dans la matrice des actions prioritaires dans son domaine de compétence, notamment :

- l’éducation ; - la gouvernance et la gestion stratégique de l’Etat ; - l’emploi ; - la décentralisation ; - le système financier.

3.1.2 Les objectifs spécifiques de la vision :

Ils se rencontrent parmi les défis de la formation professionnelle à l’ENAM au regard des stratégies sectorielles applicables, en l’occurrence en matière de gouvernance et de gestion stratégique de l’Etat :

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- le renforcement de l’état de droit et de la sécurité des personnes et des biens ;

- l’amélioration de l’environnement des affaires ; - le renforcement du partenariat et du dialogue public/privé ; - l’harmonisation du cadre juridique avec le droit OHADA ; - le renforcement de la lutte contre la corruption et les attentes à la fortune

publique ; - l’amélioration de l’accès du citoyen à l’information pour le contrôle de la

gestion des affaires publiques ; - l’approfondissement du processus de décentralisation ; - la poursuite de la modernisation de l’administration publique ; - la gestion des ressources humaines de l’Etat ; - la protection de l’espace économique national ; - la coopération internationale et inter régionale ; - etc…

3.13 Les cibles d’action :

- les divisions de formation à l’ENAM ; - les administrations utilisatrices des produits de l’ENAM ; - le Ministère de la Fonction publique et de la Réforme Administrative,

tutelle administrative ; - le Ministère des Finances, tutelle financière ; - les ministères sectoriels ; - les Services du Premier Ministre, - la Présidence de la République du Cameroun ; - les partenaires au développement (les institutions de coopération, aux plans

national, régional et international) ; - les collectivités territoriales décentralisées ; - les jeunes diplômés des universités et de l’enseignement secondaire ; - les acteurs de la société civile (les leaders d’opinion : élus locaux, députés,

sénateurs, et groupes organisés).

Ces groupes cibles sont les principaux partenaires de l’ENAM Dans l’accompagnement de la mise en œuvre du DSCE, ils seront sollicités pour leur contribution dans la définition, la réalisation et l’évaluation des programmes de formation, de même que les partenaires au développement pour leur assistance technique et financière.

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3.2 Phasage de la vision

La réalisation du plan de vision du développement du Cameroun jusqu’en l’an 2035 obéit à une programmation pluriannuelle en trois phases avec des objectifs bien déterminés. Sa mise en œuvre court à compter de l’année 2010.

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3.2.1 Les trois phases du processus

1ère phase : 2010 – 2020

Objectif : Jeter les bases d’une croissance élevée et atteindre les objectifs du millénaire pour le développement.

Actions :

- Investissements dans les infrastructures et la modernisation de l’appareil de production ;

- amélioration du climat des affaires - amélioration de l’offre en formation professionnelle ; - lutte contre la corruption.

2ème phase : 2020 à 2025

Objectif : Maintenir la croissance à un rythme élevé soit 5,5% l’an.

Actions :

- Maintenir la vitesse de croisière ; - Réaliser les objectifs du millénaire pour le développement (OMD) ; - Lutter contre les effets du changement climatique.

3ème phase : 2025 à 2035

Objectif : Atteindre l’émergence économique.

Actions:

- Mise en place d’une structure de production et d’exploitation à dominance industrielle ;

- Assurer l’intégration du Cameroun dans l’économie mondiale.

3.2.2 Les Stratégies d’actions prioritaires :

Trois stratégies principales déterminent les actions du DSCE qui définissent de manière rétroactive et réflexive les modes d’accompagnement et la nature des interventions de l’ENAM dans le cadre de ses missions de formation et de recherche appliquée à l’Administration et la justice.

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8ème Forum Panafricain sur la modernisation des services publics et des institutions de l’Etat, 25-26 juin 2012 à Saïda-Wilayer d’Oujda (Maroc)

Présentation : ABATE MESSANGA André DGA ENAM

a) La stratégie d’emploi :

La création des projets structurants inscrite dans le programme implique :

• la spécialisation pointue dans la formation de nouveaux cadres et le recrutement de personnes qualifiées ;

• la promotion de l’entreprenariat chez les futurs leaders en formation en vue de l’animation des programmes d’appui à la jeunesse et de leur insertion socio-économique ;

• le renforcement des capacités d’accueil et d’accompagnement des demandeurs d’emploi.

b) La stratégie de la croissance :

Les programmes de formation doivent prévoir la conception et la mise en œuvre des politiques budgétaires efficaces et adaptées à l’évolution de l’Environnement.

Cette stratégie implique un accroissement de la part des investissements publics de 21 à 30 % destinés :

• au développement d’une agriculture de 2e génération ; • à l’affectation prioritaire de crédits d’investissement et d’autres ressources

de développement aux grands projets de développement (cas de l’emprunt obligataire et des accords de prêts signés avec des partenaires au développement) ;

• à la canalisation de 70% de l’aide publique au développement (APD) vers les secteurs prioritaires (énergie, eau, bâtiments, travaux publics, transports, emploi, formation professionnelle).

c) La Gouvernance et la gestion stratégique de l’Etat :

Les actions qui accompagnent cette stratégie portent sur : • le renforcement de l’Etat de droit et de la sécurité des biens et des

personnes ;

• l’amélioration du climat des affaires ;

• la lutte contre la corruption et les détournements ;

• l’approfondissement du processus de décentralisation.

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8ème Forum Panafricain sur la modernisation des services publics et des institutions de l’Etat, 25-26 juin 2012 à Saïda-Wilayer d’Oujda (Maroc)

Présentation : ABATE MESSANGA André DGA ENAM

La bonne gouvernance implique la mise en place des structures nécessaires au bon fonctionnement de la justice et la promotion des idéaux de paix, de démocratie, de respect des droits de l’homme d’une part et d’autre part, l’engagement pour l’amélioration du service public pour une fonction publique efficace, performante et un système de gestion axée sur les résultats et la satisfaction des besoins des citoyens.

3.3 Contribution de l’ENAM à l’implémentation de la vision de l’émergence

3.3.1 L’ENAM : un acteur stratégique dans le développement national

a) Objectifs de l’Etat :

• Bâtir un Etat-Nation où il fait bon vivre, où chaque citoyen trouve sa place dans la société ;

• Se doter d’une fonction publique capable de traduire en actions les préoccupations et des populations d’apporter à travers ses interventions, des réponses pour satisfaire les besoins du citoyen ;

• Faire de l’ENAM une Icône, le creuset où se construit l’unité nationale, le socle où se bâtit l’administration publique camerounaise : une Ecole au service de l’Etat et du citoyen.

b) L’ENAM : un incubateur des valeurs stratégiques :

Le rôle de la Fonction Publique étant de traduire en actions concrètes les besoins de la société, comme corolaire, l’ENAM, doit « s’inscrire dans le changement et la durée et représenter en permanence une mission au service de notre pays » comme le prescrit le Chef de l’Etat, afin d’accompagner le Gouvernement dans la mise en œuvre des politiques publiques. A cet effet son rôle consiste à :

• Premièrement, explorer les valeurs partagées à travers le DSCE et les instruments de régulation s’appliquant à la gouvernance d’une part, d’autre part déceler les mutations et les évolutions en cours au niveau des institutions étatiques et des acteurs non gouvernementaux. Les centres d’intérêt de formation s’articulent autour des thèmes symboliques :

- les nouveaux rôles de l’Etat ;

- la démocratie ;

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Présentation : ABATE MESSANGA André DGA ENAM

- la modernisation de l’Administration publique ;

- le budget programme ;

- la décentralisation ;

- le Management des services publics ;

- les Objectifs du Millénaire pour le Développement

- la Gestion Axée sur les Résultats ;

- l’évaluation des politiques et des programmes publics ;

- les questions éthiques et de moralité publique ;

- etc…

• Deuxièmement, identifier dans le cadre d’un partenariat avec les principaux acteurs du système, les problématiques de l’émergence, définir le positionnement stratégique de l’ENAM face aux défis à relever, les défis permanents de bonne gouvernance et de justice et les défis conjoncturels. Au regard de ses forces et ses faiblesses, déterminer les objectifs de formation compte tenu des besoins de l’Etat en ressources humaines compétentes et qualifiées pour la mise en œuvre de la stratégie gouvernementale. Les ressources professorales doivent se recruter parmi les professionnels et experts nationaux au niveau des administrations sectorielles et intersectorielles, les experts internationaux au niveau des partenaires d’appui au développement.

• Troisièmement, à la faveur de son positionnement sur l’échiquier institutionnel comme une Ecole de souveraineté et un pôle d’excellence académique :

- faire des propositions d’offre spécifiques de formation continue aux administrations sectorielles ;

- élaborer des programmes d’enseignement adaptés s’appuyant sur les systèmes des valeurs partagées et axés vers la modernisation l’Administration publique camerounaise et l’amélioration des performances du service public.

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Présentation : ABATE MESSANGA André DGA ENAM

c) Politiques de formation :

Les politiques de formation ou axes stratégiques de développement des ressources humaines sont le fruit de la vision du Chef de l’Etat pour son projet de société. Elles procèdent de la traduction sous forme de programme d’action les objectifs découlant des besoins de renforcement des capacités. L’ingénierie de formation repose sur trois rationalités :

- la rationalité juridique fondée sur le droit, la régulation et les valeurs émergentes : l’état de droit, des droits de l’homme, les libertés publiques, la justice, etc… ;

- la rationalité économique : la croissance, l’emploi, les budgets programmes, etc… ;

- la rationalité managériale : l’efficacité, l’efficience, la performance, la gestion des ressources humaines, etc...

Au travers de cette vision, l’ENAM va porter les marques de la professionnalisation, de l’intégrité professionnelle et de la diversification nécessaires à l’émergence et aspirer à une démarche qualité visant la certification de ses productions en conformité avec les exigences de son environnement socio-culturel et les valeurs universelles.

• La professionnalisation :

« Face aux incertitudes de l’avenir vous devez vous préparer à aborder dans les meilleures conditions un nouveau paysage mondial dominé par la compétition. Au problème ainsi posé, il n’y a selon moi qu’une seule véritable réponse : acquérir la plus haute qualification possible. » Extrait du discours du Chef de l’Etat Camerounais à la jeunesse le 10 Février 2008, dans un contexte de crise et de revendication de la citoyenneté par les jeunes.

Ainsi dit, les formations dispensées à l’ENAM doivent être qualifiantes et permettre à ses lauréats d’être immédiatement opérationnels à leur sortie. Pour parvenir à ce résultat, les stratégies de formation indiquées doivent être accompagnées par la mise en place d’un système d’enseignement qui privilégie l’approche de la formation dite « par compétence », laquelle consiste à rationaliser l’offre d’enseignements en l’accordant aux besoins de la société, pour ainsi doter les cadres formés des capacités leur permettant d’intervenir efficacement dans la

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résolution des problèmes de gouvernance qui se posent à une société en quête de modernité.

Ainsi, l’évaluation d’un label académique orienté vers une formation de type professionnel devrait associer trois ordres de compétences à développer :

- les compétences de fondation, dont les exigences sont les connaissances de base nécessaires au développement de l’intelligence et des capacités d’optimisation des décisions, de développement de la sensibilité de l’apprenant à l’innovation et des capacités d’appréhension des phénomènes qui influencent le milieu de travail. Cette compétence du niveau cognitif correspond au développement des savoirs ;

- les compétences managériales, nécessaires à la satisfaction des exigences d’efficacité dans la gestion des processus décisionnels et la production des résultats. Ce niveau de compétence vise le développement des savoir-faire ;

- enfin, les compétences réflexives, permettant de développer chez l’apprenant la capacité de se remettre en cause et de promouvoir le développement durable. Elles visent le développement des savoir-être.

Basé sur des standards d’excellence, le dispositif de performance international s’appuie sur des normes. En rapport à ses spécificités socioculturelles, l’ENAM doit procéder à des réformes profondes pour s’arrimer à cette tendance afin de se positionner sur le marché mondial et présenter un label de formation crédible au plan de la sélection des candidats, des référentiels-métiers de formation et de la compétitivité de ses lauréats sur le marché du travail et de l’emploi.

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SCHEMA D’ELABORATION D’UN PLAN DE FORMATION

D’après Gillet, Pierre : Construire la formation, 2eme, Paris 1992, p. 41

• La diversification et la spécialisation :

En raison de l’évolution de la demande, de la compétition dans une économie de marché et le dynamisme du secteur privé , la fonction publique se diversifie et se spécialise face à un public de plus en plus exigeant pour adapter le service à la demande des publics-usagers, recherche les voies et moyens pour améliorer son efficacité et sa performance aux plans quantitatif et qualitatif.

• L’intégrité :

Pour une formation professionnelle de qualité, faire le lien entre l’intégrité et les défis auxquels fait face l’Administration Publique, notamment les dérives liées à la corruption, au non respect des règles éthiques et déontologiques et aux atteintes à la fortune publique.

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A ce sujet ainsi s’exprime le Professeur SHEIKH ABDULLAH, Directeur Général de l’ASCON (Nigéria) lors de la Conférence organisée par le CAFRAD en Février 2004 à Arusha (Tanzanie), je cite :

« Si l’incompétence technique a des impacts négatifs sur le développement sociopolitique et économique, le mal occasionné par les déclins précipités du quotient d’intégrité est bien plus important. Alors que le mal causé par l’incompétence technique peut progresser de manière arithmétique, celui infligé par la corruption a tendance à progresser de manière géométrique, sinon exponentiellement ».

Les stratégies de renforcement des capacités doivent revêtir les principales caractéristiques de sensibilité et d’intégration :

- La sensibilité dans la mesure où les actions inspirées sont porteuses de valeurs partagées et s’insèrent dans le cadre d’une vision ou d’un projet de société, à savoir la vision de l’émergence du Cameroun à l’horizon 2035 ;

- l’intégration en ce qu’elles garantissent l’harmonie dans l’accomplissement par l’ENAM des objectifs du DSCE, conformément à ses missions.

d) Les valeurs partagées :

Elles se situent à plusieurs niveaux :

• Les valeurs républicaines :

Les valeurs républicaines (de Paix, du Travail et d’amour de la Patrie) émanent de la Constitution de la République, ainsi que les principes directeurs de l’Administration publique qui en découlent (les lois et règlements en général), la poursuite de l’intégrité sont à la base du processus d’intégration nationale. Le Chef de l’Etat à ce sujet déclare : « l’ENAM, Ecole de souveraineté de l’Etat, doit être le socle sur lequel se construit l’Administration Publique Camerounaise et le creuset de l’intégration nationale ».

• Les valeurs éthiques et managériales :

Ce sont des valeurs dites émergentes ; elles procèdent de l’intégration du management public aux enseignements classiques et contribuent à la dynamisation de l’administration publique et au développement durable, avec pour finalité l’avènement d’une nouvelle culture administrative basée sur la redevabilité et une

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gouvernance axée sur les résultats et la performance un service public tourné vers la satisfaction des besoins du citoyen.

• Les valeurs sociales

Ce sont les valeurs liées à l’Etat de droit, aux droits humains, à la justice sociale, l’approche genre (la protection des couches vulnérables, des minorités) et de l’environnement dans la poursuite du progrès et du bien être.

e) La démarche qualité et la certification :

La promotion d’une démarche qualité pouvant donner lieu à la certification des prestations académiques se traduit dans la qualité des contenus des enseignements, le respect au plan méthodologique de certaines exigences notamment la participation des groupes cibles (les Administrations utilisatrices des produits de l’ENAM et des principaux acteurs du système de mise en œuvre du DSCE) à la définition des objectifs de formation, la détermination des normes d’excellence pour chaque enseignement (l’adéquation des besoins aux profils des apprenants) et la conception de modules de formation orientés vers le renforcement chez les apprenants des compétences nécessaires (champs d’intérêt de formation ) , pour l’exercice dans un futur déterminé d’une profession ou d’un métier pour lequel on les prépare.

f) Un centre d’excellence :

La création de l’ENAM s’inscrit d’abord à l’aube de l’indépendance du Cameroun dans un contexte de manque de ressources humaines tant au plan quantitatif qu’au plan qualitatif pour animer l’appareil du nouvel l’Etat, puis de réforme de la Fonction Publique pour lutter contre les effets de la crise économique qui a frappé les Etats des pays sous-développés ; cela a conduit l’Institution à développer plusieurs pôles d’excellence :

• L’ouverture de nouvelles filières pour la formation initiale au sein des divisions de formation : - la Division Administrative ; - la Division des Régies Financières ; - la Division Judiciaire.

• La création d’un centre de recherche et de documentation chargé d’assurer la formation continue des cadres de l’Administration, la recherche

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appliquée dans les champs de formation de l’ENAM, l’assistance conseil aux Administrations et la documentation dans l’administration et la justice.

g) La coopération institutionnelle :

La coopération institutionnelle est définie par un système de partenariat dans le cadre de la coopération régionale au sein de la CEMAC en matière de formation initiale d’une part et d’autre part, avec d’autres Institutions et Ecoles et instituts d’Administration aux plans national avec l’ISMP du Cameroun, régional avec le Centre Africain de Formation, de Recherche Administrative et de Développement (CAFRAD), l’ACBF, la Conférence des ENA et ENAM d’Afrique, au plan international avec l’Association Internationale des Ecoles et Instituts d’Administration.(AIEIA).

CONCLUSION GENERALE

Au regard des nouveaux enjeux liés à la lutte contre la pauvreté et le sous-développement, la mondialisation des échanges dans le domaine du travail et de l’emploi, la modernisation de l’Etat et du service public, la nouvelle tendance vers une Fonction Publique mondiale, les défis que doit relever l’ENAM pour continuer à jouer efficacement son rôle de « socle sur lequel se bâtit l’Administration camerounaise » et de pôle d’excellence de la formation professionnelle des cadres de l’Administration en Afrique centrale, ces défis devons-nous le rappeler, portent sur sa capacité à servir comme une Institution de référence et d’accompagnement du Gouvernement dans sa quête d’un Cameroun émergent, démocratique et uni dans sa diversité.