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Chère marraine, cher parrain, Nous vivons un grand moment dans l’histoire de notre projet de réintroduction ! Goyo Haliun, «splendide cheval isabelle» en français, l’une des juments nées en Mongolie en 2008, a donné naissance à un magnifique poulain mâle. Ju- gez vous-même sur la photo! Pour tout projet de réintroduction, la naissance du premier petit de la deuxième génération est un événement attendu avec impatience. Goyo Haliun est une jument d’une résilience impressionnante: elle est née en septembre, tard dans l’année. Sa mère Solemio est morte en décembre, la laissant sans lait et protection maternelle normalement indispensables à cet âge. Et Goyo a survécu ! Il est vrai que son père Bromus et les juments du groupe familial l’ont protégée contre vents et loups pendant tout le premier hiver. Ce n’est pas tout. Cette année, six poulains sont nés. La fécondité des juments est à 50 %, taux normal chez les équidés sauvages. Côté survie, nous nous sentons un peu blasés. Notre taux moyen de survie adulte de 98 % sur 8 ans est toujours aussi exceptionnel, tout projet de réintroduction confondu. Alors tout va bien ? D’autant plus que l’UICN (Union Internationale pour la Conservation de la Nature), organe de référence pour les espèces menacées, a re-classifié le cheval de Przewalski de la catégo- rie CR ‘En Danger Critique’ à EN «En Danger», et qu’il se trouve sur la liste des espèces «sauvées de l’extinction»? Nous participons de tous nos efforts à l’espoir que les trois projets de réintroduction en Mongolie se dirigent vers un succès indiscutable, mais ces petites populations sont toujours d’une fragilité extrême, à la merci d’une épidémie ou d’un changement politique. Promouvoir la survie d’une espèce est une approche qui dépasse de loin notre espérance de vie. Nous étions les premiers à souligner la ressemblance entre chevaux de Przewalski vivants et ceux des grottes préhistoriques de Chauvet, Lascaux ou Altamira, vieux de 15 000 à 30 000 ans. Voici déjà une vision plus réaliste et évolutionnaire en termes de survie d’une espèce. En collaboration avec des organisations de protection de la Nature Espagnoles, trois de nos étalons du Villaret ont rejoint des bisons en Cantabrie. Non, nous ne voulons pas retourner à la préhistoire. Nous voulons juste une vie riche de toute espèce vivante pour nous et nos enfants. Nous souhaitons la bienvenue à nos nouveaux membres de l’association : Chimed Ochir, directeur du WWF Mongolie, avec qui nous avons une collabora- tion depuis 20 ans et Jean-Paul Dumont, ex-ambassadeur de France en Mongolie. Je ne peux que réitérer nos remerciements à toutes les personnes qui soutiennent notre projet depuis tant d’années, ainsi qu’à ceux qui viennent se joindre à nous ! Claudia Feh B ulle tin de liaison de lAssociation pour le Cheval de Pr zewalski MONGOLIE : bilan positif pourl’année 2012 Tous les indicateurs démographiques sont positifs pour nos chevaux de Przewalski en Mongolie : nous avons observé la naissance du premier poulain de la deuxième génération, on constate un taux de survie de 97% pour les adultes (le plus haut jamais atteint), et de 80% pour les poulain d’un an, et enfin, la fécondité des juments est légèrement supérieure à l’objectif de 50% . Les juments qui étaient directement arrivées du Zoo Prague l’an passé se sont finalement intégrées dans le troupeau. Elles ont eu elles aussi des poulains. Cependant, leur condition physique montre bien qu’elles ne sont pas encore tout à fait adaptées aux dures conditions de la steppe mongole. Suite à des soupçons de maladie virale au sein du troupeau, et à défaut de les analyser directement (nous ne pouvons faire de prises de sang sur les chevaux dans la mesure où nous souhaitons réduire l’intervention humaine au minimum et ne pas être contact direct avec eux), nos gardes mongols ont prélevé du sang des montures utilisées lors des patrouilles de contrôle dans l’enclos. Les analyses ont montré quelques résultats positifs, notamment l’herpès équin, la grippe équine et le strepto- coque, ce qui explique des symptômes observés sur les chevaux de Przewalski. Hormis la mise en quarantaine des chevaux malades, il n’y a aucune mesure à prendre pour lutter contre ces maladies infectieuses. Sur le plan scientifique, l’association continue son travail de recherche. Ainsi, en 2012, nous avons commencé à construire une base de données cohérente intégrant à la fois les informations du Villaret et de la Mongolie. Toutes les observations réalisées sur les 2 troupeaux depuis 2004 sont enregistrées dans cette base de données, cela représente des milliers d’heures d’observation et de données sur le comportement des chevaux de Przewalski. En 2012 également, la directrice Claudia Feh a présenté un poster scientifique au sujet de la réversibilité d’une contraception chez les juments de Przewalski lors de la Conférence International des Equidés Sauvages qui se déroulait à Vienne. e TAKH N°11 / 2012 Yol et Goyo e TAKH www.takh.org

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Page 1: e Parrainage - takh.org€¦ · San Cebrián de Mudá est un petit village de la province de Palencia, dans la région de Castille et León, qui abrite la Réserve Nationale du Bison

ParrainageA partir de janvier 2013, notre système de parrainage va être quelque peu mo-

difié, avec plusieurs formules de parrainage, une ouverture vers les anglophones et une augmentation d’une présence en ligne. Nous espérons vous donner plus

d’opportunités pour soutenir notre travail. Nous continuerons bien sûr à publier ce bulletin annuellement !

Pour continuer à soutenir l’association Takh, n’oubliez pas que vous pouvez parrai-ner en ligne sur notre site http://takh.org/Francais/nous_soutenir.html, en allant

dans l’onglet « nous soutenir », et en cliquant sur le lien proposé. Vous êtes alors redirigé vers un site sécurisé, et le reçu fiscal vous est envoyé automatiquement par email.

En tant que parrain et marraine, vous nous aidez à :• Sauver le dernier cheval sauvage. Le cheval de Przewalski, ou le takh, n’a jamais été domes-

tiqué et ils sont très probablement l’ancêtre des chevaux domestiques d’aujourd’hui.• Sortir l’espèce de la liste des espèces menacées : les chevaux de Przewalski sont considérés

comme espèce en danger.• Aider la population locale et les élevages à cohabiter avec les espèces sauvages.

Merci pour votre soutien

Chère marraine, cher parrain,Nous vivons un grand moment dans l’histoire de notre projet de réintroduction ! Goyo Haliun, «splendide cheval isabelle» en français, l’une des juments nées en Mongolie en 2008, a donné naissance à un magnifique poulain mâle. Ju-gez vous-même sur la photo! Pour tout projet de réintroduction, la naissance du premier petit de la deuxième génération est un événement attendu avec impatience. Goyo Haliun est une jument d’une résilience impressionnante: elle est née en septembre, tard dans l’année. Sa mère Solemio est morte en décembre, la laissant sans lait et protection maternelle normalement indispensables à cet âge. Et Goyo a survécu ! Il est vrai que son père Bromus et les juments du groupe familial l’ont protégée contre vents et loups pendant tout le premier hiver.Ce n’est pas tout. Cette année, six poulains sont nés. La fécondité des juments est à 50 %, taux normal chez les équidés sauvages. Côté survie, nous nous sentons un peu blasés. Notre taux moyen de survie adulte de 98 % sur 8 ans est toujours aussi exceptionnel, tout projet de réintroduction confondu.Alors tout va bien ? D’autant plus que l’UICN (Union Internationale pour la Conservation de la Nature), organe de référence pour les espèces menacées, a re-classifié le cheval de Przewalski de la catégo-rie CR ‘En Danger Critique’ à EN «En Danger», et qu’il se trouve sur la liste des espèces «sauvées de l’extinction»? Nous participons de tous nos efforts à l’espoir que les trois projets de réintroduction en Mongolie se dirigent vers un succès indiscutable, mais ces petites populations sont toujours d’une fragilité extrême, à la merci d’une épidémie ou d’un changement politique. Promouvoir la survie d’une espèce est une approche qui dépasse de loin notre espérance de vie. Nous étions les premiers à souligner la ressemblance entre chevaux de Przewalski vivants et ceux des grottes préhistoriques de Chauvet, Lascaux ou Altamira, vieux de 15 000 à 30 000 ans. Voici déjà une vision plus réaliste et évolutionnaire en termes de survie d’une espèce. En collaboration avec des organisations de protection de la Nature Espagnoles, trois de nos étalons du Villaret ont rejoint des bisons en Cantabrie. Non, nous ne voulons pas retourner à la préhistoire. Nous voulons juste une vie riche de toute espèce vivante pour nous et nos enfants. Nous souhaitons la bienvenue à nos nouveaux membres de l’association : Chimed Ochir, directeur du WWF Mongolie, avec qui nous avons une collabora-tion depuis 20 ans et Jean-Paul Dumont, ex-ambassadeur de France en Mongolie.Je ne peux que réitérer nos remerciements à toutes les personnes qui soutiennent notre projet depuis tant d’années, ainsi qu’à ceux qui viennent se joindre à nous !

Claudia Feh

Bulletin de liaison de l’Association pour le Cheval de Przewalski

MONGOLIE : bilan positif pourl’année 2012Tous les indicateurs démographiques sont positifs pour nos chevaux de Przewalski

en Mongolie : nous avons observé la naissance du premier poulain de la deuxième génération, on constate un taux de survie de 97% pour les adultes (le plus haut jamais atteint), et de 80% pour les poulain d’un an, et enfin, la fécondité des juments est légèrement supérieure à l’objectif de 50% .Les juments qui étaient directement arrivées du Zoo Prague l’an passé se sont finalement intégrées dans le troupeau. Elles ont eu elles aussi des poulains. Cependant, leur condition physique montre bien qu’elles ne sont pas encore tout à fait adaptées aux dures conditions de la steppe mongole. Suite à des soupçons de maladie virale au sein du troupeau, et à défaut de les analyser directement (nous ne pouvons faire de prises de sang sur les chevaux dans la mesure où nous souhaitons réduire l’intervention humaine au minimum et ne pas être contact direct avec eux), nos gardes mongols ont prélevé du sang des montures utilisées lors des patrouilles de contrôle dans l’enclos. Les analyses ont montré quelques résultats positifs, notamment l’herpès équin, la grippe équine et le strepto-coque, ce qui explique des symptômes observés sur les chevaux de Przewalski. Hormis la mise

en quarantaine des chevaux malades, il n’y a aucune mesure à prendre pour lutter contre ces maladies infectieuses.

Sur le plan scientifique, l’association continue son travail de recherche. Ainsi, en 2012, nous avons commencé à construire une base de données cohérente intégrant à la fois les

informations du Villaret et de la Mongolie. Toutes les observations réalisées sur les 2 troupeaux depuis 2004 sont enregistrées dans cette base de données, cela représente

des milliers d’heures d’observation et de données sur le comportement des chevaux de Przewalski. En 2012 également, la directrice Claudia Feh a présenté un poster

scientifique au sujet de la réversibilité d’une contraception chez les juments de Przewalski lors de la Conférence International des Equidés Sauvages qui se

déroulait à Vienne.

eTAKH

N°11 / 2012

Yol et Goyo eTAKH

Troupeau du Villaret eTAKH

Toilettage en Mongolie eTAKH

Vie de l’association

Visitez les chevaux au VillaretVous pouvez nous rencontrer au centre d’information cet été (juillet-août) au Villaret. Y sont présentés une exposition et un film. Vous trouverez également une boutique avec quelques vêtements et objets à l’effigie de TAKH ainsi que des objets en feutre fabriqués par les femmes mongoles de Khomiin-Tal.

Le Villaret - 48150 Hures-la-Parade04 66 45 64 43 - Email : [email protected]

Si vous êtes un groupe et que vous souhaitez une interven-tion sur les chevaux de Przewalski et notre programme de réintroduction, n’hésitez pas à prendre contact avec Sébastien au Villaret (de préférence par email).

Vous pouvez maintenant nous retrouver sur facebook et suivre notre actualité à l’adresse suivante :

www.facebook.com/AssociationTakh

Contactez-nous

Pour toute autre question, vous pouvez nous contacter au : 04 90 97 23 13Email : [email protected] TAKH - La Tour du Valat Le Sambuc - 13200 Arles

www.takh.org

eTAKHAccueil du Villaret avec Anne-Lise et Sonia

Page 2: e Parrainage - takh.org€¦ · San Cebrián de Mudá est un petit village de la province de Palencia, dans la région de Castille et León, qui abrite la Réserve Nationale du Bison

Le pâturage du Villaret peut supporter 40 adultes che-vaux… et à la fin du printemps on comptait 39 chevaux !Pour éviter un surpâturage, nous avons deux options : l’injection de contraceptifs ou l’envoi de chevaux vers d’autres lieux d’accueil de Przewalski. La deuxième solution a été choisie cette année, et nous avons donné 3 étalons à une réserve en Espagne à la fin du mois d’octobre.Pour préparer ce transport, nos trois étalons célibataires, Apollon (2008), Engoulevent (1999) et Saryn (2008), ont d’abord été capturés et main-tenus dans de petits enclos. Le jour J, ils ont été anesthésiés à l’aide de fusil hypodermique, puis soulevés à l’aide d’un chariot élévateur par les pattes (c’est très impressionnant !), pour être chargés dans un camion. Les chevaux ont été réveillés pour le transport. Le 23 octobre, les trois étalons ont quitté le Villaret et après plus de 12 heures de transport, ils ont rejoint la réserve d’Espagne, ils ont été relâchés dans un petit enclos d’une quinzaine d’hectares vers 4 heures du matin le 24 octobre. Ils ont maintenant intégré leur nouveau pâturage, 200 hectares de prairies et de chênaies, qu’ils vont sans doute par la suite devoir partager avec quelques bisons d’Europe.San Cebrián de Mudá est un petit village de la province de Palencia, dans la région de Castille et León, qui abrite la Réserve Nationale du Bison d’Europe. Le Bison d’Europe a connu comme le cheval de Przewalski une extinction à l’état sauvage. Les derniers bisons sauvages ont été observés au début du 20ème siècle dans les forêts de Pologne. En 1923, a été mis en place un plan de sauvetage et de protection, à partir d’individus de

zoos, et progressivement la population a augmenté. Aujourd’hui il est présent dans plusieurs réserves en Europe.Au Villaret les groupes familiaux ont accueilli 5 poulains au printemps et ainsi, aujourd’hui, 36 chevaux de Przewalski pâturent sur le Causse Méjan, 18 mâles et 18 femelles.Au mois de septembre, nous avons accueilli 60 membres de la Confré-rie des Gardians. Gardian est un terme provençal qui signifie gardien de troupeau en Camargue, de chevaux et taureaux vivant en semi-liberté. Pour le 500ème anniversaire de la Confrérie, les membres ont organisé de nombreuses visites et manifestations.Leur venue au Villaret a ponctué ce programme : une présentation en salle traitant des chevaux de Przewalski, de notre projet mais aussi des che-vaux de race Camargue, et malgré la pluie, une sortie sur le terrain afin d’observer les chevaux in situ. Pour marquer leur visite, la Confrérie des Gardians a proposé de nommer un des poulains de l’année Saint-Georges, protecteur des cavaliers et des soldats à cheval. S’en est suivie une thématique provençale : Lavande, Lou Ravi (Le Ravi est un personnage de la crèche provençale), Mistral et Olive sont les quatre autres noms des poulains et pouliches de l’année 2012.

Un nouveau membre de l’équipe en Mongolie : Tilek BakhitEn Juin 2012, Tilek a rejoint l’équipe TAKH pour participer au programme de suivi des pâturages. Avant cela il travaillait en tant que traducteur pour des touristes et des ONGs. Ses compétences linguistiques sont impressionnantes : il ne parle pas moins de 5 langues ! En plus du Kazakh et du Mongol ses lan-gues maternelles (il fait partie de la minorité Kazakh de l’ouest de la Mongolie) il maitrise l’anglais, le russe et le turc. Et notre insatiable nouveau collègue s’attaque maintenant au français !Son travail au sein de TAKH est sa première expérience dans le monde de la protection de la nature. Il y a découvert des activités qui lui ont parues étranges en première instance comme étudier la végétation et donner des noms latins aux plantes. D’autre part, même s’il était au courant des problématiques d’extinction des espèces, il n’avait aucune idée de la manière dont on pouvait les protéger. Il sait maintenant ce qu’est une réintroduction et est heureux de participer à notre programme. Il est ainsi devenu un des meilleurs ambassadeurs de la protection des espèces et de leurs habitats et comme il le dit désormais : «Construisons ensemble un futur plus durable !»

Les chevaux auront-ils assez d’herbe ?La quantité de fourrage produite à Khomiin Tal dépend de la bonne ‘santé’ des pâturages. Pour assurer le succès de notre réintroduction nous devons en assurer un suivi mais concrètement, comment fait-on ?La première idée qui vient à l’esprit pour ce faire est de mesurer la quantité d’herbe chaque année et de suivre la tendance. Si la quantité d’herbe est stable ou augmente, la gestion des pâturages est bonne. S’il y a diminution, il y a éventuellement un problème.La variabilité des précipitations inhérente aux milieux arides rend toutefois cette approche inopérante : une diminution peut en effet être également le fait d’une succession d’années sèches. Il est donc nécessaire de séparer les effets du pâturage des effets de la météo.Pour ce faire les botanistes utilisent des enclos un peu spéciaux, qui ont pour but non pas de parquer les animaux, mais de les empêcher d’entrer ! Ils s’appellent du coup «exclos».La portion de terrain ainsi délimitée sert de témoin non pâturé, et par compa-raison avec l’extérieur, on peut évaluer l’impact de la pression de pâturage.

TAKH a construit sur des fonds européens 10 exclos dans Khomiin Tal ce qui lui permet d’évaluer les effets des troupeaux domestiques des éleveurs lo-caux. En 2012, la productivité est inférieure de 25% à l’extérieur des exclos.Cette différence n’est pas catastrophique, mais des analyses plus fines sont en cours dans le cadre d’un partenariat universitaire avec AgroParisTech. Il faudra notamment évaluer les conséquences sur le long terme de cet écart sur la dynamique des parcours.

La Mongolie eTAKH

Du Villaret à l’Espagne

Tilek Bakhit, au milieu, avec les étudiants en biologie d’Université de Khovd pendant le travail du terrain.

Le feutre est épais, mais souple ; il peut garder la chaleur pendant les hivers rudes et également protéger des pluies pendant les orages d’été. Pour fabriquer le feutre, les moutons sont d’abord tondus, et la laine car-dée et étalée sur une bâche. La laine est ensuite humidifiée puis enroulée autour d’un tronc et tirée par des chevaux pendant plusieurs heures. Le feutre est alors prêt pour être, ou non, teinté et transformé soit en pan-neaux muraux pour les yourtes, soit en vêtements, ou en de nombreux autres objets de la vie quotidienne.Afin d’augmenter la valeur ajoutée du bétail, l’Association Takh organise depuis 2008 des formations à destination des femmes de Khomiin Tal afin de fabriquer des produits en feutre pour une clientèle occidentale :

des chaussons, des peluches, des dessous de plats ou des sacs à main. Depuis 4 ans nous avons eu le plaisir d’observer leur progrès, et chaque été nous vendons ces produits au Centre d’Accueil du Villaret et retournons tous les bénéficies aux fabricantes. Cette année, celles-ci nous ont dit qu’elles n’avaient plus besoin de for-mations, mais plutôt de plus de clients ! Aussi nous nous questionnons sur leurs capacités à fabriquer plus de produits chaque année malgré leurs autres occupations d’élevage mais aussi sur les demandes des clients oc-cidentaux. Comment pouvons-nous créer un marché durable pour l’écosys-tème et les éleveurs ? Peut-être quelques-uns ou quelques-unes d’entre vous ont des idées…si c’est le cas, n’hésitez pas à nous contacter !

Le Feutre : un produit traditionnel pour un usage moderne ?

Lavande eTAKH Olive eTAKH

Produits en feutre en vente au Villaret eTAKHMontage d’une yourte avec

couverture en feutre sur le toit Femmes fabricant du feutre eTAKH eTAKH

eTAKH

Vue de l’intérieur / extérieur d’un des exclos. On voit que le pâturage engendre une différence de densité de la végétation.

Depuis les temps anciens la Mongolie a été connue comme « la terre du feutre » et Gengis Khan comme « l’empereur du peuple des tentes feutrées ».

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Le pâturage du Villaret peut supporter 40 adultes che-vaux… et à la fin du printemps on comptait 39 chevaux !Pour éviter un surpâturage, nous avons deux options : l’injection de contraceptifs ou l’envoi de chevaux vers d’autres lieux d’accueil de Przewalski. La deuxième solution a été choisie cette année, et nous avons donné 3 étalons à une réserve en Espagne à la fin du mois d’octobre.Pour préparer ce transport, nos trois étalons célibataires, Apollon (2008), Engoulevent (1999) et Saryn (2008), ont d’abord été capturés et main-tenus dans de petits enclos. Le jour J, ils ont été anesthésiés à l’aide de fusil hypodermique, puis soulevés à l’aide d’un chariot élévateur par les pattes (c’est très impressionnant !), pour être chargés dans un camion. Les chevaux ont été réveillés pour le transport. Le 23 octobre, les trois étalons ont quitté le Villaret et après plus de 12 heures de transport, ils ont rejoint la réserve d’Espagne, ils ont été relâchés dans un petit enclos d’une quinzaine d’hectares vers 4 heures du matin le 24 octobre. Ils ont maintenant intégré leur nouveau pâturage, 200 hectares de prairies et de chênaies, qu’ils vont sans doute par la suite devoir partager avec quelques bisons d’Europe.San Cebrián de Mudá est un petit village de la province de Palencia, dans la région de Castille et León, qui abrite la Réserve Nationale du Bison d’Europe. Le Bison d’Europe a connu comme le cheval de Przewalski une extinction à l’état sauvage. Les derniers bisons sauvages ont été observés au début du 20ème siècle dans les forêts de Pologne. En 1923, a été mis en place un plan de sauvetage et de protection, à partir d’individus de

zoos, et progressivement la population a augmenté. Aujourd’hui il est présent dans plusieurs réserves en Europe.Au Villaret les groupes familiaux ont accueilli 5 poulains au printemps et ainsi, aujourd’hui, 36 chevaux de Przewalski pâturent sur le Causse Méjan, 18 mâles et 18 femelles.Au mois de septembre, nous avons accueilli 60 membres de la Confré-rie des Gardians. Gardian est un terme provençal qui signifie gardien de troupeau en Camargue, de chevaux et taureaux vivant en semi-liberté. Pour le 500ème anniversaire de la Confrérie, les membres ont organisé de nombreuses visites et manifestations.Leur venue au Villaret a ponctué ce programme : une présentation en salle traitant des chevaux de Przewalski, de notre projet mais aussi des che-vaux de race Camargue, et malgré la pluie, une sortie sur le terrain afin d’observer les chevaux in situ. Pour marquer leur visite, la Confrérie des Gardians a proposé de nommer un des poulains de l’année Saint-Georges, protecteur des cavaliers et des soldats à cheval. S’en est suivie une thématique provençale : Lavande, Lou Ravi (Le Ravi est un personnage de la crèche provençale), Mistral et Olive sont les quatre autres noms des poulains et pouliches de l’année 2012.

Un nouveau membre de l’équipe en Mongolie : Tilek BakhitEn Juin 2012, Tilek a rejoint l’équipe TAKH pour participer au programme de suivi des pâturages. Avant cela il travaillait en tant que traducteur pour des touristes et des ONGs. Ses compétences linguistiques sont impressionnantes : il ne parle pas moins de 5 langues ! En plus du Kazakh et du Mongol ses lan-gues maternelles (il fait partie de la minorité Kazakh de l’ouest de la Mongolie) il maitrise l’anglais, le russe et le turc. Et notre insatiable nouveau collègue s’attaque maintenant au français !Son travail au sein de TAKH est sa première expérience dans le monde de la protection de la nature. Il y a découvert des activités qui lui ont parues étranges en première instance comme étudier la végétation et donner des noms latins aux plantes. D’autre part, même s’il était au courant des problématiques d’extinction des espèces, il n’avait aucune idée de la manière dont on pouvait les protéger. Il sait maintenant ce qu’est une réintroduction et est heureux de participer à notre programme. Il est ainsi devenu un des meilleurs ambassadeurs de la protection des espèces et de leurs habitats et comme il le dit désormais : «Construisons ensemble un futur plus durable !»

Les chevaux auront-ils assez d’herbe ?La quantité de fourrage produite à Khomiin Tal dépend de la bonne ‘santé’ des pâturages. Pour assurer le succès de notre réintroduction nous devons en assurer un suivi mais concrètement, comment fait-on ?La première idée qui vient à l’esprit pour ce faire est de mesurer la quantité d’herbe chaque année et de suivre la tendance. Si la quantité d’herbe est stable ou augmente, la gestion des pâturages est bonne. S’il y a diminution, il y a éventuellement un problème.La variabilité des précipitations inhérente aux milieux arides rend toutefois cette approche inopérante : une diminution peut en effet être également le fait d’une succession d’années sèches. Il est donc nécessaire de séparer les effets du pâturage des effets de la météo.Pour ce faire les botanistes utilisent des enclos un peu spéciaux, qui ont pour but non pas de parquer les animaux, mais de les empêcher d’entrer ! Ils s’appellent du coup «exclos».La portion de terrain ainsi délimitée sert de témoin non pâturé, et par compa-raison avec l’extérieur, on peut évaluer l’impact de la pression de pâturage.

TAKH a construit sur des fonds européens 10 exclos dans Khomiin Tal ce qui lui permet d’évaluer les effets des troupeaux domestiques des éleveurs lo-caux. En 2012, la productivité est inférieure de 25% à l’extérieur des exclos.Cette différence n’est pas catastrophique, mais des analyses plus fines sont en cours dans le cadre d’un partenariat universitaire avec AgroParisTech. Il faudra notamment évaluer les conséquences sur le long terme de cet écart sur la dynamique des parcours.

La Mongolie eTAKH

Du Villaret à l’Espagne

Tilek Bakhit, au milieu, avec les étudiants en biologie d’Université de Khovd pendant le travail du terrain.

Le feutre est épais, mais souple ; il peut garder la chaleur pendant les hivers rudes et également protéger des pluies pendant les orages d’été. Pour fabriquer le feutre, les moutons sont d’abord tondus, et la laine car-dée et étalée sur une bâche. La laine est ensuite humidifiée puis enroulée autour d’un tronc et tirée par des chevaux pendant plusieurs heures. Le feutre est alors prêt pour être, ou non, teinté et transformé soit en pan-neaux muraux pour les yourtes, soit en vêtements, ou en de nombreux autres objets de la vie quotidienne.Afin d’augmenter la valeur ajoutée du bétail, l’Association Takh organise depuis 2008 des formations à destination des femmes de Khomiin Tal afin de fabriquer des produits en feutre pour une clientèle occidentale :

des chaussons, des peluches, des dessous de plats ou des sacs à main. Depuis 4 ans nous avons eu le plaisir d’observer leur progrès, et chaque été nous vendons ces produits au Centre d’Accueil du Villaret et retournons tous les bénéficies aux fabricantes. Cette année, celles-ci nous ont dit qu’elles n’avaient plus besoin de for-mations, mais plutôt de plus de clients ! Aussi nous nous questionnons sur leurs capacités à fabriquer plus de produits chaque année malgré leurs autres occupations d’élevage mais aussi sur les demandes des clients oc-cidentaux. Comment pouvons-nous créer un marché durable pour l’écosys-tème et les éleveurs ? Peut-être quelques-uns ou quelques-unes d’entre vous ont des idées…si c’est le cas, n’hésitez pas à nous contacter !

Le Feutre : un produit traditionnel pour un usage moderne ?

Lavande eTAKH Olive eTAKH

Produits en feutre en vente au Villaret eTAKHMontage d’une yourte avec

couverture en feutre sur le toit Femmes fabricant du feutre eTAKH eTAKH

eTAKH

Vue de l’intérieur / extérieur d’un des exclos. On voit que le pâturage engendre une différence de densité de la végétation.

Depuis les temps anciens la Mongolie a été connue comme « la terre du feutre » et Gengis Khan comme « l’empereur du peuple des tentes feutrées ».

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ParrainageA partir de janvier 2013, notre système de parrainage va être quelque peu mo-

difié, avec plusieurs formules de parrainage, une ouverture vers les anglophones et une augmentation d’une présence en ligne. Nous espérons vous donner plus

d’opportunités pour soutenir notre travail. Nous continuerons bien sûr à publier ce bulletin annuellement !

Pour continuer à soutenir l’association Takh, n’oubliez pas que vous pouvez parrai-ner en ligne sur notre site http://takh.org/Francais/nous_soutenir.html, en allant

dans l’onglet « nous soutenir », et en cliquant sur le lien proposé. Vous êtes alors redirigé vers un site sécurisé, et le reçu fiscal vous est envoyé automatiquement par email.

En tant que parrain et marraine, vous nous aidez à :• Sauver le dernier cheval sauvage. Le cheval de Przewalski, ou le takh, n’a jamais été domes-

tiqué et ils sont très probablement l’ancêtre des chevaux domestiques d’aujourd’hui.• Sortir l’espèce de la liste des espèces menacées : les chevaux de Przewalski sont considérés

comme espèce en danger.• Aider la population locale et les élevages à cohabiter avec les espèces sauvages.

Merci pour votre soutien

Chère marraine, cher parrain,Nous vivons un grand moment dans l’histoire de notre projet de réintroduction ! Goyo Haliun, «splendide cheval isabelle» en français, l’une des juments nées en Mongolie en 2008, a donné naissance à un magnifique poulain mâle. Ju-gez vous-même sur la photo! Pour tout projet de réintroduction, la naissance du premier petit de la deuxième génération est un événement attendu avec impatience. Goyo Haliun est une jument d’une résilience impressionnante: elle est née en septembre, tard dans l’année. Sa mère Solemio est morte en décembre, la laissant sans lait et protection maternelle normalement indispensables à cet âge. Et Goyo a survécu ! Il est vrai que son père Bromus et les juments du groupe familial l’ont protégée contre vents et loups pendant tout le premier hiver.Ce n’est pas tout. Cette année, six poulains sont nés. La fécondité des juments est à 50 %, taux normal chez les équidés sauvages. Côté survie, nous nous sentons un peu blasés. Notre taux moyen de survie adulte de 98 % sur 8 ans est toujours aussi exceptionnel, tout projet de réintroduction confondu.Alors tout va bien ? D’autant plus que l’UICN (Union Internationale pour la Conservation de la Nature), organe de référence pour les espèces menacées, a re-classifié le cheval de Przewalski de la catégo-rie CR ‘En Danger Critique’ à EN «En Danger», et qu’il se trouve sur la liste des espèces «sauvées de l’extinction»? Nous participons de tous nos efforts à l’espoir que les trois projets de réintroduction en Mongolie se dirigent vers un succès indiscutable, mais ces petites populations sont toujours d’une fragilité extrême, à la merci d’une épidémie ou d’un changement politique. Promouvoir la survie d’une espèce est une approche qui dépasse de loin notre espérance de vie. Nous étions les premiers à souligner la ressemblance entre chevaux de Przewalski vivants et ceux des grottes préhistoriques de Chauvet, Lascaux ou Altamira, vieux de 15 000 à 30 000 ans. Voici déjà une vision plus réaliste et évolutionnaire en termes de survie d’une espèce. En collaboration avec des organisations de protection de la Nature Espagnoles, trois de nos étalons du Villaret ont rejoint des bisons en Cantabrie. Non, nous ne voulons pas retourner à la préhistoire. Nous voulons juste une vie riche de toute espèce vivante pour nous et nos enfants. Nous souhaitons la bienvenue à nos nouveaux membres de l’association : Chimed Ochir, directeur du WWF Mongolie, avec qui nous avons une collabora-tion depuis 20 ans et Jean-Paul Dumont, ex-ambassadeur de France en Mongolie.Je ne peux que réitérer nos remerciements à toutes les personnes qui soutiennent notre projet depuis tant d’années, ainsi qu’à ceux qui viennent se joindre à nous !

Claudia Feh

Bulletin de liaison de l’Association pour le Cheval de Przewalski

MONGOLIE : bilan positif pourl’année 2012Tous les indicateurs démographiques sont positifs pour nos chevaux de Przewalski

en Mongolie : nous avons observé la naissance du premier poulain de la deuxième génération, on constate un taux de survie de 97% pour les adultes (le plus haut jamais atteint), et de 80% pour les poulain d’un an, et enfin, la fécondité des juments est légèrement supérieure à l’objectif de 50% .Les juments qui étaient directement arrivées du Zoo Prague l’an passé se sont finalement intégrées dans le troupeau. Elles ont eu elles aussi des poulains. Cependant, leur condition physique montre bien qu’elles ne sont pas encore tout à fait adaptées aux dures conditions de la steppe mongole. Suite à des soupçons de maladie virale au sein du troupeau, et à défaut de les analyser directement (nous ne pouvons faire de prises de sang sur les chevaux dans la mesure où nous souhaitons réduire l’intervention humaine au minimum et ne pas être contact direct avec eux), nos gardes mongols ont prélevé du sang des montures utilisées lors des patrouilles de contrôle dans l’enclos. Les analyses ont montré quelques résultats positifs, notamment l’herpès équin, la grippe équine et le strepto-coque, ce qui explique des symptômes observés sur les chevaux de Przewalski. Hormis la mise

en quarantaine des chevaux malades, il n’y a aucune mesure à prendre pour lutter contre ces maladies infectieuses.

Sur le plan scientifique, l’association continue son travail de recherche. Ainsi, en 2012, nous avons commencé à construire une base de données cohérente intégrant à la fois les

informations du Villaret et de la Mongolie. Toutes les observations réalisées sur les 2 troupeaux depuis 2004 sont enregistrées dans cette base de données, cela représente

des milliers d’heures d’observation et de données sur le comportement des chevaux de Przewalski. En 2012 également, la directrice Claudia Feh a présenté un poster

scientifique au sujet de la réversibilité d’une contraception chez les juments de Przewalski lors de la Conférence International des Equidés Sauvages qui se

déroulait à Vienne.

eTAKH

N°11 / 2012

Yol et Goyo eTAKH

Troupeau du Villaret eTAKH

Toilettage en Mongolie eTAKH

Vie de l’association

Visitez les chevaux au VillaretVous pouvez nous rencontrer au centre d’information cet été (juillet-août) au Villaret. Y sont présentés une exposition et un film. Vous trouverez également une boutique avec quelques vêtements et objets à l’effigie de TAKH ainsi que des objets en feutre fabriqués par les femmes mongoles de Khomiin-Tal.

Le Villaret - 48150 Hures-la-Parade04 66 45 64 43 - Email : [email protected]

Si vous êtes un groupe et que vous souhaitez une interven-tion sur les chevaux de Przewalski et notre programme de réintroduction, n’hésitez pas à prendre contact avec Sébastien au Villaret (de préférence par email).

Vous pouvez maintenant nous retrouver sur facebook et suivre notre actualité à l’adresse suivante :

www.facebook.com/AssociationTakh

Contactez-nous

Pour toute autre question, vous pouvez nous contacter au : 04 90 97 23 13Email : [email protected] TAKH - La Tour du Valat Le Sambuc - 13200 Arles

www.takh.org

eTAKHAccueil du Villaret avec Anne-Lise et Sonia